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Description archivistique
Château-Vieux (salle de bal) Cérémonies diplomatiques
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Récit de l’audience donnée par le roi aux députés de Bordeaux à Saint-Germain-en-Laye

« Responce du Roy à messieurs les depputez de Bourdeaux, messieurs le second president Chessac et conseiller Jessac et autres, faicte à Sainct Germain en Laye le 3e de novembre 1599 sur la verification de l’edict de Nantes
Le Roy se jouant et s’esgayant avec ses petits enfans en la grande salle du chastel de Sainct Germain en Laye, et voyant de l’aultre costé de la dicte salle messieurs les depputez, laissant ses enfans, les va accoster disant :
Ne trouvés poinct estrange de me veoir icy folastrer avec ces petits enfans. Je scay faire les enfans et defaire les hommes. Je viens de faire le fil avec mes enfans, je m’en vay maintenant faire le sage avec vous et vous donner audience.
Et estant entré en une chambre avec messieurs le chancelier et le mareschal d’Ornano, lieutenant pour le Roy en Guyenne, et messieurs les depputez seulement, et ayant ouy le dict sieur president Chessac qui portoit la parole et qui harangua cinq quarts d’heure, le Roy respondant, dit :
Monsieur de Chessac, non seulement vous ne m’avés poinct ennuyé par trop grande longueur, ains plustost je vous ay trouvé court, tant j’ay pris plaisir à vostre bien dire. Car il faut que je confesse en vostre presence que je n’ay jamais ouy mieux dire. Mais je voudrois que le corps respondit au vestement. Car je vois bien que vos maximes et propositions sont les mesmes et semblables qu’estoient celles que faisoient jadis le feu cardinal de Lorraine au feu Roy en la ville de Lyon, retournant de Poulogne, tendant à ce remuement d’Estat. Nous avons obtenu la paix tant desirée, Dieu mercy, laquelle nous couste trop pour la commettre en troubles. Je la veux continuer, et chastier exemplairement ceux qui voudroient apporter l’alteration. Je suis vostre Roy legitime, vostre chef ; mon royaume en est le corps, vous avés cest honneur d’en estre membres, d’obeir, et d’y apporter la chair, le sang, les os et tout ce qui en despend. Vous dictes que vostre parlement seul en ce royaume est demeuré en l’obeissance de son Roy et partant que ne devés avoir pire condition que le parlement de Paris et Rouen, qui, devant les desbordemens et orages de la Ligue, se sont devoyez. Certes, ce vous a esté beaucoup d’heur, mais, après Dieu, il faut rendre louange non seulement à vous autres, qui n’avés eu faute de mauvaise volonté pour remuer comme les autres, mais à feu monsieur le mareschal de Matignon, qui vous tenoit la bride courte, qui vous en a empesché. Il y a longtemps qu’estant seulement roy de Navarre, je cognoissois des lors bien avant vostre maladie, mais je n’avois les remedes en main. Maintenant que je suis roy de France, je les connois encore mieux, et ay les matieres en main pour y remedier et en faire repentir ceux qui voudront s’opposer à mes commandemens. J’ay fait un edict, je veux qu’il soit gardé, et quoy que ce soit, je veux estre obey. Bien vous en prendra si le faites. Mon chancelier vous dira plus en plein ce que est ma volonté. »