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Description archivistique
Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye Pénitencier militaire
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Récit d’une visite de l’évêque au pénitencier de Saint-Germain-en-Laye

« Visite pastorale de Mgr l’évêque de Versailles au pénitencier militaire
J’ai eu souvent l’occasion de constater que l’Eglise ne demandait que la liberté de faire le bien pour l’opérer là où il semble, en quelque sorte, impossible. La meilleure preuve qu’on puisse donner de cette vérité, c’est de raconter les résultats obtenus. Le plus persuasif des langages, le plus éloquent, c’est, sans contredit, celui des actions. La parole coûte peu ; l’action, en matière de bien, coûte beaucoup au contraire ; c’est une victoire difficile, quelquefois un sacrifice réel ; c’est toujours l’expression la plus haute de la conviction ; c’est le témoignage irrécusable d’une influence puissante et vraiment moralisatrice.
Ces réflexions m’ont été suggérées par une touchante cérémonie religieuse qui a eu lieu, dimanche dernier, au pénitencier de Saint-Germain, où se trouvent près de 500 détenus militaires, dont quelques-uns ont porté l’épée. Présidée par monseigneur l’évêque de Versailles, elle a été, pour tous ceux qui ont eu le bonheur d’y assister, un sujet d’édification ou un précieux encouragement à continuer dans la bonne voie.
Aussitôt que les grilles du château ont été ouvertes, les personnes admises à cette fête de famille sont allées prendre place au chœur de la chapelle ou aux tribunes, exclusivement réservées aux dames. Les détenus ont paru heureux de voir cette nombreuse assistance ; c’est qu’elle leur témoignait un intérêt réel de la part de ceux qui la composaient. En voyant aux premiers rangs MM. le colonel et lieutenant-colonel des cuirassiers de la Garde, plusieurs officiers de cavalerie et d’infanterie, M. le maire de Saint-Germain, quelques membres du conseil municipal, M. le juge de paix, ils ont compris qu’ils n’étaient point confondus avec des prisonniers vulgaires : ce religieux empressement des autorités leur a montré la bienveillance dont elles sont animées pour ceux que les sévérités de la loi militaire ont frappés, mais que la résignation et le repentir peuvent réhabiliter.
Grâce aux soins intelligents de M. le commandant d’Arquier, qui a fait à Mgr Gros la réception la plus flatteuse pour Sa Grandeur, et dont nous ne saurons trop louer le noble caractère et les excellentes intentions, tout avait été parfaitement disposé pour cette solennité que, de son côté, M. l’abbé Codant, aumônier du pénitencier, avait préparée avec le zèle et le talent qui le distinguent. Aussi rien n’a manqué, ni l’éclat extérieur, ni les élans d’une touchante piété.
Pendant la messe basse, dite par Monseigneur, les détenus ont fait retentir les voûtes de la chapelle de chants religieux qui les prédisposaient à l’acte auguste de la communion, que plusieurs allaient recevoir pour la première fois. Près de 200 prisonniers ont eu le bonheur d s’approcher de la sainte Table et de recevoir l’Eucharistie des mains de Monseigneur. Ils s’y sont rendus dans un ordre admirable, précédés et reconduits par M. l’abbé Codant. Leur recueillement attestait la sincérité et la vivacité de leur foi.
Plus d’une larme a coulé pendant cette belle cérémonie. M. l’aumônier a eu le don et le secret d’en faire verser de nombreuses, non seulement aux détenus, mais encore aux assistants. Comment ne pas pleurer aux souvenirs qu’il réveillait, souvenirs de la famille, souvenirs de la foi ? Comment ne pas pleurer au récit des pieuses confidences qu’il a cru pouvoir nous révéler, vu leur unanimité ? Dans le cours de la vie, l’homme n’a que trop d’occasions d’oublier ses devoirs de chrétien ; le soldat ne peut pas toujours les remplir. Aussi les détenus du pénitencier remerciaient tous Dieu de leur avoir ménagé cet asile, après leurs fautes, comme un port après la tempête. Ils en sortent, pour le plus grand nombre, complètement transformés.
Cette éloquente improvisation de M. l’abbé Codant a été suivie de la confirmation, qui a été donnée à 30 prisonniers.
Avant de se retirer, Monseigneur a daigné entendre la lecture de deux pièces de vers qui lui étaient adressées par deux détenus. Nous donnons plus bas l’une d’elles. Voici quelques strophes de la seconde :
Frères, ne pleurons plus ! mais gardons en notre âme
La grâce qui descend comme un rayon de flamme ;
La grâce ! je la sens pénétrer dans mon cœur
Et l’inonder d’amour, de joie et de bonheur.
De quels mots me servir pour peindre mon ivresse ?
Il n’en est pas, Seigneur, car l’humaine faiblesse
N’a rien à comparer au bonheur infini
Dont est rempli le cœur que vous avez béni.
Bénissons le Seigneur, frères ; notre souffrance
Et notre repentir ont touché sa clémence.
Nous pouvons désormais, sans baisser les yeux,
Relever notre tête et regarder les cieux.
Que m’importe à présent que dans une cellule
On m’enferme aussitôt que vient le crépuscule ;
Je suis libre et joyeux au fond de ma prison,
La justice de Dieu m’a donné son pardon.
Bénissons le prélat, qui vient, tout plein de zèle,
Nous apporter l’espoir d’une vie éternelle ;
Qui, pour une prison, désertant son palais,
Du Seigneur vient sur nous répandre les bienfaits.
Oh ! merci, Monseigneur, notre reconnaissance,
Au jour du jugement, pesant dans la balance,
Avec tous vos travaux et toutes vos vertus,
Vous mettra des premiers au nombre des élus.
Monseigneur a répondu par de très affectueuses paroles et des encouragements à persévérer dans le bien. Laissant aux détenus un autre lui-même, Sa Grandeur a exprimé l’espoir de ls voir tous un jour remplir leurs devoirs de bons chrétiens.
Je ne veux pas terminer ces quelques lignes sans constater les dégradations que le temps et les hommes ont faites à la chapelle du château. Sous leur couche de badigeon, ou, si l’on aime mieux, sous les retouches mauvaises dont elles ont été l’objet, les peintures offrent un aspect terne et décoloré qui attriste. Et puis pourquoi ce simulacre de marbres qui ceinturent le monument ? Il n’a certainement rien gagné à ces restaurations inintelligentes : elles lui ont fait perdre sa grâce et sa beauté. Espérons qu’on lui rendra l’une et l’autre.
Ed. Dimey »

Récit d’une visite de l’empereur au pénitencier de Saint-Germain-en-Laye

« Hier vendredi, Sa Majesté est venue incognito à Saint-Germain vers trois heures et demie. L’Empereur était accompagné seulement de M. le général de Kote, de M. le colonel Fleury et du commandant Excelmans, ses aides-de-camp. Après avoir visité avec beaucoup de soin tout le casernement, il s’est rendu chez madame d’Hauteville, dont il a aussi examiné la propriété, située place Impériale, au coin du Boulingrin. En sortant de là, Sa Majesté est montée en voiture et, sans y être attendue, Elle est allée au pénitencier militaire, où Elle a parcouru dans tous les détails les cellules, les réfectoires, la chapelle et les appartements de Jacques II.
Après cette visite, l’Empereur a fait descendre dans la cour les détenus, qui se sont présentés avec leurs effets de travail ; puis il a passé devant eux. L’enthousiasme chez les hommes était à son comble. Il a accordé la croix de la Légion d’honneur à M. Collas, sergent major déjà médaillé, la médaille militaire à M. Ginier, vieux sous-officier de 21 ans de service qui vient d’être frappé d’une paralysie, un bureau de tabac à madame veuve Allemand, sœur du lieutenant directeur des ateliers, M. Jannier, restée veuve sans fortune avec trois enfants, son mari étant mort en activité au bout de 29 ans et 11 mois de service ; enfin, Sa Majesté a accordé quantité de grâces et de réductions de peines aux détenus en plus de celles proposées pour le 15 août.
Les autorités, prévenues seulement de cette visite inattendue, se sont rendues immédiatement à la rencontre de l’Empereur, et l’ont accompagné jusqu’à son départ de la ville pour Saint-Cloud, aux cris de Vive l’Empereur ! partout répétés sur son passage par la foule compacte grossissant à chaque instant. Il était cinq heures quand Sa Majesté a quitté Saint-Germain. »

Récit de l’évacuation du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye

« L’évacuation complète du pénitencier a eu lieu, mardi dernier 10 juillet. La population, curieuse d’assister au départ de tous ces détenus qu’elle ne pouvait voir de près qu’à de très rares occasions, avait été, dès la veille, mise en émoi par l’arrivée de nombreux détachements de gendarmerie, envoyés [p. 61] des différentes brigades de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, pour servir d’escorte aux détenus.
Tant qu’on a pu penser que le départ s’effectuerait dans la soirée même, des groupes nombreux ont stationné sur la place du Château, et ne se sont dispersés que lorsque les gendarmes, que commandaient un capitaine et un lieutenant, ont rompu leurs rangs pour aller, munis des billets qu’on venait de leur donner, prendre logement chez les habitants.
Le lendemain, de grand matin, un public nombreux attendait le départ dès six heures. Ce n’est pourtant qu’à huit heures que les portes se sont ouvertes pour donner passage à un détachement de quatre-vingts détenus graciés, tous revêtus de l’uniforme de leurs régiments respectifs, qu’ils allaient rejoindre sous la conduite d’un sous-officier. Ils sont partis immédiatement pour Versailles par le chemin de fer. Dix-huit, dont le temps de service était fait depuis longtemps, formaient un petit détachement à part auquel le dernier mot pour eux de la discipline militaire : « Rompez vos rangs ! » a rendu la liberté complète, sauf le lieu de destination indiqué sur chaque feuille de route.
Les figures de tous ces pauvres diables témoignaient de leur joie, et plusieurs d’entre eux exprimaient, en envoyant un dernier regard aux murs du vieux château, leur ferme résolution d’éviter désormais un tel abri.
A deux heures et demie et au milieu d’une affluence considérable, une compagnie du 48e est venue prendre possession devant l’entrée du pénitencier et former, depuis la grille jusqu’à l’embarcadère, la haie entre laquelle devait passer le premier détachement, dirigé vers le fort de Vanves. L’escorte de gendarmerie a bientôt paru sur le seuil du château, précédant et entourant, le sabre à la main, soixante-dix hommes, revêtus de l’uniforme gris des prisons militaires. Ceux-ci marchaient deux à deux, accouplés par une légère chaîne en fer attachée aux poignets. Tous ces hommes portaient leurs sacs et plusieurs y avaient joint les instruments de leur profession, des masques, des fleurets, des boîtes à instruments de musique ; nous en avons même remarqué un qui avait fixé derrière son dos un charmant rosier en fleurs, probablement cultivé pendant sa captivité.
Le soir, à sept heures trente-cinq minutes, un nouveau convoi spécial emportait le dernier détachement, composé de deux cent soixante-quinze détenus, qui, à leur arrivée à Paris, devaient être dirigés sur les établissements pénitentiaires de Metz, Besançon et de l’Algérie. Chaque wagon, contenant huit détenus, recevait en outre deux gendarmes. Le reste de l’escorte et les employés du pénitencier ont pris place dans un wagon spécial, au centre du train. Ces départs successifs, auxquels présidait l’autorité militaire, assistée du chef de la police municipale et de ses agents, se sont accomplis dans le plus grand ordre ; le dernier surtout, qui coïncidait avec la fin de la journée des ouvriers, avait attiré une foule considérable.
Le premier acte de la régénération du château de François Ier, qui a vu naître Louis XIV, est donc enfin accompli.
On affirmait encore hier que le château de Saint-Germain va devenir château impérial dans toute l’acception du mot, et que le casernement de la ville doit être augmenté de manière à y établir une brigade de cavalerie. »

Récit de la célébration de Pâques dans la chapelle du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye

« Une cérémonie bien touchante attirait, dimanche dernier, dans l’ancien château de Saint-Germain-en-Laye, un petit nombre d’élus, parmi lesquels on remarquait M. le maire de Saint-Germain, M. le juge de paix, des membres du conseil municipal, entourés de plusieurs dames de la ville, des artistes, des militaires, au milieu desquels on voyait avec plaisir les bonnes sœurs de la Charité. Ces saintes filles avaient voulu joindre leurs prières à celles de ces hommes à qui elles savent prodiguer de si bons soins. Toutes ces personnes, qui devaient à l’obligeance de M. le commandant du pénitencier militaire la faveur d’assister à une belle et importante fête religieuse, étaient reçues et placées, dans les tribunes, avec beaucoup de courtoisie, par les officiers formant l’état-major de la maison.
Depuis trois mois, près de deux cent cinquante détenus étaient préparés, par le zèle de leur bien digne aumônier, à approcher de la sainte Table pour faire leurs Pâques, et, ce jour-là, dès six heures du matin, ils étaient réunis, par ses soins, dans la chapelle, écoutant, avec un recueillement édifiant, la sublime parole de leur pasteur.
A sept heures, Mgr l’évêque de Versailles, accompagné de son grand-vicaire, y faisait son entrée. A ce moment, tous ces hommes, rangés avec le plus grand ordre dans la partie la plus rapprochée de l’autel, ont chanté avec enthousiasme et ensemble un saint cantique. La messe a commencé aussitôt. Avant de donner la sainte communion, Monseigneur, avec cette bonté qui caractérise si bien l’apôtre du Christ, leur a adressé une allocution très bien sentie sur la religion, considérée comme transformation de l’homme, sujet heureusement choisi et visiblement approprié à la personne de ces pauvres malheureux privés de leur liberté.
Pendant la messe, des chants, bien exécutés par les détenus et la musique du 12e dragon, ont été entendus avec plaisir.
Parmi tous ces hommes, si pieusement agenouillés, treize faisaient leur première communion et cinquante-huit recevaient la confirmation, avant laquelle Monseigneur fit entendre une nouvelle exhortation sur cette vérité éternelle que, dans les desseins de Dieu, les châtiments sont des grâces.
Ces deux cérémonies avaient vivement impressionné les assistants, dont l’émotion a redoublé lorsqu’un détenu s’est approché de Monseigneur, et lui a récité ce compliment en vers, qu’à cette occasion il avait lui-même composé :
Monseigneur,
Privés depuis longtemps d’un bonheur véritable,
Un Dieu, dans sa bonté toujours inépuisable,
De son trône entendit, gémissants et plaintifs,
Les cris des malheureux en ce château captifs.
Ambassadeur sacré de ce Dieu de sagesse,
N’écoutant que l’attrait de l’amour qui vous presse,
Vous accourez vers nous, vos enfants bien chéris,
Votre voix nous appelle, et nos cœurs attendris,
Préparés par les soins d’un prêtre infatigable,
S’élancent au banquet de la très sainte Table.
Délicieuse ivresse ! ô suprême bonheur !
C’est la vie éternelle : adorons le Seigneur ;
Que la reconnaissance, en nos âmes, féconde,
Précieux sentiment d’une vertu profonde !
Que ma bouche et mon cœur expriment tous les vœux
Que nous formons pour vous, en ce moment heureux !
Oh ! merci, Monseigneur, merci deux fois encore :
Pour nous de meilleurs jours vous apportez l’aurore !
Il n’est plus maintenant ni prisons, ni cachots,
Où se perdent nos cris, s’étouffent nos sanglots !
Vous avez tout brisé de votre main sacrée,
Plus rien qui soit obscur ! c’est la voûte azurée !
Comme l’encens alors s’élèvent vers le Ciel,
D’un suave parfum entourent l’Eternel,
De dévoués enfants les ferventes prières,
Ah ! veuille le Très Haut, espérances si chères,
Couronner nos désirs d’un immortel succès !
Et vous, dont les vertus aux Cieux donnent accès,
Laissez tomber sur nous, au fond de cet abîme,
De votre vive foi l’étincelle sublime.
Ranimés par ce souffle, à jamais, Monseigneur,
Un souvenir bien doux sera dans notre cœur.
L’accent de cette voix émue a fait couler bien des larmes. Mais, quand Monseigneur, après une touchante réponse, eut quitté le saint lieu au milieu du respect et de la reconnaissance de tous les assistants, avides et heureux de recevoir sa bénédiction, la sensibilité fut plus vivement excitée encore lorsque l’aumônier demanda qu’on fît une prière pour les parents vivants et morts. A cette pensée, en effet, l’émotion est générale et à son comble ; elle se traduit et s’échappe en pleurs et en sanglots. Alors ce bon pasteur, contemplant avec attendrissement et bonheur son cher troupeau, s’écrie : « Ah, Chrétiens, c’est donc vous qui pleurez aujourd’hui, vous qui avez fait couler tant de larmes ! Coulez, pleurs du repentir, coulez, pleurs de joie répandus pour ces malheureux ! Oh ! si je pouvais recueillir une de ces larmes et la porter à votre mère attristée ! Consolez-vous, pauvre mère, lui dirais-je, consolez-vous, tout n’est pas perdu, car voilà une larme versée par votre malheureux prisonnier ! Allez, pauvre mère, tout n’est pas perdu sans retour, car votre fils sait pleurer encore quand on lui parle de son Dieu, qu’il possède, et de sa mère qu’il a tant affligée ! La consolation qu’en éprouveraient vos mères, nous l’éprouvons tous aujourd’hui, et parmi cette assistance, bien des hommes envient, mes enfants, la paix de votre conscience et le bonheur de ce grand jour. »
Après ces éloquentes paroles, capables de remuer les fibres les plus profondes du cœur humain, et que nous eûmes le bonheur d’entendre, il ne nous reste plus qu’à terminer en remerciant M. le commandant non seulement de sa gracieuse hospitalité, mais surtout du bien devant résulter du souvenir de cette touchante cérémonie, qui, nous avons tout lieu de le croire, portera ses fruits.
Espérons que Dieu, par cet exemple, voudra bien ramener encore quelques-uns de ces hommes moins coupables que ces détenus peut-être, mais qui n’ont pas, comme eux, la confiance en sa bonté, et se défient de sa miséricorde.
Cette fête religieuse est un souvenir de plus à enregistrer dans les annales du vieux château de Saint-Germain, déjà si célèbre en faits historiques, et pour lequel on éprouve un sentiment de profonde mélancolie, quand on pense à sa triste destinée, lui qui fut habité par François Ier, Henri IV et Louis XIV, qui y reçut les hommes les plus illustres de son temps, quand on se souvient que, dans cette chapelle où nous étions réunis, le grand Bossuet fit entendre aussi des paroles de paix et de consolation, qu’il fut le séjour de la gloire et aussi l’asile du malheur, que La Vallière, dans la tristesse de ses plaisirs, y rêva peut-être sa conversion, et que Jacques II s’y réfugia pour y pleurer sa couronne.
Eugène Bunout »

Rapport sur une mutinerie au pénitencier militaire de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Rapport fait au ministre le 4 juillet 1838
Analyse : dispositions relatives à la mutinerie qui a éclaté au pénitencier militaire le 24 juin 1838
La mutinerie qui a éclaté le dimanche 24 juin dernier parmi les condamnés détenus au pénitencier militaire est l’objet du rapport circonstancié ci-joint dans lequel M. le général commandant la 1ère division rend compte des mesures fermes et prudentes prises par M. le capitaine de Wengy, commandant par intérim de cet établissement, afin d’arriver immédiatement à saisir les auteurs et fauteurs de cette révolte qui aurait eu pour prétexte la prohibition du tabac dans l’intérieur de l’établissement.
Du reste, cette mutinerie n’a eu aucune conséquence fâcheuse. Un seul détenu a été blessé légèrement et accidentellement, et aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre habituel.
M. le général comte Pajol, à cette occasion, représente la nécessité d’organiser une surveillance capable de prévenir une insurrection semblable à celle que l’on vient de comprimer, et il s’appuie de la disposition des localités pour démontrer que le nombre des agens aujourd’hui employés est insuffisant pour atteindre ce but. Ainsi, un seul gardien est placé dans chacun des ateliers de chaussonerie et d’ébenisterie qui reçoivent, l’un et l’autre, environ 70 ouvriers. Une surveillance qui doit s’étendre sur un aussi grand nombre d’hommes devient, en résultat, de peu d’effet et souvent presque nulle. Il faudrait donc nécessairement avoir 2 surveillants dans chacun de ces vastes ateliers. Un seul gardien est obligé d’avoir l’œil sur eux ateliers situés l’un au rez-de-chaussée, l’autre au 4e étage : sa tâche devient presque impossible à remplir. L’ensemble de la police générale est confiée à 2 agens, l’importance de ce service en réclamerait trois. Le général comte Pajol prie donc le Ministre de vouloir bien augmenter de 4 le nombre actuel des gardiens.
Il a été adopté, en principe, que le service de surveillance dans le pénitencier serait monté sur le pied de 4 gardiens pour 100 détenus. La population n’étant encore que de 190 condamnés et neuf surveillants se trouvant préposés à leur garde, il semble d’abord qu’ils peuvent suffire. Cependant, en fesant attention que la distribution intérieure des bâtimens a obligé de disperser les ateliers qui varient, d’ailleurs, d’importance, on voit facilement que sur un tel point, la surveillance doit être forte et convenable, que sur tel autre, elle devient presque sans effet, qu’enfin les localités du château de Saint-Germain ajoutent aux difficultés que l’on a à l’établir partout. En outre, la population du pénitencier étant au moment de recevoir un grand accroissement, la prudence veut qu’on ajoute aux moyens de surveillance afin de faire disparaitre les traces qu’ont pu laisser, dans certains esprits, les scènes scandaleuses du 24 juin dernier, et, par suite, la tendance à les renouveler.
D’initiative, Monsieur le Ministre a reconnu que la demande de M. le général Pajol méritait d’être prise en considération. Mais, d’un autre côté, pour ne pas trop s’écarter des bases adoptées, on croit qu’il suffirait d’abord d’ajouter deux surveillans au nombre actuel, qui se trouverait ainsi porté à 11, sauf à accorder plutard une nouvelle augmentation si la nécessité s’en fait réellement sentir.
On a, en conséquence, l’honneur de proposer à Monsieur le Ministre d’appeler à l’emploi de surveillant dans le pénitencier militaire les nomms Bert Georges, sergent au 7e léger, et Soumy, maréchal des logis au 1er hussards, lesquels figurent dans la liste des sous-officiers présentés en conformité du principe sanctionné par la décision ministérielle du 3 février 1837 pour remplir les emplois de cette nature et qui sont recommandés particulièrement comme sujets très capables par MM. les lieutenants généraux commandant les 1ère et 4e division.
Relativement à la prohibition du tabac (cause ou prétexte de la mutinerie du 24 juin), en admettant qu’il y ait utilité à modifier cette disposition, on pense, comme M. le lieutenant général, qu’il n’y aurait pas opportunité à le faire maintenant et qu’il convient d’attendre que la commission chargée de la révision du règlement actuel ait examiné de nouveau cette question.
Ci-joint, dans le sens des propositions qui précédent, un projet de réponse à M. le lieutenant général commandant la 1ère division militaire. Cette lettre contient, en outre, des témoignages de satisfaction pour M. le capitaine de Wengy, commandant par intérim le pénitencier, ainsi que pour M. Delayen, officier comptable, M. Charvet, gardien en chef, et, en général, pour les divers agens composant le persnnel de surveillance qui, tous, ont fait preuve de zèle et de dévouement.
Droucout »

Rapport sur l’installation d’un pénitencier militaire au château de Saint-Germain-en-Laye

« Notes sur le projet d’établir dans le château de Saint-Germain une prison centrale de détention militaire
Sous le rapport de l’étendue des bâtimens dont se compose le château de Saint-Germain, il est rigoureusement possible d’y établir une prison militaire qui comprendrait les quatre divisions indiquées par le programme.
La disposition des lieux ne permettra pas de procurer à ces divisions l’isolement dont il serait à désirer que chacun pût jouir. Mais s’il est impossible d’atteindre compléttement ce but, on peut en approcher jusqu’à certain point, au moyen de séparations et de distributions convenables à chaque partie, auxquelles les localités ne se refusent pas.
On droit regarder comme un inconvénient grave que le château n’ait qu’une seule cour, d’une assez médiocre étendue et qui par conséquent ne parait pas susceptible d’être divisée en autant de parties qu’il conviendrait pour procurer à chaque classe de détenus un préau séparé et un promenoir aux malades de l’infirmerie, tout en réservant une cour de service. Mais on pourra diminuer les effets de cet inconvénient en établissant le préau des prisonniers au régime de correction dans une partie du fossé du château et le promenoir de l’infirmerie dans une autre partie de ce même fossé, en prenant la précaution de surélever convenablement dans ces deux points le mur du fossé du côté de la ville.
On donnera ici le projet de l’emploi des différentes parties du château à affecter aux quatre divisions en indiquant les distributions propres à chacune par des lettres rapportées aux quatre plans ci-joints.
1° Administration
N. Corps de garde pour 30 hommes et un officier
O. Geôle
P. Greffe et logement du greffier
Q. Pièce de dépôt
R. Logement du surveillant principal
S. Salle de visite
T. Salle de bains pour les entrans
U. Concierge
V. Salle d’attente
X. Parloir
Y. Chapelle
A. Boulangerie
BB. Magasins
C. Cuisine
D. Dépense
E. Cantine
OO. Bains pour les détenus
G. Salle du conseil et archives
H. Logement de l’inspecteur
I. Logement de l’agent comptable et de ses employés
K. Ecole
Au 3e étage du pavillon I, greniers et magasins
Les caves de l’administration à l’étage soutérain des pavillons 1, 2 et 5
2° Infirmerie
L. Pharmacie
M. Tisannerie
N. Cuisine de l’infirmerie
P. Salle pour les blessés et vénériens
Q. Logement des officiers de santé et des infirmiers
R. Salle pour les fiévreux
S. Salle pour les maladies contagieuses
Au 3e étage du pavillon 2, lingerie etc.
3° Détenus au régime de correction
AA. Ateliers
B. Réfectoire
D. Entresol, G. 1er étage, K. 2e étage, 41 cellules de détenus
E.F. Entresol, H. 1er étage, L. M. 2e étage, 5 détenus gradés
Rez-de-chaussée, 1er étage, 2 surveillants
Les cellules ténébreuses et de réclusion à l’étage souterrain du pavillon 3, celles de punition simple au 3e étage de ce pavillon
4° Détenus au régime commun
Rez-de-chaussée
FF. Réfectoires
T et U. Ateliers pour les ouvrages à marteau
X. 4 gardiens
Entresol. 171 cellules de détenus tant simples que gradés, 4 gardiens
1er étage. 108 cellules de détenus, 4 gardiens
YY. Ateliers
Z. Magasins
2e étage. 144 cellules de détenus, 4 surveillants
En tout, 423 cellules de détenus
Les 32 cellules de punition simple au 3e étage des pavillons 4 et 5
Les 8 cellules ténébreuses à l’étage souterrain du pavillon 4
L’état matériel des bâtimens est en général satisfaisant quant aux constructions en maçonnerie. Mais il n’en est pas de même de la charpente des planchers et de comble ainsi que de la couverture.
Presque toutes les poutres sont ruinées à leurs abouts. Il sera indispensable d’en remplacer le plus grand nombre avant de les charger du poids des cellules. Ce sera l’objet d’une très grande dépense, qui devra être augmentée de celle nécessaire pour un second plancher que l’on pourrait construire à mi-hauteur dans le cas où les emplacemens désignés pour ateliers seraient jugés insuffisants.
Le remplacement des poutres ne dispensera pas d’établir des poteaux de fond en comble pour en augmenter la résistance.
Malgré ces précautions, il sera convenable de donner la plus petite épaisseur possible aux cloisons des cellules. Il est à désirer que cette épaisseur puisse être réduite à 10 centimètres afin d’obtenir un minimum de charge pour les planchers.
Les couvertures, dont on a depuis longtems négligé l’entretien, exigeront d’assez fortes réparations. On en dira autant de plusieurs parties des carrelages et de beaucoup de croisées et de portes intérieures.
Il n’existe dans tout l’établissement qu’une grande fosse de latrines, répondant au bâtiment du centre entre les pavillons 4 et 5. Il sera indispensable d’en construire 3 autres en rapport 1° avec le pavillon I de l’administration, 2° avec le pavillon 2 de l’infirmerie, et 3° avec le pavillon 3 des détenus au régime de correction.
L’état de la dépense à faire pour l’appropriation du château pour l’objet que l’on a en vue ne peut en ce moment être donné que par approximation. IL faudrait un projet préalablement arrêté pour être en état de présenter avec quelque précision les détails et l’ensemble de cette dépense. En attendant, en voilà l’apperçu en ce qui concerne les choses principales :
Réparations des couvertures : 6000 f. 00
Réparations intérieures (portes, croisées, enduits, carrelages) : 8500 f. 00
Charpentes pour remplacement des poutres des planchers et de plusieurs pièces du comble, ainsi que pour la construction d’un escalier au milieu du bâtiment entre les pavillons 2 et 3, et les poteaux à établir pour le soutien des planchers : 60000 f. 00
Construction des cellules : 150000 f. 00
Portes de cellules ferrées et peintes : 27000 f. 00
Fer pour armature des planchers, grilles des fenêtres etc. : 15000 f. 00
Construction de 3 fosses de latrines : 20000 f. 00
Fourneaux des cuisines, des bains et de la tisannerie : 5000 f. 00
Plomb pour tuyaux de distribution des eaux : 2000 f.
S’il devenait nécessaire, dans l’hypothèse indiquée ci-dessus de construire un second plancher dans le salon de Mars, il faudrait ajouter pour cet objet : 45000 f. 00
[Total :] 338500 f. 00
Pour les choses imprévues : 11500 f. 00
[Total :] 350000 f. 00
Il n’est pas hors de propos de faire observer que l’établissement de la prison centrale dans le château de Saint-Germain entrainera nécessairement le déplacement du service des vivres qui en occupe une partie. La perte des dépenses faites en 1831 pour la manutention serait donc la conséquence de l’exécution du projet dont il s’agit. Les fours, il est vrai, pourraient être conservés pour la boulangerie de la prison. Mais il n’en faudrait pas moins recommencer sur nouveaux frais la formation d’une autre manutention dans un emplacement que le département de la Guerre devrait acheter ou prendre à loyer. Car les recherches qui ont été faites précédemment et dont il a été rendu compte dans le tems ont fait connaître qu’il n’existait à Saint-Germain, soit parmi les bâtimens militaires, soit parmi ceux de l’Etat, aucun local qui pût être affecté au services des vivres.
Versailles, le 28 mars 1833
Le lieutenant-colonel du Génie »

Rapport sur l’installation d’un pénitencier militaire au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Direction du personnel
Bureau de la justice militaire
Rapport fait au ministre le 14 septembre 1833
Analyse : projet d’établissement de pénitencier militaire dans le château de Saint-Germain-en-Laye
Le ministre, ayant pensé que le château de Saint-Germain pourrait se prêter au développement du nouveau système pénitentiaire créé par l’ordonnance du 3 décembre 1832, chargea, au mois de mars dernier, une commission composée de MM. le colonel d’artillerie G[auldr]ée-Boilleau, le lieutenant-colonel du Génie Bourgoin, le chef de bataillon Millot de Boulmay, d’examiner si les localités du susdit château pourraient se prêter à la réalisation de son projet.
Après un examen approfondi des lieux, la commission ayant fait connaitre que, par son isolement, sa situation, sa solidité, ses principales distributions, le château de Saint-Germain convenait parfaitement pour établir un pénitencier, et autant que cette convenance pouvait se rencontrer dans un bâtiment qui n’a pas été construit pour cette destination spéciale, le ministre, d’après ces données, décide le 18 avril dernier que ces mêmes officiers, réunis, achèveraient la mission qui leur avait été confiée en rédigeant un projet complet d’appropriation.
Pendant les travaux qu’ont nécessité l’étude et la rédaction de ce projet, est intervenu l’ordonnance royale du 17 juillet dernier par laquelle le château de Saint-Germain est passé en possession du département de la Guerre puis, le 21 août dernier, la commission a soumis son travail à monsieur le maréchal.
Ce travail consiste en six feuilles de dessin. Sur les cinq premières se trouvent les dispositions générales d’un système cellulaire d’après lesquelles le pénitencier pourra recevoir 537 détenus, dont 45 au régime de correction. Il présente, en outre, toutes les exigeances d’un semblable établissement telles que vastes locaux pour ateliers, magazins, réfectoires, logement des employés, moyens de surveillance, et des cours et préaux dont la superficie totale est de 6800 mètres.
Le devis estimatif se divise en dépenses spéciales d’appropriation, 306150 f.
Dépenses pour grosses réparations, 149600 f.
Qui présentent un total de 455750 f.
Cette dépense totale paraît susceptible d’une diminution assés notable puisqu’on pourra utiliser beaucoup de matériaux provenant de démolitions. En outre, le devis comprend divers objets de mobilier qui ne doivent pas figurer dans les travaux à faire. Ce sont des tables, bancs, comptoirs et un outillage estimé 9000 f. qui, d’après le règlement, sont à la charge des entrepreneurs d’ateliers.
Quand bien même l’exécution du projet coûterait la somme évaluée, la dépense serait encore loin de celle que demande l’établissement du pénitencier modèle qui a été soumis au ministre et dont le devis estimatif dépasse deux millions.
Il faut aussi remarquer que, par suite de l’application du système de l’ordonnance du 3 décembre 1832, le Trésor fera, dans le service du gite et geôlage, une économie qui, calculée au taux très réduit de 0,50 c. par jour et par homme, s’élèvera, par an, à plus de cent mille francs pour 500 détenus.
Plusieurs considérations majeures forcent l’administration d’accélérer l’exécution du projet que monsieur le maréchal a conçu.
A Montaigu, les bâtiments sont dans un tel état de vétusté que, toute réparation étant impossible, ils sont menacés d’une ruine prochaine. Lors de la dernière visite faite par les ingénieurs militaires, ils ont consigné cette situation dans leur rapport, en ajoutant qu’il y avait danger réel pour la population de la prison. On sait, de plus, que la vicieuse distribution de ses localités rend impossible toute police pénitentiaire telle que l’ordonnance royale l’établit.
Il y a enfin avantage pour la sûreté générale à faire disparaître du sein de la capitale un établissement renfermant un assés grand nombre d’individus, presque tous hommes de force et de résolution, sur le secours et l’appui desquels la malveillance croit toujours pouvoir compter dans les crises politiques.
A Saint-Germain, l’ancienneté des constructions, l’abandon où elles sont restées depuis longues années, ont mis les bâtiments dans un tel état de délabrement que, seulement d’une année à l’autre, le mal fait maintenant des progrès effrayants. Les choses en sont au point que si les grosses réparations portées au devis qui est sous les yeux de monsieur le maréchal n’étaient pas exécutées au plutôt, on se trouverait bientôt forcé de faire une dépense double pour la simple conservation du monument, que le département de la Guerre a aujourd’hui en sa possession.
De tous côtés, donc, on ne voit que motifs de prendre une prompte détermination.
Quant aux moyens d’arriver à des résultats prochains, le bureau de la justice militaire n’a pas les documents nécessaires pour établir des propositions réelles. Cependant, il croit utile de présenter les vues qu’il a à ce sujet.
La distribution du château de Saint-Germain permet de faire successivement les travaux d’appropriation. En exécutant les travaux en deux années, la dépense répartir deviendrait moins lourde à supporter. Si d’ailleurs la situation des fonds du budget de 1834 ne permettait pas de commencer l’année prochaine, on pense qu’il faudrait faire une demande de crédit supplémentaire basée sur les besoins impérieux du service des prisons militaires et sur les avantages moraux et économiques qu’il y a à entrer rapidement dans la voie d’améliorations qu’a ouverte l’ordonnance du 3 décembre 1832. Personne d’ailleurs ne met plus d’intérêt que monsieur le ministre, qui a proposé et contresigné cette ordonnance, à assurer et à hâter la mise en activité d’une institution dont on doit attendre les résultats les plus utiles pour le bon ordre et la discipline de l’armée.
Comme il convient préalablement que le comité du Génie examine à fond le travail de la commission, on a l’honneur de proposer à monsieur le maréchal d’ordonner qu’il lui soit envoyé pour en être fait rapport, sous le plus bref délai.
Dromond
Le chef du bureau de la justice militaire
Rivot
Approuvé en demandant que le comité du Génie s’en occupe et fasse son rapport le plus promptement possible »

Rapport sur l’installation de la manutention des vivres dans le château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Direction du personnel et des opérations militaires
Bureau du Génie
Matériel
Saint-Germain
Note pour le bureau de la justice militaire
A l’occasion du projet d’établissement d’une manutention des vivres dans les bâtimens accessoires du quartier de cavalier de Luxembourg à Saint-Germain, mesure réclamée par l’intendance, M. le chef du Génie dans cette place vient d’adresser au ministre les observations suivantes, qu’on croit devoir soumettre, en ce qui concerne la police du pénitencier, à l’appréciation de monsieur le chef du bureau de la justice militaire.
Quoique l’administration du pénitencier ait à sa disposition les deux fours de l’ancienne manutention du château, le petit nombre de détenus composant l’effectif actuel de l’établissement ne lui permet pas d’en faire usage, en sorte que c’est le service créé pour la garnison qui, dans ce moment, est chargé de fournir le pain au pénitencier. Quant au service établi pour la garnison depuis le 10 du mois de nombre dernier, époque de la reprise des locaux qui étaient affectés, dans le château, à la manutention des vivres, il se fait au moyen d’un four appartenant à un boulanger de la ville et dont l’administration des subsistances militaires se sert concurremment avec le propriétaire, circonstances gênante qui a donné lieu à l’intendance de demander l’établissement d’une manutention dans les bâtimens du quartier de Luxembourg.
M. le chef du Génie représente que, pour le service des vivres, on a déjà dépensé près de 12000 f. en 1831, lors de la construction des deux fours du château, et que le projet présenté pour établir une nouvelle manutention dans les bâtimens sus désignés exigerait une dépense qui ne s’élèverait pas à moins de 15000 f.
En outre, M. le capitaine Mermier fait observer que si, plus tard, lorsque le pénitencier sera porté au complet, l’administration de cet établissement utilisait les fours qu’elle a à sa disposition, il serait convenable et économique que la fabrication organisée au château fût chargée de pourvoir aux besoins des deux services. Cet officier ne voit pas qu’il en puisse résulter le moindre inconvénient pour la police du pénitencier. En effet l’objection qui pourrait être faite relativement à la distribution du pain ne peut pas être d’un grand poids, puisque les soldats de service n’auraient à parcourir qu’une partie d’un corridor inaccessible aux détenus pour une distribution de courte durée, se renouvelant seulement tous les deux jours, et soumise à tous les moyens de surveillance de l’administration.
Dans l’état actuel des choses, il s’agit de savoir si l’administration du pénitencier, qui a hérité de l’ancienne manutention, continuera, lorsque l’établissement sera porté au complet, à recevoir le pain du service des subsistances militaires ainsi que cela a lieu maintenant, ou si elle le fera fabriques au château.
Monsieur le chef du bureau de la justice militaire est prié de vouloir bien faire connaître le sens dans lequel cette question doit être résolue, afin qu’on puisse donner suite, relativement au service des vivres, aux proportions de M. le chef du Génie à Saint-Germain.
Le chef du bureau du Génie
Tallenare, adjudant »

Rapport sur l’envoi de prisonniers au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Direction des personnel et des opérations militaires
1ère division
Bureau de la justice militaire, 2e section
Rapport fait au ministre le 1er août 1839
Analyse
On propose, d’après la demande de M. le général Pajol, de porter et d’entretenir au nombre de 500 les détenus au pénitencier de Saint-Germain
M. le général Pajol, commandant la 1ère division militaire, expose, par sa lettre du 9 de ce mois, que le nombre des condamnés détenus au pénitencier militaire de Saint-Germain, est, en ce moment, de 474, qu’il diminuera pendant les mois de juillet, août et septembre, de 55 hommes dont la peine aura successivement expiré et que 18 devront être évacués sur d’autres prisons, parce qu’ils sont incapables de se livrer à aucun genre de travail, qu’ainsi réduit, en trois mois, à un chiffre au dessous de 400, le pénitencier n’aura guère à recevoir, dans le même laps de tems, que 15 à 20 détenus provenant des condamnations prononcées par les conseils de guerre de la 1ère division, ce qui sera loin d’atteindre le chiffre des hommes à remplacer.
Le général fait remarquer qu’il est important d’aviser, dès à présent, au moyen de tenir les détenus au complet de 500 (maximum du nombre de condamnés que peut contenir le pénitencier de Saint-Germain), si l’on ne veut pas compromettre par une diminution de travailleurs dans les ateliers, la prospérité industrielle et financiers de l’établissement et, à cet effet, il propose au ministre d’ordonner que tous les militaires qui seront condamnés à un emprisonnement de 3 ans au moins dans les 4e, 14e, 15e, 16e et 18e divisions militaire seront, à l’avenir, dirigés sur le pénitencier de Saint-Germain.
Cette prison peut renfermer 500 détenus. Elle les a déjà contenus et elle possède ce qui est nécessaire pour les recevoir et leur donner du travail.
La réforme morale des hommes détenus au pénitencier étant le but de la fondation de cet établissement et les frais qu’il occasionne ne pouvant être soldés que par les produits des ateliers qui y sont montés, il y a intérêt à faire travailler les détenus et à entretenir un nombre aussi que possible, afin que le travail concourre tout à la fois à la moralisation et au solde des dépenses de l’établissement.
La proposition faite par M. le lieutenant général Pajol tend à ce résultat. Pareille mesure a déjà été employée quand on a voulu augmenter l’effectif du pénitencier militaire. On fera remarquer toutefois que l’on doit se borner à faire diriger sur le pénitencier les condamnés des seules divisions limitrophes de la 1ère parce que, d’une part, il faut éviter que les condamnés fassent une trop longue route pour arriver au lieu de leur détention, et, de l’autre parce que, dans ces divisions, il a été jusqu’à présent matériellement impossible de procurer aux militaires condamnés les moyens de travailler.
M. le général Pajol pense, en outre, et l’on se range à son avis, que les condamnés qui auront à subir un emprisonnement de plusieurs années, devront seuls être dirigés sur le pénitencier, parce qu’il lui parait démontré par l’expérience que ceux qui n’ont pas à y faire un long séjour sont plus à charge qu’à profit, attendu que l’apprentissage, qui se prolonge souvent pour eux, rend leur travail peu productif et insuffisant pour couvrir les dépenses d’entretien.
En ne recevant donc au pénitencier de Saint-Germain-en-Laye que les hommes dont la détention sera de longue durée, on parviendra à assurer les produits financiers de l’établissement. On y trouvera encore cet avantage plus important de faire participer au bienfait du système pénitentiaire les condamnés qui, coupables de fautes plus graves, doivent avoir plus besoin d’être soumis à un régime de moralisation efficace.
Sous quelque rapport qu’on l’envisage, la proposition de M. le lieutenant général Pajol parait n’offrir que des avantages et nul inconvénient.
En conséquence, on a l’honneur de proposer au ministre d’ordonner que tous les militaires qui seront condamnés à un emprisonnement de 3 ans au moins par les conseils de guerre des 4e, 14e, 15e, 16e et 18e divisions territoriales seront jusqu’à nouvel ordre dirigés sur la pénitencier de Saint-Germain.
Dromont
Le chef du bureau de la justice militaire
De Chénier »

Rapport sur l’achat d’une glace pour le château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Personnel et des opérations militaires
1ère division
Bureau de la justice militaire, 2e section
Rapport fait au ministre le 17 mai 1840
Analyse
On propose d’autoriser l’acquisition d’une glace destinée à orner le salon de réception du pénitencier de Saint-Germain
M. Boudonville, chef d’escadron commandant le pénitencier militaire de Saint-Germain, a formé une demande tendant à ce que le conseil d’administration de cet établissement soit autorisé à faire l’acquisition d’une glace destinée à décorer la cheminée du salon où sont remis MM. les inspecteurs généraux d’armes ou les fonctionnaires de l’intendance, ainsi que les personnes qui ont mission de visiter le pénitencier.
M. le lieutenant général commandant la 1ère division militaire a transmis cette demande qui lui parait fondée et il a prié le ministre de vouloir bien l’accueillir.
Le bureau ne voit aucune raison de refuser l’autorisation d’acheter un effet mobilier qui, en définitive, restera à l’établissement. En conséquence, il propose d’approuver l’achat de la glace dont il s’agit et de décider que le montant de la dépense qu’il occasionnera sera prélevé sur la masse d’administration.
Si le ministre approuve cette proposition, il sera écrit à M. l’intendant de la 1ère division pour qu’il prescrive les dispositions nécessaires à ce sujet, et avis en sera donné à M. le général Pajol.
Le chef du bureau de la justice militaire
De Chénier
[dans la marge :] 17 mai 1840
Approuvé »

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