« Mon cousin,
Pour ce que ma fille la royne d’Escosse pourra arriver a Sainct Germain en Laye environ le XVIIIe de ce mois et moy bien tost apres, vous envoirez incontinent la present receue faire acoustrer le logeis de Carrieres, pour icellui estant acoustré et en ordre y mener mes enfans, avecques lesquels madicte fille la royne d’Escosse y logera, jusques a ce que je soye par della. Et cependant l’on nectoira le chasteau dudict Saint Germain en Laye, pareillement la basse court et le villaige, et fera l’on audict chasteau ce que scavez que j’ay ordonné y estre faict beaucoup mieulx et plus aisement que si mesd. enfans y estoient, lesquelz aussi ne se trouveront que mieulx de changer ung peu l’air. Au demeurant, mon cousin, vous donnerez charge à La Salle que suivant ce que je luy escriptz presentement par les lettres que je vous envoie, lesquelles vous luy ferez bailler, qu’il donne ordre de ne laisser venir audict Sainct Germain, et principallement au chasteau, personne soit maçon, manouvrier ou autre, de lieu suspect de malladie contagieuse, et tiendrez main que le semblable se face a Poissy et aux villiages d’alentour, affin que quant je y seray il n’y puisse avoir danger. Quant a ce que m’avez escript par voz lettres du XXVIe du mois passé, que je receu hier a Lyon, de la malladie de la royne Leonor ma belle mere, c’est chose dont j’avoir ja esté adverty et l’envoye visiter pour scavoir comme presentement elle se trouve, vous advisant au reste que j’ay estré tres aise d’entendre les bonnes nouvelles que m’escripvez de la santé de mesd. enfans, et qu’il n’y aura faulte que je ne tieigne a vostre filz de Becquincourt ce que je luy ay promis ou lieu de l’office de feu Potarde. Au regard du mémoire du deppartement du logeis de mesd. enfans audict Sainct Germain, je vous renvoieray par la premiere poste le memoire que m’en avez envoié, corrigé selon mon intencion. Cependant, je prieray Dieu, mon cousin, qu’il vous aict en sa sainte garde. Escript a la Bresle le deuxiesme jour de octobre 1548.
Mon cousin, depuis la presente escripte, je me suis advisé de vous envoier les lettres que j’escriptz à la royne Leonor, ma belle mere, lesquelles aiant veues vous les luy envoierez par quelqu’un des gentilzhommes de mon filz qui les luy presentera de ma part avecques mes tres affectueuses recommandations a sa bonne grace, et luy dira comme je l’envoie devers elle pour la visiter et scavoir de ses nouvelles et que je party hier [f. 69v] de Lyon en deliberation d’estre a Sainct Germain sur la fin de ce mois, et que je suis en bonne santé. Ar reste, vous l’instruirez de sorte qu’il ne se puisse coupper ne que l’on congnoisse qu’il ne vieigne d’icy. Et apres m’envoierez par la poste la responce de lad. dame.
Henry
Clausse
A mon cousin le sieur de Humyeres, chevalier de mon ordre et gouverneur de mon filz le Daulphin »