Zone d'identification
Cote
19
Titre
Date(s)
- 10 juillet 1855 (Production)
Niveau de description
Pièce
Étendue matérielle et support
1 document sur support papier
Zone du contexte
Nom du producteur
Histoire archivistique
Source immédiate d'acquisition ou de transfert
Zone du contenu et de la structure
Portée et contenu
« L’évacuation complète du pénitencier a eu lieu, mardi dernier 10 juillet. La population, curieuse d’assister au départ de tous ces détenus qu’elle ne pouvait voir de près qu’à de très rares occasions, avait été, dès la veille, mise en émoi par l’arrivée de nombreux détachements de gendarmerie, envoyés [p. 61] des différentes brigades de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, pour servir d’escorte aux détenus.
Tant qu’on a pu penser que le départ s’effectuerait dans la soirée même, des groupes nombreux ont stationné sur la place du Château, et ne se sont dispersés que lorsque les gendarmes, que commandaient un capitaine et un lieutenant, ont rompu leurs rangs pour aller, munis des billets qu’on venait de leur donner, prendre logement chez les habitants.
Le lendemain, de grand matin, un public nombreux attendait le départ dès six heures. Ce n’est pourtant qu’à huit heures que les portes se sont ouvertes pour donner passage à un détachement de quatre-vingts détenus graciés, tous revêtus de l’uniforme de leurs régiments respectifs, qu’ils allaient rejoindre sous la conduite d’un sous-officier. Ils sont partis immédiatement pour Versailles par le chemin de fer. Dix-huit, dont le temps de service était fait depuis longtemps, formaient un petit détachement à part auquel le dernier mot pour eux de la discipline militaire : « Rompez vos rangs ! » a rendu la liberté complète, sauf le lieu de destination indiqué sur chaque feuille de route.
Les figures de tous ces pauvres diables témoignaient de leur joie, et plusieurs d’entre eux exprimaient, en envoyant un dernier regard aux murs du vieux château, leur ferme résolution d’éviter désormais un tel abri.
A deux heures et demie et au milieu d’une affluence considérable, une compagnie du 48e est venue prendre possession devant l’entrée du pénitencier et former, depuis la grille jusqu’à l’embarcadère, la haie entre laquelle devait passer le premier détachement, dirigé vers le fort de Vanves. L’escorte de gendarmerie a bientôt paru sur le seuil du château, précédant et entourant, le sabre à la main, soixante-dix hommes, revêtus de l’uniforme gris des prisons militaires. Ceux-ci marchaient deux à deux, accouplés par une légère chaîne en fer attachée aux poignets. Tous ces hommes portaient leurs sacs et plusieurs y avaient joint les instruments de leur profession, des masques, des fleurets, des boîtes à instruments de musique ; nous en avons même remarqué un qui avait fixé derrière son dos un charmant rosier en fleurs, probablement cultivé pendant sa captivité.
Le soir, à sept heures trente-cinq minutes, un nouveau convoi spécial emportait le dernier détachement, composé de deux cent soixante-quinze détenus, qui, à leur arrivée à Paris, devaient être dirigés sur les établissements pénitentiaires de Metz, Besançon et de l’Algérie. Chaque wagon, contenant huit détenus, recevait en outre deux gendarmes. Le reste de l’escorte et les employés du pénitencier ont pris place dans un wagon spécial, au centre du train. Ces départs successifs, auxquels présidait l’autorité militaire, assistée du chef de la police municipale et de ses agents, se sont accomplis dans le plus grand ordre ; le dernier surtout, qui coïncidait avec la fin de la journée des ouvriers, avait attiré une foule considérable.
Le premier acte de la régénération du château de François Ier, qui a vu naître Louis XIV, est donc enfin accompli.
On affirmait encore hier que le château de Saint-Germain va devenir château impérial dans toute l’acception du mot, et que le casernement de la ville doit être augmenté de manière à y établir une brigade de cavalerie. »
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Note de publication
L’Industriel de Saint-Germain-en-Laye, 5e année, n° 28-205, 14 juillet 1855, p. 60-61