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Description archivistique
Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye Musée
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Devis pour la fabrication de vitrines pour le musée de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain-en-Laye
Construction des vitrines de la grande salle des fêtes
Construction de l’un des tréteaux en noyer supportant la vitrine
Le socle de 0,08 sur 0,14 et de 0,70 de longueur à raison de 6,00 le mètre : 4,20
Le montant central de 0,40 de longueur à 10 f. 00 : 4,00
La traverse haute de 0,54 à raison de 6,00 : 3,24
Les 2 balustres carrés avec chapiteaux et embases carrés et socle inférieur à 7 f. 00 l’un : 14,00
[Total :] 25,44
1 tréteau semblable : 25,44
Le pan de bois en noyer réunissant les deux tréteaux
Les 2 traverses de ensemble 4,24 à 6 f. 00 prix moyen : 25,44
6 balustres carrés avec chapiteaux et embases carrés à raison de 4 f. 00 l’un : 36,00
[Total :] 61,44
Pour consolider le support de la vitrine, fourniture et pose de quatre fortes équerres en fer poli de chaque 0,16 de branche et de 0,013 mil sur 20 mil de grosseur à raison de 2 f. 00 l’une : 8,00
Construction de la vitrine en noyer au-dessus
Les 4 poteaux d’angles avec culs de lampes tournés à raison de 6 f. 00 l’un : 24,00
Le pourtour de 0,04 d’épaisseur, de 0,21 de hauteur, longueur totale 5,60 à raison de 5,00 : 28,00
5,80 de moulure d’architrave rapportée à raison de 2 f. 00 : 11,60
L’entablement d’une longueur de 6,20 à raison de 12,00 : 74,40
Le fond fixe de la vitrine en chêne de ,034 arrasé sur les 2 faces de 2,00 * 0,72 = 1,42 à raison de 12 f. 00 le mètre superficiel : 17,04
Le dessus portant la glace en noyer de 0,04 d’épaisseur et d’une longueur de 6,16 à raison de 6 f. 00 le mètre : 36,96
Le double fond mobile en chêne à claire voie recouverte de carton en pâte de 5 mil. d’épaisseur évalué à : 22,00
[Total :] 214,00
La glace épaisse 2ème choix de la fabrique de Saint-Gobain de 1,94 sur 0,66 : 84,00
A déduire 30 % : 25,20
[Total :] 58,80
A ajouter 10 % de bénéfice : 5,88
Coupement et pose de ladite glace avec tasseau en chêne et pourtour estimé à : 12,32
[Total :] 77,00
Les 4 équerres en fer plat et poli à l’intérieur de la vitrine sur la corniche, les dites de 0,20 de branche et de 20 mil. sur 5 mil. de grosseur à 1 f. 00 l’une : 4,00
Les 4 équerres posées à plat sur le dessus vitré à l’intérieur de la vitrine à raison de 1 f. 00 : 4,00
Les 3 paumelles doubles en fer poli du dessus à 2 f. 00 : 6,00
Le loqueteau à ressort formant serrure de sûreté avec gardes et entrées à la demande, tout compris : 20,00
Les 2 grandes équerres à charnières pour maintenir ouvert le dessus de la vitrine et confectionnés à la demande de l’architecte à raison de 12 f. 00 l’une : 24,00
[Total :] 58,00
Grandes vis à bois pour réunir les tréteaux et les vitrines et pour consolider les assemblages, estimés à : 6,00
Peinture à l’huile 3 couches de l’intérieur des fonds et de la vitrine, estimée à : 6,68
Transport et pose à Saint-Germain de l’une des vitrines : 14,00
8 vitrines semblables : 3968,00
Total du devis pour les 9 vitrines : 4464 f. 00
Les vitrines dont il s’agit seront construites entièrement en bois de noyer massif de belle qualité sans nœuds ni défauts. Les bois seront polis et cirés suivant ce qui est indiqué dans les dessins d’exécution. Les assemblages seront faits avec précision et seront chevillés et collés.
Les équerres seront entaillés à la demande de l’architecte. Les équerres et tous les autres ferrements seront limés et polis. Tous ces fers seront faits suivant ce qui sera prescrit à cet égard.
Les frais de timbre, d’enregistrement et de copies seront à la charge des soumissionnaires.
Dressé par l’architecte soussigné
Eug. Millet
Paris, ce 25 avril 1862 »

Ministère d'Etat

Description du musée gallo-romain à Saint-Germain-en-Laye

« Musée impérial de Saint-Germain-en-Laye
Le musée vient de s’ouvrir, et déjà il est populaire. C’est qu’il satisfait le sentiment national, en réunissant, pour la première fois, les monuments de nos origines diverses, avec les débris que nous ont laissés ces races celtiques, gauloises, gallo-romaines, franques, dont les cendres superposées forment le sol de la France. Chacun des nombreux visiteurs s’efforce de deviner, de comprendre, de commenter. Cette courte notice n’aspire qu’à l’honneur d’être un guide officieux, à défaut du catalogue officiel qui ne tardera pas à paraître.
Les édifices ont leurs destins comme les empires. Le berceau de la monarchie française, le lieu qui l’a vu du moins se développer et grandir jusqu’à son complet épanouissement sous Louis XIV, le vieux donjon du roi Robert, de saint Louis, de Charles V, réédifié par François Ier et que déshonorait naguère un pénitencier, est devenu, grâce à l’héritier des traditions napoléoniennes, l’asile et le temple des plus antiques vestiges de notre histoire. C’est ici que désormais l’érudition viendra surprendre les arts, les industries, la religion, les mœurs de nos aïeux depuis le jour où le sol celtique a été habité, jusqu’à celui où le vainqueur de la barbarie, Charlemagne, a fondé le premier empire moderne ; c’est ici que sera fixé le premier anneau de cette longue chaine de la civilisation dont le dernier est au palais du Champ de Mars.
Quel récit, quelle histoire, quel poème remplacerait cette vaste épopée des conquêtes de l’homme sur la nature, racontées par les témoins mêmes de ses laborieuses victoires ?
Entrons dans le musée, pénétrons dans ses galeries, livrées désormais à la curiosité et à l’étude, et remontant d’un bond le cours des âges, évoquons d’abord l’époque antéhistorique dont les précieux vestiges sont méthodiquement placés au seuil de l’édifice.
Voici, dans la première salle, les produits des alluvions quaternaires, c’est-à-dire les collections de silex travaillés que l’on trouve mêlés aux ossements des animaux dont l’espèce est éteinte : l’elephas primigenius, le rhinocéros à narines cloisonnées, le grand hippopotame, le cerf d’Irlande, l’ours des cavernes, etc., puis les brèches ossifères des cavernes de la Dordogne avec les débris du rennes, de l’aurochs, du bouquetin, de toutes ces races puissantes qui ont reculé devant l’invasion de l’homme ; les ossements ciselés, gravés, creusés, façonnés aux usages domestiques ou hiératiques par la main humaine ; la précieuse collection d’armes en silex, donnée à l’Empereur par le roi de Danemark, le résultat des fouilles pratiquées dans les sablières du bassin de la Seine, et dans l’ordre des temps, le choix inimitable des objets découverts dans la somme par M. Boucher de Perthes, le père de l’archéologie antédiluvienne.
La seconde salle est consacrée aux monuments sépulcraux mégalithiques. Ici s’écrira l’histoire des rudes populations qui ont élevé les dolmens et les allées couvertes à l’ouest, au nord, au midi, partout où la terre a été arrosée du sang généreux de nos pères. La civilisation commence à poindre, l’industrie de l’homme se développe, déjà il sait polir la pierre et ébranler ces masses rocheuses qui effrayent l’œil aux champs de Karnac ; il a découvert le secret de tailler le dur silex, et, en l’ajustant dans un bois de cerf fendu, de s’en faire une arme meurtrière ; il fait sécher l’argile au soleil et invente l’art du potier ; il aiguise des os, et d’une arête de poisson se fabrique une aiguille.
Tous ces objets, qui intéressent toujours l’industriel et l’historien, sont classés par groupes selon leurs diverses provenances. En face des vitrines qui les renferment, on a placé les reproductions au vingtième des principaux dolmens de la même époque, sous lesquels la plupart de ces débris ont été découverts.
Le grand tumulus-dolmen de Gavr’inis occupe à lui seul, quoique en réduction, la troisième salle. Qui déchiffrera les mystérieux caractères gravés sur le granit de ses parois intérieures ? Qui nous donnera la clé de ces hiéroglyphes, dont les emplacements étranges rappellent les primitives sculptures de l’Inde, ou l’art plus grossier encore des décorateurs de Manitous, en Amérique ?
Après avoir donné un coup d’œil à la quatrième salle où sont réunies les inscriptions gauloises et les médailles du même type, après en avoir admiré l’ameublement que l’on croirait œuvre d’une corporation d’ouvriers du XVIe siècle, après avoir dissipé l’éblouissement que nous cause l’escalier de François Ier, si correctement restauré par l’éminent architecte du château, M. Eugène Millet, pénétrons au second étage d’abord, au milieu des habitations lacustres. L’âge de pierre n’a pas encore épuisé ses productions, car voici encore les haches de silex, les dards, les couteux, les outils, les instruments en os, en écaille, en arêtes, en bois dur, à moitié dégrossi. Nous touchons à l’ère de bronze, dont les vestiges, d’abord clairsemés, se pressent et s’accumulent dans la galerie voisine. La pierre cède le pas au métal : les épées, les colliers, les haches creuses, à gaines, à oreilles, à un ou deux tranchants, les larges poignards ont succédé aux armes de jet et aux casse-têtes du sauvage ; plus nous nous rapprochons des temps historiques, et plus ces débris, arrachés aux lacs de l’Helvétie, deviennent variés et nombreux. L’airain n’a pas seulement triomphé des siècles, mais avec lui les ustensiles les plus fragiles, les plus humbles et les plus éphémères témoins de la vie domestique : fragments de tissus et de vêtements laineux, filets, engins de pêche et de chasse, menus objets de toilette féminine, et jusqu’à des échantillons miraculeusement conservés de l’alimentation humaine : grains d’orge, de froment, de millet, fruits du chêne druidique, noisettes vieilles de plus de trois mille ans.
Les temps s’avancent et l’homme se perfectionne. Ouvrons une porte et nous sommes dans la Gaule de Brennus, de cette Gaule que les pédagogues de notre crédule enfance nous faisaient incolore, congelée, et qui nous apparaît aujourd’hui radieuse, échauffée de l’amour de la patrie. Comptez, si vous pouvez, les torques, les armillaires, les umbones, les casques, les bracelets, les glaives, les coutelas, les fragments de boucliers, de ceintures, de flèches, et à côté de ces terribles instruments de guerre, les instruments plus utiles et plus féconds de la paix.
La scène change, et quoique nous ayons à peine franchi trois ou quatre siècles, nous nous sentons déjà sur un sol cultivé et plus affermi, au milieu de peuplades plus stables et mieux connues de nous. N’assiste-t-on pas vraiment à la première exposition de l’industrie nationale, car la plupart de ces objets, œuvres patientes de nos ancêtres, portent dans leurs formes diverses, l’individualité des tribus disséminés sur le sol celtique, le cachet, la signature de leurs fabricants.
Un dernier pas, et vous pouvez saluer César. Mais la salle destinée à l’histoire de la conquête n’est pas encore terminée, et nous commettrions une indiscrétion si nous lui apprenions que cette galerie sera le meilleur commentaire des Commentaires, puisqu’elle doit renfermer les plans en relief des principaux sièges entrepris par le dompteur des Gaules, avec les originaux ou fac-similé des armes, des machines, des engins destructeurs qui y furent employés. Quel nom donner à cette salle ? Salle de César ou salle de l’Empereur ? Le nom du héros que l’on restitue ou de l’historien qui l’a restitué ? Mais le musée tout entier n’est-il pas l’œuvre du souverain qui a éclairé les origines de notre histoire et prouvé sans réplique que, si nous fûmes vaincus un jour, nous le fûmes moins par César que par la civilisation ?
Tel est le château de François Ier. Pour fonder le musée gallo-romain, il n’a pas fallu seulement rassembler une collection, il a fallu créer une science. Cette science nous livre aujourd’hui une partie de ses secrets. Elle sera l’honneur du règne actuel aux yeux de l’érudition future et l’on citera le musée impérial de Saint-Germain tant que vivront l’amour de la France et l’amour des études historiques.
Ph. Brasne »

Description des nouvelles salles du musée de Saint-Germain-en-Laye

« Le musée gallo-romain au château de Saint-Germain
Sous l’active et savante direction de M. Alexandre Bertrand, le musée de Saint-Germain se complète et s’agrandit tous les jours. Non seulement les vitrines se remplissent de nombreux et curieux objets, mais encore des salles nouvelles s’ouvrent successivement à de brefs délais.
Depuis le 1er juin, le public est admis à visiter une salle de l’entresol, dans laquelle se trouve réunie une belle et longue série de statues, bas-reliefs et inscriptions fournissant les plus précieux renseignements sur la Gaule.
Au milieu de la salle, se dresse la statue du soldat gaulois du musée Calvet, d’Avignon.
Derrière se voient les bas-reliefs d’Entremont, près d’Aix-en-Provence, avec des têtes coupées et le cheval gaulois. Ce sont là peut-être les plus anciens monuments d’art de nos pères.
Puis viennent de nombreux petits autels votifs qui nous apprennent une mythologie toute spéciale. Ils nous révèlent une série de divinités locales, Luhé, Léheven, Sex Aubon, etc., dont nous n’avons jamais entendu parler au collège. Pourtant, toutes ces divinités avaient leur culte, et parfois l’autel porte dans son sein un tronc pour recevoir les offrandes. Une autre particularité fort intéressante, c’est de voir une espèce de croix gravée sur la face d’un certain nombre de ces autels, qui pourtant sont étrangers et antérieurs au christianisme.
Plus loin, dans le couloir le long des fenêtres, sont des pierres tombales qui nous montrent que, chez les Gaulois, les corps de métier étaient constitués en corporations. On voit là le constructeur avec le ciseau, le marteau, la truelle, la hache et la scie ; le verrier armé de son creuset et d’une grande pince ; le débitant de boisson servant à boire, etc.
A la suite de ces pierres tombales, il en est quelques autres qui reproduisent le costume national. Les personnages représentés ont tous le torque, ou collier torse au cou. Le vêtement d’en bas est plus ou moins collant. Le haut du corps est recouvert d’une espèce de tunique assez courte, fermant sur le côté. Puis vient le manteau jeté sur l’épaule.
Ce sont aussi des pierres tombales qui nous fournissent tous les détails du costume militaire sous la domination romaine : on voit l’auxiliaire gaulois à cheval et le soldat engagé dans les légions.
Au 15 août, s’ouvriront deux nouvelles salles faisant suite à la précédente
Dans la première, dont l’Empereur a fait les frais, sont provisoirement réunies toutes les pièces qui concernent la conquête des Gaules par César. C’est comme le musée démonstratif du livre de l’Empereur.
Le centre de la pièce est occupé par un magnifique plan en relief d’Alise, à l’échelle exacte de cinq décimètres par kilomètre, œuvre de M. Abel Maître, l’habile chef des ateliers de moulage et de réparation du musée. On peut, sur ce plan, suivre toutes les phases de la lutte suprême des Gaulois contre les Romains.
Les armes et monnaies trouvées à Alise sont étalées autour du plan et prouvent jusqu’à l’évidence que l’Alesia de César est bien Alise-Sainte-Reine de Bourgogne.
De petits modèles des défenses du camp de César, des attaques des places fortes et des machines de guerre, des vitrines contenant les diplômes militaires gravés sur bronze et des projectiles en plomb, des cadres renfermant tous les détails des armes offensives et défensives, des restitutions d’armes anciennes, péplum et javelot avec l’amentum, initient le visiteur à tous les détails de l’art militaire, initiation complétée et confirmée par une série choisie des bas-reliefs de la colonne Trajane.
Il reste encore à citer dans cette salle une vitrine contenant le produit des fouilles du Puy-d’Issolut, que l’on croit être Urelodunum ; du Mont-Beuvery, où l’on place Bibracte ; de l’oppidum gaulois de Meurccint.
La seconde salle, ouverte au 15 août, vient à la suite de celle de César, ou de la Conquête. Elle contient des collections toutes différentes. Elle est consacrée à l’histoire naturelle appliquée à l’archéologie. On verra là les plantes et les animaux qui ont accompagné l’homme à chaque époque ; les pierres et les minéraux qui, aux divers âges, ont alimenté son industrie. Des crânes et squelettes provenant de stations et tombes diverses nous feront connaître les populations qui ont successivement occupé le sol de la France.
Ces collections ne font que commencer, mais elles peuvent et doivent prendre un grand et utile développement, qui les mettra bientôt au niveau de toutes celles que contient le musée, établissement qui, quoique jeune encore, nous est déjà envié par les nations étrangères.
Gabriel de Mortillet »

Appel en faveur de la création d’un musée au château de Saint-Germain-en-Laye

« Le château de Saint-Germain-en-Laye
Projet de musée
Au moment où toutes les vues et les espérances sont, dans notre localité, tournées vers la future destination de notre vieux château, nous croyons être agréables à nos lecteurs en reproduisant l’article suivant, que nous empruntons au numéro du mardi 3 novembre du Moniteur du Calvados.
Saint-Germain-en-Laye est une petite ville connue de toute la France. Attirés à Paris par leurs intérêts ou leurs plaisirs, les voyageurs s’y rendent en foule pour y goûter le charme d’une promenade en forêt et jouir du splendide panorama qui se déroule de sa Terrasse.
En 93, le marteau des démolisseurs a renversé le château dont cette terrasse était une dépendance ; un autre château, déchu de ses splendeurs, a été respecté, grâce à son dénûment.
Elevé de plusieurs étages, entouré d’un fossé en maçonnerie, et flanqué de cinq gros pavillons, le château qui subsiste est un massif considérable, presque entièrement construit en briques noircies par le temps. Aucune toiture ne le surmonte ; aucune ornementation extérieure ne rompt la monotonie de ses lignes, si ce n’est un interminable balcon, reposant sur des supports en fer. Sa structure froide et lourde inspire la tristesse. Lorsque la nuit l’enveloppe, son apparence est fantastique. Toutefois, malgré son étrange aspect, on est généralement d’accord pour admettre qu’au point de vue de l’histoire et de la science archéologique, cet édifice est digne de conservation.
Certes, il serait fort dispendieux de lui donner intérieurement un éclat capable de le faire rivaliser avec le palais de Versailles où le château de Fontainebleau. C’est ce que la ville de Saint-Germain comprend parfaitement bien ; aussi son ambition se bornerait-elle à y voir fonder un musée à peu de frais.
Depuis de nombreuses années, le château de Saint-Germain avait reçu une affectation qui le déshonorait : on l’avait converti en pénitencier pour l’armée. Le pénitencier a récemment disparu. Il reste à découvrir maintenant le procédé le plus propre à rendre une existence quelconque à ce vieux manoir, érigé sous François Ier et délaissé, après de grandes dépenses, par Louis XIV, dont la vue de Saint-Denis, tombeau des rois de France, y troublait, dit-on, les plaisirs.
Un musée créé à Saint-Germain serait, il est vrai, un digne pendant du musée de Versailles. Cette question est devenue fort embarrassante quand on a voulu, sinon la résoudre, du moins l’examiner. Un musée ! Mais que de salles à remplir ! Et comment ? Faudrait-il dépouiller Paris ? … Ne conviendrait-il pas mieux d’improviser une collection ? ...
Ecartons le côté financier de l’œuvre : les moyens de l’accomplir ne manqueront pas toujours… La transformation du château de Saint-Germain en musée ajouterait un titre de plus à la gloire de la France ; et, sans nous laisser toucher par des considérations d’un ordre secondaire, nous allons rapidement exposer deux projets de cette nature, qui nous paraissent d’une réalisation praticable.
Le musée de la Marine étouffe dans les petits salons du Louvre ; faute d’espace pour les y classer, que de choses d’une haute importance dépérissent dans nos ports ! Si le château de Saint-Germain s’ouvrait à une collection de ce genre, elle deviendrait immense. On la verrait promptement s’enrichir d’une infinité d’objets intéressants, précieux, possédés soit par des localités qui seraient heureuses de les offrir, soit par des familles qui seraient fières d’en faire hommage à l’Etat. Il y aurait là un abri pour ces antiques troncs d’arbres creusés par les Celtes et trouvés, à de rares intervalles, enfouis dans le sable de nos rivières.
On y déposerait, si Rochefort les garde encore, le somptueux canot impérial de 1808 et la modeste embarcation sur laquelle Napoléon Ier se rendit à l’ile d’Aix en 1815. Les sauvageries, les curiosités maritimes y afflueraient de toutes les parties du monde et grossiraient démesurément celles que le Louvre peut renfermer déjà. Les noms de nos hommes de mer s’y livreraient à chaque pas, au milieu de débris et de trophées, et ces noms illustres y résumeraient glorieusement l’histoire de la marine française.
Nous avons visité une grande quantité d’arsenaux et, nombre de fois, le musée d’Artillerie situé place Saint-Thomas-d’Aquin à Paris ; nulle part nous n’avons pu étudier méthodiquement, siècle par siècle, l’histoire du perfectionnement des armes de guerre et de l’équipement complet des troupes. Le château de Saint-Germain ne pourrait-il pas servir à combler une lacune qui engendre les plus singuliers anachronismes dans la peinture moderne ?
Un peintre d’histoire, fort peu archéologie, s’éprend d’un amour plein d’enthousiasme pour la forme d’un casque ancien. A-t-il à reproduire la bataille de Pavie, les arquebusiers du XVIe siècle sont affublés d’un couvre-chef qui remonte aux croisades ! Nous voudrions trouver nos fastes guerriers représentés à Saint-Germain par des figures en pied, artistement moulées, fidèlement revêtues des costumes et des armes offensives et défensives de toutes les époques.
Des salles spéciales appartiendraient à chaque période, et, au seuil de ces salles, tendues d’oriflammes, de bannières, de drapeaux, et renfermant de plus ce que l’on réunirait d’objets complémentaires, imités ou du temps, on lirait des noms tels que ceux-ci : Vercingétorix, Clovis, Charles-Martel, Charlemagne, saint Louis, Godefroy de Bouillon, Guillaume le Conquérant, Jeanne d’Arc, Duguesclin, Henri IV, Turenne, Condé, Masséna et Napoléon.
La sévérité du monument, lequel ressemble plus à une forteresse qu’à une demeure princière ; sa simplicité intérieure, qu’il serait utile de respecter : tout, dans le château de Saint-Germain, serait en harmonie avec un musée de la France militaire, où se déroulerait l’histoire des armes et du costume du soldat, depuis le Gallo-Celte, armé de la fronde et de la flèche à pointe de silex, jusqu’au vétéran de l’Empire, bronzé par cent batailles.
Nous n’avons fait qu’esquisser notre pensée, laissant à de plus compétents le soin de la développer, ou d’indiquer une meilleure destination à donner à l’édifice qu’il s’agit de remettre en honneur.
Félix Doinet »

Annonce de l’inauguration du musée gallo-romain à Saint-Germain-en-Laye

« Inauguration du musée impérial
Le maire aux habitants
Mes chers concitoyens,
Grâce à la haute sollicitude de l’Empereur pour tout ce qui touche aux développements de l’esprit humain, Saint-Germain a vu renaître pour son vieux château les temps de sa splendeur passée.
Les tristes cellules d’un pénitencier ont fait place à un musée consacré aux monuments les plus antiques qui soient sortis de la main des hommes, et un nouveau champ d’étude, jusqu’ici inexploré, a été ouvert à la science.
La création du musée de Saint-Germain est pour le pays tout entier une œuvre nationale ; pour la ville, à laquelle elle a assuré la conservation d’un monument si intimement lié aux souverains de l’histoire, cette création est un bienfait dont elle ne saurait se monter trop reconnaissante.
Le jour fixé par Sa Majesté pour venir apprécier par elle-même le résultat des travaux dont Elle a suivi l’exécution avec une constante sollicitude est le dimanche 12 mai.
L’administration municipale a considéré comme un désir de solenniser un jour dont le souvenir doit vivre à jamais dans les annales de la cité.
Elle espère que les habitants seront heureux de l’occasion qui leur est offerte de témoigner avec elle à l’Empereur leur gratitude pour son bienfait, et pour la gracieuse visite dont il daigner les honorer.
Vive l’Empereur !
Le maire, chevalier de la Légion d’honneur
De Breuvery

Programme de la fête
La fête sera annoncée la veille et le jour par des salves d’artillerie
Le dimanche 12 mai, à sept heures du matin, distribution extraordinaire de secours aux indigents, par les soins de MM. les administrateurs et de MM. les commissaires adjoints du bureau de bienfaisance.
A deux heures, cérémonie officielle de l’inauguration du musée, pendant laquelle la musique municipale exécutera, sur la place du Château, des morceaux d’harmonie. Des salves d’artillerie annonceront le commencement et la fin de cette cérémonie.
A sept heures et demie du soir, au kiosque lumineux établi sur l’esplanade du château, concert par la musique, sous la direction de M. Allard.
A neuf heures et demie, bal gratuit sous la tente Choteau, rue Grande-Fontaine.
Les édifices publics seront illuminés. Les habitants sont invités à pavoiser et à illuminer la façade de leurs maisons.
Chemin de fer (gare Saint-Lazare), trains directs et supplémentaires. Dernier départ à onze heures du soir.
A l’hôtel de ville, le 9 mai 1867.
Le maire, chevalier de la Légion d’honneur
De Breuvery

[…]
Les préparatifs pour la réception de l’Empereur et pour la fête civique dont elle sera l’occasion se poussent avec activité sous la direction intelligente de l’architecte de la ville, M. Fauval. La cérémonie aura encore plus d’éclat qu’on ne l’avait d’abord pensé ; car par suite d’une dépêche reçue jeudi soir de la Préfecture, le cortège sera augmenté de la présence des maires, des compagnies de pompiers et des députations des médaillés de Sainte-Hélène de toutes les communes du canton de Saint-Germain.
Le kiosque lumineux dont il est parlé au programme, et qui sera occupé par la très bonne musique civile sous la direction de M. Carlos Allard, sera établi, pour le concert du soir, sur l’esplanade du château, au pied de l’aile restaurée consacrée au musée et fera face au parterre, et par conséquent au feu d’artifice de Ruggieri placé en avant de la grille de l’avenue des Loges. Après les dernières notes du concert, le public, sans déplacement, sans encombrement, n’aura donc qu’à faire volte face pour assister à ces brillants effets pyrotechniques, si chers à la foule.
Enfin, nous apprenons qu’en dehors du programme officiel, et en outre du bal gratis donné à la salle de la rue Grande-Fontaine, la direction du bal de Tivoli a été autorisée à élever sa belle tente à sa place habituelle sous les quinconces du parterre ; la nuit n’aura donc rien à envier à la splendeur, à l’animation et à l’entrain de la journée. »

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