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Millet, Eugène Construction et travaux Français
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Lettre concernant l’aménagement d’une citerne dans la cour du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 23 décembre 1864
Monsieur le Ministre,
Le château de Saint-Germain-en-Laye n’a pas de mode d’écoulement pour les eaux pluviales et la surface des bâtiments, des cours et des fossés dépasse cependant un hectare. Aujourd’hui, toutes les eaux pluviales se perdent dans les terres et, sur quelques points, dans des puisards assez mal disposés. Il résulte de ces fâcheuses dispositions une excessive humidité qui altère et pourrit toute la maçonnerie souterraine des fondations.
Le sol de la cour du château était jadis assurément au niveau des rues environnantes, mais, dans les villes, l’on exhausse sans cesse le pavage par des remaniements successifs et aujourd’hui cette cour se trouve en contrebas des voies publiques qui entourent le monument. De là impossibilité de rejeter nos eaux pluviales d’une façon simple directement et au-dehors.
Il existe dans les fossés plusieurs fosses d’aisances construites par le Génie militaire pour le service du pénitencier et qui ne pourraient plus être utilisées pour le même service. Ces fosses pourraient être transformées facilement en citernes, qui pourraient recevoir les eaux pluviales des conduites extérieures des bâtiments et servir à l’arrosage des jardins qui seront, je crois, établis dans les fossés.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer de construire une grande citerne sous le sol de la cour, qui servirait à récolter toutes les eaux pluviales des gargouilles des façades intérieures de l’édifice. Cette eau pourrait être utilisée pour l’arrosage du parterre qui devra peut-être orner le centre de la cour dont il s’agit. L’on pourrait en outre construire un aqueduc de décharge et de trop plein sous le bâtiment méridional conduisant les eaux dans les fossés et suivant ce qui est tracé dans le croquis ci-joint.
Des tuyaux en métal amènent des eaux de source dans le château de Saint-Germain-en-Laye pour l’approvisionnement journalier et en cas d’incendie, de sinistre. Ces eaux jaillissantes pourraient assurément être utilisées. Un accident dans ces conduites peut priver toutefois de cette ressource dans un moment de péril et un approvisionnement d’eau sous la cour me semblerait, en pareil cas, une précieuse ressource.
Il est de mon devoir alors de proposer à Votre Excellence la construction d’une citerne et j’ai l’honneur de joindre à ce document un devis estimatif concernant la façon des ouvrages.
L’exécution du travail dont il s’agit nécessitera des fouilles sur l’un des points qui sert le plus comme chantier d’approvisionnement et de taille des matériaux pendant la saison des travaux et j’ai l’honneur de solliciter la façon de cette citerne pendant les quelques beaux jours que l’on peut rencontrer pendant l’hiver que nous traversons.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet
Paris, ce 23 décembre 1864 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre concernant l’installation de chauffages au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Je suis à la veille de pouvoir livrer au musée de Saint-Germain-en-Laye la salle comprise dans la tour d’angle aussi bien que la 1ère pièce du bâtiment nord, et cela dans tous les étages de la vieille demeure. D’ici à 3 ou 4 mois, je pourrai livrer la 2ème salle du bâtiment septentrional et l’administration des Musées impériaux réclamera certainement alors des calorifères pour chauffer ces locaux, comme elle l’a déjà fait pour la grande salle de Mars.
L’on a pu sans inconvénient placer un poêle ordinaire et provisoire dans la salle des fêtes, qui n’est pas restaurée, mais l’on serait assez embarrassé si il fallait poser de semblables appareils dans toutes les pièces de tous les étages du château. Il serait plus prudent et préférable, nous croyons, de construire dans le rez-de-chaussée de forts poêles calorifères pouvant chauffer les salles des étages supérieurs. L’on pourrait, au moyen de 8 appareils avec conduits de chaleur tous verticaux, chauffer tout le musée et nous avons l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer la façon de ces ouvrages et de vous faire parvenir un devis estimatif à cet égard.
Il est toujours dangereux et difficile d’établir des appareils de chauffage après coup et je pourrais, dans le cas où Votre Excellence approuverait ma proposition, construire ces calorifères en même temps que les cheminées décoratives et leurs tuyaux.
Si ma demande était prise en considération, je devrais, en 1865, faire établir 3 calorifères pour chauffer le donjon, la salle de Mars et toutes les pièces comprises entre ce donjon et l’escalier d’honneur.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant supérieur.
Eugène Millet
Paris, ce 22 février 1865 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain
Bureau de l’architecte
Paris, le 10 février 1866
A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Pendant le cours du mois de juillet 1862, vous vouliez bien me donner l’ordre de commencer les ouvrages de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye et de démolir le pavillon nord-ouest, sis à l’angle du parterre et de la place du château, vis-à-vis la gare du chemin de fer.
La restauration a été commencée, vous le savez, à l’angle de la place, et la restauration est à peu près achevée pour toute la partie du bâtiment qui s’étend jusqu’à l’escalier d’honneur. L’escalier d’honneur lui-même est à peu près complètement consolidé et reconstruit. L’on va s’occuper de l’achèvement de la menuiserie et de la peinture, et d’ici à 3 ou 4 mois l’on pourra remettre tout le corps de logis, jusque et y compris l’escalier d’honneur, à l’administration des Musées impériaux.
Je dois songer actuellement à la restauration de la suite du bâtiment et du pavillon nord-est, sis sur le parterre et près la cité Médicis. J’ai l’honneur, en conséquence, de solliciter auprès de vous, Monsieur le Ministre, l’autorisation de procéder à la démolition du gros pavillon de la fin du 17e siècle.
La démolition dont il s’agit dont être faite par parties, au fur et à mesure des ouvrages de consolidation du château, afin de ne compromettre en rien la solidité des constructions de François 1er que nous devons restaurer. La démolition projetée pourrait se faire en ce moment, au moins pour les parties supérieures, et j’ai l’honneur de vous proposer de confier l’opération à M. Planté, entrepreneurs de maçonnerie. Je m’empresse alors de vous faire parvenir, Monsieur le Ministre, une soumission à cet égard tout en sollicitant auprès de vous l’approbation du document.
Les matériaux qui proviendront des bâtisses de Louis XIV sont inférieurs à ce que nous avions pensé. La pierre de taille présente une belle apparence mais elle se décompose très rapidement lorsqu’elle est retaillée et exposée à l’air. Le bois de charpente est rempli d’aubier, très souvent hors de service. Mais il est encore quelques parties qu’on peut rendre en compte pour le réemploi dans les ouvrages de menuiserie. Le moellon est toujours de qualité médiocre mais nous le remettons en œuvre dans nos gros murs, dans la plupart de nos travaux.
En résumé, les matériaux fournis par les démolitions représentent une valeur au moins égale au chiffre fixé par la destruction des bâtiments. Les démolitions doivent se faire avec quelques précautions comme nous le disions plus haut, et il était alors de notre devoir, nous croyons, de proposer à Votre Excellence de faire les démolitions par les entrepreneurs attachés aux travaux.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet
Paris, ce 10 février 1866 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant les travaux réalisés en 1865 au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de ma Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Rapport
A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur, pour satisfaire à vos ordres, de vous faire connaître le détail des ouvrages exécutés pendant l’année 1865 dans le château de Saint-Germain-en-Laye et aussi les propositions des travaux qui pourraient être entrepris en 1866 avec le crédit de 200000 francs que vous avez bien voulu affecter à l’entreprise dont il s’agit.
L’an dernier, avant le 31 décembre 1865, nous avions fait tous les travaux de la 2ème section du bâtiment nord jusqu’à l’escalier principal. Nous avions achevé aussi à peu près la restauration et la consolidation de cet escalier principal. Le crédit alloué nous avait permis en outre d’édifier deux des éperons extérieurs de la face septentrionale au-delà de l’escalier d’honneur. Votre Excellence sait la manière de procéder à Saint-Germain, qui consiste à faire marcher de front les ouvrages sur la cour en même temps que ceux de l’extérieur, et sur la cour alors les travaux s’étendent aussi jusqu’à l’escalier principal.
Les grands éperons de la cour dans toute la partie occidentale étaient tous en mauvais moellons et briques dans la hauteur des deux étages inférieurs, et des tassements vraiment effrayants s’étaient produits ans les bâtisses et avaient entraîné les parties hautes des murailles et des contreforts. L’on constatait des déversements et des hors d’aplomb atteignant 20 et 25 centimètres sur les parois du corps de logis. Les voûtes qui terminent le dernier étage étaient déchirées et déformées au point de faire craindre leur écroulement.
Nous avons, en 1865, reconstruit à neuf, en sous-œuvre, 7 éperons de la cour avec leurs fondations. L’on a remis d’aplomb les parements supérieurs de ces éperons et l’on a refait la presque totalité de la voûté en pierre et brique de cette portion de l’édifice.
Le travail a été complété par la restauration de toutes les baies de tous les étages du dedans et du dehors, par la pose des balustrades du premier étage et du couronnement, par la construction des cheminées et de leurs souches au-dessus des combles. Avec le crédit alloué, nous avons pu refaire les planchers en charpente aussi bien que la toiture en bois et métal. L’édifice est aujourd’hui complètement à l’abri des eaux pluviales jusque et y compris l’escalier d’honneur.
Pour satisfaire aux ordres que vous avez bien voulu nous donner le 2 février mil huit cent soixante-cinq, l’on a construit dans la cour la grande citerne contenant environ 118 mille litres d’eau. Nous avons ajourné toutefois, dans l’intérêt de la conservation de ces ouvrages souterrains, sis sous le chantier, la façon des citernaux qui doivent compléter l’approvisionnement et suivant aussi l’autorisation que vous avez bien voulu me donner.
L’on a aussi, conformément à vos instructions, fait appliquer du silicate sur quelques parties de l’édifice.
Les ouvrages à entreprendre en 1866 devront comprendre, tout d’abord, la façon du petit œuvre de la 2ème section du bâtiment nord et de l’escalier. L’on s’occupera donc des dallages, de la menuiserie, de la fumisterie, de la serrurerie, de la peinture et de la vitrerie, et vers le mois de juin prochain l’on pourrait mettre en service la tour de Charles V, les salles à la suite et l’escalier d’honneur. De la sorte, on livrerait à l’administration des Musées impériaux d’ici à 3 ou 4 mois au plus tard tous les étages d’une partie du monument présentant environ 900 mètres superficiels.
Pendant l’exécution de ces ouvrages complémentaires, l’on continuerait la démolition du pavillon nord-est de Louis XIV et l’on s’occuperait de toutes les reprises et réédifications du pavillon de François 1er, si profondément mutilé à la fin du 17ème siècle et sis à l’angle du parterre et de la cité Médicis. J’ai rédigé déjà la plupart des dessins et études concernant ce point de l’édifice et je pense porter tous les efforts des ouvriers sur ces travaux, si toutefois Votre Excellence approuve mes propositions à cet égard.
J’ai l’honneur de joindre à ce rapport neuf soumissions souscrites pour les travaux de 1866, qui sont les suivantes et qui portent les rabais dont le détail suit :
Maçonnerie : sieurs Planté, rabais 4 pour %
Charpente : M. Tellier, rabais 5 pour %
Couverture et plomberie : sieurs Monduit et Béchet, rabais 3 pour %
Menuiserie : sieurs Blanchard et Larchevêque, rabais 5 pour %
Serrurerie : M. Moutier, rabais 5 pour %
Fumisterie : M. Ferari, rabais 3 pour %
Peinture et vitrerie : M. Louis dit Larible, rabais 6 pour %
Sculpture : M. Corbel, même prix qu’en 1864
Sculpture : M. Libersac, même prix qu’en 1864
Pour compléter les renseignements que vous m’avez fait l’honneur de me demander, je dois vous indiquer, je crois, Monsieur le Ministre, les chiffres approximatifs des diverses dépenses ou la répartition approximative du crédit de 200000 francs que vous voulez bien mettre à ma disposition pour la continuation des travaux de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye. La division du crédit se fera à nouveau, nous croyons, de la façon suivante :
Maçonnerie : 132753,00
Charpente : 18000,00
Couverture et plomberie : 4000,00
Menuiserie : 8000,00
Serrurerie : 7000,00
Fumisterie : 6000,00
Peinture et vitrerie : 6000,00
Sculpture : 4000,00
Honoraires et vérification : 94747,00
[Total :] 195420,00
Traitement de l’inspecteur : 2400,00
Traitement du concierge : 1100,00
Traitement du gardien : 1080,00
[Total :] 4580,00
Total égal : 200000 f. 00
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet
Paris, ce 29 mars 1866 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport sur les travaux à faire dans les jardins du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Abords du château de Saint-Germain-en-Laye
Rapport
A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
François 1er, en construisant le château de Saint-Germain-en-Laye, s’était borné à élaguer un coin de la forêt et à établir des jardinets autour de la splendide demeure qu’il érigeait sur l’emplacement du château-forteresse érigé par le roi Charles V. Le château de la Renaissance fut successivement habité par tous nos rois jusqu’à Louis XIV, qui voulut ajouter à son agrément en faisant planter vers le nord et jusqu’à la forêt un admirable jardin, et le savant André Le Nôtre était chargé de ce soin.
Si nous en croyons l’un des historiens de la ville de Saint-Germain, le jardin fut tracé par Le Nôtre en 1674, c’est-à-dire six ou huit ans avant que Louis XIV eût la fâcheuse pensée de faire agrandir le château, et six ou huit années aussi avant d’avoir l’idée d’abandonner cette demeure pour se fixer définitivement à Versailles.
Ce même historien nous apprend aussi qu’en 1750, tout en respectant le tracé du savant architecte-jardinier, l’on détruisait les bassins pour éviter « les grandes réparations qui étaient devenues indispensables ».
L’on doit à Le Nôtre la magnifique terrasse de Saint-Germain-en-Laye, l’une de nos plus admirables promenades des environs de Paris. Cet artiste avait su, dans un terrain irrégulier, tracer un jardin donnant de charmantes vues de tous les points du château dont vous m’avez fait l’honneur de me confier la restauration. Tout le parterre en broderies était traversé par une large et belle allée qui était continuée par la grande avenue des Loges. Le tout correspondait exactement à l’axe de l’avant-corps de l’escalier d’honneur du château. Le parterre était bordé d’avenues de tilleuls se terminant par un hémicycle desservant les Loges et la porte de Pontoise. L’irrégularité du terrain avait été rachetée par un boulingrin compris entre le parterre proprement dit et le quinconce joignant la grande terrasse. Le plan et la gravure annexés à ce rapport pourront, je crois, donner une idée de la belle composition de l’architecte Le Nôtre.
Si en 1750 l’on faisait quelques suppressions pour raisons d’économie, l’on avait conservé toutefois toutes les grandes dispositions de l’œuvre. Le plan joint à cette lettre, copié sur un plan d’alignement de la ville de Saint-Germain dressé en 1818, constate même que ce jardin était encore presque complet il y a peu d’année.
Le parterre de Saint-Germain n’a été sérieusement détruit qu’en 1846, à l’époque de la construction du chemin de fer atmosphérique. Alors, et avec un sans-façon regrettable, l’on détruisait les belles dispositions du jardin et l’on ouvrait la large tranchée qui déshonore actuellement les abords du château. En 1846 aussi, les avenues et le grand hémicycle de tilleuls était en partie arrachés, le jardin était replanté en changeant tous les axes, et actuellement le parterre semble bien plutôt une annexe de la tranchée du chemin de fer qu’une dépendance de la vieille demeure royale. Aujourd’hui, enfin, les lignes architecturales du château et la disposition du parterre sont dans un désordre complet.
Le Nôtre, en traçant son jardin, avait songé aux entrées principales de la forêt et il avait très habilement ménagé une large avenue à l’est du château, donnant accès à une étoile de routes, suivant ce qui est indiqué sur le plan ci-joint. Cet arrangement a encore disparu et l’entrée de cette avenue a été bouchée par des murailles vers la rue du Château-Neuf. Le terrain sis à l’est du château, qui nous a été abandonné provisoirement pour le chantier des travaux, pourrait facilement être ouvert à nouveau et l’on arriverait de la sorte, tout en permettant la surveillance et la promenade autour du château, à faire revivre en même temps l’une des anciennes dispositions de l’œuvre de Le Nôtre.
Si nous nous en rapportons à toutes les gravures anciennes, l’on approchait jadis, et sur tous les points, du mur d’appui bordant les fossés du monument historique (voir la gravure de Rigaud ci-jointe). Depuis quelques années, l’on a exhaussé les terres bordant le fossé nord, le long du parterre, et l’on a planté des arbustes et des haies qui s’opposent à l’accès du mur d’appui dont il s’agit. Cette disposition a pour fâcheux effet de diminuer la hauteur du château et de couper les lignes de sa base d’une façon fâcheuse.
Le voyageur quittant Paris pour Saint-Germain, à son arrivée dans cette ville après avoir parcouru 20 kilomètres de voie ferrée, devrait retrouver à main gauche, dans le lointain, la ville de Paris et jouir d’une partie de l’admirable vue de la vallée de la Seine. L’on est privé de cet effet vraiment grandiose par des plantations d’arbustes qui encombrent la grande allée, ménagée par Le Nôtre et conduisant de la place du Château à la belle terrasse de Saint-Germain-en-Laye.
Votre Excellence sait que le château de Saint-Germain est entièrement couvert par des terrasses et que de ses galeries, qui servent à la promenade, l’on aperçoit à merveille les abords du château et toutes les campagnes environnantes. Les désordres apportés dans le jardin du savant architecte Le Nôtre sont signalés par tous les visiteurs et il m’a semblé de mon devoir alors de vous adresser ces études sur l’ancien Saint-Germain et de porter à votre connaissance les observations que j’entends faire depuis plusieurs années. Ayant eu l’honneur d’être chargé par vous, Monsieur le Ministre, de la restauration de l’important château de Saint-Germain-en-Laye, je devais d’ailleurs, je crois, solliciter auprès de vous les quelques améliorations qui me semblent utiles pour l’arrangement de ses abords.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet
Paris, ce 16 novembre 1866 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre concernant la remise au musée de salles du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris le 8 avril 1867
A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
J’ai eu l’honneur de vous faire connaître déjà l’achèvement de la restauration de toute la partie du château comprises entre la tour de Charles V, dite le donjon, et l’escalier d’honneur, sis au milieu du bâtiment septentrional. Toute cette partie du château, qui occupe en plan une surface de environ 750 mètres, ne réclamait plus que quelques petits travaux accessoires lorsqu’il s’est agi de la construction des objets mobiliers.
Aujourd’hui, la construction du mobilier est, sinon achevée, au moins très avancée. Nous avons fait raboter les parquets et mettre en couleur, et j’ai l’honneur de solliciter auprès de vous, Monsieur le Ministre, la remise officielle de toutes les salles restaurées à l’administration des Musées impériaux.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Devis pour la démolition du pavillon sud-est du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Devis des travaux à effectuer pour la démolition du pavillon sud-est

  1. La dépose des plombs de la toiture avec jet, transport et rangement d’une surface de 300 m. 00 à 40 kilos par mètre : plomb déposé, jeté, transporté et rangé : 12000 k. 00
  2. La dépose des bois du comble, partie avec descente, partie avec jet, transport et rangement d’une surface de 300 m. 00 à 0 f. 10 par mètre, produit : démolition de charpente : 30 stères 000
  3. La démolition des 5 planchers comme ci-dessus d’ensemble une surface de 1275 m. 00 à 0 stère 15 par mètre : idem : 191 st. 250
  4. La démolition de la maçonnerie de ces planchers avec décarrelage et dépose des parquets, jet de gravois et sortie, surface de 1275,00 à 0 f. 50 le mètre superficiel : argent : 637 f. 50
  5. La démolition des murs extérieurs et de refend, ceux extérieurs d’un développement de 42 m. 00 30,00 de hauteur et 1 m. 62 d’épaisseur réduite produisent 2041,200
    Les murs de refend surface en plan 72 m. 50
    30,00 de hauteur produisent 2175,000
    Les voûtes surface en plan de 255 m. 00 à % ½ = 382 m. 50 * 0,60 d’épaisseur, 229,500
    Ensemble 4445 m. 700
    Dont en pierre jetée, bardée et rangée avec jet et sortie des gravois, un cube de 700,000 : démolition de pierre, 700,000
    Le surplus en moellon et brique : 37456,700 : idem brique et moellon : 3745,700
  6. La démolition de l’escalier et descellement des tuyaux avec rangement et transport des dits, sortie des gravois, une somme de : argent : 100 f. 00
  7. La dépose du balcon en fer de 44 m. 00 de longueur à 127 k. 00 par mètre : dépose de fer : 5588 k. 00
  8. Démolition des souches de cheminées : 250 f. 00
    Résumé
  9. Plomb dépose, jeté, transporté et rangé : 12000 k. 00, 0 f. 02 : 240 f. 00
  10. Démolition de charpente, partie descendue, partie jetée, avec transport et rangement : 221 stères 250, 5 f. 00 : 1106 f. 25
  11. Démolition de pierre jetée, bardée et rangée, sortie des gravois : 700 m. 000, 6 f. 00 : 4200 f. 00
  12. Démolition de maçonnerie en brique ou moellon avec jet, triage, rangement, sortie des gravois : 3745 m. 700, 2 f. 25 : 8427 f. 83
  13. Dépose de fer avec rangement : 5588 k. 00, 0 f. 02 : 111 f. 76
    Articles divers estimés dans le courant du détail métrique : 1287 f. 50
    Total de la démolition, à reporter : 15373 f. 34
    Enlèvement aux décharges publiques des gravois des démolitions précédentes
  14. Ceux provenant des planchers d’une surface de 1275 m. 00 * 0,40 de hauteur réduite en y comprenant foisonnement, produit 510,000
  15. Ceux provenant des pierres de taille et résultant de la dépose cube de la pierre déposée, 700,000, au 1/5, 140,000
  16. Ceux provenant de démolition des maçonneries en briques ou moellon, le cube de ces parties 3745,700 à ½, 1872,850
    Cube total des gravois, 2522,850
    A 3 f. 35 le mètre cube pour chargement en tombereau et enlèvement aux décharges publiques, produit : 8451 f. 55
    Construction d’un pont de service pour l’enlèvement des gravois et divers
  17. Ouverture d’une brèche dans le mur d’appui de 3 m. 00 de longueur 1,00 de hauteur et 0,60 produit 1,00 de hauteur et 0,60 produit 1 m. 800 à 3 f. 00 le mètre cube, 5 f. 40
  18. Reprises et raccords dans le mur : 20 f. 00
  19. Etablissement d’une porte provisoire avec ferrures, trous et scellements : 100 f. 00
  20. Etablissement du pont de service en chêne produit 7 stères 000 à 110 f. 00 le stère, 770 f. 00
    Dès sous les poteaux, 150 f. 00
    Trous et scellemens pour le pont, 50 f. 00
    Ferrures de ce pont, 100 f. 00
    Goudronnage des bois, 100 f. 00
    Ensemble, 1295 f. 40 : 1295 f. 40
    [Total :] 9746 f. 95
    Construction d’un pont et enlèvement de gravois : 9746 f. 95
    Total de la démolition du pavillon : 25120 f 29
    Dressé par l’architecte soussigné
    Eugène Millet
    Paris, ce 28 décembre 1868 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Saint-Germain-en-Laye, le 2 novembre 1872
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
En réponse à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 28 octobre dernier, je m’empresse de vous fournir quelques renseignements sur les ouvrages de restauration de l’exercice 1872 du château de Saint-Germain-en-Laye.
Grosses réparations
Pour les ouvrages qui s’exécutent par les vieux procédés, il est intéressant de conserver et d’entretenir le chantier d’ouvriers habités à leur exécution, et je devais arranger les ressources mises à ma disposition pour faire travailler, sans interruption, toute l’année. Le crédit ayant été réduit, j’ai demandé à mes entrepreneurs de restreindre le personnel, de marcher avec lenteur, et de façon toutefois à arriver dans les délais prescrits par votre administration.
Nous avons en 1872 achevé l’escalier du bâtiment méridional, des éperons ont été construits sur la façade de la rue du Château-Neuf, et nous poursuivons la restitution du gros pavillon sud-est, arrivé aujourd’hui à trois assises au-dessus des appuis des croisées du premier étage, c’est-à-dire environ à 16 ou 17 mètres au-dessus du sol des fossés.
J’ai eu l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous transmettre deux mémoires de ces travaux. D’autres décomptes vous seront bientôt transmis. Les travaux seront achevés avec l’exercice. Les dépenses rentreront exactement dans le chiffre du crédit alloué et les derniers mémoires vous seront adressés, je le pense bien, vers la fin du mois de mars 1873.
Travaux d’entretien
Les ouvrages d’entretien sont à peu près achevés et les derniers travaux, qui sont ceux de fumisterie, vont se terminer. Je poursuis la rentrée des mémoires qui vous seront bientôt transmis. Pour ces travaux, comme pour ceux de restauration, je pense bien rester dans les limites des crédits par vous assignés.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des palais nationaux
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Saint-Germain-en-Laye, le 10 février 1873
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous accuser réception de la lettre en date de ce jour que vous avez bien voulu m’adresser pour m’informer que vous avez réservé un crédit de 100 mille francs, sur le chapitre 22 du budget des Travaux publics, pour les ouvrages de 1873 du château de Saint-Germain-en-Laye. Dans cette lettre, vous me faites l’honneur de m’ordonner de vous faire connaître à quelle partie de l’entreprise l’on doit affecter le crédit alloué, et je m’empresse de vous satisfaire.
Depuis plus de 2 ans, je poursuis la restauration du bâtiment est, la restitution du pavillon de l’angle sud-est, et j’ai été contraint d’entamer la restauration du bâtiment méridional, donnant sur la rue du Château-Neuf. Depuis plus de deux ans, la pluie et la neige pénètrent dans toutes les constructions et causent des désordres et des ennuis de toutes sortes. Je constate des déchirements dans les maçonneries des parties de l’édifice que je n’ai encore pu attaquer, qui indiquent qu’il serait urgent de poursuivre l’œuvre de consolidation.
Mais le crédit alloué ne permettant pas, en même temps, de poursuivre et d’achever les ouvrages en cours d’exécution, j’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer pour l’année 1873
1° l’achèvement de la restauration des parties hautes du bâtiment est et du pavillon de l’angle sud-est,
2° l’établissement des toitures définitives de ces deux portions de l’édifice, tout en ajournant la façon des planchers et de tout le petit œuvre.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant l’état des travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des palais nationaux
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Saint-Germain-en-Laye, le 7 août 1873
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de satisfaire à votre demande de renseignements sur la situation des ouvrages ordonnés dans le château de Saint-Germain-en-Laye.
Dans les propositions de l’exercice 1873, je vous informais, Monsieur le Ministre, que tout l’angle sud-est du monument était découvert depuis 5 années et qu’il me semblait indispensable de poursuivre l’œuvre de façon à achever le pavillon et à couvrir et ce pavillon et les parties adjacentes des bâtiments est et sud.
Laisser encore les bâtisses passer l’hiver exposées à la pluie et à la neige serait les exposer à des détériorations graves et profondes. Malgré l’exiguïté du crédit alloué, il est de mon devoir, ce me semble, de hâter la couverture de toute cette importante partie de l’édifice, qui présente en plan une surface de plus de 600 mètres.
Pour le règlement, j’aurai le soin de me maintenir dans les limites du crédit que vous avez bien voulu allouer le 22 janvier dernier.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant l’aménagement d’un logement pour le régisseur du château de Saint-Germain-en-Laye

« ASon Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Il y a peu de jours, j’avais l’honneur de vous adresser quelques renseignements sur le logement que Votre Excellence désire installer dans le château de Saint-Germain-en-Laye. J’avais l’honneur de porter à votre connaissance qu’à mon avis, cette habitation ne pourrait convenablement et définitivement s’établir que dans le bâtiment longeant la cour, sis au midi et vers la rue du Château-Neuf.
L’on ne pourrait en agir de la sorte toutefois qu’après avoir exécuté les ouvrages de restauration du bâtiment dont il s’agit, et ne sachant si vous voudriez, Monsieur le Ministre, autoriser pareils travaux dans un court délai, je devais chercher dans le pavillon d’angle sud-ouest une habitation provisoire pour monsieur le régisseur du château.
J’ai eu l’honneur de vous adresser, le 20 août dernier, un plan de l’appartement sis au 1er étage, qui réclame peu de réparations, mais j’annonçais aussi qu’avec une dépense plus considérable l’on pourrait aménager l’appartement de l’entresol. Monsieur l’inspecteur général a jugé à propos de rédiger une étude nouvelle et j’ai l’honneur aujourd’hui en conséquence de vous faire parvenir sous ce pli divers documents.
L’appartement actuel de l’entresol est coupé par de nombreuses cloisons agencées d’une façon déplorable et l’on pourrait, je crois, simplifier toutes les dispositions. J’ai cru m’apercevoir qu’un pan de bois divisant le bâtiment dans sa longueur ne portait pas plancher et pourrait facilement être détruit. Ce fait, qui ne pourra être vérifié toutefois qu’après avoir fait tomber quelques parties de plafonds, permettrait de distribuer l’étage de l’entresol suivant le tracé de notre plan et fournirait peut-être un appartement convenable.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 5 septembre 1857 »

Ministère d'Etat

Lettre concernant l’aménagement du logement du concierge au château de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain-en-Laye
Mobilier du logement du concierge
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour me conformer aux dispositions du devis d’entretien de l’année 1858 concernant le château de Saint-Germain-en-Laye, j’ai dû faire commencer l’arrangement d’une pièce du logement du concierge et aussitôt l’achèvement de l’appropriation de l’appartement du 1er étage du pavillon de l’angle sud-ouest.
Les ouvrages concernant le logement du sieur Bague sont actuellement en cours d’exécution et je devais peut-être avoir l’honneur de solliciter auprès de Votre Excellence de compléter, sur les fonds d’entretien, le travail dont il s’agit par le placement dans la pièce d’entrée des quelques meubles décrits et évalués dans le devis joint à ce rapport.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 14 octobre 1858 »

Ministère d'Etat

Lettre proposant la réalisation d’une grille pour l’entrée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 3 janvier 1859
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pendant le cours de l’année 1855, vous vouliez bien me donner l’ordre de faire démolir toutes les cellules du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye et, à cette époque, je prescrivais toutefois aux divers ouvriers la conservation de toutes les grilles de défenses établies pour la sûreté de la maison d’arrêt. Ces grilles donnent à cette résidence un aspect fâcheux et je citerai notamment comme produisant le plus triste effet la grande clôture en fer sise dans le vestibule d’entrée et près le logement du concierge. Sur ce point, cependant, l’on ne saurait nier l’utilité d’une clôture, et pour que l’on ne puisse pénétrer dans le château et sans s’être à l’avance adressé au concierge.
J’ai l’honneur, en conséquence, Monsieur le Ministre, de vous adresser avec ce rapport un avant-projet de grille avec patries fixes munies de 2 hauteurs, qui pourraient être utilisées pour l’éclairage du vestibule ou de l’ancienne salle des gardes du château. Cette grille, qui n’aurait en moyenne que 1 m. 60 c. de hauteur, qui donnerait lieu à une dépense de 1000 à 1200 francs, pourrait être construite peut-être au moyen de vieux fers rendus en compte à l’entrepreneur de serrurerie et dans le cas où Votre Excellence voudrait bien autoriser pareille opération.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Lettre concernant la pose d’éclairages au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 23 mars 1859
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour me conformer à vos ordres du 15 février dernier, j’ai fait poser les appareils à gaz du château de Saint-Germain-en-Laye. Les ouvrages étaient achevés le 25 du même mois et le soir même l’on éclairait le vestibule principal et l’escalier du pavillon de l’angle sud-ouest.
Par une étude attentive des lieux, il m’a semblé utile de placer 6 appareils pour l’éclairage dont il s’agit, mais en même temps aussi j’ordonnais la pose de ½ becs, formant papillons et ne nécessitant pas de cheminées en verre d’un si dispendieux entretien.
La pose des appareils rentrera exactement dans les prévisions du devis et le crédit ouvert pour ces ouvrages suffira alors pour faire face aux dépenses effectuées. J’ai l’honneur de faire suivre ces détails de quelques renseignements sur la consommation du gaz et pour les 6 lanternes appliquées.
Le 8 mars dernier, après 43 heures et ½ d’éclairage, le compteur accusait une consommation de 28 mètres 100 litres.
Hier, 22 courant, ces 6 appareils, après être restés allumés de nouveau 43 heures et ½, avaient consommés seulement 20 mètres 210 litres.
La pression du gaz à Saint-Germain est fort irrégulière si j’en crois les renseignements qui me sont fournis. Au début de tout éclairage, l’on perd toujours du gaz pour les essais mais la différence de 8 mètres cubes constatée dans les 2 expériences doit être attribuée en grande partie assurément à l’irrégularité signalée.
Dans la 1ère expérience, les becs, ensemble, seraient restés allumés pendant 261 heures. La consommation aurait atteint 28100 litres et chaque bec et par heure aurait absorbé environ alors 107 litres.
Dans la 2ème expérience, les becs seraient restés allumés aussi 261 heures. La consommation aurait atteint 20210 et chaque bec et par heure aurait absorbé seulement et environ 77 litres.
Dans l’ensemble, les becs seraient restés allumés 522 heures, la consommation aurait atteint 48 mètres 310 litres et chaque bec et par heure aurait absorbé en moyenne et environ 92 litres de gaz.
En résumé, pour les 6 becs, après 25 jours d’éclairage (eu égard toutefois au petit nombre d’heures d’éclairage), la consommation a atteint 48 m. 310 litres qui, à raison de 0,40 c. le mètre cube, donne une dépense totale de 19 m. 32 centimètres ou de environ 77 centimes par jour.
J’ai chargé le sieur Bague d’inscrire jour par jour les aspirations de l’éclairage dont il s’agit et de continuer l’expérience sur les appareils posés dans le château de Saint-Germain-en-Laye. J’aurai l’honneur en conséquence dans peu de jours de renseigner à nouveau Votre Excellence sur le service qu’elle a bien voulu confier à mes soins.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Lettre concernant la pose de trottoirs devant le château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 11 mai 1861
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour satisfaire à vos ordres, je devais solliciter un entretien de monsieur le maire de Saint-Germain-en-Laye pour la question des trottoirs réclamés rue du Château-Neuf et sur la place méridionale du château. Ce magistrat a bien voulu m’assurer qu’à Saint-Germain, le pavage bordant les immeubles sur 1 m. 50 c. de largeur était à la charge des propriétaires et comme établissement et comme entretien. Il en résulte alors que le pavé de la voie sur 1 m. 50 de largeur appartient aux riverains.
La ville de Saint-Germain fait macadamiser en ce moment la rue du Château-Neuf tout en régularisant les pentes de cette voie publique. Sur quelques points, le sol ancien est modifié et près le château le déblai atteint 30 ou 40 centimètres. Le pavage actuel bordant le mur des fossés et vraiment dans un état déplorable et réclame une reconstruction totale. La plupart des propriétaires font établir au devant de leur immeuble des trottoirs en pavé et monsieur le maire demande que Votre Excellence veuille bien en agir de même à l’égard de la demeure qui nous occupe. Le pavé appartenant à l’Etat pourra être remis en œuvre mais il y aura assurément un déchet et monsieur le maire propose de fournir le pavé complémentaire qui serait utile et qui serait pris par nous dans les matériaux de démolition de la rue du Château-Neuf.
Un trottoir a déjà été construit il y a quelques années sur la façade ouest du château par le Génie militaire, lorsque le château était occupé par un pénitencier, et nous avons l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer de continuer ce trottoir sur la rue du Château-Neuf et de satisfaire alors à la demande de l’administration municipale de Saint-Germain-en-Laye.
Le trottoir à établir doit avoir, d’après l’alignement adopté, de 3 à 4 mètres de largeur et il présente un développement de environ 200 mètres. La largeur qui doit être construite par l’Etat étant de 1 m. 50, c’est une surface de 300 mètres de pavage qu’il s’agirait de faire et dans le cas où Votre Excellence accueillerait favorablement notre demande, le surplus du trottoir serait fait alors par les soins et aux frais de la ville de Saint-Germain.
Dans ces conditions, le devis estimatif des ouvrages peut s’établir de la manière suivante :
La bordure en grès piqué (modèle porté au devis de la ville) de environ 0,20 de largeur, de 200,00 de longueur à raison de 5 f. 00 le mètre : 1000 f. 00
Le pavage du trottoir remanié en mortier de chaux et sable (tout le pavé fourni par la Ville) de 200 m. 00 sur 1 m. 50 et d’une surface de 300 m. 00 à raison de 1 f. 65 : 495 f. 00
Les déblais évalués ensemble à la somme de 250 f. 00 ; les coupements de pierre, les raccords de maçonnerie et les enduits dans la muraille à la suite du déblai, évalués à 250 f. 00 : 500 f. 00
Enlèvement de 2 bornes sur la façade ouest et raccords dans le pavage évalués à : 25 f. 00
[Total :] 2020 f. 00
Imprévus 1/20 : 101 f. 00
Honoraires et direction des travaux 1/20 : 106 f. 05
Total : 2227 f. 05
Comme il est, sinon impossible, au moins bien difficile de faire un trottoir par parties dans la largeur, il a été convenu avec M. le maire de Saint-Germain que ce pavage à la charge de l’administration pourrait être fait dans une partie de la longueur et que le trottoir serait achevé par la ville de Saint-Germain et dans les conditions adoptées par Votre Excellence.
J’ai l’honneur de vous retourner la lettre de M. le maire qui m’a été communiquée pour faciliter l’étude de l’affaire dont il s’agit.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Section des Bâtiments civils et monuments publics
Château de Saint-Germain-en-Laye
Minute de lettre du 6 février 1862
Le secrétaire général à M. Millet, architecte
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous informer que, par décision du 24 janvier dernier, j’ai affecté une somme de 150000 imputable sur le crédit inscrit au chapitre 29 du budget du ministère d’Etat, exercice 1862, pour commencer les travaux de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye.
Vous voudrez bien, Monsieur, m’adresser le plus tôt possible votre projet de restauration de cet édifice ainsi que le devis des travaux. En outre, vous me ferez connaître dans un rapport spécial la partie des restaurations qu’il convient d’entreprendre en 1862 à l’aide de l’allocation ci-dessus indiquée. Vous répartirez ces travaux par nature d’ouvrages en indiquant la somme afférente à chaque catégorie. »

Ministère d'Etat

Rapport sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Si l’on en croit tous les historiens de la ville de Saint-Germain, la première demeure érigée par les rois de France dans cette ville remonterait au douzième siècle.
L’abbé Lebeuf, dans sa savante histoire du diocèse de Paris, publiée en 1757, assure que cent ans environ après la fondation du prieuré de Saint-Germain par le roi Robert, l’on trouve la preuve d’une demeure royale sur l’emplacement du château qui nous occupe. Suivant cet historien, Philippe Auguste habitait ce château en 1189 et il en partit secrètement pour se rendre à Bray faire justice de juifs qui avaient fait mourir un chrétien. Ce roi habitait Saint-Germain-en-Laye en 1207, au mois de juin 1212, en 1219 et enfin en 1220 et 1222.
Saint Louis dès la première année de son règne donnait à Saint-Germain une charte en faveur de Saint-Antoine-des-Champs. L’abbé Lebeuf assure qu’en juin 1247 saint Louis recevait dans cette ville l’empereur de Constantinople, Baudouin, et que ce fut dans le château que fut rédigé l’acte qui accordait les reliques qui furent déposées dans la Sainte-Chapelle du Palais de Paris.
Philippe le Hardi se retira souvent à Saint-Germain-en-Laye. Philippe le Bel vint souvent aussi dans le château dont il s’agit au retour des fréquents voyages qu’il fit dans le royaume.
En 1346, Edouard, roi d’Angleterre, vint à Saint-Germain et détruisit et brûla une partie de la ville et aussi, suivant l’abbé Lebeuf, une grande partie du château.
L’on mit aussitôt à l’œuvre pour réparer le désastre et l’on constate que le roi Jean put encore habiter cette demeure et y rendre des arrêts. Les désordres du royaume ne permirent pas toutefois à ce monarque la réédification du château et ce n’est que son fils, Charles V, qui d’après Christine de Pisan « moult fit réédifier notablement le chastel de Saint Germain en Laye ».
Nous avons dit dans notre rapport du 25 septembre 1855 la part active que prit François 1er dans la construction du château dont il s’agit et qui, d’après Du Cerceau, « en le bâtissant le Roi était si ententif que l’on ne peut dire qu’autre que lui ne fût l’architecte ».
Nous devons ajouter ce que dit à cet égard Gilles Corrozet, parisien, dans les Antiquités, chroniques et singularités de Paris, remontant à l’année 1586 :
« Ledit seigneur fit aussi édifier de neuf le château de Madrid près Paris, fit réparer de sumptueux édifices le chasteau de Saint Germain en Laye et orna de bâtiments excellens et ouvrages antiques sa maison de Fontaine Belleau. »
« Saint Germain en Laye est aujourd’hui un lieu de plaisance pour nos rois, le plus rare en beauté, le plus gracieux en séjour et le plus abondant en toutes sortes de délices qui soient guères en France » dit André du Chesne, conseiller du Roi en ses conseils, historiographe de France. Et Henry IV, qui amait comme ses prédécesseurs cette résidence, fit ériger à son tour le château neuf qui s’élevait sur le sommet de la montagne et qui développait ses rampes et ses jardins étagés jusque sur les bords de la Seine.
Le roi Louis XIII habita, avec sa cour, les deux châteaux. La chapelle du vieux château fut réparée par ses spins sur sa face méridionale et à cette époque remonte alors la plus grave mutilation qu’ait eu à subir cette belle et curieuse construction du roi saint Louis.
Le vieux château de François 1er fut encore habité pendant de longues années par le roi Louis XIV et ce ne sera qu’en 1688 que cette vieille demeure aurait été modifiée et abandonnée suivant ce qui est rapporté par messieurs Rollot et de Sivry dans leur précis historique de Saint-Germain. L’abandon de ce château est raconté par ces historiens de la manière suivante :
« Le 1er janvier de cette année (1682), le Roi était venu à Saint-Germain pour recevoir le Dauphin chevalier de l’ordre du Saint-Esprit. La cérémonie avait été faite dans la chapelle du vieux château parce qu’on reconstruisait alors celle de Versailles. Mais le 30 mars, la construction des 5 gros pavillons qu’on ajoutait au vieux château ayant mis le Roi dans la nécessité de quitter Saint-Germain une seconde fois, il se détermina à l’abandonner tout à fait au grand regret de ses habitants pour aller se fixer à Versailles. »
En 1683, la foudre renversa le campanile qui surmontait le donjon, où il fut aussitôt reconstruit en bois recouvert de plomb.
En 1689, Jacques II, roi d’Angleterre, et la reine son épouse se réfugièrent en France et furent reçus au château de Saint-Germain-en-Laye. Dulaure, dans son ouvrage sur les environs de Paris, imprimé en 1786, s’exprime sur le château de cette manière :
« Le roi Jacques II, forcé de quitter son royaume, tint longtemps sa cour dans le château de Saint-Germain. Le roi détrôné vivait des bienfaits de Louis XIV et d’une pension de 70000 livres que lui faisait sa fille Marie, reine d’Angleterre, qui lui avait enlevé la couronne. Le roi mourut à Saint-Germain le 16 septembre 1701. Le nouveau château est aujourd’hui presque entièrement démoli. M. le comte d’Artois, à qui il appartient, en fait construire un autre à la même place, dont on voit déjà deux belles et grandes terrasses achevées. La voûte de la chapelle du vieux château est ornée de peinture à fresque, à la vérité un peu dégradées mais qui ne doivent pas moins fixer les regards des curieux à cause des hommes célèbres qui en sont les auteurs. Le Brun a fourni les dessins de la grande partie de cette voûte, Vouet en a fait plusieurs autres et les a peints presque tous, excepté quelques cartouches qui sont de la main du célèbre Le Sueur. Le tableau du maître autel représente la Cène. Il est peint par le Poussin. Nommer ce grand maître, c’est faire l’éloge de l’ouvrage. Ce beau tableau doit être transporté dans le muséum du Louvre. »
Le Brun était l’élève de Simon Vouet et nous croyons alors que les peintures de la chapelle ont été exécutées par Aubin Bouet, son frère et aussi son élève, et le fait est d’ailleurs conforme à ce Qui est rapporté par Félibien dans ses entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellents peintres.
Le château de Saint-Germain-en-Laye possédait jadis une vue magnifique des appartements sis au midi, et des croisées du château l’on apercevait Marly et son aqueduc, le mont Valérien, Bougival et enfin le cours sinueux de la Seine. Le 13 juin 1794, l’on essayait de mettre en culture les terrains occupés par le parterre. En 1797, l’on vendait les terrains formant les 4 carrés de la place dite « entre les deux châteaux » et si nous nous en rapportons à l’acte de vente de M. Feray, l’un des propriétaires de la cité Médicis, ces terrains étaient vendus à raison de 15 centimes le mètre superficiel. Tous les jardins de de côté de la demeure royale furent successivement aliénés et se couvrirent de bâtiments qui privent en partie aujourd’hui le château de la splendide vue qu’il possédait lorsqu’il était habité par nos rois.
En 1803, l’on devait établir dans le château un hôpital pour les maladies contagieuses, mails il ne fut pas donné suite au projet par suite des réclamations unanimes des habitants de la ville. En l’année 1809, l’empereur Napoléon 1er fut installer dans cette demeure une école de cavalerie. En 1836, le château recevait le pénitencier militaire qui fut conservé jusqu’en 1855, époque où le vieux et respectable château rentrait dans les attributions de Son Excellence le ministre d’Etat.
Le château de Saint-Germain-en-Laye a eu beaucoup à souffrir des divers services successivement installés dans ses murs et l’on ne peut, nous croyons, se montrer surpris du fâcheux état dans lequel nous retrouvons l’édifice dont il s’agit.
Nous avons passé en revue, d’après les divers historiens de la ville et du château, les diverses époques de la construction. Bien des bâtiments ont été détruits ou modifiés et nous devons peut-être rappeler ici l’âge des diverses parties du château actuel.
La chapelle sise au midi bordant le fossé de la rue du Château-Neuf remonte assurément au 13ème siècle, a appartenu certainement au château de saint Louis et nous paraît avoir été érigée de 1230 à 1240.
Le donjon, qui formait jadis l’angle nord-ouest, engagé actuellement dans le bâtiment de Louis XIV, nous paraît remonter à l’époque de Charles V, appartenir à l’art de la fin du 14ème siècle, et avoir fait partie alors du château construit par ce roi à Saint-Germain.
Les 4 grands corps de logis bordant la cour appartiennent assurément au château reconstruit par François 1er et remontent alors au 16ème siècle.
Enfin, les cinq gros pavillons flanquant le château ont été commencés, comme il a été dit plus haut, en l’année 1682, à l’époque où le roi Louis XIV quittait définitivement Saint-Germain pour se fixer à Versailles.
Toutes les constructions érigées par François 1er auraient été confiées à la direction de l’architecte Sébastien Serlio si nous en croyons Félibien. Nous ne savons si cette assertion est fondée car, dans notre pays, bien souvent, l’on fait honneur à des Italiens de magnifiques ouvrages qui sont bien l’œuvre d’artistes française. Au 16ème siècle, nous abritions nos bâtiments par de grands combles et à Saint-Germain on couronnait tout l’édifice par des balustrades et par des terrasses en pierre. A cette époque, nous savions à merveille construire de grandes voûtes, à une grande hauteur, sans le secours de ferrailles, et à Saint-Germain l’on se crut obligé, pour maintenir les murailles, de placer des entraits en fer à la naissance des voûtes supportant les terrasses. La construction dans son ensemble nous paraît accuser une certaine ignorance de notre art national, de notre climat destructeur et aussi de l’emploi de nos matériaux de petite dimension. Les arrangements et motifs de décoration du château de Saint-Germain-en-Laye sont originaux, exceptionnels peut-être, et il serait alors difficile de nier peut-être aussi l’influence des artistes étrangers, soit Primatice, soit de Serlio, en ce qui concerne l’importance des constructions qui nous occupe.
Les artistes du 16ème siècle, en érigeant le château de Saint-Germain, avaient en vue certainement de disposer la cour de façon à laisser jouir de toutes les croisées du splendide panorama qui se développe tout autour de la demeure et les pavillons des angles A, B, C établis par eux ne formaient aucune saillie alors sur les corps de logis principaux. Tous les bâtiments avaient été couverts par une énorme terrasse formant une très agréable promenade au sommet de l’édifice. Ils avaient su fort adroitement, nous croyons, relier l’élégante chapelle à leurs constructions, et sans fermer la croisée centrale sise derrière l’autel. Ces artistes avaient su enfin, ce nous semble, créer à Saint-Germain une demeure vraiment royale tout en conservant la chapelle de saint Louis et le donjon de Charles V et aussi tout en satisfaisant de la façon la plus complète au programme tracé par François 1er.
Les 5 gros pavillons ajoutés par Louis XIV sont venus déranger toute l’harmonie de cette vieille demeure. Ces bâtiments ne présentent par le caractère monumental et grandiose des constructions de cette époque. L’architecte Mansard, chargé de la direction des ouvrages, s’est borné à donner l’ordre de reproduire tant bien que mal l’architecture du 16ème siècle. Les immenses saillies des pavillons privent des vues latérales qu’on avait jadis des croisées du monument et projettent de grandes ombres qui attristent les diverses faces du château. Les constructions de Mansart ont été à peine achevées et il est des étages entiers qui manquent d’escaliers et dans lesquels on ne parvient que par des degrés droits ou espèces d’échelles en bois. Les anciens pavillons (marqués A, B, C dans le croquis ci-dessus), qui ont été en partie conservés, ont été mutilé de la plus triste façon. L’architecture du 17ème siècle n’est souvent à Saint-Germain qu’un mensonger placage présentant de fausses baies simulées devant l’ancienne architecture de François 1er. Il est des croisées du 17ème siècle qui se trouvent dans la hauteur des reins des voûtes et qui ne permettraient pas l’établissement des carrelages des pièces éclairées par ces croisées. Le pavillon sis au milieu de la façade méridionale a l’un de ses murs (ayant 30 mètres de hauteur) construits sur la légère muraille à claire-voie de la chapelle de saint Louis, qu’il écrase assurément. La charmante chapelle de Louis IX a été aussi, pendant le 17ème siècle, enveloppée dans des bâtiments vers la rue du Château-Neuf et cette élégante construction, visible jadis de l’extérieur du château, est masquée alors aujourd’hui par des bâtisses qui ne nous paraissent présenter aucun intérêt.
La restauration du château pourrait être entreprise de deux façons distinctes. L’on pourrait réparer tous les bâtiments existants, mais dans ce cas bien des parties très intéressantes du vieux château seraient sacrifiées.
Il serait très facile de rétablir le château dans les conditions anciennes et tel qu’il était à l’époque où Louis XIV quittait Saint-Germain pour se fixer à Versailles. L’on serait aidé dans ce travail par les nombreux et anciens fragments conservés et aussi par les nombreuses gravures de Du Cerceau, d’Israël Silvestre, de Pérelle etc. etc. La chapelle pourrait être restaurée et l’on pourrait alors remettre en honneur ce magnifique fragment de notre art national du 13ème siècle. Les pavillons du 16ème siècle pourraient reprendre leurs anciennes formes et le donjon de Charles V serait dans ce cas dégagé de toutes les bâtisses qui l’emprisonnent actuellement. Envisagée de la sorte, la restauration serait certainement plus économique, plus agréable peut-être, et pour l’avenir l’on aurait simplifie la question de l’entretien.
Il ne nous appartient en aucune façon de décider ce qu’il serait convenable d’effectuer à Saint-Germain. En 1855, nous avions l’honneur de vous adresser des dessins indiquant l’état actuel du château. En avril 1856, nous rédigions diverses études sur la chapelle de saint Louis et, le 5 février dernier, pour satisfaire aux ordres que vous aviez bien voulu nous donner, nous adressions à Votre Excellence des plans et un dessin retraçant toutes les faces de cette demeure de nos rois et habitée par Louis XIV lui-même pendant les 39 premières années de son règne.
Nous croyons qu’on obtiendrait un résultat bien plus satisfaisant et moins dispendieux en rétablissant les vieilles dispositions du château qu’en voulant restaurer tous les bâtiments, assez mal coordonnés, que nous trouvons actuellement à Saint-Germain. Nous serions heureux toutefois de voir cette grave question soumise à l’examen des savants et aussi des éminents architectes qui composent les commissions instituées par votre administration et nous ne saurions en conséquence que solliciter des ordres auprès de Votre Excellence.
Nous avons l’honneur de joindre à ce rapport un devis estimatif des ouvrages.
Nous croyons, pour ne pas déranger le personnel logé, aussi bien que pour ne pas gêner le musée provisoire, qu’il serait convenable de commencer la restauration par l’angle nord-ouest. La restauration pourrait se poursuivre vers l’est, de façon à faire le tour du château et de façon aussi à terminer le travail par le bâtiment contenant la grande salle des fêtes.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 22 février 1862 »

Ministère d'Etat

Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 19 mars 1862
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
J’ai visité hier les travaux du château de Saint-Germain-en-Laye et j’ai fait commencer les ouvrages de peinture et de tenture du nouveau logement du concierge. Sous peu de jours, je pense, il me sera possible d’installer le concierge dans l’habitation sise à gauche de la porte d’entrée.
Il y a peu de jours, j’ai donné l’ordre de déraser les murs de clôture érigés en 1836, lors de l’établissement du pénitencier, et pour satisfaire aux ordres de Votre Excellence, la démolition se poursuit activement et les matériaux sont enlevés au fur et à mesure par l’entrepreneur, suivant ce que vous avez bien voulu me prescrire. La reprise en compte des matériaux viendra réduire la dépense d’une façon notable et, dans ces conditions, l’opération dont il s’agit n’excédera pas, je pense, le prix de 3600 francs.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Lettre concernant la fabrication de vitrines pour le musée de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 2 mai 1862
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour classer et ranger les objets du musée gallo-romain de Saint-Germain-en-Laye, l’on réclame 9 vitrines et 2 ou 3 armoires vitrées.
J’ai l’honneur de vous proposer aujourd’hui la façon des vitrines par monsieur Gasc, habituellement employé pour pareils ouvrages par la direction générale des Musées impériaux. J’ai l’honneur en conséquence de vous faire parvenir en double expédition et le devis estimatif et la soumission souscrite par M. Gasc, menuisier sculpteur.
Aussitôt que j’aurai reçu vos ordres à cet égard, je m’empresserai de remettre les dessins d’exécution et pour satisfaire monsieur le directeur général des Musées.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain
Bureau de l’architecte
Paris, le 19 juillet 1868
ASon Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour satisfaire aux ordres que vous avez bien voulu me donner le 4 courant, j’ai prescrit les mesures utiles pour faire démolir le pavillon nord-ouest du château de Saint-Germain-en-Laye et près la gare du chemin de fer.
L’on s’est mis aussitôt à déposer toutes les boiseries de ce pavillon et, lundi dernier, 14 courant, l’on se mettait à détruire les planchers et les murs. A la date de ce jour, l’on a déjà déposé 2 planchers et détruit 2 étages de murailles. J’ai pu constater par ces démolitions que la plupart des bois des planchers étaient complètement pourris et sur plusieurs points j’ai dû réclamer l’étaiement et pour assurer la sécurité des ouvriers employés dans ces démolitions. J’ai pu vérifier alors le pitoyable état de ces constructions récentes et constater alors l’exactitude des renseignements que j’avais eu l’honneur de fournir à Votre Excellence.
Les quantités de matériaux qui sortent de ce bâtiment sont énormes et les déblais ne pouvant s’effectuer qu’au moyen de chevaux et de voitures, il est urgent alors de faire établir aussitôt la rampe à voitures et le pont de service de la rue du Château-Neuf afin de faire arriver les tombereaux et dans les fossés et dans la cour du château. J’ai en conséquence l’honneur de vous informer des ordres que j’ai été contraint de donner à cet égard.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Il m’a paru utile de faire constater par des photographies l’état actuel de l’angle nord-ouest du château et hors M. Marville a fait 2 vues que j’aurai l’honneur sous peu de jours de vous adresser. »

Ministère d'Etat

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