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Description archivistique
Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye Château-Vieux (chapelle)
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Acte de baptême d’Edouard Copley dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le quatorze du mois de may de may mil sept cent sept, a esté baptisé en la chapelle du chasteau viel de ce lieu par monsieur l’abbé Ingleton, aumônier de Leurs Majestez britanniques, Edouard, né le même jour en et du légitime mariage de Jean Copley, gentilhomme du roy d’Angleterre, et de Henriette Conquest, ses père et mère, la mareine Louise Marie, princesse d’Angleterre, le parain milord Carel, tous de cette paroisse, qui ont signé en présence et du consentement de messire Hyerosme Boivin, vicaire de la paroisse, qui a assisté à la cérémonie revestu d’étolle et de surplis, qui a aussi signé.
Louise Marie
John Copley, J. Ingleton
Caryll, Boivin, vicaire »

Acte de baptême de Louise Elisabeth Sackville dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le même jour, a esté baptisé par monsieur Ingleton, aumônier de Leurs Majestés britanniques en la chapelle du chasteau viel, soussigné, Louise Elisabeth, née le vingt neuf en et du légitime mariage de monsieur Thomas Sacville, gentilhomme de la chambre du roy d’Angleterre, et de dame Elisabeth Darrel, ses père et mère, la mareine haute et puissante princesse dame dame Louise Marie, princesse d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, le parain Jean, millord Fort, qui ont signé en présence et du consentement de messire Jean François de Benois, docteur de la maison de Sorbonne, doyen rural de Châteaufort, prieur et curé de Saint Germain en Laye qui a assisté à lad. cérémonie, revestu d’étolle et de surplis qui a aussi signé avec le père présent.
Louise Marie
Forth, Sacjville
J. Ingleton
De Benoist »

Acte de baptême de Louis Wood dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le douze du mois de novembre mil sept cents huict, a esté baptisé en la chapelle du chasteau viel de ce lieu par monsieur l’abbé Ronchy, aumosnier de Leurs Majestés britanniques soussigné, Louis Martin, né le jour précédent en et du légitime mariage de monsieur Laurent Wood, médecin du roy d’Angleterre, et de damoiselle Marie de Bolstrode, ses père et mère, la mareine haute et puissante et excellente princesse Louise Marie, fille de deffunct haut et puissant monarque Jacques second, roy d’Angleterre, d’Ecosse et d’Yrlande, et de haute et puissante et très vertueuse princesse Marie d’Est, reyne d’Angleterre, laquelle a signé, le parain haut et puissant seigneur milord duc de Perth, qui a aussi signé, en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur de la maison de Sorbonne, prieur et curé de ce lieu, qui a assisté à la cérémonie revestu d’estolle et de surplis, qui a aussi signé, le père absent.
Louise Marie
Le duc de Perth
P. Ronchi
De Benoist »

Acte de baptême de Marie Elizabeth de Lastre dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le trente du mois de mars mil sept cents huict, a esté baptisée en la chapelle du chasteau viel de ce lieu, par monsieur l’abbé Ronchy, aumosnier de Leurs Majestés britanniques, Marie Elizabeth, née le vingt huicitiesme dud. mois, en et du légitime mariage de monsieur Jacques de Lastre, porte arquebuse du roy d’Angleterre, et d’Elisabeth Smith, ses père et mère, la mareine haute et puissante et excellente princesse Louise Marie, princesse d’Angleterre, le parrein haut et puissant seigneur milord duc de Barvick, maréchal de France, général des armées du roy de France, gouverneur de Limoges, qui ont tous signé en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur de la maison de Sorbonne, prieur et curé de l’église royalle et paroissialle de Saint Germain en Laye, qui a aussi signé et a aporté les saintes huiles revestu d’étolle et de surplis avec le père présent, qui a signé.
Louise Marie
Le maréchal duc de Berwick
Delattre
De Benoist, Peregrinus Ronchi »

Acte de baptême d’Elizabeth Jeanne Bourke of Brittas dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le vingt cinquième jour d’avril mil sept cent neuf, a été baptisée par moi prêtre, aumosnier de Leurs Majestées britanniques soussigné, dans la chapelle du château vieil de Saint Germain, Elizabeth Jeanne, née du même jour en et du légitime mariage de Guilleaume, milord de Britasse, et de dame Marie Nagle, ses père et mère, la maraine haute et puissante et excellente princesse Louise Marie, fille de deffunt hault et puissant monarque Jacque second, roy d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, et de haute et puissante et très vertueuse princesse Marie, reyne d’Angleterre, laquelle a signé, le parein Jean, comte Middleton, ministre de Leurs Majestées britanniques, soussigné, en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, prêtre, docteur de la maison de Sorbonne, doyen rural de Châteaufort, curé prieur de Saint Germain, qui a assisté à la cérémonie revestu de surplis et d’étolle, et a signé, le père présent.
Louise Marie
Middleton
J. Ingleton
De Benoist »

Acte de baptême de Louis Jean Edouard Drummond dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le seizième jour de février mil sept cens neuf, a été baptisé par moi prêtre, aumosnier de Leurs Majestées britanniques, dans la chapelle du château vieil de Saint Germain, Louis Jean Edouard, né le jour précédent en et du légitime mariage de milord Jean Drumond, marquis de Fort, et de dame M. Gabrielle de Lussan, ses père et mère, duchesse d’Albermarle, ses père et mère, la maraine haute et puissante et excellente princesse Louise Marie, fille de feu Jacque second, roy d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, et de haute et puissante et vertueuse princesse Marie, reyne d’Angleterre, laquelle a signé, le parein milord Edouard Drumond, fils de haut et puissant seigneur le duc de Perth, en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur de Sorbonne, curé prieur de cette paroisse, qui a assisté à la cérémonie revestu de surplis et d’étolle, lesquels ont signé avec le père.
Louise Marie
Eduard Drummond
Jean Drummond de Forth
De Benoist, P. Ronchi »

Acte de baptême de Louise Marie d’Hyvart dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le premier janvier mil sept cent neuf, a été baptisée par moy prêtre, aumosnier de Leurs Majestées britanniques, dans la chapelle du château vieil de cette ville, Louise Marie, née du jour précédent en et du légitime mariage de milord Roger, vicomte d’Hyvart, et de Jeanne, vicontesse d’Hyvart, ses père et mère, la maraine haute et puissante et excellente princesse Louise Marie, fille de deffunt haut et puissant monarque Jacque second, roy d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, et de haute et puissante et très vertueuse princesse Marie, reyne d’Angleterre, laquelle a signé, le parain haut et puissant seigneur milord duc de Perth soussigné, en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur en théologie de la maison et société de Sorbonne, curé prieur de cette paroisse, qui a assisté à la cérémonie revêtu de surplis et d’étolle, qui a signé, le père absent.
Louise Marie
Le duc de Perth
De Benoist, P. Ronchi »

Acte de baptême de Louise Barbe Coghlan dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le vingt troisième septembre mil sept cens dix, a été baptisée dans la chapelle du château vieil de Saint Germain par moi prêtre, aumosnier de Leurs Majestées britanniques soussigné, Louise Barbe, née le jour précédent en et du légitime mariage du sieur Terence Coghlan, major du régiment irlandois de cavalerie de Nugent, et de dame Brigitte Byrne, son épouse, de cette paroisse, la mareine haute et puissant et excellente princesse Louise Marie, fille de deffunt haut et puissant monarque Jacque second, roy d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, et de haute et puissante et très vertueuse princesse Marie, reyne d’Angleterre, le parein haut et puissant seigneur Jacque, milord duc de Perth, soussignez, du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur de la maison de Sorbonne, doyen rural de Châteaufort, curé prieur de Saint Germain, en l’absence duquel messire Jean Loysif, son vicaire, a assisté à la cérémonie revestu de surplis et d’étolle, et a signé, le père absent.
Louise Marie
Le duc de Perth
J. Ingleton, J. Loysif, vicaire »

Acte de baptême de Laure Anne Fitzjames dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le septième d’aoust mil sept cent dix, a été baptisée dans la chapelle du château vieil de Saint Germain en Laye par moy prêtre, aumosnier de Leurs Majestées britanniques soussigné, Laure Anne, née le même jour en et du légitime mariage de hault et puissant seigneur Jacque, duc de Berwick, pair et mareschal de France, Grand d’Espagne, chevalier des ordres de la Jeartierre et de la Toison d’or, général des armées du roy, et de haute et puissante dame Anne de Beukley, ses père et mère, de cette paroisse, la mareine haute et puissante et très excellente princesse Marie Louise, fille de deffunt haut et puissant monarque Jacque second, roy d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, et de très haute, très puissante et très vertueuse princesse Marie, reyne d’Angleterre, laquelle a signé, le parein haut et puissant seigneur Jacque, milord duc de Perth, soussigné, en presence et du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur de la maison de Sorbonne, doyen de Châteaufort, curé prieur de Saint Germain en Laye, lequel a assisté à la cérémonie revestu de surplis et d’étolle, et a signé.
Louise Marie
Le duc de Perth
J. Ingleton
De Benoist »

Acte de baptême de Marie Henriette Stafford dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la princesse d’Angleterre étant sa marraine

« Le neufième décembre mil sept cens onze, dans la chapelle du château vieil de Saint Germain, par moi prêtre, aumônier de Leurs Majestées britanniques soussigné, a été baptisée Marie Henriette, née le jour précédent en et du légitime mariage de haut et puissant seigneur Jean Stafford, vice chamberlant et secrétaire de la reyne d’Angleterre, et de haute et puissante dame Thérèse Striklande, ses père et mère, la mareine très haute, très puissante et très vertueuse princesse Marie Louise d’Angleterre, le parein milord Edouart au lieu et place de milord Henry Stafford, en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, prêtre, docteur de la maison de Sorbonne, doyen de Châteaufort, curé prieur de Saint Germain, lequel a assisté à la cérémonie revêtu de surplis et d’étolle, et a signé avec le parein et mareine et le père présent.
Louise Marie
Edouard Drummond, J. Stafford
Jean Ingleton
De Benoist »

Quittance de Nicolas Poussin pour le tableau du maître-autel de la chapelle du Château-Vieux

« En la presence des notaires du Roy au Chastelet de Paris soubsignés, Nicolas Poussin, premier peintre ordinaire du Roy, a confessé avoir receu comptant de noble homme Charles Le Besgue, conseiller du Roy, tresorier general de ses Bastimens, la somme de deux mil livres à luy ordonnée pour un tableau de la Cene qu’il a faict par la commandement du Roy pour la chapelle de Saint Germain en Laye, de laquelle somme de deux mil livres ledit sieur Poussin se contente et en quite ledit sieur Le Besgue, tresorier susdit, et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Fait et passé es estudes desd. notaires l’an mil six cens quarente un, le seiziesme jour de septembre, et a signé.
Nicolas Poussin
Le Boucher, De Rivière »

Maison du Roi (Ancien Régime)

Mention de sculptures réalisées par Jacques Sarrazin pour la chapelle du Château-Vieux

« Mémoire historique des principaux ouvrages de M. Sarrazin
[…]
Il fit aussi pour le roi, à la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye, deux crucifix, dont l’un représente le Sauveur agonisant et l’autre d’argent. De la même main et dans la même chapelle, on voit deux anges de stuc qui tiennent les armes du roi. »

Académie royale de peinture et de sculpture

Descriptions et commentaires sur la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye dans le Dictionnaire raisonné de l’architecture de Viollet-le-Duc

« [t. 2 ([1856]), p. 430] A l’imitation du roi de France, les grands vassaux de la couronne se firent bâtir, dans leur résidence habituelle, une sainte chapelle, et le roi lui-même en éleva quelques autres. Celle du château de Saint-Germain-en-Laye est même antérieure de quelques années à celle du Palais ; son achèvement ne saurait être postérieur à 1240. Ce très curieux monument, fort peu connu, engagé aujourd’hui au milieu des constructions de François Ier et de Louis XIV, est assez complet cependant pour que l’on puisse se rendre un compte exact, non seulement de ses dimensions, mais aussi de sa coupe, de ses élévations latérales et des détails de sa construction et décoration. La sainte chapelle de Saint-Germain-en-Laye a cela de particulier qu’elle n’appartient pas au style ogival du domaine royal, mais qu’elle est un dérivé des écoles champenoise et bourguignonne.
Nous en donnons le plan [3 : A l’échelle de 0,0025 pour mètre. Nous devons ces dessins à M. Millet, architecte du château de Saint-Germain-en-Laye.]. Conformément aux constructions champenoises et bourguignonnes, les voûtes portent sur des piles saillantes à l’intérieur, laissant au-dessus du soubassement une circulation. La coupe [p. 431] [p. 431] transversale, faite sur le milieu d’une travée, explique la disposition [p. 432] principale de cet édifice. Les formerets A des voûtes, au lieu de servir d’archivoltes aux fenêtres, sont isolés, laissent entre eux et les baies un espace B couvert par le chéneau. Les fenêtres sont alors prises sous la corniche et mettent à jour tout l’espace compris entre les contreforts. Si nous examinons la coupe longitudinale, faite sur une travée, et, faite sur la pile intérieure en BC, nous pourrons nous rendre un compte exact du système de construction adopté. Les fenêtres n’étant plus circonscrites par les formerets sont carrées ; les tympans, étant ajourés et faisant partie des meneaux, ne laissent comme pleins visibles que les contreforts. A l’extérieur, chaque travée est conforme à la fig. 6 ter ; le monument tout entier ne consiste donc qu’en un soubassement, des contreforts et une claire-voie fort belle et combinée d’une manière solide ; car les contreforts (très minces) sont étrésillonnés par ces puissants meneaux portant l’extrémité de la corniche supérieure et le chéneau. Ces meneaux ne sont réellement que de grands châssis vitrés posés entre des piles et les maintenant dans leurs plans.
Le système de la construction ogivale admis, nous devons avouer que le parti de construction adopté à la sainte chapelle de Saint-Germain nous semble supérieur à celui de la Sainte-Chapelle de Paris, en ce qu’il est plus franc et plus en rapport avec l’échelle du monument. La richesse de l’architecture de la Sainte-Chapelle de Paris, le luxe de la sculpture ne sauraient faire disparaître des défauts graves évités à Saint-Germain. Ainsi, à Paris, les contreforts, entièrement reportés à l’extérieur, gênent la vue par leur saillie ; ils sont trop rapprochés ; la partie supérieure des fenêtres est quelque peu lourde et encombrée de détails ; les gâbles qui les surmontent sont une superfétation inutile, un de ces moyens de décoration qui ne sont pas motivés par le besoin. Si l’effet produit par les verrières entre des piles minces et peu saillantes à l’intérieur est surprenant, il ne laisse pas d’inquiéter l’œil par une excessive légèreté apparente. A Saint-Germain, on comprend comment les voûtes sont maintenues par ces piles qui se prononcent à l’intérieur. Les meneaux ne sont qu’un accessoire, qu’un châssis vitré indépendant de la grosse construction. Ce petit passage champenois ménagé au-dessus de l’arcature inférieure, en reculant les fenêtres, donne de l’air et de l’espace au vaisseau ; il rompt les lignes verticales dont, à la Sainte-Chapelle de Paris, on a peut-être abusé. Les fenêtres elles-mêmes, au lieu d’être relativement étroites comme à Paris, sont larges ; leurs meneaux sont tracés de main de maître, et rappellent les beaux compartiments des meilleures fenêtres de la cathédrale de Reims. Les fenêtres de la Sainte-Chapelle ont un défaut, qui paraitrait bien davantage si elles n’éblouissaient pas par l’éclat des vitraux, c’est que les colonnettes des meneaux sont démesurément longues et que les entrelacs supérieurs ne commencent qu’à partir de la naissance des ogives (voy. Fenêtre). Cela donne à ces fenêtres une apparence grêle et pauvre que l’architecte a voulu dissimuler à l’extérieur, où les vitraux ne produisent aucune illusion, par ces détails d’archivoltes et ces gâbles [p. 433] dont nous parlions tout à l’heure. A la chapelle de Saint-Germain, aucun [p. 434] détail superflu : c’est la construction seule qui fait toute la décoration ; et sans vouloir faire tort à Pierre de Montereau, on peut dire que si l’architecte (champenois probablement) de la chapelle de Saint-Germain eût eu à sa disposition les trésors employés à la construction de celle de Paris, il eût fait un monument supérieur, comme composition, à celui que nous admirons dans la Cité. Il a su (chose rare) conformer son architecture à l’échelle du monument, et, disposant de ressources modiques, lui donner toute l’ampleur d’un grand édifice. A la Sainte-Chapelle de Paris, on trouve des tâtonnements, des recherches qui occupent l’esprit plutôt qu’elles ne charment. A Saint-Germain, tout est clair, se comprend au premier coup d’œil. Le maître de cette œuvre était sûr de son art ; c’était en même temps un homme de goût et un savant de premier ordre. L’intérieur de ce monument était peint et les fenêtres garnies probablement de vitraux. Inutile de dire que leur effet devait être prodigieux à cause des larges surfaces qu’ils occupaient. Rien n’indique qu’une flèche surmontât cette chapelle. On ne voit point non plus que des places spéciales aient été réservées dans la nef, comme à la Sainte-Chapelle du Palais, pour des personnages considérables. Il faut dire que la chapelle de Saint-Germain-en-Laye n’était que le vaste oratoire d’un château de médiocre importance. Tous les détails de ce charmant édifice sont traités avec grand soin ; la sculpture en est belle et entièrement due à l’école champenoise ainsi que les profils.
[…]
[t. 8 (1866), p. 55] Dès 1240, des maîtres avaient jugé à propos d’ajourer non seulement les écoinçons inférieurs, mais aussi les écoinçons supérieurs des roses. Ce fut à cette époque que l’on construisit la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. Cet édifice, dont la structure est des plus remarquables, tient autant aux écoles champenoises et bourguignonne qu’à celle de l’Ile-de-France. L’architecte ne pouvait manquer d’appliquer ce système de fenestrage à la rose. Cette chapelle, depuis les travaux entrepris dans le château sous Louis XIV, était complètement engagée sous un enduit de plâtre. La restauration de cet [p. 56] édifice ayant été confiée à l’un de nos plus habiles architectes, M. Millet, celui-ci reconnut bien vite l’importance de la sainte chapelle de Saint-Germain-en-Laye ; il s’empressa de la débarrasser des malencontreux embellissements qu’on lui avait fait subir, il retrouva l’arcature inférieure en rétablissant l’ancien sol, et fit tomber le plâtrage qui masquait la rose. Or, cette rose, une des plus belles que nous connaissions, est inscrite dans un carré complètement ajouré. Son ensemble, tracé en A (fig. 9), se compose de douze rayons principaux, les quatre écoinçons étant à jour et vitrés. L’architecte a voulu prendre le plus de lumière possible, car les piles d’angles qui portent les voûtes (voy. le plan partiel B) font saillie sur le diamètre de la rose ; le formeret portant sur les colonnettes a laisse entre lui et la rose l’espace b, et le linteau qui réunit la pile à l’angle de la chapelle est biaisé, ainsi que l’indique la ligne ponctuée c, afin de dégager cette rose.
Pour indiquer plus clairement le tracé de la rose de la sainte chapelle de Saint-Germain-en-Laye, nous n’en donnons qu’un des quatre angles, avec un de ses écoinçons ajourés, à l’échelle de 0 m. 02 pour mètre. On remarquera qu’ici encore, conformément aux dispositions des premières roses, les colonnettes sont dirigées, les chapiteaux vers le centre. Les douze rayons principaux, étrésillonnés par les cercles intermédiaires D, offrent une résistance considérable. A leur tour, ces cercles intermédiaires sont étrésillonnés par les arcatures F et par des colonnettes intermédiaires. Quatre de ces colonnettes secondaires sont parfaitement butées par les grands cercles G des écoinçons, les huit autres butent contre le châssis. Quant aux rayons principaux E, quatre butent suivant les deux axes, et les huit autres sont maintenus par les trèfles H, qui, à leur tour, étrésillonnent les grands cercles d’écoinçons G. L’appareil de ce réseau de pierre est excellent, simple et résistant. En L, nous donnons la section du réseau principal ; en M, celle des redents. L’extérieur de la rose étant en V, on remarquera que le profil intérieur est plus plat que le profil extérieur, afin de masquer aussi peu que possibles les panneaux de vitraux par la saillie des moulures à l’intérieur, et de produire à l’extérieur des effets d’ombres et de lumières plus vifs. Ici, les vitraux et les armatures de fer sont en feuillure et non plus attachés contre le parement intérieur. Nous avons encore dans cette rose un exemple de la solidité de ces délicats treillis de pierre lorsqu’ils sont bien combinés ; car, malgré des plâtrages, des trous percés après coup, des mutilations nombreuses, la rose de Saint-Germain tient ; et lorsqu’il s’agira de la démarquer, beaucoup de ces morceaux pourront être utilisés. »

Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel

Description des locaux utilisés par les gardes du corps du roi à Saint-Germain-en-Laye, comprenant le château

« [p. 361] Le château servit, en 1815, de quartier à un corps anglais de dix mille hommes qui trouvèrent moyen de s'y caserner. Depuis il reçut une des compagnies des gardes du corps du Roi.
L'extérieur du château conserve encore un aspect imposant par sa masse. Il occupe une superficie d'un hectare cinquante-cinq ares seize centiares. La face du côté du parterre est gâtée par une avance en pierre de taille, qui renferme des lieux d'aisance. Celle sur la place dite du Château, bâtie par François Ier, est en pierre, et en conséquence d'une décoration différente du reste du bâtiment, partout ailleurs en pierre et en brique. De vastes fossés l'enferment, un balcon de fer, placé en 1668, et faisant le tour de l'édifice à la hauteur du premier étage, en est un des plus utiles ornemens.
Plusieurs écrivains assurent que la forme d'un pentagone irrégulier a été donnée à la cour du château par une galanterie de François Ier, qui voulait qu'elle ressemblât à un D gothique, première lettre du nom de Diane de Poitiers. Cette supposition n'a rien de fondé. Au lieu de chercher de la finesse et de la galanterie jusque dans une masse de pierres, il est bien plus naturel de présumer qu'on a multiplié les faces du château, peut-être dans un but stratégique, ou pour augmenter les points de vue, qui sont de tous côtés admirables.
On retrouve encore aujourd'hui, à travers plusieurs constructions plus ou moins nouvelles, des parties de la forteresse bâtie par Louis-le-Gros. A deux étages de profondeur sous la cour, on découvre [p. 362] les restes d'un escalier, avec les fondemens et les premières assises d'une tour qu'il desservait.
C'est tout ce qui en subsiste. Quant aux preuves que François Ier a fait travailler au monument qui nous occupe, elles se montrent dans les chiffres et les salamandres sculptés en divers endroits, et particulièrement sur les cheminées.
Du reste, les réparations que nécessitent les diverses destinations du bâtiment font disparaître tous les jours les témoignages de son antiquité. Une balustrade en pierre, avec des pilastres de distance en distance, existait sur la terrasse supérieure et régnait autour ; comme elle exigeait de grandes réparations, on a jugé à propos de la supprimer lors de l'établissement de l'école de cavalerie, et de la remplacer par un mur d'appui. Le clocher, renversé entièrement par la foudre, en 1683, ne fut point relevé sur le modèle de l'ancien, il fut établi en charpente et recouvert en entier en plomb.
Les distributions intérieures ont été si souvent changées, d'abord par Louis XIV, qui y fit de grands embellissemens, ensuite par les divers gouvernemens qui se sont succédé depuis 1789, qu'on n'y reconnaît que très peu de chose de celles qu'avait ordonnées François Ier. On retrouve cependant encore à l'ouest la grande salle qui servait pour les bals et les spectacles de la cour. Cette pièce, de cent quarante et un pieds de longueur sur quarante de largeur, est éclairée par huit grandes croisées, quatre sur la cour et quatre sur la place en face de l'église neuve. On voit encore sur la cheminée une [p. 363] salamandre en relief et les armes de François Ier. Elle sert aujourd'hui de salle pour l'appel des gardes du corps, lorsque le mauvais temps ne permet pas de le faire dans la cour.
Les appartemens royaux établis par Louis XIV, qu'on aimerait tant à reconnaître, à parcourir, et qui seraient aujourd'hui pour nous remplis de tant de souvenirs, ont été à leur tour, malgré le nom puissant qui semblait devoir les défendre, tellement divisés et subdivisés, qu'il est impossible de reconnaître même l'emplacement de la plus grande partie. Il est certain que toute la face de l'est était occupée par les pièces principales et d'apparat, telles que la salle du trône, celle des ambassadeurs, etc., et que les appartemens particuliers du monarque étaient à l'ouest.
L'appartement d'Anne d'Autriche était situé au premier étage, dans le pavillon du fond à l'est, ayant vue sur le parterre et la terrasse. Le salon sert aujourd'hui de salle de théorie pour les gardes du corps ; le conseil de la compagnie tient ses séances dans la chambre à coucher de la reine qui est à la suite. Dans ces deux pièces on retrouve encore les marbres des cheminées tels qu'ils étaient autrefois, mais c'est tout ce qui reste de leur ancienne magnificence. Les tableaux et peintures qui les décoraient, ainsi que ceux des autres appartemens, et même de la chapelle, ont été transportés à Paris, en 1802, par ordre du ministre de l'intérieur.
Le boudoir est encore garni des boiseries du temps. Les placards d'armoires de chaque encoignure contiennent [p. 364] la bibliothèque des gardes du corps. Une partie des livres qui la composent a été donnée par le ministre de la guerre, et l'autre par M. le duc de Gramont.
La dauphine Marie Anne Christine Victoire de Bavière, femme de Louis de France, habitait l'entre-sol, dans le pavillon de l'Horloge : c'est celui qui est le mieux conservé. Les sculptures dorées, les corniches ornées de dauphins, les marbres précieux des cheminées, en brèche et en sérancolin, sont en très bon état, à l'exception des fleurs de lys qu'on a fait disparaître. Les anciennes boiseries dorées du boudoir, sur les panneaux desquelles on voit encore les chiffres A. M. V., sont un peu dégradées. Un petit oratoire qui y communique a conservé aussi son ancienne décoration : dans la niche où était le prie-Dieu, on retrouve, sculptés sur bois, les attributs de la passion.
On prétend que Jacques II, pendant son séjour en France, occupa le logement de la dauphine. Cette allégation n'est pas juste, car tous les auteurs du temps disent que les appartemens de Louis XIV étaient-devenus ceux du roi d'Angleterre, et que ce dernier donnait ses audiences dans les salles du trône et des ambassadeurs.
Une des pièces de cet appartement sert de salle de réunion à la compagnie des gardes du corps, et les autres sont occupées par un maréchal des logis.
Au troisième, dans le pavillon de l'est, au fond de la cour, était l'appartement de madame de Montespan, dans lequel on voit encore les anciennes [p. 365] cheminées en bon état. Le boudoir, garni de boiseries dorées, est très bien conservé. Un petit escalier dérobé, qui conduit aux étages inférieurs, paraît être celui par lequel Louis XIV parvenait chez sa favorite.
L’appartement de madame de Montespan est généralement désigné comme ayant été celui de madame de La Vallière. C’est une erreur qu’il est facile de démonter : il est placé dans l’un des pavillons construits en 1680 ; or, madame de La Vallière, qui prit le voile de novice le 2 juin 1674 et prononça ses vœux le 4 juin de l’année suivante, ne put l’occuper six à sept ans avant qu’il fut construit. Comme toutes les filles d’honneur, elle logeait dans les combles ; et si on voulait trouver sa chambre, il faudrait la chercher dans celles situées dans ces parties, à l’une des deux encoigneures de la face du parterre. Effectivement, il y a aux fenêtres donnant sur la terrasse supérieure du château des grilles qui paraissent être du temps où madame de Navailles reçut ordre d’en faire placer aux fenêtres de toutes les filles d’honneur.
Par suite de la même erreur, on ajoute qu’il y avait au plafond du boudoir une trappe s’ouvrant sur la terrasse du château, par laquelle on prétend que le roi s’introduisait chez madame de La Vallière. Ce conte se réfute parce ce que nous venons de dire, ensuite la voûte a peut-être en cet endroit quatre à cinq pieds d’épaisseur, et est surmontée par un comble en charpente couvert en tuiles et en ardoises. Jamais il n’y a eu de trappe en cet [p. 366] endroit, et ce qu’on nombre comme en étant l’emplacement n’est que celui d’un tableau de plafond.
Dans toutes les constructions féodales, il existait une de ces redoutables prisons d’état, connues sous le nom d’oubliettes, et dans lesquelles un malheureux une fois descendu était perdu sans retour. Celles de Saint-Germain, aussi anciennes que le château, ou qui datent au moins de François Ier, étaient adossées à l’épaisseur d’un pilier en pierre qui supporte les retombées des voûtes d’une partie du pavillon dit de l’Horloge, qui n’était autrefois qu’une tour flanquant les ailes nord et ouest de l’édifice. Ces oubliettes, dont une partie existe encore, avaient six pieds carrés, descendaient à dix pieds au-dessous du niveau des caves qui ont deux étages l’une sur l’autre, et s’élevaient jusqu’au premier étage du bâtiment. La hauteur en a été interrompue au niveau du rez-de-chaussée par les constructions faites sous Louis XIV. Les murs qui environnent ces oubliettes ont jusqu’à vingt pieds d’épaisseur, par suite des additions qu’il a fallu faire pour joindre le pavillon au corps de l’édifice.
L’entrée de ce gouffre, dans lequel ne pénétrait pas même l’espérance, était fermée de deux portes ; l’une, de six pouces d’épaisseur et doublée en fer, a été détruite lors de l’établissement de l’école de cavalerie ; la deuxième fut conservée. A cette époque, les oubliettes furent comblées jusqu’à la hauteur du sol des caves. Quelques marches qui existaient encore et qui servaient à descendre dans cette fosse, [f. 367] indiquaient à quel funeste usage elle était employée.
Sur les murs de ce souterrain, on remarquait avec douleurs des armoiries grossièrement sculptées par des mains inhabiles. Ces ouvrages étaient les délassemens de quelques malheureux prisonniers à qui il ne restait que ce moyen de faire connaître à leurs successeurs dans ce lieu sépulcral, qu’ils y avaient gémi avant eux et y avaient subi la mort qui les y attendait.
Plusieurs grilles, placées à diverses hauteurs dans le mur principal du puits de descente, fermaient autant de cachots obscurs qui ne recevaient d’air que par l’ouverture du gouffre. Depuis Louis XIV, ces cachots ont été transformés en de vastes caves qui communiquent aux fossés du château.
La chapelle, de construction dite improprement gothique, fait partie de la masse du château et ne s’élève qu’à la hauteur de son second étage. Elle est entourée de corridors et d’escaliers qui y communiquent par des portes inaperçues de l’intérieur. Elle a environ quarante pieds de hauteur, trente de largeur et soixante-dix de longueur. La voûte est soutenue par des piliers ornés de fuseaux du même style que le reste du bâtiment et qui se croisent dans tous les sens. La coupole du chœur se distingue par sa légèreté ; des rosaces en pierre, fort bien sculptées, et laissant apercevoir une tête couronnée au centre de leur assemblement, servent de clefs aux différens arcs de la voûte. L’intérieur de ce temple est éclairé par des ouvertures garnies de [f. 368] trèfles en pierre et surmontées d’ogives en fuseau.
Nous avons vu comment Louis XIII prit à l’orner un soin tel que son fils, malgré son goût pour les constructions et les embellissemens, n’y trouva rien à faire. La chapelle resta donc comme elle était, et fut soigneusement entretenue quand la cour eut été transportée à Fontainebleau. D’anciens habitants, qui se rappellent encore sa splendeur passée, n’en parlent qu’avec enthousiasme.
Lors de la tourmente révolutionnaire, l’autel fut démoli, les colonnes furent renversées et transportées plus tard au musée des Petits-Augustins à Paris, où on les voyait encore il y a quelques années. Les boiseries du chœur furent brisées, les grilles vendues, les parquets arrachés, les carreaux en marbre de la nef mutilés et détruits, et des inscriptions cachées depuis des siècles aux yeux des hommes furent mises à découvert. Rien ne fut épargné de ce qu’on aperçut et de ce qu’on put atteindre.
Les peintures de la voûte échappèrent cependant comme par miracle à cet affreux désastre. La poussière qui s’échappait des débris qu’on s’empressait d’accumuler forma, en s’élevant, un voile épais qui les déroba aux yeux des destructeurs. Malgré cela, ces peintures n’en sont pas moins perdues en partie pour nous : oubliées pendant quarante ans, l’humidité les endommagea, et nous voyons périr journellement ces chefs-d’œuvre que la faux du temps et les passions humaines, plus cruelles encore, avaient jusqu’ici respectés.
[p. 369] Les descendans de saint Louis ne pouvaient laisser dans l’abandon un monument tout plein encore du souvenir de leurs aïeux. Sa Majesté Charles X accorda environ cinquante mille francs pour faire les réparations les plus urgentes, et mettre l’intérieur dans un état de décence tel qu’on y pût célébrer les offices divins. En 1826, M. Meunier, ingénieur militaire, fut chargé de la surveillance des travaux, sous la direction du commandant en chef du génie de la Maison du Roi ; et le 6 janvier 1827, jour de l’Epiphanie, la chapelle fut bénite en présence des autorités civiles et militaires et de l’élite de la population de Saint-Germain.
Nous n’examinerons pas s’il eût été mieux de n’avoir aucun égard aux constructions faites sous Louis XIII, qu’on a tâché de mettre en harmonie avec les travaux modernes ; peut-être eut-il été préférable de prendre pour point de départ les constructions antiques et de conserver à l’édifice son caractère primitif. Nous nous contenterons de dire quelques mots sur cette dernière restauration.
Le maître autel a été replacé sur ses anciens piédestaux qu’on a relevés ; les colonnes en pierre qui l’accompagnent ont été peintes en marbre ainsi que leur couronnement, et rehaussés de dorures et de décors distribués avec goût, les chapiteaux des colonnes dorés en entier, de même que leurs bases. On a restauré les deux tribunes latérales, rétabli les anciennes balustrades de la nef, refait la tribune du fond en la rattachant à ces balustrades que l’on a redorées. Sous cette tribune, où il y avait [p. 370] autrefois six colonnes qui produisaient un bel effet, on n’en a replacé que deux, ce qui nous semble moins heureux. On a refait la boiserie du chœur seulement, d’après les données qu’ont pu fournir les débris des anciennes. On a remplacé par des mitres entourées de guirlandes les décorations des quatre portes du chœur, et on les a peintes pour leur donner le ton de la boiserie neuve. Cette peinture était nécessaire sans doute, mais elle empêche de reconnaître de suite la beauté du travail et force l’observateur à la chercher.
Le bénitier paraît être aussi ancien que la chapelle, et peut-être date-t-il de l’époque de sa construction : il est en marbre et a la forme d’une coquille ouverte. Ce n’est pas l’objet le moins intéressant pour ceux qui aiment à remonter dans les siècles écoulés et à chercher dans les objets qui les ont traversés le souvenir de ceux qui les illustrèrent.
On regrette que les niches latérales du chœur soient restées vides, et qu’on n’ait rien placé sur chaque groupe des colonnes de l’autel, où étaient autrefois les deux anges adorateurs. Les vitraux, qui étaient en verre ordinaire, ont été remplacés par des panneaux avec bandelettes en verre de couleur, dont les reflets produisent un effet avantageux sur les bordures des piliers. Une grille simple et de bon goût sépare le chœur de la nef, dont les murs ont été peints en marbre blanc, mais avec moins de talent que le maître autel, où la vérité d’imitation laisse peu à désirer. Le chœur est planchéié et la nef pavée en carreaux de marbre [p. 371] noir et de pierre de liais. On a cherché à marier les dorures neuves qui vont jusqu’au-dessus des tribunes avec les anciennes dorures des voûtes.
Quant aux tableaux de la nef dont nous avons parlé, et qui se détériorent tous les jours davantage, on les a raccordés çà et là par quelques coups de pinceaux qui sont loin de leur rendre leur beauté primitive. On a senti combien il était important de restaurer cette partie intéressante. M. Abel Pujol, à qui ce travail a été proposé, demandait, pour l’exécuter, plus d’argent qu’il n’en avait été accordé pour la réparation entière de la chapelle ; il a fallu y renoncer.
Au-dessus du maître autel, on a placé une copie du chef-d’œuvre de Poussin, au lieu de l’original qu’on y admirait autrefois.
Telle qu’elle est du reste, la chapelle du château de Saint-Germain est bien faite pour exciter la curiosité, et elle ne manquerait pas de captiver l’attention, si on lui rendait un jour son ancien éclat.
Ruines du château neuf. Louis XIV ayant établi sa cour dans le vieux château, le palais bâti par Henri IV ne servait qu’aux réunions des assemblées du clergé de France, qui avaient lieu tous les cinq ans. Bientôt, abandonné entièrement, il ne tarda pas à se dégrader, et on n’y fit aucune autre réparation que de relever une terrasse qui s’était écroulée en 1660. Jaloux de posséder une habitation plus moderne sur le terrain qu’Henri IV avait si bien choisi, et sur le lieu même où était né [p. 372] Louis XIV, monseigneur le comte d’Artois obtint, en 1776, du roi son frère, le château neuf et le boulingrin. Les démolitions furent faites en partie, et on commença des travaux qui, interrompus par les événemens de la Révolution, n’ont point été repris et ne le seront probablement jamais.
C’est à travers des décombres et des voûtes enfoncées qu’il nous a fallu aller chercher des traces de l’ancienne magnificence du château neuf. Il est facile de distinguer les restes des constructions premières de celles faites sur la fin du dernier siècle ; mais sur les terrains aliénés, c’est avec quelque difficulté qu’on parvient à retrouver encore des portions des bâtimens. Nous commencerons notre description par les terrasses inférieures.
Les jardins, qui s’étendaient jusqu’au bord de la Seine, sont aujourd’hui des propriétés particulières, où on ne remarque qu’un pavillon d’un étage surmonté par un comble très élevé couvert en ardoises. Le chemin du Pecq aux vignes sépare ces jardins des grottes ; on voit encore, dans les débris d’un mur de terrasse qui borde le chemin, des pierres circulaires et un petit aqueduc. Au-dessus, et vers le milieu, se trouve un bâtiment décoré de niches carrées surmontées d’une partie circulaire et couronné par un autre renfoncement orné de médaillons. Au milieu sont trois arcades donnant entrée à une grande salle, décorée de pilastres portant des arcs doubleaux dont les entre-deux sont revêtus de briques. On voit encore une espèce de réservoir communiquant avec le haut par un soupirail [p. 373] destiné sans doute à la conduite des eaux qui alimentaient les jets placés à l’intérieur.
Dans un enfoncement, en suivant la pente gauche qui conduit au bâtiment dont nous venons de parler, il existe une pièce voûtée en arc de cloître, qui devait être richement décorée. Elle est en assez bon état de conservation, sa partie basse seulement est comblée par un amas de démolitions. Des arcs doubleaux en pierre et des tableaux garnis de coquillages et de nacre portent sur une corniche chargée de moulures. La frise est ornée d’enroulemens où se trouvent des fleurs de lys. Au milieu de chaque face on distingue encore un chiffre composé des lettres M H et de deux palmes croisées. On remarque dans les doubles niches de la nacre et des coquilles qui forment des dessins. A droite et à gauche sont des cariatides. Cette salle offre de l’attrait à la curiosité.
Un avant-corps avec pilastres toscans et piédestaux se rencontre à l’endroit où se termine la pente douce. Le mur soutenant la terrasse est décoré d’arcades entre lesquelles sont des tables saillantes en pierre. Le revêtement extérieur des six dernières est tombé et laisse la maçonnerie à découvert.
Plusieurs pièces de gauche, dont les jours sont en partie bouchés, se trouvent assez bien conservées. Quant à celles de droite, il n’en existe plus rien.
Les pentes douces, ainsi que les terrasses où elles aboutissaient, étaient pavées de petites pierres carrées [p. 374] parfaitement taillées. On en remarque encore plusieurs parties d’une grande beauté.
Sur la sixième terrasse, défoncée en plusieurs endroits par la chute des voûtes inférieures, s’élève un grand bâtiment en pierre qui a été reconstruit pour soutenir la partie qui s’était écroulée sous Louis XIV. La façade est décorée de niches circulaires et terminée par deux avant-corps, d’où partent des rampes sur lesquelles s’appuient les pentes douces qui descendent du haut. Une corniche ornée de consoles d’un assez beau caractère le couronne. L’intérieur est élevé de quatre marches au-dessous du sol ; il se compose de plusieurs pièces où on remarque des stalactites en pierres sculptées. L’extérieur paraît n’avoir jamais été terminé.
Les murs qui s’élèvent au-dessus pour soutenir les jardins sont d’une grande hauteur ; ils sont bâtis en pierre et en brique, mais leur dégradation est telle, dans la partie supérieure, qu’on ne peut en reconnaître le couronnement. A l’extrémité à droite, du côté des vignes, on remarque un petit aqueduc disposé par étages et qui devait communiquer avec ceux qui se trouvaient dans le jardin au-dessus et dont il reste des vestiges. Ce mur est interrompu dans le milieu de sa longueur par un passage qui conduisait au château même.
On voit de même à droite un pavillon carré à deux étages, couvert en dôme. L’extérieur, décoré d’assises, de tableaux en pierre et remplissage en brique, avec une corniche de bon style, produit [p. 375] encore un bel effet. Le rez-de-chaussée renferme une salle dont la voûte est enjolivée de coquillages, de nacre et de petites figures en relief. Un escalier conduit au premier étage qui forme la chapelle du château. On y trouvait, il y a peu d’années, de très beaux restes des ornemens qu’on y admirait autrefois. Ce pavillon ayant été loué par bail emphytéotique, on a voulu en faire une maison d’habitation, et pour y parvenir on a coupé la chapelle sur sa hauteur par un plancher, et divisé le bas en un petit appartement. Malheureusement ces travaux ont fait disparaître ce qu’il pouvait y avoir de curieux. Le Domaine, rentré depuis peu dans cette propriété, va établir dans les constructions faites par le locataire les bureaux d’un architecte attaché à son administration.
On peut encore voir, à gauche de la chapelle, une baie pratiquée dans un mur de soutènement qui donne entrée à un caveau octogone bien conservé et parfaitement sec, quoique couvert de plus de six pieds de terre.
La partie gauche, qui correspond à ce que nous venons de décrire, était en tout semblable à celle-ci pour l’ensemble des constructions ; devenue depuis longtemps une propriété particulière, la distribution intérieure ne présente plus rien de ce qui existait.
Les bâtimens qui font face au parterre et à la grande terrasse ont été élevés sur les fondations de ceux du château neuf. Le rez-de-chaussée de la maison dite Hôtel du vieux château a subi peu de [p. 376] changemens, et le pavillon qui est situé dans la même propriété est un des six qui bordaient la cour principale.
Voilà tout ce qui survit de tant de grandeur et de magnificence, d’un palais bâti par Henri IV et dans lequel est né Louis XIV ! On ne trouve plus que des morceaux de décombres que le temps assiège et disperse.
Hôtel des gardes du corps de la compagnie de Luxembourg. Ecuries, manèges etc. affectés aux deux compagnies
L'hôtel situé rue de Versailles a été construit en 1823 et années suivantes, par le Génie militaire de la Maison du Roi, pour contenir environ les deux tiers des gardes du corps de la compagnie de Luxembourg. Il est élevé de cinq étages, et dans une position si heureuse qu'on l'aperçoit de deux à trois lieues.
L'ensemble présente une façade de cent trente-cinq pieds, et une profondeur de quarante-trois. Il est placé perpendiculairement aux grandes écuries, et forme la partie latérale de la carrière de manœuvre. On construit en ce moment, rue de Versailles, un bâtiment qui doit servir de succursale à celui-ci, et offrir les salles nécessaires à l'instruction de la compagnie, le logement des officiers inférieurs, les cuisines, etc. A l'extrémité on doit établir une grille qui sera l'entrée principale de l'hôtel neuf, du côté de la rue de Versailles. Ces constructions ont beaucoup embelli ce quartier de la ville.
L’Abreuvoir, qui est à gauche sur la rue de Paris, [p. 377] avait été fait sous Louis XIV, pour en remplacer un ancien existant alors place du Château, il fut reconstruit en 1820, dans l'alignement des écuries de la compagnie de Luxembourg. Le Génie militaire proposa aux autorités municipales d'entrer pour un tiers dans la dépense, et de le rendre commun à la Ville et à la Maison du Roi. On ne sait pourquoi une pareille proposition n'a pas été accueillie avec empressement.
Cet abreuvoir a cent douze pieds de long sur quarante-cinq de large ; il est alimenté par le trop plein d'un réservoir placé intérieurement dans les grandes écuries, et qui approvisionne toute la maison. Un canal dans lequel peut passer un homme, a été pratiqué pour l'évacuation des eaux, et s'étend jusqu'au Pecq, en traversant les écuries, la grande côte de Paris et une propriété particulière. Il a été construit en même temps que le réservoir dont il est la décharge.
Le long de l'abreuvoir est une auge d’environ cent pieds de long, portée sur des dés. Deux bornes d'extrémité en font le principal ornement.
La grille placée en face, et qui a environ cent pieds de large, produit un fort bel effet.
Les Écuries, situées rue de Paris, au coin de la place royale, et qui sont destinées à la compagnie de Luxembourg, étaient celles de la reine : elles sont dénommées actuellement Écuries du roi. Elles ont été bâties en 1766 et peuvent contenir cent soixante-douze chevaux. Elles sont doubles, ont vingt-quatre pieds de hauteur et les râteliers sont [p. 378] placés au milieu du bâtiment. Les fondations, auxquelles on a donné un soin particulier, reposent sur un bon terrain qu'il a fallu aller chercher vers l'extrémité de la rue de Paris, jusqu'à la profondeur de vingt pieds. Les eaux tombent dans le canal qui passe sous ces écuries par des ouvertures placées de distance en distance, et fermées par des grilles de fer.
Ce qui fait le mérite de cette construction, dont la décoration extérieure est originale, sont les facilités qu'offrent les divers passages pour arriver dans la cour intérieure, qui a cent quarante pieds de longueur sur cinquante environ de large ; ensuite l'abondance des eaux que fournit le réservoir qui contient environ vingt muids.
L'aile qui s'appuie sur la côte de Saint-Germain et qui est en potence, renferme le Pavillon d'état-major et le pied-à-terre de M. le duc de Luxembourg. C'était autrefois le logement du prince Borghèse.
En face de ce pavillon, à l'autre encoignure de la place royale, est l'Hôtel de l'état-major de la compagnie de Gramont : acheté en 1814 pour cette destination, il n'a de remarquable que le jardin qui en dépend. On y a masqué avec art les bâtimens adjacens et les anciens murs de soutènement du château neuf. Il réunit une brillante collection de fleurs rares, et une innombrable variété de roses.
A l'angle nord-est du sommet de la grande côte du Pecq, la Maison du Roi fit, en 1814, l'acquisition de terrains pour la construction d'un grand [p. 379] manège couvert nécessaire à l'instruction des gardes du corps, qui n'avaient à leur disposition que l'ancien jeu de paume, insuffisant pour les deux compagnies. Le 11 juillet 1816, M. le duc de Gramont posa la première pierre de cet édifice. Une médaille fut frappée à cette occasion, et un discours analogue à la circonstance fut prononcé par M. le chevalier Carette, capitaine au corps royal du Génie, chargé, avec M. le comte du Moncel, chef de bataillon de la même arme, de la direction des travaux.
Ce bâtiment a cent cinquante pieds de long sur cinquante de large. La charpente du comble est très soignée, et construite à la manière de Philibert de Lorme. Une coupole, formant tribune à l'extrémité du manège, sert aux personnes qui veulent assister aux manœuvres sans descendre dans l'intérieur. Les croisées qui éclairent cette coupole, espacées symétriquement sur une demi-circonférence, dominent toute la côte du Pecq.
Vis-à-vis le grand manège, entre l'avenue du boulingrin et la rue de Paris, se trouve la grille de sortie des anciennes grandes écuries du roi, qui complètent aujourd'hui, sous la dénomination d'Écuries des gardes du corps du roi de la compagnie de Gramont, le casernement de cette compagnie. L'entrée principale est sur la rue de la Verrerie.
Elles sont composées de deux corps de bâtiment élevés dans un vaste manège découvert, l'un du côté de l'hôtel du Maine, l'autre formant un côté de la rue de Paris, depuis la rue de la Verrerie [p. 380] jusqu'à la côte. Les extrémités ont été construites en même temps que la côte de Saint-Germain et la place circulaire qui annonce l'entrée de la ville. La distribution intérieure est en tout point vicieuse : les pièces sont, les unes basses, les autres élevées, les unes petites et pouvant à peine loger cinq chevaux, d'autres vastes et susceptibles d'en recevoir cinquante. Malheureusement l'état des choses est tel qu'il est impossible d'y remédier.
Pendant la Révolution, et jusqu'à l'installation de l'école spéciale de cavalerie du château, ces bâtimens, et le jeu de paume dont on fit un manège, servirent à la troupe lorsqu'il y en avait en garnison. Depuis cette époque, ils furent soumis à la même administration que le château, dont ils étaient une dépendance.
La grande cour est d'une utilité majeure pour la cavalerie. Elle offre une superficie d'environ treize cents toises.
En suivant la rue de la Verrerie depuis le chenil jusqu'à la rue de Paris, il n'existait autrefois que l'hôtel du Maine ; mais une portion en ayant été vendue pendant la Révolution, il n'est resté que les écuries, rétablies en 1814, et une partie du terrain sur lequel on construit, aux frais de la Liste civile, de nouvelles écuries.
Le Jeu de Paume, bâti sous Louis XIV pour l'amusement des seigneurs de sa cour, a soixante pieds de long sur vingt-cinq de large : les croisées qui l'éclairent sont à vingt-cinq pieds du sol. Du côté du nord, il est mitoyen avec une maison occupée [p. 381] autrefois par le contrôleur des Bâtimens royaux, maintenant l'Hôtel des Étrangers ; derrière était une vaste cour de cinquante toises de longueur sur trente de largeur. Au sud, le Jeu de paume s'appuyait sur une dépendance du Chenil, remplacée en 1818 par une maison où sont établis les bureaux du Génie militaire.
Le Jeu de paume sert actuellement de manège pour le dépôt de la compagnie de gardes du corps qui est de service, le grand manège étant réservé pour celle qui tient garnison dans la ville.
Parterre
François Ier fit abattre, autour du vieux château, les arbres qui masquaient le point de vue. Ils furent remplacés, vis-à-vis de la façade nord-ouest, par un jardin de peu détendue que
Louis XIV fit agrandir en 1674 et planter en parterre, sur les dessins de Le Nôtre. Il se composait de deux grandes pièces de buis, où étaient des bassins de quarante pieds de diamètre placés l'un en face de la Surintendance, vis-à-vis le pavillon du château dit de l'Horloge, et l'autre vis-à-vis du pavillon de l'est. Ils étaient environnés de plates-bandes garnies de fleurs de toutes les saisons, et séparés par une allée de dix toises de largeur se dirigeant vers les Loges, et au bout de laquelle on voyait un troisième bassin de quatre-vingts pieds de diamètre. Ce jardin, entouré de contre-allées de tilleuls et de marroniers d'Inde , qui fournissaient une délicieuse fraîcheur, était séparé de celui de la dauphine par un bosquet charmant, [p. 382] par quatre rangs d'ormes et par une orangerie garnie des arbrisseaux les plus rares. Une vaste allée de marroniers conduisait de l'extrémité du parterre à la grande terrasse.
La façade du château avait été mise en harmonie avec ces plantations : un perron de quatre-vingts pieds de large régnait sur toute la largeur du jardin. A la place de la grille qui fait face à la route des Loges, était un perron de cent soixante pieds de longueur, surmonté de deux autres de vingt pieds chacun.
Ces plates-bandes et ces perrons n'existent plus ; les bassins et jets d'eau avaient besoin de réparations, on les a comblés en 1750 ; les buis et le bosquet ont été arrachés; l'orangerie a été démolie à la même époque ; le jardin de madame la Dauphine a aussi disparu : une partie des grilles qui le fermaient a été placée en face de l'avenue des Loges, et le reste fut donné au duc d'Ayen pour son hôtel. On a caché par une haie le mur qui sépare le parterre de la forêt ; entre cette haie et ce mur il existe un espace dans lequel se trouvent un jardin assez mal entretenu et deux glacières qui dépendent du domaine royal.
On doit au maréchal de Noailles, long-temps gouverneur de Saint-Germain, les grilles principales du parterre et celles qui séparent la ville des issues de la forêt.
Le Parterre, qui ne devrait plus porter ce nom, puisqu'on y chercherait en vain une fleur, est cependant encore une très belle promenade. Sa superficie [p. 383] est de douze hectares dix-neuf ares trente centiares. Le long des fossés du château s'étend en pente un terrain plus élevé que le sol ; au bas, se trouvent deux pièces de gazon formant une vaste pelouse, terminée à gauche par des maisons particulières et par une allée de tilleuls; à droite, par une allée semblable, au-dessus de laquelle domine majestueusement la cime des marroniers ; à l'extrémité est une grille. Au bout de la pelouse à droite, s'ouvre une magnifique allée placée parallèlement au château, et aboutissant à la petite terrasse qui se trouve entre le château neuf et la place Dauphine : c'est le lieu de réunion et la promenade favorite des fashionables de la ville.
De la grande allée au vieux château, est un vaste quinconce planté de jeunes tilleuls et entouré d'allées doubles. Au centre on a réservé une place autour de laquelle sont plusieurs bancs de pierre.
Il y avait une entrée du Parterre qui venait de la rue du Château-Neuf, passait près des fossés du château, et conduisait à une superbe avenue de marroniers parallèle à la terrasse et correspondant à une grille sur la forêt. On ne sait trop pourquoi ce chemin est coupé par un jardin dont on laisse la jouissance à un particulier : c'est un abus manifeste, qui enlève aux promeneurs l'effet admirable que produisent les allées et contre-allées plantées dans cette direction, et qui d'ailleurs intercepte le chemin de ronde du château.
Terrasse
Cette magnifique promenade, construit [p. 384] en 1676 par Le Nôtre, s'étend, sur une longueur de douze cents toises et sur une largeur de quinze, depuis le château jusque une des portes de la forêt qu'elle longe dans toute son étendue. La partie qui touche à la futaie, plantée en 1745 d'une ligne de beaux arbres et d'une charmille, donne un agréable ombrage aux promeneurs. La partie opposée, appuyée dans toute sa longueur sur un mur de soutènement et bordée d'un garde-fou en bois, offre une perspective immense dont la variété de ses aspects fait un des plus beaux points de vue de la France et peut-être de l'Europe.
D'un côté, le spectateur découvre entre le coteau et le lit onduleux de la Seine qui se déroule à ses pieds comme un ruban d'azur, le château de Maisons, les villages et hameaux du Mesnil, Vaux, Carrières-sous-Bois, le Belloi, le Pecq, le château et la ville de Saint-Germain, le Port-Marly, la pompe à feu, et l'imposant aqueduc qui semble suspendu dans les nuages, l'île de la Loge, Prunai, Louveciennes, Voisin-le-Bois, la Celle, Bougival, la Chaussée, la Jonchère, Ruel, Nanterre, la Malmaison et le Mont-Valérien.
De l'autre côté du fleuve, et vis-à-vis le Mesnil, les yeux se reposent sur les villages d'Herblai,
Montigny, la Frette, Cormeil, Sartrouville, Houille, Montesson, le bois du Vésinet, Croissy, Chatou, Argenteuil, les tours de l'antique abbaye de Saint-Denis, et dans le lointain s'élève le dôme doré des Invalides, étincelant des feux du soleil. Sous les yeux, et tant que la vue peut s'étendre, se déploie [p. 385] une multitude de cultures aussi riches que variées, animées par une population partout en mouvement.
Tel est ce superbe point de vue dont on pouvait tirer un si beau parti, que Louis XIV dédaigna ou ne sut pas apprécier, et dont les étrangers viennent admirer la majesté imposante.
La Terrasse n'est pas le seul endroit de Saint-Germain d'où l'on jouisse d'un coup d'œil magnifique : du côté de la rue des Ursulines et de celle de Mantes, le paysage est très varié, et orné de tableaux gracieux. Si, en ménageant une ouverture pour la grande côte, on eût prolongé la Terrasse depuis le château neuf jusqu'à l'extrémité de la rue de la Grande-Fontaine, de manière à ce qu'elle embrassât toute la partie sud et sud-ouest, il est certain que cette ville eût possédé une promenade plus susceptible encore d'étonner le voyageur. »

Goujon, Abel

Acte de baptême d’Anne de Wolbock de Limé dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine étant sa marraine

« Le 29e jour de may, furent suppléées les ceremonies du saint sacrement du baptesme à Anne, fille née et baptisée à la maison des le 15e jour de juillet 1637, de messire Anthoine de Vuolboc, chevallier, seigneur et viconte de Limay, et de dame Claude de La Fonte, sa femme, et lesdictes ceremonies suppléées par monsieur le curé dans la chappelle du chasteau viel ; la marraine des ceremonies tres haulte et tres illustre princesse Anne d’Austriche, reyne de France et de Navarre, le parrain hault et puissant seigneur messire Pierre Seguier, chevalier des ordres du Roy, chancellier de France. »

Acte de baptême d’Anne de Savoie-Villeman dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine étant sa marraine

« Le 28e jour de janvier, furent suppléées les ceremonies du saint sacrement du baptesme dans la chapelle du viel chasteau à damoiselle Anne de Savoye, née et ondoyée du quinziesme jour d’aoust de l’année mil six cents vingt cinq, fille de messire Samuel de Savoye, chevalier, seigneur de Villeman, et de damoiselle Anthoinette de Bois Gilletn sa femme, la marraine tres haulte et tres illustre princesse Anne Maurice d’Austriche, reyne de France et de Navarre, par madame Anne de Saint More, dame de Brassacq et premiere dame d’honneur de Sa Majesté, et commise par icelle pour son absence, le parrain messire François de Bethune, comte d’Orval et grand escuyer de l’escurie de Sad. Majesté. »

Acte de baptême d’Ursule Fery dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine étant sa marraine

« Le 23e jour de novembre 1641, mademoiselle Ursule Fery, femme de M. Dupont, opérateur du Roy demeurant à Paris, abjura son heresie dans la chapelle du viel chasteau de Saint Germain en Laye entre les mains de M. Pierre Cagnyé, prestre, curé dudict lieu, et fut receue au gryon de l’eglise catholicque, apostolicque et romaine en presence de haute et puissante princesse Anne d’Austriche, reyne de France, de monseigneur le Dauphin et de toute la cour. »

Acte de baptême d'Anne Thierry dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine étant sa marraine

« Le deuxiesme jour d’avril 1642, furent suppléées dans la chapelle du chasteau viel les ceremonies du saint sacrement de baptesme à Anne, née du premier jour de juin 1641, de la paroisse de Saint Severin à Paris, fille d’honorable homme Philippes Thyerry, bourgeois de ladicte ville, et de dame Marie Secqueville, sa femme, seconde nourrice de monseigneur le Daulphin, le parrain tres reverend prelat messire Dominique Seguier, evesque de Meaux, conseiller du Roy en ses conseils et son premier aumosnier, et la marreine tres illustre princesse Anne Morice d’Austriche, reine de France et de Navarre, par madame de Brassacq, dame d’honneur de Sa Majesté, commise agissante pour sa personne.

Acte de baptême de Louis Anne Le Roy dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine étant sa marraine

« Le dixiesme jour de novembre mil six cents quarente deux, furent supplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme dans la chapelle du viel chasteau à Louys Anne, aagé de neuf à dix ans, ondoyé en la ville de Monts en Hainault du dix neufiesme jour d’octobre mil six cents trente trois, fils de noble homme François Le Roy, tresorier et recepveur general des Estats dudict pays de Hainault, et de damoiselle Catherine Faminet, sa femme ; le parrein des ceremonies tres illustre prelat messire Philippes Coespean, evesque et comte de Lysieux, la marreine tres haulte, tres puissante et religieuse princesse Anne Morice d’Austriche, reyne de France et de Navarre. »

Récit du baptême du duc d’Orléans à Saint-Germain-en-Laye

« L’ordre et triomphe du baptesme de tres haut et tres puissant prince monseigneur Louys, second fils de France, duc d’Orleans, fait à Saint Germain en Laye le dix neufieme jour du mois de may mil cinq cens quarante neuf
Pour les roys d’armes de France
Le dimanche dix neufieme jour de may, le roy Henry II, estant a Sainct Germain en Laye, accompagné des princes de son sang, pour solenniser le baptesme de tres haut et tres puissant prince monseigneur Louys, second fils, duc d’Orleans, fit un festin royal en la grande salle dudit chasteau de Sainct Germain, laquelle estoit toute tapissee de riche tapisserie, faite de fil d’or, de fil d’argent et de soye, enrichie et garnie par le haut de feuillages de lierre et buys, semez d’ecussons aux armes de France, de la Reyne, de Portugal, d’Escosse et de Ferrare, et des croissans entrelassez ; et au bout d’en haut de ladite salle estoit la table dressee et couverte pour le Roy, a laquelle pour aller y avoit huit marches couvertes de tapis de Turquie, et au dessus de ladite table y avoit un ciel de satin cramoisy fait en broderie, et couvert de perles. A main dextre et au dessous de la table du Roy y avoit une longue table dressee pres des fenestres pour les princes et dames.
Environ l’heure de cinq heures du soir, le Roy partit de sa chambre, accompagné de don Constantin, prince, ambassadeur et parain delegué de par don Jean, roy de Potugal ; et marchoit devant le Roy monsieur de Boisy, Grand Escuyer de France, portant une hache d’armes comme capitaine des cent gentilsommes de la Maison du Roy, madame Marguerite, la reyne d’Escosse, madame la duchesse d’Aumale et ledit delegué de Portugal ; a main senestre et de l’autre costé, messeigneurs les reverendissimes cardinaux de Bourbon, de Vendosme, de Guise, d’Amboise et de Chastillon, et autres grands seigneurs. Monseigneur d’Anguyen servoit de panetier. Louys monsieur de Bourbon d’eschançon, monsieur d’Aumale d’escuyer trenchant, monsieur le connestable de Grand Maistre.
Et pour le premier service arriva monsieur le connestable en l’ordre qui ensuit. Premier marchoient les tambours, fifres et trompettes sonnans, apres les herauts deux a deux revestus de leurs cottes d’armes, apres marchoient deux huissiers de la chambre du Roy portans la masse sur l’epaule, apres marchoient les maistres d’hostel, ayans tous les dessus dits la teste nue, apres marchoit monsieur le connestable portant son baston de Grand Maistre, enrichy et couvert [p. 150] de perles et pierreries ; puis marchoit monsieur d’Anguyen servant, comme devant est dit, de panetier. Le service estoit porté par les gentilshommes de la chambre du Roy, richement vestus, ayans la teste nue, et fut tenu tel ordre a tous les autres services comme au premier. Et durant le festin y avoit chantres chantans en musique, hautsbois et autres joueurs d’instrumens le plus melodieusement que l’on scauroit ouyr. Et a la fin du dernier service fut crié : Largesse, par Monjoye, accompagné des herauts revestus comme dessus, d’un bassin et d’une eguiere d’or de par tres haut et puissant prince monseigneur le duc d’Orleans. Et le festin achevé, le bal commença qui dura environ deux heures, et ledit bal finy le Roy se retira en sa chambre, et s’en alla madame Marguerite, la reyne d’Escosse, madame la duchesse d’Aumale et ledit delegué de Porugal, monsieur de Guise et tous les princes et dames en la chambre où estoit ledit seigneur duc d’Orleans, laquelle estoit tapissée comme il s’ensuit. Dedans ladite chambre y avoit un grand lict de parement, couvert d’un drap d’or frizé traisnant en terre, et tout a l’entour par bas estoit redoublé et fourré d’hermines ; deux oreillers tous faits en broderie, couverts de perles et pierreries, et le ciel et dossier de drap d’or couvert de perles, les franges de fil d’or et au bout desdites franges tous garnis de grosses perles ; ladite chambre tapissee tout a l’entour de tapisserie faite de fil d’or, fil d’argent et soye la plus riche que l’on veit jamais, le fonds par haut de drap d’or et par bas de tapis de Turquie. Et au sortir de ladite chambre, toute la galerie et la vis par où l’on passa pour descendre en la cour allant a la chapelle dudit chasteau estoit toute tapissée de drap d’or et de tapis de veloux cramoisy violet, semez de fleurs de lys d’or, d’hermines et de toile d’argent. Tous lesdits seigneurs assemblez dans ladite chambre, fut levé le petit prince par ledit delegué de Portugal, et fut tenu tel ordre au marcher dudit baptesme, somme il s’ensuit.
Premierement, marchoient les tambours, fifres et trompettes sonnans fanfares, apres les herauts deux a deux, revestus de leurs cottes d’armes, apres marchoient les huissiers de la chambre portans la masse, puis marchoient les chevaliers de l’ordre ayans le grand ordre, portans chacun un cierge blanc en la main, apres marchoit monsieur François de Lorraine, grand prieur de France, portant le cierge du baptesme, apres le marquis du Maine, portant la saliere, apres monsieur d’Aumale, portant le cresmeau enrichy de pierres precieuses et d’une grande croix dessus, ledit cresmeau en manière d’escarboucle, posé sur un carreau de drap d’or couvert de parles, apres monsieur de Longueville, portant l’eguiere, apres Louys monsieur de Bourbon, portant le bassin, apres monseigneur d’Anguyen, portant l’oreiller et serviette, apres marchoit le parain delegué dudit roy de Portugal, portant ledit prince, à costé de luy a main dextre monsieur de Guise, servant de parain et delegué pour le duc de Ferrare, a main senestre madame la duchesse d’Aumale, servant de maraine [p. 151] au lieu de la reyne douairiere d’Escosse. Et estoient a costé, derriere ledit sieur de Guise et la duchesse d’Aumale, René monsieur de Lorraine, et le fils du gouverneur d’Escosse, portans chacun un coin du drap d’or ou estoit ledit petit prince, servans de chevaliers d’honneur. Apres marchoit madame Marguerite, laquelle menoit par la main la petite reyne d’Escosse, apres madame la duchesse de Valentinois, apres toutes les dames en bon ordre, richement vestues et parees tellement que, pour l’abondance des pierreries et broderies, l’on n’eust sceu discerner la couleur de leurs habillemens. Tous lesquels descendus dans la cour du chasteau, estoit ladite cour toute tapisseee de riche tapisserie faite de fil d’or, fil d’argent et de soye, et aux premieres lermieres de ladite cour y avoit a un pied loin de l’autre un cierge allumé, jusques au nombre de deux cens et plus, et depuis la porte de la salle jusques a la porte de la chapelle, estoient arrangez les arches de la garde d’un costé, tenans chacun une torche allumee a la main, et de l’autre costé en pareil ordre les suisses, ayans chacun aussi une torche allumee comme lesdits archers de la garde. A la porte de ladite chapelle estoit monseigneur le reverendissime cardinal de Bourbon, revestu pour faire l’office, accompagné de messeigneurs les reverendissimes cardinaux de Vendosme, de Guise, d’Amboise et de Chatillon, avec plusieurs archevesques, tous revestus de leurs roquets. Dedans et au milieu de ladite chapelle, y avoit un theatre dressé sur quatre piliers dorez de fin or, ou fut porté ledit petit prince, et dans ledit theatre y avoit un fonts dressé d’argent doré, tout enrichy de perles et pierreries, le plus beau qu’il soit possible a un homme de voir, et fut ledit petit prince nommé par ledit delegué de Portugal Louys. Ladite chapelle estoit toute garnie de cierges blancs et grands chandeliers d’argent pendans tous garnis de cierges, qui donnoient une lueur et clarté comme s’il eus testé midy. Et ledit baptesme achevé, fut crié par ledit Monjoye dans ladite chapelle : Vive tres haut et tres puissant prince monseigneur Louys, second fils de France, duc d’Orleans. Et fut ledit petit prince rapporté en pareil ordre et triomphe qu’il avoit esté porté jusque dans ladite chambre de parement. Et au retour en la salle du Roy, furent dressees tables chargees de confitures, dragees et epiceries pour la collation. Et ce fait chacun se retira. »

Récit du baptême d’Henri de Bourbon, futur duc de Verneuil, et de sa sœur Gabrielle à Saint-Germain-en-Laye

« Le roy Henry le grand se resolut promptement de commander au sieur de Roquemont, maistre des ceremonies, de donner ordre sans grand appareil au baptesme de monsieur et madamoiselle de Verneuil, ses enfans naturels.
Premierement, fut preparée la grande salle de Sainct Germain, sans chambre et sans lict de parade pour ce qu’il n’y avoit pas de dames pour ensuivre la ceremonie requise. Mais ladite salle fut garnie d’un dais sur la cheminée, et aussi sur la table où se poserent les honneurs. Dans ladite salle s’assemblerent les princes et seigneurs destinez pour porter les honneurs et pour accompagner la ceremonie. Et là dedans, venue l’heure du baptesme, se rendirent monsieur et madamoiselle du Verneuil, pour estre là tenus prests afin d’estre menez baptiser par monseigneur le Dauphin et par Madame, compere et commere. Et le tout ordonné dans ladite salle, fut deputé monsieur de Vendosme pour aller advertir monseigneur le Dauphin, qui estoit attendant en sa chambre que tout fust prest, et ledit sieur le conduisit jusques à ladite salle. D’autre part, fut aussi deputée madamoiselle de Vendosme pour rendre pareil devoir à Madame. Et sitost qu’ilz furent arrivez, ledit sieur maistre des ceremonies fit suivre l’ordre de l’assemblée qui se trouva, et de peur de la presse le capitaine de la garde à Sainct Germain fit haye avec sa compagnie en armes, et quelques personnes entremeslées avec des torches à la main, depuis l’escalier de ladite salle jusques à l’entrée de la chapelle du vieux chasteau. Et y ordonna aux portes de ladite chapelle, à la premiere les gardes du grand prevost, et à celle du chœur un exempt des gardes de la garde du Roy.
Premierement marchoient les trompettes, fiffres, hautsbois et tambours. Apres suivirent les gentilshommes qui se trouverent avec un flambeau à la main. Puis marcherent les honneurs, qui avoient esté presentez par madame de Vitry, fille de madame de Montglas, scavoir premierement le cierge porté par le sieur de Courtenvaux, puis le cresmeau de satin blanc, avec son carreau de mesme, porté par le sieur de Lansac, puis la saliere portee par le sieur de Frontenac, premier maistre d’hostel du Roy, l’aiguiere portée par le sieur de Montbazon, le bassin porté par monsieur le chevalier de Vendosme, puis la serviette [p. 204] portée par monsieur de Vendosme, et l’on fit servir ces mesmes honneurs pour tous les deux, et ce pour accourcir la ceremonie. Quant aux enfans, ils ne furent portez, mais monsieur de Verneuil marcha à pied, tous deux vestus de satin blanc, et fut adextré par monseigneur le Dauphin son parain, lequel estoit suivy de monsieur de Souvré, son gouverneur. Et madamoiselle de Verneuil marcha de mesme à dextre de Madame, sa maraine. Donc tous ensemble estans guidez et environnez de leurs gouverneurs et gouvernantes, et ayans quelques gentilshommes à l’entour et derriere ; suivit l’exempt du Roy pour la garde de monseigneur le Dauphin, avec quelques archers pour empescher le desordre et la presse. Et arrivez à la chapelle, où estoient les fonts parez de satin blanc, furent baptisez par monsieur l’evesque de Paris l’un apres l’autre.
Mondit seigneur le Dauphin et Madame, compere et commere, nommerent monsieur de Verneuil Henry, du nom du Roy et de la mere de l’enfant, nommée Henriette, et madamoiselle de Verneuil Gabrielle, lesquels noms furent ainsi donnez par le commandement du Roy, et immediatement apres monsieur de Verneuil fut confirmé et tonsuré par ledit evesque de Paris.
Le soir y eut festin aux depens du Roy, auquel monsieur le Premier donna ordre et servit de controlleur general. A la table de monseigneur le Dauphin furent assis mondit seigneur le Dauphin et Mesdames et furent servis de leurs viandes par leurs ordinaires officiers. Et fut attachée à leur table, en potence, une autre table de trente assiettes pour ceux qui avoient servy en cette ceremonie, à laquelle furent assis monsieur de Vendosme, le chevalier son frere, monsieur de Montbazon et le reste des gentilshommes, et là fut beu à la santé du Roy et de monseigneur le Dauphin. Et ce fut là la premiere fois que mondit seigneur le Dauphin mangea publiquement au festin. De sa place, il voyoit une partie de la grande table, et admiroit toutes les viandes qui se servoient, et paroissoit grandement resjouy de voir festiner un chacun et boire à sa santé. Le soir fut dansé entre les enfans princes et princesses, et puis chacun se retira. Et le lendemain matin le maistre des ceremonies partit pour aller rendre compte au Roy de ce qui s’estoit passé en cette action solennelle, au recit de laquelle Sa Majesté prit grand plaisir. »

Rapport concernant la pose d’un paratonnerre sur la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des palais nationaux
Division des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Rapport à monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
Vous avez accordé, par décision du 30 mars dernier, une somme de 130000 francs imputable sur le crédit inscrit au chapitre 25 du budget du ministère des Travaux publics, exercice 1878, pour les grands travaux à exécuter au château de Saint-Germain.
Cette somme doit être spécialement employée à la continuation des ouvrages de restauration de la chapelle et de l’aile sud des bâtiments, ainsi qu’à l’exécution de divers travaux de mobilier dans les salles du musée gallo-romain.
M. Millet, architecte du château, a l’honneur de vous informer, par le rapport ci-joint, que la charpente de la flèche de la chapelle est complètement achevée et qu’il est nécessaire de surmonter cette flèche d’un paratonnerre, afin d’éviter tout accident.
La dépense que doit entraîner la construction de ce paratonnerre est évaluée à la somme de 1165 francs. Cette opération rentre donc dans la catégorie des travaux qui, d’après l’art. 39, paragraphe 1er, 1er alinéa du règlement de comptabilité du 18 décembre 1867 peuvent être exécutés de gré à gré.
En conséquence, l’architecte a l’honneur de présenter à votre approbation la soumission ci-jointe, aux termes de laquelle M. Armand François Collin, horloger-mécanicien, s’engage à exécuter les ouvrages concernant la fourniture et la pose du paratonnerre de la flèche surmontant la chapelle, moyennant les prix contenus dans sa soumission.
Cet entrepreneur s’engage en outre à ne dépasser dans aucun cas le prix total de onze cent soixante-cinq francs formant le montant du devis.
La proposition, que j’ai l’honneur de vous soumettre, étant conforme aux dispositions du règlement de comptabilité qui sert de base aux travaux des Bâtiments civils, je vous demanderai, Monsieur le Ministre, de vouloir bien l’approuver et de signer à cet effet le présent rapport et la soumission qui l’accompagne.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mon respectueux dévouement.
Pour le directeur des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Le chef de la division des Bâtiments civils
P. Poulin »

Il est porté en marge : « Approuvé, Versailles, le 27 août 1878, le ministre des Travaux publics, C. de Freycinet »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 12 novembre 1878
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli le devis détaillé des travaux restant à exécuter pour achever la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye suivant ce que vous avez bien voulu me demander par votre dépêche en date du 23 juillet 1878.
D’après le détail estimatif, la restauration de la chapelle de saint Louis, du XIIIe siècle, nécessitera une dépense de 244143 f. 08 c. et la moitié de cette somme, seulement, est portée en ligne de compte, l’autre moitié étant supportée par l’administration des Monuments historiques.
J’ai aussi porté dans ce devis les objets mobiliers du château de Saint-Germain, car ces objets sont liés intimement, pour la plupart, à la construction, eu égard à leur destination fixe. D’ailleurs, nous ne proposons, en quelque sorte, que le gros œuvre de ce mobilier, car tous les arrangements intérieurs de ces meubles et toutes leurs garnitures en drap garance sont faits par les soins et aux frais de l’administration des Musées nationaux.
J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Ministère des Travaux publics

Extrait d’une délibération de la commission des Monuments historiques concernant la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Extrait de la délibération de la commission des Monuments historiques dans la séance du 23 mai 1862
La commission est d’avis que M. Millet, architecte chargé de préparer un projet de restauration du château de Saint-Germain, s’est conformé de tous points aux ensembles donnés par les gravures anciennes représentans le château avant les adjonctions de Louis XIV. Elle reconnait qu’une certaine latitude doit être laissée à l’architecte quant à l’exécution des détails. Un seul point dans le projet lui parait devoir faire l’objet d’une observation. Elle n’approuve pas l’annexe proposée pour la chapelle et devant servir de sacristie. Cette construction n’étant pas indispensable et pouvant d’ailleurs être ajoutée, s’il y a lieu, après l’achèvement de la restauration, la commission propose de ne pas la comprendre parmi les travaux à exécuter.
Il résulte de la discussion sur le mode à suivre pour la répartition des allocations annuelles qu’il est dans l’intérêt et pour l’économie de l’entreprise que la somme allouée chaque année soit assez considérable pour tenir constamment ouvert un chantier d’une certaine importante.
Quant à la dépense, elle parait ne pouvoir actuellement être estimée que par un devis sommaire.
La démolition des pavillons et le travail d’une année seulement pourront jeter du jour sur les évaluations. Jusqu’à présent, rien ne parait prouver que celles du bureau des Bâtiments civils soient plus rapprochées de la vérité que celles de M. Millet.
Le chef de bureau, secrétaire de la commission »

Lettre concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Paris, le 5 mars 1874
Monsieur le Ministre et cher collègue
J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 11 de ce mois pour m’annoncer que vous vouliez bien prendre à la charge du crédit des Monuments historiques la moitié des dépenses que nécessitera la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain et qui sont évaluées, en totalité, au devis général, à la somme de 236548 francs.
En conséquence, vous fixez la part contributive de votre département à la somme de 118274 f., divisée en quatre annuités à partir de 1874.
Je vous remercie, Monsieur le Ministre et cher collègue, de vouloir bien contribuer à l’exécution des travaux dirigés, depuis plusieurs années, par mon administration, pour restaurer le château de Saint-Germain.
J’informer M. Millet, architecte, de la décision que vous avez prise et je l’invite à prescrire immédiatement les mesures nécessaires pour commencer la restauration de la chapelle.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collègue, l’assurance de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
C. de Larcy »

Lettre de l’architecte Millet concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous adresser dans ce pli 2 copies, dont une sur timbre, de la soumission souscrite par M. Morin-Bigle, entrepreneur de maçonnerie, pour la restauration de la chapelle du XIIIe siècle du château de Saint-Germain-en-Laye et s’appliquant à l’année 1876 aussi bien qu’aux exercices suivants.
Les ouvrages de l’an dernier ont mis à découvert 3 petites travées de l’abside sur la rue du Château-Neuf, qui sont entièrement restaurées. J’ai l’honneur de solliciter auprès de vous, Monsieur le Ministre, l’approbation de sa soumission afin de pouvoir continuer les opérations.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Millet, Eugène

Certificat de réception des travaux réalisés par l’architecte Millet à la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Département de Seine-et-Oise
Ville de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle Saint-Louis du château
Exercices 1876, 1877, 1878
Certificat de réception des travaux exécutés par M. Morin Bigle, entrepreneur demeurant à Saint-Germain-en-Laye, rue Neuve-d’Hennemont, n° 12, pour la restauration de la dite chapelle, pendant les trois exercices ci-dessus.
L’an mil huit cent soixante-dix-neuf, le 25 juillet, nous soussigné architecte du gouvernement chargé de la restauration du château de Saint-Germain et de la chapelle Saint-Louis qu’il renferme avons procédé, en présence de l’entrepreneur, à la réception définitive des travaux de maçonnerie qu’il a exécutés pour la dite restauration pendant les exercices 1876, 1877 et 1878.
Après avoir examiné ces travaux dans toutes leurs parties, nous avons constaté qu’ils avaient été exécutés en matériaux de bonne qualité, taillés et mis en œuvre avec soin et suivant les règles de l’art, et conformément aux plans et aux détails dressés par monsieur Millet, alors architecte de l’édifice.
En conséquence, nous avons été d’avis qu’il y avait lieu de prononcer la réception définitive des travaux dont il s’agit, et à cet effet nous avons dressé le présent procès-verbal que nous avons signé.
Fait à Saint-Germain-en-Laye le 25 juillet 1879.
L’architecte du château
A. Lafollye »

Lafollye, Joseph-Auguste

Lettre concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Paris, le 22 janvier 1880
Monsieur le Ministre et cher collègue,
J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint deux projets dressés par M. Lafollye, architecte du château de Saint-Germain pour la continuation des travaux de restauration de cet édifice.
Le premier de ces projets a pour objet de modifier et de compléter les dispositions prises par M. Millet pour l’installation de la bibliothèque et du logement du conservateur du musée.
Le second est relatif aux restaurations de la chapelle et présente un grand intérêt archéologique. M. Lafollye propose de démolir la tourelle située au nord, dans l’angle rentrant formé par la rencontre de la chapelle et du bâtiment ouest, afin de démasquer une porte du XIIIe siècle qui formait, dans la première travée, l’entrée de la chapelle, et de découvrir en même temps la verrière qui surmonte cette porte.
Je vous prie de faire examiner ces projets et de le les renvoyer le plus tôt possible avec votre avis, car ils présentent une grande urgence.
J’ajouterai qu’il me paraitrait y avoir un grand intérêt à inviter la commission des Monuments historiques à déléguer quelques-uns de ses membres pour examiner sur place, de concert avec les membres du conseil des Bâtiments civils, les propositions de M. Lafollye.
Il pourrait s’établir ainsi, entre les deux services, un accord qui serait très profitable à la bonne et prompte solution de cette affaire.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collègue, les nouvelles assurances de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
Le sous-secrétaire d’Etat
Sadi Carnot »

Cette lettre est annotée : « Viollet-le-Duc, urgent »

Lettre de l’architecte Lafollye concernant la restauration de la tour d’escalier de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A monsieur Ruprich-Robert
Paris, le 6 février 1880
Monsieur et cher Maître,
Je n’ai reçu que cet après-midi la réponse de M. Choret, et je m’empresse de vous la transmettre.
« Pour ce qui est de la porte de la chapelle, du côté du fossé, lorsque les démolitions en ont fait découvrir les traces, on n’a trouvé que les assises d’ébrasement portant moulures et qui affleurent le dessus du banc. Au-dessus, il n’y avait plus de traces de porte, le bouchement ayant été fait à plein mur avec arrachement dans les deux jambages. »
Il ressort évidemment de la ligne de raccord que l’on voit dans l’escalier, et que vous avez remarqué, que cette tour n’entrait pas dans le plan primitif. La salle de Mars était construite quand il a été exécuté.
Il y a quelques jours que l’on avait terminé le piochement des enduits que j’y avais ordonné pour que la commission puisse voir l’état de la tour et, préoccupé de la porte, ce détail ne m’avait pas encore frappé. Il est vrai que les murs ne sont à nus que depuis huit jours à peine.
Les linteaux en dalles allaient jusqu’aux archivoltes de la porte. J’en fait briser la dernière dalle pour dégager l’archivolte. Ceci vient encore à l’appui de l’opinion que vous avez émise que la porte de la chapelle a servi un certain temps de passage pour aller à la chapelle, et la porte qui fut pratiquée dans la travée à côté ne remonte guère qu’à Louis XIII.
Si vous avez besoin de quelque renseignement, je me tiens à votre disposition.
Veuillez agréer l’assurance de mes meilleurs sentiments.
A. Lafollye
Monsieur Millet ne connaissait qu’une partie de la base du piédroit de la porte sous l’escalier. Il se réservait de la dégager à son retour, et connaissant sa religion pour la chapelle, il est certain qu’il aurait voulu la restaurer. »

Lafollye, Joseph-Auguste

Lettre concernant l’aménagement du logement du conservateur et la restauration de la chapelle au château de Saint-Germain-en-Laye

« A Monsieur le Président du Conseil, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Paris, le 25 octobre 1880
Monsieur le Président du Conseil et cher collègue,
Par une dépêche que vous avez adressée à mon prédécesseur le 1er mai dernier, vous avez fait connaître les dispositions, qu’après avis de la commission des Monuments historiques, vous avez pensé devoir adopter sur les nouveaux projets présentés par M. l’architecte du château de Saint-Germain 1° pour l’appartement destiné à M. le conservateur du musée installé dans le palais, 2° pour la restauration de la chapelle.
Sur le premier point, vous avez déclaré que vous aviez invité M. Lafollye à étudier un projet consistant à reporter le logement du conservateur du 1er au 2e étage de la partie sud du château.
M. Varroy, de son côté, a par lettre du 15 du même mois demandé à cet architecte de hâter le plus possible l’étude de ce projet, de façon à pouvoir, après qu’il vous aurait été soumis, en saisir, à bref délai, le conseil général des Bâtiments civils, qui avait déjà étudié cette question sans la résoudre, parce qu’il lui avait paru qu’elle devait être examinée au préalable par votre administration.
Le nouveau projet que vous avez demandé à M. Lafollye vous a été adressé par cet architecte le 20 mai dernier. Vous avez bien voulu le renvoyer à mon administration le 17 juillet suivant en faisant connaître que la commission des Monuments historiques et vous-même y donniez un complet assentiment.
Quant au deuxième projet de M. Lafollye, qui est relatif à la restauration de la chapelle, ce projet comportant la démolition de la tourelle de François 1er située au nord, dans l’angle rentrant formé par la rencontre de la chapelle et du bâtiment neuf, il ne vous a pas paru que cette démolition fut nécessaire : la cour de la chapelle ne pourrait qu’y perdre, au point de vue de son caractère et de la vérité historique. Vous avez été d’avis dès lors qu’il y avait lieu de la conserver.
Dans cette situation, le conseil général des Bâtiments civils a été saisi à nouveau de l’examen de cette affaire dans sa séance du 10 août 1880.
En ce qui concerne les travaux de restauration de la chapelle, le conseil n’a pas élevé d’objection contre le parti adopté par la commission des Monuments historiques. Mais il n’en a pas été de même pour ce qui est relatif à l’appartement du conservateur. Il a rejeté le nouveau projet daté du 27 décembre 1879. A l’appui de ses conclusions, le conseil a fait remarquer que le projet qui transporte au 2e étage l’appartement du conservateur du musée présente plusieurs inconvénients sérieux : au point archéologique, il fait disparaître dans une notable partie de l’aile sud les voûtes monumentales qui régnaient sans exception sur toute l’élévation du château ; au point de vue du service du musée, il fait perdre aux collections quatre salles du 2e étage, qui devaient être occupées par des monuments ou des objets appartenant à l’époque mérovingienne, placés logiquement à la suite des salles consacrées à cette époque et qui sont installées au même étage du bâtiment est.
Enfin, la suppression de l’entresol du 1er étage ne se justifie pas puisqu’il résulte des renseignements fournis par l’architecte que cet entresol, exprimé sur les façades par des fenêtres plus élevées que les autres, date bien de la construction du château. En supprimant l’entresol, on perd d’ailleurs des surfaces importantes. J’ajouterai que M. le conservateur du musée de Saint-Germain repousse d’ailleurs énergiquement, au point de vue de la bonne installation des collections confiées à sa garde, les modifications qu’on veut apporter au projet primitif régulièrement approuvé.
Dans ces conditions, il y a désaccord entre la commission des Monuments historiques, d’une part, le conseil des Bâtiments civils, l’architecte du château et le conservateur du musée d’autre part. Je pense que la question ainsi controversée ne pourrait être tranchée que par une commission composée à la fois des inspecteurs des Bâtiments civils, des inspecteurs généraux des Monuments historiques et de un ou deux fonctionnaires de l’administration des Musées.
Mais, pour éviter de plus longs retards dans l’exécution des travaux entrepris pour la restauration du château, je serais disposé, en ce qui me concerne, à accueillir favorablement une proposition nouvelle qui vient de m’être adressée par l’architecte et qui consisterait à loger le conservateur du musée dans les bâtiments de la vénerie, au 1er étage, au-dessus des ateliers de moulage. Les études auxquelles M. Lafollye s’est livré permettent d’avoir, dès à présent, la certitude que l’on pourrait trouver une installation spacieuse et parfaitement convenable dans cette dépendance du château. Toutefois, avant de donner des instructions à l’architecte pour qu’il poursuive plus avant l’étude de ce projet, je désirerais, Monsieur le Président du Conseil et cher collègue, avoir votre avis et savoir si vous seriez disposé à accueillir cette proposition.
Je vous prierais donc de vouloir bien me faire parvenir votre réponse dans le plus court délai possible.
Agréer, Monsieur le Président du Conseil et cher collègue, les nouvelles assurances de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
Sadi Carnot »

Rapport sur la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
A la fin du mois de septembre dernier, j’avais l’honneur de faire parvenir à Votre Excellence 10 feuilles de dessins concernant le château de Saint-Germain-en-Laye. Dans ces croquis, j’avais essayé de retracer les constructions successives de la demeure impériale dont il s’agit. Pour rentrer dans les délais présentes, je devais seulement alors m’occuper de l’enveloppe de la construction et j’ai l’honneur aujourd’hui de vous adresser 10 nouvelles feuilles de dessins s’appliquant à la chapelle du château et complétant mes études préparatoires.
La curieuse et très belle chapelle dont il s’agit remonte au 13ème siècle et a été élevée par saint Louis, qui, né à Poissy, aura voulu aussitôt sa majorité ériger cette dépendance de l’ancien château. Tous les historiens de la ville de Saint-Germain assurent que la chapelle était arrivée jusqu’au règne de Louis XIII sans avoir subi de modifications. Ce monarque voulut entreprendre sa décoration et il chargea de ce soin (si l’on en croit Félibien) le sieur Aubin Vouet. De grosses réparations furent effectuées avant de procéder aux ouvrages de peinture et à partir de cette époque remontent alors les premières mutilations de la chapelle de Saint-Germain.
Louis XIV voulut aussi à son tour modifier cette demeure et il fit construire les 5 gros pavillons qui flanquent le château de la Renaissance et aussi toutes les bâtisses qui surmontent et emprisonnent la chapelle du saint roi Louis XI [sic].
Le constructeur qui élevait le château du 16e siècle avait réussi à engager le moins possible la chapelle et deux des petites faces de l’abside étaient seulement comprises dans ses constructions.
La disposition adoptée par cet artiste, dans son plan, paraît prouver qu’il appréciait à sa juste valeur le curieux édifice que l’on doit assurément à l’un des plus habiles architectes du règne de saint Louis et il est bien regrettable de n’avoir pas trouvé le même respect chez les constructeurs du 17e siècle, qui n’ont pas craint d’engager et de mutiler le monument formant la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. La construction que nous avons essayée de retracer dans nos dessins est d’une excessive délicatesse. L’architecte qui l’érigeait ne s’est pas contenté de ménager de larges croisées dans ses travées et il a voulu ouvrir entièrement tous les espaces compris entre les contreforts par de grandes et belles vitrines de forme carrée et à meneaux. Cette disposition est toute exceptionnelle, est unique, nous croyons, et nous paraît mériter toute l’attention des personnes qui s’occupent de l’étude de notre art national. Sur ces claires-voies ou croisées à meneaux, les architectes du 17e siècle ont élevé un grand étage d’habitation et de gros murs viennent alors surcharger d’une façon vraiment inquiétante les délicates et savantes constructions du Moyen Âge.
Divers ouvrages de restauration et d’ameublement ont encore été exécutés en 1827 dans la chapelle de Saint-Germain-en-Laye. A cette époque, l’on plaçait à l’intérieur de l’édifice quelques galeries à balustres, l’on érigeait une tribune vers le mur occidental et l’on construisait un autel flanqué de grandes et grosses colonnes en bois, et de l’ordre corinthien.
L’on a surélevé le sol de la chapelle de environ un mètre quinze centimètres, l’on a arraché toute l’arcature inférieure et, malgré toutes les mutilations dont il vient d’être parlé, rien n’est si facile aujourd’hui que de restituer à cette curieuse construction ses dispositions anciennes. Pendant que nous étions occupés à Saint-Germain à dessiner et à mesurer le château pour obéir aux ordres que Votre Excellence avait bien voulu nous donner, nous avons fait faire une fouille au pied de l’un des piliers de la chapelle afin de trouver le sol primitif. Nous avons trouvé dans ce déblai quelques parties de l’ancien dallage aussi bien que les bases des piles et le banc pourtournant toute la construction au-dessous de l’arcature. Le sol a été surélevé au moyen de maçonneries et dans les moellons qu’on arrachait, nous avons été assez heureux pour reconnaître et recueillir d’anciens et précieux fragments de la balustrade du couronnement extérieur. Si l’on continuait les recherches et si l’on rétablissait enfin le sol de cette chapelle à sa hauteur primitive, l’on trouverait très probablement de nombreux débris qui permettraient de rétablir avec la plus grande précision tous les détails du monument. Des piles ont été enduites en plâtre, l’on a appliqué des boiseries sur les soubassements des murailles et il serait utile, nous croyons, de dépouiller l’édifice des revêtements afin d’apprécier la situation. Les recherches dont il s’agit seraient indispensables si l’on voulait rédiger un devis sérieux des ouvrages à entreprendre et il était peut-être de notre devoir de solliciter de votre bienveillance, Monsieur le Ministre, et l’autorisation et le faible crédit de environ 1000 francs nous permettant d’entreprendre les quelques recherches dont il s’agit.
Les premiers dessins du dossier joint à cette lettre retracent l’état actuel de la chapelle, tandis que les dernières feuilles forment un essai de restauration et après la construction du château de François 1er. La chapelle étant un monument historique, nous ne pouvions omettre de rédiger une étude à son égard. Le travail que nous avons l’honneur de soumettre à l’appréciation de Votre Excellence résulte de l’examen des documents laissés soit par l’architecte Ducerceau, soit par le dessinateur graveur Israël Silvestre.
En ce qui concerne l’ensemble de cette chapelle, il serait difficile je crois de commettre des erreurs, car en réalité cette chapelle, quoique mutilée, existe entièrement. Il n’en est pas de même en ce qui s’applique aux détails et nous devions alors, suivant ce qui a été dit plus haut, solliciter la faveur de faire les recherches fort intéressantes pouvant nous aider à reproduire avec précision la belle chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Je suis avec respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
E. Millet
Paris, le 24 avril 1856 »

Ministère d'Etat

Rapport sur la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
J’ai eu l’honneur de remettre à Votre Excellence il y a peu de jours la feuille d’études concernant la Sainte Chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. Avant d’opérer la remise des dessins, j’avais donné communication du travail dont il s’agit à monsieur l’inspecteur général des bâtiments, qui semblait désirer quelques développements sur la section transversale de l’édifice. J’ai l’honneur aujourd’hui, Monsieur le Ministre, de vous faire parvenir 2 nouveaux croquis complétant le travail sur la chapelle du roi saint Louis.
Le premier dessin, qui trace l’état actuel, indique l’exhaussement regrettable du sol inférieur qui enlève à cette chapelle ses élégantes proportions primitives. Cette coupe indique aussi l’étage ajouté au-dessus des voûtes et qui, avec ses gros murs, écrase les légères croisées à meneaux de l’ancienne construction. Les murs de l’étage ajouté sont placés en porte à faux (suivant ce qui est marqué dans notre coupe) et doivent certainement, dans un court délai, amener l’écrasement de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Pour suivre l’ordre adopté dans nos précédentes études, nous devions rédiger encore un croquis de la chapelle avant les mutilations qu’on lui a fait subir pendant les 17e et 18e siècles et la planche n° 2 forme l’essai dont il s’agit.
Le roi saint Louis étant à Saint-Germain-en-Laye en 1239 entra en négociation avec Baudouin, empereur de Constantinople, pour le rachat de la couronne d’épines et autres reliques qui donnèrent lieu à la construction de la Sainte Chapelle du Palais de Paris. En 1248, avant de partir pour la première croisade, saint Louis fit à Saint-Germain son testament et cette chapelle dut recevoir les prières qui précédèrent son départ. Bien d’autres faits se passèrent à Saint-Germain-en-Laye et en 1643 eut encore lieu dans la chapelle du vieux château le baptême du grand roi Louis XIV.
La construction qui nous occupe nous semble intéressante à bien des titres et tout se liant à l’histoire de notre pays, elle est encore certainement un des spécimens les plus précieux des constructions du Moyen Âge de notre art national. Ayant eu l’honneur d’être chargé par Votre Excellence de l’étude du château de Saint-Germain, il était assurément de notre devoir de faire toutes les recherches utiles pour retracer les dispositions successives de cette demeure impériale et, dans ce but, nous devions encore rédiger les nouveaux croquis réclamés par monsieur l’inspecteur général des Bâtiments.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence, Monsieur le Ministre, le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, le 18 mai 1856 »

Ministère d'Etat

Lettre concernant la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Du 18 janvier 1887
M. le directeur à M. Lafollye, architecte
M., La commission des Monuments historiques, à l’examen de laquelle j’ai soumis les deux nouvelles études que vous m’avez adressées en vue de la couverture de la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain, a exprimé l’avis que, tout en adoptant le style de la décoration du XIIIe siècle, vous n’étiez pas entré suffisamment dans le caractère de la composition de votre prédécesseur, M. Millet. Elle a pensé en conséquence que le mieux étoit de développer votre idée personnelle, en continuant, bien entendu, à donner le caractère du XIIIe siècle à votre composition.
Je vous invite à vous conformer à cette opinion. »

Lettre concernant les objets garnissant la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 8 mai 1863
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Les objets mobiliers garnissant la chapelle de saint Louis, à Saint-Germain-en-Laye, ne pourront assurément pas reprendre leur place dans ce curieux édifice du 13e siècle lors de sa restauration.
Ces objets mobiliers comprennent :
1° Des boiseries Louis XIII, ornées d’attributs religieux, dont la belle facture a été remarquée il y a peu de jours par Sa Majesté l’Empereur lors de sa visite du château de Saint-Germain-en-Laye. Sa Majesté, tout en approuvant la dépose de ces boiseries, a manifesté le désir de les voir utiliser.
2° Un très médiocre autel à colonnes, érigé il y a 40 ou 50 ans. Cet autel, qui tapisse tout le fond de la chapelle, est orné d’un médiocre tableau représentant la Cène et il est encore muni de 6 chandeliers en cuivre très ordinaires et de la croix assortie.
3° Une chaire à prêcher construire à l’époque où le château servait de caserne pour les gardes du corps. Cet objet ne présente aucune valeur artistique.
4° D’une tribune portée par 2 colonnes corinthiennes en pierre. Cet objet est sans caractère et sans intérêt.
5° De galeries en bois pourtournant la chapelle et fort insignifiantes.
6° D’une grille formant appui de communion remontant seulement à une quarantaine d’années et en désaccord complet avec le caractère de l’édifice.
7° D’un bénitier en marbre en forme de coquille sans valeur artistique.
8° Enfin d’un tableau représentant la sainte Vierge brodant et accompagnée de deux anges. Ce tableau a été crevé et grossièrement restauré.
Pour satisfaire d’une façon complète à la demande que vous avez bien voulu me faire le 5 courant, j’ai voulu visiter la chapelle basse de l’église dans laquelle M. le curé voudrait utiliser les objets dont il s’agit. Cette chapelle présente de grandes et belles proportions et, si les ressources affectuées à la remise en œuvre sont suffisantes, l’on pourrait faire un bon emploi du mobilier qu’on sollicite auprès de Votre Excellence.
L’église de Saint-Germain est habituée aux libérable des souverains et à plusieurs reprises l’édifice religieux a été reconstruit par les soins et aux frais des rois de France. Il me paraîtrait sans inconvénient de faire don à l’église de Saint-Germain des objets mobiliers garnissant la chapelle du château et je crois de mon devoir d’appeler l’attention de Votre Excellence sur les boiseries Louis XIII signalées dans l’article 1er de l’inventaire ci-dessus.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 8 mai 1863 »

Ministère d'Etat

Lettre concernant les travaux réalisés par l’architecte Millet à la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Saint-Germain, 25 juillet 1879
A monsieur le ministre de l’Instruction publique
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli un décompte et un certificat de réception tous deux en double expédition, dont une sur timbre, ainsi que quatre certificats de payement en double expédition. Toutes ces pièces sont relatives aux travaux de restauration exécutés sous la direction de M. Millet à la chapelle Saint-Louis du château de Saint-Germain-en-Laye pendant les exercices 1876, 1877 et la première partie de l’exercice 1878.
Leur ensemble constate, tant en travaux qu’en frais de direction, une dépense totale de 68274 f. 00 à l’aide de laquelle ont été exécutées toutes les reconstructions du mur sud de la chapelle depuis le sommet de l’abside jusqu’au sixième contrefort. Elle comprend aussi la reconstruction des croisées comprises entre les contreforts de ce mur, celle de l’arcature, des piliers intérieurs et des deux oratoires, enfin la construction des murs du petit fossé de la chapelle du côté de la cour, celle de l’égout sous la chapelle, ainsi que des épuisements nécessités par la fouille du puits qui reçoit les eaux du comble.
Le crédit accordé s’élevant à 118274 f. 00 et cette somme devant être dépensée par annuités de 25000 f. chacune, M. Millet avait déjà fourni, pour les exercices 1874 et 1875, un premier décompte s’élevant à 50000 f. 00
Il restait donc pour les exercices 1876, 1877 et une partie de 1878 la somme de 68274 f. 00
Ce sont les pièces comptables de cette dépense que j’ai l’honneur de soumettre aujourd’hui à votre approbation.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
L’inspecteur Eugène Choret
Vu par l’architecte soussigné
A. Lafollye
P.S. Il est à remarquer que la dépense pour chaque année ayant été fixée à 25000 f., il ne restait plus pour 1878 que la somme de 18274 f. Dans le but de compléter l’annuité de 25000 f. pour cet exercice, M. Millet préleva une somme de 6726 f. sur le crédit de 50000 f. accordé par Monsieur le Ministre en 1878. Cette somme de 6726 f. fait l’objet d’un autre décompte dont j’ai l’honneur de soumettre également, mais dans un envoi séparé, toutes les pièces de comptabilité à l’approbation de Monsieur le Ministre. »

Lafollye, Joseph-Auguste

Lettre concernant l’abaissement du sol de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
A diverses reprises, j’ai eu l’occasion de faire des sondages dans le sol de la chapelle de saint Louis au château de Saint-Germain-en-Laye et, chaque fois, j’ai retiré de ces trous des fragments très intéressants et pouvant m’aider dans le travail de restauration que vous m’avez fait l’honneur de me confier.
Il me paraitrait utile de fouiller toute cette chapelle et de façon à retrouver son sol ancien. Je suis certain que ces fouilles fourniraient de nombreux débris taillés et sculptés qui me seraient très utiles pour conduire avec sûreté les ouvrages de restauration de ce vieux et respectable château royal.
J’ai l’honneur, en conséquence, de faire parvenir sous ce pli à Votre Excellence un devis estimatif des travaux dont il s’agit, tout en sollicitant sur les fonds d’entretien le faible crédit nécessaire pour les ouvrages dont il s’agit.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 10 juillet 1863 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre de l’architecte Millet concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Paris, ce 25 août 1878
A monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Le 3 mars 1874, nous avions l’honneur de vous présenter un devis s’élevant à la somme de 118274 f. 00 pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye et, le 9 mars suivant, vous vouliez bien m’informer que votre département concourrait à cette restauration pour la dite somme de 118274 f. 00.
Lorsque nous avons fait ce devis, nous espérions pouvoir conserver presque tous les meneaux des trois grandes croisées sur la cour. Mais nous avons constaté de telles ruptures lors du démontage de ces meneaux que nous nous sommes vu dans la nécessité de reconstruire en presque totalité. Les dites ruptures étaient causées par les scellements des fers à vitraux et nous avons dû remédier, pour l’avenir, à ces inconvénients en substituant le cuivre rouge au fer pour les parties qui s’engagent dans la pierre.
Par suite du mauvais état des fondations et des difficultés que nous avons rencontrées dans la démolition des anciens bâtiments enclavant la chapelle, nous avons été entraînés à faire de nombreux travaux de consolidation qui sont venus augmenter considérablement la dépense.
De plus, nous n’avions pas prévu dans le devis sus-mentionné le dallage, la construction du comble et de la flèche, les vitraux etc., tous travaux qui sont indispensables aujourd’hui pour parfaire la complète restauration de ce charmant monument historique.
Nos ressources sont épuisées et nous sommes forcé de recourir à nouveau à la sollicitude de votre administration des Monuments historiques et nous joignons à ce rapport un devis complémentaire des travaux à exécuter dans la belle chapelle de saint Louis, appartenant au XIIIe siècle, et dans lequel nous faisons entrer l’administration des Monuments historiques pour 131226 francs 89 centimes, moitié de la dépense totale.
J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Millet, Eugène

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 198] M. Ruprich-Robert donne lecture d'un premier rapport concernant les modifications proposées par M. Lafollye, architecte, au projet de M. Millet. Ces modifications ont pour objet de donner satisfaction aux besoins du service, mais elles présentent des inconvénients sérieux que M. le rapporteur croit devoir signaler, tout en estimant qu'il n'y a pas lieu de s'opposer au dit projet, mais sous toutes réserves relativement à d'autres propositions qui font l'objet d'un deuxième rapport.
Conformément à l'opinion de M. le rapporteur, la commission émet l'avis qu'il n'y a pas lieu de modifier les dispositions établies par M. Millet, en ce qui concerne la bibliothèque du musée, le salon et le cabinet du conservateur.
Quant à l'appartement du conservateur qui devait trouver place dans un étage complémentaire à établir dans l'entresol du premier étage, M. de Mortillet soulève une question préjudicielle. D'après les plans primitifs de M. Millet, le château ne devait pas contenir de logement. L'entresol en question serait dès lors employé comme annexe de la bibliothèque au-dessous de laquelle il est placé.
Sur la proposition de M. le président, la commission émet le vœu qu'on s’en tienne au plan primitif de l'architecte et que le château soit consacré tout entier au Musée.
M. Ruprich-Robert fait connaître dans son deuxième rapport les propositions de M. Lafollye.
Conformément à l'avis de M. le rapporteur la Commission repousse les deux premières propositions, consistant dans la suppression :
1° de la tour construite dans [p. 199] l'angle formé par l'un des côtés de la Cour et de la Chapelle, dont elle recouvre la première travée
2° de l'entrée avec pont-levis ménagée sous l'appartement projeté du conservateur
Les deux autres, consistant dans la suppression, dans le projet, d'une sacristie qui serait placée à l'extérieur, devant la première travée de la nef, et dans le rétablissement des deux portes situées dans cette travée, sont adoptées.
La commission est en outre d'avis de demander à l'architecte un projet de restauration de la porte XIIIe siècle de la chapelle retrouvée presque intacte sous l'escalier.
M. Lafollye, introduit dans la salle des séances, fait connaître l'état d'avancement des travaux.
La question lui est posée de savoir si l'on pourrait loger le conservateur dans quelque partie du château autre que celle prévue au projet.
Sans rien changer à l'avis qu'elle vient d'émettre, la commission invite MM. Ruprich-Robert et Lafollye à faire sur place un nouvel examen et à s'entendre, s'il y a lieu, pour présenter une nouvelle proposition dans ce sens à la prochaine séance. »

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 64] La commission est appelée à donner son opinion sur le projet d'achèvement de la couverture en plomb de la flèche [p. 65] de la chapelle. Le projet indique l'adoption par l'architecte d'un style d'architecture se rapprochant plus du XVe siècle que du XIIIe siècle, époque de la construction de la chapelle.
M. Bruyerre, rapporteur, est d'avis de s'en rapporter au projet de M. Millet, étudié dans le style du XIIIe siècle, et de demander une étude dans ce sens à M. Lafollye avec détails à plus grande échelle.
La Commission, sur la présentation des dessins de MM. Millet et Lafollye, propose d'inviter ce dernier à se reporter à l'esquisse en petit de M Millet, qu'il ne devra toutefois considérer que comme un croquis, et à en étudier le détail. Il devrait, en outre, simplifier le projet de crête. »

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 176] M. Bruyerre, rapporteur, place sous les yeux de la Commission le nouveau projet de flèche dressé par M. Lafollye pour la [p. 177] chapelle du château.
Bien que l'architecte ait modifié son projet primitif en adoptant le style de décoration du XIIIe siècle, la commission est d'avis qu'il y a lieu de le modifier encore en se rapprochant davantage du projet de Millet et en rentrant autant que possible dans le caractère de sa composition. M. Lafollye devrait être en conséquence invité à présenter une nouvelle étude avec détails à l'appui. »

Rapport concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport à la commission par M. Ruprich-Robert, inspecteur général, sur les modifications proposées en ce qui concerne la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye, Seine-et-Oise
Séance du 21 février 1880
M. Lafollye, architecte du château de Saint-Germain, fait une seconde proposition de travaux qui intéresse particulièrement la chapelle élevée au treizième siècle.
Si les changements de distribution déjà soumis à M. le ministre des Beaux-Arts ont eu pour objet de donner satisfaction aux exigences d’une affectation relevant directement du ministère des Travaux publics, et si ces changements sont admis, il n’en sera sans doute pas de même quand il s’agira de la conservation proprement dite du monument et que cette conservation sera compromise. Nous pensons que les décisions de la commission des Monuments historiques et de M. le ministre des Beaux-Arts, quelles qu’elles soient, ne visant que cette question devront être suivies de point en point, la dite commission étant, en effet, dans ce cas, seule compétence. En principe, pensons-nous, il en doit toujours être ainsi. Si les dispositions d’un édifice classé ne pouvaient être appropriées à un service déterminé qu’en manière d’après coup et étaient insuffisantes, il serait préférable de renoncer à cette destination qui peut toujours trouver satisfaction ailleurs, tandis qu’il n’y a qu’un moyen de conserver un monument classé, c’est de le respecter et cela dans les limites tracées par la commission compétente.
Nous arrivons au projet.
On sait que la chapelle du château de Saint-Germain a été enclavée au seizième siècle et depuis dans des bâtiments d’un tout autre style et qu’elle forme le cinquième côté d’un pentagone irrégulier. En élevant ces constructions, l’architecte de François 1er plaça, dans trois des angles de cette cour, des tours contenant des escaliers. L’une de ces tours fut construite dans l’angle formé par l’un des côtés de la cour et la chapelle, dont elle recouvre la première travée. La façade occidentale de la chapelle et sa magnifique rosace furent aveuglées, ainsi que deux travées de l’abside à cinq pans. Il est certain que l’on peut considérer ces adjonctions comme des mutilations, mais dans la restauration générale entreprise aujourd’hui, est-il raisonnable de les faire disparaître en totalité, ou même en partie ? Telle est la question que soulève le projet de M. Lafollye, qui pense que la tour placée contre la première travée de la nef doit être supprimée.
Voici l’exposé de sa proposition :
« M. Millet, dit-il, avait l’intention de restaurer la tour N (voir le plan) dans laquelle on a retrouvé en 1877 l’ancienne porte d’entrée de la chapelle (on savait depuis 1862 qu’elle devait se trouver à cet endroit). La vis que renferme cette tour dessert l’entresol et le 1er étage, dont la salle de Mars ou grande salle du palais, est desservie par trois escaliers. Ce corps de bâtiment devant être transformé en salle de musée, la vis N deviendrait inutile et sa suppression permettrait 1° de restaurer l’ancienne porte de la chapelle retrouvée presque intacte dans l’escalier, 2° de restituer la verrière au-dessus dans toute la largeur de la travée, 3° de donner une fenêtre de plus à la façade en retour sur la cour. »
Nous ne serions pas d’avis d’approuver la proposition de M. Lafollye et de démolir la tour dont il s’agit, parce que 1° l’architecte M. Millet, qui a commencé la restauration du château, a pris, avec raison, le parti de conserver la chapelle du 13e siècle et toutes les constructions du temps de François 1er, à l’exception de toutes autres adjonctions, 2° que cette cour François 1er forme un très bel ensemble qu’il faudrait bien se garder d’appauvrir par une destruction de ce genre, 3° que l’entrée de la chapelle, au 13e et au 16e siècles, a toujours été placée au même endroit, c’est-à-dire que si la construction de la tour a mutilé l’architecture de cette porte, le passage sous l’escalier n’en a pas moins été conservé, que ce n’est que sous Louis XIV qu’il a été bouché et remplacé par une autre porte dans la travée à côté, 4° que la suppression de la tour ne suffirait pas à rendre à la chapelle son aspect primitif, puisqu’il existe, sur d’autres points, des additions que l’on ne peut se dispenser d’accepter, 5° enfin que la conservateur ne peut nuire à la destination nouvelle.
Nous avons donc l’honneur de proposer à la commission de demander à l’architecte un projet de restauration de la porte du 13e siècle en s’attachant à rendre apparente dans l’escalier sa belle architecture extérieure, ce qui, nous le reconnaissons, pourra présenter quelques difficultés d’étude, mais ne nous a pas paru impossible, et de remanier l’état de situation qu’il a présenté et duquel il résulte un boni de 20000 f. sur les dépenses qu’entrainerait le projet de M. Millet.
Quant à la suppression, dans ce projet, d’une sacristie qui devait être placée à l’extérieur, devant la 1ère travée de la nef au sud, et au rétablissement de l’ancienne porte retrouvée qui occupait cette travée, nous serions d’avis d’adopter cette proposition. En effet, d’une part, cette sacristie serait aujourd’hui sans utilité, et, d’autre part, le sol extérieur ayant été abaissé de plusieurs mètres pour créer le fossé de la nouvelle enceinte, le balcon dont parle M. Lafollye n’étant que la continuation de la galerie ou passage adopté par M. Millet dans les autres travées, galerie traitée en style du 16e siècle, il n’y aurait pas à craindre que l’usage primitif de cette porte fut confondu avec le nouvel état de choses.
Enfin, M. Lafollye touche un 3e point sur lequel nous différons d’opinion avec lui. La restauration du château, dit-il, n’ayant pas un caractère absolument archéologique, l’affectation des bâtiments à un musée ayant restreint le personnel logé à quelques employés, il semble que l’entrée avec pont-levis ménagée sous l’appartement du conservateur, très rapprochée de la porte principale, pourrait être supprimée sans inconvénient. Nous ne le croyons pas. Toutes les distributions adoptées pour le logement du concierge, qui sont exécutées et qui devront être conservées, ne pourraient plus s’expliquer si le pont-levis était supprimé, et il serait absolument regrettable d’ailleurs de faire disparaître, sans qu’on puisse justifier la raison de ce changement, des dispositions anciennes, restituées et pleines d’intérêt.
Des propositions faites par M. Lafollye, il me semble donc, ainsi que nous l’avons dit plus haut, que les seules qui puissent être acceptées par la commission sont le rétablissement des deux portes de la chapelle situées dans la 1ère travée au sud et au nord, en tenant compte des observations qui ont été développées dans le cours du présent rapport.
18 février 1880
Ruprich Robert
Conclusions adoptées »

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