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Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
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Rapport sur les acquisitions nécessaires pour l’école militaire de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Ecole de Saint Germain
Rapport à Sa Majesté l’empereur et roi
Du 25 juillet 1810
Sire,
J’ai chargé le général commandant l’école militaire de Saint Germain et le préfet du département de Seine et Oise de faire mettre à prix les terreins affectés par le décret du 14 décembre dernier à la carrière de l’école. La valeur de ces terreins avoit été estimée par apperçu à 250000 f. d’après le relevé du rôle des impositions. Les experts nommés contradictoirement par les propriétés et par le conseil d’administration de l’école ont porte cette valeur à 407065 f. 69 c. et ils n’ont pas compris dans le total :
1° une maison avec ses jardins dont le propriétaire leur a paru élever ses prétentions beaucoup trop haut ; il demande 83289 f. pour les seules constructions qu’il a fait faire indépendamment du prix d’acquisition du terrein.
2° une maison et jardin faisant partie du domaine mais concédé à vie à 3 dames que l’on ne peut pas évincer sans leur accorder une indemnité.
Tous les propriétaires réclament en outre une plus value pour la dépossession, en sorte qu’il faut compter sur une somme de 550 ou 600 mille francs pour acquérir les terreins, sur lesquels il y a plusieurs maisons agréables qu’il sera nécessaire d’abattre et d’autres qui ne seront d’aucune utilité pour le service de l’école mais que l’on ne peut se dispenser d’acheter, parce qu’ l’on ferme le passage aux propriétaires.
C’étoit pour éviter l’acquisition de ces terrains que j’avois proposé à Votre Majesté, par mon rapport du 5 novembre dernier, d’établir la carrière sur l’emplacement qui se trouve entre le château et la forêt et que l’on désigne sous le nom de parterre. Ce projet offroit à la vérité l’inconvénient de priver la ville d’une promenade qui est peu fréquentée, mais qui conduit à la forêt et à la belle terrasse. Cette promenade se divise en deux parties ; l’une, le parterre proprement dit, située en face du château, est bordée de grands arbres ; l’autre, le quinconce, plantée depuis peu d’années, ne permet aux habitans que des jouissances encore bien éloignées. Elle est à la droite du château et se prolonge jusqu’à la terrasse. Elle présente un carré dont chaque face à environ 250 mètres.
Votre Majesté pourra se convaincre, en jettant les yeux sur le plan que je joins à ce rapport, qu’il est possible de conserver aux habitans de Saint germain le parterre, qui est la portion la plus intéressante et la plus agréable de la promenade, et de céder le quinconce à l’école. Dans le projet, point de bâtimens à abattre, point de terrein à niveler, quelques arbres seulement à arracher. Il en couteroit 30000 f. au plus,
1° pour élever un mur du côté du parterre (tout le reste est clos par la terrasse, les murs de la forêt ou de propriétés particulières),
2° pour établir une cour pour les élèves vis-à-vis le château, du côté du parterre, sur une petite terrasse plus élevée que le reste du terrein,
3° pour fermer quelques issues donnant sur la grande terrasse ou sur des propriétés particulières.
Ce quinconce fait suite à l’emplacement désigné par le décret du 14 décembre, en sorte qu’il y auroit moyen d’étendre successivement la carrière lorsque le nombre des élèves seroit augmenté et que l’école auroit fait des économies qui lui permettroient d’acheter les terreins, sans qu’il en coutât rien au gouvernement. Un autre avantage de ce projet, c’est qu’aucune des dépenses faites ne deviendroient inutiles. »

Rapport sur le salaire des ouvriers de l’école militaire de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Saint-Germain
Rapport fait au ministre le 10 décembre 1809
D’après le décret d’organisation, il doit y avoir à l’école militaire de Saint-Germain :
Un maître tailleur,
Un maître culottier,
Un maître bottier,
Un maître armurier,
Un maître sellier.
La solde du tailleur, du culottier et du bottier est de 33 centimes par jour dans les dragons. Celle de l’armurier et du sellier est de 78 centimes.
J’ai l’honneur de proposer à Son Excellence d’accorder la même solde aux cinq maîtres ouvriers de l’école de Saint-Germain, avec le tiers en sus, ainsi qu’en jouissent ceux de l’école de Saint-Cyr, de sorte que la solde du tailleur, du bottier, du culottier, sera de quarante-quatre centimes par jour, et elle de l’armurier et du sellier sera de un franc quatre centimes aussi par jour, le supplément compris.
Les façons et les réparations leur sont payées à part d’après les tarifs qu’arrête le conseil d’administration de l’école.
Blin de Sainmore
[dans la marge :] Approuvé, 20 décembre »

Rapport sur la situation du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport demandé par les lettres ministérielles du 27 septembre 1830 et 29 mars 1831 sur les bâtimens de l’ex-maison militaire qui existent dans les places de Versailles, Saint-Germain et Saint-Cloud et qu’il peut être convenable d’affecter au service du casernement
[…]
Saint-Germain
Vieux château
L’origine du château de Saint-Germain remonte à Louis le gros, qui en jetta les premiers fondemens en 1122. Après avoir été détruit en 1346 dans les guerres qui eurent lieu sous Philippe de Valois, cet édifice fut rétabli par Charles V en 1366. François 1er en augmenta les constructions, qui furent amenés au point où on les voit aujourd’hui par Louis XIV.
Il a fait partie des biens de la Couronne jusqu’à la révolution de 89. Il devint alors propriété de l’Etat. On ne sait si à cette époque il entra d’abord dans le domaine militaire. Il est probable que lorsque le domaine impérial fut constitué, le château de Saint-Germain eut le sort de tout ce qui avait appartenu à l’ancienne dotation de la Couronne. Le département de la Guerre en a eu à plusieurs époques l’administration et la jouissance. Le château a été occupé par l’école militaire de cavalerie depuis 1809 jusqu’à la Restauration, où il est entré dans le domaine royal. En 1814 et par décision ministérielle du 30 août, il a été affecté à la maison militaire pour l’établissement de la 2ème compagnie des gardes (Grammont).
Il n’existe pas de procès-verbal de remise de ce bâtiment à la maison militaire.
Hôtel des gardes aux écuries du manège et à l’hôtel du Maine, rue de la Verrerie, connu aussi sous le nom de l’hôtel de la compagnie de Grammont
On n’a point de données positives sur l’origine des écuries du manège et de l’hôtel du Maine formant aujourd’hui un seul établissement. Avant 89, ils appartenaient à la Couronne. A la Révolution, ils devinrent propriété de l’Etat puis entrèrent dans le domaine militaire et durent ensuite être compris dans le domaine impérial au même tirer que les anciens biens de la Couronne, sans cesser d’être administrés par le département de la Guerre. Une partie de l’hôtel du Maine a pendant longtemps été affectée au service des subsistances militaires. Le reste de cet établissement a été approprié en 1809, ainsi que les écuries du manège, à l’usage de l’école militaire de cavalerie. A la Restauration, les deux bâtimens, par décision ministérielle du 9 juillet 1814, ont été remis à la maison militaire pour complétter l’établissement de la compagnie de Grammont.
De 1823 à 1825, la maison militaire a fait élever au frais de la Liste civile un bâtiment neuf composé d’une écurie avec étage au-dessus sur l’emplacement d’une partie de l’hôtel du Maine démolie en 1821. C’est dans cette partie détruite que se trouvait l’ancienne manutention.
Il n’existe pas de procès-verbal de remise de ces bâtimens à la maison militaire.
Hôtel des gardes aux grandes écuries, rue de Paris, aussi appelé hôtel de la compagnie de Luxembourg
L’hôtel bâti pour les grandes écuries du Roi était évidemment dans l’origine un bien de la Couronne. Il a éprouvé, quant à la propriété et à la jouissance, toutes les vicissitudes décrites ci-dessus pour les biens de même nature.
Il a été mis à la disposition de la maison militaire par procès-verbal du 29 janvier 1816 pour le logement de la compagnie de Luxembourg.
De 1823 à 1828, cet établissement a reçu des accroissemens considérables tant en constructions neuves qu’en constructions acquises, le tout sur les fonds de la Liste civile.
Manège neuf, place Royale
Ce manège a été construit en 1816 aux frais de la Liste civile et sur un terrain acheté des deniers royaux.
Vieux manège et bâtiment attenant rue de la Verrerie
Les bâtimens qu’on appelle aujourd’hui le vieux manège étaient dans le principe le jeu de paume de la cour. On ne peut douter qu’ils n’aient appartenu à la Couronne.
Le département de la Guerre en jouissait en 1809. Il en transforma une partie en manège pour l’usage de l’école militaire de cavalerie.
Ils ont été affectés à la maison militaire par décision du 9 juillet 1814. Il n’existe pas de procès-verbal de remise.
[…]
A ne considérer que les exigences de la circonstance actuelles, il est indispensable que le département de la Guerre ait la jouissance des bâtimens qui figurent dans l’état précédent, à l’exception peut-être du château et du vieux manège de Saint-Germain. La question du maintien de cette jouissance pour l’avenir pourrait encore être résolue affirmativement en s’arrêtant à ce qui a eu lieu antérieurement à 1814. Car, horsmis l’hôtel des gardes à Saint-Cloud, tous les établissemens ci-dessus étaient avant cette époque dans les attributions du ministère de la Guerre, et avaient tous un emploi militaire. Mais en définitive cette question doit rester entièrement subordonnée à ce qui sera ultérieurement décidé sur la force des garnisons qu’il conviendra d’établir dans les trois villes ci-dessus indiquées
Versailles, le 27 avril 1831
Le chef de bataillon, ingénieur en chef
Bourgoin »

Rapport sur la route traversant la carrière de l’école militaire de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Avis de l’ingénieur en chef des ponts et chaussées au département de Seine et Oise soussigné
L’ingénieur en chef soussigné, après lecture attentive de la lettre en date du 24 octobre de Son Excellence le ministre de l’Intérieur à monsieur le comte de Gavre, chambellan, préfet du département, il croit devoir observer qu’il n’est aucune des directions projettées des chemins proposés pour l’usage de Sa Majesté et pour qu’Elle puisse arriver commodément à la terrasse du château de Saint Germain ne se lie d’une manière convenable à la demie lune établie au sommet de la montagne de Saint Germain à l’arrivée de la route venant de Paris, qui la direction ponctuée en rouge seroit encore celle qu’il conviendroit mieux de suivre, dut on faire un mur de soutènement des remblais en bonne maçonnerie de moelons, ce qui ne seroit pas bien dispendieux, vu que la distance de la demie lune à la courbe A n’est pas longue, mais qu’il est bien préférable, ainsy que le propose monsieur le colonel du cazernement Montfort, de laisser subsister la route que suit actuellement S. M. l’empereur partant du point de la demie lune marqué de la lettre Q et se terminant sur la terrasse au point marqué T, sans y opérer aucun changement, en considérant que cette route se lie fort bien et d’une manière agréable avec la terrasse du château de Saint Germain et avec la demie lune, qu’elle ne servira qu’à Sa Majesté et qu’elle pourra être tenue fermée aux points Q et T au public, et en considérant encore que Sa Majesté poura, en suivant cette rue, communiquer facilement dans la forêt lorsqu’elle voudra y chasser ou s’y promener, et que de plus il n’y aura lieu qu’à une dépense très faible pour arranger cette route convenablement, au lieu que l’établissement d’un nouveau chemin sur l’une des jonctions proposées nécessiteroit des dépenses qui au premier apperçu doivent être assez fortes.
L’ingénieur en chef, d’après ces considérations, estime qu’il est préférable de ne pas donner suite au projet de route déterminé par le décret du 14 décembre 1809 et qu’il y a lieu en conséquence de proposer à Sa Majesté de modifier l’article 4 de ce décret.
A Versailles, ce 31 octobre 1811
J. Pioche »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Rapport sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Si l’on en croit tous les historiens de la ville de Saint-Germain, la première demeure érigée par les rois de France dans cette ville remonterait au douzième siècle.
L’abbé Lebeuf, dans sa savante histoire du diocèse de Paris, publiée en 1757, assure que cent ans environ après la fondation du prieuré de Saint-Germain par le roi Robert, l’on trouve la preuve d’une demeure royale sur l’emplacement du château qui nous occupe. Suivant cet historien, Philippe Auguste habitait ce château en 1189 et il en partit secrètement pour se rendre à Bray faire justice de juifs qui avaient fait mourir un chrétien. Ce roi habitait Saint-Germain-en-Laye en 1207, au mois de juin 1212, en 1219 et enfin en 1220 et 1222.
Saint Louis dès la première année de son règne donnait à Saint-Germain une charte en faveur de Saint-Antoine-des-Champs. L’abbé Lebeuf assure qu’en juin 1247 saint Louis recevait dans cette ville l’empereur de Constantinople, Baudouin, et que ce fut dans le château que fut rédigé l’acte qui accordait les reliques qui furent déposées dans la Sainte-Chapelle du Palais de Paris.
Philippe le Hardi se retira souvent à Saint-Germain-en-Laye. Philippe le Bel vint souvent aussi dans le château dont il s’agit au retour des fréquents voyages qu’il fit dans le royaume.
En 1346, Edouard, roi d’Angleterre, vint à Saint-Germain et détruisit et brûla une partie de la ville et aussi, suivant l’abbé Lebeuf, une grande partie du château.
L’on mit aussitôt à l’œuvre pour réparer le désastre et l’on constate que le roi Jean put encore habiter cette demeure et y rendre des arrêts. Les désordres du royaume ne permirent pas toutefois à ce monarque la réédification du château et ce n’est que son fils, Charles V, qui d’après Christine de Pisan « moult fit réédifier notablement le chastel de Saint Germain en Laye ».
Nous avons dit dans notre rapport du 25 septembre 1855 la part active que prit François 1er dans la construction du château dont il s’agit et qui, d’après Du Cerceau, « en le bâtissant le Roi était si ententif que l’on ne peut dire qu’autre que lui ne fût l’architecte ».
Nous devons ajouter ce que dit à cet égard Gilles Corrozet, parisien, dans les Antiquités, chroniques et singularités de Paris, remontant à l’année 1586 :
« Ledit seigneur fit aussi édifier de neuf le château de Madrid près Paris, fit réparer de sumptueux édifices le chasteau de Saint Germain en Laye et orna de bâtiments excellens et ouvrages antiques sa maison de Fontaine Belleau. »
« Saint Germain en Laye est aujourd’hui un lieu de plaisance pour nos rois, le plus rare en beauté, le plus gracieux en séjour et le plus abondant en toutes sortes de délices qui soient guères en France » dit André du Chesne, conseiller du Roi en ses conseils, historiographe de France. Et Henry IV, qui amait comme ses prédécesseurs cette résidence, fit ériger à son tour le château neuf qui s’élevait sur le sommet de la montagne et qui développait ses rampes et ses jardins étagés jusque sur les bords de la Seine.
Le roi Louis XIII habita, avec sa cour, les deux châteaux. La chapelle du vieux château fut réparée par ses spins sur sa face méridionale et à cette époque remonte alors la plus grave mutilation qu’ait eu à subir cette belle et curieuse construction du roi saint Louis.
Le vieux château de François 1er fut encore habité pendant de longues années par le roi Louis XIV et ce ne sera qu’en 1688 que cette vieille demeure aurait été modifiée et abandonnée suivant ce qui est rapporté par messieurs Rollot et de Sivry dans leur précis historique de Saint-Germain. L’abandon de ce château est raconté par ces historiens de la manière suivante :
« Le 1er janvier de cette année (1682), le Roi était venu à Saint-Germain pour recevoir le Dauphin chevalier de l’ordre du Saint-Esprit. La cérémonie avait été faite dans la chapelle du vieux château parce qu’on reconstruisait alors celle de Versailles. Mais le 30 mars, la construction des 5 gros pavillons qu’on ajoutait au vieux château ayant mis le Roi dans la nécessité de quitter Saint-Germain une seconde fois, il se détermina à l’abandonner tout à fait au grand regret de ses habitants pour aller se fixer à Versailles. »
En 1683, la foudre renversa le campanile qui surmontait le donjon, où il fut aussitôt reconstruit en bois recouvert de plomb.
En 1689, Jacques II, roi d’Angleterre, et la reine son épouse se réfugièrent en France et furent reçus au château de Saint-Germain-en-Laye. Dulaure, dans son ouvrage sur les environs de Paris, imprimé en 1786, s’exprime sur le château de cette manière :
« Le roi Jacques II, forcé de quitter son royaume, tint longtemps sa cour dans le château de Saint-Germain. Le roi détrôné vivait des bienfaits de Louis XIV et d’une pension de 70000 livres que lui faisait sa fille Marie, reine d’Angleterre, qui lui avait enlevé la couronne. Le roi mourut à Saint-Germain le 16 septembre 1701. Le nouveau château est aujourd’hui presque entièrement démoli. M. le comte d’Artois, à qui il appartient, en fait construire un autre à la même place, dont on voit déjà deux belles et grandes terrasses achevées. La voûte de la chapelle du vieux château est ornée de peinture à fresque, à la vérité un peu dégradées mais qui ne doivent pas moins fixer les regards des curieux à cause des hommes célèbres qui en sont les auteurs. Le Brun a fourni les dessins de la grande partie de cette voûte, Vouet en a fait plusieurs autres et les a peints presque tous, excepté quelques cartouches qui sont de la main du célèbre Le Sueur. Le tableau du maître autel représente la Cène. Il est peint par le Poussin. Nommer ce grand maître, c’est faire l’éloge de l’ouvrage. Ce beau tableau doit être transporté dans le muséum du Louvre. »
Le Brun était l’élève de Simon Vouet et nous croyons alors que les peintures de la chapelle ont été exécutées par Aubin Bouet, son frère et aussi son élève, et le fait est d’ailleurs conforme à ce Qui est rapporté par Félibien dans ses entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellents peintres.
Le château de Saint-Germain-en-Laye possédait jadis une vue magnifique des appartements sis au midi, et des croisées du château l’on apercevait Marly et son aqueduc, le mont Valérien, Bougival et enfin le cours sinueux de la Seine. Le 13 juin 1794, l’on essayait de mettre en culture les terrains occupés par le parterre. En 1797, l’on vendait les terrains formant les 4 carrés de la place dite « entre les deux châteaux » et si nous nous en rapportons à l’acte de vente de M. Feray, l’un des propriétaires de la cité Médicis, ces terrains étaient vendus à raison de 15 centimes le mètre superficiel. Tous les jardins de de côté de la demeure royale furent successivement aliénés et se couvrirent de bâtiments qui privent en partie aujourd’hui le château de la splendide vue qu’il possédait lorsqu’il était habité par nos rois.
En 1803, l’on devait établir dans le château un hôpital pour les maladies contagieuses, mails il ne fut pas donné suite au projet par suite des réclamations unanimes des habitants de la ville. En l’année 1809, l’empereur Napoléon 1er fut installer dans cette demeure une école de cavalerie. En 1836, le château recevait le pénitencier militaire qui fut conservé jusqu’en 1855, époque où le vieux et respectable château rentrait dans les attributions de Son Excellence le ministre d’Etat.
Le château de Saint-Germain-en-Laye a eu beaucoup à souffrir des divers services successivement installés dans ses murs et l’on ne peut, nous croyons, se montrer surpris du fâcheux état dans lequel nous retrouvons l’édifice dont il s’agit.
Nous avons passé en revue, d’après les divers historiens de la ville et du château, les diverses époques de la construction. Bien des bâtiments ont été détruits ou modifiés et nous devons peut-être rappeler ici l’âge des diverses parties du château actuel.
La chapelle sise au midi bordant le fossé de la rue du Château-Neuf remonte assurément au 13ème siècle, a appartenu certainement au château de saint Louis et nous paraît avoir été érigée de 1230 à 1240.
Le donjon, qui formait jadis l’angle nord-ouest, engagé actuellement dans le bâtiment de Louis XIV, nous paraît remonter à l’époque de Charles V, appartenir à l’art de la fin du 14ème siècle, et avoir fait partie alors du château construit par ce roi à Saint-Germain.
Les 4 grands corps de logis bordant la cour appartiennent assurément au château reconstruit par François 1er et remontent alors au 16ème siècle.
Enfin, les cinq gros pavillons flanquant le château ont été commencés, comme il a été dit plus haut, en l’année 1682, à l’époque où le roi Louis XIV quittait définitivement Saint-Germain pour se fixer à Versailles.
Toutes les constructions érigées par François 1er auraient été confiées à la direction de l’architecte Sébastien Serlio si nous en croyons Félibien. Nous ne savons si cette assertion est fondée car, dans notre pays, bien souvent, l’on fait honneur à des Italiens de magnifiques ouvrages qui sont bien l’œuvre d’artistes française. Au 16ème siècle, nous abritions nos bâtiments par de grands combles et à Saint-Germain on couronnait tout l’édifice par des balustrades et par des terrasses en pierre. A cette époque, nous savions à merveille construire de grandes voûtes, à une grande hauteur, sans le secours de ferrailles, et à Saint-Germain l’on se crut obligé, pour maintenir les murailles, de placer des entraits en fer à la naissance des voûtes supportant les terrasses. La construction dans son ensemble nous paraît accuser une certaine ignorance de notre art national, de notre climat destructeur et aussi de l’emploi de nos matériaux de petite dimension. Les arrangements et motifs de décoration du château de Saint-Germain-en-Laye sont originaux, exceptionnels peut-être, et il serait alors difficile de nier peut-être aussi l’influence des artistes étrangers, soit Primatice, soit de Serlio, en ce qui concerne l’importance des constructions qui nous occupe.
Les artistes du 16ème siècle, en érigeant le château de Saint-Germain, avaient en vue certainement de disposer la cour de façon à laisser jouir de toutes les croisées du splendide panorama qui se développe tout autour de la demeure et les pavillons des angles A, B, C établis par eux ne formaient aucune saillie alors sur les corps de logis principaux. Tous les bâtiments avaient été couverts par une énorme terrasse formant une très agréable promenade au sommet de l’édifice. Ils avaient su fort adroitement, nous croyons, relier l’élégante chapelle à leurs constructions, et sans fermer la croisée centrale sise derrière l’autel. Ces artistes avaient su enfin, ce nous semble, créer à Saint-Germain une demeure vraiment royale tout en conservant la chapelle de saint Louis et le donjon de Charles V et aussi tout en satisfaisant de la façon la plus complète au programme tracé par François 1er.
Les 5 gros pavillons ajoutés par Louis XIV sont venus déranger toute l’harmonie de cette vieille demeure. Ces bâtiments ne présentent par le caractère monumental et grandiose des constructions de cette époque. L’architecte Mansard, chargé de la direction des ouvrages, s’est borné à donner l’ordre de reproduire tant bien que mal l’architecture du 16ème siècle. Les immenses saillies des pavillons privent des vues latérales qu’on avait jadis des croisées du monument et projettent de grandes ombres qui attristent les diverses faces du château. Les constructions de Mansart ont été à peine achevées et il est des étages entiers qui manquent d’escaliers et dans lesquels on ne parvient que par des degrés droits ou espèces d’échelles en bois. Les anciens pavillons (marqués A, B, C dans le croquis ci-dessus), qui ont été en partie conservés, ont été mutilé de la plus triste façon. L’architecture du 17ème siècle n’est souvent à Saint-Germain qu’un mensonger placage présentant de fausses baies simulées devant l’ancienne architecture de François 1er. Il est des croisées du 17ème siècle qui se trouvent dans la hauteur des reins des voûtes et qui ne permettraient pas l’établissement des carrelages des pièces éclairées par ces croisées. Le pavillon sis au milieu de la façade méridionale a l’un de ses murs (ayant 30 mètres de hauteur) construits sur la légère muraille à claire-voie de la chapelle de saint Louis, qu’il écrase assurément. La charmante chapelle de Louis IX a été aussi, pendant le 17ème siècle, enveloppée dans des bâtiments vers la rue du Château-Neuf et cette élégante construction, visible jadis de l’extérieur du château, est masquée alors aujourd’hui par des bâtisses qui ne nous paraissent présenter aucun intérêt.
La restauration du château pourrait être entreprise de deux façons distinctes. L’on pourrait réparer tous les bâtiments existants, mais dans ce cas bien des parties très intéressantes du vieux château seraient sacrifiées.
Il serait très facile de rétablir le château dans les conditions anciennes et tel qu’il était à l’époque où Louis XIV quittait Saint-Germain pour se fixer à Versailles. L’on serait aidé dans ce travail par les nombreux et anciens fragments conservés et aussi par les nombreuses gravures de Du Cerceau, d’Israël Silvestre, de Pérelle etc. etc. La chapelle pourrait être restaurée et l’on pourrait alors remettre en honneur ce magnifique fragment de notre art national du 13ème siècle. Les pavillons du 16ème siècle pourraient reprendre leurs anciennes formes et le donjon de Charles V serait dans ce cas dégagé de toutes les bâtisses qui l’emprisonnent actuellement. Envisagée de la sorte, la restauration serait certainement plus économique, plus agréable peut-être, et pour l’avenir l’on aurait simplifie la question de l’entretien.
Il ne nous appartient en aucune façon de décider ce qu’il serait convenable d’effectuer à Saint-Germain. En 1855, nous avions l’honneur de vous adresser des dessins indiquant l’état actuel du château. En avril 1856, nous rédigions diverses études sur la chapelle de saint Louis et, le 5 février dernier, pour satisfaire aux ordres que vous aviez bien voulu nous donner, nous adressions à Votre Excellence des plans et un dessin retraçant toutes les faces de cette demeure de nos rois et habitée par Louis XIV lui-même pendant les 39 premières années de son règne.
Nous croyons qu’on obtiendrait un résultat bien plus satisfaisant et moins dispendieux en rétablissant les vieilles dispositions du château qu’en voulant restaurer tous les bâtiments, assez mal coordonnés, que nous trouvons actuellement à Saint-Germain. Nous serions heureux toutefois de voir cette grave question soumise à l’examen des savants et aussi des éminents architectes qui composent les commissions instituées par votre administration et nous ne saurions en conséquence que solliciter des ordres auprès de Votre Excellence.
Nous avons l’honneur de joindre à ce rapport un devis estimatif des ouvrages.
Nous croyons, pour ne pas déranger le personnel logé, aussi bien que pour ne pas gêner le musée provisoire, qu’il serait convenable de commencer la restauration par l’angle nord-ouest. La restauration pourrait se poursuivre vers l’est, de façon à faire le tour du château et de façon aussi à terminer le travail par le bâtiment contenant la grande salle des fêtes.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 22 février 1862 »

Ministère d'Etat

Rapport sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport adressé à Son Excellence monsieur le ministre d’Etat et concernant le château de Saint-Germain-en-Laye
Monsieur le Ministre,
Le château dont il s’agit, et tel qu’il avait été conçu primitivement, a été entièrement construit sous le règne de François 1er. L’architecte chargé d’élever cette importante construction a su concernant et faire entrer dans l’ensemble de cette demeure une curieuse chapelle remontant à la première moitié du 13e siècle. François 1er, assure-t-on, donnait tous ses soins à la façon de ce château et Ducerceau s’exprime à l’égard de cette construction de la manière suivante :
« Ce bâtiment est assis sur un lieu assez hault élevé, prochain de la rivière de la Seine, à cinq lieus de Paris. Cette place a été tenue par les Anglais durant leur séjour en France. Depuis eux étant déchassez, elle demeura quelque temps sans entretien. Or il est advenu que le roy François premier trouvât le lieu plaisant, feit abbattre le viel bastiment sans toucher néantmoins au fondement, sur lequel il feit redresser le tout comme on le voit pour le jourd’hui, et sans rien changer dudit fondement, ainsi que l’on peut cognoistre par la court d’une assez sauvage quadrature. Les parements tant dedans que dehors et encoignures sont de briques assez bien accoustrée, et y était ledit Roy en les bâtisssant si ententif que l’on peult presque dire qu’autre que lieu en fust l’architecte. En aucun corps de ce logis y a quatre étages. En celui de l’entrée y en a deux, dont le deuzième est une grande salle. Les derniers étages sont voultez, chose grandement à considérer à cause de la largeur des membres. Vrai est qu’à chacun montant y a une grosse barre de fer traversant de l’un à l’autre, avec gros crampons par dehors tenans les dites voultes et murailles liées ensemble et formes. Sur ces voultes et par tout le dessus du circuit du bastiment est une terrasse de pierre de liais qui fait la couverture, lesquelles portant les unes sur les autres et descendans de degré en degré, commençant du milieu du hault de la voulte un peu en pente jusques à couvrir les murailles. Et est cette terrasse, à ce que je crois, la première de l’Europe pour sa façon et chose digne d’estre veue et considérée. Le lieu est accompagné d’un bois, qu’on appelle la forest de Haye, en laquelle le mesme roy François feist bastir un logis nommé la Muette, duquel nous parlerons en son endroit. Outre plus, il y a un jardin de bonne grandeur. Davantage, la vue d’iceluy du côté du midi est autant belle qu’on sçaurait désirer : comme ainsi soit, que de de chasteau on voit l’assiette de Paris, Montmartre, le mont Talvériens, Saint Denys et plusieurs autres lieux assez lointains. Ledit bastiment est accompli de ses fossez regnans autour de huit toises de large dans lesquels est un jeu de paulme. A l’entrée est la basse court, fermée partie de closture et corps de logis bien simples, et en icelle une fontaine. Après la mort dudit roy François vint à régner Henry deuzième, son fils, lequel pareillement aima le lieu. Ainsi ce Roy pour l’amplifier de beauté et commoditez fist commener un édifice joignant la rivière de Seine avec une terrasse qui a son regard sur ladite rivière : ensemble les fondements d’un bastiment en manière de théâtre entre la rivière et le chasteau comme verrez par le plan que je vous ai dessigné. En la route principale du bois et assez prochain du lieu est une chapelle neufve couverte en dome. Pour venir de Paris en cette maison royale, il fault passer trois ou quatre bois, si ce n’est que sortant du droict chemin vous éviterez la subjection de ces passages d’eaux. Au reste, par les plans et élévations vous verrez et entendrez le contenu du lieu. »
Le peu de tranquillité du règne de François 1er ne permit pas d’élever à Saint-Germain un splendide château et l’on dut se contenter de l’emploi de médiocres matériaux. Les ouvrages furent commencés assez largement mais pendant l’exécution l’on dût adopter des mesures économiques et achever en maçonnerie ordinaire bien des parties qu’on avait le projet d’élever d’une façon bien plus convenable.
Le château de Saint-Germain présentait de belle et larges disposition et devait produire un très grand effet avec son beffroi, sa grande salle des fêtes, son dernier étage voûté et recevant les admirables terrasses qui occupent toute la surface des bâtiments. Jusqu’à cette époque, toutes ces constructions nationales avaient été terminées par des combles élevés et l’on dut être assez surpris alors de voir le château de Saint-Germain se couronner par d’élégantes balustrades ornées de bases, de salamandres et de couronnes royales. Cette demeure eut un véritable succès auprès des artistes. S’il nous reste aujourd’hui en conséquence de charmants dessins de Jacques Androuet Ducerceau, d’Israël Silvestre, de Pérelle, qui nous permettent de rétablir par la pensée tous les arrangements primitifs du château vieux de Saint-Germain-en-Laye.
Pendant plusieurs règnes, la construction qui nous occupe n’eut à souffrir aucune modification et les successeurs de François 1er s’occupèrent d’édifier, de continuer et d’achever le château neuf. Cette nouvelle construction fut élevée lentement, fut mal entretenue et semble s’être en partie écroulée avant d’avoir pu être sérieusement habitée.
Le roi Louis XIII, qui habitait ordinairement Saint-Germain et surtout le vieux château, voulut restaurer et décorer la chapelle de saint Louis. A cette époque remontent diverses opérations regrettables et c’est alors qu’on détruisit l’arcature inférieure et que l’on reconstruisit à neuf tout le côté méridional de l’édifice religieux. Ce monarque, il est vrai, voulut aussi qu’une belle décoration fut appliquée sur toutes les parois de la chapelle et il chargea Vouet et ses habiles élèves, Le Brun et Le Sueur, de l’exécution de toutes ces peintures.
Le château neuf semble être, si nous nous en rapportons à la plupart des historiens, le berceau de Louis XIV, mais le grand roi fut baptisé dans la chapelle du vieux château. Ce monarque passa sa jeunesse dans la demeure élevée par François 1er et appréciait très fort, dit-on, les belles terrasses qui forment une agréable promenade au sommet du monument.
Le roi Louis XIV trouva le château insuffisant pour la cour et songea à abandonner Saint-Germain. Quelques discussions se sont élevées sur l’époque de l’installation à Versailles et divers historiens assurent que ce fut en 1671, tandis que M. Abel Goujeon, dans sa description de Saint-Germain affirme que ce ne fut que pendant le cours de l’année 1680.
Vers 1680, le roi donna l’ordre d’édifier les 5 pavillons qui flanquent le vieux château (nous avons indiqué en gris ces constructions dans la planche première de nos dessins) et l’architecte Hardoin-Mansard fut chargé de la direction de ces travaux. Louis XIV avait déjà à cette époque commandé la belle et grande demeure de Versailles et il ne pouvait assurément accepter les dispositions resserrées et mesquines projetées à Saint-Germain. Les pavillons qu’on allait construire ne pouvaient sensiblement agrandir le château et par l’examen du plan (fig. 1) l’on voit que si l’on a su trouver quelques salles nouvelles, l’on a été aussi obligé de perdre diverses parties assez importantes pour accéder aux nouvelles constructions. La cour du 17e siècle ne pouvait assurément se loger dans le château de Saint-Germain et cette vieille demeure de nos rois fut définitivement abandonnée.
Les pavillons bizarres de l’architecte Mansard s’élevèrent néanmoins mais ils ne furent pas achevés. Ces adjonctions ne présentent pas le caractère architectural et monumental des constructions du 17e siècle et l’architecte dut se contenter de donner l’ordre de copier tant bien que mal les dispositions de François 1er. De nombreuses parties de ces pavillons sont inachevées, comme nous l’avons dit ; des étages entiers n’ont pas d’escaliers ou ne sont desservis que par des espèces d’échelles éclairées par des châssis du comble. Les parties en surélévation qui flanquent les pavillons ont été laissées par le constructeur dans un état vraiment déplorable et ici l’architecture de Louis XIV n’est presque toujours qu’un placage mensonger qui recouvre les vieux murs de la construction primitive. Diverses salles ne sont qu’ébauchées et ne pourraient être carrelées et utilisées qu’en bouchant les ouvertures ou croisées. L’on semble, en érigeant ces constructions, avoir voulu donner satisfaction à la ville de Saint-Germain, mais l’on n’a rien achevé et des travaux assez importants seront nécessaires aujourd’hui pour compléter l’œuvre du célèbre architecte Hardoin-Mansart.
Le monument dont il s’agit a été utilisé de diverses façons depuis qu’il n’est plus affecté à la demeure des rois de France. Pendant la Révolution, il servit de prison et diverses salles furent affectées aussi aux réunions et aux délibérations des citoyens de la ville de Saint-Germain. En mars 1809, Sa Majesté Napoléon 1er y installa une école de cavalerie. Plus tard, il servit de caserne et il fut en dernier lieu approprié pour l’usage d’un pénitencier militaire.
Les diverses destinations données à l’édifice ont nécessité de nombreux travaux et presque autant de détériorations. La façade principal vers la place de l’église paroissiale a été mutilée et a vu disparaître tous ses briquetages, qui ont été remplacés par une décoration en plâtre. Bien des baies ont été agrandies, d’autres ont été réduites ou bouchées et aujourd’hui enfin le château de François 1er, qui possède une admirable cour intérieure, ne présente plus au dehors que l’aspect d’une bâtisse grandiose mais sans unité et sans caractère.
Pour satisfaire aux ordres que Votre Excellence a bien voulu me donner, j’ai dû visiter et dessiner l’édifice dont il s’agit. L’examen de la construction m’ayant convaincu qu’il serait peut-être fâcheux de modifier la belle salle des fêtes sise à l’ouest du château, je devais solliciter de vous, Monsieur le Ministre, quelques nouveaux renseignements et il était de mon devoir alors de rédiger quelques croquis que j’ai l’honneur de vous adresser.
Dans la plancher 1ère, nous avons supposé le château restauré et dans ces conditions il pourrait, je crois, être utilisé pour un musée de fragments, lesquels pourraient être classés et rangés dans les diverses salles. Le château de Saint-Germain étant largement ouvert dans ses parois verticales, il serait assez difficile d’en faire un musée destiné à des tableaux. Cela ne pourrait se faire qu’en changeant bon nombre des dispositions primitives et je devais alors solliciter de votre bienveillance, Monsieur le Ministre, quelques nouveaux détails sur la nature de la collection que vous entendez établir dans le monument.
Dans la planche 2e, j’ai supposé qu’on pourrait utiliser trois des bâtiments de la construction pour l’asile des veuves des officiers tout en affectant le corps de logis sis à l’entrée du château au musée qu’on a l’intention d’établir à Saint-Germain. Les services pourraient être séparés avec la plus grande facilité et si cette disposition semblait acceptable à Votre Excellence, elle préserverait de toute détérioration la belle salle de Mars. Chaque logement, d’après les dispositions de l’avant-projet que j’ai l’honneur de soumettre à votre appréciation, serait composé d’une entrée, d’une cuisine, d’une salle à manger et enfin d’une chambre avec alcôve pouvant former en même temps salon ou pièce de réception. Chaque logement occuperait une surface de environ 70 mètres superficiels. Nous avons pensé devoir établir tous ces logements vers l’extérieur du château et vers les jardins. Le service de ces habitations serait fait par une galerie ou couloir pourtournant la cour et qui permettrait d’aérer et de ventiler tous les logements avec la plus grande facilité. L’entresol et le 1er étage du bâtiment occidental seraient affectés au musée et cette collection pourrait disposer en conséquence d’une surface horizontale (ou de plancher) d’environ 900 mètres superficiels. De la sorte, l’on pourrait trouver, en outre du musée, 60 logements et environ 10 chambres de domestiques qui seraient réparties dans les divers étages de l’établissement. Le nombre des logements pourrait être augmenté si l’on voulait diviser l’étage principal en 2 parties dans sa hauteur, mis cette combinaison aurait peut-être l’inconvénient de donner des habitations médiocrement éclairées et aussi de dénaturer les belles dispositions du château de Saint-Germain. Le programme qui nous a été donné ne s’expliquant pas sur l’importance des habitations à établir, nous sollicitons de Votre Excellence quelques nouveaux détails dans le cas où nous n’aurions pas été assez heureux pour proposer dans cette esquisse des dispositions convenables et suffisantes.
Dans les planches 3 et 4, nous avons essayé de rendre compte de l’aspect extérieur et deux des faces du château modifié par Hardoin-Mansart sous le règne du roi Louis XIV.
Les conservateurs du château montrent aux visiteurs diverses parties du monument qui, à les entendre, présenteraient un véritable intérêt historique. La forme bizarre de la cour aurait été tracée par l’architecte en forme de D gothique et pour rappeler Diane de Poitiers. La construction de l’édifice remontant à François 1er, l’on ne pourrait admettre, ce nous semble, une pareille explication. Les pièces qu’on prétend avoir été habitée par mademoiselle de La Vallière n’ont été construites qu’en 1680 et à pareille époque la duchesse était déjà retirée dans un couvent de carmélites. Le château de Saint-Germain aurait eu ses oubliettes et quelques lames de parquet disjointes donnent matière aux gardiens d’entrer à cet égard dans de nombreux détails. Nous avons pu examiner et le parquet et la cave au-dessous et nous n’avons pu trouver trace de tout le sombre appareil qu’on prête habituellement à ces dépendances de nos vieilles habitations. Dans le pavillon nord-ouest, l’on retrouve encore 2 salles de petites dimensions et ayant conservé des traces d’une décoration qui remonte à Louis XIV. L’on rencontre dans les panneaux des dauphins et le chiffre [monogramme MA] sculptés. Ces attributs semblent indiquer de la façon la plus évidente que les deux salles dont il s’agit auraient été disposés pour l’habitation du Grand Dauphin et de son épouse Marie Anne Christine Victoire de Bavière. Ces salles se relient à d’autres pièces plus importantes qui, comme les bâtiments, n’ont pas été achevées. Ce logement ayant conservé quelques traces de décoration, l’on en a fait tout naturellement l’habitation du roi Jacques II et rien ne pourrait justifier, je crois, une pareille allégation. Nous trouverons au contraire à la page 364 de l’ouvrage si consciencieux de M. Abel Gougeon et qui a été publié en 1829 le renseignement suivant :
« On prétend que Jacques II, pendant son séjour en France, occupe le logement de la Dauphine. Cette allégation n’est pas juste car tous les auteurs du temps disent que les appartements de Louis XIV étaient devenus ceux du roi d’Angleterre et que ce dernier donnait des audiences dans les salles du trône et des ambassadeurs. »
Tous les appartements ont été détruits et il ne reste aucun vestige ni de la salle du trône ni des différentes pièces sises dans les vieilles et respectables parties de la construction. Cette importante demeure aurait été certainement abandonnée par la Cour lors du commencement des travaux exécutés à la fin du 17e siècle. Le véritable château royal de Saint-Germain, aussi bien celui habité pendant les 16e et 17e siècles que celui habité par le roi Louis XIV lui-même, est assurément celui élevé par François 1er et nous ne pouvions, ce nous semble, ayant eu l’honneur d’être chargé par Votre Excellence d’étudier cette résidence, négliger de faire quelques recherches à l’égard de la vieille construction et à titre seulement de renseignement historique. Dans ce but, nous avons retracé d’après l’édifice et d’après d’anciens dessins le château érigé à l’époque de la Renaissance. Les planches 5, 6, 7, 8 et 9 se rapportent à cette étude. Dans la planche 6e, nous avons indiqué une distribution semblable à celle de la planche 2e et, pour prouver que l’agrandissement de Louis XIV n’est pas en rapport avec la dépense effectuée pour la construction des pavillons, nous trouvons dans le château primitif à peu près le même nombre de logements que dans le château modifié et nous ne pouvons alors que déplorer cet agrandissement illusoire qui viendra augmenter d’une façon vraiment notable les ouvrages de restauration et aussi les travaux d’entretien annuels nécessaires à la conservation du monument.
La dépense nécessaire pour remettre le château de Saint-Germain en état de durer encore de nombreuses années pourra varier et en raison des ordres qui me seront donnés par Votre Excellence. Si cette demeure devait être affectée à un musée, il serait certainement utile de consolider les murailles et de reconstruire à neuf la presque totalité des voûtes supportant les terrasses en pierre. Dans le cas où le monument devrait être utilisé pour l’asile des veuves d’officiers, il serait peut-être plus convenable de vous proposer, Monsieur le Ministre, de remplacer les maçonneries des voûtes par des planchers supportant des terrasses en plomb. Si l’on voulait admettre le musée et l’asile dans le monument, l’on devrait peut-être proposer à Votre Excellence un moyen mixte de restauration à l’égard des terrasses.
La reconstruction des voûtes entraînerait des dépenses assez importantes et il serait possible de réaliser de véritables économies si l’on admettait les terrasses en plomb et les planchers supérieurs. D’un autre côté, la distribution en logement entraînera la façon de nombreux murs et cloisons, de nombreuses cheminées et encore de plus nombreux ouvrages de menuiserie, et l’on pourrait affirmer alors, je crois, que bien des compensations viendraient rendre la dépense à peu près semblables et pour tous les cas. Il me paraît résulter de l’examen attentif de la construction et de divers calculs que j’ai pu établir que la dépense atteindra environ quatorze à quinze cents mille francs. Ce chiffre n’a été établi, toutefois, que pour le cas où les travaux de restauration seraient effectués de la façon artistique qui est peut-être réclamée par l’importance du château de Saint-Germain-en-Laye.
J’ai fait entrer dans les dépenses de l’évaluation approximative tous les travaux de restauration et de décoration de la belle chapelle de saint Louis. Je n’ai dû compter pour toutes les autres parties de l’édifice que les ouvrages de décoration mis en œuvre habituellement dans nos demeures ordinaires.
Les pavillons de l’architecte Mansard et notamment celui qu’on prétend avoir été habité par Jacques II réclameraient peut-être quelques travaux assez dispendieux de décoration. Je ne crois pas que l’on puisse admettre l’explication des conservateurs du château à cet égard, mais si cela était, il me semblerait bien difficile de laisser dans l’état de délabrement l’appartement que le roi d’Angleterre devait à la libéralité du grand roi Louis XIV. Des boiseries sculptées, des tapisseries, des peintures et des dorures seraient nécessaires pour garnir les murailles et terminer les pavillons de Mansard qui, malheureusement, privent d’air et de lumière l’édifice primitif et je ne pouvais peut-être, Monsieur le Ministre, faire entrer en ligne de compte ces ouvrages de décoration qu’après en avoir reçu l’ordre de Votre Excellence.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, le 25 septembre 1855 »

Ministère d'Etat

Rapport sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Commission des Monuments historiques
Rapport de la commission par M. Selmersheim, inspecteur général, sur la restauration du bâtiment ouest du château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
Le devis estimatif soumis à l’approbation par monsieur l’architecte Daumet est extrait du devis général s’élevant à 960397 f. 06 rédigé pour l’achèvement de la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye, c’est-à-dire la réparation du bâtiment ouest, la construction du pavillon sud-ouest, l’aménagement intérieur et le mobilier. Cet extrait vise spécialement les travaux de restauration auxquels le service des Monuments historiques peut concourir ; il s’élève à 516018 f. 20.
Quoique depuis 1862, début de l’entreprise du château de Saint-Germain, le service des Monuments historiques n’ait participé financièrement qu’à la restauration de la chapelle du XIIIe siècle, les parties de la Renaissance ayant toujours été à la charge de l’administration des Bâtiments civils, nous pensons qu’en vue de terminer le plus rapidement possible cette restauration, le crédit des Monuments historiques peut intervenir et nous proposons, avec l’approbation du devis de 516018 f. 20, une allocation ferme de 1/3 de la dépense, soit 172006 f. 06, de 25000 f. 00 à partir de 1902 et la 7e de 22006,06.
Paris, le 2 août 1902
Selmersheim »

Rapport sur la restauration de la chapelle et sur le déplacement de l’horloge du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes
Commission des Monuments historiques
Rapport à la commission par M. Selmersheim, inspecteur général, sur le château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
Séance du comité du 7 janvier 1907
Monsieur l’architecte Daumet soumet à l’approbation 2 propositions relatives au château de Saint-Germain-en-Laye, savoir :
1° la suppression de la flèche de la chapelle,
2° la translation du cadran situé au sommet du donjon de Charles V dans l’encadrement préparé au XVIIe siècle au 1er étage au-dessus de la porte d’entrée.
Relativement à la flèche, M. l’architecte du château expose que la chapelle est affectée, par le service de conservation du musée, en division spéciale d’archéologie funéraire gallo-romaine, et en dépôt de fragments sculptés retrouvés lors de la restauration. Cette décision excluant tout retour de la chapelle à l’usage du culte, il lui paraît inutile de terminer cette œuvre décorative dont l’exécution serait coûteuse : il propose en conséquence la dépose de cette charpente et le rétablissement du comble dans sa forme générale.
Pour le cadran de la façade ouest, M. Daumet fait valoir qu’au XVIIe siècle, lors des grands changements et agrandissements exécutés au château de Saint-Germain, un encadrement composé de volutes et de draperies fut préparé pour recevoir un cadran, lequel encadrement existe encore au-dessus de la porte principale du château. Il propose de reporter le cadran édifié par Millet au sommet de la tour du XIVe siècle dans cet emplacement, estimant que le rétablissement du parement de la tour rendrait à cette partie, la plus sévère du château, sa simplicité d’origine.
Relativement à la première proposition, il y a lieu de convenir avec l’architecte que l’achèvement de la flèche de la chapelle ne présente guère d’intérêt, étant donné l’affectation actuelle de ce monument. Les motifs qui avaient guidé Millet dans cette conception étaient d’ordre traditionnel, et inspirés par les exemples similaires existant sur quelques monuments du Moyen Âge. Nous nous rangeons volontiers à l’avis de la suppression de cette charpente et à la continuation du comble, dont le chevet pourra recevoir la croix en fer édifiée au sommet de la pyramide.
Pour le cadran, notre avis est qu’il serait fâcheux de supprimer la conception de Millet, d’abord parce que cette applique ne nuit pas à « la simplicité d’origine » que prône M. Daumet, et que la proximité de l’horloge, placée en arrière, assure son bon fonctionnement, ensuite parce que le cadran en lave émaillée est de dimension beaucoup plus restreinte que l’espace fourni par l’entourage XVIIe siècle, ce qui rend son adaptation difficile. On peut faire valoir d’autre part que l’éloignement du mécanisme, placé dans une petite construction en arrière du donjon, est une autre difficulté.
Enfin, n’est-il pas permis de regretter l’obstruction d’une fenêtre primitive de la façade ouest pour une décoration d’un médiocre intérêt, rompant l’harmonie de cette façade ?
Notre avis est qu’il convient de laisser subsister le cadran à la place prévue par le précédent architecte, et qu’il ne paraît y avoir aucun inconvénient à supprimer la décoration du XVIIe siècle dont le type similaire existe dans la cour, sur la tourelle sud-ouest.
Paris, le 19 décembre 1906
Selmersheim »

Rapport sur la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
A la fin du mois de septembre dernier, j’avais l’honneur de faire parvenir à Votre Excellence 10 feuilles de dessins concernant le château de Saint-Germain-en-Laye. Dans ces croquis, j’avais essayé de retracer les constructions successives de la demeure impériale dont il s’agit. Pour rentrer dans les délais présentes, je devais seulement alors m’occuper de l’enveloppe de la construction et j’ai l’honneur aujourd’hui de vous adresser 10 nouvelles feuilles de dessins s’appliquant à la chapelle du château et complétant mes études préparatoires.
La curieuse et très belle chapelle dont il s’agit remonte au 13ème siècle et a été élevée par saint Louis, qui, né à Poissy, aura voulu aussitôt sa majorité ériger cette dépendance de l’ancien château. Tous les historiens de la ville de Saint-Germain assurent que la chapelle était arrivée jusqu’au règne de Louis XIII sans avoir subi de modifications. Ce monarque voulut entreprendre sa décoration et il chargea de ce soin (si l’on en croit Félibien) le sieur Aubin Vouet. De grosses réparations furent effectuées avant de procéder aux ouvrages de peinture et à partir de cette époque remontent alors les premières mutilations de la chapelle de Saint-Germain.
Louis XIV voulut aussi à son tour modifier cette demeure et il fit construire les 5 gros pavillons qui flanquent le château de la Renaissance et aussi toutes les bâtisses qui surmontent et emprisonnent la chapelle du saint roi Louis XI [sic].
Le constructeur qui élevait le château du 16e siècle avait réussi à engager le moins possible la chapelle et deux des petites faces de l’abside étaient seulement comprises dans ses constructions.
La disposition adoptée par cet artiste, dans son plan, paraît prouver qu’il appréciait à sa juste valeur le curieux édifice que l’on doit assurément à l’un des plus habiles architectes du règne de saint Louis et il est bien regrettable de n’avoir pas trouvé le même respect chez les constructeurs du 17e siècle, qui n’ont pas craint d’engager et de mutiler le monument formant la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. La construction que nous avons essayée de retracer dans nos dessins est d’une excessive délicatesse. L’architecte qui l’érigeait ne s’est pas contenté de ménager de larges croisées dans ses travées et il a voulu ouvrir entièrement tous les espaces compris entre les contreforts par de grandes et belles vitrines de forme carrée et à meneaux. Cette disposition est toute exceptionnelle, est unique, nous croyons, et nous paraît mériter toute l’attention des personnes qui s’occupent de l’étude de notre art national. Sur ces claires-voies ou croisées à meneaux, les architectes du 17e siècle ont élevé un grand étage d’habitation et de gros murs viennent alors surcharger d’une façon vraiment inquiétante les délicates et savantes constructions du Moyen Âge.
Divers ouvrages de restauration et d’ameublement ont encore été exécutés en 1827 dans la chapelle de Saint-Germain-en-Laye. A cette époque, l’on plaçait à l’intérieur de l’édifice quelques galeries à balustres, l’on érigeait une tribune vers le mur occidental et l’on construisait un autel flanqué de grandes et grosses colonnes en bois, et de l’ordre corinthien.
L’on a surélevé le sol de la chapelle de environ un mètre quinze centimètres, l’on a arraché toute l’arcature inférieure et, malgré toutes les mutilations dont il vient d’être parlé, rien n’est si facile aujourd’hui que de restituer à cette curieuse construction ses dispositions anciennes. Pendant que nous étions occupés à Saint-Germain à dessiner et à mesurer le château pour obéir aux ordres que Votre Excellence avait bien voulu nous donner, nous avons fait faire une fouille au pied de l’un des piliers de la chapelle afin de trouver le sol primitif. Nous avons trouvé dans ce déblai quelques parties de l’ancien dallage aussi bien que les bases des piles et le banc pourtournant toute la construction au-dessous de l’arcature. Le sol a été surélevé au moyen de maçonneries et dans les moellons qu’on arrachait, nous avons été assez heureux pour reconnaître et recueillir d’anciens et précieux fragments de la balustrade du couronnement extérieur. Si l’on continuait les recherches et si l’on rétablissait enfin le sol de cette chapelle à sa hauteur primitive, l’on trouverait très probablement de nombreux débris qui permettraient de rétablir avec la plus grande précision tous les détails du monument. Des piles ont été enduites en plâtre, l’on a appliqué des boiseries sur les soubassements des murailles et il serait utile, nous croyons, de dépouiller l’édifice des revêtements afin d’apprécier la situation. Les recherches dont il s’agit seraient indispensables si l’on voulait rédiger un devis sérieux des ouvrages à entreprendre et il était peut-être de notre devoir de solliciter de votre bienveillance, Monsieur le Ministre, et l’autorisation et le faible crédit de environ 1000 francs nous permettant d’entreprendre les quelques recherches dont il s’agit.
Les premiers dessins du dossier joint à cette lettre retracent l’état actuel de la chapelle, tandis que les dernières feuilles forment un essai de restauration et après la construction du château de François 1er. La chapelle étant un monument historique, nous ne pouvions omettre de rédiger une étude à son égard. Le travail que nous avons l’honneur de soumettre à l’appréciation de Votre Excellence résulte de l’examen des documents laissés soit par l’architecte Ducerceau, soit par le dessinateur graveur Israël Silvestre.
En ce qui concerne l’ensemble de cette chapelle, il serait difficile je crois de commettre des erreurs, car en réalité cette chapelle, quoique mutilée, existe entièrement. Il n’en est pas de même en ce qui s’applique aux détails et nous devions alors, suivant ce qui a été dit plus haut, solliciter la faveur de faire les recherches fort intéressantes pouvant nous aider à reproduire avec précision la belle chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Je suis avec respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
E. Millet
Paris, le 24 avril 1856 »

Ministère d'Etat

Rapport sur la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
J’ai eu l’honneur de remettre à Votre Excellence il y a peu de jours la feuille d’études concernant la Sainte Chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. Avant d’opérer la remise des dessins, j’avais donné communication du travail dont il s’agit à monsieur l’inspecteur général des bâtiments, qui semblait désirer quelques développements sur la section transversale de l’édifice. J’ai l’honneur aujourd’hui, Monsieur le Ministre, de vous faire parvenir 2 nouveaux croquis complétant le travail sur la chapelle du roi saint Louis.
Le premier dessin, qui trace l’état actuel, indique l’exhaussement regrettable du sol inférieur qui enlève à cette chapelle ses élégantes proportions primitives. Cette coupe indique aussi l’étage ajouté au-dessus des voûtes et qui, avec ses gros murs, écrase les légères croisées à meneaux de l’ancienne construction. Les murs de l’étage ajouté sont placés en porte à faux (suivant ce qui est marqué dans notre coupe) et doivent certainement, dans un court délai, amener l’écrasement de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Pour suivre l’ordre adopté dans nos précédentes études, nous devions rédiger encore un croquis de la chapelle avant les mutilations qu’on lui a fait subir pendant les 17e et 18e siècles et la planche n° 2 forme l’essai dont il s’agit.
Le roi saint Louis étant à Saint-Germain-en-Laye en 1239 entra en négociation avec Baudouin, empereur de Constantinople, pour le rachat de la couronne d’épines et autres reliques qui donnèrent lieu à la construction de la Sainte Chapelle du Palais de Paris. En 1248, avant de partir pour la première croisade, saint Louis fit à Saint-Germain son testament et cette chapelle dut recevoir les prières qui précédèrent son départ. Bien d’autres faits se passèrent à Saint-Germain-en-Laye et en 1643 eut encore lieu dans la chapelle du vieux château le baptême du grand roi Louis XIV.
La construction qui nous occupe nous semble intéressante à bien des titres et tout se liant à l’histoire de notre pays, elle est encore certainement un des spécimens les plus précieux des constructions du Moyen Âge de notre art national. Ayant eu l’honneur d’être chargé par Votre Excellence de l’étude du château de Saint-Germain, il était assurément de notre devoir de faire toutes les recherches utiles pour retracer les dispositions successives de cette demeure impériale et, dans ce but, nous devions encore rédiger les nouveaux croquis réclamés par monsieur l’inspecteur général des Bâtiments.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence, Monsieur le Ministre, le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, le 18 mai 1856 »

Ministère d'Etat

Rapport sur la pose d‘un treillage dans les jardins du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Division des Bâtiments civils
1er bureau
République française
Liberté, égalité, fraternité
Paris, 30 octobre 1849
Rapport
Monsieur le Ministre,
Du côté du nouveau parterre de Saint-Germain se trouve un saut-de-loup dont les abords ne sont pas sans danger pour les promeneurs.
L’architecte propose, par la lettre ci-jointe qu’il vous adresse, Monsieur le Ministre, de prévenir les accidents qui pourraient arriver au moyen de l’établissement d’un treillage dans une longueur de 150 mètres. Il évalue à 300 francs le montant de la dépense qui résultera de l’exécution de cette mesure de sûreté.
J’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Ministre, de vouloir bien approuver cette dépense qui sera imputée sur le crédit d’entretien des palais nationaux (exercice 1849).
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respectueux dévouement.
Le chef de division »

Ce rapport est annoté en marge : « Approuvé, Paris, le 30 octobre 1849, le ministre des Travaux publics, Lacrosse »

Ministère des Travaux publics

Rapport sur la manutention des vivres installée dans le château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Direction du personnel et des opérations militaires
Bureau de la justice militaire
Rapport fait au ministre le 18 août 1836
Analyse : sur la nécessité de faire cesser le prêt que le pénitencier de Saint-Germain a fait d’un four à la manutention des vivres
Dans un rapport en date du 3 de ce mois, M. le lieutenant général commandant la première division militaire a fait connaître au ministre qu’un incendie ayant détruit le four de louage qui servait à cuire le pain de la garnison de Saint-Germain-en-Laye, d’après la demande de M. le sous-intendant militaire et vu l’urgence, il a autorisé M. l’inspecteur du pénitencier militaire établi dans le château de cette ville à prêter provisoirement le four de cet établissement. Dans un rapport du 5, cet officier général ajoute que, sur les instances de M. l’intendant de la division, il a donné des ordres pour que cette concession durât aussi longtemps qu’il serait nécessaire pour assurer la subsistance de la garnison de Saint-Germain.
En faisant droit aux réclamations qui lui ont été adressées afin de ne point interrompre un service importance, M. le général Pajol voit les plus graves inconvéniens à laisser prolonger le prêt du four du pénitencier militaire. Il regarde comme contraire à l’ordre de cet établissement, comme dangereux pour sa sûreté et celle de sa population que des personnes étrangères y soient admises à toute heure de jour et de nuit.
Il insiste donc fortement pour que les mesures les plus promptes mettent un terme à l’état de choses dont il signale les inconvéniens. Il indique comme moyens simples d’ariver à ce but de louer un autre four en ville, ou mieux encore d’envoyer de Versailles à Saint-Germain le pain nécessaire, comme cela a lieu pour la garnison de Rueil.
L’importance du pénitencier militaire, l’avenir qu’annonce la prospérité naissante de cet établissement, auquel monsieur le maréchal porte un intérêt tout particulier, doivent faire prendre en considération les inquiétudes dont témoigne M. le général Pajol. On ne peut donc qu’appuyer la demande qu’il a formée à l’effet d’obtenir qu’il soit pourvu dans le plus bref délai au service interrompu par suite de l’incendie du four que le service des vivres avait loué en ville.
Le bureau de la justice militaire ne peut être juge compétent des deux moyens que le général Pajol regarde comme les plus prompts et les plus convenables dans la circonstance actuelle. Seulement, il croit pouvoir, en rappelant divers antécédents qui sont à sa connaissance, fournir quelques données pour la solution de la question.
En 1831, on avait installé dans le château de Saint-Germain la manutention des vivres de la garnison. Cette opération et deux fours qui y furent alors construits occasionnèrent une dépense de 12000 f. Depuis, le château ayant été assigné à la destination du pénitencier militaire, lorsqu’on y transféra celui de Montaigu, la manutention fut obligée de vider les locaux qui lui avaient été affectés et, par suite, de louer provisoirement un four en ville. Déjà, avant l’incendie de ce four, M. l’intendant militaire de la 1ère division, trouvant des inconvénients à laisser le service des vivres réduit à une position provisoire et précaire, demandait qu’on établit la manutention dans les bâtimens du quartier Luxembourg. Cette mesure, d’après les devis qui ont été établis, devait occasionner une dépense qui n’irait pas à moins de 15000 f.
Le Génie, qui observe que la manutention à Saint-Germain a déjà coûté en 1831 la somme de 12000 f. s’est arrêté devant l’adoption d’un projet qui doit donner lieu à une nouvelle dépense encore plus grande, et, en vue de l’éviter, il proposerait d’arrêter que les fours construits au château de Saint-Germain servissent concurremment au pénitencier et à la manutention. Les craintes que l’administration conçoit du prêt momentané des fours du château s’attacheraient avec plus de raison et de force encore à l’existence permanente d’un établissement de cette nature dans l’intérieur d’un pénitencier destiné à renfermer près de 600 hommes, à raison de la nécessité d’y admettre des agens étrangers, à toute heure du jour et de la nuit, ainsi que des chances d’incendie qui menacent incessamment les usines de boulangerie. Aussi, lorsque les vivres-pain ne seront plus alloués au pénitencier militaire au compte de la Guerre, que les ressources financières de cette maison lui permettront de pourvoir à leur achat, y aura-t-il à examiner la question de savoir si le pain sera fabriqué dans l’intérieur du château ; or de ce qui précède on peut déduire que cette question se décidera par la négative, à plus forte raison parait-il y avoir lieu de repousser le projet de faire servir les fours du château à la manutention des vivres de la garnison, tout en reconnaissance cependant qu’il est d’une économie bien entendue d’éviter le renouvellement d’une dépense considérable.
Deux services importans sont intérressés à ce que les difficultés qui se présentent soient tranchées. Il semble que le général Pajol en a indiqué le moyen.
Puisque c’est la manutention de Versailles qui pourvoit aux besoins de la garnison de Rueil, que Saint-Germain est aussi à proximité de ladite ville et par des routes superbes, il paraitrait, sous ce double rapport, également praticable de tirer de ce point les vivres-pain nécessaires à la garnison de Saint-Germain. Cette proposition se recommande par l’avantage qu’elle présente dans l’économie qui résulterait de la suppression de la manutention de Saint-Germain et des dépenses qu’elle entraine, chaque année, en matériel et personnel, en même temps qu’on échapperait à la nécessité que redoute aujourd’huy le génie de faire une dépense de 15000 f. pour établir les fours de la manutention dans le quartier Luxembourg.
Quel que soit le mérite des observations qui précèdent, on les croit de nature à entrer comme éléments dans l’appréciation d’une question qui, devant de reste être envisagée encore sous d’autres points de vue, ne peut être traitée à fond que par la direction de l’administration et le bureau du Génie. Si monsieur le maréchal l’approuve, on a l’honneur de lui proposer de décider qu’ampliation du présent rapport sera envoyée aux deux services, avec invitation de se concerter pour présenter au ministre les moyens de résoudre les difficultés du moment.
Dromont »

Rapport sur la manutention des vivres installée dans le château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Direction générale du personnel
Bureau du Génie
Matériel
Note pour le bureau du recrutement et de la justice militaire
En réponse à la note du 21 mai dernier émanée du bureau du recrutement et de la justice militaire, on a l’honneur d’annoncer à monsieur Petitet qu’à la suite d’un rapport qui lui a été soumis touchant les entraves qu’éprouverait l’exercice du service manutentionnaire à Saint-Germain, le ministre a revêtu de son approbation dans tout leur contenu les conclusions prises par la commission d’enquête du 20 décembre 1836 et décidé le 3 juin courant :
1° qu’il y avait lieu de maintenir dans le château, où il se trouve provisoirement établi, le service des vivres, en lui donnant, indépendamment des pièces A et B qu’il détient déjà, la jouissance de celles C, D, E et de la latrine F, comme aussi d’assurer à la troupe la faculté d’accéder pour la distribution du pain jusqu’au guichet G situé dans un corridor où ne pénètrent pas les détenus.
2° que, pour éviter néanmoins les graves inconvéniens que ne manquerait pas d’amener pour le régime intérieur du pénitencier militaire un pareil état de choses s’il se prolongeait, des mesures seraient prises pour transférer ailleurs la manutention, en affectant à cet usage telle portion des bâtimens de l’Etat que les autorités militaires jugeraient, de concert, devoir être consacrée à cette destination, portion qui serait rendue livre en déplaçant le dépôt d’infanterie qu’on installerait dans une autre localité, et en conservant seulement à Saint-Germain un détachement de soldats ou de vétérans suffisant pour la garde du pénitencier.
Des instructions ont été aujourd’hui même transmises à cet effet à M. le général Pajol, à M. l’intendant de la 1ère division, ainsi qu’à M. le directeur des fortifications à Paris, afin qu’ils assurent conjointement l’accomplissement des dispositions qui précèdent.
Paris, le 11 juin 1837
Le chef du bureau du Génie
Boquet »

Rapport du marquis d’Antin concernant l’état des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [f. 17] Sire,
Je fus visiter mercredy dernier une partie des pépinières de Morlet […]
[f. 17v] J’ay été à Saint Germain, lequel est en bon état en tout ce qui dépent du sieur de Ruzé et autres officiers. J’ai veu une chose qui m’a fort scandalizé : c’est la chambre dans laquelle est née Votre Majesté. Il n’est pas permis qu’elle soit abandonnée comme elle est. J’ay osé, Sire, pour la seule fois de ma vie, ordonner sans votre participation qu’elle fût rétablie incessamment et décorée comme il convient. Tous vos sujets, Sire, doivent respecter un lieu comme celuy là ; jugez de ce que je panse à mon particulier.
[Annotation du roi :] Bon
M. de Ruzé a vendu à Ober, charpentier, le vieux manège du roy d’Angleterre la somme de 3000 l. [f. 18] C’est en vérité moitié plus qu’il ne vaut, mais il m’a assuré qu’il avoit ancore été paié plus grassement quand il avoit été construit.
[Annotation du roi :] Bon
J’ay été au Val, que j’ai trouvé très bien soigné, les espalliers et les vergers en très bon état. Il n’y a quasi point de fruit cette année. Il y a quelque petite réparations à faire aux parquets, qui ne méritent pas de vous en importuner.
[Annotation du roi :] Bon
[…]
[f. 19] A Versailles, le 6 de juillet 1708 »

Maison du Roi (Ancien Régime)

Rapport demandant l’agrandissement de la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Division des Bâtiments et de la Dotation mobilière
Bureau des Bâtiments
Paris, le 7 avril 1854
Rapport à monsieur le ministre d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Monsieur le Ministre,
M. le Premier Veneur a signalé à Votre Excellence l’insuffisance des localités affectées, à Saint-Germain, au service de la vénerie et la nécessité de disposer, pour ce service, huit nouveaux logements.
M. Dufrayer, architecte, a fait connaître qu’il était possible d’établir dans les greniers du bâtiment neuf de la vénerie les huit chambres demandées par M. le comte Ney et que la dépense qui résulterait de ce travail s’élèverait à la somme de 6000 f.
J’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Ministre, de vouloir bien autoriser cette dépense et approuver les soumissions que M. Dufrayer a fait souscrire d’après vos ordres aux entrepreneurs ordinaires de l’administration, et à cet effet je demanderai à Votre Excellence de revêtir de sa signature l’arrêt ci-joint.
Le chef de la division des Bâtiments et de la Dotation mobilière
Vuhren »

Ministère d'Etat

Rapport de l’architecte Daumet concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 11 février 1897
Rapport à monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes
Monsieur le Ministre,
Chargé de diriger les travaux d’achèvement de la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain, j’avais l’année dernière réclamé l’examen par la commission des Monuments historiques de propositions relatives à la reconstruction de la rose du pignon de la chapelle, pignon aujourd’hui masqué par des constructions datant de l’époque de François Ier et modifiées profondément au XVIIe siècle.
Ces constructions conçues sans préoccupation de conserver l’une des œuvres les plus intéressantes du Moyen Âge ont eu pour fâcheuses conséquences la dislocation de la rose, dont toutes les parties constitutives subsistent, mais ont été englobées dans le mur qui sépare la chapelle de la salle dite de Mars. Un des dosserets portant la voûte de cette salle a tranché les réseaux de la rose. Enfin le mur pignon correspondant à l’extrémité de cette salle et d’autres adjonctions ont achevé encore de mutiler un motif de décoration que Violet-le-Duc cite dans son Dictionnaire comme l’un des exemples les plus remarquables de l’art ogival.
J’avais proposé de dégager la rose en créant en avant et aux dépens de la salle de Mars un assez vaste espace, afin que les visiteurs du musée puissent juger de la beauté de l’œuvre reconstituée avec tous ses détails. Cette tentative était, je l’ai reconnu, d’une réalisation difficile. La proposition a été faite de s’en tenir au projet consistant à reconstruire la rose en l’isolant du mur qui l’aveugle, ce qui paraîtrait, peut-on craindre, un mode insuffisant de rendre à la rose toute sa valeur. La difficulté de réduire à une faible section le dosseret de voûte qui supporte l’arc doubleau de la voûte de la salle de Mars était aussi un motif pour rechercher une autre solution.
Malgré les remarques qui précèdent, la commission, après examen, a décidé qu’il y avait lieu de reconstituer la salle de Mars dans son état primitif, c’est-à-dire telle que l’indique le plan de Du Cerceau. Ce plan comportait à l’époque de la publication des « Plus excellents bâtimens de France » une déformation des deux dernières travées de voûte par la forte obliquité du mur ouest, obliquité qui a disparu lors de la construction au XVIIe siècle de tout un corps de bâtiment qui doit être démoli à son tour.
En étudiant la solution dans le sens de la décision prise de rétablir la salle avec ses déformations, j’ai dû rechercher si on pouvait le faire avec sûreté. Les murs, les voûtes ont été refaits, on est donc en présence que de gravures très précieuses en ce qui concerne le plan, mais très vagues pour la façade. Doit-on refondre un bâtiment dont la plupart des éléments ont disparu ? Doit-on rétablir des déformations qui, si elles existaient, seraient à respecter, mais qui ne donneraient que des effets d’irrégularité sans charme ? Doit-on passer à l’exécution sans examiner une hypothèse consistant à limiter la longueur de la salle de Mars aux travées intactes et d’origine de cette salle, en ne reconstruisant par les deux travées frappées de déformation.
A mon avis, Monsieur le Ministre, il faudrait renoncer à rétablir ces deux travées. Un grand avantage résulterait de la limitation de la longueur de la salle de Mars : le mur d’extrémité de cette salle formerait façade de retour, il tiendrait lieu d’un mur de refend percé d’arcades et de portes prévues au projet approuvé.
On a déjà renoncé à reconstruire à neuf sur un tout autre plan l’énorme bâtiment du XVIIe siècle qui doit disparaître. La limitation en longueur de la salle de Mars réduite à ses travées d’origine et subsistant encore ainsi que le renoncement à refaire un bâtiment tronqué d’obliquité aurait pour conséquence de rendre apparente la façade de la chapelle, par conséquent aussi la rose en son entier, enfin tout le pignon que la forme du comble détermine sûrement. On remettrait enfin en honneur une façade dont les principaux sont encore en place et qui, restaurée ou plus exactement reproduite, donnerait un intérêt très vif à cette partie du château.
Le mur prévu aux dessins dressés par M. Millet pour limiter la salle de Mars comportait une cheminée monumentale. Le plan de Du Cerceau ne renseigne pas à cet égard. Il serait plus simple de faire ce mur plein pouvant recevoir une décoration picturale ou le tableau représentant « l’Age de pierre » de Cormon dont le sujet est si bien approprié au musée gallo-romain à la place qu’il occupe déjà.
Je dois ajouter, Monsieur le Ministre, que les propositions qui précèdent sont simplificatives, si elles adoptées un amoindrissement de dépense considérable en résulterait. Les pièces servant au musée sont déjà nombreuses, les restaurations des étages inférieurs à la salle de Mars ajouteront des surfaces considérables à celles déjà disponibles et on peut prévoir qu’elles suffiront amplement à contenir les objets qui s’ajoutent aux collections et s’y ajouteront dans l’avenir.
Afin de rendre sensibles les propositions que je croix devoir faire, je joins au présent rapport des dessins comparatifs entre ce que serait le château restauré en prenant les indication de l’ouvrage de Du Cerceau comme devant être reproduites, et les modifications que des études attentives m’ont suggérées.
J’espère, Monsieur le Ministre, que la commission des Monuments historiques ne verra dans ma nouvelle proposition que le désir de voir remettre en évidence et telle qu’elle a été conçue la rose de la chapelle de Saint-Germain, œuvre remarquable, d’un caractère authentique indiscutable, et non une reconstitution problématique de l’extrémité de façade dont tout vestige a disparu. Si vous en jugez ainsi, je vous propose, Monsieur le Ministre, de renvoyer l’examen des dessins et des motifs marqués à la commission, qui pourrait m’entendre avant de prendre une décision sur une question dont la solution imposé à la suite des travaux en cours d’exécution.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre dévoué serviteur.
Daumet
L’architecte du château de Saint-Germain »

Daumet, Pierre-Gérôme-Honoré

Rapport de Viollet-le-Duc sur le projet de la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport à la commission par M. Viollet-le-Duc sur le projet préparé pour la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
Séance du 23 mai 1862
Dans une précédente séance, la commission, sur la demande de Son Excellence le ministre d’Etat a émis à l’unanimité moins une voix l’avis que le château de Saint-Germain-en-Laye devait être restauré conformément à ses dispositions primitives, c’est-à-dire en supprimant les gros pavillons ajoutés aux angles de cet édifice sous le règne de Louis XIV. Il s’agit aujourd’hui d’examiner en détail les projets des architectes et de donner un avis favorable à ces projets, s’il y a lieu, ou de les modifier suivant les observations auxquelles ils pourraient donner lieu, afin de passer à l’exécution. En se reportant aux gravures anciennes représentant le château de Saint-Germain avant les adjonctions de Louis XIV, on peut reconnaitre que M. Millet s’est conformé en tous points aux ensembles donnés par ces vues. D’ailleurs, en démolissant les pavillons, il n’est pas douteux que l’architecte trouvera des amorces des constructions qu’ils englobent et masquent. La sagacité bien connue de l’artiste chargé de ce travail est une garantie contre toute opération qui pourrait dénature l’ancien caractère de l’édifice. Ainsi, par exemple, les gravures de Du Cerceau indiquent aux angles saillants des bâtiments des tourelles cylindriques tandis que les gravures d’Israël Silvestre et celles de Pérelle montrent ces mêmes tourelles prysmatiques. M. Millet a adopté ce dernier parti et je pense qu’il est dans le vrai, mais il est évident que l’enlèvement des pavillons laissera voir les arrachements des ces tourelles et il suffira qu’un de ces arrachements donne une saillie de quelques centimètres pour savoir si ces tourelles primitives étaient cylindriques ou prismatiques. Il y a tout lieu de croire que dans les matériaux de démolition même, on trouvera, ainsi que cela se présente toujours, des fragments des constructions primitives.
L’ensemble du projet me paraissant satisfaisant, reproduisant des figures si connues conservées par les gravures anciennes, il me parait qu’il est nécessaire de laisser à l’architecte une certaine latitude quant à l’exécution des détails.
Rarement, il faut le reconnaître, une restauration est présentée avec autant de renseignements à l’appui, rarement un travail préparatoire est aussi clairement exposé. Je conclus donc à l’approbation du projet.
E. Viollet le Duc
La commission approuve les conclusions du rapporteur en faisant toutefois une réserve au sujet de l’annexe ou sacristie que l’architecte propose de faire à la chapelle. Cette construction ne lui paraissant pas être indispensable, elle est d’avis de ne pas la comprendre dans le projet. »

Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel

Rapport concernant une éventuelle modification des fossés du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes
Sous-secrétariat d’Etat des Beaux-Arts
Paris, le 15 septembre 1911
Rapport de l’inspecteur général de la 1ère division des Bâtiments civils à monsieur le sous-secrétaire d’Etat des Beaux-Arts (bureau des Bâtiments civils et des Palais nationaux)
En réponse à votre lettre du 14 septembre courant, j’ai l’honneur de vous faire savoir que j’ai eu l’occasion, ces jours derniers, d’examiner à nouveau sur place avec M. l’architecte Daumet la question du rétrécissement, au profit de la voir publique, du fossé, côté de la place Thiers, du château de Saint-Germain, et que ce rétrécissement, suivant le tracé que vous avez bien voulu me communiquer et dont j’ai pu me rendre compte, ne nuirait d’aucune façon au bon aspect du château. Je suis donc d’avis d’accueillir favorablement la demande de la municipalité de Saint-Germain, à la condition toutefois, et sine qua non, que l’élargissement de la place Thiers pris sur le fossé du château ne sera pas au moyen proposé d’un encorbellement en ciment armé qui serait d’un aspect déplorable, mais au moyen d’arcades en sous-sol, ouvertes sur le devant, de manière à pouvoir utiliser le terrain, et dont la face sur le fossé serait en pierre dure, le reste pouvant être en meulière ou autres matériaux offrant les mêmes garanties de solidité et de durée que la pierre.
Quant aux autres conditions, elles doivent être celles formulées par M. Daumet en son rapport du 29 août 1911, c’est-à-dire que l’on fera disparaître l’affreux et dégoûtant chalet de nécessités ainsi que les urinoirs qui déshonorent la place et l’entrée du château et qu’on fera cesser la servitude d’écoulement des eaux de surface de cette place à travers le parc.
Quant au partage de la dépense, en ce qui concerne le rétrécissement du fossé pour élargir la place Thiers et qui serait, selon M. Daumet, entre six intéressés, c’est à vous qu’il appartient de décider.
C. Moyaux »

Ministère de l'Instruction publique

Rapport concernant une éventuelle modification des fossés du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Château et parterres et terrasses de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
République française
Saint-Germain-en-Laye, le 20 novembre 1906
L’architecte du château de Saint-Germain à monsieur le sous-secrétaire d’Etat des Beaux-Arts.
Le soussigné a reçu le 26 octobre dernier communication du dossier transmis au service des Bâtiments civils par M. le préfet de Seine-et-Oise relatif à une demande formulée par M. le maire de Saint-Germain en vue d’une modification du périmètre du fossé sud-ouest qui entoure le château de ce côté.
Un rapport adressé à la date du 7 octobre 1905 à M. le sous-secrétaire d’Etat avait fait connaître l’avis du soussigné. Il reconnaissait les avantages que présentait pour la ville la modification dont il s’agit, favorable à la circulation devenue très active sur ce point.
Cette affaire déjà examinée par le bureau des Bâtiments civils et par le bureau compétent du Domaine, qui estimait la valeur du terrain à céder à la Ville, à 20 francs le mètre carré, soit pour 317 m. 67 d. une somme de 6353 f. 40 c.
En ce qui concerne la construction du mur suivant le tracé nouveau, un devis sommaire estimait la dépense à 30000 francs. On doit ajouter que les travaux devraient être confiés à l’entrepreneur adjudicataire de la restauration, sous la direction de l’architecte de l’édifice.
Dans le rapport précité du 7 octobre 1905, le soussigné exposait qu’en compensation des avantages considérables qui résulteraient pour la ville de Saint-Germain du nouveau périmètre figuré au plan joint au rapport, l’Etat pourrait réclamer de son côté la disparition d’un chalet de nécessité établi en 1891 juste en face de l’entrée du musée des Antiquités nationales, malgré la vive opposition faite au nom de l’administration des Bâtiments civils dès le commencement des travaux de la fâcheuse construction. Cet édicule déshonore la place du Château et n’a été édifié que pour procurer à la Ville un revenu qu’augmentent encore une concession d’affichage permanente et disparate, comme le sont ces sortes d’exploitations.
Le soussigné proposait en outre la cessation d’une servitude d’écoulement d’eaux de surface de la place du Château au travers d’une portion du parc en longeant la tranchée du chemin de fer dans une longueur considérable conduisant les eaux depuis leur arrivée au parc par une large gargouille, suffisant à peine au débit par les pluies violentes, d’une eau souillée de matières boueuses devenant stagnantes près du regard d’absorption ; là, les vases s’amassent jusqu’à recouvrir le trottoir, empêchant la circulation au point bas de ce trottoir : le limon séjourne et transforme en cloaque une surface assez considérable ; de plus, les eaux boueuses engorgent les canalisations souterraines et nécessitent des curages fréquents, et même des frais de vidange qui grèvent le crédit affecté à l’entretien des parterres et terrasses. Les inconvénients graves signalés pourraient être évités moyennent des travaux assez minimes à faire par les soins du service municipal, qui dispose de canalisations publiques dans le voisinage de la gare et devrait recevoir les eaux du sol de la ville ; un pareil travail est facile, car le service même des Eaux proposait de l’exécuter au compte de l’Etat, ce qui paraissait inadmissible.
On peut faire remarquer que la servitude ne date que de l’époque où la tranchée du chemin de fer a été établie et n’avait anciennement qu’un inconvénient peu grave, car il s’agissait d’eau de pluie. Depuis, l’expérience est faite. L’affluence de voitures est devenue plus grande sur la portion de place favorable à leur stationnement : la malpropreté causée par les chevaux devient intolérable et très dommageable à la bonne tenue de la portion des parterres voisine de la tranchée. De l’avis du soussigné, il faut faire cesser les inconvénients qui résultent du fait signalé. M. le maire de Saint-Germain a d’ailleurs été informé par le soussigné, dès les premiers pourparlers à propos de la modification du périmètre du fossé, que les deux réclamations faites à la Ville, 1° suppression du chalet, 2° cessation de la servitude, feraient l’objet d’une proposition conditionnelle à l’acceptation du principe de donner à la voie publique un supplément de surface aux dépens du fossé.
Le soussigné ne peut suivre les déductions historiques sur lesquelles s’appuye la municipalité de Saint-Germain pour demander que l’Etat restitue une partie de surface des fossés du château comme ayant été autrefois prise à ses dépens : la citation d’un passage du texte qui accompagne la description du château de Saint-Germain par Androuet du Cerceau engagerait aussi à se reporter au plan figurant au livre « Les plus excellents bâtiments de France » ; on y verrait que le périmètre du château avait un tout autre contour que celui actuel. Suivant le plan dont il est fait mention, des bâtiments, une vase cour, occupaient la place entière.
Mais des volontés souveraines sont intervenues depuis, il est visible que tout a été modifié de ce côté, lors des travaux exécutés par Mansart pour construire les ailes aujourd’hui disparues ; des abandons et des compensations ont été consentis, et fort largement, comme le démontrent les calques ci-joints ; il n’y a donc rien de soutenable par la municipalité de ce côté ; on peut considérer encore qu’il y a état de faite depuis 1680 au moins.
A la page 3 du mémoire présenté par la Ville, il est dit que la restauration du château de Saint-Germain a été entreprise dans le but de reconstituer ce monument, dans son ensemble et dans ses détails, tel qu’il existait sous le règne de François Ier.
La réalisation finale est proche, et l’on a suivi les projets approuvés ; aucun retour ne peut plus être fait au passé et, par conséquent, au périmètre datant du XVIIe siècle, sans des conditions, d’ailleurs très conciliantes, que propose l’architecte du château.
Il semblerait, suivant l’opinion de la municipalité, que la rectification des murs, telle qu’elle la réclame, devrait être faite aux frais de l’Etat et que le travail serait la conséquence des dessins dressés par M. Millet, auteur du projet de restauration ; c’est erroné : le devis général ne comprend qu’une somme de 49000 francs pour la mise en état des murs des fossés : cette somme sera à peine suffisante pour le travail indispensable sur un périmètre encore considérable ; ces murs jusqu’à présent n’ont été réparés que partiellement du côté du nord et de l’est et aussi à l’angle sud-ouest (travaux faits par les soins de M. Millet) et, dernière remarque, l’éminent architecte ne se proposait pas de modifier plus tard ce qu’il ordonnait, car la partie sud-ouest dont on demande la reconstruction sur le crédit d’achèvement de la restauration était parmi les murs qu’il faisait réparer.
De l’avis du soussigné, les arguments mis en avant par le conseil municipal n’ont aucune valeur, comme pourra l’apprécier l’administration des Bâtiments civils.
L’architecte du château de Saint-Germain
Daumet »

Ministère de l'Instruction publique

Rapport concernant une éventuelle modification des fossés du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes
Sous-secrétariat d’Etat des Beaux-Arts
Paris, le 2 janvier 1907
Rapport de l’inspecteur général de la 1ère division des Bâtiments civils à monsieur le sous-secrétaire d’Etat des Beaux-Arts (bureau des Bâtiments civils et des Palais nationaux)
Par votre lettre du 30 novembre dernier, vous m’avez fait l’honneur de me demander mes observations et mon avis à propos de la diminution de largeur, au profit de la voie publique, demandée par la municipalité de Saint-Germain-en-Laye du fossé du château au droit de la place Thiers. La question soulevée par la ville de Saint-Germain, appuyée par le général Buisson, n’est pas nouvelle. Elle a fait l’objet de mes rapports du 11 octobre 1903 et du 5 janvier 1905. Pas plus que M. l’architecte Daumet, je n’ai changé d’avis.
La ville de Saint-Germain se montre vraiment trop exigeante. Elle demande à l’Etat de très importants avantages pour elle, mais sans vouloir accorder la moindre compensation. Elle s’est montrée tout aussi peu conciliante, malgré la faveur que lui avait accordée l’Etat d’accéder à la gare par la rue de la Surintendance, lorsqu’elle a fait construire, au centre même de la place, en face de l’entrée du château, de ce château qui attire tant de visiteurs pour le bien des commerçants de la ville, le déshonorant chalet de nécessité qu’elle aurait pu placer autre part si elle avait daigné tenir compte des observations très sages qui lui ont été faites à ce sujet. Il faut relire mes rapports du 4 septembre 1892 et du 12 février 1893. Elle ne peut donc que s’en prendre à elle-même, à son mauvais vouloir, si aujourd’hui l’Etat ne se montre pas plus conciliant qu’elle ne l’a été pour exiger, profitant de la circonstance, que cet abominable chalet disparaisse.
Nous ignorons quelle est l’importance du dédit qu’imposerait la compagnie concessionnaire si cette disparition devait être effectuée. Nous savons seulement que la durée de la concession doit être encore de quatorze ans après lesquels la construction serait la propriété de la ville et que la redevance annuelle est de un franc.
La ville de Saint-Germain est si peu conciliante que, maintenant que les eaux devenues sales de la place pourraient sans inconvénient pour elle être déversées dans l’égout, elle ne semble pas vouloir consentir à l’extinction de la servitude qui oblige à faire traverser le parc par ces eaux. Mon avis est qu’on ferait une grande faute si l’on ne tenait pas rigoureusement compte des observations contenues dans le dernier rapport de M. l’architecte Daumet, rapport en date, comme il est dit plus haut, du 20 novembre 1906.
C. Moyaux »

Ministère de l'Instruction publique

Rapport concernant une habitante du château de Saint-Germain-en-Laye

« Génie
Liberté, égalité
Casernement de Paris
Paris, le 14 prairial an 7e de la République
Rapport sur la pétition de la citoyenne veuve Mursay à Saint Germain
La citoyenne veuve Mursay est certainement dans la plus grande gêne. Sa famille lui refuse une somme assez considérable qui lui est légitimement due et dont elle poursuit juridiquement le recouvrement.
Quant au prix de sa location, il pourrait avec équité être réduit à 150 francs, tant à cause de la nature du logement que parce que le prix du bail de 250 francs passé à l’époque des assignats n’a point été réduit au terme de la loi, faute par cette citoyenne d’avoir réclamé dans le délai prescrit.
Quant au payement de ses locations arriérées, malade, ne recevant rien sur ses pensions et plaidant pour le recouvrement de sa légitime, ces faits étant constans, on ne peut douter qu’il lui soit impossible d’y satisfaire en ce moment. Si la réduction du prix de son bail a lieu, cette réduction ne devrait-elle pas partir de l’époque de l’anéantissement du papier monée ? Ce qui diminuerait sa dette.
Le receveur des Domaines de Saint Germain a différentes fois fait observer la position malheureuse de la citoyenne Mursay et le prix extraordinaire de sa location.
Le chef de bataillon du Génie
Reverony »

Rapport concernant une demande d’organiser un concert au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le 7 août prochain, un concours des orphéonistes du département de Seine-et-Oise doit avoir lieu à Saint-Germain et le maire de cette ville prie Votre Excellence de vouloir bien mettre à sa disposition, pour cette circonstance, la grande salle d’armes du château.
Tous les frais de décoration de cette salle seront à la charge de la ville de Saint-Germain.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer d’accueillir cette demande.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage respectueux de mon dévouement.
Le secrétaire général
J. Pelletier »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 22 juillet 1859, le ministre d’Etat, Achille Fould »

Ministère d'Etat

Rapport concernant l’établissement d’un Prytanée à Saint-Germain-en-Laye

« Prytannée français
Section de Saint Germain en Laye
Raport fait au préfet du département de Seine et Oise par le citoyen Lemoyne, architecte, inspecteur des bâtimens nationaux de Saint Germain en Laye.
Le château de Saint Germain paroit être le seul local dans lequel le gouvernement puisse se proposer d’établir l’une des quatre sections du Prytannée français, puisqu’il réunit tous les avantages que l’on doit désirer pour un pareil établissement.
L’antiquité de ce monument n’en a point altéré la solidité. Il est situé isolément à l’entrée de la commune et dans la plus belle exposition du lieu, entouré de fossés larges et profonds soutenus par des murs de terrasse construits en pierre de taille qui déffendent l’approche de cette maison et rendront sa police intérieure d’autant plus facile.
La cour est belle, grande et bien pavée.
La totalité du rez de chaussée peut être disposée pour des classes, la lingerie, les refectoirs et les cuisines.
Les entresols offrent autant et plus de logement qu’il n’en fait pour les instituteurs.
Le premier étage sera susceptible de former des dortoirs vastes, élevés et parfaitement aérés pour deux cents écoliers au moins et, disposant le second étage comme le premier, on poura réunir dans cette maison plus de quatre cents écoliers.
Il y a d’ailleurs un très grand nombre de petits réduits qui seront plus que suffisants pour loger toutes les personnes attachées au service intérieur de la maison.
De l’emplacement de l’ancienne salle de comédie, on poura faire une belle salle d’exercice, ainsi que de l’ancien garde meuble. L’une seroit consacrée aux enfants du premier âge, l’autre aux élèves déjà formés. Par ce moyen, ils jouiroient pendant l’hyver et dans les tems pluvieux de l’avantage inestimable de prendre leur récréation à couvert dans deux endroits vastes et bien éclairés, ou d’un coup d’œil on pouroit les surveiller.
La chapelle seroit susceptible de former un beau réfectoir.
Quelque grande que soit la cour de ce château, elle seroit insuffisante pour y exercer les enfants dans la belle saison. Mais on peut y suppléer facilement en joignant au château une portion de la promenade publique appellée le parterre, plantée en maroniers, dans laquelle on communiqueroit de l’intérieur au moyen d’un pont levis qui existe et qui n’exige pour être mis en état que quelques réparations.
Cette portion de terrein qu’on distrairoit du parterre ne géneroit en rien la promenade publique et donneroit aux clercs un bel enclos ombragé pour les exercer et prendre leur récréation dans les beaux jours de l’année. Il suffiroit d’entourer ce terrein d’un palis de planches de la hauteur de deux mètres et demi : il touche les fossés du château et en dépenderoit immédiatement. De ce terrein, pour les jours de grande promenade, on communiqueroit au parterre et à la forêt.
Débarassant les fossés d’une foulle d’arbres inutiles qu’on y a laissé croitre et qui ne sont pas sans inconvénient pour la salubrité, on pouroit y pratiquer de petits jardins qu’on laisseroit à la disposition des professeurs, ou même de quelques écoliers distingués à qui l’on jugeroit de les accorder à titre de récompense et d’émulation. Ce seroit d’ailleurs un moyen simple et très peu couteux d’approprier ces fossés et d’en faire une promenade particulière et agréable.
Il y a dans la cour une fontaine dont le volume d’eau ne seroit pas assés concidérable pour la consommation du Prytannée, mais on pouroit l’augmenter en traitant avec la commune et que l’on auroit à peu de frais une concession d’eau suffisante pour tous les besoins de la maison. Et comme il doit entrer dans l’économie administrative d’un pareil établissement d’y faire la lessive, on trouveroit dans les offices qui sont au rez de chaussée des fossés de quoi former une buanderie très commode et la partie des fossés voisine de cette buanderie serviroit pour étendre et sécher le linge de la maison.
Le logement de l’ancien concierge du château dans lequel se trouve l’escalier qui descend aux fossés conviendroit à l’économe chargé de la lingerie et de la buanderie.
Pour faire un devis estimatif de la dépense que nécessitera l’établissement du Prytannée à Saint Germain, il est indispensable de fixer d’une manière précise les changements qui seront jugés nécessaires dans les distributions actuelles.
Quoique tous les gros murs et planches soyent dans le meilleur état et qu’il n’y ait à cet égard aucune dépense à faire, ni pour le présent ni pour l’avenir, le citoyen Lemoyne ne doit pas dissimuler que, depuis la Révolution, cette maison n’a pas laissée que d’être dégradée intérieurement, surtout dans les appartement où l’on a cazerné des troupes, ainsi qu’il y en a encore aujourd’hui : les portes et les fenêtres dans ces logemens sont en mauvais état. Ce sera en général le plus grand objet de dépense. On estime cependant que, moyennant une somme de soixante à soixante et dix mille francs, on pouroit avec de l’ordre et de l’économie, pourvoir à tout ce qui sera de première nécessité.
Lemoyne
A Saint Germain en Laye le 28 germinal an 8 de la République française, une et indisible »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Rapport concernant l’une des tapisseries destinées à la salle des commissions au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des Palais nationaux
République française
Paris, le 22 novembre 1892
Rapport à monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
J’ai proposé à votre prédécesseur le 19 décembre 1890 de prélever sur le crédit mis à ma disposition pour les travaux du château de Saint-Germain une somme de 1500 f. pour commander à M. d’Espouy, ancien pensionnaire de l’académie de France à Rome, le carton d’une vue du château Neuf de Saint Germain à reproduire en grisaille avec accompagnement décoratif par la manufacture des Gobelins. Cette œuvre doit faire pendant à une tapisserie d’égale importance dont l’exécution est en cours à cette manufacture. Ces tapisseries sont destinées à orner la salle des commissions du musée.
J’ai reçu avis le 6 janvier 1891 qu’à la suite de mon rapport, une demande avait été faite par votre administration à M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts pour savoir s’il serait disposé à autoriser ultérieurement la reproduction du modèle par les soins de la manufacture des Gobelins. Depuis cette époque, Monsieur le Ministre, je n’ai reçu aucun avis de la décision prise. M. l’administrateur de la manufacture m’informe que la 1ère tapisserie est presqu’achevée et qu’il serait désirable de savoir à bref délai si la seconde tapisserie pourra être mise sur le même métier et où en est la régularisation en ce qui concerne la commande de cette œuvre à ses ateliers.
En vous transmettant l’exposé de la question qui m’est faite, je viens vous prier, dans le cas où vous n’auriez pas reçu de réponse de l’administration des Beaux-Arts, d’en renouveler la demande, et dans le cas où l’administrateur de la manufacture serait autorisé à entreprendre le travail dont il est question, je vous prie de vouloir bien allouer sur les reliquats disponibles du crédit des Bâtiments civils la somme de 1500 f. nécessaire afin qu’une commande régulière du carton de la tapisserie puisse être faite à M. d’Espouy, dont le talent tout spécial pour ce genre de décoration donne les meilleures garanties d’exécution.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre très dévoué serviteur.
L’architecte du château de Saint-Germain
Daumet »

Ministère des Travaux publics

Rapport concernant l’installation de vitrines au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des Palais nationaux
République française
Rapport à monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
Par lettre du 8 avril dernier, M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts vous a signalé la nécessité d’installer quatre nouvelles vitrines dans une salle du musée national de Saint-Germain.
La dépense, évaluée à 3000 francs par M. l’architecte Daumet, vous ayant paru trop élevée eu regard à la situation actuelle des crédits ordinaires des Bâtiments civils, vous avez demandé à votre collègue s’il serait disposé à y contribuer pour un tiers, soit pour la somme de 1000 francs.
M. Bourgeois vous ayant répondu affirmativement le 21 juillet courant, j’ai l’honneur de vous proposer, Monsieur le Ministre, d’autoriser l’exécution du travail dont il s’agit. La part de dépense incombant à votre département (2000 francs) serait imputée sur les fonds affectés en 1892 aux grosses réparations des Bâtiments civils.
Si vous accueillez cette proposition, je vous prierai, Monsieur le Ministre, de vouloir bien revêtir le présent rapport de votre approbation.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le directeur des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Jules Comte
Approuvé
Paris, le 30 juillet 1892
Le ministre des Travaux publics
Viette »

Ministère des Travaux publics

Rapport concernant l’installation de fourneaux économiques au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Secrétariat général
Paris, le 22 novembre 1855
Rapport à monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Par lettre en date du 7 de ce mois, M. le maire de Saint-Germain a demandé l’autorisation d’établir, pendant l’hiver prochain, des fourneaux économiques dans les salles du château de Saint-Germain affectées aux cuisines de l’ancien pénitencier.
M. l’architecte Millet, consulté au sujet de cette demande, fait connaître dans son rapport que l’autorisation demandée peut être accordée sans inconvénient, mais qu’il est bon d’imposer les conditions suivantes :
1° établir des barrières et condamner provisoirement quelques portes, comme l’indique le plan ci-joint
2° visiter, ramoner et réparer au besoin la cheminée du fourneau de la cuisine.
3° affecter une des fosses d’aisance du château au personnel employé par la Ville sous la condition de nettoyage à ses frais lors de la clôture des fourneaux.
4° fixer une heure pour la clôture du château, à l’effet de faciliter la surveillance du gardien.
Je pense que l’avis de M. l’architecte peut être adopté et qu’il y a lieu d’accorder l’autorisation demandée par M. le maire de Saint-Germain aux conditions ci-dessus énoncées en les complétant, toutefois, par l’indication de l’heure de clôture du château, qui pourrait être par exemple huit heures du soir, et en y ajoutant l’obligation pour la Ville de supprimer toutes les dépenses qui résulteront de cette concession et de supprimer ses fourneaux à la première réquisition et sans aucune indemnité dans le cas où les besoins du service du château l’exigeraient.
Si Votre Excellence approuve ma proposition, je la prie de vouloir bien donner son approbation au présent rapport et je m’empresserai de prendre les dispositions nécessaires pour l’exécution de sa décision.
Agréez, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le secrétaire général
Alfred Blanche »

Il est porté dans le marge : « Approuvé, le 23 novembre 1855, le ministre d’Etat, Achille Fould »

Ministère d'Etat

Rapport concernant l’installation de chauffages au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain
Palais des Tuileries, le 2 mars 1865
Rapport à Son Excellence le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
La portion nord des bâtiments du château de Saint-Germain, situés en façade sur le jardin de la terrasse, sera bientôt terminée jusqu’au grand escalier d’honneur, et remise au service des Musées qui pourra y installer ses collections avant la fin de cette année.
Il est nécessaire de s’occuper dès à présent des travaux nécessaires pour le chauffage de ces pièces, que ne pourraient chauffer suffisamment les cheminées existant dans chacune d’elles.
M. Millet, architecte de l’édifice, propose d’établir au rez-de-chaussée des bâtiments de forts poêles calorifères, avec conduits de chaleur tous verticaux et bouches de chaleur donnant dans toutes les pièces à chaque étage. Les conduits de fumée passeraient dans les tuyaux de cheminées pratiquées dans les différentes salles.
L’architecte estime que huit calorifères suffiraient pour chauffer convenablement les bâtiments nord-est et ouest du château au fur et à mesure des travaux de restauration.
L’établissement de ces huit calorifères entrainerait une dépense de 19000 f. environ. Cette année, il faudrait en construire 3 seulement dans la partie du château qui sera livrée au service du musée et leur construction, évaluée à 6000 f. environ, serait imputée sur le crédit de 200000 f. alloué en 1865.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous prier d’approuver le système de chauffage proposé par M. Millet et de l’autoriser à faire construire cette année les trois premiers calorifères.
Le directeur des Bâtiments civils
E. de Cardaillac
Vu
Le secrétaire général
Alph. Gautier »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 4 mars 1865, le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, Vaillant »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant l’inauguration du musée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain
Palais des Tuileries, le 9 mai 1867
Rapport à Son Excellence le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
L’Empereur doit inaugurer le musée du château de Saint-Germain le 12 mai courant. L’architecte du château demande l’autorisation d’exécuter certains arrangements tels que tente ou velum à l’entrée, drapeaux, mats, bannières et illuminations. Il évalue la dépense à 2000 f.
J’ai l’honneur de proposer à Votre Excellence de vouloir bien approuver cette dépense, qui sera imputée sur le crédit d’entretien des Bâtiments civils.
Le directeur des Bâtiments civils
E. de Cardaillac »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 9 mai 1867, le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, Vaillant »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant l’aménagement d’une forge pour le musée au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain
Palais des Tuileries, le 29 juillet 1867
Rapport à Son Excellence le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
L’administration du musée gallo-romain de Saint-Germain demande l’établissement, dans une des caves du château, d’une petite forge pour la réparation des objets antiques et même pour la reproduction des objets dont le musée ne pourrait se procurer les originaux.
M. Millet propose d’établir cette forge dans une des caves du pavillon du personnel logé. Cette cave est inoccupée et quelques travaux suffiront pour l’approprier à sa destination.
La dépense est évaluée à 800 f.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous prier de vouloir bien autoriser cette dépense, dont le montant sera imputé sur le crédit d’entretien des Bâtiments civils, exercice 1867.
Le directeur des Bâtiments civils
E. de Cardaillac »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 31 juillet 1867, le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, Vaillant »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant l’aménagement d’un logement pour le régisseur du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Secrétariat général
Bâtiments
Service extraordinaire
Paris, le 8 mai 1858
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Votre Excellence a décidé qu’une somme de deux mille francs serait consacrée à meubler le salon de l’appartement affecté au régisseur du château de Saint-Germain-en-Laye.
Pour se conformer à cette décision, M. l’architecte Millet soumet à l’approbation de Votre Excellence un devis dont le montant s’élève à 2300 francs.
Les prix adoptés sont basés sur les fournitures récemment faites pour le mobilier du régisseur du château impérial de Saverne, avec cette modification toutefois que les flambeaux affectés à Saverne sont ici remplacés par des candélabres à branches, plus en rapport avec l’importance de la pièce à meubler mais dont le prix est un peu plus élevé.
Bien que les prévisions de Votre Excellence soient dépassées, l’augmentation paraît convenablement motivée et j’ai l’honneur de la prier de vouloir bien revêtir de sa signature le devis ci-joint en approuvant le présent rapport.
Agréez, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le secrétaire général
Alfred Blanche »

Il est porté dans la marge : « Approuvé, le 10 mai 1857, le ministre d’Etat, Achille Fould »

Ministère d'Etat

Rapport concernant l’aménagement d’un logement pour le régisseur du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour satisfaire à vos ordres, je devais visiter le château de Saint-Germain et rechercher l’endroit le plus convenable pour y établir le logement que vous voulez bien m’indiquer.
Les quatre corps de logis qui environnent la cour présentent des largeurs diverses. Trois de ces bâtiments étaient disposés pour la réception et les pièces d’apparat, mais le quatrième, le plus étroit, sis au midi, sur la rue du Château-Neuf, contenait un couloir de dégagement donnant accès à de petites pièces et seul alors ce bâtiment était dans l’origine destiné à l’habitation. J’ai indiqué ces dispositions dans les diverses études que j’ai eu l’honneur d’adresser à Votre Excellence et vous voudrez peut-être, Monsieur le Ministre, vous reporter au travail d’ensemble concernant le château de Saint-Germain-en-Laye.
Le bâtiment dont il vient d’être parlé, sis au midi, n’ayant qu’une faible largeur, étant coupé par de nombreux murs de refend, n’ayant plus aujourd’hui de vue sur les magnifiques jardins de Saint-Germain, devrait être rendu à son ancienne destination, nous croyons, et quelque soit l’établissement que vous voudrez installer dans la demeure dont il s’agit. Dans ces conditions, nous devons avoir l’honneur de vous proposer d’installer dans ce corps de logis l’habitation de M. le régisseur du palais. Nous devons toutefois rappeler que l’arrangement de cette demeure ne pourrait utilement et convenablement se faire, peut-être, qu’après avoir effectué les ouvrages de restauration ayant pour but de remédier au mauvais état de la grosse construction des bâtiments dont il s’agit.
Nous ne savons si vous voudrez, Monsieur le Ministre, ordonner ces ouvrages de restauration et nous devons alors porter nos recherches sur une demeure provisoire dans les appartements conservés et servant, lors du pénitencier, à l’habitation des officiers placés à la tête de cet établissement. J’aurais désiré installer M. le régisseur à l’entresol, dans l’ancien appartement du capitaine, mais les cloisons s’enchevêtrent malheureusement les unes dans les autres, les parquets sont détestables, les cheminées sont organisées de façon à faire craindre un incendie et tout cet ensemble présente enfin un décousu qu’on doit à la présence de divers poteaux destinés à supporter l’appartement supérieur. Je devais donc remonter au premier étage, habité jadis par le commandant, et qui comprend en un mot le plus bel appartement conservé aujourd’hui dans le château de Saint-Germain-en-Laye.
Cette demeure, sise au niveau des terrasses et du grand balcon, est assez bien conservée, elle s’étend actuellement au dehors du pavillon d’angle sud-ouest, mais j’aurai l’honneur de vous proposer de la contenir dans ce pavillon et d’en distraire diverses pièces présentant ensemble une superficie approximative de 50 à 60 mètres. Dans ce cas, j’aurai l’honneur de proposer à Votre Excellence de faire une cuisine dans l’une des chambres à coucher et de modifier l’appartement de façon à le faire concorder avec ce que nous avons tracé dans le plan joint à ce rapport.
La transformation du logement du pavillon n’entrainerait que de faibles dépenses, si toutefois j’étais autorisé par vous, Monsieur le Ministre, à prendre, par quelques démolitions, un fourneau de cuisine et quelques menuiseries dans le château lui-même, et dans ce cas la dépense s’élèverait au plus à environ mille francs.
J’ajouterai que l’habitation dans le pavillon d’angle sud-ouest ne pourrait gêner en rien les ouvrages de grande restauration et que le régisseur, logé provisoirement de la sorte, pourrait n’abandonner le local dont il s’agit que pour occuper son habitation définitive, ménagée soit dans le corps de logis méridional, soit partout ailleurs, et suivant ce qui me serait ordonné par vous à cet égard.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 20 août 1857 »

Ministère d'Etat

Rapport concernant l’aménagement d’un logement pour le régisseur du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Secrétariat général
Bâtiments
Service extraordinaire
Paris, le 22 septembre 1857
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Votre Excellence a manifesté l’intention de placer au château de Saint-Germain M. O Connell (Richard Théodore), lieutenant de cavalerie en retraite, et elle a demandé à M. l’architecte Millet des propositions pour l’établissement du logement de cet officier.
M. Millet présente en conséquence un double projet qui consiste à installer ce logement soit à l’entresol, soit au 1er étage du pavillon de l’angle sud-ouest du château.
Ce qui a motivé le choix de ce pavillon pour y établir le logement de M. O Connell, c’est qu’il pourra toujours continuer à être occupé, dans le cas d’une restauration du château, sans gêner les travaux.
L’appropriation de l’entresol, y compris les honoraires de l’architecte, qui seront d’environ 120 francs, entrainerait une dépense de 2500 francs environ.
Et celle du 1er étage, en y comprenant également les honoraires, coûterait environ 1100 f.
Différence : 1400 f.
L’appropriation de l’entresol serait beaucoup plus coûteuse parce qu’il se trouve dans un état de détérioration beaucoup plus grave. Cependant, malgré la différence en faveur du 1er étage, je proposerai à Votre Excellence d’adopter l’entresol car le 1er étage constituerait un appartement trop important par rapport aux fonctions qui seront confiées à M. O Connell.
Une fois ce point décidé, il y aura lieu de fixer la somme qui sera allouée à M. O Connell à titre de traitement.
La pension dont joui cet officier ayant été réglée sur des services exclusivement militaires, elle peut être service en même temps qu’un traitement ayant pour cause des services civils.
M. O Connell cumulera ainsi le traitement qui lui sera alloué avec sa pension de retraite, qui est d’environ 800 francs. Dans ce cas, ce traitement peut être un peu moins élevé, et j’ai l’honneur de proposer à Votre Excellence d’en fixer le chiffre à 1800 francs, soit 2600 francs avec la retraite.
Si l’on tient compte de la valeur du logement accordé et du chauffage que Votre Excellence voudra sans doute faire fournir par l’Etat, la position de M. O Connell paraitra convenable.
Comme le château de Saint-Germain ne se trouve pas inscrit au budget pour un crédit spécial, le traitement ci-dessus mentionné ne pourra être imputé que sur le chapitre affecté à l’entretien des bâtiments civils, comme l’est déjà celui du sieur Bague, concierge du même château.
Si les propositions qui précédent sont adoptées par Votre Excellence, il restera à décider quel sera le titre de l’emploi occupé par M. O Connell, titre qui peut être celui de régisseur ou celui de conservateur, et je prierai Votre Excellence de vouloir bien m’indiquer sa volonté à cet égard et signer le projet d’arrêté ci-joint.
Agréez, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le secrétaire général
Alfred Blanche »

Ministère d'Etat

Rapport concernant l’aménagement d’un logement pour le commandant du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Secrétariat général
Bâtiments
Service extraordinaire
Paris, le 8 mai 1858
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Votre Excellence ayant décidé qu’un appartement serait approprié dans le château de Saint-Germain-en-Laye pour un commandant, un avant-projet lui a été présenté avec un aperçu de la dépense.
Aujourd’hui, M. l’architecte soumet à l’approbation de Votre Excellence un devis détaillé dont le montant s’élève à 10000 f. et quelques modifications dans la distribution indiquée au dessin ci-joint.
Ce devis laisse en dehors la dépense relative à la démolition d’une cour ou puits d’air et à l’appropriation de la galerie du rez-de-chaussée menant à l’escalier, dépense qui se trouvait comprise dans l’avant-projet et sur laquelle Votre Excellence n’a pas statuée. Les frais d’ameublement et ceux d’éclairage seront l’objet d’une proposition ultérieure si le principe en est adopté.
La somme de dix mille francs devra sans doute être imputée sur le chapitre des Bâtiments civils, comme ceux de l’appartement du régisseur.
Si Votre Excellence adopte ces dispositions, je la prierai de vouloir bien approuver le présent rapport et signer le devis ci-joint.
Agréez, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le secrétaire général
Alfred Blanche »

Il est porté dans la marge : « Approuvé, le 20 mai 1857, le ministre d’Etat, Achille Fould »

Ministère d'Etat

Rapport concernant l’aménagement du logement du conservateur au château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport de la commission par M. Boeswillwald sur les travaux projetés au château de Saint-Germain
Séance du 30 octobre 1880
En présence de la proposition faite par le ministre des Travaux publics de loger le conservateur du musée en dehors du château, dans le bâtiment de la vénerie, la commission n’a plus de raisons pour insister en faveur du projet qu’elle avait d’abord adopté lorsqu’il était question d’établir ce logement dans le château même. Elle est d’avis toutefois de se désintéresser de cette affaire du moment où l’installation d’un logement dans un monument historique n’est plus en question et de laisser à l’administration le soin de statuer sur la proposition du ministre des Travaux publics. »

Rapport concernant l’aménagement des logements de fonction au château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport lu à la séance de la commission du 5 mars 1880
Paris, le 3 mars 1880
Château de Saint-Germain-en-Laye
En conséquence du vœu émis par la commission des Monuments historiques dans sa dernière séance, je me suis rendu à Saint-Germain avec M. l’architecte Lafollye afin de voir s’il serait possible d’y trouver un emplacement convenable pour l’appartement du conservateur, une salle de conférences près de la bibliothèque et des logements suffisants pour les gardiens du château.
De l’examen que j’ai fait, il est résulté que l’appartement du conservateur pourrait trouver sa place dans l’entresol du rez-de-chaussée, dont les dimensions sont plus considérables que celles de l’appartement projeté au-dessus, puisqu’il y faut joindre la surface correspondant à la bibliothèque (cet entresol est destiné aujourd’hui au magasin des livres et à deux surveillants) et que le premier étage deviendrait par ce moyen bien assez vaste pour y établir la salle des conférences et le magasin des livres.
Quant aux logements des employés, il serait également facile d’en trouver dans les bâtiments actuels le nombre de trois qui a été jugé nécessaire. En effet, le logement placé au rez-de-chaussée de l’aile de la bibliothèque ne peut être occupé par un concierge, car la porte de la passerelle sera généralement fermée, et il peut être donné à un surveillant. D’un autre côté, lorsque le bâtiment Louis XIV formant pavillon au sud du château sera démoli, il restera disponible sur la façade nouvelle, à l’entresol et, au besoin, dans un autre entresol qu’on peut créer au premier étage, deux autres logements de gardiens très convenables.
Un seul service, dans ces conditions, serait sacrifié, c’est celui des ateliers. Mais n’y a-t-il pas à prendre, dès le principe, à ce sujet un parti définitif : doit-on laisser les ateliers dans le château ? L’inconvénient qui résulterait de leur isolement du château serait, d’une part, le manque de surveillance immédiate du conservateur sur les objets qui y seraient transportés, et, d’autre part, le désagrément des transports par la ville, qui peuvent être assez fréquents. Ces observations paraissent fondées.
Mais, d’un autre côté, il faut dire que l’emplacement projeté à la vénerie pour les recevoir n’est situé qu’à 300 mètres environ du château, qu’il est beaucoup plus étendu que les ateliers actuels, et muni, sinon des installations nécessaires, au moins de bâtiments plus convenables et mieux éclairés, que les objets plus grands y peuvent être introduits comme, par exemple, les tambours en métal de la colonne Trajane, que la fumée et la mauvaise odeur provenant des opérations de galvanoplastie ne se répandraient pas dans le musée, et enfin que les ouvriers n’auraient plus en général d’accès dans l’intérieur du château. Enfin, à la rigueur, un petit atelier ou dépôt pourrait être conservé au rez-de-chaussée, au-dessous des logements des gardiens dont il vient d’être question.
Devant ces considérations, il m’a paru que la commission accepterait peut-être de préférence ce dernier parti qui consiste à éloigner du palais les ateliers.
Dans ce cas, j’aurais l’honneur de lui proposer de demander à M. Lafollye une étude nouvelle des distributions de l’entresol et du 1er étage, destinés l’un au conservateur, l’autre à la bibliothèque et à la salle des conférences, montrant également la disposition des logements des surveillants.
Ruprich Robert
La commission émet le vœu d’entendre le conservateur, avec qui M. Millet s’était concerté pour dresser les plans. »

Rapport concernant l’aménagement de l’appartement du conservateur du musée au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Bureau des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Palais-Royal, le 30 août 1899
Rapport à monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Conformément à vos instructions, M. l’architecte Daumet a été invité à examiner la possibilité d’affecter au logement de M. le conservateur du musée de Saint-Germain les anciens appartements du château où il avait été question autrefois de reconstituer « un intérieur du XVIIe siècle ».
J’ai l’honneur de vous soumettre, avec les plans qui l’accompagnent, le rapport que vient de vous adresser M. l’architecte du château en vue de cette transformation.
Ce nouveau projet, qui a reçu l’approbation de M. l’inspecteur général des Bâtiments civils Moyaux, entrainerait une dépense d’environ 30000 francs. Outre qu’il présente l’avantage d’être moins onéreux que celui étudié précédemment en vue de la construction d’un bâtiment spécial et dont le devis montait à 70000 francs, il permettrait d’économiser l’indemnité de logement qu’il avait été question d’allouer à M. le conservateur pendant la durée des travaux de construction du dit bâtiment, c’est-à-dire pendant deux ans au moins.
Dans ces conditions, je ne puis que vous prier d’autoriser l’exécution des opérations qui font l’objet du rapport de M. Daumet et de décider que la dépense de 30000 francs sera imputée sur les crédits déjà ouverts pour les travaux de restauration du château de Saint-Germain en 1899 (chapitre 44, grosses réparations des Bâtiments civils).
Si vous voulez bien, Monsieur le Ministre, accueillir ces propositions, je vous prierai de revêtir le présent rapport de votre approbation.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respectueux dévouement.
Le directeur des Beaux-Arts, membre de l’Institut
Le s. chef du bureau des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Approuvé
Paris, le 5 septembre 1899
Le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
G. Leygues »

Ministère de l'Instruction publique

Rapport concernant l’aménagement de l’appartement du conservateur au château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport à la commission par M. Ruprich-Robert sur le château de Saint-Germain-en-Laye, Seine-et-Oise
Séance du 21 février 1880
M. le ministre des Travaux publics communique à son collègue M. le ministre des Beaux-Arts un projet de M. Lafollye, architecte du château de Saint-Germain, qui a pour objet d’apporter des modifications à celui de M. Millet, dont plusieurs parties sont déjà exécutées.
M. Lafollye fait remarquer que les plans laissés par son prédécesseur ne donnent que la disposition de la bibliothèque du musée, du salon du conservateur, et de son cabinet de travail. L’étage complémentaire devait être établi dans l’entresol du 1er étage, mais ce plan n’a pas été produit. Il a paru au nouvel architecte que la distribution de M. Millet présentait différents inconvénients et il en propose une nouvelle.
Il faut dire que la grosse construction de la bibliothèque du musée est achevée. On serait alors obligé de détruire le mur en pierre élevé par M. Mille et voici les raisons sur lesquelles on appuie cette proposition : la salle n’est éclairée que d’un seul côté, l’antichambre qui la précède est en partie occupée par l’escalier qui conduit au dépôt des livres, et la dite salle, après ces changements, aurait, dit-on, une largeur en harmonie avec sa destination. Nous ne pensons pas qu’il y ait un véritable avantage à supprimer ce mur, que l’éclairage d’une bibliothèque soit meilleur avec des fenêtres des deux côtés opposés, que les murs, coupés chacun par trois ouvertures, ainsi que cela aurait lieu, vaille, pour y établir des rayons, un mur plein et continu, ni que l’escalier de service dont il a été question rende l’antichambre de la salle véritablement bien incommode. Et de plus, si l’on considère qu’il y a une dépense faite, il serait peut-être plus sage d’engager le conseil des Bâtiments civils à ne pas se déjuger à si peu de temps d’intervalle en faisant disparaître un mur nouvellement construit.
M. Lafollye reporte encore le cabinet du conservateur à la place du salon projeté parce que ce dernier a son entrée directe sur l’escalier, ce qui est en effet regrettable. Mais dans la première disposition, le cabinet de travail est situé près de la bibliothèque, ce qui est bien un avantage pour un lettré, et il est accompagné de closets qui ont disparu dans le nouveau projet pour être reporté à l’entresol au-dessus, ce qui est fâcheux. Enfin, le public pouvait se rendre au cabinet du conservateur, et même à son appartement, par l’escalier d’honneur, tandis que l’autre escalier n’étant plus que particulier, l’inconvénient de l’entrée directe par le salon devenait moindre. Dans le premier projet, les approvisionnements de la cuisine doivent passer par le salon ou par l’escalier d’honneur, ce qu’il faudrait pouvoir éviter.
Sans insister plus longtemps sur les changements réclamés et qui ont pour résultat de produire quelques avantages, mais aussi des inconvénients sérieux, nous sommes d’avis de signaler les uns et les autres à M. le ministre des Travaux publics.
En résumé, ces diverses manières de donner satisfaction aux besoins des services n’ayant pas d’action directe sur la conservation proprement dite du monument historique, nous ne pensons pas qu’il y ait lieu de s’opposer à l’exécution du projet de M. Lafollye, mais nous faisons toute réserve quant aux autres propositions non indiquées ici, pour lesquelles les compétences nous semblent appartenir uniquement à la commission des Monuments historiques et qui sont examinés dans notre second rapport.
16 février 1880
Ruprich Robert
Conclusions adoptées »

Rapport concernant l’aménagement de la grande salle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le nombre des objets envoyés au musée gallo-romain augmente de jour en jour et l’administration des Musées demande l’établissement, dans la grande salle des fêtes du château de Saint-Germain, de nouvelles vitrines dans lesquelles seraient exposées les collections.
Afin d’éviter la dépense qu’entrainerait l’achat de ces meubles, on pourrait utiliser les vitrines laissées sans emploi au palais de l’Industrie après le transport au Louvre du musée Campana. M. Millet, architecte du château de Saint-Germain, a choisi quinze vitrines assez grandes pour recevoir tous les échantillons de l’art gallo-romaine qu’il s’agit, en ce moment, de classer et d’exposer aux yeux du public.
Ces vitrines sont transportées à Saint-Germain.
Les frais de dépose, réparations, peintures s’élèvent à la somme de 2100 francs environ.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer de vouloir bien approuver cette dépense qui sera imputée sur le crédit affecté à l’entretien des Bâtiments civils, exercice 1863.
Si Votre Excellence donne son assentiment à cette proposition, je la prierai de signer le présent rapport.
Agréez, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le secrétaire général
Eug. Marchand »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 2 avril 1863, le ministre d’Etat, A. Waleswki »

Ministère d'Etat

Rapport concernant l’abaissement du sol de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [barré :] Ministère d’Etat
Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils et monuments publics
Château de Saint-Germain-en-Laye
Paris, juillet 1863
[barré :] Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Rapport à Son Excellence le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Les travaux de restauration du château de Saint-Germain se poursuivent avec activité et déjà M. Millet a retrouvé, en faisant pratiquer des fouilles dans différentes parties des bâtiments, des fragments qui lui permettent de rétablir d’une manière certaine les détails de la construction. Cet architecte a pensé, avec juste raison, qu’il trouverait dans le sol de la chapelle, exhaussé à différentes époques, des morceaux curieux de sculpture, détachés autrefois des anciennes constructions. Il a donc fait pratiquer quelques sondages dans ce sol, exhaussé de 1 m. 50 au moins, et en effet il a découvert les vestiges les plus intéressants.
Cet architecte demande l’autorisation de déblayer entièrement cette chapelle et de la remettre à son ancien niveau. Ce déblai entraînerait, d’après le devis ci-joint, une dépense de 2500 f. environ.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous prier de vouloir bien autoriser l’exécution de ce travail et de signer, à cet effet, le présent rapport.
La dépense ci-dessus indiquée serait imputée sur le crédit affecté en 1863 à l’entretien des Bâtiments civils.
Le directeur des Bâtiments civils
E. de Cardaillac
Vu
Le conseiller d’Etat, secrétaire général
Alph. Gautier »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 20 juillet 1863, le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, Vaillant »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant les étais disposés dans le château de Saint-Germain-en-Laye dans l’attente de la reprise des travaux

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des Palais nationaux
République française
Palais-Royal, le 8 septembre 1892
Rapport à monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
Par un rapport du 19 août dernier, M. l’architecte Daumet vous demande de décider l’acquisition des étais placés en divers endroits du château de Saint-Germain.
M. Daumet expose que la location de ces madriers entraîne des frais relativement élevés et que, d’autre part, il est impossible de prévoir à quelle époque ils pourront être enlevés, les travaux de restauration entrepris au château étant interrompus, faute de ressources suffisantes.
Dans ces conditions, j’ai l’honneur de vous proposer, Monsieur le Ministre, de donner suite à la demande de M. Daumet. La dépense, évaluée à 2400 francs, serait imputée sur la réserve des fonds affectés en 1892 à l’entretien des Bâtiments civils.
A cet effet, je vous prierai de bien vouloir revêtir le présent rapport de votre approbation.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le directeur des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Jules Comte
Approuvé
Paris, le 8 septembre 1892
Le ministre des Travaux publics
Viette »

Ministère des Travaux publics

Rapport concernant les travaux à l’horloge du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain
Palais des Tuileries, le 15 juin 1864
Rapport à Son Excellence le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
L’ancienne horloge du château de Saint-Germain doit être placée dans la tour nord-ouest du château. Dans les travaux de restauration de cette partie de l’édifice, un emplacement spécial a été réservé pour le cadran et le mouvement. Cette horloge a besoin de nombreuses réparations et M. Millet, architecte du château, a fait souscrire, pour leur exécution, la soumission ci-joint que j’ai l’honneur de présenter à votre approbation.
M. Collin, horloger mécanicien demeurant à Paris, rue Montmartre, n° 118, s’engage à fournir, compléter et poser toutes les pièces utiles pour mettre en marche l’horloge du château de Saint-Germain moyennant le prix fixe et invariable de 1441 f.
Cette soumission étant régulièrement rédigée, j’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous prier de vouloir bien l’approuver.
Pour le directeur des Bâtiments civils
Le chef du 1er bureau
Roulier
Le conseiller d’Etat, secrétaire général
Alph. Gautier »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 17 juin 1864, le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, Vaillant »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant les travaux à entreprendre à la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Direction des Palais et manufactures
1er bureau
Palais des Tuileries, le 1er juillet 1852
Rapport à monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le sénatus-consulte du 1er avril 1852 a donné au prince-président le droit de chasse exclusif dans les bois de Versailles et dans les forêts de Fontainebleau, Compiègne, Marly et Saint-Germain. Les architectes des palais dont dépendent ces forêts ont été invités à dresser des devis pour la mise en état des anciens bâtiments des chasses.
M. Cailloux vous a adressé un premier devis des travaux à exécuter pour la restauration des bâtiments de la vénerie de Saint-Germain. Ce devis s’élevait à 17276 f. 55, mais de nouvelles dispositions ayant été demandées, M. Cailloux vous a fait connaître que la dépense s’élèverait à 24358 f. 48 c., savoir :
Maçonnerie : 6088 f. 04 c.
Charpente : 1011 f. 73 c.
Couverture : 2925 f. 03 c.
Menuiserie : 6327 f. 22 c.
Serrurerie : 2661 f. 52 c.
Pavage : 1345 f. 80 c.
Fumisterie : 1574 f. 04 c.
Peinture : 2425 f. 10 c.
Total : 24358 f. 48 c.
Les travaux qu’il s’agit d’entreprendre ne pourraient être terminés en temps utile s’ils étaient mis en adjudication à cause des délais qu’entraine ce mode de procéder. M. Cailloux a donc dû demander, pour leur exécution, des soumissions aux entrepreneurs placés sous ses ordres.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de mettre ces soumissions sous vos yeux. Elles sont présentées :
1° par le sieur Monduit (Gustave) pour l’entreprise des travaux de maçonnerie, évalués à 6088 f. 04 c., moyennant l’application des prix de la série sur lesquels il a été souscrit un rabais de 5 francs pour 100 f. et aux conditions du cahier des charges générales arrêté le 7 mai 1852 pour les travaux à exécuter dans les palais nationaux
2° par le sieur Tellier (Louis-François) pour l’entreprise des travaux de charpente, évalués à 1011 f. 73 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions et rabais
3° par le sieur Chéron (Jean-Baptiste) pour l’entreprise des travaux de couverture, évalués à 2925 f. 03 c., moyennant l’application des mêmes prix de la série et aux mêmes conditions, mais avec un rabais de 10 f. pour 100 f.
4° par le sieur Laurent pour l’entreprise des travaux de menuiserie, évalués à 6327 f. 22 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions et rabais
5° par le sieur Le Renard (Pierre) pour l’entreprise des travaux de serrurerie évalués à 2661 f. 52 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. pour %
6° par le sieur Beunne (François-Gabriel) pour l’entreprise des travaux de pavage, évalués à 1345 f. 80 c., moyennant l’application du prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. 25 c. pour %
7° par le sieur Fradelise (Jean-Baptiste) pour l’entreprise des travaux de fumisterie, évalués à 1574 f. 04 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. pour %
8° par le sieur Heurtier (Thomas) pour l’entreprise des travaux de peinture, évalués à 2425 f. 10 c. moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 10 f. 37 pour %
Ces soumissions étant régulières, je vous prie, Monsieur le Ministre, de vouloir bien les approuver ainsi que les séries de prix qui les accompagnent et de décider que la somme de 24358 f. 48 c. formant le montant des travaux sera prise sur la partie restant disponible du crédit de 1120000 f. ouvert au chapitre XII de la 1ère section du budget pour l’entretien des palais nationaux.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le directeur des Palais et manufactures
Chevalier »

Ce rapport est annoté : « Approuvé, Palais des Tuileries, le 2 juillet 1852, le ministre d’Etat, X. de Casabianca ».

Ministère d'Etat

Rapport concernant les travaux réalisés en 1865 au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de ma Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Rapport
A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur, pour satisfaire à vos ordres, de vous faire connaître le détail des ouvrages exécutés pendant l’année 1865 dans le château de Saint-Germain-en-Laye et aussi les propositions des travaux qui pourraient être entrepris en 1866 avec le crédit de 200000 francs que vous avez bien voulu affecter à l’entreprise dont il s’agit.
L’an dernier, avant le 31 décembre 1865, nous avions fait tous les travaux de la 2ème section du bâtiment nord jusqu’à l’escalier principal. Nous avions achevé aussi à peu près la restauration et la consolidation de cet escalier principal. Le crédit alloué nous avait permis en outre d’édifier deux des éperons extérieurs de la face septentrionale au-delà de l’escalier d’honneur. Votre Excellence sait la manière de procéder à Saint-Germain, qui consiste à faire marcher de front les ouvrages sur la cour en même temps que ceux de l’extérieur, et sur la cour alors les travaux s’étendent aussi jusqu’à l’escalier principal.
Les grands éperons de la cour dans toute la partie occidentale étaient tous en mauvais moellons et briques dans la hauteur des deux étages inférieurs, et des tassements vraiment effrayants s’étaient produits ans les bâtisses et avaient entraîné les parties hautes des murailles et des contreforts. L’on constatait des déversements et des hors d’aplomb atteignant 20 et 25 centimètres sur les parois du corps de logis. Les voûtes qui terminent le dernier étage étaient déchirées et déformées au point de faire craindre leur écroulement.
Nous avons, en 1865, reconstruit à neuf, en sous-œuvre, 7 éperons de la cour avec leurs fondations. L’on a remis d’aplomb les parements supérieurs de ces éperons et l’on a refait la presque totalité de la voûté en pierre et brique de cette portion de l’édifice.
Le travail a été complété par la restauration de toutes les baies de tous les étages du dedans et du dehors, par la pose des balustrades du premier étage et du couronnement, par la construction des cheminées et de leurs souches au-dessus des combles. Avec le crédit alloué, nous avons pu refaire les planchers en charpente aussi bien que la toiture en bois et métal. L’édifice est aujourd’hui complètement à l’abri des eaux pluviales jusque et y compris l’escalier d’honneur.
Pour satisfaire aux ordres que vous avez bien voulu nous donner le 2 février mil huit cent soixante-cinq, l’on a construit dans la cour la grande citerne contenant environ 118 mille litres d’eau. Nous avons ajourné toutefois, dans l’intérêt de la conservation de ces ouvrages souterrains, sis sous le chantier, la façon des citernaux qui doivent compléter l’approvisionnement et suivant aussi l’autorisation que vous avez bien voulu me donner.
L’on a aussi, conformément à vos instructions, fait appliquer du silicate sur quelques parties de l’édifice.
Les ouvrages à entreprendre en 1866 devront comprendre, tout d’abord, la façon du petit œuvre de la 2ème section du bâtiment nord et de l’escalier. L’on s’occupera donc des dallages, de la menuiserie, de la fumisterie, de la serrurerie, de la peinture et de la vitrerie, et vers le mois de juin prochain l’on pourrait mettre en service la tour de Charles V, les salles à la suite et l’escalier d’honneur. De la sorte, on livrerait à l’administration des Musées impériaux d’ici à 3 ou 4 mois au plus tard tous les étages d’une partie du monument présentant environ 900 mètres superficiels.
Pendant l’exécution de ces ouvrages complémentaires, l’on continuerait la démolition du pavillon nord-est de Louis XIV et l’on s’occuperait de toutes les reprises et réédifications du pavillon de François 1er, si profondément mutilé à la fin du 17ème siècle et sis à l’angle du parterre et de la cité Médicis. J’ai rédigé déjà la plupart des dessins et études concernant ce point de l’édifice et je pense porter tous les efforts des ouvriers sur ces travaux, si toutefois Votre Excellence approuve mes propositions à cet égard.
J’ai l’honneur de joindre à ce rapport neuf soumissions souscrites pour les travaux de 1866, qui sont les suivantes et qui portent les rabais dont le détail suit :
Maçonnerie : sieurs Planté, rabais 4 pour %
Charpente : M. Tellier, rabais 5 pour %
Couverture et plomberie : sieurs Monduit et Béchet, rabais 3 pour %
Menuiserie : sieurs Blanchard et Larchevêque, rabais 5 pour %
Serrurerie : M. Moutier, rabais 5 pour %
Fumisterie : M. Ferari, rabais 3 pour %
Peinture et vitrerie : M. Louis dit Larible, rabais 6 pour %
Sculpture : M. Corbel, même prix qu’en 1864
Sculpture : M. Libersac, même prix qu’en 1864
Pour compléter les renseignements que vous m’avez fait l’honneur de me demander, je dois vous indiquer, je crois, Monsieur le Ministre, les chiffres approximatifs des diverses dépenses ou la répartition approximative du crédit de 200000 francs que vous voulez bien mettre à ma disposition pour la continuation des travaux de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye. La division du crédit se fera à nouveau, nous croyons, de la façon suivante :
Maçonnerie : 132753,00
Charpente : 18000,00
Couverture et plomberie : 4000,00
Menuiserie : 8000,00
Serrurerie : 7000,00
Fumisterie : 6000,00
Peinture et vitrerie : 6000,00
Sculpture : 4000,00
Honoraires et vérification : 94747,00
[Total :] 195420,00
Traitement de l’inspecteur : 2400,00
Traitement du concierge : 1100,00
Traitement du gardien : 1080,00
[Total :] 4580,00
Total égal : 200000 f. 00
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet
Paris, ce 29 mars 1866 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant les travaux réalisés en 1863 au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 6 janvier 1864
A Son Excellence le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Le crédit alloué sur l’exercice 1863 pour les ouvrages de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye est aujourd’hui entièrement épuisé et sous peu de jours j’espère pouvoir transmettre à Votre Excellence les derniers mémoires de l’entreprise.
L’allocation 1862 s’élevait à 100000 f. mais il a fallu faire diverses dépenses pour l’installation du musée gallo-romain et le crédit afférent aux ouvrages s’est trouvé réduit au plus à la somme totale de : 78936,00
Le crédit ouvert pendant l’exercice 1863 s’élevait à : 150000,00
Total : 228936 f. 00
Travaux exécutés en 1863
Pendant le cours de l’année 1863, nous avons fait effectuer les ouvrages dont le détail suit :
La tourelle carrée sur la façade nord, laissée à 16 m. 00 du sol l’an dernier, a été achevée.
Dans la grosse tout de l’angle nord-ouest, de Charles V, nous avons percé les 6 baies de la façade nord devant éclairer les étages du rez-de-chaussée, de l’entresol et du premier étage. Le mur qu’il s’agissait de percer a 1 mètre 80 centimètres d’épaisseur. Il était sillonné de lézardes et de tuyaux de cheminées et ces opérations délicates ont été faits sans accident et nous devions cependant, eu égard à la grande élévation, opérer toutes ces reprises dans étaiements. A l’intérieur de cette tour, nous avons construit les 4 grandes cheminées adossées au mur ouest de la façade principale. Le gros œuvre de cette vieille construction n’a pas été achevé mais l’on a pu toutefois, à son sommet, ériger trois arcs-boutans, construire les tuyaux extérieurs des cheminées, poser la corniche et la balustrade supérieure, et construire aussi la toiture définitive. Il nous a paru indispensable, pour assurer la conservation de cette partie du château, de faire poser quatre fortes chaines en fer reliant les murs nord et ouest aux bâtiments joignant la tour dont il s’agit. Sur la façade du château vers la place du Château, l’on a établi aussi le cadran de l’horloge en lave émaillée encadrée en marbre rouge français du département de l’Aude.
Dans le bâtiment nord, cinq travées de la façade septentrionale ont été consolidées par cinq contreforts en pierre d’appareils. Les croisées en briques ont été reconstruites ou restaurées. Les arcs reliant les éperons à la partie supérieure ont été posés. La corniche et les gargouilles ont été mises en place et le tout a été couronné par la balustrade ornée de vases en pierre et de plaques en lave de Volvic émaillée. Le chemin de ronde de l’entresol au droit de ces 5 travées a été aussi réédifié et couronné par son dallage, toiture et balustrade. A l’intérieur de ce corps de logis et dans cette partie, l’on a restauré la cheminée du 16ème siècle et construit cinq grandes cheminées neuves en pierre et en briques. Dans le devis, nous avions compté pouvoir conserver les anciens tuyaux et les énormes souches de tous ces foyers, mais après avoir dépouillé toutes les murailles de leurs enduits, nous avons constaté que les tuyaux, qui ont en section plus d’un mètre de longueur, n’avaient en largeur que 18 à 20 centimètres. Dans ces conditions, le ramonage était à peu près impossible et depuis le 16ème siècle tous ces conduits avaient été ravagés par le feu, si fréquemment que les murailles étaient déchirées, ruinées et calcinées dans toute leur hauteur. L’on a bien été contraint en conséquence de refaire à neuf les tuyaux, les énormes souches en brique et aussi de nombreuses et importantes parties des murs de refend.
Les poutres en bois du 16ème siècle étaient scellées dans les murs latéraux et les parties incrustées avaient été entourées de boites en plomb d’une très forte épaisseur. Malgré cette sage mais insuffisante précaution du constructeur, nous avons trouvé les extrémités des poutres entièrement pourries. Pareille détérioration étant à craindre pour les bois que nous devons mettre en œuvre, il nous a paru utile de modifier à cet égard les arrangements primitifs et il a été posé de solides corbeaux composés de trois assises de pierre très dure qui recevront les abouts des nouvelles poutres qui de la sorte ne seront plus scellées dans les murailles.
Les poutres étaient supportées jadis pas des maçonneries en moellons tendres et sous ces portées l’on constatait divers écrasements assez dangereux. Pour remédier à ces désordres, il a été fait dans tous les étages et dans les deux murs de solides pilastres en pierre sous les pièces principales de la charpente des planchers.
Les éperons de la cour près la tourelle de l’escalier ont été dépouillés de leurs enduits et sus ces plâtras l’on a trouvé la très mauvaise maçonnerie, en moellons et briques, déjà signalée dans le rapport que nous avons eu l’honneur d’adresser à Votre Excellence. L’on a reconnu qu’il était indispensable de procéder à la reconstruction complète et en sous-œuvre des contreforts et l’opération dont il s’agit est en cours d’exécution.
L’une des fosses d’aisance, celle sise dans le fossé nord au droit de l’escalier d’honneur, menaçait ruine il y a quelques jours et déjà des excavations s’étaient formées sur ce point par suite des remblais qui s’exécutent. Les fosses peuvent être utilisées comme citernes aussi bien que pour l’arrosage des jardins que pour se débarrasser des eaux pluviales qui seront fournies par les bâtiments et par la cour du château, qui présentent ensemble l’énorme surface de plus de cinq mille mètres. Il était indispensable d’assurer la conservation de cette fosse et l’on vient d’établir dans cette construction souterraine deux solides murs de refend en meulière.
Les ouvrages étant attaqués sur tous les points de l’angle nord-ouest et rien n’étant encore achevé, il est assez difficile d’établir la comparaison entre les prévisions du devis et la valeur des ouvrages effectués. Nous allons essayer toutefois ce rapprochement et pour satisfaire aux ordres que nous avez bien voulu nous donner le 11 décembre dernier.
Les ouvrages exécutés s’élèvent, suivant ce qui a été dit plus haut, à la somme de : 228936,00
La restauration de l’angle nord-ouest est prévue pour une somme de 140655 f. 96 et il reste à faire divers ouvrages qu’on peut estimer à 35000 f., différence : 105655,00
La partie restaurée du bâtiment nord est évaluée dans le devis environ : 50000,00
La restauration de l’une des travées de la façade ouest est estimée à : 5000,00
La démolition de l’angle nord-ouest s’élève à : 12381,00
[Total :] 173036,00
Différence formant excédant : 55900 f. 00
Cet excédant de dépenses provient assurément pour une partie des ouvrages imprévus décrits précédemment et concernant les tuyaux des souches de cheminées et les murs de refend du bâtiment nord et aussi des travaux qu’il a fallu exécuter dans la fosse sise au pied de l’escalier principal pour éviter la ruine de la voûte et tous les accidents qui pouvaient résulter l’affaissement du sol. Le devis avait été rédigé avec la série 1861 et les prix avaient été portés dans cette pièce un peu au-dessous des prix de la ville de Paris et il a fallu payer ces ouvrages entreprises et dans l’embarras des étais au contraire à des prix plus élevés. Les séries de prix 1862 et 1863 ont augmenté légèrement certains prix et comme nous suivons les séries de chaque année, le chiffre des ouvrages se trouve augmenté. Mais l’excédant de dépenses provient assurément surtout de ce que sur tous les points, sans exception, nous avons eu à remédier à des désordres qui, pour la plupart, avaient été prévus mais qui sont toujours et plus graves et plus profonds que nous n’avions pu le supposer.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 6 janvier 1864 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Rapport concernant les travaux réalisés en 1862 au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils
Restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
Travaux effectués en 1862 et propositions 1863
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le crédit de 100000 francs alloué sur l’exercice 1862 pour les travaux du château de Saint-Germain-en-Laye est aujourd’hui entièrement épuisé et j’ai l’honneur, pour satisfaire à vos ordres, de vous rendre compte des opérations. Il résulte d’une lettre que vous avez bien voulu m’adresser le 4 juillet dernier qu’une somme de 21064 francs a été employée à l’installation provisoire du musée gallo-romain. Il ne restait alors qu’une somme de 78936 francs pour démolir et pour faire face aux premiers ouvrages de restauration.
J’ai tout d’abord ordonné la construction d’une rampe à voitures et d’un pont provisoire sur la rue du Château-Neuf pour donner entrée aux matériaux et aux ouvriers dans les fossés et dans la cour du château. Je devais aussitôt aussi procéder à l’arrangement d’une habitation pour le gardien concierge. Aujourd’hui donc l’entrée sur la place du Château est exclusivement réservée au personnel logé et aussi au service du musée gallo-romain.
Le pavillon nord-ouest, de la fin du 17ème siècle, sis près la garde du chemin de fer, a été entièrement démoli à l’exception toutefois d’une de ses piles du rez-de-chaussée, qui nous sera nécessaire pour appuyer des étais destinés à faciliter des reprises en sous-œuvre.
La démolition a dégagé l’ancienne tour rectangulaire d’encoignure du château de Charles V suivant ce qui été prévu au projet. Cette vieille tour était, au 14ème siècle, en saillie sur les courtines et dans les démolitions l’on a retrouvé d’assez nombreux détail de cette intéressante partie de l’édifice. L’on a retrouvé tous les bandeaux indiquant les anciens planchers, les corniches et aussi la disposition et le profil des créneaux supérieurs. En faisant disparaitre la cabane de l’horloge qui surmontait la terrasse de couronnement, l’on a constaté l’existence d’une très curieuse souche de cheminée du 14e siècle qui pourra être restaurée et utilisée. J’ai l’honneur de joindre à ce rapport un croquis indiquant d’une façon à peu près certaine l’ancien aspect du fragment d’architecture militaire dont il s’agit.
Les constructions du 16ème siècle engagent à l’est et au midi la tour rectangulaire et les bâtiments de François Ier atteignent la hauteur indiquée par la ligne AB dans mon croquis. L’on ne peut songer en conséquence, nous croyons, à rendre à la tour formant bastion ses formes primitives.
La tour du 14ème siècle a eu beaucoup à souffrir des diverses constructions et des diverses installations des 17ème, 18ème et 19ème siècles. L’on avait entaillé ses gros murs, ayant 2 m. 50 d’épaisseur, sur presque tous les points et l’on avait de la sorte trouvé dans ses murailles des cabinets et des armoires. Le mur est avait été entaillé de plus d’un mètre dans la hauteur des trois étages inférieurs. Des portes de communication avaient été percées à tort et à travers dans tous les murs et d’inquiétantes lézardes sillonnaient alors toutes les parois de la tour dont il s’agit.
Nous avons prescrit et nous avons exécuté aujourd’hui à peu près toutes les reprises dans trois des murs de cette tour. Toutes les baies modernes ont été bouchées et en effectuant ces ouvrages l’on a eu le soin de rétablir toutes les portes de communication à plomb les unes des autres. Les maçonneries exécutées à l’intérieur de cette tour pour remplir toutes les murailles présentent un cube de plus de 450 mètres et ce chiffre, mieux que toutes les descriptions, pourra faire connaître à Votre Excellence le triste état dans lequel nous avons trouvé cette construction du Moyen Âge.
A la tour d’angle était accolée jadis une tourelle carrée contenant des cabinets d’aisances. Cette tourelle a été détruite par Hardouin-Mansart mais nous avons retrouvé et les fondations et la fosse du 16ème siècle, qui va se trouver alors utilisée à nouveau. La tourelle dont il s’agit a été remontée dans une hauteur de 16 mètres environ pendant le cours de cet exercice.
Nous avons pu entièrement ériger aussi la tour ronde sise sur la façade ouest contenant un escalier de service et qui était indiquée dans le projet qui a été approuvé par Votre Excellence.
Les travaux de 1862 ont été commencés seulement au mois d’août, fort tard alors, et l’on n’a pu, pour arriver en temps utile, limiter le chantier dans l’angle nord-ouest. L’on s’est trouvé dans l’obligation de prescrire la construction de divers éperons le long de la façade nord et près l’encoignure toutefois. Ces éperons en pierre sont au nombre de douze et sont seulement commencés.
J’ai l’honneur de proposer d’effectuer pendant le cours de l’exercice 1863 les ouvrages dont le détail suit :
1° l’achèvement des travaux de la tour d’angle nord-ouest évalués au devis à : 140655,00
Il convient d’ajouter les frais de démolition s’élevant d’après le devis à : 12381,00
[Total :] 153036,00
A déduire le crédit déjà alloué : 78936,00
[Total :] 74100,00
2° le commencement des travaux de restauration du bâtiment nord, sis vers le parterre, évalués dans leur ensemble à 325510 francs. Je sollicite pour ces ouvrages l’ouverture d’un crédit de : 125900,00
Proposition de dépense pour 1863 : 200000,00
A ce chiffre, il convient d’ajouter peut-être les 4500 francs promis par Votre Excellence pour le déplacement du jardin fleuriste.
Monsieur le directeur général des musées impériaux a bien voulu me faire connaître qu’il serait à propos de construire le plus tôt possible des armoires ou vitrines pour la collection de Saint-Germain-en-Laye. Je ne sais au juste quelle sera l’importance des meubles dont il est question, mais l’on ne pourrait compter peut-être sur une somme inférieure à 5 ou 6 mille francs, si toutefois ces objets doivent avoir un caractère définitif.
Les désordres du château de Saint-Germain sont graves et nombreux. Sur la façade nord, près le pavillon nord-est, pour éviter l’écroulement de la balustrade supérieure et des portions de murs au-dessous, j’ai été contraint il y a peu de jours de faire échafauder et d’ordonner quelques reprises et aussi la descente du couronnement.
Il y a quelques jours aussi, je constatai sur la façade est, vers Paris, des déchirements et l’écroulement de quelques briques et de quelques parties des enduits. Cet accident sans gravité en lui-même indique toutefois un travail très inquiétant dans les voûtes et dans les murailles.
Depuis l’année 1855 que Votre Administration a bien voulu me charger des soins à donner à l’important édifice qui nous occupe, nous avons été à même de constater combien les désordres de la construction vont en augmentant. Nous commencions à désespérer de sa conservation lorsque vous nous avez fait l’honneur, Monsieur le Ministre, de nous ordonner de procéder à sa restauration. Aujourd’hui, nous devons alors solliciter l’ouverture de crédits suffisants pour sauver de la ruine l’important monument historique de Saint-Germain-en-Laye. Il serait facile assurément de donner plus d’importance aux ouvrages que nous l’avons indiqué plus haut, car l’édifice a de telles proportions qu’on pourrait attaquer la restauration en plusieurs endroits à la fois.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 20 décembre 1864 »

Ministère d'Etat

Rapport concernant les travaux réalisés au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Paris, le 1er février 1856
Rapport à monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
M. l’architecte Millet, qui a reçu de Votre Excellence la mission de préparer un projet d’appropriation du château de Saint-Germain, a dû pourvoir à l’entretien provisoire de ce palais pendant l’exercice 1855.
Votre Excellence voudra sans doute payer à cet architecte les honoraires qui lui sont dus pour la surveillance de ces travaux.
L’entretien proprement dit, qui consiste en maçonnerie, couverture, serrurerie, menuiserie, vidange et horlogerie, a donné lieu à une dépense de 3466 f. 30 c. pour laquelle les honoraires me paraissent devoir être calculés à 5 % parce que M. Millet, n’ayant pas d’agence sous ses ordres, a été obligé de préparer lui-même toutes les pièces de comptabilité nécessaires à la liquidation, ce qui produit 173 f. 32 c.
De plus, M. l’architecte a fait exécuter la démolition des cloisons intérieures etc., travail s’élevant à 7179 f. 75 c. sur lesquels une rémunération de 4 % parait suffisante, attendu qu’il n’a pas été nécessaire d’établir de pièces de comptabilité, soit 287 f. 19 c.
Total : 460 f. 50 c.
Il faut, en outre, ajouter à ce chiffre une somme de 40 f 00 c. destinée à couvrir les frais de voyage de l’architecte de Paris à Saint-Germain-en-Laye : 40 f. 00 c.
Total : 500 f. 51 c.
Soit 500 francs que je vous propose d’allouer à M. l’architecte Millet à titre d’honoraire pour 1854 [sic].
Si Votre Excellence approuve le présent rapport, je la prierai de signer le projet d’arrêté ci-joint destiné à assurer l’exécution de sa décision.
Agréez, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le secrétaire général
Alfred Blanche »

Ministère d'Etat

Rapport concernant les travaux demandés par la Ville dans le parterre de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Division des Bâtiments et de la dotation mobilière
Bureau des Bâtiments
Minute de lettre
Paris, le 26 mai 1858
Le ministre à M. le maire de la ville de Saint-Germain
Monsieur le Maire,
Par une lettre en date du 7 avril dernier, vous m’avez fait connaître que la Ville de Saint-Germain demandait l’autorisation d’effectuer à ses frais la restauration du pavillon des concerts et la pose de 16 candélabres à becs de gaz, dont 12 sur la petite terrasse et 4 en retour du côté du chemin de fer.
L’administration municipale désirerait en outre que le service des Bâtiments de la Couronne fit élargir la petite terrasse jusqu’au niveau de la naissance du talus actuel qui la borde, dans le but de donner à la circulation un espace presque double de celui qui y est affecté.
Je m’empresse de vous informer, Monsieur le Maire, que je ne puis que donner mon assentiment à la restauration du pavillon des concerts, dont le mauvais état aurait prochainement motivé une réclamation de la part de la Liste civile si la municipalité n’eût pris l’initiative d’en proposer la réfection. Mais la pose des candélabres à becs aurait pour effet de modifier la nature et la physionomie de la petite terrasse et de rendre plus difficile la surveillance et, par ces motifs, je ne saurais autoriser la mesure proposée.
Quant à l’élargissement de la petite terrasse, ce travail ne profiterait qu’aux promeneurs et serait sans utilité pour le Domaine de la Couronne. La terrasse suffit parfaitement à ses besoins avec sa largeur actuelle. Je ne pourrais en conséquence prescrire l’exécution de cette opération, dont la dépense parait devoir s’élever à 15000 ou 20000 francs, que dans le cas où la Ville croirait en retirer d’assez grands avantages pour pouvoir l’entreprendre à ses frais.
La personne chargée de diriger la restauration du pavillon de musique devra se concerter avec M. Dufrayer, architecte de la Couronne à Saint-Germain.
Recevez etc.
Le ministre etc.
Signé : Achille Fould »

Ministère d'Etat

Rapport concernant les travaux de sculpture au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils et monuments publics
Château de Saint-Germain-en-Laye
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Vous avez alloué une somme de 150000 f., imputable sur le crédit inscrit au chapitre 31 de la 3e section du budget du ministère d’Etat, exercice 1863, pour continuer la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye.
Cette somme est spécialement affectée aux travaux de réfection du donjon et de la façade du château sur le parterre.
Votre Excellence a approuvé, le 4 mars dernier, la plupart des soumissions souscrites par les entrepreneurs pour les différentes natures d’ouvrages à exécuter en 1863. Restaient encore à soummissionner les travaux de sculpture. M. Millet a l’honneur de proposer à Votre Excellence de les confier aux sculpteurs ci-après nommés, dont j’ai l’honneur de présenter les soumissions à l’approbation de Votre Excellence, savoir
Sculpture, M. Libersac, sculpteur demeurant à Paris, rue Lafayette, n° 67, qui s’engage à exécuter différents travaux de sculpture d’art jusqu’à concurrence de 2500 f. et moyennant les prix indiqués dans la soumission qu’il a souscrite.
Sculpture, M. Corbel, sculpteur demeurant à Paris, rue Saint-Placide-Saint-Germain, n° 22, qui s’engage à exécuter différents travaux de sculpture d’art jusqu’à concurrence de la somme de 2500 f. et moyennant les prix indiqués dans la soumission qu’il a souscrite.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous prier d’approuver ces deux soumissions, qui sont régulièrement rédigées, et de signer à cet effet le présent rapport.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le secrétaire général
Eug. Marchand »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 12 mai 1863, le ministre d’Etat, A. Walewski »

Ministère d'Etat

Rapport concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport de la commission par M. Selmersheim, inspecteur général, sur un projet de restauration concernant la chapelle du château de Saint-Germain et la tourelle y attenant
Séance du 9 novembre 1894
Monsieur le ministre des Travaux publics soumet à l’approbation de son collègue des Beaux-Arts un projet de restauration relatif à la chapelle du château de Saint-Germain, dont les travaux sont interrompus, faute de ressources, depuis 1881. Ce projet comprend :
1° La restauration de la tourelle d’escalier du XVIe siècle contiguë à la chapelle dont l’estimation est de 64575 f. 00
2° L’achèvement de la restauration de la chapelle proprement dite évaluée à 276172 f. 00
Ensemble : 340747 f. 00
M. le ministre des Travaux publics, se basant sur la lettre du 11 février 1874 par laquelle l’administration des Monuments historiques s’est engagée à concourir par moitié dans les réparations de la chapelle, demande que le projet soit soumis à l’examen de la commission des Monuments historiques, afin que l’administration des Beaux-Arts fasse connaître quelle somme elle pourra consacrer à la restauration dont il s’agit.
Relativement à la première partie du projet, c’est-à-dire la restauration de la porte de la chapelle du XIIIe siècle et de l’escalier de la Renaissance contigu, M. l’architecte Daumet prévoit la reconstruction de cette porte pour être remise en usage, et l’établissement d’une espèce de vestibule voûté disposé en avant dans le périmètre de la tourelle et dont le résultat sera la suppression complète de la première révolution de l’escalier. Cette conception aura pour conséquence l’annihilation de l’œuvre de la Renaissance au profit d’une porte neuve (car l’ouverture actuelle est dans un tel état de dégradation qu’on ne peut la rendre à son ancienne destination sans la refaire) et cette solution ne donnera pas plus satisfaction aux intérêts archéologiques qu’aux besoins matériels, puisque la Renaissance a créé, à la travée voisine, une porte, qui a été restaurée par Millet, et sert d’entrée directe et commode à la chapelle.
On comprendrait que l’architecte ait cherché à dégager autant que possible, et cela paraît facile, ces restes du Moyen Âge, pour que le public puisse les voir, mais à la condition qu’ils restent dans l’état fruste où on les a trouvés, et que la disposition ancienne de l’escalier ne soit pas modifiée. Nous avons l’honneur de proposer à la commission de se rallier à cette proposition, d’autant plus que si le besoin se fait absolument sentir de restituer la composition de cette porte, on peut donner libre cours à cette idée dans la travée correspondante au sud, où il subsiste deux assises des piédroits d’une porte semblable, qu’il est possible de compléter en copiant les éléments de celle au nord et qui servira de communication avec l’aile sud-ouest du château.
Relativement à l’achèvement de la restauration de la chapelle, Monsieur le ministre des Travaux publics rappelle que d’après les comptes arrêtés en 1881 une somme de 58478 f. 00 resterait à la charge du service des Monuments historiques pour épuiser les prévisions du devis à la coopération duquel cette administration s’est engagée, et que le service des Bâtiments civils n’aurait que 16053 f. 00 à dépenser de ce chef, mais que le nouveau devis dressé par M. Daumet évalue les travaux d’achèvement à 276172 f., on doit, en dehors des chiffres précités, une nouvelle somme de 200000 f. environ à partager par moitié entre les deux départements, ce qui porterait la part contributive du budget des Beaux-Arts à 160000 f. environ.
Monsieur le Ministre justifie l’augmentation de 200000 f. sur les primitives évaluations par le fait qu’à l’époque de la rédaction du premier devis par Millet, il était difficile de se rendre un compte exact de la dépense nécessaire à cette restauration, et que le renchérissement de la main d’œuvre depuis 1881 contribue à cette augmentation.
Sans contester la valeur de ces arguments, on peut faire remarquer que, si l’administration des Beaux-Arts doit remplir les conditions de son engagement de 1874 en ouvrant le crédit nécessaire à l’extinction de sa part contributive sur l’ancien devis, elle ne peut s’engager sur le nouveau devis que s’il est bien entendu qu’elle conservera une large part dans la direction de l’entreprise et exercera librement son contrôle.
Pour nous résumer, nous avons l’honneur de proposer à la commission de décider la modification du projet de restauration de la tourelle et de la porte de la chapelle suivant les indications développées plus haut, pour l’achèvement de la restauration de la chapelle de voter le crédit de 58478 f. 00, montant de la part contributive du service des Beaux-Arts sur le devis primitif, et de subordonner la participation du même service aux nouvelles dépenses au libre exercice du contrôle direct de la commission sur les dits travaux.
Paris, le 8 novembre 1894.
Selmersheim
Les conclusions du présent rapport ont été adoptées par la commission »

Rapport concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport de la commission, par M. Selmersheim, inspecteur général, sur le château de Saint-Germain-en-Laye
[dans la marge :] Ce rapport n’a pas été lu à la séance
Monsieur l’architecte Daumet adresse deux rapports à monsieur le ministre des Beaux-Arts relatifs à des modifications à apporter au projet de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain et demande qu’une délégation de la commission des Monuments historiques se rende sur place pour examiner le bien fondé de ces propositions.
La première modification proposée au projet approuvé est la répétition de celle faite en 1894 quand on a demandé le concours du département des Beaux-Arts à l’achèvement de la restauration de la chapelle. M. Daumet insiste pour qu’on reconstruise la porte du XIIIe siècle condamnée par l’escalier en tourelle de la Renaissance, qu’on en rendre l’usage au public en supprimant une révolution de l’escalier de François Ier et qu’on supprime l’entrée directe de la chapelle rétablie par les soins de Millet.
Nous rappellerons à la commission que dans sa séance du 9 novembre 1894, elle a donné un avis très net en faveur de l’intégrité de l’escalier de la Renaissance, estimant que la porte du XIIIe siècle, dans son état de dégradation, ne pouvait pas être restaurée, et qu’il convenait de consolider seulement ces restes curieux en les dégageant autant qu’il serait possible pour l’édification du public et des artistes. Nous espérons qu’une constatation sur place ne fera que confirmer la commission dans sa détermination.
La seconde proposition de l’architecte est relative à la rose du pignon ouest de la chapelle, actuellement aveuglée par le bâtiment de la Renaissance contenant la salle des fêtes. M. Daumet, séduit par l’aspect que pourrait avoir ce magnifique réseau, s’il était à jour, propose de le dégager en agrandissant d’une travée la salle de Mars pour faire disparaître le mur de refend placé au droit du fenestrage, et en supprimant dans la largeur de 3 travées les planchers du rez-de-chaussée et de l’entresol qui tous deux coupent la rose, de telle sorte que la salle de Mars resterait dans son état normal dans 7 travées, mais dans les trois dernières aurait toute la hauteur du bâtiment, c’est-à-dire 21 mètres. On démolirait le mur du XVIe siècle masquant la rose jusqu’à la naissance des voûtes qu’il supporte, et le réseau vitré prendrait son jour sur la salle des fêtes ainsi modifiée, dont l’emplacement montant de fond pourrait être utilisé pour placer une pièce du musée importante en hauteur, comme le moulage de la colonne Trajane par exemple.
Monsieur Daumet ne produit pas à l’appui de cette proposition les tracés graphiques qui pourraient éclairer la commission au point de vue technique de la possibilité matérielle de ce projet, mais nous nous sommes rendu sur place et avons reconnu que le fait seul de porter la retombée des lourdes voûtes des 3 travées de la salle du XVIe siècle sur une plate-bande ou un poitrail de 10 mètres de portée était une impossibilité, tant au point de vue pratique qu’à celui de l’aspect, condamnant cette conception. Mais, en dehors de cette considération, on peut se demander s’il convient de détruire l’harmonie et l’intégrité de l’œuvre de la Renaissance au profit de celle du XIIIe siècle, ce qui n’a jamais été tenté jusqu’ici, et s’il ne faut pas au contraire laisser subsister le fait historique de l’aveuglement de la rose en dégageant son réseau dans la mesure du possible comme cela a été pratiqué déjà pour les 2 fenêtres du chevet murées par le bâtiment sud du château. Notre opinion est bien nette à cet égard, mais nous serions heureux qu’elle fût confirmée par l’autorité de la commission toute entière, après examen sur place des propositions de monsieur l’architecte Daumet.
Paris, le 17 novembre 1895
Selmersheim »

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