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Description archivistique
Jardins du Château-Neuf
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Récit par Sebastiano Locatelli de sa visite au château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 169] Devant aller à Saint-Germain où était la Cour, je priai le Seigneur Abbé Louis Vigarani, chanoine de la cathédrale de Reggio en Lombardie et frère du Seigneur Charles, grand architecte de Sa Majesté, qui logeait à la Cour, d'avoir la bonté de m'accompagner, afin qu'il me fût plus facile de voir toutes les beautés du château et surtout du jardin de Sa Majesté. Il y consentit ; nous arrivâmes à Saint-Germain vers les vingt-deux heures, car nous étions partis tard et à pied, et il fallut bien trotter. Dès les premiers moments, nous sentîmes le parfait accord de nos caractères : aussi causâmes-nous toujours, et fîmes-nous avec plaisir et sans nous en apercevoir cette route de cinq lieues bien longues, tantôt en plaine, tantôt entre de petites collines délicieuses.
Saint-Germain-en-Laye est une fort belle petite ville à cinq [p. 170] lieues de Paris. Charles V et François Ier, attirés par les belles chasses des environs, firent reconstruire le château, et entourer la vaste forêt d’une chaîne de fer pour empêcher les bestiaux d'y pénétrer. Dans un coin de cette forêt se voit encore une grande table de marbre d’un seul morceau, près de laquelle on complota autrefois de trahir le Roi ; c'est là l'origine du nom de cette partie de la forêt. Louis XIII ajouta au château un très bel appartement accompagné de six galeries et de deux grandes ailes avec des portiques, pour servir de quartier aux gardes pendant le séjour de la Cour qui passe à Saint-Germain environ trois mois par an pour jouir du bon air. Ce que
je trouve de plus beau est le jardin. Nous demandâmes au concierge, M. de Queri, à le voir; mais comme le Roi s'y trouvait, il répondit qu'il ne savait comment faire pour nous le montrer, si nous n'avions le courage de revenir chez lui au point du jour, avant que personne de la Cour ne fût éveillé. Il fut entendu avec lui que nous viendrions à cette heure.
Étant logés au château, nous arrivâmes le lendemain plus tôt même qu'il n'aurait voulu, car il dut se lever pour nous introduire. Je parlerai des choses principales, et laisserai à l'imagination du lecteur le soin de se faire, d'après le peu [p. 171] que je dirai, une idée digne de ce jardin, le plus beau et le plus délicieux de tous ceux de ce genre appartenant à Sa Majesté. À un bon demi-mille du palais se trouvent cinq grottes souterraines renfermant diverses figures mises en mouvement par l'eau, et des oiseaux artificiels que le vent fait chanter Dans la première grotte, Orphée, en jouant de la lyre (mais toujours sur la même corde), fait sortir des animaux sauvages de toute espèce qui s'arrêtent autour de lui en poussant chacun son cri particulier. Les arbres, dont les rameaux forment comme un dais au-dessus de ces figures merveilleuses, s'inclinent en passant devant le Dieu ; puis vient le Roi tenant le Dauphin par la main, et tous les personnages s'inclinent devant Sa Majesté. Dans la seconde, une bergère chante par un fort bel artifice, en s'accompagnant de divers instruments, pendant que de nombreux oiseaux font entendre leur ramage accoutumé ; un rossignol de bois s'envole ensuite sur un arbre, et chante en battant des ailes et en ouvrant le bec si gracieusement qu'on le dirait vivant. Dans la troisième, on voit Persée frapper un monstre marin de son épée et délivrer Andromède ; les Tritons soufflent à grand bruit dans leurs conques, placent les amants sur deux chevaux marins et les emmènent. Dans la dernière, un dragon vomit des torrents d'eau en agitant la tête et les ailes ; Vulcain et Vénus se promènent sur cette eau dans une coquille argentée. Derrière cette grotte, il y en a une autre si fraîche en été qu’on y gèlerait, je crois, si on y restait une heure entière ; nous nous y arrêtâmes le temps [p. 172] d'un miséréré sans pouvoir supporter la rigueur du froid. Après nous avoir montré les grottes, et fait marcher devant nous toutes ces merveilles à l'aide de clés et de manœuvres secrètes, le valet du jardinier nous quitta. Le Seigneur Charles, bien qu'étant de la Cour, lui donna un franc.
En revenant par des galeries couvertes de verdure au moment où le soleil se levait, nous trouvâmes sous une tonnelle de laurier Mademoiselle de la Vallière la plus spirituelle de toutes les dames de Paris et devenue, grâce à son esprit, la favorite du Roi. Elle était en compagnie de quelques demoiselles et de cavaliers, occupée à se coiffer. A notre vue, elle resta aussi étonnée que nous, car elle croyait n'être surprise par personne, et attendait son Roi qui n'était pas loin. En nous apercevant, Sa Majesté qui se trouvait avec le Maréchal de [p. 173] Grammont, nous fit de la main signe de venir. Aussitôt l’Abbé, devenu plus pâle encore que moi, alla bien vite se jeter à ses pieds. Après avoir plié devant lui le genou suivant l'usage et baisé le bord de son bas, il se leva sur un signe de Sa Majesté, qui lui demanda comment il se trouvait là et qui était avec lui. Sa réponse entendue, le Roi me fit signe de venir aussi ; je m'approchai aussitôt, et après avoir imité mon compagnon que j’avais observé attentivement, je répondis de mon mieux en français aux questions de Sa Majesté. C'est en cette langue que je devrais rapporter notre dialogue, mais comme je ne pourrais y réussir, je l’écrirai en italien.
Le Roi. – D’où êtes-vous, Monsieur ?
Sébastien Locatelli. – De Bologne, pour servir Votre Majesté.
Le Roi. – Vous êtes d’un méchant pays.
S. L. – Comment ? Bologne n'est donc pas la mère des études, le palais des religieux, la patrie de nombreux saints, parmi lesquels on adore le corps incorruptible de sainte Catherine (à ce nom, Sa Majesté ôta son chapeau), aux pieds de laquelle Catherine de Médicis, Reine de France, déposa la couronne et le sceptre de son royaume ?
Le Roi. – C'est une chose difficile que vous entreprenez en voulant défendre un pays où les hommes sont les bouchers des autres hommes.
[p. 174] A ces mots, je restai muet et le visage couvert de rougeur. Le Roi nous tourna le dos en riant gracieusement. Ainsi congédiés, nous allâmes à la petite porte par laquelle nous étions entrés. Le concierge pensa mourir de chagrin en apprenant notre aventure. Il lui était expressément défendu de laisser entrer personne, afin que la Reine ne se doutât pas de la présence de sa rivale qui logeait chez lui ; aussi craignait-il une punition sévère ; mais le Roi ne dit rien, à notre connaissance du moins. »

Locatelli, Sebastiano

Récit par Niccolò Madrisio de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 324] Il luogo insigne per le fasce di Lodovico Decimo quarto è San Germano detto in Laja dalla vicinanza d’una selva di questo nome, principiato gia da Carlo Quinto, proseguito poi dagl’Inglesi, che ne furono qualche tempo Padroni, posto tra Parigi, d’onde è discosto qualche dodici miglia, e Poissi picciola città natalizia di San Luigi, e famosa per la conferenza seguita tra i Cattolici, e i Protestanti di Francia alla presenza di Carlo Nono, e di Catterina de’ Medici all’ora Reggente ne’ primi torbidi, che successer colà della Religione. A riguardo dell’onore, che ha avuto il Castello di San Germano di veder nascer Lodovico XIV, vi si recita ogn’anno li 5 Settembre nella Regia Capella un Panegirico in lode di Sua Maestà, de’quali se n’avra una seria omai di settanta, non essendo, come ben si può credere, tutti d’ugual bellezza, ne tutti corrispondenti al grand’ argomento, che trattano. Francesco Primo, che si dilettava oltra modo di caccie, ristabili in grazia delle medesime con qualche mutazione il vecchio Castello qual ora si vede girar attorno il Cortile in forma della lettera D, figura, ch’egli li fece dare per alluder al nom d’una Dama da lui amata, il quale principiava in tal lettera. Il nuovo Palagio fu fatto fabbricar [p. 325] da Enrico Quarto ; le sei Galerie, le numerose scale, le grotte sotterranee, i compartimenti del Giardino, o più tosto de’ vari Giardini, che s’incontrano nella discesa da quell’erto Colle sono opera di Lodovico Decimo Terzo, al che tutto il Monarca presente ha dati poi quegli ultimi delicati abbellimenti, c’han reso altre volte San Germano il più celebre di tutti i luoghi Reali. La Natura vi ha contribuito tutto per far il sito amenissimo, la vista aggradevole, e piena di tutti gl’immaginabili privilegi. In un gran tratto di paese, che di piena vaghezza si domina da quell’altezza veramente straordinaria, vi si scopre assai bene così lontano, ch’egl’è, lo stesso Parigi. Ciascuno de’ Giardini, e delle grotte accennate teneva già qualche giuoco curioso d’acqua con varie figure, che si moveano, le quali all’ora faceano una gran parte di queste delizie. Nella grotta, che ancora porta il nome da lui, v’era un’ Orfeo, che nell aprirsi dell’acqua suonava delicatamente la lira accorrendo da vari siti molte sorti d’animali ad udirlo : Diverse altre statue rappresentanti il Re, il Delfino, et la Corte s movevano a veder lo spettacolo, e gli arbori si piegavano alla loro comparsa. Vi era in altra Grotta un Perseo, che volava per aria a liberar Andromeda, ed un Dragone levatosi dibatteva strepitosamente le ali vomitando dalla bocca un gran fonte, attorno il quale molti Rosignoli, e Canarini disposti negli alberi facean la melodia, ch’è lor propria. Sorpasserò [p. 326] un popolo d’altre figure minori che bello stesso tempo maneggiavano ogn’altra sorta di musicali strumenti, e rappresentavano tutti i mestieri dell’arti correndo une spesa si grande nel mantenimento di tante macchine, e giuochi, che dicono che rottasi una volta una corda al violino d’Orfeo non costasse a Lodovico XIII meno di 300 scudi il rimetterla. V’avean pure delle Grotte asciutte, che col mezzo di certo moto secreto dell’acque producevano un venticello freschissimo, il quale in oltre animava Organi, e simili strumenti pneumatici. V’eran molt’altri ingegnosi scherzi non men d’acqua, che d’aria, i quali seccatisi i fonti dopo che il Re ha fermate le sue applicazioni a Versaglie, si son tutti guastati, rimasi inselvatichiti i Giardini della discesa suddetta, e sepolte nell’erba tutte quelle logge, e quelle, altre volte si magnifiche scale in guisa che sono divenute impraticabili, e mettono una formal compassione. Quando io fui colà vi latrava in quelle Galerie una Mandra di cani, che il Re Giacomo d’Inghilterra vi tenea rinserrati per uso delle sue caccie. Il vecchio Castello solo serviva all’abitazione di questo Re, e della sua Corte, come pure per di lui servigio si teneva aggiustata, e culta l’unica parte del Giardino superiore in cima del Colle, e s’era anzi accresciuta di non peche bellezze. San Germano all’ora, ciò che differ gli Storici del Palagio di Teodofico, si potea chiamar un rigido Monastero, ed una vera scuola morale nel soggiorno di [p. 327] quest’ esule coronato, e dell’ incomparabil Maria d’Este sua Moglie non solo perchè rappresentava la maggio peripezia di fortuna, che si sia mai veduta ai di nostri, ma anco per le tante virtù Cristiane, ed Eroiche, nelle quali ambidue incessantemente s’impiegavano avendo destinato per ciascun giorno della settimana qualche particolar esercizio della loro esemplarissima Divozione. »

Madrisio, Niccolò

Description par André du Chesne des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 274] Des chasteaux de Sainct Germain en Laye et du village de Nanterre
Saint Germain en Laye est aujourd’huy un lieu de plaisance pour nos roys le plus rare en beauté, le plus gracieux en sejour, et le plus abondant en toutes sortes de delices qui soit guere en France.
Ce lieu bien qu’il face quelque gloire de l’excellence de son antiquité, pour avoir emprunté le plus beau titre de son nom de ce tant celebre evesque d’Auxerre sainct Germain, lequel avec saint Loupe pasteur de Troye, passa en Angleterre pour arracher les espines de l’heresie, qui y suffoquoient les semences de la vraye religion ; si est qu’il n’a point veu son honneur tant relevé que depuis que nos rois y ont fait bastir.
Charles V jetta les premiers fondemens du vieil chasteau, lequel ayant esté pris des Anglois pendant la confusion où s’abimoit le royaume par le foible cerveau de Charles VI, se rendit depuis à Charles VI moyennant certaine somme d’argent, qui fut donnée au capitaine anglois qui le tenoit.
Je ne veux m’arrester ici à monstrer avecque ma baguette, je dis avecque ma plume, les terres, les galleries, les sales, les chambres, antichambres, [p. 275] les courts, les offices, le jeu de paulme, l’eglise, les vignes, les bois, les routes, les montagnes, les valons, les prez, la villette basse au pied ceinte de la riviere de Seine qui va lechant ses bords : je ne veux m’arrester à decrire la forest voisine des murailles de ce chasteau, couverte d’une fueille si espesse et si touffue, que le soleil en sa plus ardente chaleur ne la sçauroit transpercer. Forest où les poetes du temps passé eussent peu dire s’ils l’eussent veue, que c’estoit celle mesme où Pan, ce grand veneur, les faunes, satyres, dryades, hamadryades, et toutes les deitez forestieres avoient accoustumé de faire leur retraite. Forest, dis-je, riche d’un jeu de pail-mail, le long duquel y a des pavillons quarrez faits et massonnez expres pour reposer, ou pour recevoir l’assemblée des regardans. Seulement je veux dire que nos roys pendant l’honneur et la seureté de la paix ont presque tousjours choisy leur retraite en cette noble maison.
Et à la verité si jamais la majesté des Lis a honoré et reveré lieu de nostre France, je croy que ç’a esté ce chasteau, apres celuy de Fontainebleau, dont nous parlerons cy apres ; François premier s’y plaisoit fort à cause des longues et larges routes des bois voisins faites expres pour plus aysement et avec plus de plaisir courir le cerf à force, le sanglier et le chevreuil : mesme l’embellit de nouveaux edifices, et fit relever ce qui tomboit en ruine. Mais l’accomplissement et la perfection de son ornement, il le doit à nostre roy qui a rendu cette maison de ses predecesseurs vraiment royalle. Il a fait bastir un [p. 276] nouveau chasteau sur ceste croupe de montaigne pratiquée sur les flancs du rocher plus proche de la riviere, auquel il n’a rien espargné de ce qui pouvoit esclairer sa gloire et relever son honneur au plus haut point.
L’escalier, qui est à l’entrée, où sont gravées les images d’Hercule et d’un lyon, les fonteines, les petits ruisseaux frais et argentins qui coulent au fond des petits valons pour rafraichir les plantes et les fleurs des parterres, et compartimens des jardins, y sont admirables : mais sur tout cela les grottes, ausquelles il semble que les plus rares merveilles de la terre ayent resolu de suborner les sens, enyurer la raison, et peu à peu derober l’ame de ceux qui les regardent ou entendent, leur faisant perdre le sentiment, soit de l’œil, soit de l’ouye.
Les anciens avoient ignoré l’industrie de faire eslever et remontre les eaux plus haut que leur source, et nous et les nostres fussions demeurez en ceste ignorance, sans l’ingenieuse et hardie invention de Claude de Monconnis, president des Finances en la generalité de Lyon, qui le premier en a fait preuve avec admiration premierement aux fontaines de ce nouveau chasteau de Saint Germain en Laye, et depuis aux maisons du marechal de Rets à Noisy, et du premier president de Paris à Stim.
Par le moyen de cette eslevation, et à la faveur des secrets efforts de ces eaux remontantes, l’industrie humaine nous y fait voir aujourd’huy de belles et rares pieces dans les grottes tant hautes que basses. Et premierement quant aux hautes, [p. 277] elles sont si artistement pavées et encoustées partout de divers rancs de coquilles d’ouistres et de moules, que l’assemblée des regardans se sent plus tost mouillée qu’elle ne s’apperçoit d’où peut proceder l’accident. Dedans la premiere est une table de marbre, où par l’art d’un entonnoir s’eslevent en l’air des coupes, verres, et autres vaisseaux bien formez de la seule matiere de l’eau. Pres de là y a une nymphe eslevée à demy bosse, en face riante, belle et de bonne grace, qui laissant emporter ses doits au branle que luy donne l’eau fait jouer des orgues, je dis de ces instrumens organiques, qui furent premierement en usage aux eglises de France sous Louys le Debonnaire, fils de nostre grand Charles. Il y a un Mercure pres la fenestre, qui a un pied en l’air, et l’autre planté sur un apuy, sonnant et entonnant hautement une trompette. Le coucou s’y faict entendre et recognoistre à son chant.
Sortant de là pour entrer en l’autre partie se rencontre un fier dragon, lequel bat des aisles avecque grande vehemence, et vomist violemment de gros bouillons d’eau par la gueule. Dragon accompagné de divers petits oysillons, que vrayement l’on diroit non pas peints ou contrefais, mais vivans et branlans l’aile, qui font retentir l’air de mille sortes de ramages : et sur tous les rossignols y musiquent à l’enuy et à plusieurs cœurs.
On void de l’autre costé un bassin de fonteine enrichy de mille petits animaux marins, les uns en coque, les autres en escaille, les autres en peau, tous entortillez par le reply des vagues [p. 278] et des flots courbez et entassez l’un sur l’autre : et semble à voir ces troupes escaillées que ce soit un triomphe marin. Sur l’une des faces entre ces petits animaux, s’eslevent deux tritons par dessus les autres, qui embouchent leurs coques, tortillées et abouties en pointe, mouchetées de taches de couleur, aspres et grumeleuses en quelques endroits. Ils ont la queue de poisson large et ouverte sur le bas. Au son de ces coques s’avance un roy assis en majesté sur un char, couronné d’une couronne de joncs mollets meslez de grandes et larges fueilles qui se trouvent sur la greve de la mer. Il porte la barbe longue et herissée de couleur bleue, et semble qu’une infinité de ruisseaux distillent de ses moustaches allongées et cordonnées dessus ses levres, et de celles de ses chevaux. Il tient de la main dextre une fourche à trois pointes, de l’autre il guide et conduit ses chevaux marins galopans à bouche ouverte, ayans les pieds dechiquetez et decoupez menu, comme les nageoires de poissons : ils ont la queue entortillée comme serpens. Les routes de ce char sont faites de rames et d’avirons, assemblez pour fendre et couper la tourmente, et l’espaisseur des flots comme à coups de ciseau. De l’autre face sont des mareschaux en leurs habits de forgerons, la face noire de crasse et de suye, lesquels battent du fer sur une enclume à grands coups de marteau. Si c’estoient des cyclopes, je dirois qu’ils forgeroient des armes à nostre grand Henry, comme ils en sont forgé chez les poetes au vaillant Achille, et au pieux Enée. Et ce qui est de plus plaisant et qui semble fait pour faire rire, [p. 279] c’est que l’eau se lance à si gros bouillons contre ceux qui se tiennent aux fenestres, qu’en un moment ils sont tous mouillez.
Au dessous et un peu plus bas se void une autre grotte, que vous diriez d’un rocher ridé, caverneux, et calfeutré de mousse espaisse et delicate, comme s’il eus testé tapissé de quelque fin coton. Là vous voyez les bestes, les oyseaux, et les arbres s’approcher d’Orphée touchant les cordes de sa lyre, les bestes allonger les flancs et la teste, les oyseaux tremousser les aisles, et les arbres se mouvoir, pour entendre l’armonie de ce divin chantre. Là est un Bacchus assis sur un tonneau, tenant une coupe en main ; là sont des deesses admirables en forme de demy colosses, et plusieurs autres pieces merveilleuses, que je laisse pour la curiosité de ceux qui voudront en contenter leurs yeux.
Au lieu où le rocher est le plus haut, et tout devant le chasteau, vous remarquerez une belle et admirable fontaine, qui surgissant à gros bouillons se divise en plusieurs tuyaux, qui serpentent et arroussent non seulement les jardins, mais aussi fournissent d’eau à toutes ces petites merveilles artificielles.
Le roy faict encore travailler tous les jours à l’embellissement de ce chasteau, et poursuit ce qu’il a si richement commencé. La royne estant arrivée à Paris, il la mena à Saint Germain pour luy faire voir ses bastimens. Et monseigneur le dauphin, premier fils de la premiere couronne du monde, ayant veu la lumiere, il luy destina ceste maison pour sa premiere nourriture. Là les deputez [p. 280] du Dauphiné de tous les ordres du pays luy vinrent rendre les premiers devoirs de leur subjection, et le recognoistre pour souverain seigneur, par un bufet entier de vaisselle richement elabouré et embelli de diverses figures de dauphins.
A une lieue de ce chasteau, tirant vers la ville de Paris, nous avons un bois taillis, au milieu duquel y a un chemin passant, dont d’un costé prenez une branche, elle flotera sur l’eau, ainsi que tout autre bois, de l’autre prenez une autre branche, elle ira au dessouz de l’eau comme une pierre : et l’appelle le commun peuple pour ceste cause, le bois de la trahison ; disant que pour une trahison qui y avoit esté autrefois commise Dieu l’avoit voulu chastier de ceste façon. Quelques historiens tiennent que ce fut de ce Ganelon, qui trahit la maison des Ardennes, les pairs de France, et les plus belliqueux capitaines de Charlemaigne. Et void on encore dans ce bois une grande table de pierre, sur laquelle ils content que fut conceue et formée l’infortune de cette journée tant memorable de Roncevaux. »

Duchesne, André

Mention d’un marché conclu pour le pavage de la galerie des grottes à Saint-Germain-en-Laye

« Acte notarié du 5 mai 1665, signé par Colbert, et portant également les signatures de La Motte Coquart, intendant des Bâtiments, de Pierre et Nicolas Ménard, marbriers à Paris ; 2 pages et demie in-fol. 10 fr.
Document original intéressant. C’est un marché pour le pavage de la galerie des grottes du vieux château de Saint-Germain-en-Laye. (Catal. Voisin, 1896, n° 22129). »

Maison du Roi (Ancien Régime)

Extrait du Théâtre des plans et jardinages de Claude Mollet concernant le jardin de Saint-Germain-en-Laye

« En l’an cinq cens quatre vingt quinze, le feu roy Henry le Grand me commanda de planter le jardin du chasteau neuf de Sainct Germain en Laye, si bien que je le fis planter tout de buys, et aussy le jardin de Monceaux, ensemble le petit jardin qui est sur l’estang du chasteau de Fontainebelleau. Tous ces trois jardins furent plantez en la mesme année tout de buys, qui sont encores à present en bonne forme. »

Mollet, Claude

Certificat de don de la jouissance à vie du jardin des terrasses du Château-Neuf à Saint-Germain-en-Laye à la comtesse de La Marck

« Nous Charles Claude de Flahault de la Billardrie d’Angiviller, conseiller du Roi en ses conseils, mestre de camp de cavalerie, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, commandeur de l’ordre de Saint Lazare, de l’Académie royale des Sciences, intendant du jardin du Roi, directeur et ordonnateur général des Bâtimens de Sa Majesté, jardins, arts, académies et manufactures royales,
Certifions que le Roi, désirant donner à madame la comtesse de La Marck une nouvelle preuve de sa bienveillance, Sa Majesté lui a accordé la jouissance des trois terrasses de son château neuf de Saint Germain en Laye, vacante par la démission qu’en ont donné monsieur le prince et madame la princesse de Beauvau, auxquels pareille jouissance avoit été concédée par brevet du 28 juin 1773, pour par mad. dame comtesse de La Marck jouir desd. trois terrasses sa vie durant, telles qu’elles se poursuivent et comportent et ainsi qu’il est figuré et teint en jaune sur le plan déposé au bureau de la direction générale des bâtiments du Roi, à conditions toutefois d’en jouir par elle-même et de ne pas les céder à personne, sous quelque prétexte que ce soit. En foi de quoi nous avons fait expédier le présent certificat que nous avons signé, fait contresigner par le secrétaire ordinaire des Bâtiments du Roi et sceller du cachet de nos armes. Fait à Versailles le huit avril mil sept cent soixante et seize.
D’Angiviller »

Noailles, Marie-Anne-Françoise (de), comtesse de La Marck

Attestation de paiement pour des travaux aux terrasses du Château-Neuf

« Je Sebastien François Delaplanche, escuier, conseiller du Roy, tresorier general de ses Bastimens, jardins, arts et manufactures de France soubzsigné, certiffie à tous qu’il appartiendra avoir payé pendant l’année de mon exercice 1663 aux sieur Guillaume et François Villedo et Antoine Bricard, associez, entrepreneurs des ouvrages de maçonnerie des perrons, terrasses et closture de Saint Germain en Laye, la somme de cent cinquante neuf mil livres à compte des ouvrages de maçonnerie qu’ils ont faicts ausd. perrons, terrasses et closture de Saint Germain en Laye, en foy de quoy j’ay signé la presente.
A Paris, le XXVIIIe aoust MVIc soixante neuf.
Pour certifficat seulement
Delaplanche »

Quittance pour le décor de la grotte d’Orphée au Château-Neuf

« En la presence des notaires soubzsignez, Thomas Francine, ingenieur du Roy, a confessé avoir receu comptant de noble homme maistre Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy, la somme de dix huict cens livres tournois en [vide] à luy ordonnée sur estantmoings des aornemens et decoration de la grotte de l’Orphée à Sainct Germain en Laie et materiaux qu’il y fournit et entretenement de ses hommes qui y travaillent, de laquelle somme de XVIIIc l. il se tient content et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier, et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostelz desd. notaires le dix septiesme jour de septembre apres midy mil six cens trois, et a signé.
La soma di lire millaottocianto
Tomaso Francini
Chapelain, Le Vasseur »

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