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Construction et travaux Français
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État des travaux de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Les travaux du château
« Faute de parler, dit le vieux proverbe, on meurt sans confession ». Aussi n’avons-nous pas craint, dussions-nous être importun, d’engager dimanche, pendant le concert, une conversation avec M. Millet, dont il est résulté les souvenirs que nous donnons aujourd’hui à nos lecteurs.
La saison rigoureuse nous gagne et bientôt il faudra, sinon arrêter, au moins bien ralentir les travaux de restauration qui rendront à notre vieux château son aspect grandiose et splendide du temps de François Ier. Comme tous les ans, nous voulions donc nous renseigner à source certaine, pour avoir à publier dans l’Industriel un résumé succinct des opérations de la campagne 1873 et faire passer en revue à ses lecteurs la série des transformations que nous voyons s’opérer au jour le jour.
Le crédit alloué en 1873, malheureusement très réduit par la situation financière de notre pays, s’élevait à 100000 francs, sur lesquels il a fallu prélever, comme toujours, quelques traitements et des frais divers. Les travaux ordonnés ne doivent donc s’élever alors qu’à 90000 fr. ces ressources ont permis à M. Millet d’achever toute la grosse construction de l’angle sud-est, vers la rue du Château-Neuf et la cité Médicis ; le gros pavillon et la tour s’achèvent en ce moment ; on pose les chéneaux, les balustrades, les vases, les couronnes royales faisant le riche entablement qui se détache sur le ciel d’une façon si gracieuse et que nous connaissons déjà, puisque cette galerie formant garde-corps des terrasse fait tout le tour de notre vieux monument.
On va très prochainement construire toutes les toitures des parties nouvellement restaurées à l’encoignure. Le bâtiment est et quelques travées de la façade méridionale se trouveront définitivement à l’abri des injures du temps.
En suivant les restaurations, en regardant les parties restaurées déjà, on se prend à oublier que les façades vers le parterre et vers Paris étaient cachées en partie par de gros et lourds pavillons du XVIIe siècle, qui privaient tout l’ensemble de l’air et de la lumière, si utiles à l’aspect de la construction. Trois de ces pavillons ont déjà disparu, et M. Millet nous fait espérer la démolition prochaine de celui qui emprisonne l’abside de la chapelle du XIIIe siècle comprise dans le château de François Ier, et qui a sa façade, comme le savent nos lecteurs, sur la place du Théâtre.
Léon de Villette »

Lettre concernant l’aménagement d’un logement pour le commandant du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Secrétariat général
Minute de lettre
Du 25 septembre 1858
Pour le ministre, le secrétaire général, à M. Millet, architecte
Monsieur,
En réponse de votre lettre du 20 de ce mois, j’ai l’honneur de vous faire connaître que j’approuve les travaux exécutés, conformément à mes instructions, au 1er étage du pavillon du château de Saint-Germain pour l’installation de l’appartement du commandant. Je vous invite à ne rien faire dans les petites pièces de cet étage entourant la cour de service et qui ne font pas partie du logement.
Je vous autorise également à disposer en caves les locaux que vous indiquez pour les appartements du commandant et du régisseur, mais à la condition que ces caves serviront aussi comme bûchers, sans qu’il y soit ajouté des locaux spéciaux pour cet usage ; à faire approprier, dans l’entresol du 1er étage, deux chambres de domestiques pour l’appartement du commandant. Je vous ferai observer toutefois que la dépense qui résultera de ces travaux devra être couverte au moyen des crédits qui vous sont déjà accordés, soit pour travaux neufs, soit pour travaux d’entretien.
Recevez etc.
Le ministre d’Etat
Pour le ministre et par autorisation,
Le secrétaire général
Signé Pelletier »

Ministère d'Etat

Récit des travaux entrepris à l’église de Saint-Germain-en-Laye par ordre du roi

« [p. 32] Le roy Louis 14 a donné en plusieurs et differends temps plus de cent mil livres, nottamment quand il a fallu agrandir cette eglise royalle, dans laquelle il ne pouvoit contenir la moitié des peuples qui s’etoient venus habiter dans le lieu de Saint Germain à cause dy sejour ordinaire que Sa Majesté y faisoit avec sa cour. Il donna pour l’agrandissement de ladite eglise 46590 l., qui ne se pouvoit faire que du costé du prieuré, et on demanda au sieur de Soleux, lors prieur commendataire dud. lieu, quelque terrain dans la cour de son prieuré, où il donna 23 toises de long sur 4 toises de largeur de son terrain dans la cour dudit prieuré. Mais comme iceluy prieur n’étoit qu’usufruitier de son benefice et ne pouvant allienner aucun fonds, il fit pour cet effet passer un acte devant les notaires du lieu le 18e mars 1681 entre luy et les sieurs Jean Anthoine, escuyer, porte arquebuse du Roy, et François Ferrand, sieur de Fillancourt, lors marguilliers en charge de ladite eglise, par lequel acte la paroisse c’est obligée de faire dire une grande messe tous les premiers jours du mois de may à l’intention dud. sieur Soleux et ses successeurs avec une reconnoissance de [p. 33] dix sols de rente annuelle. Lorsque cet acte fut terminé, lesdits sieurs marguilliers commencerent à faire travailler à la demolition d’un ancien bas costé de l’eglise où les eaux avoient percé et penetré les arcades et les pilliers de pierre jusques dans leurs fondemens, ce qui cause la cheute de la plus grande partie du batiment du costé du cœur et de la grande nefs, qui ariva l 12e septembre 1681. Le Roy estant pour lors à Fontainebleau, ayant apris ce malheur, ordonna à M. de Colbert, ministre d’Estat et surintendant des Bâtimens de Sa Majesté, de s’y transporter pour visitter l’estat auquel estoit le reste des batimens de cette eglise. Les ayant veus et visittez, ayant trouvé une partie de cette eglise abattue et le reste dans un peril tres evident, l’ayant dit à Sa Majesté, Elle luy ordonna de faire faire incessamment le retablissement entier de toutte l’eglise, ce qui a esté executé sur les desseins de monsieur Mansart, premier architecte des Batimens de Sa Majesté, qui y a donné ses soins pendant 6 années où les sieurs Antoine et Ferrand furent continuez en la fonction de marguilliers de ladite paroisse.
La premiere pierre fondamentalle du batiment fut [p. 34] posée avec grande ceremonie au nom du Roy au mois de mars de l’année 1682 par M. le duc de Noailles, pair de France, gouverneur de Perpignan et premier capitaine des gardes de Sa Majesté, estant absente, au jambage de la petitte porte qui conduit de l’eglise dans le prieuré, sous laquelle fut mise 3 medailles dont deux d’argent où sont les effigies du Roy et de la Reyne, et l’autre de plomb où est gravé sur un costé le nom et qualité dudit seigneur duc de Noailles et sur le revers ceux desdits sieurs Anthoine et ferrand avec une pareille inscription que celle qui est mise sur la porte de l’eglise du costé du château, qui est que celle eglise a esté rebatye du reigne et des biens faits du roy Louis 14 dit le Grand, en l’année 1682, ainsy qu’il ft encore mis en plusieurs autres endroits des bastimens.
Apres que tous lesdits batimens furent achevez le 10e avril 1683, veille du dimanche des Rameaux, monseigneur l’archevesque de Paris vint faire la benediction en presence de mondit sieur le duc de [p. 35] Noailles. »

Lettre concernant l’aménagement du logement du concierge au château de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain-en-Laye
Mobilier du logement du concierge
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour me conformer aux dispositions du devis d’entretien de l’année 1858 concernant le château de Saint-Germain-en-Laye, j’ai dû faire commencer l’arrangement d’une pièce du logement du concierge et aussitôt l’achèvement de l’appropriation de l’appartement du 1er étage du pavillon de l’angle sud-ouest.
Les ouvrages concernant le logement du sieur Bague sont actuellement en cours d’exécution et je devais peut-être avoir l’honneur de solliciter auprès de Votre Excellence de compléter, sur les fonds d’entretien, le travail dont il s’agit par le placement dans la pièce d’entrée des quelques meubles décrits et évalués dans le devis joint à ce rapport.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 14 octobre 1858 »

Ministère d'Etat

État des travaux de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Château et parterre de Saint-Germain
Etat actuel des travaux, 19 janvier 1874
Il y avait dans la Grèce antique, à Athènes, une certaine quantité de différentes sectes de philosophes ; l’une d’elles tenait ses conférences sous les arcades et dans les allées d’un vaste jardin. Ses membres s’y promenaient continuellement, marchant par groupes et côte à côte, discutant les graves questions du jour ; on les avait, à cause de cette façon ambulatoire, surnommés des Péripatéticiens.
Nous avons aussi à Saint-Germain quelques bons bourgeois, marcheurs déterminés, qui, dès qu’un rayon de soleil vient à paraître, se réunissent, non pas vraiment pour parler philosophie ou science, mais bien afin d’occuper leurs loisirs en causant de politique ou des travaux qui s’exécutent sous leurs yeux et dont, naturellement, ils ne peuvent pas saisir complètement les intentions et l’application des plans qui leurs sont inconnus.
C’est donc pour eux, mais aussi pour le public en général, qu’à plusieurs reprises déjà nous avons donné à nos lecteurs certaines explications au fur et à mesure que nous les recevons nous-même, mais alors de sources authentiques.
Par le beau temps de la matinée de dimanche, nous avons entendu beaucoup de choses plus ou moins erronées sortir de la bouche des promeneurs autour du château et sur le parterre, et nous croyons encore une fois devoir donner quelques différents détails qui, nous le pensons, bâtiront un véritable intérêt d’actualité et nous commençons pas :
Le château
Depuis l’an passé, l’on constatait dans la chapelle de saint Louis de nouveaux déchirements qui étaient aussitôt signalés à l’administration des Bâtiments civils, ou plutôt à monsieur le ministre des Travaux publics. La curieuse chapelle a eu à subir – nos lecteurs le savent – pendant le XVIIe siècle de maladroites restaurations et aussi la surcharge d’un grand étage pour raccorder les terrasses, couronnent tout le château. L’on ne peut s’expliquer comment la construction du XIIIe siècle, avec ses piles si fines et élégantes, ses minces parois percées d’énormes croisées à meneaux, lui donnant l’aspect d’une lanterne, suivant l’expression employée pendant le Moyen Âge, a pu supporter si longtemps les bâtisses dont nous venons de parler.
Le pavillon de la fin du XVIIe siècle venait lui-même appuyer ses grosses et lourdes murailles sur la claire-voie de l’abside et menacer de destruction le monument historique dans lequel, si nous en croyons l’abbé Lebeuf, aurait été passé l’acte faisant donation à saint Louis des reliques qui ont motivé la construction de la Sainte-Chapelle de Paris. L’administration des Beaux-Arts s’est émue de la situation du monument historique, et a promis son concours pour aider à la restauration de la chapelle. D’ailleurs, en suivant l’ordre adopté dans les travaux, le moment est arrivé de s’occuper du pavillon avec tourelle de la façade sud, près l’abside de la chapelle, et de la restitution de la chapelle elle-même. Aussi voyons-nous depuis quelques jours prendre toutes les dispositions habituelles, sur ce point du château, et qui se répètent pour chaque angle depuis 1862, époque de l’ouverture de ce chantier. Si nous sommes bien renseignés, on espère cette année refaire les parties basses du pavillon et aussi commencer la restauration de trois ou quatre travées de la chapelle de saint Louis, sur la face vers la rue du Château-Neuf.
Parterre
Vers le nord du château, s’exécutent des ouvrages d’une autre nature pour rendre au parterre français à peu près les dispositions tracées par Le Nôtre, le savant architecte-jardinier de Louis XIV. On sait que c’est vers 1676 que fut tracé ce jardin qui comprenait une large avenue bordée de plates-bandes ornées de buis formant des arabesques, se détachant sur des fonds de sables de diverses couleurs. L’avenue, qui était dans l’axe du château, la prolongeait, pour la perspective, jusqu’au couvent des Loges, par une ouverture taillée et plantée à la même époque, dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Les plates-bandes étaient encadrées dans des allées de tilleuls se terminant par un grand hémicycle de marronniers, et trois bassins avaient été disposés, symétriquement par rapport aux avenues, pour donner de la fraîcheur à l’ensemble des plantations.
Nos lecteurs ont vu assurément tous ces arrangements dans les belles estampes de Pérelle ou de Rigaud, et aussi dans un plan portant la date de 1702 qu’on doit au graveur Van Loo, qui nous renseigne aussi sur la situation du joli jardin de plantes rares et précieuses qu’on nommait le « jardin de la Dauphine ». Les crédits alloués ne permettent pas de rendre au parterre tous les détails, mais « avec une grande précision » l’on aura retracé toutes les lignes, tous les contours, fait toutes les plantations, et dans l’avenir l’œuvre de restauration pourra facilement être complétée.
Léon de Villette »

Mention de la restauration du Grand Parterre de Saint-Germain-en-Laye

« Le parterre de Saint-Germain
Sous ce titre, M. Alexandre Bré, le reporter habituel du Petit Moniteur, publiait dans le numéro de mardi dernier un article au bas duquel il remplace ses initiales ordinaires A. B. par sa signature toute entière. L’article est un peu vieillot et vient assez tard, comme la montre d’un étudiant qui retardait de 40 fr., très spirituellement écrit du reste, il retarde aussi de quelques vérités ; nous allons essayer de le remettre à l’heure, c’est-à-dire à la date de dimanche dernier, où son auteur suppose que les Parisiens, attirés en grand nombre à Saint-Germain par la splendide journée qu’il a fait, « ont trouvé le parterre du château entièrement bouleversé ».
Sans vouloir reproduire l’article dans son entier, nous en signalons seulement quelques erreurs. « Les promeneurs et les enfants » peuvent parfaitement assister le long de la balustrade du chemin de fer à l’arrivée des terrains, par un chemin rétréci il est vrai, mais n’obligeant nullement à « s’arrêter devant des treillages ou à s’engager dans de véritables plaines fraichement labourées ».
Les prétendus terrains grisâtres sont des carrés d’horticultures parfaitement disposés pour recevoir des massifs de fleurs et des plates-bandes qui y seront piquées dans les premiers jours de mai. Quant aux deux pyramides qui s’élèvent au milieu des deux cercles, non pas de terre labourée, mais bien de gazon, dont l’un, celui du sud, est en pleine vigueur, et l’autre à l’état de végétation, elles ne sont pas destinées, tout entourés de fleurs qu’elles seront, à figurer « dans l’imagination des promeneurs des eaux jaillissantes, des gerbes, des cascades, etc. », mais bien à indiquer comme point de repères la place des jets d’eau à propos desquels nous engageons notre confrère à consulter l’estampe de Rigault, que nous avons déjà signalée aux lecteurs de l’Industriel, et qui se trouveront au centre des pièces d’eau remplaçant les gazons provisoires jusqu’au moment où la disparition de la gare aura laissé libre cette lichette aigüe dont parle M. Alexandre Bré, et permettra d’utiliser la canalisation souterraine. « Alors, ajoute-t-il, troublé et cherchant à s’orienter, on s’aperçoit – c’est bien heureux – qu’on veut rétablir une symétrie par rapport au château et à l’ensemble du parc ; puis, aux brusques interruptions du tracé, on reconnaît que le chemin de fer n’est qu’un intrus au milieu de cette splendide décoration.
Patience ! car locomotives et wagons qui sont là, en effet, sur le sol de l’ancien parterre ne doivent pas y rester, l’Etat, lorsqu’il a livré ce terrain, en 1847, s’étant réservé la faculté de le reprendre, et le passage du chemin de circonvallation à Saint-Germain devant prochainement entraîner le déplacement du débarcadère de Paris, pour relier les deux lignes ».
Rendons maintenant toute justice à M. Alexandre Bré pour celle dont il faut preuve à l’endroit de notre habile architecte, quand il dit en terminant son article :
« Alors, la tranchée étant comblée, les pelouses auront leur harmonie symétrique et, à la grande joie de M. Millet, l’architecte chargé de la restauration du château, le parterre prendra l’aspect qu’il avait vers 1680. De chaque côté des grands carrés de gazon, deux allées se dirigeront sur la façade, et de l’esplanade du château jusqu’à la maison des Loges, rien ne rompra plus désormais la magnifique perspective que Le Nôtre a si habilement ménagée à travers les jardins de la forêt. »
Léon de Villette »

Lettre proposant la réalisation d’une grille pour l’entrée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 3 janvier 1859
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pendant le cours de l’année 1855, vous vouliez bien me donner l’ordre de faire démolir toutes les cellules du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye et, à cette époque, je prescrivais toutefois aux divers ouvriers la conservation de toutes les grilles de défenses établies pour la sûreté de la maison d’arrêt. Ces grilles donnent à cette résidence un aspect fâcheux et je citerai notamment comme produisant le plus triste effet la grande clôture en fer sise dans le vestibule d’entrée et près le logement du concierge. Sur ce point, cependant, l’on ne saurait nier l’utilité d’une clôture, et pour que l’on ne puisse pénétrer dans le château et sans s’être à l’avance adressé au concierge.
J’ai l’honneur, en conséquence, Monsieur le Ministre, de vous adresser avec ce rapport un avant-projet de grille avec patries fixes munies de 2 hauteurs, qui pourraient être utilisées pour l’éclairage du vestibule ou de l’ancienne salle des gardes du château. Cette grille, qui n’aurait en moyenne que 1 m. 60 c. de hauteur, qui donnerait lieu à une dépense de 1000 à 1200 francs, pourrait être construite peut-être au moyen de vieux fers rendus en compte à l’entrepreneur de serrurerie et dans le cas où Votre Excellence voudrait bien autoriser pareille opération.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Récit d’une visite du congrès des architectes français au château de Saint-Germain-en-Laye

« Visite du congrès des architectes français au château de Saint-Germain
Nous avions promis à nos lecteurs de coordonner à leur intention les renseignements que nous avions pu recueillir jeudi dernier, au moment du départ, pour leur retour à Paris, de MM. les architectes de la Société centrale, formant le congrès des architectes français, mais ayant trouvé dans le Siècle de vendredi dernier, 19 juin, un article qui nous paraît devoir résumer parfaitement les impressions que MM. les membres du Congrès ont dû remporter de cette visite, nous le reproduisons in-extenso, comme document d’actualité d’abord, et ensuite parce qu’il nous semble devoir appartenir nécessairement aux futurs archives de notre vieux château, et par conséquent à celles de notre ville.
« Les membres du Congrès des architectes ont consacré la journée d’hier à visiter et étudier une des plus importantes restaurations historiques qui se fassent aux environs de Paris en ce moment : celle du château de Saint-Germain.
On sait que le château de Saint-Germain présente plusieurs ordres d’architecture. François Ier l’avait fait élever en partie sur les ruines d’un château fort de saint Louis, déjà presque entièrement refait par Charles V, et n’avait conservé de son ancienne construction que la chapelle de saint Louis et le donjon de Charles V. Puis Louis XIV est venu, qui a ordonné à Mansard d’agrandir les appartements, et celui-ci n’a pas trouvé de moyen plus ingénieux que d’encastrer en quelque sorte toutes les tours d’angle dans de vastes et informes bâtisses.
Tel était l’état, quand la restauration a commencé sous la direction d’un éminent architecte, M. Millet.
C’est M. Millet lui-même qui a guidé le congrès dans les chantiers et les salles, donnant avec une bonhommie et une bonne grâce parfaites toutes les explications et tous les renseignements sur l’entreprise qu’il dirige avec autant d’activité que de talent.
M. Millet est un archéologue, et partout, toujours, s’est attaché avant tout à respecter les traces des ouvrages anciens, même lorsqu’on n’en comprend pas bien l’utilité ; et, là où tout vestige de l’état primitif a disparu, à ne suppléer à cette lacune qu’en respectant scrupuleusement la vérité historique.
Il fait visiter d’abord la chapelle, un bijou que M. Violler-Leduc, qui s’y connait, a déclaré plus beau encore que la Sainte-Chapelle de Paris. Mansard, dont on ne s’explique pas la vandalisme en cette circonstance, la combla jusqu’à une hauteur de deux mètres, ce qui changeait toutes les proportions des colonnades, et alla jusqu’à enfouir et masquer tous une couche épaisse de plâtre la merveilleuse rosace gothique carrée (le seul exemple connu de cette forme) qui en illuminait le fond. M. Millet a fait déblayer le dallage et commencer le dégagement de la rosace et des portes d’entrée primitives.
M. Millet montre ensuite ses autres travaux intérieurs : les cheminées, les escaliers, les immenses terrasses, les curieux briquetages, l’appareil en briques si élégant et si remarquable de certains escaliers, l’état des démolitions de toute la partie Louis XIV.
De cette ville, il résulte que la restauration est terminée, tant extérieurement qu’intérieurement, pour un des pavillons (celui qu’occupe le musée), extérieurement pour deux autres pavillons et une partie du quatrième, et en cours d’extérieurement pour la moitié du quatrième et tout le cinquième. Les démolitions seront finies cette année. Les reconstructions, aménagements, peintures, etc., ne seront complétement achevées, si le budget spécial n’est augmenté que dans une dizaine d’années. Ce budget, en effet, n’est que de 100000 fr. par an, tant pour l’architecture que pour les collections, plus une subvention de 120000 fr., une fois donnée, pour la chapelle. Or, il a déjà été dépensé dans le château 1 millions 900000 fr., et pour tout terminer, il faut encore 1 million 100000 fr.
Pour qui a pu visiter comme nous, jusque dans ses moindres détails, l’œuvre entreprise, cette somme paraît du reste bien minime, eu égard aux résultats obtenus et à obtenir. C’était l’avis unanime des architectes présents, et M. Labrouste, président du congrès, s’est fait l’écho de tous en félicitant M. Millet de son savant travail, et émettant le vœu qu’une subvention plus large lui permette de le mener à bonne fin dans un délai moins éloigné. »
En l’absence de M. A. Bertrand, conservateur du musée, en mission, et du sous-conservateur, retenu à Paris, M. Mazard, notre savant collaborateur, auquel nous devons les si remarquables études sur la céramique des collections du musée du château, qui paraissent en ce moment ans notre journal, et qui consacre ses loisirs aux soins de la bibliothèque du musée, a bien voulu, avec son obligeance habituelle, donner aux délégués les précieux renseignements dont ils pouvaient avoir besoin pour leur visite aux diverses collections composant notre musée des Antiquités nationales. »

Lettre concernant la pose d’éclairages au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 23 mars 1859
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour me conformer à vos ordres du 15 février dernier, j’ai fait poser les appareils à gaz du château de Saint-Germain-en-Laye. Les ouvrages étaient achevés le 25 du même mois et le soir même l’on éclairait le vestibule principal et l’escalier du pavillon de l’angle sud-ouest.
Par une étude attentive des lieux, il m’a semblé utile de placer 6 appareils pour l’éclairage dont il s’agit, mais en même temps aussi j’ordonnais la pose de ½ becs, formant papillons et ne nécessitant pas de cheminées en verre d’un si dispendieux entretien.
La pose des appareils rentrera exactement dans les prévisions du devis et le crédit ouvert pour ces ouvrages suffira alors pour faire face aux dépenses effectuées. J’ai l’honneur de faire suivre ces détails de quelques renseignements sur la consommation du gaz et pour les 6 lanternes appliquées.
Le 8 mars dernier, après 43 heures et ½ d’éclairage, le compteur accusait une consommation de 28 mètres 100 litres.
Hier, 22 courant, ces 6 appareils, après être restés allumés de nouveau 43 heures et ½, avaient consommés seulement 20 mètres 210 litres.
La pression du gaz à Saint-Germain est fort irrégulière si j’en crois les renseignements qui me sont fournis. Au début de tout éclairage, l’on perd toujours du gaz pour les essais mais la différence de 8 mètres cubes constatée dans les 2 expériences doit être attribuée en grande partie assurément à l’irrégularité signalée.
Dans la 1ère expérience, les becs, ensemble, seraient restés allumés pendant 261 heures. La consommation aurait atteint 28100 litres et chaque bec et par heure aurait absorbé environ alors 107 litres.
Dans la 2ème expérience, les becs seraient restés allumés aussi 261 heures. La consommation aurait atteint 20210 et chaque bec et par heure aurait absorbé seulement et environ 77 litres.
Dans l’ensemble, les becs seraient restés allumés 522 heures, la consommation aurait atteint 48 mètres 310 litres et chaque bec et par heure aurait absorbé en moyenne et environ 92 litres de gaz.
En résumé, pour les 6 becs, après 25 jours d’éclairage (eu égard toutefois au petit nombre d’heures d’éclairage), la consommation a atteint 48 m. 310 litres qui, à raison de 0,40 c. le mètre cube, donne une dépense totale de 19 m. 32 centimètres ou de environ 77 centimes par jour.
J’ai chargé le sieur Bague d’inscrire jour par jour les aspirations de l’éclairage dont il s’agit et de continuer l’expérience sur les appareils posés dans le château de Saint-Germain-en-Laye. J’aurai l’honneur en conséquence dans peu de jours de renseigner à nouveau Votre Excellence sur le service qu’elle a bien voulu confier à mes soins.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Notes sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« La restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
M. Ferdinand de Lacombe, colonel du 8e hussards, qui consacre heureusement les rares loisirs que peut lui laisser les soins de l’important commandement de son régiment, à la littérature, vient de publier une étude spéciale sur le château de Saint-Germain, faisant en quelque sorte suite à son histoire du château de Saint-Germain. Le Journal officiel a inséré ce curieux et important article, dans ses numéros des 13 et 14 juin, c’est encore par suite du mandat que nous avons cru devoir nous imposer de recueillir tout ce qui intéresse notre ville que nous reproduisons ci-dessous et in-extenso, l’article de M. de Lacombe.
I
La restauration du château de Saint-Germain-en-Laye ne s’accomplit peut-être pas assez rapidement au gré des archéologues ou même des simples visiteurs, jaloux de voir revivre, en son ancienne splendeur, une des œuvres les plus correctes et les plus pures de l’architecture de la Renaissance. Toutefois, son état actuel suffit pour donner une idée presque exacte de l’aspect de l’édifice, alors qu’il fut érigé sous le regard attentif d’un prince ami des arts, François Ier.
La reconstruction, en effet, est parvenue aux deux tiers de son entreprise. Le château, dont le plan affecte la forme assez étrange d’un D gothique, a cinq faces. Celle du nord, vis-à-vis la station du chemin de fer, est achevée à l’extérieur aussi bien qu’à l’intérieur ; celle de l’ouest et la moitié de celle du sud-ouest le sont à l’extérieur ; la restauration de la chapelle, qui regarde le sud, est commencée ; il ne reste enfin que la façade de l’est, du côté de l’église paroissiale, qui n’a pas été atteinte par la main de l’ouvrier.
Ce monument a subi de singulières vicissitudes dans son existence. Fondé par Louis le Gros, il a été incendié par le prince de Galles, en 1346, réédifié par Charles V, démoli en presque totalité et reconstruit sur un nouveau plan par un Valois, dénaturé et alourdi dans ses formes élégantes par Louis XIV.
Des générations successives l’ont vu forteresse, château de plaisance, asile de rois proscrits, maison à louer sous la Révolution, école de cavalerie sous le premier empire, caserne à la Restauration et prison militaire pendant la monarchie de Juillet.
Aujourd’hui, après deux siècles de transformation, le volet appelé à resplendir dans l’épanouissement de sa beauté première et à devenir le musée de nos antiquités nationales.
Déjà, en 1853, le gouvernement avait fait commencer des études pour la suppression du pénitencier au château, lorsqu’en 1855 le voyage de la reine d’Angleterre précipita le dénouement de la question. Cette princesse ayant manifesté le désir de visiter l’asile où mourut Jacques II, son évacuation immédiate fut ordonnée.
Quelques années plus tard, un savant regretté, M. Boucher de Perthes, père de l’archéologie antédiluvienne, fit don à l’Etat d’une partie de ses collections.
L’empereur résolut de les placer au château de Saint-Germain en y créant un musée d’antiquités celtiques et gallo-romaines dépendant de celui des Antiques du Louvre.
Pour remplir ce but, des aménagements spéciaux étaient nécessaires. Une demi-mesure ne parut pas suffisante à l’égard d’un monument ravi depuis longues années à une destination digne de sa royale origine. Sa restauration fut décrétée le 13 juin 1862.
Cette entreprise exigeait, pour la conduire, un architecte érudit. Elle fut confiée à M. Eugène Millet, connu déjà par des travaux de restauration qui dénotaient une science spéciale et une intelligence profonde dans ce genre de mission.
Le château, construit en effet par des maîtres italiens épris de leur art, sous la direction même de François Ier, qui, d’après Androuet du Cerceau, en aurait été l’architecte, avait perdu sa physionomie native. Un jour, Louis XIV, trop à l’étroit dans le domaine de ses pères, en ordonna l’agrandissement. Colbert confia cette charge à Mansard et celui-ci, très embarrassé sans doute, après avoir abattu les élégantes tourelles qui arrondissaient les cinq angles des hautes murailles, enveloppa chacun de ceux-ci dans un énorme pavillon assez semblable à un bastion. L’un d’eux, celui du sud-ouest, reste seul debout, en attendant une prochaine démolition.
De plus, la destination complexe affectée au château depuis la Révolution, et les ruines précoces résultant de son état d’abandon du jour où Louis XIV le déserta pour Versailles, en avaient singulièrement altéré l’intérieur, en sorte qu’au-dedans comme au dehors il s’imposait à l’architecte avec une conformation bâtarde et des lignes dénuées de style.
Deux projets furent mis en présence. Le premier comprenait la restauration pure et simple des bâtiments existants avec les lourdes exhubérances de Mansard ; la deuxième proposait la restitution de l’art et à la science de la demeure de François Ier telle que ce prince l’avait conçue.
Ce second projet, qui avait en outre l’avantage de dégager les façades aussi bien que la chapelle, bijou architectural attribué à saint Louis, fut soumis par M. Eugène Millet à la commission des Monuments historiques et définitivement adopté.
Celui-ci se mit immédiatement à l’œuvre et attaqua en 1862 l’édifice par l’angle nord-ouest vis-à-vis de l’embarcadère du chemin de fer, de manière à continuer ses travaux en tournant vers l’est par le nord.
Les premiers coups de pioche devaient amener une précieuse et intéressante découverte.
II
Un sieur Antoine, porte-arquebuse du roi Louis XIII, a laissé, sur l’histoire du château de Saint-Germain, un curieux manuscrit qui appartient aujourd’hui à la bibliothèque de cette ville. On pouvait avoir quelque confiance dans cet écrivain, descendant de serviteurs attachés d’ancienne date au service de la Couronne dans le château même.
Après être entré dans quelques détails sur le bâtiment de Charles V, il dit en parlant de sa reconstruction par François Ier que ce roi l’éleva en peu de temps de la hauteur d’une ancienne tour qui était restée.
Androuet du Cerceau prétend, de son côté, dans le premier volume de ses Plus Excellens Bastiments de France, que François Ier « fit abattre le vieil bastiment sans toucher néanmoins au fondement, sur lequel il fit redresser le tout et sans changer ledit fondement ainsi qu’on peut le cognoistre par la court d’une assez sauvage quadrature ».
Ces assertions contradictoires donnaient d’autant plus à réfléchir au sujet de la tour méconnue par un savant de la valeur de Du Cerceau que l’on ignorait le sort qui lui avait été réservé dans les constructions de Mansard. Or, en démolissant la première de ces constructions, le pavillon nord-ouest, M. E. Millet a complètement remis à jour cette ancienne tour dite de l’Horloge et bâtie par Charles V. Ce vestige du château fort avait été utilisé dans les constructions de François Ier, mais le maître de l’œuvre avait détruit les créneaux inférieurs, et remplacé l’appareil militaire par des balustrades aux armes du roi. L’origine de ce reste de l’antique forteresse était facilement reconnaissable à des indices qui ne trompent par l’expérience de l’architecte : à la nature de la pierre, au revêtement extérieur, à la façon de l’ouvrier et surtout aux nervures hardies de la voûte qui indique nettement son âge.
Le donjon de Charles V existait donc et n’avait pas été reconstruit par François Ier. En se reportant aux desseins d’Isaac Sylvestre et de Du Cerceau lui-même, dont l’erreur est inexplicable, on peut rendre à ce remarquable spécimen de l’art du quatorzième siècle son antique aspect. Aujourd’hui, il est une des beautés du monument, ses proportions magistrales, ses lignes sévères frappent immédiatement le regard.
Une deuxième erreur de Du Cerceau devait être relevée peu après par M. E. Millet. Il trouva, communiquant avec une cave creusée sous la tour, une salle basse de seize mètres de long. A l’un de ses angles subsistait l’escalier destiné à communiquer avec les étages supérieurs. Or, les murs de cette salle, au lieu de suivre la sauvage quadrature de François Ier, sont perpendiculaires à la face de la tour qui donne sur la place du Château et parallèle à la nef de la chapelle.
Une deuxième erreur de du Cerceau devait être relevée peu après par M. E. Millet. Il trouva, communiquant avec une cave creusée sous la tour, une salle basse de seize mètres de long. A l’un de ses angles subsistait l’escalier destiné à communiquer avec les étages supérieurs. Or, les murs de cette salle, au lieu de suivre la sauvage quadrature de François Ier, sont perpendiculaires à la face de la tour qui donne sur la place du Château et parallèles à la nef de la chapelle.
Depuis, en 1864 et 1865, en creusant le sol de la cour, peu à peu exhaussé dans les siècles précédents, on rencontra plusieurs pans de murs, identiques par leurs matériaux à ceux de la salle basse, et dans une direction qui fait régulièrement suite. L’un d’eux est pourvu d’un éperon carré très saillant qui plongeait dans le fossé.
En 1872, d’autres fouilles opérées dans le fond de la cour découvrirent tous les soubassements d’une troisième salle du rez-de-chaussée, présentant encore son âtre de cheminée, garni de tuiles émaillées et fleurdelysées, posées de champ et formant mosaïque. A l’angle nord-est était une porte donnant entrée à une tourelle d’escalier. Ces importantes substructions qui présentent un grand intérêt et qui resteront conservées sous le pavé de la cour, ont toujours les directions signalées précédemment.
Enfin, aucune des nombreuses bâtisses ensevelies dans le sol de la cour ne se trouve sous les murs du château actuel.
Il faut donc en déduire qu’Androuet du Cerceau, dont les plans et les dessins font autorité, s’est égaré dans cette circonstance, et que le château de Charles V affectait une forme quadrangulaire, comme toutes les forteresses de son temps. François Ier n’en a pas utilisé les fondations, et la cause pour laquelle il a donné une forme pentagonale au nouvel édifice reste à l’état de problème.
[n° 29-1204, p. 2] III
Commencée en 1862 par le donjon de Charles V, la restauration était poursuivie, du côté du nord jusqu’à l’escalier d’honneur qui comporte un avant-corps, formant saillie à l’extérieur, sur le parterre. Cinq années furent consacrées à cette partie du travail. En 1867, la portion du monument, complètement refaite, était meublée et décorée à l’intérieur, et le 12 mai la première section du musée gallo-romain était ouverte.
On entama alors la démolition du deuxième pavillon, celui de l’angle nord-est en continuant la restauration sur le parterre ; puis on commença celle du corps de logis qui regarde la cité Médicis, autrefois champ clos, sur lequel eut lieu l’épisode du coup de Jarnac, sous les yeux du roi Henri II et de sa cour réunie sur la terrasse.
On travaillait à cette deuxième façade et l’architecte procédait à la démolition du troisième pavillon, appelé le pavillon de Louis XIV, parce qu’il était à l’usage du roi, lorsque les travaux furent interrompus par les événements de 1870. On les reprit dans l’été de 1871 et ce fut le tour de la façade du midi et de l’escalier de service des appartements royaux.
En 1872, cet escalier fut achevé. On compléta la construction des quatre éperons de la façade sud-est, on continua la restauration des contreforts correspondants sur la cour, et la démolition du pavillon Louis XIV. Enfin, on reprenait les travaux de transformation de toute l’encoignure qui, à la fin de la saison, était accomplie jusqu’à la hauteur des appuis du deuxième étage.
En 1873, on porta le marteau sur le quatrième pavillon, celui du sud, qui enveloppe l’abside de la chapelle, et l’on poursuivit les ouvrages du corps de logis qui a vue sur la rue du Château-Neuf, c’est-à-dire du côté opposé au parterre.
Ce sanctuaire remonte à saint Louis. Il dut être édifié de 1230 à 1240. Il avait échappé à l’incendie des Anglais et resta l’un des quatre côtés du château de Charles V. François Ier le respecta en partie, mais il avait disparu presqu’en entier sous l’enveloppe de Mansard.
Louis XIII, de plus, afin de le mettre en communication de plain pied avec la cour, en avait exhaussé le dallage de près de deux mètres, disposition qui altérait les proportions de l’édifice et en troublait l’harmonie générale.
La chapelle du vieux château de Saint-Germain, dans laquelle Louis XIV reçut le baptême tandis qu’il naquit au château neuf, aujourd’hui disparu, est le morceau capital de cette antique demeure de nos souverains. C’est une merveille architecturale, accusant le type gothique des monuments religieux contemporains de la Bourgogne et de la Champagne. Sa restauration sera une de ces œuvres qui font honneur à un homme et à une époque.
M. Viollet-Leduc, dans son Dictionnaire raisonné d’architecture française, s’éprend pour elle d’une admiration que la situation de l’auteur ne permet pas de rendre suspecte. « Le maître de cette œuvre (un anonyme), dit-il entre autres choses, était sûr de son art, c’était en même temps un homme de goût et un savant de premier ordre. Le monument tout entier ne consiste qu’en un soubassement, des contreforts et une clairevoie fort belle et combinée d’une manière solide. Le système de la construction ogivale admis, nous devons avouer que le parti de construction adopté à Saint-Germain nous paraît supérieur à celui de la Sainte-Chapelle de Paris, en ce qu’il est plus ferme et plus en rapport avec l’échelle du monument. La richesse de l’architecture de la Sainte-Chapelle de Paris, le luxe de sa sculpture ne sauraient faire disparaître des défauts graves évités à Saint-Germain. »
Puis, plus loin : « L’intérieur de ce monument était peint et les fenêtres garnies probablement de vitraux. Inutile de dire que leur effet devait être prodigieux, à cause des larges surfaces qu’ils occupaient. Tous les détails de ce charmant édifice sont traités avec grand soin, la sculpture en est belle et due à l’école champenoise, ainsi que les profils. »
M. E. Millet tient à honneur de remettre ce joyau du treizième siècle en l’état où l’a laissé saint Louis, et il le surmontera d’une flèche dans le style du monument.
Cependant il lui sera impossible de lui rendre en totalité cette abondance de lumière qui filtrait autrefois à travers les vitraux gothiques, François Ier ayant engagé deux travées de l’abside et la grande rosace au levant, dans les murailles de son palais pentagonal.
Mais le reste de l’abside et les belles croisées du sud, encore obstruées, reparaîtront à la face du soleil, qui inondera le sanctuaire de ses rayons.
M. E. Millet, pour restituer à l’édifice son développement intérieur, en a déblayé le dallage et a été amené ainsi à des découvertes qui lui permettront de rétablir avec la plus grande exactitude les accessoires et les ornements primitifs dont le vaisseau était revêtu. La surélévation exigée par Louis XIII s’était produite au moyen d’une agrégation des éléments les plus hétérogènes. A des fragments de l’époque de François Ier, balustres, gargouilles, couronnes royales, étaient mêlés des débris nombreux de l’arcature inférieure de la chapelle, des colonnettes, les piles qui séparaient les travées ainsi que le fleuron du couronnement du pignon central.
Ces fragments recueillis et classés avec soin, M. E. Millet sonda le mur appuyé à la grande salle des fêtes, vis-à-vis de l’église paroissiale, et retrouva, à sa grande satisfaction, cette rosace unique au monde dont il espérait à peine la conservation et qui éclairait la chapelle à l’ouest. Enfouie dans la muraille depuis 350 ans, elle a conservé toute la délicatesse et toute la richesse de son ornementation. Lorsqu’on l’aura dégagée du plâtre qui comble ses entrelacements, elle sera pour les artistes un grand sujet d’étonnement, car elle est rectangulaire comme les autres fenêtres de la chapelle et mesure 100 mètres de superficie.
Elle restera malheureusement adossée à la muraille, mais M. E. Millet pense qu’il sera possible de la rappeler à son ancienne magnificence au moyen de vitraux de couleur étamés par un procédé nouveau et réfléchissant la lumière comme une glace.
Enfin, d’autres recherches ont amené l’architecte à retrouver dans la muraille la porte primitive, celle qui, au temps de saint Louis, donnait accès dans le sanctuaire.
Il ne lui manque donc aucun des éléments nécessaires pour rendre à la vérité historique d’ici à quelques années un des plus admirables spécimens de l’art religieux au quatorzième siècle.
[n° 30-1205, p. 2] IV
Parmi les autres trouvailles faites par M. E. Millet dans diverses parties du château, et qui ont un intérêt artistique ou de simple curiosité, nous mentionnerons :
Deux gargouilles du temps de saint Louis qu’on avait placées sur un des contreforts de la façade du nord. Ce sont des figures de chimère, d’une grande hardiesse de forme, au col bien attaché, aux griffes étudiées, et dont le modèle dénote un sculpteur habile et plein de vigueur. Une cheminée de l’époque de l’époque de François Ier, dont on avait fait un dallage. Elle est finement ciselée et surmontée d’un entablement dorique très riche, avec triglyphes, têtes de victimes et des rosaces dans les métopes.
Des jambages de croisée, des corniches, des chapiteaux sculptés avec soin, des culs de lampe et des gargouilles du temps de Charles V, utilisés comme moellons par les ouvriers de François Ier.
En 1863, en soulevant le carrelage de la galerie des fêtes, M. E. Millet a recueilli des affiches de théâtre de 1789, dont il a fait don au musée de Saint-Germain. Ces affiches n’ont pas plus de 20 centimètres de longueur sur 15 de hauteur.
L’impression était faite d’avance et le titre de la pièce écrit seul à la main.
On voit qu’elles avaient la double facilité d’être appliquées sur le mur ou de circuler comme programme. Voici la teneur de l’une d’elles :
Par permission de monsieur le maréchal de Noailles,
Les comédiens donnent aujourd’hui 7 mai 1789
Le déserteur, opéra,
Précédé du Retour de Clitandre,
Scène lyrique de M. de Valigny, dans laquelle l’auteur remplira le rôle de Clitandre.
On commencera par
Le chasseur et la laitière.
On prendra 40 sols aux premières loges et orchestre, 24 sols aux secondes et 20 sols au parterre.
On commencera à cinq heures et demie précises.
C’est à la salle des spectacles du château.
Le prix d’abonnement pour les dames est de neuf livres par mois pour 12 représentations. Celui des hommes est de 15 livres.
Enfin, en 1865, en creusant une citerne dans la cour, on découvrit une assez grande quantité de carreaux émaillés du quatorzième siècle représentant soit des fleurs de lys, soit les divers signes du zodiaque. Avec ces objets se trouvaient une collection de tenailles et des deniers artificiels évidemment de la même époque, qui paraissent provenir de l’atelier d’un dentiste qui opérait dans le château.
Les démolitions intérieures ont permis en outre de bien fixer l’ancienne destination des divers corps de logis du château.
L’architecte de François Ier avait distribué les appartements privés des rois et des reines dans la situation la plus propre à charmer le regard du maître. Il leur avait consacré la façade du midi, celle qui donne aujourd’hui sur la rue du Château-Neuf. Les traces de cette destination se sont visiblement retrouvées dans la galerie de dégagement et dans les escaliers de service multipliés pour cette retraite et remis au jour.
Des fenêtres de cette façade, aucune construction ne masquait en ce temps le magique panorama qui déjà consacrait la célébrité du lieu.
Au premier plan, la rivière sinueuse enserrait aux pieds des jardins la forêt touffue du Vésinet ; à droite émergeaient des eaux qui baignent Bougival et Port Marly, les iles plantées de hauts peupliers : au-delà des bois se développaient dans l’espace la campagne émaillée de villages florissants, Fourqueux, Mareil, le château de Marly, dont le faite d’ardoise dominait la futaie, Croissy, Rueil, Nanterre et son antique clocher encadrés par la riche parure des coteaux de Louveciennes et de Marly et par la masse sévère du Mont-Valérien au sommet duquel se dessinaient le Calvaire et la retraite des ermites.
Ces bosquets solitaires, ces futaies vierges de l’outrage de la cognée, le fleuve roulant ses ondes tranquilles, cette vaste étendue sur laquelle planait le silence imposant des grandes solitudes, étaient bien de nature à provoquer le recueillement et à apporter le calme et le repos à des cœurs si souvent agités par les soucis, le trône, le tourbillon des fêtes et la lourde charge du gouvernement.
La façade de l’est renfermait les salles de réception qui étaient le complément des appartements privés et s’ouvraient de plein pied sur une magnifique terrasse.
De ce point, le tableau était non moins merveilleux. Par delà le Pecq, la Seine et les grands bois, le regard embrassait Montesson, Chatou, Bessons, le monastère d’Argenteuil ; au centre de la presqu’ile, le château de Maisons, Carrière et sa [p. 3] forteresse, et ne s’arrêtait qu’à la colline de Montmartre et aux tours carrées de l’abbaye royale de Saint-Denis.
Les salles d’apparat et du trône, les salles à manger de parade se trouvaient dans l’aile du nord, qui avait vue sur les jardins bornés par la forêt, et comme perspective la grande allée qui conduisait au couvent des Loges.
A l’ouest enfin, sur la cour des offices, la galerie des fêtes, appuyée à la chapelle, occupait tout le premier étage. Sous l’œil attentif de François Ier, les efforts de l’art italien avaient réussi à y faire oublier, par une décoration magistrale et pleine de réductions, l’absence d’une nature si richement épanouie devant les ailes opposées.
Les étages supérieurs étaient habités par le personnel de la suite des souverains : gentilshommes, pages, dames et demoiselles d’honneur.
Ce logis royal sera dans quelques années occupé par le musée des antiquités nationales. Nous reviendrons sur ce sujet.
Les dépenses qu’a coûtées la restauration du château de Saint-Germain depuis 1862 où elle a commencé, c’est-à-dire depuis quatorze ans, s’élèvent à 1939952 fr. 36 c.
Cette somme, qui n’atteint pas encore 2 millions, forme le total de ce qui aura été dépensé à la fin de l’exercice 1874. Dans ce chiffre sont comptés les frais d’ameublement et d’appropriation de la partie du musée ouverte au public. Il faudra encore environ 1 million pour terminer la restauration complète du monument.
Afin d’aider à celle de la chapelle, l’administration des Monuments historiques a alloué, aux quatre exercices à partir de 1875, une somme de 118274 francs, soit pour cette année : 23255 francs.
Si l’on veut un terme de comparaison assez curieux, ouvrons Dulaure. Il reproduit, d’après un manuscrit du temps de Louis XIV, le montant des dépenses faites au château de Saint-Germain et au Val, de 1664 à 1690, c’est-à-dire en vingt-sept années. Le chiffre en est de 6455561 livres et 18 sols.
De 1675 à 1682, période de transformation du château par Louis XIV, il fut alloué 2700000 livres aux constructions ou embellissements. Ce fut en 1680 et 1682 que l’impulsion la plus vive fut donnée aux travaux. Chacune de ces années, le château coûta 600000 livres.
En ayant égard à la moins-value de l’argent à notre époque, la restauration moderne qui s’opère sera loin de coûter autant que les simples agrandissements que fit Mansard au château de Saint-Germain-en-Laye.
[n° 33-1208, p. 3] Le parterre
Notre étude sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye serait incomplète si nous ne nous occupions de ses jardins, et de l’installation du musée des Antiquités nationales. Le musée sera l’objet d’un article spécial, nous allons aujourd’hui dire quelques mots du parterre de Le Nôtre.
Il y a quelques mois encore, il restait à peine dans ce parterre quelques vestiges du dessin des jardins de Louis XIV.
En 1676, alors qu’il construisait la grande terrasse, Le Nôtre fit aussi le jardin. Il traça dans l’axe de l’avant-corps de la façade du nord une allée de 60 pieds de largeur, qui conduisait à l’avenue des Loges, que l’on avait récemment percée, en sorte que, vue du château, celle-ci semblait la continuation de l’allée.
De chaque côté, des plates-bandes de buis formant arabesques dans de vastes proportions, comme au parc de Versailles, se détachaient sur des sables de diverses nuances. Cette décoration était encadrée dans deux allées de tilleuls taillés en arcades, et conduisait à un hémicycle de marronniers qui s’ouvrait sur l’avenue des Loges au moyen d’un perron monumental de 160 pieds de long, surmonté de deux autres perrons, de 20 pieds chacun.
Pour animer ce paysage et répandre la fraîcheur dans les jardins, Le Nôtre avait creusé trois bassins circulaires.
Les deux premiers, de 40 pieds de diamètre, étaient symétriquement opposés l’un à l’autre, en face des pavillons de l’Horloge et de l’Est. Le troisième, de 80 pieds de diamètre, était situé à l’extrémité de la grande allée, près du perron, et contournait l’hémicycle des marronniers.
L’eau s’élevait en gerbes de ces bassins qu’entouraient des massifs de fleurs renouvelées en toute saison.
Ce décor, dans lequel s’alliaient avec harmonie l’eau, les fleurs, les grands arbres divisés par des allées sablées, donnait fort grand air aux abords du palais et s’accordait, par son élégance, avec sa façade imposante.
On descendait du château par plusieurs marches dans ce jardin qui se trouvait séparé d’un autre jardin, dit de la Dauphine, par un bosquet délicieux et plusieurs lignes de beaux arbres.
En 1750, on combla les bassins pour éviter des réparations devenues indispensables, et, afin de continuer cette fâcheuse économie, les bosquets furent déracinés, l’orangerie démolie, et les arabesques de buis remplacées par de simples pelouses de gazon.
Toutefois, le plan du jardin de Le Nôtre n’avait pas encore été atteint lorsque, trois ans après, le duc de Noailles, gouverneur de Saint-Germain, demanda et obtint l’autorisation de donner entrée à son hôtel par l’hémicycle des marronniers. Ce fut la première brèche pratiquée dans le terrain du parterre.
Plus tard, la Révolution en décréta le morcellement ; mais ce décret ne reçut qu’un commencement d’exécution. Sous l’Empire, les jardins servirent de manège à l’école de cavalerie établie au château.
Pendant la Restauration, l’administration s’efforça de rendre une certaine physionomie à la promenade favorite des habitants, et on y avait à peu près réussi, lorsqu’elle fut de nouveau sacrifiée au chemin de fer.
En 1847, le gouvernement concéda le prolongement de la voie ferrée jusqu’à la place du Château, tout en se réservant la faculté de reprendre un jour le terrain.
Le tunnel fut percé, et la nouvelle gare envahit une des plates-bandes de Le Nôtre. Il fallut, pour cette construction, abattre une centaine de beaux tilleuls et une partie des magnifiques marronniers du rond-point.
M. E. Millet, l’architecte du château, a pensé, d’accord avec l’administration des Bâtiments civils, que la restauration du jardin était la conséquence de celle du palais. Dans le cour de l’hiver dernier, il a rétabli l’allée principale, retracé les plates-bandes et les bassins, et il a rendu aux visiteurs la magnifique perspective de l’avenue des Loges, si habilement ménagée par Le Nôtre.
Il sera peut-être possible, dans un avenir assez prochain, de compléter cette œuvre et de rendre aux abords du château l’espace qui leur manque pour leur restituer leur ancienne et charmante physionomie. »

Rapport concernant des réparations aux vitres du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
L’architecte du château de Saint-Germain a l’honneur de faire connaître à Votre Excellence que, d’après l’examen auquel il s’est livré, il a constaté qu’il manque, aujourd’hui, environ 1731 pièces en verre, présentant une surface totale de 67 m. 41, et 723 panneaux ou morceaux de zinc, présentant une surface totale de 62 mètres.
La presque totalité des pièces brisées ou détruites se trouvant à l’extérieur du château, il est nécessaire de les remplacer et d’exécuter, en même temps, quelques travaux de menuiserie, de serrurerie et de peinture qui sont les conséquences de ces réparations.
Ces travaux se divisent de la manière suivante :
Remplacement de 931 carreaux en verre : 330
Remplacement de 726 pièces soit en verre, bois ou zinc : 372
Démasticage, menues réparations de menuiserie, ferrures, peinture etc. : 230
Imprévus : 168
Total : 1100
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous prier de vouloir bien autoriser cette dépense et de décider que son montant sera imputé sur le crédit d’entretien des Bâtiments civils, année 1859.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage respectueux de mon dévouement.
J. Pelletier »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 19 mai 1859, le ministre d’Etat, Achille Fould »

Ministère d'Etat

Procès-verbal d’une séance de la commission des Monuments historiques concernant la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« M. l'Inspecteur général Selmersheim propose l'approbation d'un devis s'élevant à 55140 francs 47 présenté par M. l'architecte Daumet pour achever la restauration du château de Saint-Germain.
La Commission adopte les conclusions du rapport de M. Selmersheim. »

Lettre concernant les travaux réalisés par l’architecte Millet à la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Saint-Germain, 25 juillet 1879
A monsieur le ministre de l’Instruction publique
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli un décompte et un certificat de réception tous deux en double expédition, dont une sur timbre, ainsi que quatre certificats de payement en double expédition. Toutes ces pièces sont relatives aux travaux de restauration exécutés sous la direction de M. Millet à la chapelle Saint-Louis du château de Saint-Germain-en-Laye pendant les exercices 1876, 1877 et la première partie de l’exercice 1878.
Leur ensemble constate, tant en travaux qu’en frais de direction, une dépense totale de 68274 f. 00 à l’aide de laquelle ont été exécutées toutes les reconstructions du mur sud de la chapelle depuis le sommet de l’abside jusqu’au sixième contrefort. Elle comprend aussi la reconstruction des croisées comprises entre les contreforts de ce mur, celle de l’arcature, des piliers intérieurs et des deux oratoires, enfin la construction des murs du petit fossé de la chapelle du côté de la cour, celle de l’égout sous la chapelle, ainsi que des épuisements nécessités par la fouille du puits qui reçoit les eaux du comble.
Le crédit accordé s’élevant à 118274 f. 00 et cette somme devant être dépensée par annuités de 25000 f. chacune, M. Millet avait déjà fourni, pour les exercices 1874 et 1875, un premier décompte s’élevant à 50000 f. 00
Il restait donc pour les exercices 1876, 1877 et une partie de 1878 la somme de 68274 f. 00
Ce sont les pièces comptables de cette dépense que j’ai l’honneur de soumettre aujourd’hui à votre approbation.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
L’inspecteur Eugène Choret
Vu par l’architecte soussigné
A. Lafollye
P.S. Il est à remarquer que la dépense pour chaque année ayant été fixée à 25000 f., il ne restait plus pour 1878 que la somme de 18274 f. Dans le but de compléter l’annuité de 25000 f. pour cet exercice, M. Millet préleva une somme de 6726 f. sur le crédit de 50000 f. accordé par Monsieur le Ministre en 1878. Cette somme de 6726 f. fait l’objet d’un autre décompte dont j’ai l’honneur de soumettre également, mais dans un envoi séparé, toutes les pièces de comptabilité à l’approbation de Monsieur le Ministre. »

Lafollye, Joseph-Auguste

Quittance pour des ouvrages de serrurerie entrepris pour le roi au Château

« En la presence de moy Lois Ferrand, nottaire et tabellion roial à Sainct Germain en Laye, fut present en sa personne Estienne Hotot, serrurier demeurant aud. Sainct Germain, lequel a confessé avoir eu et receu comptant de messire Jehan Jacquelin, tresorier general des Bastimens du Roy, la somme de soixante six escus deux tyers sur estanmoings de la serrurerye qu’il convient faire et fournir au nouvel bastiment et ediffice que Sa Majesté fait faire au bout de son parc du chasteau dud. Sainct Germain, dont et de laquelle somme de LXVI escus II tiers led. Hotot c’est tenu et tient comptant et en a quicté et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier susd., et tous autres. Promectant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé aud. Sainct Germain es presences de Guillaume Billier et Jehan Delastre le jeune, tesmoins, le vingt huictiesme jour de octobre mil Vc IIIIxx quinze avant midy es estude.
Delastre, Hotot, Ferrand
Billier »

Lettre concernant les travaux à entreprendre à l’école militaire de cavalerie de Saint-Germain-en-Laye

« Saint Germain, le 24 janvier 1812
Le général de division, baron de l’Empire, commandant de l’école militaire de cavalerie
A M. le capitaine Peronnin, chef du génie dans les départements de Seine et Oise et Seine et Marne
Monsieur le capitaine,
La somme dont le conseil d’administration de l’école de cavalerie peut disposer pour l’entretien de ses bâtimens pendant l’année 1812 ne peut être définitivement arrêtée dès ce moment à 20000 f. comme vous le demandez. Le plus ou le moins des fonds disponibles dépendra de la quantité des élèves qui seront admis, mais vous pouvez cependant compter sur une somme provisoire de 15000 f. 00, et si nos finances s’améliorent, je l’espère, sur le complément de 20000, et peut être même davantage.
Le bien du service réclame de jour en jour la construction du mur d’enceinte, tant du côté de l’est du château que de celui de la place, sur le cordon de la contrescarpe. Ces deux parties étant occupées par les élèves, il est de la plus grande urgence d’y faire travailler sur le champ pour couper le plus possible les communications du dedans avec le dehors, et du dehors avec le dedans. Je tiens plus que jamais, vu l’augmentation de notre effectif, à ce que cette enceinte soit terminée cette année.
Quant à la dépense qu’elle nécessitera, le conseil ne peut connaitre dès à présent ce que la situation de sa caisse lui permettra de faire, en sus des frais d’entretiens pour ceux de constructions neuves. Le prix de celle des prisons et des salles à gradins devra naturellement être supporté sur les fonds d’entretiens.
Agréez etc.
Signé baron Clément de la Roncière »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Rapport sur l’installation de l’école militaire de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Rapport à Sa Majesté l’empereur et roi
Du 5 novembre 1809
Sire,
Votre Majesté a, par son décret du 8 mars dernier, affecté au service de la nouvelle école militaire de cavalerie le château de Saint Germain, borné à un massif de bâtimens qui entoure une cour longue et étroite. Ce château peut suffire pour caserner, en chambrées, 600 élèves et loger les fonctionnaires militaires et civils qu’il est indispensable de placer près d’eux pour leur surveillance et leur police, mais il n’offre aucune ressource pour les exercer aux manœuvres, surtout de celles de la cavalerie.
J’ai fait examiner les environs du château pour trouver un emplacement convenable. Cet examen a donné lieu à un premier projet qui m’a paru ne pouvoir être adopté.
Il s’agissoit de prendre le parterre pour former la carrière et d’adosser les écuries et le manège au mur de la forêt faisant face au château.
Ce projet avoit le grand inconvénient de mettre les écuries à une distance immense de la caserne, et de rendre la surveillance extrêmement difficile dans les moments où les élèves panseroient leurs chevaux ou seroient au manège. L’espace étoit d’ailleurs insuffisant pour les bâtimens accessoires dépendans du service des écuries. Tout étoit à construire.
Par un second projet, on laissoit le parterre à la ville. On se rejettoit sur l’autre face du château, en s’étendant à sa droite jusqu’à la terrasse.
Ce projet avoit le même inconvénient que le premier. Les écuries étoient à l’extrémité de la carrière, la surveillance étoit encore plus difficile, la cour des écuries étant entourée de tous côtés par des bâtimens qui empêchent qu’on ne la découvre du château. Il falloit acheter un terrein très vaste appartenant à différens particuliers et sur lequel est bâti un assez grand nombre de maisons, dont on n’auroit pu tirer aucun parti, qui auroient gêné pour les manœuvres, que par conséquent l’on auroit été dans la nécessité d’abattre, on bouchoit un chemin public, l’entrée principale du château étoit fermée, ou pour la conserver telle qu’elle est, il falloit laisser comme cela est aujourd’hui une rue qui séparoit la carrière du château. Cette carrière se trouvoit aussi traversée par la route que suit Votre Majesté pour se rendre dans la forêt. Enfin, les élèves avoient la vue sur la promenade publique, ce qui pouvoit faciliter leurs communications au dehors.
Ces deux projets en ont fait naître une troisième, qui réunit les avantages des premiers sans avoir aucun de leurs inconvéniens.
Dans le projet, le parterre est affecté à la carrière. Dans un terrein qui est en avant de l’une des faces du château, on place d’abord les écuries des chevaux d’escadrons, que les élèves doivent panser. Des fenêtres du château, on place sur l’espace qui reste vide entre les deux corps d’écuries et qui sert à la fois de cour des pansemens et de manège découvert. Dans le fond, on établit le manège couvert, avec des écuries de droite et de gauche pour les chevaux de manège n’ayant point de communication avec celle des chevaux d’escadron. En arrière du manège couvert sont les écuries pour les chevaux d’artillerie et de fourgons, l’infirmerie, la forge, les atteliers du sellier, les logemens des personnages employés pour le service des écuries. Le chemin public est conservé, de même que l’entrée principale du château. Les élèves n’ont vue que sur la carrière ou sur les écuries et le manège. Le château se trouve parfaitement encadré, tous les bâtimens sont réunis. Ceux qu’il faut acquérir, et c’est un objet de peu de valeur, sont disposés de manière à pouvoir être facilement appropriés au service auquel ils sont destinés. Avec tous ces avantages, ce projet aura encore celui de laisser pour des dépôts de cavalerie une garnison commode où l’on pourra recevoir 400 chevaux aussitôt que les nouvelles écuries seront construites.
Je joins à ce rapport les 3 plans qui, en présentant l’ensemble des bâtimens, mettra Votre Majesté en état de juger celui des 3 projets qui mérite la préférence, sous le rapport de la dépense le dernier l’emporte sur les deux autres.
Le premier projet couteroit 620000 f.
Le second 504000 f.
Le troisième 586000 f.
La différence sur le premier projet est de 34000 f. en faveur du 3e et, s’il est plus cher de 82 mille francs que le second, il faut remarquer que l’école aura des écuries neuves et le casernement de quoi loger des troupes, ce qui n’auroit pas lieu dans le second projet. J’ajoute qu’en arrachant les arbres, l’emplacement du parterre est tout préparé, tandis que les terreins à acquérir de l’autre côté du parterre auront besoin d’être nivellés.
Le seul inconvénient du 3e projet, c’est de priver les habitans de Saint Germain de la jouissance du parterre. Mais je fais observer à Votre Majesté que le parterre sert moins de promenade que de passager pour aller sur la belle terrasse, à laquelle on arrivera, comme aujourd’hui, et par la forêt et par la nouvelle route que V. M. suivra pour s’y rendre en longeant le mur de l’école. Une considération importante que je ne dois pas omettre, c’est que, dans le second projet, avant de commencer aucune construction, il faudroit débourser de suite environ 250000 f. pour le prix des jardins et maisons à acquérir, tandis que dans le 3e projet, les acquisitions ne s’élèvent qu’à 40000 f.
Si V. M. pense que la seule objection à faire contre ce projet, qui présente d’ailleurs tant d’avantage, ne doit pas le faire rejetter, et que l’intérêt d’un établissement dont la ville elle-même profitera doit l’emporter sur un objet de pur agrément, lorsqu’il est si facile de le remplacer, je la prie d’approuver le projet de décret que j’ai l’honneur de lui soumettre.
Le ministre de la Guerre »

Lettre demandant la reprise des travaux dans les jardins du château de Saint-Germain-en-Laye

« Département de Seine-et-Oise
Arrondissement de Versailles
Mairie de Saint-Germain-en-Laye
République française
Liberté, égalité, fraternité
Saint-Germain, le 25 octobre 1848
Monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
Après avoir fait d’énormes sacrifices et épuisé toutes ses ressources depuis le mois de février dernier, la ville de Saint-Germain-en-Laye se trouve dans une impossibilité absolue d’occuper aujourd’hui plus de 400 ouvriers qui sont sans ouvrage.
Cette position est tellement regrettable, sous le rapport de l’humanité et de la tranquillité publique, qu’elle me détermine à recourir à votre bienveillante sollicitude et à vous prier de donner des ordres pour la reprise des travaux, qui doivent être exécutés sur le parterre de Saint-Germain.
L’ancienne Liste civile avait ouvert un crédit de 45000 francs, à employer en 1848 pour la réalisation du projet qui avait été arrêté et qui était en cours d’exécution au moment des événements de février. Tous les travaux consistant en terrassements et en plantations permettraient d’y employer des ouvriers de toutes les professions, qui obtiendraient ainsi un soulagement à leur misère.
Permettez, Monsieur le Ministre, que j’insiste auprès de vous à cet égard et que je vous prie de prendre cet exposé en grande considération.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute considération.
Le maire
Quentin de Villiers »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant les travaux à la garenne de Saint-Germain-en-Laye

« A Saint Germain en Laye, ce 25 mars 1664
L’on commença hier à travailler au recepage de la garenne du Vezinet avec 130 boscherons ou vignerons, y compris les cinquante de Brie. La chose n’ira pas si viste que l’on s’estoit imaginé, attendu que le bois ayant esté brouté depuis plusieurs années, il a fallu decouvrir les cepées et couper le rejet jusques sur la racine. Comme il ne se trouve point de souches à receper et qu’ainsy ce recepage est aussy aisé que la coupe de la vigne, l’on doit y mettre demain deux cens vignerons, lesquels monsieur Hodeau assure faire aussy bien en cet endroit que les gens qu’il a fait venir de Brie. C’est pourquoy on les doit faire travailler dans la vente aux Prestres, où il n’y a que des souches à receper. L’on ne perdra point de temps pour achever l’un et l’autre recepage. Mais comme celuy de la vente aux Prestres seroit sans effect si les cantons recepez ne sont bien fermez, l’on n’en recepera qu’autant que l’on estimera en pouvoir fermer entre cy et ce que le bourgeon paroisse.
Je fis travailler hier cinquante paysans de Ruel à combler et ruiner à fonds entierement les terriers qui sont où il y a du bois dans la garenne du Vezinet, estant absolument necessaire que ces terriers soient ruinez entierement et qu’on n’y touche plus avant que le bourgeon paroisse.
Je vous suplie tres humblement, Monsieur, d’avoir la bonté de me faire scavoir si vous avez pour agreable que je me serve toujours des hommes de corvée pour achever de ruiner ce canton de garenne.
On auroit besoin de cent serpettes plus fortes et plus grandes que celles qui ont esté envoyées par monsieur Perrault. Il faudroit, s’il vous plaist, ordonner qu’on les commandast à plusieurs couteliers afin qu’on les eust demain au soir, la chose estant pressée et estant impossible de bien faire travailler sans cela.
Mascranni de Montangle »

Procès-verbal d’une séance du comité des Fortifications concernant les travaux à faire au château de Saint-Germain-en-Laye pour le pénitencier militaire

« Secrétariat du comité des Fortifications
Minute d’avis de fonds
Séance du 14 janvier 1840
[…]
3 (article 3 du projet). Château (pénitencier militaire)
Améliorations diverses
(dessin n° 2 et 3)
[Fonds demandés :] 8550 f. [Fonds votés :] 2130 f.
A accorder et à répartir comme il suit :
Section A. Fermer en partie les baies de six fenêtres à l’entresol de la courtine (2-3) et remplacer les croisées : 850 f.
(dessin n° 2)
A accorder : 850 f.
Section B. Etablir des ventilateurs aux fosses d’aisance : 700 f.
A accorder : 700 f.
Section C. Remplacer le carrelage des réfectoires par un dallage : 7000 f.
A rejeter. Lorsque le carrelage des réfectoires sera hors de service, le chef du Génie proposera de le remplacer par des aires en bitume qui seront beaucoup plus économiques qu’un dallage.
Section D. Inscriptions de sentences morales sur les murs intérieurs : 580 f.
Cette somme, ayant été accordée par autorisation ministérielle du 4 de ce mois, ne figure ici que pour ordre : 580 f. »

Rapport concernant le mur du promenoir de l’école militaire de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
7ème division
Bureau du matériel du Génie
Rapport fait au ministre le 17 juin 1811
Sur le compte rendu au ministre le 19 avril dernier 1° d’une demande faite par M. le général Clément, commandant l’école de cavalerie de Saint-Germain, pour la construction autour du château d’un mur de clôture devant fermer l’espace destiné à servir de promenoir aux élèves, construction évaluée à 36200 f., 2° d’une observation de M. le directeur du casernement concernant les inconvéniens qu’il y aurait à suivre dans la construction de ce mur le tracé proposé, le ministre a prescrit de conférer sur cet objet avec M. le général Clément et de prendre ultérieurement les ordres de Son Excellence.
M. le directeur du casernement, après avoir annoncé le 17 mai que les changemens qu’il avait indiqués pour être faits au tracé dont il s’agit, afin de le rendre plus régulier, étaient adoptés par M. le général Clément, a envoyé un nouveau plan ci-joint et un nouvel état estimatif montant à 42500 f., c’est-à-dire à 6300 f. de plus que le 1er, en faisant observer que cette différence provenait de ce que M. le général tenait à ce que le mur de clôture fût flanqué de petites tours aux différens angles déterminés pour le nouveau tracé et à ce qu’il fût établi une porte donnant sur le parterre.
D’après cet exposé et les instances de M. le général Clément pour l’établissement de l’enclos dont il s’agit, on propose à Son Excellence d’y donner son approbation ainsi qu’à la dépense de 42500 f., laquelle sera imputée sur les fonds de l’administration de l’école.
Le colonel chef de la division
Delant
[dans la marge :] Approuvé »

Procès-verbal d’une assemblée des habitants de Saint-Germain-en-Laye concernant les travaux aux aqueducs

« A tous ceux qui ces présentes lettres verront, André Georges Legrand, seigneur des Alluets, conseiller du Roy, président, prévost, lieutenant général de police de Saint Germain en Laye, Saint Léger, Le Pecq, Achères et dépendances, salut. Savoir faisons que ce jourd’huy lundy dix novembre mil sept cent trente deux, unze heures du matin, en l’assemblée générale des habitans dud. Saint Germain en Laye, en l’auditoire royal, convocquée devant nous à la diligence de Charles Houillié, sindic en charge de laditte communauté, ledit Houillé assisté de maitre Guillaume Bergeron, son procureur, nous a remontré qu’en exécution de l’adjudication faite le vingt un novembre mil sept cent vingt neuf par monseigneur l’intendant de la généralité de Paris à Jean Louis Rousseau des ouvrages de maçonnerie et terrasse à faire pour le rétablissement et augmentation du cours des fontaines de cette ville, ledit Rousseau a presque mis dans leur perfection les aqueducs au terme de laditte adjudication, mais il a été observé qu’il y a nécessité indispensable pour la seureté et conservation desdits aqueducs pour leur perfection et conserver le cours de l’eau jusqu’en cette ville en achevant lesdits ouvrages de faire
Premièrement, cent vingt toises superficielles de pavé sur partye desdits aqueducs, les moins enfoncés sous terre, pour empêcher qu’ils ne soient enfoncés par les voitures ou entrenés par les ravines, lequel pavé sera fait avec pierre de mollière de l’épaisseur d’un pied, bien jointes, garnies et couvertues de sable, dont la dépense montera à raison de cinq livres la toise à la somme de six cent livres suivant l’évaluation et estimation qui en a été faite par le sieur de Lassurance, contrôlleur des Bâtiments du Roy au département dudit Saint Germain, sous la direction duquel se font tous lesdits ouvrages des fontaines.
Item quatre vingt toises de goutières de bois recouvertes dans lesdits nouveaux aqueducs pour faciliter audit entrepreneur le moyen d’achever lesdits aqueducs, qui sont coupés en plusieurs endroits par l’ancien tuyeau et conduite de grez qui doit être réformé afin d’empêcher l’interruption du cours des fontaines et que la ville ne soit point privée d’eau pendant ce travail, la dépense desquels goutières et tuyeaux de planches, compris la façon et la pose, montera à la somme de quatre cent livres à raison de cinq livres la toise courante, suivant l’estimation qui en a aussy été faite par ledit sieur de Lassurance, ainsy qu’il est porté par son certifficat du trente octobre dernier qu’il a représenté, et d’autant que ces ouvrages pressent et n’ont point été compris dans laditte adjudication et n’ayant pu être prévus, ledit Houillé requiert d’être authorisé à les faire faire sauf à les comprendre par la suitte dans les adjudications qui sont à faire pour la continuation et perfection des ouvrages de rétablissements et augmentations du cours desdittes fontaines, à laquelle convocation sont comparus Toussaint Bataille, Charles Delastre, Louis Jamet, Etienne Bergeron, Claude Binet, Claude Antoine Richard, Charles Bollet, Jean Duval, Claude Mahieu, anciens sindics, Nicolas Armagis, maître Charles Mestais, maître Jean François de Cléramboust, Antoine Tronche, Philippe Gonnet, anciens marchands et habitans, et maître Pierre Plouvyé, maître François Duchasteau et maître Claude Jouanin, anciens procureurs, desquels avons, ce requérant le procureur du Roy, pris et receu le serment de fidellement, en leur conscience, de donner leurs avis sur ce que dessus, ce qu’ils ont juré et promis faire, et après avoir conféré ensemble et pris communication du certifficat dudit sieur de Lassurance, ont dit qu’ils sont d’avis qu’il soit fait les cent vingt toises superficielles de pavé nécessaire à faire pour mettre en seureté lesdits aqueducs contre les voitures et ravines, comm’aussy les quatre vingt toises de goutières de bois recouvertures pour faciliter le parachèvement desdits aqueducs, et que pour tout il soit payé la somme de mil livres qui sera avancé par ledit Houillié, sindic, sauf à employer laditte somme dans les nouveaux rolles ou adjudications à faire. Duquel avis, ouy et ce consentant le procureur du Roy, nous avons donné lettres en conséquence et l’homologuant, disons qu’il sera fait lesdites cent vingt toises de pavé et quatre vingt toises de goutières de bois recouvertes nécessaires à faire suivant le certifficat dudit sieur de Lassurance pour la seureté des aqueducs et faciliter le parachèvement d’iceux, et permis audit Houillié, sindic, d’avancer et payer la somme de mil livres pour lesdits ouvrages, sauf à employer laditte somme dans les nouvelles adjudications et rolles, et a esté ledit certifficat dudit sieur de Lassurance déposé au greffe et transcrit ensuitte de la minutte des présentes, et ont lesdits Houillé et Bergeron signé avec le procureur du Roy et nous les an et jour que dessus, ainsy qu’il est dit en la minutte des présentes.
Ensuit la teneur du certifficat dudit sieur de Lassurance
Je soussigné, architecte et contrôlleur des Bâtiments du Roy au département de Saint Germain en Laye, certiffie que le pavé proposé de faire sur les nouveaux aqueducs est très nécessaire pour mettre en seureté lesdits aqueducs contre les voitures et ravines qui passent continuellement par dessus, lequel pavé monte à la quantité de cent vingt toises superficielles à cinq livres chacune toise, fait la somme de six cent livres. Il est pareillement nécessaire, pour empêcher l’interruption des fontaines, de poser quatre vingt toises de goutières de bois recouvertes dans les nouveaux aqueducs pour faciliter à l’entrepreneur le moyen d’achever lesdits aqueducs, qui sont coupés en plusieurs endroits par la conduite de grez que l’on va reformer, lesquelles goutières coûteront pour chacune toise courante la somme de cinq livres, fait pour les quatre vingt toises celle de quatre cent livres.
A Saint Germain, le trente octobre mil sept cent trente deux.
Signé de Lassurance »

Mention de la bénédiction de la croix de la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Un de nos confrères se montre réellement trop irritable quand parfois il a à s’occuper des prêtres ou des cérémonies qui ressortent de leur ministère.
Ainsi dans une note que l’Impartial insère dans son dernier numéro, sous la rubrique « une bénédiction inutile », il farde la vérité d’une façon abominable. Nous ne prétendons pas lui donner des leçons, ni le restreindre dans sa liberté d’action, mais il nous permettra bien de rétablir les choses dans leur intégrité et de les présenter sous leur véritable jour.
La flèche de la chapelle du vieux château de Saint-Germain que l’on est en train de restaurer est achevée ; selon un usage admis depuis des siècles dans le monde chrétien, la croix qui la surmonte doit être bénite – je ne pense pas que cela puisse nuire à personne. Or M. l’abbé Chauvel s’est entendu pour cette petite cérémonie intime avec l’éminent architecte du château et mardi dernier, assisté seulement de deux prêtres et de deux enfants de chœur, il s’est rendu dans la susdite chapelle ; la croix était placée à terre, à l’endroit où sera plus tard l’autel, et là, avant qu’elle soit montée et fixée au haut de la flèche, elle a été bénite en présence d’un petit nombre de personnes qui se trouvaient dans le château, mais qui n’avaient été nullement convoquées à l’avance.
La croix étant à terre, M. l’abbé Chauvel a pu facilement l’asperger d’eau bénite, sans se livrer à des exercices surhumains pour la lancer, comme il est dit dans l’Impartial, à quelques 20 mètres de haut. Toutes les branches de la croix ont donc été atteintes, et si M. l’abbé Chauvel en avait oublié par hasard, M. le premier adjoint, métreur-vérificateur des travaux du château, qui était présent et qui a pris part à l’asperges crucis, y aurait facilement remédié.
M. le curé de Saint-Germain n’a jamais eu la pensée de faire de cette bénédiction une cérémonie officielle, aucune autorisation dans ce sens n’a pu lui être refusée, soit par le ministère, soit par le préfet, soit même par l’administration locale, par la raison toute simple qu’il n’en a sollicité d’aucune sorte.
M. l’abbé Chauvel a suivi le programme qu’il s’était tracé ; obéissant à sa conscience, il a cru devoir bénir la croix de la chapelle du château et il l’a bénie, il l’a fait à pied d’œuvre et non à quelques vingt mètres de haut ; tout l’échafaudage drolatique du rédacteur de l’Impartial s’écroule donc de lui-même ; puisse-t-il n’en être pas de même de celui du vieux domaine de François Ier sur lequel travaillent nos ouvriers, qui coopèrent à sa réédification. »

Lettre d’Henri II concernant le logement de ses enfants à Saint-Germain-en-Laye

« Mon cousin,
Depuis mes dernieres lettres, j’ay receu les vostres de III et XIIe de ce moys, tres aise d’avoir veu par icelles comme mes enfans continuent de se porter de bien en mieulx, et povez estre seur que ne me scauriez faire plaisir ne service plus agreables que de m’advertir le plus souvant que pourrez de leurs nouvelles. Et pour ce que j’espere aller bientost a Sainct Germain en Laye, j’ay advisé de faire dresser et accommoder pour eulx et pour ma fille la royne d’Escosse les salles et chambres tant de dessus la mienne que de dessus celles de ma femme, de mon oncle le roy de Navarre et de mon cousin le connestable, comme verrez par le memoire que je vous envoye, et mande a Saint Germain qu’il y face incontinant besongner en la meilleure dilligence qu’il sera possible. Au demourant, mon cousin, ma cousine la grand seneschalle m’a faict requeste pour vostre filz de Becquincourt de l’office d’auditeur de mes comptes a Paris puis nagueres vacqué par le trespas d’un nommé Potarde suivant la promesse que je luy avois cy devant faicte du premier desd. offices qui viendroit a vacquer, ce que je ne luy ay peu accorder pour ce que ja j’avois faict estat de l’argent qui proviendroit d’icelluy office pour employer en mes affaire qui maintenant son merveilleusement pressez, actendu mesmement qu’il se retire peu des deniers de Guyenne a cause des troubles et que dvant qu’il soit guieres je feray bailler a vostred. filz autant d’argent que led. office aura esté vandu. Cependant, il aura ung peu de patience, et au reste je prieray Dieu qu’il vous ait en sa saincte garde. Ecript a Mezieu le XVIIIe de septembre 1548.
Henry
Clausse
[f. 68v] A mon cousin le sieur de Humyeres, chevalier de mon ordre et gouverneur de mon filz le Daulphin »

Lettre de Diane de Poitiers concernant le logement des enfants royaux à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur mon allyé,
J’a veu tout ce que m’avez escript, et m’avez faict bien grand plaisir de m’avoir faict entendre de toutes choses et mesmes de ce que les escolliers de Paris s’escarmouchent encores, quelle j’ay chose j’ay remonstré au Roy, lequel en escript et a envoyé depesche pour y donner ordre de vostre part. Je vous prye de regarder tousjours pour scavoir de toutes nouvelles pour y remedier le myeulx que vous pourrez et advertir le Roy des choses que verrez estre necessaires pour son service. Et quant a ce que m’avez mandé de l’estat de auditeur des comptes qui a vacqué, le Roy scayt tres bien le don qu’il a faict a vostre filz de la premieres qui viendroit a vacquer, mais voiant les affaires qu’il a, il en a faict son prouffict, si est ce qu’il m’a dit que plus tost il luy baillera autant d’argent que led. office vault, mais il fault avoir ung peu de patience, estant asseuré que tout ce qui vous touchera j’en feray comme pour moy mesmes. Au demourant, je vous envoye ung memoire que le Roy m’a commendé du logis qu’il entend qu’il soit faict pour mons. son filz, pour la royne d’Escosse et pour mesdames. Vous suyverez en cella l’intention du Roy et ferez au reste le myeulx que pourrez. J’ay esperance que nous vous verrons bien tost, qui sera [f. 7v] cause que ne vous feray plus longue lettre, et sur ce me recommanderay bien fort à vostre bonne grace, priant Dieu, monsieur mon allé, vous donner ce que plus desirez. De Mezieu le XVIII jour de septembre.
Faictes faire deffence que personne de Paris ne voise a Sainct Germain, pour l’amour du dangier de mort qu’on dist estre aud. lieu de Paris de peur des guernemans.
Vostre obeyssante et bonne amye
Dianne de Poytiers
[f. 8v] A monsieur mon allyé, monsieur de Humyeres »

Notes sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Restauration du château et entretien des parterres
Nomination du nouvel architecte
Nos lecteurs, qui s’intéressent si vivement à la restauration de notre beau château de Saint-Germain et qui en suivent les travaux avec une si grande sollicitude, n’apprendront sans doute pas sans une évidente satisfaction que le continuateur de l’œuvre du regretté M. Millet est définitivement nommé, et qu’il vient de prendre possession de la place à laquelle il a été appelé, grâce à son talent et à son érudition, par la confiance du conseil des Bâtiments civils.
Si la curiosité est un défaut pour le plus grand nombre des humaines, c’est cependant presque une nécessité pour un journalise, car pour raconter il faut savoir ; or pour savoir, il faut aller et venir, questionner, écouter, etc. ; mais comme compensation, il doit posséder une qualité qui lui est non moins nécessaire, c’est la discrétion et le tact, soit qu’il doive taire ce qu’il a appris, soit qu’il faille atténuer ce qu’il peut dire.
Nous n’avons pas failli à notre mandat, bien naturellement, et dès que nous avons été certain de la nomination du nouvel architecte du château, nous n’avons eu de cesse que nous n’ayons appris qui il était, d’où il venait, ce qu’il faisait et, de plus, ce qu’il avait l’intention de faire.
Nos investigations ont été couronnées de succès, et comme les renseignements que nous avons pu nous procurer sont des plus flatteurs pour la personne qu’ils concernent, nous n’hésitons pas à donner libre cours à notre plume indiscrète, et à révéler aux amis de l’art architectural ce que nous avons pu glaner de côté et d’autres.
Disons d’abord que la continuation de la restauration du château de Saint-Germain, commencée par M. Eugène Millet, est confiée à un de ses émules les plus éminents.
M. Lafollye, tel est le nom du nouvel architecte, est un artiste du plus grand talent. Voici du reste un aperçu de ses états de service.
Médaillé à l’exposition des Beaux-Arts (Paris) 1868-1870 ; deuxième médaille 1872 ; chevalier de Légion d’honneur 1876 ; médaille 1ère classe 1878 ; médaillé à l’exposition universelle de Vienne (Autriche).
Architecte des Monuments historiques, on lui doit la belle restauration du château de Pau (façade du midi) et l’escalier d’honneur ; le château de Compiègne ; la restauration de l’hôtel de ville de Compiègne, dont la couverture en plomb repoussé est une œuvre d’art. Il était en outre architecte des haras de Pompadour, dans la Corrèze.
M. Lafollye continuera la restauration du château de Saint-Germain d’après les plans de M. Millet, et dans le même sentiment, avec quelques améliorations dans certains détails pourtant.
On parle en outre de la transformation et de l’embellissement des parterres, tels que corbeilles […], statues, etc. etc.
Sous ses ordres, on a fait disparaître ce petit jardin triangulaire qui interceptait si malheureusement la circulation au bout du chemin qui confine à la grille d’appui longeant le chemin de fer, en allant vers les Loges. Les pelouses de gazon qui figurent les anciennes pièces d’eau qui se trouvent devant l’esplanade du château et devant la grille des Loges vont aussi recevoir des enjolivements.
Puisque nous avons en M. Lafollye un digne continuateur des travaux de M. Millet, et qui ne doit sa nomination qu’à ses hautes capacités, félicitons donc de son choix le conseil des Bâtiments civils, et espérons qu’au moyen des subsides ordinaires et supplémentaires qui lui seront accordés, le savant architecte pourra donne une impulsion nouvelle aux travaux de restauration, et que, plus heureux que son prédécesseur, il pourra les terminer.
M. Lafollye va dernier notre concitoyen réel, et résidera habituellement dans nos murs ; on est en train d’aménager ses appartements particuliers pendant qu’il est allé faire une petite excursion au dehors.
N’ayant pas encore eu le plaisir de le rencontrer, il nous est impossible de dire à nos lecteurs s’il est grand ou petit, gros ou mince, brun ou blond ; mais on nous a assuré, chose bien plus essentielle, que c’était un homme des plus aimables, d’une affabilité très grande et animé des meilleurs intentions pour la ville de Saint-Germain ; il est, de plus, épris, paraît-il, d’une folle tendresse pour le monument confié à ses soins éclairés et pour le parterre qui en dépend. Tout cela est d’un très bon augure.
Th. L. »

Récit d’une visite au château de Saint-Germain-en-Laye

« Visite au château de Saint-Germain par la société de l’Ami des Monuments et des Arts
Dimanche, dans l’après-midi, a eu lieu au château de Saint-Germain, sous la direction de M. Charles Normand, assisté de MM. Daumet, Bertrand et Salomon Reinach, la visite des bâtiments restaurés et en cours de restauration du vieux château de Saint-Germain, et des quelques restes de celui dit le Château-Neuf, à peu près disparu aujourd’hui, sauf deux pavillons, celui désigné sous le nom de pavillon Henri IV, que tous nos lecteurs connaissent, et l’autre sur la commune du Pecq, le pavillon Sully, appartenant actuellement à M. Bertrand, directeur de l’Opéra.
Cette visite, des plus intéressantes et sur laquelle nous regrettons de ne pouvoir nous étendre davantage, a été aussi complète que possible, grâce à l’aimable complaisance de MM. Daumet et Bertrand, qui s’étaient mis entièrement à la disposition de M. Charles Normand, et aux gracieuses facilités accordées par MM. Barbotte et Bertrand, de pénétrer dans leurs propriétés particulières.
On a visité successivement plusieurs salles du vieux château, notamment la grande salle des fêtes, la chapelle, sur lesquelles les érudits cicérones ont donné les renseignements les plus circonstanciés. M. Daumet a dit, entre autres bonnes paroles, qu’il aimerait obtenir l’an prochain un crédit permettant, sinon d’achever, au moins de continuer dans une certaine mesure l’œuvre de restauration commencée par M. Eugène Millet.
La visite des restes de l’ancien Château-Neuf, dit de Henri IV, a particulièrement captivé l’attention des visiteurs, bien que cette visite ait dû se borner aux substructions et à des grottes immenses qui subsistent encore et qui sont dans un très bon état de conservation.
M. Charles Normand fera probablement paraître dans l’ouvrage spécial qu’il publie : l’Ami des Monuments et des Arts, un compte rendu détaillé de son excursion du dimanche à Saint-Germain. Nous serons heureux, avec son assentiment, de le reproduire en tout ou en partie, pour indemniser nos lecteurs de notre brièveté forcée. »

Certificat de réception des travaux réalisés par l’architecte Millet à la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Département de Seine-et-Oise
Ville de Saint-Germain-en-Laye
Restauration de la chapelle Saint-Louis du château
Exercices 1876, 1877, 1878
Certificat de réception des travaux exécutés par M. Morin Bigle, entrepreneur demeurant à Saint-Germain-en-Laye, rue Neuve-d’Hennemont, n° 12, pour la restauration de la dite chapelle, pendant les trois exercices ci-dessus.
L’an mil huit cent soixante-dix-neuf, le 25 juillet, nous soussigné architecte du gouvernement chargé de la restauration du château de Saint-Germain et de la chapelle Saint-Louis qu’il renferme avons procédé, en présence de l’entrepreneur, à la réception définitive des travaux de maçonnerie qu’il a exécutés pour la dite restauration pendant les exercices 1876, 1877 et 1878.
Après avoir examiné ces travaux dans toutes leurs parties, nous avons constaté qu’ils avaient été exécutés en matériaux de bonne qualité, taillés et mis en œuvre avec soin et suivant les règles de l’art, et conformément aux plans et aux détails dressés par monsieur Millet, alors architecte de l’édifice.
En conséquence, nous avons été d’avis qu’il y avait lieu de prononcer la réception définitive des travaux dont il s’agit, et à cet effet nous avons dressé le présent procès-verbal que nous avons signé.
Fait à Saint-Germain-en-Laye le 25 juillet 1879.
L’architecte du château
A. Lafollye »

Lafollye, Joseph-Auguste

Lettre d’Henri IV concernant les travaux de ses différentes résidences

« Mon cousin,
Toutes mes autres lettres sont pour vous tesmoigner le contentement du service que vous avés faict à Dieu, à toute la Chrestienté et à moy particulierement en l’accommodement de l’affaire d’entre Sa Saincteté et les Venitiens. Ceste-cy particuliere est pour vous dire des nouvelles de mes bastimens et de mes jardins, et pour vous asseurer que je n’ay pas perdu le temps depuis vostre partement. A Paris, vous trouverés ma grande galerie qui va jusques aux Tuileries parachevée, la petite dorée et les tableaux mis dans les Tuileries ; un vivier et force belles fontaines, mes plans et mes jardins fort beaux ; la place Royale, qui est pres la porte Sainct Antoine, et les manufactures, des quatre parts, les trois faictes, et la quatriesme sera achevée l’année prochaine ; au bout du pont Neuf, une belle rue qui va jusques à la porte de Bussy faicte, et les maisons d’un costé et d’aultre, sinon faictes, du moins elles le seront avant la fin de l’année prochaine ; plus de deux ou trois mille ateliers qui travaillent çà et là pour l’embellissement de la ville, sy qu’il n’est pas croyable comme vous y trouverés du changement.
A Sainct Germain, je fais continuer ce que vous y avés veu commencer.
Icy, vous trouverés mon parc fermé, mon canal fort advancé, et plus de soixante mille arbres que j’ay faict planter ceste année dans ledit parc, par boqueteaux, presque tous repris, et avant cest hiver j’espere y planter plus de cinq ou six mille fruitiers. J’ay faict nettoyer et curer tous mes canaux, tant du jardin des canaux que aultres. Mes palissades sont fort belles. J’ay déjà trois aires de herons, qui me font esperer que puisqu’ils ont commencé, j’en auray force aultres dans ceste année. Ma basse court des cuisines sera plus de moitié faicte, et l’aqueduc que je fais faire pour conduire les eaux et les amener dans le château, faict de façon que j’en mettray par tous mes jardins où je voudray.
A Monceaux, les maçons hors du chasteau et qui travaillent à la basse court.
Somme toute, vous verrés à vostre arrivée que j’ay fort travaillé. Le canal qui mene de Briarre à la riviere du Loir ne sera encores parachevé ceste année, mais il le sera de bonne heure en la prochaine.
J’ay achevé ma diette, de laquelle je me trouve fort bien, Dieu mercy. Ma femme et mes enfans font de mesmes. Resolvés vous doresnavant des douze mois de l’année m’en donner les huict, et estre tout ce temps là aupres de moy. Aussy vous aimé je trop pour ne vous y avoir le plus que je pourray.
A Dieu, mon cousin. Ce IIIe may, à Fontainebleau.
Henry »

Henri IV

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