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Château-Vieux (chapelle) Français
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Procès-verbal de la sélection par la Commission des Arts des tableaux et objets jugés intéressants dans la chapelle du Château-Vieux à Saint-Germain-en-Laye

« Liberté, égalité
L’an second de la République, une et indivisible, le quartidi de la première décade de pluviose, nous soussignés commissaires artistes nommés par le département de Seine et Oise, nous étant transportés à la Montagne du Bon Air, à neuf heures du matin, nous sommes présentés au directoire du district dudit lieu, accompagnés du citoyen Damarin, secrétaire de la commission, à l’effet de requérir un commissaire pour assister à nos opérations dans la commune dudit lieu, ce qui a été fait sur le champ, le citoyen Laroche ayant été désigné pour remplir cette fonction. Et nous étant réunis avec luy, nous nous sommes rendus d’abord à la ci devant église des Récolets, pour y examiner différents tableaux qui y avoient été transportés depuis peu, et pour reconnoitre les objets de bibliothèque et autres provenant de différents lieux du district et qui y avoient été rapportés et réunis par les soins du citoyen Chandellier, agent national. Et ne s’étant rien trouvé dans cette maison susceptible de nouvelle extraction, nous avons été conduit au ci devant couvent de filles de Saint Thomas, où rien ne méritoit attention. De là, nous nous sommes rendus à la congrégation des hommes pour l’examen des tableaux du cœur et autres que le district désiroit de faire enlever, l’église de cette maison servant aujourd’huy pour l’assemblée de la société populaire. Et après examen fait desdits tableaux, ils ne se sont pas trouvés assés importans pour être extraits, n’étant que d’une valeur ordinaire.
Et n’ayant plus rien à parcourir dans la ville, nous sommes rendus au château pour y visiter les tableaux de la chapelle, que l’on nous avoit dit être annotés par la commission des monuments. Mais ayant appris du gardien qu’elle n’y avoit fait aucune opération, et ayant reconnu qu’en effet elle n’avoit apposé aucun étiquet sur les tableaux précieux qui sont dans cet édifice, nous nous sommes d’autant plus déterminés à en faire l’extraction que nous avons apperçu un n° mis pour la vente sur un Christ en yvoire réputé être de Michel Ange, en sorte que nous avons commencé à l’extraire sous le n° 1er, avec une notte particulière pour indiquer qu’il ne devoit point être vendu. Après quoi, nous avons fait l’examen et extraction des tableaux ci après.
Au maître autel, sous le n° 2, le fameux tableau de la Cène du Poussin.
3° La Sainte Trinité de Vouet qui se trouve au dessus du maître autel, dans le fronton.
4° L’éducation de la Vierge par Stella, qui se trouve dans une chapelle à droite en entrant.
5° Saint Louis donnant l’aumône aux pauvres dans la chapelle pararèlle à droite.
6° et 7° Deux grands tableaux de Roselly, le 1er le Triomphe de David après son combat contre Goliath ; le 2e Judith accueillir par le grand prêtre en revenant du camp d’Hollopherne.
8° La Vierge donnant sa bouillie à l’enfant Jésus. Ce tableau dénommé sous le nom du Corège.
9° Une dessente de croix ditte du Carache.
Et ayant étiqueté tous lesdits objets, nous avons dressé le présent procès verbal que nous avons signé avec ledit citoyen Laroche, commissaire du district, et le citoyen Damarin, secrétaire, et que nous avons fait double pour en remettre expédition au district, ledit jour et an que dessus.
Fayolle, commissaire du département
Lauzan, Gayard, commissaire des Arts
Laroche
Damarin, secrétaire »

Commission des Arts de Seine-et-Oise

Cahier des charges pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des cultes et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Restauration de la chapelle de saint Louis du château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
Cahier des charges générales et particulières
Article 1er
Les travaux soumissionnés ont pour objet la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Dans son ensemble, en y comprenant les frais de direction et toutes les dépenses accessoires, les ouvrages ne pourront dépasser les crédits alloués sur les divers exercices par l’administration des Monuments historiques.
Les soumissions étant annuelles, les entrepreneurs seront renseignés sur l’importance des ouvrages, et tout excédant resterait à leur charge.
Article 2
Il ne sera point exigé de versement de cautionnement, mais pour garantir l’exécution des marchés, il sera fait aux entrepreneurs soumissionnaires, lors des payements d’acompte, dans le cours des travaux, des retenues s’élevant au cinquième de la valeur des ouvrages. Ces retenues ne seront remboursées que lors de la production du mémoire annuel, et après son règlement, en même temps que le paiement pour solde.
Article 3
Pendant le cours des travaux, il sera pris contradictoirement des attachements par l’entrepreneur et par l’inspecteur des travaux. Ces attachements, qui seront rédigés par l’inspecteur dans la forme prescrite par l’architecte, qui seront figurés et écrits, seront remis avec les mémoires annuels des entrepreneurs au vérificateur qui, après règlement, aura à dresser annuellement les décomptes, dans la forme admise par l’administration des Monuments historiques.
Article 4
Pendant le cours des travaux, les entrepreneurs recevront de l’architecte tous les détails et dessins d’exécution utiles à la restauration de la chapelle. Les ouvrages qui seraient faits contrairement aux ordres de l’architecte, ou qui ne seraient pas conformes aux détails écrits ou figurés, seront refusés.
Article 5
Les entrepreneurs, chacun en ce qui le concerne, seront responsables de tous les accidents résultant de malfaçon d’échafaudages, ou de la mauvaise qualité des cordages, soit des engins de toute sorte employés dans les travaux ou dans les transports ou les montages des matériaux.
Les entrepreneurs seront aussi responsables de toutes les dégradations provenant de leur fait ou de celui de leurs préposés ou ouvriers, et dans ce cas l’architecte pourra faire remplacer l’objet détruit ou détérioré aux frais de l’entrepreneur en défaut, et proposer en outre à l’administration une retenue sur les ouvrages, laquelle retenue pourra s’élever jusqu’à la valeur de l’objet détruit et remplacé.
Article 6
L’entrepreneur de maçonnerie sera tenu de signaler à l’avance toutes les parties de la construction qui auraient besoin d’être étayées, cintrées ou étrésillonnées pour éviter tout accident, faute par lui de le faire en temps utile, il deviendrait responsable de tous frais et dommages qui en résulteraient.
Article 7
L’entrepreneur sera tenu de présenter à toute réquisition, soit de l’architecte, soit de l’inspecteur, les lettres de voiture, factures et autres documents qui seraient jugés utiles pour constater soit la valeur, soit la qualité, soit la provenance des matériaux ou des fournitures.
Article 8
Tout travail sera interdit sans exception les dimanches et les jours fériés, sauf les cas d’extrême urgence et pour lesquels on aura à se munir d’une autorisation spéciale.
Article 9
Les entrepreneurs devront donner au chantier l’activité qui sera prescrite par l’architecte.
Les ouvrages ne pourront être sous-traités sous aucun prétexte. L’emploi des tâcherons est interdit.
Il ne pourra être exécuté de travaux à la journée, et ce mode d’exécution ne serait admis que dans le cas où l’entrepreneur justifierait d’ordres écrits donnés par l’architecte.
Article 10
L’architecte et son inspecteur auront la police et la surveillance de tout l’atelier. En conséquence, les entrepreneurs auront à déférer à tous les ordres et avis qu’ils donneront sur toutes les parties du service.
Article 11
L’administration aura toujours le droit de prononcer la résiliation de l’entreprise, sur la proposition de l’architecte, sans indemnité pour les entrepreneurs, et dans les cas indiqués ci après :
1° si l’entrepreneur néglige de se conformer aux clauses et conditions du présent marché, ou refuse de satisfaire aux ordres de l’architecte ;
2° si l’entrepreneur venait à être convaincu de tentatives réitérées de fraude, soit quant à la quantité, soit quant à la qualité des matériaux, soit même quant à la façon des ouvrages ;
3° si l’entrepreneur était déclaré en faillite ;
4° enfin généralement dans tous les cas où l’entrepreneur, par négligence ou incapacité, ne remplissait pas les engagements ou compromettrait les intérêts qui lui sont confiés.
Article 12
Les payements d’acompte dont il a été parlé plus haut, article 2, pourront être réduits ou même complètement suspendus dans le cas où l’entrepreneur négligerait de se conformer aux instructions de l’architecte.
Il ne sera pas fait de payement d’acompte sur les approvisionnements, et les payements ne pourront se faire que sur des ouvrages achevés et sur les matériaux livrés et posés.
Article 13
L’entrepreneur sera toujours présent sur le chantier pendant les heures de travail, afin de recevoir les ordres que l’architecte pourrait avoir à donner.
Article 14
Les entrepreneurs seront tenus de mettre en œuvre tous les vieux matériaux provenant des démolitions, en se conformant à cet égard à tout ce qui sera prescrit.
Les démolitions seront faites avec le plus grand soin, et les matériaux seront toujours descendus et rangés à la demande.
Article 15
Les entrepreneurs soumissionnaires seront tenus de se procurer à leurs frais tous les engins utiles à la mise en œuvre des matériaux qui seront employés.
Seront aussi à la charge des entrepreneurs tous les frais de timbre et d’enregistrement, et les frais de copies des marchés ou des mémoires.
Article 16
Tous les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye seront exécutés par les vieux procédés de la construction. L’entrepreneur de maçonnerie aura par conséquent à faire exécuter toutes les tailles de parements ou de montures sur le sol avant le montage et la pose des pierres. Ces travaux seront faits avec une excessive précision pour éviter tout ravalement et même des recoupements de balèvres. Toute pierre qui à la pose ne s’ajusterait pas serait descendue et retaillée sur le sol.
La sculpture sera faite aussi sur le sol, et les matériaux sculptés seront montés et posés avec le plus grand soin.
Les tailles seront faites à la bretture de façon à raccorder les parties les plus soignées du vieil édifice. L’emploi de la boucharde et de l’outil dit chemin de fer est formellement interdit.
Article 17
Toutes les maçonneries seront hourdées avec le plus grand soin, à plein bain de mortier, sans cales d’aucune espèce dans les lits et dans les joints. Cette manière de procéder sera employée aussi bien pour les moellons que pour les pierres d’appareil.
Le jointoyement des pierres et des moellons sera fait aussitôt la pose des matériaux, avec le même mortier que celui de l’hourdis, et de façon à éviter tout rejointoyement après coup.
Les lits et les joints des pierres d’appareil auront environ et au moins un centimètre d’épaisseur.
Les pierres d’appareil auront toujours les formes et les dimensions qui seront prescrites par l’architecte et qui seront utiles pour bien raccorder les vieilles parties de la construction.
Les lits et les joints seront bien plans, bien dressés, et ils ne seront démaigris sous aucun prétexte.
Article 18
L’entrepreneur devra se conformer à ses risques et périls à toutes les dispositions qui pourraient être prescrites par les règlements de police. Il sera passible des dommages qui résulteraient des contraventions aux règlements et de tous autres en général qui proviendraient de son fait ou de celui de ses préposés ou ouvriers, sans pouvoir en aucun cas, même celui de travaux à la journée, exercer aucun recours contre l’administration.
Les marchés souscrits ne seront valables qu’après avoir reçu l’approbation de monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts.
Dressé par l’architecte soussigné
Paris, le 17 mars 1874
Eugène Millet.
Après lecture,
Morin-Bigle
Le 21 mars 1874.
Approuvé le 10 avril 1874
Le ministre de l’Instruction publique, des cultes et des Beaux-Arts
Fourtou »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Soumission pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Restauration de la chapelle de Saint Louis du château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
Exercice de 1874
Soumission de l’entrepreneur de maçonnerie
Je soussigné Morin Bigle, entrepreneur demeurant à Saint-Germain-en-Laye, rue Neuve d’Hennemont, n° 12
Après avoir pris connaissance
1° du cahier des charges rédigé par l’architecte à la date du 17 mars 1874, spécialement pour la restauration de la chapelle
2° des travaux à effectuer pendant le cours de l’exercice devant s’élever à la somme de vingt-trois mille deux cent cinquante-cinq francs 81 centimes
M’oblige et m’engage à exécuter les ouvrages de maçonnerie qui me seront ordonnés par l’architecte en me conformant à toutes les clauses et conditions du cahier des charges ci-dessus visé et moyennant les prix de la série de la ville de Paris éditée chez Cosse, Marchal et compagnie, édition de mil huit cent soixante-dix.
A Saint-Germain-en-Laye, ce 20 mars 1874
Approuvé l’écriture ci-dessus
Morin Bigle
Approuvé le 10 avril 1874
Le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Fourtou »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Soumission pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Restauration de la chapelle de saint Louis du château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
Exercice 1875
Soumission de l’entrepreneur de maçonnerie
Je soussigné Morin Bigle, entrepreneur demeurant à Saint-Germain-en-Laye, rue Neuve d’Hennemont, n° 12
Après avoir pris connaissance 1° du cahier des charges rédigé par l’architecte à la date du 17 mars 1874, spécialement pour la restauration de la chapelle, 2° des travaux à effectuer pendant le cours de l’exercice devant s’élever à la somme de vingt-trois mille deux cent cinquante-cinq francs quatre-vingt-un centimes
M’oblige et m’engage à exécuter les ouvrages de maçonnerie qui me seront ordonnés par l’architecte en me conformant à toutes les clauses et conditions du cahier des charges ci-dessus visé et moyennant les prix de la série de la ville de Paris éditée chez Cosse, Marchal et compagnie, édition de mil huit cent soixante-dix.
A Saint-Germain-en-Laye, le 27 mars 1875
Approuvé l’écriture ci-dessus
Morin-Bigle
Approuvé le 15 avril 1875
Le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
H. Wallon »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Soumission pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Château de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle de saint Louis
Soumission de l’entrepreneur de maçonnerie
Je soussigné Morin-Bigle, entrepreneur demeurant à Saint-Germain-en-Laye, rue Neuve d’Hennemont, n° 12
Après avoir pris connaissance 1° du cahier des charges rédigé par l’architecte à la date du 17 mars 1874, spécialement pour la restauration de la chapelle, 2° des travaux à effectuer sur l’exercice 1876 devant s’élever à la somme de soixante-trois mille cinq cent onze francs
M’oblige et m’engage à exécuter les ouvrages de maçonnerie qui me seront ordonnés par l’architecte en me conformant à toutes les clauses et conditions du cahier des charges ci-dessus visé et moyennant les prix de la série de la ville de Paris éditée chez Cosse, Marchal et compagnie, édition de mil huit cent soixante-dix.
Saint-Germain-en-Laye, ce 15 février 1876
Approuvé l’écriture ci-dessus
Morin-Bigle
Approuvé le 20 février 1876
Le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
H. Wallon »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Lettre concernant les budgets de la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Saint-Germain, 25 juillet 1879
A monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Vous avez bien voulu accorder en 1847 un crédit de 118274 f. affecté à la restauration de la chapelle saint Louis au château de Saint-Germain-en-Laye. Cette somme devant être dépensée par annuités de 25000 f. chacune, il en est résulté qu’au commencement de 1878, il ne reste plus que 18274 f. disponibles sur ce crédit accordé.
Mais dans le courant de la même année, vous avez bien voulu allouer un nouveau crédit pour la continuation des ouvrages de restauration et monsieur Millet, reconnaissant qu’il était nécessaire pour la bonne exécution des travaux, de dépenser en 1878 une somme égale aux annuités précédentes, préleva sur le dernier crédit accordé une somme de 6726 f. destinée à élever pour 1878 la somme totale à la somme de 25000 f.
Il y avait lieu de répartir cette dépense totale entre deux décomptes, l’un s’élevant à 18274 f. et formant la clôture du crédit de 118274 f. et l’autre s’élevant à 4915 f. 97 se rapportant au crédit récemment ouvert.
J’ai l’honneur, monsieur le Ministre, de vous adresser sous pli séparé tout le dossier relatif au premier décompte et j’ai l’honneur de vous transmettre aujourd’hui les pièces qui concernent le second. Ces pièces sont les suivantes :
1 décompte des travaux en double expédition, dont une sur timbre
1 certificat de réception en double expédition, dont une sur timbre
et 4 certificats de paiement, également en double expédition.
Il résulte de ces pièces que le chiffre des travaux exécutés s’élève à la somme de 4573 f. 00
et celui des honoraires de l’architecte à 228 f. 65
de l’inspecteur à 57 f. 16
du vérificateur à 57 f. 16
ensemble 345 f. 97
Total pareil : 4915 f. 97
Les travaux compris dans ce décompte sont les derniers qui aient été exécutés à la chapelle du château de Saint-Germain sous la direction de monsieur Millet.
Je viens vous prier, monsieur le Ministre de donner votre approbation aux pièces comptables que j’ai l’honneur de vous soumettre.
Je suis avec un profond respect, monsieur le ministre, votre très humble et très obéissant serviteur,
L’inspecteur Eug. Choret »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Devis pour la serrurerie de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Château de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle de saint Louis
Devis descriptif et estimatif pour les armatures de la chapelle saint Louis
Les travaux de serrurerie à exécuter pour la chapelle saint Louis se composent de :
1° des armatures nécessaires à la pose des vitraux des 4 grandes croisées vers le pignon occidental de la grande rose
2° des gros fers et boulons pour les charpentes du comble.
Ces armatures seront formées dans la partie basse par 28 traverses en fer à maréchal dont 4 destinées à former le chainage auront 40/25 et les autres 40/18. Ces traverses porteront un empattement forgé destiné à l’ajustement des montants, lesquels montants seront aussi en fer de 40/18. Ils porteront à leurs extrémités une partie épaulée venant s’ajuster dans les traverses.
Les extrémités des traverses formant scellement dans la pierre seront en cuivre rouge, étiré, bien calibré suivant les dimensions du fer. Ces scellements en cuivre porteront un chigratage fait au burin. Ils seront ajustés par moitié avec les traverses et rivés.
Les traverses et montants porteront pannetons et clavettes suivant les indications de l’architecte.
Les toles barlottières recouvrant ces fers seront en feuillard de 40/3.
Les armatures seront formées dans la partie haute par :
Trois roses principales qui seront exécutées dans les mêmes conditions que les armatures de la partie basse. Les trois cercles, venant prendre leur point d’appui dans la pierre, seront en cuivre étiré de 40/18 et seront cintrés sur plate. Les rayons seront en fer de 40/18. Ils seront garnis de scellement en cuivre rouge suivant l’assemblage décrit ci-dessus pour les traverses de la partie basse.
A droite et à gauche, entre les trois roses, il y a aura deux parties composées de deux cercles en fer garnis de scellements en cuivre rouge.
Au dessus de la grande rose, deux autres parties formées par deux cercles en cuivre, les scellements formant rayons seront également en cuivre rouge.
Pour les armatures de la partie haute, il sera aussi fourni les pannetons et clavettes suivant les indications de l’architecte.
Les toles barlottières recouvrant ces armatures seront en fer feuillard de 40/3 évidées de mortaises.
Indépendamment des pannetons, il sera fourni les crochets nécessaires à la pose des tringlettes destinées à fixer les vitraux.
Chacune de ces croisées est évaluée environ à la somme de deux mille sept cents francs en prenant pour base celles déjà posées, soit pour les quatre 10800.00
La grande rose du pignon occidental sera exécutée d’après les mêmes principes en se conformant pour l’exécution aux détails qui seront donnés par l’architecte. L’ensemble des armatures est évalué à environ trois fois la valeur d’une croisée, soit 8100.00
Les gros fers et boulons pour la charpente du comble sont estimés pour 500.00
Total du devis estimatif : 19400.00
Dressé par l’architecte soussigné
Paris, le 1er février
L’architecte du château de Saint-Germain-en-Laye
A. Lafollye
Approuvé le 11 mars 1880
Le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Pour le ministre et par délégation,
Le sous secrétaire d’Etat
Edmond Turquet »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Soumission pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Château de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle de saint Louis
Je soussigné Moutier Paul, entrepreneur de serrurerie demeurant à Saint-Germain-en-Laye, rue des Coches, 13, après avoir pris connaissance des pièces relatives aux travaux qui doivent être exécutés pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye, lesquelles pièces se composent de :
1° le devis descriptif et estimatif des travaux évalués pour les ouvrages de serrurerie à la somme de dix-neuf mille quatre cents francs
2° la série des prix qui suit et les conditions particulières applicables auxdits travaux
3° le cahier des charges générales
4° les plans et détails graphiques
M’oblige envers monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts à exécuter les travaux dont il s’agit en me conformant aux conditions fixées par les pièces sus énoncées et moyennant les prix ci-dessous

  1. Ferrure des vitraux, roses et autres compartiments en fer avec barlottières, pannetons, clavettes, crochets, pitons et tringlettes, y compris montage et pose de toutes les pièces. Le kilog : 2.00
  2. Scellements de ces armatures en cuivre rouge laminé, parties cintrées et droites, y compris tous les assemblages et la pose. Le kilog : 5.00
  3. Gros fers pour le comble, boulons, étriers, vis à tête carrée, équerres, y compris pose. Li kilog : 0.60
    Saint Germain en Laye, le 12 février 1880
    Approuvé l’écriture
    Paul Moutier
    Approuvé le 11 mars 1880
    Le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
    Pour le ministre et par délégation, le sous secrétaire d’Etat
    Edmond Turquet »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Lettre concernant des tableaux provenant de la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye

« Palais du Louvre, 11 mai 1904
Cher Monsieur,
Pour l’un des renseignements que vous me demandez, je puis vous donner une réponse très précise. Les deux tableaux de Matteo Rosselli appartiennent au Louvre ; ils proviennent de la collection du roi, et ont jadis figuré au château de Saint Germain. Le « Triomphe de David » est au Louvre, n° 1483 du catalogue sommaire des peintures. Quant à la « Judith », elle a été déposée au musée de Toulouse, auquel elle fut envoyée en 1803. Pour plus de détails, voyez : F. Engerand, Inventaire des tableaux du Roy rédigé en 1709 et 1710 par N. Bailly, Paris, Leroux, 1899, in 8, pages 46 et 47. Ces deux tableaux ont certainement dû être transportés au Louvre pendant la Révolution.
Pour l’ivoire, malgré de consciencieuses recherches, je n’ai pas pu arriver à un résultat aussi certain ; et pourtant…
Dans notre plus ancien Inventaire, qui est celui de 1816, je ne trouve qu’un seul Christ en ivoire ; voici textuellement la mention :

  1. – Inconnu [auteur]. – Christ en croix. – Ivoire. – [pas de dimensions]. – Ancienne collection. – [emplacement :] magasin du musée.
    En marge est ajouté cette note au crayon de la main de notre prédécesseur M. Emile Molinier : « Musée de Rennes, 1894 ».
    Ce Christ aurait donc été déposé au musée de Rennes, ce qui doit être exact car nous ne le possédons plus au Louvre.
    Dans l’Inventaire de 1816 (les notes entre crochets sont de moi, bien entendu), vous lisez comme provenance : « ancienne collection ». C’est là une formule courante qui a été adoptée, par ordre, pour désigner prudemment tous les objets provenant des saisies révolutionnaires et des conquêtes impériales. Comme votre Chrost me paraît provenir d’une saisie chez un émigré, car votre référence « inventaire du 14 février 1794 » me fait tant l’effet d’un procès verbal de saisie ; comme d’autre part le Louvre ne possédait en 1816 qu’un Christ en ivoire, provenant presque à coup sûr d’une saisie de ce genre, il me semble qu’on peut, en sains critiques, identifier l’objet du Louvre avec celui de votre document.
    La dimension du Christ en ivoire nous est donnée par l’Inventaire de 1832 : « hauteur, 0 m. 50 ». Vous pourrez le faire contrôler en écrivant à Rennes.
    Quant à l’attribution à Michel Ange, elle n’a aucune importance. Tous les Christs anciens un peu passables ont été donnés à Michel Ange, à Puget ou à Girardon.
    Pour ma peine, je vous demanderai de me dire où a été faite votre saisie du 14 février 1794. Il est toujours utile de préciser les provenances des objets du Louvre, même secondaires.
    Je vois que vous continuez à vous intéresser aux saisies révolutionnaires. Je voudrais bien pouvoir étudier celles dont nous avons les procès verbaux au Louvre, et je le ferai sans doute un jour, mais le temps ?
    Veuillez agréer, cher Monsieur, mes meilleurs compliments.
    Jean J. Marquet de Vasselot »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Lettre concernant des tableaux provenant de la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur J. J. Marquet de Vasselot
Directeur des Musées nationaux, Louvre, Paris

Versailles, le 16 mai 1904
Cher Monsieur,
Je vous remercie de votre lettre du 11 mai courant, si aimable et si documentée.
Les deux tableaux et le christ en ivoire dont il s’agit se trouvaient, à la date que je vous ai indiquée, dans la chapelle du château de Saint Germain en Laye et la commission des Arts du département de Seine et Oise les avait fait mettre en réserve pour qu’ils ne fussent pas vendus.
Les deux tableaux sont certainement venus au Muséum installé au château de Versailles, d’où ils sont partis peu de temps après pour Paris (Dutilleux, le Muséum national de Versailles (1792-1822) dans l’Annuaire du département de 1887, page 535). Le Christ ivoire a pu suivre la même route, et c’est très vraisemblable. Peut-être des recherches ultérieures me donneront elles une certitude.
Je me suis attelé à un travail que je consacre à la « Commission des Arts de Seine et Oise » pendant la Révolution. Le rôle de cette commission instituée en décembre 1792 a été important et utile. La chose est intéressante, mais ce qui me manque, c’est le temps. On est si occupé et si dérangé dans notre métier.
Avec mes bien sincères remerciements, veuillez agréer, cher Monsieur, la nouvelle assurance de mes bien dévoués sentiments.
[Emile Coüard] »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Soumission pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Château de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle de saint Louis
Soumission de l’entrepreneur de maçonnerie et divers
Je soussigné Morin-Bigle, A. Morin fils, entrepreneurs demeurant à Saint-Germain-en-Laye, rue des Ecuyers, n° 11, après avoir pris connaissance 1° du cahier des charges rédigé par l’architecte à la date du 17 mars 1874, spécialement pour la restauration de la chapelle, 2° des travaux à effectuer sur la deuxième partie de l’exercice 1878 et les exercices suivants devant s’élever à la somme de cinquante-deux mille cinq francs
M’oblige et m’engage à exécuter les ouvrages de maçonnerie qui me seront ordonnés par l’architecte en me conformant à toutes les clauses et conditions du cahier des charges ci-dessus visé et moyennant les prix de la série approuvée par le conseil général des bâtiments civils du ministère des travaux publics, édition mil huit cent soixante-dix-sept, et des années suivantes pendant lesquelles les travaux seront exécutés.
Saint-Germain-en-Laye, ce 12 octobre 1878
Approuvé l’écriture ci-dessus
Morin-Bigle, A. Morin fils
Approuvé le 18 octobre 1878
Le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
A. Bardou »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Mention du Te Deum chanté dans la chapelle de Saint-Germain-en-Laye pour la paix avec l’Empire et de l’imprimerie installée dans l’orangerie

« Le siege mis devant le Ponteaudemer par l’ordre du duc de Longueville, que le gouverneur et les habitans du lieu ont fait lever,
Le Te Deum chanté pour la ratification de la paix avec l’Empire,
Et ce qui s’est nagueres passé à la Cour.
Le doux charme duquel me flate depuis peu de temps l’esperance de la Paix, l’agreable fruict de nostre conferance, m’a fait ressembler à cette pie de Plutarque qui demeura huit jours muette à mediter le son de le trompete d’un triumphe. Mais tandis que je me dispose à faire part de cette joye à tout le monde aussitost qu’elle sera accomplie, si ne faut il pas vous taire entierement ce qui se passe de plus memorable en cette Cour. Où, comme Leurs Majestez receurent il y a quelque temps les tristes nouvelles de la barbarie que la chambre basse du parlement d’Angleterre a exercée [p. 2] sur la personne sacrée de son roy, dont j’ay trouvé le recit si epouventable que j’ay pris sujet de m’informer plus au vray de toutes ses circonstances pour vous donner le plus tard que je pourray dans son estendue une si fascheuse nouvelle, laquelle a esté receue par Leurs Majestez avec l’indignation qu’elle meritoit.
Ainsi furent elles grandement rejouies par la ratification de la paix d’entre l’Empire et la France, signée de l’Empereur, et de l’eschange des instrumens de cette paix fait entre les plenipotentiaires de ces deux grandes couronnes, lesquelles, par ce moyen, demeurent autant affectionnées comme elles ont esté ennemies l’une de l’autre.
En rejouissance de laquelle bonne nouvelle, qui vraysemblablement nous en va bien produire d’autres, Leurs Majestez en firent solemnellement chanter le Te Deum dans la chapelle de ce chasteau de Saint Germain en Laye le 2 de ce mois, sur les 4 heures apres midi, en leur presence et de Son Altesse royale, de Mademoiselle, du prince et de la princesse de Condé, de Son Eminence, des ambassadeurs de Portugal, de Venise et de Savoye, du chancelier de France, de plusieurs archevesques et evesques entre lesquels celui d’Aire, pontificalement vestu, fit les ceremonies de cette action, où assisterent aussi les secretaires d’Estat et plusieurs autres seigneurs du Conseil et de cette [p. 3] Cour. La ceremonie ayant esté fermée par une musique martiale de fifres, de trompettes et de tambours qui disoyent aux Espagnols qu’ils eussent à choisir ou de nous donner matiere d’en faire autant en bref pour leur sujet, ou de les employer bientost apres pour continuer sur eux nos victoires.
Le jour precedent, premier de ce mois, le comte de Saint Aignan parut devant Leurs Majestez à la teste de trois cens gentilshommes par luy assemblez autour de chez soy, de Poitou, Berry, Solongne et Blesois, en quatre escadrons de gens d’armes et deux de fuzeliers, le premier des gens d’armes commandé par ce comte, qui tenoit la droite, le second par le sieur de Mareuil, qui estoit à la gauche, le troisieme par le sieur de Bays, le quatrieme par le sieur de Courbouzon-Houques, comme les fusiliers par des anciens officiers, le sieur de Corbet y faisant la charge de mareschal de bataille, tous des mieux montez et au meilleur equipage qu’on eust pu souhaiter, qui vinrent offrir leur service au Roy en la compagnie de ce comte, deputé pour la noblesse du Blezois à la convocation des Estats generaux de ce royaume.
Le mesme jour, le sieur Zobel, gentilhomme envoyé en cette Cour par la landgrave de Hesse-Cassel, eut de Leurs Majestez son audiance de congé, avec tous les tesmoignages de la grande satisfaction qu’elles ont de cette vertueuse princesse, [p. 4] laquelle, non contante d’avoir par une constance sans exemple, nonobstant les promesses et les menaces des ennemis et les grandes pertes que la guerre a causé en ses pais, persisté jusques à la conclusion d’une paix glorieuse dans l’alliance de cette couronne, leur a encor envoyé offrir toutes ses troupes pour reduire ses sujets à la raison, s’ils ne preferent les bonnes graces de Sa Majesté, à la qualité de rebelles.
Le quatrieme, les deputez du parlement commancerent leur conferance à Ruel avec ceux du conseil du Roy, pour l’accommodement des affaires. Duquel pourparler chacun eut d’abord une si bonne opinion, qui continue encor à present, que le Roy estant allé visiter ce jour là son imprimerie, establie dans l’un des appartemens de son orangerie de ce lieu de Saint Germain en Laye, et Sa Majesté, selon l’inclination qu’elle a à toutes les belles inventions, ayant voulu faire imprimer quelque chose, ne se trouvant rien lors qui eut un sens complet pour luy donner ce divertissement, sans s’ennuyer par trop de prolixité, celui à qui Leurs Majestez ont donné la dirrection de cette imprimerie dicta sur le champ quelque vers faits sur le sujet de cette heureuse et inopinée venue, qui furent aussi promptement imprimez, d’une partie desquels les courtizans ayans eu plusieurs exemplaires, je ne vous les repeteray point, [p. 5] mais vous feray seulement part de l’autre, que leur impatience laissa sous la presse :
J’accepte cet augure en faveur de l’Histoire,
Qu’à l’instant que Paris se met à la raison,
Mon prince visitant sa royale maison,
Va fournir de sujet aux outils de sa gloire.
Embrassez vous, François. Espagnols, à genoux
Pour recevoir la loy, car la paix est chez nous.
Ensuite de quoi ce prince, elevé par son sage gouverneur le mareschal de Villeroy (là present avec le sieur de Villequier, lieutenant general en ses armées et capitaine de ses gardes, le sieur de Bellingham, premier escuyer, le comte de Nogent, capitaine des gardes de la Porte, et plusieurs autres seigneurs et gentilshommes de sa Cour) et instruit en toutes les vertus royales, surtout en la liberalité, qui en est la principale, recompensa plus magnifiquement le travail d’un quart d’heure de ses imprimeurs que celuy de huit jours ne l’eust esté par d’autres.
Quelques jours auparavant, le mareschal de Rantzau fut icy arresté par ordre du Roy, dont l’on n’a pas trouvé à propos de publier encor le sujet.
La levée du siege de Ponteaudemer, investi par huit cens hommes de pied et quatre cens chevaux du duc de Longueville
C’est quelque chose de se bien deffendre, mais quand la valeur se trouve en des bourgeois [p. 6] dont on ne l’attendoit pas quand des gens non aguerris et qui ne s’attendoient à rien moins qu’à quitter leur trafic pour prendre les armes s’en acquittent aussi bien que s’ils estoient de longue main experimentez au fait de la guerre, c’est plus de louange et un tesmoignage qu’on ne peut desormais douter de leur affection envers leur prince. Ce que vous allez apprendre des habitans de Ponteaudemer, ville de Normandie nagueres reduite au service du Roy par le comte d’Harcourt.
Tandis que ce prince se maintenoit dans cette province, par la reputation de son courage et de sa conduite jointe au respect qu’imprime le parti royal dans les cœurs du party contraire, qui ont empesché le duc de Longueville de prendre aucun avantage sur luy, bien que le renfort qu’il attendoit ne l’eust pas encor joint comme il a fait depuis, à scavoir le sixieme de ce mois.
Le sieur de Chamboy, capitaine lieutenant de la compagnie des gens d’armes du duc de Longueville, ayant choisi la nuict du deux au troisiesme de ce mois pour n’estre point aperceu au dessein qu’il avoit d’attaquer cette ville de Ponteaudemer, il s’y rendit des la pointe du jour du troisiesme à la teste de quatre cens chevaux et de huict cens hommes de pied.
Aussitost qu’il fut arrivé, il fit sommer le sieur [p. 7] de Folleville, mareschal de camp, que le comte d’Harcourt y a laissé pour commander, de lui rendre la place et, voyant qu’il ne lui respondoit pas à son gré, le fit sommer une seconde fois. A laquelle sommation ce gouverneur lui ayant respondu à coups de mousquet, ledit sieur de Chamboy logea son infanterie dans le fauxbourg et fit attaquer les premieres barricades. Mais ce gouverneur estant sorti avec soixante et dix soldats du regiment qu’il commançoit à lever, il leur dit : Compagnons, si vous voulez que je vous croye capables de servir le Roy comme vous me l’avez tous asseuré, il me faut montrer icy ce que vous scavez faite, de quoy vous voyez bien que j’ay bonne opinion, veu que je me mets à vostre teste, sans vous avoir veu encor l’epée à la main. Paroles qui animerent tellement ces nouveaux soldats qu’ils se jetterent à corps perdu sur les ennemis, en tuerent quinze ou vingt sur la place, et donnerent la chasse au reste.
Toutefois, cette disgrace n’empescha pas que le sieur de Chamboy, voulant tenir parole au duc de Longueville, ne fist encore quelques attaques en d’autres lieux, mais ils furent si bien repoussez par les bourgeois du lieu, desquels ils pensoyent avoir meilleur marché qu’ils n’avoyent eu des premiers, que le grand feu que firent ces braves habitans, de leurs murailles et de leurs barricades, contraignirent ledit [p. 8] sieur de Chamboy et toute son infanterie te cavalerie qui avoit mis pied à terre à se retirer comme auparavant, et ceux cy à remonter sur leurs chevaux pour se sauver avec plus de diligence, non sans quelque honte d’avoir fait battre des troupes reglées par des bourgeois, et une nouvelle levée, les premiers ayant particulierement donné des marques de leur fidelité et affection au service du Roy, et le comte d’Harcourt n’ayant point esté obligé pour secourir cette ville là de quiter son quartier de La Haye Malerbe, d’où l’on nous a escrit ces nouvelles le cinquiesme de ce mois.
Imprimé à Saint Germain en Laye, le neufieme mars 1649. Avec privilege du Roy »

Vœu du conseil municipal de Saint-Germain-en-Laye pour la restauration de la chapelle du château

« Ville de Saint-Germain-en-Laye
Extrait du registre des délibérations du conseil municipal
Séance du 1er décembre 1886
L’an mil huit cent quatre-vingt-six, le premier décembre,
Les membres du conseil municipal se sont réunis au lieu ordinaire de leurs séances à l’hôtel de ville, sous la présidence de M. de Mortillet, maire,
Etaient présents :
MM. Dambrine, Guillemin, Georget, de Nézot, Godet, Duval, Diris, Rebours, Noël, Bauchin, Dagand, Miss, Tincelin, Beaune, Sevin, Laurent, Garnier
M. le maire met en délibération les vœux présentés pendant la session de novembre dernier :
Vœu concernant l’achèvement de la chapelle du château :
Les membres du conseil municipal soussignés,
Considérant qu’en vue de l’exposition universelle de 1889 il y a intérêt pour la ville de Saint-Germain-en-Laye à voir terminer la chapelle du château, qui sera sûrement l’objet de visites nombreuses des architectes français et étrangers,
Considérant que la restauration de la chapelle, entreprise depuis plusieurs années, est restée suspendue par suite de l’insuffisance des crédits,
Emettent le vœu que l’administration municipale veuille bien faire les démarches nécessaires afin d’activer la reprise des travaux pour que ce monument historique, qui se lie intimement à l’histoire de France, soit terminé pour 1889.
Ont signé : Henry Johnson, Diris, Godet, Noël, Goerget, Juteau, Meiss, Beaune, Garnier, Nap. Laurent, Roux
Après en avoir délibéré,
Approuvé à l’unanimité le vœu qui précède.
Pour extrait conforme,
Le maire
G. de Mortillet »

Arrêt du Conseil ordonnant le paiement du transport jusqu’à Saint-Germain-en-Laye des éléments de décor de la chapelle et de la chambre du conseil

« Il est ordonné au tresorier de l’Espargne paier comptant à Monner, garde des meubles du Roy, la somme de cinquante escus pour avoir faict amener de Paris en ce lieu douze voictures de charrettes chargees de tappis et tapisseries, draps de pied, parement et careaux pour servir tant à la chappelle qu’il a convenu faire tendre pour les festes et jour de Noel que pour la chambre de messieurs du conseil, compris le retour, conduicte et tenture d’iceux. »

Mandement ordonnant le transfert dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye des services fondés au château de Poissy, détruit par ordre du roi

« [p. 665] Charles, par la grace de Dieu roy de France, a tous ceux qui ces presentes lettres verront, salut. Scavoir faisons que comme ou chastel qui nagueres etoit a Poissy, lequel pour certaines causes avons fait detruire et demolir du tout, eust une chapelle fondee d’ancienneté, laquelle les religieux de Hanemont de l’ordre du Val des Escoliers de les Poissy, estoient detenus de servir et y faire celebrer certains services divins et a cette cause devoient prendre et avoir certeines rentes sur nostre recepte du lieu et ailleurs, avec aucuns droits en nostre hostel selon ce que par nos predecesseurs fut ordoné, nous qui, pour la destruction dudit chastel, ne voulons led. service estre cassé ou amenri ne l’intention des fondeurs estre par ce defraudee, avons du consentement desdits religieux et a leur requeste ordonné et ordenons par ces presentes que lesdits services soient doresnavant faits et celebrez en la chapelle de nostre chatel de Saint Germain en Laye tout en la manière que ils devoient estre faits en la chapelle dessusd. jusqua tant qu’autrement en sera par nous ordonné, et voulons et nous plaist que en faisant iceux services, iceux religieux ayent, preignent et perçoivent entierement et sans difficulté les rentes et droits qu’ils doivent prendre et avoir pour la fondation de nosdits predecesseurs tout ainsy comme ils ont usé et accoutumé de les prendre et avoir quant ils faisoient lesd. services aud. chatel de Poissy.
[p. 667] Mandons au receveur de Paris present et à venir et à tous autres à qui il peut appartenir que par cette manière leur soit delivrés sens autre mandement attendre et que paisiblement les en laissent et facent joyr et user, nonobstant l’ordonnance et mutation dessusd. et quelconques autres choses a ce contraires, et ce que delivré et payé leur en sera nous voulons estre alloyé es comptes du payement sans contredit aucun. En temoin de ce nous avons fait mettre nostre scel a ces lettres. Donné a Saint Germain en Laye le 9 jour de septembre l’an de grace 1367 et de nostre regne le 4e. »

Lettre concernant les messes célébrées dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 661] Charles, par la grace de Dieu roy de France, a nos amez et feaux gens de nos comptes a Paris, salut et dilection. Complains se sont a nous griesvement les religieux, prieur et convent de l’eglise de Nostre Dame de Hennemont lez Saint Germain en Laye comme ja pieça de moult long et ancien temps ilz, comme nos chapelains, aient fait le service divin en la chapelle ou chastel de Poissy, laquelle ja piece par le faict et occasion de nos guerres fut detruite avec le chastel et depuis par permission, ordenance de nostre tres cher seigneur et pere, dont Dieux ait l’ame, aient esté translatés, annexés et unis a la chapelle de nostre chastel de Saint Germain en Laye, en laquelle ils ont toujours continué et continuent en faisant chacun jour ledit service en livrant le luminaire en ycelle sans interruption ne deffaut aucun, en laquelle chapelle de Poissy lesdits religieux chapeleins avoient et prenoient de plein droit et fondation roialle les offrandes et tout le baise main, et semblablement, attendue lad. translation et union, ils les doivent et peuvent prendre en lad. chapelle dudit Saint Germain, et combien que le premier chapelain de lad. chapelle qui, de sa fondation, doit celebrer ou faire celebrer en lad. chapelle trois messes la semaine et aussi livrer luminaires, cierges et torches pour lesd. messes et pour la levation du benoist saint sacrement, dont il prend pour ce faire certaine somme d’argent et quantité de cire en nostre recepte de Paris, que nemoins iceluy premier chapelain n’y chante ne n’y fait chanter, passez sont trois ans ou environ, et encores nonobstant ce s’efforce de prendre et percevoir et avoir ycelles offrandes et baisemains contre droit et raison et au grand grief, prejudice et grant charge d’iceux religieux qui lesdites messes dient en icelle chapelle chacune semaine continuellement, et aussi en faisant icelles messes quierent du leur propre la cire et luminaire qui y appartient, combien qu’ils soient petitement fondés et fort grevez tant des bestes sauvages de la forest comme de gens d’armes passans par le pays, par quoy ils ne pourroient bonnement trouver ne livrer ledit luminaire, comme ils ne soient a ce aucunement tenuz dont ils sont moult chargiés et dommangés, et seroient encores plus se par nous ne leurs estoit sur ce pourveu de remede convenable, et mesmement que par privilege en tous chateaux et hostels roiaux aucun n’a droit de prendre aucune des choses dessusdites fors les chappelains ou chappelain celebrant et faisant esdits lieux continuelle residence, si comme ils dient, requerant sur ce nostre gracieuse provision. Pourquoy nous, ces choses consideré, attendu aussy que qui desert a l’autel de l’autel doit vivre, inclinans a leur sipplication, vous mandons et enjoignons expressement, en commettant, se metier est, que se souverenement et de plein appellez ceux [p. 667] qui pour ce seront a appeller, il vous appert les choses dessus dittes estre vrayes, faittes faire commandement audit premier chappelain de ladite chapelle de Saint Germain qu’il baille et face bailler et delivrer le luminaire, torche, cierges et autres choses qu’il doit bailler et delivrer pour faire ledit service divin, et ou cas qu’il en soit reffusans, contredisans ou dilayans, faites icelles choses delivrer et bailler aux dessusdits religieux ou a celuy ou ceulx qui deserviront a laditte chapelle en contraignant a ce tous ceux qui pour ce seront a contraindre en telle manière que ledit service y puisse etre fait et accomply. Car ainsy le voulons estre fait et ausdits religieux l’avons octroyé et octroyons de grace especial par ces presentes pour consideration des choses desssudites se mestier est. Donné audit lieu de Saint Germain en Laye le 2d jour de novembre l’an de gace mil CCC IIIIxx et quatre et le quint de nostre regne. »

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« L'administration des Bâtiments civils demande le concours du service des Monuments historiques pour hâter l'achèvement des restaurations entreprises dans la chapelle. Le devis de la dépense s'élève à 236548 francs 10. On pourrait allouer 100 000 francs sur 4 exercices.
Adopté »

Devis pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle de saint Louis
Extrait du devis général en date du 22 février 1862
Travaux à exécuter par les soins et aux frais du ministère des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Construction d’un éperon de 2.00*1.00 et sur 20 m. 00 de hauteur, produit : 40.000
7 éperons semblables, cubant : 280.000
Les murs en soubassement de 30.00 de longueur sur 10.00 de hauteur et sur 1.50 : 450.000
Les murs de la petite sacristie de 16.00 de développement sur 10.00 et sur 0.60 d’épaisseur, cubant : 96.000
La pyramide de 4.00 sur 4.00 et sur 3.00 : 48.000
Les meneaux en pierre d’une grande croisée de 4.50 sur 9.00 et sur 0.50 et cubant : 20.250
2 semblables : 40.500
Une croisée du rond-point de 3.00 sur 9.00 et sur 0.50 cubant : 13.500
3 semblables : 40.500
Cube total : 1028.750
Dont en riche de Saint-Nom, cubant 350.000 à raison de 120 f. 00 : 42000 f. 00
Et en banc royal de Conflans, cubant ensemble 380.000 à raison de 110 f. 00 le mètre : 41800 f. 00
Le surplus en moellon et mortier de chaux hydraulique cubant 298.750 à raison de 18 f. 00 le mètre : 5377 f. 50
Taille de parements vus et layés sur pierre de Saint-Nom d’une surface de 2977 m. 833 à raison de 7 f. 00 le mètre superficiel : 20844 f. 83
1er total : 110022 f. 33
Les honoraires de l’architecte, calculés à raison de 5 % : 5501 f. 11
Les honoraires de l’inspecteur et du vérificateur, calculés à raison de 2 et ½ pour cent et pour les 2 agents : 2750 f. 56
Frais de direction : 8251 f. 67
Total du présent devis : 118274 f. 00
L’architecte soussigné
Eugène Millet
Paris, ce 3 mars 1874
Approuvé,
Le 25 mai 1874
Le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
A. de Cumont »

Devis complémentaire pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Château de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle de saint Louis
Devis complémentaire des travaux à exécuter par les soins et aux frais de l’administration des Monuments historiques
Construction d’un éperon de la chapelle en roche de Saint-Nom et banc royal de Conflans avec garnissage en maçonneries de moellons hourdées en mortier de chaux hydraulique, estimée d’après ceux déjà exécutés : 15126.00
1 semblable : 15126.00
Construction d’une pile d’angle intérieure, estimée compris parements et d’après celles déjà construites à : 2600.00
1 semblable : 2600.00
Construction d’une grande croisée et d’un mur de soubassement au-dessous, y compris l’arcature inférieure, estimée à : 6137.00
2 semblables : 12274.00
Serrurerie de ces trois croisées, fers à vitraux avec pannetons, clavettes, tôles, barlottières et scellements en cuivre rouge, estimé à la somme de : 4500.00
Construction de la rose, compris parements droits et moulurés, armatures des vitraux, estimée à : 30548.00
Le dallage de la chapelle d’une surface de 225.00 à raison de 40 francs le mètre : 9000.00
Achèvement de la sculpture comprenant la corniche à crochets, les 2 gargouilles, les chapiteaux des piles intérieures de l’arcature inférieure des croisées et de la rose, estimé à : 6800.00
Achèvement de la charpente du comble en bois de chêne de choix, lavé à la scie sur les 4 faces et exactement à vives arêtes, cubant ensemble 27 stères 348, à raison de 210 f. 00 la stère : 5743.08
Voligeage en sapin de 0.027 mil. d’épaisseur, surfaces 285.00 à 5.00 le mètre superificiel, compris tasseaux : 1425.00
Couverture du comble en plomb de 0 m. 0025 d’épaisseur, surface développée 340.00 pesant 28.40 le mètre, poids 9.656 k. à raison de 1 f. 50 le kilogramme, compris façon et pose : 14484.00
Crête de faitage en plomb dudit comble d’une longueur de 18 m. 00 à raison de 400 f. le mètre linéaire, compris façon et pose : 7200.00
Couverture de la flèche en plomb de 0.0025 pesant 28 k. 40 le mètre, surface de la plomberie 250.00 et pesant 7.100 kilog. à 5.00 le kilogramme, compris façon et pose : 35500.00 ; décoration de la flèche, gargouilles, fleurons, couronne et chapiteau, estimé à : 2450.00 : 37950.00
Les portes de la chapelle, la porte de la sacristie et les petits châssis en chêne de choix estimées ensemble à la somme de : 500.00
La peinture des fers à vitraux et des menuiseries estimées ensemble à : 300.00
Vitrerie de l’ensemble des croisées et de la rose, compris les croisées aveugles, surface 420 m. 00, dont 109 m. 00 de vitraux légendaires à 350 f. 00 le mètre : 38150.00 ; le surplus en verre double verdâtre de tons différents montés en plomb à compartiments avec bandes en grisaille au pourtour, surface 311.00 à 80 francs le mètre : 24880.00 ; plus-value d’étamage des croisées aveugles, estimée à : 8800.00 : 71830.00
Ensemble : 244143 f. 08
Dont ½ pour l’administration des Monuments historiques : 122071.54
Honoraires de l’architecte à 5 p. % : 6103.57
Honoraires de l’inspecteur et du vérificateur à 2 ½ % pour ces 2 agents : 3051.78
Frais de direction : 9155.35
Total du présent devis : 131226 f. 89
L’architecte soussigné
Eugène Millet
Paris, le 25 août 1878
Approuvé, le 24 août 1878
Le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des beaux-Arts
A. Sardoux »

Lettre concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Saint-Germain-en-Laye, 3 mars 1880
A Son Excellence le ministre des Beaux-Arts, Paris
Monsieur le Ministre,
Je viens appeler votre sollicitude sur les travaux de réédification de la chapelle du château de Saint-Germain, qui, s’ils devaient se terminer d’après le plan en cours d’exécution, donneraient une singulière idée du goût français.
Du côté de la place, on a conservé pur notre architecture ogival avec ses lignes irréprochables. L’effet en est charmant et pour celui qui possède le moindre sentiment des choses simples et belles, il doit être heureux de voir l’art si bien compris. Pourquoi ne pas avoir suivi le même style du côté de la cour, qui s’imposait tout naturellement ? C’était tellement rationnel que la question reste indiscutable.
On a eu la malheureuse idée, Monsieur le Ministre, de faire des contreforts et une espèce de couronnement qui détruisent l’effet de l’ensemble de la chapelle, un hors d’œuvre qu’il fallait respecter. N’imitons pas le vandalisme de Louis XIII dont les constructions sont heureusement détruites.
Le plan qu’on suit maintenant est peut-être du dernier empire. Est-ce un motif pour le suivre ? Nous avons eu à réformer tant de choses de ce malheureux règne que nous sommes engagés moralement à persister dans cette voie.
Je pense, Monsieur le Ministre, et mon opinion n’est pas isolée, qu’on ne peut hésiter à faire disparaître des constructions qui pourraient faire supposer que nous sommes en pleine décadence.
Quand il s’agit d’un monument public de cette importance, rappelant des souvenirs historiques d’une des plus brillantes époques de l’art, il ne doit pas être permis sous un gouvernement comme celui que nous possédons de se livrer aux fantaisies que nous avons sous les yeux.
Prouvons à tous que notre jeune République s’inspire d’idées grands et nobles en édifiant des monuments irréprochables et en dehors de toute critique. Nous sollicitons assurément les suffrages des gens d’esprit, ainsi que ceux dont l’intelligence est portée vers le bien et le beau.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de mes sentiments les plus respectueux.
Bédie
Rentier, rue du Viel-Abreuvoir, n° 11, Saint-Germain-en-Laye »

Cette lettre est annotée : « Viollet-le-Duc »

Rapport concernant les portes de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Portes de la chapelle
La porte de la chapelle du temps de saint Louis était en A, sous la première fenêtre du côté nord. Elle fut masquée plus tard, mais non entièrement bouchée, par la tourelle de François Ier construite en C. Cette porte servit encore du temps de François Ier. On y descendait de la cour à l’aide de quelques marches, en passant sous l’escalier de la tourelle.
Plus tard, la cour résidant très souvent à Saint-Germain, cette entrée fut jugée peu digne des hôtes du château à cause de son exiguïté et c’est alors qu’on construisit la 2ème porte, celle marquée B sur le plan. Ce travail a été probablement exécuté sous Henri II, si ce n’est même à la fin du règne de son père.
Cette porte B fut établie, comme celle de saint Louis, de plein pied avec le sol primitif de la chapelle. Elle fut percée dans le soubassement de la fenêtre adjacente et dans l’axe de celle-ci. On lui donna plus de largeur qu’à la première et sans doute aussi un aspect monumental dans le style de la Renaissance. Mais comme alors le sol du rez-de-chaussée du château était beaucoup plus élevé, on descendait de la cour vers cette porte au moyen d’un perron qui se trouve figuré dans le plan d’Androuet du Cerceau.
Plus tard encore, le château étant plus rarement habité par la cour, et par suite mal entretenu, afin d’obvier aux inconvénients qui résultaient pour la chapelle de sa situation en contrebas de la cour, on résolut d’en exhausser le sol à la hauteur de celle-ci. Mais alors il fallut relever la porte B, ce que l’on fit en la maintenant dans le même plan vertical que la première et toujours dans l’axe de la fenêtre située au-dessus. Il est probable que ce travail fut exécuté après les guerres de Religion, soit à la fin du règne de Henri IV, ou plutôt sous Louis XIII, ce que l’on saurait avec exactitude en consultant les archives nationales.
29 mars 1880
Eugène Choret »

Rapport concernant les paiements pour les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Palais-Royal, le 1er mars 1883
Rapport à monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre
Les travaux exécutés en 1881-1882 pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye se sont élevés à la somme de : 27288 f. 71 c.
Qui se répartissent comme il suit :
Maçonnerie : 15149 f. 25 c.
Charpente : 3405 f. 98 c.
Couverture : 6625 f. 78 c.
Serrurerie : 203 f. 84 c.
Total des travaux : 25384 f. 85 c.
Honoraires de l’architecte à 5 % : 1269 f. 24 c.
Honoraires de l’inspecteur, 1,25 % : 317 f. 31 c.
Honoraires du vérificateur, 1,25 % : 317 f. 31 c.
Total de la dépense : 27288 f. 71 c.
Sur cette somme, il a été payé déjà : 14076 f. 28 c.
De sorte qu’il reste dû : 13212 f. 43 c.
Dont je vous prie de vouloir bien autoriser le paiement en revêtant de votre signature le projet d’arrêté ci-joint.
Agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le directeur des Beaux-Arts
A. Kaempfen »

Rapport concernant la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport de la commission par M. Bruyerre, inspecteur général, sur un projet de flèche pour la chapelle du château de Saint-Germain (Seine-et-Oise)
Séance du 11 décembre 1885
Dans une précédente séance, la commission des Monuments historiques a examiné un projet de décoration en plomberie pour la flèche en charpente élevée par Millet sur la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Elle a demandé que le projet en style du XVe siècle présenté par M. Lafollye soit modifié autant que possible dans l’esprit du projet de Millet.
M. Lafollye a présenté un nouveau projet et, dans sa séance du 11 décembre, la commission a demandé qu’un nouveau projet soit étudié par l’architecte, en se rapprochant plus qu’il ne l’a fait du projet de Millet.
M. Lafollye devra donc être invité à présenter une nouvelle étude avec détails à l’appui.
Paris, 11 décembre 1885
Bruyerre »

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« M. de Mortillet fait part à la commission du désir qu'aurait la Ville de Saint-Germain de voir la chapelle du château terminée en 1889.
M. le président lui répond qu'il est nécessaire de connaître au préalable le chiffre de la dépense pour l'achèvement de la restauration, afin de faire au besoin une demande de crédit. »

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 205] M. le ministre des Travaux publics a fait connaître qu'il serait nécessaire de pourvoir à bref délai à la réfection de la tourelle d'escalier située dans la cour du château et, considérant cette opération comme intimement liée à la restauration de la chapelle, a transmis à son collègue des Beaux-Arts un nouveau projet étudié par M. Daumet en vue de l'exécution des travaux en le priant de le soumettre à l'examen de la commission.
M. Selmersheim, rapporteur en ce qui concerne la partie du projet relative à la restauration de la porte de la chapelle du XIIIe siècle et de l'escalier de la Renaissance contigu, est d'avis d'écarter les propositions de l'architecte, dont le résultat serait de faire disparaître l’œuvre de la Renaissance pour faire place à une porte neuve, et d’inviter l'architecte à dégager autant que possible les restes du Moyen Âge en les laissant dans l'état fruste où ils ont été trouvés et à respecter la disposition ancienne.
M. l’inspecteur général indique en même temps comment une autre porte reproduisant les éléments de la première pourrait être établie dans la travée correspondante au sud où subsistent deux assises des piédroits d'une porte semblable.
Pour l'achèvement de la restauration de la chapelle, M. le ministre des Travaux publics rappelle que l'administration des Beaux-Arts s’est engagée à prendre à sa charge la moitié de la dépense et que, d'après les comptes arrêtés en 1881, une somme de 58 478 francs resterait lui incomber de ce chef. Mais le nouveau devis de M. Daumet évalue à 276 172 francs cette partie de l'entreprise, soit une nouvelle dépense de 200000 francs à partager par moitié entre les deux départements. Sans contester la valeur [p. 206] des raisons qui, d’après l'architecte, justifient cette augmentation de la dépense, M. l'inspecteur général estime que, si l'administration des Beaux-Arts doit remplir les conditions de l'engagement pris par elle en 1874 pour payer sa part contributive dans la dépense de l'ancien devis, elle ne peut s’engager dans les mêmes conditions pour l'avenir qu’autant qu'il sera bien entendu qu'elle exercera directement, comme par le passé, son contrôle sur les travaux.
M. le directeur des Bâtiments civils demande ce qu'on doit entendre par le contrôle direct. Il est loin de s'y refuser puisqu’il a soumis le projet à l'examen de la commission, mais il ne peut concevoir que l'architecte reçoive de deux ministres des ordres qui pourraient être contradictoires.
M. de Baudot fait ressortir toute la différence qui existe entre voter l'approbation d'un projet ou en surveiller l'exécution : c'est à ce moment que s’exerce véritablement et utilement le contrôle.
M. le président entend que ce contrôle doit être exercé par l’inspecteur général des Monuments historiques, qui se concerterait avec l’inspecteur général des Bâtiments civils, pourrait visiter le chantier et, au besoin, arrêter les travaux s'il ne les jugeait pas conformes à l’esprit de la commission.
M. le directeur des Bâtiments civils déclare accepter dans ces conditions le contrôle de la commission. Sur la demande de M. le directeur des Bâtiments civils, en ce qui concerne les 58000 francs restant dus sur le crédit des Monuments historiques, la commission est d'avis d'en répartir le paiement sur deux exercices, soit 30000 francs sur 1895 et le reste sur 1896. »

Rapport concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Rapport de la commission par M. Selmersheim, inspecteur général, sur un projet de restauration concernant la chapelle du château de Saint-Germain et la tourelle y attenant
Séance du 9 novembre 1894
Monsieur le ministre des Travaux publics soumet à l’approbation de son collègue des Beaux-Arts un projet de restauration relatif à la chapelle du château de Saint-Germain, dont les travaux sont interrompus, faute de ressources, depuis 1881. Ce projet comprend :
1° La restauration de la tourelle d’escalier du XVIe siècle contiguë à la chapelle dont l’estimation est de 64575 f. 00
2° L’achèvement de la restauration de la chapelle proprement dite évaluée à 276172 f. 00
Ensemble : 340747 f. 00
M. le ministre des Travaux publics, se basant sur la lettre du 11 février 1874 par laquelle l’administration des Monuments historiques s’est engagée à concourir par moitié dans les réparations de la chapelle, demande que le projet soit soumis à l’examen de la commission des Monuments historiques, afin que l’administration des Beaux-Arts fasse connaître quelle somme elle pourra consacrer à la restauration dont il s’agit.
Relativement à la première partie du projet, c’est-à-dire la restauration de la porte de la chapelle du XIIIe siècle et de l’escalier de la Renaissance contigu, M. l’architecte Daumet prévoit la reconstruction de cette porte pour être remise en usage, et l’établissement d’une espèce de vestibule voûté disposé en avant dans le périmètre de la tourelle et dont le résultat sera la suppression complète de la première révolution de l’escalier. Cette conception aura pour conséquence l’annihilation de l’œuvre de la Renaissance au profit d’une porte neuve (car l’ouverture actuelle est dans un tel état de dégradation qu’on ne peut la rendre à son ancienne destination sans la refaire) et cette solution ne donnera pas plus satisfaction aux intérêts archéologiques qu’aux besoins matériels, puisque la Renaissance a créé, à la travée voisine, une porte, qui a été restaurée par Millet, et sert d’entrée directe et commode à la chapelle.
On comprendrait que l’architecte ait cherché à dégager autant que possible, et cela paraît facile, ces restes du Moyen Âge, pour que le public puisse les voir, mais à la condition qu’ils restent dans l’état fruste où on les a trouvés, et que la disposition ancienne de l’escalier ne soit pas modifiée. Nous avons l’honneur de proposer à la commission de se rallier à cette proposition, d’autant plus que si le besoin se fait absolument sentir de restituer la composition de cette porte, on peut donner libre cours à cette idée dans la travée correspondante au sud, où il subsiste deux assises des piédroits d’une porte semblable, qu’il est possible de compléter en copiant les éléments de celle au nord et qui servira de communication avec l’aile sud-ouest du château.
Relativement à l’achèvement de la restauration de la chapelle, Monsieur le ministre des Travaux publics rappelle que d’après les comptes arrêtés en 1881 une somme de 58478 f. 00 resterait à la charge du service des Monuments historiques pour épuiser les prévisions du devis à la coopération duquel cette administration s’est engagée, et que le service des Bâtiments civils n’aurait que 16053 f. 00 à dépenser de ce chef, mais que le nouveau devis dressé par M. Daumet évalue les travaux d’achèvement à 276172 f., on doit, en dehors des chiffres précités, une nouvelle somme de 200000 f. environ à partager par moitié entre les deux départements, ce qui porterait la part contributive du budget des Beaux-Arts à 160000 f. environ.
Monsieur le Ministre justifie l’augmentation de 200000 f. sur les primitives évaluations par le fait qu’à l’époque de la rédaction du premier devis par Millet, il était difficile de se rendre un compte exact de la dépense nécessaire à cette restauration, et que le renchérissement de la main d’œuvre depuis 1881 contribue à cette augmentation.
Sans contester la valeur de ces arguments, on peut faire remarquer que, si l’administration des Beaux-Arts doit remplir les conditions de son engagement de 1874 en ouvrant le crédit nécessaire à l’extinction de sa part contributive sur l’ancien devis, elle ne peut s’engager sur le nouveau devis que s’il est bien entendu qu’elle conservera une large part dans la direction de l’entreprise et exercera librement son contrôle.
Pour nous résumer, nous avons l’honneur de proposer à la commission de décider la modification du projet de restauration de la tourelle et de la porte de la chapelle suivant les indications développées plus haut, pour l’achèvement de la restauration de la chapelle de voter le crédit de 58478 f. 00, montant de la part contributive du service des Beaux-Arts sur le devis primitif, et de subordonner la participation du même service aux nouvelles dépenses au libre exercice du contrôle direct de la commission sur les dits travaux.
Paris, le 8 novembre 1894.
Selmersheim
Les conclusions du présent rapport ont été adoptées par la commission »

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 294] M. Daumet donne connaissance à la commission des plans dressés en vue de l'ouverture de la rose du pignon ouest de la chapelle.
Après une observation de M. Paul Boeswillwald qui ne croit pas qu'il soit indispensable de faire apparaître la rose dans la salle François Ier, M. le directeur des Beaux-Arts demande s'il ne conviendrait pas plutôt d'essayer de reconstituer le bâtiment tel qu'il était du temps de François Ier.
MM. Paul Boeswillwald et Gonse sont de l'avis de M. le directeur des Beaux-Arts et insistent sur les inconvénients de mélanger deux styles, alors qu'au contraire on peut les compléter chacun.
M. le directeur des Beaux-Arts souhaiterait qu'on se bornât à reconstituer la salle de Mars dans l'aspect qu'elle avait sous François Ier, y compris le pan-coupé, quitte à ne pas exposer la colonne Trajane.
M. Gonse préconise la solution indiquée par M. le directeur des Beaux-Arts et la commission, d'accord avec M. Daumet lui-même, émet l'avis qu’il y a lieu de conserver les dispositions résultant des adjonctions de la Renaissance, c'est-à-dire de laisser subsister le mur construit au XVIe siècle devant la rose, en le [p. 295] consolidant de telle sorte que le réseau puisse être restauré et dégagé à moitié de son épaisseur, comme cela a été fait pour les deux fenêtres aveugles du chevet. Elle a émis en outre le vœu que les deux dernières travées de la salle de Mars soient restaurées en rétablissant le pan coupé marqué sur le plan de Androuet du Cerceau, c’est-à-dire en supprimant l'équarrissement de la pièce exécutée sous Louis XIV, quand on construisit le pavillon occupé aujourd'hui par le personnel du musée.
Second projet : restauration de la porte du XIIIe siècle, enclavée dans la tourelle de la Renaissance.
M. le directeur des Beaux-Arts voudrait que pour la discussion de ce second projet, la commission se plaçât sur le même terrain que pour la discussion du premier.
M. Gonse demande si l'on peut parvenir à dégager la porte.
M. Selmersheim répond qu'on peut la dégager, mais pas s'en servir. D'ailleurs, ajoute-t-il, déjà à la Renaissance, on avait supprimé la porte ancienne.
Après une observation de M. Boeswillwald qui estime qu'il convient de laisser la porte ancienne telle quelle, en se contentant de la consolider, M. le directeur des Beaux-Arts consulte la commission qui émet l'avis que la baie dont il est question doit être consolidée, mais non pas restaurée, attendu que, vu son état, une restauration équivaudrait à une reconstruction. Elle sera murée et la restauration de la tourelle sera faite en dégageant autant que possible cette substruction afin qu'elle puisse être vue et étudiée par les visiteurs et les artistes. »

Lettre de Salomon Reinach concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), le 16 février 1897
Monsieur le Ministre,
Permettez-moi d’attirer toute votre attention – celle du savant plus encore que celle de l’homme d’Etat – sur un grave danger qui menace l’avenir du musée de Saint-Germain.
La commission des Monuments historiques, cédant à des idées d’ordre esthétique, et sans la moindre considération sur le contenu présent et futur du musée, est à la veille de faire mettre à exécution une décision funeste pour nos collections.
Il s’agit de l’achèvement du château du côté de la chapelle de saint Louis.
Feu Millet avait conçu un plan qui, bien que sacrifiant une bonne partie de la surface couverte disponible, avait le mérite de laisser intacte la salle de Mars et de ménager, derrière elle, certains locaux qui pourraient être employés utilement.
La commission substitue à ce plan celui d’Androuet du Cerceau, qui mutile abominablement la salle de Mars et place derrière une pièce pentagonale impossible à utiliser.
M. Daumet présente, de son côté, un projet digne du grand artiste qu’il est, qui dégage la rose de la chapelle comme au temps de saint Louis, mais qui mutile la salle de Mar, construite par François Ier, et diminue de plusieurs centaines de mètres carrés la surface disponible pour nos collections.
Voici trois croquis sommaires pour vous éclairer.
1° Plan de Millet
[dessin]
2° Plan de Du Cerceau (commission des Monuments historiques)
[dessin]
La partie ombrée est la surface perdue par comparaison avec le projet de Millet. La salle placée derrière la salle de Mars serait perdue aussi, ne pouvant servir que de magasin, et encore !
3° Projet de M. Daumet
[dessin]
La partie ombrée est la surface perdue par comparaison avec le projet de Millet. Sur trois étages. Vous voyez ce que cette surface sacrifiée peut représenter de vitrines et de collections !
En principe, les architectes s’occupent de l’aspect des bâtiments. Trouver de la place pour des collections futures n’est pas leur affaire. Mais les conservateurs de musées, qui savent combien le Louvre est à l’étroit, qui connaissent le nombre de belles collections privées dont l’Etat est appelé, un jour ou l’autre, à hériter, ont le devoir de pousser un cri d’alarme, de remuer ciel et terre quand on vient diminuer arbitrairement et à tout jamais la surface couverte réservée aux collections.
Je pense que le plan de Millet lui-même est mauvais, parce que la partie ABCD (fig. 1) est trop restreinte. Sur la fig. 1, la partie teintée en bleu marque la surface couverte ajoutée par Mansart que le plan de Millet sacrifie. Je veux bien qu’on en sacrifie une partie pour que l’esthétique soit contente, mais il faut que le sacrifice soit aussi restreint que possible. On peut chercher quelque-chose suivant la donnée que voici :
[dessin]
Je sais bien que ce pavillon A n’existe ni dans le plan de Louis XIV, ni dans celui de François Ier, mais le terrain existe, il est propriété de l’Etat, et l’on demandera compte, vers 1950, à ceux qui, pouvant l’utiliser pour le musée des Antiquités nationales, l’ont sacrifié à des préoccupations d’esthétique, ces mêmes préoccupations qui ont donné naissance à la plus grande folie de l’architecture contemporaine, le charmant et inutilisable musée Galliera.
Je vous en prie, Monsieur le Ministre, voyez comment on peut donner suite à cette lettre. Les commissions ne sont point souveraines, mais consultatives. Il n’y a pas que les architectes, il y a les archéologues. Songez que le mal, une fois fait, sera irréparable !
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.
Salomon Reinach
Conservateur adjoint »

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« M. l’inspecteur général architecte Daumet soumet deux propositions relatives :
1° au non-achèvement de la flèche de la chapelle
2° à la translation du cadran situé au sommet du donjon de Charles V dans l'encadrement préparé au 17e siècle au 1er étage au-dessus de la porte d'entrée.
La commission approuve ces propositions et, sur la demande de Pascal, elle émet le vœu que la municipalité fasse disparaître le petit chalet situé devant le château. »

Rapport sur les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes
Commission des Monuments historiques
Rapport à la commission par M. Selmersheim, inspecteur général, sur l’achèvement de la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
Séance du 10 mai 1907
Monsieur l’architecte Daumet soumet à l’approbation un devis estimatif s’élevant à 57140 f. 47 destiné à terminer la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye commencée en 1862.
Cette estimation comprend les travaux suivants :
Pour la maçonnerie, quelques reprises aux soubassements et aux fenêtres du rez-de-chaussée de la façade ouest ; l’établissement d’une clôture en pierre à l’entrée de la galerie à droite du passage à voitures ; le démontage et la repose en nouvel emplacement du cadran extérieur de l’horloge ;
Pour la charpente, la démolition de la flèche de la chapelle ;
Pour la couverture, les raccords du comble après l’enlèvement de la flèche ;
Pour l’horlogerie, le changement de l’emplacement de l’horloge ;
Enfin divers travaux de menuiserie et de serrurerie.
La commission, dans sa séance du 25 janvier dernier, ayant décidé la plupart de ces travaux, nous proposons l’approbation du devis en question, par lequel on terminera la restauration du château de Saint-Germain et dont les fonds pourront être à la charge du service des Monuments.
Paris, 8 mai 1907
Selmersheim »

Lettre concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Château et parterres et terrasses de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
République française
Saint-Germain-en-Laye, le 7 août 1907
L’architecte du château de Saint-Germain à monsieur le Sous-Secrétaire d’Etat des Beaux-Arts
Monuments historiques
J’ai l’honneur de vous adresser sous ce plu les soumissions en double expédition à faire signer, compris imprévus, à :
MM. Prévost et Chatignoux, entrepreneurs de maçonnerie : 14503 f. 68
Laubeuf, entrepreneurs de charpente : 5324,00
Monduit, entrepreneur de plomberie : 10890,00
Hoffmann, entrepreneur de menuiserie : 8479,35
Moutier, entrepreneur de serrurerie : 8706,44
Beauvais, horloger : 4400,00
Pour l’exécution des travaux prévus au devis de 55140,47 approuvé le 24 mai 1907, ces travaux devant s’exécuter en 1907 jusqu’à concurrence d’une somme de vingt-cinq mille francs, et le reste sur les exercices suivants.
Les domiciles des entrepreneurs sont les suivants :
Prévost et Chatignoux à l’Isle-Adam (Seine-et-Oise)
Monduit, rue Poncelet 31 à Paris
Laubeuf, Hoffmann, Moutier et Beauvais à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
L’architecte du château de Saint-Germain
Daumet
P.S. Me référant à l’article 18 du décret du 18 novembre 1882 qui autorise votre administration à traiter de gré à gré avec les entrepreneurs pour l’exécution des travaux d’ordre spécial comme celui dont il s’agir, je propose de confier les travaux d’horlogerie à M. Beauvais, depuis fort longtemps horloger du château de Saint-Germain. »

Lettre concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Monuments historiques
Minute de lettre du 24 mai 1907
Le sous-secrétaire d’Etat des Beaux-Arts à M. Daumet, architecte
En réponse à votre lettre du 11 novembre dernier, j’ai l’honneur de vous informer qu’une somme de 11000 f. sera réservée en 1908 sur les crédits des Monuments historiques pour les travaux à exécuter à la chapelle du château de Saint-Germain.
Je vous serai très obligé de me faire parvenir une deuxième expédition de votre devis approuvé le 24 mai 1907 et qui s’élève à 55140 f. 47. »

Lettre demandant pour l’église paroissiale des objets provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Saint-Germain-en-Laye, 18 avril 1863
Sire,
Votre Majesté n’ignore pas que la chapelle du château de Saint-Germain, bâtie par saint Louis dans un style qui rappelle celui de la Sainte-Chapelle, a été par les soins de Louis XIII restaurée dans le goût qui dominait sous le règne de ce monarque. Les boiseries du chœur, le retable de l’autel et l’autel lui-même, quoique s’éloignant du caractère primitif de la chapelle, étaient justement admirés et l’ensemble de cette décoration intérieure était d’une telle magnificence que Louis XIV, malgré son goût pour les constructions et les embellissemens, n’y trouva rien à faire.
Lors de la tourmente révolutionnaire, l’autel fut démoli, les boiseries du chœur furent brisées, les grilles vendues, la dévastation fut complète et il ne resta rien des magnificences dues à la piété de Louis XIII.
Pendant le règne de S. M. Charles X et par les ordres de ce monarque, on entreprit une nouvelle restauration de la chapelle. Les travaux commencés en 1826 furent terminés en 1827 et, le 6 janvier de cette année, fête de l’épiphanie, la chapelle fut bénite et rendue aux solennités du culte. Mais il est à regretter que cette dernière restauration se soit éloignée du style de la chapelle, plus encore que la restauration opérée par les soins de Louis XIII. L’autel, le retable, les boiseries, la chaire, tous les ornemens, en un mot, quoique destinés à une chapelle gothique, rappellent le style des édifices religieux construits depuis Louis XIV. Cette anomalie, qui tend à disparaître et qui, sous l’inspiration si intelligente de Votre Majesté, est remplacée dans les restaurations actuelles par un retour à des embellissemens en rapport avec le style même des édifices, cette anomalie existe dans la chapelle du château impérial de Saint-Germain-en-Laye.
La transformation de ce château en un musée gallo-romain si heureusement commencée d’après les ordres de Votre Majesté et la restauration complète de ce monument historique nécessitera, sans aucun doute, d’importans travaux dans la chapelle et il est à présumer que les hommes spéciaux qui sont investis de la confiance de Votre Majesté songeront à faire disparaître les boiseries et autres ornemens que le mauvais goût a introduits il y a trente-sept ans dans ce magnifique sanctuaire.
C’est dans la prévision de cette opération, que je crois à peu près inévitable, Sire, que j’ose supplier Votre Majesté de daigner ordonner que les boiseries, retable, autel, chaire et autres ornemens modernes qui pourront être éloignés du plan de restauration soient donnés à l’église impériale de Saint-Germain-en-Laye pour être employés par les soins de la fabrique de cette église à la restauration de la chapelle dite chapelle basse tenant à la dite église.
Cette chapelle, Sire, reste de l’ancienne église, quoique dans un état de denuement complet, nous est d’une très grande utilisé à cause de l’exiguïté de l’église. Ainsi, les dimanches et jours de fête, on y célèbre la masse d’onze heures pendant la grande messe paroissiale afin d’éviter l’encombrement de la foule. Cette chapelle pouvant contenir environ trois cents personnes sert aussi pour les réunions de la Société de secours mutuel de saint François-Xavier si heureuse et si reconnaissance de la protection que Votre Majesté daigne lui accorder. Elle sert également pour les catéchismes de la paroisse. En un mot, elle est une annexe indispensable à l’église.
Or, ainsi que j’ai eu l’honneur d’en informer Votre Majesté, cette chapelle, Sire, est tout à fait délabrée et dépourvue d’ornement et si, par un effet de votre généreuse piété, l’église était mise en possession des objets qui pourront être écartés du plan de restauration de la chapelle du château, je ne doute pas que la fabrique ne trouve dans ce don que Votre Majesté daignerait lui faire le moyen de meubler et d’orner la dite chapelle basse et de la rendre ainsi plus digne des cérémonies du culte qui s’y accomplissent et plus en rapport avec les pieux sentiments des fidèles qui la fréquentent.
Si j’avais connu, Sire, la dernière visite que Votre Majesté a faite au château, je me serais empressé de solliciter l’autorisation d’aller lui présenter mes humbles et respectueux hommages.
Daignez agréer l’assurance des sentimens de dévouement et de respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Sire, de Votre Majesté le très humble, très obéissant et très dévoué serviteur et sujet.
Chauvel
v. g., curé de Saint-Germain »

Ministère d'Etat

Mention de travaux en cours dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« M. l’abbé Codant, ancien aumônier du pénitencier, vient d’être nommé chapelain du château de Saint-Germain, rentré dans les attributions de la Couronne. On s’occupe déjà de la restauration de la chapelle, dont on a retrouvé l’ancien sol à une certaine profondeur. Les bâtiments qui avaient été élevés au-dessus de la chapelle vont faire place à une toiture rappelant l’ancien style et enrichie d’ornements et de dorures dans le genre de celles de la Sainte-Chapelle de Paris. »

Lettre demandant pour l’église paroissiale des objets provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Paroisse de Saint-Germain-en-Laye
Saint-Germain-en-Laye, le 18 septembre 1864
A Son Excellence le maréchal, ministre de la Maison de l’Empereur
Monsieur le Maréchal,
J’ai eu l’honneur d’adresser l’année dernière à Sa Majesté l’Empereur une demande tendant à obtenir pour l’église de Saint-Germain-en-Laye quelques objets provenant de la chapelle du château.
Cette chapelle, qui a subi dans la suite des siècles des transformations peu en rapport avec son origine, doit être restaurée dans le style en usage au 13e siècle et les différents objets que je demande à la munificence de l’Empereur de vouloir bien nous accorder ne pourront entrer dans le plan de la restauration projetée. C’est après avoir acquis cette conviction et après en avoir causé avec monsieur l’architecte du château que j’ai adressé ma demande.
Les objets que j’ai eu l’honneur de demander consistent en une balustrade de fer pouvant servir d’appui de communion, quelques boiseries de chœur, un dallage en pierres taillées noir et blanc et en une garniture d’autel composée de six chandeliers en cuivre et d’un crucifix, le tout de style moderne. Avec ces différents matériaux qui ont été placés de côté par les soins de monsieur l’architecte jusqu’au jour où ils pourront être accordés définitivement à la fabrique de l’église, il sera possible à cette fabrique de restaurer à peu de frais la chapelle basse de notre église qui est en très mauvais état et qui néanmoins nous est indispensable pour les besoins du culte.
Je viens donc, Monsieur le Ministre, renouveler ma demande, la recommander à votre bienveillante sollicitude et vous prier de donner des ordres pour que ces différents objets soient mis à la disposition de la fabrique de l’église.
Veuillez agréer l’assurance des sentimens respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Chauvel
v. g., curé de Saint-Germain »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Palais-Royal, le 11 février 1874
M. le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre et cher collègue,
La commission des Monuments historiques, dont l’attention a été récemment appelée sur les importants travaux que votre département fait exécuter au château de Saint-Germain, a exprimé le désir que mon administration contribuât pour une part à hâter l’achèvement de cette belle entreprise en concourant à la restauration de la chapelle, qui figure dans le devis général pour une somme de 236548 f.
En ce qui me concerne, je suis disposé, Monsieur le Ministre et cher collègue, à déférer à ce désir, et j’ai l’honneur de vous proposer en conséquence de mettre à la charge du crédit des Monuments historiques la moitié de la dépense que nécessitera la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain. Si vous agréez cette proposition, la part contribution de mon département s’élèverait à 118274 f. et serait divisée en 4 annuités à partir de 1874.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collègue, l’assurance de ma haute considération.
Le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
de Fourtou »

Ministère des Travaux publics

Mention de découvertes dans la chapelle du château et de plantations sur le Grand Parterre de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain, septembre 1872
La chapelle, époque de saint Louis
Tous les visiteurs du musée ont remarqué, à main droite en entrant dans la cour, les restes de la curieuse chapelle de saint Louis, et nous ne pouvons résister au désir de donner quelques renseignements sur cette remarquable construction. Le roi Louis XIV voulut, bien jeune encore, doter Saint-Germain d’une Sainte-Chapelle, et il confiait sa construction à l’un des plus habiles « maîtres des œuvres » de son temps. A en juger par tous les détails architectoniques, cette chapelle aurait été érigée de 1230 à 1240, et c’est ainsi qu’elle est classée par M. Viollet-le-Duc, dans son excellent Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. Le savant architecte a décrit notre Sainte-Chapelle avec soin et il termine l’article qu’il lui a consacré de la façon suivante :
« A la chapelle de Saint-Germain, aucun détail superflu, c’est sa construction seule qui fait toute sa décoration ; et, sans vouloir faire tort à Pierre de Montereau, on peut dire que si l’architecte – Champenois probablement – de la chapelle de Saint-Germain avait eu à sa disposition les trésors employés à la construction de celle de Paris, il eut fait un monument supérieur comme composition à celui que nous admirons dans la Cité. Il a su – chose rare – conformer son architecture à l’échelle de son monument, et, disposant de ressources modiques, lui donner toute l’ampleur d’un grand édifice. A la Sainte-Chapelle de Paris, on trouve des tâtonnements, des recherches qui occupent plutôt l’esprit qu’elles ne charment : à Saint-Germain, tout est clair, se comprend du premier coup d’œil. Le maître de cette œuvre était sûr de son art ; c’était en même temps un homme de goût et un savant de premier ordre. L’intérieur de ce monument était peint et les fenêtres garnies probablement de vitraux ; inutile de dire que leur effet devait être prodigieux à cause des larges surfaces qu’ils occupaient. Tous les détails de ce charmant édifice étaient traités avec grand soin ; la sculpture en est belle et entièrement de l’école champenoise ainsi que les profils. »
M. Viollet-le-Duc écrivait en 1856, et depuis cette époque M. Eugène Millet, l’architecte chargé de la restauration du château, a retrouvé dans les démolitions nombre de fragments taillés et sculptés pouvant donner la plus juste idée de toutes les dispositions de notre Sainte-Chapelle.
Nous avons pu voir dans les magasins de l’agence des gargouilles, des fragments considérables de la balustrade pourtournant le comble, des bases et des chapiteaux de l’ossature intérieure, des débris de l’ossature elle-même, et rien ne sera si facile que de rendre, avec toute certitude, à la chapelle érigée par l’architecte champenois tous ses arrangements primitifs.
A l’intérieur, dans la nef, sur les faces latérales, on a retrouvé des réduits fournissant des places d’honneur pour des personnages considérables ; dispositions qui étaient reproduites plus tard à la chapelle du Palais de Paris. Dans la première travée de la nef, on a constaté des restes des portes donnant entrée dans l’édifice, du temps de saint Louis, et qui auraient été bouchées par les constructions du XVIe siècle. La grande et belle rose du pignon ouest a été découverte dans la muraille et si elle ne peut être ouverte et vitrée, elle pourra au moins être vue, étudiée et dessinée par toutes les personnes qui s’occupent de l’étude de nos édifices nationaux.
Ayant été mis à même, il y a quelques jours, de visiter encore les travaux du château, nous avons pu voir et constater toutes les recherches faites par l’architecte, notamment à l’égard de ce qui regarde la chapelle.
La curiosité et l’impatience des promeneurs du parterre sont toujours vivement excitées par les travaux de terrassement et de plantation qui se font sur le parterre. Nous n’avons rien pour le moment à ajouter à ce que nous avons déjà dit à ce sujet dans un récent article. Revenir aux arrangements de Le Nôtre est le rêve de la restauration ; chercher l’horizon dans sa plus grande étendue est encore chose excellente. Quand on a dans les mains l’œuvre du grand architecte jardinier, on ne peut la laisser désorganiser et périr. Sachons donc attendre avec confiance.
Léon de Villette »

Mention de la bénédiction de la croix de la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Un de nos confrères se montre réellement trop irritable quand parfois il a à s’occuper des prêtres ou des cérémonies qui ressortent de leur ministère.
Ainsi dans une note que l’Impartial insère dans son dernier numéro, sous la rubrique « une bénédiction inutile », il farde la vérité d’une façon abominable. Nous ne prétendons pas lui donner des leçons, ni le restreindre dans sa liberté d’action, mais il nous permettra bien de rétablir les choses dans leur intégrité et de les présenter sous leur véritable jour.
La flèche de la chapelle du vieux château de Saint-Germain que l’on est en train de restaurer est achevée ; selon un usage admis depuis des siècles dans le monde chrétien, la croix qui la surmonte doit être bénite – je ne pense pas que cela puisse nuire à personne. Or M. l’abbé Chauvel s’est entendu pour cette petite cérémonie intime avec l’éminent architecte du château et mardi dernier, assisté seulement de deux prêtres et de deux enfants de chœur, il s’est rendu dans la susdite chapelle ; la croix était placée à terre, à l’endroit où sera plus tard l’autel, et là, avant qu’elle soit montée et fixée au haut de la flèche, elle a été bénite en présence d’un petit nombre de personnes qui se trouvaient dans le château, mais qui n’avaient été nullement convoquées à l’avance.
La croix étant à terre, M. l’abbé Chauvel a pu facilement l’asperger d’eau bénite, sans se livrer à des exercices surhumains pour la lancer, comme il est dit dans l’Impartial, à quelques 20 mètres de haut. Toutes les branches de la croix ont donc été atteintes, et si M. l’abbé Chauvel en avait oublié par hasard, M. le premier adjoint, métreur-vérificateur des travaux du château, qui était présent et qui a pris part à l’asperges crucis, y aurait facilement remédié.
M. le curé de Saint-Germain n’a jamais eu la pensée de faire de cette bénédiction une cérémonie officielle, aucune autorisation dans ce sens n’a pu lui être refusée, soit par le ministère, soit par le préfet, soit même par l’administration locale, par la raison toute simple qu’il n’en a sollicité d’aucune sorte.
M. l’abbé Chauvel a suivi le programme qu’il s’était tracé ; obéissant à sa conscience, il a cru devoir bénir la croix de la chapelle du château et il l’a bénie, il l’a fait à pied d’œuvre et non à quelques vingt mètres de haut ; tout l’échafaudage drolatique du rédacteur de l’Impartial s’écroule donc de lui-même ; puisse-t-il n’en être pas de même de celui du vieux domaine de François Ier sur lequel travaillent nos ouvriers, qui coopèrent à sa réédification. »

Lettre concernant les peintures de la voûte de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Palais-Royal, le 18 juillet 1884
Monsieur le Directeur des Musées nationaux
Monsieur le Directeur,
M. Lafollye, architecte du château de Saint-Germain-en-Laye, appelle mon attention sur les vestiges des peintures exécutées par Simon Vouet pour la décoration des voûtes de la chapelle du château.
Trois ou quatre médaillons, dont l’un représente « le Sacrifice d’Abraham » sont demeurés à peu près intacts. Ils sont actuellement menacés de destruction par suite des travaux de réparation en cours d’exécution dans la chapelle.
Il y aurait intérêt à ne pas laisser disparaître les derniers restes d’une œuvre aussi considérable, qui trouveraient peut-être utilement leur place au musée du Louvre. Je vous prie donc de vouloir bien examiner s’il y a lieu de faire transporter au Louvre les médaillons en question et rechercher quels seraient les moyens à prendre dans ce but. Vous voudrez bien me tenir au courant de cette affaire qui exige une prompte solution.
Agréez, Monsieur le Directeur, l’assurance de ma considération très distinguée.
Le directeur des Beaux-Arts,
A. Kaempfen »

Ministère de l'Instruction publique

Lettre concernant deux tableaux provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des palais nationaux
2e bureau
Paris, le 23 juillet 1890
Monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre et cher collègue,
M. l’architecte du château de Saint-Germain me fait connaître qu’il existe dans l’un des magasins de l’ancienne vénerie deux tableaux religieux provenant probablement de la chapelle de ce château.
J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien prescrire l’examen de ces œuvres et de m’indiquer quelle destination elles devront recevoir.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collègue, l’assurance de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
Y. Guyot »

Ministère de l'Instruction publique

Lettre concernant deux tableaux provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Direction des Musées nationaux
Palais de Versailles, 21 août 1890
Monsieur le Directeur,
J’ai été chargé par M. Gosselin, en congé, de voir à Saint-Germain deux tableaux religieux provenant sans doute de la chapelle du château sur lesquels M. le ministre désire être renseigné. J’ai pris jour avec M. l’architecte de Saint-Germain, qui a le dépôt de ces tableaux et les conserve dans les magasins de l’ancienne vénerie, et j’ai l’honneur de vous transmettre le résultat de mon examen.
Le premier tableau mesure 2 m. 26 de haut sur 1 m. 90 de large. Il représente une sainte assise et occupée à un ouvrage de broderie, entre deux anges agenouillés. Au-dessus, deux anges envolés tiennent des banderoles. Cette toile appartient à l’école française du XVIIe siècle. Elle ne porte aucune signature apparente. Certains indices me font penser à l’école de Simon Vouet.
Malheureusement, il est difficile de juger complétement du mérite de la peinture, qui est dans un mauvais état de conservation. Il y a même en plusieurs endroits des trous où l’on peut passer les doigts. La restauration en serait sans doute fort difficile.
La deuxième toile mesure 3 m. 24 de haut sur 2 m. 25 de large. Elle représente l’Institution de l’Eucharistie. Le Christ est debout parmi les apôtres, dans l’intérieur d’un édifice à pilastres ioniques. Elle est moins trouée que la précédente et paraît, en revanche, moins intéressante. Elle appartient à l’école française du XVIIe siècle.
Une épaisse couche de moisissure recouvre le second tableau. Aucune de ces œuvres ne me semblerait pouvoir convenir au musée du Louvre.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’hommage de mon respectueux dévouement.
Pour le conservateur du musée de Versailles, en congé,
P. de Nolhac »

Ministère de l'Instruction publique

Lettre concernant deux tableaux provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Enseignement et musée
République française
Palais-Royal, le 2 septembre 1890
Monsieur le ministre des Travaux publics (direction des Bâtiments civils et des Palais nationaux, 2e bureau)
Monsieur le Ministre et cher collègue,
Par lettre du 23 juillet dernier, vous m’avez demandé de faire examiner à Saint-Germain deux tableaux religieux qui proviennent vraisemblablement de l’ancienne chapelle du château et de vous indiquer la destination qui pourrait leur être donnée.
J’ai l’honneur de vous annoncer que ces œuvres, qui sont de l’école française du XVIIe siècle et exigeraient une restauration complète, ne sauraient convenir au Louvre ni à un autre musée nationale. Cependant, si votre administration consentait à en faire l’abandon à la direction des Beaux-Arts, celle-ci, après les avoir fait remettre en état, les attribuerait, à titre de dépôt, à un musée de province qui serait ultérieurement désigné et que je ne manquerai pas de vous faire connaître.
Je vous serai obligé, M. le Ministre et cher collègue, de vouloir bien me dire si cette solution vous agrée et je saisis l’occasion qui m’est offerte pour vous renouveler l’assurance de ma haute considération.
Pour le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Et pour le directeur des Beaux-Arts, en congé,
Le chef du secrétariat des services des Beaux-Arts
Hecq »

Ministère de l'Instruction publique

Lettre concernant deux tableaux provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des palais nationaux
2e bureau
Paris, le 20 septembre 1890
Monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
M. le Ministre et cher collègue,
Par lettre en date du 2 septembre courant, vous m’avez fait connaître que les deux tableaux déposés dans l’ancienne vénerie du château de Saint-Germain ne sauraient convenir ni au Louvre, ni à un autre musée national, mis que l’administration des Beaux-Arts pourrait, après les avoir remis en état, les attribuer à un musée de province.
J’ai l’honneur de vous annoncer que je consens volontiers à céder les œuvres dont il s’agit à votre département, dans les conditions ci-dessus indiquées. Je vous prie en conséquence de vouloir bien m’indiquer la personne qui sera désignée pour en prendre livraison afin que je donne à M. l’architecte du château de Saint-Germain les instructions nécessaires.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collègue, les nouvelles assurances de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
Y. Guyot »

Ministère de l'Instruction publique

Lettre concernant deux tableaux provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Direction des Musées nationaux
Palais du Louvre, le 15 novembre 1890
Monsieur le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Vous avez bien voulu me demander à la date du 28 octobre si le musée du Louvre a pris livraison des deux tableaux que M. le ministre des Travaux publics a cédés à l’administration des Beaux-Arts et si ces œuvres d’art peuvent être expédiées, sans être l’objet de réparations, à des musées de province.
J’ai l’honneur de vous informer que les toiles dont il s’agit ont été mises en magasin au Louvre. Toutes deux sont en mauvais état et l’une d’elles est percée de trous. Un de ces trous a plus d’un centimètre carré.
La restauration de ces peintures entrainerait des frais relativement assez élevés, hors de proportion avec leur valeur, à peu près nulle sous le rapport de l’art.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de mon respectueux dévouement.
Le directeur des Musées nationaux et de l’école du Louvre
A. Kaempfen »

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