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Description archivistique
Napoléon III Français
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Photographie du matériel archéologique (Album blanc, n°5, p. 259)

Photographie des armes découvertes découvertes lors des fouilles d'Alise-Sainte-reine à leur arrivée au Musée gallo-romain.
Mention au crayon « Feuille d’Alise Ste Reine »
MAN, centre des archives, fonds photographique, Album blanc n°5, planche 259, cliché 863.

Le matériel archéologique découvert lors des fouilles ordonnées par l'empereur Napoléon III à Alise-Sainte-Reine (1861-1865) est abondant. Composé pour l'essentiel de pièces d'armement, les objets, après avoir été restaurés dans les atelier de Meudon dirigés par Auguste Verchère de Reffye, sont fixés sur des planches, selon une mise en scène esthétique, pour y être photographiés. Ces planches sont destinées à être ensuite adaptées dans les vitrines de la salle d'Alésia, appelée également salle de César ou salle de la Conquête, au Musée gallo-romain créé en1862.
La plaque de verre à l'origine du tirage montre l'environnement de la prise de vue : la cour du château de Saint-Germain-en-Laye. Une mention d'août 1864, dans le Journal de Philibert Beaune qui est alors attaché à la conservation du Musée gallo-romain, fait part de l'arrivée des objets restaurés au musée.

Album des fouilles d'Alise (BIB 24)

Fouilles d'Alise S.te Reine. Commission de la Topographie des Gaules
12 mai 1861 – 7 septembre 1862
Sur le premier feuillet, dédicace de Félicien de Saulcy, président de la Commission de Topographie des Gaules, précisant qu'il est fait don de l'album au Musée de Saint-Germain.

L'album des fouilles d'Alise-Sainte-Reine est conçu probablement en 1866 pour réunir près de 100 pièces d'archives produites lors de la première phase des fouilles impériales menées par la Commission de Topographie des Gaules. Entre avril 1861 et septembre 1862, Félicien de Saulcy, Alexandre Bertrand et Casimir Creuly assurent une conduite des fouilles sur le terrain en quasi permanence, accompagnés par le sous-préfet de Semur Bouillé. Les sommes dépensées s'élèvent à 11 254,09 f sur lesquelles l'empereur a donné 3000 f ; le reste est financé par la CTG.
L'album nous éclaire avec précision et détails sur l'objet des fouilles -retrouver les traces des lignes de siège d'Alésia élaborées par Jules César-, sur leur chronologie, sur les espaces prospectés, et surtout sur le mode opératoire, grâce aux cartes, relevés, plans et coupes réalisés pour la plupart par l'agent-voyer de Flavigny, Paul Millot, et largement annotés.
La méthode de fouille par tranchées, une fois validée par la découverte des fossés de César en mai 1861, est systématiquement mise en œuvre. Les fossés de contrevallation et de circonvallation sont ainsi progressivement révélés.
Malgré le sérieux des résultats obtenus par la CTG, Napoléon III ne publie, dans le tome II de l'Histoire de Jules César, qu'un plan général simplifié, sans utiliser le dossier des fouilles de la Commission. Pourtant, en dépit des limites techniques du XIXe siècle, ce dossier montre des méthodes innovantes pour l'époque, précises et bien documentées, et dont les conclusions ont rarement été prises en défaut par les fouilles récentes.
Saint-Germain-en-Laye, MAN, centre des archives, inv. BIB 24

Commission de Topographie des Gaules

Portrait Félicien de Saulcy (SN)

Portrait signé de Félicien de Saulcy (1807-1880).
Auteur du portrait : inconnu.

Félicien de Saulcy est successivement polytechnicien, sous-Lieutenant d’artillerie (1831), lieutenant (1832), capitaine (1837), professeur de mécanique à l'École d'artillerie (1839), conservateur du Musée d'artillerie de Paris (1840), chef d’escadron (1855) et sénateur (1859). Par sa femme, Charlotte de Billing, il est proche du couple impérial.

Passionné de numismatique, il est élu membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Il voyage en Turquie, en Égypte, en Palestine et en Syrie entre 1845 et 1850 et entreprend des fouilles archéologiques.
Il est nommé en 1858 président de la Commission de Topographie des Gaules. A ce titre, il mène de nombreuses prospections et fouilles pour retrouver les traces de Jules César sur le territoire national français. Il est chargé par l'empereur Napoléon III de lancer les premières fouilles impériales à Alise-Sainte-Reine afin de retrouver les vestiges du siège d'Alésia. En 1865, il fait partie de la Commission pour l'organisation du Musée gallo-romain, créé peu de temps auparavant par Napoléon III. Il y côtoie de nombreuses sommités comme Edouard Lartet, Auguste Verchère de Reffye, Casimir Creuly, Viollet-le-Duc, le comte de Nieuwerkerke...
Félicien de Saulcy part en exil en Angleterre avec la famille impériale en 1870.

Ce portrait était présenté dans les salles du musée, avec de nombreux autres portraits afin de rendre hommage aux donateurs, archéologues et hommes de sciences qui ont participé à la conception du musée de Saint-Germain-en-Laye puis à l'enrichissement de ses collections.

Canthare d'Alise (MAN 7564)

Coupe à décor végétal, dit canthare d’Alésia
Découverte à Alise-Sainte-Reine en septembre 1862
Don Napoléon III
Musée d’Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye, MAN 7564

Cette coupe est l’un des objets les plus emblématiques des activités archéologiques de Napoléon III. Il a en effet été découvert en septembre 1862 lors des fouilles financées par Napoléon III et conduites par le commandant Stoffel sur le site de la bataille d’Alésia, à Alise-Sainte-Reine, dans la plaine des Laumes. Encore pris dans sa gangue de terre, ce précieux vase à boire aurait été emballé et envoyé à Biarritz, où se trouvait le souverain, afin de lui laisser le privilège de le déballer lui-même. Il le conserva ensuite pendant plus de quatre ans dans son cabinet de travail au Palais des Tuileries, avant de l’envoyer le 8 avril 1867 au musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines, en vue de son inauguration le mois suivant. La datation de la coupe, peut-être fabriquée en Italie du sud, est, depuis 1862, objet de controverse. Des environs de 75 avant J.-C. pour certains (ce qui a autrefois permis aux plus audacieux de voir en César son propriétaire) elle pourrait dater de l’époque augustéenne au moins pour d’autres. Sa présence dans le sol de la plaine des Laumes ne signifie pas nécessairement qu’elle ait été perdue lors de la bataille de 52 avant J.-C., car Alésia fut aussi une importante ville à l’époque romaine, où un vase de luxe ancien a pu être utilisé et enfoui ou perdu. Les trois graffites gravés à la pointe sous le pied ne permettent pas de clore le débat. Une marque pondérale suggère que la coupe pouvait partie d’une paire et les deux autres inscriptions, en caractères grecs, livreraient le nom de l’orfèvre et celui d’un propriétaire

Extraits du registre tenu par Philibert Beaune, attaché au musée de Saint-Germain-en-Laye, concernant les visites de la famille impériale et l'aménagement du musée

« [p. 1] Saint-Germain, 19 avril 1863
A M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des musées impériaux
[…]
Jeudi dernier, les travaux du château et du musée ont été visités par l’Empereur. Vous avez dû être informé de cette visite.
[…]
[p. 2] 20 avril 1863
A M. de Longpérier, conservateur des musées impériaux
[…]
M. le conservateur-adjoint a eu l’honneur de vous rendre compte de la visite récente de l’Empereur au musée gallo-romain. Autrement, j’aurais rempli ce devoir. Le journal de Saint-Germain, qui m’est communiqué à l’instant, contient des détails fort inexacts sur cette visite. L’ensemble de l’article peut vous intéresser ; je vous l’envoye.
Les vitrines du musée Campane remontées dans la salle de Mars produisent bon effet. Cette salle peut être prête très prochainement.
[…]
A M. de Longpérier, 8 mai 1863
[…]
J’ai eu l’honneur de vous annoncer hier que les vitrines provenant du palais de l’Industrie étaient placées, repeintes et prêtes à recevoir les objets qui leur sont destinés. Avec ceux rassemblés ici et ceux que le Louvre réserve au musée de Saint-Germain, avec les objets que S. M., dans sa dernière visite, a promis d’envoyer, on pourrait garnir toutes ces vitrines et meubler la grande salle. Je me mets à votre disposition aussitôt que vos grands travaux vous permettront de veiller à l’enlèvement de ces objets.
La mosaïque d’Autun qui était déposée dans la chapelle du château vient d’être placée provisoirement dans le magasin du musée.
[…]
[p. 3] 15 mai 1863
Visite au musée de S.A.S. la princesse Mathilde. Dans la suite de la princesse, MM. le comte de Nieuwerkerke, Courmont, directeur des Beaux-Arts, Violet-le-Duc, etc. Le journal de Saint-Germain a parlé de cette visite.
[…]
18 mai 1863, à M. de Longpérier
[…]
M. de Nieuwerkerke est venu ici, et à sa suite une collection donnée par S.M. – débris de poteries, de colliers, d’armes, vase entier. M. le directeur général a annoncé l’envoi prochain des objets du Louvre dont j’ai fait la description sommaire.
[…]
[p. 4] 23 mai 1863
A M. de Breuvery, maire de Saint-Germain
J’ai vivement regretté d’avoir jeté, au milieu de la visite que vous m’avez fait l’honneur de me rendre, le prix de la plaquette intéressant la ville de Saint-Germain (Procès-verbal de l’assemblée du clergé, présidée par Bossuet, etc…). J’aurais dû y voir le moyen d’acquitter mon droit d’entrée dans l’illustre cité.
Pour amoindrir mes regrets, veuillez, Monsieur le Maire, accepter pour la bibliothèque publique un ouvrage héraldique dont il m’a été donné deux exemplaires pour compte rendu (De la chevalerie de Lorraine, par Bouton). Je serai heureux de répéter ces dons, aussi souvent que l’occasion se présentera.
[…]
28 mai 1863
A M. Millet, architecte du château de Saint-Germain
Voici mon premier né à Saint-Germain. Il aspire à l’honneur insigne de trouver un parrain. Il croitra en force et en beauté si vous répandez sur lui la chaleur de l’adoption.
Sérieusement, le musée de Saint-Germain ne sera, aux yeux du plus grand nombre, que d’un intérêt relatif. Cet intérêt ne serait-il pas centuplé si à l’étude de l’antique venaient se rattacher les souvenirs historiques particuliers aux différentes époques du château.
Je voudrais donc, à la suite des collections gallo-romaines, et pour récréer l’œil et l’esprit, je voudrais une chambre François 1er, une chambre Louis XIII, une chambre Louis XIV, pourtraictées, ornées, meublées suivant ces trois époques, avec les portraits, autographes, souvenirs des hôtes illustres du château.
A chacun sa tâche. A moi de fouiller, chercher, réunir. Je sais déjà où prendre. Par ex. : pour notre chapelle : un ornement pontifical complet qui a appartenu à Bossuet.
A vous, Monsieur, de préparer, d’enjoliver, de croquer ces chambres pittoresques ; je ne dis pas demain, ni l’an prochain, mais pour l’époque qui surgira à son heure.
Veuillez me dire préalablement votre avis, en gardant entre nous ce projet, jusqu’à ce que j’en réfère à qui de droit.
Ph. Beaune
[…]
[p. 15] 25 août 1863
Visite au château et au musée, à 7 heures du soir, de S. M. l’Impératrice, accompagnée d’une suite nombreuse, dans laquelle M. Prosper Mérimée.
[…]
[p. 38] A M. le surintendant des Beaux-Arts, 24 juillet 1864
Le 14 juin dernier, un accident imprévu a tué un ouvrier dans les chantiers du château de Saint-Germain. En l’absence de M. Millet, architecte, retenu à Paris par les examens de l’école des Beaux-Arts, et sur sa demande, M. le conservateur-adjoint étant empêché par indisposition, j’ai assisté au convoi. Sous l’inspiration de la douleur générale, surexcité par la présence d’orphelins qui redemandaient à Dieu leur père, j’ai fait appel au cœur des nombreux assistans en faveur de ces enfans et j’ai proposé aux employés et aux ouvriers du château d’abandonner une journée de leur traitement et de leur salaire. Cet appel a produit une somme de 539 f. 75 c.
Sur le rapport de M. Millet, M. le Ministre s’est empressé d’adresser une somme de 500 f.
Les entrepreneurs ont immédiatement réalisé, sur une généreuse initiative, un don de pareille somme.
La société de secours mutuels dont faisait partie la victime a contribué à l’œuvre charitable pour une somme de 139 f.
De son coté, madame de Girardin, femme du général commandant militaire du château, a fait un appel au cercle de ses connaissances et a réuni une somme de 842 f.
C’est donc un total de 2579 f. 75 c. que la souscription a atteint.
Ces diverses sommes ont été successivement placées au nom des enfans à la caisse d’épargnes de Saint-Germain.
Reste encore l’espérance, prochainement réalisable, de faire entrer un des enfans à l’orphelinat de la ville de Saint-Germain, établissement créé par la charité privée.
En vous rendant compte, Monsieur le Comte, et du malheur et de ce qui a été opéré pour l’atténuer, je n’ai d’autre but que de vous affirmer que chacun a fait son devoir dans ces tristes circonstances et s’est rappelé qu’il tenait de loin ou de près à cette grande et noble maison qui s’appèle « la maison de l’Empereur ».
[…]
[p. 39] Mardi 26 juillet 1864
Visite de M. le comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, au musée et au château.
Communication d’une page d’épreuves de l’armorial des gentils-hommes de Bourgogne, par Henri Beaune, où le nom d’un des aïeux de M. le comte est mentionné, Jean de Nieuwerkerke, panetier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Demande d’autorisation de réserver à la collection d’objets de l’âge de pierre provenant des carrières du Périgord donnée par M. de Breuvery, maire de la ville de Saint-Germain, au musée gallo-romain, une vitrine spéciale, avec mention du nom du donateur. Autorisation de laisser suivre l’enquête pour une médaille de sauvetage.
[…]
[p. 42] 4 septembre 1864
Visite au château de Saint-Germain, le dimanche, jour de la fête des Loges, de S.A.I. le prince Napoléon (Jérôme) accompagné de la princesse Clotilde et du prince héréditaire du royaume d’Italie, S.A.R. le prince Humbert. M. le général de Girardin, commandant militaire du château, M. Rossignol, conservateur-adjoint des musées impériaux, et M. Beaune, attaché aux mêmes musées, ont reçu les princes et leur suite, qui se composait de plusieurs officiers italiens, de M. Villot, aide de camp du prince Napoléon, et de madame la duchesse d’Abrantés, dame d’honneur de la princesse Clotilde. M. de Longpérier, conservateur au Louvre, était présent. Après avoir visité le château, même les terrasses supérieures, et juré la bonne direction donnée aux travaux de restauration, et le musée, les visiteurs se sont rendus à la fête des Loges.
[p. 43] Visite de l’Empereur
10 septembre 1864, samedi.
S. M. l’Empereur est arrivé à 5 heures au château de Saint-Germain. Dans sa suite se trouvait M. le capitaine de Raffyes, un de ses officiers d’ordonnance, chargé à Meudon de l’atelier de confection des anciennes machines de guerre pour le musée de Saint-Germain. S. M. a été reçue par le général de Girardin, MM. Rossignol et Beaune. L’Empereur a visité avec M. Millet, architecte du château, les travaux, dont il a complimenté M. Millet, puis le musée, pour les objets duquel il a recommandé l’application d’étiquettes indicatives des provenances. L’Empereur est parti ensuite pour Saint-Cloud.
[…]
[p. 59] Le mardi 4 avril 1865
LL. MM. l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie sont venus visiter le château à 2 heures ½ après midi. LL. MM. étaient accompagnées d’une suite peu nombreuse, sans costume officiel. Leurs Majestés sont arrivées en chemin de fer, par train ordinaire, et sont reparties à 5 heures par la même voie. Elles ont parcouru les travaux du château et se sont fait expliquer les plans de la restauration de ce château. M. l’architecte était absent. Leurs Majestés, en sortant du château, sont allées se promener sur le parterre. La foule était immense et se tenait à distance respectueuse. Les cris de Vive l’Empereur, Vive l’Impératrice et Vive le Prince impérial étaient sans cesse proférés. Dans l’intérieur du château, les ouvriers occupés aux réparations ont présenté un bouquet de viollette à l’Impératrice. L’Empereur leur a donné une somme de 300 francs.
[…]
[p. 63] 10 mai 1865
Visite au château et au musée de M. le comte Waleski, ancien ambassadeur, ancien ministre d’Etat.
[…]
[p. 78] Jeudi 19 avril 1866
M. Boselli, préfet de Seine-et-Oise, qui a succédé à M. le comte de Saint-Marsault, nommé sénateur, et qui vient de décéder, est arrivé au château à trois heures, accompagné de M. de Breuvery, maire, et Valtat, adjoint de la ville de Saint-Germain. M. le préfet a été reçu par M. Eugène Millet, architecte, et par M. Choret, inspecteur des travaux du château. M. Rossignol, conservateur-adjoint, étant absent pour affaires de service, M. Ph. Beaune a reçu M. le préfet au musée. M. Borelli a parcouru en détail les travaux de restauration et, en homme habité à la science architectonique, a félicité M. Millet, qu’il avait déjà apprécié dans le département de la Marne. Après la visite des salles neuves destinées au musée gallo-romain, M. le préfet a parcouru le musée, plus en connaisseur qu’en curieux, car il a donné sur les objets composant la suite des époques des détails et des comparaisons qui ont vivement intéressé ceux qui l’accompagnaient. M. le préfet s’est longuement arrêté aux deux vitrines qui contiennent la collection donnée au musée gallo-romain par M. de Breuvery, collection composée de silex et d’ossemens travaillés remontant aux époques anté-historiques et provenant des cavernes du Périgord. Les questions se multipliaient sur ces époques curieuses et les réponses de M. de Breuvery se succédaient avec la clarté, la précision de l’amateur qui a compris, fouillé et expliqué les cavernes à la suite de MM. Lartet, Christi, etc., et qui a voulu laisser au musée naissant les traces de ses études et de ses travaux.
Le n° du samedi 21 avril de l’industriel de Saint-Germain contient une relation de cette visite. Nous avons déposé ce n° aux archives du musée, comme nous y collectons toutes les publications qui intéressent la ville, le musée et l’archéologie du département.
[…]
[p. 84] Visite de l’Empereur, 29 juin 1866
30 juin 1866, à M. le comte de Nieuwerkerke, surintendant
Monsieur le Comte,
Hier vendredi, à neuf heures moins un quart du soir, l’Empereur, accompagné de l’Impératrice et du Prince impérial, est arrivé à l’improviste, au château, avec une suite nombreuse.
L. M. ont visité les nouvelles salles, que j’ai pu faire éclairer à la hâte, ainsi que le musée.
L’Empereur a exprimé sa satisfaction sur le genre et le bon goût de décoration des nouvelles salles. S. M. a examiné les vitrines destinées à ces salles, les a trouvées propres à leur destination et, par leur élégante simplicité, en parfaire harmonie avec cette peinture décorative, vraiment pompéienne.
L’ensemble des travaux de restauration du château, les détails d’architecture du grand escalier ont été l’objet d’éloges souvent répétés.
J’ai mis sous les yeux de l’Empereur le résultat de mes recherches gallo-romaines autour de Saint-Germain. Le casque gaulois et plusieurs objets récemment découverts ont paru intéresser l’Empereur, qui a daigné m’engager à continuer les recherches et à les lui communiquer.
Leurs Majestés sont reparties à 9 heures ½.
C’était l’heure où les nombreux étrangers en villégiature à Saint-Germain et les habitants viennent sur la terrasse. La place du Château et ses alentours étaient couverts d’une foule pleine de respect et d’enthousiasme. Cet enthousiasme, à l’arrivée comme au départ, s’est manifesté par le cri national mille fois répété de Vive l’Empereur, Vive l’Impératrice, Vive le Prince impérial. L. M. étaient visiblement émues des élans spontanés de cette ovation populaire.
Veuillez agréer etc.
[…]
[p. 87] 19 août 1866
Installation de M. Alexandre Bertrand, nommé conservateur-adjoint.
[…]
[p. 112] 1er avril 1867
Accident dans les démolitions du château
A M. le conservateur
Ce matin, à 7 h. ½, un ouvrier, Jean Berondau, employé dans les démolitions du pavillon nord-est du château, est tombé du 2e étage. Il s’est heureusement ratrappé et accroché à des étais, et courageusement est rendu suspendu jusqu’à ce que ses camarades eussent apporté des échelles pour le dégager. Néanmoins, il a eu l’épaule cassée et une forte blessure à la tête. En l’absence de MM. Millet et Choret, je lui ai fait administrer les premiers soins sur place et ai veillé à son transport chez lui. J’ai veillé à son transport à domicile et ai fait appeler le médecin de la société de secours mutuels à laquelle cet ouvrier appartient. Jusque à la clavicule, l’épaule est brisée. Il a une large blessure à la tête. Le médecin pense qu’il sera un moins sans travailler. M. Choret, inspecteur des travaux, que j’avais prévenu, lui a fait remettre une somme de cinquante francs sur la caisse des travaux. Sans la présence d’esprit et le courage de cet homme, un plus grand malheur était à déplorer. Il est marié et père d’un enfant. Il aura droit, par les statuts de la société de secours mutuels, à une indemnité de 2 f. par journée de maladie et aux soins gratuits de médecin et médicaments et de pharmacien. Quoique cet accident soit arrivé dans les chantiers de restauration du château, en dehors du musée, j’ai cru devoir adresser un rapport à M. le conservateur.
[p. 113] Visite de M. le surintendant des Beaux-Arts
Vendredi 12 avril 1867
M. le surintendant des Beaux-Arts, accompagné de M. de Cardaillac, directeur des Bâtimens civils au ministère de la Maison de l’Empereur, ainsi que de plusieurs membres de la commission d’organisation du musée, est venu visiter la partie restaurée du château et les salles du musée. Après avoir reçu de M. Millet, architecte, la clé de cette partie de l’édifice, comme prise de possession, et avoir parcouru les salles destinées au musée, M. le surintendant, en raison de ce que les travaux d’appropriation restent encore à terminer dans ces salles, a décidé que le musée s’ouvrirait le 1er mai prochain. M. le comte de Nieuwerkerke a hautement et à plusieurs reprises exprimé sa satisfaction sur l’habileté qui a dirigé la restauration du château et l’arrangement des objets scientifiques que contient le musée.
[…]
[p. 114] 23 avril 1867
Ouverture du musée
Arrêté de M. le surintendant
Art. 1er. Les salles du musée de Saint-Germain sont ouvertes au public à partir du 1er mai prochain les mardi, jeudi et dimanche de chaque semaine, de 11 heures ½ du matin à 5 heures du soir.
Art. 2. Deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi, sont consacrés à l’étude. Le public ne sera admis au musée, ces jours-là, que sur la présentation d’une carte délivrée par l’administration.
Art. 3. Le musée, jusqu’à nouvel ordre, sera fermé le lundi et le mercredi.
Le sénateur, surintendant des Beaux-Arts
Comte de Nieuwerkeke
23 avril 1867
A M. le maire de la ville de Saint-Germain,
J’ai l’honneur de vous adresser l’ampliation d’un arrêté de M. le sénateur, surintendant des Beaux-Arts, qui fixe l’ouverture du musée au 1er mai prochain. J’aurai soin de vous prévenir des jour et heure de la cérémonie officielle. Le 1er mai tombant un mercredi, jour d’étude, j’ai fait décider, conformément à vos désirs, que ce jour le musée serait exceptionnellement ouvert au public.
[…]
[p. 115] 4 mai 1867
A monsieur le directeur du Figaro
Le Figaro d’hier commet une erreur involontaire, et sans contredit, à l’insçu de M. Viollet-le-Duc, en lui attribuant la restauration du château François Premier à Saint-Germain. L’éminent architecte de Notre-Dame de Paris et de tant d’autres monuments sur presque tout le sol de la vieille France va être heureux de la rectification qui rend à M. Eugène Millet, architecte diocésain à Paris, son ami et son élève, et à lui seul, le mérite de la restauration de l’une des œuvres les plus originales de la Renaissance.
L’amitié a ses susceptibilités comme ses délicatesses. Je m’empresse de satisfaire aux unes en signalant l’erreur, et je ménage les autres en arrêtant ma plume à propos de l’artiste habile qui a restitué ou bâti non seulement le château de Saint-Germain, mais encore les cathédrales de Troyes et de Moulins, les églises de Boulogne, de Montfort-l’Amaury et autres.
[…]
[p. 116] 4 juin 1867
A M. le secrétaire général du ministère de la Maison de l’Empereur
Visite de S. A. R. le prince héréditaire de Prusse
Monsieur le Secrétaire général,
Grâce à la dépêche télégraphique que vous avez bien voulu m’adresser, j’ai eu le temps, en l’absence de M. le conservateur du musée, de me mettre en mesure, pour recevoir S.A.R. le prince héréditaire de Prusse. M. le colonel des dragons de l’Impératrice s’est empressé d’envoyer au château un piquet d’honneur. Le prince est arrivé dans une voiture de la Cour, accompagné du prince de Hesse, d’un aide de camp de l’Empereur attaché à sa personne, et de plusieurs autres personnages de sa maison. Les maîtres ont été reçus par M. le colonel des dragons, M. Eugène Millet, architecte du château, qui avait été prévenu par M. de Cardaillac. Le prince a voulu examiner en détail la partie du château restaurée dans tous ses détails, depuis le rez-de-chaussée jusqu’à la terrasse supérieure, et a complimenté à plusieurs reprises l’architecte sur l’habileté qui a présidé à cette restauration.
Le prince a visité la chapelle. Dans les salles du musée, le prince a surtout fixé son attention sur les monuments de l’époque de la conquête des Gaules par César. La reproduction du plan visuel du siège d’Alise a paru vivement l’intéresser. Le vase trouvé à Alise et dont lui avait parlé l’Empereur lui a été présenté et il en a admiré le beau travail.
Le prince a voulu visiter à l’église paroissiale de la ville de Saint-Germain le tombeau du roi Jacques II, restauré, a dit S.A.R., par ma belle-mère (la reine d’Angleterre). La foule qui couvrait la place du Château s’est écartée et s’est découverte respectueusement pour livrer passage aux nobles visiteurs. A 5 h. ½, le prince repartait, heureux, a-t-il dit de la visite qu’il venait de faire, reconnaissant de l’accueil plein de dignité d’une population, salué par la foule aux cris de Vive l’Empereur.
[…]
[p. 126] 26 juillet 1867
A M. Millet, architecte du château
Forge
M. le surintendant a approuvé, le 12 de ce mois, l’installation dans une cave du château d’une forge et de son outillage pour la réparation des objets antiques et même pour la reproduction des objets dont le musée ne pourrait se procurer les originaux. Cette installation est urgente, parce que l’exposition universelle doit fournir un grand nombre de ces pièces originales. Vous faites espérer que l’établissement de cette gorge ne rencontrerait aucune difficulté. Je vous prie de vouloir bien solliciter l’adjudication des Bâtiments civils l’autorisation nécessaire. »

Beaune, Philibert

Sénatus-consulte accordant au prince-président le droit exclusif de chasse dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« Du 1er avril 1852
Le Sénat,
Vu la proposition collective présentée par les membres composant le bureau et prise en considération dans la forme déterminée par l’article 17, paragraphe second, du décret organique en date du 22 mars 1852,
A délibéré et voté le sénatus-consulte dont la teneur suit :
Art. 1er. En exécution de l’article 15 de la Constitution, une somme de douze millions est allouée annuellement, à dater du 1er janvier 1852, au prince-président de la République.

  1. Les palais nationaux désignés dans le décret du 27 mars 1852, le mobilier, les jardins et parcs qui en dépendent sont affectés à l’habitation et à l’usage du prince-président de la République. L’inventaire du mobilier, précédemment dressé en vertu des lois et règlements, sera récolé aux frais de l’Etat à l’époque de l’entrée en jouissance.
    Le prince-président de la République jouit exclusivement du droit de chasse dans les bois de Versailles, dans les forêts de Fontainebleau, de Compiègne, de Marly et de Saint-Germain.
  2. L’Etat, continuant de percevoir les revenus et produits utiles des forêts, reste chargé de leur administration ainsi que de l’entretien des palais nationaux et de tout ce qui en dépend.
    Fait au palais du Sénat, le 1er avril 1852.
    Le président
    Signé Mesnard
    Les sénateurs secrétaires
    Signé général Regnaud de Saint-Jean-d’Angely, Cambacérès, baron T. de Lacrosse »

Sénat (Second Empire)

Récit d’une chasse impériale dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« Deux fois, chaque semaine, la forêt de Saint-Germain se trouve animée par les chasses impériales. Toujours dirigés par le grand veneur, et souvent même par un des veneurs seulement, les équipages de la vénerie de Sa Majesté viennent y forcer un cerf, afin d’exercer la meute. Ainsi, mardi, les promeneurs qui se trouvaient en forêt, à peu de distance de la ville, ont pu voir le cerf, forcé par plusieurs chiens, venir se jeter dans la mare aux Cannes, après en avoir fait plusieurs fois le tour, et y être tué au milieu des glaces qui n’étaient pas encore fondues. Hier vendredi, un incident tout particulier est venu la signaler, et beaucoup d’habitants, sans sortir de la ville, ont été témoins de la chasse car, attaqué vers une heure au milieu de la forêt, un beau cerf, forcé par cinq ou six chiens, est sorti du bois sur la route des Loges et s’est réfugié dans un des coins de la cour de la Vénerie, dont la porte est toujours ouverte, et qui est située à la grille de Pontoise. Après un repos de quelques heures, pendant lequel la foule s’était amassée compacte, on est parvenu, non sans peine, à le faire sortir, et l’attaque ayant recommencé, la pauvre bête, fatiguée d’une telle course, s’est lancée dans une partie de la forêt nommée la Réserve, de l’autre côté de la route de Poissy, où elle n’a pas tardé à être prise de nouveau près la mare Plate. »

Précisions sur la visite de la reine Victoria à Saint-Germain-en-Laye

« La petite presse à sa sœur aînée la presse parisienne
A propos de quelques erreurs dans les relations du voyage de S. M. la reine d’Angleterre à Saint-Germain
Il y avait une fois un journaliste chargé de rendre compte d’une grande représentation annoncée depuis longtemps à l’un des théâtres de Paris. Il avait assisté à plusieurs répétitions générales et, se croyant sûr de ce qu’il aurait à dire, avait, sauf erreur ou omission, préparé son article, qui n’attendait plus pour voir le jour que les quelques détails sur les faits de la représentation du soir. Or il advint que, le jour même, quelques amis du critique vinrent le débaucher pour une partie de campagne improvisée ; l’offre, faite avec un certain charme, séduisit assez le pauvre esclave ordinaire des faits divers et comptes rendus pour le faire hésiter entre son devoir et l’attrait d’un plaisir tentateur ; d’ailleurs l’article était tout fait, le programme de la soirée était certain, quelques mots ajoutés sur le succès colossal de l’ouvrage, la phrase traditionnelle annonçant que l’heure avancée à laquelle avait fini le spectacle obligeait à remettre au prochain numéro de plus amples détails, complétèrent le compte rendu anticipé, qui fut envoyé à l’imprimerie, pendant que son auteur courait à toute vapeur vers l’endroit choisi pour la joyeuse réunion.
Mais le pauvre diable avait compté sans son hôte, c’est-à-dire sans les accidents de machines et de trucs, sans les enrouements et les indispositions, enfin sans les mille et un empêchements qui surgissent à l’approche d’une grande représentation. Le spectacle n’eut pas lieu et la bande fatale, posée sur l’affiche, annonça que la première représentation de la Biche au bois était remise, pour cause d’indisposition, à un autre jour. Le lendemain matin, le compte rendu détaillé n’en parut pas moins dans les colonnes d’un petit journal de théâtre ; et qui fut bien penaud ? ce fut, on peut le croire, le pauvre critique qui, honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Nos grands confrères, confiants dans le programme official et désireux peut-être d’assister de préférence aux royales pompes de Versailles, ne sont-ils pas tombés dans le même inconvénient à propos du voyage de la reine d’Angleterre à Saint-Germain ? C’est, du moins, ce qui nous paraît résulter des rectifications que nous allons nous permettre de faire à ce sujet.
Dans son numéro du samedi 25 août, la Presse dit que la reine d’Angleterre, qui avait déjà visité le tombeau de l’Empereur, s’est agenouillée dans la journée devant celui de Jacques II. Première erreur, la reine a bien visité, non pas en allant à la forêt, comme nous dit la Presse, mais bien en revenant, le château de Saint-Germain ; mais Sa Majesté n’a rendu aucune visite au tombeau de Jacques II, qui, situé non pas dans la chapelle du château, mais bien à l’église paroissiale, est, dans ce moment, entièrement masqué par les échafaudages nécessaires à la peinture des fresques qu’y exécute le célèbre peintre M. Amaury-Duval.
Le Constitutionnel est encore plus mal informé à propos des renseignements qu’il donne à la date du 26 août. Nous y lisons qu’un arc de triomphe avait été construit à l’entrée de la ville et qu’il était dû aux soins de la municipalité et de la compagnie du chemin de fer. Pour rendre hommage à la vérité, il nous faut constater qu’aucun corps constitué, et encore moins la compagnie de chemin de fer, n’a pris l’initiative en cette occasion. Comme tout le monde le sait, et ainsi que nous avons eu occasion de le dire, cet arc de triomphe a été spontanément construit, sous le patronage et avec l’autorisation de la municipalité, il est vrai, mais par les habitants eux-mêmes, qui se sont partagé le soin de construire l’édifice improvisé et de recueillir en même temps les souscriptions nécessaires. Le même journal dit que le maire a remis à la reine une adresse de félicitations, au nom de la ville de Saint-Germain. Rien de ce genre n’a eu lieu : nous avons raconté que, quelques instants avant l’arrivée de Leurs Majestés, un aide de camp avait fait connaître à M. le maire, présent avec son conseil municipal, qu’il n’y avait lieu de faire, ni de présenter aucun discours. Le régiment des Guides, encore selon le Constitutionnel, était rangé, à pied, en bataille, devant son quartier. Nouvelle erreur. De fréquents détachements des Guides étaient échelonnés sur la route pour servir d’escorte, mais les hommes restés à la caserne étaient groupés çà et là, et selon leur volonté, aux fenêtres, en tenue de dimanche et en bonnets de police ; le lieutenant-colonel était lui-même au pied de l’arc de triomphe, parmi les fonctionnaires qui attendaient le passage de Leurs Majestés. Enfin, pour se rendre à la Muette, le cortège n’a pas traversé la ville, et ce n’est qu’au retour qu’il s’est arrêté à la porte du château, où Leurs Majestés ont visité l’appartement de Jacques II, ceux auxquels une tradition incertaine attribue l’habitation à Mlle de La Vallière, et enfin la chapelle, dont la restauration date du règne de Louis XIII.
Les Débats, mieux renseignés, donnent, à la date du 27 août, un détail exact de la visite royale, seulement ils ajoutent, dans l’erreur commune : « Leurs Majestés sont reparties pour Saint-Cloud, après une visite au tombeau de Jacques II ».
Le Constitutionnel du même jour dit qu’après la visite au château, la reine s’est rendue à l’église paroissiale, où est le tombeau du dernier roi de la race des Stuarts. Les milliers de personnes qui, sur la place, saluaient Leurs Majestés de leurs acclamations peuvent encore donner à son rédacteur l’assurance positive du contraire.
Enfin, le Siècle, après avoir raconté ce fait erroné que la reine a assisté à une chasse dans la forêt, dit positivement que Sa Majesté, en visitant le château, s’est arrêtée dans la chapelle devant le monument où l’on conserve la cervelle et une partie des entrailles de Jacques II (sic). Il n’y a, nous le répétons, qu’un malheur à tout cela, c’est qu’il n’y a pas eu de chasse, que les restes de Jacques II ne sont pas dans la chapelle et que les travaux en voie d’exécution au monument élevé dans l’église paroissiale devaient être et ont été un empêchement à la pleine visite de la reine Victoria.
Nous en avons fini avec toutes ces rectifications, que nous avons cru devoir faire et qui, d’ailleurs nous avaient été demandées autant dans l’intérêt de nos concitoyens, qui revendiquent l’honneur de l’initiative qu’ils ont prises, que dans celui de la vérité d’une foule de petits faits, que la seule présence d’un rédacteur à Saint-Germain aurait permis de relater d’une manière certaine. Un de nos confrères de Versailles, dédaignant de s’édifier de nos propres renseignements, a partagé l’une [p. 90] des nombreuses erreurs des journaux de Paris, et qui probablement se propageront au loin, où notre feuille obscure, mais consciencieuse, ne saurait avoir la prétention d’aller.
Léon de Villette »

Récit du passage de l’empereur et du roi de Sardaigne et de Piémont à Saint-Germain-en-Laye

« Lundi, et sans qu’on s’y attendit, notre ville a eu la visite de S. M. l’empereur, accompagné de son royal hôtel S. M. Victor-Emmanuel, roi de Sardaigne et de Piémont, le fils et l’héritier du trône du vainqueur de Novarre. Au moment de leur passage, vers dix heures du matin, pour se rendre au rendez-vous de chasse de la Muette, Leurs Majestés ont trouvé déjà un assez grand nombre d’habitants réunis devant le pavillon Henri IV et qu’y avait attirés la présence des relais. L’Empereur et le roi de Sardaigne ont déjeuné au château de la Muette, puis ont chassé à tir dans les garennes réservées de Fromainville, Garenne et Conflans, d’où ils sont revenus, vers trois heures et demie, à Saint-Germain, sans s’arrêter de nouveau à la Muette, comme l’ont dit, par erreur, les journaux de Paris. Le temps qui s’était écoulé entre les deux passages avait été mis à profit par notre municipalité provisoire, dont les ordres ont été si bien exécutés qu’au retour, les grilles du Parterre, les fenêtres des maisons et chacun des arbres de la longue avenue du Boulingrin étaient pavoisés d’une multitude de drapeaux où les couleurs sardes disposées à la hâte se mariaient aux drapeaux de la France, unis dans cette circonstance comme les enfants des deux pays, comme les soldats des deux souverains, pour le maintien du repos de l’Europe et la gloire des armées alliées.
Une foule considérable a longtemps stationné à l’extrémité de la Terrasse pour voir revenir Leurs Majestés, mais, tout d’un coup, à la vue d’un courrier qui arrivait par la grolle des Loges, elle a suivi le mouvement qu’ont dû faire les hommes et les chevaux du relais, les rangs se sont trouvés rompus et confondus, et le public a littéralement envahi la voiture jusque sous les roues, pendant les quelques minutes de sa station. De nombreux cris de : Vive l’Empereur ! et de : Vive le roi de Sardaigne ! se sont fait entendre, et l’on a généralement admiré la figure toute martiale du roi de Sardaigne, assis à la gauche de l’Empereur. Une seule voiture, également attelée en poste et dans laquelle se trouvaient M. le colonel Fleury et, nous a-t-on dit, MM. de Toulongeon, Edgard Ney et plusieurs officiers de la suite du roi de Sardaigne, suivait celle de l’Empereur. La chasse avait, dit-on, été très abondante, et on y avait apprécié la justesse de tir du Roi. C’était, comme de coutume, un détachement des Guides qui avait fourni les rabatteurs. Aucune escorte n’accompagnait les voitures qui, vers 4 heures, reprenaient, par les rampes du Pecq, la route de Paris.
Le matin, lors de leur passage sur le territoire de la commune de Chatou, LL. MM. l’Empereur et le roi de Sardaigne avaient trouvé réunis, près du pont, les autorités, des habitants et la subdivision des sapeurs-pompiers, accourus sur ce point au bruit de leur arrivée dans la commune, dont toutes les maisons se sont trouvées, comme par enchantement, pavoisées de drapeaux aux couleurs française et sarde. Un intéressant épisode de ce passage a été la rencontre sur la route de quatre jeunes soldats, mutilés de Crimée, casernés provisoirement à Rueil, et dont les chaleureuses acclamations ont attiré l’attention de l’Empereur, qui s’est empressé de les faire remarquer au roi de Sardaigne, en donnant des marques visibles d’un affectueux intérêt à ces braves jeunes gens, parmi lesquels nous avons cru reconnaître un des anciens élèves de l’institution Ledieu, de notre ville.
A propos de la visite du roi de Sardaigne à Saint-Germain, nous croyons devoir rappeler un souvenir qui peut-être a contribué à augmenter chez ce souverain le plaisir de jeter, en passant, un coup d’œil sur l’antique berceau de Louis XIV. C’est que son aïeule, la reine douairière de Sardaigne, mère ce de Charles-Albert que, comme François Ier, on a aussi appelé le Roi Chevalier, a passé, il y a deux ans, toute une saison à Saint-Germain, sous le nom de princesse de Montléar. Elle habitait alors un des appartements de l’hôtel de la Terrasse, près duquel était disposé, lundi dernier, le relais qui attendait Leurs Majestés, pour les conduire à La Muette. Plusieurs personnes de notre ville ont conservé précieusement le souvenir des relations qu’elles avaient heureusement eues avec cette auguste personne, dont la signature autographe figure sur l’album consacré aux visiteurs de notre bibliothèque. »

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