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Description archivistique
Musée
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Lettre concernant la remise au musée de deux salles du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 6 juillet 1881
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous informer que nous venons de terminer les travaux de peinture et l’installation du mobilier du 1er étage du pavillon nord-est.
La pièce principale doit recevoir les poteries fines et les bijoux gallo-romains, une des richesses du musée de Saint-Germain.
Monsieur le conservateur, dans le but d’activer la mise en état de cette salle, avait chargé depuis plus d’un mois le serrurier de l’administration de poser dans les vitrines les crémaillères nécessaires pour soutenir les tablettes. Ces travaux ont été exécutés aux frais du musée et j’ai tenu à ce que M. le conservateur commandât lui-même les crémaillères dont il aurait besoin, afin qu’il n’y ait pas d’incertitude pour l’entrepreneur.
La pose de ces crémaillères ayant été commencée avant que nous ayons nous-mêmes complètement terminé les derniers travaux d’achèvement, M. le conservateur a commencé son installation avant que les salles lui aient été officiellement remises. J’en informe Monsieur le Ministre en le priant en même temps de vouloir bien fixer une époque pour remettre officiellement au conservateur du musée les deux salles qui viennent d’être achevées par le service des Bâtiments civils.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très dévoué serviteur.
A. Lafollye »

Ministère des Travaux publics

Rapport sur les travaux de décoration à entreprendre au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Château et parterres de Saint-Germain-en-Laye
Saint-Germain-en-Laye, le 26 avril 1892
Monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
Monsieur le conservateur du musée national de Saint-Germain réclame l’achèvement de décorations peintes de deux salles circulaires aux 1er et 2ème étages de la tour nord-est du château. Ces salles font suite aux parties de musée livrées au public et où sont exposés, dans celles du 1er étage, des objets d’époque romaines et gallo-romaines. Les parois de la 1ère salle de la tour, telles qu’elles sont disposées, permettraient de représenter les monuments antiques du sud de la France en perspective aérienne, peut-être à vol d’oiseau. Les panneaux de formes irrégulières permettraient d’y comprendre l’arc d’Orange et le théâtre à gauche de la cheminée, à droite les antiquités de Nîmes, temple de Diane, Maison carrée, arènes, portes d’Auguste et de France, tour Magne, et dans le lointain le pont du Gard. Le 3ème panneau pourrait contenir des représentations des ruines de Saint-Rémy, d’Arles et le pont de Saint-Chamas.
La salle circulaire du 2ème étage fait suite à la partie du musée occupée par des objets de l’époque gauloise de la Marne. Les sujets à traiter en décoration pourraient représenter la porte Noire de Besançon, le tombeau d’Igel près Trèves, l’arc de Reims. Les sujets que j’indique sont compris dans une nomenclature qui m’a été communiquée par la conservation du musée. Ils devraient être traités par des paysagistes d’un talent éprouvé pour ces sortes de décorations et par l’étude des monuments antiques. Je puis citer M. Armand Bernard, demeurant 22, rue M. le Prince, et M. Albert Girard, 69, rue de Courcelles, tous deux anciens pensionnaires de l’Académie de France à Rome. Le dernier a exécuté les peintures des parlements dans la chambre du conseil à la cour de cassation, livrée très récemment à la magistrature.
Les crédits affectés aux travaux de bâtiments du château de Saint-Germain ne permettent pas, Monsieur le Ministre, de vous proposer d’inscrire la somme nécessaire à l’exécution de ces travaux d’art, que je puis estimer dans leur ensemble comme valant 8000 f. pour les 2 salles et à 1000 f. pour les travaux de décorations accessoires. C’est donc à monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts que vous devrez recourir en lui demandant l’imputation de la somme à allouer aux artistes sur le fonds spécial aux commandes de peinture d’art et sur 2 exercices, pour 4000 f. chacun. Le crédit des Bâtiments civils prendrait à sa charge le travail accessoire, estimé comme il est dit ci-dessus à 1000 f., et que l’on peut considérer comme un achèvement d’un ouvrage entrepris.
En résumé, Monsieur le Ministre, je vous propose de demander le concours de M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts pour la partie artistique de décoration des 2 salles dont il s’agit et de participer à la dépense pour une somme de 1000 f. pour les travaux accessoires sur les ressources dont dispose votre administration.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre dévoué serviteur.
L’architecte du château de Saint-Germain
Daumet »

Ministère des Travaux publics

Mention de la possible installation des musées de l’Artillerie et de la Marine au château de Saint-Germain-en-Laye

« Plusieurs grands organes de la presse parisienne, et entre autres le Siècle, dans son numéro de mardi dernier 6 juillet, annoncent positivement que les destinées de notre château sont désormais arrêtées. Il serait, dans un délai assez rapproché, destiné à recevoir le musée d’Artillerie et celui de la Marine ; ce qu’il y a de certain, c’est que les travaux d’appropriation de l’appartement que devra occuper, dit-on, à titre de gouverneur, M. le général de Girardin sont activement poussés. Depuis plusieurs jours déjà, le grand drapeau national, qu’on n’arborait au château qu’aux jours des fêtes officielles, flotte au-dessus de la porte principale. Nous tiendrons, du reste, nos lecteurs au courant de tout ce que nous pourrons recueillir de certain et d’authentique sur des dispositions qui intéressent à un si haut point notre ville et sa prospérité future. »

Récit d’une visite du comte Walewski au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Nous apprenons que M. le comte Walewski, ancien ministre d’Etat, membre du Conseil privé, est à Saint-Germain, depuis quelques jours, pour respirer l’air pur de notre Terrasse, et que, mercredi dernier, accompagné de madame la comtesse Walewska, il a visité, sous la conduite de l’éminent architecte M. Millet, l’intérieur du château, dont il a été à même d’admirer les importants travaux qui sont en cours d’exécution. Les illustres visiteurs ont parcouru aussi la grande salle du musée, dont l’organisation progresse journellement sous la savante direction de MM. Rossignol et Beaune.
A cette occasion, nous nous plaisons à rappeler que c’est sous le ministère de M. le comte Walewski, qu’a été décrétée la restauration de ce vieux palais de nos rois. »

Récit de l’inauguration du musée de Saint-Germain-en-Laye

« Inauguration du musée de Saint-Germain
Visite de Sa Majesté l’Empereur
Le dimanche 12 mai 1867
Ainsi que nous l’avions annoncé, la nouvelle de la présence de S. M. l’Empereur dans notre ville pour le jour de l’inauguration du musée s’était répandue au-dedans et au dehors de Saint-Germain, avec rapidité, mais bien avant l’apposition des affiches du programme qui, à cause des dernières dispositions, s’est fait attendre jusqu’à la fin de la semaine et a suivi de quelques heures seulement la si remarquable et si entraînante proclamation à ses administrés de M. de Breuvery, maire de Saint-Germain ; cette nouvelle causait une telle joie à la population, que jusques aux derniers moments on doutait encore de sa réalisation si désirée.
Le temps, qui depuis dix jours avait été splendide, commençait à donner quelques inquiétudes par suite de l’excessive chaleur, encore anormale dans cette saison, et des symptômes d’orages qui se manifestaient chaque soir, et chaque consultait son baromètre avec anxiété.
Malheureusement, ces craintes se sont réalisées et l’on sait quel a été, pendant l’après-midi, le déplorable état du ciel, dont toutes les cataractes ont semblé s’ouvrir à dater de deux heures ; mais on peut dire que, si la journée a été mauvaise par le temps, elle s’est trouvée magnifique par l’éclat de l’ovation qui a été faite au souverain et par l’affabilité avec laquelle l’Empereur a bien voulu témoigner toute la satisfaction que lui causait l’accueil fait par l’immense population qu’il avait sous les yeux, et qui n’a cessé, depuis le moment de son arrivée, d’acclamer sa présence d’une façon indescriptible.
Nous allons essayer de retracer l’historique de cette heureuse journée, en rétablissant certaines erreurs ou omissions faites par presque tous les journaux de Paris, dont la plupart des articles paraissent avoir été écrits à l’avance et plutôt sur ce qui devait se faire que sur ce qui s’est réellement passé ; quelques-uns de leurs correspondants officieux nous ont semblé aussi fort peu renseignés ou guidés par des intérêts privés et personnels. Nous avons donc pensé qu’il était du devoir de l’organe de la publicité locale de présenter les faits et de donner certaines explications dont nous ne craignons pas d’assumer la responsabilité.
Ainsi que nous l’avons déjà dit, les préparatifs commandés, suspendus, ou du moins modifiés et repris ensuite, à mesure que les instructions émanant de l’autorité administrative supérieure annonçaient, jusqu’à la dernière heure, le développement et le plus d’importance de la cérémonie, avaient été poussés avec toute l’activité possible.
Deux juridictions différentes y prenaient part : la Ville proprement dite, dont les limites s’arrêtent au seuil de la porte du château, située en tête du pont, qui, sur les fossés, conduit à l’entrée du musée ; l’administration du musée et celle du château lui-même, relevant du domaine de la Liste Civile et du ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts.
En avant du portail du château, l’administration municipale avait fait élever une vaste et magnifique tente, dont la façade, portant les armes impériales, était formée de splendides tentures de velours vert constellées d’abeilles et relevées par des torsades d’or. Le vélum qui la recouvrait était supporté par une série de mâts gigantesques au sommet de chacun desquels flottaient de longs oriflammes aux couleurs variées. Le sol était recouvert de tapis, les côtés bordés de caisses d’arbustes, et un riche fauteuil avait été disposé sur une estrade, dans le cas où Sa Majesté eût voulu prendre quelques moments de repos avant d’entrer au château. Une longue ligne de mâts de même dimension s’étendait à droite et à gauche de la tente impériale et marquait la place, où, faute de temps, on n’avait pu élever des estrades destinées aux personnes invitées par la Ville ; mais elles avaient été remplacées par des banquettes recouvertes de velours rouge disposées au raz du sol, entièrement sablé comme tout le reste de la place, depuis le débarcadère jusqu’au château. Les deux petites constructions adossées aux parapets avaient disparu sous des massifs de fleurs et de plantes rares, et leurs sommets portaient des aigles dorés qui les transformaient en très heureux motifs se reliant à l’ensemble de la décoration.
Dès le matin, l’affluence énorme arrivant des campagnes avait trouvé toutes les rues entièrement pavoisées, et il n’était pas une seule des fenêtres des maisons de la place du Château qui n’eût arboré le drapeau aux couleurs nationales. On voyait même flotter, à l’une des croisées de la maison occupée par le café-restaurant du débarcadère, le grand pavillon du Royal-Mall, d’Angleterre.
La foule était immense, sur la place et à ses abords, et rendait assez difficile le placement des compagnies de pompiers et des députations des différentes Sociétés du canton et de l’arrondissement, dont la valeur numérique n’avait pu être donnée à l’avance et dont la présence probable n’a été, en général, signalée à l’administration locale que par lettre reçue seulement le dimanche à neuf heures du matin.
Les grilles du péristyle de l’église avaient été ouvertes au public, qui en a promptement occupé toutes les marches et le vaste palier, et pour placer toute cette foule et contenir son empressement, bien naturel, l’administration n’avait à sa disposition que ses sergents de ville, quelques gendarmes, et un piquet de vingt-cinq hommes de ligne, disséminés çà et là en factionnaires, la volonté expresse de l’Empereur ayant été qu’il n’y eût aucun développement de force militaire ; le régiment des dragons de l’impératrice n’avait fourni qu’un poste de douze hommes à pied, pour le service d’honneur à l’intérieur du château.
A propos du château, il nous faut ajouter que le pont, protégé aussi par un très beau vélum, bordé d’arbustes et couvert de tapis, donnait accès à la grande porte également décorée, à la suite de laquelle les invités du ministère et de la direction du musée pénétraient dans l’intérieur et trouvaient, à droite, la galerie du rez-de-chaussée, dite de François Ier, et ensuite le grand vestibule où des sièges et des banquettes avaient été réservés aux personnes munies de lettres spéciales d’invitation. La cour avait été sablée, garnie de caisses d’orangers jusqu’au pied du grand escalier, et les ateliers de travaux dissimulés et séparés du passage par une suite de riches tentures. Le débarcadère avait reçu aussi une belle décoration par les soins de l’administration des chemins de fer de l’Ouest.
Des dames, aux toilettes les plus élégantes, avaient pris place sur les banquettes extérieures, ou étaient entrées munies de leurs billets dans l’intérieur du château, et à deux heures et demie, sous une pluie battante, personne n’avait songé à quitter sa place. Toutes les fenêtres étaient occupées et des groupes de curieux s’étaient placés sur les toits et jusque dans les chêneaux des gouttières ; on en voyait même ayant pris position au côté nord de l’église, sur le terrasson étroit qui longe son sommet et on distinguait au milieu d’eux la soutane d’un jeune ecclésiastique.
A trois heures précises, le bruit des salves d’artillerie, les musiques de Saint-Germain et des compagnies étrangères à la ville, les clairons, les tambours battant aux champs, et plus encore, les acclamations parties du quai de débarquement, annonçaient l’arrivée de l’Empereur.
A sa descente du train impérial, Sa Majesté a été reçue par M. Boselli, préfet de Seine-et-Oise, accompagné de son secrétaire général, par M. de Breuvery, maire de Saintè-Germain, MM. Le Piez et Courtin, adjoints, et par tout le conseil municipal, qu’accompagnaient aussi plusieurs de MM. les maires des communes de l’arrondissement.
Aux termes des dispositions arrêtés pour le cérémoniel, aucun discours ne devait être prononcé, mais le maire de Saint-Germain, ainsi qu’il y avait été autorisé, a eu l’honneur de remettre à l’Empereur, qui l’a accueilli avec la plus grande bienveillance, une adresse sous pli fermé.
La suite de S. M. se composait des personnages de distinction suivants : M. le général Le Bœuf, aide de camp ; M. le capitaine Chambaud, officier d’ordonnance ; M. le duc de Tarente, chambellan ; M. Davilliers, comte Regnault de Saint-Jean-d’Angély, premier écuyer ; M. le baron de Varaigne, préfet du Palais.
Le personnel des hauts fonctionnaires des chemins de fer de l’Ouest qui avaient accompagné le train impérial et surveillé sa marche comprenait MM. Julien, directeur général ; Coindart, secrétaire général ; Fessard, chef d’exploitation ; Bisson et Protais, administrateurs.
Un quart d’heure après avoir reçu les hommages des personnes présentes sur le quai, l’Empereur paraissait au seuil du débarcadère ; à ce moment et malgré le redoublement de la pluie, l’aspect de la place était prestigieux ; l’Empereur, s’arrêtant un moment, en paraît saisi et profondément touché, tous ces milliers de têtes se découvrent, les musiques entonnent l’air national de la reine Hortense et, pour nous servir de l’heureuse expression de notre confrère du Journal de Seine-et-Oise, « toutes les poitrines crient : Vive l’Empereur ».
Sa Majesté, en habit de ville et recouvert d’un surtout gris, qui naturellement fait rêver à un souvenir historique, s’avance lentement, au bruit des acclamations qui ne cessent pas un instant, au milieu de la haie formée par les pompiers de Saint-Germain, jette à droite et à gauche un coup d’œil de satisfaction sur les deux Sociétés de secours mutuels de la ville, les médaillés de Sainte-Hélène, les orphelinats de garçons et de jeunes filles et les deux écoles primaires ; Elle paraît remarquer avec plaisir les enfants de troupe du premier régiment de grenadiers de la Garde, venus de Rueil, et auquel appartient le prince Impérial ; Elle salue les personnes invitées, aux premiers rangs desquelles se trouvent MM. les légionnaires et officiers en retraite.
On avait appris que l’Empereur avait annoncé son intention de passer en revue les compagnies de pompiers et les députations des communes ; mais le temps était si affreux qu’on pensait que la revue n’aurait pas lieu, ou du moins qu’elle serait différée jusqu’à la sortie du musée.
Il n’en a rien été. Sa Majesté, au contraire de ce qu’ont dit tous les journaux, passe devant la tente et, sans entrer immédiatement au château, commence la revue, qu’Elle continue sous la pluie au milieu d’acclamations et de vivats enthousiastes, en suivant tout le périmètre de la place, passant devant le front des compagnies et députations, et, seulement après l’église, arrivée devant celles qu’Elle avait déjà vues, se dirigeant en ligne droite sur l’entrée du château par un passage qui n’avait pas été prévu et où Elle se trouve mêlée à la foule heureuse et fière de sentir si près d’Elle. L’Empereur était bien là au milieu de son peuple, et semblait enchanté d’avoir, pour ainsi dire, à se frayer sa route lui-même.
Après avoir traversé la tente, dont par parenthèse le vélum avait été quelques instants auparavant emporté par une trombe d’eau, l’Empereur a été reçu à la porte du musée par M. le comte de Nieuwerkerke, sénateur, surintendant des Beaux-Arts, accompagné de M. Gautier, conseiller d’Etat, secrétaire général du ministère de la Maison de l’Empereur, qui ont eu l’honneur de présenter à Sa Majesté la commission spéciale d’organisation du musée : MM. Bertrand et Beaune, directeur et conservateurs ; MM. Millet et Choret, architecte et inspecteur des Bâtiments civils.
L’Empereur est alors entré dans le palais et a visité, rapidement a-t-il dit, pour ne pas faire attendre trop longtemps cette foule de l’extérieur exposée à la pluie, toutes les collections réunies dans les trois étages du musée, et les acclamations redoublant dans la foule agglomérée sur le parterre et la place ont annoncé qu’il venait de paraître un instant au balcon donnant sur les jardins. En se retirant, Sa Majesté a félicité les conservateurs et les architectes qui ont si admirablement suivi ses intentions.
Mais tout n’était pas fini : l’Empereur tenait à accomplir entièrement le programme qu’il s’était tracé, et l’on sut que, toujours malgré la pluie, il voulait voir défiler les compagnies de pompiers ; le préfet et le maire et les personnes de sa suite eurent l’honneur d’être admis à ses côtés, lorsque, sans vouloir consentir à se mettre à l’abri sous le vestibule du débarcadère, il tint à se placer à l’extérieur, sur le perron de la gare.
Le défilé commença par la compagnie de Saint-Germain, qui fit retentir l’air des cris énergiques de : Vive l’Empereur ! Vive l’Impératrice ! Vive le Prince Impérial ! puis vinrent les compagnies de toutes les autres communes, dont plusieurs pelotons étaient si étonnés de se trouver si près de l’Empereur, que quelques-uns des hommes, ne songeant plus aux cris officiels, portaient la main à leur casque ou se découvraient même tout à fait, tout en restant au port d’armes. Il y eut bien là, comme pendant la revue, un peu de désordre ; mais l’Empereur n’était pas venu pour voir ces longues lignes de batailles qui lui sont si familières, et il paraissait ravi d’un ensemble qui ne faisait pas défaut, celui de l’enthousiasme et de la manifestation populaire ; sa figure rayonnait, et il avait attendu que les derniers pelotons fussent éloignés, lorsque le capitaine de la compagnie de Saint-Germain est venu, en le saluant de l’épée, indiquer que le défilé était terminé.
Sa Majesté, après avoir salué de nouveau, s’est retirée en traversant le débarcadère envahi par la foule qui avait cherché un refuge contre la pluie, sûre qu’elle était de pouvoir la voir encore et l’acclamer.
Descendu sur le quai, l’Empereur s’est encore entretenu quelques instants avec le préfet et le maire, dont la femme et la belle-sœur, mesdames de Breuvery et de Beaurepaire, lui ont été présentées sur sa propre demande, et après avoir répondu avec affabilité à quelques paroles improvisées avec chaleur par M. Le Piez, premier adjoint, et témoigné tout son contentement de l’accueil qu’il avait reçu à Saint-Germain, il est remonté dans son wagon où il a dû encore répondre de la tête et de la main aux cris de la foule compacte cherchant, comme à son arrivée, à le voir du haut de la balustrade qui domine le chemin de fer.
Parmi les personnes qui ont accompagné Sa Majesté ou se sont trouvées sur son passage, et qu’il nous serait impossible de chercher à énumérer, nous avons remarqué M. le vicomte de Lastic, directeur de l’asile impérial du Vésinet, et les principaux fonctionnaires de cet établissement ; M. l’abbé Chauvel, curé de Saint-Germain ; M. Napoléon Peyrat, pasteur protestant ; un vénérable ecclésiastique à cheveux blancs, qui avait accompagné une commune, et sur le poitrine duquel brillaient la croix de la Légion d’honneur et une autre décoration ; M. Perin, capitaine au 12e Chasseurs, neveu de M. le docteur Le Piez, et presque un enfant de la ville qui l’a suivi dans toute sa carrière militaire, d’abord engagé volontaires aux Carabiniers, sous-officier décoré de la médaille militaire, officiers aux Cuirassiers de la Garde, puis dans un régiment de Chasseurs d’Afrique, et tout récemment de retour du Mexique d’où il a rapporté la croix de la Légion d’honneur, le grand ordre de Maximilien et son grade de capitaine, le tout gagné sur les champs de batailles et à la pointe de son sabre.
Plusieurs épisodes ont marqué l’instant du défilé : ce fut d’abord un maire de campagne qui, se croyant encore éloigné de l’Empereur, s’avançait en fumant sa pipe et demandait où il était, au moment où il le touchait presque ; lorsqu’on l’en fit apercevoir, le brave homme jetant au loin son brule… bouche, devint tout effrayé, pirouetta sur les talons, et sans qu’il fût possible de le rappeler, se perdit dans les rangs de la compagnie aux côtés de laquelle il se trouvait. Au même moment, une bonne vieille paysanne d’au moins soixante-dix ans voulait, disait-elle, voir l’Empereur avant de mourir. Un de MM. les commissaires civils, qu’on reconnaissait à leurs brassards vert et or, la poussa devant le groupe en lui désignant l’Empereur, à assez haute voix pour que Sa Majesté s’en aperçût et lui fit signe que c’était bien lui-même ; on crut un instant que la pauvre bonne femme allait vraiment mourir de saisissement. Il y eut aussi un vieux brase de la vieille armée, le père Mauger, bien connu à Rueil, dont il accompagne habituellement les pompiers dans leurs excursions ; le bonhomme, qui avait craint la famine, s’était muni d’un pain passé sous la buffleterie de son sabre. Il quitta les rangs, tendant les mains vers l’Empereur, qui voulut bien lui répondre d’un geste affectueux.
Pour répondre maintenant à quelques observations et réclamations au sujet de l’encombrement qui s’est produit sous la tente au moment de l’entrée de l’Empereur au musée, nous devons dire qu’on ne peut l’attribuer qu’à l’empressement de quelques conseillers municipaux que la foule avait séparés de leur compagnie. MM. les maires des communes, arrêtés quelques instants sur le seuil du musée, furent ensuite invités à y pénétrer et purent se placer à l’entrée du vestibule et de la salle d’attente, pour voir l’Empereur et le saluer encore à sa sortie. Nous avons eu, du reste, sous les yeux la lettre adressée le matin même du 11 mai par M. Bertrand, conservateur du musée, à M. le maire de Saint-Germain, lui faisant savoir que, « d’après les ordres de M. le sénateur, surintendant des Beaux-Arts, les seuls membres de la commission du musée de Saint-Germain et du conseil municipal, auquel s’adjoindrait le colonel du régiment des Dragons de l’Impératrice, seraient admis à suivre et à accompagner l’Empereur dans l’intérieur du musée. Les invités, étrangers à la commission et au conseil municipal, seraient admis dans le musée, seulement après la sortie de l’Empereur. Aucune autre personne que celles munies de cartes ne pourraient entrer dans le musée. »
Ces prescriptions strictement recommandées étaient motivées surtout par l’étroitesse des escaliers et les dimensions restreintes des salles occupées jusqu’à ce moment par les vitrines.
L’Empereur parti vers quatre heures trois quarts, le mauvais temps avait continué d’une si fâcheuse façon qu’il n’y avait plus à songer au reste de la fête. Le soir, le concert annoncé, les illuminations et le feu d’artifice n’ont pu avoir lieu ; on a vu cependant encore en ville plusieurs maisons illuminées, le bal populaire gratis a été très animé, et d’intrépides danseurs se sont encore réunis jusqu’à une heure assez avancée de la nuit sous la tente du bal Tivoli, sur le parterre.
L’animation, malgré le départ de tous les gens transpercés qui avaient hâte de regagner leurs demeures, a été encore très grande en ville pendant la soirée et une partie de la nuit. Nous l’avons dit, l’affluence des habitants des communes de l’arrondissement avait été au-delà de toutes proportions présumables, et l’on peut en juger par l’énumération suivante, où, parmi les communes les plus éloignées, on peut citer pour la présence et la belle tenue de leurs députations celles de Houdan, Limay, Meulan et Mantes.
Venaient ensuite, très remarquables aussi, les compagnies de Chatou, de Rueil, puis Maule, Conflans-Sainte-Honorine, Sartrouville, Verneuil, L’Etang-la-Ville, Le Pecq, Louveciennes, Marnes, Noisy-le-Roi, Montesson, Chambourcy, Saint-Leu-Taverny, Versailles, Port-Marly, Houilles, Cormeilles-en-Parisis, Mareil-Marly, Bezons, Poissy, Crespières, Mesnil-le-Roi, Herblay, Croissy, Flins, les Mureaux, Maisons, Aubergenville, Feucherolles, Carrières-sous-Poissy, Andresy, Villepreux, Garches, Argenteuil, représenté, comme plusieurs, par son maire, le conseil municipal, ses deux sociétés de secours mutuels et ses médaillés de Sainte-Hélène ; Médan, Chapet, également représentées par leurs maires, Chavenay, Achères, Carrières-Saint-Denis et Deuil ; peut-être en passons nous encore, mais cette énumération doit suffire pour prouver en même temps l’empressement général et la difficulté de placer à l’improviste et de recevoir particulièrement comme ils le méritaient les différents corps et les honorables magistrats et chefs de Sociétés qui les accompagnaient.
Pour rendre enfin justice à chacun, nous croyons, au point de vue local, devoir faire connaître les noms de MM. les entrepreneurs auxquels on a dû la décoration générale, c’étaient pour la ville de Saint-Germain : MM. Léon Bied, entrepreneur des fêtes publiques, à Paris, et Rousseau, tapissier de la ville ; pour le château et le musée, extérieurement et intérieurement, M. Vidal, tapissier de Saint-Germain, et pour le chemin de fer, débarcadère, gare et quai, la maison Belloir, de Paris.
Les massifs de fleurs de la place du Château étaient dus aux soins et au bon goût de M. Etienne Poisot, fleuriste, rue de Paris ; son frère aîné M. Poisot, de la rue au Pain, avait fourni et disposé les arbustes et les fleurs qui décoraient le pont et l’intérieur de la cour.
[p. 79] Dès le matin, la quantité des voyageurs amenés par le chemin de fer a été énorme, les trains remorqués en double attelage contenaient chacun dix-sept voitures et on évalue à six mille le nombre des voyageurs qui ont été conduits par les trains facultatifs et extraordinaires.
Telle est à peu près l’exquise, incomplète peut-être, mais fidèle, dans les détails que nous avons pu saisir, de cette grande journée qui – pour employer cette fois d’une manière certaine une phrase souvent trop facilement consacrée – restera, malgré l’intempérie qui l’a si funestement contrariée, dans le souvenir éternel des habitants de Saint-Germain, auxquels l’Empereur avait apporté la joie et dont il a remporté tous les cœurs.
Léon de Villette »

Note sur des travaux à l’entrée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain. Les promeneurs ont pu remarquer ces jours-ci que des ouvriers étaient occupés à démolir les deux lourds piliers en pierre de taille sur lesquels s’appuyait la porte avancée construite sur la place du Château à l’époque du pénitencier militaire.
C’est à la continuelle obligeance de l’éminent architecte, M. Millet, que nous devons les renseignements suivants :
Les travaux qu’il fait faire à l’entrée du château, nous a-t-il dit, n’ont aucune importance et n’avancent en rien la restauration générale du vieux et respectable édifice ; il avait jadis conservé, par mesure d’économie, la porte cochère en bois avec ses deux gros piliers en pierre ; les battants tombaient en pourriture et devenaient hors de service, et au lieu de les remplacer, l’architecte a dû commander une plus que modeste grille en fer, ayant tout à faire le caractère d’un objet provisoire. Elle permettra le passage de l’air, facilitera l’entrée au château, mais cette installation essentiellement provisoire, répétons-le, d’après M. Millet lui-même, n’a aucune valeur ni aucun caractère artistique.
En ce qui s’applique aux travaux de restauration, le crédit alloué sur 1868 étant le même que celui des dernières années, M. Millet pense pouvoir achever le gros œuvre de toute la façade nord, donnant sur le parterre, et continuer les ouvrages sur la façade est.
Dans la dernière campagne, il n’a pu être presque rien fait à l’intérieur ; on va reprendre ou restaurer tous les éperons et l’escalier d’angle sur la cour, refaire les voûtes et les planchers de tout l’angle nord-est, et il est probable que vers le milieu de l’année 1869 tout l’angle pourra être livré à la direction des musées impériaux.
Le regrettable et regretté M. Beaune est remplacé dans ses fonctions de deuxième conservateur du musée par M. de Mortillet, archéologue savant et distingué, qui, depuis deux ou trois ans, était occupé au musée à classer et à ranger tous les objets de sa collection. »

Description des nouvelles salles du musée de Saint-Germain-en-Laye

« Le musée gallo-romain au château de Saint-Germain
Sous l’active et savante direction de M. Alexandre Bertrand, le musée de Saint-Germain se complète et s’agrandit tous les jours. Non seulement les vitrines se remplissent de nombreux et curieux objets, mais encore des salles nouvelles s’ouvrent successivement à de brefs délais.
Depuis le 1er juin, le public est admis à visiter une salle de l’entresol, dans laquelle se trouve réunie une belle et longue série de statues, bas-reliefs et inscriptions fournissant les plus précieux renseignements sur la Gaule.
Au milieu de la salle, se dresse la statue du soldat gaulois du musée Calvet, d’Avignon.
Derrière se voient les bas-reliefs d’Entremont, près d’Aix-en-Provence, avec des têtes coupées et le cheval gaulois. Ce sont là peut-être les plus anciens monuments d’art de nos pères.
Puis viennent de nombreux petits autels votifs qui nous apprennent une mythologie toute spéciale. Ils nous révèlent une série de divinités locales, Luhé, Léheven, Sex Aubon, etc., dont nous n’avons jamais entendu parler au collège. Pourtant, toutes ces divinités avaient leur culte, et parfois l’autel porte dans son sein un tronc pour recevoir les offrandes. Une autre particularité fort intéressante, c’est de voir une espèce de croix gravée sur la face d’un certain nombre de ces autels, qui pourtant sont étrangers et antérieurs au christianisme.
Plus loin, dans le couloir le long des fenêtres, sont des pierres tombales qui nous montrent que, chez les Gaulois, les corps de métier étaient constitués en corporations. On voit là le constructeur avec le ciseau, le marteau, la truelle, la hache et la scie ; le verrier armé de son creuset et d’une grande pince ; le débitant de boisson servant à boire, etc.
A la suite de ces pierres tombales, il en est quelques autres qui reproduisent le costume national. Les personnages représentés ont tous le torque, ou collier torse au cou. Le vêtement d’en bas est plus ou moins collant. Le haut du corps est recouvert d’une espèce de tunique assez courte, fermant sur le côté. Puis vient le manteau jeté sur l’épaule.
Ce sont aussi des pierres tombales qui nous fournissent tous les détails du costume militaire sous la domination romaine : on voit l’auxiliaire gaulois à cheval et le soldat engagé dans les légions.
Au 15 août, s’ouvriront deux nouvelles salles faisant suite à la précédente
Dans la première, dont l’Empereur a fait les frais, sont provisoirement réunies toutes les pièces qui concernent la conquête des Gaules par César. C’est comme le musée démonstratif du livre de l’Empereur.
Le centre de la pièce est occupé par un magnifique plan en relief d’Alise, à l’échelle exacte de cinq décimètres par kilomètre, œuvre de M. Abel Maître, l’habile chef des ateliers de moulage et de réparation du musée. On peut, sur ce plan, suivre toutes les phases de la lutte suprême des Gaulois contre les Romains.
Les armes et monnaies trouvées à Alise sont étalées autour du plan et prouvent jusqu’à l’évidence que l’Alesia de César est bien Alise-Sainte-Reine de Bourgogne.
De petits modèles des défenses du camp de César, des attaques des places fortes et des machines de guerre, des vitrines contenant les diplômes militaires gravés sur bronze et des projectiles en plomb, des cadres renfermant tous les détails des armes offensives et défensives, des restitutions d’armes anciennes, péplum et javelot avec l’amentum, initient le visiteur à tous les détails de l’art militaire, initiation complétée et confirmée par une série choisie des bas-reliefs de la colonne Trajane.
Il reste encore à citer dans cette salle une vitrine contenant le produit des fouilles du Puy-d’Issolut, que l’on croit être Urelodunum ; du Mont-Beuvery, où l’on place Bibracte ; de l’oppidum gaulois de Meurccint.
La seconde salle, ouverte au 15 août, vient à la suite de celle de César, ou de la Conquête. Elle contient des collections toutes différentes. Elle est consacrée à l’histoire naturelle appliquée à l’archéologie. On verra là les plantes et les animaux qui ont accompagné l’homme à chaque époque ; les pierres et les minéraux qui, aux divers âges, ont alimenté son industrie. Des crânes et squelettes provenant de stations et tombes diverses nous feront connaître les populations qui ont successivement occupé le sol de la France.
Ces collections ne font que commencer, mais elles peuvent et doivent prendre un grand et utile développement, qui les mettra bientôt au niveau de toutes celles que contient le musée, établissement qui, quoique jeune encore, nous est déjà envié par les nations étrangères.
Gabriel de Mortillet »

Récit de la visite de l’archiduc Albert d’Autriche au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Mardi dernier, l’archiduc Albert d’Autriche est venu par le chemin de fer à Saint-Germain pour visiter le musée ; son arrivée avait été annoncée pour une heure et demie, mais ce n’a été qu’au train suivant que M. le commandant Rouvière, adjudant du Palais de Saint-Germain, a pu se trouver en grand uniforme au devant du prince. S. A. I., en habit de ville comme les deux ou trois personnes qui l’accompagnaient et parmi lesquelles était, nous a-t-on dit, M. le comte Clary, officier d’ordonnance de l’Empereur, a été reçue ensuite par MM. Bertrand, conservateur, de Mortillet, attaché au musée, et Eugène Millet, architecte du château.
Ces messieurs ont fait au prince les honneurs du musée et du château pendant cette visite qui, malgré sa rapidité, a paru l’intéresser vivement. Ils l’ont ensuite accompagné dans une courte promenade sur le parterre et la terrasse, en attendant l’heure de quatre heures pour le départ du train qui devait ramener le prince à Paris. »

Lettre concernant l’aménagement du logement du conservateur au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Le sous-secrétaire d’Etat à M. Lafolly, architecte
Monsieur,
J’ai soumis à l’examen de la commission des Monuments historiques les deux plans que vous avez dressés en vue de l’installation de l’appartement du conservateur au musée de Saint-Germain au deuxième étage du bâtiment sud du château. Je lui ai donné en même temps connaissance de votre rapport au sujet de l’escalier ancien dont avez retrouvé le relevé dans les dessins de M. Millet et qui semblerait indiquer l’existence d’un entresol au premier étage.
La commission a écouté avec intérêt cette communication, mais elle a considéré que, fût-il absolument prouvé que cette disposition eût autrefois existé, les raisons qui l’avaient fait écarter lors de la discussion sur l’emplacement que devait occuper l’appartement du conservateur n’en subsisteraient pas moins, c’est-à-dire qu’au point de vue de l’habitation cette disposition ne donnerait jamais un résultat satisfaisant. La commission a, en conséquence, maintenu sa première proposition et, passant à l’examen de vos projets, elle s’est déterminé en faveur de celui qui place les chambres à coucher dans la salle voûtée et le salon près de l’escalier.
En conséquence, j’ai adopté ce dernier projet et je prie M. le ministre des Travaux publics de vouloir bien en autoriser l’exécution. »

Lettre concernant l’aménagement du logement du conservateur et la restauration de la chapelle au château de Saint-Germain-en-Laye

« A Monsieur le Président du Conseil, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Paris, le 25 octobre 1880
Monsieur le Président du Conseil et cher collègue,
Par une dépêche que vous avez adressée à mon prédécesseur le 1er mai dernier, vous avez fait connaître les dispositions, qu’après avis de la commission des Monuments historiques, vous avez pensé devoir adopter sur les nouveaux projets présentés par M. l’architecte du château de Saint-Germain 1° pour l’appartement destiné à M. le conservateur du musée installé dans le palais, 2° pour la restauration de la chapelle.
Sur le premier point, vous avez déclaré que vous aviez invité M. Lafollye à étudier un projet consistant à reporter le logement du conservateur du 1er au 2e étage de la partie sud du château.
M. Varroy, de son côté, a par lettre du 15 du même mois demandé à cet architecte de hâter le plus possible l’étude de ce projet, de façon à pouvoir, après qu’il vous aurait été soumis, en saisir, à bref délai, le conseil général des Bâtiments civils, qui avait déjà étudié cette question sans la résoudre, parce qu’il lui avait paru qu’elle devait être examinée au préalable par votre administration.
Le nouveau projet que vous avez demandé à M. Lafollye vous a été adressé par cet architecte le 20 mai dernier. Vous avez bien voulu le renvoyer à mon administration le 17 juillet suivant en faisant connaître que la commission des Monuments historiques et vous-même y donniez un complet assentiment.
Quant au deuxième projet de M. Lafollye, qui est relatif à la restauration de la chapelle, ce projet comportant la démolition de la tourelle de François 1er située au nord, dans l’angle rentrant formé par la rencontre de la chapelle et du bâtiment neuf, il ne vous a pas paru que cette démolition fut nécessaire : la cour de la chapelle ne pourrait qu’y perdre, au point de vue de son caractère et de la vérité historique. Vous avez été d’avis dès lors qu’il y avait lieu de la conserver.
Dans cette situation, le conseil général des Bâtiments civils a été saisi à nouveau de l’examen de cette affaire dans sa séance du 10 août 1880.
En ce qui concerne les travaux de restauration de la chapelle, le conseil n’a pas élevé d’objection contre le parti adopté par la commission des Monuments historiques. Mais il n’en a pas été de même pour ce qui est relatif à l’appartement du conservateur. Il a rejeté le nouveau projet daté du 27 décembre 1879. A l’appui de ses conclusions, le conseil a fait remarquer que le projet qui transporte au 2e étage l’appartement du conservateur du musée présente plusieurs inconvénients sérieux : au point archéologique, il fait disparaître dans une notable partie de l’aile sud les voûtes monumentales qui régnaient sans exception sur toute l’élévation du château ; au point de vue du service du musée, il fait perdre aux collections quatre salles du 2e étage, qui devaient être occupées par des monuments ou des objets appartenant à l’époque mérovingienne, placés logiquement à la suite des salles consacrées à cette époque et qui sont installées au même étage du bâtiment est.
Enfin, la suppression de l’entresol du 1er étage ne se justifie pas puisqu’il résulte des renseignements fournis par l’architecte que cet entresol, exprimé sur les façades par des fenêtres plus élevées que les autres, date bien de la construction du château. En supprimant l’entresol, on perd d’ailleurs des surfaces importantes. J’ajouterai que M. le conservateur du musée de Saint-Germain repousse d’ailleurs énergiquement, au point de vue de la bonne installation des collections confiées à sa garde, les modifications qu’on veut apporter au projet primitif régulièrement approuvé.
Dans ces conditions, il y a désaccord entre la commission des Monuments historiques, d’une part, le conseil des Bâtiments civils, l’architecte du château et le conservateur du musée d’autre part. Je pense que la question ainsi controversée ne pourrait être tranchée que par une commission composée à la fois des inspecteurs des Bâtiments civils, des inspecteurs généraux des Monuments historiques et de un ou deux fonctionnaires de l’administration des Musées.
Mais, pour éviter de plus longs retards dans l’exécution des travaux entrepris pour la restauration du château, je serais disposé, en ce qui me concerne, à accueillir favorablement une proposition nouvelle qui vient de m’être adressée par l’architecte et qui consisterait à loger le conservateur du musée dans les bâtiments de la vénerie, au 1er étage, au-dessus des ateliers de moulage. Les études auxquelles M. Lafollye s’est livré permettent d’avoir, dès à présent, la certitude que l’on pourrait trouver une installation spacieuse et parfaitement convenable dans cette dépendance du château. Toutefois, avant de donner des instructions à l’architecte pour qu’il poursuive plus avant l’étude de ce projet, je désirerais, Monsieur le Président du Conseil et cher collègue, avoir votre avis et savoir si vous seriez disposé à accueillir cette proposition.
Je vous prierais donc de vouloir bien me faire parvenir votre réponse dans le plus court délai possible.
Agréer, Monsieur le Président du Conseil et cher collègue, les nouvelles assurances de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
Sadi Carnot »

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