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Lettre de Guy Patin concernant le siège de Paris par le roi établi à Saint-Germain-en-Laye

« Je vous ecrivis ma derniere vendredi, 8 de janvier, et depuis ce temps là plusieurs choses fort memorables sont arrivées ici. Ce vendredi 8, tandis que le Roi et toute la cour etoient à Saint Germain, le parlement donna arret contre le Mazarin, par lequel il fut declaré criminel de lese majesté, comme perturbateur du repos public ; le samedi, il fut ordonné que l’on leveroit des troupes pour la defense de la ville de Paris, [p. 404] et ce meme jour M. d’Elbeuf le père, M. de Bouillon Sedan, frere ainé du marechal de Turenne, le marechal de La Mothe Houdancourt, le marquis de La Boulaye, le marquis d’Aubeterre et autres seigneurs se presenterent pour commander et avoir charge dans l’armee que Paris s’en alloit lever. […] [p. 405] M. du Tremblai, frere du defunt père Joseph, capucin, accusé d’avoir trop tot rendu la Bastille à MM. du parlement, a eté condamné à Saint Germain d’avoir la tete tranchée. La Reine est tellement irritée contre Paris qu’elle a chassé auprès d’elle mademoiselle Danse, qui etoit une de ses femmes de chambre, pour avoir voulu lui parler pour Paris. […] [p. 406] Quelques cavaliers des troupes de M. le prince de Condé sont allés de Saint Germain à Meudon, où ayant trouvé quelque resistance dans le château, par les paysans qui s’y etaient retirés, ils y ont joué de main mise et en ont tué plusieurs, puis ont pillé le château. […]
Toute la cour est à Saint Germain avec le Mazarin ; M. le Prince voltige de ça et de là avec des cavaliers, pour empêcher l’abord de Paris à toute sorte de marchandise. »

Lettre de Guy Patin concernant la paix après le siège de Paris par le roi établi à Saint-Germain-en-Laye

« Sur les propositions d’un second envoyé de l’archiduc Leopold, la cour, avant que d’en deliberer, a arreté d’en donner avis à la Reine, et a envoyé à Saint Germain expres pour obtenir passeport, afin d’y pouvoir aller en sureté, et a eté arreté que les deputés qui iroient à Saint Germain ne seroient plus MM. les gens du Roi, mais qu’ils seroient pris du corps de la cour, savoir M. le premier president, avec un president à mortier, deux conseillers de la grand’chambre, un deputé de chaque chambre des cinq des enquetes, et deux des requetes, c’est à dire onze en tout. La Reine, ou au moins son conseil, a fait difficulté d’envoyer et d’accorder ce passeport, disant qu’elle vouloit savoir quels seroient ces deputés. Mais tout cela n’etoit que pour gagner du temps, en attendant reponse de deux deputés qu’elle a envoyés à l’archiduc Leopold, où on croit qu’elle ni eux ne gagneront rien, vu que ledit archiduc Leopold s’est fort declaré pour nous et pour le parlement, par cet envoyé, et particulierement contre le cardinal Mazarin, joint qu’il a pres de soi une dame pleine de persuasion, qui est madame de Chevreuse, laquelle ce Mazarin a fait exiler hors de France, il y a plus de quatre ans, et qu’elle hait fortement sur toutes les choses du monde, et neanmoins lesdits deputés sont partis de cette ville, le mercredi 24 de fevrier, avec les assurances requises, et sont allés coucher à Saint Germain en Laye, pour y voir la Reine. Utinam feliciter ambulent, et que les remontrances serieuses que M. le premier [p. 428] president va faire à la Reine puissent lui disposer l’esprit à faire la paix et à ne rien porter à l’extremité, vu que tout est pardu, si elle en vient là, par le mauvais conseil des mechants politiques partisans, banqueroutiers et interessés, du nombre infini desquels elle est assiegée. Si la guerre s’echauffe davantage, nous en aurons tant plus de mal ; mais aussi les affaires s’irritant, il y aura beaucoup plus de danger pour la Reine. Tout le monde est ici merveilleusement animé contre la Reine ; ce cardinal, et M. le Prince, l’unique protecteur qui, voulant conserver dans la faveur et pres de la Reine ce malheureux cardinal, cause tous les desordres qui sont de deça. On crie ici tout haut avec beaucoup d’impatience qu’il ne faut point que nos generaux temporisent davantage, que nous n’avons que faire de secours etrangers, qu’il faut aller droit et tete baissée à Saint Germain assieger le chateau, dans lequel ce malheureux et maudit fourbe est enfermé, qu’il faut ramener le Roi et la Reine à Paris, et mettre dans la Conciergerie le cardinal, au meme lieu dans lequel fut autrefois mis Ravaillac, et de là le mener à la Greve, pour faire un exemple à la posterité, et apprendre aux Italiens à ne plus venir ici se fourrer si aisement à la cour, à la desolation et ruine d’un si florissant royaume, comme pareillement vouloit faire autrefois le marquis d’Ancre, qui en fit à la fin tres mauvais marchand, avec sa femme et a suite. […]
[p. 429] Tandis que le peuple et les mutins s’impatientent de la haine, qu’ils ont tous très grande, contre le Mazarin, les moderés et les plus sages esperent que MM. les deputés du parlement reviendront demain de Saint Germain, où ils sont allés saluer la Reine, et confere avec elle et les siens pour trouver quelque moyen, si detur in natura, d’apaiser et de pacifier tout le desordre de la guerre qui s’allume dans l’Etat, parmi un si grand mecontentement et presque universel de tous les bons François. […]
[p. 430] Enfin nos deputés sont revenus de Saint Germain le vendredi 26 de fevrier. Le samedi matin, ils ont fait leur rapport qu’ils avoient eté tres bien reçus à Saint Germain de tous les seigneurs et princes qui y sont, et meme de la Reine, laquelle leur a donné audiance dans son cabinet, assistée du duc d’Orleans, du prince de Condé, des quatre secretaires d’Etat, du cardinal Mazarin et de l’abbé de La Riviere. Le premier president lui parla en peu de mots, mais fort genereusement, et si hardiment que tout le monde s’etonna que la Reine ne lui imposat silence. Quand il eut achevé de parler, la Reine lui dit que, M. le chancelier n’ayant pu se trouver à cette conference à cause qu’il etoit malade, elle leur feroit savoir et entendre sa volonté par ecrit, ce qu’elle fit, dont voici la substance. La Reine ne refuse point un accommodement, et desirant de conserver sa bonne ville de Paris à son service, contre laquelle elle n’a aucune rancune ni desir de vangeance contre aucun qui que ce soit, ni en sa charge, ni en ses biens, ni en sa vie, elle desire que MM. du parlement deputent certain nombre de leur corps, et ce au plus tot, qui confereront de la paix entre elle et Paris en un lieu qui sera accordé et agréé de part et d’autre, à la charge que lesdits deputés auront tout pouvoir de conclure sur le champ de tous les articles, sans qu’il soit besoin d’en rapporter à la cour, et tout cela pour avoir tant plus tot fait ; à la charge que, des le jour meme que la cour de parlement aura accordé et nommé les deputés [p.431] pour ladite conference, elle ouvrira un passage par lequel il viendra du blé et autres provisions suffisamment pour Paris. Voilà ce qui fut rapporté à la cour samedi matin, et la deliberation fut remise au meme jour apres midi, à la charge que MM. les princes de notre parti y seroient appelés. Mais rien ne fut conclu ce jour là, lesdits sieurs princes ayant temoigné que cette deliberation ne leur plaisoit point, et le tout fut remis au lendemain dimanche, auquel fut conclu que deputés seroient nommés selon l’intention de la Reine. […]
[p. 432] Madame la Princesse la mere est à Saint Germain, laquelle tient, avec tout le reste de ce qui est à la cour, si fort notre parti contre le Mazarin que la Reine lui en a fait querelle, et de là ces deux femmes, echauffées sur le Mazarin, se sont fait de beaux reproches l’une à l’autre. […]
[p. 433] Enfin la paix a eté signée de part et d’autre, c’est à dire par les deputés de la Reine et les notres, le jeudi 11 de mars à neuf heures du roi, et vendredi soir, qui fut le lendemain, [p. 434] MM. nos deputés revinrent de Revel ; et ce meme jour là, il y eut dès midi ici entrée libre de beaucoup de denrées qui etoient arretées ici alentour. […] Trois articles particulierement deplaisent à quelques uns, et pour cet effet MM. nos deputés du parlement seulement sont retournés [p. 435] à Saint Germain avec une belle escorte en faire remontrance à la Reine, afin d’en obtenir quelque modification, comme il y a grande apparence qu’ils l’obtiendront, et meme M. le premier president l’a fait croire au parlement, et en ce cas là notre paix vaudra tout autrement mieux que la guerre de tous les princes et que le secours que l’on nous a tant promis de Normandie et de Poitou, qui a trop tardé à venir. Ils ont charge pareillement de traiter de l’accommodement des princes qui ont suivi notre parti. De ces trois articles, le premier est que le parlement, en corps, iroit faire une seance à Saint Germain, où le Roi en personne assisteroit et seieroit en son lit de justice, où seroit verifiée la declaration de paix avec tous ses articles, et datée datée Saint Germain, en recompense qu’au commencement de la guerre MM. du parlement n’avoient pas obei à la Reine lorsqu’elle vouloit qu’ils allassent à Montargis. Le deuxieme est de souffrir les prets pour deux ans au dernier douze. Il n’y a que ceux qui preteront leur argent aux grands partisans qui y pourront perdre, et infailliblement y perdront, car que le Roi n’est nullement en etat de payer ses dettes de longtemps, vu l’effroyable profusion qui a eté fait de ses finances par tant de voleurs depuis vingt cinq ans. Le troisieme est que MM. du parlement ne pourront faire le reste de cette année aucune assemblée generale dans la [p. 436] grande chambre sur matiere d’Etat. Mais à tous ces trois articles la solution y seroit aisée, et je pense que la Reine, dans le desir qu’elle doit avoir de la paix, les accordera tous trois, et autre chose meme, si on lui en demandoit. […] Nos deputés sont encore à Saint Germain en leur conference pour la paix, où ils ont obtenu une abolition des trois articles de ci-dessus. »

Lettre de Guy Patin mentionnant les conférences tenues à Saint-Germain-en-Laye

« Nos deputés sont encore à Saint Germain, comme aussi ceux des princes et seigneurs nos generaux, avec ceux du parlement de Rouen et celui de M. de Longueville. Notre paix est bien plus aisée à faire que la leur, vu qu’ils ne sont pas si aisés à contenter que nous, et qu’ils veulent absolument que le ministre italien detale de la France. »

Lettre de Guy Patin mentionnant un possible séjour du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le Roi et le Mazarin partirent hier pour aller passer quelques jours à Saint Germain, où on se resoudra par quel voyage le Roi commencera sa campagne. […]
[p. 244] M. de Maisons, president à mortier, avoit eté exilé ; il est revenu et a marié sa fille avec un grand maitre de la garde robe nommé M. Saucour, et ainsi a refait sa paix. Il avoit la charge de capitaine de Saint Germain et maitre des chasses, qu’on avoit donnée à M. de Beaumont. En ce voyage de Saint Germain, le Roi la doit oter audit de Beaumont, et y installer ledit de Saucour : ainsi voilà M. de Maisons, jadis en disgrace, tout retabli. Ainsi le temps, le credit et l’argent font tout, partout, et principalement à la cour, uni nummus multus magnum nomen est. »

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