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Napoléon III Français
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Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Lundi dernier, l’Empereur est venu chasser à tir à Saint-Germain. Sa Majesté est passée à Maisons à dix heures et demie ; la chasse a commencé à Fromainville à onze heures ; le déjeuner a eu lieu à midi à la chaumière rustique. A trois heures et demie, la chasse était terminée, le retour s’est effectué à quatre heures par Maisons, dont toutes les fenêtres étaient pavoisées sur le passage de l’Empereur.
Les personnages de distinction qui, avec ceux de la Maison et du service de l’Empereur, accompagnaient Sa Majesté étaient, autant qu’il nous a été possible de nous renseigner : MM. le prince Joachim Murat, de Corberon, Pietri, secrétaire ; le prince de la Moskowa, Costa de Beauregard, Raimbaud, écuyer ; Cruzman, officier d’ordonnance, et le docteur baron Corvisart. »

Mention du don à l’impératrice d’un album sur Saint-Germain-en-Laye et de la volonté de l’empereur de restaurer le château

« L’album de Saint-Germain
Le conseil municipal de Saint-Germain vient d’offrir un album à l’Impératrice. C’est une heureuse idée : qu’importent aux souverains les dons riches et somptueux ? Ce n’est qu’une perle de plus à leur brillant écrin ; ce qui vaut mieux, c’est la délicatesse de l’intention, c’est le charme du souvenir. Le conseil municipal me paraît donc avoir été fort bien inspiré dans le choix qu’il a fait. Il est vrai qu’il a été admirablement compris et secondé par M. Bunout, le bibliothécaire de notre ville, le gracieux artiste que nous connaissons tous.
Mais je veux de suite parler de l’ouvrage ; les réflexions viendront après.
L’album comprend trois divisions principales : le château, le couvent des Loges et le pavillon de la Muette. Chacune de ces divisions contient un ou plusieurs dessins, avec la notice historique qui s’y rapporte.
Comme je tiens à donner un aperçu aussi consciencieux et aussi complet que possible, je serai forcé quelquefois de tomber un peu dans le détail ; mais on me pardonnera facilement, je l’espère, puisqu’il s’agit d’une chose intéressant la ville.
La première feuille est encadrée par douze cartouches que relient entre eux des arabesques à fleurs, parsemées d’oiseaux et de papillons, et au milieu desquelles se jouent les capricieux rubans de douze devises portant quelques actes principaux de l’Empire et les bonnes œuvres de l’Impératrice.
Aux quatre angles brille l’aigle impérial, en or, sur champ d’azur. En haut est le cimier des armes de l’Impératrice ; de chaque côté, les chiffres unis E. N., en or, enlacés de fleurs d’oranger et de laurier, peints sur azur, dans un rayon lumineux. En bas, sont les armes de la ville de Saint-Germain, représentant le berceau de Louis XIV, et, de chaque côté, les lettres enlacées S.-G., sur champ d’azur.
Dans le cartouche de gauche, on voit le combat de Jarnac et de La Châtaigneraie, et, dans celui de droite, le roi Jacques II, en prière dans son oratoire, au château de Saint-Germain.
Au milieu de cette feuille est la dédicace : A S. M. l’Impératrice, écrite en gothique anguleuse du XVe siècle, en lettres vertes, aux couleurs de l’Empire, rehaussées d’or ; au-dessous, le nom d’Eugénie, en lettres d’or, sur une guirlande de fleurs soutenue par des oiseaux ; puis les armes de l’Empereur et de l’Impératrice, avec le manteau surmonté de la couronne impériale ; et enfin, au-dessous encore : La Ville de Saint-Germain-en-Laye, en lettre d’azur et d’or.
Toutes les peintures de ce titre sont en miniature, exécutées avec un goût, un fini, une patience des plus remarquables ; l’ensemble est brillant et harmonieux, les détails sont soignés à l’excès ; on est séduit tout d’abord, et plus on regarde, plus on est charmé. Il faut surtout donner des éloges à l’exécution des armes de l’Impératrice ; il y a dans l’écusson tant de petits points importants pour le blason, tant de petites choses diverses et compliquées, que l’on s’étonne vraiment d’une réussite aussi complète.
Cette première feuille est, en réalité, le titre général de l’album ; nous allons voir maintenant chacune des divisions que j’ai indiquées tout à l’heure.
C’est d’abord le château.
Sur le titre, il y a une couronne de feuilles de chêne, comme emblème de la ville, sur laquelle est écrit, en lettres d’or : Le Château de Saint-Germain-en-Laye ; au-dessus, un aigle porte à son bec un rameau d’olivier, et il étend ses ailes d’or dans un rayon lumineux dont les brisures indiquent les branches de la croix de la Légion d’honneur.
Puis viennent deux dessins, dont l’un représente le Château royal de Saint-Germain-en-Laye en 1638, et l’autre le Pénitencier militaire.
La différence entre ces deux reproductions du même édifice est frappante, et la main de l’artiste a bien rendu sa pensée.
Le château de 1638 est joyeux et coquet, malgré son imposante majesté ; il est plein de vie, de mouvement et de lumière ; le rouge de ses briques fait ressortir brillante la blancheur de ses chaines de pierre ; il laisse deviner les splendeurs qui l’habitent, les existences luxueuses qui l’animent. Les parterres sont émaillées de fleurs, et aussi de jeunes femmes rieuses, nouant de doux entretiens avec de brillants seigneurs ; l’eau s’élance en jets rapides pour retomber bruyante dans de vastes bassins de marbre, en livrant une pluie légère au souffle du vent ; tout se meut et s’agite, au murmure des feuilles des grands arbres, avec un air de bonheur et de joie qui plait et qui fait sourire.
Mais le temps a passé, seul et vainqueur ; nul ne l’a combattu ; son souffle a bruni les briques rouges, son souffle a noirci les pierres blanches ; la tristesse a chassé la vie de ces lieux. Tournons le feuillet, et nous verrons notre château d’aujourd’hui. La voilà cette masse sombre, au silence navrant, aux ombres sinistres ; plus de plaisirs, plus de fêtes, plus de luxe, plus de gaieté, plus rien que l’abandon et la douleur. Auprès il y a bien encore quelques fleurs, mais elles paraissent s’incliner, chagrines, devant ce morne séjour qui attriste leur beau soleil.
Oui, c’est bien là le contraste des deux situations, et je crois qu’il est impossible de le faire sentie d’une façon plus saisissante.
[p. 210] Ces deux dessins sont suivis de dix feuilles de texte contenant l’histoire abrégée du château et l’indication succincte des faits importants qui s’y sont passés. Une notice historique, si agréablement qu’elle soit présentée, est toujours aride, et, j’oserai même dire, un peu ennuyeuse ; M. Bunout a fait disparaître cet inconvénient grave, à l’aide d’un moyen fort ingénieux. Il a mis d’abord – pour cela, c’était forcé – des lettres enluminées, capricieuses, riches de forme et de couleur, des devises, des guirlandes, des arabesques ; mais ce n’était pas assez, il y a joint des petits médaillons qui vont en diminuant et qui forment une sorte de chaînette retombante, séparant le texte en deux parties, jusqu’au milieu de la page, pour faire place ensuite à un léger serpentin.
Ce n’est pas tout, chacun de ces médaillons, malgré ses proportions exiguës, renferme un dessin presque microscopique pour lequel il a fallu un travail d’une finesse inouïe, un vrai travail à la loupe. On voit là – en y regardant de près, mais distinctement – une assemblée des Etats généraux, la mort de Louis XIII, l’arrivée de la reine d’Angleterre que reçoit Louis XIV, l’empereur Napoléon passant une revue de l’Ecole de cavalerie, puis les détenus militaires entendant la messe ou se livrant à leurs travaux intérieurs.
Et il ne faut pas se figurer que ce sont des formes vagues et indécises ; non, ce sont des figurines merveilleusement soignées, que l’on aime à voir et qui distraient l’œil de la monotonie que l’on ne tarderait pas à trouver dans l’écriture, quelque variété qu’on ait cherché à y mettre.
Je ne dois pas oublier une charmante petite vue de la Terrasse, placée, comme une vignette, en hors-d’œuvre, au bas d’une feuille de texte. C’a été l’occasion de rappeler le passage de l’Impératrice, l’année dernière, et le bouquet qui lui fut offert par le jardinier du parterre.
Du château, nous passons au couvent des Loges.
Sur le titre sont peints les attributs de la Légion d’honneur, les insignes des maréchaux de France, à cause de la destination, en quelque sorte militaire de cette maison ; une croix chrétienne, symbole du couvent ; les lauriers de la guerre, les palmes religieuses et les feuilles des chênes dont l’ombre protège le vieux refuge.
Tout le monde connaît le gros chêne des Loges, qui a défié tant d’années, qui a subi tant d’orages, qui a vu passer tant de générations ; chacun se rappelle son tronc spacieux, son magnifique branchage, sa carrure vigoureuse et ferme. Mais personne, bien sûr, ne l’a compris, personne ne se l’est, pour ainsi dire, assimilé, comme l’a fait M. Bunout. Du reste, il touchait là à ce que son talent traite avec le plus de facilité, mais il s’est dépassé de beaucoup, et je ne serais pas surpris qu’il eût admiré lui-même son arbre, tant il est vrai, hardi, bien jeté.
Ce chêne se trouve au milieu d’un dessin qui représente la visite faite, il y a quelque temps, par l’Empereur au couvent, et il se trouve fort agréablement encadré par l’entourage, qui est très bien traité : le couvent au fond, les cavaliers et la foule sur la pelouse, les bois autour qui deviennent sombres dans le lointain, en laissant filtrer de rares échappées de lumière.
Le couvent des Loges a quatre feuilles de texte, avec les lettres et les ornements voulus ; je passe vite pour arriver à la dernière, où je rencontre deux vignettes. Pourtant, je suis dans un grand embarras devant ce que j’ai cherché. Pour la première de ces vignettes, le château des Loges sous Robert le Pieux, je puis me contenter de dire : c’est joli ; mais pour la seconde, c’est différent, et je crois bien qu’il va me falloir recueillir les éloges que je viens de parsemer, pour les réunir et les donner, cette fois, tous ensemble.
Il s’agit d’une vue de la fête des Loges ; elle est grande comme la moitié de la main, et c’est justement pour cela qu’elle m’arrête court. Tout y est : le bal et ses tentures, le saltimbanque et son orchestre en plein vent, même son échelle, les restaurants grands et petits, les cuisines, les broches – je n’oserais pas dire qu’elles ne sont pas garnies – ; il y a aussi la foule, les jeux, les boutiques, les lustres, la charrette du débitant de vin qui n’a pas besoin d’enseigne, la marchande de gaufres, qui se tient à l’entrée de la fête pour être la première à tenter les appétits de friandise ; et enfin le traditionnel parapluie du chanteur que, de temps immémorial, l’on trouve en arrivant, et dont la race semble se reproduire exprès pour venir toujours à la même place.
Il y a tout cela ; et, je vous le dis, c’est grand comme la moitié de la main, et l’on y trouve encore le mouvement exagéré, la turbulence, la mêlée bruyante de notre fameuse fête. Vous comprenez, j’en suis certain ; vous ajouterez, si je n’ai pas assez dit pour rendre ma pensée.
Maintenant, nous voici au pavillon de la Muette, le rendez-vous de chasse de l’Empereur, dans la forêt de Saint-Germain.
Une curée dans la forêt forme le titre. Les piqueurs sonnent du cor, pendant que les chiens déchirent la dépouille du pauvre cerf tué et se battent pour voir plus grosse part. Les hommes sont bien campés ; les chiens sont animés, ardents ; ils sont heureusement groupés ; ils sont naturels dans leurs mouvements, dans leurs combats, dans leurs courses – c’est un excellent ensemble.
Le dessin de cette partie de l’album montre le pavillon de la Muette ; l’Empereur et l’Impératrice arrivent à un rendez-vous de chasse ; la foule des promeneurs accourt pour les saluer. Le pavillon est rendu avec une exactitude scrupuleuse ; pas un détail ne manque – ce qui n’exclut pas le charme et la grâce de la composition. Les personnages sont bien posés, variés, pittoresques, et le paysage est délicieusement reproduit : les feuilles des arbres semblent frémir, les effets de lumière et d’ombre sont habilement combinés, et il y a surtout un dessous d’arbres, profond et mystérieux, du plus charmant effet.
Viennent ensuite deux feuilles de texte, enluminées et ornées de deux vignettes : l’une représente la Muette sous François Ier ; l’autre, les ruines de ce château sous Louis XIV. On y retrouve le même soin, la même patience, la même finesse de dessin.
Je dois parler aussi de la reliure de cet album, vraiment belle et artistique. Cette reliure est en velours vert ; tout autour règne une épaisse baguette rustique en poirier bruni. Aux quatre angles sont quatre abeilles en bois sculpté, comme le chiffre couronné de l’Empereur et de l’Impératrice qui se trouve au centre. Ces sculptures sont parfaitement faites, élégantes et faciles, pleines d’art et de goût ; elles sont dignement accompagnées par les riches feuillets moires qui forment les sous-couvertures. Du reste, en deux mots, j’en ferai le plus grand éloge, en disant que cette reliure sort des ateliers de M. Maquet, le brillant papetier de la rue de la Paix, chez lequel tout Paris court en ce moment.
Tel est l’album offert à l’Impératrice par le conseil municipal. On voit que c’est une œuvre d’art qu’il était difficile de ne pas signaler, en même temps que c’est une délicate attention qu’il était impossible de ne pas faire connaître complètement.
L’Empereur a gracieusement accepté cette offrande : il a remercié le conseil municipal, il a manifesté son intention de restaurer entièrement le château – tant mieux, ce sera un joyau de plus pour Saint-Germain. Il a aussi complimenté l’artiste qui accompagnait la députation, et il a rendu justice à son talent – M. Bunout le méritait, et l’on sera de mon avis, si j’ai pu rndre un peu de ce que j’ai éprouvé en voyant son ouvrage.
Du reste, L. Bunout a reçu encore d’autres éloges, les éloges d’un artiste distingué ; M. de Nieuverkerke, le directeur général du Musée, a parcouru l’album avec une vive satisfaction, il a exprimé tout son contentement à M. Bunout, en lui prédisant la plus grande réussite dans un genre qui ne compte peut-être pas aujourd’hui un seul artiste de mérite – car, je crois, en vérité, que j’ai omis un point important : mes yeux étaient encore tellement occupés par souvenir, que ma pensée sans doute un peu erre à l’aventure. Tous les dessins de l’album sont à la plume, et l’on comprendra combien plus grande était la difficulté, mais combien aussi plus grand est le talent, puisqu’il n’y a ni dureté ni hachure, et que l’on trouve partout la grâce et la souplesse.
Maintenant, j’ai à faire une observation, ou plutôt j’ai à exprimer une idée toute personnelle que l’on a déjà combattue, mais dans laquelle je crois avoir quelques raisons de persister.
Je regrette que l’on n’aie pas fait une exposition publique de l’album avant de l’offrir à l’Impératrice. Je sais bien que le conseil municipal a, sans nul doute, agi dans une excellente intention ; qu’il a voulu garder le secret pour ne pas, en quelque sorte, déflorer le cadeau. Cependant, l’opinion que j’émets a des précédents, et, il y a quelques jours encore, la ville de Lyon exposait aux yeux de tous les étoffes précieuses qu’elle destinait à l’Impératrice. Du reste, en parlant ainsi, je me fais l’écho de plusieurs personnes qui, ne pouvant, comme moi, profiter de l’amitié de l’artiste, ont été privées de la vue de ce charmant travail – mais là, bien entendu, mon regret est sans amertume.
Aussi, nous devons remercier le conseil municipal de la bonne pensée qu’il a eue en faisant faire cet album ; nous devons remercier M. Bunout d’avoir ainsi donné tout son talent pour arriver à un résultat qu’on n’aurait certainement pas trouvé partout aussi complet. Espérons que ce sera là un sujet de joie pour tout le monde ; espérons aussi que nous verrons le vieux château quitter son enveloppe noircie et secouer sa poussière, pour apparaître encore brillant et animé.
Alphonse Renard »

Mention de la volonté de l’empereur de restaurer le château de Saint-Germain-en-Laye

« La commission qui avait reçu de la Société d’horticulture de Saint-Germain l’honorable mission de se rendre auprès de monseigneur le prince Jérôme pour solliciter de Son Altesse impériale la faveur de son haut patronage a eu l’honneur d’être reçue samedi dernier 7 du courant, à une heure, par le prince.
Elle se composait de M. le maire de Saint-Germain, de M. Charles Gosselin, président de la Société, de M. Evrard de Saint-Jean, et de MM. Rolot, trésorier, Corbie et Fournier, lauréats de la médaille d’or, Couchy, commissaire, Guy, secrétaire général.
Il serait difficile d’exprimer avec quelle bienveillance, on peut dire affectueuse, la députation a été accueillie par Son Altesse impériale.
Il appartenait à M. Gosselin, comme président de la Société, de présenter au prince chaque membre nominativement et de lui soumettre le vœu de la Société.
Son Altesse n’a point hésité à lui exprimer le plaisir qu’elle éprouvait à s’y rendre et à voir son nom figurer dans une institution se rattachant à une ville qui lui était chère à juste titre, puisqu’elle lui rappelait les plus doux souvenirs, ceux de sa tendre jeunesse. Le prince a donc bien voulu autoriser la Société à l’inscrire au nombre de ses sociétaires, lui promettant en même temps d’honorer de sa présence quelques-unes de ses solennités.
Le prince s’est ensuite entretenu, de la manière la plus affable, avec deux de ses anciens condisciples au collège de Saint-Germain, membres de la députation, MM. Rolot et Guy, en leur disant avec gaieté : « Messieurs, ce sont là des souvenirs de plus de cinquante ans ; ils n’en sont pas moins agréables. Et, tenez, tout dernièrement encore, je n’ai pu résister d’aller, dans le plus strict incognito, visiter ce collège, témoin de mes jeux d’enfance, de le parcourir dans tous ses détails, et de le retrouver tel que je l’avais quitté ».
On pouvait apprécier, par l’expression de bonheur qui se peignait sur la physionomie du prince, combien ces souvenirs lui étaient chers.
Son Altesse impériale, avant de se séparer de la députation, a bien voulu lui renouveler l’assurance, que déjà une autre députation avait été assez heureuse pour recevoir de la bouche mêle de Sa Majesté l’Empereur, c’est que notre château allait bientôt reprendre le noble rang que l’histoire et tant d’illustres souvenirs lui assignent. C’était une digne manière de clore la réception, aussi la députation s’est-elle séparée de Son Altesse impériale pleine de reconnaissance de son bienveillant accueil et de l’espoir du nouvel essor que la Société était destinée à prendre sous la précieuse protection qui lui était accordée. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Chasse à tir dans la forêt de Saint-Germain
Vendredi, dans l’après-midi, une partie de la forêt de Saint-Germain retentissait au loin du bruit des coups de feu : une chasse à tir, à laquelle assistait Sa Majesté l’Empereur, accompagnée de MM. le comte de Bacciocchi, son grand chambellan, Fould, ministre de sa Maison, le marquis de Toulongeon, le comte Ney, le prince Metternich, lord Cowley et le comte de Galve, avait lieu dans un des tirés.
Partie depuis dix heures du château des Tuileries, Sa Majesté et sa suite traversaient vers onze heures et demie la commune de Maisons et arrivaient à midi au rendez-vous, qui avait été donné à l’accul de Conflans, et où déjà se trouvaient réunis tout le personnel de l’inspection forestière de Saint-Germain et 150 dragons, tant officiers que sous-officiers et soldats.
Pendant cette partie de chasse, qui dura près de cinq heures, 681 pièces, dont 10 chevreuils, 64 lièvres, 51 faisans, des perdrix et des lapins, furent abattus par tous les chasseurs et répartis ainsi qu’il en fut ordonné ultérieurement. Au milieu de la chasse, et durant une halte nécessaire au rabattage du gibier, une simple collation, véritable déjeuner champêtre, puisqu’il eut lieu sur la terre même, recouverte seulement d’une des toiles servant de panneau dans lesquels on enferme le gibier, fut servi à Sa Majesté et aux invités, qui reprirent leur fusil au bout d’un quart d’heure à peine de repos, et après s’être légèrement réconfortés avec les viandes froides déposées sans apprêts sur la terre. Quelques heures plus tard, au moment où le jour commençait à baisser, Sa Majesté fit cesser le tir et les invités, reprenant le même chemin que le matin, rentraient à Paris vers sept heures, tandis que le personnel forestier et les dragons de service revenaient à Saint-Germain, contents et satisfaits de la journée qu’ils venaient de passer. »

Récit d’une visite de l’empereur au pénitencier de Saint-Germain-en-Laye

« Hier vendredi, Sa Majesté est venue incognito à Saint-Germain vers trois heures et demie. L’Empereur était accompagné seulement de M. le général de Kote, de M. le colonel Fleury et du commandant Excelmans, ses aides-de-camp. Après avoir visité avec beaucoup de soin tout le casernement, il s’est rendu chez madame d’Hauteville, dont il a aussi examiné la propriété, située place Impériale, au coin du Boulingrin. En sortant de là, Sa Majesté est montée en voiture et, sans y être attendue, Elle est allée au pénitencier militaire, où Elle a parcouru dans tous les détails les cellules, les réfectoires, la chapelle et les appartements de Jacques II.
Après cette visite, l’Empereur a fait descendre dans la cour les détenus, qui se sont présentés avec leurs effets de travail ; puis il a passé devant eux. L’enthousiasme chez les hommes était à son comble. Il a accordé la croix de la Légion d’honneur à M. Collas, sergent major déjà médaillé, la médaille militaire à M. Ginier, vieux sous-officier de 21 ans de service qui vient d’être frappé d’une paralysie, un bureau de tabac à madame veuve Allemand, sœur du lieutenant directeur des ateliers, M. Jannier, restée veuve sans fortune avec trois enfants, son mari étant mort en activité au bout de 29 ans et 11 mois de service ; enfin, Sa Majesté a accordé quantité de grâces et de réductions de peines aux détenus en plus de celles proposées pour le 15 août.
Les autorités, prévenues seulement de cette visite inattendue, se sont rendues immédiatement à la rencontre de l’Empereur, et l’ont accompagné jusqu’à son départ de la ville pour Saint-Cloud, aux cris de Vive l’Empereur ! partout répétés sur son passage par la foule compacte grossissant à chaque instant. Il était cinq heures quand Sa Majesté a quitté Saint-Germain. »

Second rapport à Sa Majesté l'Empereur sur les travaux de la commission de topographie des Gaules

Le document présenté en objet numérique est un extrait du Journal Général de l'Instruction Publique, p. 757-759, paru le mercredi 27 novembre 1861.
L'extrait porte sur le rapport du ministre de l'Instruction publique Gustave Rouland à Napoléon III relatif à la CTG.

Ministère de l'Instruction publique

Annonce de la visite de la reine Victoria à Saint-Germain-en-Laye

« Au moment où nous écrivons, il se prépare, à bien peu de distance de nous, un de ces grands spectacles qu’il n’est donné aux populations de voir qu’à de bien rares intervalles. La grande ville, si avide de pompes et de cortèges, et, cette fois, attirée par un intérêt facile à comprendre et une juste curiosité, se dispose à courir toute entière au-devant de la reine d’Angleterre venant la visiter en alliée et amie, et voulant aussi paraître à ce grand rendez-vous donné dans ses murs à tout ce que les arts, l’industrie et le progrès civilisateur peuvent produire de neuf, de grand et de beau dans toutes les parties du monde.
Nous sommes heureux d’annoncer que, comme nous avions osé l’espérer, grâce à l’attrait puissant de ses souvenirs historiques et de son admirable situation, notre petite ville jouira aussi de la présence de l’hôte illustre que Paris va posséder pendant quelques jours.
Si nous devons nous en rapporter, d’abord à la rumeur publique, puis à des renseignements qui nous parviennent de bonne source, et enfin à des articles insérés dans la Patrie et reproduis du Morning Post dans le Constitutionnel, S. M. la reine d’Angleterre viendrait samedi prochain 25 août faire une excursion à Saint-Germain.
Après une promenade à cheval en forêt, où elle s’arrêterait à la Muette, S. M. viendrait en ville où elle visiterait le tombeau de Jacques Stuart, dont on complète en ce moment l’entière décoration par l’achèvement d’une nouvelle et belle fresque de M. Amaury Duval représentant un saint Georges, l’un des patrons d’Angleterre. On dit encore, mais nous n’avons rien de très positif à cet égard, qu’on serait en ce moment même occupé à remettre en état, au château, la chambre occupée jusqu’à sa mort par le roi Jacques II ; toujours est-il qu’il a été impossible à l’administration de la Liste civile de permettre, comme on l’avait espéré d’abord, que la grande cour fût livre pour y installer l’un des concours d’orphéons ou de musiques militaires qui doivent avoir lieu demain.
La reine partirait à onze heures du matin de Saint-Cloud, pour y être de retour à trois heures. »

Planche 1

Armes recueillies dans la plaine au-dessous d’Alise-Sainte-Reine (dans la fausse rivière de la ferme de l’Epineuse), fouilles de Napoléon III en 1860-1861 (recto-verso) [dessin aquarellé d’Édouard Flouest, 2018007/14/1].

Flouest, Edouard

Planche 6

Couteau en bronze, conservé, chez Ernest Marey-Monge à Nuits-sur-Beaune, épée découverte à Aisey-le-Duc, donnée à Jules Baudoin, remise au maréchal Vaillant, offerte à l’empereur Napoléon III, conservée au musée d’Archéologie nationale MAN 4744 [dessins aquarellés d’Édouard Flouest d’après nature, 2018007/16/6] (1872).

Flouest, Edouard

Récit de la visite de la reine Victoria à Saint-Germain-en-Laye

« Visite de S. M. la reine d’Angleterre à Saint-Germain
Samedi 25 août, à 6 heures du roi
C’est encore sous l’impression d’une belle et heureuse journée que nous traçons à la hâte ces quelques lignes, pour lesquelles, plus que jamais, nous réclamons d’avance l’indulgence de nos lecteurs, n’ayant d’autres prétentions que de nous faire historiens fidèles de faits qui resteront à jamais gravés dans la mémoire des habitants de Saint-Germain.
Il y a huit jours que Paris tout entier se levait pour saluer l’entrée dans ses murs de la souveraine aimée d’un grand peuple allié de notre belle patrie.
S’il fallait s’en rapporter aux promesses du programme connu, c’était à Saint-Germain qu’était réservé l’octave de cette fête nationale ; cependant, rien de certain, rien d’autrement officiel que l’avis d’un journal anglais, reproduit par la presse française, n’était parvenu à nos magistrats. Les jours se passaient, et l’édilité ne recevait aucun renseignement qui pût régulariser l’impatient élan de la population, entraînée, surexcitée par l’exemple de la grande ville. Ainsi que des enfants dévoués, qui veulent célébrer une fête de famille, nos habitants, d’un commun accord, vinrent demander à l’autorité son patronage pour l’exécution de leurs projets. Il leur fut promptement assuré, et à l’instant, pendant qu’on faisait circuler une liste de souscription, dont on n’attendait même pas le résultat, une sorte de commission s’improvisa, composée d’hommes spéciaux.
Architectes, entrepreneurs, peintres, dessinateurs, ouvrirent un atelier où chacun apporta le concours de son talent, de son dévouement, de ses matériaux ; jeudi matin, on se mit à l’œuvre et bientôt on vit, à l’entrée de la ville, s’élever, grandir et se décorer un portique, arc de triomphe improvisé, bien inférieur sans doute à ces gigantesques et splendides décorations qui font encore l’admiration des Parisiens et des étrangers, mais qui du moins avait le mérite de n’avoir d’autre architectes, d’autres ouvriers, que les citoyens mêmes qui avaient demandé l’autorisation de le construire. Quelques décors fournis par la direction du théâtre, des écussons aux initiales de l’Empereur, de l’Impératrice et de la reine Victoria, une grande figure allégorique de la ville de Saint-Germain, des drapeaux de France, d’Angleterre, de Turquie et de Sardaigne, des arbres entiers, coupés et replantés à la hâte, des guirlandes de feuillages, des massifs de fleurs, une suite de mâts, surmontés d’oriflammes aux couleurs nationales composèrent un ensemble sinon parfait, du moins attestant le goût et le zèle de ceux qui y avaient contribué. Sur une banderole d’azur, flottant en avant du portique, on lisait ces mots, écrits en lettres d’or : Les habitants à Leurs Majestés. Après deux jours et deux nuits de travail, tout était prêt, ce matin, longtemps avant l’arrivée des augustes visiteurs.
Vers onze heures, le maire, à la tête de son conseil municipal, les principaux fonctionnaires, parmi lesquels on remarquait le lieutenant-colonel du régiment des Guides, le curé de la paroisse, le maire d’une des principales villes d’Angleterre, des artistes célèbres vinrent prendre place auprès du portique ; la subdivision des sapeurs-pompiers et un détachement du 48e de ligne formaient la haie et contenaient les flots d’une foule impatiente et compacte. Deux vedettes des Guides en grande tenue gardaient l’entrée de l’avenue, sur laquelle on remarquait aussi le sévère et bel uniforme des gendarmes à cheval de la garde impériale. Un aide-de-camp, en tenue de ville, vint bientôt s’assurer des dispositions prises et prévenir le maire que le désir de Leurs Majestés était qu’aucun discours ne fût prononcé. Bientôt après, à midi et demi, on vit passer les premiers courriers annonçant l’arrivée du cortège impérial et royal.
Puis les voitures arrivèrent : dans la première était la reine Victoria et la princesse royale ; sur le devant, l’Empereur et le prince Albert, tous deux en habit de ville. Les acclamations éclatèrent alors de toutes parts, et, pendant que les chevaux ralentissaient leur allure, la foule put contempler les traits qu’elle était si avide de voir. Dans la seconde voiture étaient le prince de Galles et d’autres personnes, parmi lesquelles, sans pouvoir l’assurer, nous avons cru reconnaître la princesse Mathilde. Des chars-à-bancs découverts, également conduits par les postillons de l’Empereur, contenaient les personnes de la suite de Leurs Majestés et les invités, au milieu desquels se trouvait M. le colonel Fleury. A l’entrée de la ville, M. l’inspecteur des forêts de la Couronne avait pris la conduite du cortège, qui était précédé et suivi d’un peloton de Guides. Après avoir relayé à deux cents pas environ de l’arc de triomphe, les voitures se dirigèrent, par la Terrasse, vers la grille Dauphine, où elles entrèrent en forêt, en marchant vers le pavillon de la Muette, but de la promenade.
Il était près d’une heure lorsqu’on est arrivé au château de la Muette, dont le rond-point était envahi depuis longtemps par une foule d’habitants de la campagne, accourus dès le matin des communes environnantes. Il s’y trouvait encore une innombrable quantité de personnes de distinction, à cheval, en brillants équipages, en voitures de poste, et beaucoup aussi à pied, malgré la longue distance qui sépare ce rendez-vous de chasse de la ville. Une collation avait été préparée dans la salle à manger du château. On avait espéré pouvoir donner à la reine le spectacle d’une chasse à courre, mais le temps a manqué, il a fallu se contenter des fanfares éclatantes des piqueurs de la vénerie, dont les trompes alternaient avec la musique des Guides. Les nombreux chiens de la vénerie, accouplés et tenus en lesse par les valets, ne contribuaient pas peu, par leur impatience difficilement contenue, à donner une couleur locale au spectacle pittoresque qu’offrait en ce moment la verte pelouse.
Après le lunch, l’Empereur et la reine Victoria ont paru dans le salon, dont les portes étaient ouvertes, et le public, tenu à distance, c’est-à-dire au bord du bois, a pu voir facilement ce qui se passait dans le salon. L’Empereur, fumant un cigare, ainsi que tous les hommes invités, se promenait et causait familièrement avec plusieurs personnes, parmi lesquelles nous avons remarqué M. le maréchal Magnan, grand veneur, en costume de chasse, M. Edgard Ney, M. le colonel Fleury, M. Lepic, etc. On a vu aussi avec intérêt Sa Majesté causer quelques instants avec notre grand artiste Lablache, du théâtre italien ; c’est en ce moment qu’une députation de jeunes filles, vêtues de blanc et appartenant, nous a-t-on dit, à la ville de Conflans, a été introduite dans le salon et admise à l’honneur de présenter à la Reine des fleurs et des fruits.
La reine d’Angleterre, vivement impressionnée par la beauté du lieu et enchantée du coup d’œil qu’offrait l’ensemble de la réunion, a pris un crayon et, de sa royale main, a esquissé un croquis destiné à lui conserver le souvenir de sa visite à la forêt de Saint-Germain.
Peu d’instants avant le départ, la musique des Guides exécutait, avec le rare talent que nous lui connaissons, le quadrille des Noces de Jeannette ; on a pu voir alors les jeunes princes, sous le charme de cette entraînante musique, se mettre à danser dans le salon, où d’augustes personnages paraissaient partager leur gaité.
Vers trois heures et demie, le cortège a repris la route de Saint-Germain, en passant par la place Verte, la grille Royale, la Terrasse et le Parterre, dont il a fait le tour, pour sortir par la grille du Débarcadère et s’arrêter sur la place du Château, où attendait une foule immense.
Là, l’Empereur, la reine Victoria, le prince de Galles et la princesse royale ont mis à terre et sont entrés, avec une partie de leur suite, au château, où, reçus par les autorités et conduites par M. l’architecte, nouvellement nommé, et le commandant du Génie, avec une conversation dont les destinées futurs de l’antique et royale demeure ont probablement été le sujet. On a pu voir ensuite, pendant quelques instants, les augustes voyageurs paraître au balcon, du côté nord du château, d’où l’on jouit d’une si admirable vue sur le Parterre, la Terrasse et son immense horizon ; quelques minutes après, l’Empereur et ses royals hôtes remontaient en voiture et traversaient au pas la foule qui encombrait la place et qui faisait retentir l’air des cris mille fois répétés de : Vive la reine d’Angleterre ! Vive l’Empereur !
Un dernier épisode a marqué d’une manière touchante la sortie de la ville : c’est aujourd’hui la saint Louis, fête patronale des ouvriers maçons de Saint-Germain. Selon leur usage, ils avaient, après avoir présenté le pain béni à l’Eglise, parcouru la ville au son de musiques guerrières, venue tout exprès de l’école de Saint-Cyr. A l’angle des rues de la Verrerie et de Paris, le cortège de ces braves ouvriers se rencontra avec les voitures impériales ; l’Empereur fit arrêter, prit quelques renseignements, et l’on vit alors le syndic de la corporation s’approcher du marche-pied, adresser quelques mots à l’Empereur, qui lui répondit avec bienveillance et accepta de sa main, pour la reine et pour lui, un bouquet et une énorme brioche ; la même offrande fut également acceptée à la seconde voiture par le prince de Galles. Puis le cortège reprit sa marche pour sortir de la ville, traverser la place Royale et s’engager dans les rampes du Pecq, retournant à Saint-Cloud par Chatou et Rueil, et laissant, derrière lui, toute une ville émue de sentiments de joie et de reconnaissance pour cette bonne visite dont elle gardera un long souvenir.
Le maire du Pecq et le conseil municipal s’étaient rangés à l’entrée du pont, sur le passage de l’Empereur et de la reine d’Angleterre. Les autorités des autres communes avaient suivi cet exemple et, sur plusieurs points du parcours, on avait élevé des mâts pavoisés et des arcs de triomphe. Nous devons citer enfin la façon élégante et riche dont une noble anglaise, lady Trotter, habitant depuis quelques années sa charmante propriété de la Rocheville, situ »ée vers le milieu de la côte, avait décoré l’entrée et la façade de sa maison. Des faisceaux de drapeaux, de riches tentures et des écussons aux armes de France et d’Angleterre annonçaient dignement la demeure d’un sujet dévoué de Sa Majesté britannique et d’un hôte reconnaissant de la nation française, qu’elle sut honorer en partageant ses sympathies pour le chef que la Providence et le vœu unanime lui ont donné dans l’auguste personne de l’empereur Napoléon III.
Léon de Villette »

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