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Bibliothèque nationale de France
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Quittance du capitaine de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Nous Claude, duc de Saint Simon, pair de France, chevalier des ordres du Roy, gouverneur de Blaye, cappitaine et gouverneur des chasteaux, parcqs, forests et chasses de Saint Germain en Laye, ville et pont de Poissy, La Muette et Saint Jame, confessons avoir receu de noble homme [vide] la somme de dix sept livres deux sols ung denier pour trois quartiers de nos gages de cappitaine et concierge dud. Saint Germain à cause de vingt deux livres seize solz deux deniers à nous deubz pour l’année commencée au jour Saint Jean Baptiste mil six cens quarante quatre et finye à pareil jour Saint Jean mil six cens quarante cinq, de laquelle somme de dix sept livres deux sols ung denier pour lesd. trois quartiers nous quittons led. sieur [vide] et tous autres. Faict soubs nostre seing le sixiesme jour de septembre mil six cens quarante huit.
Le duc de Saint Simon »

Quittance du capitaine de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Nous Claude, duc de Saint Simon, pair de France, chevalier des ordres du Roy, gouverneur de Blaye, cappitaine et gouverneur des chasteaux, parcs, forests et chasses de Saint Germain en Laye, ville et pont de Poissy, La Muette et Saint Jame, confessons avoir receu de noble homme [vide] la somme de dix sept livres deux sols ung denier pour trois quartiers de nos gages de cappitaine et gouverneur du chasteau dud. Saint Germain à cause de vingt deux livres seize sols deux deniers à nous deubs pour l’année commancée au jour Saint Jean Baptiste mil six cens quarente quatre et finye à pareil jour Saint Jean mil six cens quarante cinq, de laquelle somme de dix sept livres deux sols ung denier pour lesd. trois quartiers nous quittons led. sieur [vide] et tous autres. Faict soubs nostre seing le sixiesme jour de septembre mil six cens quarante huit.
Le duc de Saint Simon »

Quittance du capitaine du château de Saint-Germain-en-Laye pour des pièces d’artillerie

« Sachent tous que nous Jehan de Meudon, chevalier, capitaine pour le Roy nostre sire de son chastel de Saint Germain en Laie, confessons avoir eu et receu de Richart de Brumare, garde du clos des galees de Rouen, douse arbalestes, dis a un pié, douse baudres, douses panes et six milliers de viretons en douse coffres de l’artillerie que le dit Richars avoir par devers li en garde pour la gare et defense dudit chastel, de laquelle artillerie nous nous tenons a bien paiés pour le Roy nostre dit seigneur et en quittons et clamons quitte le dit Richart et tous autres, a qui quittance en puet et doit appartenir. Donné soubs nostre scel l’an de grace mil CCC soixante et six le IXe jour de novembre. »

Quittance du capitaine du château de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Sachent tous que nous Jehan de Meudon, chevalier, capitaine et chastelain du chastel de Saint Germain en Laye, confesse avoir eu et receu de Jehan Luissiet, receveur general des aides ordonnees sur le fait de la gueur, la somme de six vins et quatorze frans d’or pour mes gaiges au fuer de IIIc L frans d’or par an, sur l’annee qui commence au premier jour d’avril CCCLXX et qui fenira le premier jour d’avril prochain venant CCCLXII apres Pasques et qui sont desservis pour tout le temps passé jusques au premier jour de cest present mois de fevrier, de laquelle somme de six vins quatorze frans dessus dit je me tieng pour bien cntens et paié, et en quitte le Roy nostre sire, ledit receveur general et tous autres. Donné soux mon scel le XXIIIIe jour de fevrier l’an MCCCLXI. »

Quittance du capitaine du château de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Sachent tout que nous Jehan de Meudon, chevalier, capitaine du chastel de Saint Germain en Laye, confessons avoir eu et receu de François Chanteprime, receveur general des aides ordennees pour la gueur, la somme de cent cinquante frans d’or en rabat, deduction de IIIc L frans pour mes gaiges d’un an commancé le premier jour de janvier CCCLXXVI a cause de la dite cappitainerie ainsi que par mandement du Roy nostre sire sur ce fait peut apparoir, de laquelle somme de cent cinquante frans d’or dessus dite je me tiens pour content et bien paiez et en quicte le Roy nostre dit seigneur, le dit receveur general et tous autres. Donné soubz nostre scel le IIIIe jour de decembre l’an mil CCCLX dix sept. »

Quittance du concierge du château de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Sachent tout que nous Jehan de Meudon, chevalier, concierge du chastel de Saint Germain en Laye, confessons avoir eu et receu de honnorable homme et saige Lorens du Moulinet, receveur de Paris, la somme de six livres dix et sept solz parisis qui deuz nous estoient pour car des gaiges de la dite conciergerie pour ce presnt terme de Toussaint CCCLXXIII, desquelx VI l. XVII s. p. dessus diz nous quittons le dit receveur et touz autres. Escript soubz nostre scel le XXVIe jour d’ottobre MCCCLXXIII. »

Quittance du maître particulier des Eaux et Forêts de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Nous Claude, duc de Saint Simon, pair de France, chevalier des ordres du Roy, gouverneur de Blaye et maistre particulier des Eaues et forests de Saint Germain en Laye, confessons avoir receu de noble homme [vide] la somme de cent cinquante livres pour le reste et pafaict payement de quatre cens livres de gaiges attribués à nostred. charge de maistre desd. forests, faisant le reste de l’année escheue au jour Saint Jean Baptiste mil six cens quarante cinq, qui nous avoit esté retranché sur l’estat de la despence du domaine de Paris de l’année escheue aud. jour et depuis ordonné nous estre payé par ordonnance du Conseil du sixiesme juillet 1647, de laquelle somme de cent cinquante livres nous quittons led. sieur [vide] et tous autres. Faict le dernier jour de decembre mil six cens quarante huict.
Le duc de Saint Simon »

Quittance du portier du château de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Nous Henry de Daillon, duc du Lude, conseiller du Roy en ses conseils, chevalier des ordres de Sa Majesté, grand maitre et capitaine general de l’artillerie de France, lieutenant general des camps et armées du Roy, colonel du regiment de ses fuzilliers, gouverneur et capitaine de Sainct Germain en Laye, La Muette, Saincte James, ville et ponts de Poissy, des environs de Versailles et autres lieux en despandants, confessons avoir receu de me [vide] la somme de vingt deux livres laissée en fond dans l’estat des charges de la ferme generalle des Domaines de France pour une année des gages à nous ordonnez par Sa Majesté comme portier du chasteau de Sainct Germain en Laye, ladicte année escheue le dernier decembre mil six cens quattre vingts un, de laquelle somme nous quittons ledict sieur [vide] et tous autres. Faict à Paris le XXVIe jour de janvier mil six cens quattre vingts deux.
Le duc du Lude »

Quittance d’un cordonnier de Saint-Germain-en-Laye pour un don à lui fait par le roi

« En la presence des notaires soubzsignez, Jehan de Belleval dict Champagne, cordonnier ordinaire du Roy demeurant ordinairement à Sainct Germain en Laye, estant de present à Paris logé es faulxbourgs Sainct Germain des Prez lez Paris, confesse avoir eu et receu comptant en cested. ville de Paris de messire Macé Bertrand, sieur de la Baziniere, conseiller du Roy en son conseil d’Estat et tresorier de son Espargne, la somme de trois cens livres en quartz et monnoye, de laquelle Sa Majesté luy a faict don en consideration des services qu’il luy a rendu depuis trente ans et pour luy donner moyen de les continuer, dont et de laquelle somme de trois cens livres led. Belleval s’est tenu et tient pour content et en a quicté et quicte led. sieur de la Baziniere, tresorier susd., et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Fait et passé es estudes desd. notaires soubzsignez l’a[n mil] six cens trente cinq, le douziesme jour de febvrier, et a signé.
Jan de Belval
De Beauvais, De Beaufo[rt] »

Quittance d’un garde de la forêt de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Anceau Delacourt, garde pour le Roy en ses forestz de Saint Germain en Laye, Alluetz le Roy et bois de Fresne, estant de present à Paris, confesse avoir receu de noble homme me Anthoine Menestrel, conseiller du Roy et recepveur general de ses domaines, la somme de quatorze livres quatre solz six deniers pour deux termes de ses gaiges à cause de sad. charge escheuz au jour et feste de Chandeleur dernier passé. Dont. Quictant. Promettant. Obligeant. Renonçant. Fait et passé es estudes des notaires soubzsignez l’an mil six cens trente cinq le dix septiesme jour de febvrier, et a signé.
Moufle, Delacourt »

Quittance d’un garde des plaisirs du roi à Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« En la presence de Michel Ferrand, notaire et tabellion royal à Saint Germain en Laye soubzsigné, Pierre Simon, garde des plaisirs du Roy en l’estendue de la cappitainerie dud. Saint Germain, demeurant à Poissy, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme me Nicolas Bourlon, conseiller du Roy et tresorier de sa vainerye, thoilles de chasses et fauconnerye, la somme de soixante livres t. à luy ordonnée pour ses gaiges à cause de sond. estat durant l’année derniere mil six cens trente ung, de laquelle somme led. Simon s’est tenu pour bien comptant et en a quicté et quicte led. sieur Bourlon, tresorier susdict, et tous autres. Faict et passé aud. Saint Germain en l’estude dud. notaire, es presence de Philippes Tourdes et François Delastre, demeurants aud. Saint Germain, tesmoings, le jeudi quinziesme jour d’avril mil six cens trente deux.
Delastre, Simon
Tourdas, Ferrand »

Quittance d’un jardinier de Saint-Germain-en-Laye pour un don à lui fait par le roi

« En la presence des notaires gardenotes du Roy en son Chastelet de Paris soubzsignez, Baptiste Delalande, jardinier ordinaire du Roy en ses jardins de Saint Germain en Laye, y demeurant, estant de present à Paris, a confessé avoir eu et receu comptant en ceste ville de Paris de messire Macé Bertrand, sieur de La Baziniere, conseiller du Roy en son con[seil] d’Estat et tresorier de son Espargne, la somme de [deux] cens livres tournois en quartz et monnoye dont Sa Majesté [lui a] faict don en consideration de ses services, de laque[lle] somme de IIc l. led. Delalande s’est tenu et ti[ent] contant et en quicte led. sieur de La Bazi[niere], tresorier susd., et tous autres. Promettant. Obligeant. [Renonçant.] Fait et passé es estudes desd. notaires l’[an mil six] cens trente cinq, le dix huictiesme j[…], et a signé.
Delalande
Ogier »

Quittance mentionnant l’ordre de renforcer la garde du château de Saint-Germain-en-Laye

« L’an de grace mil CCCC quarante, le XIe jour d’avril apres Pasques, devant nous Jaques Garoul, lieutenant commis de honnorable homme et sage Je[han] Le Sage, viconte de Rouen, fut present Cardin Morin, messager de pié, lequel congnut et confessa avoir eu et receu de honnorable homme et sage Pierres Baille, receveur general de Normandie, la somme de neuf livres tournois qui deubz lui estoient pour sa paine, sallaire et despence par marchié fait avec lui de trois voiages par lui faiz, c’est assavoir le premier d’avoir esté et cheminé hastivement jour et nuit de ceste ville de Rouen a Chalmesnil, a Arques et Neufchastel par l’ordonnance de tres reverend pere en Dieu monseigneur l’archevesque de Rouen, chancellier de France, et de nosseigneurs les tresoriers de Normandie, porter de par eulx lettres closes adrestans aux cappitaines desd. lieux ou leurs lieuxtenants contenant aucunes choses secretes touchans grandement le bien du Roy nostre seigneur, la seurté et garde des places d’iceulx lieux, le second voiage d’avoir esté et cheminé hastivement jour et nuit comme dessus de ceste dite ville au Pont de l’Arche, Gaillard, Gisors, Vernon, La Roche Guion, Mante et Saint Germain en Laye par l’ordonnance de nosseigneurs du grant conseil du Roy nostre sire porter de par eulx plusieurs autres lettres closes aux capitaines desd. lieux et place ou leurs lieuxtenants contenant qu’ilz et chacun en droit soy emtensissent les gens d’armes et de trait de leurs charges et retenues pour la garde d’iceulx lieux et places jusques au jour declaré esd. lettres, le tiers et derrenier voiage d’avoir esté et cheminé comme dessus de ceste dite ville a Caudebec, Arques et Neufchastel par l’ordonnance de nosseigneurs les commissaires ordonnez par le Roy nostre sire au gouvernement de France et Normandie porter de par eulx autres lettres closes adresans aux cappitaines, bourgeois et habitans desd. lieux contenant qu’ilz feussent ou envoiassent de par eulx en ceste dite ville au XXe jour du mois de fevrier derrenier passé pour comparoir et assister avec autres des gens des trois estas du duchié de Normandie pour ce mandez estant aud. jour a oir aucunes choses que le Roy ou son conseil avoit intencion le faire faire et exposer pour le bien de sa seigneurie, iceulx voiages commencés c’est assavoir le premier et second le Ve et XXe jour du mois de janvier derrenier passé et le trois voiage le IIIIe jour dud. mois de fevrier derrenier, et de toutes lesd. lettres closes avoir par led. messager apporté reponce ainsi qu’il appartient, de laquelle somme de IX l. t. dessusd. icellui messager se tient pour content et bien paié et en quicte le Roy nostre sire, led. receveur general et tous autres. Donné comme dessus. »

Quittance pour des fournitures pour le ballet des Muses dansé à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires gardenotes du Roy nostre sire en son Chastellet de Paris soussignez, Jean Vagnard, peintre du Roy demeurant sur le quay de la Megisserie, parroisse Sainct Germain d’Auxerois, a reconneu et confessé avoir receu de messire Pierre Olivier, sieur de Prelabbé, conseiller du Roy, tresorier general de son Argenterie, la somme de deux mil deux cens seize livres à luy ordonnée estre paiée par Sa Majesté pour fournitures de masques, jartieres, manes, ustancilles et cadenats qu’il a faites pour le ballet des Muses dansé par Leurs Majestez au chasteau de Sainct Germain en Laye le deuxiesme jour de decembre de l’année derniere mil six cens soixante six, de laquelle somme il se tient comptant, en quitte led. sieur tresorier et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Fait et passé à Paris es estudes des notaires soussignez l’an mil six cens soixante sept, le vingt deux jour de novembre avant midy, et a signé.
Vagnard
Ruin, Loret »

Quittance pour des ouvrages de peinture faits au Château-Neuf

« En la presence des notaires soubzsignez, Loys Poisson, peinctre ordinaire du Roy, a confessé avoir receu comptant de noble homme maistre Henry Estienne, tresorier des Bastimens du Roy, la somme de neuf cens livres tournois en [vide] à lui ordonnée sur les ouvraiges de peinctures, dorures et enrichissemens par luy faictes et qu’il continue faire en la superficie de la voulte de la gallerye neufve de Sa Majesté au chasteau de Sainct Germain en Laye du costé du Pecq, ensemble pour les peinctures des tableaulx et lambris d’icelle gallerye, et ce outre et par dessus la somme de VIIIm troys cens livres tournois par luy cy devant receue, de laquelle somme de IXc livres il se tient contant, en quicte led. sieur Estienne, tresorier, et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostelz des notaires le premier jour de janvier, avant midy, mil six cens unze, et a signé.
Poisson, Herbin
De Monhenault »

Quittance pour des ouvrages de serrurerie entrepris pour le roi au Château

« En la presence de moy Lois Ferrand, nottaire et tabellion roial à Sainct Germain en Laye, fut present en sa personne Estienne Hotot, serrurier demeurant aud. Sainct Germain, lequel a confessé avoir eu et receu comptant de messire Jehan Jacquelin, tresorier general des Bastimens du Roy, la somme de soixante six escus deux tyers sur estanmoings de la serrurerye qu’il convient faire et fournir au nouvel bastiment et ediffice que Sa Majesté fait faire au bout de son parc du chasteau dud. Sainct Germain, dont et de laquelle somme de LXVI escus II tiers led. Hotot c’est tenu et tient comptant et en a quicté et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier susd., et tous autres. Promectant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé aud. Sainct Germain es presences de Guillaume Billier et Jehan Delastre le jeune, tesmoins, le vingt huictiesme jour de octobre mil Vc IIIIxx quinze avant midy es estude.
Delastre, Hotot, Ferrand
Billier »

Quittance pour des sommes payées pour l’usage du dauphin

« Nous soubzsignez conseiller du Roy en son conseil d’Estat, chevallier des ordres et premier gentilhomme de la chambre de Sa Majesté, confessons avoir receu comptant de monsieur Ferras, aussy conseiller du Roy et tresorier de son Argenterie, la somme de quinze centz quatre vingtz dix livres, scavoir VIIc IIIIxx X l. pour le payement de six paires de draps qui ont esté acheptez pour servir à monseigneur le Daulphin, et VIIc l. pour la nourriture et entretenement de deux chevaux et de la caleche de mond. seigneur le Daulphin durant l’année MVIc quarente un, de laquelle somme de XVc IIIIxx X l. tournois nous nous tenons pour contentz et bien payez, et en quittons led. sieur Feras et tous autres par la presente signée de nostre main ce dernier jour de decembre MVIc quarente deux.
De Souvré »

Quittance pour du fil de laiton pour les volières des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires du Roy nostre sire au Chastelet de Paris soubzsignez, Adrien de Villers, maistre espinglier à Paris, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme me Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy, la somme de vingt ung escu trente six solz en [vide], à luy ordonnée pour la quantité de sept vingtz quatre piedz de lassis et gros fil de laiton qu’i a faictz et livrez de neuf pour le Roy tant a[ux] fenestres et bees des grotes de Sainct Germain en Laye que aux vollieres de ses oyseaulx aux chasteau et bastimens neufz dud. lieu, de laquelle somme de XXI escus XXXVI solz il s’est tenu contant, en a quicté et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier susd., et tous aultres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostelz des notaires le vingt troisiesme jour de novembre apres midy mil six cens, et a signé :
Adryen de Vyller,
Chapelain, Le Vasseur »

Quittance pour la fourniture de sel pour le château de Saint-Germain-en-Laye

« Nous Bertran de Beauvau, chevalier, seigneur de Precigne, conseiller et chambellan du Roy nostre sire, president de ses comptes et cappitaine de Saint Germain en Laye, certiffions avoir eu et receu de Jehan de Fammiz, grenetier du grenier a sel estably de par le Roy nostred. seigneur a Pontoise, ung septier de sel mesure de Paris sans gabelles pour la provision et despence dud. chastel de Saint Germain en Laye dont n’avons paié aud. grenetier que le droit du marchant seullement. En tesmoin de ce nous avons signé ces presentes de nostre main le XIIe jour de septembre l’an mil IIIIc soixante et six.
De Bauvau »

Quittance pour la fourniture de sel pour le château de Saint-Germain-en-Laye

« Je Gilles Blavin, lieutenant du chasteau de Saint Germain en Laye pour noble et puissant seigneur monseigneur de Precigny, chevalier, conseiller, chambellan du Roy nostre sire et president en sa chambre des comptes a Paris, confesse avoir eu et receu du grenetier de Pontoise la quantité de deux mynes de sel sans gabelles pour user aud. chasteau tout ainsy qu’il appert par la cedulle de mond. seigneur, de laquelle quantité de deux mynes de sel je quicte et prometz faire tenir quicte led. grenetier envers mond. seigneur et tous autres. En tesmoing de ce moy Guillaume Bernard, clerc, tabellion juré du Roy nostred. seigneur aud. lieu ay signé ceste presente quictance de mon seing manuel a la requeste dud. Gilles Blavin. Ce fut fait le lundi XVIIe jour de juing l’an mil IIIIc soixante cinq.
G. Bernard »

Quittance pour la fourniture de sel pour le château de Saint-Germain-en-Laye

« Je Gilles Blavin, lieutenant du chastel de Saint Germain en Laye pour noble et puissant seigneur monseigneur messire Bertrand de Beauvau, chevalier, seigneur de Precigny, conseiller, chambellan du Roy nostre sire, president de ses comptes a Paris et cappitaine dud. Saint Germain en Laye, confesse avoir eu et receu du grenetier a sel en la ville de Pontoise ou de ses commis un septier de sel sans gabelles pour la provision dud. chastel, lequel a esté ordonné prendre aud. grenier par messieurs des comptes comme appert par leurs lettres donnees a Paris le IIIe jour de fevrier l’an mil IIIIc LXV, ausquelles ceste presente quictance ou descharge est atachee, duquel septier de sel sans gabelles je me tiens pour comptent et en quicte led. grenetier, ses commis et tous autres. En tesmoing de ce moy Guillaume Bernard, clerc, tabellion juré du Roy nostred. seigneur en la prevosté de Saint Germain en Laye, ay signé ceste presente quictance de mon seing manuel a la priere, requeste dud. lieutenant. Ce fut fait le jeudi VIe jour de fevrier l’an mil IIIIc LXV.
G. Bernard »

Quittance pour la nourriture des comédiens de la troupe royale durant leur séjour à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires soubzsignez, Josias Soulas, escuier, sieur de Floridot, l’un des comediens de la trouppe royalle entretenue par le Roy, tant pour luy que pour les autres comediens composans lad. trouppe, a confessé avoir receu comptant de Nicolas Melique, escuier, conseiller du Roy en ses conseils et tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de la chambre de Sa Majesté, la somme de cent unze livres à eux ordonnées pour leur nourriture durant leur sejour à Saint Germain en Laye pendant l’année derniere MVIc soixante neuf. Dont etc. Quittant etc. Promettant etc. Obligeant etc. Renonçant etc. Fait et passé es estudes l’an MVIc soixante dix, le vingtiesme janvier, et a signé.
Soulas de Floridor
Ogier »

Quittance pour la peinture de trois cheminées et de menuiseries dans la basse-cour du château de Saint-Germain-en-Laye

«  En la presence des notaires soubzsignez, Loys Poisson, peinctre ordinaire du Roy, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme maistre Henry Estienne, tresorier des Bastiments du Roy, la somme de six cens livres tournois en [vide] à luy ordonnée pour son premier payement des ouvraiges de peinctures et dorurre par luy faictz pour l’ornement ez troys cheminées des chambres, entichambre et salle du logis de la conciergerye ou basse court du viel chasteau de Saint Germain en Laye où est logé le sieur de Frontenac, cesdites ouvraiges faictz par commandement de Sa Majesté, d’aultant qu’Elle se logeoit tousjours aud. logis quant Elle alloit à la chasse en ce quartier, comme aussy sur autres ouvraiges de peinctures en coulleur de boys à huille par led. Poisson faictz ez portes et croysées dud. logis et celles du bastimens neuf dud. lieu, de laquelle somme de VIc l. il se tient pour contant, en quicte led. sieur Estienne, tresorier, et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostel des notaires le premier jour de janvier avant midy mil six cens douze, et a signé.
Poisson,
De Monhenault, Herbin »

Quittance pour le bois pour la couverture d’une galerie en terrasse dans le jardin du Château-Neuf

« En la presence des notaires du Roy nostre sire ou Chastelet de Paris soubzsignez, Remond Vedet dict La Fleur, cappitaine du charroy de l’artillerie du Roy, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme me Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy et commis à l’exercice dud. office en ceste presente année, la somme de cinquante escuz sol en [vide] à luy ordonnée pour avoir vendu et livré pour Sa Majesté la quantité de quatre cens grosses perches ou balliveaux pour servir à la couverture de pierre à la grande gallerie en terrasse faite de neuf à la troisiesme descente de son chasteau neuf de Saint Germain en Laye, de laquelle some de L escuz sol il s’est tenu content, en a quicté et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier susd., et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostelz des notaires le premier jour de decembre avant midy mil six cens ung, et a signé :
Vedet
Chapelain, Le Vasseur »

Quittance pour le logement des membres de la musique de la chapelle du roi durant leur séjour à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires soubzsignez, Pierre Robert, maistre de la musique de la chappelle du Roy, tant pour luy que pour les soubs maistres et chantres de ladicte chappelle, desquels il se porte fort, a confessé avoir receu comptant de Nicolas Melicque, escuyer, conseiller du Roy en ses conseils et tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de sa chambre, la somme de quinze cens livres ausd. soubz maistres et chantres ordonnée pour le payement du loyer de leur logement et autres frais extraordinaires faits pendant le sejour de Sa Majesté à Saint Germain en Laye pendant le quartier d’octobre de l’année derniere mil six cens soixante neuf, ainsy qu’il est accoustumé. Dont etc. Quittant etc. Fait et passé es estudes l’an mil six cent soixante dix, le vingt huict janvier, et a signé.
Robert
Moufle, Gigault »

Quittance pour le louage de carrosses pour des comédies représentées à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires soubzsignez, Claude Nicolardot dict La Vigne, loueur de carrosses à Paris, a confessé avoir receu de Nicolas Melicque, escuyer, conseiller du Roy et tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de la chambre de Sa Majesté, la somme de quatre cens trente six livres à luy ordonnée pour carrosses par luy fournis pour les comedyes de Tarftufle, l’Avarre et baron d’Albierak en la gallerye du chasteau neuf de Saint Germain en Laye le troisiesme et quatriesme aoust mil six cens soixante neuf. Dont etc. Quittant etc. Fait et passé es estudes l’an mil six cent soixante dix, le treiziesme febvrier, et a declaré ne scavoir escrire ne signer.
Gigault, Lenormand »

Quittance pour les frais de bouche des officiers des Menus Plaisirs du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Je Jean Dupin, conseiller du Roy, tresorier des Menus Plaisirs et affaires de la chambre de Sa Majesté, confesse avoir receu comptant de messire Nicolas Jeannin de Castille, conseiller du Roy en son conseil d’Estat, tresorier de l’Espargne, la somme de huict cens livres pour emploier au faict de ma charge, mesmes icelle distribuer aux officiers pour leur nourriture, pour partie de ce qui leur faut pendant le present mois d’avril, de laquelle somme de VIIIc l. à moy baillée en louis d’or je quitte ledict sieur Jeannin et tous autres. Faict à Sainct Germain en Laie le vint huictiesme jour d’avril mil six cent cinquante deux.
Dupin »

Quittance pour les frais des comédiens ayant joué au château de Saint-Germain-en-Laye

« En la presence de nous conseillers du Roy, notaires gardenottes au Chastelet de Paris soussignez, Jean Jacques Labbé, bourgeois de Paris, confesse avoir receu de messire Nicolas Melique, conseiller du Roy, tresorier des Menus Plaisirs et affaires de sa Chambre la somme de cinq cens douze livres, savoir quatre vingt quinze livres pour XIX chevaux de louages à raison de cent sols chacun par jour, deux cent trente cinq livres pour le vin, pain, verts, charbon et viande fournis, cent trente livres pour tous les frais des comediens, et cinquante deux livres pour les menus frais, le tout pour touttes les commedies representées et les balz danssés devant Sa Majesté au chasteau de Sainct Germain en Laye pendant le carnaval dernier, et le Te Deum chanté à Nostre Dame pour la prise de Grais. Dont. Quittant. Faict et passé à Paris es estudes desd. notaires le trente juin mil six cent soixante quatorze, et a signé :
Labbé
Mounier »

Quittance pour l’entretien des oiseaux du roi à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence de moy [vide] notaire et secretaire du Roy, Jehan Bereau, prestre, curé de Francueil pres Genonceau, et ayant la charge des petitz oyseaux que Sa Majesté faict nourrir et garder à Saint Germain en Laye, a confessé avoir eu et receu comptant de maistre Raymond Phélypeaux, conseiller dud. seigneur et tresorier de son Espargne, la somme de quatre vingtz dix livres à luy ordonnée par led. seigneur pour la pention et l’entretenement tant de luy que desd. oyseaux qu’il plaist à Sa Majesté luy donner durant le present mois de juing, de laquelle somme de IIIIxx X livres led. Bereau s’est tenu content et en a quicté led. Phelypeaux, tresorier de l’Espargne susd., et tous autres. Tesmoing mon signe manuel cy mis à sa requete le dernier jour de juing mil six cens et trois/
Bouhier, Bereau »

Quittance pour l’entretien des oiseaux d’une des volières du Château-Neuf

« En la presence des notaires soubzsignez, Anthoine Paul Berthin, ayant la charge de l’ancienne volliere de Saint Germain en Laye, confesse avoir receu comptant en cette ville de Paris de messire Estienne Jehannot, seigneur de Bartillat, conseiller du Roy en ses, commis par Sa Majesté à l’exercice de la charge de tresorier de son Espargne, la somme de trois cens soixante trois livres quinze solz en louis d’argent à luy ordonnée tant pour nourriture des animaux et oyseaux qu’il a sous sa charge que pour son entretenement pendant le quartier de juillet, aoust et septembre dernier, de laquelle somme de trois cens soixante trois livres quinze solz led. Berthin se contente et en quicte led. seigneur de Bartillat et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonceant. Faict et passé à Paris ez estudes l’an mil six cens soixante deux, le deuxiesme jour d’octobre, et a signé.
Berthin
Pain, Gigault »

Quittance pour un tableau en miniature livré pour le roi à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires du Roy à Paris soubzsignez, sieur François Blanchery, peintre en mignature demeurant à Paris, isle Nostre Dame, rue des Deux Pontz, parroisse Sainct Louis, a confessé avoir receu de me Nicolas Melicque, conseiller du Roy, tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de la Chambre de Sa Majesté, la somme de trois cens quatre vingtz cinq livres à luy ordonnée pour son payement d’un tableau en mignature representant une Vierge qui tient le petit Jesus avec sa bordure de bois doré et garny d’une glace qu’il a livrée par ordre du Roy pour servir en son chasteau de Sainct Germain en Laye, de laquelle somme de trois cens quatre vingtz cinq livres il se contente, en quitte Sa Majesté, ledict sieur Melicque et tous autres. Faict et passé à Paris es estudes l’an mil six cens soixante quatorze, le quinziesme jour d’avril, et a signé :
F. Blanchery
Clement »

Quittance pour un voyage fait par ordre du roi à Saint-Germain-en-Laye

« En presence de Vallatin Lesage, notaire royal à la suitte de Sa Majesté et de son Conseil et des tesmoings soubzsignez, Jullien Martin, de present en ce lieu de Saint Germain en Laye, a receu comptant en ced. lieu de messire Nicollas Jeanin de Castille, conseiller du Roy en ses conseils et tresorier de ses espargne, la somme de soixante livres t. en louis d’or et d’argent à luy ordonnee par Sa Majesté pour estre venu de Gergeau en ceste ville pour affaires concernant le service de Sa Majesté et pour son retour et ses journées de pied, de laquelle somme de soixante livres t. led. Martin s’est contenté et en a quitté et quitte led. sieur Jeanin de Castille, tresorier susd., et tous autres. Faict et passé aud. Saint Germain en Laye le treizieme jour de may mil six cens cinquante deux, presens me Jean Champion et Pierre Vaillant, tesmoings, qui ont signé avecq led. Martin et notaire.
Julien Martin
Vaillant, Lesage, Champion »

Quittance pour une gratification accordée aux comédiens de la troupe royale qui ont joué à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires soubzsignez, André Hubert, l’un des comediens de la troupe du Roy, tant pour luy que pour les autres comediens composans lad. trouppe, a confessé avoir receu comptant de Nicolas Melique, escuier, conseiller du Roy en ses conseils et tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de sa chambre, la somme de six mil livres qu’il a pleu à Sa Majesté accorder pour les representations qu’ils ont faictes devant Sad. Majesté en son chasteau de Sainct Germain en Laye pendant le mois de fevrier dernier. Dont etc. Quittant etc. Faict et passé à Paris es estudes l’an MVIc soixante dix, le dixiesme jour de mars.
Hubert
Ferret, Gigault »

Quittance pour une gratification donnée par le roi aux nourrices du dauphin

« Nous soubzsignez conseiller du Roy en son conseil d’Estat, chevallier des ordres et premier gentilhomme de la chambre de Sa Majesté, confessons avoir receu comptant de monsieur Ferras, aussy conseiller du Roy et tresorier de son Argenterie, la somme de trois mil cinq cens livres tournois que Sadicte Majesté a donnée par forme de gratiffication aux femmes de veilles, remueuses et nourrices de messeigneurs monsieur le Dauphin et duc d’Anjou suivant l’ordonnance de Sa Majesté du unziesme mars MVIc quarente un signée Louis et contresignée Sublet, de laquelle somme de trois mil cinq cens livres nous nous tenons pour contentz et bien payez et en quittons ledict sieur Feras et tous autres par la presente signée de nostre main le dernier jour de decembre MVIc quarente deux.
De Souvré »

Quittance pour une somme destinée au payement de travaux dans des demeures royales dont Saint-Germain-en-Laye

« Je Anne Jacquelin, conseiller du Roy et tresorier des Bastimens de Sa Majesté, confesse avoir receu comptant de me Anthoine Feydeau, sieur du Boys le Viconte, conseiller au conseil d’Estat de Sa Majesté et tresorier de son Espargne, la somme de dix mil livres en quartz escus IIIIm l., en testons IIIm l., et en XIIains IIIm l., des deniers provenans de la revente du Domaine qui se faict au Louvre, lad. somme à moy ordonnée pour convertir et emploier au faict de mond. office, mesmes à la despence des bastimens des chasteaux du Louvre, hostel de Bourbon, pallais des Thuilleries, Saint Germain en Laie, paiement des gaiges des officiers et autres despences à faire esd. bastimens durant la presente année, de laquelle somme de Xm l. je me tiens contant et en quicte led. sieur Feydeau, tresorier de l’Espargne, et tous autres. Faict ce troisiesme jour d’octobre mil six cens vingt cinq.
Quictance de la somme de dix mil livres tournois
Jacquelin »

Quittance pour une somme destinée aux travaux dans des résidences royales dont Saint-Germain-en-Laye

« Je Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy et commis en l’année derniere à l’exercice dud. office, confesse avoir receu comptant de me Charles Germain, receveur des tailles en l’eslection de Senlys, la somme de troys cens quarante sept escuz douze solz huict deniers tournois en francs, escus, quartz escus, VIxx escus et le reste douzains et monnoye sur ce qu’il peult debvoir des deniers provenans de la distraction du sold pour escu du droict attribué aux collecteurs des tailles des parroisses de lad. eslection tant à cause du principal de la taille, creues y joinctes que autres creues extraordinaires levées en lad. eslection durant lad. année derniere M Vc IIIIxx dix huict, lad . somme à moy ordonnée pour convertir et emploier au faict de mond. office, mesmes à la despence faicte en lad. année aux bastimens du Louvre, Saint Germain en Laye et pallais des Thuilleries, de laquelle somme de IIIc XLVII escus XII s. VIII d. tournois je me tiens contant et en quitte led. Germain, receveur susd., et tous autres. Faict le quinziesme jour de janvier mil Vc quatre vingtz dix neuf.
Quictance de la somme de trois cens quarante sept escuz sol douze sol huict deniers tournois
Jacquelin »

Quittance pour une somme destinée aux travaux dans des résidences royales dont Saint-Germain-en-Laye

« Je Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy et commis en la presente année à l’exercice dud. office, confesse avoir receu comptant de me Estienne Puget, conseiller dud. seigneur et tresorier de son Espargne, la somme de quatre mil escuz sol en [vide] restant à payer des neuf mil escuz dont j’aurois esé assigné sur l’advance que font les fermiers du seel du Lyonnois, icelle somme à moy ordonnée pour convertir et employer au faict de mond. office, mesmes à la despence des bastimens des chasteaux du Louvre, Saint Germain en Laye, grande gallerie et pallais des Thuilleries, de laquelle premiere somme de IIIIm escuz sol je me tiens content et en quicte led. sieur Puget, tresorier de l’Espargne susd., et tous autres. Faict le XVIe jour de novembre mil six cens ung.
Quictance de la somme de quatre mil escuz sol
Jacquelin »

Quittance pour une somme destinée aux travaux menés au château de Saint-Germain-en-Laye

« Sachent tuit que je Guillaume de Maule, paieur des euvres du chastel de Saint Germain en Laye, confesse avoir eu et receu des deniers des coffres du Roy nostre sire par les mains de Raoul Campion, nagueres receveur general des deniers ordenez a lever pour le vuidement du fort de Saint Sauveur le Viconte, la somme de mile frans d’or en deduction ou rabat de deux mile frans que le Roy nostre dit seigneur a euz et receuz de lui des deniers ordenez pour le dit vuidement, de laquelle somme de mile frans pour convertir es euvres du dit chastel je me tieng a bien paié et en quitte le Roy nostre dit seigneur, le dit Raoul et tous autres a qui quittance en puet ou doit appartenir. En tesmoing de ce j’ay scellé ceste quittance de mon propre scel le XXIIIe jour de juillet l’an mil CCC soixante dix et sept.
G. de Maule »

Quittance pour une somme destinée aux travaux menés au château de Saint-Germain-en-Laye

« Sachent tuit que je Guillaume de Maule, paieur des euvres du chastel de Saint Germain en Laye, confesse avoir eu et receu des generaulx conseillers a Paris sur le fait des aides pour la guerre par la main de Francois Chantepume, receveur general des diz aides, la somme de huit cens frans d’or pour ce present mois de mars, pour tourner et convertir es euvres du dit chastel, de laquelle somme de VIIIc frans dessus diz je m’en tien a bien paié et en quitte les diz generaulx, le dit receveur et tous ceulx a qui quittance ce en peut et doit appartenir. En tesmoing de ce j’ay scellee ceste quittance de mon propre scel le VIIe jour du dit mois de mars l’an mil trois cens LX dix et sept.
G. de Maule »

Reçu du coffre des joyaux de la fille du roi donné à Saint-Germain-en-Laye

« Marguerite des Barres, dame de Bouville, faison savoir a touz que nous avons eu et receu de Pierre des Essartz, argentier le Roy mon seigneur, un coffre pour mettre les jouiaux ma dame Jehanne, fille du Roy de France mon seigneur, et un esprevier de toile blanche pour ma dite dame. En tesmoing de ce j’ai scellé ceste cedule de mon scel. Escript a Saint Germain en Laye VIII jours de fevrier. »

Règlement du duel de Jarnac et de La Châtaigneraie

« Articles sur le combat des sieurs de Chastaigneraye et de Jarnac accordez entre monseigneur le duc d’Aumalle, gouverneur et lieutenant general du Roy en Daulphiné et Savoye, et parrain dud. sieur de Chastaigneraye, et de monseigneur de Boysi, chevalier de l’ordre, grant escuyer de France, et parrain dud. sieur de Jarnac
Premierement
Apres soleil levé ou l’heure qu’il se doibt lever et que mond. sieur le grand sera mandé, il partira pour se presenter au camp avec son fileul.
Et apres que les combatans seront armez au camp, sera commencé a presenter les armes et chevaulx les unes apres les autres. Et estant acordees et aceptees, s’en presentera d’autres sans longueur de temps.
Le combat sera a tout oultrance et ne sera vaincu sinon celuy qui restera mort au camp ou bien qu’il dye qu’il se rend.
Que naissant differant avant le combat, durant le combat ou apres le combat, sans aucunement en estre disputé par les parrains, ilz auront soubdain recours a monseigneur le connestable, mareschaux de France et autres commis par le Roy pour en decider apres qu’ilz auront esté ouiz.
Faict a Saint Germain en Laye le sixiesme jour de juillet M Vc LXVII.
Françoys, Boysy »

Récit de la prise du château de Saint-Germain-en-Laye par les Anglais

« [f. 63] La chronique d’Alençon, escripte par Perceval de Caigny, escuyer d’escuerie du duc d’Alençon
[…]
[f. 110] La prinse de Saint Germain en Laye
En icelui an MCCCCXXXVIII, le XVIII jour du mois de decembre, fut le chasteau de Saint Germain en Laye, a V lieues de Paris, prins par la porte, de VIII ou X Englois, par deffault de garde de X ou XII meschans Bretons que le conestable y tenoit, qui ne pouvoit avoir assés place pour bailler a ses gens. Et ne lui chaloit quel tort il feist aux chevaliers et escuiers d’autre pais, mais qu’il peust avoir places pour eslever ses gens en nom et en estat, et moult de maux en sont venus durant ces presentes guerres, et de la perte d’icelle place, et du gouvernement du connestable, en ladite ville de Paris et ailleurs, estoient tres mal contens de luy ceulx de Paris. »

Récit de la réception de l’ambassadeur de Tripoli par le roi et la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Le 9 juillet, il alla à l’audiance du roy d’Angleterre, conduit et presenté par mylord Pert, premier gentilhomme. Le roy le receut debout et, ayant fait 2 révérences profondes, il luy parla en ces termes, qui furent expliqués par le sieur Petit de la Croix :
Sire, la réputation des grandes qualités de Vostre Majesté m’a fait désirer d’avoir l’honneur de luy rendre mes profonds respects comme au véritable et légitime roy de la Grande Bretagne. Je souhaitte, Sire, de tout mon cœur, que les généreux soldats qui sont fidèles à Votre Majesté la puissent bientost accompagner en ce beau royaume. C’est avec le feu roy Jacques 2d, d’heureuse mémoire, que nous avons fait la paix qui dure encore à présent. J’ay veu dans l’ambassade que j’ay fait en Angleterre un nombre infini de braves gens qui m’ont marqué un grand désir de voir Vostre Majesté sur son trosne. Je joins mes vœux aux leurs et prie très humblement Vostre Majesté de m’honorer de ses ordres.
Le roy répondit qu’il luy estoit obligé de son honesteté et des vœux qu’il faisait pour luy, que si le ciel permettait qu’il fut un jour en estat de luy en témoigner sa gratitude, il le ferait avec un fort grand plaisir.
Le fils de l’envoyé eut aussy l’honneur de saluer Sa Majesté britanique.
Ensuicte, il passa chez la reine, qu’il salua profondément et luy fit à peu près le mesme compliment qu’il avait fait au roy. La reine répondit qu’elle souhaiterait d’estre un jour en Angleterre pour estre plus en estat de faire du bien à son maistre et à luy. Il répliqua : Tout voyageur arrive à bon port qui a Noé pour pilote et qu’elle estoit en bonnes mains.
Il eut en ce moment l’honneur de saluer la princesse. Il luy dit qu’il luy souhaittait bientôt un roy qui en fit une grande reine. »

Récit des derniers jours et de la mort de Louis XIII au Château-Neuf, par Jaques Antoine, garçon de la chambre du roi

« [f. 184] Relation de la mort du roy Louis treize
Avant propos
Il sera remarqué que monsieur Antoine, qui a fait la relation ou le recit fidel de ce qui c’est passé pendant la derniere maladie et mort du tres glorieux et chretien roy Louis treize, d’heureuse mémoire, lequel a eu l’honneur de servir ce grand roy presqu’aussytost sa naissance, arrivée à Fontainebleau le 27e de septembre de l’année 1601, l’ayant toujours servy et suivit dans tous les lieux et voyages que Sa Majesté a faits dans tout son royaume en qualité de garçon ordinaire de sa chambre, principallement dans celuy de son mariage qui fut conclu avec la reyne Anne d’Autriche, infante d’Espagne, en la ville de Bourdeaux le 25e jour de novembre 1615 comme dans les guerres que le Roy avoit a soutenir contre des villes revoltées par les religionnaires de la pretendue reformée, qu’il fut obligé d’assieger comme Saint Jean d’Angelly en 1621, celuy de La Rochelle en 1628, de Montaubant en 1630 et bien d’autres places que Sa Majesté reduisient à son obeissance ; ensuite, Elle fut obligée de faire le voyage de la ville de Thoulouze pour le proces qui y fut fait à monsieur le marechal de Montmorency, lequel fut executé [f. 184v] dans l’hostel de cette ville le 31 octobre 1631, ledit sieur Antoine ayant toujours continué de servir ce grand prince avec assiduité et fidelité jusqu’à son deceds arrivé au chasteau neuf de Saint Germain en Laye le 14e de may 1643, feste de l’Assencion de Notre Seigneur, agé de 41 ans sept mois et dix huit jours, ayant regné 33 ans, en ayant esté l’un des tristes temoins, ce qui l’a obligé de faire ce recit tant pour sa consolation que pour eterniser la mémoire à la posterité de ce grand et pieux roy surnommé Louis le Juste.
In memoria aeterna erit justus.
[f. 185] Relation de la mort du roy Louis treize par monsieur Antoine, garçon ordinaire de la chambre de ce grand roy
Le jeudy 21e fevrier 1643, le roy Louis treize, d’heureuse mémoire, à qui ses rares vertus ont fait donner le surnom de juste, tomba malade d’un flux comme hepatique et d’une espece de fivre lente dans son château neuf de Saint Germain en Laye, où il demeuroit ordinairement les estées.
Cette maladie, qui ne le quitta point jusqu’à la mort, nonobstant qu’elle ne fut jugée d’abord dangereuse ny mortelle par les medecins qui ont accoutumée de flatter les grands roys et princes, la suitte leur fit bien connoiste en peu de temps qu’ils s’etoient trompez et que ce prince etoit en danger plus qu’ils n’avoient cru, sa maladie ayant durée deux mois et vingt trois jours, et par cette grande longueur luy avoit corrompu les entrailles et les parties nobles comme ont le remarqua apres son deceds. Sa Majesté ayant eu durant presque tout le temps de son mal de bons intervales pendant lesquelles Elles travailloit dans son conseil, alloit à la chasse et faisoit [f. 185v] les mesmes exercies que lorsqu’Elle avoit jouy d’une plaine santé.
Le vendredy 22e fevrier, Sa Majesté fut fort incommodée de son flux et de ses hemoroides, qui l’empescherent de sortir ce jour là. Elle ne voulut voir à son lever ny toute la matinée que ses domestiques. Mais, l’apres diner, Elle receue des visites dans sa gallerie où elle prit le divertissement de la musique jusqu’à son souper, qui fut fait en particulier, avec les seuls officiers de gardes, ainsy que du coucher.
Le samedy 23e fevrier, de petits remedes qu’on luy donna la nuit le soulagerent de ses hemoroides. Elle continua d’en estre soulagée jusqu’au mardy 26e, qu’Elle tint conseil au chevet de son lit. Ce jour, Sa Majesté declara monsieur le duc d’Anguin, fils de monsieur le prince de Condé, generalisime de son armées de Flandres.
Le mercredy 27e jusqu’au samedy dernier febvrier, le Roy se trouva bien mieux et fit les mesmes exercices qu’en plaine santé. Il alla à la chasse dans la forest et se promena dans le parc et dans la maison du Val, qu’il avoit faite rebastir pour y aller faire des retours de chasses ou toutte la court se trouvoit.
Le dimanche premier mars, Sa Majesté continua à se bien porter et de n’avoir point eu d’insomnie ny d’alteration, ayant envoyé monsieur Bontemps, son premier vallet de chambre, querir la Reyne et messieurs ses enfans pour le divertir pendant son diner dans son appartement, où ils demeurent jusqu’au souper. Le coucher de ce jour là finit par la lecture ordinaire que Sa Majesté fit faire jusqu’à ce qu’Elle [f. 186] fut endormie par le sieur Chicot, un de ses medecins de quartier, homme fort prudent et savant.
Le samedy 2e mars, Sa Majesté se trouva à son reveil un peu mieux que la nuit. On luy donna un bouillon qu’il trouva assez bon. Ensuite, il se leva pour diner, voulut y voir assez de monde, estant d’une assée bonne humeur. Ensuite, se promena dans toutes ses belles grottes, où il fit jouer toutes les machines et les eaux. Sa Majesté se trouva ainsy jusqu’au huitiesme dud. mois, tantost bien et mal, estant d’une foiblesse tres grande, passant le plus souvent la nuit dans sa chaisse de commodité.
Le samedy 9e mars, Sa Majesté se trouve bien plus mal, fut tourmentée tout le long de ce jour d’une coliques et des hemoroides, ne sachant dans quelle posture se mettre, ne pouvant se tenir ny couchée ny debout, ce qui le rendit d’un chagrin mortel. Sa Majesté ne voulut voir personne d’extraordinaire et fut si foible qu’Elle ne pouvoit se tenir d’aucune posture, ce qui dura ainsy jusqu’au mercredy 13e mars.
Le mercredy 13e mars, le Roy, en se reveillant, se trouva bien mieux. Il avoit assez bien passé la nuit, prit un bouillon. Ensuite, il dina assez bien, en particulier, dans son lit, en presence de la Reyne qui ne manquoit pas de le venir voir tous les matins. L’apres midy, il se promena en robe de chambre dans sa gallerie, qui est tres belle et peinte en tableaux d’histoire de Dianne. La Reyne, les princes et les princesses s’y trouverent avec beaucoup de gens de qualité pour le divertir. Il y fit plusieurs tours, soutenu sous les bras par monsieur de Souvray, premier gentilhomme de la chambre en année, et par monsieur de Charots, capitaines des gardes en quartier. Sa Majesté, s’etant trouvée lassée, demanda son fauteuil, qui luy fut apporté par Antoine [f. 186v] et Tortilliere, garçons de la chambre. Le Roy s’entretien avec la Reyne, ses enfans et les ministres jusqu’au souper, qu’il voulut faire en particulier, de mesme que le coucher où la lecture ordinaire fut faite par monsieur Lucas, secretaire du cabinet, tres sçavant homme.
Le jeudy 13e mars, quoyque Sa Majesté, qui s’estoit un peu fatiguée à la promenade du jour precedent, eut assez bien reposée la nuit, Elle continua à se mieux porter. On ne laissoit point de s’apercevoir que son corps diminuoit peu à peu, comme Elle ne prenoit que tres peu de nourriture et ne beuvoit presque point de vin et prenoit beaucoup de remedes, ce qui le rendoit sy foible.
Le vendredy 14e mars, le Roy, en s’eveillant, se trouva tres bien, qu’il avoit bien reposé la nuit. On luy donna un bouillon tres nourrissant. Il receu tous ce jour beaucoup de visites, jusqu’au souper en public. Le coucher fut fait à l’ordinaire avec la lecture.
Le samedy 15e mars au matin, le Roy ne se trouva pas si bien. Il avoit esté tourmenté la nuit d’une colique, ne se leva qu’à midy en robbe de chambre, se mit dans sa chaise, ayant prit un bouillon. Il receut quelques visites de la Reyne et d’autres personnes. Ensuite, messieurs ses enfans y vinrent passer quelques temps. L’apres diner, estant fatigué, il y fit un petit somme jusqu’à l’heure du souper, qu’il prit une panade et d’autres mets dans son lit avant que de se rendormir.
Le dimanche 16e mars, Sa Majesté se trouva fort mal à son reveil. Elle avoit mal passé la nuit, sentant [f. 187] des douleurs partout le corps. Elle estoit d’un chagrin mortel et ne vouloit prendre aucuns remedes que par force. Cela etonna les medecins, qui voyoient qu’Elle diminuoit à veue d’œil, et que leurs remedes avoient des effets contraires à ceux qu’ils en esperoient. On remarqua mesmes qu’Elle se portoit mieux lorsqu’Elle n’en prenoit pas sy souvent, mais il falloit se soumettre aux ordres de la medecine et mourir dans les formes, accident ordinaire aux grands seigneurs. On commença alors d’avoir une mechante opinion de la maladie de Sa Majesté. Tout le jour se passa en consultation de medecins que la Reyne fit venir de Paris et de tous les costez. Le Roy, sur le soir, fit pour se rejouir chanter quelques airs de devotion par les musiciens jusqu’à ce qu’il fut endormy.
Le lundy 17e mars et le lendemain mardy 18e, le Roy ne fut pas mieux que le jour precedent. Il ne voulut pas prendre son bouillon le matin, quoyque la Reyne et les princes l’en eussent instament prié. Sa Majesté ne voulut point à diner qu’une panade et passa toute cette journée assez mal jusqu’aux coucher, que monsieur Lucas fit la lecture ordinaire.
Le mercredy 19e mars, le Roy se trouva assez tranquille. Il etoit un peu affoibli par les remedes continuels et par les ptisannes que les medecins luy ordonnoient, ce qui luy donnoit un tres grand degoust pour toutes sortes d’alliments, ne voulut prendre toute cette journée que des bouillons.
Le jeudy 20e mars, le Roy continua à se porter toujours tres mal, n’ayant point reposé la nuit. Il luy survint dans les reins de nouvelles douleurs que l’on croyoit une colique nephretique, avec les hemoroides qui luy continuoient et qui le tourmenterent tous le jour sans discontinuer, jusqu’au [f. 187v] vendredy 21 dudit mois de mars, n’ayant d’autre remedes que d’y presser continuellement du lait chaud dans des eponges pour les rafraichir et les adoucir. Sa Majesté ne se leva que l’apres midy. Il se promenoit en robbe de chambre dans sa gallerie avec la Reyne et quelqu’autres personnes de qualité. Il voulu mesmes jouer aux echets avec monsieur de Souveray jusqu’au coucher, aimant fort ce jeu.
Le samedy 22e mars, Sa Majesté en s’eveillant dit qu’Elle avoit assez bien passée la nuit et qu’elle se trouvoit bien mieux que les jours precedens, ce qui fut attribué aux petits remedes qu’on luy avoit données pour le faire dormir. Elle se leva en public, ayant ordonné à monsieur de Souvray, premier gentilhomme de sa chambre, de faire entrer tous ceux qui viendroient. Elle dina assée bien. Sa Majesté se promena l’apres midy dans ses appartement et passa dans la gallerie de la Reyne, pinte en tableaux des villes, qui etoit d’une joye extreme de voir que le Roy se portoit sy bien. Les medecins en conçurent mesme une bonne esperance. Le souper et le coucher se firent en public, avec la musique et grande joye.
Le dimanche 23e mars, le Roy fut assez bien. Il avoit esté un peu incommodé la nuit des hemoroides et d’une toux jusqu’à dix heures, qu’il prit un bouillon. Apres, il s’endormit et demeura au lit jusqu’à midy. Ayant demandé à Antoine, garçon de la chambre, s’il y avoit quelqu’un dans l’antichambre, luy ayant repondu qu’il n’y avoit que monsieur le comte de Guitaut, capitaine des gardes de la Reyne, qui venoit de la part de la Reyne pour scavoir des nouvelles de Sa Majesté, il le fit entrer et luy dit : Monsieur, vous diez à la Reyne que je me porte mieux et que j’auray le bien de l’aller voir sur le soir. A quoy monsieur de Guitaut repondit : [f. 188] Sire, Votre Majesté luy fera grand plaisir de voir Votre Majesté en chemin de guerison. L’apres diner se passa en grande joye. Le Roy s’amusa à peindre en pastels, à quoy il reusissoit tres bien, faisant le plus souvent les portraits de ses officiers en pasteilles, qu’il leur donnoit pour se souvenir de luy. On peut dire que Sa Majesté etoit le prince du monde le plus adroit soit à danser, à monter à cheval, à faire des armes, et à tous les exercices qu’un gentilhomme doit sçavoir, mesme les mathematiques et les mecaniques. Il forgeoit et tournoit au tour, il faisoit toutes sortes de filets à prendre des animeaux, oyseaux et poissons, il faisoit mesmes travailler les officiers de sa chambre les plus adroits, qui par là luy faisoient bien leur cour. Enfin, ce prince ne demeuroit jamais oysif.
Le lundy 24e mars, il continua à se bien porter. Il avoit bien passé la nuit, ainsy il commenda que l’on fit entrer tous le mond à son lever, que cela luy feroit plaisir. Tant de peuple s’y trouverent qu’il estoit presqu’impossible d’entrer dans la chambre pour faire le service. La convalescence du Roy causoit une sy grande joye que cette journée se passa dans les mesmes divertissements que la precedente.
Le mardy 25e mars, feste de l’Annonciation de la Sainte Vierge, Sa Majesté se trouva assez bien. Elle se leva en public, entendit la messe avec une devotion exemplaire. Apres la messe, le Roy envoya monsieur Bontemps demander à la Reyne si elle vouloit bien venir diner avec luy, ce qu’elle accepta avec joye. Ils dinerent ensemble et eurent plusieurs petites conferences tres agreables. L’apres midy, le Roy s’alla promender dans sa gallerie. Il y fit porter sa grande chaise pour s’y reposer, où sa musique s’y trouva. On chanta plusieurs petits airs de devotion jusqu’au souper, [f. 188v] qui fut fait en public, ainsy que le coucher, où on fit la lecture jusqu’à ce que Sa Majesté fut endormie.
Le mercredy 26e mars, le Roy à son reveil se trouva un peu plus mal qu’à l’ordinaire. Il avoit esté tourmenté d’inquietudes pendant la nuit. On luy donna une medecine qui luy fit assé bien. Il ne voulut voir personne jusqu’à midy, qu’il se leva et receu des visites jusqu’au soir. Mais, s’estant ressenty comme d’un frisson, voulut se coucher aussytost.
Le jeudy 27e mars, le Roy, qui avoit fort mal passé la nuit, dit en s’eveillant : Je me sens bien affoibly, je m’apperçoit que mes forces diminuent de jour en jour, j’ay prié le Seigneur que, s’il luy plaisoit de me tirer de ce monde, qu’il me dit la grace d’abreger la grande longueur de ma maladie. Ensuite de ce discours, il s’adressa à monsieur Bouvard, son premier medecin, luy dit : Vous sçavez bien, Monsieur, qu’il y a quelque temps que je vous ait dit que je n’avois pas bonne opinion de ma maladie, que je vous ait prié et mesme pressé de m’en dire votre sentiment, mais vous m’avez fait esperer de ma guerison. Monsieur Bouvard luy avoua, luy disant : Sire, je n’ay osé le temoigner à Votre Majesté, de peur de luy en donner d’inquietudes. Le Roy n’en parut pas plus emut, en disant : Je m’it suis bien preparé, l’ayant mesme temoigné à mon confesseur et à monsieur de Meaux de me mettre en estat de bien mourir. Sa Majesté voulut se coucher plus tost qu’à son ordinaire ; depuis ce jour jeudy 27e mars, le vendredy 28e jusqu’au mardy premier jour d’avril, le Roy se trouva dans une espece de langueur et fut toujours assez mal, ne reposoit que fort peu les nuits. Il avoit du degout pour toutes choses. On luy fit prendre pendant ce temps là beaucoup de remedes, entr’autres une [f. 189] medecine purgative qui fit de grands evacuations qui l’affoiblirent extremement par de grands efforts pour la rendre, et souffrit tout ce jour dans le bas vente des grandes douleurs.
Le mardy premier avril, Sa Majesté, qui avoit estée fort incommodée les jours precedents, ne laissa pas d’avoir estée assée tranquille cette nuit et se trouva mieux tout le long du jour, prit un bouillon à son reveil et ne voulut voir ce latin que ses domestiques. La Reyne etant venue jusques dans l’antichambre pour voir le Roy, y apprit qu’il avoit dit qu’il ne vouloit voir personne ce matin pour dormir. Elle s’en retourna dans son appartement jusqu’à son diner, qu’elle revient avec messieurs ses enfans. Ayant dit au Roy dans la conversation qu’elle etoit venue le matin pour le voir mais qu’elle n’avoit osé entrer de peur de l’incommoder, ce discourt surprit le Roy, qui répondit : Quand je dis, Madame, que je ne veux voir personne, ce ne doit pas estre pour vous, et vous scavez tres bien que vous etes la maitresse d’entrer chez moy à quelques heures qu’il vous plaira, je n’ay voulut parler que pour des etrangers. Le reste du jour se passa en petits amusements que chacun faisoit naitre pour pourvoir dissiper le chagrin de Sa Majesté, jusqu’au souper qui se fit de bonne heure en particulier. Ce jour, l’on releva le quartier des officiers de la maison du Roy à l’ordinaire, mais quelqu’uns voulurent demeurer pour voir l’issue de la maladie de Sa Majesté.
Le mecredy 2e avril, Sa Majesté, qui avoit eue une tres bonne nuit, se porta bien mieux. Les medecins luy firent prendre ce matin une ptisanne de rhubarbe qui, l’ayant beaucoup purgée, luy donna beaucoup d’appetit au diner [f. 189v] qu’Elle fit dans son lit. Elle se leva pendant quelques heures l’apres midy et, comme Elle estoit fort affoiblie et lasse d’estre couchée, Elle se fit porter son fauteuil pres de la fenestre qu’Elle fit ouvrir pour avoir de l’air. La veue estant tres belle et le temps fort serain, Sa Majesté avança la teste à la fenestre, d’où l’on decouvre aisement les clochers de l’abbaye de Saint Denis. Les ayans apperçues, Elle se tourna vers ses officiers de la chambre, leur dit : Mes amis, voilà peut être bientost ma derniere demeure, leur montrant de la main même le chemin par où on devoit le mener. Ce discours ne fut pas dit sans avoir tiré des soupirs et des larmes de ceux qui l’entendirent, qui admirent la grande fermeté et le genereux mepris avec lesquels ce grand roy regardoit sans emotion le lieu de sa sepulture. Ensuite, Sa Majesté ordonna à monsieur Lucas de lire dans la Vie des saints du jour, qu’il fit pendant quelques heures jusqu’au souper, qui fut d’une panade et quelques pommes cuites. Apres quoy, Elle voulut se coucher, ayant envye de dormir, n’y estant resté que les seuls officiers de garde avec les medecins et chirurgiens.
Le jeudy 3e avril, le Roy, qui n’avoit eu la nuit que peu d’inquietudes, continua à se mieux porter, ayant pris le matin un remede qui luy avoit fait assez de bien. Elle voulut etre seule pour se reposer cette matinée, car il venoit tous les matins une si grande confusion de peuples qu’on ne pouvoit passer dans la salle des gardes ny dans l’antichambre. La Reyne y arriva pour faire prendre au Roy un petit potage ou consommé qu’il mangea avec assez d’appetit, ce qui rejouit beaucoup cette princesse de voir le Roy, quy estoit d’assez bonne humeur. Elle envoya Antoine, garçon de la chambre, querir messieurs les princes ses enfans, qui arriverent aussytost. Sa Majesté, les ayant apperceus, en temoigna de la joye, leur dit plusieurs paroles pleines de douceurs et leur fit des questions sur leur maniere de vie et [f. 190] sur la conduite qu’ils devoient tenir dans la suite. Le soir venu, tout le monde se retira à l’exception des officiers pour le service. Le Roy fit lire par monsieur Lucas les Meditations de la mort qu’il avoit marquez dans son livre journaillier. La lecture dura jusqu’au souper, où se trouva la Reyne, qui voulut parler au Roy en particulier, ce qui obligea M. de Souveray de faire retirer tout le monde de la chambre. Ensuite, le coucher du Roy se fit à l’ordinaire, sans lecture.
Le vendredy 4e avril, Sa Majesté se trouva fort tranquile. Elle n’avoit eue la nuit que peu d’inquiétudes, les medecins luy ajant proposé de prendre medecine, mais le Roy n’en voulut point, telle priere que la Reyne luy en fit, luy disant : Madame, les medecins s’ennuyent de me voir un peu en repos. Ensuite, Sa Majesté s’endormit jusqu’à midy, qu’Elle se mit à table pour diner, où elle mangea avec beaucoup d’appetit. Toute l’apres diné se passa à recevoir des visittes des princes et d’autres personnes de distinction, jusqu’au soupper. Ensuite, elle ordonna au sieur Chicot de lire quelques passages de l’Introduction à la vie devote de saint François de Sales, ce qu’il fit jusqu’à ce que Sa Majesté fut endormie.
Le samedy 5e avril, Sa Majesté ayant assez bien passé la nuit, continua à se bien porter, ce qui donna quelques esperences aux medecins d’une guerison dont toute la court avoit bien de la joye devoir en si peu de temps un si grand changement. Sa Majesté se leva ce matin en robbe de chambre, estant fort guaye, et dina en public. L’apres midy, Elle envoya querir par Tiffaine, garçon de la chambre, les sieurs Camefort, Ferdinand et de Niert, premier valets de garde robbe, lequel a esté dans la suite premier vallet de chambre du Roy, qui jouent tous tres bien du luth et du therobe. Ils firent un petit concert [f. 190v] et chanterent en partie Lauda Anima et d’autres airs de devotion composés sur les paraphrases des Pseaumes de David du sieur Godeau. Le Roy voulut mesme aussy chanter une des basses avec monsieur le mareschal de Chomberg, qui chantoit fort bien. Ce concert rejouissoit toute la cour qui s’i estoit rendue. Monsieur de Souvray en avoit fait avertir la Reyne par Antoine qui, etant arrivée aussitost, fut fort surprise d’entendre cette musique et de voir un changement si subit, dont la joye retentissoit dans tout l’appartement du Roy, et tout le monde disoit à Sa Majesté qu’Elle estoit en chemin de guerison et que le printemps, qui etoit tres doux, accheveroit le retablissement de sa santé. Le Roy à cela repondoit fort serieusement : Je suis, Messieurs, fort resigné à la volonté du Seigneur ; s’il me redonne la santé, je travailleray de tout mon pouvoir à donner la paix à mon royaume et à soulager mes peuples. Le reste du jour se passa tres bien jusqu’au coucher, où Sa Majesté fit lire par monsieur Lucas dans le Nouveau Testament le 17e chapitre de l’Evangile de saint Jean, où sont les prieres que Jesus Christ fit à son père avant que de passer le torrent de Cedrin, mais, pendant cette lecture, le Roy s’endormit et, s’etant reveillé peu de temps apres fort inquieté, il demanda à monsieur Bontemps quelle heure il estoit, et luy ayant repondu qu’il etoit onze heures, il dit qu’on s’allat reposer.
Depuis le dimanche 6e avril, Sa Majesté, à la foiblesse pres, continua jusqu’au lundy 14 avril à se bien porter. Elle tenoit tout les jours conseil, le plus souvent au chevet de son lit. Fut ce mesme jour qu’Elle congedia monsieur des Noyers, secretaire d’Estat, qui luy avoit demandé permission de se retirer. Elle revetit de sa charge monsieur Michel Le Tellier, maitre des requestes, qui l’exerça par commission jusqu’à la mort de monsieur des Noyers qui arriva en 1645. Pendant ce temps là, le Roy s’occupa aux mesmes exercices qu’en pleine [f. 191] santé, excepté qu’il ne montoit point à cheval. Il alloit en carosse les apres diner prendre l’air dans la forest ou dans le parc les beaux jours de la saison, qui etoit lors tres belle et douce. Sa Majesté temoignoit d’estre fort content de se voir en meilleur etat que les jours precedens. Elle receue beaucoup de visites, particulierement de madame de Guise et de messieurs ses enfans, qu’il pria de demeurer quelque temps parce qu’il etoit bien aise de les voir, à quoy madame de Guise repondit que Sa Majesté luy faisoit bien de l’honneur, qu’elle resteroit tant qu’il luy plairoit et qu’elle seroit ravie de pouvoir contribuer au retablissement de sa santé.
Le lundy 14e avril, le Roy, en s’eveillant, dit qu’il avoit esté beaucoup tourmentée la nuit de vapeurs et des chaleurs de teste qui l’avoient empesché de dormir et fait changer à tous momens de places dans son lit. On luy donna son bouillon. Apres l’avoir prit, il demeura au lit et sommeilla jusqu’à midy, qu’il se leva et demeura en robe de chambre pour diner, qui fut très court. Ensuite, la Reyne fut avec le Roy seulle quelque temps en conversation, où il s’endormit dans sa grande chaise pendant deux heures, ce qui luy fit beaucoup de bien parce que l’insomnie de la nuit l’avoit très fatigué. Le coucher se fit à l’ordinaire.
Le mardy 15 avril, le Roy, qui n’avoit pas eu tant d’inquiétudes cette nuit que les précédentes, se porta un peu mieux. Mais tous les bons jours qu’il avoit eus auparavant ne l’empeschoient pas d’estre d’une grande foiblesse. La santé de S. M. ne revenoit point. Elle sentoit toujours du mal de temps en temps dans les entrailles. Les medecins qui le voyoient dans une espece de langueur n’en etoient pas tres contents. Ils conclurent seullement de luy faire prendre du petit lait les matins, pour tacher de pouvoir luy rafraichir les entrailles, que Sa Majesté resentoit toujours echauffés, ce qui fut continué sans un soulagement [f. 191v] jusqu’au mercredy 23 avril que le Roy se trouva fort abbatu et fatigué des remedes et du petit lait qu’Elle avoit pris toujours pendant huit jours, pendant lesquelles Elle n’avoit point bu de vin. Cela luy avoit causé une si grande foiblesse qu’Elle ne pouvoit se soutenir debout. Les medecins, qui voyoient que le Roy diminuoit, luy firent quitter le petit lait.
Le jeudy 24e avril, ce qui avoit esté resolut le jour precedent dans la consultation fut augmentée de la seignée, laquelle fut faitte sur les huit heures du matin, mais elle reussit tres mal, car elle cause au Roy une toux continuelle comme d’une espece de fluxion sur la poitrine qui le tourmentoit beaucoup, ce qui luy fit prendre la resolution de recevoir ce jour le Saint Sacrement. Comme il fit tres devotement en particulier, en presence de la Reyne et de quelques grands officiers de sa maison, Sa Majesté ne voulut voir personne de toute la matinee que son confesseur, le pere Dinet, jusqu’au diner. Dans ce temps, le Roy ayant tesmoigné à la Reyne que son intention estoit que l’on baptissa monsieur le Dauphin, agé de 4 ans 8 mois, pour cet effet l’on envoya querir M. le cardinal Mazarin et madame la princesse de Condé pour le tenir sur les fonds baptismaux. La ceremonie en fut faite vers les quatre heures du soir, dans la chapelle du vieux château, par monsieur l’eveque de Meaux, premier aumonier de Sa Majesté, sans aucunes grandes ceremonies ny rejouissances à cause de la maladie du Roy. Monseigneur le Dauphin fut nommé Louis au nom de notre saint père le pape [vide] par monsieur le cardinal Mazarin, avec madame la princesse de Condé sa mareine, en presence de la Reyne et de toute la cour. La ceremonie faite, la Reyne et madame la Princesse avec monsieur le cardinal firent le recit au Roy de ce qui s’y estoit passé et de la sagesse de monsieur le Dauphin, qui arriva [f. 192] aussytost avec madame de Lensac, sa gouvernante, et sous gouvernante, madame [vide]. Sa Majesté l’ayant aperceut, luy ayant fait plusieurs questions, entr’autres luy dit : Mon fils, comment vous a-t-on nommé au baptême ? Monsieur le Dauphin ayant repondu sans esiter : Louis quatorze, mon papa, le Roy luy dit : Pas encore, mon fils, mais ce sera peut estre bientost, si c’est la volonté de Dieu. Puis, levant les yeux au ciel, Seigneur, dit il, faite luy la grace de le faire regner apres moy en paix et en prince veritablement bon chretien et comme fils ainay de l’Eglise, qu’il ait toujours en veue le maintien de votre sainte religion et le soulagement de ses peuples. Sa Majesté parrut avoit bien de la joye que cette ceremonie fut faite. Le Roy envoya Tortilliere, garson de la chambre, chercher la Reyne qui s’en estoit allée dans son appartement. Outrée de douleurs, luy dit : Madame, apres que Dieu m’a fait la grace aujourd’huy d’avoir fait baptisser mon fils, j’ay pris aussy la resolution, sy Dieu dispose de moy, de vous faire declarer la regente de mon royaume jusqu’à ce que mon fils soit dans un age de majorité, afin de prevenir les contestations qui pourroient arriver à ce sujet. Sa Majesté tint ce discours avec des paroles si tendres qu’elles tirent des larmes de toutes l’assemblée et mesme la Reyne en tomba comme evanouie dessus le dit du Roy, en telle manière que monsieur de Souvray fut obligé de l’en retirer de force et de l’emmener dans son appartement. Outrée de douleur, le Roy envoya sur l’heure Antoine, garçon de la chambre, chercher monsieur de La Vrilliere, secretaire d’Etat, en qui Sa Majesté avoit beaucoup de confiance, luy expliqua ses intentions en particulier, luy ordonna d’aller dresser la declaration de la regence en forme de testament afin de la faire verifier en parlement au plus tot. C’est ainsy que se passa la journée. Sa Majesté n’ayant pris qu’une petite panade avec un peu de gellée, elle se trouva tres foible à son coucher.
Le vendredy 25e avril, le Roy se trouva assez mal en s’eveillant, ayant esté tres tourmenté toute la nuit d’une [f. 192v] toux tres seiche que l’on ne put adoucir par tout les remedes que l’on luy donna, qui dura jusqu’à son diner, ou il ne prit que du bouillon, de la gellée et quelques compottes. D’abord que le Roy eut diné, il envoya Tortilliere, garçon de la chambre, chercher monsieur de La Vrilliere, qui arriva presqu’aussytot avec monsieur le chancelier Seguier, accompagné des ministres et secretaires d’Estat, des princes et princesses du sang et gens de la premiere qualité, qui aborderent de tous costez. A l’instant, le Roy fit ouvrir les rideaux de son lit, et prenant la parole dit à haute voix : Messieurs, c’est en cette occassion que je veux que vous soyés temoins de mon intention pour donner à mon royaume la tranquilité et le repos apres ma mort, s’il plait à Dieu de disposer de moy, n’ayant put jusqu’à present luy donner la paix generalle. Ce discours finy, Sa Majesté ordonna à monsieur de La Vrilliere de faire tout haut la lecture de la declaration de la regence, afin que tout le monde scu sa derniere volonté. Monsieur de La Vrilliere en fit la lecture et eut bien de la peine à l’achever de la lire, à cause des larmes qui luy couloient des yeux d’avoir esté obligé de dresser un acte si facheux, qui donnoit une marque comme evidente de la mort du Roy son maitre, qu’il aimoit passionnement. Sa Majesté ordonnoit entr’autres choses par cette declaration qu’en cas qu’Elle mourut, la Reyne fut regente pendant la minorité de son fils, que monsieur le duc d’Orleans, son frere, seroit chef du conseil d’Estat, en son absence monsieur le prince de Condé, et lieutenant general du royaume sous l’autorité de la reyne regente et de son conseil, qui seroit aussy composé de monsieur le cardinal Mazarin, du chancelier, du sieur Claude Bouthillier et du sieur Chavigny, son fils, secretaire d’Etat. Cette lecture finie, le Roy voulut estre seul avec le pere Dinet, son confesseur. Tout le monde se retira dans l’antichambre. Apres y avoir demeuré une [f. 193] demye heure, le Roy ordonna à messieurs le chancellier de Chavigny et de La Vrilliere de faire incessament verifier la declaration en parlement, ce qui fut executé ledit jour 25e avril 1643. Le reste de cette journée se passa assée doucement. S. M. parut d’une grande tranquilité. La Reyne, estant presente, demeura fort tard avec le Roy. Apres avoir eu quelques secretes conversations ensemble, Sa Majesté envoya Riviere, garçon de la chambre, chercher Monsieur. Le duc d’Orleans estant arrivé, le Roy luy permit de bonne grace de faire revenir madame la duchesse d’Orleans, sa femme, qui estoit lors à la ville de Bruxelles depuis quelques années. Le reste de ce jour se passa assé bien.
Le samedy 26e avril, le Roy se trouva cette nuit tres incommodé par de grandes challeurs d’entrailles avec une toux continuelle, nonobstant tous les remedes que les medecins ordonnoient de donner à Sa Majesté. N’ayant pris qu’un bouillon, Elle se leva en robbe de chambre pour diner, quy fut fort court. L’apres midy, le Roy receu quelques visites jusqu’à sou coucher qui fut comme à l’ordinaire, avec la lecture.
Le dimanche 27e avril, le Roy se trouva plus indisposé que le jour precedent, ayant vuidé une espece d’abceds ou apostume par embas cette nuit. Sa Majesté ne se sentit estre plus soulagée et prit un bouillon dans le lit et se rendormit jusqu’à dix heures, qu’Elle mangea une panade et de la gellée qui luy servit de diner. L’apres midy se passa en amusement. Sur le soir, Sa Majesté se trouva un peu incommodée, luy ayant pris des inquietudes, demandant à tous momens quelle heure il estoit, etant tres chagrin, ne trouvant point de bonne place dans son lit. Le coucher fut fait avec la lecture ordinaire.
Le lundy 28e avril, le Roy à son reveil se trouva [f. 193v] d’une tres grande foiblesse, manque de prendre de la nourriture ny point boire de vin, ce qui luy empeschoit de pouvoir dormir, nonobstant les julepes que l’on luy faisoit prendre avec des sirops composés, S. M. disant à tous momens qu’Elle se sentoit diminuer de jour en jour, que les medecins luy faisant toujours esperer le retablissement de sa santé, ne trouvant plus de consolation qu’à se disposer à bien mourir par des lectures spirituels qu’Elle se faisoit faire tres souvent. Cette journée se passa tres tristement, ainsy que le mardy 29e avril qui fut encore plus mauvaise.
Le mercredy 30e et dernier jour d’avril, le Roy se trouva tres foible, dit à messieurs de Souvray et à monsieur Bouvard, premier medecins, et à ses confreres : Messieurs, je me sens bien mal ce matin, je ne croit pas que cette maladie ait bonne issue. A quoy monsieur Bouvard repondit : Ah Sire, Votre Majesté ne doit pas avoir cette opinion, ce ne sera rien s’il plaist à Dieu, il faut que Votre Majesté ait confiance en luy et aux remedes que nous vous ordonnons. Elle avoir estée fort inquieté la nuit, ne dormant point, ayant demandé à tous momens l’heure qu’il estoit et s’il ne seroit pas bientost jour. Elle fit meme tirer plusieurs fois les rideaux de son lit par le sieur Bontemps et fait ouvrir les fenestres par Antoine, estant tres inquieté dece que le jour ne venoit point pour ce lever et prendre l’air car il faisoit extremement chaux dans sa chambre qui estoit tout le jour pleine de monde et grand feu. Sur le midy, Elle prit un bouillon purgatif qui luy fit faire l’apres midy beaucoup d’evacuations, ce qui l’empescha de ne voir tout ce jour là personnes que ses domestiques, avec qui Elle s’entretenoit souvent de son mauvais estat. Le coucher se fit sans lecture, parce que S. M. se trouva fatigué du remede qu’Elle avoit pris.
Le jeudy premier may, le Roy se trouva tres incommodé toute cette nuit par une espece de collique, n’ayant que tres peu repossé, ayant eu une grande sueur par tout le corps [f. 194] et par les jambes. Il demanda à Tortilliere sur les trois heures du matin un linge pour les essuyer. Tortilliere le luy ayant donné, il ne put les essuyer lui mesme et dit à monsieur Bontemps de tenir la couverture levée un peu haute tandis que Tortilliere et Antoine luy frotteroient les jambes et les pieds, qu’il avoit tres mouillées. Sa Majesté, se voyant dans cette posture, fit reflexion sur l’etat où Elle se voyoit et leur dit : Mes amis, je suis d’une grande maigreur, mais c’est la volonté de Dieu. Effectivement, le Roy n’avoit plus que la peau colée sur les os : ses jambes et ses cuises etoient si menues que la seule grosseur des genouilx qui les faisoit remarquer, tout son corps avoit plustost la figure d’un squelete que d’un homme vivant. Tout ce jour se passa en apprehensions du mauvais succez de sa maladie. Sa Majesté ne laissoit pas cependant d’agir autant qu’Elle pouvoit, de tenir conseil avec ses ministres, ayant toujours eu l’esprit et le jugement fort sains. Sur le soir, Elle eut une petit toux seche qui l’incommoda extremement jusqu’à minuit, malgré tous les sirops que l’on luy donnoit, se faisant faire la lecture par le sieur Chicot, l’un de ses medecins ordinaires, lequel disoit souvent au Roy, qui estoit tres inquiete de l’issue de sa maladie : Sire, il faut que Votre Majesté ait patience et qu’Elle attendre avec tranquilité la volonté du Seigneur J. C., il est le maitre de notre vie et de notre mort. Pendant ce discours, le Roy s’endormit.
Le vendredy 2e may, Sa Majesté se trouva assez mal car il s’estoit eveillé plusieurs fois pendant la nuit, avoit demandé tres souvent quelle heure il estoit et quelle temps il faisoit. Antoine luy ayant repondu qu’il etoit trois heures et qu’il faisoit tres beau pour la saison, il demanda à boire et apres s’endormit jusqu’à huit heures du matin, qu’on luy presenta un bouillon dont il avoit bien besoin pour [f. 194v] humecter sa poitrine que la toux avoit fort dessechée, mais il ne vouloit point le prendre, disant qu’il n’en avoit plus besoin, mais il le prit par complaisance à la priere de la Reyne qui estoit presente. Ensuite, le Roy s’endormit jusqu’à cinq heures du soir. On en tira un bon augure parce que depuis six jours il n’avoit point eu de bon sommeil, et dit en s’eveillant mesme qu’il se sentoit mieux, mais qu’il estoit bien foible. Le sieur Bouvard, son premier medecin, luy ayant repondu que c’etoit parce que Sa Majesté ne prenoit pas assée de nourriture, Elle prit quelque alimens qu’on luy presenta sur le champ, mais Elle n’en prit qu’avec beaucoup de peine, n’ayant point d’appetit. Elle commanda sur le soir à monsieur de Souvray de redoubler les officiers de sa chambre, car ceux qui la servoient depuis le commencement de sa maladie, qu’ils n’avoient pas voulut quitter, ne pouvant plus resister aux veilles continuelles qu’ils avoient faites, et afin qu’ils se soulageassent les uns les autres, le Roy fit coucher dans son antichambre deux valets de chambre, un tapissier, un barbier, le porte chaire pour soulager les six garçons de la chambre qui estoient sur pied nuit et jour depuis la maladie du Roy.
Le samedy 3e may, le Roy se trouva le matin extremement mal. Toute les parties de son corps estoient tres douloureuses, ce qui obligea les medecins de faire entr’eux une consultation dans laquelle il fut resolu qu’en cas que le mal continua jusqu’au lendemain, il faudroit luy faire recevoir le saint sacrement, et cependant en faire avertir la Reyne afin qu’elle n’en fut point surprise. On en donna la commission à monsieur de Meaux, qui luy annonça cette triste nouvelle, dont elle fut tres etonnée, ne croyant pas que le Roy fut dans cet etat. Elle partit aussytost de son appartement et à son arrivée elle trouva le sieur Bouvard qui luy dit qu’il falloit [f. 195] attendre au lendemain pour en avertir le Roy. Elle luy demanda à qui il falloit en donner la commission, ne voulant pas s’en charger. Le père Dinet, confesseur du Roy, la prit avec peine, mais on peu dire que tant de precautions n’etoient pas necessaires pour porter Sa Majesté à cette sainte action car Elle y estoit tres preparée depuis longtemps. Cette journée se passa tres mal. Tout le monde etoit d’une grande consternation de voir le Roy si mal, qui diminuoit d’un jour à l’autre. Personne ne le pouvoit voir sans jetter des larmes. Mesme la Reyne, qui ne bougeoit du chevet de son lit, en rependoit à tous momens, car elle estoit outrée de douleur, et des ce moment ne voulut plus le quitter ny jour ny nuit. Pour cet effet, elle ordonna qu’on luy apporta un petit lit dans un petit cabinet qui estoit pres de la chambre du Roy afin de s’oter les inquietudes qu’elle avoit etant plus eloignée de l’appartement du Roy. L’apres diner, le Roy se trouva un peu plus tranquile que le matin et il receu une visite de messieurs les marechaux de Chatillon et de La Force, qui etoient de la religion pretendue reformée. Il fut bien aise de les voir, leur dit plusieurs choses obligeantes sur leurs actions et les exorta ensuite à quitter leur religion dans laquelle il ne pourroient faire leur salut, ajoutant qu’à la verité ils etoient de braves gens et d’un grand merite selon le monde, mais que selon Dieu il n’en estoit pas de mesme, que pur aller au ciel il n’y avoit pas deux voyes et qu’il n’y avoit point de salut hors de l’Eglise catholique, apostolique et romaine, à quoy ils les convia de faire reflexion. Le reste de ce jour se passa à l’ordinaire, où l’on fit la lecture jusqu’à ce que Sa Majesté fut un peu endormie.
Le dimanche 4e et le lundy cinquiesme may, le Roy n’avoit pas eté si fort tourmenté ces deux nuits. Il se trouva un peu mieux. On luy donna à son reveil des vouillons compossés qu’il eut bien de la peine à prendre, etant extremement degouté. Il ne [f. 195v] voulut voir personne que la Reyne car cette princesse etoit la seule consolation du Roy. Apres midy, le père Dinet vient voir Sa Majesté et luy dit : Sire, je me suis chargé d’une commission que j’ay prise et que je croit que vous ne trouverez pas mauvaise, qui est de proposer à Votre Majesté, qui a toujours souhaittée dans sa maladie, dont on ne peut sçavoir les suittes, de recevoir encore le saint sacrement du corps de Jesus Chrit. Le Roy receu cette nouvelle avec joye et sans emotion et dit : Mon pere, je vous suis bien obligé de la bonne nouvelle que vous m’aprenez, puis, levant les yeux au ciel : Seigneur, dit il, me voila pres à vous recevoir, rendez moy digne de cet honneur. Apres quoy tout le monde sortit. Le pere Dinet demeura seul avec Sa Majesté pour le confesser. Pendant ce temps, monsieur de Souvray fut en avertir la Reyne, qui etoit dans son appartement, qui arriva aussytost chez le Roy, tres surprise de cette nouvelle, ayant amenée messieurs les princes ses enfans, tous eploreez. Quand le Roy fut confessé, l’on les fit passer dans le cabinet du Roy, mais monsieur le duc d’Anjou, qui se mit à pleurer et à gronder de ce qu’il n’avoit pas aussy avec luy aucune de ses femmes de chambre, mais parce qu’il faisoit trop de bruit au Roy, on fut obligé de l’envoyer par Antoine avec madame de la Folaine, sa sous gouvernante, dans la gallerie du Roy. Alors monsieur de Meaux et le père Dinet entrerent dans la chambre pour disposer Sa Majesté à recevoir encore une fois le saint sacrement, qu’il avoit dejà receu dans le court de sa maladie. Apres qu’ils l’eurent veu dans la disposition d’une ame tout à fait chretienne et resignée à la volonté de Dieu, car leur ayant dit mille belles choses à ce sujet, monsieur de Meaux alla à la parroisse querir le saint sacrement accompagné du curé avec tout son clergé, où assista la Reyne, les princes et princesses avec beaucoup de personnes de la cour. Sa Majesté le receut avec une devotion tres exemplaire. Peu [f. 196] de temps apres, voulant estre seule, on fit sortit tout le monde. Alors, le Roy se fit donner le pupitre dont il se servoit quand il vouloit lire dans le lit et reciter les prieres qu’il avoit composées, qui avoient pour titre Vera christiana pietatis officia per chritianissimum regem Ludovicum tercium decimum ordinata. Il les recita pendant une bonne demye heure, que Sa Majesté scavoit par cœur tous les offices de chaque jour de la semaine, qu’il doit telle affaire qu’il eut, outre l’office votif tous les lundis, et celuy des morts tous les vendredys au soir, pour demander à Dieu la grace de bien mourir. Le reste du jour se passa tristement. Sa Majesté se trouva ny mieux ni plus mal.
Le mardy 6e may, le Roy se trouva au matin fort fatigué, toute la nuit, ce qui etoit un mechant augure, s’etant fait changer de scituation plusieurs fois, ce qui fit que Sa Majesté s’etoit trouvé mal à son reveil et ne prenoit plus aucuns alimens qu’à forces de prieres. Ce fut ainsy que toute la matinée se passa. L’apres midy, il luy prit un grand assoupissement qui dura jusqu’à onze heures du soir sans se reveiller, dont les medecins n’estoient pas contens de ce qu’il duroit si longtemps. On faisoit beaucoup de bruit dans la chambre pour l’eveiller, l’on luy tatoit le poulx qu’on luy trouvoit tres foible et intermitant. La peur qu’on eu qu’il ne mourut dans ce sommeil leur fit prendre la resolution de l’eveiller, mais il fut question d’en prendre la commission que chacun refusoit, ainsy la Reyne et les princes la donner tous au père Dinet, qui s’approcha aussitost du lit et par trois fois luy dit fort haut : Sire, Votre Majesté m’entend telle, qu’Elle se reveiller s’il luy plaist, il y a lontemps qu’Elle n’a pris de nourriture, les medecins ont peur que cela ne vous affoiblisse trop. A ces paroles, le Roy se reveilla en sursaut et dit, d’un esprit assez tranquille : Je vous entends bien, mon pere, et je ne trouve pas mauvais que vous m’ayez eveillé, mais ceux [f. 196v] qui vous y ont obligé scachant bien qu’il y a quelques jours que je n’ait peu dormir, et, s’adressant à M. Bouvard : Vous deviez l’empescher, M., et j’avoue que j’ay eu trop de complaisance de mestre trop fié aux remedes de la medecines. Sa Majesté ayant dit toutes ses choses avec un peu de challeur, ce qui l’avoit emu, ayant le visage tres rouge et les yeux eteincelens, ce qui obligea le pere Dinet de dire au Roy : Ah, Sire, il faut pardonner, Sa Majesté luy ayant repondu : Je leur pardonne de tout mon cœur afin de n’y plus songer. L’emotion que le Roy avoit eu luy ayant causé comme une espece de frisson, le soir, lorsqu’il receu une visite de madame d’Elbeuf et de mademoiselle sa fille, Sa Majesté leur temoigna beaucoup de joye de les voir, leur disant beaucoup de choses obligeantes jusques sur les dix heures du soir que le Roy s’endormit.
Le mercredy 7e may, le Roy se trouva assez bien à son reveil. On luy fit prendre de la gellée fondue pour luy humecter la poitrine qu’une espece de fievre interne qu’il avoit souvent luy avoit rendue fort seche et alterée. Il passa assé doucement toute la matinée. La Reyne, qui ne quittoit le Roy que fort peu, le vint voir sur le midy, l’exhorta à prendre une petite panade, à quoy il consenty volontiers, en disant : Je le veux bien, Madame, pour l’amour de vous. On luy apporta aussytost, il en prit quelques cuielleres qui l’obligea mesme de vomir beaucoup d’eaux avec de grands efforts. Sur les trois heures du soir, il appella la Reyne et luy dit : Madame, j’ay resolu de faire mon testament, quoyque je sois bien persuadé que vous executerés ponctuellement ma derniere volonté sans qu’elle fut ecrite. Ensuite, il dit à monsieur de Souvray d’envoyer chercher monsieur de La Vrilliere, secretaire d’Etat. Antoine le fut querir dans le moment. Etant arrivé, s’enferma quelque temps avec S. M. [f. 197] et le pere Dinet pour dresser ledit testament. Quant il fut fait, le Roy ce le fit lire et leur ordonna de le cacheter de armes de France, de le garder pour le mettre au jour apres son deceds.
Par ce testament, le Roy donne entr’autreschoses cent mil escus pour estre distribuées à ses officiers domestiques pour les recompenser de leurs bons services, Sa Majesté fait aussy quelques leges pieux comme à l’église de Saint Denis vingt mille ecus pour dire une basse messe journalliere, plus à l’eglise de Saint Germain en Laye 600 l. pour dire à perpetuité une messe haute à son intention toutes les années le jour de son deceds, donne en particulier aux six garçons de sa chambre, scavoir Antoine, Thisaine, Riviere, Tortilliere, Meunier et Cailteau chacun mil ecus pour leurs bons services. Ensuitte la Reyne, presente, se retira dans son appartement, outrée de douleur. Tout cela se passa sans que le Roy n’eut une grande emotion. Il se trouva tres mal. L’on fit sortir le monde de la chambre, à l’exception des officiers de services, monsieur de Meaux et du père Dinet, qui firent une lecture spirituelle qui dura jusqu’à dix heures, que Sa Majesté s’endormit mais avec de grandes agitations d’esprit et du corps. Toute cette journée ce passa tres mal ainsy que les jours precedans, en telle façon que l’on crut que le Roy n’iroit pas loin, ce qui dura ainsy jusqu’au samedy 9e may au soir.
Le dimanche 10e may, le Roy se trouva plus mal cette nuit, etant tombée comme en letargie ainsy qu’il avoit eue les jours predecents, ayant eu des inquietudes continuelles avec des grandes foiblesses qui luy prenoient tres souvent et ne voulant absolument plus prendre aucuns alimens. Les medecins desesperent alors de la maladie du Roy et prirent la resolution de luy faire recevoir l’extreme [f. 197v] onction, de peur qu’il ne survint quelqu’accident nouveau.
Monsieur de Souvray envoya tout aussytost Dubois, valet de chambre, avertir la Reyne et luy dire qu’il falloit qu’elle passa dans le cabinet du Roy, à cause de la grande foule de monde que le bruit de la prochaine mort du Roy avoit attiré. A cette nouvelle, la Reyne accourut incontinent et passa seule par la salle des gardes avec messieurs ses enfans, accompagnées de leurs gouvernantes, portées par les huissiers de la chambre, de peur que l’on ne les blessât dans la presse qui etoit tres grandes. On les fit entrer par le cabinet mais la Reyne ayant accourut devant, n’ayant voulu attendre personne, etoit demeurée seule dans la presse, criant : Faites moy place, s’il vous plaist, Messieurs. A ces paroles, monsieur le duc d’Usez, son chevalier d’honneur, la joignit, la fit passer avec bien de la peine dans la chambre, fut droit au lit du Roy qu’elle embrassa en retenant ses larmes le mieux qu’elle pouvoit pour ne le pas affliger. Pendant cela, monsieur de Meaux et le père Dinet preparerent tout ce qu’il falloit pour luy faire recevoir le saint sacrement de l’extrem onction, que Sa Majesé reçut avec une devotion toute particuliere, repondant mesme à toutes les prieres que l’on a coutume de dire, se decouvrant elle même les endroits où il falloit mettre les saintes huiles, faisant des elevations de cœur en levant les yeux au ciel, disant : Seigneur, que votre volonté soit faite, en presence de monsieur de Vantadour, chanoine de Notre Dame de Paris, personne d’une tres grande pieté qui venoit voir le Roy tres souvent, exhortant Sa Majesté d’avoir confiance en la misericorde de Notre Seigneur J. C. Il se retira les larmes aux yeux. Le reste du jour se passa dans une tres grande tristesse. Sur le soir, le Roy eut un vomissement fort violent jusqu’à dix heures, [f. 198] qu’il s’assoupit pour un peu de temps.
Le lundy 11e may, Sa Majesté se trouva fort affoiblye, la fievre luy avoit augmentée tres fort ces deux jours de plus en plus. On luy donnoit un peu de gellée fondue dans un verre courbé par le bout qu’on luy mettoit dans la bouche sans luy lever la teste pour luy humecter la poitrine. Tout son corps estoit si affoibli et si douloureux et decharné qu’on ne pouvoit le toucher sans luy faire beaucoup de mal. Sur le midy, le Roy demanda au sieur Bontemps sir la Reyne etoit chez elle. Le sieur Bontemps luy ayant repondu qu’elle estoit à la messe, il luy dit d’aller luy dire qu’apres la messe elle luy amenat messieurs ses enfans, qu’il vouloit leur donner sa derniere benediction. On ne peut pas douter l’affliction où estoit cette princesse. Elle amenat aussytost monsieur le Dauphin avec monsieur le duc d’Anjou. Ses enfans etoient tous consternez de voie le Roy leur père en cet etat, ne pouvant exprimer leur douleur que par leur larmes. C’est en cet endroit que l’on doit admirer la constance et la fermeté du Roy, en leur donnant sa benediction leur disant : Mes chers enfans, je prie le Seigneur qu’il vous benisse et qu’il vout ait en sa sainte garde, qu’il vous fasse la grace de vivre en bons princes chretiens, qu’ils eussent toujours beaucoup de respect et d’amité pour la Reyne leur mere. Ces paroles toucherent si fort ses deux enfans qu’il se mirent à pleurer et à gemir, de manière que le Roy fut obligé de faire signe de sa main de les oster de sa veue. La douleur qu’il avoit de les voir si touchées l’empescherent de pouvoir leur parler davantage. Sur le soir, S. M. demanda au père Dinet où etoit M. Bouvard, son premier medecin, qu’il ne voyoit point. Luy ayant repondu : Sire, il n’ose parroitre devant Votre Majesté de peur de luy deplaire. Ensuite, le Roy le fit venir et luy dit : M. Bouvard, je vous pardonne de bon cœur, je suis tres faché de vous avoir peu donner quelque chagrin pendant ma maladie, en luy donnant sa main à baiser. Ensuite, on fit [f. 198v] prendre un petit bouillon au Roy, qui etoit tres foible. Il s’endormit la bouche tres ouverte et les yeux un peu de travers. Alors arriva monsieur le Dauphin et monsieur le duc d’Anjou, accompagnez de leurs gouvernantes et de messieurs de Vendosme et de Vivonne, lequel demanda à M. le Dauphin sy il avoit bien remarqué la posture qu’avoit le Roy qui dormoit pour s’en ressouvenir quelque jour. Monsieur le Dauphin luy répondit en soupirant, les larmes aux yeux, qu’il l’avoit bien remarqué et que son bon papa avoit la bouche un peu de travers et l’œil gauche plus tourné que le droit. M. de Vivonne fut fort surpris de cette remarque, aussy bien que M. de Vendosme et madam de Lansac, sa gouvernante, qui luy dit : Monsieur, n’en parlez plus, car cela l’affligeroit trop. On le remena dans son appartement avec peine, ne voulant point sortir de la chambre du Roy. Dans ce temps, Sa Majesté ayant apperceu monsieur le Prince, à qui il dit : Mon cousin, pendant mon sommeil, j’ay revé que monsieur le duc d’Anguien, votre fils, etoit venu aux mains avec les ennemis, que le combat avoit eté tres rude et tres opiniatre, que la victoire avoit eté longtemps balancée et que cependant elle nous estoit demeurée avec le champ de bataille. Monsieur le Prince luy repondit que cela pouvoit bien arriver. En effet, elle arriva le 19e may ensuivant, que la bataille de Rocroy se donna et fut gagnée sur les Esoagnols et sur les Flamans par monsieur le duc d’Enguien.
Le mardy 12e may, le Roy se trouva tres mal. A son reveil, les medecins luy taterent le poulx. L’ayant trouvé tres foible, apprehendant que ce ne fut le froid de la mort. La Reyne voulut passer la nuit aupres du Roy son cher mary mais monsieur de Souvray, la voyant saisie de douleur, la pria de ne point veiller, et luy dit qu’il luy feroit souvent scavoir des nouvelles de Sa Majesté. Ainsy elle se [f. 199] laissa gagner par ses raisons. Il la conduisit à son appartement éclairée par Antoine et Tiffaine, garçons de la chambre, mais sur les deux heures apres minuit la Reyne, estant tres inquiete de scavoir l’estat où le Roy estoit, elle envoya à monsieur Bontemps, premier valet de chambre de Sa Majesté de quartier, mademoiselle Fillandre, sa premiere femme de chambre, pour en estre informée. S’etant tous deux approchés du lit du Roy, l’ayant entendu remuser, en tirant son rideau, accompagné de mademoiselle Fillandre, luy dit : Sire, la Reyne envoye scavoir des nouvelles de Votre Majesté avant que de s’endormir pour en etre informée. Le Roy se retourna et luy dit : Vous direz à la Reyne : comme un homme qui mourra bientost, puisque c’est la volonté de Dieu. La damoiselle Fillandre alla rendre réponce à la Reyne, mais elle ne la rendit pas telle qu’elle étoit, crainte de luy redoubler ses douleurs. Toute cette journée se passa avec de grandes appréhensions de la mort prochaine du Roy.
Le mercredy 13e may, le Roy fut le marin comme desesperé des medecins, qui ne scavoient plus de remedes à luy faire pour le soulager dans ses grandes douleurs qui augmentoient dans toutes les parties de son corps, car il ne pouvoit plus rien prendre qu’avec peine. On luy presenta un bouillon, qu’il prit un peu par complaisance, à la priere de la Reyne et de ses officiers, qui estoient tres consternez de voir le Roy leur maitre qui alloit finir dans peu sa vie et son regne. Sur les dix heurs du matin, on luy fit prendre une portion cordiale que la Reyne elle-même luy donna, ce qu’il voulut bien prendre à sa consideration, afin que cette portion luy peu fortifier l’estomach, mais le Roy se trouva dans une si grande deffaillance de toutes les parties de son corps, dont les meaux s’augmentoient si fort qu’on ne croyoit pas que Sa Majesté deus passer la journée. Apres estre un peu revenue de cette deffaillance, [f. 199v] ou pour mieux dire de cette evanouissement, on lui presenta un bouillon qu’elle refusa absolument, disant : Mes amis, laissez moy mourir en repos. Dans ce temps arriva monsieur le Dauphin avec monsieur son frere, furent dans la gallerie du Roy avec leurs gouvernantes. Le sieur Dupont, huissier de la chambre, qui portoit monseigneur le Dauphin, luy dit par forme de conversation : Monseigneur, si Dieu disposoit du Roy vostre bon papa, voudriez vous bien estre Roy à sa place. Ce petit prince repondit, les larmes aux yeux : Non, je ne veux pas que mon bon papa meure, car, s’il mourroit, je me jetterois dans le fossé du château. Cette reponse surprit bien toute la compagnie, ne pouvant exprimer sa douleur que par cette action. Cela fit dire à madame de Lansac, sa gouvernante : Monsieur, il ne faut plus luy en parler, il me l’a aussy dit deux fois, et si par malheur il s’etoit trouvé seul, il auroit donné de la peine. Elle ordonna qu’on ne le quitta plus et qu’on le tint toujours par les cordons de sa robe. Peu de temps apres, le Roy sommeilla jusques sur les six heures du soir, qu’il demanda à la Reyne, qui estoit dans son appartement, pour qu’elle luy amena messieurs ses enfans, leur voulant encore donner sa derniere benediction. Estans arrivés au chevet du lit du Roy, s’estans jettés à genoux, le Roy leur donna sa benediction avec ses sentimens d’une ame aussy veritablement chretienne que la sienne, et leur fit une exhortation pleine de tendresse en presence des princes et princesses du sang et de toute la cour. Sur le soir, Sa Majesté voulant estre seule avec les eveques de Meaux, de Lizieux, les peres Dinet, de Vantadour et Vincent, qui voyoient que le Roy diminuoit toujours, l’exhortant à combatre pour l’eternité. En autre, le père Dinet luy fit un discours fort consolent à peu pres en ces termes : Sire, les souffrances et les maladies doivent estre regardées par les chretiens comme autant de faveurs de la [f. 200] misericorde de Dieu, par lesquelles il purifie les eleus dans le temps pour les rendre dignes de l’eternité. Votre Majesté ayant souffert avec autant de patience les douleurs d’une aussy longue maladie, n’a t elle pas lieu de tout esperer de cette misericorde qui ne l’a frappé icy bas que pour la detacher du monde, luy decouvrir le neant du monde, et la preparer à quitter genereusement la vie et une couronne perissable pour en acquerir une immortelle. Ce sont là, Sire, les desseins de Dieu sur Votre Majesté, qui a voulu luy epargner par de longues souffrances les peines qu’il faudroit endurer dans le purgatoire pour se purifier de ses fautes avant que de pouvoir entrer dans le ciel. Voilà, Sire, quelle doit estre l’esperance et la consolation que doit avoir Votre Majesté. Laquelle luy répondit d’un ton ferme : Mon père, je m’estimerois bien heureux si le Seigneur ne me laissoit qu’un siecle d’années en purgatoires. Je croirois qu’il me feroit une grande grace. Ce discours fut interrompu par la Reyne, qui arriva dans ce moment. Elle ne bougeoit jour et nuit du chevet du lit du Roy, et n’en sortoit que lorsqu’il falloit vuider le bassin qu’il avoit toujours sous luy, et mesme elle vouloit y demeurer quoyqu’il en sortit des exhalaisons assez mauvaises, ce qu’elle souffroit avec une patience incroyable, le Roy etant souvent obligé de la faire sortir en luy disant : Madame, je vous prie de passer dans mon cabinet tandis que l’on me changera car il sent mauvais pres de mon lit, ce qui obligea Dubois, valet de chambre, de prendre la liberté de luy presenter une petite bouteille d’essence de jassemin qu’elle accepta en le remerciant. Sur le minuit, le Roy se trouva tres mal, demandant souvent l’heure qu’il etoit et s’il seroit bientost jour. La Reyne etoit demeurée dans un fauteuil dans le cabinet du Roy, n’ayant pas voulu s’en aller chez elle, ce qui obligea monsieur de Beaufort et monseur de Souvray, qui se reposoient sur un canapée, voyant cette princesse si fatiguée et outrée [f. v] de douleur, d’aller se reposer dans son appartement, ce qu’elle fit en les priant de luy faire scavoir des nouvelles du Roy tres souvent.
Sur les six heures du matin due jour du mois de may, feste de l’Assencion de Notre Seigneur, le Roy appella le sieur Courrat, l’un de ses medecins ordinaire, luy dit : Monsieur, tirez moy le bras que j’ai hors du lit sans luy dire pourquoy, ce que fit le sieur Courret pour le contenter, et luy remit dans le lit. Ensuite le Roy se tourna vers les medecins et leur dit : Messieurs, croyez vous que je puisse aller jusqu’à demain, je serois bien aise d’y aller sy c’etoit la volonté de Dieu, le vendredy m’a esté bien souvent heureux, ayant remarqué que j’y ai gagné plusieurs victoires. Les medecins luy ayant dit qu’ils n’en n’estoient pas assurées, ils le considererent de tous costez et, l’ayant trouvé en tres mauvais etat, ils dirent que, si son redoublement le prenoit bien violemment, il y auroit à craindre qu’il n’y peut resister, n’ayant pas assez de force pour pouvoir le supporter.
Dans ce temps, Sa Majesté ordonna qu’on ouvrit les rideaux de son lit et les fenetres de sa chambre. On s’apperceut aussytost que sa veue etoit egarée, ce qui fit croire que la nature deffailloit. Le Roy demenda la messe, où il ne se trouva que peu de monde, parce que l’on la dit plus matin que coutume. Ce fut là qu’on remarqua sa grande resignation à la volonté du Seigneur. Apres la messe, Elle fit faire la lecture par le sieur Lucas dans la vie de Jesus Christ traduite en françois par le père Bernardin de Gevres de Montreuil. Pendant cette lecture, le Roy s’asoupit. S’estant trouvé tres fatigué et foible quand il fut revenu de ce sommeil, il y arriva une toux tres considerable. On luy donna du petit lait couppé pour [f. 201] luy pouvoir adoucir, remede tres inutil à ce mal qu’il prit avec bien de la peine, meme à la priere de la Reyne et de ses officiers, ayant pensé meme en estre suffloqué, car etant aussy dans une posture contrainte à cause qu’on luy avoit levé la teste pour le prendre. Ayant perdu l’haleine, comme s’il avoit eté evanoui, et auroit rendu l’esprit si on ne l’avoit pas remis au plustost. M. Boubard luy ayant taté le poux, luy dit, la larme à l’œil : Je crois, Sire, que ce sera bientost que Dieu delivrera Votre Majesté des peines de ce monde car on ne vous trouve plus guere de poulx. A ces paroles, le Roy dit sans s’emouvoir : Mon Dieu, faite moy misericorde, les yeux elevés vers le ciel, haussant la voix : Seigneur, que votre volonté soit faite, je suis prêt à souffrir pour l’amour de vous et pour la remission de mes pechez, et, se tournant ensuite vers messieurs de Meaux, de Lizieux, de Vantadour, le pere Dinet et d’autres ecclesiastiques qui estoient presens, leurs dit : Messieurs, je vous prie de ne me point abandonner dans cette occasion où il y va de mon salut eternel. La Reyne, qui etoit dans le cabinet, tres espleurée, estant venue, elle se jetta sur le lit du Roy en l’embrassant, les larmes aux yeux, si tendrement qu’on fut obligé de l’aracher de force, que monsieur de Souvray l’emmena dans son appartement, en faisant des cris qu’on entendoit de tous les cotez du château. Le Roy, luy ayant demandé pardon des chagrins qu’il avoit pu luy causer, continua ses adieux à ses enfans, aux princes et princesses du sang et ministres d’Etat, aux officiers de sa chambre, de sa garde robbe, de la bouche, du gobelet, et autres de sa Maison qui se trouverent presens, leur reiterant qu’il etoit faché de leur avoir pas fait autant de bien qu’ils en meritoient pour les bons services qu’ils luy avoient rendus, dont il etoit tres content, mais ce qui peut servir d’exemple aux roys, princes et grands seigneurs de ne pas attendre à la mort à [f. 201v] recompenser leurs officiers et domestiques, de n’en pas laisser à d’autres la commission qui fort souvent ne se mettent guere en peine d’efectuer leurs volontés. Ensuite, le Roy tira hors du lit sa main qu’il leur donna à baiser les uns apres les autres, la mouillant de leurs larmes. Sa Majesté fut si sensible à leurs peines qu’il retira sa main pour ne les plus voir. En fut advertir la Reyne, qui estoit dans son appartement, accablée de douleur. Elle amena messieurs ses enfans, que le Roy demanda à voir encore une fois. Sa Majesté leur recommanda plusieurs choses sur leur religion et à la Reyne d’avoir bien soin de l’education de ses enfans, meme aux princes d’avoir bien du repect et d’amitié pour la Reyne et pour ses enfans. Le Roy ordonna de les remener dans leur appar

Récit des travaux entrepris à l’église de Saint-Germain-en-Laye par ordre du roi

« [p. 32] Le roy Louis 14 a donné en plusieurs et differends temps plus de cent mil livres, nottamment quand il a fallu agrandir cette eglise royalle, dans laquelle il ne pouvoit contenir la moitié des peuples qui s’etoient venus habiter dans le lieu de Saint Germain à cause dy sejour ordinaire que Sa Majesté y faisoit avec sa cour. Il donna pour l’agrandissement de ladite eglise 46590 l., qui ne se pouvoit faire que du costé du prieuré, et on demanda au sieur de Soleux, lors prieur commendataire dud. lieu, quelque terrain dans la cour de son prieuré, où il donna 23 toises de long sur 4 toises de largeur de son terrain dans la cour dudit prieuré. Mais comme iceluy prieur n’étoit qu’usufruitier de son benefice et ne pouvant allienner aucun fonds, il fit pour cet effet passer un acte devant les notaires du lieu le 18e mars 1681 entre luy et les sieurs Jean Anthoine, escuyer, porte arquebuse du Roy, et François Ferrand, sieur de Fillancourt, lors marguilliers en charge de ladite eglise, par lequel acte la paroisse c’est obligée de faire dire une grande messe tous les premiers jours du mois de may à l’intention dud. sieur Soleux et ses successeurs avec une reconnoissance de [p. 33] dix sols de rente annuelle. Lorsque cet acte fut terminé, lesdits sieurs marguilliers commencerent à faire travailler à la demolition d’un ancien bas costé de l’eglise où les eaux avoient percé et penetré les arcades et les pilliers de pierre jusques dans leurs fondemens, ce qui cause la cheute de la plus grande partie du batiment du costé du cœur et de la grande nefs, qui ariva l 12e septembre 1681. Le Roy estant pour lors à Fontainebleau, ayant apris ce malheur, ordonna à M. de Colbert, ministre d’Estat et surintendant des Bâtimens de Sa Majesté, de s’y transporter pour visitter l’estat auquel estoit le reste des batimens de cette eglise. Les ayant veus et visittez, ayant trouvé une partie de cette eglise abattue et le reste dans un peril tres evident, l’ayant dit à Sa Majesté, Elle luy ordonna de faire faire incessamment le retablissement entier de toutte l’eglise, ce qui a esté executé sur les desseins de monsieur Mansart, premier architecte des Batimens de Sa Majesté, qui y a donné ses soins pendant 6 années où les sieurs Antoine et Ferrand furent continuez en la fonction de marguilliers de ladite paroisse.
La premiere pierre fondamentalle du batiment fut [p. 34] posée avec grande ceremonie au nom du Roy au mois de mars de l’année 1682 par M. le duc de Noailles, pair de France, gouverneur de Perpignan et premier capitaine des gardes de Sa Majesté, estant absente, au jambage de la petitte porte qui conduit de l’eglise dans le prieuré, sous laquelle fut mise 3 medailles dont deux d’argent où sont les effigies du Roy et de la Reyne, et l’autre de plomb où est gravé sur un costé le nom et qualité dudit seigneur duc de Noailles et sur le revers ceux desdits sieurs Anthoine et ferrand avec une pareille inscription que celle qui est mise sur la porte de l’eglise du costé du château, qui est que celle eglise a esté rebatye du reigne et des biens faits du roy Louis 14 dit le Grand, en l’année 1682, ainsy qu’il ft encore mis en plusieurs autres endroits des bastimens.
Apres que tous lesdits batimens furent achevez le 10e avril 1683, veille du dimanche des Rameaux, monseigneur l’archevesque de Paris vint faire la benediction en presence de mondit sieur le duc de [p. 35] Noailles. »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de la réception du dauphin dans l’ordre du Saint-Esprit au Château-Vieux

« [f. 209] Ceremonies observées lorsque le Roy fit monseigneur le Dauphin chevalier du Saint Esprit, 1682
Le premier jour de l’an, le Roy voulut conferer l’ordre du Saint Esprit à monseigneur le Dauphin. Il luy avoit envoyé en naissant le cordon et la croix du Saint Esprit, suivant en cela l’usage qui se pratique pour tous les Enfans de France, mais ces marques exterieures ne l’agregeant point à l’ordre, il le fit chevalier dans toutes les formes.
Ce mesme jour, monseigneur le Dauphin fit ses devotions de grand matin et communia par les mains du cardinal de Bouillon, grand aumosnier de France et grand aumosnier des ordres du Roy. Ensuitte, il vint chez luy se vestir de l’habit de novice, scavoir d’un pourpoint de toile d’argent, de chausses troussées de toile d’argent et de bas de soye de gris de perle, se chaussa d’escarpins de toile d’argent, avec des mules de velour noir, prit un capot [f. 209v] de velours noir doublé d’une toile d’argent, et mit une tocque de velour noir avec le bord retroussé d’un bouquet de plusieurs plumes blanches, au milieu desquelles estoit une egrette d’heron. Et à cet habit, qui est l’habit ordinaire des novices, il avoit fait ajouter des diamans en plusieurs endroits.
Sur les dix heures, monseigneur le Dauphin, precedé du sieur de Mesme, prevost et grand maistre des ceremonies de l’ordre, se rendit dans l’appartement du Roy. Le Roy aussytost fit entrer dans son cabinet les commandeurs et les officiers de l’ordre, où, selon les formes ordinaires, on arresta que monseigneur le Dauphin seroit receu chevalier.
Après une deliberation, monsieur le Duc, nommé pour parrain de Monseigneur, le conduisit dans le cabinet du Roy. Le grand maistre des ceremonies, le herault et l’huissier marchand devant luy.
Monseigneur, s’estant approché du Roy, se mit à genous sur un carreau pour recevoir l’ordre de Saint Michel, qu’il faut recevoir avant que d’entrer en celuy du Saint Esprit. Alors le Roy tira son espée et luy en donna un [f. 210] coup sur chaque epaule en disant : par saint Geroges et par saint Michel, je te fais chevalier. On employe le nom de saint Georges avec celuy de saint Michel parce que saint Georges est l’ancien patron des chevaliers.
Cette ceremonie finie, on marcha à la chapelle du viel chasteau en cet ordre :
L’huissier de l’ordre
Le herault de l’ordre
Le grand maistre des ceremonies, ayant à sa droite le marquis de Seignelay, grand tresorier de l’ordre, et à sa gauche le marquis de Chasteauneuf, secretaire de l’ordre.
Ensuitte marchoit seul le marquis de Louvois, chancelier de l’ordre.
Après quoy venoient les commandeurs, deux à deux, en cet ordre :
A droit estoient :
Le marquis de Gamache
Le marquis de Beringhen
Le duc de Saint Agnan
Le duc de Crequy
Le duc de Luynes
Le duc de Saint Simon
A gauche estoient :
Le marquis de Bethune
[f. 210v] Le duc de Montausier
Le duc du Lude
Le mareschal de Nouaille
Le duc de Chaulnes
Le duc d’Anguien seul
Monsieur seul
Monseigneur le Dauphin seul
Deux huissiers de la chambre du Roy portant leurs masses precedent le Roy.
Le Roy
A sa gauche, un peu devant, le marquis de Tilladet, capitaine des Cent Suisses
A sa droite, un peu derriere, le grand aumosnier en camail et en rochet
Le duc de Noailles, capitaine des gardes, derriere le Rot, ayant à sa droite le duc d’Aumony, premier gentilhomme de la chambre, et le duc de de la Rochefoucault, grand maistre de la garde robe, à sa gauche.
Le Roy passa par la salle des gardes, par le grand escallier, et par la cour du château. Les gardes du corps estoient en haye et sous les armes dans tous ces lieux, et les Cent Suisses aussy, dont les tambours battirent jusques à ce que il fut en sa place dans la chapelle.
Le Roy, apres avoir salué l’autel, se plaça dans son fauteuil posé sur le [f. 211] marchepied de son prie Dieu. Monseigneur le Dauphin se mit à droit sur un siege playant, Monsieur à sa gauche sur un siege playant, et monsieur le Duc hors du marchepied, sur un siege playant, les chevaliers à droit et à gauche sur des bancs.
Les officiers qui estoient demeurez debout à droit, proches leurs places, s’advancerent au milieu de la chapelle, saluerent l’autel et le Roy, puis, se tournant, saluerent la Reine qui estoit dans une tribune pour voir la ceremonie. Ensuitte, ils saluerent les chevaliers à droit et à gauche. Ce qu’estant fait, ils vinrent s’assoir sur des escabaus posés à droit, celuy de l’huissier vers l’hautel, celuy du herault un peu plus esoigné de l’autel, ceux du grand maistre des ceremonies, du grand tresorier et du secretaire de l’ordre sur une mesme ligne en s’aprochant du Roy, et celuy du chancelier plus pres de sa personne.
Ces saluts estoient inutils en ce temps là. Il faloit qu’après les avoir faits, il [f. 211v] s’ensuivit quelque action de ceremonie. Mais d’attendre que tout le monde soit entré pour le saluer, voilà ce qui me parroist à contre temps. Les officiers devoient, en entrant dans l’eglise, saluer le saint sacrement, c’est un respect qu’on luy doit, saluer la chaise du Roy, on salue son lict et celuy de la Reyne en entrant dans leurs chambres, et ils devoient ensuitte saluer la Reyne.
L’archevesque d’Auch, vestu pontificalement, vint s’agenouiller au pied de l’autel, d’où il commença le Veni Creator que la musique de la Chapelle continua.
A la fin de l’hymme, ce prelat salua l’autel, donna de l’eau benite au Roy, et commença ensuitte la messe.
A l’offerte, les officiers firent les mesmes saluts qu’ils avoient desja faits et, s’estant rangés, le grand maistre des ceremonies alla advertir le Roy par un salut particulier de venir à l’offrande. Il en fit un aussy à monseigneur le Dauphin, et un à Monsieur, pour les advertir d’accompagner le Roy.
[f. 212] Le Roy, s’estant aproché des marches de l’autel, baisa la patene et offrit le cierge que monseigneur le Dauphin lui presenta, et les ecus d’or que Monsieur luy donna, Monseigneur et Monsieur ayant receu des mains du grand maistre des ceremonies le cierge et les ecus d’or, dont le nombre est tousjours egal à celuy des années du Roy.
Après l’offrande, le Roy, retournant à son prie Dieu, fit un salut à l’autel, un à la Reine, et un de chaque costé pour les chevaliers.
A l’Agnus Dei, le grand aumosnier presenta au Roy la Paix à baiser, que le soudiacre luy apporta.
Sur la fin de la messe, les officiers firent ensemble les reverences, et le grand maistre des ceremonies fit un salut particulier au Roy pour l’advertir de se rendre au trosne qu’on luy avoit preparé à gauche, proche l’autel du costé de l’evangile.
Le Roy sortit de sa place, fit les [f. 212v] saluts, alla au trosne precedé des officiers de l’ordre et suivy du capitaine de ses gardes, du premier gentilhomme de sa chambre et du grand maistre de la garderobe, s’asit dans son fauteuil sous un dais et mit son chapeau.
Le grand aumosnier se mit derriere le Roy, le chancelier à droit avec le livre des Evangiles, le grand tresorier à costé du chancelier tenant le colier de l’ordre et le cordon bleu, le secretaire de l’ordre à gauche du Roy avec l’acte de serment, le herault et l’huissier au bas des marches du trosne.
Pendant que ces officiers prenoient leurs places sur le trosne, le grand maistre des ceremonies salua monseigneur le Dauphin pour luy marquer qu’il estoit temps de s’aprocher du Roy, Monsieur en particulier et monsieur le Duc pour les advertir tous deux d’accompagner Monseigneur.
Monseigneur le Dauphin, Monsieur et monsieur le Duc firent [f. 213] les reverences, s’approcherent du Roy. Monseigneur se mit à ses pieds sur un carreau de velour violet, Monsieur et monsieur le Duc se tenant debout à droit et à gauche, et le grand maistre des ceremonies prenant sa place à gauche, entre le Roy et le secretaire de l’ordre.
Le Roy, ayant pris du chancelier le livre des Evangiles, monseigneur le Dauphin mit la main dessus le livre, receut en mesme temps le serment, qu’il signa, la plume et l’acte de serment luy ayant esté presentés par le secretaire de l’ordre. Ce qu’estant fait, le sieur Gitonneau, premier valet de garderobe, estant de service aupres de monseigneur le Dauphin, luy osta le capot et le Roy luy mit le cordon bleu en luy disant : Recevés de notre main le colier de notre ordre du benoist Saint Esprit, au nom du père, du fils et du saint Esprit, et il luy mit le manteau et le colier de l’ordre.
Cette ceremonie finie, monseigneur [f. 213v] le Dauphin, se relevant, salua le Roy, demeura proche de luy, et les officiers descendirent de leur place, saluerent l’autel, le Roy, la Reine et les chevaliers. Alors, on commança à marcher dans l’ordre qu’on avoit gardé en venant et l’on alla dans l’appartement du Roy où, monseigneur le Dauphin l’ayant laissé, il retourna dans le sien precedé du grand maistre des ceremonies, du herault de l’ordre et de l’huissier de l’ordre. »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’audience donnée par le roi à Saint-Germain-en-Laye au recteur de l’université de Paris

« [f. 217] Audience donnée à Saint Germain en Laye à l’université de Paris, 1682
Le 27 février, l’université se rendit à Saint Germain chez le duc de Montausier, en attendant l’heure de l’audience.
Je conduisis le recteur chez le Roy. Il estoit precedé de ses huissiers et suivi de cinquante supots. Les huissiers entrerent dans la chambre, la masse baissée, et se rangerent dans un coin vers une des fenestres. Le recteur fut receu à 4 ou 5 pas de la porte en dedans par le marquis de Seignelay qui, après s’estre mis à sa droite, le presenta au Roy.
Le Roy estoit assis et couvert. Voyant entrer le recteur, il se decouvrit. Le recteur s’en estant aproché, il fit un discours pour luy representer que l’acquisition que les jesuittes faisoient du college du Mans alloit affoiblir le corps de l’université par la privation d’un de ses membres. Il luy donna ensuitte une coppie du contract dont il venoit de parler, et en mesme temps un [f. 217v] mémoire des raisons que l’université avoit de s’opposer à cette achapt. Son discours finy, le Roy l’assura qu’il examineroit son mémoire, apres quoy je le conduisis jusques au bas du degré du chasteau. »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’audience donnée par le roi à Saint-Germain-en-Laye à l’ambassadeur du roi du Maroc

« [f. 213v] Audience donnée à Saint Germain à Hadgi Mehemed Thummin, gouverneur de Thetouen, ambassadeur de Mula Ismaël, roy de Maroc et de Fez, 1682
On douta de la manière dont on recevroit cet ambassadeur. Le premier ordre fut qu’il seroit receu comme les Moscovites [f. 214] l’avoient esté, mais depuis il fut arresté qu’il ne seroit point traité le jour de son arrivée à Paris à l’hostel des Ambassadeurs par un maistre d’hostel ny par les officiers du Roy, qu’il n’auroit point le jour de son audience de marechal de France pour l’accompagner, que le sieur de Bonneuil l’iroit seulement prendre dans les carrosses du Roy et de la Royne, qu’à son arrivée à Saint Germain il trouveroit dans l’avant cour du chasteau les compagnies des gardes françoises et suisses en hayes sans armes, que les gardes de la porte, ceux de la prevosté seroient à leurs postes ordinaires sans armes aussy, les Cens Suisses sur les degrés ayant derriere eux leurs halebardes, les gardes du corps sans armes dans leurs salles et que le capitaine des gardes ne le recevroit point à l’entrée de la salle, ny ne les conduiroit point à l’audience.
Le 4 janvier, le sieur de Bonneuil l’alla prendre à Paris dans les carrosses du Roy et de la Reyne, l’amena à Saint Germain et le conduisit à l’audience. [f. 214v] Le Roy estoit sur l’estrade de sa grand chambre, assis. Voyant l’ambassadeur, il se découvrit et ne se leva point de son fauteuil. L’ambassadeur s’approcha de la balustrade, fit de profonds saluts en la maniare des nations du Levant, et dit :
Empereur de France Louis 14, le plus grand de tous les empereurs et roys chrestiens qui ayent jamais esté et qui seront, l’empereur mon maistre, ayant entendu parler de toutes les grandes actions que Votre Majesté a fait dans l’Europe, comme d’avoir à la teste de ses armées conquis des royaumes, gagné un grand nombre de batailles et comme un lion vaincu tous ses ennemis, portant partout la terreur et l’effroy au travers de toutes sortes de dangers, toutes ses grandes actions ont tant donné d’admiration et d’estime à l’empereur mon maistre pour Votre Majesté qu’il a cru qu’à la conqueste du royaume de Fez, de Marocq, de Ris, des Arbousemes, de Tetouan, de Salé, Descasacq et la [f. 215] gloire d’un grand nombre de batailles, qui l’ont rendu le plus grand et le plus vaillant de l’Afrique, il faloit adjouter, pour le rendre content et glorieux, la paix avec Vostre Majesté. C’est pour cela qu’il m’envoye ambassadeur vous la demander.
La harangue, qu’il fit en arabe, fut interpretée par le sieur Dipy, interprete du Roy. Le Roy y ayant respondu favorablement, l’ambassadeur luy presenta sa lettre de creance, que le Roy remit entre les mains de M. de Croisi. On avoit cru que l’ambassadeur la devoit donner par respect à M. de Croisi qui l’auroit mis ensuitte entre les mains du Roy.
L’audience finie, le sieur de Bonneuil le reconduisit dans la salle de descente, d’où on le vint prendre à l’heure de disner pour le conduire à la table du grand chambellan.
Le cinq, il se rendit chez M. de Croisi, qui avoit esté nommé commissaire avec le marquis de Seignelay. Ny l’un ny l’autre ne luy donnerent la main.
[f. 215v] Ce jour là mesme, sur le soir, il fut conduit à la salle des ballets et vit l’opera d’Atis qu’on representoit devant le Roy. […]
[f. 216] Audience de congé donnée à Saint Germain à l’ambassadeur de Marocq le 10 février 1682
L’ambassadeur fut receu à sa dernière audience comme il l’avoit esté à la premiere. La garde ordinaire du regiment des gardes françoises et suisses estoient sans armes et en haye, comme des gens qui se rangent pour voir passer des [f. 216v] estrangers, et les gardes de la porte, ceux de la prevosté et les Cent Suisses en tocquent de velours occuperent les postes qu’ils prennent ordinairement aux occasions de ceremonies. »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’audience donnée par le roi à Soliman Aga, ambassadeur du sultan, au Château-Neuf

« [f. 124] Le 5e [décembre], le sieur de Berlise, introducteur des ambassadeurs, estant venu prendre Soliman dans les carosses du Roy et de la Reine, ils entrerent dans celuy du Roy avec les sieurs de la Giberti, l’interprete et l’aumonier. Ils dinerent à Chatou, où l’on amena les chevaux de la grande ecuirie qu’ils enharnacherent à leur mode [f. 124v] et qu’ils renvoyerent au Pec. Ils decendirent de carrosse et monterent sur les chevaux qui les attendoient, se mettant en marche deux à deux, ayant le sieur Giraud à leur teste.
Soliman marchoit entre le sieur de Breslise et le sieur de la Giberti, ayant son interprete devant luy. Une des circonstances qui est plus à remarquer est que les Turcs estoient sans armes et que Soliman n’avoit pas meme de sabre. Ils entrerent en cet ordre dans la cour du chateau neuf, où ils trouverent des bataillons formez par les compagnies des regimens des gardes françoises et suisses et des escadrons formez par les mousquetaires. Les chevaux legers, les gendarmes, les gardes du corps, les gardes de la porte, les archers du grand prevost, les Cent Suisses estoient en haye depuis la porte de la petite cour jusqu’au haut du perron. Soliman mit pied à terre dez l’entrée de la petite cour, n’estant pas suffisante pour contenir le nombre de chevaux qui l’accompagnoient, et marcha à pied dans le mesme ordre qu’il estoit venu, passant au travers de la garde ordinaire des gardes du corps qui se trouverent sur le perron dans la salle des gardes. De là, il passa dans plusieurs chambres superbement tendues et se rendit ainsy dans la grande galerie [f. 125] où le Roy l’attendoit.
Cette galerie estoit parée de plusieurs belles tapisseries de la Couronne. Tout le parterre etoit couvert de tapis de pied et les deux costez de la galerie estoient remplis de grands vases d’argent elevez sur des pies destaux aussy d’argent. Au bout de la galerie estoit un trone elevé sur huit marches orné de pareils vases et de caisses d’argent dont le prix estoit de plus de vingt millions. Monsieur, M. le Prince et M. le duc d’Enguien estoient à ses costez, vestus de tres superbes habits, et tous les seigneurs de la cour, qui estoient en si grand nombre qu’ils formoient un triple rang le long de la galerie, estoient aussy tres magnifiquement habillez.
Lorsque Soliman entra dans la galerie, le bruit qui s’y faisoit auparavant cessa d’une manière si surprenante, au seul signal que Sa Majesté fit, qu’il a declaré depuis avoir esté surpris du profond respect que les courtisans rendent au Roy.
Quelque temps quant Soliman entrast dans cette galerie, il tira la lettre du Grand Seigneur d’une toilette qui estoit renfermée dans un sac de brocard de la longueur d’un pied et la tint dans ses mains, elevée de la hauteur de sa barbe, marchant toujours entre les sieurs de Berlise et de la Giberti jusques au pied du trosne, faisant avec tous ses gens le mesme nombre de reverences que le sieur Giraud qui estoit à leur teste.
Soliman, estant arrivé au pied des degrez du trone, fit une profonde reverence et commença son compliment, qui fut expliqué par son interprete en ces termes : Sire, Soliman Aga dit à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale que le tres haut et tres puissant empereur ottoman sultan Mahomet Han, quatrieme du nom, son maitre, l’envoye à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale luy porter cette lettre et luy dire que les deux empires ont toujours esté en tres bonne intelligence, qu’il en souhaite la continuation et que, pour cet effet, il a retenu M. de la Haye Ventelet, ambassadeur de Vostre Majesté imperiale à la Porte et souhaite à vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale toute sorte de bonheur, de felicité et de prolongation de vos jours. A quoy le Roy repondit qu’il avoit toujours eu bien de la joye [f. 126] de voir l’intelligence qui estoit entre les deux empires, que de son coté il contribueroit toujours à l’entretenir et qu’il pouvoit remettre sa lettre entre les mains de M. de Lionne. L’interprete ayant fait attendre à Soliman la reponse du Roy, Soliman dit à Sa Majesté que le Grand Seigneur, son maitre, luy ayant commandé de remettre sa lettre entre les mains propres de Sa Majesté, il la supplioit de luy faire cet honneur. Sa Majesté luy ayant accordé volontiers cette grace, il monta les degrez du trone, tenant toujours sa lettre elevée. Estant au dernier degré, et voyant Sa Majesté ne se lever pas pour recevoir la lettre, il dit que, lorsque le Grand Seigneur, son maitre, la luy avoit donné, il s’estoit levé en signe d’estime et d’amitié pour Sa Majesté, qu’il la supplioit de vouloir la recevoir de la mesme manière qu’il la luy avoit donnée. Le sieur de Lyonne, ayant appris par l’interprete le dessein de Soliman, lui demanda qui pouvoit estre garand de ce qu’il advançoit, ce qui neantmoins ne lui fut point interpreté, le Roy dans le moment s’estant tourné vers le sieur de Guitry, grand maitre de la garde robe, qui s’estoit autrefois trouvé à la Porte à l’audiance de M. de la Haye, luy [f. 126v] demanda si le Grand Seigneur s’estoit levé lorsque son ambassadeur luy avoir rendu sa lettre. Le sieur de Guitry luy ayant repondu que non, dit tout haut que, puisque le Grand Seigneur en recevant ses lettres par les mains de ses ambassadeurs ne se levoit pas, il ne se leveroit pas, aussy qu’il n’avoit qu’à donner sa lettre. La volonté du Roy estant connue à Soliman, il baisa le sac où estoit la lettre et, après l’avoir fait toucher à son front en faisant une profonde reverence, il la presenta au Roy qui la prit et la donna à M. de Lionne, qui appella les interpretes, le sieur Delacroix et le chevalier Dervius.
Dans le temps que les interpretes lisoient la subscription qui estoit sur un parchement et qui fermoit l’entrée du sac et qu’ils expliquoient au Roy les qualitez que le Grand Seigneur lui donnoit, Soliman descendit au bas du trone apres avoir fait une reverence, où estant, et branlant la teste, il dit tout haut que le Grand Seigneur ne seroit pas satisfait de la manière que le Roy recevoit sa lettre. Sa Majesté s’estant apperceu de ce mouvement de colere, demanda ce qu’il avoit dit, et luy ayant esté expliqué, aussitost dist tout haut et d’un ton serieux qu’il verroit la lettre et qu’il feroit reponse. Soliman, ayant sceu par son interprete ce que le Roy [f. 127] venoit de dire, il se retira en faisant trois reverences, apres lesquelles, ayant voulu tourner le dos à Sa Majesté, le sieur de la Giberti, qui estoit à sa droite, luy fit aussitost tourner le visage jusques à ce que le vuide qui estoit entre le Roy et Soliman fut remply et qu’il ne fut point en estat d’estre apperceu de Sa Majesté. Soliman se retira dans le mesme ordre qu’il estoit venu et remonta à cheval avec toute sa suite hors les portes du chateau neuf. »

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