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Lettre concernant les fêtes organisées dans les parterres du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Paris, le 14 mai 1891
Le ministre à M. l’architecte du château de Saint-Germain (et des parterres et terrasses)
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous annoncer que j’autorise M. le maire de Saint-Germain à installer, à l’occasion de la fête de mai, dans les mêmes conditions que l’année dernière, les marchands forains sur les parterres du château et à les y laisser séjourner du 26 mai jusqu’au 16 juin suivant. Je consens en outre à ce que les grilles des parterres restent ouvertes pendant les nuits des dimanches 31 mai, 7 et 14 juin, et jusqu’à minuit les autres jours pendant la durée de la fête.
Il ne m’a pas paru possible en effet de restreindre la concession faite depuis plusieurs années à la municipalité, cette concession n’ayant entraîné aucun inconvénient grave et n’ayant été l’objet d’aucune protestation. C’est d’ailleurs à M. le maire de Saint-Germain qu’il appartient d’apprécier le trouble que, d’après votre rapport, les fêtes de cette nature apporteraient chez les habitants paisibles d’une partie de la ville.
Il est entendu au surplus que la municipalité sera responsable de tous les dégâts ou accidents qui se produiraient, qu’elle fera exécuter à ses frais immédiatement après le départ des marchands forains les travaux de réparation et de remise en état des lieux que vous lui indiquerez.
Etc. »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant les fêtes organisées dans les parterres du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Château et parterres de Saint-Germain-en-Laye
Saint-Germain-en-Laye, le 6 mai 1891
Monsieur le Ministre,
Vous m’avez adressé pour avis la copie d’une lettre par laquelle M. le maire de Saint-Germain demande l’autorisation d’établir, comme les années précédentes, sur les parterres du château de Saint-Germain la fête foraine qui doit avoir lieu les dimanches 31 mai, 7 et 14 juin prochains.
M. le maire, dans sa lettre, rappelle les termes d’une convention passée le 5 août 1881 entre l’Etat et la Ville de Saint-Germain et, après avoir fait connaître les dates extrêmes, 26 mai et 16 juin, pour l’installation et le départ des marchands et industriels forains, ce magistrat vous demande d’étendre votre autorisation à d’autres emplacements que l’avenue Louis XIV visée dans la convention indiquée plus haut et ainsi libellée :
« Autorisons la Ville de Saint-Germain à continuer d’établir chaque année, aux époques ci-dessus indiquées, la fête des Loges dans la forêt domaniale de Saint-Germain, aux abords de la maison de la Légion d’honneur, et les fêtes de saint Germain et de saint Louis sur le parterre de Saint-Germain, dans l’allée Louis XIV »
et omet de rappeler que cette convention autorise la tenue de la fête pendant une semaine et deux dimanches seulement.
Je crois devoir vous rappeler, Monsieur le Ministre, que je vous ai déjà signalé les graves inconvénients qui résultent, pour la bonne tenue des parterres et pour la jouissance paisible des promeneurs qui viennent de toutes parts admirer le château et les plantations, de voir s’installer sans limites des baraques foraines, des musiques assourdissantes à d’autres emplacements que ceux concédés, et je vous propose de maintenir strictement la concession faite à la Ville.
M. le Maire ne peut arguer de tolérances regrettables et changer le caractère nettement limité de l’avantage fait aux industriels et baladins que votre administration admet à deux reprises différentes dans les parterres pendant l’année.
L’introduction dans l’enceinte et l’enlèvement de machines bruyantes, malpropres et blessantes à tous égards ont été l’an passé l’occasion de dégâts considérables : les parterres du côté de la place de Pontoise sont restés sans grille de clôture pendant plusieurs semaines par suite de la maladresse du conducteur de la locomobile ; des accidents auraient pu résulter du renversement de la grille au milieu de la nuit.
En raison des inconvénients signalés et de l’impossibilité où se trouve la municipalité, par suite des tolérances fâcheuses des années précédentes, d’opposer des raisons valables aux forains, je viens vous prier, Monsieur le Ministre, de résister à toute demande et de me mettre à même dès maintenant de faire respecter les promenades publiques ; il y a en effet inconvénient réel à troubler toute une partie de la ville par le bruit et le désordre de la fête très rapprochée des habitations, et la faire déserter au grand détriment des commerçants sédentaires de Saint-Germain.
En résumé, Monsieur le Ministre, j’ai l’honneur de vous proposer de répondre à la demande de M. le maire de Saint-Germain qu’en ce qui concerne la partie occupable des parterres, il y a lieu de s’en tenir rigoureusement aux conventions faites en 1881, c’est-à-dire à l’occupation de l’allée Louis XIV seule, en autorisant que les grilles restent ouvertes pendant les nuits des dimanches 31 mai, 7 et 14 juin ; quant aux autres jours, il parait suffisant que leur fermeture ait lieu, comme d’ordinaire, à onze heures.
Comme d’usage, l’administration municipale fera rétablir en bon état et à ses frais, sous la surveillance du service d’Architecture, les localités et les routes parcourues par les voitures des occupants de l’allée Louis XIV pendant la fête.
Je vous propose de plus, Monsieur le Ministre, d’informer M. le maire que, si vous tolérez encore cette année que les forains s’établissent pendant deux semaines pleines et trois dimanches, dès l’année 1892 vous restreindrez l’occupation aux termes fixés par la convention du 5 août 1881.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre dévoué serviteur.
Daumet »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant les fêtes organisées dans les parterres du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Château et parterres de Saint-Germain-en-Laye
Saint-Germain-en-Laye, le 15 avril 1890
Monsieur le Ministre,
En réponse à votre lettre en date du 11 avril courant par laquelle vous m’invitez à vous faire parvenir mes observations et mon avis sur la suite que comporte une demande qui vous a été adressée par M. le maire de Saint-Germain relativement à l’installation sur les parterres des marchands forains qui participeront à la fête de juin, j’ai l’honneur de vous exposer que, en se reportant aux termes de la convention du 5 août 1881 invoquée par M. le maire de Saint-Germain, je ne vois pas d’inconvénients à ce que vous mettiez à sa disposition pour y établir la fête l’avenue Louis XIV et aussi le rond-point de l’avenue des Loges dans le but de permettre l’installation d’établissements de grandes dimensions, et bien qu’il ne soit pas question de ce dernier emplacement dans la convention précitée. En ce qui concerne l’avenue de l’esplanade du château, dont le sol est mauvais, je suis d’avis qu’il n’y aurait lieu de la mettre à la disposition de la Ville que seulement dans le cas où l’avenue Louis XIV serait entièrement occupée par les marchands dans toute sa longueur, ce qui n’a plus lieu depuis plusieurs années, le public se désintéressant des fêtes depuis longtemps déjà et le nombre des marchands diminuant chaque année davantage pour cette raison. Je pense que, tout en donnant satisfaction aux amateurs assez peu nombreux des fêtes foraines, il faut éviter de multiplier sans nécessité les emplacements mis à la disposition de la Ville pour ses installations, attend qu’on agirait à l’encontre du sentiment de la majeure partie du public fréquentant les parterres, qui y est attirée par la beauté et la tranquillité des promenades et par l’air pur qu’on y respire, toutes choses que leur enlève l’installation de la fête. En suivant cet ordre d’idées, je suis amené aussi à vous faire connaître que l’installation de locomobiles sur le rond-point de l’avenue des Loges est fort mal vue par les personnes qui occupent les propriétés qui bordent le rond-point et sont condamnées à avoir les oreilles déchirées pendant quinze jours par les sifflements continuels des machines à vapeur.
Quant aux mesures à prendre pour les installations des marchands, pour la police pendant la durée de la fête et ensuite pour la réparation des emplacements concédés, je pense qu’il n’y a rien à changer à ce qui a été fait précédemment, les intérêts de l’Etat ayant été sauvegardés.
Je suis également d’avis qu’il n’y a pas d’inconvénients à ce que les grilles du parterre restent ouvertes toute la nuit des dimanches 8 et 15 juin, à cause des bals qui ont lieu ces jours-là seulement ; mais il me paraît tout à fait inutile de laisser ces portes ouvertes pendant les nuits des mardi 10 et jeudi 12 juin ainsi que le demande M. le maire de Saint-Germain en raison des concerts qui se terminent à 10 heures du soir : le public a pris en effet l’habitude de quitter les parterres aussitôt après et je ne vois pas de motifs plausibles pour s’écarter du règlement qui fixe la fermeture des grilles à 11 heures.
Je suis, avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très dévoué serviteur.
Daumet
Le soussigné a l’honneur de faire observer que les opinions exprimées au présent rapport ne lui sont pas personnelles et qu’il a dû sur divers points s’en rapporter à l’expérience de M. Choret, inspecteur des travaux. »

Ministère de l'Instruction publique

Payements consentis par les habitants de Saint-Germain-en-Laye pour la réparation du Grand Cours par ordre du roi

« Item dit le rendant que les fonteines dudit Sainct Germain ayant manqué par les ruptures et crevasses du cours, quy avoit besoin d’un bon restablissement, monseigneur de Louvoy envoya un ordre pour en faire le restablissement en plomb ausdits habittans, lequel ordre fust mises mains dudit sieur de Fonteny, à cause de quoy, attendu qe ce restablissement n’estoit pas du fait desd. habittans quy, conformement à leurs privilleges et lettres pattentes de Sa Majesté, sont tenus de payer par chacun an une somme de six cens livres pour touttes tailles et subciddes, à quoy il auroit pleu au Roy les abonner, et ce au fonteinier de Sa Majesté, pour l’entretien du cours desdites fonteines, il fust par vous, Monsieur, jugé à propos, avant que d’executer ledit ordre, de faire au Roy la tres humble remonstrance desd. habittans pour en obtenir la decharge, et à cette fin adresser un placet en forme de requeste et prier monsieur le duc du Lude, gouverneur dudit Sainct Germain, d’en parler au Roy et luy bailler ledit placet, suivant quoy le rendant fist dresser ledit placet, pour lequel il desbourca vingt solz, et fust ensuitte à Paris le deuxiesme avril audit an mil six cens quatre vingtz quatre avec ledit sieur de Fonteny pour prier ledit seigneur duc du Lude de le presenter au Roy et luy parler en faveur desd. habitans, auquel voyage ils sejournerent deux jours, n’ayant pu parler la premiere journée audit seigneur duc du Lude, pour la depense duquel voyage, compris les voitures, il auroit debourcé une somme de vingt cinq livres, quy avec les vingt solz payez pour ledit placet font ensemble vingt six livres, dont il fait depence, cy : XXVI l.
Dit ledit rendant que ledit seigneur duc du Lude n’ayant pas esté à Versailles pour parler au Roy aussy promptement qu’il estoit necessaire à cause de quelque indisposition, vous auriez, Monsieur, donné ordre audit rendant d’aller à Versailles avec lsed. de Fonteny et Delagarde pour representer à monseigneur de Louvoy les raisons que lesdits habittans avoient pour se deffendre du restablissement dudit cours, ce qu’ils firent, et ne receurent de luy autre reponce sinon celle que l’intention du Roy estoit qu’ils fissent restablir ledit cours en plomb, auquel voyage il a debourcé dix huit livres, tant pour le loyer de trois chevaux que pour la depence, dont il fait icy depence, cy : XVIII l.
[…]
Item dit le rendant qu’ayant eu advis le quatorze dudit mois d’avril que ledit seigneur duc du Lude estoit à Versailles, il fust par vous, Monsieur, resollu d’y aller avec lesdits rendant, de Fonteny et Delagarde afin d’estre dechargez du restablissement dudit cours, où vous auriez avec eux sejourné pandant trois jours, pandant lesquels, pour satisfaire à l’advis dudit seigneur duc du Lude, il vous plust, Monsieur, parler à monseigneur de Louvoy, après quoy sa reponce portée à monseigneur le duc du Lude, ledit seigneur parla au Roy, quy ne determina rien au subject dudit cours, pandant lequel voyage le rendant a payé et desbourcé une somme de soixante livres, tant pour les voitures que pour les voitures que pour la depence, dont il fait icy depence, cy : LX l.
Item de trois livres qu’il a aussy payez pour trois placets dressez à l’effet que dessus, l’un au Roy, l’autre à monseigneur de Louvoy, et l’autre audit seigneur duc du Lude, cy : III l.
Item fait aussy depence de quatre livres dix solz pour un voyage fait en la ville de Paris le dix huit avril au subjet d’une lettre à luy escritte par le sieur de Grandmaisons concernant le cours des fonteines et aussy à l’occasion d’un raport qu’il avoit fait à monseigneur de Louvoy au subject dudit cours, cy : IIII l. X s.
Dit le rendant que ledit seigneur de Louvoys ayant reiterré ses ordres ausd. habittans, adressés au sieur de Fonteny, pour le restablissement dudit cours, iceluy rendant, après en avoir communiqué à vous, Monsieur, et monsieur le procureur du Roy, aux anciens scindicq et aux notables habittans, receust vos ordres pour reparer ledit cours, à l’effet de quoy il fust sur ledit cours avec le fontainier, qui estoit accompagné de l’inspecteur des eaues de ce lieu pour le sieur Grandmaisons, grand fontainier, afin de descouvrir et connoistre ce quy estoit à faire pouor y aporter le remede aux endroits les plus deffectueux, prendre les mesures des thuyeaux à ce necessaires, pandant quoy il donna quelque argent aux ouvriers quy travailloient à ouvrir la terre pour avoir du vin afin de les obliger à travailler plus promptement, attendu que ledit seigneur de Louvoy pressoit fort, et aussy quelque despence qu’il fist avec lesdits fontainier et inspecteur pendant cinq jours, et ledit rendant compris lesd. cinq jours fait icy depence de vingt livres, cy : XX l.
Item de quatre livres dix solz pour un voyage à Versailles pour commander au plombier du Roy trente six thuyeaux de plomb de douze pieds de long sur trois pouces de diamettre et deux lignes et demye d’epoisseur quy estoient lors necessaire pour le restablissement dudir cours, cy : IIII l. X s.
Fait aussy depence de la somme de quinze cens trente six livres cinq solz par luy payée et debourcée aux sieur Lucas, plombier ordinaire du Roy, suivant sa quittance du vingt quatre avril dernier, pour neuf milliers trois cens trente quatre livres de plomb, masticq et soudure en thuyeaux, à raison de trois solz un liard pour chacune livre, le tout employé au restablissement dudit cours, de laquelle susdite somme de quinze cens trente six livres cinq sols le rendant fait icy depence, pour justification de quoy sera la quittance dudit Lucas representée, cy : XVc XXXVI l. V s.
Item fait despence de quatre livres pour le coust de la sentence rendue par les juges consuls au profit dudit Lucas pour le payement de ladite somme et fraits faits en consequence, laquelle sera representée pour justification, cy : IIII l.
Item fait aussy depence de seize livres seize solz pour vingt huit livres de soudure fournies par le rendant pour ledit cours au par dessus celle compris au susdit article, cy : XVI l. XVI s.
Item fait aussy depence de la somme de cinquante trois livres par luy payez et desbourcez pour la voiture des susdits plombs et soudure faite aux mois de may, septembre et octobre de ladite année mil six cens quatre vingtz quatre, dont il fait icy depence, cy : LIII l.
Item fait aussy depence de neuf livres pour deux autres voyages faits à Versailles au subjet desdits thuyeaux de plomb afin d’en donner les mesures et presser le plombier de les envoyer et ce ausdits mois de septembre et octobre, cy : IX l.
[…]
Item ayant esé jugé requis bailler un nouveau placet au Roy et à monseigneur de Louvoy avec des copies collationnées des lettres patentes concernant l’abonnement desd. habitans, ledit rendant en fist faire des copies collationnées des lettres patentes concernant l’abonnement desdits habitants, ledit rendant en fist faire des copies collationnées par le notaire dudit Sainct Germain, auquel fust pour ce payé une somme de six livres, dont il fait depence icy : VI l.
Dit le rendant que vous, Monsieur, ayant jugé à propos de bailler un placet avec lesdits copies collationnées à monseigneur de Louvoy et le voir en corps d’habitans, vous auriez donné l’ordre au rendant d’y aller avec vous et lesdits de Fonteny et Delagarde, et y mener quelques anciens scindicqs, ce quy fust fait, sans avoir pu obtenir audience dudit seigneur de Louvoy, mais seullement du sieur de Beaurepaire, quy marqua estre necessaire de revenir à quelques jours de là, et que pendant ce temps il l’instruiroit des moyens et raisons desdits habitans, auquel voyage pour le disné, où plusieurs officiers du Roy quy vinrent avec vous pour voir mondit seigneur de Louvoy se trouverent, fust payé par ledit rendant la somme de quarante cinq livres, pour la voiture, faisant lesdites sommes ensemble celle de cinquante trois livres, dont il fait depence, cy : LIII l.
Item ledit sieur de Beaurepaire ayant fait scavoir au rendant qu’il desiroit voir les patentes desdits habittans contenant leur abonnement, ledit rendant fust à Versailles le unziesme juillet luy en porter des copies collationnées, pour lequel voyage il fait depence de quatre livres dix solz, cy : IIII l. X s.
[…]
Fait aussy depence de dix livres dix solz, scavoir neuf livres pour deux journées du rendant par luy employées à faire une visitation et un mémoire exact de l’estat du cours des fonteines et de la grande depence quy estoit à y faire pour la mettre en un estat de perfection, selon l’ordre quy luy en fust donné par ledit sieur de Ruzé de la part de monseigneur de Louvoy, afin de luy porter, et trente solz pour l’escrivain quy le mist au net, cy : X l. X s.
[…]
Dit aussy le rendant que suivant vos ordres et pour parvenir à la decharge que lesdits habitans esperoient obtenir de l’entretien dudit cours des fonteines, il auroit esté à Versailles le trente dudit mois de juillet avec ledit Delagarde pour voir monsieur le duc du Lude, quy auroit fait scavoir qu’il y seroit ledit jour, mais infructueusement ledit sieur duc du Lude leur ayant marqué qu’il ne pouroit parler à monseigneur de Louvoy, attendu qu’il venoit de partir pour aller à Luxembourg, lequel voyage pour les chevaux et pour la depence il auroit payé dix livres, dont il fait icy depence, cy : X l.
[…]
Dit aussy le rendant que pour continuer à faire les sollicitations necessires pour obtenir la descharge de l’entretien du cours desd. fonteines, il auroit esté par vous, Monseur, jugé à propos de vous transporter à Versailles avec ledit rendant, lesd. Delagarde, Fonteny et quelques anciens scindicqs, pour solliciter ledit seigneur de Louvoy et parler au Roy afin d’obtenir cette decharge, où estans, vous auriez veu avec eux conjoinctement monsieur le duc du Lude, quy parla audit seigneur de Louvoy, lequel ayant referé cette affaire au Roy, ledit seigneur duc du Lude et vous, Monsieur, assisté desdits rendant et autres devant nommez, luy en auriez parlé sans avoir obtenu autre reponce que celle qu’il verroit ce qu’il y auroit à faire avec ledit seigneur de Louvoy, depuis quoy et le soir du mesme jour les sieurs Antoine et Bazire en ayant aussy parlé au Roy à son coucher, ils n’auroient pas obtenu d’autre reponce, ce quy vous obligez, Monsieur, avec les sudits, de revenir aud. Sainct Germain apres avoir sejourné deux jours audit Versaille, et pour la voiture et la depence le rendant auroit payé et desbourcé la somme de quatre vingtz huit livres, cy : IIIIxx VIII l.
[…]
Dit ledit rendant que l’incapacité ou neglicence de ladite veuve ayant mis le cours desdites fonteines en tel estat qu’il estoit rompu et pery en plusieurs endroits, en sorte que l’eau manquoit la pluspart du temps audit Sainct Germain, cela auroit donné lieu au sieur de Ruzé, controlleur des Bastimens du Roy en ce lieu, d’en escrire à monseigneur de Louvoy, surintendant des Bastimens de Sa Majesté, lequel ayant donné ordre au rendant de luy aller parler à Versailles, il y auroit esté et receust de luy ordre de veiller tellement à la conduitte et entretien dudit cours que l’eau ne manquast de venir continuellement, et que sy luy et lesdits habittans n’obeissoient, il les feroit bien obeir et qu’il leur feroit faire un cours tout neuf en plomb, et enfin s’il manquoit à ce qu’il luy disoit, il le feroit emprisonner, à quoy ayant repondu que lesd. habitans ne manquoient pas de payer la veuve dudit Beauvais que le sieur de Grandmaisons avoit establie pour l’entretien dudit cours, et que s’il y avoit quelque choses à dire que c’estoit sa faute et non ausdits habitans, il auroit repondu que le Roy ne connoissoit que lesd. habittans pour l’entretien dudit cours et que sy ladite veuve ne faisoit pas son debvoir, que c’estoit à luy, rendant, et ausdits habitans de repondre du service et qu’il s’en prendroit à luy, ce que voyant le rendant luy auroit dit qu’il aymoit mieux s’en charger luy mesme plustost que d’en repondre, à quoy ledit seigneur ayant respondu qu’il le voulloit vollontiers et qu’il en parleroit au Roy et qu’il envoiroit ses ordres à ce subject au controleur des Bastimens, suivant quoy ledit sieur de Ruzé, par ordre de mondit seigneur de Louvoy auroit retiré les clefs des reservoirs de ladite veuve Beauvais et icelle mises es mains dudit rendant, quy s’en seroit chargé, et apres avoir visitté l’estat dudit cours et fait un memoire exact de ce quy estoit à y faire, qu’il auroit mis es mains dudit sieur de Ruzé, qu’il a depuis luy mesme verifié sur les lieux et iceluy mis es mains de mondit seigneur de Louvoy, en consequence de quoy le rendant a depuis luy mesme et par ses mains entretenu ledit cours jusqu’à present qu’il l’entretient encorre, pourquoy fait icy depence ausdits habitans de pareille somme de six cens livres pour l’année de l’entretien dudit cours escheue au dernier decembre mil six cens quatre vingtz cinq, cy : VIc l.
[…]
Dit le rendant que le cours des fonteines s’estant toruvé en desordre à l’entrée de son sindicat, il receust ordre dudit sieur de Ruzé, de la part de monseigneur de Louvoy, de faire fermer tous les regards quy estoient à l’habandon et tout ce quy estoit nécessaire audit cours, suivant quoy il fist seullement reparer les choses les plus necessaires, comme avoir fait ferrer et fourny de gonds et serrures aux portes desdits reservoirs où il en manquoit par Louis Pyot, serrurier du Roy, fait sceller lesdites portes par Rafron, masson, fait faire huit trapes aux reservoirs en terre dudit cours où il en manquoit par François Millot, menuisier du Roy, et faire faire des Bondes de bois par Lafleiche, tourneur, au lieu des robinets de cuivre quy estoient autresfois ausdits regards, pour quoy faire il a debourcé la somme de quatre vingtz dix neuf livres dix solz, scavoir vingt six livres audit Piot suivant sa quittance du seize avril mil six cens quatre vingtz quatre, soixante trois livres audit Millot suivant sa quittance desdits mois et an, sept livres dix solz audit Rafron suivant sa quittance du huit desdits mois et an, et trois livres audit Lafleiche aussy suivant sa quittance, lesquelles sont aussy representées pour justification, de laquelle somme de quatre vingtz dx neuf livres X s. il fait icy depence, cy : IIIIxx XIX l. X s. »

Lettre concernant l’installation demandée d’un réservoir au château de Saint-Germain-en-Laye

« 7e division
Bureau du Génie, contentieux
République française
Liberté, égalité
Paris, le 16 fructidor an 5e de la République française, une et indivisible
Le ministre de la Guerre aux administrateurs municipaux du canton à Saint Germain en Laye
D’après les renseignemens, Citoyens, qui viennent de m’être adressés par les administrateurs du département de Seine et Oise sur la demande que vous avés faite à mon prédécesseur le 29 messidor dernier d’être autorisés à établir une bâche au château vieux afin de suppléer à l’insuffisance de l’eau dans les tems de sécheresse, je vous annonce que je ne puis consentir à la formation de cet établissement, parce qu’au lieu d’être utile, on y apperçoit au contraire un sujet de dépense qu’on doit d’autant plus épargner que cette bâche ne peut rien ajouter à la valeur du bâtiment auquel vous projettez de l’appliquer. D’ailleurs, ces sortes de propriété sont trop à la charge de la République par tous les frais d’entretien qu’elles occasionnent pour qu’il ne soit pas très essentiel d’y apporter la plus sévère économie.
Je pense, Citoyens, que ces réflexions vous feront comme à moi considérer l’établissement dont il s’agit comme absolument inutile.
Salut etc. »

Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan de Meleun, chevalier, seigneur de la Borde le Viconte, chambellan, maistre et enquesteur des Eaues et forestz du Roy nostre sire es pais de France, Champaingne et Brie, au gruier ou garde de la forest de Laye ou a son lieutenant, salut. Comme nagueres par nostre commandement et ordonnance eus testé crié et deffendu de par le Roy nostre sire et nous que nul qui se deist avoir droit, usage, liberté ou franchise esdites forests ny entrast jusques a ce que de ce nous eussent monstré et ensengné de leurs diz droys, tiltres et previleges et comme de ce avoient joy et usé, et il soit ainsy que de la partie du commun et habitans de Saint Germain en Laye nous aient esté monstrees et exibees unes lettres de vidimus soubz scel royal, esquelles sont incorporees les lettres de noble homme messire Ector de Chartres, naguaires reformateur sur le dit fait, avecques unes lettres de mons. le conte de Tanquerville, lors souverain maistre et general reformateur des dites Eaues et forestz, faisans mention de leurs diz droys, franchises et libertés, obeissens de nous enseigner que de ce avoient joy et usé sens aucuns exceps ou abuz, en nous requerant que ledit empeschement voulsissons lever et oster, et pour et veu et consideré le contenu en leurs dites lettres de delivrance, eu sur ce adviz et deliberations a plusieurs sages et conseillers du Roy nostre dit seigneur, nous ledit empeschement mis de nostre commandement et ordonnance avons levé et osté, levons et ostons par ces presentes. Si vous mandons que lesdiz habitans vous laissez et souffrez joir et user de leurs diz droys et usages selon le contenu en leurs dites lettres, en tout ce les ordonnances royaux gardees. Donné a Saint Germain en Laye le lundi VIe jour d’avril l’an mil IIIIc et quinze. »

Acte d’un mariage célébré par André Pulton, chapelain du roi d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’huy huitieme janvier mil six cent quatre vingt quinze, a esté fait et solemnisé par moy prestre jesuitte, chapelain du roy d’Angleterre, avec la permission de monsieur le curé, le mariage de Jean Bevan, fils de Jacques Bevan et de Françoise Guillieaume, ses pere et mere, d’une part, et Anne Horton, fille de Humfroy Horton et de Marie Laine, ses pere et mere, d’aultre part, anglois de nation et demeurants sur cette paroisse, apres avoir publié trois bans au prosne de la messe de paroisse par trois dimanches ou festes consecutifves, scavoir les deux, trois, six janvier de la presente annez, les fiançailles faitte le jour precedent, le tout sans aucune opposition, en presence du sieur Jean Hataille, Cristolphe Ecopp et David Luiwis, et de maistre Hugues Augustin Baussonnet, acolythe, qui ont signé avec l’epoux et l’epouse.
John Bevan, Ann Horton
John Hasfeld
Christopher Ecopp, Baussonnet
David Lewis
André Pulton »

Lettre concernant une éventuelle modification des fossés du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction du contentieux des Bâtiments civils et des palais nationaux
Bureau de l’architecte
Saint-Germain-en-Laye, le 4 mai 1882
Monsieur le Ministre,
Vous m’avez fait l’honneur de me transmettre le 4 avril dernier le dossier relatif au reculement du fossé du château et vous m’avez demandé en même temps d’examiner les documents exposés dans le rapport de M. le maire de Saint-Germain et de vous renvoyer les pièces avec mes observations.
Pour me conformer aux instructions de M. le Ministre, j’ai consulté les plans relevés par Du Cerceau, les plans qui nous ont été laissés par l’intendance de la Guerre, 1860, et les plans dressés par M. Millet, 1866.
L’étude de ces documents n’est pas venue confirmer les arguments développés par M. le maire.
Les murs du côté sud du château n’ont pas été modifiés par Mansart. Il a construit de ce côté des pavillons parallèlement aux murs de soutènement.
La citerne profonde établie par M. Millet a 2 mètres du pied du mur, les niches qu’il a pratiquées dans le pan coupé, 1866, donnent au contraire à cette restauration un caractère essentiellement définitif.
De plus, en raison de l’affectation du château à un musée et pour des considérations de construction et d’architecture qu’il serait trop long de développer ici, M. Millet a modifié non seulement les plans mais encore l’architecture du château de François premier.
Pour n’en citer ici qu’un exemple : l’escalier carré et la tourelle rattachée au donjon n’appartiennent pas au plan primitif ; les pilastres décoratifs en briques des étages ont été remplacés à l’extérieur par des contreforts en pierre ; aux couvertures en dalles des terrasses il a substitué une couverture en métal, etc.
Enfin Mansart (et le château de Saint-Germain-en-Laye en est peut-être le seul exemple) a suivi l’ordonnance de l’architecture de François 1er dans la décoration des cinq pavillons qu’il a élevées. Cette circonstance en a justifié la démolition proposée par M. Millet. Si ces pavillons eussent été construits dans l’architecture de l’époque de Louis XIV, le comité des Monuments historiques n’aurait pas accepté aussi facilement un projet faisant disparaître des documents historiques.
Cet exposé établit d’une manière précise qu’il n’entrait pas dans les projets de M. Millet de diminuer la largeur de ces fossés, qui sont encore les fossés du temps de François premier. Mais devant l’importance que le conseil municipal de Saint-Germain paraît attacher à l’agrandissement de la place Thiers, je crois devoir exposer à M. le Ministre que l’architecte est tout disposé à ajourner la solution de cette délicate question jusqu’au moment où le pavillon Louis XIV sera démoli et la salle de Mars restaurée.
A ce moment, s’il est possible, sans porter préjudice aux vues perspectives du château et si la diminution de la largeur du fossé ne peut nuire en rien à l’établissement des monuments mégallitiques et de la colonne Trajane, que le conservateur du musée se propose d’y installer, je serai très heureux d’émettre un avis favorable à la demande présentée par M. le maire au nom du conseil municipal de Saint-Germain.
J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur le Ministre, votre très dévoué et très obéissant serviteur.
A. Lafollye »

Ministère des Travaux publics

Procès-verbal d’une délibération du conseil municipal de Saint-Germain-en-Laye concernant une éventuelle modification des fossés du château

« Département de Seine-et-Oise
Arrondissement de Versailles
Ville de Saint-Germain-en-Laye
Extrait du registre des délibérations du conseil municipal
Séance du 24 février 1882
L’an mil huit cent quatre-vingt-deux, le vingt-quatre février, à 9 heures du soir,
Les membres du conseil municipal se sont réunis au lieu ordinaire de leurs séances à l’hôtel-de-ville sous la présidence de M. le docteur Salet, maire
Etaient présents :
MM. E. Choret, Désoyer, Anferte, Villain, Lepintre, Boudin, Dambrine, de Mortillet, Juteau, Laurent, Faucon, Spéneux, Hervieu, Moissant, Godet, Duval, Johnson, Plessis et Deschastres
M. le maire expose ce qui suit :
Le comité constitué à Saint-Germain à l’effet d’élever, à l’aide d’une souscription publique, une statue à la mémoire de M. Thiers eut, lorsque le succès de cette souscription fut assuré, à s’occuper du choix de l’emplacement de cette statue.
Après avoir examiné tous les points de la ville où ce monument pouvait être placé, il se décida, sur l’avis très formel de M. Antonin Mercié, chargé d’exécuter cette œuvre, pour la place du Théâtre. Cette place, le comité en avait l’assurance, devait être agrandie du côté du château par le reculement d’environ trois mètres du parapet du fossé.
Ce reculement, déjà opéré sur d’autres points, résultait d’un projet d’ensemble dressé par l’architecte du château. Il devait être la conséquence de la reconstitution complète du château de François 1er et de la construction d’une série d’abris destinés à contenir certains objets ne pouvant trouver place dans les salles du château. Le comité, faisant œuvre d’avenir, devait tenir compte, dans la place à donner à son monument, de cette modification prochaine des lieux. Il demanda donc à ce que ce travail, qui devait être accompli dans un temps indéterminé, le fut pour l’époque de l’inauguration de la statue. Il demanda, en outre, afin de corriger autant que possible l’irrégularité de la place un nouvel alignement du côté de la villa Saint-Germain. C’est en tenant compte de ces diverses modifications que fut dressé le plan d’ensemble du monument.
Le conseil municipal adopta successivement d’abord le choix de l’emplacement de la statue (délibération du 26 octobre 1879) puis, les modifications de la place du Théâtre demandée par le comité (délibération du 8 octobre 1879).
Ces modifications d’alignement devenaient, dès ce moment, une œuvre municipale, dont l’administration devait poursuivre la réalisation. Une demande, à laquelle était jointe la délibération du conseil avec les plans à l’appui, fut dès le 3 décembre 1879 régulièrement transmise aux autorités compétentes.
La propriété de la villa Saint-Germain dépendant de l’ancienne Liste civile était alors contestée ou tout au moins incertaine. Il ne put donc être donné aucune suite aux projets se rapportant à cet immeuble. Du reste, de ce côté, le monument ayant un large dégagement, ces alignements avaient une moindre importance.
Mais il n’en fut pas de même pour les modifications d’alignement du côté des fossés du château. Et dans ses deux dépêches des 9 et 21 août 1880, monsieur le ministre des Travaux publics ne fait aucune objection au reculement projeté. Il réserve seulement la question de la dépense. Il accorde même le reculement immédiat à l’aide d’une construction provisoire faite à frais commun par l’Etat et la Ville. Nous verrons tout à l’heure comment sur l’assurance qui fut donnée au conseil municipal de la prochaine exécution d’un travail définitif. Ce travail provisoire ne fut pas exécuté.
Dans ces conditions, la ville de Saint-Germain n’avait qu’à attendre la réalisation de ces assurances, se réservant, au moment de l’exécution, de démontrer, si c’était nécessaire, qu’elle n’avait pas à intervenir dans une dépense dont elle profitait, cela est vrai, mais qui devait toujours et quand même être faite et cela dans l’intérêt du monument lui-même et de la conquête organisation du musée gallo-romain.
Elle s’était bornée à demander à ce que ce travail, résolu depuis longtemps, fut simplement avancé. Le manque de temps, et surtout des raisons d’économie avaient seuls empêché qu’il fut donné satisfaction à sa demande.
Les choses en était là lorsque M. le préfet, à la date du 20 janvier dernier, transmettait à l’administration municipale, avec une lettre explicative, le dossier de cette affaire augmenté d’un rapport de M. l’architecte du château, d’un rapport de M. l’inspecteur général de la 1ère division du ministère, devenu à ce moment ministère des Beaux-Arts et d’un plan complémentaire.
De la lecture de la terre du préfet et de l’examen de ces divers documents, il résultait que la situation était complètement changée. En effet, M. l’architecte du château et après lui M. l’inspecteur général, dont le rapport est en tout conforme à celui de M. Lafollye, concluent que le mur du fossé ne soit plus reculé sur la partie qui borne la place Thiers, que ce reculement ne soit autorisé que sur le plan coupé qui fait face à la maison Dubonnet et, tranchant la question laissée en suspens par le ministre, de savoir à qui incomberaient les frais de cette modification, même partielle. Ils sont d’avis que ces frais doivent être mis entièrement à la charge de la Ville. La circulation autour du monument élevé à M. Thiers serait assurée en supprimant une partie de l’entourage du monument.
C’est sur ces modifications apportées aux précédentes délibérations du conseil municipal, délibérations que M. le ministre des Travaux publics avait accueillis sans aucune espère d’objection, sauf ses réserves sur la dépense à faire, que M. le préfet appelle le conseil à délibérer.
Ces changements dans la manière d’envisager cette question de la part de l’autorité supérieure paraissent résulter exclusivement d’un rapport de M. l’architecte du château et subsidiairement d’un rapport de M. l’inspecteur général.
Il convient donc d’examiner tout d’abord si les raisons émises dans ces rapports sont de nature à nous faire revenir sur des résolutions prises par un grand nombre nous, puis de voir s’ils sont justes indiscutables les motifs invoqués pour faire mettre les dépenses à faire entièrement à la charge de la Ville.
Mais un rapide retour sur le passé est nécessaire pour bien préciser les faits :
L’administration municipale écrivait à la date du 17 juillet 1880 à M. le ministre des Travaux publics, en lui transmettant (à nouveau) les plans détaillés dud. monument et les modifications d’alignement demandées, une lettre qui contenait notamment ce passage :
« Dans ces conditions, je viens vous demander M. le Ministre, de vouloir bien ordonner que le reculement du mur du fossé sur une largeur de 3 mètres dans la partie qui longe la place du Théâtre, travail qui devra toujours et quand même être fait, soit exécuté immédiatement ; ce travail nécessitera la rectification du pan coupé qui donne accès à la place du Château et qui facilitera la circulation sur ce point. »
Dans sa réponse en date du 9 août 1880, M. le ministre des Travaux publics dit d’abord que, « consulté sur cette affaire, l’architecte du château a reconnu avec son collègue de la Ville que le reculement ne devait être que de 2 m. 68. Les travaux définitifs, ajoute M. le ministre, devront nécessiter un certain temps et une dépense d’environ 35000 francs. Rien de définitif ne pouvant être terminé pour l’époque de l’inauguration, il ne peut être question en ce moment, ajoute encore M. le ministre, que d‘une construction provisoire consistant en un pont en charpente qui couvrirait la partie du fossé à réunir à la voie publique. »
Cette construction provisoire devant nécessiter une dépense de 4000 francs, le ministre consent à en prendre la moitié à sa charge. C’est dans cette lettre que M. le ministre des Travaux publics fait toute réserve que la question de savoir comment seraient réglées les dépenses nécessitées par le travail définitif.
Ayant fait demander officieusement à M. le ministre si, vu la situation financière de la ville de Saint-Germain, il ne pourrait se charger de la totalité de la dépense de cette construction provisoire, M. le ministre, dans une lettre en date du 21 août confirmait sa première dépêche et il ajoutait : « si d’ailleurs la participation par moitié est acceptée par la municipalité, je désire que l’architecte se mette en mesure de commencer immédiatement les travaux dont il s’agit et je lui donnerai des instructions dans ce but aussitôt que vous m’aurez fait parvenir votre réponse ».
La question, telle qu’elle avait été posée par M. le ministre des Travaux publics, fut soumise au conseil municipal dans sa séance du 25 août suivant.
Je crois utile de rapporter ici le texte complet du procès-verbal de cette partie de la séance du conseil :
« Le maire communique au conseil une lettre de M. le ministre des Travaux publics en date du 21 août courant, faisant connaître qu’il convent à faire opérer immédiatement le reculement du fossé du château au moyen d’un pont provisoire dont le prix s’élèverait à 4000 francs mais que ce travail, qui doit surtout profiter à la Ville, doit être exécuté par elle et moitié par l’Etat. Le maire observe que le monument érigé à la mémoire de M. Thiers rendra plus difficile l’accès à la rue Thiers et qu’il est indispensable d’élargir cette rue au moyen du reculement projeté, que le travail consenti par M. le ministre permettrait de reculer le trottoir actuel de la rue, puisque le pont qui serait établi sur le fossé servirait, de passage aux piétons et qu’il rendrait possible l’achèvement complet de la place. Il ajoute : que, sans tenir compte du monument de M. Thiers, il y a un intérêt évident à ce que l’espace livré à la circulation soit agrandi sur la place et notamment entre l’angle du fossé et la maison Dubonnet, que ce reculement, qui doit avoir 2 m. 68 de largeur sur une longueur de 54 m. 00 environ serait une amélioration des plus profitables à la ville, que quant à lui il serait d’avis d’accorder la participation demandée car l’espace gagné se trouverait définitivement et immédiatement acquis à la circulation. M. Bourguignon fait observer que si la Ville s’engage à payer la moitié de ces travaux provisoires, il est à craindre que l’Etat ne demande la même participation lors des travaux définitifs. M. Choret répond que c’est justement ce qui ressort de la correspondance de M. le sous-secrétaire d’Etat, qui fait des réserves les plus formelles à ce sujet. M. le maire répond que déjà les fossés du château ont été rétrécis, soit au profit du terrain de l’Etat sur la face du château donnant sur le parterre, soit au profit de la Ville sur la place du Château, et que toujours ce travail a été effectué par l’Etat sans que la Ville ait été appelée à y participer, que du reste, pour prévenir toute interprétation à cet égard, il propose d’insister, dans la délibération qui autoriserait cette dépense sur ce point, que cette somme de deux mille francs ne serait donnée par la Ville que pour ce seul motif que l’Etat s’imposerait, en vue seulement de lui être agréable, un travail dont il ne devrait tirer aucune espèce de profit puisque ce travail provisoire devrait plus tard être détruit pour opérer une construction définitif, que ce serait là le seul motif d’une participation, étant bien entendu que le travail définitif devrait rester entièrement à la charge de l’Etat, ainsi que tous les précédents l’établissent, qu’ainsi on avait tout profit sans courir aucun risque. M. Cagnard ne comprend pas que l’Etat ne prenne pas ces travaux entièrement à sa charge en faveur de l’inauguration du monument du premier président de la République. Le maire répond que le ministre fait déjà une grande faveur à la Ville en prenant à sa charge la moitié de la dépense, attendu que ces travaux sont plutôt une gêne pour le château. M. Carle demande pourquoi l’Etat ne ferait-il pas exécuter ces travaux d’une façon définitive. M. Choret explique que si le travail se faisait immédiatement, il faudrait employer des matériaux neufs, ce qui porterait la dépense à 30000 francs environ et que si, au contraire, on se sert des matériaux provenant de la démolition du pavillon d’angle, le même travail ne coûterait que environ douze mille francs et, de plus, il ajoute que le travail définitif devant être exécuté dans dix-huit mois, il ne voit pas que cette dépense soit bien utile. M. Carle demande si M. Choret croit être bien sûr que ce travail soit exécuté dans dix-huit mois. M. Choret affirme que le travail définitif sera exécutés dans dix-huit mois et qu’en outre, avant cette époque, le pont provisoire deviendrait inutile puisque le pavillon d’angle devant être démoli, le pont devrait être ou effondré par cette démolition, ou tout au moins retranché de la circulation. Après une longue discussion à laquelle prennent part plusieurs membres, le conseil déclare par sept voix contre six qu’il n’y a pas lieu pour la Ville de contribuer à la dépense de ce travail. »
Il ressort de ce qui précède :
1° que l’élargissement de la voie publique par le fait de construction d’abris le long des murs du fossé du château sur la partie qui borne la place Thiers avait été accepté par tous les intéressés, ministre des Travaux publics et architecte du château, sans aucune espèce d’objection.
La seule modification faite à cette époque par l’architecte du château avait été de déporter de 3 mètres à 2 m. 68 le reculement du parapet du fossé.
Bien que la question de savoir à qui incomberait la dépense de cette construction ne fut pas tranchée, cette construction n’était ajournée que pour raison d’économie.
2° que si l’élargissement de la voie publique à l’aide d’une construction provisoire, élargissement autorisé par le ministre compétent sur une longueur de 54 m. et sur une profondeur de 2 m. 68 n’avait pas été réalisée, c’était sur les affirmations précitées.
Ceci bien posé, passons à l’examen du rapport de M. l’architecte du château. Il commence par expliquer les motifs qui, après lui avoir fait émettre en juillet 1880 un avis favorable à l’exécution du projet présenté par l’administration municipale, le conduisent à le repousser à la date du 30 septembre 1881. M. l’architecte s’est bien rendu compte, en juillet 1880, de toutes les défectuosités qu’il trouve dans les projets qui lui étaient soumis, il a bien constaté qu’il n’y avait plus que 6 m. 30 entre un des angles du trottoir extérieur du monument et un point du trottoir extérieur du monument et un point du trottoir du fossé du château. Mais il ajoute que le motif d’élever une statue au libérateur du territoire pouvait seul motiver un avis favorable au projet présenté. Il convient d’abord de répondre que s’il n’y a que 6 m. 30 entre un point des deux trottoirs, c’est précisément parce que le comité croyait à un élargissement d’environ 3 mètres entre ces trottoirs.
Puis, est-ce que M. Thiers n’est plus aujourd’hui le libérateur du territoire et si, à cette époque, cette condition était suffisante pour motiver un avis favorable, pourquoi ne le serait-elle plus aujourd’hui ?
Mais ajoute le rapport, ce n’est plus sur un projet, mais bien sur l’exécution que nous allons examiner ce qu’il est indispensable de faire pour assurer une libre circulation autour du monument.
Il vous paraitra, Messieurs, comme à nous assez bizarre qu’on attende qu’un monument soit exécuté pour voir ce qu’il y a à faire pour assurer autour de lui une libre circulation ; il vous semblera que ce n’est pas après, mais bien avant l’exécution que cet avis aurait dû être émis.
Ainsi, si des modifications avaient été jugées nécessaires, elles auraient pu être faites en temps convenable.
Mais la statue, continue le rapport, n’est pas orientée, elle semble avoir été placée au hazard sur la place, ce manque d’orientation fait ressortir la trop grande proximité du château.
La statue, vous le savez, est dans l’axe de la rue Thiers, l’ensemble du monument est parallèle à la route nationale qui traverse cette place et sa situation est telle que, lorsque le grand pavillon d’angle aura été démoli, la statue fera sensiblement face à la porte de sortie de la gare, d’où elle pourra être aperçue. Pouvait-on faire mieux ?
Les membres du comité et M. Antonin Mercié surtout ont assez cherché pour qu’il me soit permis d’affirmer le contraire. Que notre modeste statue soit un peu écrasée par le splendide château de Saint-Germain, cela se conçoit, mais que le château ait à souffrir de son voisinage, cela me parait difficile. Quoiqu’il en soit, en attendant qu’on puisse déplacer la statue, déplacement fort espérer par M. l’architecte, ainsi que nous le démontre son rapport, on pourrait toujours commencer par en diminuer l’entourage. Et alors, ne tenant plus compte des conditions d’ensemble dans lesquelles le monument avait été conçu, conditions acceptées par tout le monde et par M. l’architecte lui-même, au lieu d’exécuter ces conditions dont une des principales est le reculement du fossé, M. l’architecte trouve plus simple de supprimer une partie du monument, c’est la seule manière à son avis d’assurer la circulation.
Grâce à cette amputation, toute difficulté s’aplanit. M. l’architecte s’est occupé dans son rapport d’une foule de choses qui sont peut-être dans son rapport d’une foule de choses qui sont peut-être en dehors de son terrain. Il a même cru devoir dresser un plan des modifications qu’il juge bon d’apporter à un monument élevé par des souscriptions venant de tous les points de la France, monument en quelque sorte laissé à la garde de la ville de Saint-Germain.
Lors de l’inauguration de ce monument, la presse de tous les partis s’est occupée de cette œuvre. L’opportunité de cet hommage a pu être blâmée par les uns, les détails d’organisation de la fête ont pu être critiqués par les autres, que sais-je encore ? Mais il est un point sur lequel la presse de toute nuance a été unanime c’est pour constater la réussite complète de l’œuvre. Il n’y a pas eu à cet égard une note discordante.
Mais qu’importe à M. l’architecte ! Pour lui, le monument n’est pas de proportion, il est mal conçu, il est mal placé et, ne se rappelant pas que cette place même comportait l’exécution d’un travail accepté par lui plutôt que d’accomplir ce travail, il faut diminuer le monument.
Mais M. l’architecte va plus loin encore ; ici, il faut citer textuellement :
« Nous sommes certain d’être en cela d’accord avec l’opinion publique qui trouve le monument mal situé et nous avons entendu exprimer le vœu que la statue de M. Thiers soit reportée dans les jardins de la mairie le jour où ces jardins ouverts sur le parc seront livrés au public. » [dans la marge : Ce que M. l’architecte appelle les jardins de la Ville, c’est un carré de 24 mètres de côté.]
On ne peut, n’est-ce pas, Messieurs, discuter de pareilles assertions. Je me bornerai donc à dire que le maire et les adjoints de la ville de Saint-Germain, en situation de connaître un peu mieux peut-être que M. l’architecte le sentiment de la population de notre ville, n’ont jamais entend dire rien de semblable. C’est par ce rapport qu’ils ont connu cette manifestation du sentiment public. Ils n’en avaient jamais entendu parler avant ; ils n’en ont jamais entendu parler après.
Et si, depuis, j’ai cherché à connaître ce que pensaient certains personnes de ces affirmations de M. l’architecte du château, je dois dire que j’ai toujours été accueilli avec l’étonnement le plus grand et, en ce qui concerne le déplacement de la statue, avec un sentiment souvent un peu plus vif.
Or, si M. l’architecte s’est occupé ainsi de choses un peu en dehors de ses attributions, il nous semble que, par contre, il a négligé dans son rapport certains points qui, à notre avis, devaient être traités en première ligne. Toutes ces complications résultent de ce seul fait, c’est que le reculement des fossés, reconnu autrefois nécessaire à la complète restauration du château de Saint-Germain et la construction des abris qui devait en être la conséquence jugée indispensable à la bonne installation des collections du musée, ne seraient plus exécutés.
On se rappelle que c’est la connaissance de la construction prochaine de ces abris et par suite de l’agrandissement de la place qui avait déterminé la position de la statue sur un point précis de cette place et qui avait fait concevoir à M. Antonin Mercié le plan d’ensemble de son monument.
Or, aujourd’hui le reculement des fossés n’aurait plus sa raison d’être, ces abris seraient inutiles et leur exécution remise. Pourquoi ?
Voilà les questions qu’il aurait fallu traiter avec détail, démontrer l’inutilité du reculement des fossés, démontrer l’inutilité de ces abris, telle devait être la base du rapport qui devait avoir les conclusions que nous connaissons.
Or, M. l’architecte du château n’en dit pas un mot et M. l’inspecteur général après lui n’y fait aucune allusion.
Eh bien, Messieurs, le reculement des fossés et la construction de ces abris résultaient d’un plan d’ensemble arrêté par Eugène Millet, plan d’ensemble qui avait déjà reçu un commencement d’exécution et dont Eugène Millet s’était entendu avec le conservateur du musée. Ces abris étaient considérés à cette époque comme indispensables à la restauration du château d’abord et à la bonne organisation des collections. Ces collections n’ont pas diminué, je suppose. Prévoit-on, depuis quelques mois, que le musée de Saint-Germain doive avoir une moindre importance ? Nous ne le pensons pas et nous croyons au contraire avoir de très bonnes raisons pour affirmer que ces abris sont aussi indispensables aujourd’hui qu’ils l’étaient autrefois.
Mais, dit M. l’architecte du château, on rétrécirait ainsi le fossé et on nuirait au bon aspect de ce superbe monument.
Parlant dans le même sens, M. l’inspecteur général s’exprime ainsi : « Il me paraitrait déplorable que par suite du choix peu heureux fait pour placer le monument élevé à la mémoire de M. Thiers, votre administration se trouvât entraînée non seulement à des dépenses considérables, mais aussi à nuire par le rétrécissement du fossé à l’effet architectonique du château et particulièrement à celui de la magnifique chapelle qui présente de ce côté son plus grand développement, et cela pour conserver la double grille qui entoure la statue. »
Nous nous sommes déjà expliqué sur le choix de l’emplacement ; celui adopté était le seul possible et, du reste, étant donné le caractère de la statue qu’il avait à faire, M. Antonin Mercié, dont certes le mérite n’a pas besoin d’être rappelé, a affirmé de la manière la plus positive que cet emplacement était le seul qui put convenir.
Quant à ce qui a trait au rétrécissement du fossé, il semblerait résulter de ce texte que ce rétrécissement serait un fait unique et que, par suite, le fossé se trouverait moins large là qu’en tout autre point.
Eh bien, Messieurs, voici la vérité à cet égard et nous verrons tout à l’heure la cause de ces irrégularités ; la largeur du fossé sur la place du Château est de 17 mètres, elle est sur le parterre de 21 mètres puis de 16 mètres, elle est de 17 mètres le long de la cité et de la rue Thiers, sur une autre partie de la rue Thiers elle est de 21 mètres, et enfin sur la place Thiers, là où un rétrécissement de 2 m. 68 avait été accordé, elle est de 24 m. 10. C’est-à-dire qu’en ce point, même avec le rétrécissement concédé, la largeur du fossé serait encore bien plus considérable que partout ailleurs. Vous voyez donc qu’il n’y a pas à craindre que ce rétrécissement nuise à l’effet architectonique du château, pourrait-il en être ainsi de la chapelle ?
Certes, Messieurs, nous professons pour cette merveille d’architecture l’admiration la plus grande, mais nous ne pouvons admettre qu’elle puisse perdre de sa valeur lorsqu’elle sera vue à 21 m. 42 au lieu d’être admirée à 24 m. 10.
Mais il est une considération sur laquelle nous prenons la liberté d’appeler tout particulièrement l’attention de M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Cette considération est celle-ci : la restauration du château de Saint-Germain a été entreprise dans le but de reconstituer ce monument dans son ensemble et dans ses détails tel qu’il existait sous François 1er.
Or des plans très précis, très complets, datant de cette époque, nous ont été conservés. De l’examen de ces plans et notamment de ceux publiés par Jacques Androuet du Cerceau dans le premier volume « des Plus Excellents Bastiments de France, édition de 1557 », il résulte que les fossés qui à cette époque entouraient le château avaient partout une largeur uniforme. Cette largeur, mesurée à l’échelle qui accompagne ces plans, est de huit toises, c’est-à-dire un peu moins de 16 mètres. Si on consulte le texte qu’Androuet du Cerceau a consacré au château de Saint-Germain, on trouve cette phrase : « le dit bastiment est accompli de ses fossez regnans autour de huit toises de large ».
Ainsi, le château de François 1er à Saint-Germain était entouré de fossés ayant une largeur uniforme de 16 mètres de large.
En 1680, Louis XIV, ne tenant nul compte de la valeur artistique du château qu’il habitait, mais uniquement pour avoir à Saint-Germain plus de logements, en résolut l’agrandissement. Ordre en fut donné à Colbert, alors ministre secrétaire d’Etat et surintendant des Bâtiments de France. Ces travaux furent exécutés assez rapidement à partir de 1682 sur les dessins et sous la direction de Mansart, premier architecte du roi. La dépense dépassa seize cent mille livres. Cet agrandissement consistait principalement dans l’édification de cinq gros pavillons qui venaient flanquer chacun des angles du château de François 1er.
Deux de ces pavillons étaient assez rapprochés, celui qui existe encore sur la place Thiers et celui qui suivait immédiatement du côté de la rue Thiers, à l’autre bout de la chapelle, qui se trouvait presque complètement englobée par ces deux pavillons.
Si l’on se rappelle que la largeur des fossés avant ces travaux n’était que de 16 mètres et si l’on tient compte de la saillie de 16 m. 40 que ces pavillons devaient faire dans les fossés, on comprendra la nécessité absolue dans laquelle se trouva Mansart d’élargir ces fossés. Cet élargissement ne fut pas partout opéré dans des conditions identiques. Là où les nouveaux pavillons étaient assez éloignés, aux deux extrémités de la ligne droite qui regarde le parterre, par exemple, l’élargissement ne porta que sur la partie du fossé qui faisait face à ces pavillons. Mais là, au contraire, où ces pavillons étaient plus rapprochés, comme ceux construits en face de ce qui est aujourd’hui la place Thiers, l’élargissement porta sur toute la longueur du fossé compris entre ces deux pavillons.
Ainsi se trouvent expliquées les irrégularités que nous constatons aujourd’hui.
Reconstituer le château de François 1er, c’est évidemment faire revire cet admirable monument tel qu’il existait avant sa mutilation. Mais alors que dans ce travail si remarquable de restauration, on s’est préoccupé des détails les plus infinis, que rien n’a été négligé pour ressusciter ce chef-d’œuvre, qu’on a tenu compte des plus petites choses, qu’on a cherché la forme des moindres ciselures, est-il permis de négliger les dimensions et l’aspect général des fossés ? Ne font-ils pas partie intégrante de l’édifice et ne doivent-ils pas concourir à lui restituer sa véritable physionomie ? Cela ne saurait pas faire doute ! C’est ce qu’avait parfaitement compris Eugène Millet lorsqu’il a conçu le projet déjà mis en partie à exécution d’une réfection générale de ces fossés.
Mais cette réfection ne pouvait s’accomplir dans des conditions ordinaires. Le château avait une destination déterminée. Il devait contenir le musée des Antiquités nationales. Or, les salles ne peuvent recevoir certains objets de dimension et de poids considérables, certains restes mégalithiques, des abris extérieurs étaient indispensables. De là l’idée d’élever non pas un mur plein à la place qu’occupait l’ancien mur de soutènement, mais d’utiliser l’espace compris entre le mur actuel et l’ancien mur en construisant des voûtes qui devaient former ces abris.
Ainsi, le château reprenait à l’extérieur son ancien aspect et dans les fossés on avait la possibilité d’organiser une exposition qui n’aurait pu trouver sa place nulle autre part.
Nous croyons donc, en ce qui a trait au principe même du rétrécissement du fossé sur la place Thiers, que l’intérêt de la complète restauration du château de Saint-Germain, celui de la nouvelle organisation des collections et l’intérêt de la viabilité de la Ville sont d’accord pour faire maintenir au conseil municipal sa délibération du 8 novembre 1879.
Nous accepterons donc avec reconnaissance le rétrécissement du pan coupé tel qu’il est proposé par M. l’architecte du château et accepté par M. l’inspecteur général, espérant qu’une étude plus complète de la question amènera M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts à donner une complète satisfaction à la ville de Saint-Germain en exécutant à bref délai des constructions si indispensables au château d’abord et qui permettront en même temps de ne pas toucher au monument de celui qui fut un grand historien, le premier président de la République et le libérateur du territoire.
Il nous faut examiner maintenant à qui doit incomber les dépenses occasionnées par ces constructions, soit qu’elles s’appliquent à une partie seulement de la demande faite par la municipalité, c’est-à-dire aux abris à construire le long du pan coupé, soit sur ce pan coupé et sur la partie du fossé qui borde la place Thiers.
Dans son rapport, M. l’inspecteur général parle de la démolition et de la reconstruction du mur du fossé, opération, dit-il, qui n’intéresse nullement l’Etat. Il semble ignorer que l’élargissement de la voie publique doive être la conséquence de la restauration complète du château et de la construction d’abris nécessaires au musée. M. l’architecte va un peu plus loin et dit que cette rectification permettrait d’avoir en cet endroit les quelques niches demandées par le conservateur du musée pour y déposer des monuments mégalithiques.
Pour nous, il nous semble que la question doit être ainsi posée :
Le projet qui consiste à construire le long des murs du fossé du château une série d’abris à l’effet de donner au château de François 1er sa véritable physionomie et de compléter en même temps l’organisation des collections du musée doit-il être continué ? En un mot, ce travail doit-il être accompli d’abord dans l’intérêt d’un établissement de l’Etat ? Si oui, il est évident que la Ville n’a pas à participer aux dépenses de construction.
Là est toute la question et, pour nous, cette question est résolue dans le sens de l’affirmative la plus absolue. Ce que pourrait faire l’Etat dans ce cas, et cela contrairement à tous les précédents, ce serait de dire à la Ville : je vous livre la jouissance d’une certaine partie d’une construction établie par moi, car il est à remarquer que l’Etat, toujours possesseur du sol, reste propriétaire des constructions qui s’élèvent sur ce sol. En échange de cette jouissance, vous allez me payez une somme à déterminer. Voilà à notre avis le maximum des prétentions que dans ce cas l’Etat peut légitimement élever.
Mais remarquons que l’Etat a déjà commencé ce travail, que des abris ont été construits sur le parterre, que sur la place du Château ces mêmes constructions ont été élevées, qu’une parcelle de terrain fort utile à la circulation a été livrée ainsi à la Ville, et qu’il n’est venu à l’esprit d’aucun administrateur de réclamer quoi que ce soit à la municipalité.
Il y a donc tout lieu d’espérer que si la question est résolue par l’affirmative, c’est-à-dire si la nécessité de continuer l’édification de ces abris est démontrée, la Ville sera appelée comme précédemment à entrer en jouissance de la partie supérieure de ces constructions, à la charge par elle d’assurer l’entretien de la voie publique qui y sera établie.
Les rapports de ces messieurs traitait aussi de la question des alignements demandés au détriment du terrain occupé par la propriété dite villa Saint-Germain devenue aujourd’hui propriété nationale. Ils concluent à ce que cet alignement soit simplement établi par une ligne qui serait le prolongement de la façade du théâtre et ils concluent en outre à ce que le prix du terrain ainsi concédé à la Ville soit établi en raison du prix de revient.
Ici, Messieurs, l’Etat n’a aucun intérêt direct à cet alignement, nul engagement n’a été pris, nul précédent n’est à invoquer et nous n’avons qu’à nous incliner devant la décision qui sera prise, à moins que le conseil ne décide qu’il y a lieu d’examiner si le prix du terrain ne devrait pas être fixé en prenant pour base non pas le prix de revient, mais bien le prix habituel du terrain lorsqu’il est livré à la voie publique par le fait d’un alignement adopté par lui.
C’est pour ces diverses considérations que nous avons l’honneur de soumettre au conseil le projet de délibération suivant :
Le conseil,
Vu les délibérations du conseil municipal en date du 26 octobre et 8 novembre 1879,
Vu les dépêches de M. le ministre en date des 9 et 21 août 1880,
Vu la délibération du conseil municipal en date du 25 août 1880,
Vu la lettre de M. le préfet de Seine-et-Oise en date du 20 janvier 1882,
Vu les rapports de M. Lafollye, architecte du château, et de M. Questel, inspecteur général de la première direction au ministère des Arts,
Considérant que, lorsque le comité chargé d’élever un monument à la mémoire de M. Thiers a eu à s’occuper de l’emplacement de ce monument, il a reconnu que la place du Théâtre était la seule qui put recevoir ce monument, décision confirmée par le conseil municipal (délibération du 26 octobre 1879),
Que cette place devait être agrandie par le fait de la démolition prochaine du grand pavillon d’angle et du reculement des fossés qui devait suivre,
Que dans ces conditions, le comité devait se préoccuper de disposer son monument non pas en vue de la configuration actuelle de la place mais en vue de ce qu’elle devait être à bref délai,
Que les plans de ce monument ainsi dressés ont été approuvés par le conseil municipal (délibération du 8 novembre 1879) et transmis par les soins de l’administration municipale à M. le ministre des Travaux publics, qu’avec ces plans ont été fournies les demandes des alignements jugés nécessaires à leur bonne et complète exécution,
Considérant que, sauf la question de savoir à qui devait incomber le paiement de la dépense à effectuer et une légère modification dans les surfaces demandées, ces demandes d’alignement en ce qui concerne les fossés du château, les seuls dont il fut possible de s’occuper, il n’a été fait par l’Etat aucune objection,
Considérant que bien au contraire ces alignements non seulement étaient acceptés en principe mais que même M. le ministre des Travaux publics en accordait la réalisation immédiate à l’aide de construction provisoire, construction évidemment sans autre utilité pour l’Etat que d’honorer la mémoire d’un grand citoyen et dont il prenait pour ce motif la moitié de la dépense à sa charge,
Considérant que si ces alignements n’ont pas été immédiatement réalisés à l’aide de ces constructions provisoires, c’est pour les raisons qui ont prévalu dans la séance du 25 août 1880, raisons visant le peu de temps qui devait s’écouler pour le rétrécissement définitif des fossés du château et l’économie qui devait en résulter pour l’Etat par l’emploi des vieux matériaux et aussi par suite de l’indécision existant encore aujourd’hui au sujet du logement de M. le conservateur du musée, du personnel, etc.,
Considérant d’autre part qu’en acceptant sans objection ces alignements on autorisait ainsi le comité, qui avait charge de le faire, à exécuter intégralement les plans arrêtés par lui dans les conditions où ils avaient été soumis à l’autorité supérieure,
Qua dans ces conditions et sans entrer dans les considérations de haute convenance qui, à notre avis, auraient dû elles seules faire écarter l’idée de la diminution d’un monument élevé par une souscription nationale et cela dix-huit mois à peine après son érection à la mémoire du premier président de la République, il ne serait pas juste, alors que le monument élevé à M. Thiers a reçu l’approbation unanime, de venir obliger la municipalité à opérer cette diminution et cela parce que les conditions sur l’exécution desquelles l’Etat n’avait fait aucune objection ne doivent plus être remplies,
Considérant du reste que les motifs invoqués dans les rapports de M. l’architecte du château et de M. l’inspecteur, résultant à leur avis de la mauvaise situation de la statue, de son défaut d’orientation, de ce que son entourage est trop grand, etc., sont loin d’être concluants, que du reste toutes ces conditions étaient bien connues à l’avance puisqu’elles avaient donné lieu à un rapport de l’architecte du château, acceptant les alignements proposés,
Considérant que ces alignements étaient la conséquence d’un travail d’ensemble qui devait avoir pour résultat de compléter la restauration du château de Saint-Germain et de doter le musée des Antiquités nationales d’abris propres à y recevoir des objets qui ne pouvaient trouver place dans les salles,
Considérant qu’il n’a nullement été établi que le reculement des fossés jugé indispensable autrefois soit inutile aujourd’hui mais que, bien au contraire, son utilité parait tout aussi évidente,
Considérant qu’en ce qui concerne la raison invoquée que le rétrécissement des fossés serait de nature à nuire à l’effet architectonique du château et de la chapelle, qu’il résulte de l’examen des lieux et des mesures prises que les fossés, qui possèdent une largeur qui varie dans tous les autres points entre 16 et 21 mètres ont une largeur de 24 m. 10 là où un rétrécissement de 2 m. 68 avait été accordé, que dans ces conditions l’inconvénient signalé n’est nullement à redouter puisqu’en ce point la largeur du fossé sera encore plus considérable que partout ailleurs,
Considérant au contraire que l’étude des documents de l’époque établit d’une manière certaine que le château de François 1er était entouré de fossés ayant une largeur uniforme de 16 mètres,
Que la restauration entreprise de ce château a pour objet de le faire revivre tel qu’il était en 1680,
Que dans ces conditions, il paraît impossible de ne pas tenir compte des dimensions et de l’aspect général qu’avaient ces fossés avant que Louis XIV n’ordonnât la construction des gros pavillons d’angle dont le résultat fut de modifier l’aspect et les dimensions de ces fossés,
Considérant enfin qu’il ne serait pas juste que le comité qui s’est consacré à l’édification du monument élevé à la mémoire de M. Thiers voie ce monument amoindri et que la Ville, qui devait compter sur l’élargissement accordé d’une partie si importante pour elle de la voie publique, voie ses espérances déçues et cela par suite de modifications et de retards apportés dans l’exécution des travaux,
Considérant en ce qui concerne le paiement des travaux à exécuter, qu’il s’agisse de donner satisfaction en totalité ou en partie à la demande de la Ville, qu’il y a lieu de tenir compte, avant tout, de savoir si le travail à exécuter ne doit pas l’être pour donner satisfaction à un besoin impérieux d’un établissement de l’Etat,
Que dans ce cas, il est de toute évidence et de toute justice que ce travail soit payé par celui au profit de qui il est exécuté, que tout au plus la Ville pourrait être appelée à verser une indemnité pour la parcelle de terrain dont la jouissance lui serait concédée,
Considérant qu’il doit être évident pour tout le monde que l’exécution de ce travail est indispensable, ne serait-ce que pour restituer au château la véritable physionomie qu’il avait sous François 1er, mais qu’en outre il parait fort utile à la bonne installation des collections du musée, que du reste, déjà commencé sur diverses faces des fossés du château et notamment sur la place du château même, ce travail, qui a eu pour résultat de livrer à la circulation une parcelle de terrain n’a donné lieu à aucune demande d’indemnité vis-à-vis de la Ville,
Considérant, en ce qui concerne l’alignement demandé au détriment du terrain occupé par la Villa Saint-Germain que, de ce côté, l’Etat n’a aucun intérêt direct à la réalisation de cet alignement, qu’il n’a été pris aucun engagement et que du reste cet alignement est moins indispensable à l’aspect d’ensemble du monument élevé à la mémoire de M. Thiers,
Par ces motifs,
Le conseil délibère :
1° En ce qui concerne l’alignement à prendre sur les fossés du château. Il n’y a pas lieu de revenir sur la délibération prise par le conseil municipal dans sa séance du 8 novembre 1879, c’est-à-dire que le conseil, tout en acceptant avec la plus vive reconnaissance l’exécution partielle de ce projet, invite l’administration municipale à insister auprès de M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts pour obtenir l’exécution complète dans le plus bref délai possible de l’alignement qui avait été concédé à la Ville ainsi qu’en témoignent les dépêches ministérielles des 9 et 21 août 1880.
2° En ce qui concerne le paiement des travaux. Le conseil estime que ces travaux, comme ceux analogues exécutés précédemment, devant, avant tout, être faits pour restituer au château de Saint-Germain son véritable caractère historique en même temps que pour donner satisfaction aux besoins d’un établissement de l’Etat. La Ville, conformément aux précédents, n’a pas à intervenir dans la dépense.
3° Enfin, le conseil accepte les propositions transmises par M. le préfet en ce qui a trait aux modifications d’alignement du côté de la villa Saint-Germain, faisant toute réserve sur la base qu’il serait équitable d’adopter pour la fixation du prix du terrain à concéder à la Ville.
Après discussion, ce projet de délibération est adopté par seize voix contre trois et une abstention.
Fait en séance les jour, mois et an ci-dessus. »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant une éventuelle modification des fossés du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Direction du contentieux des Bâtiments civils et des palais nationaux
Inspection générale
1ère division
Paris, le 23 novembre 1881
Monsieur le ministre des Arts
Monsieur le Ministre,
Monsieur le ministre des Transports publics m’ayant invité, par une lettre en date du 14 de ce mois, à lui donner mon avis sur une demande formée par la ville de Saint-Germain-en-Laye en vue d’obtenir l’agrandissement de la place Thiers au moyen du reculement d’un mur des fossés du château, j’ai l’honneur de vous faire connaître qu’après avoir lu toutes les pièces du dossier de cette affaire et avoir examiné sur place la position du piédestal et celle du parapet couronnant le mur des fossés, il ne m’a pas paru qu’il y eût lieu d’accueillir la demande de la municipalité. Le rapport que M. Lafollye, architecte, avait adressé le 30 septembre dernier à M. le ministre des Travaux publics démontre que la prétention de la Ville, devant imposer à l’Etat non seulement une dépense considérable mais aussi des pertes de terrains, doit être repoussée. Le moyen proposé par l’architecte du château me semble être le seul auquel on puisse raisonnablement s’arrêter : il consiste à supprimer la double enceinte qui entoure le piédestal et à mettre ce monument dans la condition de toutes les statues qu’on élève aux hommes illustres sur les places publiques ; on les protège ordinairement par une grille et par un trottoir. Ici, où l’on ne disposait que d’un emplacement très restreint et irrégulier, on a établi en dehors de la grille une espèce de parterre qui obstrue la voie publique. Le plan annexé au rapport de M. Lafollye prouve que, lorsqu’on aura fait disparaître la première enceinte du monument, la viabilité sera largement assurée sur la place Thiers ; du côté du fossé, l’espace entre trottoirs, dans la portion la plus étroite, sera de 10 m. 00 et, du côté du théâtre, également entre trottoirs, de 17 m. 50.
La seule concession qui pourrait être faite serait celle du pan coupé sur le mur du fossé à l’angle de la place du château, tel qu’il est tracé sur le plan précité, mais il me paraîtrait juste, si vous consentiez, Monsieur le Ministre, à cette concession, d’imposer à la Ville l’obligation de prendre à sa charge les dépenses occasionnées par la démolition et la reconstruction du mur du fossé ; dans cette opération qui ne l’intéresse pas, l’Etat contribuerait ainsi par l’abandon du terrain au profit de la place du Château, c’est-à-dire de la Ville.
En ce qui concerne l’immeuble situé à l’angle de la place et de la rue Thiers, acquis par l’ancienne Liste civile et qui a été attribué ou doit l’être à votre ministère pour devenir une dépendance du château dans laquelle on aménagerait les ateliers, les magasins, les logements du conservateur et du personnel du musée, il n’y a pas lieu non plus, à mon avis, de consentir à la proposition de la municipalité. Le retranchement marqué sur le plan dressé par l’architecte de la Ville, qui imposerait à l’Etat un sacrifice d’environ 50 mètres de terrain, n’aurait d’autre résultat que de rendre la place Thiers encore plus irrégulière qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le tracé du plan de M. Lafollye est préférable sous tous les rapports. Il met la nouvelle façade de l’immeuble en alignement et en prolongement de celle du théâtre. C’est à ce dernier parti, je le suppose, qu’on s’arrêtera lorsqu’on utilisera ce bâtiment.
Il me paraitrait déplorable que, par suite du choix peu heureux fait pour placer le monument élevé à la mémoire de M. Thiers, votre administration se trouvât entrainée non seulement à des dépenses considérables, mais aussi à nuire par le rétrécissement du fossé à l’effet architectonique du château et particulièrement à celui de la magnifique chapelle, qui présente de ce côté son plus grand développement ; et cela pour conserver la double grille qui entoure la statue. Je dois à ce sujet, Monsieur le Ministre, appeler votre attention sur le passage du rapport de M. Lafollye qui signale que le public trouvant généralement le monument mal placé, il serait possible qu’on le transportât un jour sur un autre point de la ville.
Tel sont les avis, qu’après mûr examen, j’ai l’honneur de soumettre à votre appréciation.
Ci-joint les pièces communiquées, au nombre de dix.
Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, votre très obéissant et très dévoué serviteur.
L’inspecteur général de la 1ère division.
Ch. Questel »

Ministère des Travaux publics

Lettre appuyant la demande d’autorisation d’établir un hippodrome sur le parterre de Saint-Germain-en-Laye

« Département de Seine-et-Oise
Arrondissement de Versailles
Mairie de Saint-Germain-en-Laye
Bureau des Travaux publics
République française
Liberté, égalité, fraternité
Saint-Germain-en-Laye, le 4 mars 1851
Monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
Par ma lettre du 3 de ce mois, j’ai eu l’honneur de solliciter de votre bienveillance l’autorisation nécessaire pour l’établissement d’une arène ou hippodrome sur le parterre de Saint-Germain, mais j’ai remarqué que j’avais omis de vous faire connaître dans quelle partie de cette promenade cet établissement pourrait être le plus convenablement placé sans nuire, en aucune manière, à la disposition actuelle.
Une partie du quinconce existant en face de la rue du Boulingrin pourrait être parfaitement approprié à cet effet, et il suffirait de faire abattre quelques arbres (tilleuls) placés au centre et qui, par leur rapprochement les uns des autres, entretiennent dans cette partie du parterre une humidité constante. Sous ce rapport, ce serait une amélioration. D’un autre côté, les arbres dont il s’agit sont généralement rabougris, d’une chétive venue, et leur enlèvement du centre du quinconce ne peut laisser le moindre regret. Les parties au pourtour seront réservées et profiteront nécessairement davantage lorsqu’elles se trouveront plus aérées.
J’ose espérer, Monsieur le Ministre, que vous daignerez nous accorder en cette circonstance un témoignage de votre intérêt pour la seconde ville du département de Seine-et-Oise.
J’ai l’honneur d’être avec la plus haute considération, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Le maire de Saint-Germain-en-Laye
Quentin de Villiers »

Ministère des Travaux publics

Lettre appuyant la demande d’autorisation d’établir un hippodrome sur le parterre de Saint-Germain-en-Laye

« Département de Seine-et-Oise
Arrondissement de Versailles
Mairie de Saint-Germain-en-Laye
Bureau des Travaux publics
République française
Liberté, égalité, fraternité
Saint-Germain-en-Laye, le 3 mars 1851
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
M. Clavières et compagnie ont le projet d’établir à Saint-Germain-en-Laye un hippodrome dans le genre de celui qu’ils exploitent à Paris.
Le parterre de Saint-Germain présentant un emplacement convenable pour un établissement de ce genre, je viens, au nom des habitants de la ville, vous prier, Monsieur le Ministre, d’accorder l’autorisation nécessaire pour que cet hippodrome soit établi sur la partie du parterre qu’il vous plaira de faire désigner.
Par suite des circonstances qui se sont succédées depuis quelques années, la commune de Saint-Germain se trouve dans une position bien regrettable et il est à croire que cette position se trouverait sensiblement améliorée par un genre de spectacle qui attirerait dans la localité la population des villes et communes environnantes.
Nous osons espérer, Monsieur le Ministre, que ce puissant motif militera en faveur de la demande que j’ai l’honneur de vous adresser comme interprète des vœux du conseil municipal et de la généralité des habitants, et que vous daignerez les prendre en grande considération.
J’ai l’honneur d’être avec la plus haute considération, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Le maire de Saint-Germain-en-Laye
Quentin de Villiers »

Ministère des Travaux publics

Mention de l’acquisition par la ville de Saint-Germain-en-Laye de deux aquarelles du Château-Neuf par Dugourc

« La bibliothèque de Saint-Germain vient, grâce à l’indication donnée par un de nos honorables concitoyens, M. Napoléon Laurent, amateur éclairé et savant d’antiquités et d’objets d’art, et par suite de la décision de M. le maire, de s’enrichir de deux charmantes aquarelles d’un fameux peintre nommé J. Dugourre et qui, en 1777, était peintre de M. le comte d’Artois, plus tard Charles X ; elles représentent : l’une, l’intérieur de la terrasse Dorique ; l’autre un salon à l’un des bouts de la terrasse Toscane, dans l’état où ces appartements existaient dans les anciens bâtiments du château-neuf appelé les grottes et qui ont disparu depuis, lors des travaux de terrassement des rampes du Pecq. »

Lettres concernant la fontaine que le roi veut faire faire à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 58] Guillaume Preudomme, conseiller du Roy, general de ses finances et tresorier de son espargne, veues par nous les lettres patentes du Roy nostre sire donnees a Fontainebleau le 28e de juillet dernier passé auxquelles les presentes sont attachees sous nostre signet par lesquelles et pour les causes contenues en icelles led. sieur a commis, ordonné et deputé Nicolas Picart, receveur des tailles de Carenten, a tenir le compte et faire les payemens de la despence des bastimens, ouvrages et ediffices que led. seigneur a advisé et ordonné et poura cy apres adviser et ordonner estre faits au lieu et place de Fontainbealu, au bout de la forest de Boullongne les Paris et de la fontaine qu’il a intention de faire venir par thuyaux en son chastel et maison de Saint Germain en Laye, et ce des deniers que aud. Picart led. sieur fera appointer, bailler et delivrer pour ce faire, et laquelle despence il sera tenu de faire selon et ensuivant les ordonnances, roolles, pris et marchez qui en seront faits par messire Jean de La Barre, chevalier, comte d’Estampes, prevost et bailly de Paris et premier gentilhomme de la chambre dud. sieur, Nicolas de Neufville, chevalier, sieur de Villeroy et tresorier de France, et Pierre de Balsac, aussy chevalier, sieur d’Entragues, ou l’un d’eux en l’absence de l’autre, et par le contreroolle de Florimond de Champeverne, varlet de chambre ordinaire dud. sieur, lesquels et chacun d’eux il a aussy a ce commis et deputez, et aux gages ou taxations qui aud. Picart seront cy apres par led. sieur taxez et ordonnez, nous apres que dudit Picart avons prins et receu le serment pour ce veu et en tel cas accoustumé, consentons l’enterinement et accomplissement desd. lettres, en souffrant et permettant que tous et chacuns les payemens que led. Picart aura faits par lesd. ordonnances, roolles ou certiffications et ce en suivant lesd. pris et marchez qui desd. ediffices et marchez seront faits par led. sieur de La Barre, de Neufville et Balsac ou l’un d’eux, contreroollez par led. Champeverne, soient passez et allouez en la despence des comptes et rabbatus de sa recepte d’icelle commission tout ainsy et par la forme et manière que le Roy nostre sire le veult et mande par cesd. lettres. Donné soubz nostre dit signé le 8e octobre l’an 1528.
Signé Preudomme
Et plus bas est escript L’an 1535, le samedy 6e de novembre, collation a esté faitte par les notaires cy souscripts des copies cy dessus aux originaux escriptes en parchemin, sains et entiers.
Ainsi signé F. Sarrasin et M. de Felin »

Lettre proposant la cession du parterre et de la grande terrasse de Saint-Germain-en-Laye à la ville

« Ministère des Travaux publics
6e division, 1er bureau
Paris, le 13 février 1851
Le ministre à M. le ministre des Finances
Monsieur et cher collègue,
J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 31 janvier dernier pour me proposer de céder à la ville de Saint-Germain-en-Laye le parterre qui dépendait autrefois du château et qui se trouve aujourd’hui placé dans les attributions de mon département.
A l’appui de cette proposition, vous m’exposez que ce parterre est d’un entretien dispendieux, qu’il est sans utilité réelle pour l’Etat et que les travaux qu’il y aurait à faire pour terminer les embellissements entrepris par l’administration de l’ancienne Liste civile entraineraient des dépenses assez considérables.
Vous ajoutez que, toutefois, cette cession ne comprendraient que les terrains d’une superficie totale de 11 h. 04 a. 65 c. qui constituaient anciennement le parterre, c’est-à-dire ceux qui sont indiqués sous les nos 7, 11 et 12 du plan dressé en exécution de la loi du 2 mars 1832 et qu’elle n’aurait lieu qu’à la conditions que ces terrains conserveraient à perpétuité la destination à laquelle ils sont aujourd’hui affectés, qu’en outre les terrains désignés au même plan sous les nos 8, 9 et 10 ainsi que les 8 hectares de terre séparés de la forêt par le chemin de fer atmosphérique seraient remis à l’administration des Domaines, qui en tirerait au profit de l’Etat le meilleur parti possible.
Le parterre dont il s’agit, Monsieur et cher collègue, étant uniquement consacré à l’agrément des habitants de la ville de Saint-Germain, je ne puis que donner mon assentiment à la mesure que vous proposez.
J’ajouterai, Monsieur et cher collègue, que cette mesure pourrait être étendue à la terrasse qui longe le parterre et la forêt. Cette terrasse, qui est le rendez-vous habituel de tous les promeneurs, procure également de grands avantages à la ville et il me paraitrait inutile, si le parterre est abandonné, que mon administration continuât de payer des agents pour la surveillance seule de la terrasse.
Dans le cas où vous ne croiriez pas devoir céder cette terrasse aux conditions que vous mentionnez pour le parterre, je vous proposerais de considérer ce terrain comme une annexe de la forêt, et de le placer dans les attributions de l’administration qui le ferait surveiller par ses agens.
Je vous serais obligé, Monsieur et cher collègue, de vouloir bien donner des ordres pour que cette affaire reçoive une prompt solution, afin que je prenne de mon côté les mesures nécessaires pour la régularisation de mon service.
Agréez etc. »

Ministère des Travaux publics

Lettre proposant la cession du parterre de Saint-Germain-en-Laye à la ville

« Ministère des Finances
Secrétariat général
Contrôle des administrations financières
Paris, le 31 janvier 1851
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur et cher collègue,
Il résulte de renseignements que j’ai sous les yeux qu’une parcelle de la forêt de Saint-Germain contenant 8 hectares et dans laquelle sont compris les bâtiments et les jardins qui composaient la porte Dauphine a été détachée du massif par suite de la construction du chemin de fer atmosphérique, qu’elle en est aujourd’hui entièrement séparée par un saut-de-loup et par une grille, que des travaux pour l’embellissement du parterre du château y avaient été entrepris par l’ancienne Liste civile et que, depuis la révolution de Février, le département des Travaux publics poursuit l’exécution de ces travaux.
D’après les mêmes renseignements, le parterre de Saint-Germain, désigné sous les nos 7, 11 et 12 de la 108e feuille du plan dressé en exécution de la loi du 2 mars 1832, comprend :
Le n° 7 : 9 h. 73 a. 50 c.
Le n° 11 : 64 a. 85 c.
Et le n° 12 : 66 a. 30 c.
[Total :] 11 h. 04 a. 65 cent.
La Liste civile y a réuni :
1° une pièce de terre dite le Courtillier, n° 8 du même plan, contenant : 68 a. 05 c.
2° les terrains dits le Clos du Parterre, nos 9 et 10 du même plan, comprenant deux glacières et contenant : le n° 9 : 11 a. 60 c.
Le n° 10 : 20 a. 80 c.
Si l’on y ajoute les 8 hectares de terrain séparés de la forêt par la voie de fer : 8 h.
La contenance totale du parterre se trouverait portée à : 20 h. 05 a. 10 c.
Le parterre de Saint-Germain, Monsieur et cher collègue, est d’un entretien dispendieux, sans aucune utilité réelle pour l’Etat ; son agrandissement ne ferait donc qu’entraîner, sans compensation, un surcroît de charges.
Comme il sert uniquement à l’agrément de la ville, vous penserez sans doute avec moi qu’il y aurait lieu de lui en proposer la cession gratuite, sauf rectification par une loi, à la charge, par elle, de conserver à perpétuité aux terrains dont il se compose la destination qu’ils n’ont eue jusqu’ici que par tolérance. C’est, au surplus, ce qui s’est déjà fait pour les Champs-Elysées et pour plusieurs avenues de l’hôtel des Invalides, qui ont été cédés à la ville de Paris par deux lois du 20 août 1828 et du 19 mars 1838.
L’Etat se trouverait par ce moyen exonéré d’une charge qui n’est, du reste, que volontaire de sa part, et la ville, qui aurait alors à la supporter, devrait d’autant moins hésiter à le faire qu’elle recueille seule les avantages attachés à l’existence du parterre et que l’Etat, si elle refusait, pourrait faire cesser la tolérance et disposer de l’emplacement dont il s’agit par voie d’adjudication aux enchères.
Du reste, la cession à proposer à la ville de Saint-Germain ne devrait comprendre que ce qui constituait anciennement le parterre, c’est-à-dire les terrains nos 7 et 12 du plan de 1832, de la contenance de 11 hectares 04 ares 65 centiares.
Quant aux terrains nos 8, 9 et 10 du même plan et aux 8 hectares laissés en dehors de la forêt de Saint-Germain, leur situation permettrait d’en tirer un prix de vente avantageux et ils devraient à cet effet être réunis au Domaine.
Permettez-moi, Monsieur et cher collègue, en appelant votre attention sur ce point, de vous entretenir d’une affaire qui s’y rattache naturellement.
Lors de la démolition de la porte Dauphine comprise dans la parcelle de 8 h. distraite de la forêt, le pavillon de la place Pontoise a été assigné provisoirement pour demeure au garde portier chargé de la surveillance de la nouvelle grille d’entrée. Mais ce pavillon se trouve à plus de 600 mètres du poste où doit s’exercer la surveillance du garde, ce qui accroit nécessairement les difficultés de cette surveillance.
J’ajoute qu’il n’a point encore été déféré au vœu émis par le département des Finances de voir établi une barraque pour servir d’abri au garde contre le mauvais temps.
Je ne puis à cet égard, Monsieur et cher collègue, qu’insister, dans l’intérêt du service forestier, sur la nécessité de prendre en considération les observations contenues dans les lettres écrites par mes prédécesseurs au département des Travaux publics les 26 avril 1849 et 20 février 1850.
Je vous serai donc obligé, Monsieur et cher collègue, de vouloir bien donner les ordres nécessaires pour la prompte construction de la maison de garde destinée à remplacer la maison de la porte Dauphine, conformément aux conventions arrêtées entre les agents de votre département et ceux de l’administration des forêts.
Agréez, Monsieur et cher collègue, l’assurance de ma haute considération.
Le ministre des Finances
Ch. de Germingy »

Ministère des Travaux publics

Procuration des habitants de Saint-Germain-en-Laye concernant le pavage à entreprendre

Procuration donnée par les habitants de Saint-Germain-en-Laye pour s’obliger envers le roi « de faire faire tout le pavé destiné à faire aud. Saint Germain suivant et au desir du toizé qui en a esté fait par messieurs les tresoriers generaux de France en datte du [vide] jour de [vide] mil six cens vingt cinq, recepvoir la somme de quinze mil livres tournois que Sa Majesté a accordez ausd. habitans pour ce faire par arrest de son conseil du [vide] jour de [vide] aud. an M VIc XXV, passer telz contractz […] que besoins sera. »

Acte d’inhumation de Marie Madeleine Gouffier, duchesse de Northumberland, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’huy vingt sixieme mars mil six cent quatre vingt treize, a esté baptisé par moy prestre soussigné Istre Margueritte, née du vingt deuzieme du present mois, fille d’Honoré Bexterre, tailleur, et de Marie Bexterne, ses pere et mere, anglois de nation, le parain Jean Martinanche, officier de la Bouche du Roy d’Angleterre, la marainne Margueritte Jonlle, femme Jean Ouilké, valet de chambre de la princesse d’Angletairre, tous anglois de nation, la maraine a declaré ne scavoy signer, lesquels ont signez.
John Martinoch
Jamet »

Lettre concernant une maison désignée pour faire partie de la carrière de l’école de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
7e division
Bureau du matériel du Génie
Contentieux
Minute de la lettre écrite par l’inspecteur en chef aux revues, secrétaire général du ministère, à M. Bardel, membre du bureau consultatif des Arts et manufactures près le ministre de l’Intérieur, rue Thévenot, n° 9, à Paris
Le [vide] mars 1811
Monsieur,
Pour emplir l’objet de la demande que vous m’avez adressée par une lettre du 6 de ce mois, je vous prévient que l’affaire relative à l’acquisitions des terreins qui doivent compléter l’établissement de l’école militaire de cavalerie à Saint-Germain n’est pas encore assez instruite pour être mise sous les yeux de Sa Majesté, mais que le ministre de la Guerre a prescrit tout récemment des mesures pour en accélérer la conclusion.
Quant à l’avance de fonds que vous désirez obtenir de Sa Majesté à titre d’acompte sur le prix de votre propriété, je ne pense pas que cette demande dont Son Excellence ne peut, dans tous les cas, se rendre l’interprète soit d’ailleurs susceptible d’obtenir aucun succès parce que ce serait une dérogation aux règles qu’il est d’usage de suivre en pareille circonstance et qu’en donnant par analogie le droit aux autres propriétaires de former la même demande, ce serait aussi mettre le gouvernement dans le cas de faire des dépenses anticipées pour l’exécution d’un projet qui n’est point encore arrêté définitivement. »

Lettre concernant une maison désignée pour faire partie de la carrière de l’école de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, 6 mars 1811
A monsieur le général Fririon, secrétaire général du ministère de la Guerre
Monsieur le Général,
Vous avez bien voulu me recevoir plusieurs fois à la recommandation de M. Fauchet, chef de la division du ministère de l’Intérieur à laquelle je suis attaché. J’avais à vous prier de me dire si ma propriété de Saint-Germain, qui fait partie de celles désignées par le décret impérial du 14 décembre 1809 pour former la carrière de l’école de cavalerie, était sur le point d’être définitivement acquise.
Vous voulûtes bien alors me faire espérer une prompte décision. Depuis, j’ai adressé à Son Excellence le ministre de la Guerre une pétition en date du 29 janvier dernier dans laquelle je lui exposais la situation vraiment pénible où je me trouve, à cause des intérêts que j’ai à payer pour les sommes qui sont hypothéquées sur mes propriétés, dont je ne puis tirer aucun produit de location ni de culture.
N’ayant aucune réponse de Son Excellence, permettez, Monsieur le Général, que je rappele à votre attention ce que contient ma pétition et que je vous prie d’obtenir du ministre qu’il veuille bien faire prononcer par Sa Majesté que les propriétés affectées au service de l’école de Saint-Germain sont définitivement acquises ou que le décret qui les tient sous un espèce de séquestre depuis 15 mois est rapporté.
Le moment de provoquer à ce sujet une décision quelconque parait favorable. Vous savez sans doute que M. le général Clément a eu occasion de s’entretenir avec Sa Majesté de l’école dont le commandement lui est confié et que sur ce qui lui a été observé que les élèves ne pouvaient être compléttement instruits dans les maneuvres de la cavalerie que lorsque les terreins affectés à l’école seraient disponibles, l’Empereur a bien voulu promettre qu’il allait s’occuper de cette affaire. C’est M. le général comte de Sassy, l’un des propriétaires des maisons dont il s’agit, qui a rapporté cette circonstance. Il était présent à cet entretien qui a eu lieu il y a environ 12 jours.
Malgré cela et si dans votre opinion cette affaire ne pouvait être terminée incessamment, oserais-je vous prier de me faire connaître si vous pensez que je puisse obtenir de Sa Majesté un prêt de 30000 francs dont ma propriété, estimée 100200 f., serait l’hypothèque ? Cette somme me permettrait de rembourser les emprunts auxquels elle sert de gage, dont l’échéance est arrivée et pour lesquels mes créanciers me tourmentent.
Je sais que Sa Majesté accorde des secours pécuniaires aux manufactures. Ne pourrais-je pas espérer la même faveur, dans une circonstance qui n’est pas la même, à la vérité, sous le rapport de la profession, qui qui pèse encore plus sur moi par le fait du décret impérial et par le peu de ressources que m’offre mon état pour trouver des secours ailleurs.
Vous savez, Monsieur le Général, ce que c’est qu’un emploi qui est plus honorable que lucratif. Il est difficile, lorsqu’on a à peine de quoi subsister, de prélever la moindre chose sur un traitement modique pour parer à des charges étrangères et inatendues. C’est le cas où je me trouve et il faut que ce soit très grave, relativement à mes facultés pécuniaires, pour que je vienne vous importuner de mes doléances.
Si vous pensiez, Monsieur le Général, que je puisse obtenir de Sa Majesté le prêt dont j’ai besoin, je vous prierais de m’accorder un moment d’audience et de m’indiquer le jour où je pourrais conférer avec vous sur les moyens d’en former la demande.
Ce serait ajouter une faveur bien précieuse aux bontés avec lesquelles vous avez bien voulu me recevoir que de m’honorer de vos conseils et de votre appui dans les fâcheuses circonstances où je me trouve.
Agréez, Monsieur le Général, les sentimens de la haute considération avec lesquels j’ai l’honneur d’être votre très obéissant serviteur.
Bardel
Membre du bureau consultatif des Arts et manufactures près le ministre de l’Intérieur
Rue Thevenot, n° 9 »

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires du marquis de Sourches

« [tome 1, p. 48] 12 novembre 1681. Voilà dans quel état se trouvoient les affaires de France quand le Roi, songeant à venir se délasser à Saint Germain en Laye des fatigues de son voyage, partit de Soissons et, ayant diné à Verte Feuillée, vint coucher à Villers Cotterets […].
[p. 50] [13-14 novembre 1681] De Villers Cotterets, le Roi vint diner à Nanteuil, gros château qui appartient à la maison d’Estrées, et de là coucher à Dammartin, d’où il partit le lendemain de bonne heure pour venir diner au Bourget et se rendre à Saint Germain sans passer dans Paris, ce qu’il executa heureusement.
La premiere scene qui parut apres son retour à Saint Germain fut la reconnaissance des deux enfants qu’il avoit de madame de Montespan qui n’etoient pas encore connus. Le garçon se nomma M. le comte de Toulouse, la fille porta le nom de mademoiselle de Blois. […]
[p. 55] [novembre-décembre 1681] La cour étant à Saint Germain, où elle devoit passer l’hiver, commençoit à voir des comedies et des divertissements melés de musique. Mais l’inquietude qu’on eut d’une indisposition de madame la Dauphine, qui faisoit appréhender pour sa grossesse, suspendit les plaisirs des courtisans pour quelques jours, au bout desquels, la grosses de madame la Dauphine se confirmant, ils recommencerent à nouveau, et monseigneur le Dauphin, pour complaire à madame la princesse de Conti, qui aimoit la danse [p. 56] passionnément et qui y reussissoit au dessus de toutes les personnes de son siecle, dansa plusieurs entrees avec elle, et d’autres hommes et dames de la cour, dans les entr’actes des comédies de Pourceaugnac et de Jourdain.
[…]
[p. 65] 1er janvier 1682. Le premier jour de l’année 1682, le Roi fit monseigneur le Dauphin chevalier de l’ordre du Saint Esprit, avec les ceremonies accoutumées. Sa Majesté, comme grand maitre de l’ordre, assembla, selon les statuts, le chapitre dans [p. 66] son cabinet, et proposa le nouveau chevalier, qu’on n’eut point de peine à recevoir. Le Roi, ni les chevaliers, n’etoient point dans leur grand habit de ceremonie, mais seulement en habit de ville, c’est à dire en manteau noir, et les prelats en rochet et camail ; pour Monseigneur, comme c’étoit pour lui que la cérémonie se faisoit, il avoit son habit de novice. Son capot de velours noir étoit chamarré de toutes les pierreries de la Couronne, hormis d’un diamant qui se nommoit le grand Sancy ; il en avoit aussi une magnifique enseigne au retroussis de sa toque de velours. La messe fut chantée par M. l’archevêque d’Auch, commandeur de l’ordre, en présence de tous les commandeurs et chevaliers qui se trouvoient à la cour et qui purent marcher, et des grands et petits officiers de l’ordre. Les grands étoient : M. le cardinal de Bouillon, grand aumonier de l’ordre ; M. de Louvois, chancelier ; M. le president de Mesmes, prevot ou maitre des ceremonies de l’ordre ; M. de Seignelay, tresorier ; et M. de Chateauneuf, greffier ou secretaire.
Après que Monseigneur eut eté fait chevalier et qu’il en eut [p. 67] preté le serment entre les mains du Roi à la fin de la messe, il revint avec Sa Majesté, en ceremonie, comme il etoit venu, jusques à la chambre du Roi, hormis que, au lieu de son capot de velours noir chamarré de pierreries, il etoit revetu de son grand manteau de l’ordre, qu’il avoit bien de la peine à porter.
[…]
[p. 67] Janvier 1682. Cependant la cour commençait à voir les representations de [p. 68] l’opera d’Atys, dont les vers etoient de la composition de Quinault et la musique de celle de Lulli. Monseigneur le Dauphin y dansoit deux entrées avec madame la princesse de Conti ; mais cette princesse, qui en faisoit tout l’ornement, tomba malade d’une fievre continue, avec des redoublements, qui lui dura trois semaines, ce qui n’empecha pas qu’on continuat à representer l’opera, quoiqu’avec de moindres acclamations.
Peu de jours apres arriverent les ambassadeurs du roi du Maroc : ils etoient deux ambassadeurs, suivis seulement de six ou sept autres personnes. Le premier ambassadeur, qui etoit gouverneur de la province de Tetonan, etoit un homme de quarante cinq ans ; il avoit une belle physionomie et une grande barbe grise, un peu plus arrondie que n’est celle d’un capuçin. Il etoit de la race de ces Morisques qui furent chassés d’Espagne sous le regne de Philippe II, et se vantoit d’etre de la maison des fameux Abencerages. L’autre etoit gouverneur de Salé : il avoit une mine sombre et desagreable, et passoit pour un saint parmi les siens, qui disoient meme qu’il faisoit des miracles. Leurs habits n’etoient point magnifiques, n’y ayant ni or ni soir, parce que les peuples de Maroc sont les plus reformés de tous les mahometans et qu’il ne leur est permis de porter aucune etoffe de soie ni aucune chose qui soit d’or. Quand ces ambassadeurs vinrent à l’audience, les compagnies des regiments des gardes suisses et françoises n’etoient pas sous les armes, mais les armes etoient arrangées dans la cour, et les soldats se promenoient [p. 69] derriere ; les gardes de la porte etoient en haie, sans armes ; les gardes de la prevoté etoient en haie dans la cour, sans mettre leurs mousquetons à l’epaule ; les Cent Suisses etoient rangés le long du degré, sans hallebardes ; et les gardes du corps etoient sans armes en haie dans leur salle.
Le Roi reçut les ambassadeurs assis et couvert dans sa chambre, où la Reine, madame la Dauphine et Madame, suivies de toutes les dames de la cour, etoient incognito. Le premier des ambassadeurs fit en sa langue une tres courte harangue au Roi, à laquelle Sa Majesté ne repondit que par des demonstrations d’honneteté, ensuite desquelles l’ambassadeur lui presenta une lettre de la part du roi, son maitre. Ensuite les ambassadeurs s’en retournerent de la meme manière qu’ils etoient venus.
Le lendemain, on leur fit voir l’opera, dont le spectacle les surprit agreablement.
Ils proposoient une ligue offensive et defensive avec la France et ne parloient que d’entrer avec deux cent mille hommes en Espagne. On leur fit dire de traiter avec M. de Seignelay à son retour de Dunkerque, où il etoit allé voir en quel etat etoit le port, qu’on avoit extremement accomodé depuis peu. Ils avoient amené avec eux des animaux de leur pays pour en faire present au Roi, qui etoient des lions, des autruches, et entre autres une tigresse privée que tout le monde alloit voir par rareté. […]
[p. 71] Ce fut à peu près dans les mêmes jours que, monseigneur le Dauphin etant allé chasser un loup sur l’Otie, cet animal se fit chasser si longtemps et s’en alla si loin, quoiqu’on eut tiré plusieurs coups sur lui dont il etoit blessé, qu’une heure avant la nuit Monseigneur se trouva à Gisors, qui est à douze lieues de Saint Germain. Il prit donc la resolution de quitter la chasse et de s’en revenir ; mais comme son cheval etoit rendu, il prit un cheval de poste à Magny, sur lequel il arriva à Saint Germain à dix heures du soir, suivi seulement du comte de Brionne, du comte de Marsan, de Chamarande, de deux officiers de ses gardes et d’un de ses ecuyers, lesquels portoient tour à tour un flambeau devant lui ; mais comme il s’eteignit, parce qu’il pleuvoit et qu’il faisoit un vent epouvantable, ils furent obligés de se servir d’une lanterne pendant quatre lieues. M. le prince de La Roche sur Yon et M. le duc de Vendome, qui s’opiniatrerent à suivre la chasse, furent contraints [p. 72] de faire rompre les chiens à la nuit sans avoir pris le loup, se coucherent dans un village, sans avoir un seul valet avec eux, et ne revinrent à Saint Germain que le jour suivant, sur les dix heures du matin.
[…]
[p. 77] [février 1682] Les ambassadeurs du roi du Maroc ayant traité avec M. de Seignelay et ayant signé une paix pour six années, vinrent prendre leur audience de congé au Roi, en la meme manière qu’ils avoient eu leur premiere audience, et ce fut alors qu’ils amenerent leurs presents et qu’on vit leur tigresse privee dans [p. 78] la chambre de la Reine au milieu de toutes les dames de la cour.
Peu de jours apres, les deputés du clergé en corps vinrent remercier le Roi de la bonté qu’il avoit eue d’accorder à l’Eglise de France, au sujet de la regale, plus qu’elle n’avoit osé esperer. Ce fut M. l’archeveque de Paris, president de l’assemblée, qui se tenoit dans cette capitale du royaume, lequel porta la parole et fit au roi une harangue digne de son savoir et de sa reputation.
La grossesse de madame la Dauphine continuoit toujours, au grand contentement de toute la France, et le Roi, qui devoit quitter Saint Germain au deuxieme de mars pour s’aller etablir à son chateau de Versailles, avoit changé de resolution et pris le parti de n’aller à Versailles qu’apres Pâques. On croyoit meme qu’il iroit auparavant passer un mois à Saint Cloud dans la maison de Monsieur, son frere unique, comme il l’avoit fait l’année derniere.
[…]
[p. 99] 20 avril 1682. Le 20e d’avril, le Roi quitta Saint Germain, dont les batiments qu’il y faisoit [1 : Il y faisoit faire cinq pavillons en saillie, au vieux chateau bati par François Ier, pour agrandir les appartements.] commençoient de rendre le sejour incommode, et vint s’etablir à Saint Cloud, dans la belle maison de Monsieur, son frere unique, avec dessein d’y rester jusqu’à ce que tous les appartements de Versailles fussent en etat d’etre habités. Madame la Dauphine se fit apporter en chaise à Saint Cloud, de peur que le mouvement du carrosse ne fit tort à sa grossesse.
[…]
[p. 172] 21 janvier 1685. Le bruit couroit en ce temps là que le Roi iroit passer le careme à Saint Germain, au lieu de faire le voyage de Compiegne, parce qu’il avoit eu dessein d’aller de Compiegne à Luxembourg et que Vauban lui avoit assuré depuis peu que cette place ne pouvoit pas etre de longtemps en etat de lui donner du plaisir à la voir ; mais cette nouvelle paroissoit encore peu certaine.
[…]
[p. 249] 6 juin 1685. M. l’archeveque de Paris vint, à la tete du clergé de France, dont les deputés etoient assemblés depuis trois jours à Saint Germain en Laye, selon la coutume, et il fit au Roi une tres belle harangue, apres laquelle il alla en faire autant chez Monseigneur et chez madame la Dauphine.
[…]
[p. 300] 29 août 1685. Cette mort fut suivie, de bien près, de celle de M. le duc du Lude, grand maître de l’artillerie de France, chevalier des ordres du Roi et capitaine de Saint Germain en Laye. Il laissoit une grosse depouille à la nomination du Roi. Mais elle servit, des le [p. 301] meme jour, à faire voir combien il etoit avantageux d’avoir la protection de madame de Maintenon, car le Roi donna au marquis de Montchevreuil la capitainerie de Saint Germain, et comme il y avoit un brevet de cent mille livres affecté dessus, il le transferra sur la charge de grand maitre. Il lui donna aussi les coches du Pecq, que le feu duc du Lude avoit obtenus pour en jouir pendant sa vie, et qui pouvoient valoir quatre mille livres de rente. Il paya toutes ses dettes, qui pouvoient monter à cinquante mille ecus. Il donna douze mille livres de pension à son fils, avec la survivance de la capitainerie de Saint Germain ; et deux jours apres, il lui fit epouser mademoiselle de La Marseliere, fille du feu marquis de Combourg de Coetquin, laquelle devoit avoir plus de sept cent mille livres de bien.
[…]
[p. 349] 2 janvier 1686. Le deuxième de janvier, il arriva une affaire qui fut pendant quelques jours l’entretien des courtisans.
Il y avoit à Saint Germain en Laye un curé nommé Cagnyé, natif du lieu meme, et frere d’un controleur de la maison du Roi. Cet homme avoit de tres bonnes qualités, et entre autres il faisoit de grandes aumones dans sa paroisse. Cela lui avoit attiré l’amitié de la defunte reine Marie Therese d’Autriche, à la priere de laquelle le Roi lui avoit nommé une petite abbaye nommée Royalpré ; mais comme il n’en put obtenir les bulles du Pape, parce qu’elle devoit etre possedée par un religieux, il la remit entre les mains du Roi, qui tira des mains d’un nommé Sauleus [p. 350] Sibourg (Silbour de Soleux) le prieuré de Saint Germain en Laye, qui valoit quatre à cinq mille livres de rente, moyennant des pensions qu’il lui donna sur d’autres benefices, et le donna au curé.
Quand il fut en possession, comme ce benefice avoit de fort beaux droits, il les soutint peut etre avec un peu trop de vigueur, et meme il plaida contre le Roi pour la seigneurie de la meilleure partie de Saint Germain en Laye, et contre les marguilliers de la paroisse, pretendant etre seigneur spirituel et temporel de l’eglise.
Les plaintes, qui en furent portées au Roi par un d’entre eux, nommé Antoine, qui avoit eté garçon de sa chambre et etoit alors son porte arquebuse, et les autres qui lui furent faites par plusieurs de ses officiers, obligerent Sa Majesté de renvoyer tous ces differends au jugement de M. l’archeveque de Paris. Mais comme il trouva beaucoup de difficultés à les terminer, le Roi trouva un expedient, pour n’en entendre plus parler de sa vie, qui fut de tirer du curé la demission de sa cure et de son prieuré, moyennant deux abbayes qu’il lui donna, lesquelles valoient douze mille livres de rente.
Le Roi, en faisant cela, avoit le dessein de dedommager l’abbé de Coulombs, qui etoit presentateur du prieuré et de la cure de Saint Germain, et s’attribuer la presentation à la cure et du prieuré avec tels droits qu’il jugeroit à propos ; ce qu’il pouvoit aisement faire dans toutes les regles prescrites par les canons.
La chose etant en cet etat, les habitans de Saint Germain apprirent que leur curé les alloit quitter, et comme ils lui etoient fort affectionnés, ils en furent touchés sensiblement.
Le vicaire, qui se nommoit de La Vertu, voyant, le premier jour de l’an, la plupart des habitants assemblés dans l’eglise pour entendre le sermon, monta en chaire un moment avant le predicateur ; et, leur ayant exposé la grandeur de la perte qu’ils alloient faire en perdant leur curé, il leur assura que le Roi n’avoit pris la resolution de le leur oter que par les mauvais offices que des gens malintentionnés lui avoient rendus aupres de Sa Majesté, les conviant d’aller à Versailles les supplier de vouloir leur rendre leur pasteur.
[p. 351] Apres cette harangue, il s’emut un assez grand bruit dans l’assemblée, lequel ayant fait croire à la femme et aux enfants d’Antoine qu’ils n’y etoient pas en securité, ils se retirerent precipitamment de l’eglise.
Cependant, le bruit s’apaisa ; le predicateur monta en chaire, et tout le monde l’ecouta paisiblement. Mais, apres le sermon, le vicaire de La Vertu y remonta et dit au peuple que, quelque chose qui lui en put arriver, il ne l’abandonneroit point ; qu’il iroit, à sa tete, parler au Roi à Versailles et lui redemander son curé, et qu’au reste il protestoit qu’il faistoit tout cela de son propre mouvement et sans que le curé en eut parlé.
Dès le soir meme, M. de Montchevreuil, capitaine de Saint Germain, en fut averti et en rendit compte au Roi, lui assurant meme qu’il avoit des avis certains que ces habitants, mal conseillés, devoient venir en foule le lendemain l’importuner. Mais, comme il etoit tard, le Roi ne lui ordonna que d’y aller le lendemain pour y mettre ordre.
Il le fit effectivement et, y etant arrivé devant le jour, à peine y eut il eté quelques moments qu’il entendit sonner le tocsin pour l’assemblée des paroissiens. Il courut en meme temps à l’eglise et, etant venu au pied du clocher, il y trouva un pretre qui lui nia fortement que l’on sonnat par son ordre ; mais, ayant frappé inutilement à la porte du clocher, qui etoit fermée, il la fit enfoncer et monta en haut, où il arreta deux hommes qui sonnoient. Ces miserables lui dirent qu’ils le faisoient par l’ordre du pretre qu’il avoit trouvé au pied du clocher. C’est pourquoi, etant descendu et l’y ayant encore trouvé, il l’arreta et le fit conduire avec les deux sonneurs à la prison.
Cela n’empecha pas les habitants de s’assembler, et ils vinrent le meme jour à Versailles, au nombre de six à sept cents, ayant à leur tete leur vicaire et huit autres pretres. Le Roi, les ayant vus dans sa cour, envoya querir le grand prevot pour les faire arreter ; mais, s’etant trouvé incommodé et ayant envoyé un de ses lieutenants prendre l’ordre du Roi, Sa Majesté lui commanda d’en faire arreter une trentaine des plus considerables, ce qu’il executa facilement, sur le pretexte que le Roi lui avoit ordonné d’entendre leurs raisons ; et ils se battoient à qui entreroit chez lui, par preference, pour se faire arreter.
Les huit pretres furent arretés comme les autres ; mais le [p. 352] vicaire de La Vertu ne s’y trouva pas. Cependant, étant allé le lendemain à Paris chez M. l’archeveque pour se justifier, il le fit mettre à l’officialité, où le Roi envoya aussi, deux jours apres, les autres neuf pretres qui etoient arretés. En meme temps, le Roi ordonna au prevot de Saint Germain d’informer contre ceux qui avoient formenté cette sedition, resolu de les chatier, et particulierement ceux qui se trouveroient etre officiers de sa maison ; et il decreta contre deux seulement, le Roi ayant bien voulu faire mettre les autres en liberté apres deux jours de prison.
[…]
[tome 3, p. 4] 3 janvier 1689. On sut, en ce temps là, que le Roi avoit trouvé à propos de choisir son chateau de Saint Germain en Laye pour le sejour de la reine d’Angleterre, au lieu de celui de Vincennes, qu’il lui avoit destiné d’abord, quand il sut son arrivée en France.
[…]
[p. 6] 6 janvier 1689. Le 6, la reine d’Angleterre arriva à Saint Germain avec le prince de Galles, son fils ; le Roi alla au devant d’elle jusqu’aupres de Chatou, suivi d’un grand cortege de carrosses pleins de courtisans. Quand les carrosses de la reine commencerent à paraitre, le Roi descendit du sien avec Monseigneur et Monsieur, qui l’accompagnoient, et, ayant fait arrêter le premier carrosse, dans lequel etoit le prince de Galles, il embrassa plusieurs fois ce jeune prince avec beaucoup de temoignages de tendresse. Cependant, la reine d’Angleterre, ayant eté avertie que le Roi avoit mis pied à terre, descendit aussi de son carrosse, et ils marcherent au devant l’un de l’autre avec empressement.
Le Roi la salua, aussi bien que Monseigneur et Monsieur, que le Roi lui presenta, et, apres beaucoup de marques d’amitié de part et d’autre, le Roi remit la reine dans son carrosse, dans lequel il se plaça à sa gauche, malgré toute la resistance qu’elle y fit ; Monseigneur et Monsieur se mirent dans le devant du [p. 7] carrosse, et madame de Montecuculli, dame d’honneur de la reine, avec madame Powits, gouvernante du prince de Galles, dans les deux portieres. Les carrosses arriverent en cet ordre à Saint Germain, où le Roi conduisit la reine dans l’appartement qu’il lui avoit destiné, qui etoit l’appartement de la defunte Reine, sa femme, mais augmenté de beaucoup par les batiments neufs qu’il y avoit faits. Apres quelques moments de conversation, le Roi dit à la reine qu’il vouloit aller voir le prince de Galles, et, cette princesse lui ayant offert de l’y suivre, il lui donna la main et la conduisit à l’appartement du jeune prince, où, entre autres choses, elle lui dit qu’en passant la mer elle se disoit en elle-même qu’il etoit bien heureux d’etre trop jeune pour connoitre son malheur ; mais que presentement elle le trouvoit bien malheureux de n’etre pas en etat de connoitre tutes les bontés qu’il lui temoignoit. Le Roi, n’ayant oublié aucune des honnetetés qu’il pouvoit temoigner à la reine d’Angleterre, et ne doutant pas qu’elle n’eut besoin de se reposer des fatigues du voyage, prit congé d’elle et s’en revint à Versailles, d’où il luy envoya une magnifique toilette, accompagnée de six mille louis d’or qui lui etoient bien necessaires, vu le denument où elle se trouvoit de toutes choses.
Le 7, le Roi, sachant que le roi d’Angleterre devoit arriver ce jour là à Saint Germain, parce qu’il avoit pris la poste en chaise roulante, il partit aussitot apres son diner pour l’aller attendre chez la reine d’Angleterre ; il la trouva dans son lit, qui se reposoit de la fatigue du voyage, et il s’assit à sa ruelle dans un fauteuil unique qu’on y avoit mis ; pour Monseigneur et Monsieur, qu’il avoit menés avec lui, ils se tinrent debout. Ensuite, le Roi ordonna à M. le duc de Beauvilliers d’aller se mettre en quelque endroit où il put voir arriver le roi d’Angleterre, afin de le venir avertir aussitot qu’il paroitroit. Quelques temps apres, M. de Beauvilliers vint l’avertit que le roi d’Angleterre venoit d’entrer dans la cour ; en meme temps, il se leva et, faisant une reverence à la reine d’Angleterre, il marcha au devant [p. 8] du roi, son epoux, jusqu’à la porte de la salle des gardes, qui donne sur le degré, où il l’attendit environné de toute sa cour. Le roi d’Angleterre ayant monté le degré et ayant aperçu le Roi, ils coururent tous deux d’un meme temps s’embrasser, ce qu’ils firent tres longuement et avec de grandes marques de tendresse. Le Roi dit au roi d’Angleterre : « Monsieur mon frere, que j’ai de joie de vous voir ici ! Je ne me sens pas de joie de vous voir en sureté. » Le roi d’Angleterre lui repondit par un discours moins suivi et plus entrecoupé. Apres cela, le Roi lui dit qu’il vouloit le conduire chez la reine, son epouse, et, passant à toutes les portes devant lui, il le mena effectivement chez la reine et voulut absolument qu’il la saluat dans son lit en sa presence. Les deux rois demeurerent quelque temps debout dans la ruelle de son lit ; ensuite de quoi le Roi proposa d’envoyer querir le prince de Galles ; mais comme il étoit longtemps à venir, le Roi prit le roi d’Angleterre par la main et le conduisit à l’appartement du prince, son fils, lui donnant alors la main partout. Apres qu’ils eurent eté quelque temps chez le prince de Galles, le Roi prit congé du roi d’Angleterre, lequel le voulant reconduire, il ne voulut pas le souffrir et se separa de lui en lui disant : « Je suis aujourd’hui chez moi ; demain, vous serez chez vous, et vous ferez ce que vous voudrez ». Quelques heures apres, le Roi envoya aussi une toilette au roi d’Angleterre et dix mille louis d’or pour ses necessités, jusqu’à temps qu’il lui eut fait un fonds reglé, qu’on disoit devoir aller à deux millions quatre cent mille livres par ans.
Le 8 de janvier […] [p. 9] le roi d’Angleterre vint pour la premiere fois voir le Roi à Versailles, où il reçut tous les honneurs qui etoient dus à son rang. Les regiments des gardes battirent au champ ; les gardes de la porte et de la prevoté se tinrent sous les armes dans leurs postes ; les Cent Suisses borderent le degré ; les gardes du corps se posterent sous les armes, comme quand le Roi arrive. Le Roi alla au devant de lui jusqu’au delà de la salle des gardes, où il le reçut avec toute sa cour, et le conduisit jusque dans son cabinet, dans lequel il fut assez longtemps enfermé avec lui. Après cela, il le conduisit chez madame la Dauphine, où il le laissa. Le roi d’Angleterre, y ayant eté quelque temps, alla aussi voir Monseigneur, Monsieur et madame, chez tous lesquels il ne s’assit point, parce qu’on ne savoit encore comment il les voudroit traiter ; cependant, comme la chose avoit dejà eté agitée, le Roi lui en avoit fait entendre quelques mots, et il lui avoit repondu fort honnetement qu’il l’en faisoit absolument le maitre, sur quoi le Roi lui avoit reparti que, puisuq’il en usoit de cette manière avec lui, il se declaroit en sa faveur, meme contre les princes de sa maison ; et, en effet, il regla deux jours apres que le roi et la reine d’Angleterre donneroient des fauteuils à Monseigneur, à madame la Dauphine, à Monsieur et à Madame seulement, et qu’ils ne donneroient aux autres princes et princesses de la maison royale que des sieges pliants ; en quoi il sembloit que M. le duc de Chartres et les trois filles de feu M. le duc d’Orleans se trouvoient un peu lesés car, comme ils avoient partout ailleurs de grandes prerogatives au dessus des princes et princesses du sang, comme etant petit fils et petites filles de roi, on [p. 10] auroit cru qu’ils auroient aussi du avoir en cette occasion quelque marque de distinction au dessus d’eux ; mais on ne put pas trouver moyen de leur en donner, parce que les rois ne donnent en France que des fauteuils ou des sieges pliants, et qu’ils n’admettent point les chaises à dos qui n’ont point de bras, lesquelles on avoit proposées comme un temperament en cette occasion. […]
Le 9, […] les carrosses de Madame et des princesses demeurerent pendant toute l’apres dinée dans la cour du chateau de Versailles, et l’on attendoit à tout moment qu’elles partissent pour aller à Saint Germain voir la reine d’Angleterre ; mais enfin elles ne partirent point, parce qu’on ne savoit pas encore quel traitement elle voudroit leur faire. […]
[p. 11] Le 10, Madame, madame la grande duchesse, madame de Guise et toutes les princesses du sang, tant legitimes que du coté gauche, allerent à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre ; elles ne s’assirent point chez le roi, qui les reçut debout ; mais elles s’assirent chez la reine. On mit deux fauteuils aux pieds du lit, comme dans une place indifferente ; celui [p. 12] de la droite fut occupé par Madame, celui de la gauche par la reine, et toutes les princesses s’assirent à droit et à gauche sur des sieges pliants. La visite etant faite, la reine d’Angleterre reconduisit Madame jusqu’à la porte de sa chambre, comme elle etoit venue au devant d’elle jusqu’au meme endroit ; mais il y eut une chose qui scandalisa un peu les princesses, qui fut que la reine d’Angleterre fit asseoir aupres d’elle madame de Montecuculli, sa dame d’honneur. On sut, le meme jour, que le Roi avoit decidé le traitement que la reine d’Angleterre feroit aux duchesses, qui pretendoient qu’elle les baiseroit, parce qu’elle baisoit les duchesses d’Angleterre, et qu’elles seroient assises, comme elles ont le droit de l’etre en France ; mais la reine d’Angleterre leur avoit donné le choix d’etre traitées à l’angloise ou à la françoise, c’est à dire qu’elle les baiseroit et qu’elles se tiendroient debout, comme faisoient les duchesses d’Angleterre devant elle, ou bien qu’elle ne les baiseroit point et qu’elles seroient assises, comme elles l’etoient en France. Elles s’assemblerent pour deliberer sur ce choix, et, comme elles opterent d’etre traitées à la françoise, le Roi regla qu’elles ne baiseroient pas la reine d’Angleterre et qu’elles seroient assises devant elle. […]
[p. 14] [11 janvier] On disoit aussi que le roi d’Angleterre pourroit venir demeurer au chateau de Clagny, proche de Versailles, afin d’etre plus à portée de conferer tous les jours avec le Roi ; mais il n’y avoit guere d’apparence à cette nouvelle, parce que ce chateau etoit trop petit pour loger le roi avec tous ses gens, que Versailles en etoit assez eloigné pour que le roi et la reine d’Angleterre fussent incommodés si on y avoit logé leurs domestiques, outre ce qu’il en auroit couté au Roi pour les loyers, et qu’il auroit fallu deloger tous les domestiques de M. le duc du Maine et de M. le comte de Toulouse, dont le logement auroit encore couté de grandes sommes dans Versailles. […]
[p. 15] Ce fut encore le meme jour que M. l’archeveque de Paris, etant allé à Saint Germain pour faire sa cour au roi d’Angleterre, se trouva extremement mal dans sa chambre, d’où etant sorti il tomba une seconde fois en faiblesse dans la salle des gardes, mais de telle manière qu’il perdit entierement connaissance et meme qu’il eut peur de mourir. Cependant on le transporta dans un appartement, où il revint peu à peu, et le meme jour il s’en retourna à Paris. […]
Le 12, le roi d’Angleterre fit milord Powis duc, afin que sa femme, qui etoit gouvernante du prince de Galles, put etre assise devant madame la Dauphine, car pour devant la reine d’Angleterre, les duchesses angloises ne s’y asseyoient jamais ; et ceci etoit une nouveauté, parce que les duchesses [p. 16] françoises s’asseyant devant la reine d’Angleterre, elle voulut que madame Powis eut aussi le droit de s’y asseoir, seulement quand les princesses et duchesses françoises s’y trouveroient ; et à la verité milord Powis et sa femme meritoient bien ce degré d’honneyr, puisqu’ils avoient quitté, pour la religion catholique et pour suivre le roi, leur maitre, cinquante mille ecus de rente et cinq enfants qu’ils avoient laissés dans un extreme danger. […]
[p. 17] Le 13, […] Monsieur, frère, du Roi, et MM. les princes du sang allerent voir le roi et la reine d’Angleterre ; Monsieur y alla le matin, et ils lui donnerent un fauteuil, comme ils avoient fait à Monseigneur. MM. les princes y allerent l’apres dinée, et ils n’eurent que des sieges pliants.
Le meme jour encore, la reine d’Angleterre vint à Versailles voir le Roi. Il alla au devant d’elle jusqu’au haut de son grand degré, où, l’ayant reçue, il la prit par la main et la conduisit au travers de son appartement jusqu’au salon, dans lequel, s’étant chauffés quelques moments, il s’allerent asseoir dans deux fauteuils preparés à cet effet, le Roi donnant la droite à la reine d’Angleterre. Ensuite, il ordonna qu’on apportat des sieges pliants pour Monseigneur et pour Monsieur, et en fit aussi apporter pour madame de Montecuculli et pour madame la duchesse de Powis. La conversation ayant duré un gros quart d’heure de cette manière, la reine se leva, et le Roi lui donna la main pour la mener chez madame la Dauphine par la grande galerie, et quand elle fut entrée dans la chambre de madame la Dauphine, il prit congé d’elle et se retira à son appartement. La reine fit sa visite, de meme qu’elle l’avoit faite au Roi, c’est à dire qu’elles s’assirent chacune dans un fauteuil et que les princesses et duchesses qui s’y trouverent furent assises sur des sieges pliants. Apres cela, la reine d’Angleterre alla aussi faire sa visite à Monseigneur, à Monsieur et à Madame, chez lesquels les memes ceremonies furent observées. […]
[p. 20] Le 15, […] [p. 21] le Roi alla voir le roi d’Angleterre, qui vint au devant de lui jusqu’à la porte de la salle des gardes, et lui donna de grandes marques d’empressement et même de deference. Apres un moment de conversation publique, les deux rois entrerent dans un cabinet, où ils furent enfermés pres d’une heure et demie, pendant laquelle Monseigneur alla rendre visite à la reine, que les courtisans commencerent à connoitre plus que jamais pour une princesse d’un grand cœur et d’un bon esprit, qualités qui ne lui servoient alors qu’à lui faire sentir plus vivement ses malheurs. Le Roi ayant achevé sa visite, le roi d’Angleterre voulut absolument le reconduire ; mais, sur ce que le Roi ne le vouloit pas souffrir, ils convinrent que ce jour là termineroit pour toujours entre eux toutes les ceremonies.
[…]
[p. 24] Le 21, [le roi d’Angleterre] courut le cerf avec Monseigneur dans la forêt de Saint Germain, avec l’équipage de M. le duc du Maine ; mais il n’y eut pas beaucoup de plaisir, tant à cause d’un vent de nord très froid et très violent, qui dura tout le jour, que parce qu’on ne prit point le cerf.
Le 22, le Roi alla rendre visite au roi d’Angleterre, aussi bien qu’à la reine et au prince de Galles, et puis il revint à Versailles.
[…]
[p. 30] [1er février] La première nouvelle du mois de février fut que les presbytériens d’Angleterre, c’est à dire ceux qui font profession de la religion du royaume, armoient de tous les côtés, et qu’on espéroit voir former assez de partis différents dans cet [p. 31] Etat pour n’appréhender pas qu’ils pussent faire grand tort à la France. […] On apprit aussi que deux cents hommes de troupes réglées avec leurs officiers étoient venus d’Angleterre débarquer à Dunkerque.
Ce fut alors qu’arriva aussi à Saint Germain milord Dumbarton, qu’on avoit connu en France sous le nom de milord Douglas, et qui y avoit même été lieutenant général.
Le même jour, le roi d’Angleterre cessa d’être servi par les officiers de la Bouche et du Gobelet du Roi, et commença d’être servi par les siens ; cependant le Roi lui laissa encore ses gardes du corps, de la prévôté de l’Hôtel et de la Porte, et le détachement des Cent Suisses, parce qu’il n’avoit pas encore de gens pour le garder.
[…]
[p. 32] Le 4, le roi et la reine d’Angleterre allèrent à l’abbaye royale de Saint Cyr voir la représentation de la tragédie d’Esther, composée par Racine ; elle étoit représentée par les petites pensionnaires, qui chantoient même des entractes de musique de la composition d’un nommé Moreau ; c’étoit in spectacle fort agréable, et aussi bien exécuté qu’il le pouvoit être par de jeunes enfants ; mais, le jour que le roi d’Angleterre y alla, madame la comtesse de Caylus joua le rôle d’Esther et s’attira l’admiration de tout le monde.
[…]
[p. 35] Le 10 de février, le roi d’Angleterre fit arrêter à Saint Germain par M. de Saint Viance, lieutenant des gardes du corps qui servoit auprès de lui, un Anglois nommé Barnoel, qui s’étoit venu rendre auprès de lui depuis peu de jours ; cet homme, à ce qu’on disoit, avoit changé trois ou quatre fois de religion suivant les différentes occurrences, et l’on assuroit qu’il s’étoit déchainé en invectives contre le roi, depuis son départ d’Angleterre, en présence de plusieurs personnes, dont quelques unes étoient arrivées devant lui à Saint Germain ; ensuite, n’ayant pas trouvé auprès du prince d’Orange le traitement qu’il en avoit espéré, il avoit passé en France pour se rendre auprès du roi d’Angleterre, et ce prince fit très sagement de faire arrêter un homme d’un caractère si dangereux.
[…]
[p. 37] [11 février] Ce fut en ce temps là que mourut à Saint Germain M. de Treamigny, gentilhomme des environs de Beauvais, chef du vol de la chambre pour pie, mais qui, par son assiduité et son savoir faire, avoit trouvé moyen de se faire donner par le Roi un vol pour les champs pour lièvre, pour corneille et pou milan, tous lesquels le Roi lui payoit par extraordinaire. Il avoit été longtemps forte à la mode ; mais, quoiqu’il fut un peu déchu, le Roi ne laissa pas de traiter sa famille favorablement, donnant à son fils la charge du vol de la chambre pour pie avec deux mille livres de pension, quoiqu’il n’eût que dix ou douze ans ; à l’égard [p. 38] des autres vols par commission, le Roi le révoqua, et c’étoit autant de dépense épargnée, considération fort pressante en ce temps là.
[…]
[p. 40] Le 22, le roi d’Angleterre fit arrêter et conduire [p. 41] à la Bastille milord Miljoy, grand maître de l’artillerie d’Irlande, qui avoit passé en France avec Pointis. Milord Tyrconnel, croyant avoir de grands sujets de se défier de sa fidélité, et même l’accusant d’avoir dégarni tout exprès les arsenaux d’Irlande, lui avoit dit que, comme il étoit parfaitement instruit de l’état de toutes choses, il étoit à propos qu’il vint en France en rendre compte au roi, et lui avoit donné pour cet effet une lettre de créance ; amis il en donna en même temps une toute contraire à Pointis, pour la rendre au roi secrètement, par laquelle il lui mandoit la vérité de la chose, et ce fut sur cet avis que ce prince fit arrêter milord Miljoy. Comme Pointis étoit homme d’esprit et fort intelligent dans ce qui regardoit l’artillerie, ayant même inventé la manière de jeter les bombes de dessus les barques, ce qui avoit si bien réussi à Gênes et à Alger, le Roi le donna au roi d’Angleterre pour commander son artillerie.
[…]
[p. 43] Le 25, le roi d’Angleterre alla communier publiquement dans l’église de Notre Dame de Paris, où il donna l’ordre de la Jarretière à M. de Lauzun, pour récompense des importants services qu’il lui avoit rendus, et l’après dînée il vint à Versailles prendre congé du Roi, car il devoit partir le 27, et le Roi devoit aussi le lendemain lui aller dire adieu à Saint Germain ; mais, comme il différa son départ d’un jour, le Roi différa de même ses adieux.
[…]
[p. 46] [28 février] Ce fut encore le même jour que le roi d’Angleterre partit de Saint Germain en poste pour aller s’embarquer à Brest, n’ayant pas en tout plus de vingt personnes avec lui, car M. d’Avaux avait pris les devants, aussi bien que les officiers anglois qui n’étoient pas nécessaires au roi le long de la route.
[…]
[p. 56] Le 18 [mars], la reine d’Angleterre fut attaquée d’une fièvre continue, qui ne lui dura que trois ou quatre jours, et l’on peut dire qu’elle en fut quitte à bon marché, après toutes les agitations du corps et d’esprit qu’elle supportoit depuis quelque temps.
[…]
[p. 63] [30 mars] On sut que la reine d’Angleterre venoit passer quelques jours de retraite au monastère des religieuses de la Visitation qui est à Chaillot, dans lequel la défunte reine, sa belle mère, avoit aussi accoutumé de se retirer pendant ses malheurs.
[…]
[p. 79] Le 25 [avril], le Roi cassa le comte d’Hautefort et ordonna à M. de Luxembourg de lui proposer des gens pour remplir sa place. La reine d’Angleterre, à laquelle le Roi alla ce jour là rendre visite, lui demanda sa grâce, parce qu’il avoit été le premier exempt qui eût servi auprès d’elle ; mais le Roi s’en excusa et lui fit entendre que c’étoit un homme perdu.
[…]
[p. 81] Le 29, Monseigneur, duc de Bourgogne, fit le premier voyage de sa vie, car il alla entendre la messe et dîner à Nanterre, pour y accomplir quelque vœu qu’on avoit fait pour sa santé, et de là il alla à Saint Germain rendre visite à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 244] Le 4 [juin], M. l’archevêque de Paris, qui présidoit l’assemblée générale du clergé de France, laquelle se tenoit alors à Saint Germain en Laye, vint, selon la coutume, avec tous les députés haranguer le Roi à Versailles, et il lui fit un magnifique discours qui ne lui coûta guère, étant un des plus éloquents et des plus savants hommes de son temps.
[…]
[p. 245] Le 8, M. de Torcy, secrétaire d’Etat en survivance de M. de Croissy, son père, accompagné de M. de Pontchartrain, contrôleur général, de M. de Pussort et de M. d’Argouges, conseillers d’Etat, et du conseil royal des Finances, allèrent, suivant la coutume, à Saint Germain faire de la part du Roi à MM. de l’assemblée du clergé la demande du don gratuit, qu’ils fixèrent à douze millions ; quoique cette somme fût beaucoup au dessus de celles que le clergé avoit accoutumé d’accorder, les nécessités de l’Etat étoient si bien connues, et l’affection du clergé pour le Roi si sincère, que tous les députés voulurent accorder ce que le Roi demandoit sans opiner ; mais M. l’archevêque de Paris, qui présidoit, leur représenta qu’il falloit opiner pour que la [p. 246] chose fût dans les formes, et ainsi chacun opina d’accorder les douze millions, et même davantage, si le Roi le souhaitoit. En même temps, l’assemblée députa au roi M. l’abbé de Phélypeaux, l’un des deux anciens agents qui faisoit la fonction de secrétaire de l’assemblée, pour venir apprendre à Sa Majesté qu’elle avoit fait tout ce qu’elle avoit souhaité de son service, et certainement il fut très bien reçu du Roi, qui étoit alors en son château de Marly.
Le même jour, l’assemblée du clergé envoya douze de ses députés saluer en corps la reine d’Angleterre, et ce fut M. l’archevêque d’Arles qui porta la parole, et qui fit un discours si pathétique sur l’état présent des affaires, qu’il tira les larmes des yeux de tous les Anglois qui étoient présents.
[…]
[p. 271] [22 juillet] La nouvelle qui arriva le 22 au soir déconcertoit bien tous ces beaux projets : ce fut celle de la défaite du roi d’Angleterre, n’ayant pas voulu étendre son armée pour occuper un pont qui étoit sur une rivière, laquelle séparoit son armée de celle des ennemis, et ayant oublié de le faire rompre, le prince d’Orange avoit fait défiler toute la nuit son armée sur ce pont, avoit attaqué l’armée du roi à la pointe du jour et l’avoit battue facilement, parce que tous les Irlandois avoient mis les armes bas ; que M. de Lauzun, voyant la bataille perdue, avoit envoyé M. de Léry dire au roi d’Angleterre qu’il se sauvât au plus tôt, et que pour lui il alloit faire de son mieux avec le reste de ses troupes ; et qu’effectivement le roi s’étoit retiré avec Lery, L’Estrade et quelques autres, et qu’il étoit arrivé à Brest […].
[p. 273] Aussitôt que le Roi sut ces mauvaises nouvelles, il fit partir M. de Bouillon avec trois de ses carrosses pour aller au devant du roi d’Angleterre jusqu’où il pourroit le rencontrer.
[…]
Le 25 au soir, le roi d’Angleterre arriva à Saint Germain en Laye, et le lendemain le Roi alla lui rendre visite.
[…]
[p. 332] Le [26 novembre], le roi d’Angleterre partit de Saint Germain avec M. le maréchal de Bellefonds pour aller à la célèbre abbaye de la Trappe, dont l’abbé et les religieux vivoient avec une si grande austérité qu’elle retraçoit vivement la vie de saint Bernard, leur fondateur.
[…]
[p. 343] Le 6 [janvier 1691], le roi et la reine d’Angleterre arrivèrent avec toute leur cour à Versailles, sur les six heures du roi.
[…]
[p. 359] [25 février] Il arriva ce jour-là une chose bien étrange à Saint Germain, entre deux milords anglois, frères cadres du milord Salisbury ; ils prirent querelle sur un sujet de rien, étant le soir dans leur chambre, tous deux en robe de chambre, et prêts à se mettre au lit, et la colère s’empara si fort de leurs esprits qu’ils se jetèrent à leurs épées, se battirent, et, n’ayant pas voulu ouvrir à leurs gens qui frappoient à la porte pour les séparer, ils se donnèrent l’un à l’autre plusieurs coups d’épée, dont il y en eut un qui mourut peu de jours après ; et quand on eut enfoncé la porte, on les trouva tous deux qui demandoient pardon l’un à l’autre ; et depuis, l’aîné étant mort, le cadet en eut un tel désespoir qu’il arracha tous les bandages et les emplâtres qu’on avoit mis sur ses blessures.
[…]
[p. 420] Le 15 [mai], on sut qu’il étoit arrivé à Saint Germain en Laye un envoyé d’Ecosse qui assuroit qu’il y avoit dans les montagnes quatre mille cinq cents hommes sous les armes, et qui venoit demander pour eux un secours de blé et d’argent.
[…]
[p. 443] Le même jour encore [27 juillet], le Roi ayant appris que, la nuit précédente, [le roi d’Angleterre] avoit été fort mal d’une très grande colique, il alla à Saint Germain lui rendre visite.
[…]
[tome 4, p. 4] Le [17 janvier 1692], le roi d’Angleterre, qui étoit arrivé la veille à Saint Germain, vint rendre visite au Roi à Versailles, et fut pendant quelque temps enfermé avec lui.
[…]
Le 21 [février], on sut que la reine douairière d’Angleterre devoit passer bientôt en Portugal, soit qu’elle fût devenue suspecte au prince d’Orange, soit qu’elle ne pût se résoudre à souffrir plus longtemps la domination d’un usurpateur, soit qu’elle n’eût plus l’exercice de sa religion ; et depuis elle changea de dessein, et l’on sut qu’elle devoit venir débarquer à Calais, passer à Saint Germain et y faire quelque séjour incognito, et ensuite prendre son chemin pour aller à Rome.
[…]
Le 22 [mars], milord Dumbarton, ci devant le marquis de Douglas, lieutenant général des armées du Roi et premier gentilhomme de la chambre du roi d’Angleterre, mourut d’apoplexie à Saint Germain en Laye, universellement regretté de tous les honnêtes gens, qui connoissoient sa valeur et son inviolable fidélité pour son maître.
[…]
Le 14 [avril], on sut de certitude que le roi d’Angleterre s’en alloit au premier jour en Normandie, et tout le monde crut deviner juste en disant qu’il n’y alloit que pour visiter les troupes irlandises.
Le 15, le Roi fut, au bout du pont du Pecq, la revue de ses deux compagnies de gendarmes et des chevau légers de sa garde ; le roi d’Angleterre y vint, et Leurs Majestés trouvèrent ces deux célèbres troupes parfaitement belles.
[…]
[p. 27] Le 19, on sut que le roi d’Angleterre avoit fait trois nouveaux chevaliers de la Jarretière, qui étoient le prince de Galles, son fils, milord Melfort et le duc de Powitz.
Le 20, le Roi alla dire adieu au roi d’Angleterre, et rien ne pouvoit égaler la joie de tous les Anglois qui étoient auprès de lui, car ils croyoient indubitablement qu’avec les troupes que le Roi donnoit au roi, leur maître, il alloit dans peu de jours reconquérir l’Angleterre.
Le lendemain, ce prince partir pour aller à la Trappe et de là passer en Normandie.
[…]
[p. 84] [27 juin] On eut nouvelle, ce jour là, que le roi d’Angleterre etait arrivé le 24 à Saint Germain en Laye.
[…]
[p. 90] Le premier jour de juillet, au matin, le Roi eut nouvelle que la reine d’Angleterre etoit accouchée d’une fille, et qu’elle avoit eté si peu de temps en travail que les princesses ni les ministres n’avoient pu y arriver assez tot.
[…]
[p. 99] Le 18, le Roi alla voir le roi et la reine d’Angleterre à Saint Germain et, le lendemain, il alla à Paris voir Monsieur.
[…]
[p. 114] Le 23 [août], le Roi alla à Saint Germain en Laye, où il tint avec Madame sur les fonds de bapteme la fille du roi d’Angleterre.
[…]
[p. 137] Le 11 [novembre], le grand prieur de France et le comte de Brionne tirent une course de chevaux aupres de Saint Germain ; le roi et la reine d’Angleterre, Monseigneur et tous les princes allerent la voir, et le grand prieur gagna le prix.
[…]
[p. 166] Le 3 [mars 1693], le Roi alla à Saint Germain dire adieu au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 190] Le 23 [avril], […] [p. 191] le Roi, qui etoit à Marly, alla à Saint Germain rendre visite au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 322] Le 11 [avril 1694], on apprit que quelqu’un ayant mis le feu dans la forêt de Saint Germain en Laye, on avoit eu assez de peine à l’eteindre.
[…]
[p. 420] Le 16 [janvier 1695], le Roi alla voir le roi et la reine d’Angleterre au sujet de la mort de la princesse d’Orange, et, à son retour, on sut que le roi d’Angleterre avait demandé qu’on ne lui fit point de compliments sur la mort de sa fille et qu’on n’en prit point le deuil.
[…]
[p. 453] Le 12 [mai], jour de l’Ascension […] [p. 454] on sut ce jour là que le roi d’Angleterre avoit eu deux accès de fievre.
[…]
[p. 460] Le 29, on fit à Saint Germain en Laye l’ouverture de l’assemblée ordinaire du clergé de France.
[…]
[p. 464] Le 12 [juin], l’archeveque de Paris vint de Saint Germain en Laye faire sa cour au Roi, et travailla longtemps avec Sa Majesté.
[…]
[p. 470] Le 23, le roi d’Angleterre ayant couru le cerf sans avoir mangé, parce qu’il etoit jour de jeune, et s’etant trouvé au salut avec la reine dans les eglises de Saint Germain, il y eut deux faiblesses consecutives, dont la derniere alla presque jusqu’à l’evanouissement.
[…]
[p. 472] [28 juin] On sut encore que le marquis de Montchevreuil etoit assez malade à Saint Germain, d’un rhumatisme accompagné de fievre.
[…]
[tome 5, p. 94] Le 4 [janvier 1696], on sut que […] Sa Majesté avoit donné la dignité de chef d’escadre de ses armées navales au milord grand prieur, fils naturel du roi d’Angleterre, sous le nom de duc d’Albermarle, qui lui convenoit mieux que celui de grand prieur dans la conjoncture des affaires.
[…]
[p. 102] Le 27, on sut que la reine d’Angleterre avoit la fièvre assez violente.
[….]
[p. 112] Le 27 [février], le Roi alla à Saint Germain voir le roi d’Angleterre et lui faire ses adieux, et ce fut alors qu’on apprit que le maréchal de Boufflers travailloit en diligence à Dunkerque à faire un embarquement de douze mille hommes pour passer en Angleterre, où on assuroit qu’il y avoit des apparences considérables de révolte contre le prince d’Orange, aussi bien qu’en Ecosse ; que le duc de Berwick étoit à Londres et qu’il mandoit qu’il y avoit un parti considérable formé pour recevoir le roi Jacques ; que ce seroit le marquis d’Harcourt qui commanderoit les troupes de l’embarquement et qu’il étoit parti le même jour à cet effet ; que le duc de Berwick serviroit sous lui en qualité de lieutenant général, le comte de Pracomtal et Albergotti, en qualité de maréchaux de camp, Barzun, en qualité de commandant de la cavalerie, le marquis de Mornay, le duc d’Humières et le marquis de Biron en qualité de brigadiers d’infanterie ; que Lanson, enseigne des gardes du corps, serviroit auprès du roi d’Angleterre et qu’enfin on croyoit avoir trouvé la conjoncture fatale au prince d’Orange, parce qu’il n’avoit point de flotte ni de troupes et que l’affaire du changement des monnoies faisoit beaucoup de mécontents en Angleterre.
[…]
[p. 113] Le 29, on sut que le roi d’Angleterre étoit parti le soir précédent, qu’il s’est arrêté à Saint Denis pour y faire une protestation par devant notaires comme il partoit dans le dessein d’aller rentrera dans son royaume, où il étoit rappelé par les prieres de ses peuples. On ajoutoit qu’on avoit fait partir cent mille louis d’or pour Calais, où ce prince devoit s’embarquer.
On apprit aussi le détail des troupes qui s’embarquoient, qui étoit dix huit bataillons : les deux régiments de Poitou, celui de Crussol, les deux de Languedoc, les deux d’Humières, celui du Vexin, celui de la Marche, celui de Santerre, celui [p. 114] d’Orléanois, les deux d’Artois, les deux de Vermandois, celui d’Agenois, celui de Montferrat et celui de Saint Second ; trois régiments de cavalerie qui étoient le régiment du Roi, celui d’Anjou et celui de Berry ; et deux régiments de dragons, le Colonel général et celui de Frontenay. On disoit encore que Gabaret commanderoit cet embarquement et que sa flotte seroit composée de neuf gros vaisseaux et de vingt frégates. Il y avoit beaucoup de gens qui croyoient que cet armement alloit descendre en Ecosse ; cependant Monsieur, frère du Roi, assura ce jou là qu’il alloit droit en Angleterre ; et la chose auroit été facile, s’il avoit été vrai, comme on le disoit, que la flotte angloise commandée par Spithal, qui portoit à Cadix des matelots et des provisions, fût sortie de la Manche.
[…]
[p. 116] Le 6 [mars], on assuroit que la flotte de Spithal avoit eté repoussé par les vents dans les ports d’Angleterre, ce qui etoit fort contraire aux desseins du roi Jacques. On assuroit cependant que le Roi lui avoit encore envoyé deux cent mille livres, et que la reine, son epouse, engageoit toutes ses pierreries pour lui envoyer de l’argent.
[…]
[p. 120] Le 20, […] on apprit aussi que le roi d’Angleterre etoit encore à Calais et que l’on avoit fait partir sa chambre et sa vaisselle d’argent pour qu’il eut toutes ses commodités au lieu où il sejourneroit.
[…]
[p. 137] Le 5 [mai], le roi d’Angleterre arriva à Saint Germain, et, selon les apparences, ce n’etoit pas pour en partir sitot. […]
Le 6, […] l’après dinée, le Roi alla visite le roi d’Angleterre à Saint Germain.
[…]
[p. 145] Le 2 [juin], le roi et la reine d’Angleterre partirent de Saint Germain en Laye pour aller à Chartres, où ils devoient sejourner un jour pour y faire leurs devotions, et de là passer à la celebre abbaye de la Trappe, où ils devoient faire un pareil sejour, et de là venir coucher à Anet, d’où ils devoient revenir à Saint Germain.
[…]
[p. 146] Le 5, on sut que le prince de Galles avoit la rougeole, ce qui etoit capable de donner de grandes inquietudes au roi et à la reine d’Angleterre pendant leur voyage de devotion à Chartres et à la Trappe, mais cette maladie n’eut pas de suites facheuses.
[…]
[p. 159] Le 27, […] l’on sut que la reine d’Angleterre avoit depuis deux jours une grosse fievre. Mais le lendemain, on apprit qu’elle l’avoit quittée par l’habileté de son premier medecin, qui l’avoit purgée au fort de son mal.
[…]
[p. 163] Le 12 [juillet], l’on sut que le milord duc de Powits, chevalier de l’ordre de la Jarretière et sans contredit un des plus fideles serviteurs du roi d’Angleterre, etoit mort à Saint Germain en Laye, n’ayant point eu de santé depuis un vomissement de sang qui lui avoit pris à Bologne pendant qu’il y etoit avec le roi, son maitre.
[…]
[p. 234] Le 19 [janvier 1697], on sut que le roi et la reine d’Angleterre, le prince de Galles et la princesse, sa sœur, etoient tombés malades tous à la fois.
[…]
[p. 235] Le 21, on sut que toute la maison royale d’Angleterre etoit guerie, et que le roi d’Angleterre avoit dit qu’il n’etoit pas vrai, comme le prince d’Orange l’avoit publié, que le Roi fut convenu de le reconnoitre pour roi d’Angleterre.
[…]
[p. 343] [26 septembre] On sut certainement ce jour là que le Roi avaoit accordé au roi et à la reine d’Angleterre son château de Saint Germain pour [p. 344] demeure fixe et qu’ils n’iroient point demeurer à Blois comme le bruit en avoit couru.
[…]
[tome 6, p. 31] Le 8 [mai 1698], […] on sut que le roi et la reine d’Angleterre se portoient mieux, car ils avoient eu l’un et l’autre dans le même temps quelque attaque de fièvre.
[…]
Le 11, […] [p. 32] le soir, le Roi, qui etoit à Marly pour quelques jours, alla rendre visite au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 42] Le 26 [juin], on disoit que la reine d’Angleterre avoit eu un violent accès de fievre qui avoit empeché le roi, son epoux, de partir pour aller à la Trappe, comme il l’avoit resolu.
[…]
[p. 147] [Le 18 avril 1699], on sut encore, le meme jour, que le chevalier de Gassion, lieutenant general et lieutenant des gardes du corps de quartier, etoit tombé malade assez considerablement à Saint Germain, où il servoit aupres du roi d’Angleterre, avoit eté obligé de se faire transporter à Paris.
Le 19, on disoit que, la reine d’Angleterre ayant reçu des avis qu’on vouloit attenter à la vie du prince de Galles, on lui avoit donné des gardes du corps pour le suivre en plus grand nombre qu’à l’ordinaire.
[…]
[p. 168] Le 28 [juin], [le Roi] alla dire adieu au roi d’Angleterre, qui alloit faire un voyage à la Trappe, pendant lequel la reine devoit se mettre dans le couvent de Sainte Marie de Chaillot.
[…]
[p. 192] Le 10 [octobre], on apprit que Ruzé, contrôleur des Bâtiments, qui faisoit cette charge à Marly et à Saint Germain depuis dix sept ans, avec l’approbation de la Cour, avoit été renvoyé à Saint Germain, avec les appointements qu’il avoit à Marly, et que le Roi avoit mis à sa place un nommé Dujardin, parent de Mansard.
[…]
[p. 206] Le 26 [novembre], le Roi envoya le marquis de Beringhen, son premier écuyer, à Saint-Germain-en-Laye, complimenter le roi d’Angleterre et s’informer de sa santé, parce qu’il avoit au croupion un anthrax, qui lui dura très longtemps.
[…]
[p. 265] Le 14 [juin 1700], Pomereu, comme l’ancien du conseil royal de finance, alla à Saint Germain, escorté de trois autres conseillers d’Etat, faire le compliment au clergé, et son discours ne fut si bien suivi ni si bien raisonné que la réponse que lui fit l’archevêque de Reims, avec beaucoup d’esprit et beaucoup d’art.
[…]
[p. 302] Le 10 [novembre], […] le Roi dépêcha Saint Olon, gentilhomme ordinaire, pour aller à Saint Germain apprendre au roi et à la reine d’Angleterre la mort du roi d’Espagne et le reste des nouvelles.
[…]
[p. 325] Le 4 [décembre], […] [p. 327] le roi Jacques vint prier le Roi de lui donner une garde plus forte, parce qu’il avoit eu avis que les Anglois vouloient enlever le prince de Galles et le faire élever dans la religion anglicane.
[…]
[p. 337] Le 18 [décembre], on disoit que le roi d’Angleterre étoit plus incommodé que jamais, et cette maladie, si elle avoit été véritable, étoit une nouvelle bien importante.
[…]
[tome 7, p. 29] Le 4 [mars 1701], […] on apprit encore que le roi Jacques d’Angleterre avoit eu une grande foiblesse pendant la messe, qu’on avoit été obligé de le remener dans son appartement, et qu’on attribuoit cet accident à ses jeunes et à ses autres austérités.
[…]
[p. 31] [Le 11 mars], le roi d’Angleterre eut une seconde attaque d’apoplexie, bien plus forte que la première, de laquelle il resta paralytique de tout le côté droit.
[…]
[p. 33] [Le 16 mars], le Roi alla visiter le roi d’Angleterre, qui vint au-devant de lui avec la reine jusqu’à la porte de sa grande chambre, s’appuyant assez bien sur la jambe droite et commençant à porter le bras droit jusqu’à sa tête et à s’aider de ses deux doigts ; mais cela n’empêchoit pas qu’il n’eût pris la résolution de partir la semaine de Pâques pour aller à Bourbon.
[…]
Le 18 [mars], le Roi fit dans la plaine d’Houilles la revue de ses deux régiments des gardes, qu’il trouva plus beaux que jamais. Le prince de Galles y vint, et apprit à Sa Majesté que le roi son père avoit encore pris, le soir précédent, de l’émétique, qui lui avoit fait un très bon effet.
[…]
[p. 36] Le 24 [mars], qui étoit le jour du jeudi saint, […] [p. 37] le Roi dit au marquis d’Urfé qu’il l’avoit choisi pour aller conduire le roi d’Angleterre à Bourbon et lui faire rendre, en allant et en revenant, les honneurs qui lui étoeint dus, et pour les frais de son voyage, il lui fit donc de dix mille francs.
[…]
[p. 39] Le 28 [mars], […] la reine d’Angleterre vint prendre congé du Roi, de Monseigneur et de la duchesse de Bourgogne, devant partie deux jours après pour suivre le roi son époux à Bourbon.
[…]
[p. 49] Le 17 [avril], […] [p. 50] on sut aussi ce jour là que le roi Jacques d’Angleterre avoit été retenu par la goutte à la Charité sur Loire, et que Le Pelletier, ci devant ministre d’Etat, étoit fort malade à Paris d’une fièvre continue, pour laquelle on l’avoit fait saigner quatre fois, quoiqu’il eut soixante et onze ans.
[…]
[p. 73] Le 7 [juin], le roi et la reine d’Angleterre arrivèrent à [p. 74] Saint Germain en Laye, revenant de Bourbon, et l’on vit à Marly le marquis d’Urfé, qui les y avoit escortés.
Le 8 [juin], Monsieur étant venu dîner avec le Roi à Marly, il saigna du nez à table. […] L’après dînée, il alla avec beaucoup de dames faire sa visite à Leurs Majestés de la Grande Bretagne, et il saigna encore du nez chez la reine. Un moment après, le Roi et tous les princes et princesses arrivèrent à Saint Germain, et, après avoir fait sa visite, chacun s’en retourna dans son carrosse à Marly. […]
[…]
[p. 97] Le premier d’août, […] la duchesse de Bourgogne alla se baigner dans la rivière de Seine au dessus de Saint Germain en Laye, le Roi ayant fait tendre exprès en cet endroit les tentes du duc de Bourgogne.
[…]
[p. 111] Le 26 [août], on sut […] qu’il s’étoit fait un dépôt d’humeur sur les jambes et sur le col du pied du roi Jacques d’Angleterre.
[…]
[p. 113] Le 2 [septembre], le roi Jacques d’Angleterre eut une grande foiblesse en sortant de la messe, et il fut longtemps sans connoissance. Cette attaque redoubla, et on commença à appréhender qu’il ne passât pas la journée.
[...]
[p. 114] Le 4 [septembre], […] Fagon, premier médecin du Roi, alla en diligence à Saint Germain en Laye pour essayer de secourir le roi Jacques d’Angleterre, qui étoit à l’extrémité. On apprit, à son retour, que le prince avoit reçu tous les sacrements à deux heures et demie après midi, que les remèdes qu’on lui avoit fait prendre lui avoient fait jeter une grande quantité de sang caillé et puant qui étoit extravasé dans sa poitrine, et qu’une saignée qu’on lui avoit faite l’avoit soulagé.
[…]
[p. 115] Le 6 [septembre], l’envoyé de Hesse Cassel, dans une audience publique, assura le Roi que son maître n’embrassoit point le parti de l’Empereur. […] Cependant, le roi Jacques d’Angleterre avoit de fréquentes foiblesses ; il avoit la fièvre avec des redoublements, mais il ne vomissoit plus le sang avec tant d’abondance.
Le 7 [septembre], on lui donna le quinquina, qui fit son effet : sa fièvre parut moins forte, mais on n’en espéroit rien de bon. […]
Le 8 [septembre], le Roi alla s’établir à Marly pour dix jours. En arrivant, on sut que le roi Jacques d’Angleterre avoit encore eu son redoublement, mais que son sang s’étoit arrêté et qu’il restoit encore quelque légère espérance.
[…]
[p. 116] Le 11 [septembre], le Roi alla à Saint Germain voir le roi d’Angleterre, qui étoit au plus mal. Il le trouva dans un grand assoupissement, et demeura une heure auprès de lui, pendant laquelle la duchesse de Bourgogne y vint aussi et n’y demeura qu’un quart d’heure ; mais on ne croyoit pas que ce pauvre prince pût encore passer la semaine.
[…]
[p. 117] Le 13 [septembre], on apprit que le roi d’Angleterre étoit fort mal, qu’il ne pouvoit pas passer la journée, et qu’il avoit déclaré publiquement qu’il pardonnoit au prince d’Orange et à ses filles et à l’Empereur. En même temps, le Roi envoya Fagon, lequel rapporta qu’il n’y avoit plus d’espérance. L’après dînée, le Roi y alla et le laissa à l’extrémité ; mais, auparavant que de partir de Saint Germain, il fit appeler le prince de Galles et lui déclara, en présence de tous les Anglois, qu’après la mort du roi son père il le reconnoitroit pour roi d’Angleterre, et comme le nonce du Pape étoit présent, n’ayant pas abandonné le roi d’Angleterre depuis son mal, le Roi lui dit qu’il voyoit de quelle manière il en usoit avec le roi d’Angleterre et qu’il le prioit de le mander au Pape.
Le 14 [septembre], on eut nouvelle que le jeune Mathan, colonel de Bugey, étoit mort. […] [p. 118] Le soir, on sut que le roi d’Angleterre avoit entièrement perdu la vue ; le duc de Bourgogne alla le voir et, quand il entra dans sa chambre, on disoit pour la cinquième fois les prières des agonisants, et comme on les suspendit à cause de la présence du duc, le roi le pria de trouver bon qu’on les continuât. Enfin, on pouvoit dire que ce prince mouroit de la mort des justes, et les Anglois se flattoient que sa mort changeroit en bien le sort du prince de Galles.
Le 16 [septembre], le roi d’Angleterre mourut à trois heures et demie du matin, et la reine partie en même temps pour s’aller enfermer au monastère de Chaillot. Pour le jeune roi et la princesse, ils restèrent à Saint Germain.
[…]
[p. 119] Le 18 [septembre], […] les princes et les princesses allèrent donner de l’eau bénite au corps du roi d’Angleterre, et, le soir, on l’emporta à Paris à l’église des Bénédictins anglois du faubourg Saint Jacques, où il devoit rester en dépôt jusqu’à ce qu’on pût le porter au tombeau de ses ancêtres, le roi n’ayant pas jugé à propos qu’on l’enterrât dans l’église paroissiale de Saint Germain en Laye, comme il l’avoit souhaité par humilité et même proposé au Roi peu de jours avant sa mort.
Le 19 au soir, la reine d’Angleterre revint à Saint Germain, et, le lendemain, le Roi et toute la Cour allèrent la voir sans cérémonie, parce qu’elle l’avoit souhaité, et elle les reçut dans son lit.
[…]
[p. 123] Le 2 [octobre], on disoit que la flotte angloise étoit rentrée dans ses ports, et qu’elle y avoit été rappelée sur la nouvelle de la mort du roi Jacques ; mais il n’y avoit guère d’apparence que cela pût être, et que, depuis la mort de ce prince, on eût pu envoyer cet ordre à la flotte, qui étoit trop éloignée. On ajoutoit que la reconnoissance du prince de Galles faisoit grand bruit en Angleterre, qu’on y avoit depuis longtemps son portrait presque dans toutes les maisons, qu’on y avoit publié la relation de la mort du roi Jacques, laquelle s’étoit débitée par merveilles, que les régents en avoient fait saisir les exemplaires et fait mettre en prison les colporteurs, mais qu’ils les avoient ensuite fait relâcher. […]
Le 3 [octobre], le bruit couroit que quelques milords étoient venus à Saint Germain trouver le

Bouchet, Louis-François (du)

Acte de mariage de Ludovic Gonzague et de la duchesse de Nevers à Saint-Germain-en-Laye

« Le dimanche IIIIe, furent mariez hault et puissant prince Louis, filz du duc de Mantue, et haulte et puissante princesse Henriette de Cleves, duchesse de Nevers, et feist mons. l’evesque de Paris mons. Violle l’office en la presence de moy, curé, et ay receu treize pistolles. »

Acte concernant le déplacement d’une porte de la ville pour y comprendre les nouveaux hôtels bâtis à Saint-Germain-en-Laye

« Du [vide] mars
Sur ce qui nous a esté representé par maistre Nicolas La Cire, scindic des habitans de ce lieu, que monsieur Fieubet, conseiller du Roy en ses conseils et chancelier de la Reyne, ayant une maison hors la porte Saint Pierre, laquelle porte incommode non seulement l’entrée de sa maison mais encore les voisins particuliers de la rue des hotels nouvellement bastis, outre qu’icelle porte est quasi comme inutille, que si lesd. habitans desiroient lui accorder qu’elle fust abatue, qu’il feroit present d’une somme de cent livres, dont ayant conferé et donné advis à plusieurs desd. habitans, qui auroient recogneu qu’à la vérité lad. porte Saint Pierre estoit inutile et incomode à lad. rue des hostels, mais que pour la comodité publique ils trouverent à propos que lad. porte fust abattue avecq celle de la rue de Mareil pour des deux portes n’en faire que seulle entre le long du mur du jardin du sieur Bazire qui regneroit au mur du jardin dud. sieur Fieubet, à l’entrée du creux chemin, laquelle porte feroit fasse aux rues de Mareil et de Saint Pierre, que par ce moyen plusieurs maisons qui sont au dehors de lad. porte de Mareil seroient dans la ville et ainsy ce lieu s’en trouveroit plus recommandable et descoration honneste, mais comme il convient que led. La Cire eust le pouvoir et agrement desd. habitans de ce faire, auroit fait communiquer à ce jourd’huy et heure, devant nous maistre Charle Guignard, [vide], tous antiens habitans, scindics et marguilliers avecq plusieurs autres habitans dud. Saint Germain, lesquelz, apres avoir fait entendre la proposition dud. La Cire, scindic, ont trouvé à propos que lesd. portes fussent abattues, que des mesmes mathereaux, mesmes celles de la porte de Pologne, qui est presque en ruine, estre remployez à la refection d’une autre porte qui sera plantée entre le coing du jardin dud. Bazire et celuy dud. sieur Fieubet, aux deux costez de laquelle il sera fait deux petites portes pour la comodité des gens de pier, quoy faisant se retirera led. La Cire vers led. sieur Fieubet pour de luy retirer sa gratiffication, et ce qui faudra pour le surplus desd. ouvrages sera payé par led. La Cire, apres toultesfois que lesd. ouvrages seront receuz, thoisez et estimtés, et les sommes qu’il delivrera au masson seront employez au compte qu’il rendra, lesquelz luy seront allouez. Duquel advis aurions aud. La Cire aud. nom donné acte et sur ce ouy le procureur du Roy en ses conclusions et consentement, aurions iceluy ordonnance homologué et homologuons pour estre executé de point en point selon sa forme et teneur et en ce faisant aurions permis aud. La Cire de faire abattre et desmolir lesd. portes Saint Pierre, de Mareil et de Pologne, pour les mathereaux qui en proviendront estre remployez à la refection d’une autre porte cy dessus designée, quoy faisant payera le masson desd. ouvrages apres icelles œuvres thoisez, prisez et estimez, et les deniers qu’il desbourcera luy seront allouez en son compte qu’il rendra de lad. charge de scindic suivant la quittance qu’il en representera. Et augmentant aud. advis, pour la descoration dudit lieu et attendu que la despence qui sera faite pour la construction de lad. porte merite pour entresener la pieté aux passans, il sera mis en relief et sculture dans une niche suffisamment embellye la figure et representation de saint Germain, principal patron de ce lieu, dont le payement en sera fait aussi sur l’estimation à faire conjointement avecq les susd. ouvrages et alloué pareillement dans le compte dud. La Cire.
Legrand »

Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan Randon, secretaire du Roy nostre sire et de monseigneur le duc de Bourgongne, procureur en particulier et general lieutenant de noble et puissant monseigneur Elyon de Jacleville, chevalier, chambellan du Roy nostre sire et de mon dit seigneur le duc de Bourgogne, maistre et enquesteur des Eaues et forests es pais deFrance, Champagne et Brie, au gruyer de la forest de Laye ou a son lieutenant, salut. Il nous est apparu des lettres et tiltres, delivrance ou vidimus d’icelles par mess. Ettot de Chartres, chevalier, pour lors maistre des Eaues et forests d’icelluy seigneur et aussy commissaire dudit mesmes procureur en ceste partie de par monseigneur le conte de Tancarville, souverain maistre et general reformateur des Eaues et forestz et garennes par tout le royaume, et aussy de Jehan de Beaumont, escuyer, sieur d’Armenille, alors maistre et enqueteur desdites Eaues et forestz, par lesquelles les dessus nommés monseigneur le conte et de Beaumont ont delivré aux habitans de Saint Germain en Laye les usaiges qu’ilz se dient avoir en la dite forest contenus et declarés plus a plain es lettres ausquelles ces presentes sont attachees, si vous mandons et se mestier est commendons que les diz habitans de Saint Germain en Laye vous laissiez et souffrés jouir et user plainement et paisiblement de leurs diz drois, usaiges, droictures et franchises que ilz ont en la dite forest selon ce que contenu est plus a plain esdictes lettres, sans leur donner aucun empeschement ou descombriez, et que de ce ilz usent sans exces ou abus, en tout ce les ordonnances royaulx sur ledit fait gardees, et enregistrees ou fait enregistrer par devers vous es registres de la dite forest des dites lettres de delivrance avecques ces presentes. Donné pour tesmoing de ce audit lieu de Saint Germain soubz le scel aux causes le dimenche vint septiesme jour du moys de decembre l’an mil quatre cens et onze. »

Délibération communale mentionnant l’évasion des détenus du pénitencier militaire de Saint-Germain-en-Laye

« M. le maire annonce l’évasion des détenus militaires du pénitencier de Saint-Germain et témoigne du respect de l’ordre montré par ces prisonniers, dont l’évasion n’a donné lieu à aucune scène fâcheuse en ville. »

Lettre concernant l’installation demandée d’un réservoir au château de Saint-Germain-en-Laye

« Département de Seine et Oise
Liberté, égalité
Versailles, le 25 thermidor an cinquième de la République française, une et indivisible
Le président du département de Seine et Oise au ministre de la Guerre
Citoyen ministre,
L’administration municipale de Saint Germain en Laie a eu l’honneur de vous informer de la nécessité d’établir une bâche au château vieux, qu’elle regarde comme très nécessaire dans les tems où la rareté de l’eau se fait sentir. Par la lettre que vous avez écrite au département le 28 messidor dernier, vous l’invitez à prendre cette demande en considération.
L’administration, citoyen ministre, ne voit point dans cette proposition une utilité aussi indispensable qu’on vous la représente. Telle a été aussi l’opinion du directeur de la régie de l’Enregistrement, consulté à cet égard. Elle y apperçoit au contraire un sujet de dépense qu’on doit d’autant plus chercher à épargner qu’elle n’ajoute rien à la valeur du bâtiment auquel on l’applique. Ces sortes de possessions sont trop à la charge de la République par tous les frais d’entretien qu’elles occasionnent pour qu’il ne soit pas très essentiel d’y apporter la plus sévère œconomie.
Cependant, citoyen ministre, si vous jugez que le service des troupes stationnées dans cette commune exige absolument ce nouvel établissement, cette nécessité bien reconnue l’emporte sans doute sur toute autre considération. Alors, les objets regardant le service de la Guerre, votre département doit en supporter la dépense. Dans le cas où vous déterminerez en faveur de l’établissement, l’administration vous prie de vouloir bien le lui faire connaître afin qu’elle puisse prévenir la municipalité de faire délivrer au conducteur des travaux militaires qui sera chargé de cette opération les plombs et fers qui lui seront nécessaires. Il en donnera un reçu en forme et il sera fait une estimation tant du poids des matières que de leur prix, afin de pouvoir en répéter le remboursement sur les fonds de votre exercice.
L’administration, citoyen ministre, attend votre décision pour s’y conformer.
Salut et respect
Bessiere, v. p. »

Lettre concernant une maison désignée pour faire partie de l’école de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Copie de la lettre du général de dragon, baron de l’Empire, commandant de l’école militaire de cavalerie
Du 2 juin 1810, à Saint-Germain
A M. Bachellery
J’ai l’honneur de vous inviter, Monsieur, à vous trouver à la sale du conseil d’administration de l’école militaire de cavalerie au château de Saint-Germain-en-Laye samedi prochain 9 du courant à midi précis pour vous donner connaissance de l’estimation faite par les experts du terrein vous appartenant compris dans le plan de la dite école, et la discuter s’il y a lieu.
Signé Clément La Roncière »

Lettre concernant une maison désignée pour faire partie de l’école de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Copie de la lettre du conseiller d’Etat, préfet de Seine-et-Oise
Du 18 janvier 1810
A M. Bachellery, propriétaire à Saint-Germain
Je vous préviens, Monsieur, que Sa Majesté l’Empereur ayant par décret du 14 décembre dernier ordonné l’établissement d’une carrière pour les manœuvres de l’école militaire de cavalerie de Saint-Germain-en-Laye, la maison et jardin que vous possédez dans cette commune se trouvent comprise dans l’enceinte de cette carrière.
Vous voudrez bien, en conséquence, vous conserter avec les autres propriétaires désignés en l’état que M. le maire de Saint-Germain vous présentera à l’effet de nommer deux experts, l’un pour mesurer le terrein et l’autre pour l’évaluer, ainsi que les bâtiments construits dessus, desquels vous devés faire la cession en recevant une indemnité légale.
M. le maire de Saint-Germain est invité à m’informer sous un bref délai du choix que vous aurez fait des experts afin que j’en prévienne Son Excellence le ministre de la Guerre et le conseil d’administration de l’école, qui de son côté nommera deux autres experts qui concourront à ces opérations.
Je me persuade, Monsieur, que vous vous empresserés de donner dans cette circonstance à Sa Majesté une nouvelle preuve de votre dévouement.
Signé Poyronet, préfet de Seine-et-Oise »

Cahier du tiers état de Saint-Germain-en-Laye préparatoire au cahier de doléances

« Cahier contenant les pouvoirs et instructions des habitans de la ville de Saint Germain en Laye formant le tiers état de la même ville à Scarbe, députés à la prévôté et vicomté de Paris, pour parvenir à la rédaction du cahier des plaintes et doléances et à l’élection des députés aux Etats généraux
Objets généraux
Art. 1er
Le tiers état désire que la plus grande union règne dans les trois ordres et que l’on vote aux Etats généraux par tête et non par ordre.
Art. 2
Que le vœu général de la Nation soit suivi sur tous les objets qui intéressent le bien public et particulièrement
1° l’établissement d’un loy constitutionnelle,
2° la consolidation de la dette de l’Etat,
3° le retour périodique et triennal des Etats généraux,
4° la liberté individuelle et par conséquent l’abolition des lettres de cachet,
5° la réforme du code civil et criminel,
6° la suppression de la mendicité,
7° les moyens d’empêcher la cherté des grains et la punition exemplaire des manipulateurs,
8° l’établissement des maisons d’instruction pour la jeunesse, la chirurgie et les accouchements,
9° le bon ordre dans les hôpitaux et les secours naissaires pour les enfans trouvés à la décharge de la maison de Paris,
10° la protection de l’agriculture et du commerce et la faculté de tirer des lettres de change de toutes les villes indistinctement et sans qu’on soit tenu d’avoir et de domicilier dans les autres villes,
11° l’aliénnation des domaines du Roy,
12° la suppression des droits de contrôle, centième denier et autres de cette nature et au moins leur fixation certaine et invariable et moins onéreuse,
13° la suppression des aydes et gabelles,
14° la contribution aux charges publiques supportée également par les trois ordres et dans la même forme,
15° la suppression de tous les privilèges exclusifs,
16° celle de la marque des cuirs et autres droits de la régie,
17° qu’à l’égard de la suppression des capitaineries et des maîtrises demandée dans nombre de cahiers, le tiers état de Saint Germain s’en raporte absolument aux bontés du Roy.
Objets locaux
Art. 3
Que la municipalité de la ville soit, à l’instar de celles qui seront établies dans les autres villes du royaume et nottament dans celle de Versailles ; que les officiers en soient électifs et choisis particulièrement dans les originaires et dans les domiciliés depuis dix ans, y possédans des biens fonds.
Art. 4
Que les habitans soient affranchis du payement de la somme de 6950 l. imposée sur eux annuellement pour le suplément de solde accordé à la compagnie des bas officiers invalides établie dans la ville et pour le loyer de leur caserne, et que si cette somme est absolument nécessaire pour le soutien de cette compagnie, qui d’ailleurs est établie pour la garde des châteaux, qu’elle soit payée par le Domaine, comme cela se pratique à Versailles et à Marly, les sujets fidèles ne devant pas être traités différemment les uns que les autres.
Art. 5
Qu’il ne soit étably dans la ville, perçu ni levé aucun impôt, aucun droit quelconque et sous quelque dénommination que ce soit sans être ordonné par une loy nationnale.
Art. 6
Qu’il soit pourvu par le Roy et les Etats généraux, avec des assignats sur les économats ou ailleurs, aux sommes nécessaires pour achever la construction commencée (de l’ordre et aux dépends du Roy, seigneur et propriétaire, et en vertu d’arrêt de son conseil rendu de son propre mouvement au mois de juillet 1765) de l’église royale et paroissiale de la ville, qui n’a que cette paroisse dont le bâtiment est à moitié abbatu et qui ne sauroit se passer de temple.
Art. 7
Qu’à l’avenir et toujours les administrations de sa maison appellée l’hôpital ne pourront admettre dans cette maison et suivant son institution que de vrais pauvres et par préférence ceux originaires de la ville.
Art. 8
Que l’administration de l’hôpital de charité étably à Saint Germain en Laye et où sont reçus les malades, régie jusqu’à présent par M. le curé seul, soit à l’avenir régie par ledit sieur curé et par la même administration que celle de l’hôpital, dont led. sieur curé est membre.
Art. 9
Que la prévôté royale soit érigée en baillage avec un arrondissement, facile à luy donner, érection presqu’arrêtée, le travail étant tout fait dans les bureaux de monseigneur le garde des Sceaux, et que tous les jugements qui seront rendus le soient par un nombre suffisant de juges qui, dans tous les cas, sera au moins de quatre, et dont les appels relèveront nuement au parlement.
Art. 10
Que le privilège exclusif des voitures de Saint Germain sera supprimé.
Art. 11
Que la liberté de voyager partout où l’on voudra et comme l’on voudra soit accordée.
Art. 12
Qu’il soit établi un collège à Saint Germain.
Art. 13
Que pour prévenir les calamités publiques et singulièrement à Saint Germain, il soit fait chaque année un inventaire des grains recueillis et veillé à ce qu’ils deviendront.
Art. 14
Que les membres de la municipalité à établir et dont est question à l’article trois ayent droit et pouvoir, aussitôt leur établissement, de demander comptes aux administrateurs anciens des affaires et revenus de la ville et de toute gestion, notamment des fontaines, administration et recette, même de débattre, clore et arrêter définitivement lesdits comptes, et que dans le cas où après l’espace d’une année à compter de ce jourd’huy laditte municipalité ne seroit pas établie, lesdits comptes soient rendus à six commissaires choisis et députés à la pluralité des suffrages dans une assemblée générale des habitans de la ville et qui seront propriétaires de maisons seulement.
Art. 15
Que le sieur Gourdin, député de la corporation des orfèvres de la ville de Saint Germain, en vertu des pouvoirs à lui donnés, déclare que le corps des orfèvres de Saint Germain se conformera aux demandes faittes par le corps de l’orfèvrerie de Paris aux Etats généraux.
Art. 16ème et dernier
Finallement, que la liberté des individus députés aux Etats généraux soit arrêtée, lesquels députés ne seront soumis pendant lesdits Etats que la police desdits Etats, sans pouvoir en façon quelconque être poursuivis civilement pendant la durée desdits Etats.
Fait et arrêté en l’assemblée des commissaires députés du tiers état tenu à l’hôtel de ville de Saint Germain en Laye le jeudy seize avril mil sept cent quatre vingt neuf, et le sieur Bonef, l’un des commissaires, a déclaré ne pouvoir signer à cause d’un tremblement dans la main.
Signé : Cousin, prévôt de Saint Germain et procureur du Roy de lad. ville, Baumier, procureur du Roy et député de la maîtrise particulière des Eaux et forêts, Antoine Ecuyer, député de la capitainerie, Scherer, maitre en chirurgie, député de son corps, Gourdin, garde et député de l’orfèvrerie, Deguienne, commissaire député, Chavepeyre, commissaire député, Jaulloin, doyen des procureurs, député, Lefevre, commissaire député, Hebert, procureur et commissaire député, Letuillier, procureur du Roy de la prévôté, commissaire député, Mangin, avocat et commissaire député, Odiot, procureur et commissaire député, Basire, écuyer, valet de chambre du Roy et commissaire député, Metayer, député, Bignon, épicier, commissaire député, Meriser, premier échevin, Gastineau, second échevin, Aubert de Blaumont, troisième échevin, Odiot de Lardillière, avocat, notaire et échevin, Chambaudière, avocat, prévôt d’Andrési et trésorier, Soulaigre, maire, Ferant, secrétaire greffier de la ville. »

Lettre concernant l’assemblée des habitants de Saint-Germain-en-Laye préparatoire aux États généraux

« Paris, le 6 mars 1789
M. le maire et les échevins de Saint Germain en Laye
Messieurs,
Voicy les intentions du Roy relativement au contenu de votre lettre du 13 février dernier. Je m’empresse de vous les faire passer sitôt que cela m’est possible. Il est sans difficulté que vous pourrez assembler par corporation ceux des habitans de Saint Germain qui en sont membres. Mais que quant à tous ceux qui ne sont point corps, tels que les journalliers, on ne peut les classer par état, et qu’ils doivent tous être assemblés conformément à l’article 27 du règlement, telle que soit la cotte de leur imposition.
Il est aussi hors de doutte qu’à défaut d’un local convenable et assez grand pour faire votre assemblée, vous pourrez prendre une église. Vous y êtes authorisés positivement par la notte de l’article 11 du modèle des ordonnances.
Si vous avez, Monsieur, encore quelques représentations à faire, je vous prie de me les adresser avant que je vous fasse passer les ordres du Roy pour la convocation, afin que je pusse auparavant être instruit des intentions de Sa Majesté et que rien ne puisse retarder votre assemblée.
Je suis bien sinsérement, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur.
Le m. de Boulainvillers »

Mémoire demandant l’établissement d’un chef-lieu de bailliage à Saint-Germain-en-Laye

« Mémoire
Les habitants de Saint Germain en Laie, représentés par le comité, et en persévérant dans la demande portée en leur cahier de doléances, supplient nosseigneurs de l’Assemblée nationale de prendre cette ville en considération lors de l’établissement des assemblées provinciales et des tribunaux.
Cette ville, pendant longtemps le séjour des rois, située sur la grande route de Normandie, qui la traverse, est devenue, par son commerce et par sa position, trois fois plus considérable qu’elle ne l’étoit vers la fin du règne de Louis XIV.
Elle contient aujourd’hui plus de quinze mille âmes. Il y a une prévôté royale, la plus ancienne de celles qui relèvent au Châtelet de Paris, et un siège particulier de la maîtrise des Eaux et forêts. Les officiers de ces deux jurisdictions sont en titre d’office avec finance.
Deux marchés considérables pour les grains et farines s’y tiennent le lundi et le jeudi de chaque semaine, où les laboureurs et les meuniers de plus de six lieues à la ronde se rendent d’autant plus volontiers qu’ils y trouvent une halle vaste et commode pour exposer leurs grains et même pour les serrer si la vente ne s’en fait pas en totalité le jour qu’ils les ont apportés. Tous les habitants des bourgs et villages des environs de cette ville, dans un arrondissement de sept à huit lieues, viennent s’approvisionner à ce marché. Il s’y tient d’ailleurs tous les lundis un marché aux porcs, le plus considérable du royaume.
Enfin, le port au Pecq, entrepôt de Paris, de la Bourgogne et de l’Orléanois, lieu où il se fait un commerce immense en salines et en épiceries, étant de la juridiction de Saint Germain et composant en quelque sorte un fauxbourg de cette ville, en accroît encore l’importance.
Il s’en faut que Versailles jouisse des mêmes avantages, puisque cette belle ville ne se soutient que par le séjour des rois et qu’elle n’a aucune relation avec les bourgs et villages dénommés dans l’état dont les suppliants vont parler, que les officiers de son baillage ne sont pourvus que par commission, que jusques dans ces derniers moments il n’y a point eu de halle aux grains et que celle que très récemment on a essayé d’y établir éprouve des difficultés, les laboureurs préférant de porter leurs grains à Saint Germain soit à raison de l’habitude, soit parce qu’ils s’y défont plus vite et plus avantageusement de leurs marchandises.
Toutes ces raisons bien pesées, lors de l’établissement des assemblées provinciales subsistantes, l’ont fait choisir pour chef lieu de préférence à Versailles. En conséquence, l’assemblée du département y a été établie, et par suite le bureau intermédiaire.
On a attaché à ce chef lieu six arrondissemens composés suivant l’état joint au présent mémoire.
Cette composition peut subsister quant aux assemblées provinciales ; mais à l’égard du bailliage à établir, il semble qu’il en faut une différente, et telle que les justiciables soient à portée de leurs juges et que le jurisdiction de Saint Germain n’entreprenne point sur celle de Versailles : ces deux villes importantes, les seules dans le royaume aussi rapprochées, peuvent avoir chacune un baillage, comme il est facile de leur donner à chacun un arrondissement considérable.
Dans cette idée, les suppliants ont formé l’état qu’ils joignent au présent mémoire contenant les noms des différentes paroisses qui peuvent composer le bailliage de Saint Germain.
Daignez, Nosseigneurs, jetter les yeux sur cet état ; vous y verrez que la paroisse la plus éloignée n’est pas à quatre lieues de cette ville et que le siège du bailliage demandé se trouvera précisément au centre de son arrondissement.
Toutes ces considérations, et particulièrement celle que tous les habitants des bourgs et villages compris dans l’état ci joint viennent deux fois par semaine s’approvisionner à Saint Germain, font espérer aux suppliants que vous aurez, Nosseigneurs, la bonté de conserver cette ville comme chef lieu, d’y maintenir l’assemblée de département, d’y établir un bailliage, auquel vous voudrez bien donner pour arrondissement toutes les paroisses dénommées dans l’état ci joint, ainsi que celles que vous jugerez à propos d’y ajouter.
Tels sont les vœux que les habitans de Saint Germain osent présenter à l’auguste assemblée, sur les travaux de laquelle repose aujourd’hui le bonheur de la France.
Signé
Le maréchal de Noailles
Le duc d’Ayen
L. Drullond de Melfort, commandant la garde nationale
Cousin, prévôt, lieutenant général de police
Letuillier, procureur du Roi
J. Journé, président du comité
Bazire de Retz, colonel de la garde nationale et membre du comité
Courant, membre du comité
Jaullain, électeur à l’assemblée nationale et membre du comité
Hébert, secrétaire du comité
Dubuisson, membre du comité
Delastre, secrétaire du comité
Le comte de la Merville
Petit, membre du département et maître de la poste aux chevaux

Etat des parroisses que l’on peut comprendre dans l’étendue et l’arrondissement du bailliage à établir dans la ville de Saint-Germain en Laye
Siège du bailliage
Saint Germain en Laye
Noms des paroisses ; Distance du chef lieu ; Observations
Achères : 1 lieues ½ ; Il est déjà de la prévôté
Aigremont : 1 lieue
Alleux le Roi (les) : 2 lieues ½
Andresy : 2 lieues
Argenteuil : 3 lieues
Asnières : 3 lieues ½
Bazemont : 2 lieues ½
Bezons : 2 lieues ½
Bouafle : 3 lieues
Carrières sous Bois : ½ lieue
Carrières Saint Denis : 1 lieue ½
Chambourcy : 1 lieue
Chapet : 2 lieues
Chatou : 1 lieue
Chavenay : 2 lieues
Colombes : 3 lieues
Conflans Sainte Honorine : 2 lieues
Courbevoye : 3 lieues
Cormeilles en Parisis : 2 lieues ½
Crespières : 2 lieues ½
Croissy  : 1 lieue
Davron : 2 lieues ½
Ecquevilly : 2 lieues ½
Eragny sur Oise : 3 lieues
Feucherolles : 2 lieues ½
Fourqueux : ½ lieue
Franconville : 3 lieues
Garennes : 1 lieue ½ ; Il est déjà de la prévôté
Gennevilliers : 3 lieues
Hennemont : ¼ lieue
Herbeville : 3 lieues
Herblay : 3 lieues
Houilles : 2 lieues
Jouy le Moutier : 2 lieues ½
L’Anlueu Saint Gemme : 2 lieues ½
L’Etang la Ville : ½ lieue
Mareil sous Marly : ½ lieue
Mareil sur Maudre : 3 lieues ½
Maule sur Maude : 4 lieues
Maisons sur Seine : 1 lieue ½
Médan : 1 lieue ½
Mesnil le Roi : 1 lieue
Mignaux : 1 lieue ½
Montainville : 3 lieues ½
Montesson : 1 lieue
Montigny et la Frette : 2 lieues
Monrainvilliers : 2 lieues ½
Morecourt : 2 lieues ½
Nanterre : 2 lieues
Orgeval et Hameaux : 2 lieues
Pecq (le) et Hameaux ; Le Pecq est de la jurisdiction actuelle de Saint Germain. Il est comme le fauxbourg de la ville, de laquelle il n’est séparé que par un ruisseau.
Poissy : 1 lieue
Puteaux : 2 lieues ½
Rennemoulin : 2 lieues
Ruel : 2 lieues
Saint Jacques de Rets : 1 lieue
Saint Léger en Laie : ½ lieue
Saint Nom la Bretèche : 1 lieue ½ ; Partie de cette paroisse est de la jurisdiction actuelle. L’autre est de la jurisdiction seigneuriale de Fourqueux.
Sanois : 3 lieues ½
Sartrouville : 1 lieue ½
Surêne : 3 lieues
Triel Bourg : 2 lieues
Triel Carrières : 1 lieue ½
Triel Chanteloup : 2 lieues
Triel Pissefontaine : 2 lieues
Verneuil : 2 lieues
Vernouillet : 2 lieues
Vilaine sous Poissy : 1 lieue ½
Signé
Le maréchal de Noailles
Le duc d’Ayen
L. Drullond de Melfort, commandant la garde nationale
Cousin, prévôt, lieutenant général de police
Letuillier, procureur du Roi
J. Journé, président du comité
Bazire de Retz, colonel de la garde nationale et membre du comité
Courant, membre du comité
Jaullain, électeur à l’assemblée nationale et membre du comité
Hébert, secrétaire du comité
Dubuisson, membre du comité
Delastre, secrétaire du comité
Le comte de la Merville
Petit, membre du département et maître de la poste aux chevaux

Noms des villes et villages des six arrondissements qui composent l’assemblée de département établie à Saint Germain en Laye
Arrondissement de Saint Germain en Laye
Aigremont
Alluets le Roi (les)
Bazemont
Bouafle
Bois d’Arcis (le)
Bougival
Chambourcy
Chapet
Chavenay
Crespîerre
Davron
Ecquevilly
Feucherolles
Fourqueux
Herbeville
L’Anluet Saint Gemme
La Celle Saint Clooud
L’Etang la Ville
Louvecienne
Mareil sous Marly
Mareil sur Mauldre
Marly le Roi
Marne
Maule sur Mauldre
Médan
Mignaux
Montainville
Morainvilliers
Orgeval
Pecq (le)
Rennemoulin
Saint Germain
Saint Jacques de Telz
Saint Léger en Laye
Saint Nom la Bretèche
Vaucresson
Vernouillet
Vilaine sous Poissy
Ville d’Avray
Villepreux
40 paroisses
Arrondissement de Versailles
Bucq
Cernay la Ville
Château Fort
Chaville
Chenay (le)
Chevreuse
Choiselle
Clamard
Dampierre
Gif
Guiencourt
Joui en Josias
La Chapelle Milon
La Celle les Borde
Layes (les)
Loges (les)
Magny les Hameaux
Maincourt
Ménil Saint Denis (le)
Meudon
Rocquencourt
Saclay
Saint Aubin
Saint Forger
Saint Jacques de la Verrière
Saint Lambert
Saint Nom de Lévis
Saint Rémi les Chevreuse
Senlis
Seve
Touffus
Troux (les)
Vauhalland
Vélisy en Ursine
Versailles
Villiers le Bâcle
Viroflay
Voisoin le Bretonneux
38 paroisses
Arrondissement de Saint Denis
Aubervilliers
Aulnay lès Bondy
Bagnolet
Baubigny
Belleville
Blanc Mesnil (le)
Bondy
Bourget (le)
Charonne
Clichy en Aulnay
Clichy la Garenne
Drancy
Dugny
Fontenay le Bois
La Chapelle Saint Denis
La Cour Neuve
La Villette
L’Isle Saint Denis
Livry
Montfermeil
Montreuil sur Bois
Nogent sur Marne
Noisy le Sec
Pantin
Pré Saint Gervais (le)
Romainville
Rosny sous Vincennes
Saint Denis
Saint Ouen
Sévran
Tremblay
Villemonble
Villepinte
Villiers la Garenne
Vincennes
35 paroisses
Arrondissement de Gonesse
Arnouville
Bellefontaine
Bonneuil
Bouqueval
Champlâtreux
Chatenay
Chaumontel
Chenevrières lès Louvers
Coye
Ecouen
Epiais
Epinay lès Luzarches
Fontenay lès Louvre
Fossés
Garges
Gonesse
Goussainville
Jagny
Lassy
Louvre en Parisis
Luzarches
Mareil en France
Marly la Ville
Mesnil Aubry (le)
Moussy le Neuf
Plessis Luzarches (le)
Plessis Gassot (le)
Puiseux
Sloisy en France
Saint Martin du Tertre
Saint Vitz
Stains
Tillay (le)
Vauderland
Vémars
Villeron
Villiers le Bel
Arrondissement d’Enghien
Andilly et Margency
Attainville
Baillet
Belloy en France
Bessancourt
Bethemont
Boufflemont
Chanvry
Daumont
Denil
Enghien
Epinay Saint Denis
Eranville
Frepillon
Groslay
Maffliers
Moiselles
Monfault
Montmagny
Mours
Pierre Fitte
Picoq
Presles
Saint Brice
Saint Leu Taverny
Sarcelles
Soisy sous Enghien
Taverny
Tours Saint Prix
Villaine en France
Villetaneuse
Villiers Adam
Villiers le Sec
34 paroisses
Arrondissement d’Argenteuil
Acheres
Andresy
Argenteuil
Asnières
Bezons
Carrières Saint Denis
Chatou
Colombes
Conflans Sainte Honorine
Cormeille la Frette
Courbevoye
Croissy
Eau Bonne
Eragny sur Oise
Ermond
Franconville
Gennevilliers
Herblay
Houilles
Joui le Moutier
Maison sur Seine
Mesnil le Roi
Montesson
Montigny
Nanterre
Pierre Laye
Plessis Bouchard
Poissy
Saint Gatien
Saunois
Sartronville
Triel Bourg
Triel Carrières
Triel Chanteloup
Triel Pissefontaine
35 paroisses
Récapitulation
Paroisses
40 de Saint Germain
38 de Versailles
35 de Saint Denis
37 de Gonesse
34 d’Enghien
35 d’Argenteuil
219 paroisses
Signé
Le maréchal de Noailles
Le duc d’Ayen
L. Drullond de Melfort, commandant la garde nationale
Cousin, prévôt, lieutenant général de police
Letuillier, procureur du Roi
J. Journé, président du comité
Bazire de Retz, colonel de la garde nationale et membre du comité
Courant, membre du comité
Jaullain, électeur à l’assemblée nationale et membre du comité
Hébert, secrétaire du comité
Dubuisson, membre du comité
Delastre, secrétaire du comité
Le comte de la Merville
Petit, membre du département et maître de la poste aux chevaux
Fin »

Acte d’inhumation de la duchesse de Powis dans l’église de Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt deuxieme jour de mars mil six cent quatre vingt onze, a eté inhumé dans cette eglise le corps de tres haute et tres puissante dame madame Elizabeth de Sommerset, gouvernante de monseigneur le prince de Galles, epouse de milord Guillaume Herbert, duc de Powis, grand chambellan de Sa Majesté britannique, agée de cinquante sept ans, decedée le jour precedent dans le château vieil de ce lieu ; messe haute, prieres et suffrages accoutumées chantées pour le repos de son ame es presences de messires Antoine Marques et Jacques Pigeard, pretres, lesquels ont signé.
Marques, Pigeard »

Pétition contre la clôture du grand parterre de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monseigneur le duc de Feltre, ministre et secrétaire d’Etat de la Guerre
Monseigneur,
Les habitants de la ville de Saint-Germain-en-Laye, informés qu’ils sont à la veille de perdre une partie de la belle promenade du parterre, ont l’honneur d’exposer à Votre Excellence que ce jardin est leur unique ressource, et que les en priver, c’est anéantir la valeur de toutes leurs propriétés.
Sa Majesté impériale et royale, touchée de leurs très humbles représentations, a daigné, par l’intercession de la reine Hortense, leur en assurer la conservation.
La ville de Saint-Germain ne peut se flatter de recouvrer son ancienne existence que par l’attrait de sa situation et c’est surtout la belle promenade du parterre conduisant à la terrasse et à la forêt qui détermine beaucoup de personnes à venir se fixer dans cette ville.
La clôture provisoire projettée dans le parterre n’ayant pour objet que d’y former une enceinte pour l’exercice des élèves de l’école, les habitants osent prendre la liberté de vous observer, Monseigneur, que les évolutions peuvent avoir lieu sans clôture comme elles s’y font journellement et que si Votre Excellence le jugeait à propos, rien ne serait plus facile que d’assurer la parfaite tranquillité de ces évolutions en plaçant dans le parterre, toutes les fois qu’elles auraient lieu, un détachement de la garde nationale de Saint-Germain qui veillerait à ce que le public ne traversât point l’espace parcouru par les élèves, ni ne s’approchât d’eux en aucune manière. Cette surveillance de la garde nationale, qui serait rigoureusement observée et à laquelle on ajouterait la précaution de fermer les grilles du parterre, équivaudrait à la clôture et en épargnerait les frais. Et ce moyen, adopté par Votre Excellence, serait un bienfait pour la ville de Saint-Germain d’autant plus précieux qu’il en résulterait pour elle la conservation de ses propriétés et l’accroissement de sa population.
Pleins de confiance en la bonté de Votre Excellence, les habitants conserveront avec la plus vive reconnaissance le souvenir de ce bienfait.
Saint-Germain-en-Laye, le 21 mai 1813
[nombreuses signatures] »

Arrêt du Conseil concernant la construction d’une caserne pour la garnison d’invalides de Saint-Germain-en-Laye

« Extrait des registres du conseil d’Etat
Sur ce qui a été représenté au Roi qu’en établissant à Saint Germain en Laye une compagnie d’invalides pour veiller à la sûreté de cette ville, le feu Roi aurait destiné au logement de cette compagnie une partie du château neuf de Saint Germain, mais que depuis, Sa Majesté ayant disposé de la totalité de ce château en faveur de M. le comte d’Artois, son frère, il serait devenu nécessaire de placer ailleurs la compagnie d’invalides, que le terrein qui aurait paru le plus propre à former cet établissement est un terrein situé dans la rue de Loraine, actuellement planté en jeunes maroniers, contenant suivant le plan qui en avait été dressé trente trois perches un tiers, à vingt deux pieds quarrés pour perche, que le sieur maréchal duc de Noailles, qui jouit de ce terrein comme faisant partie du domaine de Saint Germain, se serait empressé de consentir à la disposition de ce terrein pour cet usage, qu’en conséquence le sieur Charles Bienvenu, entrepreneur de bâtimens demeurant audit Saint Germain en Laye, aurait offert de faire construire pour son compte et à ses frais, de la manière qui lui serait indiquée par le sieur intendant et commissaire départir en la généralité de Paris, un bâtiment susceptible de loger lad. compagnie d’invalides si Sa Majesté voulait bien lui faire la concession dudit terrein moyennant un cens modique emportant lods et ventes aux mutation suivant la coutume de Paris, se soumettant led. sieur Bienvenu de ne pouvoir disposer dud. bâtiment qu’à la charge et pour l’usage de lad. compagnie d’invalides et autant qu’elle sera audit Saint Germain, au prix et moyennant le loyer qui sera convenu et fixé par led. sieur intendant, et Sa Majesté ayant lesd. offres pour agréables,
Oui le raport du sieur Moreau de Beaumont, conseiller d’Etat ordinaire et au conseil royal des finances,
Le Roi étant en son conseil, ayant égard aux offres dudit Charles Bienvenu, lui a fait et fait concession d’un terrein situé à Saint Germain en Laye, rue de Lorraine, actuellement planté en jeunes maroniers, contenant suivant le plan qui en a été levé et qui demeurera annexé à la minute du présent arrêt trente trois perches un tiers à vingt deux pieds quarrés pour perches, pour en jouir par led. sieur Charles Bienvenu, ses hoirs, successeurs et ayant causes, à titre d’accensement et de propriété incommutable à perpétuité, à la charge de payer au domaine de Saint Germain en Laye un cens annuel et perpétuel de trois livres comportant droits seigneuriaux aux mutations suivant la coutume de Paris, et à la charge en outre ainsi que led. sieur Bienvenu s’y est soumis de faire construire à ses frais et pour son compte dans le cours de la présente année sur une partie dudit terrein un bâtiment susceptible de loger la compagnie d’invalides établie audit Saint Germain ainsi et de la manière qui lui sera indiquée par le sieur intendant et commissaire départi en la généralité de Paris, lequel bâtiment sera spécialement affecté, comme Sa Majesté l’y affecte, au logement de lad. compagnie d’invalides, tant et si longtemps que Sa Majesté jugera à propos de la conserver à Saint Germain, sans que led. sieur Bienvenu, ses hoirs, successeurs et ayant causes puissent sous aucun prétexte employer led. bâtiment à autre usage qu’au logement de lad. compagnie d’invalides.
Veut Sa Majesté que pendant tout le tems que led. bâtiment sera employé au service de lad. compagnie d’invalides, le loyer soit payé aud. sieur Bienvenu suivant et ainsi qu’il sera réglé par led. sieur intendant.
Fait au conseil d’Etat du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Marly le vingt may mil sept cent soixante dix huit.
Signé Amelot 

Délibération du conseil de ville concernant la construction d’une caserne pour la garnison d’invalides de Saint-Germain-en-Laye

« Copie de l’extrait de la délibération du conseil de ville de Saint Germain en Laye du 13 janvier 1778
Aujourd’hui mardi treize janvier 1778, en l’assemblée du conseil de ville de Saint Germain en Laye tenu devant nous Achilles Nicolas Cousin, conseiller du Roi, président, prévôt, lieutenant général de police de Saint Germain en Laye, 3 heures de relevée,
Sont comparus les sieurs Charles Duteil, ancien sindic, Claude Faugeron, Joseph Laporte, Jean Louis Petit, Charles Cottereau, Victor Boutron des Marais, Denis Gatineau, Pierre Mellanger tous conseillers, François Chapelier, adjoint au sindicat, Claude Bon, sindic actuel,
Est aussi comparu M. Jouanin, procureur du Roi de la prévôté royale de Saint Germain en Laye.
Par le sieur sindic a été représenté et mis sur le bureau 1° une lettre à lui adressée par le sieur Duval, subdélégué de monseigneur l’intendant à Saint Germain en Laye, dattée de Paris du 25 décembre 1777, conçue en ces termes :
Monsieur l’intendant, Monsieur, se trouvant dans la nécessité de déloger incessament du château neuf la compagnie d’invalides établie à Saint Germain, pour la cazerner dans la ville, et ne voulant pas qu’il en résulta pour la ville de nouvelles dépenses, il a fait faire un plan de cazerne susceptible de loger convenablement cette compagnie. L’intention de M. l’intendant est pourvoir au loyer de cette cazerne lorsqu’elle sera construite, sans augmentation de nouvelles impositions ni prendre en aucune manière sur les revenus municipaux de la Ville. On offre à M. l’intendant de construire cette cazerne et tout ce qui en dépend dans l’espace de six mois à compter du premier janvier 1778 et de faire toutes les avances pour cette construction conformément au plan et de l’entretenir exactement, le tout moyennant 1500 l. de loyer par année, que M. l’intendant se charge d’acquiter comme je viens de le dire, sans qu’il en coûte rien de plus à la Ville. Le terrein sur lequel les cazernes seront bâties étant à la disposition de M. l’intendant, il pourrait le faire concéder à la Ville, suposé qu’elle voulût elle-même dans le tems ci dessus indiqué de six mois faire construire les cazernes à ses frais, conformément au plan ci joint, et pour la dédommager des dépenses que cet établissement lui occasionnerait, M. l’intendant offre à la Ville de lui faire payer annuellement les quinze cent livres qu’il doit affecter au loyer des cazernes.
M. l’intendant, en faisant cette proposition à la Ville, me charge de lui marquer, par la voie du sindic, qu’il n’a eu en vue que de lui donner la préférence, suposé qu’elle trouvât quelques avantages à s’approprier cet établissement aux conditions que je viens de vous marquer. Sur quoi, d’après son ordonnance ci jointe et la présente lettre que vous communiquerez au conseil de ville, il demande réponse prompte et positive en forme de délibération à l’ordinaire, laissant au choix du conseil de ville d’accepter ou de refuser la proposition ci-dessus avec la plus grande liberté, attendu qu’elle n’a pour objet que de lui offrir la préférence, ce qui est l’usage ordinaire en pareil cas.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur, avec toute l’estime et toute la considération possible, votre etc.
Signé Duval
Et 2° une ordonnance de monseigneur l’intendant en date du 17 décembre 1777 jointe à la lettre ci-dessus transcrite, portant que la présente assemblée serait convoquée.
Sur quoi, ayant mûrement délibéré, la compagnie a unanimement arrêté et arrête de remercier comme elle le fait par la présente délibération monseigneur l’intendant de sa bonne volonté et de la préférence qu’il veut bien donner à la Ville, par la raison qu’elle se trouve dans l’impossibilité d’accepter la proposition qu’il a bien voulu faire faire par lad. lettre par deux raisons, la première parce qu’elle n’est point en état de faire une avance aussi considérable, n’y ayant point de ville plus pauvre, et la deuxième parce que les habitans n’ont jamais aprouvé et n’aprouveront l’établissement de la compagnie d’invalides.
Ce fait, l’assemblée prochaine a été indiquée au mardy [vide] février prochain et ont tous les sieurs susnommés signé. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 15 novembre 1669
[…]
[p. 360] Il n’y a pas de nouvelles à la Cour, les choses y vont de leur train ordinaire, les dames y sont belles, propres et de bonne humeur parce qu’elles se divertissent bien et sont riches ; elles sont aussi les seules, tout le reste rampe et, hors de leur appartement, il n’y a ni joie ni contentement à Saint Germain, où Leurs Majestés passeront l’hiver, de quoi il me fâche fort car pour [p. 361] être là à temps pour voir le Roi ou les ministres, il faut en ce temps ci partir une heure avant le jour, outre qu’il en coûte beaucoup dans ces hôtelleries, mais il faut s’y résoudre et n’en pas parler puisque le Roi s’y aime. »

Bénédiction de l’hôpital général Saint-Louis de Saint-Germain-en-Laye

« Nous donnons pouvoir à monsieur le curé de Saint Germain en Laye de faire tout ce qu’il jugera necessaire et dependant de notre auctorité pour travailler incessamment à disposer le lieu de l’hospital de Saint Germain en Laye affin que les pauvres y puissent estre commodement renfermez. Fait à Paris ce neufvieme decembre mil six cens quatre vingts un. Signé par monseigneur de Paris, François, archevesque de Paris.
Extrait en l’original qui est resté entre nos mains par nous, prestre et curé dud. lieu soubsigné, le dix septieme du mesme mois.
Cagnyé
Et le mesme jour dix septieme du mesme mois, moy Nicolas Cagnyé, prestre et curé de l’eglise parroissialle de Saint Germain en Laye, en vertu de la permission de l’autre part ennoncé, me suis transporté en la maison de l’hospital general dud. lieu où, ayant trouvé les choses dans la propreté requise et necessaire pour y celebrer la sainte messe, y administrer les sacremens, y recitter le divin office, j’en ay fait la benediction soubs le nom et invocation de saint Louis, comme aussy j’ay fait la benediction du tabernacle, crucifix et ornemens, mesme de la maison, en presence de messires Estienne Gaze, Antoine Jaume, prestres habituez en lad. eglise, Pierre Teilhes, prestre aussi habitué de sa maison et gentilhomme servant de madame la Dauphine, haulte et puissante dame dame Françoise de Rochechouart, surintendante de la maison de la Reyne, femme de monseigneur le marquis de Montespan, haulte et puissante princesse Françoise de Brancard, dame d’honneur de la Reyne, femme de hault et puissant prince Alphonce Henry Charles de Loraine, comte de Monlaur et prince d’Arcour, lesquels ont signé.
Fr. de Brancas
Françoise de Rochechouart
Gaze, prestre, Teilhez, prestre, Cagnyé
A. Jaume »

Récit d’une visite du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Aujourd’hui lundi quatorzième juin mil huit cent trente, le Roi a honoré de sa présence la ville de Saint-Germain-en-Laye.
Le corps municipal et les autorités civiles et militaires attendaient Sa Majesté à l’entrée de la ville, où était élevé un arc de triomphe remarquable par son architecture et son heureuse disposition.
S. M. est arrivée à une heure, au milieu des acclamations d’une population immense accourue de toutes parts. M. le maire a adressé un discours à S. M., qui l’a écouté et y a répondu avec une bonté et une affabilité toute particulière.
Malgré le mauvais tems et une pluie assez forte, le Roi a voulu descendre de sa voiture et faire à pied le trajet depuis l’arc de triomphe (élevé au boulingrin) jusqu’à l’église, au milieu du cortège escorté par la garde nationale.
S. M. a été reçue par le clergé, complimentée par M. le curé et conduite sous un dais au prie-Dieu qui avait été disposé dans le chœur.
Après le Domine Salvum, S. M. a été reconduite sous le dais jusqu’à [f. 44v] la sortie de l’église, où Elle a été accueillie par les cris mille fois répétés de Vive le Roi, vivent les Bourbons.
S. M. à fait remettre au maire une somme de deux mille francs pour les pauvres.
Le Roi a ensuite traversé la ville par la rue de la Paroisse, la rue au Pain, le vieux marché et la rue de Pologne, qui étaient toutes pavoisées, et partout S. M. a reçu les mêmes expressions de dévouement et d’amour.
La présente relation est ici consignée pour perpétuer le souvenir de cette heureuse circonstance. »

Quittance pour des aumônes faites par le roi à Saint-Germain-en-Laye

« Nous Guillaume Tailleboys, prieur de Sainct Germain en Laye, et Nicole Tailleboys, curé d’icelluy lieu, confessons avoir eu et receu à raison des offrandes du Roy faictes a Saint Germain en Laye, de monsieur maistre Françoys Charbonnier, conseiller et tresorier des offrandes du Roy, par les mains de reverend pere en Dieu monsieur l’evesque de Lysieux, grand ausmonnier du Roy nostred. seigneur, pour les XVIIe, XVIIIe, XIXe, XX, XXI, XXII, XXIII, XXIIII, XXV, XXVI, XXVII, XXVIII, XXIX et XXXe jours du moys de novembre mil cinq cens vingt huit, qui sont XIIII jours, vallent vingt quatre livres dix s. t., de laquelle somme de vingt quatre livres dix s. t. en quictons led. tresorier et tous autres, tesmoings noz seings manuelz cy mys le vingt neufyesme janvier mil cinq cens vingt huit.
Tailleboys, Tailleboys »

Lettre concernant des fonds demandés au roi pour la reconstruction de l’église paroissiale de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Intérieur
1ère division
1er bureau
Paris, le 26 novembre 1822
Monsieur le Comte,
J’ai écrit, ainsi que vous m’en aviez témoigné le désir, à Son Excellence le ministre de la Maison du Roi au sujet de la demande formée par la ville de Saint-Germain pour obtenir tout ou partie d’une somme de 25000 f. destinée à faire construire la nouvelle église.
M. de Lauriston m’informe que Sa Majesté aurait bien désiré pouvoir faire don de la totalité de cette somme, mais qu’elle n’en a malheureusement pas la possibilité, attendu que déjà elle s’impose d’énormes sacrifices pour soulager des familles qui ont été entièrement ruinées par suite de la Révolution.
Il ajoute toutefois que le Roi a daigné l’autoriser à délivrer pour la ville de Saint-Germain un secours de 1000 f. payable en vos mains sur la présentation de l’avis que j’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint.
Agréer, Monsieur le Comte, l’assurance de ma haute considération.
Le ministre secrétaire d’Etat de l’Intérieur
Pour Son Excellence et par ordre, le conseiller d’Etat, secrétaire général
Signé : baron Capelle
Monsieur le comte Bozon de Périgord, gouverneur du château royal de Saint-Germain (Seine-et-Oise) »

Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan de Beaumont, escuier, seigneur d’Armenille, maistre et enquesteur des Eaues et forests du Roy nostre sire es pays de France, Champaigne et Brye et chambellan mons. le duc de Berry, au gruyer de Saint Germain en Laye ou a son lieutenant, salut. Comme naguaires par nostre commandement et ordonnance eust esté crié et deffendu par le Roy nostre dit seigneur et nous en et sur grosses paines d’amende que nul qui se deist avoir droit d’usaige, liberté ou franchise es dites forestz ny entrast jusques a ce que de ce nous eussent monstré et enseingnié de leurs dits droiz, titres et previlleges, et comme de ce avoient jouy et user, et ce il soit ainsi que de la partie du commun et habitans de Saint Germain en Laye nous ayent esté monstrees et exhibees unes lettres de vidimus soubz scel royal ausquelles ces presentes sont atachees soubz nostre scel, esquelles lettres sont encorporees les lettres de noble homme messire Ettor de Chartres, chevalier, naguaires reformateur sur le dit fait, avecques unes lettres de mons. le conte de Tancarville, souverain maistre et general reformateur desdites Eaues et forests faisant mention de leurs diz droiz, franchises et previleges, obeissant nous enseigner que de ce avoient jouy et usé sans aucuns excés, en nous requerant que le dit empeschement voulsissons lever et oster, et pour ce veu et consideré le contenu en leurs dites lettres de delivrance, eu sur ce deliberation et advis a plusieurs sages et conseillers du Roy nostre dit seigneur, nous le dit empeschement mis de nostre commandement et ordonnance avons levé et osté, levons et ostons par ces presentes, si vous mandons que les diz commun et habitans vous laissiez et souffrez jouir et user de leus diz droiz et usages selon le contenu en leurs dites lettres cy atachiees comme dit est, en tout ce les ordonnances royaulx gardees. Donné soubz nostre scel le XXIIIe jour d’ottobre l’an mil CCCC et huit.
Petit »

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