Affichage de 12618 résultats

Description archivistique
Aperçu avant impression Affichage :

7017 résultats avec objets numériques Afficher les résultats avec des objets numériques

Lettre de Madame palatine, duchesse douairière d’Orléans, concernant la mort de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Je vous écris le cœur bien troublé, et j’ai pleuré hier toute la matinée. La bonne et pieuse reine d’Angleterre est morte hier matin à Saint Germain, à sept heures. Assurément elle doit être au ciel. Elle ne gardait pas un liard pour elle, et donnait tout aux pauvres ; elle faisait vivre des familles entières ; elle n’a jamais tenu un propos méchant sur qui que ce soit, et si l’on se mettait à l’entretenir sur le chapitre du prochain, elle disait : « Si c’est du mal de quelqu’un, je vous prie, ne le dites pas ». Elle a soutenu ses malheurs avec une résignation parfaite ; elle était polie et agréable, quoique bien loin d’être belle ; elle était toujours gaie et faisait constamment l’éloge de notre princesse de Galles. Je l’aimais beaucoup ; sa mort me serre le cœur. »

Lettre de Louis XV à son petit-fils, l’infant Ferdinand de Parme, mentionnant une chasse à Saint-Germain-en-Laye

« A Versailles, ce 19 février 1770
Mon cher petit fils,
Je vous remercie du détail que vous me faites de vos Rois. Je vais tout à l’heure à la chasse à Saint Germain, par un assez grand vent, mais pas comparable à celui qu’il faisait hier.
Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher petit fils.
Louis »

Récit de l’assemblée réglant la régence tenue par Louis XIII dans sa chambre à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 313] L’assamblée faite à Saint Germain de la Reine, des princes du sang, des ministres de Sa Majesté, du parlement et des autres principaux officiers de ce royaume le 20 d’avril 1643 pour entendre la declaration de Sa Majesté sur le gouvernement de ses estats
Que Dieu aime la France et qu’il lui donne de preuves certaines de sa protection continuelle ! La guerre, qui n’a servi jusques ici qu’à matter ses ennemis, lui a esté partout avantageuse. Si elle doit perdre un ministre, sa mort n’arrive qu’au bout d’une glorieuse campagne, afin que dans l’intervalle d’une autre elle se puisse mieux accoustumer au changement par lequel cette perte se trouve heureusement reparée. Mais il n’y a rien [p. 314] dont cet Estat soit plus redevable à Dieu que de lui avoir donné un si bon Roy et qui aime tant ses peuples qu’il ne se contente pas d’avoir prodigué sa santé pour leur defense et pour la dignité de sa couronne : imitant la providence divine, il porte ses soins jusques dans l’avenir pour lui establir un repos asseuré et une fermeté qui ne puisse jamais estre ebranlée. […]
[p. 318] Le vingtiesme de ce mois d’avril 1643, sur les deux heures apres midy, le Roy estant dans son chasteau neuf de Saint Germain en Laye, fit assambler dans sa chambre, en presence de la Reine, des Enfans de France, de Monsieur son frere, du prince de Condé, tous les ducs et pairs, mareschaux de France et autres officiers de la Couronne et principaux seigneurs qui se trouverent lors à la Cour, en fort grand nombre, entre lesquels estoyent le cardinal Mazarin, le chancelier de France, le surintendant des Finances et le sieur de Chavigni, secretaire d’Estat, devant tous lesquels le sieur de La Vrilliere, aussi secretaire d’Estat, fit lecture, par commandement de Sa Majesté, de sa declaration par laquelle le Roy declare qu’à l’exemple des bons rois ses predecesseurs, qui avoyent aimé l’Estat, et estant travaillé depuis longtemps de plusieurs incommoditez [p. 319] et presentement d’une fascheuse maladie, desirant pourvoir à la seureté, bien et repos de son Estat, il entend que lorsqu’il aura pleu à Dieu disposer de lui, la Reine soit regente de ses royaumes pendant la minorité de monseigneur le Dauphin, que sous son authorité Monsieur, frere unique de Sa Majesté, soit lieutenant general du Roy, mineur, en toutes les provinces de sesdits royaumes et chef du Conseil, et le prince de Condé, le cardinal Mazarin, le chancelier de France, le surintendant des Finances et ledit sieur de Chavigni, ministres d’Estat, pour tenir avec la Reine et Monsieur ledit Conseil, duquel en l’absence de Monsieur seront chefs lesdits prince de Condé et cardinal Mazarin. Ce sont là les points principaux de cette declaration, dont vous aurez cy apres le detail.
Le Roy la fit signer ensuite à la Reine et à Monsieur, et les fit jurer d’entretenir et observer le contenu en icelle.
Puis le Parlement, qui avoit esté mandé le jour precedent et estoit representé par le premier president, les presidens au mortier et deux conseillers de chacune chambre avec les gens du Roy, entra dans ladite chambre de Sa Majesté, qui lui fit entendre qu’elle avoit fait cette declaration et donna charge à Monsieur, au prince de Condé et audit chancelier [p. 320] d’entrer le lendemain 21 dans son parlement et la faire enregistrer, comme elle le fut hier. »

Mention de la réception par le roi du prince de Condé et du duc d’Enghien à Saint-Germain-en-Laye

« De Paris, le 3 novembre 1674
[…]
Les trois armées confederées de l’Empereur, du roy d’Espagne et des Hollandois ayant esté obligées de se retirer sans executer aucun de leurs projets, dont ils avoyent pris soin d’instruire toute l’Europe, qui scait presentement tous leurs desavantages, le prince de Condé et le duc d’Enguyen partirent de Tournay, apres une campagne glorieuse, dont vous avez sceu le detail, et ils arriverent hier 2e de novembre à Saint Germain, où Sa Majesté donna des temoignages tres particuliers de son estime, de son amitié et de la satisfaction qu’Elle a de leur conduite et des services importans qu’ils lui ont rendus à la teste de son armée de Flandres. »

Récit de la revue de la garde nationale sur la Terrasse de Saint-Germain-en-Laye

« Malgré la pluie froide qui, à plusieurs reprises, n’a cessé de tomber pendant la journée de dimanche 2 novembre, la revue indiquée des trois bataillons de la garde nationale de Saint-Germain a eu lieu sur la Terrasse, en présence d’un concours nombreux de spectateurs, venus là, non pour jouir du plaisir de la promenade, mais bien pour connaître leur compatriote, M. le général Magnan, que la garde nationale de Saint-Germain possédait encore dans ses rangs, comme simple garde, quelque temps après la révolution de 1830. Aussi cette circonstance, que M. le commandant en chef de l’armée de Paris n’avait pas oubliée et qu’il aime au contraire à se rappeler, lui a-t-elle fourni l’occasion d’adresser des paroles bienveillantes et même amicales à plusieurs gardes nationaux qu’il reconnut sous les armes, et auxquels il rappela quelques particularités de cette époque de sa vie où, rentré pour un moment dans la vie civile, il attendait patiemment son rappel dans l’armée avec le grade de colonel, et plus tard celui de général de brigade, récompense due au courage qu’en maintes occasions il a su déployer, car parti jeune, comme simple soldat engagé volontaire, M. le général Magnan ne doit qu’à son épée la position élevée qu’il occupe aujourd’hui.
Arrivées sur le terrain à deux heures, les autorités ont aussitôt passé à pied la revue de toutes les gardes nationales, qui se trouvaient rangées en bataille, puis ensuite M. le général Magnan est monté à cheval et, accompagné de ses aides de camp, suivis de quelques hommes de l’escadron des Guides, a passé en revue le 12e régiment de Dragons, formant la garnison de la ville. Immédiatement après, le défilé a commencé, et chacun rentrait chez soi, à 4 heures du soir, après une journée bien employée. »

Récit d’une chasse impériale dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« Mardi dernier, une nouvelle chasse à courre, sans incident particulier, et dirigée par le prince Edgard Ney, accompagné de MM. le baron Lambert, de Mouchy, de Noailles et autres notabilités, a eu lieu dans la forêt de Saint-Germain. Partis de la Vénerie à onze heures et demie, les équipages de Sa Majesté se sont rendus au pavillon de la Muette, lieu désigné pour le rendez-vous, et, vers midi et demi, l’attaque commençait dans les petites routes du côté de l’accul de Fromainville. Poursuivi par vingt-huit chiens, le cerf, après avoir passé au pont de l’Ambassadeur, est venu à plusieurs reprises du côté de la Faisanderie, derrière les Loges, à la croix de Noailles, au chêne de Bon-Secours, à la mare aux Cannes, dont il fit deux fois le tour sans y entrer, car elle était entourée d’une affluence considérable de curieux, et de là à l’accul de Carrières. Faisant aussitôt un contre-pied, l’animal, dont une partie des chiens avait alors perdu la trace, traversa de nouveau la route des Loges, se rendit à l’accul de Poissy, revint sur ses pages, passa encore une fois au chêne de Bon-Secours, à la mare aux Cannes, à la Place Verte, puis enfin à la vente du Buisson Richard, au-dessus du Val, près de la porte donnant sur la plaine, où il fut forcé et tué vers 5 heures, après une course qui n’avait pas duré moins de quatre, sans discontinuer. Favorisée par un assez beau temps, pas trop froid, cette chasse, qui a été suivie par beaucoup de promeneurs à pied, à cheval et en voiture, a pu être vue facilement aux différents points que nous venons de désigner. »

Récit d’un passage du couple impérial à Saint-Germain-en-Laye

« Jeudi dernier, Saint-Germain a joui, pendant quelques minutes, de la présence de MM. MM. l’Empereur et l’Impératrice. Arrivées de Saint-Cloud vers cinq heures du soir, pour se rendre en forêt, au pavillon de la Muette, où un dîner à leur intention avait été préparé dans la journée, Leurs Majestés ont traversé, presque sans escorte et précédées seulement de quelques piqueurs, la place Royale, le Boulingrin, le Parterre, et ont relayé au rond des fleurs de notre belle Terrasse. Les chevaux et les équipages, sortis de la Vénerie une heure avant, ayant entraîné à leur suite quelques promeneurs, une foule assez compacte, grossissant d’instant en instant, environnait les voitures au moment du relai, et a témoigné de sa joie par les cris répétés de : Vive l’Empereur ! vive l’Impératrice !
Vers 10 heures du soir et après le dîner, pendant le durée duquel la musique des Guides a donné un charmant concert que l’écho de la forêt répétait au loin, Leurs Majestés sont revenues par la même route et se sont arrêtées de nouveau pour relayer au même lieu, où les attendait une foule plus considérable encore qu’à leur arrivée, qui les a saluées des mêmes acclamations.
Aussi était-ce une véritable fête pour notre ville, peu habituée maintenant à ces visites, et qui, pour la première fois, possédait alors l’Empereur et l’Impératrice. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Le même jour, il y a eu chasse dans notre belle forêt. LL. MM. l’Empereur et l’Impératrice y assistaient avec leur suite. Aussitôt leur arrivée au pavillon de La Muette, lieu du rendez-vous, l’attaque a commencé dans une partie de bois non loin de là ; il pouvait être trois heures et demie, et, à sept heures et demie du soir, la chasse finissait sans aucun résultat. Parmi les personnes de la suite de Leurs Majestés, on remarquait la présence de madame de Pierre, qui était à cheval en amazone, et a suivi la chasse pendant assez longtemps. »

Récit d’une visite de l’empereur au pénitencier de Saint-Germain-en-Laye

« Hier vendredi, Sa Majesté est venue incognito à Saint-Germain vers trois heures et demie. L’Empereur était accompagné seulement de M. le général de Kote, de M. le colonel Fleury et du commandant Excelmans, ses aides-de-camp. Après avoir visité avec beaucoup de soin tout le casernement, il s’est rendu chez madame d’Hauteville, dont il a aussi examiné la propriété, située place Impériale, au coin du Boulingrin. En sortant de là, Sa Majesté est montée en voiture et, sans y être attendue, Elle est allée au pénitencier militaire, où Elle a parcouru dans tous les détails les cellules, les réfectoires, la chapelle et les appartements de Jacques II.
Après cette visite, l’Empereur a fait descendre dans la cour les détenus, qui se sont présentés avec leurs effets de travail ; puis il a passé devant eux. L’enthousiasme chez les hommes était à son comble. Il a accordé la croix de la Légion d’honneur à M. Collas, sergent major déjà médaillé, la médaille militaire à M. Ginier, vieux sous-officier de 21 ans de service qui vient d’être frappé d’une paralysie, un bureau de tabac à madame veuve Allemand, sœur du lieutenant directeur des ateliers, M. Jannier, restée veuve sans fortune avec trois enfants, son mari étant mort en activité au bout de 29 ans et 11 mois de service ; enfin, Sa Majesté a accordé quantité de grâces et de réductions de peines aux détenus en plus de celles proposées pour le 15 août.
Les autorités, prévenues seulement de cette visite inattendue, se sont rendues immédiatement à la rencontre de l’Empereur, et l’ont accompagné jusqu’à son départ de la ville pour Saint-Cloud, aux cris de Vive l’Empereur ! partout répétés sur son passage par la foule compacte grossissant à chaque instant. Il était cinq heures quand Sa Majesté a quitté Saint-Germain. »

Mention de la suppression du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye

« Au moment où nous venons, pour la seconde fois, de nous faire l’interprète des vœux de la cité tout entière pour la translation, hors du château de Saint-Germain, du pénitencier militaire, et pour une destination plus convenable et plus en rapport avec les intérêts des habitants, nous apprenons que cette mesure désirée vient de recevoir son exécution ; une grande partie des détenus sera transférée en Algérie, le reste sera dirigé, avec une partie du personnel, sur le pénitencier de Besançon ; les différents départs devront avoir lieu successivement, dans le courant du mois prochain, et le château, débarrassé et complètement évacué pour l’époque de la fête de l’Empereur.
Nous n’avons encore rien de très positif sur la nouvelle destination du château. Plusieurs bruits contre lesquels le public fera bien de se mettre en garde, jusqu’à plus ample information, circulent déjà à ce sujet ; nous aurons soin de tenir nos lecteurs au courant de ce que nous pourrons apprendre d’authentique.
Toujours est-il que la mesure est adoptée et que, si, dans les vieux temps de la monarchie, quand on exprimait un vœu, on disait avec espérance : Si le Roi le savait ! on peut maintenant, à propos de toute amélioration, dire, avec confiance : L’Empereur le sait ! »

Mention de travaux en cours dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« M. l’abbé Codant, ancien aumônier du pénitencier, vient d’être nommé chapelain du château de Saint-Germain, rentré dans les attributions de la Couronne. On s’occupe déjà de la restauration de la chapelle, dont on a retrouvé l’ancien sol à une certaine profondeur. Les bâtiments qui avaient été élevés au-dessus de la chapelle vont faire place à une toiture rappelant l’ancien style et enrichie d’ornements et de dorures dans le genre de celles de la Sainte-Chapelle de Paris. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Les chasses de la vénerie de l’Empereur se continuent régulièrement tous les cinq jours. Elles sont seulement reculées d’un jour quand elles tombent un dimanche. Celle d’avant-hier jeudi a été des plus remarquables. Deux cerfs ont été lancés. Après la prise du premier, qui a eu lieu promptement, les chiens ont mis debout un vénérable dix-corps, qui, effrayé par la foule qui l’attendait à la croix de Noailles, a fait un crochet pour rabattre vers les Loges. Arrivé au pied des murs de la Maison impériale, l’animal a franchi le fossé, puis, acculé contre le mur d’enceinte, il a opposé à ses ennemis une telle résistance que deux coups de carabine ont dû mettre fin à son agonie et aux dangers imminents que courait la brave meute. La curée a eu lieu sur place, et tous les assistants ont pu jouir de ce spectacle et admirer la taille et la force de ce noble vétéran de notre forêt. Les veneurs se sont séparés au bruit des fanfares du triomphe, en se donnant rendez-vous pour mardi prochain. »

Mention du don à la ville de Saint-Germain-en-Laye d’anciennes clefs des deux châteaux

« M. Cheron aîné, entrepreneur des travaux de la ville, a fait, ces jours derniers, hommage d’une collection curieuse et authentique des clés provenant des châteaux vieux et neuf, ainsi que des portes de la ville, à M. de Breuvery, maire, qui, en acceptant ce don au nom de la ville, les a fait, après avoir exprimé toute sa gratitude au donateur, déposer immédiatement à la bibliothèque publique. M. Cheron tenait, par héritage, ce précieux dépôt de son père, auquel il était échu par suite d’adjudication de matériaux de démolitions. »

Appel en faveur de la création d’un musée au château de Saint-Germain-en-Laye

« Le château de Saint-Germain-en-Laye
Projet de musée
Au moment où toutes les vues et les espérances sont, dans notre localité, tournées vers la future destination de notre vieux château, nous croyons être agréables à nos lecteurs en reproduisant l’article suivant, que nous empruntons au numéro du mardi 3 novembre du Moniteur du Calvados.
Saint-Germain-en-Laye est une petite ville connue de toute la France. Attirés à Paris par leurs intérêts ou leurs plaisirs, les voyageurs s’y rendent en foule pour y goûter le charme d’une promenade en forêt et jouir du splendide panorama qui se déroule de sa Terrasse.
En 93, le marteau des démolisseurs a renversé le château dont cette terrasse était une dépendance ; un autre château, déchu de ses splendeurs, a été respecté, grâce à son dénûment.
Elevé de plusieurs étages, entouré d’un fossé en maçonnerie, et flanqué de cinq gros pavillons, le château qui subsiste est un massif considérable, presque entièrement construit en briques noircies par le temps. Aucune toiture ne le surmonte ; aucune ornementation extérieure ne rompt la monotonie de ses lignes, si ce n’est un interminable balcon, reposant sur des supports en fer. Sa structure froide et lourde inspire la tristesse. Lorsque la nuit l’enveloppe, son apparence est fantastique. Toutefois, malgré son étrange aspect, on est généralement d’accord pour admettre qu’au point de vue de l’histoire et de la science archéologique, cet édifice est digne de conservation.
Certes, il serait fort dispendieux de lui donner intérieurement un éclat capable de le faire rivaliser avec le palais de Versailles où le château de Fontainebleau. C’est ce que la ville de Saint-Germain comprend parfaitement bien ; aussi son ambition se bornerait-elle à y voir fonder un musée à peu de frais.
Depuis de nombreuses années, le château de Saint-Germain avait reçu une affectation qui le déshonorait : on l’avait converti en pénitencier pour l’armée. Le pénitencier a récemment disparu. Il reste à découvrir maintenant le procédé le plus propre à rendre une existence quelconque à ce vieux manoir, érigé sous François Ier et délaissé, après de grandes dépenses, par Louis XIV, dont la vue de Saint-Denis, tombeau des rois de France, y troublait, dit-on, les plaisirs.
Un musée créé à Saint-Germain serait, il est vrai, un digne pendant du musée de Versailles. Cette question est devenue fort embarrassante quand on a voulu, sinon la résoudre, du moins l’examiner. Un musée ! Mais que de salles à remplir ! Et comment ? Faudrait-il dépouiller Paris ? … Ne conviendrait-il pas mieux d’improviser une collection ? ...
Ecartons le côté financier de l’œuvre : les moyens de l’accomplir ne manqueront pas toujours… La transformation du château de Saint-Germain en musée ajouterait un titre de plus à la gloire de la France ; et, sans nous laisser toucher par des considérations d’un ordre secondaire, nous allons rapidement exposer deux projets de cette nature, qui nous paraissent d’une réalisation praticable.
Le musée de la Marine étouffe dans les petits salons du Louvre ; faute d’espace pour les y classer, que de choses d’une haute importance dépérissent dans nos ports ! Si le château de Saint-Germain s’ouvrait à une collection de ce genre, elle deviendrait immense. On la verrait promptement s’enrichir d’une infinité d’objets intéressants, précieux, possédés soit par des localités qui seraient heureuses de les offrir, soit par des familles qui seraient fières d’en faire hommage à l’Etat. Il y aurait là un abri pour ces antiques troncs d’arbres creusés par les Celtes et trouvés, à de rares intervalles, enfouis dans le sable de nos rivières.
On y déposerait, si Rochefort les garde encore, le somptueux canot impérial de 1808 et la modeste embarcation sur laquelle Napoléon Ier se rendit à l’ile d’Aix en 1815. Les sauvageries, les curiosités maritimes y afflueraient de toutes les parties du monde et grossiraient démesurément celles que le Louvre peut renfermer déjà. Les noms de nos hommes de mer s’y livreraient à chaque pas, au milieu de débris et de trophées, et ces noms illustres y résumeraient glorieusement l’histoire de la marine française.
Nous avons visité une grande quantité d’arsenaux et, nombre de fois, le musée d’Artillerie situé place Saint-Thomas-d’Aquin à Paris ; nulle part nous n’avons pu étudier méthodiquement, siècle par siècle, l’histoire du perfectionnement des armes de guerre et de l’équipement complet des troupes. Le château de Saint-Germain ne pourrait-il pas servir à combler une lacune qui engendre les plus singuliers anachronismes dans la peinture moderne ?
Un peintre d’histoire, fort peu archéologie, s’éprend d’un amour plein d’enthousiasme pour la forme d’un casque ancien. A-t-il à reproduire la bataille de Pavie, les arquebusiers du XVIe siècle sont affublés d’un couvre-chef qui remonte aux croisades ! Nous voudrions trouver nos fastes guerriers représentés à Saint-Germain par des figures en pied, artistement moulées, fidèlement revêtues des costumes et des armes offensives et défensives de toutes les époques.
Des salles spéciales appartiendraient à chaque période, et, au seuil de ces salles, tendues d’oriflammes, de bannières, de drapeaux, et renfermant de plus ce que l’on réunirait d’objets complémentaires, imités ou du temps, on lirait des noms tels que ceux-ci : Vercingétorix, Clovis, Charles-Martel, Charlemagne, saint Louis, Godefroy de Bouillon, Guillaume le Conquérant, Jeanne d’Arc, Duguesclin, Henri IV, Turenne, Condé, Masséna et Napoléon.
La sévérité du monument, lequel ressemble plus à une forteresse qu’à une demeure princière ; sa simplicité intérieure, qu’il serait utile de respecter : tout, dans le château de Saint-Germain, serait en harmonie avec un musée de la France militaire, où se déroulerait l’histoire des armes et du costume du soldat, depuis le Gallo-Celte, armé de la fronde et de la flèche à pointe de silex, jusqu’au vétéran de l’Empire, bronzé par cent batailles.
Nous n’avons fait qu’esquisser notre pensée, laissant à de plus compétents le soin de la développer, ou d’indiquer une meilleure destination à donner à l’édifice qu’il s’agit de remettre en honneur.
Félix Doinet »

Mention de la prochaine arrivée des équipages de la vénerie impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Nous tenons de source certaine que les équipages de la vénerie impériale arriveront à Saint-Germain dès les premiers jours de janvier, et que, selon l’usage, les chasses à courre se succéderont, en forêt, de cinq jours en cinq jours, pendant une durée de six semaines ou deux mois. C’est une bonne fortune pour notre ville, qui n’a pas joui de cette faveur depuis plus de deux ans. Le journal le Sport dit, dans un de ses derniers numéros, que bon nombre d’amateurs distingués se prépare à assister à ces chasses, où, de temps à autre, on espère la prince de S. M. l’Empereur. »

Récit d’une chasse de l’empereur à Saint-Germain-en-Laye

« L’Empereur est venu, hier vendredi, chasser à tir dans la forêt de Saint-Germain. La chasse a commencé vers onze heures, après le déjeuner qui a eu lieu en plein air, sur l’emplacement de l’ancien fort Saint-Sébastien, et s’est prolongée jusqu’à près de quatre heures du soir. Parmi les personnes qui accompagnaient Sa Majesté et qui ont eu l’honneur de chasser avec elle, on remarquait Son Excellence M. Fould, ministre d’Etat, et M. le général Ney de la Moskowa.
La première des chasses à courre, par les équipages de la vénerie impériale, est, à ce qu’il paraît, définitivement fixée à après-demain, lundi 17 janvier. A ce propos, nous croyons rendre service aux amateurs de la ville et des environs, et surtout à ceux de Paris qui ne voudraient pas amener leurs chevaux, en leur annonçant que M. Saulon a établi pour la saison des chasses, dans ses écuries de la rue de la Verrerie, n° 8, près le théâtre, un relai de jolis chevaux de chasse, aussi élégants que commodes et bien dressés, et dont le harnachement ne laisse rien à désirer aux sportmens les plus difficiles. On peut se faire inscrire à l’avance ou retenir son cheval dans l’intervalle d’une des chasses qui, comme on le sait, auront lieu tous les cinq jours. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« La première chasse de la vénerie, qu’on supposait et que nous avions annoncée devoir se faire lundi, a eu lieu mardi, dans des conditions atmosphériques des plus défavorables. Le vent d’ouragan qui régnait ne permettait pas d’entendre, à quelques mètres de distance, la voix des chiens et la troupe. Un gros de chasseurs et un relai de chiens sont restés longtemps à la Croix de Berry, n’ayant aucune nouvelle de la chasse, dont l’épisode le plus important se passait pourtant à peu de distance, et devant un petit nombre d’élus par le sort.
Le cerf, fort beau dix cors, nous a-t-on dit, qui avait été lancé aux environs de la Muette, lieu du rendez-vous, après avoir passé le chemin de fer de Rouen, est revenu, après quelques crochets, brisant le treillage, se précipiter dans la voie même, où, suivi par les chiens, il a été mis à mort après une heure de chasse tout au plus. Lorsque son corps eut été retiré d’entre les rails, on a fait la curée à quelque distance de l’endroit où avait eu lieu ce singulier hallali, au lieu dit le Belvéder.
Vers trois heures, on voyait rentrer en ville les veneurs, parmi lesquels nous avons remarqué, avec quelques intrépides amazones, M. le baron Lambert, lieutenant de vénerie, M. le marquis de la Tour Maubourg, qui dirigeaient la chasse ; M. Fouquier de Mazières, inspecteur des forêts de la Couronne et plusieurs autres personnes de distinction, dont les noms nous échappent. Si l’on s’en rapporte aux usages consacrés dans la vénerie, la seconde chasse aura lieu aujourd’hui même, ou après-demain lundi, le dimanche ne comptant jamais dans les cinq jours d’intervalle. »

Précisions sur la visite du prince Jérôme Bonaparte à Saint-Germain-en-Laye

« Plusieurs journaux de Paris ont rapporté ces jours derniers un fait concernant une visite dont S.A.I. le prince Jérôme aurait honoré tout récemment celle des institutions de la ville de Saint-Germain qui garde le précieux souvenir du séjour qu’y a fait, comme élève, Son Altesse pendant sa première jeunesse. Sans discuter l’authenticité de cette visite, il est nécessaire d’établir que cette institution est entièrement privée et ne relève en quoi que ce soit de la ville ou de la commune. On ne saurait donc lui attribuer, pas plus qu’à un autre établissement du même genre à Saint-Germain, le titre de Collège communal qui lui est donné dans l’article en question. Malheureusement, jusqu’à ce moment, notre ville ne possède encore aucun pensionnat placé sous le patronage de la ville ou subventionné par elle. L’établissement dont il est question, et qui figure avec honneur parmi les autres, est connu généralement sous le nom d’ancien collège de Saint-Germain attendu que, de 1811 à 1814, il avait été placé dans cette position, qui a cessé complètement d’exister depuis cette époque. (Communiqué)
Nous devons ajouter, afin de mettre nos confrères de la presse parisienne et ceux de la province qui, comme nous-mêmes, ont d’abord reproduit l’article parisien, en garde contre certains renseignements erronés, que le fait en question, si il a eu lieu, comme nous le croyons du reste, remonte à une date très éloignée, car le vieux concierge déjà très ancien dans la maison, ne savait ce qu’on voulait lui dire lorsqu’on vint à lui parler de la visite toute récente dont avait été honorée l’institution, et de la gratification qu’elle lui avait value. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Le lendemain samedi 12, l’équipage de la vénerie impériale chassait, comme nous l’avons déjà dit, dans la forêt de Saint-Germain. Le rendez-vous était aux Loges ; vers midi un quart, on lançait un premier cerf deuxième tête. L’animal, attaqué aux Brûlins, s’est fait prendre aux Petites-Routes, après quarante-cinq minutes de chasses ; puis on a lancé un autre cerf dix cors jeunement ; attaqué aux Petites-Routes, ce second cerf, qui, comme le premier, s’était trouvé seul au moment du lancer, a pris toute de suite une grande avance, et, pour la première fois passant par la nouvelle jonction des deux forêts, a fait un magnifique débuché dans celle de Marly, où il a été pris près de l’Etang-la-Ville, après trois heures quarante-cinq minutes de chasse. Il n’y a pas eu de curée à la suite de ces deux hallalis. Les veneurs et les amateurs étaient en très grand nombre ; on comptait au moins vingt personnes en costume officiel de vénerie, parmi lesquels nous citerons M. le comte de Nieuwerkerke, directeur des musées impériaux ; M. le général Fleury, premier écuyer de l’Empereur ; M. le marquis de Toulongeon, qui dirigeait la chasse ; M. le baron Lambert, et beaucoup d’autres personnes de distinction.
Un épisode assez curieux a marqué cette journée. En dehors des deux animaux de meute, un troisième cerf, suivi de quelques chiens et de deux ou trois veneurs, s’est fait chasser pendant trois heures et demie, et est venu se réfugier et se faire prendre par les chiens dans la chapelle actuellement en construction, à la maison impériale des Loges. Madame la supérieure, touchée de douleur de l’animal aux abois, a sollicité sa grâce, qui lui a été immédiatement accordée, et le pauvre cerf a pu regagner, du moins pour quelque temps encore, sa retraite sous les grands arbres de la foret. Il était cinq heures et demie lorsque les chasseurs, les amateurs et l’équipage rentraient en ville.
Avant-hier jeudi, le rendez-vous était à la Muette ; trois cerfs se sont trouvés sur pied ensemble. L’animal de meute, dont nous ne pourrons préciser l’âge exact, était un vieux et grand cerf, qui s’est fait battre dans toute la forêt et principalement aux environs des Loges. Sa dernière résistance, quand il a fait tête aux chiens, a été magnifique, et c’est n’est qu’en revenant plusieurs fois à la charge que la meute, au grand complet, a pu triompher de ses efforts suprêmes et énergiques. Après cet émouvant hallali, une fort belle curée s’est faite auprès de la mare aux Loges.
Les veneurs et les invités n’étaient peut-être pas en aussi grand nombre qu’à la chasse de samedi dernier, mais l’affluence des piétons était considérable à la marre aux Cannes, à la croix de Noailles et devant la maison des Loges. Le prince de la Moskowa, le marquis de Toulongeon, le baron Lambert, M. Fouquier de Mazières, inspecteur des forêts de la Couronne, assistaient à cette chasse qui, au dire de tous les vieux amateurs, a été admirablement menée, sous la direction de M. le général prince de la Moskowa, et était entièrement terminée vers trois heures et demie. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« L’Empereur est venu, hier vendredi, chasser à tir dans la forêt de Saint-Germain. Sa Majesté était accompagnée de S.A.R. le prince d’Orange, héritier présomptif de la couronne de Holland, de LL. EExc. MM. les maréchaux Magnan et Saint-Jean-d’Angély, du général Ney, prince de la Moscowa, du marquis de Toulongeon et du baron de Lange. La chasse a commencé dans les tirers de Garenne, à onze heure ; elle a été interrompue, vers midi, par un déjeuner dressé dans la forêt, sous une tente et sur l’emplacement de l’ancien fort Saint-Sébastien. La chasse a recommencé à une heure et a fini à quatre heures moins un quart.
L’Empereur était venu par Maisons, en calèche découverte conduite par des chevaux de sa poste particulière, et les voitures l’attendaient à la ferme de Garenne, dont Sa Majesté n’est partie qu’après avoir assisté à la reconnaissance du gibier. Enfin cette journée a été des plus brillants, et l’on parlait de près de sept cents faisans, de quinze chevreuils et d’une foule de lièvres et perdreaux. »

Mention de la nomination d’un conservateur du château de Saint-Germain-en-Laye

« Par suite d’une décision récente de Son Excellence le ministre d’Etat et de la Maison de l’Empereur, M. Ricateau, attaché déjà à plusieurs commissions savantes et d’intérêt public de notre localité, a été nommé conservateur du château impérial de Saint-Germain. On dispose en ce moment, pour ce nouveau fonctionnaire, les appartements de l’entresol des ailes de l’ouest et du sud, occupés précédemment par M. O’Connell, alors régisseur de cette même partie du domaine.
M. le général de Girardin, qui avait obtenu un congé de quelques mois, est attendu ces jours-ci au château, où il reprendra son domicile au premier étage des mêmes ailes.
Cette dernière nomination semble naturellement faire penser que le moment approche où notre vieux château recevra enfin une destination quelconque, puisqu’il a déjà un officier général pour commandant et un homme de lettres, connu par de sérieux antécédents, pour conservateur. M. Millet est toujours investi des fonctions d’architecte-régisseur. »

Mention d’une rumeur selon laquelle l’empereur aurait décidé d’installer un musée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Le même journal [le Journal de Seine-et-Oise], en parlant des projets de restauration très prochaine de notre château impérial, et après avoir bien voulu citer un article de l’Industriel à ce propos, ajoute :
« On lit, sur ce sujet, dans l’Indépendance belge :
« Il est question de restaurer le château de Saint-Germain-en-Laye. L’Empereur songe à lui donner une destination spéciale. Il s’agirait, dit-on, d’y établir une espèce de musée historique, avec des costumes dans le genre de ce qui existe à la Tour de Londres. Déjà le conseil municipal de Saint-Germain avait émis un vœu dans ce sens. » »
Nous acceptons de tout cœur les vœux et les espérances qui se traduisent dans les dires de tant d’organes de la presse. Seulement, pour rendre à César ce qui appartient à César, il est de notre impartialité d’établir que, malgré le vif désir que nous savons avoir été exprimé individuellement par tous les membres qui se sont succédés depuis sept ans au conseil municipal de Saint-Germain, jamais un vœu spécial n’a été formé par ce corps municipal au sujet de la destination du château de Saint-Germain. Ce fut l’Industriel qui, d’après quelques documents fournis par un honorable habitant de Saint-Germain, autrefois membre de son édilité, a fait, dans ses colonnes, et plusieurs fois, allusion directe au projet émanant seul de la volonté impériale, et dont la réalisation affecterait cette résidence à l’installation d’un musée historique dans le genre de celui dont parle l’Indépendance.
Nous tenons trop à conserver la réputation qu’on a bien voulu nous faire de chercher à nous rendre l’organe de tout ce qui peut être utile à notre ville et au pays en général pour ne pas revendiquer hautement, non pas la priorité, mais au moins la publicité d’une pensée si grande et si digne du souverain à qui la France doit déjà de si grandes et si belles choses. »

Mention du début des travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« La visite de l’Empereur au château, le 17 février dernier, la mise immédiate à l’œuvre des ouvriers à l’intérieur et enfin le dernier décret inséré au Moniteur ne laissent plus de doutes sur la réalisation de l’heureuse nouvelle de la restauration et de la destination arrêtée du vieux monument. Cependant, la certitude du fait si désiré ne semble s’être vraiment établie que samedi matin, lorsque les premiers passants sur la place ont pu voir le commandement du travail des ouvriers, faisant tomber sous leurs manteaux ces grands murs de prison qui enserraient et attristaient tout le manoir. On eut dit que les plus anciens habitants voyaient pour la première fois leur vieux château sortant de ses fossés, avec ses mâchicoulis, ses étages inférieurs au style si sévère et si solide, et s’appuyant si fortement sur ces fossés, qui vont, dit-on, devenir de charmants jardins, comme autrefois ceux de la place de la Concorde, et dont le public ne sera plus séparé que par le parapet à hauteur d’appui, tel qu’il a toujours existé. Enfin, grâce à la chute de cet affreux mur d’enceinte, le souvenir de la prison s’efface pour laisser place à celui de l’antique demeure de Robert le Fort, de François Ier, de Louis XIV et mieux encore à l’espoir de le voir habité par l’étude et la science. Déjà leur prochaine prise de possession a rendu au vieux château l’air et la lumière, ces précieux apanages de la liberté, et bientôt comme nos soldats de France dans Constantine, la ville romaine d’Afrique, elles vont entrer aussi par la brèche nouvelle, mais plus pacifiquement ouverte par les travailleurs aux ordres de la science et du progrès civilisateur. »

Mention de la prochaine destruction du premier pavillon du château de Saint-Germain-en-Laye

« Il paraît, d’après des renseignement qui nous viennent de source authentique, que le projet de restauration du château de Saint-Germain, remis dans l’état exact où il se trouvait sous le règne de François Ier, serait non seulement parfaitement décidé, mais même en voie d’exécution très prochaine ; une somme de deux millions est, nous assure-t-on, affectée à ces travaux, qui devraient être complétés dans un délai de deux ans et commenceraient d’ici à très peu de jours par la démolition d’un des cinq gros pavillons construits par Louis XIV, celui qui fait angle, au nord-ouest, avec la place du Château et le parterre, où se trouvent les appartements occupés jadis par le roi Jacques II d’Angleterre, mais plus positivement et plus authentiquement dénommé pavillon de la Dauphine.
M. Rossignol, conservateur adjoint des Musées impériaux, détaché à Saint-Germain, habite notre ville depuis quelque temps déjà, et la Liste civile, en attendant qu’un logement convenable puisse être attribué à ce savant et haut fonctionnaire dans le château même, a fait, ces jours derniers, disposer et meubler son cabinet et ses bureaux au rez-de-chaussée, immédiatement au dessous de la salle de Mars, faisant suite à la galerie François Ier, à droite de la principale porte d’entrée. Déjà des objets précieux d’antiquités gallo-romaines arrivent chaque jour, et les armoires et vitrines destinées aux collections différentes vont être bientôt placées dans la salle de Mars, au premier étage. »

Récit d’une visite de l’empereur au château de Saint-Germain-en-Laye

« Visite de l’Empereur à Saint-Germain, errata.
En rendant de cette précieuse visite pour notre ville un compte d’autant plus consciencieux qu’il était puisé à des sources honorables et certaines, nous avons cependant, par suite de malentendus ou de mauvaise copie, commis quelques erreurs portant seulement sur les noms ou les titres des personnes qui accompagnaient Sa Majesté. C’étaient positivement MM. le général Mollard, de Gramont, écuyer de l’Empereur, et de Gricourt. M. Regnault, qui a pris la direction du train où se trouvait l’Empereur, et auquel par une erreur semblable à celles que nous venons de rectifier, nous avons donné le titre de chef de traction, est chef de mouvement à l’administration des chemins de fer de l’Ouest.
Nous avons dit aussi qu’au moment où l’Empereur sortait du château, nous avions remarqué qu’il recevait des placets ou pétitions. Nous donnons aujourd’hui un renseignement certain sur ce fait. Quand S. M. parut sous le porche, à l’entrée du pont, on vit s’avancer un vieillard à la tournure militaire qui lui remit un paquet de papiers qui, de l’endroit où nous nous trouvions, nous paru lié d’un ruban ou d’une faveur. Nous avons appris que celui qui le présentait à l’Empereur était M. de Berval, capitaine de gendarmerie en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, décoré de la médaille de Sainte-Hélène, ex-commandant de la gendarmerie des départements de la Haute-Loire, de l’Hérault, de la Vendée et de l’Aisne, ancien officier de Fleurus et de Waterloo. Le rouleau offert contenait une pièce de vers, un dessin fait à la plume et une lettre ; l’Empereur, nous dit le vieil officier lui-même, a bien voulu prendre le tout de ses mains avec cette bienveillance qui lui attire tous les cœurs, et la grâce mise à cette action a excité les applaudissements de la foule qui stationnait près du château, et où, à ce moment, ont redoublé les cris répétés de Vive l’Empereur !
Nous devons ajouter aussi que parmi les chefs de son service spécial, M. Millet, architecte du château, a trouvé l’occasion de présenter à S. M. notre concitoyen, M. Eugène Choret, attaché depuis plusieurs mois à la Maison de l’Empereur, en qualité d’inspecteur des travaux publics. »

Notes sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« La restauration du château de Saint-Germain-en-Laye, entreprise depuis l’année dernière, se poursuit activement. Déjà, le donjon, dernier vestige des additions faites par Charles V, réapparaît dégagé des bâtiments dont Mansart l’avait enveloppé il y aura bientôt deux siècles, et trois travées refaites dans le style de la Renaissance offrent du côté des jardins un échantillon de ce qui sera le monument quand il sera terminé.
Le château de Saint-Germain, en tant qu’édifice Renaissance, date de l’époque où la brique commençait à être employée comme enjolivement, aussi n’y figure-t-elle qu’en ligne ornementales, tandis que plus tard elle usurpe le principal rôle dans les constructions, ne laissant plus figurer la pierre qu’aux angles, aux voussoirs et aux refends, comme à la place Royale et à la mairie de Charenton.
L’étage en mâchicoulis qui domine l’escarpe et sert comme de soubassement aux appartements supérieurs a été transformé en galerie, sorte de chemin de ronde que soutient une série d’arceaux et qu’éclairent des ouvertures carrées. Sa partie supérieure forme une terrasse continue où s’ouvrent les fenêtres du premier étage.
Chacune des travées des étages supérieures est séparée par des éperons ouvrés en pilastres saillants et destinés à contrebuter les retombées de la voûte intérieure. Les fenêtres du premier étage sont de grandes baies cintrées ornées de filets en briques au tableau et surmontées d’un fronton angulaire accusé de la même façon. Ce premier étage est terminé par un entablement dont les ressauts sont également en briques et la frise en pierre. Au-dessus existe un étage en attique dont les baies cintrées s’ouvrent en retraite d’arcs de décharge. Plus haut, règne une balustrade de pierre dont les butées s’élevant à l’aplomb des pilastres servent de socles à des vases élégants ; à l’aplomb des fenêtres, les balustres sont alternés par des médaillons ouvrés portant en relief les uns la Salamandre, d’autres l’initiale de François Ier, et d’autres encore l’initiale de l’Empereur.
Au-dessus du donjon, qui malheureusement fait une assez triste figure, dominé qu’il est par les bâtiments voisins, au-dessus du donjon se dresse le beffroi, svelte colonnette annelée dont le chapiteau est surmonté d’un campanile. Du côté qui regarde la place, ce donjon est accosté par une tour ronde engagée, qui sert de cage d’escalier. Cette tour est ajourée au centre par une petite fenêtre aux saillies de briques, et des rosaces percées dans une sorte d’attique en éclairent le palier supérieur. Le tout est coiffé d’une calotte en section sphérique.
Les autres pavillons d’angle, bâtis sous Louis XIV, seront successivement démolis comme celui du donjon, et remplacés par des tours polygonales, afin de rendre aux quatre faces du château la pittoresque physionomie qu’il possédait avant d’avoir été dénaturé par la transformation de 1680.
La chapelle, une des plus curieuses parties du vieil édifice, sera débarrassée des placages qui la masquent d‘un côté, afin de lui restituer son style primitif. Cette chapelle, bâtie sous Louis IX, est par conséquent de la seconde moitié du XIIIe siècle. Ses baies, qui du côté de la cour ont conservé leur forme première, sont quadrilatères, mais divisées par un réseau de nervures qui y ferment des rosaces, des quatre-feuilles et des ogives, c’est une guipure pétrifiée ; chaque baie s’ouvre en retraite de hauts contreforts. A l’intérieure, cette petite église, malgré le ridicule mobilier qu’on lui a donné sous la Restauration, a conservé ses formes architecturales. La voûte en a été repeinte par Vouet.
Le musée gallo-romain, dont la création coïncide avec la restauration du château de Saint-Germain, est en voie de formation ; on l’installe provisoirement dans la salle des gardes et dans la galerie des fêtes, qui depuis porta le titre de salle de Mars et qu’on nomme maintenant galerie [p. 140] François Ier. Cette immense salle sera dallée avec toutes les anciennes mosaïques qu’on a pu recueillir.
Parmi les collections qui donneront à ce musée une valeur historique et artistique toute particulière, figurent celles déjà considérables d’armes et d’instruments domestiques en pierre et en bronze. A côté des objets trouvés en France, sera exposée la belle série d’objets analogues donnés à l’Empereur par le roi de Danemark, et qui offriront un point de comparaison très curieux du point de vue ethnologique.
En second lieu vient la collection de M. Boucher de Perthes, si connu par ses travaux archéologiques, puis les trouvailles faites dans les fouilles nombreuses opérées à diverses époques sur plusieurs points de la Gaule ; enfin, des pierres, des bijoux, des sceaux, des monnaies et des médailles formant une curieuse collection numismatique gallo-romaine ; des vases en verre, des statuettes en pierre et de bronze, des poteries, des briques, des spécimens de mortier peint ou à relief, pour décoration intérieure des habitations, aideront à mieux faire connaître les mœurs des premiers habitants de la vieille Gaule.
L’installation de ces collections dans la galerie de François Ier n’est que provisoire, il ne sera possible de s’occuper des aménagements définitifs que lorsque les travaux extérieurs seront terminés.
(Le Siècle) »

Résultats 1451 à 1500 sur 12618