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Saint-Germain-en-Laye
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Acte de baptême de Louis du Péan dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy quinziesme novembre mil six cent soixante et quatorze, a esté baptisé à la chapelle du chasteau vieil de ce lieu par monseigneur Jacques Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon et precepteur de monseigneur le Daufin, Louis, né le mercredy quinziesme du mois de novembre sur les huit à neuf heures du soir mil six cens soixante et neuf, filz de François du Pean, escuyer, sieur du Mesnil et si devant capitaine au regiment de Normandie, et de dame Marguerite Angeline d’Espiné, ses pere et mere, le parein tres haut et tres puissant prince Louis de Bourbon, daufin de France, la marine tres haute et tres puissante princesse Anne Marie Louise d’Orleans, souveraine de Dombe, duchesse de Montpensier, de Sainct Fargeau, Chatelereau et autres lieux, en presence et du consentement de moy curé soubsigné revestu de mon surplis et etolle, et ont signé.
Louis
Anne Marie Louise d’Orleans
J. Benigne de Condon
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis de Tiercelin de Brosse dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy huitieme avril mil six cens quatre vingts, ont esté suplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Louis Marie Arman Semiane de Gordes, evesque de Langre, duc et pair de France, et premier aumonier de la Reyne, à Louis, né le deuzieme d’octobre de l’année mil six cens soixante et dix huit, et ondoyé le mesme jour par monsieur de curé de Sorques ainsi que nous l’a certifié haulte dame dame Anne Marie Louise de Fiercy, marquise de Breosses, filz de hault seigneur Henry de Tiercelin, marquis de Brosses, et de lad. dame Anne Marie Louise de Tiercelin, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte, tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire, dauphine de France, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné revestu de surpleis et estole.
Louis
M.A. Chrestienne »

Acte de baptême de Louis de La Méchaussée dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Le 3e jour de juin 1668, furent supplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme dans la chapelle du chasteau vieil à Saint Germain en Laye par M. l’abbé de Chavigny, aumosnier du Roy, à Louys, fils de messire Nicolas de La Mechaussée, sieur de la Coste, et de dame Elizabeth du Tocq, sa femme, premiere femme de chambre de monseigneur le Dauphin, ondoyé par M. l’abbé Dupont il y a quatre ans ou environ plus quatre moins, le parrein monseigneur Louys de Bourbon, fils aisné du Roy et dauphin de France, la marreine madame la duchesse de Montosier, premiere dame d’honeur de la Reyne, et estoit present ausd. ceremonies M. le curé dud. lieu de Saint Germain en Laye en surplis avec l’estolle au col. »

Acte de baptême de Louis de Guiry dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy onzieme mars mil six cens quatre vingts et un, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon, precepteur de tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France et premier aumonier de tres haulte et tres puissante et tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, à Louis, né le dix huitieme jour de may dernier passé et ondoyé le vingt un dud. may avec la permission de monseigneur l’archevesque en datte du vingt unieme dud. mois de may, filz de messire Hector de Guiry, chevalier, seigneur de Ronciere et enseigne des gardes du corps du Roy, et de dame Clere de Guilloy, femme de chambre de la Reyne, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte, tres puissante et tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsisgné.
Louis
M. Anne Chrestienne
J. Benigne, a. e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis de Chaste dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy huitiesme may mil six cens quatre vingts, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par moy curé de la parroisse de ce lieu à Louis, né le dernier juin mil six cens soixante et dix huit et ondoyé par la sage femme nommée madame Langlois, cignée ci-dessous, filz de Claude Nicolas de Chaste, chevalier et seigneur de Chalon, et de dame Marie Catherine Desjardins, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte et tres puissante princesse mademoiselle Marie Anne de Bourbon, duchesse de Monpansier, lesquels ont signé, et la sage femme.
Louis »

Acte de baptême de Louis de Bauche dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy deuzieme mars mil six cens quatre vingts et un, ont esté suplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon, precepteur de tres hault et tres puissant et tres excellent prince Louis, dauphin de France, et premier aumonier de tres haulte, tres puissante et tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, à Louis, né en la parroissse de Tourville, dioceze de Bayeux, au mois de mars de l’année mil six cens cinquante et quatre, et ondoyé par le sieur curé de lad. parroisse, fils d’Adrien de Bauche, écuyer, sieur de Edy, et de damoiselle Marie Le Lievre, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine haulte et puissante dame dame Julie de Sainte More, femme de hault et puissant seigneur monseigneur le duc d’Uzez, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné.
Louis
La duchesse d’Uzes
J. Benigne, a. e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Rouhault d’Assy dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy dix huitieme decembre mil six cens soixante et quinze, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil de ce lieu par monseigneur l’evesque de Condon, precepteur de monseigneur le Daulphin, à Louis, né le cinquiesme jour d’aoust mil six cens soixante et quatre, et ondoyé avec la permission de monseigneur l’evesque de Meaux le septiesme du mois d’aoust de la mesme année par M. Lemaire, curé d’Assy et doyen rural dudict lieu, fils de messire Ignace Ronault, chevalier, seigneur d’Assy, et de dame Charlotte Christine de Loraine, ses pere et mere, le parein tres hault et tres puissant prince monseigneur le Daulphin, la mareine madame la marquise de Montespan, le tout en presence et du consentement de moy curé soubsigné, lesquels ont signé.
Louis
Françoise de Rochechouart
J. Benigne, a. e. de Condon
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Poirée dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy dix huitieme aoust mil six cent soixante et dix huit, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil à Louis, filz de Baltazar Poirée, escuyer, huissier ordinaire de la chambre du Roy, et de damoiselle Marie Brechon, ses pere et mere, le parain monseigneur le Dauphin, la mareine Françoise Rochechouet, femme de tres et tres puissant seigneur monsieur le marquis de Montespant, le tout par M. l’evesque de Condon, precepteur de monseigneur le Dauphin, en presence de moy curé soubsigné et de mon consentement.
Louis
Françoise de Rochechouart
J. Benigne, a. e. de Condon
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Perchot dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt unieme mars mil six cens quatre vingts, a esté baptisé en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon, precepteur de tres hault et tres puissant prince monseigneur le Dauphin et premier aumosnier de tres haulte et tres puissante princesse Marie Anne Chrestine Victoire de Baivieres, Louis, filz de Adan Perchot, ordinaire de la musique de la chapelle du Roy, et de Louise de La Baume, ses pere et mere, né le quatorzieme dud. mois, le parain tres hault et tres puissant prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte, tres puissante princesse Marie Anne Chrestine Victoire de Bavieres, dauphine de France, lesquels ont signé, en presence de moy curé soubsigné revestu de surplis et estole.
Louis
M.A. Chrestienne
J. Benigne, a. e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Paulin dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy huitieme avril mil six cens quatre vingts, ont esté suplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Louis Marie Arman Semiane de Gorde, evesque de Langre, duc et pair de France, et premier aumonier de la Reyne, à Louis, né le vingt quatrieme de mars dernier passé, ondoyé par Barbe Le Brun, sage femme au Pecq, dans la necessité ainsi qu’elle nous l’a certifié, fils de Louis Paulin, commis aux aides aud. Pecq, et de Marguerite Daniel, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte dame dame Françoise de Rochechouart, marquise de Montespan, surintendante de la maison de la Reyne, lesquels ont signé, le tout du consentement du sieur curé du Pecq donné verbalement à lad. mere de l’enfant et à moy curé soubsigné, revestu de mon surpelis et estole. »

Acte de baptême de Louis Paiard des Jardins dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt sixieme mars mil six cens quatre vingts et un, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon, precepteur de tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, et premier aumonier de tres haulte, tres puissante et tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, à Louis, né le quatrieme mars mil six cens soixante et onze, et ondoyé avec la permission de monseigneur l’archevesque en datte du huitieme du mesme mois ainsi qu’il nous l’a esté certifié par messire Jean Jacques Paiard, sieur des Jardins, pere, filz dud. messire Jean Jacques Paiard, sieur des Jardins, et de dame Honorée Lenet, nourice de deffunte madame Marie Thereze de France, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant et tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte, tres puisante et tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné.
Louis
M. Anne Chrestienne
J. Benigne, a. e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Millet dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt septiesme fevrier mil six cens soixante et dix sept, ont esté supplées les ceremonies du baptesme par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon et precepteur de monseigneur le Dauphin, en la chapelle du chasteau vieil de ce lieu, à Louis, ondoyé avec la permission de monsieur l’evesque de Paris l’onzieme juin mil six cens soixante et seize, fils de Claude Millet, officier du Roy, et de Marie Magdelaine Andry, ses pere et mere, le parrein monseigneur le Daulphin, la mareine damoiselle damoiselle Marie Anne de Bourbon, princesse de Blois, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné.
Louis
Marie Anne de Bourbon, l. de France
J. Benigne, e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Machinet dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy dixieme juillet mil six cens quatre vingts, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Louis Marie Harman de Simianes de Gordes, evesque duc de Langre, pair de France, premier aumonier de la Reyne, à Louis, né le vingt quatrieme du mois de may dernier passé et ondoyé en cette parroisse avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris en datte dud. jour de may, fils de Claude Machinet, garçon de la garde robe de monseigneur le Dauphin, et de Françoise Maugrin, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte, tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, lesquels ont signé.
Louis
M.A. Chrestienne
L. M. Ar., evesque duc de Langres »

Acte de baptême de Louis Le Peintre dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt huitieme fevrier mil six cens quatre vingts et un, ont esté suplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon, precepteur de tres haut et tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, et premier aumonier de tres tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, à Louis, née le vingt quatre du mesme mois et ondoyé le vingt sixieme dud. mois avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris en datte du vingt cinq du present mois, filz d’Augustin Jean Le Peintre, ordinaire de la musique du Roy, et de Marie Bordene, ses pere et mere, le parain tres haut, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haute, tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphin de France, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné.
Louis
M. Anne Chrestienne
J. Benigne, a. e. de Condon
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Lachenest dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy douziesme novembre mil six cents soixante et quatorze, ont esté supplées en la chapelle du chasteau vieux de ce lieu les ceremonies du baptesme par monseigneur Jacques Benigne Bossuet, ancien evesque de Gondon et precepteur de monseigneur le Dauphin, à Louis, ondoyé le quinziesme aoust de la presente année avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris en datte du quatorsiesme du mesme mois, fils d’honorable homme Louys Lachenest, garçon de la chambre de monseigneur le Dauphin, et d’Anne Pretieus, ses père et mere, le parrein tres hault, tres puissant prince Louys, dauphin de France, la marrine tres haulte et tres puisssante dame Anne de Forts, duchesse de Richelieu et de Fronssac, dame d’honneur de la Reyne, en presence et du consentement de moy curé soubsigné revestu de mon surpelis et estolle, et faute de scavoir le nom du pere et de la mere et le jour de l’ondoyement, le present baptesme n’a peu estre mis en son lieu et place, et ont signé.
Louis
J. Benigne, a. e. de Condon
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Hoccart dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Le 16e juillet 1670, furent supplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme en la chapelle du chasteau vieil de Saint Germain en Laye par moy curé dud. lieu soubz signé à Louys, fils d’honorable homme Michel Hoccart, premier garçon de la chambre de monseigneur le Dauphin, et de Marie Françoise Clin, sa femme, ondoyé du 8e may en la presente année par M. Charles Bailly, prestre et chapellain, vicaire de l’eglise de ced. lieu, lé du jour precedent à quatre heures du matin, le parrein Louys, dauphin de France, la marreine pour haute et puissante dame Julie d’Angenne, duchesse de Montauzier, dame d’honneur de la Reyne, madame Judic de Saint Maure, femme de haut et puissant seigneur messire Emanuel, comte de Cursoles. »

Acte de baptême de Louis Hilaire dit Dolivet dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt unieme novembre mil six cens soixante et dix neuf, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon et precepteur de monseigneur le Dauphin, à Louis, ondoyé avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris dans l’eglise parroissiale de Saint Etienne du Mont, comme il appert par le certificat du sieur curé de ladicte parroisse en datte du onziesme octobre dernier, né le neufvieme dud. mois, fils de Jacques Hilaire dict Dolivet, maistre à danser de monseigneur le Dauphin, et de Jacqueline Dimanche Foureau, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince monseigneur le Dauphin, la mareine haute et puissante dame dame Anne de Fort, duchesse de Richelieu et dame d’honneur de la Reyne, lesquels ont signé en presence et du consentement de moy curé subsigné, revestu du surpelis et etole, avec le pere present.
Louis
J. Benigne, a. e. de Condon »

Acte de baptême de Louis Guillon de Fonteny dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy dix septiesme juin mil six cens soixante et treize, ont esté supplées en la chapelle du chasteau vieux de ce lieu par monseigneur l’evesque de Condon les ceremonies du baptesme à Louis, ondoyé par nous le dix huitiesme may de la mesme année avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris, fils de noble homme Louis Guillon de Fonteny et de damoiselle Nicolas Peis, ses père et mere, le parin tres haut et puissant seigneur monseigneur le Daufin, la marine tres haute et tres puissante dame madame Elizabeth d’Orleans, epouse de tres haut et tres puissant prince feu monseigneur Joseph Louis de Loreine, duc de Guise, de Joyeuse et d’Engouleme, prince de Joinville, comte de Penthieux, pere de France, et le tout en presence et du consentement de moy curé soubsigné revetu de mon surpelis et ettolle, lequels ont signé.
Louis
Elisabeth d’Orleans
J. Benigne, a. e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Gaboury dans la chapelle du Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Le vendredy 20e de mars 1671, furent supplées au chasteau neuf par monseigneur l’evesque de Condon, precepteur de monseigneur le Dauphin, les ceremonies du saint sacrement de baptesme à Louys, né du 23e d’octobre mille six cents cinquante six et ondoyé le mesme jour, fils de noble homme Jacques Gaboury, porte manteau de la chambre de la feue Reyne mere du Roy, et de damoiselle Anne Bossuet, femme de chambre de lad. dame Reyne mere, sa femme, le parrein mond. seigneur le Dauphin, fils aisné de France, la marreine tres haute et puissante princesse Anne Louyse Marie d’Orleans, duchesse de Monpensier. »

Acte de baptême de Louis Fanet dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy cinquieme mars mil six cens quatre vingts et un, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon, precepteur de tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France et premier aumosnier de tres haute, tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, à Louis, né le jeudy douzieme septembre dernier passé et ondoyé led. jour sur la teste en necessité par Marguerite Morigot, sage femme et epouse de François Lavoiziere, fils de Nicolas Fanet, valet de pied de tres haulte, tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, et de Nicolle Guenin, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte, tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné.
Louis
M. Anne Chrestienne
J. Benigne, e. de Condon
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Dormy dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Le 21e de juin, jour de mardy, 1672, furent supplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme en la chapelle du chasteau vieil de Saint Germain en Laye à Louys, né du 27e febvrier 1669, ondoyé par M. le curé de Vinzelle avec la permission de M. l’evesque de Macon, et lesd. ceremonies supplées par Son Eminence monseigneur le cardinal de Bonzy, archevesque de Thoulouze et grand aumosnier de la Reyne, en presence et du consentement de M. le curé, revestu de son surplis avec l’estolle au col, fils de noble homme Charles François Dormy, chevallier, baron de Vinzelle et de Beauchamps, et de dame Françoise Desfroz sa femme, le parrein tres haut et tres puissant prince monseigneur le Dauphin, fils aisné de France, la marreine haute et puissant princesse mademoiselle Anne Marie Louyse d’Orleans. »

Acte de baptême de Louis Cuvier de Montsoury dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt troizieme mars mil six cens quatre vingts et un, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon, precepteur de tres hault, tres puissant et tres excellent prince Louis, dauphin de France, et premier aumonier de tres haulte, tres puissante et tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, à Louis, ondoyé le troizieme may dernier passé avec la permission de monseigneur l’archevesque en datte du jour precedent dud. may, né aussi le mesme jour douzieme may, filz de messire Pierre Cuvier, seigneur de Monsory, maitre des eaux et forets de ce lieu, et de dame Louise Milet, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant, tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine tres haulte, tres puissante, tres excellente princesse Marie Anne Chrestienne Victoire de Bavieres, dauphine de France, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné.
Louis
M. Anne Chrestienne
J. Benigne, a. e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Courdonner dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy cinquiesme fevrier mil six cent soixante et quinze, ont esté supplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chateau vieil de ce lieu par monseigneur Jacques Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon et precepteur de monseigneur le Daulphin, à Louis, aagé de deux ans, ondoié à Paris par mons. l’abbé Dupons avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris, filz d’honorable homme René Courdonner, garçon de la chambre de monseigneur le Dauphin, et de Marie Louise Anne Binet, ses pere et mere, le parein tres haut et tres puissant prince Louis de Bourbon, dauphin de France, la mareine haute et puissante dame Marie de Montosier, femme de haut et puissant seigneur monsieur le duc de Crusolle, en presence et du consentement de moy curé soubsigné revestu de mon surply et etolle.
Cagnyé »

Acte de baptême de Louis Clivet dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt septiesme decembre mil six cent soixante et treize, ont esté supplées les ceremonies du baptesme à la chapelle du chasteau vieil de ce lieu à Louis, né le dix septieme aoust mil six cents soixante et treize et ondoyé par monsieur le vicaire de la parroisse de Saint Germain de l’Auxerrois le dix neufieme aoust de la presente année par permission de monseigneur l’archevesque, fils de Daniel Clivet, sieur de la Chataignerée, thresorier de monseigneur le Daulphin, des Enfans de France et de monseigneur le duc de Montosier, et de damoiselle Isabelle Binel, ses pere et mere, le parrain tres haut et tres puissant prince monseigneur le Daulphin, la marreine dame Marie Julie de Sainte Maure, femme de monseigneur le compte de Crussole, gouverneur d’Angoumois et Saintonge, lesquelles ceremonies ont esté supplées par monseigneur l’evesque de Condon, gouverneur de monsieur le Daulphin, en la presence et du consentement de moy curé soubsigné revestu de mon surplis et estolle.
Louis »

Acte de baptême de Louis Bruno dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’hui cinquiesme janvier mil six cents soixante et quatorze, ont esté suplées en la chappelle du chasteau vieux les ceremonies du baptesme à Louys, ondoyé l’unziesme juillet mil six cents soixante et huict par monsieur le curé de la parroisse de Saint Roch de Paris avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris, fils d’Adrien Bruno, officier du Roy, et de Anne Benoist, ses pere et mere, le parrain tres hault et tres puissant prince Louys, dauphin de France, la marrine tres haulte et tres puissante dame Françoyse Athelayste de Rochechoir, femme de tres hault et tres puissant seigneur monsieur le marquis de Montespan, lesquelles ceremonies ont esté suplées par monseigneur l’evesque de Condon, precepteur de monseigneur le Dauphin, en la presence et du consentement de moy curé soubssigné revestu de mon surpellis et estolle.
Louis
Cagnyé
Françoise de Rochechouart »

Acte de baptême de Louis Bilet dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt neufieme decembre mil six cent soixante et dix neuf, ont esté spplées les ceremonies du baptesme en la chapelle du chasteau vieil de ce lieu par monseigneur Benigne Bossuet, ancien evesque de Condon et precepteur de monseigneur le Dauphin, à Louis, ondoyé par monsieur le curé de Saint Eustache de Paris en datte du [vide] aoust et né le troizieme aoust mil six cens soixante et dix neuf, fils de Jacques Bilet, conseiller du Roy et payeur des rentes de l’hostel Dieu de Paris, et d’Elisabeth Le Bouteux, ses pere et mere, le parein tres haut, tres puissant prince monseigneur le Dauphin, la mareine damoiselle damoiselle July de Cursol, fille de tres hault et tres puissant seigneur monseigneur le duc de Cursol et de July de Saint More, lesquels ont signé en presence et du consentement de moy curé soubsigné.
Louis
Julie de Crussol
J. Benigne, a. e. de Condom
Cagnyé »

Acte de baptême de Julie Madeleine Ozannes dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le dauphin étant son parrain

« Ce jourd’huy onzieme janvier mil six cens quatre vingts deux, ont esté supplées les ceremonies du bapteme en la chapelle du chasteau vieil par monseigneur Benigne Bossuet, evesque de Meaux et precepteur de tres hault, tres puissant et tres excellent prince Louis, dauphin de France, à Louis, né le cinquieme d’aoust dernier passé et ondoyé avec la permission de monseigneur l’archevesque de Paris, filz de Claude Bazinet, chef de fouriere de madame la Dauphine, et de Geneviefve Delange, ses pere et mere, le parain tres hault, tres puissant et tres excellent prince Louis, dauphin de France, la mareine haulte et puissante dame dame Marie Marguerite de Fourcy, femme de hault et puissant seigneur messire Baltazar Phelipeaux, chevalier, seigneur de La Vrilliere, marquis du Chasteauneuf, comte de Saint Florentin et autres lieux, conseillers du Roy en tous ses conseils, ministre et secretaire d’Estat et secretaire des ordres de Sa Majesté, lesquels ont signé en presence de moy curé soubsigné.
Louis
M. M. de Fourcy
J. Benigne, e. de Meaux
Cagnyé »

Récit par François-René de Chateaubriand d’une chasse royale dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 337] Le duc de Coigny me fit prévenir que je chasserais avec le Roi dans la forêt de Saint-Germain. Je m’acheminai de grand matin vers mon supplice, en uniforme de débutant, habit gris, veste et culotte rouges, manchettes de bottes, [p. 338] bottes à l’écuyère, couteau de chasse au côté, petit chapeau française à galon d’or. Nous nous trouvâmes quatre débutants au château de Versailles, moi, les deux messieurs de Saint-Marsault et le comte d’Hautefeuille. Le duc de Coigny nous donna nos instructions : il nous avisa de ne pas couper la chasse, le Roi s’emportant lorsqu’on passait entre lui et la bête. Le duc de Coigny portait un nom fatal à la Reine. Le rendez-vous était au Val, dans la forêt de Saint-Germain, domaine engagé par la couronne au maréchal de Beauveau. L’usage voulait que les chevaux de la première chasse à laquelle assistaient les hommes présentés fussent fournis des écuries du Roi.
[f. 339] On bat aux champs : mouvement d’armes, voix de commandement. On crie : le Roi ! Le Roi sort, monte dans son carrosse : nous roulons dans les carrosses à la suite. Il y avait loin de cette course et de cette chasse avec le roi de France, à mes courses et à mes chasses dans les landes de la Bretagne ; et plus encore, à mes courses et à mes chasses avec les sauvages de l’Amérique : ma vie devait être remplie de ces contrastes.
Nous arrivâmes au point de ralliement, où de nombreux chevaux de selle, tenus en main sous les arbres, témoignaient leur impatience. Les carrosses arrêtés dans la forêt avec les gardes ; les groupes d’hommes et de femmes ; les meutes à peine contenues par les piqueurs ; les aboiements des chiens, le hennissement des chevaux, le bruit des cors, formaient une scène très animée. Les chasses de nos rois rappelaient à la fois les anciennes et les nouvelles mœurs de la monarchie, les rudes passe-temps de Clodion, de Chilpéric, de Dagobert, [p. 340] la galanterie de François Ier, de Henri IV et de Louis XIV.
J’étais trop plein de mes lectures pour ne pas voir partout des comtesses de Chateaubriand, des duchesses d’Etampes, des Gabrielle d’Estrées, des La Vallière, des Montespan. Mon imagination prit cette chasse historiquement, et je me sentis à l’aise : j’étais d’ailleurs dans une forêt, j’étais chez moi.
Au descendu des carrosses, je présentai mon billet aux piqueurs. On m’avait destiné une jument appelée l’Heureuse, bête légère, mais sans bouche, ombrageuse et pleine de caprices ; assez vive image de ma fortune, qui chauvit sans cesse des oreilles. Le Roi mis en selle partit ; la chasse le suivit, prenant diverses routes. Je restai derrière à me débattre avec l’Heureuse, qui ne voulait pas se laisser enfourcher par son nouveau maître ; je finis cependant par m’élancer sur son dos : la chasse était déjà loin.
Je maitrisai d’abord assez bien l’Heureuse ; [p. 341] forcée de raccourcir son galop, elle baissait le cou, secouait le mors blanchi d’écume, s’avançait de travers à petits bonds ; mais lorsqu’elle approcha du lieu de l’action, il n’y eut plus moyen de la retenir. Elle allonge le chanfrein, m’abat la main sur le garrot, vient au grand galop donner dans une troupe de chasseurs, écartant tout sur son passage, ne s’arrêtant qu’au heurt du cheval d’une femme qu’elle faillit culbuter, au milieu des éclats de rire des uns, des cris de frayeur des autres. Je fais aujourd’hui d’inutiles efforts pour me rappeler le nom de cette femme, qui reçut poliment mes excuses. Il ne fut plus question que de l’aventure du débutant.
Je n’étais pas au bout de mes épreuves. Environ une demi-heure après ma déconvenue, je chevauchais dans une longue percée à travers des parties de bois désertes ; un pavillon s’élevait au bout : voilà que je me mis à songer à ces palais répandus dans les forêts de la couronne, en souvenir de l’origine des rois chevelus [p. 342] et de leurs mystérieux plaisirs : un coup de fusil part ; l’Heureuse tourne court, brosse tête baissée dans le fourré, et me porte jusqu’à l’endroit où le chevreuil venait d’être abattu : le Roi paraît.
Je me souvins alors, mais trop tard, des injonctions du dc de Coigny : la maudite Heureuse avait tout fait. Je saute à terre, d’une main poussant en arrière ma cavale, de l’autre tenant mon chapeau bas. Le Roi regarde, et ne vois d’un débutant arrivé avant lui aux fins de la bête ; il avait besoin de parler ; au lieu de s’emporter, il me dit avec un ton de bonhomie et un gros rire : « Il n’a pas tenu longtemps ». C’est le seul mot que j’aie jamais obtenu de Louis XVI. On vint de toutes partes ; on fut étonné de me trouver causant avec le Roi. Le débutant Chateaubriand fit du bruit par ses deux aventures ; mais, comme il lui est toujours arrivé depuis, il ne sut profiter ni de la bonne ni de la mauvaise fortune.
Le Roi força trois autres chevreuils. Les débutants [p. 343] ne pouvant courre que la première bête, j’allai attendre au Val avec mes compagnons le retour de la chasse.
Le Roi revint au Val ; il était gai et contait les accidents de la chasse. On reprit le chemin de Versailles. Nouveau désappointement pour mon frère : au lieu de m’habiller pour me trouver au débotté, moment de triomphe et de faveur, je me jetai au fond de ma voiture et rentrai dans Paris plein de joie d’être délivré de mes honneurs et de mes maux. Je déclarai à mon frère que j’étais déterminé à retourner en Bretagne. »

Chateaubriand, François-René (de)

Description dans le Traité de vénerie de Jacques Le Fournier d'Yauville des conditions des chasses royales à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 289] Etablissemens des meutes de la Vénerie dans les différentes saisons de l’année ; les rendez vous et les quêtes dans les forêts et buissons dans lesquels elles chassent, et les endroits où l’on place les relais.
Forêt de Saint Germain
Etablissement des équipages
Quoique les meutes de la Vénerie ayent leur principal établissement à Versailles, on verra cependant par le détail suivant qu’elles n’y passent pas plus de quatre à cinq mois de l’année et que rarement elles y restent plus de six semaines de suite. Lorsqu’à la fin de décembre les mauvais temps ne permettent plus de chasser dans les environs de Versailles, les équipages vont s’établir à Saint Germain pour y chasser la plus grande partie de l’hiver. La grande meute habitoit autrefois le chenil de Marly mais, en 1756, on l’établit à Saint-Germain, pour être plus à portée de la forêt et on la mit dans le chenil de l’hôtel de Toulouse, où la [p. 290] petite meute étoit alors : celle ci fut mise dans un ancien chenil appartenant au Roi et y est restée jusqu’à sa réforme en 1774. Ce chenil avoit servi anciennement pour les équipages de nos rois mais depuis longtemps il n’étoit plus habité. Le roi Louis XV, en 1772, voit fait acheter l’hôtel du Maine tenant à l’ancien chenil, à dessein d’y établir une de ses meutes du cerf, mais la petite ayant été réformée, les chenils de cet hôtel ont été destinés pour la meute du chevreuil et les logemens pour les veneurs qui n’en avoient pas au chenil. La position de la meute du cerf est très belle et est d’autant plus commode pour les chiens qu’en ouvrant la porte de chaque chenil ces animaux entrent dans une cour fermée qui leur sert d’ébat et dans laquelle par conséquent ils ne courent aucun risque.
La forêt de Saint Germain est entourée de murs depuis Saint Germain jusqu’à Poissy, d’un côté, et de l’autre côté depuis Saint Germain jusqu’à La Frette ; depuis ce dernier endroit jusqu’à Poissy elle est fermée par des escarpements très hauts par delà la rivière de Seine ; par ce moyen, les animaux ne pouvoient pas en sortir, mais à présent les escarpemens sont dégradés en plusieurs endroits. Cette forêt est fort agréable et commode pour les chasses d’hiver ; non seulement il n’y a aucune montagne, mais le terrain est de sable dans la plus grande partie, ce qui fait qu’on peut y chasser au commencement et à la fin des gelées, et par d’autres temps qui ne permettroient pas de chasser ailleurs.
[p. 291] Comme cette forêt ne pouvoit pas elle-même fournir assez de cerfs, surtout lorsque le roi Louis XV y chassoit avec ses deux meutes, on a pris le parti d’y élever chaque année une trentaine de faons mâles qu’on y fait transporter des forêts de Compiègne et de Fontainebleau, où on les prend lorsqu’ils ne font que de naître. On les met dans des enclos faits exprès, ils y restent renfermés pendant un an et ensuite on leur donne la liberté dans la forêt : ils y sont très familiers dans les premiers temps, et s’écartent peu de l’endroit où ils ont été nourris, mais quand ils ont entendu les chiens et qu’ils les ont vus de près, ils fuient et deviennent farouches comme tous leurs semblables ; quelques uns sont méchans et ont même blessé plusieurs personnes, mais ce n’est que par excès d’une familiarité dans laquelle on a souvent l’imprudence de les entretenir ; quand on les rencontre, ils se laissent approcher, on leur donne du pain, au moyen de quoi ils s’accoutument aux hommes et ne les craignent plus ; quoi qu’il en soit, ces cerfs élevés réussissent très bien et quand ils ont seulement leur seconde tête, ils courent et se défendent mieux que ceux qui sont nés dans la forêt. On faisoit autrefois passer des cerfs dans la forêt de Marly dans celle de Saint Germain, par le moyen des toiles, et ensuite par celui de deux rangées de claies, qui communiquoient d’une forêt à l’autre, mais ces cerfs tourmentés et fatigués, dans les raccourcis et dans le passage, reprenoient rarement assez de vigueur pour se défendre [p. 292] devant les chiens ; plusieurs même mouroient étiques ; et c’est aussi après ce peu de succès qu’on a pris le parti d’élever des faons. Comme il y a beaucoup d’animaux et peu de gagnages dans cette forêt, on y a construit en différens endroits des rateliers, dans lesquels on met du foin pendant l’hiver, de l’avoine en paille et une autre espèce de fourrage qu’on nomme cossat ; cette nourriture, que les cerfs aiment, les soutient et les rend plus vigoureux qu’ils ne le sont ordinairement en cette saison. La rivière de Seine passant, comme je l’ai dit, au bout de la forêt depuis La Frette jusqu’à Poissi en deçà des escarpemens, les cerfs alloient presque tous s’y faire prendre et par conséquent le Roi ainsi que ceux qui avoient l’honneur de le suivre étoient souvent et longtemps exposés au froid et à la pluie. Mais en 1750 ou 1751, on a posé des claies le long et en deçà de la rivière, au moyen de quoi les cerfs ne pouvant plus y aller, se fond prendre dans la forêt, ou le long de ces mêmes claies. Il est bon de dire qu’avant cette précaution, on perdoit souvent des chiens, surtout lorsque la rivière étoit débordée ; ces malheureux animaux, saisis de froid en battant l’eau, manquoient de force pour regagner le bord et se noyoient. Ces claies enfin sont très commodes et très utiles à beaucoup d’égards. A la fin de 1778, le Roi a fait faire un treillage depuis la porte de Maisons jusqu’à Achères, avec des portes à chaque route ; on les ferme lorsqu’il juge [p. 293] à propos de ne chasser que dans le bout du pays : il arrive souvent qu’il n’a pas gelé assez pour gâter le bout du pays, qui est presque tout sable, et par conséquent bon à courir, tandis que les environs de Saint Germain en valent rien. Ce même treillage a servi aussi pour empêcher les cerfs d’aller aux plantations, lorsque la rivière y entre quand elle déborde considérablement et qu’il y auroit du risque pour les chiens. Il sert aussi lorsque de grands ventes abattent une partie des claies.
Rendez-vous
On a choisi les principaux rendez-vous dans tous les pays dont il sera parlé ci après de manière que, par la distribution des quêtes, tout le pays puisse être fait. On a mis les premières celles qui se font le plus habituellement ; il faut les préférer s’il n’y a pas assez de valets de limiers pour faire toutes celles désignées. Si on fait d’autres rendez vous que ceux indiqués, on choisira dans les différentes quêtes celles qui seront plus à portée desdits rendez vous.
Les principaux rendez vous de la forêt de Saint Germain sont : les Loges, le carrefour de Noailles, la Muette et rarement la croix de Saint-Simon.
Les Loges
Il est dit dans un traité de chasse fait du temps de Charles IX que la maison et le parc des Loges ont été faits pour élever les chiens blancs greffiers, qui [p. 294] jadis composoient une des meutes de nos rois. Aujourd’hui, le parc ne subsiste plus, il est confondu dans le reste de la forêt sous le nom de petit parc. La maison existe, une partie fait depuis longtemps un couvent de petits pères augustins et l’autre partie est habitée par un garde de la forêt. Il y a outre cela quelques chambres où s’assemblent les officiers de la Maitrise pour l’adjudication des bois. Le roi Louis XV avoit fait arranger une de ces chambres pour un de ses rendez-vous de chasse et pour s’y chauffer en descendant de carrosse.
Carrefour de Noailles
En 1747 ou en 1748, le roi Louis XV a fait bâtir à ce carrefour un pavillon, non seulement pour sa commodité, mais encore pour celle de ses veneurs qui s’y chauffent et qui y déjeunent au retour du bois. On verra ci après que Sa Majesté a fait faire d’autres pavillons à plusieurs rendez vous aux environs de Versailles ; celui du carrefour de Noailles n’est composé que d’une seule pièce avec une très grande cheminée : le Roi y descend, s’y botte, mais il ne s’y arrête pas, ni aux Loges, au retour de la chasse. Sa Majesté revient à Saint Germain à l’hôtel de Noailles, où Elle mange quelque fois un morceau, et remonte ensuite en voiture pour retourner à Versailles. Le carrefour de Noailles est grand et beau ; feu M. le maréchal de Noailles y a fait placer en 1749 une croix fort élevée qui existe [p. 295] encore. Avant qu’on eût bâti le pavillon, les rendez vous se faisoient à la croix de Berny.
Carrefour de la Muette
Les rendez-vous autrefois ne se faisoient point à ce carrefour, parce qu’il n’y avoit que très peu de bois par delà ; mais depuis qu’on a planté les Petrons et la plaine de Maisons jusqu’au chemin de Conflans, ces nouveaux repeuplemens qui ont très bien réussi étant trop éloignés des rendez-vous dont il vient d’être parlé, on s’est décidé pour celui-ci, qui est à portée de tout ce bout de pays. Le roi Louis XV y a fait bâtir en 1772 un pavillon sur les fondemens d’un château qui jadis avoit servi de maison de chasse à plusieurs de nos rois. Ce pavillon en général est plus beau et beaucoup plus grand que celui du carrefour de Noailles. »

Le Fournier d'Yauville, Jacques

Récit signalant les places occupées par Louis XIV et ses favorites dans la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Le Roi vivait avec ses favorites, chacune de son côté, comme dans une famille légitime : la Reine recevait leurs visites ainsi que celles des enfants naturels, comme si c’était pour elle un devoir à remplir, car tout doit marcher suivant la qualité de chacune et la volonté du Roi. Lorsqu’elles assistaient à la messe à Saint-Germain, elles ses plaçaient devant les yeux du Roi, Mme de Montespan avec ses enfants sur la tribune à gauche, vis-à-vis de tout le monde, et l’autre à droite, tandis qu’à Versailles Mme de Montespan était du côté de l’Evangille et Mlle de Fontanges sur des gradins élevés du côté de l’Epître. Elles priaient, le chapelet ou leur livre de messe à la main, levant les yeux en extase, comme des saintes. Enfin, la Cour est la plus belle comédie du monde. »

Primi Visconti

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’audience donnée par le roi à Soliman Aga, ambassadeur du sultan, au Château-Neuf

« [f. 124] Le 5e [décembre], le sieur de Berlise, introducteur des ambassadeurs, estant venu prendre Soliman dans les carosses du Roy et de la Reine, ils entrerent dans celuy du Roy avec les sieurs de la Giberti, l’interprete et l’aumonier. Ils dinerent à Chatou, où l’on amena les chevaux de la grande ecuirie qu’ils enharnacherent à leur mode [f. 124v] et qu’ils renvoyerent au Pec. Ils decendirent de carrosse et monterent sur les chevaux qui les attendoient, se mettant en marche deux à deux, ayant le sieur Giraud à leur teste.
Soliman marchoit entre le sieur de Breslise et le sieur de la Giberti, ayant son interprete devant luy. Une des circonstances qui est plus à remarquer est que les Turcs estoient sans armes et que Soliman n’avoit pas meme de sabre. Ils entrerent en cet ordre dans la cour du chateau neuf, où ils trouverent des bataillons formez par les compagnies des regimens des gardes françoises et suisses et des escadrons formez par les mousquetaires. Les chevaux legers, les gendarmes, les gardes du corps, les gardes de la porte, les archers du grand prevost, les Cent Suisses estoient en haye depuis la porte de la petite cour jusqu’au haut du perron. Soliman mit pied à terre dez l’entrée de la petite cour, n’estant pas suffisante pour contenir le nombre de chevaux qui l’accompagnoient, et marcha à pied dans le mesme ordre qu’il estoit venu, passant au travers de la garde ordinaire des gardes du corps qui se trouverent sur le perron dans la salle des gardes. De là, il passa dans plusieurs chambres superbement tendues et se rendit ainsy dans la grande galerie [f. 125] où le Roy l’attendoit.
Cette galerie estoit parée de plusieurs belles tapisseries de la Couronne. Tout le parterre etoit couvert de tapis de pied et les deux costez de la galerie estoient remplis de grands vases d’argent elevez sur des pies destaux aussy d’argent. Au bout de la galerie estoit un trone elevé sur huit marches orné de pareils vases et de caisses d’argent dont le prix estoit de plus de vingt millions. Monsieur, M. le Prince et M. le duc d’Enguien estoient à ses costez, vestus de tres superbes habits, et tous les seigneurs de la cour, qui estoient en si grand nombre qu’ils formoient un triple rang le long de la galerie, estoient aussy tres magnifiquement habillez.
Lorsque Soliman entra dans la galerie, le bruit qui s’y faisoit auparavant cessa d’une manière si surprenante, au seul signal que Sa Majesté fit, qu’il a declaré depuis avoir esté surpris du profond respect que les courtisans rendent au Roy.
Quelque temps quant Soliman entrast dans cette galerie, il tira la lettre du Grand Seigneur d’une toilette qui estoit renfermée dans un sac de brocard de la longueur d’un pied et la tint dans ses mains, elevée de la hauteur de sa barbe, marchant toujours entre les sieurs de Berlise et de la Giberti jusques au pied du trosne, faisant avec tous ses gens le mesme nombre de reverences que le sieur Giraud qui estoit à leur teste.
Soliman, estant arrivé au pied des degrez du trone, fit une profonde reverence et commença son compliment, qui fut expliqué par son interprete en ces termes : Sire, Soliman Aga dit à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale que le tres haut et tres puissant empereur ottoman sultan Mahomet Han, quatrieme du nom, son maitre, l’envoye à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale luy porter cette lettre et luy dire que les deux empires ont toujours esté en tres bonne intelligence, qu’il en souhaite la continuation et que, pour cet effet, il a retenu M. de la Haye Ventelet, ambassadeur de Vostre Majesté imperiale à la Porte et souhaite à vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale toute sorte de bonheur, de felicité et de prolongation de vos jours. A quoy le Roy repondit qu’il avoit toujours eu bien de la joye [f. 126] de voir l’intelligence qui estoit entre les deux empires, que de son coté il contribueroit toujours à l’entretenir et qu’il pouvoit remettre sa lettre entre les mains de M. de Lionne. L’interprete ayant fait attendre à Soliman la reponse du Roy, Soliman dit à Sa Majesté que le Grand Seigneur, son maitre, luy ayant commandé de remettre sa lettre entre les mains propres de Sa Majesté, il la supplioit de luy faire cet honneur. Sa Majesté luy ayant accordé volontiers cette grace, il monta les degrez du trone, tenant toujours sa lettre elevée. Estant au dernier degré, et voyant Sa Majesté ne se lever pas pour recevoir la lettre, il dit que, lorsque le Grand Seigneur, son maitre, la luy avoit donné, il s’estoit levé en signe d’estime et d’amitié pour Sa Majesté, qu’il la supplioit de vouloir la recevoir de la mesme manière qu’il la luy avoit donnée. Le sieur de Lyonne, ayant appris par l’interprete le dessein de Soliman, lui demanda qui pouvoit estre garand de ce qu’il advançoit, ce qui neantmoins ne lui fut point interpreté, le Roy dans le moment s’estant tourné vers le sieur de Guitry, grand maitre de la garde robe, qui s’estoit autrefois trouvé à la Porte à l’audiance de M. de la Haye, luy [f. 126v] demanda si le Grand Seigneur s’estoit levé lorsque son ambassadeur luy avoir rendu sa lettre. Le sieur de Guitry luy ayant repondu que non, dit tout haut que, puisque le Grand Seigneur en recevant ses lettres par les mains de ses ambassadeurs ne se levoit pas, il ne se leveroit pas, aussy qu’il n’avoit qu’à donner sa lettre. La volonté du Roy estant connue à Soliman, il baisa le sac où estoit la lettre et, après l’avoir fait toucher à son front en faisant une profonde reverence, il la presenta au Roy qui la prit et la donna à M. de Lionne, qui appella les interpretes, le sieur Delacroix et le chevalier Dervius.
Dans le temps que les interpretes lisoient la subscription qui estoit sur un parchement et qui fermoit l’entrée du sac et qu’ils expliquoient au Roy les qualitez que le Grand Seigneur lui donnoit, Soliman descendit au bas du trone apres avoir fait une reverence, où estant, et branlant la teste, il dit tout haut que le Grand Seigneur ne seroit pas satisfait de la manière que le Roy recevoit sa lettre. Sa Majesté s’estant apperceu de ce mouvement de colere, demanda ce qu’il avoit dit, et luy ayant esté expliqué, aussitost dist tout haut et d’un ton serieux qu’il verroit la lettre et qu’il feroit reponse. Soliman, ayant sceu par son interprete ce que le Roy [f. 127] venoit de dire, il se retira en faisant trois reverences, apres lesquelles, ayant voulu tourner le dos à Sa Majesté, le sieur de la Giberti, qui estoit à sa droite, luy fit aussitost tourner le visage jusques à ce que le vuide qui estoit entre le Roy et Soliman fut remply et qu’il ne fut point en estat d’estre apperceu de Sa Majesté. Soliman se retira dans le mesme ordre qu’il estoit venu et remonta à cheval avec toute sa suite hors les portes du chateau neuf. »

Récit par Sebastiano Locatelli de sa visite au château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 169] Devant aller à Saint-Germain où était la Cour, je priai le Seigneur Abbé Louis Vigarani, chanoine de la cathédrale de Reggio en Lombardie et frère du Seigneur Charles, grand architecte de Sa Majesté, qui logeait à la Cour, d'avoir la bonté de m'accompagner, afin qu'il me fût plus facile de voir toutes les beautés du château et surtout du jardin de Sa Majesté. Il y consentit ; nous arrivâmes à Saint-Germain vers les vingt-deux heures, car nous étions partis tard et à pied, et il fallut bien trotter. Dès les premiers moments, nous sentîmes le parfait accord de nos caractères : aussi causâmes-nous toujours, et fîmes-nous avec plaisir et sans nous en apercevoir cette route de cinq lieues bien longues, tantôt en plaine, tantôt entre de petites collines délicieuses.
Saint-Germain-en-Laye est une fort belle petite ville à cinq [p. 170] lieues de Paris. Charles V et François Ier, attirés par les belles chasses des environs, firent reconstruire le château, et entourer la vaste forêt d’une chaîne de fer pour empêcher les bestiaux d'y pénétrer. Dans un coin de cette forêt se voit encore une grande table de marbre d’un seul morceau, près de laquelle on complota autrefois de trahir le Roi ; c'est là l'origine du nom de cette partie de la forêt. Louis XIII ajouta au château un très bel appartement accompagné de six galeries et de deux grandes ailes avec des portiques, pour servir de quartier aux gardes pendant le séjour de la Cour qui passe à Saint-Germain environ trois mois par an pour jouir du bon air. Ce que
je trouve de plus beau est le jardin. Nous demandâmes au concierge, M. de Queri, à le voir; mais comme le Roi s'y trouvait, il répondit qu'il ne savait comment faire pour nous le montrer, si nous n'avions le courage de revenir chez lui au point du jour, avant que personne de la Cour ne fût éveillé. Il fut entendu avec lui que nous viendrions à cette heure.
Étant logés au château, nous arrivâmes le lendemain plus tôt même qu'il n'aurait voulu, car il dut se lever pour nous introduire. Je parlerai des choses principales, et laisserai à l'imagination du lecteur le soin de se faire, d'après le peu [p. 171] que je dirai, une idée digne de ce jardin, le plus beau et le plus délicieux de tous ceux de ce genre appartenant à Sa Majesté. À un bon demi-mille du palais se trouvent cinq grottes souterraines renfermant diverses figures mises en mouvement par l'eau, et des oiseaux artificiels que le vent fait chanter Dans la première grotte, Orphée, en jouant de la lyre (mais toujours sur la même corde), fait sortir des animaux sauvages de toute espèce qui s'arrêtent autour de lui en poussant chacun son cri particulier. Les arbres, dont les rameaux forment comme un dais au-dessus de ces figures merveilleuses, s'inclinent en passant devant le Dieu ; puis vient le Roi tenant le Dauphin par la main, et tous les personnages s'inclinent devant Sa Majesté. Dans la seconde, une bergère chante par un fort bel artifice, en s'accompagnant de divers instruments, pendant que de nombreux oiseaux font entendre leur ramage accoutumé ; un rossignol de bois s'envole ensuite sur un arbre, et chante en battant des ailes et en ouvrant le bec si gracieusement qu'on le dirait vivant. Dans la troisième, on voit Persée frapper un monstre marin de son épée et délivrer Andromède ; les Tritons soufflent à grand bruit dans leurs conques, placent les amants sur deux chevaux marins et les emmènent. Dans la dernière, un dragon vomit des torrents d'eau en agitant la tête et les ailes ; Vulcain et Vénus se promènent sur cette eau dans une coquille argentée. Derrière cette grotte, il y en a une autre si fraîche en été qu’on y gèlerait, je crois, si on y restait une heure entière ; nous nous y arrêtâmes le temps [p. 172] d'un miséréré sans pouvoir supporter la rigueur du froid. Après nous avoir montré les grottes, et fait marcher devant nous toutes ces merveilles à l'aide de clés et de manœuvres secrètes, le valet du jardinier nous quitta. Le Seigneur Charles, bien qu'étant de la Cour, lui donna un franc.
En revenant par des galeries couvertes de verdure au moment où le soleil se levait, nous trouvâmes sous une tonnelle de laurier Mademoiselle de la Vallière la plus spirituelle de toutes les dames de Paris et devenue, grâce à son esprit, la favorite du Roi. Elle était en compagnie de quelques demoiselles et de cavaliers, occupée à se coiffer. A notre vue, elle resta aussi étonnée que nous, car elle croyait n'être surprise par personne, et attendait son Roi qui n'était pas loin. En nous apercevant, Sa Majesté qui se trouvait avec le Maréchal de [p. 173] Grammont, nous fit de la main signe de venir. Aussitôt l’Abbé, devenu plus pâle encore que moi, alla bien vite se jeter à ses pieds. Après avoir plié devant lui le genou suivant l'usage et baisé le bord de son bas, il se leva sur un signe de Sa Majesté, qui lui demanda comment il se trouvait là et qui était avec lui. Sa réponse entendue, le Roi me fit signe de venir aussi ; je m'approchai aussitôt, et après avoir imité mon compagnon que j’avais observé attentivement, je répondis de mon mieux en français aux questions de Sa Majesté. C'est en cette langue que je devrais rapporter notre dialogue, mais comme je ne pourrais y réussir, je l’écrirai en italien.
Le Roi. – D’où êtes-vous, Monsieur ?
Sébastien Locatelli. – De Bologne, pour servir Votre Majesté.
Le Roi. – Vous êtes d’un méchant pays.
S. L. – Comment ? Bologne n'est donc pas la mère des études, le palais des religieux, la patrie de nombreux saints, parmi lesquels on adore le corps incorruptible de sainte Catherine (à ce nom, Sa Majesté ôta son chapeau), aux pieds de laquelle Catherine de Médicis, Reine de France, déposa la couronne et le sceptre de son royaume ?
Le Roi. – C'est une chose difficile que vous entreprenez en voulant défendre un pays où les hommes sont les bouchers des autres hommes.
[p. 174] A ces mots, je restai muet et le visage couvert de rougeur. Le Roi nous tourna le dos en riant gracieusement. Ainsi congédiés, nous allâmes à la petite porte par laquelle nous étions entrés. Le concierge pensa mourir de chagrin en apprenant notre aventure. Il lui était expressément défendu de laisser entrer personne, afin que la Reine ne se doutât pas de la présence de sa rivale qui logeait chez lui ; aussi craignait-il une punition sévère ; mais le Roi ne dit rien, à notre connaissance du moins. »

Locatelli, Sebastiano

Récit par Niccolò Madrisio de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 324] Il luogo insigne per le fasce di Lodovico Decimo quarto è San Germano detto in Laja dalla vicinanza d’una selva di questo nome, principiato gia da Carlo Quinto, proseguito poi dagl’Inglesi, che ne furono qualche tempo Padroni, posto tra Parigi, d’onde è discosto qualche dodici miglia, e Poissi picciola città natalizia di San Luigi, e famosa per la conferenza seguita tra i Cattolici, e i Protestanti di Francia alla presenza di Carlo Nono, e di Catterina de’ Medici all’ora Reggente ne’ primi torbidi, che successer colà della Religione. A riguardo dell’onore, che ha avuto il Castello di San Germano di veder nascer Lodovico XIV, vi si recita ogn’anno li 5 Settembre nella Regia Capella un Panegirico in lode di Sua Maestà, de’quali se n’avra una seria omai di settanta, non essendo, come ben si può credere, tutti d’ugual bellezza, ne tutti corrispondenti al grand’ argomento, che trattano. Francesco Primo, che si dilettava oltra modo di caccie, ristabili in grazia delle medesime con qualche mutazione il vecchio Castello qual ora si vede girar attorno il Cortile in forma della lettera D, figura, ch’egli li fece dare per alluder al nom d’una Dama da lui amata, il quale principiava in tal lettera. Il nuovo Palagio fu fatto fabbricar [p. 325] da Enrico Quarto ; le sei Galerie, le numerose scale, le grotte sotterranee, i compartimenti del Giardino, o più tosto de’ vari Giardini, che s’incontrano nella discesa da quell’erto Colle sono opera di Lodovico Decimo Terzo, al che tutto il Monarca presente ha dati poi quegli ultimi delicati abbellimenti, c’han reso altre volte San Germano il più celebre di tutti i luoghi Reali. La Natura vi ha contribuito tutto per far il sito amenissimo, la vista aggradevole, e piena di tutti gl’immaginabili privilegi. In un gran tratto di paese, che di piena vaghezza si domina da quell’altezza veramente straordinaria, vi si scopre assai bene così lontano, ch’egl’è, lo stesso Parigi. Ciascuno de’ Giardini, e delle grotte accennate teneva già qualche giuoco curioso d’acqua con varie figure, che si moveano, le quali all’ora faceano una gran parte di queste delizie. Nella grotta, che ancora porta il nome da lui, v’era un’ Orfeo, che nell aprirsi dell’acqua suonava delicatamente la lira accorrendo da vari siti molte sorti d’animali ad udirlo : Diverse altre statue rappresentanti il Re, il Delfino, et la Corte s movevano a veder lo spettacolo, e gli arbori si piegavano alla loro comparsa. Vi era in altra Grotta un Perseo, che volava per aria a liberar Andromeda, ed un Dragone levatosi dibatteva strepitosamente le ali vomitando dalla bocca un gran fonte, attorno il quale molti Rosignoli, e Canarini disposti negli alberi facean la melodia, ch’è lor propria. Sorpasserò [p. 326] un popolo d’altre figure minori che bello stesso tempo maneggiavano ogn’altra sorta di musicali strumenti, e rappresentavano tutti i mestieri dell’arti correndo une spesa si grande nel mantenimento di tante macchine, e giuochi, che dicono che rottasi una volta una corda al violino d’Orfeo non costasse a Lodovico XIII meno di 300 scudi il rimetterla. V’avean pure delle Grotte asciutte, che col mezzo di certo moto secreto dell’acque producevano un venticello freschissimo, il quale in oltre animava Organi, e simili strumenti pneumatici. V’eran molt’altri ingegnosi scherzi non men d’acqua, che d’aria, i quali seccatisi i fonti dopo che il Re ha fermate le sue applicazioni a Versaglie, si son tutti guastati, rimasi inselvatichiti i Giardini della discesa suddetta, e sepolte nell’erba tutte quelle logge, e quelle, altre volte si magnifiche scale in guisa che sono divenute impraticabili, e mettono una formal compassione. Quando io fui colà vi latrava in quelle Galerie una Mandra di cani, che il Re Giacomo d’Inghilterra vi tenea rinserrati per uso delle sue caccie. Il vecchio Castello solo serviva all’abitazione di questo Re, e della sua Corte, come pure per di lui servigio si teneva aggiustata, e culta l’unica parte del Giardino superiore in cima del Colle, e s’era anzi accresciuta di non peche bellezze. San Germano all’ora, ciò che differ gli Storici del Palagio di Teodofico, si potea chiamar un rigido Monastero, ed una vera scuola morale nel soggiorno di [p. 327] quest’ esule coronato, e dell’ incomparabil Maria d’Este sua Moglie non solo perchè rappresentava la maggio peripezia di fortuna, che si sia mai veduta ai di nostri, ma anco per le tante virtù Cristiane, ed Eroiche, nelle quali ambidue incessantemente s’impiegavano avendo destinato per ciascun giorno della settimana qualche particolar esercizio della loro esemplarissima Divozione. »

Madrisio, Niccolò

Récit par John Sanderson de son passage à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 231] We now went two leagues and a half further to St. Germain, and walked upon its elegant Terrace. The [p. 232] Pretender is buried here, and several of the little Pretenders ; and in going along we looked at the Machine de Marli, which desires to be remembered to the Falls of Niagara. The water is climbing up an immense hill by dribbles to supply the little squirting Cupids at Versailles.
St. Germain was once the seat of the pleasures and magnificence of the Grand Monarch. He left it, because St. Denis, standing upon a high eastem eminence, overtopped his palace, a memento mori amidst the royal cups. Kings do not choose that these telltales of mortality shall look in at their windows. »

Sanderson, John

Récit de la venue de Bernin à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 15] M. Colbert est venu le lendemain, jour de la Fête-Dieu, prendre le Cavalier, comme il l'avait dit. Les seigneurs Paule et Mathie, l'abbé Butti et moi sommes entrés dans son carrosse. Il y avait un carrosse de la suite du Roi pour les gens du Cavalier. L’on est arrivé à Saint-Germain à neuf heures du matin. M. Colbert a été descendre chez lui, au vieux château, et y a été quelque temps avec le Cavalier, puis il l'a mené au château neuf, où est le logement de S. M. et des Reines. En entrant dans l'antichambre, l'on a appris que le Roi n'était pas encore habillé. M. Colbert est entré dans la chambre, et, après en être ressorti, il nous a fait faire le tour et a mené le Cavalier dans le cabinet de S. M., où étaient MM. les maréchaux de Gramont, du Plessis et autres personnes de haute qualité. Là, il s'est entretenu avec eux. Le Roi étant tout habillé, M. Colbert a fait entrer le Cavalier dans la chambre, et lui a fait saluer S. M., qui s'était mise à la croisée d'une fenêtre, avec le premier gentilhomme de sa chambre et le maître de la garde-robe. Le maréchal de Gramont y était aussi. Le Cavalier a fait son compliment au Roi avec une honnête hardiesse, et a dit à S. M., comme il avait fait à M. Colbert, les sujets qui l'avaient principalement engagé de venir en France. Après, venant au sujet du bâtiment du Louvre : « J'ai vu, Sire, a-t-il dit à S. M., les palais des empereurs et des papes, ceux des princes souverains qui se sont trouvés sur la route de Rome à Paris, mais il faut faire pour un roi de France, un roi d'aujourd'hui, de plus grandes et magnifiques choses que tout cela. » Puis, se tournant vers ceux qui faisaient cercle autour du Roi, il a ajouté : « Qu'on ne me parle de rien qui soit petit. » A cela, le Roi a pris la parole et a dit qu'il avait quelque affection de conserver ce qu’avaient fait ses prédécesseurs, mais que si pourtant l'on ne pouvait rien faire de [p. 16] grand sans abattre leur ouvrage, qu'il le lui abandonnait ; que pour l'argent il ne l'épargnerait pas. S. M. ensuite lui a fait toute sorte de bon accueil. Puis M. Colbert l'a ramené au vieux château. L'on avait tendu dans les cours les tapisseries de la couronne pour la procession du Saint-Sacrement (car c'était le jour de la Fête-Dieu) celle des Actes des Apôtres, les Triomphes de Scipion et les autres du dessin de Jules Romain. Après que le Cavalier les a eu considérées et trouvées fort belles, il m'a prié de le mener à la chapelle, où il est demeuré longtemps en prière, et, après la cérémonie, il a diné au chambellan avec M. Colbert et nous autres aussi. Il s'est, au sortir de table, allé reposer à la mode d'Italie, dans l'appartement de M. de Bellefonds. Sur le soir, M. Colbert l’aramené à Paris. »

Fréart de Chantelou, Paul

Rapport du marquis d’Antin concernant l’état des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [f. 17] Sire,
Je fus visiter mercredy dernier une partie des pépinières de Morlet […]
[f. 17v] J’ay été à Saint Germain, lequel est en bon état en tout ce qui dépent du sieur de Ruzé et autres officiers. J’ai veu une chose qui m’a fort scandalizé : c’est la chambre dans laquelle est née Votre Majesté. Il n’est pas permis qu’elle soit abandonnée comme elle est. J’ay osé, Sire, pour la seule fois de ma vie, ordonner sans votre participation qu’elle fût rétablie incessamment et décorée comme il convient. Tous vos sujets, Sire, doivent respecter un lieu comme celuy là ; jugez de ce que je panse à mon particulier.
[Annotation du roi :] Bon
M. de Ruzé a vendu à Ober, charpentier, le vieux manège du roy d’Angleterre la somme de 3000 l. [f. 18] C’est en vérité moitié plus qu’il ne vaut, mais il m’a assuré qu’il avoit ancore été paié plus grassement quand il avoit été construit.
[Annotation du roi :] Bon
J’ay été au Val, que j’ai trouvé très bien soigné, les espalliers et les vergers en très bon état. Il n’y a quasi point de fruit cette année. Il y a quelque petite réparations à faire aux parquets, qui ne méritent pas de vous en importuner.
[Annotation du roi :] Bon
[…]
[f. 19] A Versailles, le 6 de juillet 1708 »

Maison du Roi (Ancien Régime)

Mention d’un don fait par le roi pour la construction du clocher de l’église de Saint-Germain-en-Laye

« L’an 1659, par la solicitation et soins de maitre Pierre Cagnyé, prestre, curé de l’eglise de Saint Germain en Laye, et d’honorables hommes Georges Benoist, escuyer de cuisine bouche du Roy, et François Regnault, marchand boucher, marguilliers de lad. eglise, et par les bienfaicts du roy Louys 14e du nom, pour plus grande decoration et ornement d’icelle, fut par l’ordonnance de noble homme maitre Georges Le Grand, prevost juge de la jusice royalle et du consentement des principaux habitants dud. lieu par assemblée d’iceux faicte sur ce sujet abattu et demoly le cloché qui estoyt basty et eslevé entre les autels de la Vierge et de la charité et continué le bastiment de la tour encommencé hors le corps de lad. eglise quarante ou cinquante ans auparavant pour y mettre les cloches. La 1ère pierre de la continuation de lad. tour bastie et eslevée jusques à la 1ère retraicte fut posée au nom desd. sieurs marguilliers le 31e et dernier jour de juillet dernier passé et celle des pillier qu’il a convenu faire proche ledict autel des Vierges pour ayder à porter les voutes qu’il a fallu faire et continuer en la place dud. cloché fut posée aussi au nom dud. sieur curé le 8e jour du present mois d’aoust en lad. année 1659, tous lesquels ouvrages ont esté faicts et conduicts par honeste homme Claude Binet, maitre maçon tailleur de pierre, natif dud. lieu, et a esté donnée par Sa Majesté la somme de cinq mil livres pour en faire les frais. »

Mention dans le registre paroissial de la célébration d’un Te Deum en présence du roi dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye

« Le 2e jour de mars 1649, fut solemnellement chanté dans la chapelle du viel chasteau, M. l’evesque d’Aire y officiant pontificalement, le Te Deum etc. avec les autres prieres en action de graces à Dieu de la paix faicte et arrestée entre l’Empereur et le Roy, où estoient assistants et presents Sa Majesté, accompagnée de la Reyne regente sa mere, M. le duc d’Orleans, M. le prince de Condé, Son Eminence et plusieurs autres princes, seigneurs, evesques et prelats de l’Eglise, de Mademoiselle, de la princesse de Condé, des ambassadeurs de Portugal, de Venise, de Savoye, du chancelier de France, des secrettaires d’Estat et plusieurs autres seigneurs du conseil et officiers de cette cour. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 12 février 1672
[…]
[p. 210] Je vis à Saint Germain M. le marquis de Louvois. Je le remerciai, de la part de Votre Altesse royale, de la manière obligeante dont il en avait agi pour ses intérêts et envers moi durant qu’il a eu la direction des affaires étrangères. […]
[p. 245] Un homme qui peut savoir des nouvelles m’assura hier que le Roi a commandé de nouveau au marquis de Villars de faire expliquer la reine d’Espagne, que néanmoins il veut passer le Rhin, [p. 246] qu’il fait faire son équipage, qu’il partira au mois d’avril et que les ministres suivront.
Il n’a pas encore nommé de chancelier ni de garde des sceaux. On croit qu’il n’en fera pas. Il tint lui-même les sceaux samedi et lundi dernier, ce qui dura plus de huit heures en ces deux jours. Il y a dans la chambre, préparée exprès, une longue table ; il est assis au dessus dans un fauteuil, six conseillers d’Etat aux deux côtés, assis sur des pliants et couverts, et qui ôtent leurs chapeaux quand ils rapportent des grâces ou des lettres. Il y a les audienciers et officiers des sceaux. Le Roi opine plus juste qu’aucun des officiers de justice qui sont présents. Il fait apporter de son cabinet par son premier valet de chambre le coffre où sont les sceaux et tire la clef de sa poche pour l’ouvrir. Il a résolu de tenir lesdits sceaux toutes les semaines, il veut connaître les abus qui s’y peuvent commettre pour y remédier, avant que de les remettre à un homme particulier. Bien des gens de qualité y assistèrent ; la Reine même y alla, la grâce du sieur de La Rochecourbon [p. 247] en main ; le Roi dit que la suppliante était d’assez bonne maison pour la lui accorder.
Il retirera auprès de M. le Dauphin les jeunes princes de Conti. Ils mangeront avec lui et n’auront pour gouverneur et précepteurs que ceux de M. le Dauphin. Il a pris le deuil de la princesse de Conti et toute la Cour. Nous avons suivi cet exemple pour nos personnes, mais ce sera pour peu de temps.
L’ambassadeur de Hollande continue ici son séjour. Il voudrait donner des jalousies aux alliés et leur faire croire qu’il traite ici d’accommodement, mais on s’en moque. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 3 février 1670
Quand on est obligé à écrire des nouvelles sur le récit d’autrui, c’est souvent contre la vérité ; il en a été de même de la relation que je fis vendredi au soir à Votre Altesse royale de la retraite de Monsieur de la Cour et de la prison de M. le chevalier de Lorraine pour beaucoup de circonstances, quoique j’eusse su ce que je lui en mandai sur le récit qu’en avait fait M. le comte de Charost et madame la comtesse du Plessis dans le propre logis de Monsieur, au Palais Royal. Voici, Monseigneur, la pure vérité écrite par [p. 389] madame de Montespan à M. le duc de Mortemart, son père, que j’ai sue de madame de Tambonneau, son intime et bien aimée amie. Mais je supplie Votre Altesse royale que personne ne sache que je lui ai nommé toutes ces personnes.
L’abbé de La Rivière, évêque de Langres, avait deux abbayes, de l’apanage de Monsieur. Comme il était vieux et valétudinaire, il y a longtemps qu’il attendait sa mort pour les donner au chevalier de Lorraine ; il le dit au Roi à Chambord, qui lui répondit que ledit chevalier n’étant pas ecclésiastique, sa conscience ne lui permettait pas d’y consentir, qu’outre cela il faisait une vie trop libertine pour posséder des bénéfices. Monsieur l’ayant prié instamment de l’agréer, Sa Majesté lui repartit encore qu’il était impossible, mais qu’à la considération de ce qu’il aimait, quoiqu’il eut peu d’estime pour ledit chevalier, qu’il lui donnerait 40000 livres de pension quand lesdites abbayes viendraient à vaquer. Monsieur ayant rapport tout ceci au chevalier de Lorraine, [p. 390] ils firent cent railleries sur la conscience du Roi à cause des dames, et qu’il a sues. Le Roi accuse aussi le chevalier de Lorraine de l’infâme crime de sodomie avec le comte de Guiche et même des hommes qui ont été brûlés pour cela en Grève.
L’évêque de Langres étant mort jeudi matin, Monsieur dit au Roi qu’il avait donné les abbayes au chevalier de Lorraine ; il lui répliqua qu’il ne le voulait pas. Monsieur lui répondit que c’était une affaire faite ; Sa Majesté lui dit encore qu’il l’empêcherait. Ils s’échauffèrent tous les deux, les assistants s’en aperçurent et qu’il y avait de la mésintelligence, sans en savoir la cause. Le Roi, au sortir de la chapelle, monta en carrosse et alla à Versailles. Monsieur se retira chez lui, fort atterré, s’enferma dans un cabinet avec le chevalier de Lorraine, lui dit ce qui s’était passé et que, puisque le Roi le traitait de la sorte, qu’il voulait à l’heure se retirer de la Cour. Il le pria de n’en rien faire, que cette action nuirait à tous les deux. Monsieur fit appeler M. Le Tellier, lui parla fort atterré, se plaignit du Roi, lui dit que l’on lui avait inspiré les mauvais traitements qu’il lui faisait [p. 391] et s’emporta beaucoup. M. Le Tellier tâcha de le ramener et, voyant qu’il continuait toujours du même ton, il lui demanda qu’il voulait qu’il écrivit au Roi tout ce qu’il venait de lui dire ; Monsieur lui ayant dit qu’il lui ferait plaisir, le ministre alla l’écrire au Roi qui, recevant sa lettre, n’en témoigna rien. M. Colbert étant arrivé à Saint Germain, Monsieur le fit aussi appeler et lui parla avec le même feu qu’il l’avait fait à M. Le Tellier.
A l’entrée de la nuit, le Roi arriva de Versailles et alla à droiture chez madame de La Vallière. Madame la duchesse d’Orléans lui envoya un gentilhomme lui dire qu’elle ne pouvait sortir du château neuf, qu’elle le suppliait de vouloir aller pour chose qui lui importait beaucoup. Sa Majesté s’y rendit à l’abord. Madame le pria de vouloir que le chevalier de Lorraine eût les abbayes ; il lui dit qu’il ne se pouvait ; elle le lui demanda en grâce, il persista dans son refus, lui représentant qu’elle avait oublié tous les mauvais traitements qu’on lui avait faits. Elle lui témoigna qu’elle préférait la satisfaction de Monsieur à ses intérêts, que le chevalier de Lorraine était un [p. 392] jeune homme, qu’il changerait de conduite, le supplia de lui pardonner et, voyant qu’elle ne pouvait rien gagner, elle se jeta aux genoux du Roi, la larme à l’œil, lui témoignant que le plus grand déplaisir qu’elle avait était de se séparer de sa personne mais qu’elle était obligée de suivre Monsieur qui s’en voulait aller.
Le Roi se retira en disant que, puisque son frère se séparer de lui pour cela, qu’il saurait châtier ceux qui en étaient cause et fomentaient leur désunion. Il donna d’abord les ordres pour fortifier la garde de monsieur le Dauphin, qui loge dans le château neuf, et de prendre toutes les avenues. M. le comte de Vaillac s’en étant aperçu, qui est capitaine des gardes de Monsieur, lui en donna avis ; il lui en répliqua qu’il en savait la cause, néanmoins il témoigna quelques peines. M. Le Tellier entra ensuite dans sa chambre et lui dit de la part du Roi que, la nécessité de son service l’obligeant de s’assurer de la personne du chevalier de Lorraine, qu’il serait fâché d’être forcé de le faire arrêter dans son appartement et en sa présence ; il lui répliqua [p. 393] que, puisque le Roi en usait de la sorte, qu’il allait partir pour Villers Cotterets ; ce ministre lui représenta qu’il ne le devrait pas faire mais seulement aller à Saint Cloud, qu’il était aisé de sortir de la Cour de cette sorte mais qu’on ne savait pas quand on y pourrait revenir. Monsieur lui dit fortement qu’il voudrait avoir une maison à trois cents lieues du Roi, qu’il y irait et qu’il ne reviendrait jamais auprès de lui qu’avec le chevalier de Lorraine ; puis, se tournant au chevalier, il l’embrassa, l’assura de la continuation de son amitié et lui dit de suivre M. Le Tellier. Ils sortirent ensemble ; le chevalier lui demanda ce qu’il avait à faire, qu’il était prêt à obéir aux ordres du Roi. M. Le Tellier lui répondit qu’il n’avait rien à lui commander de sa part.
Comme ils furent dans la cour du château vieux, le comte d’Ayen l’arrêta et le chevalier de La Ilhière ; ils lui demandèrent son épée, puis le sortirent de là. Il demanda au comte d’Ayen où il le menait ; il lui répondit : « Dans ma chambre », où, étant arrivé, [p. 394] il souhaita de voir M. le Grand et le comte de Marsan, ses frères ; on lui dit qu’il ne pouvait mais qu’il pouvait écrire à qui il voudrait. Il fit quatre lettres : une à Monsieur, au comte de Marsan, à mademoiselle de Fiennes et à l’intendant de sa maison ; il voulut les montrer au comte d’Ayen, il dit qu’il n’avait pas ordre de les voir ; on croit néanmoins que le Roi les a lues. Il priait Monsieur de lui continuer l’honneur de sa bienveillance et que, s’il avait encore quelque amitié pour lui, il le suppliait de protéger et d’assister mademoiselle de Fiennes. Monsieur lui a fait réponse qu’à sa considération il aurait soin de la demoiselle, qu’il se consolât, parce qu’il courrait toujours la même fortune que lui. Ledit chevalier coucha à Saint Germain, il n’a pas été à la Bastille, on lui demanda combien il voulait de domestiques, qu’il pouvait prendre ceux qu’il voudrait : il choisit deux de ses gentilshommes et deux valets de chambre. Il partit le vendredi dans son carrosse, où il y a un lieutenant des gardes du corps avec une [p. 395] forte escorte ; il doit aller à Pierre Encise, des autres disent à la citadelle de Montpellier et peut être à Collioure sur les frontières de Catalogne.
Monsieur partit samedi d’ici pour Villers Cotterets avec Madame, suivi de douze carrosses à six chevaux ; ils ont laissé ici Mademoiselle et la maréchale du Plessis auprès d’elle ; la maréchale de Clérembault, qui a été nommé par le Roi pour la gouvernante, se trouvant en Poitou, Monsieur lui a dépêché un courrier pour qu’elle ne vienne pas ; il dépêcha un courrier en Angleterre, et, à ce que l’on dit par Paris, un autre en Piémont, ce que je ne crois pas. Le maréchal du Plessis, comme officier de la Couronne et peut être pour voir s’il trouverait jour à quelque accommodement, demanda au Roi congé de suivre son maître, qui lui répliqua : « Eh quoi ! Monsieur partir ? » Le maréchal répliqua que oui. Sa Majesté lui répondit : « Qu’il aille, et vous le pouvez suivre ».
Quoiqu’en apparence l’affaire des abbayes soit la cause de cette querelle ci aussi bien que la fermeté et résolution de Monsieur, on dit que le roi d’Angleterre avait prié Sa Majesté Très Chrétienne [p. 396] d’ôter d’auprès de Monsieur le chevalier de Lorraine, qu’il était cause des mauvais traitements que recevait sa sœur, à moins de quoi il serait obligé de la retirer à Londres.
Le Roi a paru fort chagrin et triste depuis cette affaire, quoiqu’il affecte le contraire, puisqu’il continue à faire des loteries et que demain on dansera le ballet ; néanmoins, il appréhende des brouilleries et qu’il ne se forme quelque parti en faveur de Monsieur, car, dans le fond, si la chose ne s’accommode bientôt, Monsieur s’ennuiera à Villers Cotterets, son dépit et sa rage augmenteront, et il se trouvera forcé à accepter des partis qu’on ne manquera pas de lui offrir du dehors. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 31 janvier 1670
Bien que j’aie su dès le point du jour et même avant que de commencer cette lettre que M. le chevalier de Lorraine avait été hier soir arrêté prisonnier à Saint Germain et que Monsieur en était parti à l’heure, très mal satisfait, néanmoins je n’ai pas cru le devoir faire savoir à Votre Altesse royale que je n’en susse au vrai toutes les circonstances et les causes, ce que j’ai eu de la peine à débrouiller parce qu’on en parle bien différemment à Paris, mais à la fin j’ai su ce [p. 384] qu’Elle verra dans le mémoire ci-joint de ma main, que je n’ai pas le temps de faire copier parce qu’il est fort tard.
Relation de ce qui s’est passé à Saint Germain la nuit du 30 janvier 1670
Le Roi fit donner une petite revue à ses gardes du corps pour avoir prétexte de les assembler et donner ordre à M. le comte d’Ayen, fils de M. le duc de Noailles, capitaine de quartier, et à M. le comte de Lauzun, marquis de Péguilin, d’en prendre quatre cents à l’entrée de la nuit et de se rendre maîtres de toutes les avenues du château neuf, ce qui ne se put faire sans que Monsieur, qui y avait son logement, n’en fût averti, dont il fut fort surpris et en peine. M. Le Tellier entra d’abord dans sa chambre et lui dit que le Roi était fâché d’être forcé, pour le bien de ses affaires, de s’assurer de M. le chevalier de Lorraine, qu’il croyait qu’il y donnerait les mains de bonne grâce puisque Sa Majesté lui avait donné l’ordre de l’assurer de la continuation de son amitié et de son estime. Monsieur lui répartit que, quels traitements que le Roi fît à ce chevalier, [p. 385] qu’il l’aimerait toujours parfaitement et qu’il lui donnerait toute sa confiance mais que, puisque le Roi le traitait de la sorte, qu’il allait partir à l’heure même pour se retirer à Villers Cotterets. M. Le Tellier lui voulut représenter qu’il ne fallait pas aller si loin, que ce serait assez de se retirer à Saint Cloud ; Monsieur lui répliqua qu’il voudrait avoir une maison à trois cents lieues de La Cour pour s’y aller consoler.
M. Le Tellier, voyant entrer le comte d’Ayen dans la chambre, passa en l’appartement de madame la duchesse d’Orléans ; ce comte dit à Monsieur qu’il avait un extrême regret d’être obligé d’exécuter les ordres qu’il avait en sa présence ; il lui répliqua qu’il entendait assez ce qu’il lui voulait dire, il se tourna au chevalier de Lorraine, l’embrassa et se retira dans son cabinet, la larme aux yeux. Le comte d’Ayen fit prisonnier le chevalier de Lorraine avec toute la civilité possible, sans lui ôter son épée, le conduisit dehors de l’appartement de Monsieur, le remit au comte de Lauzun, qui l’amena sur l’heure à la Bastille, dont il est parti aujourd’hui pour être enfermé dans le château de Pierre Encise à Lyon.
[p. 386] M. Le Tellier, qui était passé chez Madame, lui fit le récit de toute la chose et lui demanda ce qu’elle ferait ; elle lui répartit hardiment : ce que Monsieur lui ordonnerait. Ils partirent sur le champ et arrivèrent à Paris environ minuit. Monsieur fit appelée l’ambassadeur d’Angleterre et l’abbé Montaigu, il demeura enfermé avec eux jusques à quatre heures ; on dit qu’il pressa fort ledit ambassadeur d’aller à Saint Germain, qui s’en excusa, et à son refus l’abbé de Montaigu a fait ce voyage là ce matin.
On parle diversement par Paris du sujet de cette détention. On dit que l’évêque de Langres étant mort, qui était cet abbé de La Rivière qui avait tant eu de crédit auprès de feu M. le duc d’Orléans, a laissé vacantes deux abbayes valant de revenu 40000 livres, qu’elles sont dans l’apanage de Monsieur et par conséquent de sa nomination ; que, les ayant données au chevalier de Lorraine et en ayant demandé l’agrément au Roi, il lui répondit [p. 387] que, n’étant pas prêtre, il en avait du scrupule et qu’alors il se passa entre eux quelques paroles d’aigreur. Mais ceux qui savent l’état des choses et qui en jugent sainement croient que le roi d’Angleterre a voulu la prison de ce chevalier, lui imputant les mauvais traitements que reçoit Madame, ceux que l’on a faits à madame de Saint Chaumont et à M. l’évêque de Valence, ses créateurs. En effet, bien que Madame suive Monsieur, elle a de la joie du malheur du chevalier de Lorraine et d’avoir l’avantage de s’être vengée du crédit du roi, son frère, que l’on ne veut pas maintenant fâcher ici.
On dit que Monsieur persiste dans la résolution de partir de Rueil pour Villers Cotterets, quoique MM. Le Tellier et de Lauzun soient venus aujourd’hui de Saint Germain pour lui parler. Il pourrait bien avoir le loisir de s’en repentir : s’il est bien conseillé, il se soumettra aux volontés du Roi ; il ne sera suivi que par ceux de sa maison et s’y divertira mal. Il n’est plus le temps d’autrefois que, quand un Fils de France se retirait de la Cour mal satisfait et était une fois à trois lieues de Paris, l’on croyait le royaume bouleversé et [p. 388] en péril ; chacun armait pour son parti et les mécontents levaient le masque ; présentement personne ne bougera, tout le monde est soumis dans le devoir et dans la crainte, le Roi dans la souveraine puissance, fort en argent et en troupes, maître des parlements, des places et de tout ce qui es dans son royaume. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 22 novembre 1669
[…]
[p. 362] Je n’ai pas pu aller cette semaine à Saint Germain à cause des affaires de Madame ; mais j’y irai dimanche ou mardi et porterai le dessin de la Vénerie royale pour le faire voir au Roi. Vendredi dernier que j’y fus, je vis madame la duchesse de La Vallière à la messe, elle était dans les tribunes d’en haut ; dès que j’y jetai les yeux, j’en reçus un grand salut auquel je répondis par des révérences très soumises. J’ai su que le Roi et elles ont été très satisfaits de ma visite. Je ne saurais les lui continuer parce que personne ne va chez elle, mais chez la Reine et partout où je la trouverai je la visiterai et tâcherai de la bien persuader de l’estime qu’a pour elle Votre Altesse royale et des ordres qu’Elle m’a donnés de lui faire ma cour et de lui rendre dans toutes sortes de rencontres mes fidèles et respectueux services.
Le Roi, sans que personne le sache, a fait préparer [p. 363] de beaux appartements à ces dames dans les Tuileries et s’est enfin résolu de venir faire quelque séjour en cette ville car les fermiers des entrées demandent de grands rabais à cause qu’il demeure si longtemps à Saint Germain. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 15 janvier 1672
La pensée de Votre Altesse royale sur le malheur du comte de Lauzun est très judicieuse et ce ne peut être autre chose. Il en voulait à madame de Montespan, parce qu’elle ne lui était pas favorable. Outre qu’il en a dit du mal, on croit toujours qu’il voulait donner moyen à son mari de l’enlever. Elle a encore peur de l’être et de quelque insulte, car elle ne marche jamais sans gardes, pas même pour aller de sa chambre à la chapelle [à] Saint Germain, bien qu’elle en soit tout contre.
[p. 223] Elle est toujours mieux que jamais. On avait dit que le Roi regardait avec un œil passionné la duchesse de Ventadour et que madame de Richelieu travaillait à la lui rendre facile, mais je n’en crois rien, car outre que le Roi aime toujours beaucoup madame de Montespan, c’est qu’elle est amie de la duchesse de Richelieu et lui a fait avoir la charge de dame d’honneur de la Reine. Il y a bien des gens qui croient que le Roi ne marchera qu’après les couches de la Reine pour ne pas s’éloigner des dames qu’il mènera puis à la suite de la Reine. Si cela était, on ne bougerait d’ici qu’au mois de juillet. C’est à quoi je veille, afin de tenir Votre Altesse royale instruite de ce qu’il fera. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 26 février 1670
Je fis savoir par le dernier courrier à Votre Altesse royale que l’on conjecturait le retour de Monsieur à la Cour sur les négociations que la princesse palatine était allée faire à Villers Cotterets. On ne s’était pas trompé car soudain qu’elle fut revenue vendredi au soir, elle fit une dépêche à Saint Germain qui obligea le Roi d’envoyer samedi M. Colbert à Monsieur lui dire qu’il souhaitait le voir, à quoi il se soumit d’abord. Lui et Madame vinrent ici lundi et, le même jour, ils allèrent voir le Roi, qui les reçut très bien et qui les a fait loger dans son grand appartement, parce qu’ils avaient fait démeubler le [p. 402] leur au château neuf. On assure qu’on a envoyé les ordres pour la liberté du chevalier de Lorraine, moyennant qu’il aille faire séjour pour quelque temps à Rome ou à Malte. Le Roi lui donnera dix mille écus de pension, et les abbayes qui avaient fait la cause de son malheur à l’abbé d’Harcourt, son frère. Ainsi voilà une affaire accommodée selon la volonté de Sa Majesté, comme il est très juste.
Le Roi et Madame se sont écrit durant qu’elle a été éloignée de lui. Sa Majesté la raillant sur les ennuis qu’elle devait avoir à la campagne, elle lui fit réponse qu’elle étudiait l’italien, mais qu’elle le priait de ne pas la laisser aller jusqu’au latin, et lui demandait des nouvelles des loteries de Saint Germain, ce qui donna lieu au Roi de lui envoyer quatre cassettes fort riches, feignant que c’étaient des lots qui lui étaient échus par hasard, dans lesquelles il y avait quatre billets de cinq cents louis chacun, quantité de bijoux enrichis de pierreries et entre autres une paire de souliers de campagne propres à se promener par le parc de Villers Cotterets, dont les boucles valent mille louis. On fait monter ce présent à [p. 403] 200000 livres ; on m’a dit néanmoins qu’il en faut rabattre une partie.
Le Roi se trouva hier matin mal des vapeurs, il fut nécessité de se mettre au lit et à prendre des pilules. C’est un effet du dégel. J’y ai envoyé un de mes fils pour en savoir des nouvelles, n’ayant pu y aller pour avoir un peu de fluxion sur un œil. Je ne sais si les fréquentes attaques d’un mal si fâcheux ne feront point changer sa Majesté la résolution qu’Elle avait formée de partir le quatorzième du mois d’avril pour la Flandre, les ordres ayant été donnés pour cela, et les magasins qui faits pour les fourrages nécessaires aux troupes doivent l’escorter, que l’on fait monter à 10000 chevaux. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une visite à la duchesse de La Vallière à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 12 novembre 1669
Je viens de Saint Germain, où j’étais allé exprès pour voir madame la duchesse de La Vallière, M. de Bonneuil m’ayant dit samedi dernier qu’elle recevrait à grand honneur la visite que je lui voulais faire. M. de Bonneuil m’y a introduit d’abord après dîner et, en montant à son appartement, il m’a dit que je n’y demeurasse pas longtemps parce que le Roi l’attendait pour aller au promenoir. Elle m’a reçu avec sa bonne grâce et civilité ordinaires ; je lui ai fait mot pour mort le compliment que Votre Altesse royale m’avait commandé ; elle m’a répondu qu’elle était bien obligée à Votre Altesse royale de l’honneur qu’Elle lui faisait ; [p. 354] qu’elle le recevait avec respect et qu’elle la remerciait des bontés qu’elle avait pour M. le duc de Vermandois, en attendant qu’il fût en âge de l’en aller remercier lui même. Nous avons fait encore quelques compliments réciproques et très obligeants, puis je me suis retiré. Il y avait dans sa chambre mesdames les marquises de La Vallière et d’Heudicourt ; madame de Montespan n’a pas tardé de les joindre, car, comme j’étais au bas de leurs degrés, elles sont descendues, montées en carrosse et allées attendre le Roi à Versailles, qui les a suivies de bien près.
J’ai été fâché de ce voyage, qui est cause que j’ai pu si peu demeurer auprès de cette dam, où je m’aimerais fort. Je l’ai trouvée toujours mieux faite que l’autre ; elle a ce je ne sais quoi qui sait charmer et, si elle avait de l’embonpoint, elle passerait pour très belle. Son appartement est merveilleux autant pour la propreté que pour la richesse. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une visite à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 19 octobre 1672
[…]
[p. 425] Toutes ces dépêches m’obligèrent de résoudre un voyage à Saint Germain. Je n’y voulus pas néanmoins aller le lundi, à cause du conseil du matin, qui m’aurait empêché de voir les ministres, et comme il n’y en a le mardi que l’après dîner, je m’y acheminai dès le point du jour, et, lorsque j’y arrivai, je sus que M. de Pomponne était en cette ville, mais qu’il [p. 426] arriverait là pour dîner. Je dis demander à voir M. de Louvois, qui me remit à midi. J’allai chez le Roi, il n’était pas réveillé ; je m’entretins quelque temps dans son antichambre avec monsieur le Prince et M. le maréchal de Villeroy sur les nouvelles qui venaient d’arriver.
Après que le Roi fut habillé et que je me fus entretenu avec bien des différentes personnes, le temps de voir M. de Louvois arriva. Je m’acheminai chez lui. Je lui dis d’abord combien Votre Altesse royale lui savait bon gré de l’amitié qu’elle lui témoignait en toutes sortes de rencontre. Je lui en fis le compliment qu’elle m’a ordonné, qu’il reçut de très bonne grâce ; après quoi je lui dis tout ce que Votre Altesse royale m’a prescrit sur cette envie de surprendre Savone. Il me laissa parler autant que je voulus, et après il me dit que, puisque je ne voulais pas avouer la vérité, il me conseillait de n’en plus parler à personne, même au Roi ni à M. de Pomponne, que c’était une affaire passée dont on ne parlait ni on n’y songeait plus, que ce que j’en pourrais dire ne justifierait pas bien Votre Altesse royale de la pensée que l’on avait de faire remarquer au Roi [p. 427] qu’elle n’avait pas de la confiance en lui en ce rencontre et que cela pourrait porter quelque préjudice à Votre Altesse royale auprès du Roi, qui l’aimait, et qu’ainsi il était mieux que la chose fût tout à fait ensevelie dans l’oubli. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une visite à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 4 décembre 1671
Quand je sortis hier matin de cette ville pour aller à la Cour, il n’était pas encore bien jour. Je rencontrai néanmoins M. de Louvois dans le faubourg de Saint Honoré, qui y entrait. Je ne croyais pas qu’il retournât à Saint Germain qu’à la nuit. J’allai, y étant arrivé, droit à la chambre du Roi. Il y parut demi heures après. Je l’abordai et le priai qu’à sa commodité je le pusse entretenir un quart d’heure chez lui. Il me dit : « Tout à cette heure », et me convia d’entrer dans le cabinet de Sa Majesté, lieu où personne n’entre que par grande faveur, où Elle devait bientôt aller négocier. Toute la Cour fut surprise de cette action et moi, qui sais les choses, encore plus que les autres. Jamais favori ni premier ministre ne peut [p. 200] rien entreprendre de plus haut ni de plus hardi. Il est vrai aussi qu’on le considère maintenant comme l’un et l’autre, et l’on ne doute plus que, si les choses continuent de la sorte, il ne soit bientôt seul et le tout puissant.
Quand nous fûmes dans ce cabinet, je le remerciai du rang qu’il a procuré au régiment de cavalerie que Votre Altesse a donné au Roi. Il me répondit que Sa Majesté avait avec plaisir pris cette résolution pour satisfaire Votre Altesse royale en ce qu’Elle souhaitait. Il me dit ensuite que monseigneur le prince en serait mestre de camp et M. le baron de Lucinge colonel lieutenant, avec commandement de mestre de camp. Je lui parlai ensuite des commandements que pourraient avoir MM. Cagnol et Grimaldi ; il me répliqué par leur commission de capitaines. Je lui représentai qu’il faudrait aussi leur donner des commissions de mestre de camp, particulièrement au dernier qui a servi durant si longtemps de lieutenant colonel des régiments des feus comte de [p. 201] Broglie et prince Almeric. Il me dit nettement que cela ne se pouvait pas, qu’il y en avait cent dans la cavalerie aussi anciens au service que lui, qui l’avaient demandé et auxquels on l’avait refusé et que, si on ouvrait cette porte, ce serait un embarras et une confusion qui apporteraient de grands désordres au service du Roi, qu’il n’y pouvait pas avoir de mestres de camp que ceux qui avaient des régiments, mais il m’assura que, contre la coutume observée dans ce service jusques à présent, tous les capitaines de ce régiment commanderaient aux Français à leur tour et par l’ancienneté de leur commission. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une audience du roi à l’ambassadeur de Hollande à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le jour des Rois de l’année 1672
Samedi, quand le Roi se déclara qu’il n’irait plus en Champagne, il dit au sieur de Bonneuil, l’introducteur, de faire savoir à l’ambassadeur de Hollande qu’il lui donnerait audience le lundi [p. 218] matin, qui y fut. Comme il fut arrivé à la chambre de descente, M. Le Tellier s’y rendit, parce que le Hollandais n’a pas encore les jambes bonnes et ne pouvait pas monter à la chambre du ministre, qui est fort haute. Ils demeurèrent une demi heure enfermée, mais on ne sait pas encore ce qui se passa dans cette conférence. Après quoi l’ambassadeur alla chez le Roi. Il était dans son cabinet, seul, mais il y avait dans un jour au devant, entre lesquels il n’y a pas de porte qui ferme, monsieur le Prince, M. de Turenne, les ducs de Créquy, d’Aumont, de Gesvres et de La Feuillade, M. Le Tellier, et le roi y fit appeler le comte de Castelmeilhor et le marquis d’Estrades, qui étaient dans sa chambre ; après quoi l’ambassadeur entra. Il dit au Roi (à ce qu’une personne m’a dit, qui m’a assuré l’avoir appris de Sa Majesté même) que messieurs les Etats généraux, ses maîtres, ayant été assurés de bien des endroits que le grand armement que faisait Sa Majesté en terre et en mer était pour les attaque, qu’ils ne le pouvaient [p. 219] pas croire, puisqu’ils avaient toujours maintenu bonne amitié et correspondance avec sa Couronne et eu toujours grande estime et déférence pour sa personne, que dans toutes les occasions ils lui avaient rendu des fidèles et importants services, qu’ils les lui continueraient tant qu’Elle les agréerait, que s’ils avaient fait quelque chose qui lui eût déplu, qu’ils l’ignoraient, que si Elle avait la bonté de leur faire savoir, qu’ils se mettraient en toute la posture qu’il souhaiterait pour y réparer et qu’ils étaient prêts de lui donner toutes les satisfactions convenables qu’Elle voudrait exiger d’eux. On dit que le Roi lui répondit succinctement que s’il avait armé, que ce n’était qu’à l’exemple de ses voisins qui avaient eu envie de lui nuire et de l’attaquer, qu’il était en état de ne pas les craindre, qu’il ferait encore bien plus de troupes qu’il n’en avait et qu’alors il ferait tout c que ses intérêts et sa réputation lui dicteraient.
[p. 220] L’ambassadeur de Hollande lui présenta après la lettre de ses souverains ; le Roi lui dit qu’elle était imprimée, qu’elle courait toutes les provinces de l’Europe et qu’il savait ce qu’elle contenait puisqu’il l’avait il y a quinze jours, que néanmoins il ne laisserait pas de la prendre et qu’il aviserait à la réponse qu’il devra leur faire. L’ambassadeur lui répliqua que s’il lui avait donné audience la première fois qu’il la lui avait fait demander et qu’il lui avait plu de la lui faire assigner, qu’assurément il aurait eu ladite lettre auparavant que personne autre que ses souverains en eussent connaissance, mais que, comme il avait cru qu’il aurait eu ladite audience alors qu’on la lui avait fait espérer, qu’il l’avait écrit aux Etats, qu’eux, s’étant figurés que c’était une chose faite, avaient donné des copies de ladite lettre aux ministres étrangers qui étaient auprès d’eux à La Haye, afin que chacun sût la disposition où ils sont de l’honorer et de lui donner toute satisfaction. Après quoi, il se retira, voyant qu’il ne pouvait pas [p. 221] faire déclarer le Roi sur quoi que ce fût ; il ne fut pas avec lui un demi quart d’heure. Il paraît satisfait de cette réponse. Il ne s’en ira pas, comme il souhaitait, les Etats le lui ayant défendu.
Dès qu’il fut sorti d’auprès de Sa Majesté, elle approcha ses messieurs qui étaient en son avant cabinet, leur dit ce qui s’était passé entre elle et cet ambassadeur, puis remit la lettre des Etats à monsieur le Prince, qui la lut tout haut et qui ne contient que ce que leur ministre avait proféré verbalement à Sadite Majesté. Tout cela fait croire qu’Elle ne changea pas de dessein et qu’elle suivra toujours sa pointe et sa résolution, où tout s’achemine également et sans aucune interruption. »

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