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Marie de Modène
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Liste des salaires et pensions payés par la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Above staires :
Duchess of Tyrconnel, lady of the Bed Chamber : 1029 l.
Countesse di Almont : 1029 l.
Lady Sophia Bulkley : 1029 l.
Mrs Turenne, Bed Chamber woman : 592 l.
Lady Waldegrave : 592 l.
Mrs Strickland : 592 l.
Madam Molza : 592 l.
Mrs Turenne, as laundresse : 257 l.
Mrs Delabadie, sempstresse and stanckesse : 129 l.
Mrs Galley, necessary woman : 117 l.
Mr Strickland, vice Chamberlain : 649 l.
Mr Caryll, secretary : 592 l.
Mr Meridesh : 163 l.
William Waldegrave, physician : 977 l.
Mr Nevill, gentleman usher of the Privy Chamber : 240 l.
Mr Crane, gentleman waiter : 189 l.
Mr Forster : 189 l.
Mr Barry, Queen’s waiter : 112 l.
Mr Turrenne : 112 l.
Mr Hyde, groome of the Privy Chamber : 232 l.
Mr Smith, page of presence : 175 l.
Mr Riva, roabe’s : 257 l.
Mrs Noble : 175 l.
Mr Dufour, page of the Bed Chamber : 257 l.
Mr Horne : 257 l.
Mr Abell : 257 l.
Mr Lavery : 257 l.
Mr Peirepoint, groome of the Great Chamber : 117 l.
Mr MacDonnel : 117 l.
Mr Bowesy : 117 l.
Roger Physwick, for cleanseing the drawroom : 24 l.
Father Galley, confessor : 257 l.
Mr Ronchy senior, almoner : 257 l.
Mr Ronchy junior : 206 l.
Mr Innes : 206 l.
Father Ruga, chaplain : 175 l.
Mr Sachelli : 175 l.
Father La Croix : 175 l.
Father Naish : 175 l.
Ralph Norton : 87 l. 15 s.
Laurence Delatre : 46 l. 16 s.
Below stairs :
Mr Chilton : 386 l.
Mr Conquest : 386 l.
Mr Lesserture, master cooke : 232 l.
Mr Thomas : 232 l.
Monsieur Detroe, cooke : 102 l. 7 s.
Mr Simpson, yeoman of the pantry : 117 l.
Mr Lepointy, yeoman of the wine cellar : 146 l. 5 s.
Mr Harrison, apothecary : 234 l.
Stables :
Mr Leyburne, equerry : 476 l.
Mr Persico, page of honour : 189 l.
Mr Buckenham, yeoman rider : 309 l.
Mr Devereux, purveyor : 58 l. 10 s.
Walter Dormer, coachman : 351 l.
Thomas Hooper : 292 l. 10 s.
Charles Belgard : 292 l. 10 s.
John Humpston : 292 l. 10 s.
Peter Bandore, footman : 117 l.
John Lewin : 117 l.
John Stapleton : 117 l.
Timothy Clarke : 117 l.
George Peirson : 117 l.
Alexander Hamilton : 117 l.
John Bevan : 117 l.
Anthony Moore, chaireman : 102 l. 07 s. 6 d.
Benjamin Cotton : 102 l. 07 s. 6 d.
Joseph Conner, farrier : 58 l. 10 s.
John Bailey, bottleman : 102 l. 07 s. 6 d.
Thomas Arnold, groome : 160 l. 17 s. 6 d.
John De Vere : 160 l. 17 s. 6 d.
Prince’s side :
Mrs Stafford : 720 l.
Madam Nurse : 386 l.
Mrs Delabadie, dry nurse : 360 l.
Doctor Betham, preceptor : 343 l.
Mr Codrington, sub-preceptor : 175 l. 10 s.
Father Constable, chaplain : 175 l. 10 s.
Monsieur Faure, dancing master : 200 l.
Christopher William, writing master : 75 l.
Mrs Simms, rocker : 257 l.
Mrs Waldegrave : 257 l.
Mrs Chappell : 257 l.
Mrs Delatre : 257 l.
Mrs Chilton, laundresse : 257 l.
Mrs Lesserture, sempstresse : 87 l. 15 s.
Mrs Clarke, necessary woman : 117 l.
Balthazar Artema, page of the backstairs : 234 l.
William Lonon : 234 l.
Edmund Johnson, footman : 117 l.
Bryan O’Bryan : 117 l.
Princesse’s servants :
Mrs Martinash, wett nurse : 386 l.
Mrs Rougé, rocker : 257 l.
Mrs Lavery : 257 l.
Mrs Griffith : 257 l.
Mrs Buckenham : 257 l.
Mrs Nevill, sempstresse and starchess : 117 l.
Mrs Beddingfield, laundresse : 257 l.
Mrs Ashton : 146 l. 05 s.
Mrs Carney, necessary woman : 117 l.
Daniel Fulham, page of the back stairs : 234 l.
John Wilkie : 234 l.
Mrs Irwin : 146 l. 05 s.
Pentions :
Lord bishop Ellis : 500 l.
Lord Dumbarton : 250 l.
Lady Strickland : 600 l.
Mr Caryll : 292 l.
Mr Ronchy : 206 l.
Mr Codrington : 58 l. 10 s.
Father Maxwell : 604 l.
Mr Benyon : 375 l.
Mrs Sackvill : 250 l.
Mrs Withrington : 250 l.
Mr Riva : 257 l.
Monsieur Fedé : 234 l.
Monsieur Dupuy for little Mr Ashton : 250 l.
Father Saunders for Lady Lucy Hebert : 100 l.
Lady Edmond Butler : 150 l.
Mrs Bointon : 100 l.
Mrs Ramsay : 100 l.
Monsieur Garangée : 150 l.
Mrs Naish : 60 l.
Mrs Plunkett : 60 l.
Lady Brittas : 100 l.
Lady Innescheling : 100 l.
Mrs Arthur’s elder daughter : 100 l.
Mrs Arthur’s youngest daughter : 50 l.
Lady Mayo : 100 l.
Mrs Van Colster : 100 l.
Mrs Umfreville : 100 l.
Mrs Ingram : 100 l.
Mrs Staniers : 60 l.
Mrs Gifford : 60 l.
Mrs Coleman : 81 l. 05 s.
Mrs Christina Plunkett : 96 l.
Mrs Mackensey : 60 l.
Mrs Baggot : 50 l.
Mrs Barrett : 50 l.
Mrs O’Birne : 72 l.
Mrs O’Neale : 100 l.
Lady Murray : 100 l.
Mrs Creiton : 75 l.
Mrs Arthur : 50 l.
Mrs Simms for her sonne : 50 l.
Mrs Burke att the Blew Nuns : 36 l.
Mr Barry for hissonne : 50 l.
Lady Scot for her neice : 50 l.
Monsieur le vicaire de Saint Germain : 375 l.
Doctor Davis : 46 l.
Mr Simms for his sister : 60 l.
Mr Codrington for charity money : 866 l. 01 s.
Mr Sachelli for his brother halfe a yeare coming last of december : 351 l.
Mademoiselle Collo : 100 l.
Lodging money :
Mr Crane : 36 l.
Mr Forster : 36 l.
Mr Barrey : 36 l.
Mr Turenne : 36 l.
Mr Conquest : 36 l.
Mrs Nevill : 36 l.
Mrs Lesserture : 36 l.
Mr Merideth : 36 l.
Mr Hyde : 36 l.
Mr Dufour : 36 l.

The Queen’s servants : 18989 18 06
Prince’s servants : 4626 15 00
Princesse’s servants : 2519 05 00
Pentions and charity money : 8220 01 00
Lodging money : 396 00 00
For all : 346561 19 06
497 05 00
[Total :] 35149 04 06
Mademoiselle Collo : 100
[Total :] 35249 04 06 »

Administration du roi d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la reine d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, lundi 3 janvier 1689
[…] Le roi d’Angleterre a été pris, dit on, en faisant le chasseur et voulant se sauver. Il est à Witehal. Il a son capitaine des gardes, ses gardes, ses mylords à son lever, mais tout cela est fort bien gardé. Le prince d’Orange à Saint James, qui est de l’autre coté du jardin. On tiendra le parlement : Dieu conduise cette barque. La reine d’Angleterre sera ici mercredi ; elle vient à Saint Germain pour etre plus pres du Roi et de ses bontés. »

Lettre de Madame palatine, duchesse douairière d’Orléans, concernant la mort de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Je vous écris le cœur bien troublé, et j’ai pleuré hier toute la matinée. La bonne et pieuse reine d’Angleterre est morte hier matin à Saint Germain, à sept heures. Assurément elle doit être au ciel. Elle ne gardait pas un liard pour elle, et donnait tout aux pauvres ; elle faisait vivre des familles entières ; elle n’a jamais tenu un propos méchant sur qui que ce soit, et si l’on se mettait à l’entretenir sur le chapitre du prochain, elle disait : « Si c’est du mal de quelqu’un, je vous prie, ne le dites pas ». Elle a soutenu ses malheurs avec une résignation parfaite ; elle était polie et agréable, quoique bien loin d’être belle ; elle était toujours gaie et faisait constamment l’éloge de notre princesse de Galles. Je l’aimais beaucoup ; sa mort me serre le cœur. »

Récit de l’installation du roi et de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 280] Le 21 au matin, jour de S. Thomas, le bastiment qui portoit la reine d’Angleterre arriva à Calais, après [p. 281] avoir couru risque de faire naufrage au port, puisqu’il s’en fallut peu qu'il ne touchait un banc qui en estoit à dix pas ; mais le maistre du paquetbot qui se trouva là fort à propos luy servit de guide, et empefcha par là ce malheur. Après que la reine fut debarquée, le capitaine du yacht dit qu'il sçavoit bien qu'il menoit cette princesse et le pince de Galles, et qu'il l'avoit toujours reconnu. Elle ne voulut point que M. le duc de Charost luy fist rendre aucuns [p. 282] honneurs à Calais. […] [p. 283] Comme la reine [p. 284] devoit faire quelque sejour à Bouligne jusqu’à ce qu’on eust receu des nouvelles de la Cour, elle demanda d’estre logée au convent des Ursulines mais, M. le duc d‘Aumont ayant fait preparer l’appartement de madame la duchesse sa femme, elle ne put le refuser. […] [p. 284] Cependant, le Roi ayant sceu que cette princesse estoit arrivé en [p. 288] France, ce monarque qui a toujours esté l’appuy des malheureux et l’azil des opprimez en ressentit une joye proportionnée au triste etat ou il scavoit qu’elle se trouvoit. […] [p. 321] La nouvelle de l’arrivée du roy d’Angleterre à Ambleteuse ayant esté receue à Versailles, M. le marquis de Beringhen l’apprit à Beaumont par un courrier que le [p. 322] Roy lui depescha. […] [p. 328] M. le Premier, après s’etre acquité de sa commission auprès de la reyne d’Angleterre, qu’il auroit conduite jusqu’à Saint Germain sans les nouveaux ordres qu’il receut, ne songea plus qu’à partir la nuit mesme pour aller au devant de Sa Majesté britannique. […]
[p. 329] Le 6, cette princesse partit de Beaumont pour se rendre à Saint Germain en Laye, dont le Roy avoit fait meubler le chasteau pour la loger. Il avoit d’abord fait preparer celuy de Vincennes, [p. 330] mais Sa Majesté croyant l’air de Saint Germain meilleur pour la santé du jeune prince, et ce chasteau plus commode pour voir la reyne plus souvent, avoit changé de dessein.
Le Roy partit le mesme jour de Versailles pour aller au devant de cette princesse. Il estoit accompagné de monseigneur le Dauphin, de Monsieur et des princes et principaux seigneurs de la Cour. Il s’avança jusques auprès de Chatou, et les gardes du corps, les gendarmes, [p. 331] les chevaux legers et les deux compagnies de mousquetaires s’etendoient dans la plaine depuis le pont du Pec jusqu’à ce village. Quoyque leurs habits ordinaires soient assez riches et que le tout ensemble produise un effet fort éclatant, chacun s’estoit efforcé ce jour là de se mettre proprement et l’on peut dire que tous les officiers estoient magnifiquement vestus. Le carosse de Sa Majesté et celuy où estoit la reyne d’Angleterre ayant paru, chacun descendit du [p. 332] sien, dans le mesme temps, et le Roy et cette reyne se saluerent. Le Roy luy presenta monseigneur le Dauphin et Monsieur, et la remit ensuite dans le mesme carosse, où estant aussitost monté il se plaça à sa gauche, et monseigneur le Dauphin et Monsieur se mirent sur le devant. Lorsqu’on fut arrivé à Saint Germain, le Roy conduisit la reyne dans l’apartement qui luy avoit esté preparé. Il demeura quelque temps en public avec elle, et luy presenta monsieur le [p. 333] Prince, monsieur le Duc et monsieur le prince de Conty. Le Roy, en prenant congé de cette princesse, luy dit « qu’il alloit voir le prince de Galles pour apprendre s’il n’estoit point fatigué du voyage ». La reyne voulut l’y accompagner et lui dit « qu’elle avoit esté ravie qu’il ne fust pas en age de connoistre ses malheurs, mais qu’à present elle estoit bien fachée qu’il ne fust pas en etat de reconnoistre l’obligation qu’il luy avoit ». Le Roy revint ensuite à Versailles et laissa cette princesse dans [p. 334] l’admiration de ses manieres toutes engageantes et qui, avec le brillant de la majesté, laissent paroistre un air tout affable qu’il seroit difficile d’exprimer. Ce monarque de son costé trouva beaucoup d’esprit et de grandeur d’ame dans cette princesse. Elle a l’air noble ; toute penetrée qu’elle est de sa douleur, elle n’en paroist point embarassée. Elle sent bien ce qu’elle est et quoy qu’elle soit fort honneste, elle scait placer ses honnestez selon les gens et est tout à fait maitresse d’elle mesme.
[…]
[p. 359] Le roy d’Angleterre […] monta à Clermont dans le carosse du Roy que M. le Premier avoit [p. 360] au voyage en allant au devant de la reine et qu’on y avoit fait venir de Beauvais toute la nuit. M. le Premier et M. le duc de Bervick entrerent dans ce carosse avec Sa Majesté, qui alla ainsi jusqu’à Saint Germain en Laye, avec des attelages du Roy qu’on avoit mis en relais. Tout Saint Denis estoit remply du peuple de Paris, qui marqua sa joye par ses acclamations lorsqu’il vit arriver Sa Majesté britannique, ce qui acheva de faire connoiste qu’il n’y a point de peuple au monde si fidelle [p. 361] et si zelé que celuy de France, ny qui se plaise davantage à entrer dans tous les sentimens de son Roy. Tout se trouva remply de peuple, de carosses pleins de personnes de qualité et de cavaliers depuis Paris jusqu’à Saint Denis, et ce prince n’entendit que des acclamations, et ne vit que de la joye sur tous les visages.
Sa Majesté receut ce monarque au milieu de la salle des gardes de Saint Germain. La joye qu’ils eurent de se voir parut dans leurs embrassades, qui furent reiterées [p. 362] plusieurs fois. Leurs complimens estant finis, le Roy mena Sa Majesté britannique dans la chambre de la reine son epouse, qui estoit au lit, et apres y avoir demeuré quelque temps et l’avoir aussi mené chez le prince de Galles, il s’en retourna à Versailles.
Le 8, le roy d’Angleterre vint l’apres dinée à Versailles rendre visite à Sa Majesté, ayant dans son carosse M. le duc de Bervick, M. le Premier et M. de Lausun. Le Roy le receut à la porte de [p. 363] la salle des gardes et le conduisit dans son petit salon, puis dans son cabinet, où ils demeurerent seuls pendant plus d’une heure et demie. Sa Majesté le conduisit ensuite par la grande galerie à l’appartement de madame la Dauphine, qui l’attendoit dans sa chambre avec un fort grand nombre de dames. Cette princesse estant avertie qu’il venoit par la galerie, s’approcha environ à trois pas de la porte. Le roy d’Angleterre entra, accompagné du [p. 364] Roy, de monseigneur le Dauphin et d’une très grande quantité de seigneurs de la Cour. Il baisa madame la Dauphine des deux costez et ensuite Madame qui s’y trouva. Il baisa après monseigneur le duc de Bourgogne, monseigneur le duc d’Anjou et monseigneur le duc de Berry qui accompagnoient tous trois madame la Dauphine. On ne fut point assis. Madame la Dauphine estoit du costé de la balustrade et, le Roy donnant toujours la droite au roy d’Angleterre, [p. 365] estoit avec Monseigneur du costé des fenestres. La conversation dura un quart d’heure. Ce monarque prit congé pour aller chez Monseigneur, qui un moment auparavant estoit sorty de chez madame la Dauphine, pour l’aller attendre dans son appartement. Le Roy accompagna ce monarque en sortant jusqu’au haut du grand degré. Monseigneur le receut à la porte de la salle de ses gardes, et le roy fit tomber la conversation sur la campagne de ce jeune prince, [p. 366] à qui il donna les louanges qui luy sont dues, mais il luy dit ensuite « qu’il s’estoit trop exposé et qu’à l’avenir il devoit se menager davantage ». Monseigneur lui repondit, avec beaucoup de presence d’esprit, « qu’estant duc d’York il ne s’estoit pas moins exposé lorsqu’il combattoit dans les troupes de France ». Le roy repliqua « qu’il n’estoit alors qu’un malheureux aventurier mais que comme il seroit presentement le plus ancien lieutenant general s’il avoit continué, il croyoit que le Roy le [p. 367] feroit marechal de France ». Monseigneur le reconduisit jusqu’au mesme lieu où il avoit esté le recevoir. Il alla ensuite chez Monsieur, qui estant veritablement indisposé, gardoit le lit ce jour là. Comme il estoit assez naturel de parler du prince d’Orange, ce qu’on en dit fit tourner la conversation sur la bataille de Cassel et Monsieur fut loué d’avoir battu un pince si fier et qui ne manquoit ny de hardisse ny de courage. Ce prince repondit là dessus [p. 368] « qu’il voudroit qu’une semblable occasion se presentast encore et qu’il exposeroit volontiers sa vie pour le service du roy d’Angleterre ». Ce monarque alla après cela rendre visite à Madame et s’en retourna à Saint Germain. M. le Premier l’y accompagne et luy dit le soir en prenant congé de luy que la Maison du Roy qu’il avoit menée au devant de la reine avoit ordre de demeurer auprès de Leurs Majestez pour les servir.
Le 9, monseigneur le Dauphin se rendit à Saint [p. 369] Germain et visita Leurs Majestez britanniques.
Le 10, Madame et mademoiselle y allerent aussi, et le 12 les princesses du sang.
Le 13, Monsieur les visita pareillement et sur les deux heures les princes du sang firent les mesmes visites. Le mesme jour, sur les quatre heures du soir, la reine d’Angleterre vint à Versailles. Le Roy, monseigneur le Dauphin et Monsieur la receurent au plus haut du grand escalier. Elle parut se defendre la droite [p. 370] de Sa Majesté. On luy avoit preparé un fauteuil qui estoit à droite de celuy du Roy et elle s’y mit. La conservation dura un quart d’heure et l’esprit de cette princesse se montra aussi brillant qu’il avoit dejà fait. Le Roy luy dit « qu’il estoit surpris de l’entendre si bien parler françois et de de qu’on ne luy remarquoit aucun accent etranger ». Elle repondit « qu’elle s’estoit toujours senti de l’inclination pour la France et que c’estoit de là que venoit la facilité qu’elle avoit eue à apprendre le françois ». [p. 371] Leur conservation étant finie, le Roy la conduisit chez madame la Dauphine, qui l’attendoit dans sa chambre avec un tres grand nombre de dames, qui estoient fort parées. Quand cette princesse fut avertie que la reine venoit par la galerie, elle s’avança jusque dans la porte. La reine la baisa d’un costé et madame la Dauphine, luy donnant la droite, la mena dans son grand cabinet. On y avoit preparé six fauteuils, scavoir pour la reine, madame [p. 372] la Dauphine, les trois jeunes princes et Madame. Celuy de la reine estoit au milieud e la chambre et les autres estoient tournez un peu du costé du fauteuil de cette princesse. Toutes les duchesses furent assises. Madame la duchesse de Powis, gouvernante du prince de Galles, et madame la comtesse de Montecuculi, une des dames d’honneur de la reine, comme estoient icy les dames du Palais, puisqu’elles sont plusieurs et qu’elles servent par semaine, eurent [p. 373] les tabourets. On s’etonnera que je donne icy le nom de duchesse à madame de Powis apres l’avoir apellée plusieurs fois marquise ; la raison de ce changement est que le roy d’Angleterre, depuis son arrivée à Saint Germain, a recompensé le zele de M. de Powis, son marquis, en le faisant duc. La conversation dura une demy heure. On se leva et madame la Dauphine conduisit la reine jusqu’à la porte de son cabinet. Cette princesse alla ensuite chez Monseigneur, qui la receut [p. 375] à la porte de la salle de ses gardes et la reconduisit jusqu’au mesme endroit. Elle alla après chez Monsieur et chez Madame, qui luy firent tous les honneurs dus à une reine. »

Récit par le baron de Breteuil de la visite du roi d’Espagne au roi et à la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 345] [Le 17 novembre 1700], à six heures du soir, le roi et la reine d’Angleterre vinrent de Saint Germain voir le Roi et le roi d’Espagne. […] [p. 346] Si LL. MM. BB. fussent venus par le côté du degré, le roi d’Espagne auroit été le recevoir à cette première visite jusque auprès de l’entrée de la salle des gardes, le Roi en ayant donné l’exemple quand il reçut pour la première fois le même roi d’Angleterre, en 1688, à Saint Germain en Laye, car j’y vis S. M. avancer, à trois ou quatre pas près, jusqu’à l’entrée de la salle des gardes, sur quoi Elle m’a fait l’honneur de me dire à l’occasion de la cérémonie dont il est question aujourd’hui qu’Elle en fit plus ce jour là qu’elle n’en auroit fait dans une autre occasion, parce que dans l’état malheureux qui faisoit pour lors venir le roi d’Angleterre à sa Cour, il falloit passer par-dessus les mesures ordinaires pour lui marquer ce que l’on doit à la majesté royale, en quelque état qu’elle se trouve, et la tendre compassion avec laquelle elle entroit dans ses malheurs. Cependant, cela a fait un exemple, le roi d’Angleterre ayant rendu le réciproque au Roi à la première visite que S. M. lui fut rendre, et l’ayant encore fait au roi d’Espagne comme vous le verrez ci après. Dans toutes les autres visites que le Roi et LL. MM. BB. se sont rendus réciproquement, ils ne vont, pour se recevoir et se reconduire, qu’à la porte de la chambre qui précède celle où se passe la visite, car quoique ici elle se passe toujours dans le cabinet et souvent dans les arrière cabinets du Roi, ce n’est que parce qu’ils veulent être seuls et enfermés.
[…]
[p. 351] Le [23], le roi d’Espagne alla au château de Saint Germain rendre visite au roi, à la reine d’Angleterre et au prince de Galles. Il avoit son grand manteau de deuil. Le duc de Beauvilliers, le marquis de Saumery, ses deux gentilshommes de la manche et son écuyer l’accompagnèrent vêtus de même.
Le roi d’Angleterre le vint recevoir à l’entrée en dedans de la salle des gardes, dont la porte touche à l’escalier. La visite se fit dans la seconde chambre qui est après la salle des gardes, dans laquelle il n’y avoit point de lit. Ils furent assis sur deux fauteuils égaux, et le marquis de Chazeron, lieutenant des gardes du corps, qui avoit pris la queue du manteau du roi d’Espagne à la descente du carrosse, ne la quitta point que dans le moment qu’il s’assit, chose très extraordinaire ainsi que je l’ai déjà remarqué. La même chose se pratiqua chez la reine.
[p. 352] Les deux rois se couvrirent pendant la visite, et le roi d’Angleterre reconduisit S. M. C. jusqu’à l’endroit où il l’avoit été recevoir.
Il passa de là chez la reine, qui est logée de l’autre côté du même degré. Elle le vint pareillement recevoir à la porte en dedans de la salle des gardes, et le conduisit dans sa chambre à coucher où la visite se passa, l’un et l’autre étant assis dans des fauteuils égaux, le roi d’Espagne ayant la droite, et la reine le reconduisit au lieu où elle l’avoit pris.
Et comme l’appartement du prince de Galles est derrière celui du roi son père, ce prince vint recevoir le roi d’Espagne au même endroit où le roi d’Angleterre l’avoit reçu et le conduisit dans sa chambre, qui est trois ou quatre pièces au delà de celle où le roi d’Angleterre avoit reçu la visite du roi d’Espagne. Celle de S. M. C. au prince de Galles se passa debout, après laquelle ce prince reconduisit S. M. C jusqu’à son carrosse, qu’il vit partir. En descendant le degré, le prince de Galles n’affecta point de marcher à côté du roi d’Espagne, mais il marcha toujours devant, comme font les courtisans. »

Le Tonnelier, Louis Nicolas, baron de Breteuil

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, mercredi 5 janvier 1689
[…] Vous allez voir, par la nouvelle d’aujourd’hui, comme le roi d’Angleterre s’est sauvé de Londres, apparemment par la bonne volonté du prince d’Orange. Les politiques raisonnent et demandent s’il est plus avantageux à ce roi d’être en France : l’un dit oui, car il est en sureté et il ne courra pas le risque de rendre sa femme et son fils ou d’avoir la tete coupée, l’autre dit non car il laisse le prince d’Orange protecteur et adoré des qu’il y arrive naturellement et sans crime. Ce qui est vrai, c’est que la guerre nous sera bientot declarée, et que peut etre meme nous la declarerons les premiers. Si nous faisions la paix en Italie et en Allemagne, nous pourrions vaquer à cette guerre angloise et hollandoise avec plus d’attention ; il faut l’esperer, car ce seroit trop d’avoir des ennemis de tous cotés. Voyez en un peu où me porte le libertinage de ma plume, mais vous jugerez bien que les conversations sont pleines de ces grands evenemens.
[…]
Nous allons vaque presentement à la reception de Leurs Majestés angloises, qui seront à Saint Germain. Madame la Dauphine aura un fauteuil devant cette reine, quoiqu’elle ne soit pas reine, parce qu’elle en tient la place. »

Lettre de Madame palatine, duchesse douairière d’Orléans, concernant la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Il est de toute fausseté que la reine d’Angleterre ait laissé de grosses sommes. Elle a entretenu son fils ainsi que tous ses gens, elle a donné des pensions à la plupart de ses dames, elle a soutenu des familles entières d’Anglais, elle se privait du nécessaire afin de secourir les pauvres dans les hôpitaux. Sous le rapport de la cupidité elle n’était nullement italienne, car elle n’a jamais mis un liard de côté. On peut dire qu’elle avait toutes les vertus royales. Son unique défaut (personne n’est parfait) est d’avoir poussé la dévotion à l’extrême ; mais elle l’a payé cher, car c’est la cause de tous ses malheurs. Elle ne pouvait ici faire des économies, car elle n’était pas régulièrement payée ; elle a été forcée d’emprunter de l’argent et de contracter des dettes ; il n’est pas vrai que ses domestiques aient pillé ses meubles, car elle était logée à Saint Germain dans les meubles du Roi.
On a vu peu de reines d’Angleterre être heureuses, et, en ce pays là, les rois non plus n’ont pas beaucoup de bonheur. »

Mention du baptême de la fille de Jacques II dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 304] Le Roy et madame ont tenu la princesse d’Angleterre sur les fonts. La ceremonie s’est faite dans la chapelle du vieux chasteau de Saint Germain en Laye, par M. le cardinal de Bouillon, grand aumonier de France. La princesse a esté nommée Louise Marie Elizabeth, qui sont les noms du Roy, de la reine d’Angleterre et de Madame. Sa Majesté vouloit que le nom de Marie fut le premier, parce que c’est ordinairement celuy qui demeure, mais la reine [p. 305] d’Angleterre a fait de si pressantes instances pour engager le Roy à faire que le nom de Louise precedast les deux autres noms, qu’il n’a pu se deffendre d’accorder aux prieres de cette princesse ce qu’elle souhaittoit avec tant d’ardeur. »

Récit de la visite du duc de Mantoue à la famille royale anglaise à Saint-Germain-en-Laye

« Il [le duc de Mantoue] m’avait prié de savoir du Roi si S. M. ne jugeait pas à propos qu’il allât à Saint Germain en Laye voir le roi et la reine d’Angleterre. S. M. m’avait ordonné de lui dire qu’il en était le maître, pourvu qu’il y allât comme partout ailleurs sous le nom de marquis de San Salvador et sans qu’il fût question d’aucune cérémonie. Il envoya, le 17, le marquis d’Elfian complimenter Leurs Majestés britanniques et demander le jour et l’heure auxquels il pourrait les voir et convenir avec mylord Pertz, gouverneur du roi, à qui j’indiquai au marquis qu’il devait s’adresser, de la manière dont il serait reçu. Le lendemain, le roi d’Angleterre l’envoya complimenter à Luxembourg par un de ses premiers gentilshommes de sa chambre et la reine par le comte de Molsa, son premier écuyer.
[…]
[p. 171] Le lundi 19, nous fûmes à la cour d’Angleterre avec le même nombre de carrosses et de la même manière que nous avions été à Versailles. En arrivant au château de Saint Germain, nous montâmes d’abord, et sans nous reposer dans aucun appartement, à l’audience, par le grand degré, ayant été reçus à la descente du carrosse par le comte Molsa seul, à cause [p. 172] de l’incognito, et Leurs Majestés britanniques l’avaient choisi préférablement à un autre parce qu’il est italien. Comme je n’avais aucune fonction dans cette audience, je marchai derrière avec les courtisans du prince sans affecter aucune distraction. Nous nous trouvâmes dans le cabinet du roi. Le jeune roi, debout, avait son chapeau sous son bras, et ayant la droite sur la reine sa mère, qui avait à sa gauche, en retour, la princesse d’Angleterre. Le roi et la reine attendirent en leurs places le marquis de San Salvador, sans s’avancer pour le recevoir ; après les révérences réciproques et un compliment du roi fort court, la reine prit la parole en italien et, après une conversation d’environ un quart d’heure, elle convient avec ce prince d’une plus longue entrevue, et plus libre, quand elle viendrait au couvent des Filles de Sainte Marie de Chaillot, où elle va souvent. Ensuite, le prince prit congé de Leurs Majestés britanniques ainsi que Molsa nous avait dit, en montant le degré, que c’était l’usage de leur Cour, et le roi et la reine avancèrent jusqu’à la moitié du cabinet, qui à la vérité n’est pas fort long, pour le reconduire. Dans le moment qu’il eut fait la révérence pour s’en retourner, il présenta les gens de qualité de sa suite et, ayant aperçu en sortant du cabinet que la reine me faisait l’honneur de me parler, il revint et lui dit, me prenant par la main, que le Roi n’avait pu lui faire un plus grand plaisir que de me mettre auprès de lui pour l’accompagner, parce que j’étais son ancien ami – il voulut bien m’honorer de cette expression – et que tout ce qui était commis à mes soins se retrouvait toujours arrangé et exécuté à la perfection. En revenant de Saint Germain, il s’arrêta à la machine de Marly qui se trouve sur le chemin et qui n’est pas une des moindres choses à faire voir aux étrangers pour leur donner une idée de la magnificence avec laquelle le Roi a fait tout ce qui a pu embellir ses jardins. »

Le Tonnelier, Louis Nicolas, baron de Breteuil

Notes sur la Cour de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 73] [17 février 1716] La Cour de Saint-Germain est toute déserte, la reine n’ayant plus à son service que les plus gueux et les plus âges des Anglais et Irlandais. Tous les autres sont passés sur les côtes pour chercher à s’embarquer.
[…]
[p. 253] [13 mai 1718] Le 5 au soir on porta de Saint-Germain-en-Laye à l’église des Filles de la Visitation de Chaillot le corps et le cœur de la reine d’Angleterre suivant ses dernières intentions, sans beaucoup de pompe : vingt gardes et six pages seulement précédèrent le carrosse du corps qui étoit suivi par un petit nombre d’autres carrosses remplis d’officiers, d’Anglais et d’Irlandais. Le 11, le Roi prit le deuil en violet. M. le Régent l’a fixé à trois semaines. On a demandé à Son Altesse si la pension de la Reine serait continuée à Prétendant : il a laissé la question indécise.
[…]
[p. 256] [16 mai 1718] Les dames de la Cour de Saint-Germain sont dans une très sérieuse consternation. M. le Régent leur conserve sur le même pied la pension que leur faisoit la reine ; il n’est point encore décidé si on leur laissera leurs appartements au château. »

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