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Château-Neuf
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Description par Louis Coulon des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 236] Ce lieu, bien qu’il se puisse vanter d’avoir emprunté son nom d’un saint prélat, aposte d’Angleterre et evesque d’Auxerre, il n’a jamais neantmoins eu [p. 237] tant d’esclat, ny tant de reputation que depuis que les roys l’on fait bastir pour un palais de la Majesté, où messieurs leurs enfans sont elevés, et où ils passent eux mesme la plus agreable partie de leurs beaux jours. Charles V jetta les premiers fondemens du vieil chasteau, qui ayant esté pris par les Anglois durant les troubles de l’Estat causés par les desreglemens du cerveau de Charles VI, se rendit depuis à Charles VII moyennant une notable somme d’argent, qui fut donnée au capitaine anglois, qui le gardoit. François I le fit rebastir comme en font foy les FF couronnées, qui sont peintes sur les manteaux des cheminées.
Ce prince s’y plaisoit fort à cause des longues et larges routes de boys voisins, faites expres pour courir avec plus de plaisir le cef, le sanglier et le chevreul ; mais l’accomplissement et la perfection de cet ouvrage estoit deue à Henry IV, qui n’avoit des pensées et des desseins qe proportionnés à la grandeur de son courage et de son nom. Il fit bastir un nouveau chasteau sur cette croupe de montagne pratiquée sur les flancs du rocher plus proche [p. 238] de la rivière, auquel il n’a rien espargné de ce qui pouvoit relever son honneur, et sa mémoire. Si je voulois m’arrester à descrire tout par le menu, les galleries, les sales, les chambres, les antichambres, les cours, les offices, le jeu de paume, l’eglise, les vignes, les boys, les routes, les montagnes, les valons, les prez, et la petite ville bastie au pied, que la riviere de Seine arrouse de ses eaux, il me faudroit entreprendre un gros volume, qui fut au delà du temps et des occupations d’un voyageur.
Le roy et la reine y ont leurs departemens separés. Dans la galerie du Roy, ce ne sont que plans et descriptions des premieres villes du monde, avec les emblemes et les devises du grand Henry, deux sceptres en sautoir croisez d’une espée, dont l’ame porte, Duo protegit unus. Qu’une espée en la main d’un si grand prince est capable de garder deux royaumes, la France et la Navarre. La galerie de la reine est une vraye metamorphose, ce qu’Ovide a descrit dans ses vers, le peintre l’a icy representé par ses couleurs. Tout y est rare et excellent ; mais qui dit, les grottes de Saint Germain, semble avoir [p. 239] exprimé toutes les inventions de l’art.
Les anciens ont esté nos maistres en plusieurs choses, et nous ne bastissons que sur leurs fondemens ; neantmoins ils ignoroient le moyen de faire monter l’eau plus haut que sa source, et quiconque eust ouvert cette proposition à ces fameux mathematiciens de la Grece, il eus testé rejeté, comme un homme ignorant des premieres maximes de la science. Mais depuis que le sieur de Maconis, president des Finances en la generalité de Lyon, nous en a descouvert les secrets, nous ne sommes plus en l’erreur de nos ancestres, qui croyoient que l’art et l’industrie s’estant d’autrefois espuisez à faire des miracles, ne produisent plus rien de nouveau, et qu’il n’y avoit que la nature, qui eust cette avantage d’enfanter tous les jours de nouveaux monstres.
Par le moyen de cette elevation d’eau, les grottes hautes et basses pavées et encroustées d’huistres, et de coquilles sont si plaisamment et innocemment trompeuses que les regardans se sentent plustost mouillés, qu’ils n’ayent veu les nuées. Dans la premiere est une table de marbre, ou par l’artifice d’un entonnoir s’elevent en l’air [p. 240] des coupes, des verres, et autres vaisseaux bien formez de la seule matiere de l’eau. Proche de là vous voyez une nymphe de bonne grace, et d’un visage riant, qui laissant aller ses doigts au mouvement que l’eau leur donne, fait jouer des orgues avec autant d’harmonie et de concert, que ceux qui les mirent les premiers en usage dans les eglises de France sous Louis le Debonnaire. Il y a pres de la fenestre un Mercure, qui a un pied en l’air, et sonne d’une trompette, comme s’il avoit changé de naturel pour s’accommoder à l’humeur guerriere du prince qui l’a receu dans son chasteau, et qu’il animast les François au combat, luy qui ailleurs porte les marques de la paix en sa main, et les traités en sa bouche.
Si vous entrés dans un autre, vous rencontrés d’abord un dragon qui, battant des aisles, jette des torrens d’eau de la bouche, il n’a point d’autre venin. Autour du dragon vous avez une quantité d’oyseaux, que vous jureriez estre naturels et sans artifice, qui sont un ramage plus agreable que celuy des forests, surtout le rossignol se tue d’emporter le dessus, comme s’il vouloit charmer ce dragon [p. 241] par la douceur de son chant. D’un autre costé, vous avés le plaisir de considerer dans le bassin d’une fontaine l’appareil d’un triomphe marin, mille poissons les uns en escailles, les autres en coquilles, repliés et entortillés les uns dans les autres, comme les flots qui les portent, et au milieu de cette troupe, s’eslevent deux tritons, qui jouent de leur trompe, devant le chariot d’un Neptune qui le suit en posture de roy, la couronne de jonc en teste, le trident en une main, les resnes de ses chevaux en l’autre, qu’il manie et gouverne en maistre. Vous voyez aussi des forgerons, le visage tout crasseux, et barbouillé de suye, qui battent le fer sur une enclume à grands coups de marteau. On pouroit dire que ce sont des cyclopes, qui forgent des armes au roy, comme ils en ont forgé chez les poetes pour Achille et pour Enée.
Un peu plus bas se void une autre grotte, qui est la sale d’Orphée, où ce chantre anime les bois, les rochers, les bestes et les oyseaux, et leur inspire un certain mouvement de joye, qui leur fait allonger les flancs et la teste, tremousser des ailes, hausser et abbaisser les branches, et danser [p. 242] à la cadence, comme dans un balet. Les douze signes du zodiaque y marchent avec les mesmes regles que les estoilles au ciel. Bacchus assis sur son tonneau, et tenant le verte en main, convie les assistans à bois à la santé du prince ; mais fort peu luy font raison, car ses caves ne sont pleines que d’eau. »

Coulon, Louis

Description par John Evelyn des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 52] Accompanied with some English gentlemen, we took horse to see St. Germain-en-Laye, a stately country-house of the King, some five leagues from Paris. […] [p. 54] The first building of this palace is of Charles V., called the Sage ; but Francis I. (that true virtuoso) made it complete ; speaking as to the style of magnificence then in fashion, which was with too great a mixture of the Gothic, as may be seen in what there is remaining of his in the old Castle, an irregular piece as built on the old foundation, and having a moat about it. It has yet some spacious and handsome rooms of state, and a chapel neatly painted. The new Castle is at some distance, divided from this by a court, of a lower, but more modem design, built by Henry IV. To this belong six terraces, built of brick and stone, descending in cascades towards the river, cut out of the natural hill, having under them goodly vaulted galleries ; of these, four have subterranean grots and rocks, where are represented several objects in the manner of scenes and other motions, by force of water, shown by the light of torches only ; amongst these, is Orpheus with his music, and the animals, which dance after his harp ; in the second, is the King and Dolphin ; in the third, is Neptune sounding his trumpet, his chariot drawn by sea-horses ; in the fourth, the story of Perseus and Andromeda ; mills ; hermitages ; men fishing ; birds chirping ; and many other devices. There is also a dry grot to refresh in ; all having a fine prospect towards the [p. 55] river, and the goodly country about it, especially the forest. At the bottom, is a parterre ; the upper terrace near half a mile in length, with double declivities, arched and balustered with stone, of vast and royal cost.
In the pavilion of the new Castle are many fair rooms, well painted, and leading into a very noble garden and park, where is a pall-mall, in the midst of which, on one of the sides, is a chapel, with stone cupola, though small, yet of a handsome order of architecture. Out of the park you go into the forest, which being very large, is stored with deer, wild boars, wolves, and other wild game. The Tennis Court, and Cavallerizzo, for the menaged horses, axe also observable. »

Evelyn, John

Récit par Elie Brackenhoffer de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 11] Le jeudi 13 octobre, en compagnie de M. Offmülner et de son majordome, ainsi que d’un Suisse, j’ai fait une excursion à Saint-Germain-en-Laye. Nous sommes partis en voiture à 7 heures du matin, et à 10 heures nous sommes arrivés. La journée était belle et claire, mais le vent froid. Le chemin était agréable ; nous y avons vu une grande quantité de villages et de bourgs, qui étaient un charme pour les yeux. Devant Saint-Germain, s’étend une grande île, que le grand chemin traverse, sur plus d’une lieue de long ; des deux côtés il y a des ponts à péage. Cette île, assez vaste (comme on l’a dit) est plein de cerfs, de chevreuils, de lièvres et de lapins ; comme il est interdit, sous les peines les plus sévères, de les tuer ou de leur faire du mal, ils sont si familiers, qu’ils n’ont pas peur des voyageurs ou des passants ; au contraire, ils accourent. Cette île est entourée par la Seine ; elle est pleine d’arbres et de bois, et chaque année, à [blanc, pour la Saint-Hubert], les princes et les plus grands personnages de la cour y font une grande chasse, après laquelle on donne un fin banquet en l’honneur de ce saint, patron des chasseurs. Cette année, Mons. Monbason, grand veneur de France, présenta un cerf, [p. 12] en présence des ducs d’Orléans, d’Anguien et d’autres grands personnages assemblés.
Saint-Germain est un peu sur la hauteur (il faut mettre pied à terre deux fois) ; pour ce motif, il y a une plus belle vue sur la campagne et les localités environnantes que dans toutes les autres résidences royales. Elle est à 4 milles de Paris. On la divise en vieux et nouveau château. Le vieux, bâti par Charles V, et restauré pour la première fois par François Ier, est petit, et tout en brique. Son toit est revêtu de carreaux, presque comme à la Bastille, à Paris ; on peut s’y promener et regarder très loin autour de soi. Sur les cheminées de ce château, on voit partout F.F., ce qui signifie que François Ier l’a restauré. Il est très haut ; il y a 63 appartements, mais pas particulièrement magnifiques. La chambre du roi, où il réside parfois en hiver, paraît un peu sombre ; à ce moment elle n’était pas meublée. On nous a aussi montré la salle où se joue la comédie ; au-dessous de la scène, des deux côtés, on a peint un escalier de six ou huit marches environ avec tant d’art, qu’on s’y trompe, et que nous ne pouvions pas croire qu’il fût peint, avant de nous en être approchés et de l’avoir touché de nos mains.
La cour est presque ovale ; elle est de grandeur moyenne ; à droite de l’entrée, se trouve une chapelle, qui est toute dorée, et décorée à profusion de belles peintures et d’autres ornements. L’autel est orné de colonnes de marbre noir et d’ouvrages dorés. L’orgue, également doré, est superbe et d’un grand prix. Ce château est entouré d’un fossé profond, mais sans eau. Aussi, pour entrer, on passe sur un pont, muni d’un pont-levis.
A gauche du château, il y a un beau parterre, sur lequel [p. 13] donne la chambre du roi, et qui a une belle vue. Au bout de ce parterre, commence un beau parc, un bois, long de deux lieues, dans lequel on peut voir un long jeu de mail, muni de pavillons quarrez en maçonnerie, où l’on peut se reposer ou bien où peuvent se mettre les spectateurs, sans être gênés. Devant le château, il y a une grande et large basse-court, dans laquelle sont les écuries et autres communs. De là, on accède à droite dans une très grande et belle cour, divisée en deux par une cloison, par laquelle nous parvînmes tout droit au château neuf.
Il a été bâti par Henri IV ; il est donc encore assez neuf. On y montre : 1° L’antichambre du roi. 2° Chambre où est mort Louis XIII. 3° Cabinet. 4° Galerie du roi, au haut de laquelle on voit cet emblème : Duo protegit unus, ce qui veut dire qu’il possède à lui seul deux royaumes, la France et la Navarre. Au-dessus de la porte, est représenté le château de Fontainebleau ; des deux côtés, sont très joliment peintes à la détrempe, en assez grande dimension, les villes suivantes : Huy, Venize, Prague, Namur, Mantoua, Aden en Arabie, Compaigne, Heureuse, Sion en Suisses, Moly, Tingu, Stafin en Afrique, Teracina, Ormus en Perse, Bellitry, Werderboch en Westphale, Numegen, avec cette inscription : Ville du fondement de l’empire, car Charlemagne a voulu faire de ces villes des villes impériales. Passau, Mastrich, Thessala Tempe, Florence.
5° L’antichambre de la reine. 6° Sa chambre, dans laquelle est né Louis XIV, le roi actuel. 7° Le cabinet de la reine. 8° Sa galerie, ornée de grands panneaux avec des scènes tirées d’Ovide. Ces appartements sont égaux en dimensions et en beauté ; tous en effet, sont ornés de belles dorures et de sculptures ; égaux aussi en vue, car ils ont la même exposition, étant tous dans le corps de bastiment qui donne sur le jardin. Dans les deux appartements, il y a encore [p. 14] quelques autres pièces pour les officiers et les gardes, dont la Française est d’un côté et la Suisse de l’autre.
Sous la galerie et la chambre du roi, on montre encore quelques chambres basses, ou bien plutôt écuries, dans lesquelles se trouvaient les oiseaux et les quadrupèdes suivants : un castor ; des corneilles des Pyrénées, environ de la grosseur d’un pigeon, tout entières d’un noir intense, comme du charbon ; elles ont des becs rouge sang, et des pattes sans plumes ; des outardes, ou oies sauvages ; des petits chevaliers de la mer, petits oiseaux marins ; un aigle ; un perroquet de toutes les couleurs, extraordinairement grand et beau ; un mouton du pays de More, qui est haut, et qui a un cou et des pattes longs et rudes, un museau pointu ; un mouton turc ; un bouquetin femelle ; le mâle a été détruit après la mort de Louis XIII, parce qu’il avait fait beaucoup de mal et endommagé des gens ; on montre encore ses cornes, elles sont extraordinairement grandes et admirables en cela. La femelle est loin d’avoir d’aussi grandes cornes ; elles sont cependant plus grandes, plus larges et plus incurvées que les ordinaires ; son poil est aussi d’autre couleur que les ordinaires, il est épais, gris et a un aspect bien sauge. Un mouton de la Barbarie, qui a une queue, large en haut presque comme deux mains, et qui par le bas se réduit à rien ; elle n’est pas particulièrement longue, mais elle est épaisse et grasse, et en bas elle est toute blanche et molle de graisse ; il se met à beugler quand on lui tire ou lui prend la queue.
Un chat de l’ile du Canada, autrement dit une civette ; il est beaucoup plus grand qu’un chat domestique, mais il en a presque la forme et le poil. Dans une cour, devant, il y avait beaucoup de canards et d’oies des Indes, une grande quantité de poules d’eau des Indes, quelques cygnes, des faisans et autres gallinacés.
De là, nous sommes descendus dans les jardins, [p. 15] pour voir les grottes. Il y avait à vrai dire cinq grottes naguère, savoir une grotte seiche, dans laquelle on prenait le frais en été et on se garantissait de la grande chaleur ; la grotte de Neptune ; des orgues ; de Persée ; et d’Orphée ; mais il ne reste que les deux dernières, les autres s’étant écroulées en 1643, avec de grands dommages et de grosses pertes, après avoir été bâties à grands frais. Ces grottes passaient, disent quelques-uns, pour supérieures à toutes celles de France, d’Allemagne et d’Italie, mais la plupart affirment qu’elles égalaient celles d’Italie, sans toutefois les surpasser.
Avant que nous visitions les grottes, le fontainier exigea de nous une pistole, pour faire jouer les eaux, sous ce prétexte qu’il était obligé d’y employer 50 torches ; et comme il s’obstinait dans sa prétention, il fallut bien en passer par là, car nous ne voulions pas être privés du meilleur morceau de notre excursion. Dans la grotte de Persée, il y avait, tout à l’entrée, un grand bassin, dans lequel se trouvait un grand dragon ; au-dessus de lui était juché Persée ; sur le côté il y avait une montagne, près de laquelle était sculptée Médée, le tout en cuivre. Persée presque de grandeur naturelle se précipitait de la hauteur vers le dragon, il avait en mains un bouclier et une épée, et quand il fut près du dragon, il donna quelques coups ; [p. 16] le dragon, qui était grand, horrible et épouvantable, se dressa avec un grand fracas, battit des ailes en l’air, ouvrit la gueule et grinça des dents, de si terrible manière, qu’en raison de la soudaineté, on en était presque épouvanté. Le dragon laissa retomber ses ailes, calma sa fureur, et à ce moment l’eau du bassin s’épandit plus abondante, submergeant presque le dragon ; il paraissait mort, et avoir été tué par Persée. Et alors Persée revint à sa place. C’est une belle pièce, qui mérite bien d’être vue.
Dans la même grotte, à gauche, il y a une montagne, où se trouvent quantité de forges, de papeteries et de moulins à blé en bois, qui sont tous mis en mouvement par des appareils hydrauliques. De même, quelques chapelles ou églises, dont l’eau faisait sonner les cloches. Tout cela est très gentil et très beau. Devant cette grotte, l’eau joua aussi comme si de tous les bouts et de tous les coins était tombée une pluie chassée par le vent, de sorte que tous ceux qui ne se retirèrent pas de côté furent complètement trempés.
De là, nous nous rendîmes à l’autre grotte. Dans celle-ci était assis Orphée, presque de grandeur naturelle ; il jouait du violon, remuant les mains et frottant l’archet sur le violon, mais à l’intérieur, par un habile jeu des eaux, une position était introduite qui donnait d’elle-même le ton du violon. Autour, se dressaient beaucoup d’arbres, sculptés en bois, qui remuaient et dansaient ; un rossignol était perché sur un arbre et chantait. Des deux côtés, accoururent toute sorte de bêtes sauvages qui écoutèrent Orphée, puis l’une après l’autre rentrèrent. Un coq d’Inde se tenait non loin d’Orphée, se tournait et se trémoussait, et se posait comme s’il dansait. Un singe était assis, qui portait constamment une pomme à sa gueule. Parmi tout cela, coulaient les rigoles, giclaient les tuyaux venus d’un bassin devant lequel était assis Orphée.
Après cela, dans une grande fenêtre ou trou carré, qui s’étendait loin en arrière en perspective, de toutes parts [p. 17] garnie de lumières, un jeu d’eau produisait l’effet suivant : les sept planètes, faites d’une sorte de bronze et peintes, se mirent en mouvement ; une partie, savoir le soleil, la lune et Mercure en haut, les autres par terre, et il est impossible de voir avec quoi ni comment ils sont tirés. Puis, apparaissent aussi les douze figures du Zodiaque, les quatre éléments. Item, le jeune roi s’avance aussi, avec son frère le duc d’Anjou, escortés par les Suisse. On représente encore la mer, avec ses grandes vagues, et des bateaux qui y naviguent. On représenta également l’enfer, plein de feu, et si artistiquement fait qu’on croit voir tout brûler réellement ; et on y voit des figures représentées par une tête, sur laquelle s’acharne la fureur du feu ; les yeux de cette tête sont rouge feu. Devant l’enfer, se tient Acharon, l’infernal nocher ; un autre tient Cerbère enchaîné.
Il y a aussi une représentation analogue du paradis, et beaucoup d’autres choses, qu’à cause de leur multitude je n’ai pas toutes pu retenir et décrire. Dans cette grotte, à droite, Bacchus est assis sur un tonneau ; il a une coupe en main, si pleine qu’elle déborde, et que l’eau en tombe goutte à goutte.
Il y a aussi les quatre vertus cardinales en marbre blanc ; on dit qu’elles se trouvaient naguère à la pyramide des Jésuites, qui était près du palais.
Ces deux grottes sont carrés, bien voûtés, joliment pavées de petits cailloux vernissés, pour le reste, de toutes parts ornées de coquillages et de toute sorte de colimaçons, ainsi que de cristal, de merveilleuses pétrifications, de minéraux et autres ornements. A remarquer qu’on ne voit pas de murailles ni de mortier, ni sur les côtés, ni en haut. Le pavé (formé, comme on l’a dit, de petites pierres et d’ardoises de dimensions égales) représente des roses et d’autres figures, ainsi que des coquillages et des colimaçons, [p. 18] assemblés non sans un art consommé, et formant toute sorte de dessins.
Quant aux jardins, il semble à vrai dire qu’ils ont dû être superbes et charmants, mais maintenant ils sont à l’abandon ; en effet, dans le voisinage de l’eau, on ne voyait pas trace du moindre canal ; à vrai dire, à en juger par le cuivre, il devait y en avoir cinq ou six, mais ils étaient complètement envahis par la végétation. De même, dans le verger voisin, tout était ravagé et en désordre. Il y a cinq jets d’eau, mais l’eau ne jaillissait pas de tous.
De ces jardins, l’un est plus haut que l’autre : on en a une très jolie vue sur l’île voisine, et par les temps clairs, on distingue fort bien de là Paris et beaucoup de petites villes, de bourgs et de villages. Pour la jolie vue, ces jardins surpassent de beaucoup toutes les autres résidences de plaisance royales. »

Brackenhoffer, Elie

Récit par Louis Huygens de sa visite aux châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« Ou on entre le premier c’est le vieux chasteau qui est bastij par François I de brique mais fort singulierement. C’est icij où loge le le Roij d’à present car le defunct estoit dans le chasteau neuf qui est en bas et bastij par Henri 4.
Il ij a dans ce vieux bastiment une chapelle assez belle où il ij a des orgues. Au reste, les appartemens du Roij et de la Reijne et la salle des comediens ij sont assez mediocres et mal entretenus, encor que le Roij ij vienne assez souvent. Elle est du reste fort grande, et on dit mesme qu’il ij [a] plus de 500 chambres logeables et encor n’ij a t il qu’une court. A costé gauche de la maison il ij a des parterres qui sont bien jolis et au delà d’autres grand jardins. Derriere il ij a premierement une grande court et au delà le chasteau neuf, qui est assez estendu en largeur mais aussij bien bas. L’architecture n’en est pas tout à fait à la moderne mode. Le corps de logis consiste principalement aux appartemens du Roij et de la Reijne. Cestuij cij est peint mais pas trop bien. Celuij du Roij est beaucoup meilleur et le plancher tout doré et lambrissé. On nous monstra icij la chambre où il est mort. A chaque appartement il ij a une longue galerie voutée toute peinte. Dans l’une des deux il ij a plusieurs villes assez mal representée, entre autres Maestricht et Nimwegen et Werrdenbirgh en Westphalie où ils ont mis dessous Werdenbroch, ville de Wespallon. Derriere cette maison, il ij a une grande terrasse, de laquelle on descend par des grands degrez dans les jardins qui viennent jusques à la riviere, mais sont tres mal entretenus, tous les degez abattus et toutes ces fameuses grottes, qui ont tant cousté autrefois, en desordre. Le chasteau vieux est toute couvert de grosses pierres de tailles au lieu d’ardoises. Quand on ij est monté dessus, on descouvre une fort belle campagne et Paris fort distinctement. »

Huygens, Louis

Description par Martin Zeiller des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 82] Ein offnes Stättlein 4 oder fünff Frankösische Meylen von Pariß gelegen ; allda der Lufft trefflich gesund ist ; unnd daher die Könige gern sich allhie auffgehalten, unnd werden auch die Konigliche Kinder offtmals zu erst allda erzogen. Hat ein Adeliches NonnenCloster, in welches aber nicht Jedermann, solches zu sehen, gelassen wird. Das vornemste, so an diesem Ort zu besichtigen, ist das Königliche Schloß, oder Lusthause ; so von Theils, sonderlich der Wasserwercke halber, dem obbeschriebnen Schloß Fontaine-bleau vorgezogen werden wil. Ligt auff einem Berglein, und wird in das alt, une newe, abgetheilet. Das Alte solle König Carl der Fünffte entweder erbauet, oder das vorige wider auffgeführet, und ernevert haben. König Franciscus der Erste hates verbessert ; dessen die Camin von Ziegelsteinen Zeugnuß geben, an denen allenthalben, wann man zu dem obersten Tach hinauff steiget, der Buchstaben F. zusehen. Der Zimmer, so weit seyn, werden 63. Gezehlet, schlecht gewest seyn. Zur rechten deß Thors, ist die Capell, auch fast nur von Ziegelsteinen erbauet. [p. 83] Ausserhalb dieses alten Schlosses, ist ein Thiergarten, so in der Länge 2 Meylen begreifft, darinn ein Pallemaille, oder so genanter Spilplatz mit kleinen Kugeln, auff dessen seiten, nach der Länge, man gute Gelegenheit, demselben Spil zuzusche, oder da zu ruhen, hat. Unden im Graben werden die Hirsch, und seltzame Vögel, verwahret. Das new Schloß, oder Lusthause, ist viel prächtiger, und vom König Henrico IV erbauet. Die Cammeren, und Gallerien, oder gewölbte Gänge, seyn für den König, und die Königin, getheilet : deß Königs Galleria hat zu oberst das emblema : Duo protegit unus ; namlich die beyde Königreich, Galliae, et Navarrae, beschützt ein König. Uber der Thür stehet obbesagtes Schloß Fontainebelleau. Auff den seiten seyn underschiedliche Stätte. Der Königin Galler ist mit gar grossen gemahlten Taflen, auß dem Ovidio, und andern, geziehret. Es seyn auch sonsten noch 4 Gallerien allda. In den Camern sein die Camin von dem schwärtzesten Marmel ; darinn man, bey heitern Himmel, die Lands Gelegenheit umb S. Cloud, sehen kan. Es seyn da Königlicher Bäder, und was darzu gehört ; Item, 2 Vogelhäuser, und allerhand Königlicher Zeug zum Vogelstellen. Von dannen gehet man zu de Grotten, oder cryptis substructis, zwey steinerne Stiegen hinab, deren die eine 45 die ander 36 Staffel hat.
Die Frantzosen wolle, daß diese schone un künstliche, mit Meerschnecke, Muschlen, seltzamen Meer : und andern Gewachsen, und Steinen, außgesetzte Gewolbe und sonderlich das Wasserwerck, alle andere in Europa ubertreffe : wiewol die Brabanter, das Wasserwerck zu Brüssel, diesem zu S. Germain, vorziehen wollenmit welchen es aber Goltnitzius nicht helt ; sondern hierinn den Frantzosen beystimmet, als der auch das zu Brüssel, und die in Italia, gesehen hat. Der besagte Grotten allhie, zu S. Germain, seyn funff, deren eine drucken ; allda man sich im Sommer erkülen, und auff halte kan : die andern viere seyn Wasserreich ; in deren Ersten ein Drach, so den Kopff, und Flügel, beweget, und gar viel Wasser außspeyet ; allda auch ein Nachtigal, und Guckuck, singen, une mit einander streiten thun. Auff den seiten feyn 2 Bilder von schwartzem Marmel, die auch Wasser außschütten. In der andern Grotte ist, gleich bey der Thür, ein Schlang, die auß dem Munde Wasser gibt. Eine Jungfraw bewegt das Haupt, und wendet die Augen hin, und her, als ob Sie die Zuhörer, und Frembde, ansehen thette, und schlägt gar lieblich auff einer Orgel. In der mitten stehet ein Lisch von schwartzem Marmel, auff welchen man ein Rohr steckt, unnd darzu underschiedliche Instrumenten nimbt, und damit allerley verwunderlich, und künstliche Sachen vorstellet. Beym Fenster ist ein Lisch von Marmel, unterschiedlicher Farben ; Item, hin, unnd her, Spiegel, unnd Muschlen, auch ein Meerschwein ; unnd hat man, wann man auß solcher Grotte, oder Grufft, gehet, die neben seiten in acht zunehmen. Die dritte ist dem Neptuno zugeeygnet ; allda ein Krantz auff einer Kugel, so von dem Wasser herumb gedrahet wird, und tröpflein, wie die Perlein, von sich wirfft. Es ist da auch ein Schmitten ; Item Papir-Mühlin ; ein Nachtigal, so singet ; Item, zween Engel auff den Seiten ; wann die mit jhren Posaunen blasen, so kompt Neptunus, mit seinem Scepter, auff einem Wagen, den 2 weißlechte Pferde ziehen, sitzend, durch eine Thür, so sich auff thut, herfür, helt wenig still, und begibt sich darauff wider in seine Höhle : und wann die Thür zugehet, so höret man die Posaunen wider. Es ist, in dem man dieses besichtiget, nahend ein Stuel, welcher wan man sich nicht mit Vortheil darauff setzet, einen hauffig bespritzen thut. So gibt auch der mit Steinlein eingelegter Boden Wasser genug von sich ; Die vierte Grotte, Grufft, od Crypta, ist etwas nidriger, aber die allerschönist, und künstlichste.
Wann man hinein gehet, kompt einem gleich das Wasser entgege : der Orpheus, [p. 84] auff der Either spilend, und das Haupt bewegend, tritt herfür ; so anmütig zu schen, und lieblich zu hören. Von beyden seiten stehen umb ihn her underschiedliche wilde Thier, die mit Ihme fort gehen ; dar zwischen die fruchtbare Bäum sich neigen, oder bucken, unnd die Felsen mit Zweigen, dar auff Vögel, so quitzern, sitzett, gezieret seyn. Man sihet auch die zwölff Himmlische Zeichen, die in richstiger Drönung fortgehen. Es sitzet da der Bacchus auff dem Faß, so in der Hand einen Becker hält : Item, seyn zu schen, das Paradeitz, die Höll, dz Meer, Kriegsschiffe, die viere Element ; Item, dieses Schloß S. Germain, und an dessen einer seiten, wie der König, mit den Fürsten, unnd Auffwartern, auff einem Schiffe fähret, und, auff der andern, ein Delphin, und Engel, so vom Himmel herab steiget. Bald folgen Neptunus, Mercurius, unnd Jupiter ; und anders verwunderliches Ding mehr. Es seyn auch da die vier Haupt-Lugenden von weissen Marmel, so vorhin vor dem Palais zu Pariß gestanden. Es schreibet Andreas du Chesne, das die Alten nicht gewust haben, das Wasser höher zu treiben, als sein Vrsprung is, und weren wir, sagt Er, und unsere Nachkomlinge, in dieser Vuwissenheit verblieben, wann nicht Claudius von Monconis, Praesident bey de General-Einnehmer Ampt der Königlichen Gefäll, zu Lyon, durch seine sinnreiche, und kühne Erfindung, die er am ersten bey den Brünnen detz newen Schlosses allhie zu S. Germain de Laye ; unnd hernach in der Häusern deß Mareschal von Retz, zu Noisy ; und deß Obristen Parisischen Praesidenten, zu Stim, probirt, den Weg darzu gezeigt hette. »

Zeiller, Martin

Description par Peter Heylyn des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 60] Two leagues from Ruel, is the Kings house of St. Germain en Olay, a house seated on the top of a hill just like Windsore. The town of St. Germain lyeth all about it, the river Seine (of the same breadth as the Thames is at the place mentioned) runneth below it; and the house by reason of the site, having a large command upon the country round about it. The town is poor and hath nothing in it remarkable but the name, which it took from St. Germain, bishop of Auxerre, who, together with St. Lupus, bishop of Troyes, sailed into Britain to root out Pelagianism. The castle or seat Royall is divided into two parts, the old and the new; the old, which is next unto the town, is built of bricks, and for forme is triangular : founded it was at the first by [p. 61] Charles V, since strengthned and beautified by the English when it was in their possession. Francis I added to it the upper story and the battlements, and in memoriam facti hath left a capitall F upon every of the chimnies. The new house, distant from the old about a surlong, and to which you descend by a handsome green court, was built by Henry IV. It consisteth of three severall parts, all joined together, the two outermost quadrangular, that un the middle almost round and in the fashion of a Jewish synagogue. Here we saw the volatory full of sundry forain birds, and in one of the lower rooms great store of outlandish conies; but these were accessories. The principall was the majesty of the house, which is, indeed, worth the observation. The palace of the Louvre, so much famed, is not to be named in the same day with it. The rooms are well ordered, and high roofed, gorgeously set out with the curiosities of the painter. In some of the chambers they shewed us some poeticall fictions expressed by the pencil in the windows and on the wainscot, and seemed to glory much in them. I confesse they might have plentifully possessed my fancy, had I not seen the window of Gerrambury gallery, belonging to the Right Honorable Francis, Viscount St. Albans; a window in which all the Fables of Ovids Metamorphosis are so naturally and lively dissembled, that is ever art went beyond itself, it was in that admirable expression.
Let us now take a view of the water-works, and here we shall see in the first water-house, which is a stately large walk vaulted over head, the effigies of a dragon, just against the entrance; an unquiet beast that vomiteth on all that come nigh it. At The end toward the right hand is the statua of a nymph sitting before a paire of organs. Upon the loosing of one of the pipes, the nymphs fingers began to manage the keyes, and brought the instrument to yield such a musick, that if it were not that of an organ, it was as like is coule be, and not be the same. Unto the division of her fingers, her head kept a porpotionable time; joiting from one shoulder to the other, as I have have seen an old fidler at a wake. In the same proportion were the couterleits of all sorts of mils, weh before very eagerly discharged their functions: [p. 62] but upon the beginning of this harmony, they suddenly stood still, as if they had had ears to have heard it. At the other end towards the left hand, we saw a shop of smiths, another of joiners, and a backside full of sawyers and masons, all idle. Upon the first command of the water, thet all fell to their occupations, and plyed them justily; the birds everywhere tinging, and so saving the artificers the labour of a whistling. Besides, upon the drawing of a wooden courtain, there appeared unto us, two tritons riding on their dolphins, and each of them with a shell in his hand, which interchangeably and in turns served them instead of trumpets. A very happy decorum, and truly poeticall.
Caeruleum tritons vocat, conchaque sonanti
Inspirare jubet,
As Ovid of him.
Afterward followes Neptune himself, sitting in his chariot, drawn with four torroyses, and grasping his tricuspis or three scepter in his hand: the water under them representing all this wile, a sea somewhat troubled. 36 steps from the front of the house we descended into this waterhouse; and by 60 more we descended into a second of the same fashion, but not of an equall length with the other. At the right hand of this, is the whole story of Perseus, Andromeda and the whale lively acted; the whale being killed, and the lady unloosed from the rock very perfectly. But withall, it was so cunningly managed, and that with such a mutuall change of fortune, on the parties of both the combatants, that one who had no known the fable, would have been affraid that the knight would have lost the victory, and the lady her life. At the other end there was shown unto us,
Orpheus in sylvis postus, sylvaque sequentes.
There appeared unto us the resemblance of Orpheus, playing on a treble vial, the trees moving with the force of the [p. 63] musick, and the wilde beasts dancing in two rings about him. An invention which could not but cost K. Henry a great sum of money; one only string of the sidle being by mischance broken, having coste King Lewis his son 1500 livres. Upon the opening of a double-leaved door, there were exhibited to us divers representations and conceits, which certainly might have been more gracefull, if they had not so much in them of the puppet play. By some steps more we descended into the garden, and by as many more into a green, which opened into the waterside; in which the goodliest flower and most pleasing to my eyes, and the statua of an horse in brasse, of that bignesse, that I and one of my companions could stand in the neck of him. Bat dismounting from this horse, we mounted our own, and so took our leaves of St. Germain. »

Heylyn, Peter

Description par Hieronymus Welsch des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 338] S Germain en Laye, ist ein offen Orth. In dem gewaltigen Koniglichen alt und newen Schloß, alld a pflegt der Konig, sowol umb deß gesunden lieblichen Luffts, und seiner Bequemlichkeit willen, als auch, daß es nur 5 Stund von Paris gelegen, offimalen, sonderlich zu Winters-Zeiten, zu residiren ; das alte hat Konig Carl 5 und Franciscus I. das newe aber Henrich 4 erbawen lassen. Es hat in denselbigen, sonderlich un newen, vil schone gemahlte Zimmer, und Gallerien, Badstuben und Vogelhauser.
[p. 339] Die Wasserkunst ligt in der Grotten auff die s o. Staffel tieff unter der Erden, ist ohnaußsprechlich schon und kunstreich gemacht, dann da hort und sihet man im furnemsten Gewold den Orpheum hervor kommen, und musiciren, auch die Vogel lieblich singen, die ohuvernunfftige Thier kommen herben, und neigen sich die Baum, Item
Die zwolff himmlische Zeichen.
Das Paradeiß.
Die Holl.
Das Meer.
Ein Kriegs-Schiff.
Die vier Elementen.
Der Bacchus.
In einem audern Orth gegen uber ist ein Schiff, dar auff der Konig mit seinem Hofgesind, wie auch der Dauphin, so sambt einem Engel von Himmel herab steigt.
Das Schloß S. Germani.
In einem andern Gewolb wird geschen.
Der Neptunus. Ein Papier-Muhlen.
Zween Engel, so blasen.
Abermal in einem sondern Gewolb
Ein Jungfraw, so lieblich die Orgel schlagt.
Ein Drach, so sich auß dem Wasser erhebt, zu dem der Perseus hinunter kombt.
Sambt einem schwarken Lisch in der Mitten, darbey allerley Wasserwerck zu schen.
Noch in einem absonderlichen Orth.
Sihet man auch einen Drachen, so gar vil Wasser fasst, und umb sich außwirfft, man horet die Nachtigal singen, den Guguck schreyen, und vil anders.
Es seyn alle dise Gewolber von wunderlichen Steinen, Meer-Gewachsen, Schnecken, Muscheln, Perlenmutter, une dergleichen seltzamen Sachen auff das allerkunstlichste und zierlichste angefullet.
[p. 340] Wie ich nun etlich malen die Wacht an disem Orth gehabt, so hab ich auch solches manchmalen (wann man ohne das frembde Herren das hin gefuhrt) ohne Kosten schen moden.
Ich habe gleicher gestalten (als oben vermeldt) allhier geschen, wie der Konig die Leut, so bose Geschwar am Hals haben, so etliche Kropff, andere aber den Außsatz nennen, geheilt, une ein ander mal, wie er seine Mußqueton in die drey Stund lang selbsten exercirt, aber so artig und kunstlich, daß die gemeine Kriegs Exercitia gar fur nichts dargegen zu achten seyn. »

Welsch, Hieronymus

Récit par Edward Browne de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« We dined at Rueil and in the afternoon we cross’d the Seine twice and came to St. Germaines. Wee entred a great Court Yard and left a Chasteau well ditchd on the left hand, and a Teniscourt on the right (this is the Kings house), wee went forward to the house, of which the front is supported with noble round pillers.
Here was no Entrance for us and we despairing to get in, by great fortune there came two Capucins, under whose conduct wee saw the house. The Hangings were taken downe, but the roomes were nobly guilt and Painted, the roofe especially. Of two Galleries the one [was] hang’d with very rarey painted pieces and the other with the Mapps of great Cities. Out of these Galleries you have the noblest Prospect hereabouts. We went out on the other side of the house and so descended by those three stately cloisters, which stand one above another, supported with vast Pillers, and made pleasant with waters workes, and makes a noble showe a great way before you come at the house. Afterwards you descend into a Garden, and so lower into a Medow, till you come at the Water side from whence the house stands a great height, and is seen all about the Coutrey. Wee lodged this night at Le Pec a little town by the river sid and [vide]. »

Browne, Edward

Description par Johannes Pakenius des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« Necdum abibamus Urbe ; et tamen abibamus qot hebdomadis in viciniam, Regiis Ducalibusq ; aedificiis circum septam. Nunc ad S. Germanum oppidum ab arce Regoa, salubri aere et amoeno in monte situ juxta Sequanam nobile. Fundator arcis Carolus V. Franciscus I restaurator : Henricus IV augmentator. Fabrica ex latere cocto passim F.F.F.F. signata : conclavia sexaginta tria. Porticus symbolo Henrici IV conscripta, duo protegit unus, unus scilicet Henricus duo Regna Gall. et Nav. Regium ad portam sacellum : area ovalis : hanc prope duorum milliarum vivarium. »

Pakenius, Johannes

Description dans Les délices de la France des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 356] S. Germain
Je ne prétends pas mettre icy, ny qui est le fondateur de ce lieu de plaisance, ny le motif qui a obligé Charles V, dit le Sage, qui a esté le I qui y a bâti, de faire icy une si superbe maison ; mon dessein n’est autre que de faire en peu de mots la description d’un si beau palais. Je dis donc en I lieu, qu’on conte jusques à 63 chambres dans ses corps de logis, dont les ornemens et les meubles surpassent tout ce que Rome pourroit avoir de plus superbe et de plus riche dans ses maisons. Il y a un jeu de mail, le long duquel sont des pavillons quarrés faits exprès pour la commodité des joueurs et des assistans, et on voit au dessus les grôtes et l’endroit où l’on tient les bêtes rares et curieuses. Il y a un quartier de ce beau bâtiment, fait par Henry IV, dans lequel il y a une gallerie avec cet emblème : Duo protegit unus ; c’est à dire, qu’un seul roy gouverne deux royaumes ; sçavoir celuy de France et de Navarre. On voit sur la porte le château de Fontaine Belle-eau, et à côté les villes qui suivent Hux, Veniez, Prague, Namur, Mantoue, Adem en Arabie, Compiègne, Sion en Suisse, Moly, Tingis, Stafin en Afrique, Terracine, Ormus en Perse, Bellitri, Werderberg en Westphalie, Nimegue avec cette inscription, ville du fondateur de l’Empire : parce que Charlemagne la fit impériale, Passauv, Mastricht, Thessala ou Tempe et Florence. Deux beaux degrés de pierre de taille d’une structure admirable, servent à cette [p. 357] illustre maison pour voir ses riches appartemens, et pour descendre dans les plus beaux jardins qui soient en Europe. La I chose qui se présente à la veue, à côté de la maison, est un bois taillis, au milieu duquel il y a une grande table, laquelle est cause qu’on appelle ce même bois, le bois de trahison : parce qu’on convint de l’exécuter en ce lieu. La 2 chose qui mérite d’être veue, ce sont les grôtes, que j’estime les plus belles qu’on puisse jamais voir ; quoy qu’en disent les Italiens, et Messieurs du Bruxelles, et qui sans contredit passent pour telles dans le sentiment des étrangers. Vous devés sçavoir qu’il y en a de deux sortes, les unes qui sont sèches, et les autres qui sont humides ; pour ce qui regarde les premières, je n’en diray rien, parce qu’elles ne servent qu’à donner du frais en esté : mais je m’attacheray aux dernières comme étant admirables. Voicy ce qu’il y a de plus rare et de plus merveilleux. La I de ces grôtes a un dragon qui hause la queue et remue ses ailes, vomissant de l’eau en abondance, tandis que les rossignols et les cocus artificiels, qui sont à l’entour, font entendre leurs fredons et leurs ramages avec une mélodie admirable. On voit aussi à costé deux statues de marbre noir, qui sont très agréables, lesquelles jettent aussi une grande quantité d’eau.
La 2 fait voir un serpent sur la porte qui jette de l’eau, et beaucoup de rossignols aux environs qui gazouillent à ravir : mais surtout une belle fille qui joue admirablement bien des orgues, et qui cependant tourne les yeux d’un côté et d’autre avec tant d’agréement que les assistans [p. 358] ont de la peine de discerner, si c’est un effet de la nature ou de l’art. Il y a une belle table de marbre noir, du milieu de laquelle sort un tuyau qui jette de l’eau de plusieurs façons et en diverses figures. C’est icy où l’on voit beaucoup d’autres curiosités merveilleuses dont je ne fais pas de mention, pour faire remarquer une table de beau marbre de diverses couleurs, qui est près de la fenêtre, les miriors, les coquillages, &c mais surtout un dauphin très bien représenté, lesquelles choses sont toutes admirables. Je prie le curieux de prendre garde à soy quand il entrera icy ; parce qu’autrement il pourroit y être attrapé.
La 3 expose un Neptune avec un globe couronné, lequel est porté par les eaux, dont les goûtes représentent les Perles et les Diamants. Il y a aussi la fournaise de Vulcain, des moulins à papier, des rossignols qui fredonnent, deux anges à côté qui jouent de la trompette, et qui ouvrent la porte du côté où leur trompette résonne, et un Neptune armé de son trident, assis sur un char de trionfe, tiré par deux chevaux blancs, qui sort d’une caverne, lequel après s’être un peu arrêté, rebrousse chemin, et r’entre dans le même endroit d’où il est sorty, faisant entendre un bruit extraordinaire de trompettes et de cors. Il y a encore un banc qui semble être mis expressément en ce lieu pour ceux qui veulent se reposer : mais ce n’est que pour attraper les personnes, et afin de les faire bien mouiller quand ils ne sçavent pas conduire le clou qui est au dessous : que si on a cette adresse, on se préserve : [p. 359] mais aussi on verra à même temps que le pavé donnera mille petits jets d’eau qui sont imperceptibles, et lesquels mouillent les assistans dans un moment.
La 4 (qui est sans contredit la plus belle de toutes) a une entrée tout à fait difficile ; parce qu’un regorgement d’eau en interdit le passage quand on n’y met pas ordre. On n’y est pas si-tost entré, qu’on y voit paroître un Orphée jouant de sa lire et remuant sa tête et son corps, selon la cadence de son instrument, lequel ravit en admiration tous les assistans : mais ce qui est encore plus surprenant c’est de voir un assemblage de toute sorte de bêtes qui le suivent, enchantées des doux accords de sa lire, et une infinité d’oyseaux, qui chantent ; des rochers, des arbres et des plantes qui s’inclinent devant luy pour luy marquer son respect. On y voit encore les 12 figures du Zodiaque qui roulent et font leur cours avec une armonie merveilleuse. Il y a en outre un Bachus, qui est assis sur son throne, tenant un verre en main, et on y a enfin si bien représenté le Paradis, l’Enfer, la mer, des navires de guerre, les IV éléments, le château de St. Germain, le roy, les princes et sa cour qui voguent d’un autre côté sur l’eau, qu’il est impossible de le croire. Mr. le Dauphin paroît aussi avec des Anges qui decendent du Ciel. Cet ouvrage est si bien fait, qu’on l’estime un miracle de l’art. On y remarque encore un Neptune, un Mercure, un Jupiter, et beaucoup d’autres belles choses qui surpassent infiniment l’attente et la croiance des hommes : on y voit surtout la [p. 360] représentation des 4 vertus cardinales, de marbre blanc, qui ont appartenu autrefois aux PP. jesuistes. Enfin il y a une chose remarquable dans ce lieu, c’est que tout y est miraculeux et capable de ravir toute la nature : de quoy il ne faut pas s’estonner ; puisque c’est une maison destinée pour les délices du plus grand roy de l’Europe, sans en excepter pas un. Je me souviens qu’il y a près de cette belle maison un bois dont j’ai desjà parlé, qui s’appelle le bois de la trahison, au milieu duquel il y a un chemin, dont les arbres d’un côté s’enfoncent dans l’eau comme une pièce de fer quand on la jette dans la Seine, tandis que les autres qu’on a pris de l’autre côté du chemin nagent comme du liège sur l’eau, ce qui est un prodige étonnant. On dit bien davantage, que les arbres ne reviennent jamais plus quand on les a une fois coupés, par une espère de malédiction, à cause que Ganellon sieur de Hauteville, dont le nom est odieux à toute la France, convint icy avec ses détestables associés, de faire mourir les Messieurs d’Ardennes, et les ducs et pairs du royaume : ce qu’ils exécutèrent cruellement du temps de Charles-magne lequel les fit brûler dans ce même lieu. »

Récit par Georg von Fürst de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 207] Zu einer andern Zeit ritten wir nach S. Germain en Laye, welches auch ein Königliches Lust Schloß ist, und 6 Meilen von Pariß lieget. Es sind allhier 2 Königliche Häuser, welche beide auf einem Berge erbauet seyn. Das alte ist ein groß Gebäude, so meistens von Ziegelsteinen aufgeführet. Es hat ein ovales Ansehen, und macht eine wunderliche Figur. In drei Ecken des Hoffes stehen hohe Thürme, in welchen man biß oben auf das Dach steigen kan. Auf dem Dache liegen grosse steinerne Platten, welche so geleget seyn, daß das Wasser darauf abschießt. Und auf den Seiten befinden sich schöne Seulen, welche das ganze Gebäude umgeben, und einen vortreflichen Altan machen. Man kan sich weit und breit darauf umsehen, und ein groß Stücke Landes [p. 208] betrachten. Gegen Mitternacht ist ein Lust-Garten welcher mit schönen Quartieren und Gängen ausgeziehret ist. Nächst daran stößt ein dicker Wald, oder Thier Garten, welcher etliche Meilen groß ist, und rings herum mit einer Mauer umgeben. Man nennet diesen Wald das Holz der Verrätherey. In einer Ecken stehet ein steinerner Tisch, daran ehemahls diejenigen gesessen, welche eine gro Verrätherey angerichtet, und sich deswegen einander verschworen haben. Von diesem Holße ist merkwürdig, daß es von der Zeit an teine Früchte getragen. Wenn man einen Ast von einem Baume abschneidet, so verdorret er, und bringt keine Blätter mehr hervor. Der Ast selbst zu Grunde, wie ein Stein, wo er in die vorbeyflüßende Seine geworffen wird. Man meynet, daß Gott dadurch feinen Zorn anzeige, welchen er gegen die Verräther gefasset, die an diesem Orte ihre Gottlosigkeit beschlossen haben. Das neue Hauß liegt ohngefehr 200. Schritte von dem alten, und ganz an der Ecke des Berges. Es ist zwar nicht so weitläufftig, hoch und groß, als das vorige, aber viel schöner, ordentlicher und künstlicher gebauet. Man kan aus einem Zimmer in das andere gehen. Das ganze Gebäude ist gleichsam in zwei Quartiere eingerheilet, eins vor den König, und das andere vor die Königin. Wie denn auch auf beyden Seiten die Zimmer einerley seyn. Bey diesem Berge ist ein schöner Platz zusehen wo auf beyden Seiten vortreffliche Grotten gemachet seyn. In der esten funden wir einen runten Tisch von schwarzen [p. 209] Marmor, welcher in der Mitten ein Röhrgen hatte. Auf daßelbe steckte der Kunst Meister unterschiedne Instrumente, durch welche das Wasser auf unterschiedne Weise sprunge. Insonderheit gefiel uns eine Art wohl, da das Wasser eine Gestalt vorstellete, als wenn man ein Kelch Glaß von dem schönsten Christall sähe An der Wand faß eine Nymphe, welche auf der Orgel schlug, und das Haupt darzu bewegte. Mercurius aber stund bey dem Fenster auf einem Fusse, und machte ein lustiges Stückgen mit seiner Trompete. Auf der andern Seite sahe man einen Guckug, welcher auf einem Baume saß, und seine Stimme so natürlich hören ließ, als wenn er lebendig wäre. In der andern Grotte wurden wir einen Drachen gewahr, welcher aus seiner Klufft hervor kam. Er schlug mit seinen Flügeln um sich, regte den Kopf, streckte ihn hoch in die Höhe, und spiehe viel Wasser von sich Um ihn befanden sich viel Vögel, welche ihre Stimmen erhuben, und eine angenehme Mufique machten. An der andern Seite stund ein großer Trog, welcher von Muscheln und Meersteinen sehr künstlich verfertiget war. Neptunus kam auf einem Wagen hinein gefahren, welcher von zwei Meerwundern aus einer Klufft gezogen wurde. Es regte sich alles, als wenn es lebendig wäre. Wie er sich nun in dem Troge mit seinem Wagen umgewendet hatte, so fuhr er wieder in seine Klufft hinunter. Von diesem Orte giengen wir auf einen andern Platz, wo wir ebenfalls schöne Grotten antraffen. In der ersten sahen wir auch einen grossen Trog, welcher [p. 210] mit Wasser ganz angefüllet war. Wie wir hinzukamen, so war nichts darinnen zu finden. Bald aber regte sich allmehlich ein großer Drache. Er kam aus dem Wasser hervor, breitete die Flügel aus, hub den Kopf in die Höhe, und verursachte ein wunderlich Geräusche. Endlich spiehe er viel Wasser von sich, daß wir uns kaum retiriren konten. Auf der andern Seite stund ein Berg, daran sich Wind und Wasser Mühlen befanden, die ordentlicher Weise herum giengen. Dabey sahe man allerley Handwercks Leute, welche anfiengen zu arbeiten, und sich an allen Orten bewegten. An dem äussersten Ende der Grotte saß Orpheus mit seiner Leyer und um ihn stunden viel Thiere und Vögel So bald er nun anfieng zu leyern, sogleich wurde auch alles rege, und sprung um ihn herum. In allen diesen Grotten muß man sich wohl in acht nehmen, wenn man nicht will bade naß werden. Denn ehe man sichs vermuthet, so springet das Wasser aus der Erden, aus den Wänden, und auch aus der Decke. Es ist lustig anzusehen, wenn es uns nur nicht selber betrifft. Hier hielt sich der König in Engelland, Jacob der II. auf, und beweinte mit seiner Gemahlin die grosse Thorheit, welche er in Engelland begangen. Sein Vater, Carl der I. vergriff sich an dem ersten Grund Gesetze und wollte aus eigner Macht dem Volcke Contributionen aufflegen. Darüber verlohr er sein Königreich, und auch seinen Kopff darzu. Hieran hätte sich sein Sohn spiegeln sollen, und desto behutsamer regieren. Allein er griff das andere Grund [p. 211] Gesetze an, und wolte neue Gesetze machen, ohne das Parlament darum zu befragen. Hierüber büßte er seine drey Kronen ein, und muß allhier das Gnaden Brod essen. Doch was können nicht die Papistischen Rathgeber anrichten, wenn sie einen Regenten überreden wollen, daß er wider alle Grund Gesetze handeln, und seine Evangelische Unterthanen mit Gewalt zum Pabstthum zwingen dürffe. »

Fürst, Georg (von)

Description par Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 156] Le château de Saint Germain, situé à quatre lieues de Paris, est élevé sur une montagne, au pied de laquelle coule la rivière de Seine. Cette situation [p. 157] et la salubrité de l’air le rendent un des plus agréables séjours de la France. Il se distingue en Château vieux, et en Château neuf.
Le Château vieux, bâti par Louis VI comme une forteresse, ayant été ruiné par les Anglois, demeura en cet état jusqu’au règne de Charles V, qui le fit rétablir sur ses anciens fondemens : il a été ensuite augmenté d’un étage par François I. Le haut est entièrement couvert de dalles de pierre, et forme une terrasse d’où l’on jouit d’une très belle vue. Louis XIII fit plusieurs embellissemens à ce château, et sous le règne de Louis XIV, J. H. Mansard éleva les cinq gros pavillons qui en flanquent les encoignures.
La face sur les jardins est la plus grande des cinq faces de ce château. Elle renferme l’appartement du Roi, dégagé en dehors par un balcon de fer qui règne à l’entour. Cet appartement est démeublé, et n’offre rien de remarquable depuis que Sa Majesté ne fait plus de séjour à Saint Germain. Du côté du couchant est la grande salle servant aux bals, comédies et opéra ; elle passe pour une des plus spacieuses du royaume.
[p. 158] Du côté du midi est une belle chapelle dédiée à S. Jean-Baptiste. Le tableau d’autel représenté la Cène ; c’est un excellent ouvrage du Poussin. On voit au-dessus la Sainte-Trinité peinte par Vouet et accompagnée de deux anges de stuc, grands comme nature, placés à la hauteur du premier ordre, et tenant les armes de France. Ils sont dus à Sarazin. La croix, les chandeliers, les vases pour les fleurs, et la lampe sont de vermeil et d’un poids considérable : on les a volés deux fois. Le jubé est spacieux, et renferme un beau buffet d’orgues.
On conserve dans la sacristie deux moyens tableaux, l’un d’une Mère de pitié qui tient le corps de N. S., l’autre d’une Vierge donnant à manger à l’Enfant Jésus.
Le Château neuf commencé sous Henri IV par Guillaume Marchand, n’est éloigné du vieux que de deux cens toises. Son portail est décoré de colonnes toscanes, dont le fût est revêtu de bossages alternatifs ; elles forment un péristile, dont le dessus est une terrasse entourée de balustrades qui portent la devise de Henri IV.
Le plan de la cour est très ingénieux : [p. 159] des pilastres toscans en règlent l’architecture. Aux deux côtés de la salle des Gardes sont les grands appartemens : à droite est celui de la reine Marie de Médicis terminé par une galerie, et à gauche est celui du Roi. Au plafond de la chambre à coucher sont quatre tableaux de Vouet ; savoir, une Victoire assise sur un faisceau d’armes, une autre armée d’une palme, la Renommée tenant une couronne de laurier, et Vénus essayant un dard. Sur les côtés de ces appartemens sont les basse-cours pour les offices et logement des officiers. On y voyoit des volières remplies de toutes sortes d’oiseaux rares ; il n’y a plus que de paons.
En sortant de la grande salle à l’orient, on se trouve sur une terrasse de la même étendue que le palais, et terminée par deux galeries qui conduisent à deux pavillons. On descend de cette terrasse par deux rampes, dont le milieu est occupé par un morceau d’architecture d’ordre ionique et d’un très bon goût.
Deux autres rampes vous conduisent à la seconde terrasse. Le mur qui la soutient est percé d’arcades, dont le [p. 160] dessous fait une galerie couverte. Le milieu est d’ordre dorique et d’une belle proportion. Tous les murs des rampes sont ornés de chaînes de refend, avec des panneaux de brique en compartimens. Sous cette terrasse étoient les grottes de Neptune et de la Nymphe jouant des orgues, par le moyen des eaux qui faisoient mille effets surprenans.
On descend de cette deuxième terrasse sur une troisième. On y voyoit les grottes d’Orphée, de Persée, et celle dite des Flambeaux, parce qu’elle ne pouvoit être vue qu’aux lumières. Dans cette dernière étoit un grand théâtre avec différentes décorations plus agréables les unes que les autres. Toutes ces grottes étoient incrustées de coquillages et de pierres précieuses, et ornées de figures de marbre, de lustres et de girandoles. L’eau seule faisoit mouvoir des ressorts secrets qui donnoient du mouvement aux figures, et leur faisoient rendre des sons enchanteurs. Henri IV et Marie de Médicis n’avoient rien épargné pour la perfection de ces ouvrages. Ils avoient fait venir de Florence le célèbre Francine, habile dans les méchaniques [p. 161] et dans l’hydraulique. Ces magnifiques grottes ont subsisté jusque vers l’an 1643, tems de la minorité de Louis XIV. Les différens troubles qui l’agitèrent, firent négliger l’entretien des terrasses, sous la chute desquelles les machines ont été abimées.
Le mur qui soutient cette troisième terrasse, est percé d’arcades qui forment une galerie, dont le milieu est décoré d’un ordre toscan. Ainsi cet ordre sert de base aux deux autres, qui forment ensemble le plus bel amphithéâtre qui soit dans l’univers. Joignez à cela que la Seine roule ses eaux à ses pieds, comme pour rendre hommage à tant de beautés. Il y a de plus deux terrasses de plein pied, voûtées et terminées par deux pavillons carrés. Jules Hardouin-Mansart a élevé la plus grande partie de cette façade sous Louis XIV.
Sur les côtés du Château neuf il y avoit deux jardins auxquels les galeries communiquoient. A droite est le Boulingrin, ainsi nommé par Henriette d’Angleterre, première femme de Monsieur, frère de Louis XIV. On l’a ouvert plus qu’il n’étoit alors, pour découvrir la vue de Marly qui n’existoit [p. 162] point encore. La terrasse régnant dans toute la longueur, est une de ses principales beautés, et la vue qu’on y découvre en rend la promenade des plus agréables. L’autre jardin du côté du parc, nommé de madame la Dauphine, parce qu’elle s’y promenoit fort souvent, est soutenu d’une terrasse pareille à celle du boulingrin. A côté de ce jardin, à la gauche du château, il y a une orangerie.
Il ne reste plus à voir que la grande terrasse, qui est en même tems un monument et de la magnificence de Louis XIV, et du mérite de Le Nostre. Elle a 1200 toises de long sur 15 de large ; son mur est solidement bâti, avec un beau bastion qui la termine au Parc aux lièvres. Il y a vers son milieu une demi-lune, plantée d’ormes et de charmilles.
Le petit Parc, contigu aux jardins et à la grande terrasse, contient 416 arpens, et est percé de routes.
La forêt de Saint Germain, une des plus belles du royaume, a 5714 arpens, suivant l’arpentage fait en 1686. On l’a nommée la forêt de Laye à cause de la quantité de sangliers qui l’habitoient. Comme son terrein est sablonneux, [p. 163] on peut y chasser en tous tems ; ce qui fait que le roi y prend le divertissement de la chasse dans les plus mauvaises saisons. Il y a vingt-cinq portes aux passages des grands chemins.
Le château du Val est un petit bâtiment situé à une des extrémités du petit Parc, au bout de la grande terrasse. Ce n’étoit autrefois qu’un simple pavillon où les rois faisoient quelquefois des retours de chasse ; mais Louis XIV l’a fait rebâtir d’un autre goût par J. H. Mansard. Il y a au milieu du bâtiment un grand salon carré et voûté en dôme : ce salon sépare deux appartemens bas, fort commodes pour toutes les saisons, y ayant des poêles placés dans l’épaisseur des murs qui échauffent plusieurs chambres à la fois.
Le monastère des Loges est aussi enclavé dans la forêt. Il est au bout de la grande route en face du Château vieux, dont il termine le point de vue. La reine Anne d’Autriche y fit faire un petit pavillon où elle alloit fort souvent, étant à S. Germain.
L’hôtel de Noailles, appartenant à M. le duc d’Ayen, mérite la visite [p. 164] du voyageur. Le bâtiment élevé par J. H. Mansard se présente à gauche en entrant, avec un vestibule formé de colonnes doriques. On voit au raiz de chaussée une galerie ornée de seize tableaux de moyenne grandeur, peints par Parrocel d’Avignon, et représentant l’histoire de Tobie.
Les jardins sont grands et plantés avec goût. Il y en a un pour les plantes médicinales, avec une serre chaude, et une fleuriste orné de deux théâtres et terminé par la serre des orangers. »

Dezallier d’Argenville, Antoine-Nicolas

Description par Hébert des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 59] Germain en Laye (Château royal de), à quatre lieues de Paris, et à deux par-delà Versailles, sur une montagne bordée par la rivière de Seine, [p. 60] se divise en Château vieux, et en Château neuf.
Architecture.
Les Anglois ayant démoli le Château vieux bâti en forteresse par Louis VI, dans le douzième siècle, il a été rétabli dans le quatorzième par Charles V, et augmenté par François I, qui y a aussi fait faire une terrasse d'où l'on découvre un très vaste pays. Louis XIII y fit faire des embellissemens, et Louis XIV des augmentations fur les desseins de J. H. Mansart. La grande salle qui sert aux divertissemens, est une des plus grandes du Royaume. Henri IV commença à faire bâtir le Château neuf sur les desseins de Marchand, que Louis XIV fit continuer, en faisant faire une grande partie de la façade qui règne le long de la rivière, par J. H. Mansart, ainsi que les deux terrasses, et surtout la troisième qui, soutenue par une galerie percée d'arcades, forme par leur belle distribution le plus riche amphithéâtre qui soit au monde, tant par la situation du terrein, que par tout ce que l'art a pu tirer d'avantages du voisinage de la
Seine. André le Nôtre a aussi montré son habileté par la belle terrasse de 1200 toises de long sur 15 de large, terminée [p. 61] par le parc aux lièvres. Les deux jardins fur les côtés de ce Château, nommés, l'un, le Jardin de Madame la Dauphine, et l'autre le Boulingrin, ont chacun une terrasse, dont les vues en rendent la promenade très agréable. Le petit Parc percé de routes, et la Forêt de S. Germain, qui a vingt-cinq portes, contiennent ensemble plus de six mille arpens.
Peinture et sculpture.
La Cène, chef-d’œuvre du Poussin, sur l’autel de la Chapelle : au dessus, une sainte Trinité, par Simon Vouet, accompagnée de deux Anges de stuc, grands comme nature, tenant les Armes de France, par Sarazin. Dans la Sacristie, une Mère de pitié, et une Vierge et l'enfant Jésus.
Le plat-fond de la chambre à coucher du Roi est décoré de quatre tableaux allégoriques, peints par Simon Vouet, représentans le premier, la Victoire assise sur un faisceau d'armes ; le deuxième, une autre tenant une palme ; le troisième, la Renommée tenant une couronne de laurier ; et le quatrième, Venus essayant un dard. »

Hébert, ?

Description par Thomas Nugent des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 135] S. Germains, commonly called S. Germains en Laye, is a small town of the isle of France, in the district of Mantois, situated on a high hill, at the foot of which runs the Seine, about twelve miles to the westward of Paris, and one from Versailles. It is remarkable for the royal castle or palace, which was begun by Charles V and enlarged and beautified by succeeding princes, but especially by Lewis XIV who was born here. The palace is built in the form of a castle, and [p. 136] surrounded with a dry ditch. A magnificent stone gallery runs round the middle of the whole structure, which is of an oval figure, and the roof is covered with thin flat free-stone instead of tiles. The chapel is remarkable for an excellent altar-piece, representing the Lord's Supper, by Poussin. The prospect from the castle is admirable, especially towards the river and the plains, having Paris, S. Denis, and Marli, within sight. There is a curious mall in this castle, with square pavilions built all along, for the conveniency of the players and spectators. Among the improvements made to this place by Lewis XIV he added the terrass of above three thousand paces in length, the grand parterre, and the valley-garden. There are abundance of dry grottos, which afford pleasant retreats in the summer, and several wet ones, with curious water-works, and artificial birds, which make an agreeable sound. In one of the grottos there is a virgin playing on the organs, whose eyes are so artificially moved, that she seems to be alive; in another place there is an Orpheus playing on the lute, and keeping time, while the beasts, birds, woods and rocks seem to follow him, with several representations of the like nature, all put into motion by water. The adjacent forest contains upwards of five thousand acres, and is cut through with an infinate number of large ridings, well replenished with game, which renders it a most agreeable situation for hunting. It was in this castle that the late king James resided with his court during his exile, and here he died in 1701. His body was afterwards interred in the monastery of the English Benedictins in Paris.
The town of S. Germains is well peopled, which is owing to the goodness of the air, and the privileges they enjoy. The houses are high [p. 137] and well built. There are some squares, with several hotels; among the rest, that of the duke of Noailles, which is neatly furnished, and has some handsome gardens. The town has only one parish, an hospital, and some convents, which are those of the Recollects, the Ursuline Nuns, and the bare-footed Augustinians, who live in the forest. »

Nugent, Thomas

Description par Jacques-Antoine Dulaure des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 228] Jolie ville, située à quatre lieues de Paris, sur une montagne, dont le pied est arrosé par la rivière de Seine ; fameuse dans l’histoire par son ancien château, et dans tous les tems par la beauté de sa situation, et la pureté de l’air qu’on y respire.
L’ancien château fut d’abord bâti comme une forteresse, par Louis VI. Les Anglois le ruinèrent, et il ne fut rétabli que sous le règne de Charles V. François Ier le fit embellir et augmenter d’un étage. Louis XIV y fit construire, par Jules Hardouin-Mansard, les cinq gros pavillons dont le château est flanqué.
Outre ce château, il en est un autre appellée le Château-Neuf, éloigné du vieux d’environ deux cents toises ; il fut bâti pour Henri IV, par l’architecte Marchand.
Le roi d’Angleterre Jacques II, forcé de quitter son royaume, tint longtemps sa cour dans ce château de Saint-Germain. Un poète fait l’éloge de ce prince, de la manière suivante :
C’est ici que Jacques second,
Sans ministres et sans maitresses,
Le matin alloit à la messe,
Et le soir alloit au sermon.
Ce roi détrôné vivoit des bienfaits de Louis XIV, et d’une pension de 70000 livres que lui faisoit sa fille Marie, reine d’Angleterre, qui lui avoit enlevé sa couronne. Il [p. 229] s’occupoit à converser avec des moines, et à toucher des écrouelles qu’il ne guérissoit pas.
Ce roi mourut à Saint-Germain, le 16 septembre 1718.
Le nouveau château est aujourd’hui persqu’entièrement démoli. M. le comte d’Artois, à qui il appartient, en fait construire un autre à la même place, dont on voit déjà deux belles et grandes terrasses achevées.
Ce qui reste encore de ce château prouve qu’il étoit orné de médaillons et de bustes. Un de ces bustes ressembloit parfaitement au président Fauchet, auteur des Antiquités françoises et gauloises. Cet historien sollicioit depuis longtemps la récompense de ses travaux littéraires auprès d’Henri IV, qui, pour s’en débarrasser, lui dit un jour à Saint-Germain, en lui montrant le buste qui lui ressembloit, M. le président, j’ai fait mettre là votre effigie, pour perpétuelle mémoire. Fauchet, peu content de ce succès, composa les vers suivans :
J’ai trouvé dedans Saint-Germain
De mes longs travaux le salaire :
Le Roi, de pierre m’a fait faire,
Tant il est courtois et humain.
S’il pouvoit aussi bien de faim
Me garantir que mon image,
Ah ! Que j’aurois fait bon voyage !
Je retournerois dès demain.
Viens, Tacite, Salluste, et toi
Qui a tant honoré Padoue ;
Venez ici faire la moue
En quelque coin ainsi que moi.
Henri IV lut ces vers, et donna à Fauchet [p. 230] le titre d’Historiographe de France, avec une pension de six cens écus.
Nous sommes dispensés de faire une plus longue description de ce château. Ce qu’il en reste étant peu de choses, ainsi que les travaux recommencés.
L’ancien château, dont nous avons déjà parlé, est très solidement bâti ; on voit que, pour sa construction et sa décoration, on a employé beaucoup de briques. Sa forme est à peu près celle du vieux château de Chantilli ; ce que l’on n’apperçoit bien exactement que lorsqu’on est dans la cour. Il est entouré de fossés ; on a depuis peu détruit les pont-levis pour en construire en pierre de taile. Le comble de ce château est une voûte en dalles de pierre, qui forme une terrasse, d’où l’on jouit de la vue la plus magnifique.
La partie du château qui est face à l’occident, contient une salle très spacieuse qui sert de salle de bal et de spectacle.
La chapelle est située dans la partie du château qui est en face du midi ; elle renferme ce que la ville de Saint-Germain a de plus rare, et ce qui doit le plus piquer la curiosité des amateurs des beaux-arts.
La voûte de cette chapelle est ornée de peintures à fresque, à la vérité, un peu dégradées, mais qui ne doivent pas moins fixer les regards des curieux, à cause des hommes célèbres qui en sont les auteurs. Le Brun a fourni les dessins de la plus grande partie de cette voûte, Vouet en a fait plusieurs autres et les a peints presque tous, excepté quelques [p. 231] cartouches et médaillons qui sont de la main du célèbre Le Sueur.
Dans la nef, on voit deux grands tableaux de Roselli ; celui qui est sous l’orgue représente Judith rentrant à Béthulie, après avoir coupé la tête à Holopherne ; l’autre, en face de la porte d’entrée, offre le roi David qui vient de couper la tête à Goliath.
Le buffet d’orgue commencé, dit-on, sous Henri II, et fini sous Charles IX, est décoré de colonnes composites cannelées ; l’ensemble est plein d’harmonie ; le dessin en est pur, agréable, et ne ressemble guère à la manière détaillée de ce tems-là.
Dans la chapelle qui est à gauche, en entrant dans le cœur, est un tableau de Stella ; il représente l’éducation de la Vierge.
Le tableau qui est en face, offre Saint Louis, faisant l’aumône. Ce tableau est d’un bon maître, mais il est inconnu.
Le maître-autel est décoré de colonnes composites, dont les futs sont d’un très beau marbre noir, les bases et les chapiteaux de marbre blanc. Ces colonnes, d’une très grande proportion, ressemblent à celles dont le cardinal Mazarin fit présent aux Jacobins de la rue Saint-Jacques.
Le tableau du maître-autel représente la Cène. Il est peint par le Poussin ; nommer ce grand maître, c’est faire l’éloge de l’ouvrage. Ce beau tableau doit être transporté dans le Museum du Louvre.
Au-dessus de ce tableau, dans un attique, est un Sainte Trinité, peinte par Vouet ; aux [p. 232] deux côtés sont deux anges en stuc, grands comme nature, tenant les armes de France ; leurs attitudes est très gracieuse. On les regarde comme un des plus beaux ouvrages de Sarazin.
Dans la sacristie, on voit deux tableaux de moyenne grandeur, au milieu desquels est placé un crucifix d’ivoire. Celui qui est à gauche représente une Vierge donnant à tetter à son enfant ; un autre enfant souffle le feu d’un réchaud, sur lequel est placé un vase de bouillie. Les figures de la Vierge et de l’Enfant Jésus sont pleines de noblesse et de grâce ; tout est peint avec la plus grande vérité. C’est un ouvrage du Corrège.
Le tableau qui fait pendant est une mère de pitié. Cet ouvrage, plein d’expression, est d’Annibal Carrache.
Le Christ d’Ivoire est, dit-on, de Michel-Ange, quoique très-beau, on peut douter qu’il soit de ce grand maître.
Ces trois précieux morceaux ont été donnés par le cardinal Mazarin.
En sortant du château, on arrive au Boulingrin, pièce de gazon, ainsi nommée pour la première fois en France, par Henriette d’Angleterre, femme de Monsieur, frère de Louis XIV ; la terrasse qui l’avoisine est de la plus grande beauté ; la vue dont on y jouit est étonnante par son étendue et sa variété ; l’imagination ne peut rien enfanter de plus merveilleux.
De-là, on arrive à une autre terrasse, qui est peut-être la plus magnifique et la plus longue qu’il y ait au monde ; elle est l’ouvrage [p. 233] de Le Nostre, et a douze cents toises de longueur sur quinze de large ; d’un côté, la forêt de Saint-Germain l’ombrage dans toute son étendue ; de l’autre, une forêt qu’on voit presqu’en plan, la rivière de Seine, des campagnes, des châteaux, un lointain immense, offrent le tableau le plus agréable et le plus sublime.
Près de là est le jardin nommé de Madame la Dauphine, parce qu’elle s’y promenoit souvent.
Plusieurs rois et reines de France ont fait de longs séjours à Saint-Germain ; il fut même question d’y construire un palais propre à la résidence ordinaire des Rois ; mais on préféra, à la magnifique situation de Saint-Germain, le local sauvage de Versailles, et cette préférence est attribuée à la volonté particulière de Louis XIV.
On prétend que la vue du clocher de Saint-Denis épouvantoit l’âme de ce grand roi. Saint-Germain, en présentant sans cesse le terme de sa gloire et lieu de son tombeau, l’auroit maintenue dans des idées lugubres et affligeantes ; c’est pourquoi Saint-Germain ne fut point préféré.
Une autre foiblesse avoit été cause autrefois que Catherine de Médicis n’habitoit point ce beau séjour. Un devin lui avoit prédit qu’elle mourroit proche Saint-Germain, c’est pourquoi elle fuyoit cette ville avec le plus grand soin ; elle voulut habiter le Louvre, mais, se rappellant qu’il étoit de la paroisse [p. 234] de Saint-Germain-l’Auxerrois, elle abandonna les constructions qu’elle y avoit fait commencer.
Le terrein de la forêt de Saint-Germain est très sablonneux ; c’est ce qui fait que l’on peut y chasser en tout tems, et que le roi y vient ordinairement prendre ce plaisir pendant la mauvaise saison ; elle est une des plus belles du Royaume, et contient cinq mille sept cens quatorze arpens. »

Dulaure, Jacques-Antoine

Récit par Eduard Kolloff de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 128] Die anmuthige Lage der Stadt Saint-Germain-en-Laye auf einem der vielen Hügel, welche die Ufer der Seine beherrschen, bewog zuerst Ludwig den Dicken, hier ein Schloß zu bauen. Dasselbe wurde im vierzehnten Iahrhundert von den Engländern zerstort und erstand erst unter Karl V wieder aus seiner Asche. Franz I erweiterte und verschönerte es, indem er ihm zu Ehren der Diana von Poitiers die Form eines gothischen D geben ließ. Ludwig XIV verließ diesen seinen Geburtsort aus Aberglauben und bewies gleiche Schwache, wie Katharina von Medicis, welche dasselbe Schloß aus einem andern Vorurtheile floh. Nostrodamus hatte namlich der französischen Agrippina prophezeit, daß sie in Saint-Germain sterben würde. Sie wählte darauf Paris zu ihrem Aufenthaltsorte und bewohnte das Louvre ; aber das Louvre grenzte an die Kirche Saint-Germain l'Auxerrois. Sie begab sich daher nach Blois, wo sie krank wurde und zur größten Ehre und Freude der Astrologen in den Händen des gelehrten Bischofs von Noyon starb, welcher Saint-Germain hieß.
Heinrich IV hat in Saint-Germain unermeßliche Summen verschwendet. Er fügte zu dem alten Schlosse noch ein neues hinzu, welches die Residenz der schönen Gabriele von Estrées wurdeWenn [p. 129] man sich damals über die an das Schloß stoßende Terrasse lehnte, erblickte man Kaskaden, Grotten, hängende Gärten u. s. w. Der König hatte den berühmten Mechaniker Francini aus Florenz kommen lassen, um in Saint-Germain die Wunder seiner Kunst zu zeigen. Dieser schuf daselbst die Grotten des Perseus und Orpheus, zwei Meisterwerke der mechanischen Bildnerei ; auf der einen Seite sah man den Perseus in voller Rüstung, wie er der an den Felsen gebundenen Andromeda zur Hülfe eilt, und emen ungeheuren Drachen, welcker wüthend aus einem Gartenteiche hervorschießt, besiegt und wiederum in den Abgrund zurückjagt ; gegenüber war Orpheus in natürlicher Größe abgebildet, auf einem Felsen sitzend und fromme Kirchenarien auf seiner Leier spielend, zur großen Rührung der ihn umgebenden Felsblöcke, welche Strome von Thronen vergießen, und aller Thiere der Schöpfung, welche vom Elephanten bis zur Blattmilbe, aus ihren Schlupfwinkeln herbeieilen, um den Tonen der Musik zu lauschen. Diese ganze künstliche Welt lebte, regte und bewegte sich aufs wunderbarste ; zum großen Verluste für die Kunst ist sie leider im I. 1649 untergegangen.
Unter den Nachkommen Heinrich IV wurde das Schloß von Saint-Germain ein Asyl für Iakob II und die Seinigen ; gegenwärtig ist es in eine militärische Strafanstalt verwandelt.
[p. 130] Die Stadt ist unbedeutend ; viele kleine Rentiers haben sich aus dem Lärm der Hauptstadt nach Saint-Germain zurückgezogen, obschon mehrere daselbst befindliche Reiterkasernen und das Garnisonsleben die angenehmen Spaziergänge und die ländliche Zufriedenheit und die gesunde Luft vielfach verbittern. Die Eisenbahn hat reges Leben in die Stadt gebracht ; bereits sind die Preise der Häuser und Wohnungen bedeutend gestiegen. Von der berühmten Terrasse hat man wirklich eine herrliche Aussicht auf das Thal der Seine, deren Lauf man von hier aus weithin verfolgen kann. Von Paris sieht man außer dem Triumphbogen wenig ; wohl aber die nordwärts gelegenen Anhöhen. Der Wald, welcher die Terrasse auf der Südseite beschattet, bietet äußerst liebliche Spaziergänge. Das alte weitläuftige Schloß mit vielen für den Architekten wichtigen Details ist für gewöhnliche Besucher unzugänglich geworden.
Das sogenannte Logenfest, ein Iahrmarkt, welcher alle Herbst gehalten wird, zieht jedesmal eine unermeßliche Menschenmenge nach Saint-Germain. »

Kolloff, Eduard

Commentaires de Thomas Raikes sur le château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 381] The first foundations of the Château de St. Germain were laid by Louis VI, some say by Charles V. Louis XI made a present of it to his celebrated physician Coictier, but this latter was despoiled of it after the death of his master. St. Germain has never since been separated from the domains of the Crown. It was frequently inhabited by the Court during the sixteenth and seventeenth centuries, but was finally deserted as a habitation by [p. 382] the Kings of France after the construction of Versailles.
The Emperor converted this château into a barrack for the élite of his guard; the Bourbons on their return made it the quarters for one of the companies of their Gardes du Corps, and repaired the chapel with good taste. Its inhabitants now consist of the porter and his wife. The original building of the Château Neuf have long disappeared; and the Château Vieux [* : Now a hospital for soldiers], the only one now in existence, was constructed by Francis I. The superb terrace was the work of Henry IV, who at the same time constructed the Château Neuf, far more vast and magnificent than the old.
From this palace, seated on the apex of the mountain commanding the river, was spread that succession of terraces, descending by different stages down to its banks, of which the remains still attract your attention as you climb up the hill from the railroad station at Peca. They were laid out in sumptuous gardens, and each step of this gigantic staircase was adorned with excavations, filled with all the prodigies of art which imagination could invent. The grottoes and recesses were filled with curious shell-work and spas, which glittered in the sun like diamonds; all around were statues and antique vases, made of the finest marble and prophyry, with the incomparable enamels of the sixteenth century. Hydraulic machines were employed to raise a supply of water for cascades; and the delighted courtiers rambled about this earthly paradise, surrounded by fabulous scenes, [p. 383] representing Perseus and Andromeda; Neptune surrounded by tritons and sea nymphs; Orpheus animating the Twelve Signs of the Zodiac by the sounds of his lyre, and other subjects of mythological romance. All has now disappeared; grottoes, gardens, fountains, even the foundation of the Château Neuf, when abandoned by Louis XIV. Only at the extremity of what was once one of the wings of the structure, remains a little low partition, with a single window. This modest remnant was formerly the bedchamber of Anne of Austria, in which Louis XIV was born. It now forms a part of a house kept by a restaurateur.
It was a strange destiny that preserved the palace of Francis I, while that of Henry IV, so much more magnificent, has been allowed to perish.
Who can say how long the Château Vieux will be allowed to boast this invasion of the order of time in its favour! Perhaps the eye of the speculator is already intent on calculating the value of the bricks and ponderous materials, the lead, and the ironwork. »

Raikes, Thomas

Procès-verbal d’une séance de l’administration de Seine-et-Oise demandant la concession d’un logement au château de Saint-Germain-en-Laye

« Liberté, égalité
Extrait du registre des délibérations de l’administration centrale du département de Seine et Oise
Séance publique du seize brumaire l’an septième de la République française, une et indivisible
Vu par l’administration centrale du département de Seine et Oise une pétition présentée par le citoyen Oflyn, médecin à Saint Germain en Laye, tendante à ce que l’administration le fasse rembourser du montant d’une charge et lui accorde un logement gratuit dans le château national de Saint Germain,
Observant que sa qualité de père de famille, ses infirmités, les traitements continuels qu’il opère gratis pour les vétérans et autres troupes en station dans ladite commune lui font espérer un favorable accueil,
Vu cinq certificats constatant que le pétitionnaire ne cesse de consacrer son tems et ses services au soulagement des militaires malades et qu’il existe au ci devant château bien des logemens inutiles,
Vu la délibération de l’administration municipale de Saint Germain du 23 fructidor an 6e estimant qu’il y a lieu par le département de faire droit à la demande du citoyen Oflyn en ce qu’elle est relative à la jouissance gratuite de son logement et sous la condition qu’il continuera ses soins gratuitement aux vétérans tant qu’il jouira dudit appartement, laquelle jouissance cesseroit aussitôt que l’intérêt public l’exigeroit,
Vu les observations du directeur de la régie, datée du cinq de ce mois, portant que la régie ne peut consentir à la concession gratuite d’aucun logement dans un bâtiment national, que cependant, attendu que le château de Saint Germain a, dans sa presque totalité, une destination militaire, que le citoyen Oflyn se rend très utile aux militaires qui l’occupent, il n’y a aucun inconvénient, et le bien public paroit exiger, que les chefs militaires l’autorisent à prendre un logement qui le mettra plus à même de distribuer des secours aux militaires malades et dont il ne payera aucun loyer, comme faisant partie du casernement,
L’administration, considérant que les certificats produits par le citoyen Oflyn excitent en sa faveur le plus vif intérêt,
Que cependant elle ne peut prendre sur elle de lui accorder le logement gratuit qu’il demanda sans avoir consulté l’autorité supérieure,
Considérant aussi que l’objet de la réclamation du même citoyen relatif au remboursement de sa charge ne concerne nullement le département,
Oui le commissaire du directoire exécutif,
Estime qu’il y a lieu par le ministre de la Guerre d’autoriser l’administration centrale à accorder au pétitionnaire un logement gratuit dans le ci devant château de Saint Germain en Laye, à la charge par lui de continuer ses soins aux militaires vétérans et autres et de cesser sa jouissance aussitôt que l’intérêt public le nécessitera,
Et arrête qu’expédition du présent, ensemble les pièces qui l’on motivé, seront adressées au ministre de la Guerre, invité à vouloir bien faire connaître le plutôt possible sa décision au département.
Arrête aussi que le citoyen Oflyn est renvoyé à se pourvoir vis à vis le liquidateur général de la dette publique de la partie de la Liste civile (le citoyen Denormandie) pour le remboursement de sa charge.
Pour expédition
Lepicier »

Quittance pour le décor de la grotte d’Orphée au Château-Neuf

« En la presence des notaires soubzsignez, Thomas Francine, ingenieur du Roy, a confessé avoir receu comptant de noble homme maistre Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy, la somme de dix huict cens livres tournois en [vide] à luy ordonnée sur estantmoings des aornemens et decoration de la grotte de l’Orphée à Sainct Germain en Laie et materiaux qu’il y fournit et entretenement de ses hommes qui y travaillent, de laquelle somme de XVIIIc l. il se tient content et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier, et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostelz desd. notaires le dix septiesme jour de septembre apres midy mil six cens trois, et a signé.
La soma di lire millaottocianto
Tomaso Francini
Chapelain, Le Vasseur »

Brevet de nomination du gouverneur de l’une des volières du Château-Neuf

« Aujourd’huy IIIIe aoust M VIc trente deux, le Roy estant à Saint Germain en Laye, bien informé de la capacité et experience que Pierre Berthin, concierge et garde meuble de son chasteau neuf dud. Saint Germain en Laye a à la conduicte et nourriture des oyseaux et volatilles, Sa Majesté luy a accordé et faict don de la charge, conduicte et gouvernement de ses oyseaux et autres volatilles qui sont en l’une des volieres dud. chasteau neuf de Saint Germain, que nagueres souloit exercer Hippolite Chamouin dit Chambert et à present vaccante par son decedz et trespas, veult et entend Sad. Majesté que led. Berthin jouisse des mesmes gaiges, droictz, revenus, esmolumens et entretenement qu’avoit led. Chambert à cause de lad. charge, m’ayant à cette fin comandé de luy en expedier le present brevet qu’Elle a pour ce voulu signer de sa main et estre contresigné par moy, conseiller en son conseil d’Estat et secretaire de ses commandemens.
Louis
De Lomenie »

Attestation de paiement pour des travaux aux terrasses du Château-Neuf

« Je Sebastien François Delaplanche, escuier, conseiller du Roy, tresorier general de ses Bastimens, jardins, arts et manufactures de France soubzsigné, certiffie à tous qu’il appartiendra avoir payé pendant l’année de mon exercice 1663 aux sieur Guillaume et François Villedo et Antoine Bricard, associez, entrepreneurs des ouvrages de maçonnerie des perrons, terrasses et closture de Saint Germain en Laye, la somme de cent cinquante neuf mil livres à compte des ouvrages de maçonnerie qu’ils ont faicts ausd. perrons, terrasses et closture de Saint Germain en Laye, en foy de quoy j’ay signé la presente.
A Paris, le XXVIIIe aoust MVIc soixante neuf.
Pour certifficat seulement
Delaplanche »

Certificat de don de la jouissance à vie du jardin des terrasses du Château-Neuf à Saint-Germain-en-Laye à la comtesse de La Marck

« Nous Charles Claude de Flahault de la Billardrie d’Angiviller, conseiller du Roi en ses conseils, mestre de camp de cavalerie, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, commandeur de l’ordre de Saint Lazare, de l’Académie royale des Sciences, intendant du jardin du Roi, directeur et ordonnateur général des Bâtimens de Sa Majesté, jardins, arts, académies et manufactures royales,
Certifions que le Roi, désirant donner à madame la comtesse de La Marck une nouvelle preuve de sa bienveillance, Sa Majesté lui a accordé la jouissance des trois terrasses de son château neuf de Saint Germain en Laye, vacante par la démission qu’en ont donné monsieur le prince et madame la princesse de Beauvau, auxquels pareille jouissance avoit été concédée par brevet du 28 juin 1773, pour par mad. dame comtesse de La Marck jouir desd. trois terrasses sa vie durant, telles qu’elles se poursuivent et comportent et ainsi qu’il est figuré et teint en jaune sur le plan déposé au bureau de la direction générale des bâtiments du Roi, à conditions toutefois d’en jouir par elle-même et de ne pas les céder à personne, sous quelque prétexte que ce soit. En foi de quoi nous avons fait expédier le présent certificat que nous avons signé, fait contresigner par le secrétaire ordinaire des Bâtiments du Roi et sceller du cachet de nos armes. Fait à Versailles le huit avril mil sept cent soixante et seize.
D’Angiviller »

Noailles, Marie-Anne-Françoise (de), comtesse de La Marck

Extrait du Théâtre des plans et jardinages de Claude Mollet concernant le jardin de Saint-Germain-en-Laye

« En l’an cinq cens quatre vingt quinze, le feu roy Henry le Grand me commanda de planter le jardin du chasteau neuf de Sainct Germain en Laye, si bien que je le fis planter tout de buys, et aussy le jardin de Monceaux, ensemble le petit jardin qui est sur l’estang du chasteau de Fontainebelleau. Tous ces trois jardins furent plantez en la mesme année tout de buys, qui sont encores à present en bonne forme. »

Mollet, Claude

Mention d’un marché conclu pour le pavage de la galerie des grottes à Saint-Germain-en-Laye

« Acte notarié du 5 mai 1665, signé par Colbert, et portant également les signatures de La Motte Coquart, intendant des Bâtiments, de Pierre et Nicolas Ménard, marbriers à Paris ; 2 pages et demie in-fol. 10 fr.
Document original intéressant. C’est un marché pour le pavage de la galerie des grottes du vieux château de Saint-Germain-en-Laye. (Catal. Voisin, 1896, n° 22129). »

Maison du Roi (Ancien Régime)

Description des locaux utilisés par les gardes du corps du roi à Saint-Germain-en-Laye, comprenant le château

« [p. 361] Le château servit, en 1815, de quartier à un corps anglais de dix mille hommes qui trouvèrent moyen de s'y caserner. Depuis il reçut une des compagnies des gardes du corps du Roi.
L'extérieur du château conserve encore un aspect imposant par sa masse. Il occupe une superficie d'un hectare cinquante-cinq ares seize centiares. La face du côté du parterre est gâtée par une avance en pierre de taille, qui renferme des lieux d'aisance. Celle sur la place dite du Château, bâtie par François Ier, est en pierre, et en conséquence d'une décoration différente du reste du bâtiment, partout ailleurs en pierre et en brique. De vastes fossés l'enferment, un balcon de fer, placé en 1668, et faisant le tour de l'édifice à la hauteur du premier étage, en est un des plus utiles ornemens.
Plusieurs écrivains assurent que la forme d'un pentagone irrégulier a été donnée à la cour du château par une galanterie de François Ier, qui voulait qu'elle ressemblât à un D gothique, première lettre du nom de Diane de Poitiers. Cette supposition n'a rien de fondé. Au lieu de chercher de la finesse et de la galanterie jusque dans une masse de pierres, il est bien plus naturel de présumer qu'on a multiplié les faces du château, peut-être dans un but stratégique, ou pour augmenter les points de vue, qui sont de tous côtés admirables.
On retrouve encore aujourd'hui, à travers plusieurs constructions plus ou moins nouvelles, des parties de la forteresse bâtie par Louis-le-Gros. A deux étages de profondeur sous la cour, on découvre [p. 362] les restes d'un escalier, avec les fondemens et les premières assises d'une tour qu'il desservait.
C'est tout ce qui en subsiste. Quant aux preuves que François Ier a fait travailler au monument qui nous occupe, elles se montrent dans les chiffres et les salamandres sculptés en divers endroits, et particulièrement sur les cheminées.
Du reste, les réparations que nécessitent les diverses destinations du bâtiment font disparaître tous les jours les témoignages de son antiquité. Une balustrade en pierre, avec des pilastres de distance en distance, existait sur la terrasse supérieure et régnait autour ; comme elle exigeait de grandes réparations, on a jugé à propos de la supprimer lors de l'établissement de l'école de cavalerie, et de la remplacer par un mur d'appui. Le clocher, renversé entièrement par la foudre, en 1683, ne fut point relevé sur le modèle de l'ancien, il fut établi en charpente et recouvert en entier en plomb.
Les distributions intérieures ont été si souvent changées, d'abord par Louis XIV, qui y fit de grands embellissemens, ensuite par les divers gouvernemens qui se sont succédé depuis 1789, qu'on n'y reconnaît que très peu de chose de celles qu'avait ordonnées François Ier. On retrouve cependant encore à l'ouest la grande salle qui servait pour les bals et les spectacles de la cour. Cette pièce, de cent quarante et un pieds de longueur sur quarante de largeur, est éclairée par huit grandes croisées, quatre sur la cour et quatre sur la place en face de l'église neuve. On voit encore sur la cheminée une [p. 363] salamandre en relief et les armes de François Ier. Elle sert aujourd'hui de salle pour l'appel des gardes du corps, lorsque le mauvais temps ne permet pas de le faire dans la cour.
Les appartemens royaux établis par Louis XIV, qu'on aimerait tant à reconnaître, à parcourir, et qui seraient aujourd'hui pour nous remplis de tant de souvenirs, ont été à leur tour, malgré le nom puissant qui semblait devoir les défendre, tellement divisés et subdivisés, qu'il est impossible de reconnaître même l'emplacement de la plus grande partie. Il est certain que toute la face de l'est était occupée par les pièces principales et d'apparat, telles que la salle du trône, celle des ambassadeurs, etc., et que les appartemens particuliers du monarque étaient à l'ouest.
L'appartement d'Anne d'Autriche était situé au premier étage, dans le pavillon du fond à l'est, ayant vue sur le parterre et la terrasse. Le salon sert aujourd'hui de salle de théorie pour les gardes du corps ; le conseil de la compagnie tient ses séances dans la chambre à coucher de la reine qui est à la suite. Dans ces deux pièces on retrouve encore les marbres des cheminées tels qu'ils étaient autrefois, mais c'est tout ce qui reste de leur ancienne magnificence. Les tableaux et peintures qui les décoraient, ainsi que ceux des autres appartemens, et même de la chapelle, ont été transportés à Paris, en 1802, par ordre du ministre de l'intérieur.
Le boudoir est encore garni des boiseries du temps. Les placards d'armoires de chaque encoignure contiennent [p. 364] la bibliothèque des gardes du corps. Une partie des livres qui la composent a été donnée par le ministre de la guerre, et l'autre par M. le duc de Gramont.
La dauphine Marie Anne Christine Victoire de Bavière, femme de Louis de France, habitait l'entre-sol, dans le pavillon de l'Horloge : c'est celui qui est le mieux conservé. Les sculptures dorées, les corniches ornées de dauphins, les marbres précieux des cheminées, en brèche et en sérancolin, sont en très bon état, à l'exception des fleurs de lys qu'on a fait disparaître. Les anciennes boiseries dorées du boudoir, sur les panneaux desquelles on voit encore les chiffres A. M. V., sont un peu dégradées. Un petit oratoire qui y communique a conservé aussi son ancienne décoration : dans la niche où était le prie-Dieu, on retrouve, sculptés sur bois, les attributs de la passion.
On prétend que Jacques II, pendant son séjour en France, occupa le logement de la dauphine. Cette allégation n'est pas juste, car tous les auteurs du temps disent que les appartemens de Louis XIV étaient-devenus ceux du roi d'Angleterre, et que ce dernier donnait ses audiences dans les salles du trône et des ambassadeurs.
Une des pièces de cet appartement sert de salle de réunion à la compagnie des gardes du corps, et les autres sont occupées par un maréchal des logis.
Au troisième, dans le pavillon de l'est, au fond de la cour, était l'appartement de madame de Montespan, dans lequel on voit encore les anciennes [p. 365] cheminées en bon état. Le boudoir, garni de boiseries dorées, est très bien conservé. Un petit escalier dérobé, qui conduit aux étages inférieurs, paraît être celui par lequel Louis XIV parvenait chez sa favorite.
L’appartement de madame de Montespan est généralement désigné comme ayant été celui de madame de La Vallière. C’est une erreur qu’il est facile de démonter : il est placé dans l’un des pavillons construits en 1680 ; or, madame de La Vallière, qui prit le voile de novice le 2 juin 1674 et prononça ses vœux le 4 juin de l’année suivante, ne put l’occuper six à sept ans avant qu’il fut construit. Comme toutes les filles d’honneur, elle logeait dans les combles ; et si on voulait trouver sa chambre, il faudrait la chercher dans celles situées dans ces parties, à l’une des deux encoigneures de la face du parterre. Effectivement, il y a aux fenêtres donnant sur la terrasse supérieure du château des grilles qui paraissent être du temps où madame de Navailles reçut ordre d’en faire placer aux fenêtres de toutes les filles d’honneur.
Par suite de la même erreur, on ajoute qu’il y avait au plafond du boudoir une trappe s’ouvrant sur la terrasse du château, par laquelle on prétend que le roi s’introduisait chez madame de La Vallière. Ce conte se réfute parce ce que nous venons de dire, ensuite la voûte a peut-être en cet endroit quatre à cinq pieds d’épaisseur, et est surmontée par un comble en charpente couvert en tuiles et en ardoises. Jamais il n’y a eu de trappe en cet [p. 366] endroit, et ce qu’on nombre comme en étant l’emplacement n’est que celui d’un tableau de plafond.
Dans toutes les constructions féodales, il existait une de ces redoutables prisons d’état, connues sous le nom d’oubliettes, et dans lesquelles un malheureux une fois descendu était perdu sans retour. Celles de Saint-Germain, aussi anciennes que le château, ou qui datent au moins de François Ier, étaient adossées à l’épaisseur d’un pilier en pierre qui supporte les retombées des voûtes d’une partie du pavillon dit de l’Horloge, qui n’était autrefois qu’une tour flanquant les ailes nord et ouest de l’édifice. Ces oubliettes, dont une partie existe encore, avaient six pieds carrés, descendaient à dix pieds au-dessous du niveau des caves qui ont deux étages l’une sur l’autre, et s’élevaient jusqu’au premier étage du bâtiment. La hauteur en a été interrompue au niveau du rez-de-chaussée par les constructions faites sous Louis XIV. Les murs qui environnent ces oubliettes ont jusqu’à vingt pieds d’épaisseur, par suite des additions qu’il a fallu faire pour joindre le pavillon au corps de l’édifice.
L’entrée de ce gouffre, dans lequel ne pénétrait pas même l’espérance, était fermée de deux portes ; l’une, de six pouces d’épaisseur et doublée en fer, a été détruite lors de l’établissement de l’école de cavalerie ; la deuxième fut conservée. A cette époque, les oubliettes furent comblées jusqu’à la hauteur du sol des caves. Quelques marches qui existaient encore et qui servaient à descendre dans cette fosse, [f. 367] indiquaient à quel funeste usage elle était employée.
Sur les murs de ce souterrain, on remarquait avec douleurs des armoiries grossièrement sculptées par des mains inhabiles. Ces ouvrages étaient les délassemens de quelques malheureux prisonniers à qui il ne restait que ce moyen de faire connaître à leurs successeurs dans ce lieu sépulcral, qu’ils y avaient gémi avant eux et y avaient subi la mort qui les y attendait.
Plusieurs grilles, placées à diverses hauteurs dans le mur principal du puits de descente, fermaient autant de cachots obscurs qui ne recevaient d’air que par l’ouverture du gouffre. Depuis Louis XIV, ces cachots ont été transformés en de vastes caves qui communiquent aux fossés du château.
La chapelle, de construction dite improprement gothique, fait partie de la masse du château et ne s’élève qu’à la hauteur de son second étage. Elle est entourée de corridors et d’escaliers qui y communiquent par des portes inaperçues de l’intérieur. Elle a environ quarante pieds de hauteur, trente de largeur et soixante-dix de longueur. La voûte est soutenue par des piliers ornés de fuseaux du même style que le reste du bâtiment et qui se croisent dans tous les sens. La coupole du chœur se distingue par sa légèreté ; des rosaces en pierre, fort bien sculptées, et laissant apercevoir une tête couronnée au centre de leur assemblement, servent de clefs aux différens arcs de la voûte. L’intérieur de ce temple est éclairé par des ouvertures garnies de [f. 368] trèfles en pierre et surmontées d’ogives en fuseau.
Nous avons vu comment Louis XIII prit à l’orner un soin tel que son fils, malgré son goût pour les constructions et les embellissemens, n’y trouva rien à faire. La chapelle resta donc comme elle était, et fut soigneusement entretenue quand la cour eut été transportée à Fontainebleau. D’anciens habitants, qui se rappellent encore sa splendeur passée, n’en parlent qu’avec enthousiasme.
Lors de la tourmente révolutionnaire, l’autel fut démoli, les colonnes furent renversées et transportées plus tard au musée des Petits-Augustins à Paris, où on les voyait encore il y a quelques années. Les boiseries du chœur furent brisées, les grilles vendues, les parquets arrachés, les carreaux en marbre de la nef mutilés et détruits, et des inscriptions cachées depuis des siècles aux yeux des hommes furent mises à découvert. Rien ne fut épargné de ce qu’on aperçut et de ce qu’on put atteindre.
Les peintures de la voûte échappèrent cependant comme par miracle à cet affreux désastre. La poussière qui s’échappait des débris qu’on s’empressait d’accumuler forma, en s’élevant, un voile épais qui les déroba aux yeux des destructeurs. Malgré cela, ces peintures n’en sont pas moins perdues en partie pour nous : oubliées pendant quarante ans, l’humidité les endommagea, et nous voyons périr journellement ces chefs-d’œuvre que la faux du temps et les passions humaines, plus cruelles encore, avaient jusqu’ici respectés.
[p. 369] Les descendans de saint Louis ne pouvaient laisser dans l’abandon un monument tout plein encore du souvenir de leurs aïeux. Sa Majesté Charles X accorda environ cinquante mille francs pour faire les réparations les plus urgentes, et mettre l’intérieur dans un état de décence tel qu’on y pût célébrer les offices divins. En 1826, M. Meunier, ingénieur militaire, fut chargé de la surveillance des travaux, sous la direction du commandant en chef du génie de la Maison du Roi ; et le 6 janvier 1827, jour de l’Epiphanie, la chapelle fut bénite en présence des autorités civiles et militaires et de l’élite de la population de Saint-Germain.
Nous n’examinerons pas s’il eût été mieux de n’avoir aucun égard aux constructions faites sous Louis XIII, qu’on a tâché de mettre en harmonie avec les travaux modernes ; peut-être eut-il été préférable de prendre pour point de départ les constructions antiques et de conserver à l’édifice son caractère primitif. Nous nous contenterons de dire quelques mots sur cette dernière restauration.
Le maître autel a été replacé sur ses anciens piédestaux qu’on a relevés ; les colonnes en pierre qui l’accompagnent ont été peintes en marbre ainsi que leur couronnement, et rehaussés de dorures et de décors distribués avec goût, les chapiteaux des colonnes dorés en entier, de même que leurs bases. On a restauré les deux tribunes latérales, rétabli les anciennes balustrades de la nef, refait la tribune du fond en la rattachant à ces balustrades que l’on a redorées. Sous cette tribune, où il y avait [p. 370] autrefois six colonnes qui produisaient un bel effet, on n’en a replacé que deux, ce qui nous semble moins heureux. On a refait la boiserie du chœur seulement, d’après les données qu’ont pu fournir les débris des anciennes. On a remplacé par des mitres entourées de guirlandes les décorations des quatre portes du chœur, et on les a peintes pour leur donner le ton de la boiserie neuve. Cette peinture était nécessaire sans doute, mais elle empêche de reconnaître de suite la beauté du travail et force l’observateur à la chercher.
Le bénitier paraît être aussi ancien que la chapelle, et peut-être date-t-il de l’époque de sa construction : il est en marbre et a la forme d’une coquille ouverte. Ce n’est pas l’objet le moins intéressant pour ceux qui aiment à remonter dans les siècles écoulés et à chercher dans les objets qui les ont traversés le souvenir de ceux qui les illustrèrent.
On regrette que les niches latérales du chœur soient restées vides, et qu’on n’ait rien placé sur chaque groupe des colonnes de l’autel, où étaient autrefois les deux anges adorateurs. Les vitraux, qui étaient en verre ordinaire, ont été remplacés par des panneaux avec bandelettes en verre de couleur, dont les reflets produisent un effet avantageux sur les bordures des piliers. Une grille simple et de bon goût sépare le chœur de la nef, dont les murs ont été peints en marbre blanc, mais avec moins de talent que le maître autel, où la vérité d’imitation laisse peu à désirer. Le chœur est planchéié et la nef pavée en carreaux de marbre [p. 371] noir et de pierre de liais. On a cherché à marier les dorures neuves qui vont jusqu’au-dessus des tribunes avec les anciennes dorures des voûtes.
Quant aux tableaux de la nef dont nous avons parlé, et qui se détériorent tous les jours davantage, on les a raccordés çà et là par quelques coups de pinceaux qui sont loin de leur rendre leur beauté primitive. On a senti combien il était important de restaurer cette partie intéressante. M. Abel Pujol, à qui ce travail a été proposé, demandait, pour l’exécuter, plus d’argent qu’il n’en avait été accordé pour la réparation entière de la chapelle ; il a fallu y renoncer.
Au-dessus du maître autel, on a placé une copie du chef-d’œuvre de Poussin, au lieu de l’original qu’on y admirait autrefois.
Telle qu’elle est du reste, la chapelle du château de Saint-Germain est bien faite pour exciter la curiosité, et elle ne manquerait pas de captiver l’attention, si on lui rendait un jour son ancien éclat.
Ruines du château neuf. Louis XIV ayant établi sa cour dans le vieux château, le palais bâti par Henri IV ne servait qu’aux réunions des assemblées du clergé de France, qui avaient lieu tous les cinq ans. Bientôt, abandonné entièrement, il ne tarda pas à se dégrader, et on n’y fit aucune autre réparation que de relever une terrasse qui s’était écroulée en 1660. Jaloux de posséder une habitation plus moderne sur le terrain qu’Henri IV avait si bien choisi, et sur le lieu même où était né [p. 372] Louis XIV, monseigneur le comte d’Artois obtint, en 1776, du roi son frère, le château neuf et le boulingrin. Les démolitions furent faites en partie, et on commença des travaux qui, interrompus par les événemens de la Révolution, n’ont point été repris et ne le seront probablement jamais.
C’est à travers des décombres et des voûtes enfoncées qu’il nous a fallu aller chercher des traces de l’ancienne magnificence du château neuf. Il est facile de distinguer les restes des constructions premières de celles faites sur la fin du dernier siècle ; mais sur les terrains aliénés, c’est avec quelque difficulté qu’on parvient à retrouver encore des portions des bâtimens. Nous commencerons notre description par les terrasses inférieures.
Les jardins, qui s’étendaient jusqu’au bord de la Seine, sont aujourd’hui des propriétés particulières, où on ne remarque qu’un pavillon d’un étage surmonté par un comble très élevé couvert en ardoises. Le chemin du Pecq aux vignes sépare ces jardins des grottes ; on voit encore, dans les débris d’un mur de terrasse qui borde le chemin, des pierres circulaires et un petit aqueduc. Au-dessus, et vers le milieu, se trouve un bâtiment décoré de niches carrées surmontées d’une partie circulaire et couronné par un autre renfoncement orné de médaillons. Au milieu sont trois arcades donnant entrée à une grande salle, décorée de pilastres portant des arcs doubleaux dont les entre-deux sont revêtus de briques. On voit encore une espèce de réservoir communiquant avec le haut par un soupirail [p. 373] destiné sans doute à la conduite des eaux qui alimentaient les jets placés à l’intérieur.
Dans un enfoncement, en suivant la pente gauche qui conduit au bâtiment dont nous venons de parler, il existe une pièce voûtée en arc de cloître, qui devait être richement décorée. Elle est en assez bon état de conservation, sa partie basse seulement est comblée par un amas de démolitions. Des arcs doubleaux en pierre et des tableaux garnis de coquillages et de nacre portent sur une corniche chargée de moulures. La frise est ornée d’enroulemens où se trouvent des fleurs de lys. Au milieu de chaque face on distingue encore un chiffre composé des lettres M H et de deux palmes croisées. On remarque dans les doubles niches de la nacre et des coquilles qui forment des dessins. A droite et à gauche sont des cariatides. Cette salle offre de l’attrait à la curiosité.
Un avant-corps avec pilastres toscans et piédestaux se rencontre à l’endroit où se termine la pente douce. Le mur soutenant la terrasse est décoré d’arcades entre lesquelles sont des tables saillantes en pierre. Le revêtement extérieur des six dernières est tombé et laisse la maçonnerie à découvert.
Plusieurs pièces de gauche, dont les jours sont en partie bouchés, se trouvent assez bien conservées. Quant à celles de droite, il n’en existe plus rien.
Les pentes douces, ainsi que les terrasses où elles aboutissaient, étaient pavées de petites pierres carrées [p. 374] parfaitement taillées. On en remarque encore plusieurs parties d’une grande beauté.
Sur la sixième terrasse, défoncée en plusieurs endroits par la chute des voûtes inférieures, s’élève un grand bâtiment en pierre qui a été reconstruit pour soutenir la partie qui s’était écroulée sous Louis XIV. La façade est décorée de niches circulaires et terminée par deux avant-corps, d’où partent des rampes sur lesquelles s’appuient les pentes douces qui descendent du haut. Une corniche ornée de consoles d’un assez beau caractère le couronne. L’intérieur est élevé de quatre marches au-dessous du sol ; il se compose de plusieurs pièces où on remarque des stalactites en pierres sculptées. L’extérieur paraît n’avoir jamais été terminé.
Les murs qui s’élèvent au-dessus pour soutenir les jardins sont d’une grande hauteur ; ils sont bâtis en pierre et en brique, mais leur dégradation est telle, dans la partie supérieure, qu’on ne peut en reconnaître le couronnement. A l’extrémité à droite, du côté des vignes, on remarque un petit aqueduc disposé par étages et qui devait communiquer avec ceux qui se trouvaient dans le jardin au-dessus et dont il reste des vestiges. Ce mur est interrompu dans le milieu de sa longueur par un passage qui conduisait au château même.
On voit de même à droite un pavillon carré à deux étages, couvert en dôme. L’extérieur, décoré d’assises, de tableaux en pierre et remplissage en brique, avec une corniche de bon style, produit [p. 375] encore un bel effet. Le rez-de-chaussée renferme une salle dont la voûte est enjolivée de coquillages, de nacre et de petites figures en relief. Un escalier conduit au premier étage qui forme la chapelle du château. On y trouvait, il y a peu d’années, de très beaux restes des ornemens qu’on y admirait autrefois. Ce pavillon ayant été loué par bail emphytéotique, on a voulu en faire une maison d’habitation, et pour y parvenir on a coupé la chapelle sur sa hauteur par un plancher, et divisé le bas en un petit appartement. Malheureusement ces travaux ont fait disparaître ce qu’il pouvait y avoir de curieux. Le Domaine, rentré depuis peu dans cette propriété, va établir dans les constructions faites par le locataire les bureaux d’un architecte attaché à son administration.
On peut encore voir, à gauche de la chapelle, une baie pratiquée dans un mur de soutènement qui donne entrée à un caveau octogone bien conservé et parfaitement sec, quoique couvert de plus de six pieds de terre.
La partie gauche, qui correspond à ce que nous venons de décrire, était en tout semblable à celle-ci pour l’ensemble des constructions ; devenue depuis longtemps une propriété particulière, la distribution intérieure ne présente plus rien de ce qui existait.
Les bâtimens qui font face au parterre et à la grande terrasse ont été élevés sur les fondations de ceux du château neuf. Le rez-de-chaussée de la maison dite Hôtel du vieux château a subi peu de [p. 376] changemens, et le pavillon qui est situé dans la même propriété est un des six qui bordaient la cour principale.
Voilà tout ce qui survit de tant de grandeur et de magnificence, d’un palais bâti par Henri IV et dans lequel est né Louis XIV ! On ne trouve plus que des morceaux de décombres que le temps assiège et disperse.
Hôtel des gardes du corps de la compagnie de Luxembourg. Ecuries, manèges etc. affectés aux deux compagnies
L'hôtel situé rue de Versailles a été construit en 1823 et années suivantes, par le Génie militaire de la Maison du Roi, pour contenir environ les deux tiers des gardes du corps de la compagnie de Luxembourg. Il est élevé de cinq étages, et dans une position si heureuse qu'on l'aperçoit de deux à trois lieues.
L'ensemble présente une façade de cent trente-cinq pieds, et une profondeur de quarante-trois. Il est placé perpendiculairement aux grandes écuries, et forme la partie latérale de la carrière de manœuvre. On construit en ce moment, rue de Versailles, un bâtiment qui doit servir de succursale à celui-ci, et offrir les salles nécessaires à l'instruction de la compagnie, le logement des officiers inférieurs, les cuisines, etc. A l'extrémité on doit établir une grille qui sera l'entrée principale de l'hôtel neuf, du côté de la rue de Versailles. Ces constructions ont beaucoup embelli ce quartier de la ville.
L’Abreuvoir, qui est à gauche sur la rue de Paris, [p. 377] avait été fait sous Louis XIV, pour en remplacer un ancien existant alors place du Château, il fut reconstruit en 1820, dans l'alignement des écuries de la compagnie de Luxembourg. Le Génie militaire proposa aux autorités municipales d'entrer pour un tiers dans la dépense, et de le rendre commun à la Ville et à la Maison du Roi. On ne sait pourquoi une pareille proposition n'a pas été accueillie avec empressement.
Cet abreuvoir a cent douze pieds de long sur quarante-cinq de large ; il est alimenté par le trop plein d'un réservoir placé intérieurement dans les grandes écuries, et qui approvisionne toute la maison. Un canal dans lequel peut passer un homme, a été pratiqué pour l'évacuation des eaux, et s'étend jusqu'au Pecq, en traversant les écuries, la grande côte de Paris et une propriété particulière. Il a été construit en même temps que le réservoir dont il est la décharge.
Le long de l'abreuvoir est une auge d’environ cent pieds de long, portée sur des dés. Deux bornes d'extrémité en font le principal ornement.
La grille placée en face, et qui a environ cent pieds de large, produit un fort bel effet.
Les Écuries, situées rue de Paris, au coin de la place royale, et qui sont destinées à la compagnie de Luxembourg, étaient celles de la reine : elles sont dénommées actuellement Écuries du roi. Elles ont été bâties en 1766 et peuvent contenir cent soixante-douze chevaux. Elles sont doubles, ont vingt-quatre pieds de hauteur et les râteliers sont [p. 378] placés au milieu du bâtiment. Les fondations, auxquelles on a donné un soin particulier, reposent sur un bon terrain qu'il a fallu aller chercher vers l'extrémité de la rue de Paris, jusqu'à la profondeur de vingt pieds. Les eaux tombent dans le canal qui passe sous ces écuries par des ouvertures placées de distance en distance, et fermées par des grilles de fer.
Ce qui fait le mérite de cette construction, dont la décoration extérieure est originale, sont les facilités qu'offrent les divers passages pour arriver dans la cour intérieure, qui a cent quarante pieds de longueur sur cinquante environ de large ; ensuite l'abondance des eaux que fournit le réservoir qui contient environ vingt muids.
L'aile qui s'appuie sur la côte de Saint-Germain et qui est en potence, renferme le Pavillon d'état-major et le pied-à-terre de M. le duc de Luxembourg. C'était autrefois le logement du prince Borghèse.
En face de ce pavillon, à l'autre encoignure de la place royale, est l'Hôtel de l'état-major de la compagnie de Gramont : acheté en 1814 pour cette destination, il n'a de remarquable que le jardin qui en dépend. On y a masqué avec art les bâtimens adjacens et les anciens murs de soutènement du château neuf. Il réunit une brillante collection de fleurs rares, et une innombrable variété de roses.
A l'angle nord-est du sommet de la grande côte du Pecq, la Maison du Roi fit, en 1814, l'acquisition de terrains pour la construction d'un grand [p. 379] manège couvert nécessaire à l'instruction des gardes du corps, qui n'avaient à leur disposition que l'ancien jeu de paume, insuffisant pour les deux compagnies. Le 11 juillet 1816, M. le duc de Gramont posa la première pierre de cet édifice. Une médaille fut frappée à cette occasion, et un discours analogue à la circonstance fut prononcé par M. le chevalier Carette, capitaine au corps royal du Génie, chargé, avec M. le comte du Moncel, chef de bataillon de la même arme, de la direction des travaux.
Ce bâtiment a cent cinquante pieds de long sur cinquante de large. La charpente du comble est très soignée, et construite à la manière de Philibert de Lorme. Une coupole, formant tribune à l'extrémité du manège, sert aux personnes qui veulent assister aux manœuvres sans descendre dans l'intérieur. Les croisées qui éclairent cette coupole, espacées symétriquement sur une demi-circonférence, dominent toute la côte du Pecq.
Vis-à-vis le grand manège, entre l'avenue du boulingrin et la rue de Paris, se trouve la grille de sortie des anciennes grandes écuries du roi, qui complètent aujourd'hui, sous la dénomination d'Écuries des gardes du corps du roi de la compagnie de Gramont, le casernement de cette compagnie. L'entrée principale est sur la rue de la Verrerie.
Elles sont composées de deux corps de bâtiment élevés dans un vaste manège découvert, l'un du côté de l'hôtel du Maine, l'autre formant un côté de la rue de Paris, depuis la rue de la Verrerie [p. 380] jusqu'à la côte. Les extrémités ont été construites en même temps que la côte de Saint-Germain et la place circulaire qui annonce l'entrée de la ville. La distribution intérieure est en tout point vicieuse : les pièces sont, les unes basses, les autres élevées, les unes petites et pouvant à peine loger cinq chevaux, d'autres vastes et susceptibles d'en recevoir cinquante. Malheureusement l'état des choses est tel qu'il est impossible d'y remédier.
Pendant la Révolution, et jusqu'à l'installation de l'école spéciale de cavalerie du château, ces bâtimens, et le jeu de paume dont on fit un manège, servirent à la troupe lorsqu'il y en avait en garnison. Depuis cette époque, ils furent soumis à la même administration que le château, dont ils étaient une dépendance.
La grande cour est d'une utilité majeure pour la cavalerie. Elle offre une superficie d'environ treize cents toises.
En suivant la rue de la Verrerie depuis le chenil jusqu'à la rue de Paris, il n'existait autrefois que l'hôtel du Maine ; mais une portion en ayant été vendue pendant la Révolution, il n'est resté que les écuries, rétablies en 1814, et une partie du terrain sur lequel on construit, aux frais de la Liste civile, de nouvelles écuries.
Le Jeu de Paume, bâti sous Louis XIV pour l'amusement des seigneurs de sa cour, a soixante pieds de long sur vingt-cinq de large : les croisées qui l'éclairent sont à vingt-cinq pieds du sol. Du côté du nord, il est mitoyen avec une maison occupée [p. 381] autrefois par le contrôleur des Bâtimens royaux, maintenant l'Hôtel des Étrangers ; derrière était une vaste cour de cinquante toises de longueur sur trente de largeur. Au sud, le Jeu de paume s'appuyait sur une dépendance du Chenil, remplacée en 1818 par une maison où sont établis les bureaux du Génie militaire.
Le Jeu de paume sert actuellement de manège pour le dépôt de la compagnie de gardes du corps qui est de service, le grand manège étant réservé pour celle qui tient garnison dans la ville.
Parterre
François Ier fit abattre, autour du vieux château, les arbres qui masquaient le point de vue. Ils furent remplacés, vis-à-vis de la façade nord-ouest, par un jardin de peu détendue que
Louis XIV fit agrandir en 1674 et planter en parterre, sur les dessins de Le Nôtre. Il se composait de deux grandes pièces de buis, où étaient des bassins de quarante pieds de diamètre placés l'un en face de la Surintendance, vis-à-vis le pavillon du château dit de l'Horloge, et l'autre vis-à-vis du pavillon de l'est. Ils étaient environnés de plates-bandes garnies de fleurs de toutes les saisons, et séparés par une allée de dix toises de largeur se dirigeant vers les Loges, et au bout de laquelle on voyait un troisième bassin de quatre-vingts pieds de diamètre. Ce jardin, entouré de contre-allées de tilleuls et de marroniers d'Inde , qui fournissaient une délicieuse fraîcheur, était séparé de celui de la dauphine par un bosquet charmant, [p. 382] par quatre rangs d'ormes et par une orangerie garnie des arbrisseaux les plus rares. Une vaste allée de marroniers conduisait de l'extrémité du parterre à la grande terrasse.
La façade du château avait été mise en harmonie avec ces plantations : un perron de quatre-vingts pieds de large régnait sur toute la largeur du jardin. A la place de la grille qui fait face à la route des Loges, était un perron de cent soixante pieds de longueur, surmonté de deux autres de vingt pieds chacun.
Ces plates-bandes et ces perrons n'existent plus ; les bassins et jets d'eau avaient besoin de réparations, on les a comblés en 1750 ; les buis et le bosquet ont été arrachés; l'orangerie a été démolie à la même époque ; le jardin de madame la Dauphine a aussi disparu : une partie des grilles qui le fermaient a été placée en face de l'avenue des Loges, et le reste fut donné au duc d'Ayen pour son hôtel. On a caché par une haie le mur qui sépare le parterre de la forêt ; entre cette haie et ce mur il existe un espace dans lequel se trouvent un jardin assez mal entretenu et deux glacières qui dépendent du domaine royal.
On doit au maréchal de Noailles, long-temps gouverneur de Saint-Germain, les grilles principales du parterre et celles qui séparent la ville des issues de la forêt.
Le Parterre, qui ne devrait plus porter ce nom, puisqu'on y chercherait en vain une fleur, est cependant encore une très belle promenade. Sa superficie [p. 383] est de douze hectares dix-neuf ares trente centiares. Le long des fossés du château s'étend en pente un terrain plus élevé que le sol ; au bas, se trouvent deux pièces de gazon formant une vaste pelouse, terminée à gauche par des maisons particulières et par une allée de tilleuls; à droite, par une allée semblable, au-dessus de laquelle domine majestueusement la cime des marroniers ; à l'extrémité est une grille. Au bout de la pelouse à droite, s'ouvre une magnifique allée placée parallèlement au château, et aboutissant à la petite terrasse qui se trouve entre le château neuf et la place Dauphine : c'est le lieu de réunion et la promenade favorite des fashionables de la ville.
De la grande allée au vieux château, est un vaste quinconce planté de jeunes tilleuls et entouré d'allées doubles. Au centre on a réservé une place autour de laquelle sont plusieurs bancs de pierre.
Il y avait une entrée du Parterre qui venait de la rue du Château-Neuf, passait près des fossés du château, et conduisait à une superbe avenue de marroniers parallèle à la terrasse et correspondant à une grille sur la forêt. On ne sait trop pourquoi ce chemin est coupé par un jardin dont on laisse la jouissance à un particulier : c'est un abus manifeste, qui enlève aux promeneurs l'effet admirable que produisent les allées et contre-allées plantées dans cette direction, et qui d'ailleurs intercepte le chemin de ronde du château.
Terrasse
Cette magnifique promenade, construit [p. 384] en 1676 par Le Nôtre, s'étend, sur une longueur de douze cents toises et sur une largeur de quinze, depuis le château jusque une des portes de la forêt qu'elle longe dans toute son étendue. La partie qui touche à la futaie, plantée en 1745 d'une ligne de beaux arbres et d'une charmille, donne un agréable ombrage aux promeneurs. La partie opposée, appuyée dans toute sa longueur sur un mur de soutènement et bordée d'un garde-fou en bois, offre une perspective immense dont la variété de ses aspects fait un des plus beaux points de vue de la France et peut-être de l'Europe.
D'un côté, le spectateur découvre entre le coteau et le lit onduleux de la Seine qui se déroule à ses pieds comme un ruban d'azur, le château de Maisons, les villages et hameaux du Mesnil, Vaux, Carrières-sous-Bois, le Belloi, le Pecq, le château et la ville de Saint-Germain, le Port-Marly, la pompe à feu, et l'imposant aqueduc qui semble suspendu dans les nuages, l'île de la Loge, Prunai, Louveciennes, Voisin-le-Bois, la Celle, Bougival, la Chaussée, la Jonchère, Ruel, Nanterre, la Malmaison et le Mont-Valérien.
De l'autre côté du fleuve, et vis-à-vis le Mesnil, les yeux se reposent sur les villages d'Herblai,
Montigny, la Frette, Cormeil, Sartrouville, Houille, Montesson, le bois du Vésinet, Croissy, Chatou, Argenteuil, les tours de l'antique abbaye de Saint-Denis, et dans le lointain s'élève le dôme doré des Invalides, étincelant des feux du soleil. Sous les yeux, et tant que la vue peut s'étendre, se déploie [p. 385] une multitude de cultures aussi riches que variées, animées par une population partout en mouvement.
Tel est ce superbe point de vue dont on pouvait tirer un si beau parti, que Louis XIV dédaigna ou ne sut pas apprécier, et dont les étrangers viennent admirer la majesté imposante.
La Terrasse n'est pas le seul endroit de Saint-Germain d'où l'on jouisse d'un coup d'œil magnifique : du côté de la rue des Ursulines et de celle de Mantes, le paysage est très varié, et orné de tableaux gracieux. Si, en ménageant une ouverture pour la grande côte, on eût prolongé la Terrasse depuis le château neuf jusqu'à l'extrémité de la rue de la Grande-Fontaine, de manière à ce qu'elle embrassât toute la partie sud et sud-ouest, il est certain que cette ville eût possédé une promenade plus susceptible encore d'étonner le voyageur. »

Goujon, Abel

Lettre concernant l’avancée des travaux à Saint-Germain-en-Laye

« De Saint Garmin, ce dimanche 15e avril 1663
Monsieur,
Madamme Villedot la mer est morte, ce quy est causse que les sieurs Villedot ne peuvent estre ycy demin, et comme il n’y aura personne, je ne partiray pas aujourd’huy de Saint Garmin, afin de donner ordre partour.
Tous les logement que nous avons commencé sc’avance beaucoup, mais il n’y a encor rien d’achevez entieremnt. Il y a bien à chacun logement quelque chosse de finy, mais se seroit vous air un destail quy vous pouroit estre ennuyeux. Quant il y aura un apartement entierrement finy, je vous en donneray avis.
Le fer à cheval qui descendoit du château dans la premiere terrasse est quassy tout desmoly et les voultes aussy quy portoient led. perron.
La fondation du gros mur pour revestire le jardin en parterre que faict monsieur Le Noste à la place du plans des preniers n’est pas encor tout à faict fouillée, et je ne scay quand on trouvera la bonne terres pour la bonne fontation. C’est à quoy je prendrai garde que elle soit bien fondé.
Et aussy que l’on la remplisse de bons mattereaux car ceux de ce pays cy ne sont pas tous bons et je vois desja que l’on ne prend pas grande precaution à les bien choissire, ins au contrere. J’auray l’honneur de vous en n’entretenire.
Comme aussy pour de la pierre que l’on prend dans l’isle de Neully et aux environs.
Monsieur Le Noste a fort advancé son parterre en terrasse. Il y en a les deux tierre d’esplany, pres à planté, et un tierre planté de buis et gason.
Je suis, Monsieur, vostre tres heuble et tres obeissant serviteur.
Levau le jeune »

Lettre concernant l’avancée des travaux à Saint-Germain-en-Laye

« De Saint Garmin, ce 11e avril 1663
Monsieur,
Je fut dimanche dernier pour avoir l’honneur de vous rendre compte de mon voyage de Versailles et de Saint Garmin, et recepvoir vos commandement, mais estant pressé de retourner le mesme jour, je ne put avoire ce bonheur : ce sera, s’il vous plais, pour dimanche prochin. Cependant, mon frere vous aura dict comme le Roy fut assé satisfait des advances des ouvrages de Versailles et le temoigna en disant deux ou trois fois que l’orangerie s’avançoit.
A vous dire le vray, le caot de tout ce melanges d’ouvrages se desbroulle et de jour en jour on vera croisre quellques choses de nouveau. Reste à y faire un tour de temp en temp pour y donner les ordres necessaire.
Cependant, j’ay planté mon piquet à Saint Garmin pour desbrouiller encor un aultre caot des logements et apartements du château vieux et neuf, bien plus mellangé et confus que les ouvrages de Versaille, comme vous pourés cognoiste par le memoire que mon frerre vous aura montré, mais bien esloigné de la despence de ceux de Versaille, n’estant que des racommodements, lesquelles je faicts acomoder avec tout le plus grand menage que je puis faire et avec la plus grande dilligence possible, car nous n’avons point de temp à perdre.
Et s’il vous plais, Monsieur, je m’intruiray un peu plus que je ne suis de touttes les aultres ouvrages, tant pour la descente du grand escallier que des terrasse et jardinages, pour vous informer particullierement de tout ce quy ce passera. Et pour ce faire, il faudroit, scauve vostre meilleur advis, qu’il ne fissions rien que de consert ensemble.
Monsieur Le Noste est ycy avec plusieur ouvriers pour faire le parterre en face du bout de la grande gallerie de l’apartement du Roy, où estoit un plan de preniers, lesquels on a abatus. La terres est esplanie et on commencera demin jeudy à planter le buis.
Le sieur Villedot cadet est aussy ycy avec cinq cens ouvriers environ. Il faict faire la fondation du gros mur pour soutenire led. parterre que faict faire le sieur Le Noste. Elle n’est que à demy fouillé dans la fondation.
Il faict demolire en delligence le grand escallier du fer à cheval de la descente du chasteau neuf.
Nous fessons travailler à tous les acomodements des logements des deux chateaux où il y a plussieurs massons. Je ne puis vous en dire davantage, car il n’y a encor rien d’achevez mais je pense que la semainne ne ce passera pas sans achever quelque chosse et dimanche j’oray l’honneur de vous l’aller dire.
Cependant, il vous plaira, sy vous le trouvé bon, de me faire scavoire vostre volonté que j’executeray autant vien que il me sera possible et avec autant de zel et d’efection que je suis, Monsieur, vostre tres heumble et tres obeisant serviteur serviteur et obligé.
Levau le jeune »

Acte de baptême de Louis Delagarde dans la chapelle du Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye, la reine étant sa marraine

« Le 16e jour de juillet 1641, fut baptisé Louys, fils de Salomon et de Dancette Delagarde, sa femme, soy disants de la tribu de Levy, juif natif d’Avignon, aagé de trente quatre ans comme il a dict, et s’appelloit auparavant Ange Delagarde, le baptesme faict dans la chapelle du chasteau neuf par monseigneur l’illustrissime et reverendissime evesque de Lisieux, la marreine tres auguste et religieuse princesse Anne d’Austriche, reyne de France et de Navarre, qui a donné le nom, le parrein haut et puissant seigneur messire Pierre Seguier, chancelier de France, chevallier des ordres du Roy. »

Récit dans le registre paroissial du port du viatique à la reine-mère au Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye

« Le 4e jour de juin 1665, le Roy honora la parroisse de sa presence pour la procession de la feste du saint sacrement qui escheoit aud. jour, accompagné de la Reyne, de Monsieur, son frere, de Madame, des princes et princesses, seigneurs et dames, de plusieurs archevesques et evesques et autres officiers de Leurs Majestez, lad. procession faicte et messe haute et solemnelle chantée ensuitte par maistre Pierre Cagnyé, ancien curé de ce lieu de Saint Germain en Laye, ausquels divins offices entierement assisterent Leurs Majestez avec grande devotion et à la grande edification et joye de touts les assistants. »

Description du château de Saint-Germain-en-Laye par Jacques Androuet du Cerceau

« Le chasteau de Saint Germain en Laye
Ce bastiment est assis sur un lieu assez hault eslevé, prochain de la riviere de Seine, à cinq lieues de Paris. Ceste place a esté tenue par les Anglois durant leur sejour en France. Depuis eux estans deschassez, elle demeura quelque temps sans entretien. Or est il advenu que le roy François premier, trouvant ce lieu plaisant, feit abbatre le vieil bastiment, sans toucher neantmoins au fondement, sur lequel il feit redresser le tout comme on le voit pour le jourd’huy, et sans rien changer dudit fondement, ainsi que l’on peult cognoiste par la court, d’une assez sauvage quadrature. Les paremens, tant dedans que dehors, et encongnures, sont de brique assez bien accoustree. Et y estoit ledit sieur Roy en le bastissant si entetif, que l’on ne peult presque dire qu’autre que luy en fust l’architecte. En aucuns corps de ce logis y a quatre estages. En celuy de l’entrée y en a deux, dont le deuxiesme est une grande salle. Les derniers estages sont voultez, chose grandement à considerer, à cause de la largeur des membres. Vray est qu’à chaque montant y a une grosse barre de fer, traversant de l’un à l’autre, avec gros crampons par dehors, tenans lesdites voultes et murailles liees ensemble, et fermes. Sur ces voultes, et par tout le dessus du circuit du bastiment, est une terrace de pierre de liais qui fait la couverture, lesquelles portans les unes sur les autres, et descendans de degré en degré, commencent du milieu du hault de la voulte un peu en pente, jusques à couvrir les murailles. Et est cette terrace, à ce que je croy, la premiere de l’Europe, pour sa façon, et chose digne d’être veue et consideree. Ce lieu est accompagné d’un bois, qu’on appelle la forest de Haye, en laquelle les mesme roy François feit bastir un logis, nommé la Muette, duquel nous parlerons en son endroit. Outre plus il y a un jardin de bonne grandeur. Davantage, la veue d’iceluy du costé du midi est autant belle que l’on scauroit desirer : comme ainsi soit que de ce chasteau, on voit l’assiette de Paris, Montmartre, le Mont Talverien, Saint Denys et plusieurs autres lieux assez lointains. Ledit bastiment est accompli de ses fossez regnans entour, de huictv toises de large, dans lesquels est un jeu de paulme. A l’entrée est la basse court, fermée partie de clostures, et corps de logis bien simples, et en icelle une fontaine.
Apres la mort dudit roy François, vint à regner Henry deuxiesme, son fils, lequel pareillement aima le lieu. Ainsy ce Roy, pour l’amplifier de beauté et commoditez, feit commencer un edifice joignant la riviere de Seine, avec une terrace qui a son regard sur ladite riviere, ensemble les fondemens d’un bastiment en manière de theatre, entre la riviere et le chasteau, comme verrez par le plan que je vous en ay dessigné.
En la routte principale du bois, et assez prochain du lieu, est une chapelle neufve, couverte en dome.
Pour venir de Paris en ceste maison royale, il fault passer trois ou quatre bacs, si ce n’est que, sortant du droict chemin, vous evitiez la subjection de ces passages d’eaux. Au reste, par les plans et elevations, vousverrez et entendrez le contenu du lieu. »

Androuet du Cerceau, Jacques

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