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Bibliothèque nationale de France
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Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot du baptême du Dauphin à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 63] La ceremonie de la nomination de monseigneur le Dauphin
1668
Monseigneur le Dauphin ayant atteint l’aage de cinq ans et demy, le Roy voulut luy faire donner un nom. Le Pape souhaita d’estre le parrain, et la reine d’Angleterre la maraine.
Le Pape fit le choix du cardinal de Vandosme pour estre son legat dans cette occasion et la reine d’Angleterre pria la princesse de Conty de vouloir estre la maraine en son nom.
Le 23e de mars, veille de la cérémonie, le cardinal se rendit à Saint Germain.
Le Roy ne luy envoya point ses carrosses ny aucune personne de qualité le complimenter chez luy, parce que le Pape ne l’avoit pas envoyé expres, et qu’il estoit né sujet du Roy. [f. 63v] Monsieur n’alla point au devant de luy comme il avoit esté à la rencontre du cardinal Chigy, legat a latere d’Alexandre VIIe.
Ce mesme jour, sur les cinq heures du soir, le cardinal eut sa premiere audiance du Roy. Il y fut conduit par le comte d’Armagnac, prince de la maison de Lorraine, grand escuyer de France, par le sieur de Bonneuil, introducteur des ambassadeurs, et par le sieur Sainctot, maitre des ceremonies.
Le comte d’Armagnac l’alla prendre dans la salle de descente. Il luy donna dans la marche la main. Le sieur de Bonneuil marchoit immediatement devant le comte d’Armagnac. Le sieur Sainctot, apres avoir receu le cardinal au bas de l’escalier du château vieux, où les Cent Suisses estoient en haye et sous les armes sur les degrés, se plaça à droite vis à vis du sieur de Bonneuil. Le duc de Nouailles, capitaine des gardes du corps, le receut à la porte de la salle des gardes, où toute la compagnie estoit sous les armes et en haye, et se mit à main droite, un peu au dessus du cardinal, pour n’avoir point la droite sur le prince, et aussy pour rendre plus d’honneur au cardinal, la place luy estant plus [f. 64] honorable d’avoir la main sur un prince que s’il se fust trouvé entre deux personnes dont l’une estoit inferieure à l’autre.
Le cortege qui accompagnoit le cardinal estoit composé de son dataire, de son protonotaire, de son porte croix et d’autres officiers de la legation vetus de leurs mantelets.
Le porte croix s’arresta avec sa croix à la porte de l’antichambre du Roy.
Le Roy, voyant arriver le cardinal, sortit de son balustre et vint quatre ou cinq pas au devant de luy, rentra dans le balustre, s’assit sur un fauteuil, et en fit donner un au cardinal legat, qui se couvrit. Apres un quart d’heure de conversation, il se leva et le Roy le reconduisit au mesme endroit où il l’avoit esté recevoir.
On alla de là chez la Reine, qui le receut avec les mesmes honneurs que le Roy luy venoit de faire, avec cette difference neantmoins que la Reine luy donna audience hors du balustre, parce que les reines n’y recoivent jamais personne.
Ensuite, le cardinal legat, accompagné du comte d’Armagnac, de l’introducteur et du maitre des ceremonies, alla voir monseigneur le Dauphin.
Monseigneur vint au devant de luy dans son antichambre avec la marechalle duchesse de la Mothe, sa gouvernante. Il le conduisit dans sa chambre, affectant de le devancer d’un pas et le tenant par la main. L’un et l’autre ne s’assirent point, la visite dura peu. Apres quoy, monseigneur le Dauphin le reconduisit jusques au lieu où il l’avoit receu.
Le cardinal ne fut point visiter Monsieur, parce que Monsieur n’estoit pas venu au devant de luy arrivant à Saint Germain.
Le 24e, la ceremonie se fit dans la cour du château vieux. La cour a 37 toises de longueur sur sept de largeur. On prit ce lieu parce que la chapelle de Saint Germain est trop petite et que le chœur mesme de Nostre Dame n’eust pas esté assez spatieux pour contenir toutes les personnes qui [f. 65] avoient fonction en cette ceremonie.
A l’entrée de la cour, on avoit dressé à main droite, en un espace de 15 toises en longueur sur 18 en largeur, des eschafaux en amphiteatres qui s’elevoient jusques au premier estage.
Dans cette espace, il y avoit deux barrieres eloignées l’une de l’autre de quatre toises pour empescher qu’on approcha du pale ou plateforme où se devoit faire la ceremonie.
Le pale avoit 20 toises de long et seize de large. Il estoit dressé de trois pieds et demy. On y montoit par une espece d’eperon qui avoit dix toises de large, composé de sept marches. Il estoit fermé par deux costez de deux balustres, chacun de trois toises et demy.
A l’entrée du pale, on avoit dressé des deux costez deux magnifiques buffets où les honneurs du parain, de la maraine et de monseigneur le Dauphin devoient estre posez.
Ces buffets estoient couverts de brocard [f. 65v] d’argent. Les tables elevées sur quatre marches à pans coupez formoient trois paliers de chacun une toise de giron. Aux deux costez de ces tables, deux pieds destaux et, sur ces pieds destaux, il y avoit deux grands vases d’argent.
Derriere ces pieds destaux, on avoit mis de grandes consoles pour renfermer les buffets. Les buffetz estoient composez de quatre gradins où estoient un grand nombre d’argenterie de vermeil doré.
Au milieu du pale, environ à sept toises de l’entrée, il y avoit une elevation de quatre marches ottogones dont la premiere avoit trois pieds de giron et les deux autres formoient des paliers, chacun d’une toise et demy de giron.
Sur le dernier palier, on avoit posé une cuvette d’argent qui devoit servir de fonds pour la ceremonie. La cuvette avoit cinq pieds de long sur trois pieds et demy de large et quatre de haut. Elle estoit enrichie de plusieurs figures et estoit couverte d’un grand tapis de brocard d’argent avec une grande frange d’argent. [f. 66] Au dessus de la cuvette, on suspenit un dais ottogone de huit pieds de long sur 14 de large, elevé environ de trente pieds.
Ce dais de brocard d’argent, dont la pente estoit environ de quatre pieds de haut, y comprenant la campane, avoit deux pieds et demy, toute en broderie d’argent ornée de dauphins entrelassez de palmes et de fleurs de lys, et au bas de la campane pendoient plusieurs harpes ou glands d’environ un pied de haut en broderie d’argent.
La campane estoit attachée à une corniche dorée qui portoir quatre grands dauphins d’argent. Ces dauphins soutenoient une couronne d’or fermée de la grandeur de cinq pieds de long sur quatre de large, et de la queue des dauphins sortoient des lis. On avoit mis aux quatre coins du dais de grands bouquets de plumes blanches avec des aigrettes au milieu.
Ce dais sembloit estre soutenu par la figure d’un ange qui estoit en l’air, tenant d’une main les cordons où pendoit le dais, [f. 66v] et de l’autre une epée flamboyante comme pour defendre la couronne et les dauphins qui estoient sur ce dais.
A quatre roises des marches où la cuvette des fonds estoit posée, on avoit elevé un grand autel de 13 toises de face sur 8 toises de haut, enrichy d’or et d’azur.
Aux deux costez de cet autel, on avoit dressé deux tribunes d’environ trois toises de large et elevées d’une toise, pour la musique de la chambre et de la chapelle.
Ces tribunes estoient environnées d’un balustre doré avec des pieds destaux dans les angles.
Ces pieds destaux portoient de grands vases d’argent environ de cinq pieds d’où sortoient plusieurs chandeliers de mesme metail.
Ces tribunes estoient attachées à quatre pieds destaux avec des pilastres corinthiens d’environ 18 pieds de haut et ces pilastres soutenoient une corniche et une balustrade fort enrichie d’ornemens corinthiens.
[f. 67] On montoit à l’autel par sept marches à sept toises de face. Ces marches conduisoient à un palier d’une toise et demye de giron joignant le marchepied de l’autel.
L’autel estoit enfermé de quatre colomnes de la mesme hauteur que les pilastres et du mesme ordre.
Ces colomnes avoient leurs contrepilastres et le tout estoit porté par des pieds destaux elevez au dessus de la table de l’autel.
Entre ces colomnes estoit une ouverture dont l’extremité formoit un portique, sous lequel estoient des gradins où l’on posa l’argenterie.
Il y avoit aussy six autres ouvertures environnées de pilastres aux costez de l’autel, et ces ouvertures estoient fermées de tapisseries en broderie d’or et d’argent sur lesquelles estoient attachées des plaques d’argent d’environ cinq pieds de haut.
Toutes ces ouvertures estoient garnies [f. 67v] de gradins tous couvers de bassins et de vases d’argent, d’un grand nombre de chandeliers, de plaques et de quatre gueridons d’environ six pieds et demy de haut, le tout eclairé d’une infinité de cierges et de bougies.
Tout le lieu où se fit la ceremonie etoit environné de bancs des deux costez, derriere lesquels il y avoit une manière d’amphiteatre qui montoit jusques aux fenestres du premier estage, auxquelles on avoit fait des balcons couverts de tapis de Perse à fonds d’or et de diverses etoffes fort riches.
Les appuis de toutes les croisées jusques au dernier estage du château estoient ornées de riches tapis de Perse, les tremeaux et les murs estoient tapissez et l’espace de la cour estoit couverte par en haut d’une grande toile en manière de baldaquin semée de fleurs de luys à fond bleu et bordée d’une grande campane ornée de fleurs de lys et de dauphins d’or.
Le chancelier, revetu de son habit de drap d’or, ayant sa soutanne de drap d’or, son chapeau de velours noir bordé d’un galon d’or, le cordon d’or, se rendit à une heure au palc [f. 68] accompagné des conseillers d’Estat et des maitres des requestes vetus de robes de velours noir plein et de soutanes de satin noir avec des ceintures dorées, le cordon de leur chapeau d’or. Il prit sa seance du costé de l’epitre, comme aux jours des Te Deum à Nostre Dame, et s’assit dans son fauteuil à bras sans dossier.
Par ordre du Roy, tous les conseillers d’Estat se placerent les premiers proche de luy dans les places les plus honorables. Quelques maitres des requestes receus avant quelques uns des conseillers d’Estat avoient pretendu estre placez selon leur rang de reception mais le dernier reglement du Roy fit qu’ils se mirent apres eux. Ce reglement portoit que tous ceux qui avoient entrée dans le Conseil ne prendroient leur seance que du jour qu’ils y entroient en qualité de conseillers d’Estat.
Le Roy avoit raison d’honorer d’une preeminence les conseillers d’Estat puisqu’en sa presence ils sont assis en son Conseil, dans le temps que les maitres des requestes parlent debout et deouverts devant la chaise du Roy. [f. 68v] Les evesques vinrent en camail et en rochet. Le sieur Dupin les plaça à main droite proche l’autel du costé de l’epistre.
Il plaça aussy les ambassadeurs vis à vis des evesques.
Monsieur de la Vrilliere, secretaire d’Estat, et le comte de Berny, receu en survivance de la charge de secretaire d’Estat du sieur de Lyonne, son père, prirent leurs seances au dessous des ambassadeurs, vis à vis des conseillers d’Estat.
Les sieurs Le Tellier, de Lyonne, du Plessis de Guenegaud, secretaires d’Estat, ne s’y trouverent pas, parce qu’ayant conservé le cordon bleu apres en avoir vendu les charges, ils croyoient ne pouvoir paroitre avec bienseance devant un corps dont ils avoient esté les officiers. Neantmoins, bien que cette raison fut commune avec le sieur de la Vrilliere, il ne laissa pas d’assister à la ceremonie en rang de seance.
Pendant que l’ayde des ceremonies donnoit les seances à chacun, le sieur Sainctot estoit au château neuf, en la chambre de parade, où [f. 69] monseigneur le Dauphin n’estoit venu se coucher que pour donner lieu à faire la ceremonie, ayant passé la nuit au vieux château.
On fut obligé, ne voulant pas deloger Monsieur et Madame, de prendre une partue de la galerie qui va au boulingrin, dont on prit une juste proportion pour la longueur d’une chambre.
Une cloison d’ais separoit cette galerie. On dressa au fond de cette chambre une estrade de deux degrez de hauteur sur laquelle on posa le lit de monseigneur le Dauphin.
Ce lit estoit sans piliers et avoit pour ciel un dais de brocard d’argent à queue venant joindre le chevet du lit.
On coucha monseigneur le Dauphin à droit, du costé des fenestres de la belle veue. Il estoit tout vestu, de crainte qu’il n’eut froid dans un lieu où il n’y avoit point de cheminée. La couverture du lit estoit de toile d’argent bordée d’un pied et demy d’hermine, les draps [f. 69v] estoient de toile d’Hollande avec des grands points de France, et sur le bord du lit, on avoit estendy le manteau qui devoit servir à Monseigneur dans cette chambre. On y dressa deux tables, sur l’une desquelles, à droite, on mit les pieces d’honneur du parain et de la maraine, le bassin, l’aiguiere et la serviete, et sur l’autre on y mit les pieces d’honneur de l’enfant, le cierge, le cremeau, la saliere.
Au dessus de ces tables, on suspendit deux dais de velours cramoisy. Un de ses dais devoit estre de brocard d’argent aux armes de monseigneur le Dauphin, mais le peu de temps qu’on eut depuis la resolution du Roy pour le baptesme fit qu’on se servit de ces deux dais de mesme parure.
Il est bon de remarquer que, lorsque le parain et la maraine sont plus grands en dignité que l’enfant, leurs pieces d’honneur sont posées sur la table la plus parée et sont portées les premieres par de plus grands princes, et qu’au contraire si l’enfant est plus elevé en dignité que le parain et la maraine, ses pieces d’honneur sont portées les premieres.
[f. 70] Tout estant prest, le sieur Sainctot alla avertir les cinq princesses du sang destinées à servir monseigneur le Dauphin de se rendre dans son appartement.
Elles estoient dans une salle de descente en attendant l’heure de la ceremonie.
Elles vinrent en la chambre de Monseigneur, où le Roy et la Reyne s’estoient rendus pour voir la ceremonie du lit. Mademoiselle, fille de Monsieur, s’approcha du lit et se plaça à main droite. Mademoiselle d’Orleans, à main droite aussy, proche le chevet du lit, à cause de la fonction qu’elle devoit faire avant que Mademoiselle pust faire la sienne.
Madame de Guise se plaça à gauche. Madame la princesse de Condé et madame la duchesse d’Enguien se placerent aux pieds du lit.
Ces princesses ayant pris leurs places, mademoiselle d’Orleans et madame de Guise leverent la couverture du lit et [f. 70v] decouvrirent Monseigneur, qui estoit couché tout habillé entre deux draps. Alors Mademoiselle s’avança et leva Monseigneur de son lit.
Pendant que la gouvernante habilloit Monseigneur et luy mettoit son manteau, le sieur Sainctot alla avertir les princes du sang de venir en la chambre de Monseigneur.
Ils estoient dans la salle de descente où les princesses avoient esté se reposer.
Les princes estans arrivez dans la chambre de Monseigneur, madame la Duchesse s’approcha de la table pour recevoir du sieur de Launay, intendant et controlleur general de l’Argenterie, les pieces d’honneur du parain et de la mareine. La serviete luy fut donnée envelopée d’une tavayole de toile d’argent qu’elle remit aussitost entre les mains de monsieur le Prince. Elle donna ensuite à monsieur le Duc le bassin et l’aiguiere avec une tavayole pour les tenir.
Apres cette fonction, madame la Duchesse alla à la table où estoient posées [f. 71] les pieces d’honneur de monseigneur le Dauphin. Elle les receut de la mesme main du sieur de Launay. Elle donna le cremeau et la saliere au prince de Conty avec une tavayole, et le cierge au comte de Clermont, frere du prince de Conty.
Six princes devoient porter ces six pieces d’honneur, mais on fut obligé de les doubler affin d’eviter de se servir des princes etrangers, que les princes du sang auroient fait difficulté d’admettre avec eux, outre qu’il s’estoit mu entre eux une contestation à qui serviroit.
Le comte de Soissons, de la maison de Savoye, se plaignoit de ce qu’estant seul de sa maison, on se servoit toujours des princes de la maison de Lorraine, et qu’à la fin la longue possession de servir aux jours de ceremonie seroit un titre à cette maison pour se persuader d’avoir le pas sur la sienne.
Cette ceremonie finie de la distribution des pieces d’honneur, le sieur Sainctot alla prendre Monsieur dans son appartement et le conduisit dans la chambre de Monseigneur.
[f. 71v] De là, il alla avertir madame la Princesse de Conty, deleguée par la reine mere d’Angleterre, maraine, de se rendre à la ceremonie.
Elle estoit dans un appartement de celuy du cardinal legat. Quoiqu’elle eut pu estre dans la mesme chambre avec luy, il n’y avoit point de contestation entre eux pour le pas et pour la main, ce qui n’avoit pas paru sans difficulté entre la reine mere d’Angleterre et le cardinal legat, car la chose ne fut changée que la surveille de la ceremonie. La reine d’Angleterre allegua qu’elle venoit elle mesme en personne à la ceremonie et que le pape n’estoit là present que par son legat, qu’on devoit faire une grande difference entre la chose mesme ou une chose representée, et que si la representation avoit lieu, il falloit de necessité que les rois donnassent toujours le pas et la main chez eux, et aux legats et aux ambassadeurs de testes couronnées.
Ces raisons firent croire que l’honneur d’imposer le nom à monseigneur le [f. 72] Dauphin luy devoit appartenir, mais la consideration que le Roy eut pour le pape fit que la reine d’Angleterre se dispensa de s’y trouver.
La princesse de Conty arrivant dans l’appartement de Monseigneur, Monseigneur fit quelques pas pour aller au devant d’elle.
Le Roy avoit nommé quelques evesques par lettres de chachet pour aller visiter en mantelet le cardinal legat. Ces evesques estans assemblez chez le comte du Lude avec leurs confreres qui estoient venus simplement pour se trouver à la ceremonie du palc, leurs demanderent advis de ce qu’ils avoient à faire, pretendant que les droits les plus essentiels de l’episcopat estoient violez en cette occasion.
La chose examinée, les evesques resolurent, apres avoir fait lire les lettres de cachet escrites aux evesques nommez, que les archevesques de Sens et de Bourges iroient sur l’heure mesme trouver le Roy pour le supplier tres humblement de trouver bon [f. 72v] qu’aucun evesque ne visitast le cardinal legat en cet habit.
Le Roy leur avoit marqué par sa lettre qu’il ne souhaitoit pas qu’ils en usassent autrement que leurs predecesseurs en avoient usé au baptesme du feu roy. Les registres conservez dans la biblioteque royalle faisoient foy que le cardinal de Joyeuse, nommé du Pape pour parain, n’avoit point esté visité par aucun evesque ny mesme accompagné d’aucun, mais que les evesques l’avoient attendu dans la chapelle avec les cardinaux.
Les archevesques furent priez encore de luy representer que les exemples de ce qui s’estoit fait aux entrées des cardinaux Barberins et Chisy, legats, ne pouvoient tirer à consequence, parce que les evesques qui avoient paru avec le mantelet et le chapeau l’avoient pris comme un habit de cheval qu’ils avoient quitté mettant pied à terre, et s’ils portoient le mantelet dans cette visite, c’estoit approuver la pretention de la [f. 73] cour de Rome sur les evesques que toute jurisdiction doit cesser en presence des legats du Pape, ce qui estoit entierement opposé aux libertez de l’eglise gallicane.
Ces deux archevesques allerent trouver le Roy au chateau neuf, dans la chambre de monseigneur le Dauphin, où l’archevesque de Sens, portant la parole, luy representa les raisons qu’on vient de dire. Le Roy leur dit qu’il ne souffriroit pas qu’ils receussent aucune diminution durant son regne, et qu’il n’avoit point dessein d’obliger les evesques à faire des choses qui marquassent que leur jurisdiction cessast en presence des legats du Pape, mais il leur temoigna que, la ceremonie devant commencer sur l’heure mesme, il estoit difficile de changer ses ordres, que les prelats nommez pourroient rendre une visite particuliere au cardinal legat en mantelet sans paroitre en public en cet habit et que cette visite estant un compliment de particuliers seulement ne pourroit estre prise pour une chose faite au nom et par le clergé de France.
[f. 73v] L’archevesque de Sens supplia le Roy de trouver bon qu’il parust sur le registre du sieur Sainctot que la visite ne s’estoit faite qu’à cause de l’embarras present, sans qu’elle pust tirer à consequence à l’advenir, ce que le Roy luy accorda.
Ces evesques nommez vinrent en mantelet faire leur visite au cardinal, logé au château vieux, d’où il partit incontinent apres l’avoir receu pour se rendre au château neuf où, estant adverty par le sieur Sainctot qu’il estoit temps de venir chez monseigneur le Dauphin, il y vint accompagné de son cortege.
Monseigneur le receut comme il venoit de recevoir la princesse de Conty. Tout estant en estat,
La marche se fit en cet ordre :
Les archers du grand prevost, tous tenans un flambeau de cire blanche à la main, leurs officiers à la teste sans flambeau
La compagnie des Cent Suisses de la garde du Roy ayans tous un flambeau de [f. 74] cire blanche à la main, leurs officiers à la teste
Les tambours et les trompettes de la chambre
Les gentilshommes servans, tous vetus de noir et en manteau, ayant un cierge à la main
Les gentilshommes ordinaires, tous vetus de noir et en mateaux, ayans un cierge à la main
Six heros ayans leurs caducées à la main, vetus de leurs cottes d’armes
Le roy d’armes
L’huissier de l’Ordre, vetu de son habit de l’Ordre
Les heros d’armes de l’Ordre, vetu de mesme
Le tresorier, seul, vetu de son habit de l’Ordre, le prevost, le greffier et le chancelier ne s’estans point trouvez à la ceremonie
Les chevaliers du Saint Esprit, vetus de leurs habits à chausses retroussées à bas d’attache avec leurs manteaux de l’Ordre, où leur collier de l’Ordre estoit attaché, tenans tous un cierge à la main
Aux dernieres ceremonies des baptesmes des dauphins de France, les chevaliers n’avoient [f. 74v] point paru en cet habit de ceremonie, mais dans des occasions comme celle cy, on doit toujours chercher ce qui est plus convenable et ce qui va plus à la grandeur et à la pompe d’une ceremonie.
Le roy voulut bien souffrir, parce qu’on n’avoit point plancheyé le chemin d’une toise et demy ou environ de largeur comme on le devoit faire pour la commodité de la marche depuis le château neuf jusques au château vieux, que le tresorier de l’Ordre et les chevaliers du Saint Esprit eussent des gens de livrées pour porter la queue de leurs manteaux, les princes de sang et Monsieur eussent des gentilshommes, car dans les ceremonies des chevaliers du Saint Esprit, les Enfans de France ne sont pas mesme en cette possession d’avoir des porte queues.
Dans cette marche, les chevaliers ducs et pairs allerent les premiers, selon le rang de la creation de leur duché, c’est-à-dire plus prez de la personne de monseigneur le Dauphin, quoiqu’inferieurs en reception de chevaliers.
[f. 75] Apres les chevaliers, le comte de Clermont marchoit avec sa gouvernante. Il portoit le cierge et estoit vetu d’une robe de couleur, à cause de son bas aage.
Le prince de Conty suivoit, vetu de noir et en manteau, portant le cremeau et la saliere.
Le duc d’Enguien, vetu de son habit de l’Ordre, ayant le collier dessus son grand manteau, portoit le bassin et l’aiguiere. La queue de son manteau estoit portée par le sieur Briole.
Le prince de Condé portoit la serviette. Il estoit vetu de son habit de l’Ordre, ayant le collier dessus son grand manteau dont la queue estoit portée par le sieur de Saint Marc.
Les sieurs de Coaslin, de Noailles, de la Ferté, de Roquelaure, de la Vieville, de Grancey, de Clerambault, de Crequy, de Gesvres, de Belfond, d’Humieres, de Gordes, de Richelieu, de Tonnerre, de Matignon, d’Estrees, de Polignac, les trois enfans d’honneur de Monseigneur, Vitry, l’abbé d’Estrées et Bellemarre marchoient sans rang entre eux immediatement devant Monseigneur.
[f. 75v] Ces jeunes enfans, aagez de huit à dix ans, au nombre de vingt, estoient vetus tous d’une mesme parure. Ils avoient des habits de toile d’argent à chausses retroussées coupéespar des bandes garnies de dentelles d’or et d’argent avec un agreement au milieu des bandes d’or et d’argent et incarnat. Le pourpoint estoit de toile d’argent tout couvert de dentelles, les manches coupés par bandes, le capot, de toile d’argent chamarré d’une dentelle d’or et d’argent et melé d’incarnat, estoit doublé de toile d’argent et incarnat. Ils avoient une toque de velours noir avec des plumes incarnates et blanches.
Ensuite venoit monseigneur le Dauphin, vetu d’un habit de brocard d’argent à chausses retroussées, coupées par bandes garnies de dentelles d’argent.
Son manteau estoit de brocard d’argent couvert de dentelle d’argent doublé d’hermine. La queue du manteau de huit aunes de long estoit portée par le duc de Mercoeur, vetu de noir et en manteau. Monseigneur avoir aussy une toque de brocard d’argent [f. 76] avec des plumes blanches.
Monsieur, vetu de son habit de l’Ordre, ayant un collier dessus son grand manteau, dont la queue estoit portée par le comte du Plessis, son premier gentilhomme de la chambre, conduisoit Monseigneur, luy tenant la main gauche.
A droit et à gauche de Monseigneur marchoient le chevalier de la Hilliere, lieutenant des gardes du corps, et le sieur de la Serre, enseigne des gardes, tous deux commis à sa garde.
Monsieur n’avoir derriere luy que le sieur de Rocheplate, son lieutenant des gardes, parce que le comte de Clerc, capitaine de ses gardes, marchoit en rang de chevalier.
A costé droit de Monseigneur, un pas en arriere, estoit le duc de Crequy, premier gentilhomme de la chambre du Roy, choisy pour porter Monseigneur en cas de besoin pendant la marche. [f. 76v] Il estoit vetu de noir et en manteaux à cause de sa fonction, quoiqu’il fust chevalier de l’Ordre.
La marechalle duchesse de la Motte, gouvernante des Enfans de France, estoit derriere Monseigneur, le plus prez que faire se pouvoit. Elle avoit pour escuyer le sieur de Servac, son neveu. La queue de la robbe de la marechale estoit portée par un valet de livrée par la raison que l’on vient de dire de l’incommodité de la marche.
Le comte d’Agein, fils ainé du duc de Noailles, receu en survivance de capitaine des gardes du corps, faisant la charge de capitaine, marchoit derriere la marechale.
Venoit ensuite le cardinal legat et parain, en bonnet quarré. Il estoit vetu de sa casaque, dont la queue estoit portée par le comte de Saint Aignan, à la priere du cardinal et non par ordre du Roy. L’usage des princes cardinaux est de se faire toujours porter la queue par leur capitaine des gardes et non par un maitre de chambre comme les autres cardinaux font ordinairement. Cependant, [f. 77] le cardinal legat sceut employer une personne de la premiere qualité, qui apparemment voulut bien faire cette fonction pour faire honneur à son parent.
Le legat avoit à main droite son cortege, composé des officiers employez à la legation et de son porte croix.
A main gauche du legat, estoit la princesse de Conty, marreine, ayant pour escuyer le comte d’Arsy.
Elle estoit vetue de noir, comme veuve, ayant une mante dont la queue trainante de quatre aunes estoit portée par la marquise de Gamache, sa dame d’honneur. Si la reine fust venue en personne, le cardinal legat auroit marché immediatement devant Monseigneur et la reine apres Monseigneur : c’estoit un accomodement qu’on avoit trouvé.
La princesse de Conty pouvoit avoir l’bhonneur d’avoir la queue de sa mante portée par sa dame d’honneur, quoique les autres princesses du sang n’eussent que des gentilshommes, parce qu’elle representoit la [f. 77v] reine d’Angleterre, à l’exemple des princesses du sang que la Reine envoye jetter de l’eau benite sur le corps d’une princesse du sang morte : c’est toujours la dame d’honneur de la Reine qui porte la queue de la robe de la princesse.
Derriere le parain et la marreine marchoit Mademoiselle, menée par le chevalier de La Rochefoucault.
Elle estoit, à cause de son bas aage, vetue de couleur, sa robe couverte de dentelle d’or et d’argent dont la queue trainante de quatre aunes etoit portée par le chevalier du Plessis Praslin.
On mit en question quelle place estoit la plus honorable, de porter la queue ou de donner la main. Si on y eust bien songé, il n’y auroit pas eu de differends advis sur cela : la charge de porte queue chez la Reine est une des moindres charges de sa maison. Il est vray que les princesses du sang porterent la queue du manteau royal au mariage de la Reine, mais c’estoit un manteau royal et Monsieur donnoit la main à la Reine. Cet exemple, que le sieur [f. 78] Sainctot allegua, fit naitre aux princesses la pensée de demander des dames pour porter la queue de leurs robes. Elles disoient que, pusqu’elles portoient la queue du manteau de la Reine, elles devoient donc avoir des femmes de qualité plutost que des hommes. Mais il leur dit que la Reine avoit sa dame d’honneur qui luy portoit la queue de sa robe aux ceremonies ordinaires, et qu’il falloit de necessité une distinction entre la Reine et elles.
Derriere Mademoiselle estoit madame de Saint Chaumont, sa gouvernante, qui n’avoit ny escuyer ny porte queue.
Mademoiselle d’Orleans, menée par son premier escuyer. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le chevalier d’Humieres.
Madame de Guise avoit pour escuyer le comte de Sainte Mesme, chevalier d’honneur et premier escuyer de madame douairiere d’Orleans, sa mere. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le sieur de Saint Remy, premier escuyer de la mesme princesse [f. 78v] douairiere.
La princesse de Condé, menée par le comte de Lussan, premier escuyer du prince de Condé. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le sieur Desroches, capitaine des gardes de ce prince.
La duchesse d’Enguien, que le comte de Moreuil Comeny, premier escuyer du duc d’Enguien menoit. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le baron de Rivieres.
Les evesques commandeurs, vestus de violet, se mirent dans la marche derriere les princesses du sang. Ils avoient voulu suivre immediatement apres les chevaliers du Saint Esprit, mais les chevaliers s’y opposerent, ne voulant point estre separez des princes du sang. Comme les evesques commandeurs virent qu’ils ne pouvoient reussir pour estre apres eux, ils demanderent au moins qu’ils pussent estre immediatement derriere Monseigneur, puisqu’aux processions et aux marches que l’Ordre fait, ils marchent apres la personne du Roy. [f. 79] Les princesses du sang s’opposerent à cette nouvelle pretention, par la raison que le sang n’est jamais separé.
Le Roy, apres avoir separement ouy les uns et les autres, il ordonna que les evesques commandeurs marcheroient apres les princesses du sang.
Enfin, les dames d’honneur des princesses, accompagnées des filles d’honneur, suivirent.
La marche fut fermée par soixante gardes du corps qui tous tenoient des flambeaux de cire blanche à la main.
Les archers du grand prevost, arrivant à la porte du vieux château, s’y arresterent parce qu’ils n’entrent jamais dans l’eglise et la cour du vieux chasteau en servoit.
Les Cent Suisses entrerent dans la cour et se placerent en haye jusques au bas des degrez du palc.
Les tambours et trompettes à gauche [f. 79v] en entrant au palc, dans un espace vuide pour eux.
Les gentilshommes servans et les gentilshommes ordinaires se mirent à main droite sur un banc.
Les heros et roy d’armes demeurerent debout sur le palc, proche des tables, dans un espace vuide preparé à droit pour eux.
L’huissier et ce heros d’armes de l’Ordre, en entrant sur le palc, firent ensemble leurs reverences, une à l’autel, une au Roy, une à la Reine, et s’allerent mettre debout pres de leur forme en attendant que les chevaliers eussent pris leurs places.
Le tresorier de l’Ordre fit sa reverence à l’autel, au Roy et à la Reine, quoiqu’ils n’eussent point pris de seance, estant en un balcon pour voir la ceremonie.
Les chevaliers du Saint Esprits firent, entrant sur le palc, deux à deux, leurs reverences puis, se separant, les uns se mirent à droit à leur seance sur un banc posé au dessous du Conseil, et les autre se mirent à gauche au dessous du banc des secretaires d’Estat. [f. 80] Si la ceremonie se fut passée en une eglise, les chevaliers eussent esté aux hautes chaires du chœur et le Conseil sa seance ordinaire.
Le comte de Clermont, portant le cierge, salua l’autel, le Roy et la Reine.
Le prince de Conty, arrivant au palc, alla poser le cremeau et la saliere sur la table des pieces d’honneur de monseigneur le Dauphin qui estoit placée à gauche, vint ensuite faire ses reverences et sa plaça à gauche.
Monsieur le Duc alla poser le bassin et l’aiguiere sur la table placée à main droite pour servir aux honneurs du parain et de la maraine, vint faire ensuite ses reverences et sa plaça à gauche. Le prince de Condé, apres avoir posé la serviete sur la mesme table, vint faire les reverences et se plaça à gauche, laissant la main droite aux princesses.
Les enfans d’honneur se mirent autour des fonds, sur la premiere marche. Monseigneur le Dauphin accompagné de Monsieur firent conjointement la reverence à l’autel, une au Roy, une à la Reine, sans que Monsieur [f. 80v] quittast la main de Monseigneur.
Ensuite, le cardinal legat et la princesse de Conty firent ensemble les reverences que Monsieur venoit de faire.
Les princesses du sang firent les reverences les unes apres les autres.
Les evesques commandeurs firent leurs reverences deux à deux et s’allerent placer avec les evesques qui avoient leurs seances proche l’autel.
Ce qu’estant fait, on apporta un carreau de brocard d’argent à monseigneur le Dauphin pour s’agenouiller, qu’on posa au pied de la premiere marche où les fonds estoient.
Monsieur se mit à main gauche, un peu à costé de Monseigneur. On luy donna un carreau qui fut placé vis-à-vis le milieu du carreau de Monseigneur.
Ensite, le cardinal legat et la princesse de Conty se mirent immediatement derriere Monseigneur, ayant des carreaux devant eux.
[f. 81] Derriere le legat, vers l’entrée du palc, les princesses selon leur rang, ayant toutes des carreaux à leurs pieds.
Derriere la princesse de Conty, mareine, les princes du sang selon leur rang, ayant des carreaux.
Le duc de Mercoeur fut placé à cosé des princesses et, vis-à-vis de luy, le duc de crequy et la marechalle de la Motte, un peu eloignée de Monseigneur. On leur donna aussy des carreaux à cause du titre de duc et de duchesse.
Les dames d’honneur s’arresterent à l’entrée du palc, à droit avec les filles d’honneur.
Mais affin de faire mieux entendre toutes les seances, on a trouvé plus à propos d’en dresser le plan.
[f. 81v : vide]
[f. 82] Dans le temps que la musique de la Chapelle commença le Veni Creator, monseigneur le Dauphin, Monsieur, tous les princes et toutes les princesses se mirent à genoux. Estant à moitié dit, le sieur Sainctot alla à l’autel avertir le cardinal Antoine, grand aumonier de France, qui s’estoit rendu avant l’arrivée de Monseigneur, d’approcher des fonds. Il estoit assis sur un siege qu’on nomme en Italie talsistorio, à quatre piliers elevés et sans aucun dossier.
L’evesque d’Orleans, premier aumonier, en chape et en mitre, tous les aumoniers du Roy, en camail, et six evesques, en chapes et en mitres, l’accompagnerent.
L’evesque d’Orleans et les aumoniers eurent la main droite sur les evesques en allant au palc, mais estants tous arrivé à l’autel, les aumoniers ne purent conserver leur advantage car, le cardinal s’estant assis le dos tourné à l’autel, les evesques se trouverent à le droite du cardinal et s’y trouverent aussy lorsqu’ils l’accompagnerent allant aux fonds.
[f. 82v] Les evesques, comme assistans, n’eurent point de sieges parce qu’ils ne faisoient aucune fonction.
Le cardinal, estant adverty, vint par delà les fonds comme s’il eust receu un catecumene. Son siege y fut placé, quoiqu’il ne deust faire aucune fonction assis.
Alors Monsieur, les princesses et les princes couronnerent Monseigneur et s’en approcherent.
Le cardinal demanda à monseigneur le Dauphin ce qu’il vouloit, Monseigneur luy dit : le baptesme. Apres quoy ce cardinal demanda au cardinal legat, parain, et à la mareine le nom, et le parain donna celuy de Louis.
Pendant ce temps là, la duchesse d’Enguien alla à la table des honneurs de Monseigneur et donna au prince de Conty, qui la suivoit, le sel et le cremeau pour les porter aux fonds. Elle avoit receu ces pieces d’honneur du sieur Duché, intendant et controlleur général de l’Argenterie.
[f. 83] La musique de la Chambre chanta un cantique mis en musique par le sieur Leully, intendant de la musique de la Chambre, dont voicy les paroles :
Canticum
In baptismo Delphini
Plaude Laetare Gallia
Rore coelesti rigantur Lilia
Plaude Laetare Gallia


Sacro Delphinus
Fonte Lavatur
Et Christianus
Christo dicatur


O Jesu vita credentium
Exaudi vota precantium
Vivat, Regnet Princeps fidelis
Semper justus


[f. 83v] Semper victor Semper Augustus
Vivat regnet triumphet in coelis
Et AEterna
Luceat corona
Version des paroles du cantique pour le baptesme :
France, redoublés vos plaisirs
Le ciel répond à vos desirs
Et de vos jeunes lis la fleur est arrosée
D’une sainte rosée
France, redoublés vos plaisirs


Le Dauphin est lavé dans une onde sacrée
La race tres chrestienne à Christ est consacrée


O grand Dieu, l’espoir des croyans
Que votre pieté nous entende
Et de ces peuples supplians
Exaucez la juste demande
Qu’il vive, qu’il regne à son tour
Toujours vainqueur, toujours auguste
Toujurs fidele et juste


[f. 84] Qu’il vive, qu’il regne à son tour
Qu’il triomphe au ciel quelque jour
Et qu’à jamais sa teste s’environne
D’une immortelle et brillante couronne
La ceremonie du baptesme finie, le cardinal grand aumonier retourna à l’autel assisté de tout le clergé, des evesques et des aumoniers du Roy.
Les heros d’armes crierent à haute voix par trois fois : Vive monseigneur le Dauphin nommé Louis.
Les tambours et les trompettes se mirent à jouer cent fanfares.
Les heros jetterent des medailles où, d’un costé, le portrait de monseigneur le Dauphin estoit, et, de l’autre, une devise au sujet du baptesme.
La duchesse d’Enguien vint à la table des honneurs du parain et de la maraine, suivie du prince de Condé et du duc d’Enguien, [f. 84v] à qui elle donna l’aiguiere et le bassin, et au prince de Condé la serviete.
Le duc d’Enguien donna à laver au parain et à la maraine, qui estoient demeurez aux fonds, et le prince de Condé leur donna la serviete. Apres quoy les princes retournerent poser sur la mesme table ces pieces d’honneur, les remettans entre les mains de la duchesse d’Enguien.
La ceremonie finie, on s’en retourna au château neuf, dans l’appartement de monseigneur le Dauphin, dans le mesme ordre qu’on estoit venu.
Les chevaliers du Saint Esprit ne firent aucune reverence, parce que tout le monde avoit occupé le lieu où d’abord en arrivant ils l’avoient faite, mais depuis les fonds tirant vers l’autel, il y eut un espace vuide qui donna lieu aux princes et princesses de faire leurs salutations.
Le comte de Clermont salua l’autel, le Roy et la Reine, ensuite le prince de Conty, le duc d’Enguien et le prince de Condé firent les memes saluts.
[f. 85] Monseigneur le Dauphin et Monsieur firent ensemble leurs reverences, et les princesses selon leur rang.
Les evesques commandeurs suivirent la marche et reconduisirent Monseigneur.
Ce mesme soir, le Roy donna à souper au cardinal legat et à la princesse de Conty. La table estoit en equaire, le Roy estant assis au milieu de la table, la Reine à sa gauche, sous un dais spatieux.
Le cardinal legat à main droite à deux places de distance du Roy, et la princesse de Conty à main gauche à deux places de distance de la Reine. Le cardinal eut un fauteuil comme legat et la princesse de Conty un siege ployant.
Sur le retour de la mesme table, qui faisoit l’equaire, les princesses qui avoient servy à la ceremonie y mangerent, au nombre de quatre seulement parce que Mademoiselle estoit trop jeune pour souper si tard.
Le Roy et la Reine furent servis par [f. 85v] leurs grands officiers.
Le comte de Cossé servit de grand pannetier.
Le marquis de Crenan de grand eschanson.
Et le marquis de Charost, en l’absence du marquis de Vandeuvre, servit de grand escuyer tranchant, ayans tous la serviette sur l’epaule.
Le cardinal legat eut pour le service à table le comte de Saint Aignan et le comte de Nanteuil, petit fils du duc d’Estrees, parce que le cardinal legat de Joyeuse, en pareille occasion, eut deux fils de ducs.
La princesse de Conty et toutes les princesses eurent des gentilshommes servans pour les servir à table.
La seance estoit en cet ordre :
[vide]
[f. 86] Si la reine d’Angleterre fut venue en personne tenir sur les fonds monseigneur le Dauphin, un des grands officiers cy dessus nommé l’auroit servy. La place de la reine eust esté entre le Roy et la Reyne, parce que le Roy luy a toujours donné la main partout où il s’est trouvé avec elle, que si elle se fut mise à main droite du Roy, elle eut la main sur le cardinal, et pour l’honneur qu’on vouloit rendre au Pape, on trouva plus expedient qu’elle envoyast la princesse de Conty avec laquelle le cardinal n’avoit rien à demeler.
Le duc d’Enguien, comme grand maitre de la maison du Roy, donna au Roy et à la Reine la serviete à l’entrée de table et à la sortie.
Le marquis de Bellefonds, premier maitre d’hostel, la donna au cardinal à l’entrée, parce qu’il l’avoit donnée au cardinal Chisy au souper que le Roy luy fit, neantmoins il y avoit cette difference à faire qu’au cardinal Chisy, c’avoit esté le controlleur general qui l’avoit servy et qu’à celuy cy c’estoient des fils de ducs qui le devoient servir, mais parce que le marquis de Bellefonds avoit fait cette fonction, il [f. 86v] crut ne pas devoir ceder à des personnes qui ne pouvoient, ny par leur rang ny par leur qualité, luy enlever le service. Cependant, sur la fin du repas, il se retira et laissa au comte de Saint Aignan de donner la serviete.
Le comte de Saint Aignan et le comte de Nanteuil servirent le legat sans chapeau, la serviete sur le bras
Monsieur ne fut point du souper, parce qu’il n’a jamais de fauteuil en presence du Roy et que le cardinal en avoit un.
La princesse de Conty ne fut point distinguée des autres princesses.
Les maitres d’hotel de quartier furent à la viande que les valets de pied et les Cent Suisses porterent.
Le lendemain, le cardinal legat eut son audience de congé. Il fut receu par le Roy et la Reine et par monseigneur le Dauphin de la mesme manière qu’il avoit esté la veille de la ceremonie du baptesme.
[f. 87] Le Roy le traita trois jours durant et toute sa maison qu’on logea aussy par fourriers. »

Quittance pour une gratification accordée aux comédiens de la troupe royale qui ont joué à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires soubzsignez, André Hubert, l’un des comediens de la troupe du Roy, tant pour luy que pour les autres comediens composans lad. trouppe, a confessé avoir receu comptant de Nicolas Melique, escuier, conseiller du Roy en ses conseils et tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de sa chambre, la somme de six mil livres qu’il a pleu à Sa Majesté accorder pour les representations qu’ils ont faictes devant Sad. Majesté en son chasteau de Sainct Germain en Laye pendant le mois de fevrier dernier. Dont etc. Quittant etc. Faict et passé à Paris es estudes l’an MVIc soixante dix, le dixiesme jour de mars.
Hubert
Ferret, Gigault »

Quittance pour un tableau en miniature livré pour le roi à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires du Roy à Paris soubzsignez, sieur François Blanchery, peintre en mignature demeurant à Paris, isle Nostre Dame, rue des Deux Pontz, parroisse Sainct Louis, a confessé avoir receu de me Nicolas Melicque, conseiller du Roy, tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de la Chambre de Sa Majesté, la somme de trois cens quatre vingtz cinq livres à luy ordonnée pour son payement d’un tableau en mignature representant une Vierge qui tient le petit Jesus avec sa bordure de bois doré et garny d’une glace qu’il a livrée par ordre du Roy pour servir en son chasteau de Sainct Germain en Laye, de laquelle somme de trois cens quatre vingtz cinq livres il se contente, en quitte Sa Majesté, ledict sieur Melicque et tous autres. Faict et passé à Paris es estudes l’an mil six cens soixante quatorze, le quinziesme jour d’avril, et a signé :
F. Blanchery
Clement »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’audience donnée par le roi à Saint-Germain-en-Laye à l’ambassadeur du roi du Maroc

« [f. 213v] Audience donnée à Saint Germain à Hadgi Mehemed Thummin, gouverneur de Thetouen, ambassadeur de Mula Ismaël, roy de Maroc et de Fez, 1682
On douta de la manière dont on recevroit cet ambassadeur. Le premier ordre fut qu’il seroit receu comme les Moscovites [f. 214] l’avoient esté, mais depuis il fut arresté qu’il ne seroit point traité le jour de son arrivée à Paris à l’hostel des Ambassadeurs par un maistre d’hostel ny par les officiers du Roy, qu’il n’auroit point le jour de son audience de marechal de France pour l’accompagner, que le sieur de Bonneuil l’iroit seulement prendre dans les carrosses du Roy et de la Royne, qu’à son arrivée à Saint Germain il trouveroit dans l’avant cour du chasteau les compagnies des gardes françoises et suisses en hayes sans armes, que les gardes de la porte, ceux de la prevosté seroient à leurs postes ordinaires sans armes aussy, les Cens Suisses sur les degrés ayant derriere eux leurs halebardes, les gardes du corps sans armes dans leurs salles et que le capitaine des gardes ne le recevroit point à l’entrée de la salle, ny ne les conduiroit point à l’audience.
Le 4 janvier, le sieur de Bonneuil l’alla prendre à Paris dans les carrosses du Roy et de la Reyne, l’amena à Saint Germain et le conduisit à l’audience. [f. 214v] Le Roy estoit sur l’estrade de sa grand chambre, assis. Voyant l’ambassadeur, il se découvrit et ne se leva point de son fauteuil. L’ambassadeur s’approcha de la balustrade, fit de profonds saluts en la maniare des nations du Levant, et dit :
Empereur de France Louis 14, le plus grand de tous les empereurs et roys chrestiens qui ayent jamais esté et qui seront, l’empereur mon maistre, ayant entendu parler de toutes les grandes actions que Votre Majesté a fait dans l’Europe, comme d’avoir à la teste de ses armées conquis des royaumes, gagné un grand nombre de batailles et comme un lion vaincu tous ses ennemis, portant partout la terreur et l’effroy au travers de toutes sortes de dangers, toutes ses grandes actions ont tant donné d’admiration et d’estime à l’empereur mon maistre pour Votre Majesté qu’il a cru qu’à la conqueste du royaume de Fez, de Marocq, de Ris, des Arbousemes, de Tetouan, de Salé, Descasacq et la [f. 215] gloire d’un grand nombre de batailles, qui l’ont rendu le plus grand et le plus vaillant de l’Afrique, il faloit adjouter, pour le rendre content et glorieux, la paix avec Vostre Majesté. C’est pour cela qu’il m’envoye ambassadeur vous la demander.
La harangue, qu’il fit en arabe, fut interpretée par le sieur Dipy, interprete du Roy. Le Roy y ayant respondu favorablement, l’ambassadeur luy presenta sa lettre de creance, que le Roy remit entre les mains de M. de Croisi. On avoit cru que l’ambassadeur la devoit donner par respect à M. de Croisi qui l’auroit mis ensuitte entre les mains du Roy.
L’audience finie, le sieur de Bonneuil le reconduisit dans la salle de descente, d’où on le vint prendre à l’heure de disner pour le conduire à la table du grand chambellan.
Le cinq, il se rendit chez M. de Croisi, qui avoit esté nommé commissaire avec le marquis de Seignelay. Ny l’un ny l’autre ne luy donnerent la main.
[f. 215v] Ce jour là mesme, sur le soir, il fut conduit à la salle des ballets et vit l’opera d’Atis qu’on representoit devant le Roy. […]
[f. 216] Audience de congé donnée à Saint Germain à l’ambassadeur de Marocq le 10 février 1682
L’ambassadeur fut receu à sa dernière audience comme il l’avoit esté à la premiere. La garde ordinaire du regiment des gardes françoises et suisses estoient sans armes et en haye, comme des gens qui se rangent pour voir passer des [f. 216v] estrangers, et les gardes de la porte, ceux de la prevosté et les Cent Suisses en tocquent de velours occuperent les postes qu’ils prennent ordinairement aux occasions de ceremonies. »

Quittance du capitaine de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Nous Henry de Daillon, duc du Lude, conseiller du Roy en ses conseils, chevalier des ordres de Sa Majesté, grand maitre et capitaine general de l’artillerie de France, lieutenant des camps et armées du Roy, colonel du regiment de ses fuseiers, gouverneur et capitaine de Sainct Germain en Laye, La Muette, Saincte James, ville et ponts de Poissy, des environs de Versailles et lieux en despandants, confessons avoir receu de me [vide] la somme de vingt deux livres seze sols deux deniers laissée en fond dans l’estat des charges de la ferme generalle des Domaines de France pour une année des gages à nous ordonnez par Sa Majesté comme capitaine du chasteau de Sainct Germain en Laye, ladicte année escheue le dernier decembre mil six cens quattre vingts un, de laquelle somme nous quittons ledict sieur [vide] et tous autres. Faict à Paris le XXVIe jour de janvier mil six cens quattre vingts deux.
Le duc du Lude »

Quittance du portier du château de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Nous Henry de Daillon, duc du Lude, conseiller du Roy en ses conseils, chevalier des ordres de Sa Majesté, grand maitre et capitaine general de l’artillerie de France, lieutenant general des camps et armées du Roy, colonel du regiment de ses fuzilliers, gouverneur et capitaine de Sainct Germain en Laye, La Muette, Saincte James, ville et ponts de Poissy, des environs de Versailles et autres lieux en despandants, confessons avoir receu de me [vide] la somme de vingt deux livres laissée en fond dans l’estat des charges de la ferme generalle des Domaines de France pour une année des gages à nous ordonnez par Sa Majesté comme portier du chasteau de Sainct Germain en Laye, ladicte année escheue le dernier decembre mil six cens quattre vingts un, de laquelle somme nous quittons ledict sieur [vide] et tous autres. Faict à Paris le XXVIe jour de janvier mil six cens quattre vingts deux.
Le duc du Lude »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’installation du roi et de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 481] Arrivée de la reyne d’Angleterre en France avec le prince de Galles le 21 decembre 1688 et celle du roy d’Angleterre le 2 janvier 1689
Aussytost que la reyne d’Angleterre fut arrivée avec le prince de Galles à Callais, M. le duc de Charost, qui en est gouverneur, en donna avis au Roy.
Le Roy fit partir dans l’instant le marquis de Belinghem, son premier escuyer, avec un de ses carrosses du corps pour la reyne et deux autres carrosses de suitte, huit pages et quelques valets de pied.
Le Roy ordonna à monsieur le Prince, grand maistre de sa Maison, d’envoyer les officiers necessaires pour le traittement de la reyne.
Monsieur le Prince fit choix du sieur d’Esrouville, maistre d’hostel, et luy dit de mener avec luy deux gentilshommes servans, un controlleur clerc, un commis du controlleur general, des officiers de la Bouche et du Goblet avec un officier de panneterie et de fouriere.
Sa Majesté ordonna aussy à l’evesque d’Orleans, premier aumosnier, de nommer un chapelain et un clerc de chapelle,
Au duc de la Trimouille, premier gentilhomme de la chambre, deux huissiers de la chambre,
Au marechal de Lorge, capitaine des gardes du corps, de detacher 40 gardes avec le sieur de Saint Viance, lieutenant des gardes, les sieurs Demyanne et Hauteforts, exempts,
Au marquis de Thiladet, capitaine des Cent Suisses de sa garde, de faire partir 20 suisses, un exempt et un fourier,
[f. 481v] Au marquis de Sourches, grand prevosté de l’hostel, quatre gardes de la prevosté,
Au comte de la Chaise, capitaine de la porte, quatre gardes de la porte.
Le sieur de Cavois, grand mareschal des logis, eut ordre aussy d’envoyer deux mareschaux des logis et quelques fourriers.
Il n’y eut point d’officiers de ceremonie : la reyne ne vouloit point qu’on luy fit aucune reception dans les villes. Sa Majesté britanique demeura peu à Calais. Elle en partir le 23 decembre pour se rendre à Boulogne où la maison du Roy la joignit. Elle y sejourna quelques jours, ne pouvant se resoudre à s’esloigner de la mer pour avoir plus promptement des nouvelles du roy d’Angleterre, mais tous les bruits qui couroient que le roy avoit esté pris en se sauvant d’Angleterre firent qu’on pressa son depart pour la tirer d’un lieu où elle se trouvoit livrée toute entiere à sa douleur et sans aucune consolation.
Pendant qu’elle estoit en chemin, le roy receut des nouvelles que [le] roy d’Angletere s’estoit enfin sauvé et qu’il estoit arrivé le 2e de janvier, à quatre heures du matin, à Ambleteuse, à deux lieues de Boulogne.
La reyne d’Angleterre devant arriver à Beaumont le 5 janvier, le Roy y envoya le comte d’Armagnac, son grand escuyer, luy faire des complimens de sa part et de celle de monseigneur le Dauphin. Il eut ordre aussy d’aller ensuite complimenter [f. 482] le roy d’Angleterre. Sa Majesté ordonna en mesme temps au marquis de Belinghen de mener au roy d’Angleterre un carrosse du corps et d’en faire tenir trois sur la route, un à Beaumont, un à Luzarche et le 3e à Saint Denis.
Madame la Dauphine envoya le marquis d’Anjeau, son chevalier d’honneur, complimenter la reyne. Monsieur envoya le comte de Chastillon, son premier gentilhomme, Madame, le marquis de la Rongere, son chevalier d’honneur.
Le baron de Riviere, capitaine des gardes de M. le Prince, y fut de la part de son maistre, et de celle de madame la Princesse, de monsieur et de madame la Duchesse.
Toutes les personnes qui avoient esté complimenter la reyne allerent au devant du roy de la part de leurs maistres et de leurs maistresses luy faire les mesmes complimens.
Le 6, le Roy voulut aller au devant de la reyne d’Angleterre. Il se rendit au deça du vilage de Chatou dans la plaine de Saint Germain. Sa Majesté estoit accompagnée des deux compagnies de ses mousquetaires, des chevaux legers des gardes du corps et de ses gensdarmes, qui tous se placerent hors les gardes du corps, au deça du pont du Pec.
Le Roy, qui avoit eu avis que la reyne approchoit, voyant venir le carrosse où le prince de Galles estoit, descendit du sien, fit [f. 483] arrester le carrosse du prince de Galles, baisa ce prince et l’embrassa sans permettre qu’on le descendit. Le reyne, qui suivoit de pres, mit pied à terre. Le Roy quitta le prince de Galles et vint à la Reyne, la salua, la baisa et, apres beaucoup de civilités, il luy presenta monseigneur le Dauphin et Monsieur qui la saluerent et la baiserent. Le Roy ensuite la prit par la main et la fit monter dans le fond du carrosse d’où elle venoit de descendre, la plaça à droit et se mit à gauche. Monseigneur le Dauphin et Monsieur se mirent dans l’autre fond et la donna Victoria et [vide] qui estoient venues avec la royne d’Angleterre se placerent sur le strapontin.
L’on marcha vers Saint Germain en cet ordre :
Les deux compagnies des mousquetaires
Les chevaux legers
Le carrosse du premier escuyer
Le carrosse du corps du Roy
Quatre chevaux legers à la teste du carrosse, quatre gardes du corps avec l’aide major marchant à la reste des chevaux du carrosse du Roy
Le carrosse où Leurs Majestés estoient
Les gardes du corps derriere le carrosse
Les gensdarmes
La marche fermée par les carrosses des princes
A la descente du carrosse, dans la cour du château de Saint Germain, le Roy donna la main [f. 483] à la reyne pour la mener dans son appartement, qui est celuy que la feue reyne occupoit. Où ayant esté peu de temps, il voulut mener le prince de Galles dans celuy qu’on luy avoit preparé, proche de l’appartement de la reyne, mais la reyne voulut l’en empescher et, ne l’ayant pu faire, le suivit. Ensuitte, ils revinrent ensemble dans la chambre de la reyne et de la passerent dans un cabinet où ils demeurerent seuls un quart d’heure, monseigneur le Dauphin et Monsieur estant restés dans la chambre.
Lorsque Leurs Majestés sortirent du cabinet, le Roy ne voulut jamais souffrir que la reyne le reconduisit, l’obligeant à demeurer dans sa chambre.
Le 7 janvier, sur les six heures du roi, le roy d’Angleterre arriva à Saint Germain dans les carrosses du Roy. Son premier dessein estoit de passer par Versailles pour y voir le Roy, mais le Roy luy manda qu’il l’alloit attendre à Saint Germain, ce qu’il fit. Pendant qu’il l’attendoit, il visita la reyne, qui estoit au lict. Comme on vint à parler dans la conversation du prince de Galles, la reyne dit au Roy : J’advoue, Monsieur, que j’estimois mon fils bien heureux de ne pas sentir ses malheurs, mais presentement je l’estime bien malheureux de n’estre pas en estat de connoistre les bontés que vous avez pour luy.
Le Roy estant averty que le roy d’Angleterre arrivoit dans la cour du château voulut aller au devant de luy jusques au haut de l’escalier. Mais la foule du courtisan l’empescha d’y arriver. Les deux roys se rencontrerent dans la salle des gardes [f. 483v] du corps, où ils s’embrasserent à diverses fois, se traiterent de Monsieur et de Majesté se parlant l’un à l’autre, et après s’estre donné des marques d’estime, le Roy crut qu’il ne faloit pas retarder le plaisir à la reyne de voie le roy d’Angleterre. Sa Majesté le pressa de passer le premier, luy donna le pas et la main, luy disant que pour aujourd’huy il vouloit faire les honneurs de sa maison, mais qu’apres l’avoir mis en possession, il seroit à luy à les faire à son tour.
Les roys et la reyne furent quelque temps en public. Le Roy mena ensuitte Sa Majesté britanique pour voir le prince de Galles. Ce fut là que, dans la conversation, le roy d’Angleterre conta la manière qu’il s’estoit sauvé de Rochester, estant assés persuadé que le prince d’Orange avoit favorisé sa retraite par la negligence des gardes qu’on luy avoit donné. De là, ils passerent chez la reyne où ils demeurerent une demye heure tous ensemble proche du lict. Le Roy sortant, le roy d’Angleterre voulut le reconduire. Le Roy luy dit : Monsieur, nous avons plus d’un jour à vivre ensemble, ne faisons point de ceremonie ; vous ne me reconduirez point. Le roy d’Angleterre ne sortit point de sa chambre et laissa aller le Roy comme il voulut.
Le 8, le roy d’Angleterre vint à Versailles voir le Roy. Lorsque Sa Majesté britannique arriva, la garde françoise et suisse estoit sous les armes, tambours battant, le Roy ayant donné un ordre pour tousjours au mareschal duc de [f. 484] La Feuillade, maistre de camp du regiment des gardes, au duc de Noailles, capitaine des gardes du corps, et au marquis de Thiliadet, capitaine des Cent Suisses, de faire rendre au roy d’Angleterre de pareils honneurs qu’à luy mesme.
Dans le temps que le roy d’Angleterre arrivoit, le Roy, accompagné de monseigneur le Dauphin, de Monsieur, de messieurs les princes du sang, vint au haut du degré de son petit appartement par où le roy d’Angleterre devoit passer. Le Roy le receut avec un acceuil favorable, l’embrassa, luy donna la main aux passages, le conduisit dans son salon, proche de la table, vis à vis de la cheminée, où les roys pendant une demye heure s’entretinrent en public. Ensuitte, ils entrerent dans le cabinet où ils demeurerent ensemble.
Au sortir du cabinet, le Roy mena par la galerie le roy d’Angleterre chez madame la Dauphine qui les receut à la porte de sa chambre, où le roy d’Angleterre la salua et la baise. Les roys demeurerent debout pendant la conversation, ce qui donna lieu à monseigneur le Dauphin de se rendre chez luy pour recevoir le roy d’Angleterre. La visite rendue, madame la Dauphine reconduisit le roy d’Angleterre jusques à la porte de la salle des gardes, et le Roy le reconduisit jusques au haut de l’escalier, ordonnant à ses courtisans d’accompagner Sa Majesté britanique chez monseigneur le Dauphin.
Monseigneur receut le roy d’Angleterre [f. 484v] hors la porte de la salle de ses gardes, le conduisit dans sa chambre où, après avoir esté quelques temps, Monseigneur le mena dans son cabinet où ils demeurerent debout et couverts, et lorsque le roy se retira, Monseigneur le reconduisit jusques au lieu où il l’avoit receu.
Le roy d’Angleterre alla aussy visiter les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Bery, Monsieur et Madame, et de là revint à Saint Germain, aiant trouvé à son passage tous les gardes tambours battant.
Le 9, Monseigneur le Dauphin ala [à] Saint Germain rendre visite au roy et à la reyne d’Angleterre. Il commença par le roy, qui le receut à la porte de sa petite chambre. Ils ne s’assirent et ne se couvrirent point. Monseigneur se retirant, le roy le reconduisit jusques au lieu où il l’avoit pris. De là, Monseigneur passa par un cabinet pour aller à l’appartement de la reyne. La reyne fit quelques pas pour aller au devant de luy, luy fit donner un fauteuil qu’on plaça au dessus du sien. Après la conservation qui dura peu, Monseigneur prenant congé de la reyne, fit les mesmes pas qu’elle avoit fait à sa reception.
Le 10, Madame, Mademoiselle, madame la grande duchesse, madame de Guise se rendirent à Saint Germain sur les trois heures. Elles allerent d’abord voir le roy d’Angleterre qui les baisa. Elles visiterent ensuitte la reyne d’Angleterre, qui les baisa aussy. Sa Majesté britanique, apres avoir pris un fauteuil, en fit donner un à Madame [f. 485] et des sieges playans aux trois princesses.
Le 11, mesdames les princesses du sang rendirent les mesmes devoirs au roy et à la reyne. Elles eurent les mesmes honneurs que Mademoiselle.
Ce mesme jour, madame la princesse de Lisbonne avec mesdemoiselles de Lisbonne et Commercy, ses filles, la princesse d’Arcourt et la princesse de Soubise, mesdames les duchesses de Chevreuse, de Saint Simon, de Beauviliers, vinrent voir la reyne. On donna à ces dames des sieges playans. Elles avoient pretendu d’estre baisées de la reyne, mais la reyne leur fit dire avant leur visite qu’elles pouvoient choisir ou estre traittées selon le ceremonial anglois, qui alloit à les baiser seulement, ou selon le ceremonial françois, qui est d’estre assise sur des sieges playans et d’avoir l’entrée au château pour leurs carrosses. Pendant que ces dames estoient au cercle de la reyne, le roy survint, qui les salua toutes et les baisa, commençant par les princesses que le sieur de Saint Viance luy noma.
Le 13, sur les unze heures, monsieur Boucherat, chancelier, accompagné des sieurs Courtin, du Harlay, du comte d’Avaux, conseillers d’Estat, et de quelques maistres des requestes, alla comme particulier à Saint Germain voir le roy d’Angleterre, à qui il fit un compliment et luy presenta ensuitte les personnes qui l’avoient accompagné.
A midy, Monsieur vint rendre visite au roy d’Angleterre. Le roy, qui estoit dans sa petite chambre, ne fit qu’un pas ou deux pour le [f. 458v] recevoir et conserva la main sur luy. Monsieur s’excusa sur son indisposition d’avoir tant tardé à le venir voir. Pendant tout le temps de la visite, ils demeurerent l’un et l’autre debout et decouverts, et lorsque Monsieur prit congé de luy, le roy ne le reconduisit point. Monsieur alla aussy chez la reyne, Sa Majesté britanique, après avoir pris un fauteuil qu’on plaça vers le milieu du lict, en fit donner un à Monsieur, qu’on mit au dessous du sien. Monsieur s’assit sans se couvrir. La conversation dura peu. Le roy et la reyne n’avoient pas encore esté à la messe, il estoit tard. Monsieur se leva, le roy entra dans l’instant, la reyne et Monsieur se separerent, Monsieur pour aller voir le prince de Galles. Alors le roy donna la main à la reyne pour la conduire à la chapelle dans une tribune où, l’ayant laissée, descendit en bas entendre la messe, estant accompagné des gardes du corps du Roy. Après la messe, il remonta à la tribune reprendre la reyne.
Le roy et la reyne disnerent en public avec les mesmes ceremonies qu’on observe pour le Roy, le maistre d’hostel ayant son baston, l’essay se faisant des viandes, la nef au bout de la table, et à chaque couvert un cadenas. Pendant le disner, la duchesse de Nevers et quelques autres duchesses vinrent, à qui on donna des sieges playans.
Apres le disner, monsieur le Prince, monsieur [f. 486] le Duc, monsieur le prince de Conti, monsieur le duc du Maine, et monsieur le comte de Thoulouze, visiterent le roy. Sa Majesté britanique les receut debout sans faire aucun pas. Monsieur le Prince les presenta tous. Le roy se couvrit et les princes se couvrirent et demeurerent couverts pendant tout le temps qu’ils furent ensemble. La visite finie, les princes se retirerent et le roy demeura en sa place.
Ces princes visiterent la reyne, qui estoit assise dans un fauteuil. Elle se leva, les baisa tous, et leur fit donner des sieges playans. Mais comme la reyne avoit à aller à Versailles, ils demeurernt peu à leur visite. Lorsqu’ils se leverent, la reyne se leva mais ne fit aucun pas pour les conduire. Tous ces princes passerent dans l’appartement du prince de Galles.
La reyne partit sur les trois heures de Saint Germain. Elle monta dans un carrosse du corps du Roy, un exempt et vingt gardes du corps la suivoient. Elle trouva en arrivant à Versailles la garde françoise et suisse sous les armes, tambours battant, à la porte les gardes de la porte, les gardes du grand prevost et les Cent Suisses sous les armes dans la cour. Sa Majesté britanique descendit au bas de l’escalier du petit apartement. Le Roy la receut au haut de l’escalier et la conduisit au salon, luy fit donner un fauteuil et en prit un qu’on mit au dessous du sien. Sa visite faite, le Roy la conduisit par la galerie chez madame la Dauphine, qui la receut à l’entrée de son [f. 486v] appartement. Le Roy, les ayant mis ensemble, les quitta. Madame la Dauphine presenta à la reyne monsieur le duc de Bourgogne, le duc d’Anjou et le duc de Bery. Sa Majesté les baisa tous. L’on prit des fauteuils. La reyne se mit au milieu, à la place d’honneur, ayant à sa droite madame la Dauphine et à sa gauche monsieur le duc de Bourgogne, monsieur le duc d’Anjou au dessous de madame la Dauphine et le duc de Bery au dessous de monsieur le duc de Bourgogne, Madame au dessous de monsieur le duc d’Anjou. Le cercle fut grand et remply de princesses et de duchesses à qui on donna des sieges playans. La visite dura plus d’une demie heure, apres laquelle la reyne alla voir monseigneur le Dauphin, estant reconduite par madame la Dauphine jusqu’à la salle des gardes, où elle n’entra pas. Monseigneur receut la reyne au mesme lieu qu’il avoit receu le roy et la reconduisit apres sa visite au mesme endroit. De chez Monseigneur, elle alla voir messeigneurs les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Bery dans leur appartement, et ensuitte Monsieur et Madame qui l’attendoient chez eux.
Depuis, les roys se sont veus familierement sans aucune ceremonie.
Monsieur de Chartres n’a pas veu en visite le roy. Mademoiselle d’Orleans, qui faisoit difficulté [f. 487] au commencement de visiter le roy et la reyne, les a veu depuis avec madame la grande duchesse et madame de Guise.
Le sieur de Bonneuil, introducteur des ambassadeurs, demanda au roy d’Angleterre audience pour messieurs les ambassadeurs de Venise, de Savoye et de Malte, qui, s’estant rendus à Saint Germain au jour qu’on leur avoit marqué, on leur dit que le roy les recevroit en particulier, dans son cabinet, sans les faire couvrir, à quoy les ambassadeurs ne pouvant consentir, ils ne le virent point.
Le roy ne creut pas devoir leur donner une audience publique. Il n’avoit pas voulu recevoir de complimens d’aucun corps du royaume.
Le roy d’Angleterre partit de Saint Germain le dernier de fevrier 1689 pour aller en Irlande. »

État du coût des travaux réalisés aux châteaux de Saint-Germain-en-Laye de 1664 à 1690

« [f. 17v] Châteaux de Saint Germain en Laye et le Val
Cette maison, illustrée par la naissance du Roy, est très ancienne. Elle consiste en deux châteaux, l’un vieil et l’autre neuf. Le vieil château est beaucoup plus beau et mieux bâty que le neuf. Ils ne sont séparez l’un de l’autre que d’une grande basse cour qui pouroit servir [f. 18] de manège.
Le vieil château est entièrement isolé, d’une forme assez irrégulière. Cinq gros pavillons en font le principal ornement. Un balcon de fer règne dans toute la circonférence du château à la hauteur des principaux, apartemens, qui sont très vastes. Ce château a pour principal aspect les jardins et la forest, et le château neuf sa principale veue sur la rivière de Seine. Le Roy, qui y a séjourné très longtemps, y a fait faire des augmentations considérables. C’est une demeure toute royale et, quoyque la cour n’y habite pas actuellement, ce ne laisse pas d’estre un des plus beaux lieux des environs de Paris pour sa situation naturelle.
Le Val est un jardin dépendant [f. 18v] de Saint Germain que Sa Majesté fait entretenir avec soin et qui produit une infinité de beaux fruits dans toutes les saisons, surtout des précoces.
Je ne dis rien des autres dépendances de Saint Germain, crainte d’ennuyer.
Dépenses des châteaux de Saint Germain en Laye et dépendances par années
Années :
1664 : 193767 l. 13 s. 6 d.
1665 : 179478 l. 14 s. 9 d.
1666 : 59124 l. 11 s. 6 d.
1667 : 56235 l. 8 s. 4 d.
1668 : 120271 l. 18 s. 3 d.
1669 : 515214 l. 19 s.
1670 : 597429 l. 1 s. 4 d.
[f. 19] 1671 : 361020 l. 11 s. 11 d.
1672 : 208516 l. 13 s.
1673 : 97379 l. 4 s. 3 d.
1674 : 112168 l. 19 s. 11 d.
1675 : 130306 l. 18 s. 2 d.
1676 : 176118 l. 14 s. 10 d.
1677 : 194303 l. 14 s. 2 d.
1678 : 196770 l. 5 s. 9 d.
1679 : 447401 l. 14 s. 4 d.
1680 : 607619 l. 9 s. 2 d.
1681 : 279509 l. 9 s. 2 d.
1682 : 662826 l. 13 s. 4 d.
1683 : 460695 l. 9 s. 8 d.
1684 : 300218 l. 19 s.
1685 : 189598 l. 0 s. 7 d.
1686 : 47618 l. 4 s. 5 d.
1687 : 50450 l. 2 s. 1 d.
[f. 19v] 1688 : 152950 l. 18 s. 10 d.
1689 : 33176 l. 13 s. 6 d.
1690 : 25388 l. 15 s. 3 d.
Somme totale : 6455561 l. 18 s.
Six milions quatre cent cinquante cinq mil cinq cent soixante une livres dix huit solz »

Description des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 78] Description des bâtimens du vieux chateau de Saint Germain en Laye
Apres avoir amplement prouvé l’antiquité du [p. 79] vieux château de Saint Germain en Laye par tout ce qui a esté dit cy devant depuis la fondation et commencement d’iceluy, faite par le roy Louis 6e vers l’an 1122, ce qui confirme qu’il est l’un des plus anciens chateaux de France qui subsiste à present, apres celuy de Compiegne que l’on pretend avoir esté baty par le roy Charles le Chauve vers l’an 876, le chateau de Fontainebleau n’ayant eté baty que par le roy Louis 7 vers l’an [vide], le vieux Louvre de Paris par le roy Philippes Auguste, Vincennes par le roy Charles 5, Chambord, Madrid, Folambray, La Muette dans la forest de Saint Germain par le roy François premier et beaucoup d’augmentation dans les autres chateaux. Le roy Henry 4 a baty aussy Monceaux, Annet et le château neuf de Saint Germain en Laye. Versailles par le roy Louis 13. Touttes lesdites maisons ont esté la pluspart aussy augmentez et ornez du reigne du Roy ainsy qu’ils se voyent dans leurs magnificences extraordinaires, comme celuy de Versailles et ses dependances, Marly, le Val et le vieux chateau de Saint Germain en Laye dont on fera une mention particuliere des augmentations qui y ont eté [p. 80] faites de temps en temps depuis sa derniere destruction qui fut faite par l’incendie du reigne du roy Philippes de Vallois l’an 1346. Ce château n’etoit baty dans ce temps qu’en maniere d’une forteresse, n’y ayant aucune cimetrie, avec quelques tours aux angles d’iceluy, entouré d’un large et profond fossé revetu de pierre de taille. Son rempart estoit tres fort, où il y avoit des crenaux, meurtrieres et abaventes, ce qui luy servoit de deffence dans ce temps que la poudre n’etoit point encore inventée, ne l’ayant esté qu’en l’an 1380 par un nommé Bertol de Skuartz, en uzage en France vers l’an 1425 au siege de la ville du Mans. Tout le circuit etoit bien fermé, n’y ayant que 3 ponts levis pour y entrer, dont l’un etoit baty d’une structure tres particuliere en maniere d’une grande arcade surbaissée sur toutte la largeur du fossé, où l’on passoit meme à couvert dans le parc sans etre veu. Ce pont a eté demoly quand on a construit le pavillon où est l’appartement du Roy. Ce château ou forteresse estant demeuré ruiné jusqu’au regne du roy Charles 5 dit le Sage, vers l’an 1367, ayant veu que la scituation de ce château etoit [p. 81] tres belle et fort avantageuse tant pour une forteresse que pour une maison de plaisance, prit la resolution de la rebatir sur ses anciens fondemens et d’y ajouter meme quelques logemens, pour y pouvoir loger dans des saisons de l’année. C’est ce qui a fait croire à plusieurs historiens que c’etoit Charles 5 qui avoit fait jetter les premiers fondemens de ce chateau, n’ayant pas penetré jusqu’à la source de son antiquité de plus de deux cens ans devant le roy Charles 5.
La cour de ce château est d’une figure fort extraordinaire et dont l’on ne peut pas dire au vray la forme, n’etant ny carrée, ny ronde, ny ovalle, l’on dit qu’elle ressemble assez à un B gotique. Elle est remarquable par sa scituation où il peut y avoir de l’ombre et du soleil dans touttes les saisons de l’année par l’elevation de son batiment, qui a eté relevé de la hauteur des deux tours du reigne du roy François Ier vers l’an 1535, qui aymoit fort ce lieu etant accompagné d’une si belle forest, sy propre aux plaisirs de la chasse et de la promenade. C’est ce qui obligea ce grand roy de faire bien des augmentations aux batimens de ce château pour en faire sa demeure la plus ordinaire, et pour cet effet en donna la commission [p. 82] au seigneur de Villeroy pour veiller et faire batir cet ediffice lors que la charge de surintendant des Bâtimens n’etoit pas encore erigée et ne se faisoit que par la commission qu’en donnoit le Roy au premier de ses favoris. Ce batiment fut elevé en peu de temps dans toute son etendue de pierre et brique de la hauteur qu’il est à present, d’une tour ancienne restée où est presentement posée une guerite couverte de plomb fort elevée dans laquelle il y a une grosse horloge et 3 cloches qui y furent mises en l’année 1683, le tonnerre et le foudre ayant tombé dessus ladite guerite au mois de juillet de ladite année et l’ayant entierement consumée en telle façon qu’il n’y en demeura aucune chose et, sans le prompt secours qui y fut apporté, le chateau en auroit bien eté endommagé.
Tout le batiment est vouté par le haut, couvert en platte forme de grandes pierres dures entourées d’un ballustre de pierre tournées, avec des pillastres de distances egalles où sont gravez en relief les armes de France avec des salamandres et des E F couronnez qui sont les devises et chiffres de ce grand roy François ainsy qu’il y en a en plusieurs autres endroits de ces batiments, particulierement aux cheminées, qui sont de briques, qui exceddent beaucoup par dessus cette grande terrasse qui [p. 83] peut passer pour l’une des plus belles du royaume par son elevation, qui sert meme d’une grande promenade et d’où l’on peut decouvrir de bien loing ainsy qu’il fut eprouvé par le roy Henry 4, etant lors dans ce lieu, ayant fait faire du feu la nuit sur un des costez du haut de ce château qui fut veu de celui de Monceaux, qui en est eloigné d’environ 15 à 16 lieues, où etoit pour lors madame Gabrielle d’Estrée.
Le roy François n’epargna rien pour rendre les logemens de cette maison royalle commodes et en assez grand nombre pour y pouvoir loger toutte sa cour, qui commençoit à etre dans ce temps assez nombreuse. Les appartemens etoient composez sans beaucoup de magnificence, n’estans ornez en dedans que de quelques lambris de bois peint avec quelques filets d’or dessus la menuiserie posée au pourtour des chambres et cabinets, ainsy qu’il y avoit aussi sur les cheminées faites de grosse sculpture de pierre où etoient gravez les armes de France. Tous ces appartemens etoient les uns sur les autres, sansun grand plain pied que de 3 pieces de suitte separées par plusieurs petits corridors et escaliers qui faisoient leur degagement. Du costé du soleil couchant, il y a la grande salle servant aux bals, ballets, comedies et operats qui ce faisoient dans des jours de rejouissance et aussi aux autres ceremonies qui se font dans des jours divers. Cette salle passe [p. 84] pour une des plus spacieuses du royaume. Elle est voutée d’une grande hauteur en arcades de pierre et brique, entourée d’un amphiteatre de menuiserie où il y peut tenir une tres grande quantité de personnes assizes tres commodement.
Du costé du midy, ce voit une tres belle chapelle qui compose toutte la face du chateau. Elle est aussy ancienne que le chateau, batie tres delicatement, voutée en arcades et ceintrées de pierre d’une tres grande hauteur. Elle contient [vide] de long sur [vide] de largeur, et dedidée en l’honneur de saint Jean Baptiste, auquel jour le clergé de la paroisse de ce lieu alloient cy devant en procession touttes les années par devotion. Cette chapelle etant demeurée sans avoir eté bien decorée jusqu’au reigne du roy Louis 13 dit le Juste, qui, par une pieté toutte particuliere, la fit decorer en l’année 1625 ainsy qu’elle se voit de present, tres bien dorée et peinte fort delicatement, accompagnée d’une belle sculpture et architecture, principallement le retable du grand autel qui est d’ordre corinthien soutenu de 4 grosses colonnes de marbre noir accompagnés de leur bases et chapitaux de marbre blanc bien façonnez. Dans le milieu d’iceluy, il se voit, dans une tres riche bordure dorée, un tableau d’une Cenne de Notre Seigneur d’une beauté achevée, fait par l’excellent peintre le Poussin, qui est d’un prix inestimable. Au dessus [p. 85] duquel un autre tableau dans le frontispice representant une sainte Trinité fait par Voit, peintre de l’Academie, accompagné de deux anges au naturel de stuc tenant les armes de France. Le cœur de cette chapelle est separé de la nefs par une belle balustrade de fer ornée et dorée en divers endroits, laquelle renferme aussi deux petittes chapelles aux deux costez, y ayant des retables d’autel de menuiserie dorez. Dans celuy à droit, il y a un tableau de saint Louis donnant l’aumone et dans l’autre, à gauche, il y a un tableau de la sainte Vierge et de sainte Anne faitz par ledit Voit. Touttes les murailles ainsy que la voute sont peintes et dorées avec plusieurs tableaux de l’histoire sainte et une tres belle menuiserie qui en fait tout le cirant. Cette chapelle est aussi des plus commodes pour entendre le divin service, tant de plain pied que par une tribune qui est par le haut des galleries, qui a communication à tous les appartemens du château, à y venir à couvert, ainsy qu’au jubé qui est tres spacieux, où il y a de belles orgues. La sacristie est tres commode, où est gardé tous les ornemens qui servent au divin service, qui sont tres magnifiques. Tous les vases sacrez sont d’or et d’argent vermeil doré et d’une orphevrerie toutte [p. 86] particuliere, principallement la grande croix. Les chandeliers, vases et la lampe sont d’une grande beauté, lesquels ont esé volez deux fois de notre temps, la premiere la veille de la feste des roys en l’année 1648 par 3 volleurs dont l’un etoit du village de Neuilly, lequel y fut pris, y ayant porté une partie desdits vases sacrez, et fut pendu devant la porte du chateau, et encore en l’année 1674 par le sieur de Courcelles, qui avoit emporté la grande croix et les chandelliers sur le chemin de Cambray, qui lors n’etoit pas à la France, ayant esté pris à Liancourt, eut la teste tranchée à la croix du Traoir à Paris.
Il est à remarquer que cette chapelle royalle avoit eté autresfois deservie par les religieux de Sainte Genevieve du prieuré d’Hannemont, lorsque le roy Charles V fit demolir la vieille chapelle du chateau de Poissy vers l’année 1367 et fait restaurer celle du château de Saint Germain en Laye, ces religieux l’ayant aussi desservie jusqu’à la fin du reigne du roy Henry 4e que, la communauté de ce prieuré d’Hannemont etant diminuée jusqu’à n’y avoir qu’un seul religieux par les mauvais temps des guerres civiles, lequel ne pouvant continuer [f. 87] de faire son devoir de religieux et de desservir icelle chapelle, ce qui etoit cause qu’elle estoit ordinairement fermée en l’absence du sejour du Roy, n’y ayant aucun service divin. Ce qui auroit duré jusqu’en l’année 1640 que le roy Louis 13, d’heureuse mémoire, ayant fait decorer et embellir ce saint temple, voulut que les louanges du seigneur y fussent chantés comme par le passé, et pour cet effet la fonda d’un chaplain nommé de Beaumont et deux petits clercs, lequel chaplain seroit obligé dorenavant de celebrer tous les jours à l’intention de Sa Majesté une messe basse avec un petit Salut le soir, ce qui c’est observé tres ponctuellement jusqu’en l’année 16[vide] que le roy Louis 14 à present regnant, voulant aussi concourir à la pieté du Roy son père et pour etre meme participant aux prieres qui se diroient doresnavant dans cette chapelle royalle, a augmenté la fondation d’une messe tous les jours qui se dira à son intention par l’un des deux pretres qui tiendront la place des deux petits clercs cy devant fondez, lesquels seront sous la direction de l’ancien titulaire pour ayder à desservir et faire le divin service avec plus de commodité et de veneration, meme assister dans les ceremonies qui s’y font quelques fois comme baptesmes, mariages des roys, [p. 88] princes et autres personnes de la premiere qualité dont il y en a plusieurs qui s’y sont faits pendant quelques reignes. […]
[p. 90] Il est à remarquer que, comme le roy Louis 14 faisoit son sejour ordinaire dans ce château de Saint Germain depuis plusieurs années ainsy qu’il a esté justiffié cy devant, ayant veu que les appartements et logements ordinaires n’etoient pas assez spacieux ny en assez grand nombre pour y pouvoir loger avec toutte sa cour, aussi grande et magnifique qu’elle est, qui surpasse touttes celles qui ont esté par le passé, Sa Majesté, pour cet effet, prit resolution en l’année 1680 de batir pour agrandir les batimens de ce vieux château cinq gros pavillons aux angles d’iceluy, d’une pareille hauteur, cimetrie et construction que l’ancien, ce qui a esté executé en tres peu de temps sous les ordres du sieur Colbert, lors ministre, secretaire d’Estat et surintendant des Bâtimens de France, sur les desseins du sieur Mansart, premier des architectes de Sa Majesté, dont le genie et la capacité sont tres connue dans tout le royaume, où la despence a monté a plus de seize cens mil livres, y compris une reparation entiere des anciens batimens qui fut aussy faite dans tout ce [p. 91] chateau, n’y en ayant point eu depuis le reigne du roy François premier. Par cet ouvrage, les appartements et logemens ont eté agrandis et augmentez en tres grand nombre, qui sont à present tres commodes et bien degagez les uns des autres par plusieurs corridors, entresolles et escaliers, en telle façon que le Roy et toutte sa cour y peut être tres bien logée et commodement dans touttes les saisons de l’année.
Au devant du chateau, du costé de l’eglise de la paroisse du lieu, il y avoit une avant cour tres ancienne qui servoit pour les offices et corps de gardes, où etoient aussi les logemens de messieurs les secretaires d’Etat et celuy de M. le capitaine de Saint Germain. Les batimens de cette cour estant tombez en ruine par leur caducité, n’etans couverts que de tuille, ayans eté cy devant batis sur les anciens fondemens des cloitres des religieux du prieuré qui pour lors etoient en ce lieu, cette cour fut demolie en l’année 1682 pour la rebatir de neuf sur un autre dessein, convenable aux batimens du château.
[p. 92] Chateau neuf de Saint Germain en Laye
Le chateau neuf de Saint Germain en Laye n’est distance du vieux que d’environ deux cens toises, separé par une espece d’avant cour verte avec une chaussée de pavé qui y conduit. L’on tient que le roy François premier y avoit fait jetter quelques fondements, qui etoient demeurez imparfaits jusqu’au reigne du roy Henry 4 et de la reyne Marie de Medicis, sa femme, lesquels ont fait construire entierement ce chateau vers l’année 1600, ayant trouvé cette scituation tres agreable pour y faire leur sejour dans les beaux jours de l’année. Je diray en faisant la description de ce chateau qu’il etoit l’un des plus jolis qu’il y eut dans le royaume, etant baty sur un dessein tres particulier. La principalle cour est [p. 93] d’une figure exagone. Tous les batiments sont faits de pierre de taille, façonnez avec des briques par compartiments, tres peu elevez, en plusieurs pavillons reguliers couverts d’ardoise et plomb tres proprement, n’y ayant qu’un etage lambrissé. Les premiers appartemens sont au rez de chaussée, fort grands et magnifiques, et tres bien exposez, ayant la veue par devant au soleil levant, où se voit la plus belle qui soit dans l’univers, et de l’autre costé sur des cours où il y a plusieurs beaux logemens pour les personnes de qualité et officiers de la suitte.
La principalle porte est du costé du vieux chateau, qui est ornée d’un tres beau portail soutenu par douze grosses colonnes de pierre rondes, cizelées et taillées en compartimens de broderie, sous lesquelles il y a un vestibul avec une terrasse dessus entourée d’un ballustre de pierre tournées avec pillastres de distance en distance, où sont gravez en relief les armes de France et la devise de ce roy, qui est une epée couronnée avec l’inscription Duo protegit unus. De cette porte, l’on entre dans la princiaplle cour, qui est d’une tres belle figure, au bout de laquelle est l’entrée [p. 94] de la grande salle qui separe deux grands appartements et sert aussi de passage à aller dehors sur les terrasses.
Le premier appartement est à droit en entrant, qui etoit celuy de la reyne Marie de Medicis, qui est composé de plusieurs pieces de plain pied richement dorez, peints et plafonnez tres proprement d’ornemens et de sculpture, au bout desquelles il y a une belle gallerie qui sert de cabinet à cet appartement, de la longueur et largeur de toutte la face du batiment, qui est aussi dorée, peinte et plafonnée d’ornemens tres fins, avec de grands tableaux entre les croisées qui representant plusieurs villes et paysages au naturel. Cet appartement a toujours servy au logement des reynes, en dernier lieu à la reyne Anne d’Autriche où elle fit son dernier testament, etant à l’extremité de maladie, y ayant receu le saint sacrement le 3e aoust de l’année 1665 […]. [p. 97] Et le unzieme dudit mois, elle se fit porter au Louvre à Paris, où elle deceda sur les six heures du matin, le vendredy 20e janvier ensuivant 1666, aagée de 64 ans et 4 mois.
L’autre grand appartement de ce chateau est à gauche de la grande salle. Il sert pour le Roy, composé de meme quantité de pieces que celuy de la Reyne, avec une pareille gallerie ornée et peinte de meme, à l’exception des tableaux qui sont l’histoire de Dianne chasseresse dans de beaux paysages. C’est dans cet appartement qu’est arivé l’heureuse naissance du roy Louis 14 à present regnant, le 5e septembre 1638, laquelle avoit eté tant desirée [p. 98] par plusieurs années, qui donna une tres grande joie dans tout le royaume. C’est aussi dans ce meme lieu où arriva la facheuse mort du roy Louis 13, son père, le 14e may 1643, feste de l’Ascension, qui causa aussi une grande tristesse par tout ce royaume, dont le recit en sera fait cy apres plus amplement. Tous les autres appartemens de ce château sont par haut assez commodes, la pluspart lambrissez, les autres sont par bas dans les 2 basses cours où sont les offices, cuisines et autres logemens du commun, où il y a deux grandes vollieres pour toutes sortes d’oiseaux rares comme poulles huppées, cannes musquées, paons, faisands, autruches, perroquets et autres especes farouches les plus rares qui c’etoient pu trouver, comme aussy des animaux qui etoient en tres grand nombre enfermez dans des lieux particuliers que l’on faisoit veoir comme une chose tres rare par curiosité.
En sortant de la grande salle sur le devant de la [p. 99] belle veue, l’on se trouve sur une grande terrasse qui contient toutte la face du batiment, fort elevée, revetue de pierre cizelée avec des compartimens de briques, aux deux bouts de laquelle il y avoit deux galleries voutées en arcades et ceintrées en portique, soutenues par des pilliers à jour qui soutenoient des terrasses au dessus garnie de ballustres de pierre tournées avec des pillastres ornez de sculpture, qui servoient à se promener à couvert et à passer dans deux gros pavillons pavillons carrez, dont l’un servoit d’une chapelle et l’autre de logement. Ces deux pavillons sont dettachez du corps du château, batis de pierre et briques, tres bien ornez d’architecture, couverts d’ardoise en ecailles et plomb par rayons tres bien façonnez et entourez d’un mesme ballustre et pillastres que sur les autres terrasses, avec les chiffres du roy et de la reyne Marie de Medicis, dont ce chateau est partout orné, ce qui en fait une des beautez, etans tres delicatement travaillez.
En descendant cette premiere terrasse par deux grandes rampes egalles qui tournoient en fer à cheval qui [p. 100] aboutissoient sur deux petits jardins de distance egalle, plantez de bouis en broderie où il y avoit dans le milieu deux bassins entourez d’un cordon de pierre. Dans le milieu d’iceux, il y avoit sur un pied destail, entouré de figures de satires de bronse qui jettoient de l’eau par la bouche, qui soutenoient une belle figure d’un ange d’une grandeur naturelle tenant une couronne royalle sur la teste, d’où il sortoit une tres grande quantité de jets d’eau, lesquels en tombant faisoient 4 nappes d’eau sur une grande pierre taillées en 4 coquilles egalles enrichies d’ornemens de sculpture tres propres. Il y avoit sur le devant un grand bassin au milieu des escaliers ou rampes de fer à cheval, sur un beau pied destail enrichy aussi de plusieurs belles figures de bronse qui jettoient de l’eau differemment des uns des autres, qui soutenoient une figure d’un Mercure de bronse verte de grandeur naturelle, laquelle [p. 101] passoit dans ce temps pour tres belle, qui fut donnée par rareté à la reyne Marie de Medicis, qui avoit eté faite à Florence et qui a esté portée depuis à Versailles avec plusieurs autres figures lorsque cet endroit fut detruit par la cheute de la grande terrasse, sous laquelle il y avoit deux belles grottes, l’une de Neptune et l’autre de la Damoiselle, d’une grandeur naturelle, qui jouoit d’un clavessin. Tous ces lieux etoient enrichis de belles rocailles, nappes et jets d’eau qui par la cheute de la terrasse, touttes ces grottes ont esté ruynées et rebaties depuis, ainsy qu’ils se voyent, d’un autre dessein en l’année 1662. Sous laquelle il n’y a plus qu’une maniere de grande gallerie avec deux sallons aux deux bouts, qui n’ont point eté achevez en dedans, estans ceintrez en portiques sur le devant avec un frontispice soutenu de 4 colonnes de pierre dans le milieu de la porte d’entrée, faisant un assez joly portail.
[p. 102] Au dessous de cette seconde terrasse, d’où l’on decend par deux continuitez de rampes de pavé qui sont tres douces, où l’on pouvoit aller à cheval, l’on se trouvoit encore sur une autre pareille, sous laquelle il y avoit trois des plus belles grottes qui soient dans l’univers, separés par une meme gallerie voutée et ornée de tables, bassins et figures de marbre et jaspe de touttes les couleurs. Dans le milieu, en face de l’entrée, il y avoit un pariel rocher qu’à celle d’au dessus, sur lequel etoit la figure de Bachus.
A main droite, l’on entroit dans un avant sallon, tres proprement enrocaillé, pour passer à la grotte nommée de Persée, qui etoit tres spacieuse. Dans la face d’icelle se voyoit la figure de Persée, d’une grandeur surnaturelle, descendre du haut de la voute, armée de touttes pieces, tenant une epee à la main, qui venoit frapper sur la [p. 103] teste d’un grand dragon qui sortoit d’un grand bassin plein d’eau. Ayant receu ces coups, il disparoissoit au fonds des eaux. A costé du bassin se voyoit une tres agreable figure au naturel d’une Andromede qui etoit attachée et enchainée par le bras à un gros rocher, dont les chesnes de fer se deffaisoient d’elles mesme. A l’opposite, dans cette grotte, se voyoit encore une figure d’un Bachus de bronse assis sur un tonneau au haut d’un gros rocher, tenant une coupe en main d’où sortoit un tres gros bouillon d’eau ainsy que du tonneau qui, en tombant du haut de ce rocher, faisoit remuer plusieurs petittes figures qui etoient placées en plusieurs endroits de ce rocher comme forgerons, tixerands, menuisiers, remouleurs et autres sortes d’ouvriers qui remuoient et travailloient chacun de leur metier, tres au naturel, avec des moulins à vent et à eau qui tournoient et mouvoient par le seul decoulement de l’eau qui tomboit de ce rocher dans une grande [p. 104] cuve de marbre noir, y faisant encore une nappe d’eau, le tout par de petittes conduittes qui etoient imperceptibles. Toutte cette grotte estoit, ainsy que le sallon, fort delicatement enrocaillé de beaux et fins coquillages employez d’un travail qui imittoit bien touttes sortes de figures au naturel comme satires, monstres marins, animaux, oiseaux, plantes et fleurs de plusieurs façons ainsy que l’architecture et sculpture, qui y etoit bien observée, que des grotesques d’où decouloient une tres grande quantité de nappes, bouillons et jets d’eau qui moulloient bien quelques fois les spectateurs s’ils n’en etoient prevenus auparavant.
De l’autre côté de la grande gallerie precedente, il y avoit un pareil sallon enrocaillé et garny de tables de marbre de meme que celuy cy dessus, où il y avoit aux 4 coins d’iceluy quatre grandes figures au naturel qui representoient les 4 vertus tenant à leur main chacun leur simbolle. [p. 105] De ce sallon, l’on entroit dans la grotte d’Orphée, au milieu de laquelle etoit cette figure, de grandeur naturelle, assize sur un rocher, jouant de la lire ou violon plusieurs airs differends les uns apres les autres, que l’on entendoit tres bien et fort distinctement, en remuant la tete et les mains d’une manière tres surprenante, jouant si melodieusement qu’il excitoit plusieurs animaux feroces, reptils, oiseaux et autres qui venoient paroitre et passer devant luy, les uns apres les autres, sortans de leurs cavernes, comme lions, leopards, tigres, ours, loups, renards, cerfs, sangliers et autres sortes de bestes feroces et privées ainsy que des serpens et lezards jusqu’au crocodille, y venoit paroistre charmés et aprivoisez par les chants melodieux d’Orphée. Tout ce desert etoit un agreable boccage orné de plantes et fleurs avec de grands arbres verdoyans qui, par leurs remuements et branles, sembloient vouloir aprocher, ayant sur leurs branches plusieurs sortes d’oiseaux de differends plumages, [p. 106] chacun chantant leur ramage, entr’autres le rossignol et le coucou s’y faisoient entendre fort distinctement par dessus les autres, sy bien qu’ils pouvoient tromper la veue et l’ouie des spectateurs s’ils n’en estoient prevenus. Tout ce beau lieu etoit orné aussy de tres belles et fines rocailles pareilles à la grotte de Persée, où l’on etoit aussy quelques fois bien mouillé par de petits jets d’eau qui sortoient du pavé et par des conduittes qui etoient imperceptibles à veoir.
Apres avoir fait une petitte description de ces grottes humides, il faut faire mention d’une nommée des flambeaux, à cause qu’elle ne se pouvoit veoir qu’à la lueur des lumieres. Elle etoit au bout de la grotte d’Orphée, où il y avoit un grand theatre sur lequel il ce faisoit plusieurs changemens de decorations les uns apres les autres. L’on y voioit paroistre la mer en deux differentes manieres, en temps calme avec [p. 107] des isles verdoyantes eclairées par les rayons d’un soleil levant, des monstres et poissons marins sur le rivage. Apres, la mer y paroissoit en tempeste agitée, des vents, tonnerres et eclairs effroyables, avec des debris de vaisseaux brisez contre des rochers. Apres cette premiere decoration, la terre paroissoit avec toutte la beauté de la plus belle saison, accompagnée de fleurs et les arbres chargez de fruits, et des maisons champetres et beaux chateaux de plaisance, aussy accompagnez de jardins tres delicieux, et par un beau trait de perspective fort eloigné, l’on voyoit celuy de Saint Germain comme au naturel, avec ses jardins dans lesquels l’on y appercevoit le roy et les princes s’y promenant avec monseigneur le dauphin, qui a eté depuis le roy Louis 13, que l’on voyoit descendre du ciel dans un chart de triomphe soutenu par deux anges qui luy toient une couronne royalle sur la teste, toutte brillante de lumiere, accompagné d’un concert d’instrumens [p. 108] de musique qui jouoient plusieurs differends airs tres distinctement et sy melodieusement que l’ouye des plus fameux musiciens en etoient souvent trompez. Apres cette decoration, tout ce changeoit en un instant en un affreux desert où il y avoit plusieurs animaux, tant feroces, reptils qu’autres incestes qui habitent ordinairement dans les deserts et autres lieux champetres, que l’on voyoit sortir dans des cavernes et vieilles ruynes de chateaux au naturel. Dans le milieu de ce desert, l’on y voyoit une belle figure d’Orphée, de grandeur humaine, qui jouoit d’un instrument qui ressembloit assez à un luth ou guitare, sy bien qu’il etoit presque impossible de s’apercevoir que ce ne fut pas un maitre de musique ou autre personne qui touchoit cet instrument.
Touttes les grottes que j’ay decrites cy devant etoient tres bien enrocaillées de [p. 109] rocailles les plus fines qui c’etoient pu trouver dans les pays les plus eloignez. Ils etoient, ainsy que les sallons, ornez de touttes sortes de figures humaines, avec des masques crotesques et autres sortes, faits d’architecture et touttes sortes de pierres precieuses, ornées de tables girandolles et lustres de marbre, jaspe et porphire de touttes couleurs bien travaillés d’une manière propre et magnifique. Touttes les machines et ressorts qui faisoient mouvoir tout ce qui etoit dans ces belles grottes n’etoit que par le seul mouvement de l’eau, qui etoit retenue dans des reservoirs qui decouloit imperceptiblement par de petittes conduittes qui etoient inconnues, lesquels mouilloient bien souvent les spectateurs s’ils n’en estoient prevenus auparavant, qui venoient de tous pays veoir ces belles raretez, où le roy Henry 4 et la reyne sa femme n’avoient rien epargné pour les rendre dans leur perfection, ainsy [p. 110] que ce chateau avec tout ce qui l’accompagne, qui etoit digné de leur grandeur, ayant meme pour cet effet fait venir de Florence le sieur de Franciny, homme le plus experimenté et habille de son temps, qui a inventé et fait construire touttes ces belles grottes, qui etoient sans contredit les plus belles et admirables qu’il y eut dans l’univers, lesquelles ont subcisté dans le bel etsta jusques vers l’année 1649, que la minorité du Roy etoit traversée par de grandes guerres qui ne permettoient pas que l’on put continuer les entretiens et reparations qui etoient necessaires et dans les autres maisons royalles, particullierement à celle de Saint Germain, et ce qui a causé la ruine totalle et destruction de touttes ces belles choses, n’ayant point eté entretenues, et par la cheutte d’une partye des grandes terrasses, sous lesquelles ils [p. 111] etoient, qui ont meme abimé et detruit touttes ces belles machines, ce qui fait bien veoir que touttes les belles choses de ce monde n’ont qu’une durée et seront dans l’oubly dans les temps à venir, dont il n’en sera plus fait mention que dans l’histoire du pays.
En descendant au dessous d’icelle grotte par d’autres rampes voutées sur plusieurs grandes terrasses qui sont les unes sur les autres, revetues de belles pierre cizelées par compartiments, avec de la briqe bien proprement travaillez, voutez par-dessous dans le dessein que l’on avoit d’y faire encore d’autres grottes qui sont demeurez imparfaites, etant comme de grandes galleries voutées.
De plain pied du jardin, il se voit deux autres terrasses voutées et couvertes par dessus de grandes pierres et qui ferment ce jardin par les [p. 112] 2 cotez, au bout duquel il y a deyux pavillons carez en cimetrie du chateau, couverts d’ardoise et plomb, servans de logemens au jardinier et peintre du chateau.
Au bas de la face du chateau, il y a deux jardins. L’un est planté de buis en broderie, avec 4 grands compartimens egaux tres singuliers par leurs dessein où sont representez dans leur milieu les chiffres du roy Louis treize et de la reyne Anne, sa femme, avec 4 dauphins à coté tres bien figurez. Ce jardin est orné autour d’arbrisseaux avec des fleurs de touttes saisons accompagné de deux bosquets aux cotez pour se pouvoir promener à l’ombre dans les chaleurs de l’esté. Au bas de ce premier jardin, il y en a un autre, qui est tres grand et spacieux, qui s’etend jusqu’à la riviere de Seyne qui le borne, qui est un grand verger d’arbres fruitiers entouré de [p. 113] murs où il y a des espaliers d’arbres de touttes les especes de bons fruits. Ce jardin est separé par une tres haute terrasse dans le milieu, sous laquelle il y a une voute qui sert de passage pour aller à couvert dans la prairie et au village de Carriere quand les eaues sont debordées. C’etoit dans le milieu de cette terrasse que devoit estre posé le cheval de bronse qui est à present à la place Royalle de Paris, où la figure du roy Henry 4 devoit etre mise, lequel cheval avoit été fait à Venise, ayant eté sur ce lieu jusqu’en l’année 1630 que le roy Louis treize le fit porter à ladite place Royalle de Paris où il est presentement avec l’effigie du roy Louis treize. C’est encore ce qui faisoit connoitre que le roy Henry 4 et la reyne sa femme n’avoient rien epargné pour embellir et decorer ce beau château où ils faisoient leur demeure dans les beaux jours de l’année.
[p. 114] De plain pied du chateau neuf, il y avoit aux deux cotez d’iceluy deux jardins, qui y avoient communication par les deux bouts des galleries. Celuy à droit est le boullingrin, nom anglois d’un jardin particulier. Il fut ainsy nommé par feue madame Henriette d’Angleterre, premiere femme de M. le duc d’Orleans, estant de ce royaume, qui en donna le dessein au commencement qu’elle fut dans ce lieu. Ce jardin etoit planté sur le devant d’un fort jolly parterre par pieces coupées avec des plattes bandes autour garnies d’arbrisseaux et fleurs de touttes les saisons, et sur le derriere en maniere d’amphiteatre, où il y avoit autour plusieurs portiques de chevrefeuils avec des contr’allées de cipres autour et des berceaux aux 4 coings, qui etoient tres propres pour ce mettre à couvert. Ce jardin est tres beau et particulier meme pour la belle veue scituée sur une haute terrasse qui contient toute [p. 115] la face de ce jardin, où la promenade est fort agreable. C’etoit l’une des plus frequentes que faisoit la feue reyne quand elle etoit à Saint Germain. Depuis quelque temps, ce jardin a été echangé d’un autre dessein, ainsy qu’il se voit à present, planté d’un parterre avec un espece de pré ou gason entouré d’arbrisseaux verds, accompagné d’un bosquet planté de pallissades de charmes et d’ormes où il y a plusieurs belles allées pour se promener à couvert.
L’autre jardin, du coté du parc, etoit planté anciennement comme un fruitier avec des allées de meuriers blancs dont les feuilles servent à norir des verds à soye que le roy Henry 4 avoit fait planter expres, aimant à nourir luy meme ces petits animaux par divertissement. Ce jardin a eté aussy changé et planté en l’année 1679 ainsy qu’il se voit à present, etant planté en compartimens de pieces de gason entouré de quantité [p. 116] d’ifs taillez et figurés en differentes et belles manieres, avec des contr’allées de pixias soutenus sur le devant d’une terrasse revetue de pierre ainsy que celle du boullingrin qui en fait la meme cimetrie. Ce jardin se nomme de madame la Dauphine, à cause qu’il a eté planté lorsqu’elle ariva en France, et elle s’y promenoit fort souvent.
Apres avoir fait une ample description du chateau neuf de Saint Germain et de ses jardins, nous reviendrons au grand jardin qui est en face du vieux château, planté en deux grandes pieces de bouis en broderie egallées, separées par une belle allée dans le milieu, de 10 toises de large, entourées de plattes bandes garnies de fleurs de touttes les saisons, avec des contr’allées de pixias et de maronniers d’Indes autour, y ayant 3 grands bassins d’eau en divers endroits. Ce parterre fut planté ainsy que tout le jardin en l’année 1674. Il se separe de celuy de madame la Dauphine par un bosquet et une allée [p. 117] de 4 ranges d’ormes, et de l’autre coté il y a une orangerie où il y a de tres beaux orangers et autres sortes d’arbrisseaux curieux.
Au milieu de ce grand parterre qui est en face du chateau, il se voit deux grandes routes ou allées. L’une contient 40 toises de large, qui a été percée dans la fores et plantée de deux rangées d’ormes en l’année 1675, laquelle conduit au couvent des Loges, et l’autre sur la demi lune de la grande terrasse, qui est l’un des plus beaux ouvrages que le Roy aye fait de son reigne à Saint Germain. Elle contient 1200 toises de long sur 15 toises de largeur. Elle est revetue sur le devant d’un mur tres haut avec une tablette et cordon de pierre dure sur toutte la longueur, et sur le coté de la futaye du petit parc est planté d’un rang de tres beaux ormes avec de la charmille. Cette terrasse est l’une des plus belles du royaume pour sa belle veue et pour la [p. 118] promenade. Elle fut batie et plantée vers l’année 1676.
Petit parc
Le petit parc de Saint Germain est contigu aux jardins et grande terrasse. Il contient 416 arpens tant plain que vuide. L’on voit qu’il fut clos de murs du reigne du roy François premier, vers l’an 1536. Il est separé de la forest jusqu’à la porte de la Muette. C’etoit cy devant l’une des plus belles futayes du royaume, qui venoit jusques au pied du chateau. Il est composé de plusieurs sortes de bois comme chesnes, erables, fresnes et charmes qui sont presque tous peris par caducité et les grands hyvers qui sont survenus de temps en temps, ce qui a obligé d’en faire abattre une [p. 119] grande partie, qui a eté replantée d’ormes ainsy qu’il se voit, avec plusieurs allées pour donner du couvert. Dans le parc ancien, il y avoit aussi plusieurs routes, sans aucune cimetrie, ainsy que la nature les avoit faites dans la principalle qui aboutissoit au petit pont du chateau, laquelle traversoit toutte la futaye du parc, mesme de la forest où il y avoit dans le milieu une ancienne chapelle qui etoit en ruyne depuis un long temps, dediée en l’honneur de l’archange Saint Michel, ange titulaire de ce royaume, laquelle fut reparée et rebatie du reigne du roy Henry 4 à cause que messieurs les princes ses enffans y venoient entendre la messe dans les beaux jours à pied du chateau neuf, où ils etoient elevez, en se promenant par une belle allée de charmille qui aboutissoit à cette chapelle. Et apres la messe, on leur servoit [p. 120] à dejeuner devant ladite chapelle, sur une grande table de pierre, sous un grand chesne. Ensuitte, ils jouoient au mail pendant quelques heures pour leur servir de recreation et de promenade. Cette chapelle etant demeurée jusqu’en l’année 1649 sans y avoir fait aucune reparation, etant tombée encore en ruine, ce qui obligea le roy Louis 14, à present reignant, et de l’avis de la reyne sa mere, lors regente de ce royaume, par une pieté toutte singuliere, de la faire rebatir de neuf en ladite année 1649 et de la fonder de 400 l. de rente à recevoir par chacune année sur la recepte des bois de la generalité de Paris par cun chaplain qui fut nommé par Sa Majesté, à la charge de celebrer dans icelle chapelle trois messes basses touttes les semaines de l’année, scavoir le dimanche, le mercredy et le samedy, à l’intention de Sa Majesté et de ses successeurs roys, ce qui c’est executé pendant quelques années, jusqu’au deceds du sieur Levavasseur, dernier titulaire de ce benefice, qui arriva en l’année [vide], lequel etoit [p. 121] obligé de celebrer lesdites messes ailleurs à cause du mauvais etat du batiment de cette chapelle qui, etant encore tombée depuis en ruine faute d’entretiens, ce qui auroit obligé Sa Majesté, par sa pieté, de transferer le tiltre de cette fondation à la chapelle des pauves malades de l’hopital ou charité etablie dans le lieu de Saint Germain en faveur du sieur Chauveau, chaplain qui leur administre les sacrements sous la direction du sieur curé de la paroisse dudit lieu, pour y acquitter les charges portées par icelle fondation royalle, affin que les pauves malades, convalescens et autres personnes qui y assisteront prient le Seigneur pour la conservation de Sa Majesté, fondateur et bienfaiteur de ladite chapelle et de cet hopital royal. […]
[p. 130] Chateau du Val
Le petit chateau du Val est à l’un dex extremitez du petit parc, au bout de la grande terrasse, à côté d’une plaine nommée le Val où etoit une belle futaye qui fut abattue du reigne du roy Henry 4, et le bois fut donné au sieur de Frontenac, lors capitaine de Saint Germain en Laye, vers l’année 1609. Ce fut pour decouvrir [p. 131] la maison du Val, qui n’etoit batie dans ce temps qu’en manière d’un gros pavillon caré couvert de tuille accompagné de plusieurs batimens, dans lesquels il y avoit une grande salle haute, peinte en verdure avec des chasses de différentes manieres, et sous icelle des offices, avec une basse court et quelques batimens pour servir de menagerie, et un jardin potager et fruitier. Ce lieu n’etoit sans autre agrement, qui ne servoit seulement que pour y faire collation aux retours des chasses que les roys faisoient dans la forest. Cette maison ayant demeuré ainsy jusqu’en l’année 1676 que le Roy la voulut rebatir d’un autre dessein, meme en deux differentes fois, ainsy qu’elle se voit à present. Sa Majesté y allant fort souvent se promener apres les retours de chasses, ainsy que la feue reyne Marie Therese, qui y faisoit collation dans les beaux jours. C’est aussy ce qui donna occasion à sa majesté de rebatir ce petit chateau ainsy qu’il se voit à present, qui est d’un dessein fort joly, y ayant dans le milieu du batiment un grand sallon caré vouté en dosme tres exaucé qui est en face du [p. 132] jardin et de la cour. Il separe deux petitz appartements bas composez de plusieurs pieces de plain pied tres commodes pour touttes les saisons, y ayant meme un poesle inconnu qui chauffe en hyver.
En la face de devant est une belle cour principalle entourée d’une grande grille de fer peinte en verd. L’autre cour est pour les offices et logement du concierge, dans l’enclos du batiment, qui est couvert de plomb et ardoise avec des ornemens d’architecture et bustes autour de marbre blanc de distance en distance sur ldes consolles tres proprement travaillés. Les jardins sont fort beaux et spacieux, partye en terrasses avec des parterres de buis en broderie et pieces coupées entourées de plattes bandes où il y a quantité d’ifs tres bien figurez et autres arbrisseaux verts avec des fleurs de touttes les saisons, accompagnés d’un grand verger où il y a quantité de beaux espalliers d’arbres où il croist les meilleurs fruits du royaume, qui sont portez au Roy dans les saisons. »

Récit des travaux entrepris à l’église de Saint-Germain-en-Laye par ordre du roi

« [p. 32] Le roy Louis 14 a donné en plusieurs et differends temps plus de cent mil livres, nottamment quand il a fallu agrandir cette eglise royalle, dans laquelle il ne pouvoit contenir la moitié des peuples qui s’etoient venus habiter dans le lieu de Saint Germain à cause dy sejour ordinaire que Sa Majesté y faisoit avec sa cour. Il donna pour l’agrandissement de ladite eglise 46590 l., qui ne se pouvoit faire que du costé du prieuré, et on demanda au sieur de Soleux, lors prieur commendataire dud. lieu, quelque terrain dans la cour de son prieuré, où il donna 23 toises de long sur 4 toises de largeur de son terrain dans la cour dudit prieuré. Mais comme iceluy prieur n’étoit qu’usufruitier de son benefice et ne pouvant allienner aucun fonds, il fit pour cet effet passer un acte devant les notaires du lieu le 18e mars 1681 entre luy et les sieurs Jean Anthoine, escuyer, porte arquebuse du Roy, et François Ferrand, sieur de Fillancourt, lors marguilliers en charge de ladite eglise, par lequel acte la paroisse c’est obligée de faire dire une grande messe tous les premiers jours du mois de may à l’intention dud. sieur Soleux et ses successeurs avec une reconnoissance de [p. 33] dix sols de rente annuelle. Lorsque cet acte fut terminé, lesdits sieurs marguilliers commencerent à faire travailler à la demolition d’un ancien bas costé de l’eglise où les eaux avoient percé et penetré les arcades et les pilliers de pierre jusques dans leurs fondemens, ce qui cause la cheute de la plus grande partie du batiment du costé du cœur et de la grande nefs, qui ariva l 12e septembre 1681. Le Roy estant pour lors à Fontainebleau, ayant apris ce malheur, ordonna à M. de Colbert, ministre d’Estat et surintendant des Bâtimens de Sa Majesté, de s’y transporter pour visitter l’estat auquel estoit le reste des batimens de cette eglise. Les ayant veus et visittez, ayant trouvé une partie de cette eglise abattue et le reste dans un peril tres evident, l’ayant dit à Sa Majesté, Elle luy ordonna de faire faire incessamment le retablissement entier de toutte l’eglise, ce qui a esté executé sur les desseins de monsieur Mansart, premier architecte des Batimens de Sa Majesté, qui y a donné ses soins pendant 6 années où les sieurs Antoine et Ferrand furent continuez en la fonction de marguilliers de ladite paroisse.
La premiere pierre fondamentalle du batiment fut [p. 34] posée avec grande ceremonie au nom du Roy au mois de mars de l’année 1682 par M. le duc de Noailles, pair de France, gouverneur de Perpignan et premier capitaine des gardes de Sa Majesté, estant absente, au jambage de la petitte porte qui conduit de l’eglise dans le prieuré, sous laquelle fut mise 3 medailles dont deux d’argent où sont les effigies du Roy et de la Reyne, et l’autre de plomb où est gravé sur un costé le nom et qualité dudit seigneur duc de Noailles et sur le revers ceux desdits sieurs Anthoine et ferrand avec une pareille inscription que celle qui est mise sur la porte de l’eglise du costé du château, qui est que celle eglise a esté rebatye du reigne et des biens faits du roy Louis 14 dit le Grand, en l’année 1682, ainsy qu’il ft encore mis en plusieurs autres endroits des bastimens.
Apres que tous lesdits batimens furent achevez le 10e avril 1683, veille du dimanche des Rameaux, monseigneur l’archevesque de Paris vint faire la benediction en presence de mondit sieur le duc de [p. 35] Noailles. »

Lettre d’Henri II concernant ses enfants à Saint-Germain-en-Laye

« Mon cousin,
Je receu avant hier voz lettres escriptes a Mouchy par lesquelles m’advertissiez comme vous en partiez pour vous en aller a Sainct Germain en Laye ainsi que je vous avois mandé, et ce matin j’ay veu par celles que m’avez escriptes par vostre filz present porteur comme a vostre arrivee aud. lieu avez trouvé mes enfans en bien bonne santé, qui sont les meilleurs nouvelles que m’eussiez sceu mander. Vous advisant que ne me scauriez faire plus grand plaisir que de m’en escripre le plus souvent que pourrez. Et pour ce que par ced. porteur entenderez des miennes et de celles que je eu hier de vostre filz de Contay, je ne vous feray la presente plus longue si n’est pour prier Dieu, monsieur de Humyeres, qu’il vous ait en sa sainte garde. Escript a Chasteau Thierry le IIIIme jour d’aoust 1547.
Henry
Clausse
[f. 32v] A mon cousin le sieur de Humyeres, chevalier de mon ordre »

Fonds français

Lettre de Diane de Poitiers concernant les enfants royaux à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur mon allyé,
J’ay veu ce que m’avez escript comme la santé de messieurs les enffans se continue, dont je loue Dieu. Je suis bien aise de ce que on se meurt plus a Sainct Germain ny a Carrieres. Le Roy a intention de les aller veoir la aussi. Le Roy a recommandé vostre affaire touchant la debte que devez au feu tresorier de l’Espargne. Si je puis vous faire plus grant plaisir, je le feray de bon cueur. Qui sera l’endroict ou je me recommande a vostre bonne grace et prie Dieu vous donner ce que desirés. De Fonteinebleau, le XIIe de fevrier.
Vostre obeissante et bonne allyee,
Dianne de Poytiers
Monsieur mon allyé, je vous envoye ung present pour la nourrisse de monsieur et ung autre pour la nourrisse de madame. Je vous prie de le leur bailler, et quant ad ce que dictes de la nourrisse retenue, il me semble que la devez renvoier en luy donnant quelque present, et apres si le Roy luy veult faire quelque bien, ce sera a sa discretion. »

Lettre d’Henri II concernant l’installation de ses enfants à Saint-Germain-en-Laye

« Mon cousin,
Aiant veu par ce que vous avez escript à mon cousin le connestable comme avez eu certain advertissement que l’on ne se mouroit plus a Sainct Germain en Laye et que la femme qu’on disoit mallade est guerye et s’est trouvé que sa malladie n’estoit aucunement contagieuse, a ceste cause vous mennerez incontinent mon filz et ma fille Helisabel aud. lieu ou dedans ung jour ou deux pour le plus tard. J’envoiray ma fille Claude et seray tres aise qu’ilz y puissent arriver en mesme temps. Vous priant donner ordre que leur logeis soit bien prest et acoustré comme il appartient et au demourant me faire scavoir de leurs nouvelles le plus souvent que pourrez comme avez tousjours fait, estant asseuré que me ferez en ce faisant plaisir et service tres agreable, et a Dieu, mon cousin, qui vous ait en sa sainte garde. Escript a Fontainnebleau le XXme jour de mars 1547.
Henry
Clausse
[f. 13v] A mon cousin le sieur de Humyeres, chevalier de mon ordre et gouverneur de mon filz le Daulphin »

Lettre de Catherine de Médicis concernant ses enfants à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur de Humieres,
J’ay esté bien ayse d’avoir entendu par ce que vous m’avez rescript des nouvelles de mon filz et de ma fille et de ce qu’ilz se portent bien depuys qu’ilz sont a Sainct Germain, et mesmes mon filz. Je pense que de ceste heure ma fille sera arrivee la. Je vous prie me faire scavoir comment elle se portera la et ce plus souvent que vous pourrez de leurs nouvelles. Vous me ferez bien grant et singulier plaisir. Priant Dieu, monsieur de Humieres, qu’il vous ayt en sa saincte et digne garde. Escript a Fontainnebelleaue le XXVIIe jour de mars MVc XLVII.
La byen vostre
Caterine
[f. 16v] A monsieur de Humieres »

Lettre d’Henri II concernant l’arrivée de Marie Stuart à Saint-Germain-en-Laye et les travaux à mener au château avant sa propre venue

« Mon cousin,
Pour ce que ma fille la royne d’Escosse pourra arriver a Sainct Germain en Laye environ le XVIIIe de ce mois et moy bien tost apres, vous envoirez incontinent la present receue faire acoustrer le logeis de Carrieres, pour icellui estant acoustré et en ordre y mener mes enfans, avecques lesquels madicte fille la royne d’Escosse y logera, jusques a ce que je soye par della. Et cependant l’on nectoira le chasteau dudict Saint Germain en Laye, pareillement la basse court et le villaige, et fera l’on audict chasteau ce que scavez que j’ay ordonné y estre faict beaucoup mieulx et plus aisement que si mesd. enfans y estoient, lesquelz aussi ne se trouveront que mieulx de changer ung peu l’air. Au demeurant, mon cousin, vous donnerez charge à La Salle que suivant ce que je luy escriptz presentement par les lettres que je vous envoie, lesquelles vous luy ferez bailler, qu’il donne ordre de ne laisser venir audict Sainct Germain, et principallement au chasteau, personne soit maçon, manouvrier ou autre, de lieu suspect de malladie contagieuse, et tiendrez main que le semblable se face a Poissy et aux villiages d’alentour, affin que quant je y seray il n’y puisse avoir danger. Quant a ce que m’avez escript par voz lettres du XXVIe du mois passé, que je receu hier a Lyon, de la malladie de la royne Leonor ma belle mere, c’est chose dont j’avoir ja esté adverty et l’envoye visiter pour scavoir comme presentement elle se trouve, vous advisant au reste que j’ay estré tres aise d’entendre les bonnes nouvelles que m’escripvez de la santé de mesd. enfans, et qu’il n’y aura faulte que je ne tieigne a vostre filz de Becquincourt ce que je luy ay promis ou lieu de l’office de feu Potarde. Au regard du mémoire du deppartement du logeis de mesd. enfans audict Sainct Germain, je vous renvoieray par la premiere poste le memoire que m’en avez envoié, corrigé selon mon intencion. Cependant, je prieray Dieu, mon cousin, qu’il vous aict en sa sainte garde. Escript a la Bresle le deuxiesme jour de octobre 1548.
Mon cousin, depuis la presente escripte, je me suis advisé de vous envoier les lettres que j’escriptz à la royne Leonor, ma belle mere, lesquelles aiant veues vous les luy envoierez par quelqu’un des gentilzhommes de mon filz qui les luy presentera de ma part avecques mes tres affectueuses recommandations a sa bonne grace, et luy dira comme je l’envoie devers elle pour la visiter et scavoir de ses nouvelles et que je party hier [f. 69v] de Lyon en deliberation d’estre a Sainct Germain sur la fin de ce mois, et que je suis en bonne santé. Ar reste, vous l’instruirez de sorte qu’il ne se puisse coupper ne que l’on congnoisse qu’il ne vieigne d’icy. Et apres m’envoierez par la poste la responce de lad. dame.
Henry
Clausse
A mon cousin le sieur de Humyeres, chevalier de mon ordre et gouverneur de mon filz le Daulphin »

Lettre de Diane de Poitiers concernant le logement des enfants royaux à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur mon allyé,
J’ay faict entendre au Roy tout le logis dont m’avez escript et vostre advis sur le tout. Led. seigneur veult nommement que madame Ysabel et la royne d’Escosse soient logees ensemble, par quoy vous choisirez la meilleure chambre pour elles deux et pour leur suitte, car led. seigneur bault que des le commancement ilz s’acointent toutes deux, par quoy vous y tiendrez la main. Led. seigneur m’a commandé vous l’escripre et que vous seriez le mieulx que vous pourrez, car il menne avec luy grande compaignie pour logier dedans led. chasteau. Il vous a escript aussi pour faire ramener nossseigneurs et mesdames : vous ferez bien de le faire le plus tost que vous pourrez. Je ne vous feray point plus longue lettre, sinon que me trouverez tousjours a vostre commandement, priant Dieu, monsieur mon allyé, vous donner ce que desirez. De Tarare, ce IIIe d’octobre.
Vostre obeyssante et bonne amye
Dianne de Poytiers
[f. 10v] A monsieur mon allyé, monsieur de Humyeres »

Lettre de Diane de Poitiers concernant l’arrivée du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur mon allyé,
Je vous veulx bien advertir que le Roy ne trouve point maulvais le voiaige que vous avez faict, et me semble que vous ne debvez fascher de la fortune de vostre belle mere, car elle a bien vescu en ce monde et assez longuement. Quant vous aurez faict, vous ferez bien de vous en retourner pour donner ordre partout, car je vous asseure que le Roy ne sejournera que deux ou troys jours a Moulins et puys s’en ira droict a Sainct Germain, et pour l’esperance que j’ay de vous veoir bientost, ne vous feray plus longue lettre, sy n’est asseuree que la ou vous aurez affaire de moy, que me trouverez a vostre commendement d’aussy bon cueur que je me vois recommander bien fort a vostre bonne grace. Priant Dieu, monsieur mon allyé, vous donner ce que plus desirez. De Sainct André, le VIIe jour de octobre.
Vostre parfete bonne alyé et amye
Dianne de Poytiers
Je ne vous escriptz point du logis, pour ce que je l’escriptz a madame de Humyeres, qui vous en fera part.
[f. 12v] A monsieur mon allyé, monsieur de Humyeres »

Lettre du connétable de Montmorency concernant le départ envisagé des enfants royaux pour Saint-Germain-en-Laye

« Madame de Humyeres,
Je ne vous manderay riens de l’ennuy que a apporté au Roy et a la Royne la perte qu’ilz ont faite de feu monsieur le duc d’Orleans, leur filz, et vous en laisseray le jugement, mais je vous veulz bien asseurer qu’ilz vous scavent fort bon gré de la continuelle peine et sollicitude qu’ilz scavent que vous avez prise alentour de sa personne, jusques a sa mort, et pour ce qu’ilz ont sceu que madame Claude a encores mauvais visaige, j’escriptz aux medecins qu’ilz s’en donnent bien garde, de peur qu’elle ne retombe en nouvel accident de maladie. De vostre part, je vous prie y avoir l’œil. Je mande au seneschal d’Agenoys et au sieur de Sourdyz l’intention du Roy tant sur l’enterrement de feu mond. seigneur d’Orleans que sur le deslogement de monseigneur le Daulphin et de messieurs ses autres enfans, ainsi que vous l’entenderez d’eulx, qui me gardera de vous faire ceste lettre plus longue, si ce n’est pour prier Dieu, madame de Humieres, qu’il vous donne ce que plus desirez. Escript au Havre de Grace le XXVIIe jour d’octobre 1550.
Vous nous ferez scavoir quant messieurs seront en disposition de pouvoir partir pour aller a Sainct Germain en Laye, et cependant ma femme vous tiendra preste une ou deux litieres avec ung chariot branlant pour les dames.
Vostre byen bon cousin
Monmorency
[f. 85v] A madame de Humyeres »

Compte des paiements réalisés pour le duc de Touraine au cours d’un séjour à Saint-Germain-en-Laye

« Despence faicte pour monseigneur le duc de Tourainne par moy Jehan Poulain, varlet de chambre et garde de ses finances, pour le mois d’aoust mil CCC IIIIxx et dix
Premierement
A madame la duchesse, qui deubz lui estoient pour le mois d’aoust dessus dit a cause de IIc frans que monseigneur lui a ordonné prendre et avoir par chascun mois comme par les lettres dudit seigneur sur ce faites puet plus a plain apparoir, et quictance de ma dite dame, pour ce : IIc frans
A messire Jehan de Garencieres, chambellan de monseigneur, qui deubz lui estoient pour le dit mois d’aoust pour ses gaiges de la garde et deffense du chastel de Crevecueur en Brie a cause de LX frans que mon dit seigneur lui a ordonné prendre et avoir par chascun mois comme par les lettres d’icelui seigneur sur ce faites puet plus a plain apparoir, et quittance dudit chambellan, pour ce : LX frans
A monseigneur comptant par Denissot Maryete, son varlet de chambre, pour en faire sa volenté, par descharge de mondit seigneur sur ce faite donnee a Villiers lez Neaufle les Viez le XIIIe jour dudit mois d’aoust, pour ce : Vc frans
A Boniface des Morez, escuier d’escurie de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une foiz de grace especial pour conssideration des bons et agreables services qui lui a fait et pour lui aidier a deffraier des despens qui lui convient faire par chacun jour pour servir mondit seigneur comme par mandement d’icelui seigneur sur ce fait, donné a Saint Germain en Laye le XIIIIe jour d’aoust dessus puet apparoir et quittance dudit Boniface, pour ce : Vc frans
A monsieur de Bueil, chambellan de mondit seigneur, en deduction et rabat de la somme de Vc frans que ledit seigneur lui a donnee pour une foiz prendre et avoir des deniers de ses finances, a commencier a prendre le premier jour de juillet derrenier passé et pour les mois ensuivants, pour chacun d’iceulx mois X frans jusques affin de paié comme par les lettres d’icelui seigneur sur ce faites, donnees a Paris le XXIIIIe jour de juing dernier passé et quittance dudit chambellan pour ce pour les mois de juillet dessus dit et ce present mois d’aoust : IIc frans
A maistre Hugues de Guigant, secretaire de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une fois de grace especial pour consideration des bons et agreables services qui lui a faiz comme il appert par mandement de mondit seigneur sur ce faict donné a Saint Germain en Laye le XIe jour d’avril derrenier passé et quittance dud. secretaire, pour ce : C frans
A Betié Pirinelle, escuier tranchant de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une foiz de grace especial pour lui aidier a deffraier des despens qui lui a convenu faire ou voyaige qu’il a fait oultremer comme par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Paris le VIIIe jour dudit mois d’aoust puet apparoir et quictance dudit Pirinelle, pour ce : L frans
A Jehan de Bellenoiez, varlet de chambre de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une foiz de grace especial pour plus honorablement servir ledit seigneur comme il appert par les lettres d’icelui seigneur sur ce faites donnees a Paris le XXe jour de juing derrenier passé et quictance dudit Bellenoyes, pour ce : XXX frans
A Ernoullet Desmares, pallefrenier de monseigneur, que mondit seigneur lui a ordonné prendre et avoir pour les despens qui lui convient faire en allant de Paris en Angleterre mener devers le duc de Lanclastre un destrier que mondit seigneur lui a envoié, par commandement de bouche de mondit seigneur et quictance dudit Ernoullet, pour ce : XX frans
A Denis Manyere, varlet de chambre de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une foiz de grace especial pour achater un cheval pour aller en Lombardie en la compagnie de monsieur de Blarru devers le conte de Vertuz par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Saint Germain en Laye le XIIIe d’aoust dessus dit et quictance dud. Denis : XXX frans
Aux paiges de monseigneur que mondit seigneur lui a donné pour achater a eulx choses necessaires comme il appert par descharge de mondit seigneur sur ce faite donnee a Saint Germain en Laye le XIXe de juillet, pour ce : XX frans
A Jehan de Dreux, eschançon de monseigneur, que mondit seigneur lui a donnez pour une fois de grace especial pour achater un cheval comme il appert par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Saint Germain en Laye le II jour dudit mois d’aoust et quictance dudit Jean de Dreux, pour ce : XXX frans
A Jehan de Billy, premier varlet de chambre de monseigneur, que mondit seigneur lui a ordonné prendre et avoir pour faire curer et nestoier la riviere de Vyenne qui passe par Saint Marceau par l’ostel de mondit seigneur et aussi pour faire faire les jardins dudit hostel et autres reparacions comme il appert par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Poissy le premier jour de juillet derrenier passé et quictance dudit Billy : XXX frans
A Estienne Le Bievre dit le Hongre, brodeur, pour certaine broderie qu’il a faite pour madame la duchesse tant en robes comme autrement pour le fait de la rellevaille de sa gesine comme il appert par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Paris le XXVIIe jour de juing derrenier passé et quictance dudit brodeur, pour ce : IIc frans
A Manuel Delanier, marchant de Jennez, qui deubt lui estoient pour la vente d’un chapel d’or garni de pierrrerie et de perles, et lequel chappel mondit seigneur a donné a madame la duchesse comme plus a plain puet apparoir par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Paris le XIIe jour d’avril derrenier passé et quictance dudit Manuel, pour ce : IIIm frans
A Provain, maistre fauconnier de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une soiz pour achater des gibessieres a laz pour aller en gibier, pour ce, par commandement de bouche de mondit seigneur, tant seulement fait ce IXe d’aoust : IIII frans
A Robin Denis et Baudequin de Gant, marchans de chevaulx, qui deubz leur estoient pour la vente de deux chevaulx par eulx faite pour mondit seigneur, c’est assavoir l’un du pris de X frans et l’autre de XLVII frans, lesquieulx chevaulx ont esté donné a Boniface des Morez, escuier d’escurie de monseigneur, et a Jehan Prunelle, escuier tranchant, comme il appert par mandemens de mondit seigneur sur ce fais donnez a Paris le VIIIe jour d’aoust dessusdit et quictance d’iceulx : VIIxx VII frans
A Guillin Le Chevaucheur, pour avoir porté hastivement lettres closes de monseigneur adreçans à mons. de Vairu, pour ce par commandement de bouche de mondit seigneur tant seulement : II frans
A Thevenin Bignet, orfevre de monseigneur a Paris, pour la vente d’un gobellet d’or couvert poinssonné a un fictellet garni d’un gros balloy et VI perles, pesant ensemble un marc VI onces XV estellins au feur de IIIIxx frans le marc, vault CXLVII l. X s. t., lequel goballet a esté donné a la prieure de Poissy, et pour un dyament en un annel XX frans, lequel mondit seigneur a retenu devers lui, pout tout ce par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Paris le VIIIe jour d’aoust dessus dit et quictance dudit orfevre : VIIIxx VII frans X s. t.
A Guillin Aurde, orfevre demourant a Paris, qui deubt lui estoient pour la vente d’un hanap et une aiguiere d’argent vermieulx dorez pesans VI marcs au feur de X frans le marc, et lesquieulz mondit seigneur a fait donner a l’enfant Jehan Taienne par messire Amaury d’Orgemont, chancellier de mondit seigneur, lequel a tenu ledit enfant sur fons ou nom de mondit seigneur, comme il appert par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Saint Germain en Laye XXI d’aoust et quictance dudit orfevre, pour ce : LX frans
Aux nourrisses de l’enfant Jehan Taienne que monseigneur leur a fait donner comme il appert par descharge de mondit seigneur sur ce faite donnee le XXIe jour d’aoust dessus dit : XX frans
A maistre Thierry de Neufville, secretaire de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une foiz de grace especial pour lui aidier a supporter les fraiz et despens qui lui convient faire ou voyaige d’aller devers nostre saint père le pappe en la compaignie de messire Pie de Craon, si comme il appert par mandement de mondit seigneur sur ce fait donné a Saint Germain en Laye le XIIe jour d’aoust dessus dit et quictance dudit secretaire, pour ce : C frans
A plusieurs personnes cy apres declairés, c’est assavoir a messire Philippe de Flougny, presens chambellan dudit seigneur, pour aller devers monseigneur de Bourogne, C frans, a mons. Jaquet de Blarru, IIIc frans, a Boniface de Morez, escuier d’escurie de mondit seigneur, CL frans, a Denisot Maryee, C frans, qui vont devers le conte de Vertuz pour certaines besoignes touchant le fait d’icelui seigneur comme plus a plain appert par les lettres d’icelui seigneur sur ce faite donnees a Chambely XXVII dudit mois d’aoust et quictance d’iceulx, pour ce : VIc L frans
A messire Pierre de Craon, seigneur de la Ferté, qui lui ont esté ordonné, c’est assavoir pour en bailler a mons. Guillaume Maunivet pour aller devers le papper, IIIc frans, et audit messire Pie pour aller devers monseigneur de Berry, IIc frans, par mandement donné a Compiegne IX de septembre : Vc frans
A Adenet Augis, chevaucheur, pour avoir porté hastivement lettres closes aux receveurs de Chartres et Bonneval touchans assignacions de monseigneur, pour ce par commandement de bouche et quictance dudit chevaucheur : L s. t.
A Jehan Galemie, messaiger, pour avoir porté hastivement lettres closes des generaulx au receveur de Tours touchant le fait de l’assignacion de mondit seigneur, pour ce par commandement de bouche et quictance dudit messaiger : LXXV s. t.
A Jehan Bauldrin, messaiger, pour avoir porté hastivement autres semblables lettres au receveur des aides de la guerre a Senz par commandement de bouche et quictance dudit messaiger, pour ce : XXXII s. VI d. t.
A Estienot Dupuys, chevaucheur du Roy nostre sire, pour avoir porté autre semblables lettres avec une executoire pour execut. les receveurs et gientts de Touraine au receveur d’illec, pour ce par commandement de bouche de mondit seigneur et quictance dudit Dupuis : IIII frans
A Maistre Mahieu Regnault, phisicien de monseigneur, qui lui ont esté donné par mondit seigneur pour une foiz de grace especial comme il appert par ses lettres donnees a Saint Germain en Laye le XXIe jour de ce present mois, pour ce par quictance dudit phisicien : C frans
A Bertran Guasch, escuier, chambellan de monseigneur, qui lui estoient pour avoir paié les despens de Guelin et son frere, menestriers de mondit seigneur, durant le temps qu’ilz ont esté prisonniers a Moynier comme il appert par mandement de mondit seigneur donné a Paris le XXVIe jour de juing derrenier passé et quictance dudit chambellan, pour ce : CVI frans
A maistre Philippe de Crespe, phisicien de madame la duchesse, que monseigneur lui a donné pour une foiz de grace especial pour consideration des bons et agreables services qu’il a faiz a madite dame comme il appert plus a pplain par mandement de mondit seigneur donné a Saint Germain en Laye le XVe jour de ce present mois, pour ce par quittance dudit phisicien : CXX frans
A damoiselle Marie Paienne, femme de chambre de madame la duchesse, que monseigneur lui a donné pour avoir une robe, pour ce par commandement de bouche de mondit seigneur et quictance de ladite damoiselle : VI frans
A la bourciere qui a faict X gibbecieres qui ont esté mises es robes de gibier pour les broder et mectre les boutons par commandement de bouche de monseigneur tant seulement : VI frans X s. t.
A Philippote de Rousieres, pour XX aulnes de ruban, c’est assavoir XVI aulnes d’or et IIII d’argent pour emploier es dictes gibbecieres au feur de IIII s. p. l’aulne, pour ce par commandement de bouche de monseigneur tant seulement : V frans
A Jehan Macé, varlet de chambre de monseigneur, que mondit seigneur lui a donné pour une fois de grace especial pour les bons et agreables services qu’il a faiz a mondit seigneur comme il appert par ses lettres sur ce faictes donnees a Paris le Xe jour de ce present mois d’aoust, pour ce par quictance dudit Jehan Macé : L frans
A Jehan Responde, Lombart, qui s’en va par l’ordonnence de monseigneur en la compagnie de messire Jaquet de Blarru en Lombardie devers le conte de Vertus que mondit seigneur lui a pour ce donné comme il appert par ses lettres sur ce faictes donnees a Saint Germain en Laye le XIIe jour d’aoust, Chambly le XXVIIe jour d’aoust et quictance dudit Responde : IIc frans
Somme toute des parties dessus dictes : VIIm IIc XXV frans XVII s. VI d. t.
Nous Loys, filz de roy de France, duc de Touraine, conte de Valois et de Beaumont, a tous ceulx qui ce present rolle verront, salut. Savoir faisons que toutes les parties et mises escriptes en ce present rolle et montans a la somme de sept mille deux cens vint sinqe frans dix sept solz six deniers tournois ont esté faictes et distribuees par nostre commandement de bouche et ordonnance fait audit Poulain tant par noz lettres comme par nostre dit commandement de bouche et ycelles parties avois veues et visitees et fait gecter en nostre presence, et nous sont t. agreables ainsi avoir esté distribuees, si voulons que par rapportant ce present rolle les mandemens, quittances et descharges cy dessus nommees ycellui Jehan Poullain demeure plainement quitte et deschargié de ladicte somme de VIIm IIc XXV frans XVII s. VI d. t. partout ou il appartiendra, sanz aucun contredit, nonobstant quelconques ordonnances, mandemans ou deffenses contraires. Donné a Compiegne le IXe jour de septembre l’an de grace mil CCC IIIIxx et dix.
Loys
Par monseigneur le duc
Gilet »

Quittance pour la peinture de trois cheminées et de menuiseries dans la basse-cour du château de Saint-Germain-en-Laye

«  En la presence des notaires soubzsignez, Loys Poisson, peinctre ordinaire du Roy, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme maistre Henry Estienne, tresorier des Bastiments du Roy, la somme de six cens livres tournois en [vide] à luy ordonnée pour son premier payement des ouvraiges de peinctures et dorurre par luy faictz pour l’ornement ez troys cheminées des chambres, entichambre et salle du logis de la conciergerye ou basse court du viel chasteau de Saint Germain en Laye où est logé le sieur de Frontenac, cesdites ouvraiges faictz par commandement de Sa Majesté, d’aultant qu’Elle se logeoit tousjours aud. logis quant Elle alloit à la chasse en ce quartier, comme aussy sur autres ouvraiges de peinctures en coulleur de boys à huille par led. Poisson faictz ez portes et croysées dud. logis et celles du bastimens neuf dud. lieu, de laquelle somme de VIc l. il se tient pour contant, en quicte led. sieur Estienne, tresorier, et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostel des notaires le premier jour de janvier avant midy mil six cens douze, et a signé.
Poisson,
De Monhenault, Herbin »

Récit de la réception de l’ambassadeur de Tripoli par le roi et la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Le 9 juillet, il alla à l’audiance du roy d’Angleterre, conduit et presenté par mylord Pert, premier gentilhomme. Le roy le receut debout et, ayant fait 2 révérences profondes, il luy parla en ces termes, qui furent expliqués par le sieur Petit de la Croix :
Sire, la réputation des grandes qualités de Vostre Majesté m’a fait désirer d’avoir l’honneur de luy rendre mes profonds respects comme au véritable et légitime roy de la Grande Bretagne. Je souhaitte, Sire, de tout mon cœur, que les généreux soldats qui sont fidèles à Votre Majesté la puissent bientost accompagner en ce beau royaume. C’est avec le feu roy Jacques 2d, d’heureuse mémoire, que nous avons fait la paix qui dure encore à présent. J’ay veu dans l’ambassade que j’ay fait en Angleterre un nombre infini de braves gens qui m’ont marqué un grand désir de voir Vostre Majesté sur son trosne. Je joins mes vœux aux leurs et prie très humblement Vostre Majesté de m’honorer de ses ordres.
Le roy répondit qu’il luy estoit obligé de son honesteté et des vœux qu’il faisait pour luy, que si le ciel permettait qu’il fut un jour en estat de luy en témoigner sa gratitude, il le ferait avec un fort grand plaisir.
Le fils de l’envoyé eut aussy l’honneur de saluer Sa Majesté britanique.
Ensuicte, il passa chez la reine, qu’il salua profondément et luy fit à peu près le mesme compliment qu’il avait fait au roy. La reine répondit qu’elle souhaiterait d’estre un jour en Angleterre pour estre plus en estat de faire du bien à son maistre et à luy. Il répliqua : Tout voyageur arrive à bon port qui a Noé pour pilote et qu’elle estoit en bonnes mains.
Il eut en ce moment l’honneur de saluer la princesse. Il luy dit qu’il luy souhaittait bientôt un roy qui en fit une grande reine. »

Paiements concernant Saint-Germain-en-Laye dans les comptes royaux

« [f. 33] Itinera, dona et hernesia anno Dominci MCCXXXIX, inter Ascensionem et Omnes Sanctos
[…]
Itinera
[…]
[31 mai 1239] Apud Sanctum Germanum in Laya, die Martis post quindenam Penthecoustes, computum fuit de IX diebus ad vadia, mille XVI l. IIII s. VII d.
[…]
[19 juin 1239] Apud Sanctum Germanum in Laye, Dominica ante sanctum Johannem Baptistam, computum fuit de VIII diebus ad vadia, IXc LII l. VI s. X d.
[…]
[Dona et hernesia]
[…]
[f. 35] [entre le 20 et le 23 mai 1239] Pro octo candellariis positis in capella Sancti Germani in Laia, VIII l. teste Adam de Mellento.
[…]
[f. 34] [30 mai 1239] Terricus Tocheboef, pauper miler, de dono, ad Sanctum Germanum, die Lunae post quindenam Penthecoustes, X l. teste Guillelmo de Braia.
[…]
[entre le 30 mai et le 1er juin 1239] Quidam homo de Pissiaco, de dono pro so equo perdito in servitio juvenis reginae, IIII l. teste consergio Sancti Germani.
[…]
[1er juin 1239] Moniales nigrae de Foissiaco versus Trecas, de dono, ad Sanctum Germanum, die Mercurii post quindenam Penthecoustes, X l. teste Guillelmo de Braia.
[…]
[entre le 1er et le 6 juin 1239] Castellanus de Sancto Germano, pro custodia minutarum avium pro VIxx XVI diebus a die Cinerum usque ad sanctum Johannem Baptistam, per diem, VIII d., IIII l. X d. VIII d.
[…]
[f. 35] [entre le 1er et le 6 juin 1239] Pro vadiis magistri Galteri, clerici imperatoris, ad Sanctum Germanum, septimana ante sanctum Barnabam, per Odardum de Villaribus, LXVI s.
[…]
[6 juin 1239] Portus de Pecco juxta Sanctum Germanum in Laya, die Lunae ante sanctum Barnabam, per Dinisotum, scutiferum, XLVI s.
[…]
[f. 36] [19 juin 1239] Domina de Boumez, de dono, ad Sanctum Germanum, Dominica ante sanctum Johannem, pro suis vadiis, X l. teste Guillelmo de Braia
[…]
[21 juin 1239] Quaedam femina de Chaciaco, quae petebat unum furnum apud Chaciacum, de dono, die Martis ante sanctum Johannem, apud Sanctum Germanum, XL s. teste domino Petro, capellano.
Herbertus de Lions, avicularius, qui attulit esperverium, eadem die, apud Sanctum Germanum, de foresta de Lions, XL s. teste Petro Juveni.
Et pro uno torcello quem similiter apportavit, XL s.
[…]
[21 ou 22 juin 1239] Castellanus de Sancto Germano, de dono ad suam filiam maritandam, XLII l. teste rege.
[…]
[21 ou 22 juin 1239] Quidam vetus homo qui venit ad regem de Hispania, ad Sanctum Germanum, pro sua infirmitate, de dono, XX s., teste Dinisoto, scutifero.
[…]
[22 juin 1239] Portus de Comflans, die Mercurii ente Sanctum Johannem, et batelli a Parisius usque ad Autolium, quando rex veniebat ad Sanctum Germanum, et elemosinae per Dinisotum, scutiferum, inter Sanctum Germanum et Pontisaram, CX s.
[…]
[entre le 24 et le 29 juin 1239] Odo de Cormalliis, de dono, septimana ante sanctum Johannem, pro sua infirmitate, ad Sanctum Germanum, C s. teste Guillelmo de Braia.
[…]
[f. 39] [17 juillet 1239] Item, pro expensa domini Caroli, pro tribus diebus a Sanctum Germanum, quando Rex venit a Medonta ad Pontisaram, Dominica ante Magdalenam, per magistrum Martinum, XIIII l. V s. VII d.
Et pro expensa suorum equorum de III diebus, XXIIII s. VI d.
Chatellons de Sancto Germano, pro custodia IIII falconum Januensium, pro XX diebus usque ad Magdalenam, et pro XVII esperveriis de eodem termino, XXXIII s. IIII d.
Et pro custodir aliarum minutarum avium de uno mense usque ad eundem terminum, XXIII s. IIII d.
[…]
[22 ou 23 juillet 1239] Elemonsinae per Dinisium, scutiferum, inter Pontisaram et Sanctum Germanum, die Mercurii ante Magdalenam, et a Sancto Germano usque Parisius, ipsa die Magdalenae, LIIII s. VI d.
[…]
[entre le 23 et le 25 juillet 1239] Pro collariis qui apportaveruynt dominum Carolum a Sancto Germano usque ad Vicenas, XXVII s. per Dinisium, scutiferum.
[…]
[entre le 28 et le 31 juillet 1239] Consergius Sancti Germani, pro sua roba aestatis, L s.
[…]
[f. 42] [entre le 7 et le 9 septembre 1239] Hugo Anglicus, qui fuit nuntius, tunc de dono, ad Sanctum Germanum, LX s. teste G. de Braia.
[…]
[entre le 7 et le 9 septembre 1239] Chatellons de Sancto Germano, pro custodia unius falconis et pro duobus esperveriis de XLVII diebus a Magdalena usque ad Nativitatem beate Mariae, et pro uno alio falcone de XXXIII diebus usque ad eundem terminum, XXV s. VI d.
Et pro tribus falconibus de Januis et uno hostorio de XX diebus, et pro tribus hostoriis de III diebus usque ad eundem terminum, XVIII s.
[…]
[entre le 7 et le 9 septembre 1239] Subcapellanus de Sancto Germano, de dono, XX s. teste Petro Juveni.
[f. 45] [entre le 21 et le 27 octobre 1239] Pro una stola broudata ad capellam Sancti Germani, IIII l.
[…]
[entre le 21 et le 27 octobre 1239] Pro una paratura toalliae altaris, LX s.
[…]
[f. 46] [entre le 21 et le 27 octobre 1239] Pro fornatura de custodiis capellae Sancti Germani, LXXII s.
[…]
[vers le 27 octobre 1239] Pro sejorno equorum, videlicet Parisius, Meleduni, Sancti Germani et alibi, LXXIII l. XVII s.
[…]
[f. 48] [Equi]
Consergius Sancti Germani in Laia, pro roncino, X l. teste Dinisio. »

Paiements concernant Saint-Germain-en-Laye dans le Journal de l’origine des fonds de l’Hôtel du roi

« [tablette 2 verso]
[De 3200 l. a] templo per litteram factam Pontisare, veneris post Pascha [14 avril 1284], habui :
Johannes […] sequenti, in septimis tabulis : 200 l.
Item, lune sequenti [17 avril 1284], ibi [apud Sanctum Germanum] pro coquina : 300 l.
Item, tunc ibi : [100 l.]
[de quibus :] [Elem]os[inarius] apud Pontisaram, pro die Pasche : 52 l. 13 s. 8 d.
et ego : 47 l. 6 s. 4 d.
[Item, tunc ibi] : [200 l.]
de quibus : pro vino : 160 l.
Mag. Julianus aurifaber, ad hernesia : […] l.
Dominus Montis Morenciaci, pro vadiis diei Pasche : 31 l. 19 s. 8 d.
et ego : […] l. 0 s. [4] d.
Item, martis sequenti, ibi : 200 l.
de quibus : pro pane : 160 l.
et ego : 40 l.
[Summa :] [1000 l.]
Item, tunc ibi : 100 l.
de quibus : Martinus Parvus, pro vadiis Ascen. : 20 l. 11 s. 2 d.
[…]ur., pro pallio : 9 l. 15 s. 0 d.
et ego : 69 l. 12 s. 10 d.
Item, mercurii [sequenti] [19 avril 1284] : [300 l.]
de quibus : pro avena : 240 l.
Bateste, mutuo suo : 10 l.
et ego : 50 l.
[Item, jovis sequenti] [20 avril 1284], pro forraria : 100 l.
P. de Chambliaco, ad hernesia, pro negociis privatis : 100 l.
[pro…] capellano domine Blanche
Item, dominica in festo S. Georgii [23 avril 1284], apud [Sanctum Germanum] : 300 l.
de quibus : pro coquina : 260 l.
Colardus Doay, mutuo suo, lune sequenti [24 avril 1284] : […]
[…] Bogelli, luparius, tunc ibi mutuo suo : 100 s.
Venatores mutuo suo die s. Ma[rci] [25 avril 1284] : […]
et ego : 10 l.
Item, mercurii post S. Marcum [26 avril 1284], ibi : 300 l.
de quibus : Panis : [160 l.]
Petrus de Chambliaco, per Cornutum, ad mutuum un septimis tabulis : 32 l.
[… ad] vadia Pasche, in dictis tabulis ad debitum et pro roba filii sui : 34 l.
[…]nero, jovis sequenti [27 avril 1284] mutuo : 18 l. 16 s. 0 d.
Item, P. de Chambliaco, tunc ad […] : [9 l. 9 s. 8 d.]
et ego : 45 l. 14 s. 4 d.
Summa ab alia : 1200 l.
[Item, veneris pos]t S. Marcum [28 avril 1284], apud S. Germanum : 400 l.
de quibus : pro coquina : 160 l.
pro vino : [160 l.]
[pro] pane : 80 l.
Item, dominica post S. Marcum [30 avril 1284], ibi pro forraria : 100 l.
Item, tunc ibi : [100 l.]
[de quibus :] Bateste, Senglarius, Bernardus Favoille, Poncius de Monte Rodat et Rad. de [Bosco Galteri], [pro] residuo vadiorum Ascen. : 97 l. 0 s. 7 d.
et ego : 0 l. 59 s. 5 d.
Item, tunc ibi : [300 l.]
de quibus : pro avena : 240 l.
Mag. Dyonisius de Aurelianis, lune sequenti [1er mai 1284], mutuo : 8 l.
Joh. [… ad] mutuum suum : 30 l.
et ego : 22 l.
[Item, martis] sequenti [2 mai], ibi elemosinarius, in compoto suo : 100 l.
Summa : 1000 l.
Summa : 3200 l.
[…]
[tablette 14 recto]
De 2000 l. quas cepi nomine meo, pro balistariis pagandis, per litteram factam apud Vicenas, martis ante Cathedram sancti Petri [19 février 1286], habui :
Mercurii sequenti [20 février 1286], Parisius : 1600 l.
per Marcellum, de quibus : […]
Philippus Danyel de Sancto Germano, ad debitum in nonis tabulis per uxorem suam : 100 s.
[…]
[tablette 16 recto]
Item, Templum de termino Omnium Sanctorum octogesimo quarto
[…]
Item, a Templo, per litteram factam apud Sanctum Germanum, martis post Nat. b. Virginis [12 septembre 1284] : 3200 l.
per P. de Meleduno
Item, Johannes de Castellario, per litteram factam tunc ibidem : 800 l.
ad misias scutiferie
[…]
Item, a Templo, per litteram factam apud Sanctum Germanum, martis ante S. Matheum [19 septembre 1284] : 2000 l.
per Marcellum qui ivit pro eis
Item, a Templo, per litteram quam Johannes Poucin fecit fieri, mercurii in vigilia S. Crucis [13 septembre 1284], me existente ad compotum Johannis d’Ays : 2000 l.
per P. de Meleduno de quibus tradidit domino G. de Bearnio 1500 l. »

Lettre concernant les messes célébrées dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 661] Charles, par la grace de Dieu roy de France, a nos amez et feaux gens de nos comptes a Paris, salut et dilection. Complains se sont a nous griesvement les religieux, prieur et convent de l’eglise de Nostre Dame de Hennemont lez Saint Germain en Laye comme ja pieça de moult long et ancien temps ilz, comme nos chapelains, aient fait le service divin en la chapelle ou chastel de Poissy, laquelle ja piece par le faict et occasion de nos guerres fut detruite avec le chastel et depuis par permission, ordenance de nostre tres cher seigneur et pere, dont Dieux ait l’ame, aient esté translatés, annexés et unis a la chapelle de nostre chastel de Saint Germain en Laye, en laquelle ils ont toujours continué et continuent en faisant chacun jour ledit service en livrant le luminaire en ycelle sans interruption ne deffaut aucun, en laquelle chapelle de Poissy lesdits religieux chapeleins avoient et prenoient de plein droit et fondation roialle les offrandes et tout le baise main, et semblablement, attendue lad. translation et union, ils les doivent et peuvent prendre en lad. chapelle dudit Saint Germain, et combien que le premier chapelain de lad. chapelle qui, de sa fondation, doit celebrer ou faire celebrer en lad. chapelle trois messes la semaine et aussi livrer luminaires, cierges et torches pour lesd. messes et pour la levation du benoist saint sacrement, dont il prend pour ce faire certaine somme d’argent et quantité de cire en nostre recepte de Paris, que nemoins iceluy premier chapelain n’y chante ne n’y fait chanter, passez sont trois ans ou environ, et encores nonobstant ce s’efforce de prendre et percevoir et avoir ycelles offrandes et baisemains contre droit et raison et au grand grief, prejudice et grant charge d’iceux religieux qui lesdites messes dient en icelle chapelle chacune semaine continuellement, et aussi en faisant icelles messes quierent du leur propre la cire et luminaire qui y appartient, combien qu’ils soient petitement fondés et fort grevez tant des bestes sauvages de la forest comme de gens d’armes passans par le pays, par quoy ils ne pourroient bonnement trouver ne livrer ledit luminaire, comme ils ne soient a ce aucunement tenuz dont ils sont moult chargiés et dommangés, et seroient encores plus se par nous ne leurs estoit sur ce pourveu de remede convenable, et mesmement que par privilege en tous chateaux et hostels roiaux aucun n’a droit de prendre aucune des choses dessusdites fors les chappelains ou chappelain celebrant et faisant esdits lieux continuelle residence, si comme ils dient, requerant sur ce nostre gracieuse provision. Pourquoy nous, ces choses consideré, attendu aussy que qui desert a l’autel de l’autel doit vivre, inclinans a leur sipplication, vous mandons et enjoignons expressement, en commettant, se metier est, que se souverenement et de plein appellez ceux [p. 667] qui pour ce seront a appeller, il vous appert les choses dessus dittes estre vrayes, faittes faire commandement audit premier chappelain de ladite chapelle de Saint Germain qu’il baille et face bailler et delivrer le luminaire, torche, cierges et autres choses qu’il doit bailler et delivrer pour faire ledit service divin, et ou cas qu’il en soit reffusans, contredisans ou dilayans, faites icelles choses delivrer et bailler aux dessusdits religieux ou a celuy ou ceulx qui deserviront a laditte chapelle en contraignant a ce tous ceux qui pour ce seront a contraindre en telle manière que ledit service y puisse etre fait et accomply. Car ainsy le voulons estre fait et ausdits religieux l’avons octroyé et octroyons de grace especial par ces presentes pour consideration des choses desssudites se mestier est. Donné audit lieu de Saint Germain en Laye le 2d jour de novembre l’an de gace mil CCC IIIIxx et quatre et le quint de nostre regne. »

Acte donné par Charles V en son château de Saint-Germain-en-Laye

« Charles, par la grace de Dieu roy de France, a noz amez et feaulx conseiller les generaulx tresoriers a Paris des aides ordenez pour la delivrance de nostre tres cher seigneur et père, dont Dieu ait l’ame, salut et dilection. Pour certaines et secretes besoignes nous envoyons hastivement nostre amé huissier d’armes Guillaume Arnaut de Lahas par devers nostre tres cher et tres amé frere le duc d’Anjou et nostre tres cher cousin le conte d’Armagnac, et vous mandons et estroitement enjoignons que tantost et sans delaiz ces lettres veues vous par Jehan Luissier, receveur general des diz aides, faites bailler et delivrer a nostre dit huissier d’armes, pour faire ses despens ou dit voyage, la somme de cinquante franz d’or, et par rapportant ces presentes tant seulement sanz autre quittance ou descharge quelconques, nous voulons les diz L franz estre alloez es comptes dudit Jehan Luissier par noz amez et feaulx les genz de nos comptes a Paris, nonostant ordenances ou deffenses a ce contraire. Donné en nostre chastel de Saint Germain en Laye le XXIIe jour d’aoust l’an de grace mil CCC LXVIII, et le quint de nostre regne.
Par le Roy
J. de Saint Martin »

Charles V

Département des Manuscrits

Tirant ses origines de la bibliothèque des rois de France, le département des Manuscrits conserve la plus importante collection au monde de manuscrits médiévaux, modernes et contemporains. Elle comprend de nombreuses copies anciennes, unica, textes scientifiques, manuscrits décorés et à peintures. Enrichies par des dons d’auteurs, d’hommes politiques ou d’universitaires, par des mécénats ou des achats, les collections sont encyclopédiques : chansons de geste, religions d’Orient et d’Occident, histoire moderne et contemporaine, manuscrits littéraires...
Les collections de manuscrits originaux sont complétées par des livres et revues en toutes langues, des microformes et des fac-similés. La salle de lecture est ouverte aux lecteurs de la Bibliothèque de recherche ; la consultation de certains manuscrits doit faire l'objet d'une autorisation spéciale.

Les collections du département des Manuscrits sont encyclopédiques : chansons de geste, romans arthuriens, langues romanes, littératures orientales, religions d’Orient et d’Occident, histoire ancienne, histoire des sciences, les manuscrits littéraires : Pascal, Diderot, Apollinaire, Proust, Colette, Sartre etc. Le « cabinet des titres » constitue avec les armoriaux les principales ressources en généalogie.

La collection des manuscrits comprend un nombre très élevé de copies anciennes, d'unica, de textes scientifiques, de manuscrits décorés et de manuscrits à peintures ainsi que des manuscrits sur une grande variété de supports et de formes (xylographes, estampages notamment).

Fonds français

Français

Le fonds français a été créé en 1860, date à laquelle a été instaurée la distinction des manuscrits par langue. Il a été composé par la réunion de quatre séries. Il est maintenant clos.
1ère série : Français 1 à Français 6170
Provenance : ancien Fonds français.
Nombre de volumes : 6170 volumes.
Origines : manuscrits français entrés à la bibliothèque du roi de la fin du XVème siècle jusqu’au milieu du XVIIIème siècle. Contrairement aux manuscrits orientaux, latins ou grecs de l’Ancien fonds, ces manuscrits n’avaient pas été recotés en 1740.
Nature des manuscrits : les volumes Français 1 à 2595 sont des manuscrits à caractère littéraire, les volumes Français 2596 à 2810 des manuscrits à caractère historique.
Anciens inventaires : NAF 5411 « Catalogue des manuscrits français, italiens, espagnols et en autres langues modernes de la Bibliothèque royale. Ancien fonds. Copié en 1835 et 1836… sur le Catalogue général dressé en 1729 et 1730. »Concordance entre les cotes de l’Ancien fonds et les cotes actuelles : volume consultable dans la salle de lecture, sous la cote « bureau 73 ».
Répartition par formats :
1-151 : in-folio maximo
152-396 : in-folio magno
397-895 : in-folio mediocri
896-1752 : in-folio parvo
1753-2430 : in-4°
2431-2595 : in-8°
2596-2810 : in-folio magno
2811-4929 : in-folio mediocri
4930-5689 : in-folio parvo
5690-6170 : in-4°

2ème série : Français 6171 à Français 15369
Provenance : ancien Supplément français.
Nombre de volumes : 9199 volumes.
Origines : le Supplément français a été créé vers 1820, comme le Supplément grec et le Supplément latin. Ils contenaient des manuscrits entrés à la bibliothèque du milieu du XVIIIème siècle jusqu’en 1862. Le noyau de ces suppléments était composé par les manuscrits de l’Ancien supplément. L’Ancien supplément était un fonds hétéroclite, ne respectant pas la distinction par langues. Il avait été constitué eau début du XIXème siècle par François-Jean-Gabriel La Porte du Theil, à partir d’un fonds de nouvelles acquisitions (achats et dons) ouvert après 1744, nouvelles acquisitions entrées en dehors des fonds régulièrement constitués.
Le Supplément français contenait des manuscrits français et en langues modernes.
Anciens inventaires de l’Ancien supplément :
NAF 5415 : « Catalogue de manuscrits français et en langues modernes, qui semblent avoir formé le noyau du Supplément français des manuscrits de la Bibliothèque du Roi. Il est intitulé : "Manuscrits de différentes acquisitions et en différentes langues. Aoust 1756."
NAF 5427 à 5431 : La Porte du Theil, 5 volumes manuscrits (voir Delisle, tome II, p. 284). Numéros 1 à 1374 (complétés par des lettres et des chiffres, par exemple : 430 CC 1).Anciens inventaires du Supplément français :
NAF 5426 : « Catalogue de manuscrits des Suppléments grec, latin, français et en langues modernes de la Bibliothèque nationale. (1063 numéros). »
NAF 5493 à 5521 : catalogue du Suppl. fr. dans la série NAF 5447-5530 : « Catalogues des manuscrits de la Bibliothèque royale ».
Concordance entre les cotes du Supplément français et des cotes actuelles : volume consultable dans la salle de lecture, sous la cote « bureau 73 » ; Catalogue des manuscrits français 13091 à 15369.
Répartition par formats :
6171-6257 : Très-grand format
6258-9560 : Grand format
9561-13090 : Moyen format
13091-15369 : Petit format

3ème série : Français 15370 à Français 20064
Provenance : ancien Saint-Germain français.
Nombre de volumes : 4695 volumes.
Origines : ensemble formé en 1865 par la réunion de tous les manuscrits français venus de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.
Répartition par formats :
15370-15390 : Très-grand format
15391-1705/8 : Grand format
17059-19232 : Moyen format
19233-20064 : Petit format

4ème série : Français 20065 à Français 33264
Provenance : anciens petits fonds français.
Nombre de volumes : 14000 volumes.
Origines : ensemble constitué en 1868 par la réunion des manuscrits français qui faisaient partie de petits fonds ou de collections, dont la liste est donnée par Léopold Delisle, avec le nombre respectif de volumes, dans Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, tome II, p. 330.
Nature des manuscrits Français 26485 à Français 33264 : Les manuscrits Français 26485 à Français 33264 constituent les volumes du Cabinet des titres. Ils sont répartis en six séries de dossiers :
Pièces originales : Français 26485 à 29545
Dossiers bleus : Français 29546 à Français 30229
Carrés de d’Hozier : Français 30220 à Français 30881
Cabinet de d’Hozier : Français 30882 à Français 31225
Nouveau d’Hozier : Français 31226 à Français 31562
Collection Chérin : Français 31563 à Français 31776.
Sous les numéros Français 31777 à Français 33264 ont été réunis les volumes reliés du Cabinet des titres (recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques).
Répartition par formats :
20065-20086 : Très-grand format
20087-22884 : Grand format
22885-24726 : Moyen format
24727-25696 : Petit format
25697-26484 : Grand format

Le lecteur pourra, s'il le souhaite, consulter les volumes imprimés qui ont servi à constituer le présent catalogue en ligne. Ceux-ci sont accessibles, en ligne aussi, sur le site de la BnF. Le descriptif ci-dessous donne la liste de ces volumes et leur contenu :
Série in-4°
ancien Fonds français
Tome I (1868), manuscrits Français 1 à Français 3130.
Tome II (1874), manuscrits Français 3131 à Français 3766
Tome III (1881), manuscrits Français 3767 à Français 4586
Tome IV (1895), manuscrit Français 4587 à Français 5525
Tome V (1902), manuscrits français 5526 à Français 6170

Série in-8°
ancien Supplément français
Tome I (1895), manuscrits Français 6171 à Français 9560
Tome II (1896), manuscrits Français 9561 à Français 13090
Tome III (1896), manuscrits Français 13091 à Français 15369

ancien Saint-Germain français
Tome I (1898), manuscrits Français 15370 à Français 17058
Tome II (1900), manuscrits Français 17059 à Français 20064

anciens petits fonds français
Tome I (1898), manuscrits Français 20065 à Français 22884
Tome II (1902), manuscrits Français 22885 à Français 25696
Tome III (1897), manuscrits Français 25697 à Français 33264

(D'après la notice descriptive de la BnF : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc7296x/ca100)

Fonds français

Paiements concernant Saint-Germain-en-Laye dans le rôle des baillages de France pour le terme de la Toussaint 1299

« [p. 3] Robertus, barbitonsor Regis, et Ysabellis, ejus uxor, pro custodia jardini Regis de Sancto Germano in Laia, pro terio : LXVI s. VIIId., et pro oblito computari pro eodem ad Ascensionem predictam, pro duobus tertiis : VI l. XIII s. IIII d.
[…]
[p. 15] Domania apud Sanctum Germanum in Laya
De censibus ibidem in festo Beati Remigii : VII l. X s. VIII d.
De vendis ibidem ad hunc terminum : XXXVII s. VI d.
De explectis : XLIII s.
De explectis foreste Laye : XL s.
[…]
[p. 18] Expensa Sancti Germani in Laia
Pro gagiis prepositi, pro tertio : IIII l.
Pro pane prisonum : XVIII s. X d.
Pro prisionariis adductis de Sancto Germano Parisius, de mandato prepositi Parisiensi, pro equis locatis et conductoribus : IX s. IIII d.
Pro bannis Regis clamandis : II s.
Pro censibus Regis scribendis die S. Remigii et quodam papiro empto : IIII s.
[…]
Opera Sancti Germani in Laia
Pro vitreis capelle et aliis vitreis per hospicium reparandis : XLIV l. VIII s. X d.
Pro hostiis et fenestris, verroliis, serreuris, loquetis et clavi, coopertoribus, lathomo, plastro, calci per concergium : XLVI l. VII s. X d.
Pro misiis concergii : XXII l. XIX s. IIII d.
Pro latrinis curandis : VII l. XV s.
Pro XXX miliaribus tegule ibidem ductis, XXIV s. pro miliari : XXXVI l.
Pro dicta tegula ponenda in navi : XXX s.
Pro locagio navis : VI l.
Pro ea ducenda de portu Alpecti, oneranda et exoneranda : VIII l.
Pro noiis : LXXVI s.
Pro lathomeria et carpentaria in taacha, quarum partes sunt a tergo : IIc LXI l.
Partes operum in taacha apud Sanctum Germanum in Laia
Primo, garderobam secreti de carpentaria et lathomia totam promptam.
Quamdam trenellam rotondam novam redditam coopertam.
Item cameram domini Petri de Chambli totam novam quadratam V tesiarum vel circiter.
Item plures scotellos in pluribus locis per domos ibidem per dictum juratum positos.
Item votam pratelli gloriete et latus capelle ibidem.
Item latus et pignaculum latrinarum.
Item muros reparandos qui circuunt magnam capellam ibidem.
Item quamdam caminam duplicem in domo concergii ibidem.
Pro LI miliariis enscenle, IIII s. VI d. pro miliari : XI l. IX s. VI d.
Pro II miliariis late : LX s.
Pro hostiis et fenestris et escenla in domibus prioris ibidem : LXXII s.
Pro operibus factis apud Pissiacum per Victorem, scilicet pro tretellis et formis, hostiis, fenestris reparandis, doliis, pressorio et operariis ac garda vinearum ibidem : XI l. XVIII s ; II d.
Pro operibus in jeola Sancti Germani et hala per prepositum ibidem : X s. VIII d.
Pro quibusdam latrinis novis factis et III pilariis de tallia in domo jardinerii : XXXII l.
[…]
Pro operibus Corbolii, S. Germani in Laia et Parisius vistandis et eis tradendis in taacha per magistrum G. de Londoniis et Simonem de Noeriis, per prepositum Parisiensem : XIIII l. XI s. II d. »

Paiements liés à un séjour du roi à Saint-Germain-en-Laye dans le compte du trésor royal pour la Saint-Jean 1316

« [f. 15] Gaufridus Cocatrix, pro vadiis suis deservitis ibi pro eodem, deductis IIIbus diebus quibus fuit ad Regem apud Sainctum Germanum in Laya, et III diebus quibus fuit in suis propriis negociis, XVI s. par. per diem : VIxx l. XXXII s. par. Super se in compoto suo.
[…]
[f. 18] Gaufridus Coquatrix, pro expensis suis per III dies, quibus fuit ad Regem apud Sanctum Germanum in Laya, anno presenti, deductis vadiis : VII l. II s. Per cedulam Curie. Ultima Junii. »

Lettres données par Charles, fils du roi de Navarre, à Saint-Germain-en-Laye

« Charles, ainsné fils du roy de Navarre, a noz amez et feaulx les gens qui orront le compte de nostre amé et feal tresorier Jehan Le Ferme, salut et dilection. Nous vous mandons que la somme de deux cens frans que nostre dit tresorier a paiez et delivrez de nostre commandement a Robert de Varannes, brodeur, ouquel nous les donnons pour un chapel de perles que nous avons eu de lieu, vous allouez es comptes dudit tresorier et lui rabatez de ses receptes et vous rendant ces presentes et quittance de ladite somme, sanz aucune difficulté. Donné a Saint Germain en Laie le XXII jour de septembre l’an de grace mil CCC LX dix et huit.
Par mons., vous et mess. Jehan de Poissy, maistre d’ostel, pres.
Charité »

Paiements lors d’un séjour du roi à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 11v] A Saint Germain en Laye, en l’ostel de la chambre aux deniers le jeudi II jours de juillet l’an mil CCC IIIIxx et trois, fu compté de la despence de l’ostel le Roy pour le mois de juing precedant contenant XXX jours, en la presence de mons. Pierre de Villiers, grant maistre d’ostel, et mess. Taupin de Chantemelle, chevaliers et maistres dudit hostel, IIIIm VIIc LXXIII l. XVIII s. VIII d. par.
[…]
[f. 16] Jehan Noble, espicier, pour IIII livres de cire vermeille achettee de lui, V s. par. la livre, pour le scel du secret, en tout le mois de juing, mardi XXX et derrain jour de juing, le Roy disner a Montjoie, souper et giste a Saint Germain en Laye, argent, XX s. par.
[…]
[f. 18v] Johannin Tigier, messager envoyé porter lettres du Roy de Saint Germain en Laye aux tresoriers de France a Paris, pour ce mardi XXX et derrain jour de juing, le Roy disner a Montjoie, souper et giste a Saint Germain en Laye, argent, VI s. par.
[…]
[f. 25] Raulet Legay, sommelier de chappelle du Roy pour les offrandes dudit seigneur faites aux reliques de l’esglise Nostre Dame de Poissy ce jour qu’il y oy sa messe, envoier a lui par ledit Raulet, merquedi premier jour de juillet l’an IIIIxx et trois, le Roy disner a Poissy, souper aux Loges et giste a Saint Germain en Laye, argent, IIII l. par. »

Paiements pour la garnison du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 297] A mons. Robert Herling, chevalier, capitaine de Poissy, Saint Germain en Laye et de Montjoye, pour un an entier et entresuyvant commencé le jour Saint Michel mil CCCC vint huit et finant aud. jour ensuivant CCCC XXIX, a la charge pour la sauvegarde dud. lieu de Poissy de ung homme d’armes a cheval, lui non compris, I autre homme d’armes a pié et VI archiers armez et arraiez souffisant selon leur estat aux gaiges et regars dessusd., et pour la garde desd. places de Saint Germain en Laye et Montjoye aux gaiges de Vc l. t. pour ledit an, lesdis gaiges comencés ledit jour Saint Michel CCC XXVIII, a paier durant ycelui de quartier en quartier des deniers de ladite recepte generale par led. receveur comme par endenture faicte entre mondit seigneur le regent et led. chevalier le XVIIIe jour de septembre mil CCCC XXVIII, dont le vidimus est cy rendu, appert, pour ce a luy paié par vertu des lettres de garante de mond. seigneur le regent donnees ledit jour, expediees par mesd. sieurs les tresoriers de France et Normandie le VIe jour de novembre ensuivant, servans pour tout l’an, cy rendues pour les gaiges et regards de I homme d’armes a cheval, I a pié et VI archiers de sadite retenue de Poissy pour leur service a ladite sauvegarde d’un quartier d’an commencé led. jour Saint Michiel CCCC XXVIII et finant le XXVIIIe jour de decembre ensuivant, tous incluz, dont il a fait monstre le IIe jour de novembre oudit an par devant messire Guillaume Borton, chevalier, capitaine de Mante, et Jehan Vvenlotz, controleur de Meulent, a ce commis par mond. seigneur le regent, cy rendues, montant VIIxx XVI l. VII s. III d. t., et pour sesd. gaiges de Saint Germain en Laye et Montjoye desserviz pour led. quart d’an au pris dessusd. VIxx V l. t. pour tout par quittance de luy faicte le XIe jour de fevrier ensuivant mil CCCC XXVIII cy rendue : IIc IIIIxx I l. t. VII s. IIII d.
A lui par vertu desd. lettres pour les gaiges et regart des gens de sad. retenue de Poissy pour leur service du second quart d’an ensuivant finant le XXIXe jour de mars mil CCCCC XXIX dont il [p. 298] a fait reveue le VIIIe jour de fevrier mil CCCC XXVIII par devant Guillaume Harmant et Jehan Venlotz, escuier, a ce commis par les receveur general et controleur de Normendie cy rendue montant VIIxx XV l. VII s. IIII d. t. et pour sesd. gaiges de Saint Germain et Montjoye pour led. second quart d’an VIxx V l. t., pour ce par quittance de Jehan Sac, bourgeois de Paris, son procureur, faicte le XXe jour d’avril mil CCCC XXIX cy rendue : IIc IIIIxx I l. t. VII s. IIII d.
A lui par vertu desd. lettres pour les gaiges d’un homme d’armes a pié et VI archiers de sadite retenue de Poissy pour leur service a la sauvegarde dud. lieu de LXIII jours commençans le XXXme jour de mars CCCC XXIX et finant le premier jour de juing ensuivant exclud que il delaissa et fut deschairgé de ladite capitainerie et messire Loys d’Espoys en print la possession comme cy apres sera dit, desquelles gens il fist reveue le XXIIe jour de may oud. an par devant lesd. capitaine de Mante et controleur de Meulent a ce commis par mondit seigneur le regent cy rendue par quittance de luy faicte le XXVe jour de septembre oud. an CCCC XXIX cy rendue : LXXVII l. t.
A lui pour ses gaiges de sadite capitainerie de Montjoye et Sainct Germain en Laye desserviz par lesd. LXIII jours finans le derrenier jour de may includ, auquel jour il se descharga de ladite capitainerie comme dit est, audit pris de Vc l. t. par an par quittance de luy faicte led. XXVe jour de septembre cy rendue : A lui par vertu desd. lettres pour les gaiges et regart des gens de sad. retenue de Poissy pour leur service du second quart d’an ensuivant finant le XXIXe jour de mars mil CCCCC XXIX dont il [f. 297v] a fait reveue le VIIIe jour de fevrier mil CCCC XXVIII par devant Guillaume Harmant et Jehan Venlotz, escuier, a ce commis par les receveur general et controleur de Normendie cy rendue montant VIIxx XV l. VII s. IIII d. t. et pour sesd. gaiges de Saint Germain et Montjoye pour led. second quart d’an VIxx V l. t., pour ce par quittance de Jehan Sac, bourgeois de Paris, son procureur, faicte le XXe jour d’avril mil CCCC XXIX cy rendue : IIIIxx VI l. t. V s. XI d. p. t., pour tout VIIc [XXVI l. VIII s. VII d. t.]
A messire Loys d’Espoy, chevalier, de nouvel ordonné et retenu capitaine desdites places de Saint Germain en Laye et Montjoye depuis le XIXe jour de may mil CCCC et XXIX, qu’il endenta, jusques I an ensuivant, au feur et sa semblable charge que led. Herling avoit cy dessus declaré, aux gaiges dessusd. commencé le jour de ses premieres monstres a paier comme dessus comme par endenture faicte entre mond. seigneur le regent et luy led. jour, dont le vidimus est cy rendu, appert, pour ce a lui payé par vertu desd. lettres de garant de mond. seigneur donnees led. jour, non expediees par messieurs les tresoriers de France et Normandie, dont led. chevalier a esté relevé par mond. seigneur pour certaines causes par lettres de relevement donnees le VIIe jour de janvier CCCC XXIX expeidees par monsieur le tresorier de Normandie le XIIIe jour dud. mois ensuivant, cy rendues, pour les gaiges et regard de lui chevalier, ung homme d’armes a pié et VI archiers de sa retenue pour la sauvegarde dud. lieu de Poissy desserviz par VIxx jours commencé le premier jour de juing oud. an mil CCCC XXIX et fini le XXVIIIe jour de septembre, veille Saint Michel, ensuivant, tous inclus, dont il a fait ses premieres monstres le XXIIe jour dud. mois de may par devant messire Guillaume Boucton, chevalier, a ce commis, qui est au devant dud. temps, et durant ycelui n’a fait nulles autres monstres ou reveues, dont il en est relevé par lesdites lettres comme dit est et du consentement dud. messire Loys ne lui a esté fait paiement que depuis le premier jour de juing, pour ce que il accorda que led. Herling, auparavant [p. 299] capitaine, prinst les gaiges pour ycelle capitainerie jusques aud. premier jour de juing, comme il appert par quittance de luy faicte le XVIIe jour de janvier CCCC XXIX cy rendue avec lesdites monstres : IIc XLV l. t. XVI s. VIII d. t.
A luy par vertu desdites lettres pour ses gaiges de sa capitainerie de Saint Germain en Laye et Montjoye, qui sont au feur de Vc l. t. par an, desserviz par le temps dessusd. pour les causes dessus declarees par quittance de luy faicte led. XVIIe jour de janvier cy rendue : VIIIxx IIII l. VII s. VI d. t., pour tout IIIIc X l. IIII s. II d. t. »

Ordre de garnir de vivres le château de Saint-Germain-en-Laye

« Henry, par la grace de Dieu roy de France et d’Angleterre, au bailli de Mante ou a son lieutenant et au receveur des aides et tailles a Poissy, salut. Pour ce qu’il est expedient et chose necessaire de pourveoir a la seurté du chastel de Saint Germain en Laye, telement et si convenablement que resistence puisse estre faicte aux emprises de noz ennemis et adversaires se besoing en est, a quoy pour obvier a tous inconveniens et dommaiges voulons estre diligemment entendu, nous vous mandons et expressement enjoingnons que appellé avecques vous le capitaine dudit lieu de Saint Germain en Laye ou son lieutenant illec, vous advisez ensemble quelle quantité de vivres sera necessaire et requise pour la provision et avitaillement dudit chastel de Saint Germain en Laye, et des vivres qui ainsi seront advisez et trouvez estre necessaire faire provision et en recouvrez ou mieulx pourrez a pris competent que voulons par toy receveur estre payé des deniers de ta recepte des aides et tailles a ceulx de qui lesdiz vivres auront esté prins et achetez, et iceulx vivres ainsi recouvrez mettez ou faites mectre oudit chastel de Saint Germain en Laye pour la provision et avitaillement d’icellui, et les bailliez en garde audit capitaine ou a son lieutenant par bon et loyal inventaire, le double duquel voulons par toy receveur estre baillé a nostre proufit comme raison est, et par raportant ces presentes avecques copie dudit inventaire et certiffication de vous bailli ou vostre lieutenant sur la quantité et pris desdiz vivres et quictance souffisante d’iceulx, ensemble certiffication dudit capitaine d’avoir receu lesdiz vivres et aussi dudit Pierre Surreau d’avoir receu ladite copie d’inventaire, tout ce que ainsi et pour lad. cause paié, baillié et delivré aura esté sera alloué et comptés de roy receveur et rabatu de ta recepte sanz aucun contredit par noz amez et feaulx les gens de noz comptes a Paris, ausquelz nous mandons que ainsi le facent pourveu que ces dites presentes soient verifiees et expediees par noz amez et feaulx les tresoriers et generaulx presidens de noz finances. Donné a Paris le XXIIme jour de juing l’an de grace mil CCCC vint neuf et de nostre regne le septiesme.
Par le Roy a la relation de monseigneur le regent, duc de Bedford »

Quittance donnée par le capitaine de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages et ceux de ses hommes

« Nous Loys d’Espoy, chevalier, capitaine de Saint Germain en Laye, confessons avoir eu et receu de Michiel Durant, receveur general de Normandie, la somme de sept cens soixante deux livres six solz six deniers maille tournois en prest et paiement pour les gaiges et regards de nous, deux lances a cheval, sept a pié, trente archiers de nostre retenue pour la garde, seurté et deffence dudit lieu desservis pour ung quartier d’an commencé le XXIXe jour de decembre et finant le XXIXe jour de mars ensuivant derrenier passé, tous inclux, dont monstres ont esté faites avec les gens de nostre retenue de Poissy le derrenier jour de fevrier derrenier passé par devant Lienard Bendre, lieutenant du prevost de Poyssy, et Raoulin Chalon, sergent audit lieu, present Jehan Patoillat, controleur de ladicte garnison, ad ce commis. En laquelle somme sont comprins qui rabatu nous ont esté par led. receveur general quatre vingts trois livres unze solz neuf deniers tournois, c’est assavoir huit livres deux solz trois deniers tournois pour gaings de guerre faictes par aucuns desd. lances et archiers durant led. quartier d’an, les parties contenues ou controle sur ce fait, et LXXV livres IX solz VI deniers tournois pour les gaiges et regards dud. contreroleur comme lance a cheval et ses deux archiers qui sont du nombre dessusd. desserviz par led. quartier d’an, lesquelz controleur et sesd. deux archiers seront paiez par led. receveur general ainsi qu’il appartiendra. Toutes lesquelles gens d’armes et de trait, excepté led. controlleur et sesd. deux archiers, nous promectons paier bien et deuement sans fraude chacun par teste de leursd. gaiges et regards pour led. quartier d’an, et avec ce certiffions que durant icellui quartier toutes lesd. gens d’armes et de trait ont bien et deuement servy le Roy nostre seigneur a la garde, tuission et deffense de lad. place et aultrement, et que par eulx n’ont esté faictes aucunes vacations ou faultes de services durant icellui, ne aussi aucunes gaings de guerre en prinse de prisonniers, chevaulz, bestaulx en butins ne autrement dont au Roy nostred. seigneur ne a nous appartiengne aucun droit, excepté ce que contenu est oud. contrerole. De laquelle somme de VIIc LXII livres VI solz VI deniers obole tournois, nous nous tenons pour content et bien paié et en quictons le Roy nostredit seigneur, ledit receveur general et tous autres. En tesmoing de ce nous avons scellé ces presentes de nostre propre scel d’armes le XXIe jour de may l’an mil CCCC trente quatre. »

Lettres royales concernant la fontaine entreprise à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 61] A tous ceux qui ces presentes lettres verront, Jean de La Barre, chevalier, comte d’Estampes, vicomte de Bridiers, baron de Verets, seigneur dud. lieu de La Barre, de La Soubsterraine, de Cros et de Joy en Jozas, conseiller, chambellan ordinaire du Roy nostre sire, premier gentilhomme de sa chambre, gouverneur et garde de la prevosté de Paris, salut.
Scavoir faisons que l’an de grace 1532, le mercredy 12e de mars, veismes, teismes et leusmes mot apres l’autre les lettres patentes du Roy nostre sire, desquelles la teneur ensuit
François, par la grace de Dieu roy de France, a nos amez et feaux conseillers Jean de La Barre, chevalier, comte d’Estampes, [f. 61v] prevost de Paris et premier gentilhomme de nostre chambre, et Nicolas de Neufville, aussy chevalier, secretaire de nos finances, salut et dilection. Comme cy devant nous vous ayons, l’un en l’absence de l’autre, commis, ordonnez et deputez a faire les pris et marchez qu’il conviendront faire pour le fait de nos bastimens de Fontainebleau, Boullongne, Livry, et soit ainsi que depuis lad. charge et commission, avons voulu et ordonné autres bastimens et ediffices estre faits en nos chasteaux de Saint Germain en Laye, le Louvre a Paris, Villiers Costerets et pour faire venir une fontaine en chacun de sesd. chasteaux de Saint Germain, Villiers Cotterets, a cette cause soit requis et necessaire vous faire expedier autres lettres de commission et pouvoir sur ce, scavoir faisons que nous, confians a plain de vos personnes, sens, loyautez, experiences et bonnes diligences, vous avons commis, ordonnez et deputez, commettons, deputons et ordonnons par ces presentes a faire par vous, ou l’un de vous en l’absence de l’autre, les pris et marchez qui seront necessaires estre faits pour le fait et perfection et accomplissement de nosd. bastimens de Fontainebleau, Boullongne, Livry, Saint Germain en Laye et de nosd. chasteaux du Louvre et Villiers Costerets et lesd. fontaines, avec tous et chacuns les maçons, charpentiers, couvreurs, plombiers, serruriers, menuisiers, vitriers et autres ouvriers, ordonner du payement des frais, mises et despences qu’il conviendra pour ce faire, tant pour le fait desd. bastimens que pour voyages, remboursemens, recompenses et autres frais extraordinaires qui en dependent, et sur ce signer et expedier les roolles, cayers, ordonnances et mandemens en forme deue qui seront necessaires pour servir a l’acquis de celuy qui est ou sera commis a tenir le compte et faire le payement desd. bastimens, le tout selon les opinions, advis et contrerolles de nos chers et bien amez varlets de chambre ordinaires Pierre Paule et Pierre Deshostels, lesquels, entandu que nosdits bastimens sont en divers lieux, nous avons commis, ordonnez et deputez, commettons, ordonnons et deputons par cesd. presentes a estre resider ordinairement sur nosd. bastimens, haster et poursuivre le parachevement d’iceux, les conduire et diviser et pareillement [f. 62] pourveoir et entendre les frais, mises et depences qu’il y conviendra et icelles certiffier et controller, et aussy signer les quittances des payemens qui en seront faits par vosd. ordonnances signees de vous ou de l’un en l’absence de l’autre, contrerollees, certiffiees et quittancés par lesd. Paule et Deshostelz ou l’un d’eux, nous voulons estre dans tel effet et valleur, et estre allouez es comptes de celuy ou de ceux qui sont ou seront commis au payement et a tenir le compte desd. bastimens comme s’ils avoient esté et estoient par nous faits et ordonnez, et les roolles et ordonnances signees de nostre main, et quand a ce nous les avons vallidez et authorisez, vallidons et authorisons par cesd. presentes signees de nostre main, par lesquelles vous mandons et a chacun de vous chacun en son regard que vacquez et entendez diligemment au fait et execution de cette presente charge et commission, et pour ce qu’il conviendra ausd. Paule et Deshostelz demeurer et resider continuellement esd. lieux a la conduitte desd. bastimens et ediffices, nous leur avons et a chacun d’eux donné et octroyé, donnons et octroyons par cesd. presentes la somme de 50 l. par chacun mois, qui est pour les deux ensemblement 100 l. par mois, pour subvenir a la despence qu’il conviendra faire, a commencer du jour et datte de ces presentes jusques a ce que nosd. bastimens soient entierement parfaits, laquelle somme ils auront et prendront par les mains de celuy ou ceux qui sont ou seront commis au payement desd. bastimens et par rapportant ces presentes ou vidimus d’icelles fait sous scel royal avec lesd. marchez, roolles, cayers ordinaires et mandemens signees et expediees par vous ou l’un de vous et aussy contrerolles et quittances d’iceux Paule et Deshostelz ou l’un d’eux avec les certiffications et toisés qui seront faits par les maistres de nos œuvres de maçonnerie et charpenterie en nostre ville, prevosté, vicomté de Paris ou en nostre bailliage de Melun quand aux ouvrages qui auront esté faits par marchez a la toise ou en bloc, qui certiffiront iceux estre bien et deuement faits selon et ensuivant lesd. marchez, ensemble les quittances d’iceux Paule et Deshostelz pour l’estat que leur ordonnons, qui est de 50 l. a chacun d’eux par moi durant le temps desd. bastimens, nous voulons les parties, frais, mises et despences qui auront esté faits pour nosd. bastimens et de ce qui en dependra, ensemble l’estat dessusd. estre passez et allouez es comptes et rabatus de la recepte de celuy ou ceux qui payé les auront par nos amez et feaulx gens de nos comptes, ausquels [f. 62v] nous mandons ainsi le faire sans difficulté. Car tel est nostre plaisir. Nonobstant que iceux ouvrages n’ayent esté et ne soient baillez et delivrez aux rabais et moins offrans a la chandelle suivant nos ordonnances et quelconques autres ordonnances tant anciennes que nouvelles a ce contraires. Donné a Chasteaubriant le 18e de juin l’an de grace 1532 et de nostre regne le 18.
Ainsi signé François
Et au dessoubs Par le Roy, Bayard, et scellee de cire jaulne sur simple queue.
En tesmoing de ce nous a ce present vidimus ou transcript avons faite mettre le scel de lad. prevosté de Paris. Ce fut fait les an et jour dessus premiers dits.
Ainsi signé Rohart et Pichon »

Lettres royales nommant un trésorier pour les travaux à entreprendre au château de Saint-Germain-en-Laye

« [f. 144v] François, par la grace de Dieu roy de France, a nostre amé et feal notaire et secretaire maistre Nicolas Picart, par nous commis a tenir le compte et faire les payemens de nos ediffices de Fontainebleau, Boulongne et Villiers Costerets, salut. Comme nous avons advisé de faire desmolir et reediffier certains corps d’hostels et faire plusieurs reparations en nostre chasteau de Saint Germain en Laye et que d’icelles vous tiendrez le compte, dont soit requis vous expedier lettres de commission a ce convenables, pour ce est il que nous, confians a plain et entierement de vos sens, suffisance, loyauté et diligence, vous avons commis, ordonné et deputé, commettons, ordonnons et deputons par ces presentes a recevoir les denies qui ont et seront par nous ordonnez pour les desmolitions, ediffices et reparations dud. Saint Germain en Laye, en tenir le compte et faire les payemens par les ordonnances, mandemens, roolles ou certiffications de nos amez et feaulx conseillers Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, et Philbert Babou, seigneur de La Boudaiziere, chevalliers, ou l’un d’eux en l’absence de l’autre, et par les contrerolles de maistre Pierre Deshostels, controlleurs de nosd. ediffices de Fontainebleau, Boullongne et Villiers Costerets, que nous avons pareillement a ce commis et deputé, commettons et deputtons par cesd. presentes et aux gages et taxations qui pour vous seront par nous ordonnez et taxez, voulans qu’en rapportant cesd. presentes signees de nostre main ou vidimus d’icelles deuement collationné a l’original et lesd. ordonnances, mandemens, roolles, certiffications desd. seigneurs de Villeroy et La Bourdaiziere ou de l’un d’eux, contrerollees par led. Deshostels avec quittance des parties ou elles escherront sur ce suffisantes seullement, tous et chacuns les payemens que aurez ainsi faits soit passez et allouez en la despence de vos comptes et rabatus de vostre recepte par nos amez et feaulx les gens de nos comptes ausquels nous mandons ainsi le faire sans aucune difficulté. Car tel est nostre plaisir. Nonobstant quelconques ordonnances, restrinctions, mandemens ou defences a ce contraires. Donné a Montereau Fault Yonne le 12e de mars 1538 et [f. 145] de nostre regne le 25e.
Ainsi signé François
Par le Roy, Bayard
Et scellee sur simple queue de cire jaulne. »

François Ier

Règlement du duel de Jarnac et de La Châtaigneraie

« Articles sur le combat des sieurs de Chastaigneraye et de Jarnac accordez entre monseigneur le duc d’Aumalle, gouverneur et lieutenant general du Roy en Daulphiné et Savoye, et parrain dud. sieur de Chastaigneraye, et de monseigneur de Boysi, chevalier de l’ordre, grant escuyer de France, et parrain dud. sieur de Jarnac
Premierement
Apres soleil levé ou l’heure qu’il se doibt lever et que mond. sieur le grand sera mandé, il partira pour se presenter au camp avec son fileul.
Et apres que les combatans seront armez au camp, sera commencé a presenter les armes et chevaulx les unes apres les autres. Et estant acordees et aceptees, s’en presentera d’autres sans longueur de temps.
Le combat sera a tout oultrance et ne sera vaincu sinon celuy qui restera mort au camp ou bien qu’il dye qu’il se rend.
Que naissant differant avant le combat, durant le combat ou apres le combat, sans aucunement en estre disputé par les parrains, ilz auront soubdain recours a monseigneur le connestable, mareschaux de France et autres commis par le Roy pour en decider apres qu’ilz auront esté ouiz.
Faict a Saint Germain en Laye le sixiesme jour de juillet M Vc LXVII.
Françoys, Boysy »

Payements concernant Saint-Germain-en-Laye dans les comptes des bâtiments du roi

« [f. 241] Compte premier de maistre Bertrand Le Picart, tresorier des ediffices et reparations de Fontainebleau, Boulongne les Paris, Villiers Costerets, Saint Germain en Laye, La Muette en la forest de Saint Germain, bois de Vincennes, les Tournelles a Paris, Arcenac dud. lieu, du tumbeau de la sepulture du feu roy François et autres ediffices et bastimens dud. Roy estans a vingt lieues a la ronde de Paris durant une annee entiere finie le dernier de decembre 1556
Recepte
De maistre Nicolas Picart, notaire et secretaire et cy devant tresorier de sesd. ediffices et bastimens, la somme de 14900 l. ordonnee aud. Bertrand Le Picart pour employ au fait de sond. office
De maistre Raoul Moreau, conseiller du Roy et tresorier de son Espargne, la somme de 27000 l. par quittance dud. Picart des deniers provenans de la vente des bois
[f. 241v] Despence de ce present compte
[…]
[f. 244] Autres parties payees pour le bastiment et reparations de Saint Germain en Laye
Maçonnerie
A Nicolas Plançon et Jean François, maistres maçons, la somme de 1690 l. a eux ordonnee par led. sieur Delorme pour ouvrages de maçonnerie par eux faits aud. chasteau de Saint Germain en Laye
Charpenterie
A Jean Le Peuple, charpentier, la somme de 450 l. pour ouvrages de charpenterie par luy faits aud. Saint Germain
Menuiserie
[f. 244v] A Jean Huet, maistre menuisier, la somme de 220 l. pour ouvrages de menuiserie par luy faits aud. Saint Germain
Serrurerie
A Mathurin Bon, serrurier, la somme de 200 l. pour ouvrages de serrurerie par luy faits aud. Saint Germain
Vitrerie
A Nicolas Beaurain, maistre vitrier, la somme de 250 l. pour ouvrages de verrerie par luy faits aud. lieu
Parties extraordinaires : la somme de 238 l. 16 s.
Soit pour le chasteau de Saint Germain : 3148 l. 16 s. »

Payements concernant Saint-Germain-en-Laye dans les comptes des bâtiments du roi

« [f. 281] Compte deuxiesme de maistre Symon Goille, alternatif tresorier des bastimens et ediffices de Fontainebleau, Boulongne les Paris, Villiers Costerets, Saint Germain en Laye, La Muette en la forest dud. Saint Germain, chasteau du bois de Vincennes, chasteau des Tournelles en la ville de Paris, de Saint Liger pres Montfort l’Amaulry, de la sepulture du feu roy François et autres bastimens estans a vingt lieues a la ronde de Paris durant neuf mois entiers commancez le premier janvier 1558 et finis le dernier de septembre ensuivant
[f. 281v] Recepte
De maistre Bertrand Le Picart, tresorier ancien desd. bastimens et ediffices du Roy, par quittance dud. Symon Goille, la somme toute de la recepte par luy faite : 48350 l.
Despence de ce present compte
[…]
[f. 283] Saint Germain en Laye
Maçonnerie
A Jean Chalueau et Jean François, maistres maçons, la somme de 12000 l. a eux ordonnee par led. sieur Delorme pour ouvrages de maçonnerie et taille par eux faits aud. Saint Germain en Laye
Charpenterie
A Jean Le Peuple, maistre charpentier, la somme de 672 l. 4 s. pour ouvrages de charpenterie par luy faits aud. Saint Germain
Couverture
A Anthoine de Lautour, maistre couvreur, la somme de 250 l. pour ouvrages de couverture par luy faits aud. Saint Germain
Serrurerie
A Mathurin Bon, maistre serrurier, la somme de 877 l. 18 s. pour ouvrages de serrurerie par luy faits aud. Saint Germain
Parties extraordinaires : la somme de 523 l. 11 s. 5 d.
Somme des reparations faittes a Saint Germain en Laye : 13473 l. 7 s. 11 d. »

Arrêt du Conseil ordonnant un paiement à l’un des jardiniers des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« Il est ordonné au tresorier de l’Espargne maistre Balthazard Gobelin que sur la somme de six mil cinq cens escus restant de la vente des offices triennaux en Guyenne, il paie comptant à Jehan Delalande, jardinier du Roy en son verger et chasteau de Sainct Germain en Laye, la somme de quatre vingtz trois escus ung tiers, faisant partie de IIc LVI escus II tiers dont il avoit esté assigné par rescription dud. Gobelin du XIIIe decembre MVc IIIIxx treize, suivant l’acquit patent de reassignation qui luy en a esté expedié et veriffication sur ce intervenue de messieurs des comptes, et pour le surplus desd. IIc LVI escus II tiers, montant VIIIxx XIII escus I tiers, d’assigner led. Delalande sur les deniers provenant de la vente des austres offices triennaulx. »

Arrêt du Conseil concernant des sommes affectées au paiement des travaux aux châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« Il est ordonné au tresorier de l’Espargne maistre Estienne Puget d’assigner le tresorier des Bastimens maistre Jehan Jacquelin de la somme de dix mil escuz sol sur maistre Florent d’Argouges, tresorier general des gabelles, sur les deniers provenant desd. gabelles payables aux quatre quartiers de la presente année, pour employer au faict de la charge dud. Jacquelin es bastimens de Paris et Saint Germain. Faict au conseil du Roy tenu pour les finances à Paris le vingtiesme jour de janvier M Vc IIIIxx dix huict. »

Arrêt du Conseil concernant des sommes affectées au paiement des travaux aux châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« Il est ordonné au tresorier de l’Espargne maistre Estienne Puget assigner maistre Jehan Jacquelin, tresorier des Bastiments du Roy, sur le tresorier des parties casuelles maistre [vide] de la somme de six mil trois cens trente trois escuz un tiers, à prendre sur les deniers provenans de la taxe faicte sur les receveurs des aydes et taillons à cause de l’attribution de cinq deniers pour quictance outre l’antien droit, et de trois deniers pour livre du parisis du taillon aux receveurs d’iceluy taillon, pour estre lad. somme convertie et employée à la despence et continuation des Bastimens du Louvre, des Thuilleries et Sainct Germain en Laye. Faict au conseil du Roy tenu pour les finances à Paris le XXVIIe jour de janvier M Vc IIIIxx dix huict. »

Quittance du capitaine de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Nous Claude de Saint Simon, chevalier, seigneur de Vaulx, conseiller du Roy en ses conseilz d’Estat, premier gentilhomme de la chambre et premier escuyer de Sa Majesté, cappitaine et gouverneur du chasteau, parcq, forestz et chasses de Saint Germain en Laye, ville et pont de Poissy, La Muette et Saint Jame, confessons avoir receu de me [vide], conseiller dud. sieur et receveur du domayne de la ville, prevosté et vicomté de Paris, la somme de deux cens soixante seize livres quatre solz six deniers pour nostre pention et recompense equipolent à gages de cappitaine et gouverneur du chasteau dud. Saint Germain, à nous deubz pour l’année finye à la Saint Jean Baptiste M VI cens trente ung dernier passé, de laquelle somme de IIc LXXVI l. IIII s. VI d. nous quittons led. sieur [vide] receveur susd. et tous autres. Faict à Paris soubz nostre seing manuel cy mis le XIIIe jour d’aoust mil six cens trente ung.
Saint Simon »

Quittance d’un cordonnier de Saint-Germain-en-Laye pour un don à lui fait par le roi

« En la presence des notaires soubzsignez, Jehan de Belleval dict Champagne, cordonnier ordinaire du Roy demeurant ordinairement à Sainct Germain en Laye, estant de present à Paris logé es faulxbourgs Sainct Germain des Prez lez Paris, confesse avoir eu et receu comptant en cested. ville de Paris de messire Macé Bertrand, sieur de la Baziniere, conseiller du Roy en son conseil d’Estat et tresorier de son Espargne, la somme de trois cens livres en quartz et monnoye, de laquelle Sa Majesté luy a faict don en consideration des services qu’il luy a rendu depuis trente ans et pour luy donner moyen de les continuer, dont et de laquelle somme de trois cens livres led. Belleval s’est tenu et tient pour content et en a quicté et quicte led. sieur de la Baziniere, tresorier susd., et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Fait et passé es estudes desd. notaires soubzsignez l’a[n mil] six cens trente cinq, le douziesme jour de febvrier, et a signé.
Jan de Belval
De Beauvais, De Beaufo[rt] »

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