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Marie de Modène Français
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Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires de la Cour de France de la comtesse de La Fayette

« [p. 226] Quand Lauzun eut vu le Roi, il s’en retourna trouver la reine d’Angleterre, qui venoit se rendre à la Cour, n’ayant point de nouvelles de son epoux. On dit d’abord qu’on la logeroit à Vincennes, mais le Roi jugea plus à propos de lui donner Saint Germain. Pendant qu’elle etoit en chemin, la nouvelle arriva que le prince d’Orange avoit fait arreter le roi d‘Angleterre. L’exemple de la mort tragique de Charles Ier, son pere, fit trembler pour lui. Mais le soir meme, le Roi dit, en s’en allant à son appartement, qu’il avoit des nouvelles que ce prince etoit en sureté. Un valet de garde robe françois, que Sa Majesté britannique avoit depuis longtemps, l’avoit vu s’embarquer proche de Rochester. De là, ce prince etoit venu repasser à Douvres, et ensuite avoit passé à Ambleteuse, petit port auprès de Boulogne. Le valet de chambre etoit venu devant, et avoit rapporté qu’il avoit entendu tirer le canon à Calais. Qu’apparemment c’etoit son maitre qui y arrivoit. Toute la soirée se passa sans que l’on fut etonné de n’avoir point d’autres nouvelles de l’arrivée du roi d’Angleterre. Mais le lendemain, on fut au lever fort consterné quand on vit qu’il n’y en avoit point encore. On trouvoit que la nuit etoit trop longue pour que, si le canon que l’on avoit entendu tirer à Calais eut eté pour lui, le courrier n’en fut pas arrivé. On commença à raconter le matin que milord Feversham, frere de M. de Duras, avoit eté arreté par le prince d’Orange comme il venoit lui parler de la part du roi d’Angleterre, que le prince d’Orange avoit mandé au roi d’Angleterre qu’il falloit qu’il sortit de Windsor parce que tant qu’il y seroit on ne pouvoit pas travailler aux choses necessaires pour le bien de l’Etat. Le Roi en fit quelque difficulté, mais peu de momens apres le prince d’Orange lui renvoya dire qu’il le falloit et qu’il se retirat à Hampton Court, qui est une maison des rois [p. 227] d’Angleterre. Le roi manda qu’il n’y pouvoit pas aller, parce qu’il n’y avoit aucun meuble, mais que s’il le lui permettoit et qu’il le jugeat à propos, il iroit à Rochester. Le prince d’Orange y consentit, et lui manda en meme temps que pour sa sureté il lui donneroit quarante de ses gardes pour l’y conduire. Il fallut en passer par où le prince d’Orange voulut, et le roi sortit ainsi en peu de momens de Windsor. Sa Majesté britannique fut gardée très étroitement. Le premier jour, le prince d’Orange lui avoit donné presque tous gardes catholiques et un officier : ils entendirent la messe avec lui. Quand le roi fut à Rochester, on le garda moins. Il y avoit des portes de derriere à son palais ; un domestique qui etoit au roi lui fit trouver des chevaux, dont il se servit. Il partit à l’entrée de la nuit, et se rendit à un endroit où l’attendoit un petit bateau pour le conduire à un plus grand batiment. En arrivant à la petite barque, il y trouva des paysans ivres, qui l’obligerent de boire à la santé du prince d’Orange. Sa Majesté leur donna de l’argent pour y boire encore. On contoit aussi toutes les particularités qu’avoit dites le valet de garde robe le matin, et chacun raisonnoit selon sa portée. Les uns croyoient que le prince d’Orange lui avoit fourni les moyens de s’embarquer, afin de le faire ensuite jeter dans la mer, les autres, afin de le faire transporter en Zelande, où il le retiendroit prisonnier, enfin chacun donnoit pour bon ce qui lui passoit par la tete. Le Roi etoit triste, les ministres fort embarrassés.
Le Roi etoit à la messe, n’attendant plus que des nouvelles de la mort du roi d’Angleterre, quand M. de Louvois y entra pour dire à Sa Majesté que M. d’Aumont venoit de lui envoyer un courrier qui lui annonçoit l’arrivée du roi d’Angleterre à Ambleteuse. La joie fut extreme à la Cour, et egale entre les gens de qualité et les domestiques. On depecha aussitôt un courrier à la reine d’Angleterre, qui etoit en chemin. M. le Grand etoit parti des le matin pour aller la recevoir à Beaumont. Pour le roi d’Angleterre, à ce que conta le courrier, il etoit dans un tres petit batiment, où il avoit quelques gens armés avec lui et quelques grenadiers. Il aperçu de loin un vaisseau plus gros que le sien ; il donna ses ordres pour se defendre en cas qu’il fut attaqué, mais quand ils s’approcherent il reconnut que c’etoit un vaisseau françois. La joie fut grande de part et d’autre. Il se mit dans ce vaisseau et arriva fort heureusement, mais pourtant très fatigué, car il y avoit bien du temps que ses nuits n’etoient pas bonnes.
Le Roi alla de Versailles à Chatou au devant de la reine d’Angleterre et du prince de Galles. Il y attendit, avec une fort grosse Cour à sa suite, cette reine qui arriva un moment apres. Elle fut reçue parfaitement bien. Sa Majesté britannique parla avec tout l’esprit et toute la politesse que l’on peut avoir, plus meme que les femmes ordinaires n’en peuvent conserver dans des malheurs aussi grands qu’etoient les siens. Le Roi la conduisit à Saint Germain, et fit ce qu’il put pour adoucir ses peines, qui etoient extremement diminuées par la joie d’avoir appris que le roi son epoux etoit en France et en bonne santé. Apres cela, le Roi s’en retourna à Versailles, et envoya le lendemain chez la reine une toilette magnifique, avec tout ce qu’il lui falloit pour l’habiller et tout ce qui etoit necessaire pour le prince de Galles, le tout travaillé sur le modele de ce que l’on avoir fait pour M. de Bourgogne. Avec cela, on mit une bourse de six mille pistoles sur la toilette de la reine ; on lui en avoit donné quatre mille à Boulogne.
Le lendemain, jour que le roi d’Angleterre arrivoit, le Roi l’alla attendre à Saint Germain, dans l’appartement de la reine. Sa Majesté y fut une demi heure ou trois quarts d’heure avant qu’il arrivat. Comme il etoit dans la garenne, on le vint dire à Sa Majesté, et puis on vint avertir quand il arriva dans le chateau. Pour lors, Sa Majesté quitta la reine d’Angleterre et alla à la porte de la salle des gardes au devant de lui. Les deux rois d’embrasserent fort tendrement, avec cette difference que celui d’Angleterre, y conservant l’humilité d’une personne malheureuse, se baissa presque aux genoux du Roi. Apres cette premiere embrassade, au milieu de la salle des gardes, ils se reprirent encore d’amitié. Et puis, en se tenant la main serrée, le Roi le conduisit à la reine, qui etoit dans son lit. Le roi d’Angleterre n’embrassa point sa femme, apparemment par respect.
Quand la conversation eut duré un quart d’heure, le Roi mena le roi d’Angleterre à l’appartement du prince de Galles. La figure du roi d’Angleterre n’avoit pas imposé aux courtisans ; ses discours firent encore moins d’effet que sa figure. Il conta au Roi, dans la chambre du prince de Galles, où il y avoit quelques courtisans, le plus gros des choses qui lui etoient arrivées ; et il les conta si mal que les courtisans ne voulurent point se souvenir qu’il etoit Anglois, que par consequent il parloit fort mal françois, outre qu’il begayoit un peu, qu’il etoit fatigué, et qu’il n’est pas extraordinaire [p. 228] qu’un malheur aussi considerable que celui où il etoit diminuat une eloquence beaucoup plus parfaite que la sienne.
Apres etre sortis de chez le prince de Galles, les deux rois s’en revinrent chez la reine. Sa Majesté y laissa celui d’Angleterre et s’en revint à Versailles. Presque tous les honnetes gens furent attendris à l’entrevue de ces deux grands princes. Le lendemain au matin, le roi d’Angleterre eut à son lever tout ce qui lui etoit necessaire, et dix mille pistoles sur sa toilette. L’après dinée, ce prince vint à Versailles voir le Roi, qui fut le recevoir à l’entrée de la salle des gardes et le mena dans son petit appartement. Ensuite, il fut voir madame la Dauphine, Monseigneur, Monsieur et Madame. Il demeura très longtemps avec le Roi. Monseugneur et Monsieur furent rendre la visite à Saint Germain. Il y eut de grandes contestations pour les ceremonies : le Roi voulut que le roi d’Angleterre traitat Monseigneur d’egal, et le roi d’Angleterre y consentit, pourvu que le Roi traitat le prince de Galles de meme. Enfin il fut decidé que le Dauphin n’auroit qu’un siege pliant devant le roi d’Angleterre, mais qui’l auroit un fauteuil devant la reine. Les princes du sang avoient aussi leurs pretentions, disant que comme ils n’etoient pas sujets du roi d’Angleterre, ils devoient avoir aussi d’autres traitemens. A la fin tout cela se passa fort bien. Mais quand il fut question des femmes, cela ne fut pas si aisé. Les princesses du sang furent trois ou quatre jours sans aller chez Sa Majesté d’Angleterre, et quand elles y furent les duchesses de les y suivirent pas. Celles-ci pretendirent à deux traitemens, celui de France, qui est de s’asseoir devant leur souveraine, et celui d’Angleterre, qui est de la baiser. La reine d’Angleterre, qui, quoique glorieuse, ne laisse pas d’etre fort raisonnable, dit au Roi qu’il n’avoit qu’à ordonner, qu’elle feroit tout ce qu’il voudroit, qu’elle le prioit de choisir lui meme le ceremonial qu’elle observeroit. Enfin il fut decidé que les duchesses s’en tiendroient à celui de France. Quand la reine d’Angleterre vint à Versailles, la magnificence l’en surprit, et surtout la grande galerie, qui sans contredit est la plus belle chose de l’univers dans son genre ; aussi la loua t elle extremement, mais dans les termes qui convenoient et qui pouvoient faire plaisir au Roi. Elle fit les memes visites qu’avoit faites le roi son epoux, et s’en retourna à Saint Germain avec de tres grands applaudissemens.
[…]
Le roi d’Angleterre etoit à Saint Germain, recevant les respects de toute la France : les ministres y furent les premiers ; l’archeveque de Reims, frere de M. de Louvois, le voyant sortir de la messe, dit avec un ton ironique : « Voilà un fort bon homme ; il a quitté trois royaumes pour une messe ». Belle réflexion dans la bouche d’un archevêque ! On régla pour la maison du roi d’Angleterre six cent mille francs, et pendant le premier mois il eut toujours les officiers du Roi pour le servir. Tous les jours il arrivoit beaucoup de cordons bleus anglois. Le Roi voulut lever deux régimens de deux mille hommes chacun, qu’il donna aux deux enfans du roi d’Angleterre.
Malgré les facheuses circonstances de son etat, Sa Majesté britannique ne laissoit pas d’aller courageusement à la chasse avec Monseigneur et piquoit comme eut pu faire un homme de vingt ans, qui n’a d’autre souci que celui de se divertir. Cependant, ses affaires alloient fort mal, car le prince d’Orange avoit eté reçu du peuple de Londres avec de tres grandes acclamations. […]
[p. 229] Plus les François voyoient le roi d’Angleterre, moins on le plaignoit de la perte de son royaume. Ce prince n’etoit obsedé que des jesuites. Il vint faire un voyage à Paris : d’abord il alla descendre aux grands jesuites, causa tres longtemps avec eux, et se les fit tous presenter. La conversation finit par dire qu’il etoit de leur societé : cela parut d’un tres mauvais gout. Ensuite il alla diner chez M. de Lauzun. On faisoit presque tous les quinze jours un voyage à Marly, de quatre ou cinq jours. C’est, comme on sait, une maison entre Saint Germain et Versailles, que le Roi aime fort et où il va faire de petits voyages, afin d’etre moins obsedé de la foule des courtisans. Le roi et la reine d’Angleterre y furent. On representoit à Trianon, qui est une autre maison que le Roi a fait batir à un bout du canal, un petit opera sur le retour du Dauphin. La princesse de Conti, madame la Duchesse et madame de Blois y dansoient et en etoient assurement le principal ornement, car du reste les vers en etoient tres mauvais et la musique des plus mediocres. Sa Majesté pria le roi et la reine d’Angleterre d’y venir et leur donna ce plaisir.
[…]
[p. 232] Pendant ce temps là, le roi d’Angleterre songeoit à son depart pour l’Irlande. M. de Tirconel, qui en etoit le vice roi, lui manda qu’il croyoit que sa presence etoit necessaire. Cela fut fort debattu dans le Conseil ; enfin on jugea à propos que Sa Majesté britannique s’y en allat incessamment. Elle fit partir le duc de Berwick, un de ses enfans naturels, avec ce qu’il y avoit ici d’Anglois, d’Ecossois et d’Irlandois pour se rendre à Brest, où ils devoient s’embarquer. Les officiers generaux que l’on avoit nommés pour servir avec lui s’y rendirent aussi. […] [p. 233] On travailla à l’equipage du roi d’Angleterre. Le Roi lui fit tenir tout ce qui lui etoit necessaire, et avec profusion, meubles, selles, housses, enfin tout ce que l’on peut s’imaginer au monde. Le Roi lui donna meme sa cuirasse.
Le roi d’Angleterre voulut, avant que de partir, laisser quelque marque à M. de Lauzun de sa reconnoissance. Sa Majesté britannique vint à Paris faire ses devotion à Notre Dame, et y donna à M. de Lauzun l’ordre de la Jarretière ; en le lui donna, il mit à son ruban bleu une medaille de Saint Georges enrichie de diamans, qui etoit la meme que le roi d’Angleterre, qui eut le cou coupé, avoit donné à son fils le feu roi en se separant de lui : les diamans en etoient tres considerables. Comme il n’y a que vingt cinq personnes qui aient cet ordre, il n’y en avoit qu’un de vacant, qui etoit celui de l’electeur de Brandebourg. Le Roi le donna ici à M. de Lauzun, et le prince d’Orange le donna en Angleterre à M. de Schomberg. […]
Le roi d’Angleterre alla aussi aux Filles de la Visitation de Chaillot, qui etoient ses amies du temps qu’il avoit demeuré en France, parce que la reine d’Angleterre sa mere y faisoit d’assez longs sejours, et il repassa ensuite par Saint Cloud pour faire compliment à Monsieur sur la mort de la reine sa fille, et pour voir Saint Cloud, qu’il n’avoit jamais vu. De là, il alla à Versailles dire adieu au Roi, et s’en retourna à Saint Germain, où il fesoit son sejour ordinaire. Le lendemain, le Roi lui alla aussi dire adieu à Saint Germain. Leur separation fut fort tendre : le Roi dit au roi d’Angleterre que tout ce qu’il pouvoit lui souhaiter de meilleur etoit de ne le jamais revoir. Il nomma M. d’Avaux pour le suivre comme ambassadeur, et le comte de Mailly, qui avoit epousé une niece de madame de Maintenon, pour l’accompagner jusqu’à Brest, où il s’embarquoit. La reine d’Angleterre demeura avec son fils le prince de Galles à Saint Germain, pria qu’on ne lui allat faire sa cour que les lundis, trouvant qu’il ne lui etoit convenable de se livrer beaucoup au public dans le temps que, selon les apparences, son mari alloit essuyer de grands perils.
[…]
[p. 234] Le depart du roi d’Angleterre pour l’Irlande ne laissa pas une grande esperance au Roi de le voir remonter sur le trone. Il n’avoit pas eté longtemps en France sans qu’on le connut tel qu’il etoit, c’est-à-dire un homme enteté de sa religion, abandonné d’une manière extraordinaire aux jesuites. Ce n’eut pas eté pourtant son plus grand defaut à l’egard de la Cour ; mais il etoit foible, et supportoit plutôt ses malheurs par insensibilité que par courage, quoiqu’il fut né avec une extreme valeur, soutenue du mepris de la mort, si commun aux Anglois. Cependant c’etoit quelque chose qu’il eut pris ce parti là. On en etoit defait en France et, selon les apparences, les troupes que le prince d’Orange s’etoit engagé d’envoyer sur les cotes pour faire une diversion alloient passer en Irlande. On donna donc à Sa Majesté une escadre de dix vaisseaux, et il arriva enfin heureusement en Irlande avec beaucoup d’officiers françois et avec tous les Anglois et Irlandois qui l’etoient venus trouver, ou qui avoient demeuré en France. Le Roi les fit conduire tous à Brest par differentes routes, à ses frais, et ils y firent un desordre epouvantable. Le roi d’Angleterre, qui avoit eté homme de mer etant duc d’York, ne fut pas contant de la marine, et le manda au Roi : cela donna des vapeurs à M. de Seignelay. Il y eut des ordres pour faire conduire à Brest toutes les choses necessaires pour l’Irlande : elles y furent expediées avec promptitude et en grande quantité, parce que M. de Louvois s’en mela.
[…]
[p. 239] Cependant la reine d’Angleterre etoit à Saint Germain, dans une tristesse et un abattement epouvantables. Ses larmes ne tarissoient pas. Le Roi, qui a l’ame bonne et une tendresse extraordinaire, surtout pour les femmes, etoit touché des malheurs de cette princesse et les adoucissoit par tout ce qu’il pouvoit imaginer. Il lui faisoit des presens ; et parce qu’elle etoit aussi devote que malheureuse, c’etoient des presens qui convenoient à la devotion. Il avoit aussi pour elle toutes les complaisances qu’elle meritoit : il la faisoit venir à Trianon et à Marly, aux fetes qu’il y donnoit ; enfin il avoit des manieres pour elle si agreables et si engageantes que le monde jugea qu’il etoit amoureux d’elle. La chose paroissoit assez probable. Les gens qui ne voyoient pas cela de fort pres assuroient que madame de Maintenon, quoiqu’elle ne passat que pour amie, regardoit les manieres du Roi pour la reine d’Angleterre avec une furieuse inquietude. Ce n’etoit pas sans raison, car il n’y a point de maitresse qui ne terrasse bientôt une amie. Cependant le bruit de cet amour ne fut que l’effet d’un discours du public, fondé sur les airs honnetes que le Roi ne pouvoit s’empecher d’avoir pour une personne dont le merite etoit aussi avoué de tout le monde que celui de la reine d’Angleterre, quand meme elle n’eut eté que particuliere. »

Pioche de La Vergne, Marie-Madeleine

Acte de baptême de Marie Galloway dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Ce jourd’huy cinquiesme jour de mars, a esté baptizée dans la chapelle du château vieil de ce lieu par monsieur l’abbé Ingletton, aumosnier de Leurs Majestez britanniques, Marie, née en légitime mariage le deuxième du présent mois, fille de Jacques Gallovay, millord Dunkeld, et de Heleine Salles, ses père et mère, écossois de nation, de cette paroisse, la mareine très hautre, vertueuse et religieuse princesse Marie d’Est, reine d’Angleterre, épouze de très haut et puissant monarque Jacques second, roy d’Angleterre, laquelle a signé en présence et d consentement de messire Jean François de Benoist, prestre, docteur de la maison de Sorbonne, prieur et curé de Saint Germain en Laye, qui a apporté les saintes huisles revestu d’étole et surplis, et a signé.
Maria R.
Dunkeld
J. Ingleton
De Benoist »

Acte de baptême de Marie MacGuinness dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Du même jour, a esté baptisée dans la chappelle du château viel de ce lieu par monsieur l’abé Bulb, aumônier de Leur Majestées britanique, Marie, née du même jour en et de légitime mariage de Roger Maguenis, millor d’Iveagh, et de dame Jeanne O’Neill, ses père et mère, la mareine très haute et très vertueuse prince Marie d’Est, princesse de Modène, expouse de deffunct très haut et puissant monarque Jacques, second du nom, roy de la Grande Bretagne, qui ont signé et en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, prêtre, docteur de la maison de Sorbonne, prieur et curé de ce lieu, lequel a apporté les saintes huilles revestu d’estole et surplis, et a aussi signé.
Maria R.
Iveagh
L. Inese
De Benoist »

Acte de baptême de Jean François Gifford dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Le troisiesme du mois de novembre de l’année mil sept cent quatre, a esté baptisé par monsieur l’abbé Inyse, aumosnier de Leurs Majestés britannique, dans la chapelle du château viel de ce lieu, Jean François, né le jour précédent du légitime mariage du chevallier Gifford et de Catherine Middleton, ses père et mère, la mareine très haulte et excellente et vertueuse princesse Marie d’Est de Modène, reyne de la Grande Bretagne, laquelle a signé en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur de Sorbonne, prieur et curé de ce lieu, lequel a apporté les saintes huyles revestu d’étolle et de surplis, lequel a signé avec le père présent.
Maria R.
De Benoist, Gifford
Ineses »

Acte de baptême de Marie Forester dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Le vingt sixième du mois de septembre de l’année mil sept cent six, a esté baptisée en la chapelle du château viel de ce lieu, Marie, née le jour précédent en et du légitime mariage du chevallier Jean Forester, capitaine dans le régiment de Barvick, et de Anne Robisson, ses père et mère, par moy prestre, aumônier de Leurs Majestés britanniques, la mareine haute et puissante princesse Marie d’Est, reyne d’Ecosse, d’Yrlande et d’Angleterre, qui a signé en présence et du consentement de Hyerosme Boivin, vicaire de l’église royalle et paroissialle de Saint Germain en Laye, par la permission de messire Jean François de Benoist, docteur de la maison de Sorbonne, doyen rural de Chasteaufort, prieur et curé dud. lieu, lequel a apporté les saintes huiles revestu d’étolles et de surplis, qui a aussi signé.
Maria R.
Jean Ingleton
Boivin, vicaire »

Acte de baptême de François Copley dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Le mesme jour et an, a esté baptizé par monsieur l’abbé Ronchy, aumosnier de Leur Majesté britannique, dans la chapelle du chasteau vieil de Saint Germain en Laie, François, né du mesme jour du légitime mariage de monsieur Jean Copley, gentilhomme de la chambre du roy, et d’Henriette Conqueste, sa femme, la mareine très haute, très puissante et très religieuse princesse Marie d’Est, reine douairière de la Grande Bretagne, qui a signé en présence et du consentement de messire Jean François de Benoist, prieur et curé de l’église royalle et parroissialle de Saint Germain en Laie, docteur de la maison de Sorbonne, doyen rural de Chasteaufort, qui a signé et apporté les saintes huisles, revestu d’étolles et de surplis avec le père présent.
Maria R.
John Copley
P. Ronchi
De Benoist »

Acte de baptême de Marie Crane à Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Le huitième juin mil sept cens treize, par moi prêtre vicaire soussignée Marie, née le sixième en et du légitime mariage du sieur Guillaume Crane, écuyer de la main de la reyne d’Angleterre, et de dame Elisabeth Broomer, son épouse, la mareine madame la duchesse de Perth au nom de Sa Majesté britannique, le parein milord Jacque, duc de Perth, cy devant gouverneur du roy d’Angleterre, lesquels ont signé avec le père.
La duchesse de Perth pour la reine
Le duc de Perth
Crane, Serres »

Récit de la visite du duc de Mantoue à la famille royale anglaise à Saint-Germain-en-Laye

« Il [le duc de Mantoue] m’avait prié de savoir du Roi si S. M. ne jugeait pas à propos qu’il allât à Saint Germain en Laye voir le roi et la reine d’Angleterre. S. M. m’avait ordonné de lui dire qu’il en était le maître, pourvu qu’il y allât comme partout ailleurs sous le nom de marquis de San Salvador et sans qu’il fût question d’aucune cérémonie. Il envoya, le 17, le marquis d’Elfian complimenter Leurs Majestés britanniques et demander le jour et l’heure auxquels il pourrait les voir et convenir avec mylord Pertz, gouverneur du roi, à qui j’indiquai au marquis qu’il devait s’adresser, de la manière dont il serait reçu. Le lendemain, le roi d’Angleterre l’envoya complimenter à Luxembourg par un de ses premiers gentilshommes de sa chambre et la reine par le comte de Molsa, son premier écuyer.
[…]
[p. 171] Le lundi 19, nous fûmes à la cour d’Angleterre avec le même nombre de carrosses et de la même manière que nous avions été à Versailles. En arrivant au château de Saint Germain, nous montâmes d’abord, et sans nous reposer dans aucun appartement, à l’audience, par le grand degré, ayant été reçus à la descente du carrosse par le comte Molsa seul, à cause [p. 172] de l’incognito, et Leurs Majestés britanniques l’avaient choisi préférablement à un autre parce qu’il est italien. Comme je n’avais aucune fonction dans cette audience, je marchai derrière avec les courtisans du prince sans affecter aucune distraction. Nous nous trouvâmes dans le cabinet du roi. Le jeune roi, debout, avait son chapeau sous son bras, et ayant la droite sur la reine sa mère, qui avait à sa gauche, en retour, la princesse d’Angleterre. Le roi et la reine attendirent en leurs places le marquis de San Salvador, sans s’avancer pour le recevoir ; après les révérences réciproques et un compliment du roi fort court, la reine prit la parole en italien et, après une conversation d’environ un quart d’heure, elle convient avec ce prince d’une plus longue entrevue, et plus libre, quand elle viendrait au couvent des Filles de Sainte Marie de Chaillot, où elle va souvent. Ensuite, le prince prit congé de Leurs Majestés britanniques ainsi que Molsa nous avait dit, en montant le degré, que c’était l’usage de leur Cour, et le roi et la reine avancèrent jusqu’à la moitié du cabinet, qui à la vérité n’est pas fort long, pour le reconduire. Dans le moment qu’il eut fait la révérence pour s’en retourner, il présenta les gens de qualité de sa suite et, ayant aperçu en sortant du cabinet que la reine me faisait l’honneur de me parler, il revint et lui dit, me prenant par la main, que le Roi n’avait pu lui faire un plus grand plaisir que de me mettre auprès de lui pour l’accompagner, parce que j’étais son ancien ami – il voulut bien m’honorer de cette expression – et que tout ce qui était commis à mes soins se retrouvait toujours arrangé et exécuté à la perfection. En revenant de Saint Germain, il s’arrêta à la machine de Marly qui se trouve sur le chemin et qui n’est pas une des moindres choses à faire voir aux étrangers pour leur donner une idée de la magnificence avec laquelle le Roi a fait tout ce qui a pu embellir ses jardins. »

Le Tonnelier, Louis Nicolas, baron de Breteuil

Acte de baptême de Marie Williams dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Ce jourd’huy vingt sixieme avril mil six cent quatre vingt dix sept, a esté baptisée dans la chapelle du chateau vieux par monsieur l’abbé Rinchy, aumosnier du roy d’Angleterre, Marie, née en legitime mariage le 23e du present mois, fille de Christophe Williams, officier du prince de Galles, et de Marie Favanne, ses pere et mere, tous deux anglois, la maraine tres haute et tres puissante princesse Marie d’Est, duchesse de Modenne et reine d’Angleterre, laquelle a signé en presence et du consentement de messire Michel Trinité, l’un des vicaires de cette paroisse, revestu de son surplus et estole, lequel a apporté les saintes huilles.
Maria R.
P. Ronchi
Christophle Williams »

Acte de baptême de Marie Callanam dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Du mesme jour, a esté baptizé dans la chappelle du chasteau vieil de ce lieu par monsieur l’abbé Inesse, aumosnier du roy et de la reine d’Angleterre, soussigné, Marie, née en legitime mariage le jour precedent, fille d’Eugene Callanam, capitaine dans les troupes de Sa Majesté britannique, et de Marie Chelton, son epouze, la mareine tres haute, tres puissante et vertueuse princesse Marie d’Est, princesse de Modene, epouze de tres haut et tres puissant prince Jacques Stuard, second du nom, roy d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, laquelle a signé en presence et du consentement de messire Jean François de Benoist, docteur de la maison de Sorbonne, prieur et curé de ce lieu, soussigné, lequel a apporté les saintes huisles revetu d’etolle et surplis.
Maria R.
Eug. Callanam
L. Ineses
De Benoist »

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