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« A Paris, le 22 août 1670
[…]
[p. 478] M. le duc de Buckingham ne bouge de Saint [p. 479] Germain. Jamais prince étranger ni grand seigneur n’a été si fort caressé du Roi. Il est presque toujours avec lui. On ne pénètre pas encore s’il fait quelques négociations. Il est certain que feu Madame avait apporté un traité d’Angleterre, elle l’avait dit à des personnes de confiance, mais on n’a pas pu savoir ce qu’il contenait. Par les apparences et selon que les choses se préparent, on juge que c’est un traité de commerce de marine pour les Indes où négocient les Hollandais. Ils les y veulent troubler et les affaiblir par ce moyen, et comme les peuples d’Angleterre en tireront des avantages considérables, les détacher par là des partialités et des amitiés qu’ils ont pour lesdits Hollandais.
Je viens de savoir que le Roi a commandé ses troupes qui sont au camp de se tenir en état de marcher mercredi prochain en corps d’armée du côté de Péronne, où elles seront conduites par le maréchal de Créquy et consignées au maréchal d’Humières. […]
[p. 480] Madame, fille du Roi, est toujours plus mal à Rueil, où on l’a menée, l’air de Saint Germain étant trop subtil. Leurs Majestés l’y ont visitée, et monsieur le Dauphin a déjà eu deux accès de fièvre tierce. »
Thomas-François Chabod marquis de Saint-Maurice, Lettres sur la cour de Louis XIV, Paris, Calmann-Lévy, 1911-1912, t. I, p. 484-486.