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Napoléon III
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Annonce de la visite de la reine Victoria à Saint-Germain-en-Laye

« Au moment où nous écrivons, il se prépare, à bien peu de distance de nous, un de ces grands spectacles qu’il n’est donné aux populations de voir qu’à de bien rares intervalles. La grande ville, si avide de pompes et de cortèges, et, cette fois, attirée par un intérêt facile à comprendre et une juste curiosité, se dispose à courir toute entière au-devant de la reine d’Angleterre venant la visiter en alliée et amie, et voulant aussi paraître à ce grand rendez-vous donné dans ses murs à tout ce que les arts, l’industrie et le progrès civilisateur peuvent produire de neuf, de grand et de beau dans toutes les parties du monde.
Nous sommes heureux d’annoncer que, comme nous avions osé l’espérer, grâce à l’attrait puissant de ses souvenirs historiques et de son admirable situation, notre petite ville jouira aussi de la présence de l’hôte illustre que Paris va posséder pendant quelques jours.
Si nous devons nous en rapporter, d’abord à la rumeur publique, puis à des renseignements qui nous parviennent de bonne source, et enfin à des articles insérés dans la Patrie et reproduis du Morning Post dans le Constitutionnel, S. M. la reine d’Angleterre viendrait samedi prochain 25 août faire une excursion à Saint-Germain.
Après une promenade à cheval en forêt, où elle s’arrêterait à la Muette, S. M. viendrait en ville où elle visiterait le tombeau de Jacques Stuart, dont on complète en ce moment l’entière décoration par l’achèvement d’une nouvelle et belle fresque de M. Amaury Duval représentant un saint Georges, l’un des patrons d’Angleterre. On dit encore, mais nous n’avons rien de très positif à cet égard, qu’on serait en ce moment même occupé à remettre en état, au château, la chambre occupée jusqu’à sa mort par le roi Jacques II ; toujours est-il qu’il a été impossible à l’administration de la Liste civile de permettre, comme on l’avait espéré d’abord, que la grande cour fût livre pour y installer l’un des concours d’orphéons ou de musiques militaires qui doivent avoir lieu demain.
La reine partirait à onze heures du matin de Saint-Cloud, pour y être de retour à trois heures. »

Extraits du registre tenu par Philibert Beaune, attaché au musée de Saint-Germain-en-Laye, concernant les visites de la famille impériale et l'aménagement du musée

« [p. 1] Saint-Germain, 19 avril 1863
A M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des musées impériaux
[…]
Jeudi dernier, les travaux du château et du musée ont été visités par l’Empereur. Vous avez dû être informé de cette visite.
[…]
[p. 2] 20 avril 1863
A M. de Longpérier, conservateur des musées impériaux
[…]
M. le conservateur-adjoint a eu l’honneur de vous rendre compte de la visite récente de l’Empereur au musée gallo-romain. Autrement, j’aurais rempli ce devoir. Le journal de Saint-Germain, qui m’est communiqué à l’instant, contient des détails fort inexacts sur cette visite. L’ensemble de l’article peut vous intéresser ; je vous l’envoye.
Les vitrines du musée Campane remontées dans la salle de Mars produisent bon effet. Cette salle peut être prête très prochainement.
[…]
A M. de Longpérier, 8 mai 1863
[…]
J’ai eu l’honneur de vous annoncer hier que les vitrines provenant du palais de l’Industrie étaient placées, repeintes et prêtes à recevoir les objets qui leur sont destinés. Avec ceux rassemblés ici et ceux que le Louvre réserve au musée de Saint-Germain, avec les objets que S. M., dans sa dernière visite, a promis d’envoyer, on pourrait garnir toutes ces vitrines et meubler la grande salle. Je me mets à votre disposition aussitôt que vos grands travaux vous permettront de veiller à l’enlèvement de ces objets.
La mosaïque d’Autun qui était déposée dans la chapelle du château vient d’être placée provisoirement dans le magasin du musée.
[…]
[p. 3] 15 mai 1863
Visite au musée de S.A.S. la princesse Mathilde. Dans la suite de la princesse, MM. le comte de Nieuwerkerke, Courmont, directeur des Beaux-Arts, Violet-le-Duc, etc. Le journal de Saint-Germain a parlé de cette visite.
[…]
18 mai 1863, à M. de Longpérier
[…]
M. de Nieuwerkerke est venu ici, et à sa suite une collection donnée par S.M. – débris de poteries, de colliers, d’armes, vase entier. M. le directeur général a annoncé l’envoi prochain des objets du Louvre dont j’ai fait la description sommaire.
[…]
[p. 4] 23 mai 1863
A M. de Breuvery, maire de Saint-Germain
J’ai vivement regretté d’avoir jeté, au milieu de la visite que vous m’avez fait l’honneur de me rendre, le prix de la plaquette intéressant la ville de Saint-Germain (Procès-verbal de l’assemblée du clergé, présidée par Bossuet, etc…). J’aurais dû y voir le moyen d’acquitter mon droit d’entrée dans l’illustre cité.
Pour amoindrir mes regrets, veuillez, Monsieur le Maire, accepter pour la bibliothèque publique un ouvrage héraldique dont il m’a été donné deux exemplaires pour compte rendu (De la chevalerie de Lorraine, par Bouton). Je serai heureux de répéter ces dons, aussi souvent que l’occasion se présentera.
[…]
28 mai 1863
A M. Millet, architecte du château de Saint-Germain
Voici mon premier né à Saint-Germain. Il aspire à l’honneur insigne de trouver un parrain. Il croitra en force et en beauté si vous répandez sur lui la chaleur de l’adoption.
Sérieusement, le musée de Saint-Germain ne sera, aux yeux du plus grand nombre, que d’un intérêt relatif. Cet intérêt ne serait-il pas centuplé si à l’étude de l’antique venaient se rattacher les souvenirs historiques particuliers aux différentes époques du château.
Je voudrais donc, à la suite des collections gallo-romaines, et pour récréer l’œil et l’esprit, je voudrais une chambre François 1er, une chambre Louis XIII, une chambre Louis XIV, pourtraictées, ornées, meublées suivant ces trois époques, avec les portraits, autographes, souvenirs des hôtes illustres du château.
A chacun sa tâche. A moi de fouiller, chercher, réunir. Je sais déjà où prendre. Par ex. : pour notre chapelle : un ornement pontifical complet qui a appartenu à Bossuet.
A vous, Monsieur, de préparer, d’enjoliver, de croquer ces chambres pittoresques ; je ne dis pas demain, ni l’an prochain, mais pour l’époque qui surgira à son heure.
Veuillez me dire préalablement votre avis, en gardant entre nous ce projet, jusqu’à ce que j’en réfère à qui de droit.
Ph. Beaune
[…]
[p. 15] 25 août 1863
Visite au château et au musée, à 7 heures du soir, de S. M. l’Impératrice, accompagnée d’une suite nombreuse, dans laquelle M. Prosper Mérimée.
[…]
[p. 38] A M. le surintendant des Beaux-Arts, 24 juillet 1864
Le 14 juin dernier, un accident imprévu a tué un ouvrier dans les chantiers du château de Saint-Germain. En l’absence de M. Millet, architecte, retenu à Paris par les examens de l’école des Beaux-Arts, et sur sa demande, M. le conservateur-adjoint étant empêché par indisposition, j’ai assisté au convoi. Sous l’inspiration de la douleur générale, surexcité par la présence d’orphelins qui redemandaient à Dieu leur père, j’ai fait appel au cœur des nombreux assistans en faveur de ces enfans et j’ai proposé aux employés et aux ouvriers du château d’abandonner une journée de leur traitement et de leur salaire. Cet appel a produit une somme de 539 f. 75 c.
Sur le rapport de M. Millet, M. le Ministre s’est empressé d’adresser une somme de 500 f.
Les entrepreneurs ont immédiatement réalisé, sur une généreuse initiative, un don de pareille somme.
La société de secours mutuels dont faisait partie la victime a contribué à l’œuvre charitable pour une somme de 139 f.
De son coté, madame de Girardin, femme du général commandant militaire du château, a fait un appel au cercle de ses connaissances et a réuni une somme de 842 f.
C’est donc un total de 2579 f. 75 c. que la souscription a atteint.
Ces diverses sommes ont été successivement placées au nom des enfans à la caisse d’épargnes de Saint-Germain.
Reste encore l’espérance, prochainement réalisable, de faire entrer un des enfans à l’orphelinat de la ville de Saint-Germain, établissement créé par la charité privée.
En vous rendant compte, Monsieur le Comte, et du malheur et de ce qui a été opéré pour l’atténuer, je n’ai d’autre but que de vous affirmer que chacun a fait son devoir dans ces tristes circonstances et s’est rappelé qu’il tenait de loin ou de près à cette grande et noble maison qui s’appèle « la maison de l’Empereur ».
[…]
[p. 39] Mardi 26 juillet 1864
Visite de M. le comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, au musée et au château.
Communication d’une page d’épreuves de l’armorial des gentils-hommes de Bourgogne, par Henri Beaune, où le nom d’un des aïeux de M. le comte est mentionné, Jean de Nieuwerkerke, panetier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Demande d’autorisation de réserver à la collection d’objets de l’âge de pierre provenant des carrières du Périgord donnée par M. de Breuvery, maire de la ville de Saint-Germain, au musée gallo-romain, une vitrine spéciale, avec mention du nom du donateur. Autorisation de laisser suivre l’enquête pour une médaille de sauvetage.
[…]
[p. 42] 4 septembre 1864
Visite au château de Saint-Germain, le dimanche, jour de la fête des Loges, de S.A.I. le prince Napoléon (Jérôme) accompagné de la princesse Clotilde et du prince héréditaire du royaume d’Italie, S.A.R. le prince Humbert. M. le général de Girardin, commandant militaire du château, M. Rossignol, conservateur-adjoint des musées impériaux, et M. Beaune, attaché aux mêmes musées, ont reçu les princes et leur suite, qui se composait de plusieurs officiers italiens, de M. Villot, aide de camp du prince Napoléon, et de madame la duchesse d’Abrantés, dame d’honneur de la princesse Clotilde. M. de Longpérier, conservateur au Louvre, était présent. Après avoir visité le château, même les terrasses supérieures, et juré la bonne direction donnée aux travaux de restauration, et le musée, les visiteurs se sont rendus à la fête des Loges.
[p. 43] Visite de l’Empereur
10 septembre 1864, samedi.
S. M. l’Empereur est arrivé à 5 heures au château de Saint-Germain. Dans sa suite se trouvait M. le capitaine de Raffyes, un de ses officiers d’ordonnance, chargé à Meudon de l’atelier de confection des anciennes machines de guerre pour le musée de Saint-Germain. S. M. a été reçue par le général de Girardin, MM. Rossignol et Beaune. L’Empereur a visité avec M. Millet, architecte du château, les travaux, dont il a complimenté M. Millet, puis le musée, pour les objets duquel il a recommandé l’application d’étiquettes indicatives des provenances. L’Empereur est parti ensuite pour Saint-Cloud.
[…]
[p. 59] Le mardi 4 avril 1865
LL. MM. l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie sont venus visiter le château à 2 heures ½ après midi. LL. MM. étaient accompagnées d’une suite peu nombreuse, sans costume officiel. Leurs Majestés sont arrivées en chemin de fer, par train ordinaire, et sont reparties à 5 heures par la même voie. Elles ont parcouru les travaux du château et se sont fait expliquer les plans de la restauration de ce château. M. l’architecte était absent. Leurs Majestés, en sortant du château, sont allées se promener sur le parterre. La foule était immense et se tenait à distance respectueuse. Les cris de Vive l’Empereur, Vive l’Impératrice et Vive le Prince impérial étaient sans cesse proférés. Dans l’intérieur du château, les ouvriers occupés aux réparations ont présenté un bouquet de viollette à l’Impératrice. L’Empereur leur a donné une somme de 300 francs.
[…]
[p. 63] 10 mai 1865
Visite au château et au musée de M. le comte Waleski, ancien ambassadeur, ancien ministre d’Etat.
[…]
[p. 78] Jeudi 19 avril 1866
M. Boselli, préfet de Seine-et-Oise, qui a succédé à M. le comte de Saint-Marsault, nommé sénateur, et qui vient de décéder, est arrivé au château à trois heures, accompagné de M. de Breuvery, maire, et Valtat, adjoint de la ville de Saint-Germain. M. le préfet a été reçu par M. Eugène Millet, architecte, et par M. Choret, inspecteur des travaux du château. M. Rossignol, conservateur-adjoint, étant absent pour affaires de service, M. Ph. Beaune a reçu M. le préfet au musée. M. Borelli a parcouru en détail les travaux de restauration et, en homme habité à la science architectonique, a félicité M. Millet, qu’il avait déjà apprécié dans le département de la Marne. Après la visite des salles neuves destinées au musée gallo-romain, M. le préfet a parcouru le musée, plus en connaisseur qu’en curieux, car il a donné sur les objets composant la suite des époques des détails et des comparaisons qui ont vivement intéressé ceux qui l’accompagnaient. M. le préfet s’est longuement arrêté aux deux vitrines qui contiennent la collection donnée au musée gallo-romain par M. de Breuvery, collection composée de silex et d’ossemens travaillés remontant aux époques anté-historiques et provenant des cavernes du Périgord. Les questions se multipliaient sur ces époques curieuses et les réponses de M. de Breuvery se succédaient avec la clarté, la précision de l’amateur qui a compris, fouillé et expliqué les cavernes à la suite de MM. Lartet, Christi, etc., et qui a voulu laisser au musée naissant les traces de ses études et de ses travaux.
Le n° du samedi 21 avril de l’industriel de Saint-Germain contient une relation de cette visite. Nous avons déposé ce n° aux archives du musée, comme nous y collectons toutes les publications qui intéressent la ville, le musée et l’archéologie du département.
[…]
[p. 84] Visite de l’Empereur, 29 juin 1866
30 juin 1866, à M. le comte de Nieuwerkerke, surintendant
Monsieur le Comte,
Hier vendredi, à neuf heures moins un quart du soir, l’Empereur, accompagné de l’Impératrice et du Prince impérial, est arrivé à l’improviste, au château, avec une suite nombreuse.
L. M. ont visité les nouvelles salles, que j’ai pu faire éclairer à la hâte, ainsi que le musée.
L’Empereur a exprimé sa satisfaction sur le genre et le bon goût de décoration des nouvelles salles. S. M. a examiné les vitrines destinées à ces salles, les a trouvées propres à leur destination et, par leur élégante simplicité, en parfaire harmonie avec cette peinture décorative, vraiment pompéienne.
L’ensemble des travaux de restauration du château, les détails d’architecture du grand escalier ont été l’objet d’éloges souvent répétés.
J’ai mis sous les yeux de l’Empereur le résultat de mes recherches gallo-romaines autour de Saint-Germain. Le casque gaulois et plusieurs objets récemment découverts ont paru intéresser l’Empereur, qui a daigné m’engager à continuer les recherches et à les lui communiquer.
Leurs Majestés sont reparties à 9 heures ½.
C’était l’heure où les nombreux étrangers en villégiature à Saint-Germain et les habitants viennent sur la terrasse. La place du Château et ses alentours étaient couverts d’une foule pleine de respect et d’enthousiasme. Cet enthousiasme, à l’arrivée comme au départ, s’est manifesté par le cri national mille fois répété de Vive l’Empereur, Vive l’Impératrice, Vive le Prince impérial. L. M. étaient visiblement émues des élans spontanés de cette ovation populaire.
Veuillez agréer etc.
[…]
[p. 87] 19 août 1866
Installation de M. Alexandre Bertrand, nommé conservateur-adjoint.
[…]
[p. 112] 1er avril 1867
Accident dans les démolitions du château
A M. le conservateur
Ce matin, à 7 h. ½, un ouvrier, Jean Berondau, employé dans les démolitions du pavillon nord-est du château, est tombé du 2e étage. Il s’est heureusement ratrappé et accroché à des étais, et courageusement est rendu suspendu jusqu’à ce que ses camarades eussent apporté des échelles pour le dégager. Néanmoins, il a eu l’épaule cassée et une forte blessure à la tête. En l’absence de MM. Millet et Choret, je lui ai fait administrer les premiers soins sur place et ai veillé à son transport chez lui. J’ai veillé à son transport à domicile et ai fait appeler le médecin de la société de secours mutuels à laquelle cet ouvrier appartient. Jusque à la clavicule, l’épaule est brisée. Il a une large blessure à la tête. Le médecin pense qu’il sera un moins sans travailler. M. Choret, inspecteur des travaux, que j’avais prévenu, lui a fait remettre une somme de cinquante francs sur la caisse des travaux. Sans la présence d’esprit et le courage de cet homme, un plus grand malheur était à déplorer. Il est marié et père d’un enfant. Il aura droit, par les statuts de la société de secours mutuels, à une indemnité de 2 f. par journée de maladie et aux soins gratuits de médecin et médicaments et de pharmacien. Quoique cet accident soit arrivé dans les chantiers de restauration du château, en dehors du musée, j’ai cru devoir adresser un rapport à M. le conservateur.
[p. 113] Visite de M. le surintendant des Beaux-Arts
Vendredi 12 avril 1867
M. le surintendant des Beaux-Arts, accompagné de M. de Cardaillac, directeur des Bâtimens civils au ministère de la Maison de l’Empereur, ainsi que de plusieurs membres de la commission d’organisation du musée, est venu visiter la partie restaurée du château et les salles du musée. Après avoir reçu de M. Millet, architecte, la clé de cette partie de l’édifice, comme prise de possession, et avoir parcouru les salles destinées au musée, M. le surintendant, en raison de ce que les travaux d’appropriation restent encore à terminer dans ces salles, a décidé que le musée s’ouvrirait le 1er mai prochain. M. le comte de Nieuwerkerke a hautement et à plusieurs reprises exprimé sa satisfaction sur l’habileté qui a dirigé la restauration du château et l’arrangement des objets scientifiques que contient le musée.
[…]
[p. 114] 23 avril 1867
Ouverture du musée
Arrêté de M. le surintendant
Art. 1er. Les salles du musée de Saint-Germain sont ouvertes au public à partir du 1er mai prochain les mardi, jeudi et dimanche de chaque semaine, de 11 heures ½ du matin à 5 heures du soir.
Art. 2. Deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi, sont consacrés à l’étude. Le public ne sera admis au musée, ces jours-là, que sur la présentation d’une carte délivrée par l’administration.
Art. 3. Le musée, jusqu’à nouvel ordre, sera fermé le lundi et le mercredi.
Le sénateur, surintendant des Beaux-Arts
Comte de Nieuwerkeke
23 avril 1867
A M. le maire de la ville de Saint-Germain,
J’ai l’honneur de vous adresser l’ampliation d’un arrêté de M. le sénateur, surintendant des Beaux-Arts, qui fixe l’ouverture du musée au 1er mai prochain. J’aurai soin de vous prévenir des jour et heure de la cérémonie officielle. Le 1er mai tombant un mercredi, jour d’étude, j’ai fait décider, conformément à vos désirs, que ce jour le musée serait exceptionnellement ouvert au public.
[…]
[p. 115] 4 mai 1867
A monsieur le directeur du Figaro
Le Figaro d’hier commet une erreur involontaire, et sans contredit, à l’insçu de M. Viollet-le-Duc, en lui attribuant la restauration du château François Premier à Saint-Germain. L’éminent architecte de Notre-Dame de Paris et de tant d’autres monuments sur presque tout le sol de la vieille France va être heureux de la rectification qui rend à M. Eugène Millet, architecte diocésain à Paris, son ami et son élève, et à lui seul, le mérite de la restauration de l’une des œuvres les plus originales de la Renaissance.
L’amitié a ses susceptibilités comme ses délicatesses. Je m’empresse de satisfaire aux unes en signalant l’erreur, et je ménage les autres en arrêtant ma plume à propos de l’artiste habile qui a restitué ou bâti non seulement le château de Saint-Germain, mais encore les cathédrales de Troyes et de Moulins, les églises de Boulogne, de Montfort-l’Amaury et autres.
[…]
[p. 116] 4 juin 1867
A M. le secrétaire général du ministère de la Maison de l’Empereur
Visite de S. A. R. le prince héréditaire de Prusse
Monsieur le Secrétaire général,
Grâce à la dépêche télégraphique que vous avez bien voulu m’adresser, j’ai eu le temps, en l’absence de M. le conservateur du musée, de me mettre en mesure, pour recevoir S.A.R. le prince héréditaire de Prusse. M. le colonel des dragons de l’Impératrice s’est empressé d’envoyer au château un piquet d’honneur. Le prince est arrivé dans une voiture de la Cour, accompagné du prince de Hesse, d’un aide de camp de l’Empereur attaché à sa personne, et de plusieurs autres personnages de sa maison. Les maîtres ont été reçus par M. le colonel des dragons, M. Eugène Millet, architecte du château, qui avait été prévenu par M. de Cardaillac. Le prince a voulu examiner en détail la partie du château restaurée dans tous ses détails, depuis le rez-de-chaussée jusqu’à la terrasse supérieure, et a complimenté à plusieurs reprises l’architecte sur l’habileté qui a présidé à cette restauration.
Le prince a visité la chapelle. Dans les salles du musée, le prince a surtout fixé son attention sur les monuments de l’époque de la conquête des Gaules par César. La reproduction du plan visuel du siège d’Alise a paru vivement l’intéresser. Le vase trouvé à Alise et dont lui avait parlé l’Empereur lui a été présenté et il en a admiré le beau travail.
Le prince a voulu visiter à l’église paroissiale de la ville de Saint-Germain le tombeau du roi Jacques II, restauré, a dit S.A.R., par ma belle-mère (la reine d’Angleterre). La foule qui couvrait la place du Château s’est écartée et s’est découverte respectueusement pour livrer passage aux nobles visiteurs. A 5 h. ½, le prince repartait, heureux, a-t-il dit de la visite qu’il venait de faire, reconnaissant de l’accueil plein de dignité d’une population, salué par la foule aux cris de Vive l’Empereur.
[…]
[p. 126] 26 juillet 1867
A M. Millet, architecte du château
Forge
M. le surintendant a approuvé, le 12 de ce mois, l’installation dans une cave du château d’une forge et de son outillage pour la réparation des objets antiques et même pour la reproduction des objets dont le musée ne pourrait se procurer les originaux. Cette installation est urgente, parce que l’exposition universelle doit fournir un grand nombre de ces pièces originales. Vous faites espérer que l’établissement de cette gorge ne rencontrerait aucune difficulté. Je vous prie de vouloir bien solliciter l’adjudication des Bâtiments civils l’autorisation nécessaire. »

Beaune, Philibert

Lettre concernant la libération de la vénerie de Saint-Germain-en-Laye pour les équipages du prince-président

« Ministère des Finances
Secrétariat général
Administrations financières
Paris, le 19 juillet 1852
Monsieur et cher collègue,
Par deux dépêches du 8 de ce mois, vous faites connaitre que la partie de l’ancienne vénerie de Saint-Germain qui est entre les mains de l’administration des Domaines et la propriété dite pavillon Voisin, qui est maintenant en location, sont nécessaires au service du prince-président de la République, pour l’exercice du droit de chasse dans la forêt de Saint-Germain.
J’ai l’honneur de vous informer que des instructions ont été immédiatement adressées au directeur des Domaines, à Versailles, tant pour la remise à votre département de ceux des bâtimens de l’ancienne vénerie qui sont actuellement régis par l’administration des Domaines que pour le congé à donner à M. Percy, locataire du pavillon Voisin, afin de faire cesser la jouissance, sans indemnité, à l’expiration du délai de trois mois ainsi que le bail en a réservé la facilité à l’Etat.
Agréez, Monsieur et cher collègue, l’assurance de ma haute considération.
Pour le ministre des Finances et par autorisation,
Le secrétaire général
Guillemardet »

Ministère d'Etat

Mention de la commande par l’empereur à Emmanuel Frémiet de deux sculptures pour le musée de Saint-Germain-en-Laye

« Nous apprenons à l’instant que l’Empereur vient de commander à M. Frémier, sculpteur, petit-fils et héritier du beau talent de l’illustre statuaire Rude, deux statues de grandeur plus que nature, en marbre blanc, ayant pour sujet deux soldats, l’un Gaulois et l’autre Romain. Ces deux statues sont destinées à être placées au pied de l’escalier d’honneur par lequel le public pénétrera dans le musée et qui est situé aux deux tiers à peu près de l’aile gauche du château donnant sur la cour, en avant de la tourelle intérieure d’angle qui relie les ailes nord et est. »

Mention de la future inauguration du musée gallo-romain à Saint-Germain-en-Laye

« Il est toujours, et plus que jamais, question de l’inauguration du musée gallo-romaine du château dans le courant du mois d’avril prochain, et nous apprenons qu’on parle en ville d’un projet de pétition qui serait adressée à l’Empereur par les habitants de Saint-Germain, pour demander à Sa Majesté qu’Elle veuille bien consentir à procéder en personne à cette inauguration, et à leur procurer en même temps le bonheur de la voir, dans cette circonstance, accompagnée de l’Impératrice et du Prince Impérial. Ce serait un bien beau jour pour notre ville, jouissant ainsi de la faveur accordée à tant d’autres dans le cours des voyages de l’Empereur en France, et nous sommes certains à l’avance que si ce projet de pétition venait à se réaliser, cette respectueuse demande serait couverte à l’instant d’un nombre de signatures qui attesterait au souverain tout le bonheur que la ville de Saint-Germain éprouverait à recevoir officiellement l'Empereur et la famille impériale. »

Mention de la nomination d’un conservateur du château de Saint-Germain-en-Laye

« Par suite d’une décision récente de Son Excellence le ministre d’Etat et de la Maison de l’Empereur, M. Ricateau, attaché déjà à plusieurs commissions savantes et d’intérêt public de notre localité, a été nommé conservateur du château impérial de Saint-Germain. On dispose en ce moment, pour ce nouveau fonctionnaire, les appartements de l’entresol des ailes de l’ouest et du sud, occupés précédemment par M. O’Connell, alors régisseur de cette même partie du domaine.
M. le général de Girardin, qui avait obtenu un congé de quelques mois, est attendu ces jours-ci au château, où il reprendra son domicile au premier étage des mêmes ailes.
Cette dernière nomination semble naturellement faire penser que le moment approche où notre vieux château recevra enfin une destination quelconque, puisqu’il a déjà un officier général pour commandant et un homme de lettres, connu par de sérieux antécédents, pour conservateur. M. Millet est toujours investi des fonctions d’architecte-régisseur. »

Mention de la volonté de l’empereur de restaurer le château de Saint-Germain-en-Laye

« La commission qui avait reçu de la Société d’horticulture de Saint-Germain l’honorable mission de se rendre auprès de monseigneur le prince Jérôme pour solliciter de Son Altesse impériale la faveur de son haut patronage a eu l’honneur d’être reçue samedi dernier 7 du courant, à une heure, par le prince.
Elle se composait de M. le maire de Saint-Germain, de M. Charles Gosselin, président de la Société, de M. Evrard de Saint-Jean, et de MM. Rolot, trésorier, Corbie et Fournier, lauréats de la médaille d’or, Couchy, commissaire, Guy, secrétaire général.
Il serait difficile d’exprimer avec quelle bienveillance, on peut dire affectueuse, la députation a été accueillie par Son Altesse impériale.
Il appartenait à M. Gosselin, comme président de la Société, de présenter au prince chaque membre nominativement et de lui soumettre le vœu de la Société.
Son Altesse n’a point hésité à lui exprimer le plaisir qu’elle éprouvait à s’y rendre et à voir son nom figurer dans une institution se rattachant à une ville qui lui était chère à juste titre, puisqu’elle lui rappelait les plus doux souvenirs, ceux de sa tendre jeunesse. Le prince a donc bien voulu autoriser la Société à l’inscrire au nombre de ses sociétaires, lui promettant en même temps d’honorer de sa présence quelques-unes de ses solennités.
Le prince s’est ensuite entretenu, de la manière la plus affable, avec deux de ses anciens condisciples au collège de Saint-Germain, membres de la députation, MM. Rolot et Guy, en leur disant avec gaieté : « Messieurs, ce sont là des souvenirs de plus de cinquante ans ; ils n’en sont pas moins agréables. Et, tenez, tout dernièrement encore, je n’ai pu résister d’aller, dans le plus strict incognito, visiter ce collège, témoin de mes jeux d’enfance, de le parcourir dans tous ses détails, et de le retrouver tel que je l’avais quitté ».
On pouvait apprécier, par l’expression de bonheur qui se peignait sur la physionomie du prince, combien ces souvenirs lui étaient chers.
Son Altesse impériale, avant de se séparer de la députation, a bien voulu lui renouveler l’assurance, que déjà une autre députation avait été assez heureuse pour recevoir de la bouche mêle de Sa Majesté l’Empereur, c’est que notre château allait bientôt reprendre le noble rang que l’histoire et tant d’illustres souvenirs lui assignent. C’était une digne manière de clore la réception, aussi la députation s’est-elle séparée de Son Altesse impériale pleine de reconnaissance de son bienveillant accueil et de l’espoir du nouvel essor que la Société était destinée à prendre sous la précieuse protection qui lui était accordée. »

Mention de l’arrivée des équipages de la vénerie impériale à Saint-Germain-en-Laye

« On pensait que S. M. l’Empereur viendrait chasser à tir à Saint-Germain mercredi dernier ; cette chasse avait été remise à hier vendredi, et tout avait été préparé ; chacun était à son poste, quand un exprès est venu apporter un contrordre causé, pense-t-on, par la neige qui était tombée, hier matin, en assez grande abondance à Paris.
Toutefois les équipages de la vénerie impériale sont en partie arrivés à Saint-Germain et doivent s’y trouver aujourd’hui 12, au grand complet, et nous tenons de bonne source qu’une grande chasse à courre doit avoir lieu en forêt, mardi prochain 15 du courant. »

Mention du don à l’impératrice d’un album sur Saint-Germain-en-Laye et de la volonté de l’empereur de restaurer le château

« L’album de Saint-Germain
Le conseil municipal de Saint-Germain vient d’offrir un album à l’Impératrice. C’est une heureuse idée : qu’importent aux souverains les dons riches et somptueux ? Ce n’est qu’une perle de plus à leur brillant écrin ; ce qui vaut mieux, c’est la délicatesse de l’intention, c’est le charme du souvenir. Le conseil municipal me paraît donc avoir été fort bien inspiré dans le choix qu’il a fait. Il est vrai qu’il a été admirablement compris et secondé par M. Bunout, le bibliothécaire de notre ville, le gracieux artiste que nous connaissons tous.
Mais je veux de suite parler de l’ouvrage ; les réflexions viendront après.
L’album comprend trois divisions principales : le château, le couvent des Loges et le pavillon de la Muette. Chacune de ces divisions contient un ou plusieurs dessins, avec la notice historique qui s’y rapporte.
Comme je tiens à donner un aperçu aussi consciencieux et aussi complet que possible, je serai forcé quelquefois de tomber un peu dans le détail ; mais on me pardonnera facilement, je l’espère, puisqu’il s’agit d’une chose intéressant la ville.
La première feuille est encadrée par douze cartouches que relient entre eux des arabesques à fleurs, parsemées d’oiseaux et de papillons, et au milieu desquelles se jouent les capricieux rubans de douze devises portant quelques actes principaux de l’Empire et les bonnes œuvres de l’Impératrice.
Aux quatre angles brille l’aigle impérial, en or, sur champ d’azur. En haut est le cimier des armes de l’Impératrice ; de chaque côté, les chiffres unis E. N., en or, enlacés de fleurs d’oranger et de laurier, peints sur azur, dans un rayon lumineux. En bas, sont les armes de la ville de Saint-Germain, représentant le berceau de Louis XIV, et, de chaque côté, les lettres enlacées S.-G., sur champ d’azur.
Dans le cartouche de gauche, on voit le combat de Jarnac et de La Châtaigneraie, et, dans celui de droite, le roi Jacques II, en prière dans son oratoire, au château de Saint-Germain.
Au milieu de cette feuille est la dédicace : A S. M. l’Impératrice, écrite en gothique anguleuse du XVe siècle, en lettres vertes, aux couleurs de l’Empire, rehaussées d’or ; au-dessous, le nom d’Eugénie, en lettres d’or, sur une guirlande de fleurs soutenue par des oiseaux ; puis les armes de l’Empereur et de l’Impératrice, avec le manteau surmonté de la couronne impériale ; et enfin, au-dessous encore : La Ville de Saint-Germain-en-Laye, en lettre d’azur et d’or.
Toutes les peintures de ce titre sont en miniature, exécutées avec un goût, un fini, une patience des plus remarquables ; l’ensemble est brillant et harmonieux, les détails sont soignés à l’excès ; on est séduit tout d’abord, et plus on regarde, plus on est charmé. Il faut surtout donner des éloges à l’exécution des armes de l’Impératrice ; il y a dans l’écusson tant de petits points importants pour le blason, tant de petites choses diverses et compliquées, que l’on s’étonne vraiment d’une réussite aussi complète.
Cette première feuille est, en réalité, le titre général de l’album ; nous allons voir maintenant chacune des divisions que j’ai indiquées tout à l’heure.
C’est d’abord le château.
Sur le titre, il y a une couronne de feuilles de chêne, comme emblème de la ville, sur laquelle est écrit, en lettres d’or : Le Château de Saint-Germain-en-Laye ; au-dessus, un aigle porte à son bec un rameau d’olivier, et il étend ses ailes d’or dans un rayon lumineux dont les brisures indiquent les branches de la croix de la Légion d’honneur.
Puis viennent deux dessins, dont l’un représente le Château royal de Saint-Germain-en-Laye en 1638, et l’autre le Pénitencier militaire.
La différence entre ces deux reproductions du même édifice est frappante, et la main de l’artiste a bien rendu sa pensée.
Le château de 1638 est joyeux et coquet, malgré son imposante majesté ; il est plein de vie, de mouvement et de lumière ; le rouge de ses briques fait ressortir brillante la blancheur de ses chaines de pierre ; il laisse deviner les splendeurs qui l’habitent, les existences luxueuses qui l’animent. Les parterres sont émaillées de fleurs, et aussi de jeunes femmes rieuses, nouant de doux entretiens avec de brillants seigneurs ; l’eau s’élance en jets rapides pour retomber bruyante dans de vastes bassins de marbre, en livrant une pluie légère au souffle du vent ; tout se meut et s’agite, au murmure des feuilles des grands arbres, avec un air de bonheur et de joie qui plait et qui fait sourire.
Mais le temps a passé, seul et vainqueur ; nul ne l’a combattu ; son souffle a bruni les briques rouges, son souffle a noirci les pierres blanches ; la tristesse a chassé la vie de ces lieux. Tournons le feuillet, et nous verrons notre château d’aujourd’hui. La voilà cette masse sombre, au silence navrant, aux ombres sinistres ; plus de plaisirs, plus de fêtes, plus de luxe, plus de gaieté, plus rien que l’abandon et la douleur. Auprès il y a bien encore quelques fleurs, mais elles paraissent s’incliner, chagrines, devant ce morne séjour qui attriste leur beau soleil.
Oui, c’est bien là le contraste des deux situations, et je crois qu’il est impossible de le faire sentie d’une façon plus saisissante.
[p. 210] Ces deux dessins sont suivis de dix feuilles de texte contenant l’histoire abrégée du château et l’indication succincte des faits importants qui s’y sont passés. Une notice historique, si agréablement qu’elle soit présentée, est toujours aride, et, j’oserai même dire, un peu ennuyeuse ; M. Bunout a fait disparaître cet inconvénient grave, à l’aide d’un moyen fort ingénieux. Il a mis d’abord – pour cela, c’était forcé – des lettres enluminées, capricieuses, riches de forme et de couleur, des devises, des guirlandes, des arabesques ; mais ce n’était pas assez, il y a joint des petits médaillons qui vont en diminuant et qui forment une sorte de chaînette retombante, séparant le texte en deux parties, jusqu’au milieu de la page, pour faire place ensuite à un léger serpentin.
Ce n’est pas tout, chacun de ces médaillons, malgré ses proportions exiguës, renferme un dessin presque microscopique pour lequel il a fallu un travail d’une finesse inouïe, un vrai travail à la loupe. On voit là – en y regardant de près, mais distinctement – une assemblée des Etats généraux, la mort de Louis XIII, l’arrivée de la reine d’Angleterre que reçoit Louis XIV, l’empereur Napoléon passant une revue de l’Ecole de cavalerie, puis les détenus militaires entendant la messe ou se livrant à leurs travaux intérieurs.
Et il ne faut pas se figurer que ce sont des formes vagues et indécises ; non, ce sont des figurines merveilleusement soignées, que l’on aime à voir et qui distraient l’œil de la monotonie que l’on ne tarderait pas à trouver dans l’écriture, quelque variété qu’on ait cherché à y mettre.
Je ne dois pas oublier une charmante petite vue de la Terrasse, placée, comme une vignette, en hors-d’œuvre, au bas d’une feuille de texte. C’a été l’occasion de rappeler le passage de l’Impératrice, l’année dernière, et le bouquet qui lui fut offert par le jardinier du parterre.
Du château, nous passons au couvent des Loges.
Sur le titre sont peints les attributs de la Légion d’honneur, les insignes des maréchaux de France, à cause de la destination, en quelque sorte militaire de cette maison ; une croix chrétienne, symbole du couvent ; les lauriers de la guerre, les palmes religieuses et les feuilles des chênes dont l’ombre protège le vieux refuge.
Tout le monde connaît le gros chêne des Loges, qui a défié tant d’années, qui a subi tant d’orages, qui a vu passer tant de générations ; chacun se rappelle son tronc spacieux, son magnifique branchage, sa carrure vigoureuse et ferme. Mais personne, bien sûr, ne l’a compris, personne ne se l’est, pour ainsi dire, assimilé, comme l’a fait M. Bunout. Du reste, il touchait là à ce que son talent traite avec le plus de facilité, mais il s’est dépassé de beaucoup, et je ne serais pas surpris qu’il eût admiré lui-même son arbre, tant il est vrai, hardi, bien jeté.
Ce chêne se trouve au milieu d’un dessin qui représente la visite faite, il y a quelque temps, par l’Empereur au couvent, et il se trouve fort agréablement encadré par l’entourage, qui est très bien traité : le couvent au fond, les cavaliers et la foule sur la pelouse, les bois autour qui deviennent sombres dans le lointain, en laissant filtrer de rares échappées de lumière.
Le couvent des Loges a quatre feuilles de texte, avec les lettres et les ornements voulus ; je passe vite pour arriver à la dernière, où je rencontre deux vignettes. Pourtant, je suis dans un grand embarras devant ce que j’ai cherché. Pour la première de ces vignettes, le château des Loges sous Robert le Pieux, je puis me contenter de dire : c’est joli ; mais pour la seconde, c’est différent, et je crois bien qu’il va me falloir recueillir les éloges que je viens de parsemer, pour les réunir et les donner, cette fois, tous ensemble.
Il s’agit d’une vue de la fête des Loges ; elle est grande comme la moitié de la main, et c’est justement pour cela qu’elle m’arrête court. Tout y est : le bal et ses tentures, le saltimbanque et son orchestre en plein vent, même son échelle, les restaurants grands et petits, les cuisines, les broches – je n’oserais pas dire qu’elles ne sont pas garnies – ; il y a aussi la foule, les jeux, les boutiques, les lustres, la charrette du débitant de vin qui n’a pas besoin d’enseigne, la marchande de gaufres, qui se tient à l’entrée de la fête pour être la première à tenter les appétits de friandise ; et enfin le traditionnel parapluie du chanteur que, de temps immémorial, l’on trouve en arrivant, et dont la race semble se reproduire exprès pour venir toujours à la même place.
Il y a tout cela ; et, je vous le dis, c’est grand comme la moitié de la main, et l’on y trouve encore le mouvement exagéré, la turbulence, la mêlée bruyante de notre fameuse fête. Vous comprenez, j’en suis certain ; vous ajouterez, si je n’ai pas assez dit pour rendre ma pensée.
Maintenant, nous voici au pavillon de la Muette, le rendez-vous de chasse de l’Empereur, dans la forêt de Saint-Germain.
Une curée dans la forêt forme le titre. Les piqueurs sonnent du cor, pendant que les chiens déchirent la dépouille du pauvre cerf tué et se battent pour voir plus grosse part. Les hommes sont bien campés ; les chiens sont animés, ardents ; ils sont heureusement groupés ; ils sont naturels dans leurs mouvements, dans leurs combats, dans leurs courses – c’est un excellent ensemble.
Le dessin de cette partie de l’album montre le pavillon de la Muette ; l’Empereur et l’Impératrice arrivent à un rendez-vous de chasse ; la foule des promeneurs accourt pour les saluer. Le pavillon est rendu avec une exactitude scrupuleuse ; pas un détail ne manque – ce qui n’exclut pas le charme et la grâce de la composition. Les personnages sont bien posés, variés, pittoresques, et le paysage est délicieusement reproduit : les feuilles des arbres semblent frémir, les effets de lumière et d’ombre sont habilement combinés, et il y a surtout un dessous d’arbres, profond et mystérieux, du plus charmant effet.
Viennent ensuite deux feuilles de texte, enluminées et ornées de deux vignettes : l’une représente la Muette sous François Ier ; l’autre, les ruines de ce château sous Louis XIV. On y retrouve le même soin, la même patience, la même finesse de dessin.
Je dois parler aussi de la reliure de cet album, vraiment belle et artistique. Cette reliure est en velours vert ; tout autour règne une épaisse baguette rustique en poirier bruni. Aux quatre angles sont quatre abeilles en bois sculpté, comme le chiffre couronné de l’Empereur et de l’Impératrice qui se trouve au centre. Ces sculptures sont parfaitement faites, élégantes et faciles, pleines d’art et de goût ; elles sont dignement accompagnées par les riches feuillets moires qui forment les sous-couvertures. Du reste, en deux mots, j’en ferai le plus grand éloge, en disant que cette reliure sort des ateliers de M. Maquet, le brillant papetier de la rue de la Paix, chez lequel tout Paris court en ce moment.
Tel est l’album offert à l’Impératrice par le conseil municipal. On voit que c’est une œuvre d’art qu’il était difficile de ne pas signaler, en même temps que c’est une délicate attention qu’il était impossible de ne pas faire connaître complètement.
L’Empereur a gracieusement accepté cette offrande : il a remercié le conseil municipal, il a manifesté son intention de restaurer entièrement le château – tant mieux, ce sera un joyau de plus pour Saint-Germain. Il a aussi complimenté l’artiste qui accompagnait la députation, et il a rendu justice à son talent – M. Bunout le méritait, et l’on sera de mon avis, si j’ai pu rndre un peu de ce que j’ai éprouvé en voyant son ouvrage.
Du reste, L. Bunout a reçu encore d’autres éloges, les éloges d’un artiste distingué ; M. de Nieuverkerke, le directeur général du Musée, a parcouru l’album avec une vive satisfaction, il a exprimé tout son contentement à M. Bunout, en lui prédisant la plus grande réussite dans un genre qui ne compte peut-être pas aujourd’hui un seul artiste de mérite – car, je crois, en vérité, que j’ai omis un point important : mes yeux étaient encore tellement occupés par souvenir, que ma pensée sans doute un peu erre à l’aventure. Tous les dessins de l’album sont à la plume, et l’on comprendra combien plus grande était la difficulté, mais combien aussi plus grand est le talent, puisqu’il n’y a ni dureté ni hachure, et que l’on trouve partout la grâce et la souplesse.
Maintenant, j’ai à faire une observation, ou plutôt j’ai à exprimer une idée toute personnelle que l’on a déjà combattue, mais dans laquelle je crois avoir quelques raisons de persister.
Je regrette que l’on n’aie pas fait une exposition publique de l’album avant de l’offrir à l’Impératrice. Je sais bien que le conseil municipal a, sans nul doute, agi dans une excellente intention ; qu’il a voulu garder le secret pour ne pas, en quelque sorte, déflorer le cadeau. Cependant, l’opinion que j’émets a des précédents, et, il y a quelques jours encore, la ville de Lyon exposait aux yeux de tous les étoffes précieuses qu’elle destinait à l’Impératrice. Du reste, en parlant ainsi, je me fais l’écho de plusieurs personnes qui, ne pouvant, comme moi, profiter de l’amitié de l’artiste, ont été privées de la vue de ce charmant travail – mais là, bien entendu, mon regret est sans amertume.
Aussi, nous devons remercier le conseil municipal de la bonne pensée qu’il a eue en faisant faire cet album ; nous devons remercier M. Bunout d’avoir ainsi donné tout son talent pour arriver à un résultat qu’on n’aurait certainement pas trouvé partout aussi complet. Espérons que ce sera là un sujet de joie pour tout le monde ; espérons aussi que nous verrons le vieux château quitter son enveloppe noircie et secouer sa poussière, pour apparaître encore brillant et animé.
Alphonse Renard »

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