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Description archivistique
Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye Musée
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Récit d’une visite du comte Walewski au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Nous apprenons que M. le comte Walewski, ancien ministre d’Etat, membre du Conseil privé, est à Saint-Germain, depuis quelques jours, pour respirer l’air pur de notre Terrasse, et que, mercredi dernier, accompagné de madame la comtesse Walewska, il a visité, sous la conduite de l’éminent architecte M. Millet, l’intérieur du château, dont il a été à même d’admirer les importants travaux qui sont en cours d’exécution. Les illustres visiteurs ont parcouru aussi la grande salle du musée, dont l’organisation progresse journellement sous la savante direction de MM. Rossignol et Beaune.
A cette occasion, nous nous plaisons à rappeler que c’est sous le ministère de M. le comte Walewski, qu’a été décrétée la restauration de ce vieux palais de nos rois. »

Récit d’une visite du prince Napoléon au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Dimanche dernier, dans l’après-midi, entre cinq et six heures du soir, le château de Saint-Germain a été honoré de la visite de S.A.I. le prince Napoléon, qu’accompagnaient la princesse Clotilde et S.A.R. le prince héréditaire du royaume d’Italie, Humbert, fils ainé du roi Victor-Emmanuel. Les augustes visiteurs venus dans un char à bancs de chasse, attelé de quatre chevaux de porte des écuries de l’Empereur, où se trouvaient aussi six ou huit officiers italiens de la maison du prince, ont été reçus au château par M. le général de Girardin, commandant militaire, et par M. Rossignol, conservateur adjoint des musées impériaux.
Après une heure environ, consacrée à une visite sommaire du commencement du musée, à une promenade tout autour du balcon le plus élevé du château, d’où l’œil embrasse un si splendide panorama, et enfin après quelques instants de repos dans les appartements de madame de Girardin, les deux princes et la princesse ont donné l’ordre d’une promenade en forêt, qui sous la direction de M. Roche, garde général, assisté du garde à cheval Lurie, s’est effectués par le parterre, la terrasse, la forêt, le carrefour du chêne de Bon Secours jusqu’à l’esplanade de la maison des Loges, couverte en ce moment d‘une foule compacte et joyeuse se découvrant sympathiquement devant les personnes que contenait l’équipage qui, longeant la fête au petit pas des [p. 146] chevaux, a repris le chemin du pavillon Henri IV, où le dîner avait été commandé pour sept heures.
Le prince Napoléon, la princesse son épouse et le prince Humbert étaient en habits de ville des plus simples ; mais leur incognito a été facilement trahi par la figure légendaire du prince Napoléon et la livrée impériale des piqueurs et des postillons.
Le prince Humbert, frère cadet de la princesse Napoléon (Marie Clotilde) est né le 14 mars 1844. Il est le second des enfants du roi d’Italie. Après lui viennent : le duc d’Aoste, âgé de dix-neuf ans ; le duc de Montferrat, né le 19 juillet 1846, et la reine de Portugal, Marie-Pie, née le 16 août 1847, mariée le 27 avril 1862. »

Récit d’une visite du préfet au château de Saint-Germain-en-Laye

« M. Boselli, préfet du département, est venu avant-hier jeudi, à midi et demi, à Saint-Germain, où son arrivée avait été annoncée dès la veille. Après s’être rendu immédiatement chez M. de Breuvery, maire, le préfet a visité successivement avec lui et M. Valtat, premier adjoint, l’hôtel de ville, le réservoir de la place du Marché, l’hospice, la maison de la Providence, la crèche, l’orphelinat de jeunes garçons, puis le château, et n’a quitté notre ville que vers cinq heures.
Le premier magistrat du département a été reçu à l’hôtel de ville par M. de Breuvery, maire, qui l’y avait accompagné, par MM. Valtat et Le Piez, adjoints, les chefs des bureaux des principaux services municipaux, et M. le commissaire de police de la ville et du canton de Saint-Germain.
A l’hospice, le préfet a trouvé réunis pour le recevoir les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, présentées par madame la supérieure, MM. les administrateurs, les médecins, l’économe et le receveur.
Il était trois heures lorsque M. Boselli est arrivé, toujours accompagné du maire et du premier adjoint, au château, où il a été reçu par M. Eugène Millet, architecte, et Choret, inspecteur des travaux. M. Rossignol, conservateur adjoint des musées impériaux, en résidence au musée de Saint-Germain, était absent pour affaires de service. M. le préfet a visité en détail les travaux de restauration et a vivement félicité l’éminent architecte sur l’intelligence et le goût avec lesquels il les dirige. M. Millet n’était pas une nouvelle connaissance pour M. Boselli, qui l’avait déjà fort apprécié dans le département de la Marne. Après la visite des belles salles destinées au musée gallo-romain, M. le préfet a parcouru ce musée en vrai connaisseur, car il a donné sur la suite des époques des détails et des comparaisons qui révèlent l’archéologie et l’érudit.
M. le maire avait espéré pouvoir faire visiter par M. le préfet la nouvelle pompe à feu, mais l’heure était trop avancée, et on a dû se borner à le conduite sur la Terrasse, où il a contemplé, avec le plus grand plaisir, l’immense et magnifique tableau que présente le bassin de la Seine ; puis M. le préfet, après avoir témoigné à ceux qui l’accompagnaient son entière satisfaction sur tout ce qu’il avait vu, a repris le train de cinq heures pour retourner à Versailles. »

Récit par Alexis Martin de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 353] Une belle et large avenue, plantée de beaux arbres, que [p. 354] nous suivons ensuite, non sans avoir volontairement fait quelques détours par de jolies allées pour la gagner, nous permet d’apercevoir, avant de l’atteindre, derrière la grande grille qui clôt sa cour d’honneur, la belle façade du château du Val. Le corps principal a deux étages d’une belle élévation ; il est d’une architecture simple, avec un mélange de gravité et de coquetterie très habilement harmonisé. Si nous pénétrons dans la propriété, qui n’a pas moins de 15 hectares de superficie, nous rencontrons successivement un chalet suisse renfermant la vacherie et la laiterie, un ancien puits avec manège, toute une série de serres magnifiques : serre aux orchidées, aux palmiers, serre de potager, de sevrage, etc. Un jardin d’hiver, un parc admirable, des terrasses d’où l’on jouit d’une vue superbe, complètent les attraits de ce séjour princier.
Le Val, sous Henri IV, n’était qu’un rendez-vous de chasse ; Louis XIV le fit reconstruire sur un plan nouveau, et Mansart, chargé d’exécuter les travaux, donna au petit castel [p. 354] ce caractère majestueux qu’il sait imprimer à toutes ses créations. Louis XV, en 1747, eut la pensée d’offrir la propriété à Mme de Pompadour, mais il changea d’idée ; les travaux d’agrandissement qu’il avait fait commencer furent abandonnés, et le château fut vendu au comte de la Marck ; il passa ensuite au maréchal de Beauvau, qui agrandit le jardin et embellit les terrasses. Champfort raconte que la du Barry eut un jour la fantaisie de visiter cette demeure, alors en grande réputation, et que la « hautaine » maréchale lui fit les honneurs de sa maison, non toutefois sans lui laisser deviner le peu d’estime qu’elle avait pour sa personne. En ces derniers temps, le Val appartenait à Mme Benoît Fould. La propriété est située, pour une partie, sur la commune de Saint-Germain ; pour l’autre, sur celle de Mesnil-le-Roi.
[…]
[p. 356] Carrières-sous-Bois, écart de la comme de Mesnil, n’est qu’une rue tortueuse habitée par des cultivateurs et des carriers. Des carrières, dont vous verrez les nombreuses ouvertures et les couloirs sombres fuyant au loin sous la forêt, on extrait de la pierre à bâtir. Auprès de Carrières, sur le bord de la Seine, est une pompe à feu qui fournit l’eau au parc et aux jardins du château du Val.
Laissant derrière nous le petit hameau, nous entrons à Saint-Germain par la grille Royale, et nous sommes sur la terrasse.
[p. 357] La terrasse de Saint-Germain est une des plus belles promenades de l’Europe ; elle a peu de rivales en étendue, elle n’en a pas pour la vue dont on jouit en la parcourant. Large de 30 mètres, longue de 2400 mètres, elle aligne magistralement ses allées sablées, le vert tapis de ses pelouses et ses rangées de beaux tilleuls, depuis la grille Royale jusqu’au pavillon Henri IV, à l’ombre des dernières futaies de la forêt et sur la crête d’un coteau d’où le regard embrasse le plus beau paysage que l’on puisse rêver. A nos pieds s’étend une plaine immense, verte, jaune, brune, fertile ; la Seine aux îles feuillues l’arrose de ses flots argentés ; des fermes, des maisons, des villages, l’égayent de leur pittoresque éparpillement. A gauche se profile la masse imposante du château de Maisons ; à droite se découpent dans l’air, sur les hauteurs de Louveciennes, les arcades de l’aqueduc de Marly. Au sommet d’une éminence, un grand rectangle gris attire nos regards : c’est le fort du mont Valérien ; une brune aiguille jaillit au loin dans la nue : c’est la tour Eiffel. Sur les premiers plans frémissent les bois du Vésinet ; deux lignes rigides, l’une blanche, l’autre noirs, traversent le fleuve ; l’une est le pont du chemin de fer, un train y passe en sifflant avant de s’engouffre dans le tunnel dont la voûte est sous nos pieds ; l’autre est le joli pont du Pecq. Au loin s’estompent sur l’azur les lignes serpentines des coteaux de Montmorency et le clocher de Saint-Denis ; le Parisien reconnait à tout instant les sites et les monuments de la capitale qui lui sont chers et familiers : ici le dôme doré des Invalides ou l’arc de triomphe de l’Etoile, là la butte Montmartre.
A l’extrémité de la terrasse, nous nous trouvons devant le [p. 358] pavillon Henri IV, construit jadis pour la belle Gabrielle, et que l’on appela le château Neuf ; c’est aujourd’hui un restaurant et un hôtel, mais ce fut autrefois une dépendance de la demeure royale que nous visiterons tout à l’heure. Une inscription rappelle que Louis XIV y naquit le 5 septembre 1638 ; une autre, quelque jour, rappellera sans doute qu’Adolphe Thiers y mourut le 3 septembre 1877. Rejetons-nous vers la droite, et nous trouverons le parterre. C’est en 1676 que Le Nôtre, obéissant aux inspirations d’Henriette d’Orléans, le dessina et fit planter les boulingrins ; modifié plusieurs fois, notamment en 1750 et en 1857, agrandi sous le second Empire, orné sur ses pelouses d’une statue d’Agrippine, de Maillet, et d’une réduction du Vercingétorix de Millet, le parterre, dont l’allée principale se rallie à la route des Loges, forme une sorte d’avant-scène à la forêt et semble être une espère de trait d’union entre les splendeurs de la nature et les imaginations humaines.
En quittant le parterre, nous entrons dans la ville et nous nous trouvons sur une place irrégulière où sont groupés les principaux monuments dont elle s’enorgueillit. Le château, l’église, la gare, le théâtre, les casernes et la statue de Thiers. Si la ville est fière, à juste titre, de son château, aussi curieux, par son architecture et le musée qu’il renferme aujourd’hui, qu’intéressant au point de vue des souvenirs historiques qu’il rappelle, il faut convenir qu’elle pourrait se montrer modeste en ce qui concerne sa gare, son théâtre et même son église, tous monuments peu dignes d’une cité de 14000 âmes qui non sans raison, l’été surtout, n’est pas sans prétentions à la vie large et luxueuse.
Le monument de Thiers, inauguré le 19 septembre 1880, est l’œuvre de M. Fauvel, pour la partie architecturale, de M. Mercier, pour la sculpture ; il donnera à nos arrière-neveux une piètre idée de celui que l’on a appelé le libérateur du territoire. Rien de moins imposant, rien de mois décoratif, que ce petit bourgeois assis dans un fauteuil de bureau, le cou serré dans un haut faux col, le corps enveloppé d’une longue et disgracieuse redingote, les pieds grossièrement [p. 359] chaussés, le regard sans vie sous ses lunettes, une carte de géographie dépliée sur ses genoux. Nous en convenons volontiers, notre costume moderne est un écueil pour tout artiste qui veut sculpter nos grands hommes ; mais Thiers, de petite taille, historien, tribun, homme d’action, devait être représenté débout, près de quelque console supportant ses livres, au pied de cette tribune législative dont, vieux encore, il gravissait si alertement les degrés, et du haut de laquelle il savait dominer une assemblée, malgré le son grêle de sa voix. Mais c’est trop s’appesantir sur une œuvre manquée, passons. Le théâtre, une grange, échappe à toute description ; la gare, embarcadère d’une désespérante vulgarité, représente bien le peu de confiance qu’inspiraient les chemins de fer quand on inaugura celui-ci, le 25 août 1837. Les conducteurs semblent avoir pensé que cela durerait toujours autant que le joujou pour aller à la campagne !
L’église, dédiée à saint Germain, a été construite en 1821 et porte bien le cacher de son temps ; son portique est soutenu par six colonnes d’ordre dorique et décor au fronton d’une composition un peu mystique de Ramey fils, la Religion protectrice entourée des Vertus. Certes, cela ne vaut pas le fronton de la Madeleine, mais il sera injuste de ne point reconnaître la bonne ordonnance de la composition et l’heureuse exécution de plusieurs figures. L’intérieur est composé d’une nef centrale séparée des bas-côtés par des colonnes d’ordre toscan et terminée par un chœur en hémicycle. Ici, lambris et décors sont luxueux ; le plafond, divisé en caissons découpés et peints richement, est copié sur celui de Sainte-Marie-Majeure de Rome ; les hautes côtés de la nef sont couverts de fresques d’Amaury Duval ; la Miséricorde, la Rédemption, le Verbe et la Charité ; ces fresques sont d’une tonalité très pâle et s’effacent encore au milieu de l’éclat des ornementations voisines. La chaire, d’abord destinée à la chapelle de Versailles, est un don fait à la paroisse par Louis XIV en 1681. C’est au-dessus du lion héraldique, entièrement doré, qui semble faire sentinelle au pied de la [p. 360] tribune, un amas de ciselure et de guillochages qui attirent l’œil sans réussir à le retenir et à le charmer. La première chapelle de droite renferme un mausolée en marbre blanc, d’une grande simplicité, élevé aux frais de la reine Victoria, à la mémoire du roi Jacques II. Quelques ossements du roi sont restés sous ce monument ; la plus grande partie a été transportée à Westminster. Maintenant, retournons-nous vers le château.
Des larges et profonds fossés qui l’entourent, le château surgit, assis sur un soubassement dont les deux étages, séparés par un rang de mâchicoulis, sont percés de petites fenêtres carrées ; au-dessus s’élèvent deux autres étages construits en pierre et briques mêlées dans le goût charmant de la renaissance. Les frontons des fenêtres, triangulaires au premier étage, sont cintrés au second ; de loin en loin apparaissent des gargouilles aux têtes grimaçantes ; du sommet, se dressent vers le ciel les grandes cheminées en briques rouges. Les balcons s’ornent de vases et de médaillons aux lettres FF et aux salamandres se tordant dans les flammes ; les angles sont ornés de tourelles à encorbellements ; une voûte en dalles de pierre forme terrasse et termine l’édifice ; des ponts, remplaçant les anciens ponts-levis, traversent les fossés. Les oppositions que forment entre elles les couleurs de la pierre et celles de la brique, le mélange des lignes courbes et des lignes droites, parfont un ensemble d’un effet très séduisant.
La chapelle, avec sa rose, son balcon aux délicates arcades bordant les combles, ses trèfles, ses ravissantes sculptures, est un véritable bijou architectural. Sa restauration est malheureusement incomplète ; les vitraux qui s’encadreront si bien dans les belles fenêtres ogivales manquent encore, ainsi que la décoration intérieure ; telle qu’elle est, pourtant, on ne peut qu’être séduit par la grâce, l’élégance, la légèreté de ce charmant édifice.
On entre au château par la porte de l’ouest, qui s’ouvre près d’une jolie tourelle adossée au donjon ; on pénètre dans une cour de forme bizarre, mais d’où l’on peut embrasser [p. 361] du regard tout l’ensemble harmonieux des bâtiments. Dans les tourelles sont pratiqués des escaliers en hélice, conduisant aux appartements aujourd’hui occupés par les salles du musée ; celles-ci seront au nombre d’une quarantaine quand le classement des collections sera achevé.
Avant de continuer notre visite, nous allons esquisser l’histoire du château, qui sera aussi celle de la ville.
[p. 362] Nous avons vu le couvent de Saint-Germain s’établir dans la forêt au temps de Robert le Pieux ; nous avons vu Louis le Gros protéger les moines qui l’habitaient. Ce même roi, vers 1125, fit construire auprès du monastère un château fort où ses successeurs, et particulièrement Louis IX, firent de fréquents séjours. Un hameau s’était formé auprès du monastère ; un village ne tarda pas à se créer près de la résidence royale. C’est sous le règne de ce prince que fut construite la chapelle, si proche parente de la Sainte-Chapelle de Paris. Incendié par les Anglais en 1346, le château fut rebâti vers 1365, par les soins de Charles V, qui affectionnait fort Saint-Germain. Des constructions de ce temps-là, il reste encore les fondations, quelques bases de tourelles, des fragments d’escalier et le puissant donjon rectangulaire qui fait l’angle des façades nord et ouest. Dans une des pièces de ce donjon Charles V avait installé sa librairie. La tour a conservé son aspect original dans l’ensemble ; mais plusieurs détails qui ne la déparent point ont été ajoutés ; tels la double terrasse, les balcons, les gargouilles, les contreforts supportent des vases qui sont du temps de François Ier, et le gracieux campanile, ornement inattendu mais d’un effet charmant, que Mansart bâtit sous Louis XIV.
François Ier, Henri II, Henri IV et Louis XIV se sont occupés de Saint-Germain. Sous le règne du premier de ces rois, une reconstruction à peu près totale du château fut entreprise par l’architecte Chambiges. Henri II commença l’édification du château Neuf ; mais les travaux, lentement menés, ne furent achevés que sous Henri IV. Marchand, à qui revient la gloire de la construction, avait élevé, à 400 mètres de l’ancien château, une demeure d’un style agréable, ainsi qu’en témoigne le pavillon Henri IV, ancienne chapelle, seul debout encore. Ajoutons que la résidence était de grande étendue : ses jardins, en terrasses superposées, descendaient vers la Seine et occupaient une importante partie du territoire du Pecq ; des pièces d’eau et des grottes, où le génie inventif de Claude de Maconis et [p. 363] la science de l’hydraulicien Francine avaient créé des merveilleuses choses pour le temps, ajoutaient aux attraits du château Neuf et aux charmes de son séjour.
Louis XIII, on le sait, affectionnait Saint-Germain et l’habita presque constamment. Anne d’Autriche et son fils se réfugièrent au château pendant les troubles de la Fronde. Vers 1661, le Grand Roi songea à reprendre possession de la demeure délaissée. Il faut croire que la construction de Marchand laissait fort à désirer sous le rapport de la solidité, car alors la cour trouva le château Neuf inhabitable, et dut se réfugier dans la demeure de François Ier. Au cours des années suivantes, les visites royales devinrent de plus en plus fréquentes, et les goûts somptueux de Louis XIV s’accommodèrent aussi peu du voisinage des bâtiments délabrés que de la modestie relative de ceux qu’il habitait. Près de 6 millions et demi furent alors dépensé pour les embellissements des entours et les décorations intérieurs. C’est alors, nous l’avons dit déjà, que Le Nôtre dessina le parterre et que Mansart construisit la terrasse ; malheureusement, il ne s’arrêta pas là et flanque les angles du monument de cinq lourds pavillons d’un style solennel, qui en dénaturèrent le beau caractère. Un de ces pavillons subsiste, à l’angle de la façade de l’ouest et du midi ; il nous permet de ne pas regretter les autres.
Louis XV et Louis XVI s’occupèrent peu de Saint-Germain ; sous leurs règnes, la ville végéta tristement à l’ombre du vieux château, toujours solide, auprès du neuf dont les pignons se crevassaient sous les toits éboulés. Vers la fin de 1787, le comte d’Artois songea un moment à faire réédifier la construction ; mais les préoccupations du moment et les évènements qui survinrent ne lui permirent pas de donner suite à son projet.
Saint-Germain, dès le début de la tourmente révolutionnaire, s’associa au mouvement parisien. Le 17 juillet 1789, un certain sauvage, meunier à Poissy, que l’on accusait d’accaparement, fut pendu à un réverbère. Sous la Terreur, le village, abjurant son vieux nom, prit celui de Montagne-du-Bel-Air ; [p. 364] ses sections s’intitulèrent Unité, Liberté, etc. ; son église devint un temple de la Raison, et le château allait être transformé en maison de détention, quand survint le 9 Thermidor. Longtemps encore l’herbe continua à pousser dans les cours solitaires du vieil édifice, et le vent à souffler dans les grandes salles démeublées et veuves de vitres. Puis le château, après avoir failli, en 1803, devenir une succursale de l’hôpital Saint-Louis, fut, par un décret du 8 mars 1809, affecté au logement d’une école de cavalerie. Transformé en prison sous Louis-Philippe, une affectation digne de lui, celle de musée des Antiquités nationales, lui fut donnée sous le second Empire. En même temps, sa restauration fut confiée aux soins de M. Millet.
On l’a compris de ce qui précède, de nombreux événements historiques se sont accomplis à Saint-Germain. Sans remonter jusqu’à Louis IX, qui y reçut, en 1247, la visite de Baudouin, empereur de Constantinople, nous nous bornerons à rappeler quelques faits comparativement modernes. En 1518, le château vit naître Henri II ; en 1530, François Ier y célébra, au milieu de sa cour brillante, ses noces avec Eléonore d’Autriche, sœur de Charles-Quint. Moins de quatre mois après son avènement au trône, Henri II faisait dresser devant la façade méridionale du château un champ clos dans le goût de ceux du moyen âge, et de la Chataigneraie et de Jarnac rompaient des lances devant une nombreuse assemblée. La Chataigneraie, très aimé du roi, passait pour le plus robuste et le plus adroit gentilhomme de son temps ; le baron de Jarnac, généralement peu sympathique, était d’une taille exiguë, et nul ne prévoyait qu’il pût sortir vainqueur de ce combat singulier. Pourtant l’avorton eut raison du colosse ; il porta un coup terrible à son adversaire, et ce dernier succomba moins à cause de la gravité de sa blessure qu’à cause du refus obstiné qu’il fit de suivre aucun traitement pout la guérir. Quant à ce fameux coup de Jarnac, devenu expression proverbiale signifiant traitrise, il semble prouvé que, s’il fut inattendu, il ne fut nullement déloyal. C’est encore à Saint-Germain [p. 365] que naquit Charles IX, le 27 juin 1550 ; à cette occasion de grandes réjouissances furent offerts à la population. Une partie de la vie de ce prince se passa au château ; nous y voyons, en 1570, les chefs catholiques et huguenots s’y rencontrer et se promettre une paix à laquelle aucun d’eux n’avait l’intention de demeurer fidèle. Dans les derniers jours de sa vie, presque à l’agonie, emporté en litière, nous voyons le même Charles IX quitter Saint-Germain pour aller mourir à Vincennes. Nous avons vu Louis XIV naître ici ; nous pouvons rappeler que Louis XIII y rendit le dernier soupir le 14 mai 1643. Sous Louis XIV, le château, qui avait servi d’asile à la veuve de Charles Ier, abrita encore Jacques II et sa femme après la révolution de 1688. Tous deux y moururent, le premier en 1701, la seconde en 1718.
Les temps qui suivirent virent la résidence délaissée et sont moins féconds en souvenirs. Rappelons pourtant qu’en 1815, après la bataille livrée sur le pont du Pecq, dix mille Anglais vinrent loger au château. En 1870, la ville fut occupée par les Allemands. L’invasion fut semblable à ce qu’elle était partout ; nous ne répéterons pas des détails déjà tant de fois donnés.
Nous allons maintenant visiter le musée ; c’est une assez longue mais fort intéressante promenade à travers les appartements, transformés en salles d’exposition, où se sont passés les faits que nous venons de rappeler ; c’est aussi et surtout grâce à la nature des collections réunies, grâce à l’intelligent classement des objets qui les composant, un curieux voyage à travers les monuments, les outils, les armes des temps anciens, une révélation des mœurs et des coutumes des races disparues, une évocation des grandes choses accomplies par l’humanité au temps de sa première enfance.
Dès notre entrée, dans le fossé que le pont traverse, nous voyons une allée couverte, jadis trouvée à Conflans-Sainte-Honorine et rétablie dans son intégrité autant qu’a pu le permettre l’absence de quelques pierres.
Les salles du rez-de-chaussée sont consacrées aux grands [p. 366] moulages, à la reconstitution des machines de guerre romaines, à l’exposition d’une foule d’objets des temps gallo-romain, mérovingien et carlovingien. Parmi les moulages, il faut citer ceux fort beaux des bas-reliefs de l’arc de triomphe de Constantin, et de la colonne Trajane, celui de la statue d’Auguste, trouvée en 1863, dans la ville de Livie, ceux du tombeau des Jules à saint-Remi, et les grands trophées de l’arc d’Orange. Les parures, les objets d’utilité courante sont représentés ici par une grande quantité d’anneaux, de boucles d’oreilles, de colliers, de styles, de boucles de ceinturons. Voulez-vous voir des armes ? Voici les angons des Gaulois, espèce de lance munie de deux crocs à sa partie inférieure ; voici la francisque des Francs, la scramaxe, sorte de sabre à rainues empoisonnées ; puis les catapultes et les balistes, qui servaient à lancer les traits et les projectiles. Là encore sont des autels élevés aux divinités gauloises, des bornes militaires, une grande quantité d’inscriptions gauloises et quelques autels où furent adorées des divinités maintenant inconnues.
Par l’élégant escalier qui fut l’escalier d’honneur au temps de François Ier, nous gagnons les salles de l’entresol. On y peut continuer la série d’études commencée en bas, se transporter par la pensée à l’époque romaine, revivre un moment au milieu de la mythologie gauloise, reconstruire les nécropoles de nos ancêtres, concevoir une idée des métiers qu’ils exerçaient en contemplant les outils, marteaux, pioches, faux, faucilles, etc., dont ils se sont servis. Cet autel, surmonté de divinités représentant les jours de la semaine, est un ex-voto offert au dieu Edelatus ; cette statue mutilée est celle de la déesse Sequana ; voici encore les dieux Bélus, Sex Arbor, les déesses Labé et Epona ; plus loin, vous verrez des pierres tombales de légionnaires romains, celles d’un centurion, d’un porte-aigle, un tombeau romain en briques, la statue d’un soldat gaulois, des stèles, dont les sculptures représentent des ouvriers et des artisans occupés à leur travail.
Montons au premier étage ; les salles que nous visiterons [p. 367] d’abord sont consacrées à l’exposition des objets venant de l’âge de la pierre. Les scies, les épieux, les javelots, les pointes de lance, se montrent ici dans leurs formes et leurs dimensions variées, tels que les taillaient dans le silex les hommes de l’époque tertiaire. Plus loin apparaît l’âge de la pierre polie ; les haches ont des gaines, les défenses de sanglier sont employées à fabriquer des poinçons et de menus objets de parure ; les plus beaux de nos menhirs, de nos dolmens, de nos allées couvertes, sont reproduits très exactement au vingtième de leur grandeur ; le tumulus de Gavr’inis occupe le centre d’une salle, et ses sculptures, moulées sur l’original, en tapissent les côtés.
La salle de Mars, la plus belle du château, ancienne salle des Fêtes sous François Ier, a conservé sa magnifique cheminée, et, comme salle d’exposition, est l’une des plus curieuses à parcourir. Environ deux cents verreries et poteries nous initient aux secrets de la céramique gallo-romaine. Admirez la belle collection d’antiquités du premier âge de fer, recueillie au Caucase par M. Chantre, les bronzes antiques d’Italie et les belles armures de gladiateurs, les instruments en pierre du Sahara, provenant de la première mission Flatters, des stèles étrusques, la réduction du tombeau de Secondinus ; enfin une foule d’objets préhistoriques rapportées des quatre parties du monde.
Dans la salle de la Conquête, que décore une belle figure de soldat romain, de M. Bartholdi, vous verrez avec intérêt une carte générale des peuples de la Gaule au temps de César, et un très curieux plan en relief d’Alise-Sainte-Reine, exécuté par M. Abel Maitre, et donnant une idée exacte des travaux d’envahissement et des lignes de circonvallation dont l’antique Alésia fut entourée 52 ans avant notre ère.
Au deuxième étage, une salle est consacrée à l’exposition des objets de la première époque du fer trouvés dans les tumuli ; elle renferme un grand nombre de casques, de vases et de bracelets. La salle du bronze est garnie d’œuvres caractérisant bien les tendances et les aspirations de cet âge nouveau ; il y a là des mors, des pendeloques, des couteaux, [p. 368] des pointes de lance, des épées, toutes choses un peu primitives certes, mais souvent d’un travail excessivement curieux. Viennent ensuite les lacustres, fac-similés des maisonnettes construites sur pilotis, au temps de la pierre polie, accompagnés d’une série de vêtements en lin ou en écorce d’arbre et de spécimens des aliments dont se nourrissaient les habitants de ces singuliers et malsains logis. Très remarquable ici est la série des stations lacustres du lac du Bourget.
La salle du Trésor, salle des Archives, probablement librairie sous Charles V, intéresse particulièrement les numismates. Très riche est la collection de monnaies romaines, gauloises et mérovingiennes renfermées dans ses médailliers. Quelques-uns des types exposés ici sont des pièces absolument uniques ; d’autres sont de toute rareté. La série romaine ne comprend que des pièces frappées en Gaule.
Vous voyez par ce rapide aperçu à quel point la visite du musée est à la fois curieuse et instructive. Il eut pour premier organisateur M. Beaune. Ajoutons que son classement est fait avec un soin, une clarté, un esprit de suite qui font le plus grand honneur à MM. Alexandre Bertrand et de Mortillet, qui sont actuellement chargés de sa conservation. »

Martin, Alexis

Récit par Francisco J. Herboso de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 231] Saint-Germain es una pintoresca pero monótona ciudad de 17.000 almas. No posee más atractivos que el castillo, la floresta, la iglesia y una estatua á Mons. Thiers, el libertador del territorio.
Tiene también su importancia histórica por haber nacido ahí (en el pavillon Henry II) Luis XIV y por ser el lugar del fallecimiento de Thiers.
El castillo, su principal atractivo, fué comenzado por Luis VI, denominado el gordo, quien hizo de él una fortaleza.
Durante las guerras con Inglaterra fué totalmente destruido y Carlos V lo reedificó en 1367.
Puede decirse, sin embargo, que el verdadero fundador es Francisco I, porque á él le tocó
concluirlo.
Pocos palacios han pasado por tantas transformaciones y han sido dedicados á tan diversos usos : fué en su origen, como acabamos de decirlo, [p. 232] fortaleza y en seguida residencia real, asilo de Jacobo II de Inglaterra, escuela de caballería dumnte el primer imperio, penitenciaría militar á principios del segundo y desde 1807 un interesante museo de antigüedades nacionales.
Los tres pisos, pues, están ocupados por el museo.
En el piso bajo encontramos casi todas las copias en yeso y piedra de los grabados del Arco de Constantino en Boma y varias alegorías de Trajano.
En el primero, colecciones y estatuas de piedra, ídolos antiguos, etc.
En el segundo, todos los objetos y armas de las épocas de piedra y fierro, huacas, objetos de vidrio romano, tumbas ó sean cajas cuadradas de piedra, de regular tamaño, en las cuales se depositaban los restos humanos cubiertos con tapas de vidrios.
Finalmente, en el tercero, objetos pertenecientes a los Galos : monumentos, mausoleos con momias y fac-similes de trabajos ejecutados por Julio César durante la campaña de la Galia.
La terraza del castillo domina á París con sus alrededores y goza de una hermosa y pintoresca vista. Ahí principia la gran floresta de Saint-Germain, inferior á la de Fontainebleau, pero mucho más hermosa que la de Montmorency. »

Herboso, Francisco J.

Réflexions sur le devenir du château de Saint-Germain-en-Laye

« Du château de Saint-Germain et de ses futures destinées
Lors du récent incendie qui a éclaté au palais du Luxembourg et qui aurait pu avoir des conséquences qu’heureusement on n’a pas eues à déplorer, un de nos abonnés, constamment préoccupé non seulement des intérêts de notre ville, mais aussi de tout ce qui se rattache à la sécurité on ne saurait trop entourer les collections et les dépôts si précieux aux sciences, à la littérature, à l’histoire du pays et aux beaux-arts, nous communiquait une note dans laquelle, à propos de l’événement de la veille, il rappelait de quelle importance il serait d’extraire de la Bibliothèque impériale les doubles et triples exemplaires de toute nature que possède ce vaste établissement. Il ajoutait que souvent déjà la pensée était venue à l’esprit de tous ceux qui songent à la conservation de tant de précieux monuments, qu’un sinistre pourrait détruire à jamais en quelques heures, qu’aucun lieu ne serait plus propice à ce dépôt qu’une partie de notre immense château, qui offre, par sa proximité de Paris, par son genre de construction, par son parfait isolement et par la disposition de ses grandes salles et de ses vastes appartements, desservis par de nombreuses issues, toutes les conditions désirables.
Il est certain que la pensée impériale s’est, dans ces derniers temps surtout, arrêtée plusieurs fois avec intérêt sur les destinées futures de l’ancienne demeure de François Ier et de Louis XIV ; mais il est certain aussi que, dans cette suprême sagesse qui le distingue à un si haut point, le souverain que la France s’est donné a dû peser toutes les difficultés des grandes dépenses qu’entraînerait une restauration complète du château de Saint-Germain, d’un façon digne de son génie créateur.
En opposition donc à un projet de restauration complètement historique et monumentale, mais prodigieusement coûteuse, il a été question, nous a-t-on assuré, de transformer le château en un vaste musée, ou plutôt en une réunion de plusieurs musées où prendraient place, par exemple, celui de la Marine et, entr’autres, un tout spécial réunissant les types et les modèles des armes et costumes de guerre de tous les peuples, depuis les premiers temps jusqu’au nôtre.
Certainement, au point de vue de l’intérêt général et particulier, cette dernière pensée nous paraît la plus promptement réalisable. Mais, si la prudence et les exigences financières des circonstances ne permettent pas d’allouer d’un seul coup les fonds nécessaires pour la transformation de tout le vieux manoir en ce vaste musée universel, ne serait-ce pas le moment d’appliquer la pratique à la sage théorie de notre honorable abonné, en sollicitant de l’Empereur la mise à exécution du projet qui apporterait, dans l’une des ailes du château restant si vaste encore pour d’autres destinations, fût-ce même dans un seul des énormes pavillons dont il est flanqué, ces doubles exemplaires qui trouveraient, dans ces murs épais, un asile assuré contre toutes les dangereuses éventualités.
Les dépenses d’appropriation au nouvel usage pourraient se faire ainsi partiellement et au moyen des fonds alloués annuellement, selon les ressources du budget spécial. Quant aux musées en général et surtout à la partie prise d’abord pour les collections détachées de la Bibliothèque impériale, les dépenses n’auraient rien de trop effrayant, car elles consisteraient en application, à une certaine hauteur, de boiseries en chêne sur lesquelles on pourrait appuyer les rayons, dont les casiers seraient séparés entre eux par des colonnettes en fonte qui viendraient encore assurer la solidité des plafonds ; quelques tables, des bureaux pour les conservateurs, les travailleurs et les lecteurs suffiraient à compléter l’appropriation et l’ameublement.
En reconnaissant la justesse des raisons qui ont fait supprimer le bénéfice de logements accordés dans l’intérieur des édifices de ce genre à certains savants et hommes de lettres placés au centre de leurs travaux et de leurs recherches, on peut s’assurer qu’en outre de ces longues salles et galeries, le château possède dans ses dépendances et auprès de chacune d’elles assez d’appartements susceptibles d’être disposés en cabinets d’étude, réduits silencieux que pourraient occuper les amis des sciences et des lettres pendant le cours de la journée, soit qu’ils vinssent de Paris, soit, ce qui arriverait nécessairement pour beaucoup d’entre eux, que l’amour de la science et la proximité d’un trésor si fécond à explorer les déterminât à se fixer dans notre ville, dont la tranquillité et les admirables promenades sont si favorables à l’étude et au repos, ou à l’exercice réparateur bien nécessaire à ceux qui s’y livrent avec ardeur.
Il y aurait donc, selon nous, bien des avantages réunis dans la plus prompte réalisation du projet dont nous entretenons aujourd’hui nos lecteurs. D’abord, au point de vue de l’intérêt général, sécurité complète pour une partie du précieux dépôt confié à la Bibliothèque impériale ; à celui de la conservation d’un de nos plus vieux monuments historiques, commencement de réalisation de la pensée de lui donner une destination digne de lui, de son antiquité et des souvenirs qu’ont laissés et que laisseront éternellement à la France scientifique, littéraire et artistique François Ier, Louis XIV et Napoléon III ; eu égard enfin à l’intérêt de la ville, et pour avoir le courage de notre opinion, sans craindre d’être accusés d’égoïsme d’intérêt local, nous pouvons ajouter qu’en attendant le moment où Saint-Germain pourrait voir, comme Versailles, accourir vers lui tous les Parisiens, tous les provinciaux, tous les étrangers qui voudront visiter sa réunion de musées comme ils courent à Fontainebleau admirer cette magnifique résidence que Napoléon Ier appelait un rendez-vous de palais, il profiterait de la présence momentanée ou fixe des visiteurs, des savants et des hommes de lettres dont nous parlions plus haut.
Il est à peu près certain, après tout, et pour nous servir d’une des vieilles expressions de nos pères, que nous nous battons de l’épée qui est chez le fourbisseur, et que déjà une auguste pensée s’est préoccupée d’une façon autrement large et autrement sérieuse de ce qui fait le sujet des quelques réflexions que nous venons de soumettre à l’appréciation générale ; mais enfin la plus faible lumière peut aussi donner sa part de clarté, et nous avons cru de notre devoir d’insister et de revenir plusieurs fois à l’occasion encore sur l’expression et l’approbation des idées de notre honorable abonné, à l’occasion de l’incendie du Luxembourg : en particulier sur la possibilité du transport des doubles de la Bibliothèque au château de Saint-Germain, et en général sur celle de donner au vieux manoir une destination utile à tous et aussi à notre bonne ville de Saint-Germain, à laquelle on ne saurait nous contester le droit et l’honneur de consacrer tous nos moments et nos modestes mais incessants travaux.
Léon de Villette »

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