Château de Saint-Germain-en-Laye. Détails du cadre du cadran de la tour de Charles V
- 87
- Pièce
- 8 septembre 1863
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
Millet, Eugène
Château de Saint-Germain-en-Laye. Détails du cadre du cadran de la tour de Charles V
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Détails grandeur d'exécution du couronnement de la cheminée
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Angle nord-ouest du château. Face sur la cour
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Angle nord-ouest du château. Façade sur la cour. Détails
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Tour de Charles V. Détails de la toiture
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Détails du pavillon de l'horloge
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Détails du parquet de la salle du 1er étage du donjon
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Cave sous l'escalier principal. Détails de la porte d'entrée
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Façade nord. Détails de l'avant-corps de l'escalier
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Détails des croisées du 1er étage du bâtiment nord
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Château de Saint-Germain-en-Laye. Bâtiment nord. Détails des portes-croisées du 1er étage
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Devis des premiers travaux à entreprendre pour la remise en état du château de Saint-Germain-en-Laye
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« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye, département de Seine-et-Oise
Exercice 1855
Détail estimatif concernant les travaux d’entretien et aussi diverses démolitions projetées à l’intérieur de la construction
Badigeonnages de diverses inscriptions et emblèmes tracés sur les murs par les prisonniers militaires, ensemble 160 m. superficiels à raison de 0,12 c. : 19,20
Curage des puisards sis près le pont d’entrée et pour faciliter l’écoulement des eaux pluviales de la cour. Ce travail évalué à : 25,00
Façon de 3 soudures aux tuyaux en plomb des eaux à raison de 3 f. en y comprenant toutes fournitures : 9,00
Garnissage en paille de tous les tuyaux et robinets pour préserver les ouvrages de plomberie de la gelée, évalué à : 30,00
Scellement d’un gond de la porte de la cellule du prisonnier sculpteur Gardy : 1,00
Ramonnage des tuyaux de cheminées et des poêles du logement du concierge, ensemble : 5,25
Fourniture et pose de 16 m. 00 linéaires de tuyaux de poêles dans le logement du concierge à raison de 2 f. 00 l’un : 32,00
Nettoyage et balayage du château, enlèvement et transport dans les fossés de tous les gravois et de la paille laissés par le pénitencier à l’intérieur de la construction, emploi de 50 journées de maçon et aide à raison de 5 f. 85 c. pour les deux ouvriers : 292,50
Arrachage des herbes dans les fossés pour reconnaître la situation exacte des fosses d’aisance et des puisards, emploi de 20 journées d’ouvriers à 5 f. 85 c. comme ci-dessus : 117,00
Entretien des toitures
Façon de 10,00 superficiels de toiture en tuiles neuves sur vieux lattis, à raison de 4 f. 30 c. : 43,00
Façon de 10,00 superficiels de toitures en ardoise sur vieilles voliges à raison de 2 f. 80 : 28,00
Pose de 800 tuiles et ardoises en recherche à raison de 0,12 c. la pièce : 96,00
Façon de 150 m. 00 linéaires d’arrêtiers et de solins en plâtre à raison de 0,25 le mètre linéaire : 37,50
Soudures et raccords à faire sur les parties de toitures en plomb, évaluées à : 60,00
Pose de verres sur les châssis des combles : 10,00
Façon de 120 m. 00 linéaires de joints en ciment romain dans les chéneaux et sur les dallages à raison de 0,25 : 30,00
Etablissement d’un magasin
Dépose de la serrure, façon d’une clef et repose de la serrure : 3,25
Un dessus de table en sapin de 3 m. 88 de surface à raison de 5 f. 95 : 23,08
Le rebord de la partie postérieure de 3,00 de longueur à 0 f. 60 : 1,80
Les consoles, les allégissements et les entailles, évalués à : 20,45
Fourniture de 2 tiroirs en hêtre à raison de 8 f. l’un : 16,00
Les tasseaux et les coulisses évalués ensemble à : 2,35
Fourniture d’une serrure de tiroir : 2,25
[Total :] 904 ;63
Imprévus 1/10e : 90,46
[Total :] 995,09
Honoraires de l’architecte, 1/20 : 49,75
[Total :] 1044,84
Ensemble : 1044 f. 84 c.
Démolition des cellules du pénitencier et du plancher établi dans la grande salle des fêtes
Dépose, descente et rangement à l’endroit indiqué de la porte et du chambranle d’une cellule : 0,20
Dépose et rangement de l’imposte et du croisillon en fer : 0,20
Démolition des cloisons en plâtre et du plafond ou faux plancher de ensemble une surface de 37 m. 25 à raison de 0,30, en y comprenant la descente et le rangement des bois, le transport dans les fossés de tous les gravois et aussi le nettoyage définitif des diverses salles du château : 11,08
Démolition de 573 cellules semblables à raison de 11,58 d’après le détail qui précède : 6635,34
Démolition du plancher de la salle de Mars de 41,00 11,70 = 479,70 à raison de 0,15 : 71,95
Dépose, descente et rangement des bois de charpente
1 poutre de 12,00 0,30 0,30 : 1,080
7 semblables : 7,560
1 poteau de 5,00 0,30 0,30 : 0,450
7 semblables : 3,150
Les chapeaux et les liens au bout : 3,000
1 solive de 5,00 0,10 * 0,22 : 0,110
197 semblables : 21,670
[Total :] 37,020
Ensemble 37 m. 020 à raison de 7 f. 00 en y comprenant la descente et le rangement : 259,14
La démolition des cloisons contenans l’escalier et les descellements des pièces de charpente, évalué à : 105,00
Imprévus 1/20 : 354,15
[Total :] 7437,16
Honoraires de l’architecte, 1/20 : 371,85
[Total :] 7809,01
Ensemble : 7809 f. 01 c.
Vidange des fosses d’aisances sises dans les fossés du château
Contenance des fossés
Fosse n° 1 : 21,493
n° 2 : 11,925
n° 3 : 2,000
n° 4 : 148,169
n° 5 : 10,096
n° 6 : 13,891
n° 7 : 180,433
n° 8 contenance inconnue
L’on peut évaluer que les fosses du château de Saint-Germain sont à moitié pleines, c’est-à-dire qu’il y aurait environ 200,00 cubes à enlever, à raison de 12 f. 00 par mètre cube : 2400,00
Imprévus 1/10 : 240,00
[Total :] 2640,00
Honoraires de l’architecte, 1/20e : 132,00
[Total :] 2772,00
Ensemble : 2772 f. 00
Total du devis : 11625 f. 85
Le présent devis dressé par l’architecte soussigné
Eug. Millet
Paris, le 25 août 1855 »
Ministère d'Etat
Rapport sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
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« Rapport adressé à Son Excellence monsieur le ministre d’Etat et concernant le château de Saint-Germain-en-Laye
Monsieur le Ministre,
Le château dont il s’agit, et tel qu’il avait été conçu primitivement, a été entièrement construit sous le règne de François 1er. L’architecte chargé d’élever cette importante construction a su concernant et faire entrer dans l’ensemble de cette demeure une curieuse chapelle remontant à la première moitié du 13e siècle. François 1er, assure-t-on, donnait tous ses soins à la façon de ce château et Ducerceau s’exprime à l’égard de cette construction de la manière suivante :
« Ce bâtiment est assis sur un lieu assez hault élevé, prochain de la rivière de la Seine, à cinq lieus de Paris. Cette place a été tenue par les Anglais durant leur séjour en France. Depuis eux étant déchassez, elle demeura quelque temps sans entretien. Or il est advenu que le roy François premier trouvât le lieu plaisant, feit abbattre le viel bastiment sans toucher néantmoins au fondement, sur lequel il feit redresser le tout comme on le voit pour le jourd’hui, et sans rien changer dudit fondement, ainsi que l’on peut cognoistre par la court d’une assez sauvage quadrature. Les parements tant dedans que dehors et encoignures sont de briques assez bien accoustrée, et y était ledit Roy en les bâtisssant si ententif que l’on peult presque dire qu’autre que lieu en fust l’architecte. En aucun corps de ce logis y a quatre étages. En celui de l’entrée y en a deux, dont le deuzième est une grande salle. Les derniers étages sont voultez, chose grandement à considérer à cause de la largeur des membres. Vrai est qu’à chacun montant y a une grosse barre de fer traversant de l’un à l’autre, avec gros crampons par dehors tenans les dites voultes et murailles liées ensemble et formes. Sur ces voultes et par tout le dessus du circuit du bastiment est une terrasse de pierre de liais qui fait la couverture, lesquelles portant les unes sur les autres et descendans de degré en degré, commençant du milieu du hault de la voulte un peu en pente jusques à couvrir les murailles. Et est cette terrasse, à ce que je crois, la première de l’Europe pour sa façon et chose digne d’estre veue et considérée. Le lieu est accompagné d’un bois, qu’on appelle la forest de Haye, en laquelle le mesme roy François feist bastir un logis nommé la Muette, duquel nous parlerons en son endroit. Outre plus, il y a un jardin de bonne grandeur. Davantage, la vue d’iceluy du côté du midi est autant belle qu’on sçaurait désirer : comme ainsi soit, que de de chasteau on voit l’assiette de Paris, Montmartre, le mont Talvériens, Saint Denys et plusieurs autres lieux assez lointains. Ledit bastiment est accompli de ses fossez regnans autour de huit toises de large dans lesquels est un jeu de paulme. A l’entrée est la basse court, fermée partie de closture et corps de logis bien simples, et en icelle une fontaine. Après la mort dudit roy François vint à régner Henry deuzième, son fils, lequel pareillement aima le lieu. Ainsi ce Roy pour l’amplifier de beauté et commoditez fist commener un édifice joignant la rivière de Seine avec une terrasse qui a son regard sur ladite rivière : ensemble les fondements d’un bastiment en manière de théâtre entre la rivière et le chasteau comme verrez par le plan que je vous ai dessigné. En la route principale du bois et assez prochain du lieu est une chapelle neufve couverte en dome. Pour venir de Paris en cette maison royale, il fault passer trois ou quatre bois, si ce n’est que sortant du droict chemin vous éviterez la subjection de ces passages d’eaux. Au reste, par les plans et élévations vous verrez et entendrez le contenu du lieu. »
Le peu de tranquillité du règne de François 1er ne permit pas d’élever à Saint-Germain un splendide château et l’on dut se contenter de l’emploi de médiocres matériaux. Les ouvrages furent commencés assez largement mais pendant l’exécution l’on dût adopter des mesures économiques et achever en maçonnerie ordinaire bien des parties qu’on avait le projet d’élever d’une façon bien plus convenable.
Le château de Saint-Germain présentait de belle et larges disposition et devait produire un très grand effet avec son beffroi, sa grande salle des fêtes, son dernier étage voûté et recevant les admirables terrasses qui occupent toute la surface des bâtiments. Jusqu’à cette époque, toutes ces constructions nationales avaient été terminées par des combles élevés et l’on dut être assez surpris alors de voir le château de Saint-Germain se couronner par d’élégantes balustrades ornées de bases, de salamandres et de couronnes royales. Cette demeure eut un véritable succès auprès des artistes. S’il nous reste aujourd’hui en conséquence de charmants dessins de Jacques Androuet Ducerceau, d’Israël Silvestre, de Pérelle, qui nous permettent de rétablir par la pensée tous les arrangements primitifs du château vieux de Saint-Germain-en-Laye.
Pendant plusieurs règnes, la construction qui nous occupe n’eut à souffrir aucune modification et les successeurs de François 1er s’occupèrent d’édifier, de continuer et d’achever le château neuf. Cette nouvelle construction fut élevée lentement, fut mal entretenue et semble s’être en partie écroulée avant d’avoir pu être sérieusement habitée.
Le roi Louis XIII, qui habitait ordinairement Saint-Germain et surtout le vieux château, voulut restaurer et décorer la chapelle de saint Louis. A cette époque remontent diverses opérations regrettables et c’est alors qu’on détruisit l’arcature inférieure et que l’on reconstruisit à neuf tout le côté méridional de l’édifice religieux. Ce monarque, il est vrai, voulut aussi qu’une belle décoration fut appliquée sur toutes les parois de la chapelle et il chargea Vouet et ses habiles élèves, Le Brun et Le Sueur, de l’exécution de toutes ces peintures.
Le château neuf semble être, si nous nous en rapportons à la plupart des historiens, le berceau de Louis XIV, mais le grand roi fut baptisé dans la chapelle du vieux château. Ce monarque passa sa jeunesse dans la demeure élevée par François 1er et appréciait très fort, dit-on, les belles terrasses qui forment une agréable promenade au sommet du monument.
Le roi Louis XIV trouva le château insuffisant pour la cour et songea à abandonner Saint-Germain. Quelques discussions se sont élevées sur l’époque de l’installation à Versailles et divers historiens assurent que ce fut en 1671, tandis que M. Abel Goujeon, dans sa description de Saint-Germain affirme que ce ne fut que pendant le cours de l’année 1680.
Vers 1680, le roi donna l’ordre d’édifier les 5 pavillons qui flanquent le vieux château (nous avons indiqué en gris ces constructions dans la planche première de nos dessins) et l’architecte Hardoin-Mansard fut chargé de la direction de ces travaux. Louis XIV avait déjà à cette époque commandé la belle et grande demeure de Versailles et il ne pouvait assurément accepter les dispositions resserrées et mesquines projetées à Saint-Germain. Les pavillons qu’on allait construire ne pouvaient sensiblement agrandir le château et par l’examen du plan (fig. 1) l’on voit que si l’on a su trouver quelques salles nouvelles, l’on a été aussi obligé de perdre diverses parties assez importantes pour accéder aux nouvelles constructions. La cour du 17e siècle ne pouvait assurément se loger dans le château de Saint-Germain et cette vieille demeure de nos rois fut définitivement abandonnée.
Les pavillons bizarres de l’architecte Mansard s’élevèrent néanmoins mais ils ne furent pas achevés. Ces adjonctions ne présentent pas le caractère architectural et monumental des constructions du 17e siècle et l’architecte dut se contenter de donner l’ordre de copier tant bien que mal les dispositions de François 1er. De nombreuses parties de ces pavillons sont inachevées, comme nous l’avons dit ; des étages entiers n’ont pas d’escaliers ou ne sont desservis que par des espèces d’échelles éclairées par des châssis du comble. Les parties en surélévation qui flanquent les pavillons ont été laissées par le constructeur dans un état vraiment déplorable et ici l’architecture de Louis XIV n’est presque toujours qu’un placage mensonger qui recouvre les vieux murs de la construction primitive. Diverses salles ne sont qu’ébauchées et ne pourraient être carrelées et utilisées qu’en bouchant les ouvertures ou croisées. L’on semble, en érigeant ces constructions, avoir voulu donner satisfaction à la ville de Saint-Germain, mais l’on n’a rien achevé et des travaux assez importants seront nécessaires aujourd’hui pour compléter l’œuvre du célèbre architecte Hardoin-Mansart.
Le monument dont il s’agit a été utilisé de diverses façons depuis qu’il n’est plus affecté à la demeure des rois de France. Pendant la Révolution, il servit de prison et diverses salles furent affectées aussi aux réunions et aux délibérations des citoyens de la ville de Saint-Germain. En mars 1809, Sa Majesté Napoléon 1er y installa une école de cavalerie. Plus tard, il servit de caserne et il fut en dernier lieu approprié pour l’usage d’un pénitencier militaire.
Les diverses destinations données à l’édifice ont nécessité de nombreux travaux et presque autant de détériorations. La façade principal vers la place de l’église paroissiale a été mutilée et a vu disparaître tous ses briquetages, qui ont été remplacés par une décoration en plâtre. Bien des baies ont été agrandies, d’autres ont été réduites ou bouchées et aujourd’hui enfin le château de François 1er, qui possède une admirable cour intérieure, ne présente plus au dehors que l’aspect d’une bâtisse grandiose mais sans unité et sans caractère.
Pour satisfaire aux ordres que Votre Excellence a bien voulu me donner, j’ai dû visiter et dessiner l’édifice dont il s’agit. L’examen de la construction m’ayant convaincu qu’il serait peut-être fâcheux de modifier la belle salle des fêtes sise à l’ouest du château, je devais solliciter de vous, Monsieur le Ministre, quelques nouveaux renseignements et il était de mon devoir alors de rédiger quelques croquis que j’ai l’honneur de vous adresser.
Dans la plancher 1ère, nous avons supposé le château restauré et dans ces conditions il pourrait, je crois, être utilisé pour un musée de fragments, lesquels pourraient être classés et rangés dans les diverses salles. Le château de Saint-Germain étant largement ouvert dans ses parois verticales, il serait assez difficile d’en faire un musée destiné à des tableaux. Cela ne pourrait se faire qu’en changeant bon nombre des dispositions primitives et je devais alors solliciter de votre bienveillance, Monsieur le Ministre, quelques nouveaux détails sur la nature de la collection que vous entendez établir dans le monument.
Dans la planche 2e, j’ai supposé qu’on pourrait utiliser trois des bâtiments de la construction pour l’asile des veuves des officiers tout en affectant le corps de logis sis à l’entrée du château au musée qu’on a l’intention d’établir à Saint-Germain. Les services pourraient être séparés avec la plus grande facilité et si cette disposition semblait acceptable à Votre Excellence, elle préserverait de toute détérioration la belle salle de Mars. Chaque logement, d’après les dispositions de l’avant-projet que j’ai l’honneur de soumettre à votre appréciation, serait composé d’une entrée, d’une cuisine, d’une salle à manger et enfin d’une chambre avec alcôve pouvant former en même temps salon ou pièce de réception. Chaque logement occuperait une surface de environ 70 mètres superficiels. Nous avons pensé devoir établir tous ces logements vers l’extérieur du château et vers les jardins. Le service de ces habitations serait fait par une galerie ou couloir pourtournant la cour et qui permettrait d’aérer et de ventiler tous les logements avec la plus grande facilité. L’entresol et le 1er étage du bâtiment occidental seraient affectés au musée et cette collection pourrait disposer en conséquence d’une surface horizontale (ou de plancher) d’environ 900 mètres superficiels. De la sorte, l’on pourrait trouver, en outre du musée, 60 logements et environ 10 chambres de domestiques qui seraient réparties dans les divers étages de l’établissement. Le nombre des logements pourrait être augmenté si l’on voulait diviser l’étage principal en 2 parties dans sa hauteur, mis cette combinaison aurait peut-être l’inconvénient de donner des habitations médiocrement éclairées et aussi de dénaturer les belles dispositions du château de Saint-Germain. Le programme qui nous a été donné ne s’expliquant pas sur l’importance des habitations à établir, nous sollicitons de Votre Excellence quelques nouveaux détails dans le cas où nous n’aurions pas été assez heureux pour proposer dans cette esquisse des dispositions convenables et suffisantes.
Dans les planches 3 et 4, nous avons essayé de rendre compte de l’aspect extérieur et deux des faces du château modifié par Hardoin-Mansart sous le règne du roi Louis XIV.
Les conservateurs du château montrent aux visiteurs diverses parties du monument qui, à les entendre, présenteraient un véritable intérêt historique. La forme bizarre de la cour aurait été tracée par l’architecte en forme de D gothique et pour rappeler Diane de Poitiers. La construction de l’édifice remontant à François 1er, l’on ne pourrait admettre, ce nous semble, une pareille explication. Les pièces qu’on prétend avoir été habitée par mademoiselle de La Vallière n’ont été construites qu’en 1680 et à pareille époque la duchesse était déjà retirée dans un couvent de carmélites. Le château de Saint-Germain aurait eu ses oubliettes et quelques lames de parquet disjointes donnent matière aux gardiens d’entrer à cet égard dans de nombreux détails. Nous avons pu examiner et le parquet et la cave au-dessous et nous n’avons pu trouver trace de tout le sombre appareil qu’on prête habituellement à ces dépendances de nos vieilles habitations. Dans le pavillon nord-ouest, l’on retrouve encore 2 salles de petites dimensions et ayant conservé des traces d’une décoration qui remonte à Louis XIV. L’on rencontre dans les panneaux des dauphins et le chiffre [monogramme MA] sculptés. Ces attributs semblent indiquer de la façon la plus évidente que les deux salles dont il s’agit auraient été disposés pour l’habitation du Grand Dauphin et de son épouse Marie Anne Christine Victoire de Bavière. Ces salles se relient à d’autres pièces plus importantes qui, comme les bâtiments, n’ont pas été achevées. Ce logement ayant conservé quelques traces de décoration, l’on en a fait tout naturellement l’habitation du roi Jacques II et rien ne pourrait justifier, je crois, une pareille allégation. Nous trouverons au contraire à la page 364 de l’ouvrage si consciencieux de M. Abel Gougeon et qui a été publié en 1829 le renseignement suivant :
« On prétend que Jacques II, pendant son séjour en France, occupe le logement de la Dauphine. Cette allégation n’est pas juste car tous les auteurs du temps disent que les appartements de Louis XIV étaient devenus ceux du roi d’Angleterre et que ce dernier donnait des audiences dans les salles du trône et des ambassadeurs. »
Tous les appartements ont été détruits et il ne reste aucun vestige ni de la salle du trône ni des différentes pièces sises dans les vieilles et respectables parties de la construction. Cette importante demeure aurait été certainement abandonnée par la Cour lors du commencement des travaux exécutés à la fin du 17e siècle. Le véritable château royal de Saint-Germain, aussi bien celui habité pendant les 16e et 17e siècles que celui habité par le roi Louis XIV lui-même, est assurément celui élevé par François 1er et nous ne pouvions, ce nous semble, ayant eu l’honneur d’être chargé par Votre Excellence d’étudier cette résidence, négliger de faire quelques recherches à l’égard de la vieille construction et à titre seulement de renseignement historique. Dans ce but, nous avons retracé d’après l’édifice et d’après d’anciens dessins le château érigé à l’époque de la Renaissance. Les planches 5, 6, 7, 8 et 9 se rapportent à cette étude. Dans la planche 6e, nous avons indiqué une distribution semblable à celle de la planche 2e et, pour prouver que l’agrandissement de Louis XIV n’est pas en rapport avec la dépense effectuée pour la construction des pavillons, nous trouvons dans le château primitif à peu près le même nombre de logements que dans le château modifié et nous ne pouvons alors que déplorer cet agrandissement illusoire qui viendra augmenter d’une façon vraiment notable les ouvrages de restauration et aussi les travaux d’entretien annuels nécessaires à la conservation du monument.
La dépense nécessaire pour remettre le château de Saint-Germain en état de durer encore de nombreuses années pourra varier et en raison des ordres qui me seront donnés par Votre Excellence. Si cette demeure devait être affectée à un musée, il serait certainement utile de consolider les murailles et de reconstruire à neuf la presque totalité des voûtes supportant les terrasses en pierre. Dans le cas où le monument devrait être utilisé pour l’asile des veuves d’officiers, il serait peut-être plus convenable de vous proposer, Monsieur le Ministre, de remplacer les maçonneries des voûtes par des planchers supportant des terrasses en plomb. Si l’on voulait admettre le musée et l’asile dans le monument, l’on devrait peut-être proposer à Votre Excellence un moyen mixte de restauration à l’égard des terrasses.
La reconstruction des voûtes entraînerait des dépenses assez importantes et il serait possible de réaliser de véritables économies si l’on admettait les terrasses en plomb et les planchers supérieurs. D’un autre côté, la distribution en logement entraînera la façon de nombreux murs et cloisons, de nombreuses cheminées et encore de plus nombreux ouvrages de menuiserie, et l’on pourrait affirmer alors, je crois, que bien des compensations viendraient rendre la dépense à peu près semblables et pour tous les cas. Il me paraît résulter de l’examen attentif de la construction et de divers calculs que j’ai pu établir que la dépense atteindra environ quatorze à quinze cents mille francs. Ce chiffre n’a été établi, toutefois, que pour le cas où les travaux de restauration seraient effectués de la façon artistique qui est peut-être réclamée par l’importance du château de Saint-Germain-en-Laye.
J’ai fait entrer dans les dépenses de l’évaluation approximative tous les travaux de restauration et de décoration de la belle chapelle de saint Louis. Je n’ai dû compter pour toutes les autres parties de l’édifice que les ouvrages de décoration mis en œuvre habituellement dans nos demeures ordinaires.
Les pavillons de l’architecte Mansard et notamment celui qu’on prétend avoir été habité par Jacques II réclameraient peut-être quelques travaux assez dispendieux de décoration. Je ne crois pas que l’on puisse admettre l’explication des conservateurs du château à cet égard, mais si cela était, il me semblerait bien difficile de laisser dans l’état de délabrement l’appartement que le roi d’Angleterre devait à la libéralité du grand roi Louis XIV. Des boiseries sculptées, des tapisseries, des peintures et des dorures seraient nécessaires pour garnir les murailles et terminer les pavillons de Mansard qui, malheureusement, privent d’air et de lumière l’édifice primitif et je ne pouvais peut-être, Monsieur le Ministre, faire entrer en ligne de compte ces ouvrages de décoration qu’après en avoir reçu l’ordre de Votre Excellence.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, le 25 septembre 1855 »
Ministère d'Etat
Devis pour la démolition des pavillons de Louis XIV au château de Saint-Germain-en-Laye
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« Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Devis n° 2, démolitions
Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Devis comprenant la démolition des bâtiments érigés à la fin du XVII siècle
1° Pavillon nord-ouest
Ministère d'Etat
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Division des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Devis n° 3, château de Louis XIV
Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils
Restauration du château de Louis XIV à Saint-Germain-en-Laye
Evaluation approximative
Restauration de l’ancien pavillon à l’angle nord-ouest. Cet ouvrage évalué à la moitié de la valeur des travaux comptés au devis n° 1 et s’élevant à : 70237 f. 98 [rayé et remplacé par : 81478 f. 18]
Restauration du pavillon Louis XIV de 15,00 19,00 surface 285,00 mètre à raison de 500 f. 00 [rayé et remplacé par : 575 f. 00] d’après le détail du devis précédent et eu égard à l’étage supplémentaire supérieur et à l’étage supplémentaire sis au niveau des fossés : 142500 f. 00 [rayé et remplacé par : 163875 f. 00]
[Total :] 212737 f. 98 c. [rayé et remplacé par : 245353 f. 18]
Restauration de l’ancien pavillon de l’angle nord-est comme ci-dessus : 70123 f. 35 [rayé et remplacé par : 80905 f. 40]
Restauration du pavillon saillant Louis XIV de 12,00 20,00 et d’une surface de 240,00 à raison de 500 f. 00 [rayé et remplacé par : 575 f. 00] le mètre superficiel comme ci-dessus et s’élevant à : 120000 f. 00 [rayé et remplacé par : 138000 f. 00]
[Total :] 190123 f. 35 [rayé et remplacé par : 218905 f. 40]
Restauration de l’ancien pavillon de l’angle sud-est, ces ouvrages évalués à la moitié de l’évaluation du devis n° 1 : 68532 f. 10 [rayé et remplacé par : 79895 f. 40]
Restauration du pavillon saillant de cet angle de 16,00 13,50 et d’une surface de 216,00 à raison de 500 f. 00 [rayé et remplacé par : 575 f. 00] : 108000 f. 00 [rayé et remplacé par : 124200 f. 00]
[Total :] 176532 f. 10 [rayé et remplacé par : 194095 f. 40]
Restauration de l’ancien pavillon sud de la chapelle évalué comme ci-dessus : 63000 f. 00 [rayé et remplacé par : 71000 f. 00]
Le pavillon saillant de 13,00 15,00 et d’une surface de 175,00 à raison de 500 f. 00 [rayé et remplacé par : 575 f. 00] le mètre superficiel comme ci-dessus et s’élevant à : 97500 f. 00 [rayé et remplacé par : 112125 f. 00]
[Total :] 160500 f. 35 [rayé et remplacé par : 183125 f. 00]
Restauration du pavillon sud-ouest érigé par Louis XIV de 24,00 de longueur sur 18,50 de largeur produisant une surface de 444 m. 00 à 500 f. 00 [rayé et remplacé par : 575 f. 00] le mètre comme ci-dessus : 222000 f. 00 [rayé et remplacé par : 255300 f. 00]
Restauration de la chapelle de saint Louis et du bâtiment accolé à cette chapelle, l’on comprend dans ces travaux toutefois la destruction de la sacristie. Ces ouvrages estimés comme au devis n° 1 : 236000 f. 00 [rayé et remplacé par : 291385 f. 00]
Restauration des 4 bâtiments sis autour de la cour du château et suivant ce qui est indiqué au devis n° 1 : 822854 f. 60 [rayé et remplacé par : 954024 f. 50]
Travaux divers complémentaires évalués au devis et comprenant le pavage, l’arrangement des murs d’appui des fossés et comme au devis n° 1 : 76149 f. 00
[Total :] 2096897 f. 03 [rayé et remplacé par : 2418336 f. 48]
Imprévus 1/20 [rayé et remplacé par : 1/10] : 104844 f. 85 [rayé et remplacé par : 241833 f. 65]
[Total :] 2201741 f. 88 [rayé et remplacé par : 2660170 f. 13]
Honoraires, frais d’agence et voyages, évalués ensemble à : 139829 f. 97
Total pour la restauration du château de Louis XIV : 2800000 f. 00
Dressé par l’architecte soussigné
Eug. Millet
Paris, ce 22 février 1862 »
Ministère d'Etat
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain-en-Laye
Devis n° 1, château de François 1er
Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils
Restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
Devis
Château de François 1er
Restauration de l’angle nord-ouest du donjon
1° Construction de l’escalier près de la porte d’entrée
Ministère d'Etat
Rapport sur la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Si l’on en croit tous les historiens de la ville de Saint-Germain, la première demeure érigée par les rois de France dans cette ville remonterait au douzième siècle.
L’abbé Lebeuf, dans sa savante histoire du diocèse de Paris, publiée en 1757, assure que cent ans environ après la fondation du prieuré de Saint-Germain par le roi Robert, l’on trouve la preuve d’une demeure royale sur l’emplacement du château qui nous occupe. Suivant cet historien, Philippe Auguste habitait ce château en 1189 et il en partit secrètement pour se rendre à Bray faire justice de juifs qui avaient fait mourir un chrétien. Ce roi habitait Saint-Germain-en-Laye en 1207, au mois de juin 1212, en 1219 et enfin en 1220 et 1222.
Saint Louis dès la première année de son règne donnait à Saint-Germain une charte en faveur de Saint-Antoine-des-Champs. L’abbé Lebeuf assure qu’en juin 1247 saint Louis recevait dans cette ville l’empereur de Constantinople, Baudouin, et que ce fut dans le château que fut rédigé l’acte qui accordait les reliques qui furent déposées dans la Sainte-Chapelle du Palais de Paris.
Philippe le Hardi se retira souvent à Saint-Germain-en-Laye. Philippe le Bel vint souvent aussi dans le château dont il s’agit au retour des fréquents voyages qu’il fit dans le royaume.
En 1346, Edouard, roi d’Angleterre, vint à Saint-Germain et détruisit et brûla une partie de la ville et aussi, suivant l’abbé Lebeuf, une grande partie du château.
L’on mit aussitôt à l’œuvre pour réparer le désastre et l’on constate que le roi Jean put encore habiter cette demeure et y rendre des arrêts. Les désordres du royaume ne permirent pas toutefois à ce monarque la réédification du château et ce n’est que son fils, Charles V, qui d’après Christine de Pisan « moult fit réédifier notablement le chastel de Saint Germain en Laye ».
Nous avons dit dans notre rapport du 25 septembre 1855 la part active que prit François 1er dans la construction du château dont il s’agit et qui, d’après Du Cerceau, « en le bâtissant le Roi était si ententif que l’on ne peut dire qu’autre que lui ne fût l’architecte ».
Nous devons ajouter ce que dit à cet égard Gilles Corrozet, parisien, dans les Antiquités, chroniques et singularités de Paris, remontant à l’année 1586 :
« Ledit seigneur fit aussi édifier de neuf le château de Madrid près Paris, fit réparer de sumptueux édifices le chasteau de Saint Germain en Laye et orna de bâtiments excellens et ouvrages antiques sa maison de Fontaine Belleau. »
« Saint Germain en Laye est aujourd’hui un lieu de plaisance pour nos rois, le plus rare en beauté, le plus gracieux en séjour et le plus abondant en toutes sortes de délices qui soient guères en France » dit André du Chesne, conseiller du Roi en ses conseils, historiographe de France. Et Henry IV, qui amait comme ses prédécesseurs cette résidence, fit ériger à son tour le château neuf qui s’élevait sur le sommet de la montagne et qui développait ses rampes et ses jardins étagés jusque sur les bords de la Seine.
Le roi Louis XIII habita, avec sa cour, les deux châteaux. La chapelle du vieux château fut réparée par ses spins sur sa face méridionale et à cette époque remonte alors la plus grave mutilation qu’ait eu à subir cette belle et curieuse construction du roi saint Louis.
Le vieux château de François 1er fut encore habité pendant de longues années par le roi Louis XIV et ce ne sera qu’en 1688 que cette vieille demeure aurait été modifiée et abandonnée suivant ce qui est rapporté par messieurs Rollot et de Sivry dans leur précis historique de Saint-Germain. L’abandon de ce château est raconté par ces historiens de la manière suivante :
« Le 1er janvier de cette année (1682), le Roi était venu à Saint-Germain pour recevoir le Dauphin chevalier de l’ordre du Saint-Esprit. La cérémonie avait été faite dans la chapelle du vieux château parce qu’on reconstruisait alors celle de Versailles. Mais le 30 mars, la construction des 5 gros pavillons qu’on ajoutait au vieux château ayant mis le Roi dans la nécessité de quitter Saint-Germain une seconde fois, il se détermina à l’abandonner tout à fait au grand regret de ses habitants pour aller se fixer à Versailles. »
En 1683, la foudre renversa le campanile qui surmontait le donjon, où il fut aussitôt reconstruit en bois recouvert de plomb.
En 1689, Jacques II, roi d’Angleterre, et la reine son épouse se réfugièrent en France et furent reçus au château de Saint-Germain-en-Laye. Dulaure, dans son ouvrage sur les environs de Paris, imprimé en 1786, s’exprime sur le château de cette manière :
« Le roi Jacques II, forcé de quitter son royaume, tint longtemps sa cour dans le château de Saint-Germain. Le roi détrôné vivait des bienfaits de Louis XIV et d’une pension de 70000 livres que lui faisait sa fille Marie, reine d’Angleterre, qui lui avait enlevé la couronne. Le roi mourut à Saint-Germain le 16 septembre 1701. Le nouveau château est aujourd’hui presque entièrement démoli. M. le comte d’Artois, à qui il appartient, en fait construire un autre à la même place, dont on voit déjà deux belles et grandes terrasses achevées. La voûte de la chapelle du vieux château est ornée de peinture à fresque, à la vérité un peu dégradées mais qui ne doivent pas moins fixer les regards des curieux à cause des hommes célèbres qui en sont les auteurs. Le Brun a fourni les dessins de la grande partie de cette voûte, Vouet en a fait plusieurs autres et les a peints presque tous, excepté quelques cartouches qui sont de la main du célèbre Le Sueur. Le tableau du maître autel représente la Cène. Il est peint par le Poussin. Nommer ce grand maître, c’est faire l’éloge de l’ouvrage. Ce beau tableau doit être transporté dans le muséum du Louvre. »
Le Brun était l’élève de Simon Vouet et nous croyons alors que les peintures de la chapelle ont été exécutées par Aubin Bouet, son frère et aussi son élève, et le fait est d’ailleurs conforme à ce Qui est rapporté par Félibien dans ses entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellents peintres.
Le château de Saint-Germain-en-Laye possédait jadis une vue magnifique des appartements sis au midi, et des croisées du château l’on apercevait Marly et son aqueduc, le mont Valérien, Bougival et enfin le cours sinueux de la Seine. Le 13 juin 1794, l’on essayait de mettre en culture les terrains occupés par le parterre. En 1797, l’on vendait les terrains formant les 4 carrés de la place dite « entre les deux châteaux » et si nous nous en rapportons à l’acte de vente de M. Feray, l’un des propriétaires de la cité Médicis, ces terrains étaient vendus à raison de 15 centimes le mètre superficiel. Tous les jardins de de côté de la demeure royale furent successivement aliénés et se couvrirent de bâtiments qui privent en partie aujourd’hui le château de la splendide vue qu’il possédait lorsqu’il était habité par nos rois.
En 1803, l’on devait établir dans le château un hôpital pour les maladies contagieuses, mails il ne fut pas donné suite au projet par suite des réclamations unanimes des habitants de la ville. En l’année 1809, l’empereur Napoléon 1er fut installer dans cette demeure une école de cavalerie. En 1836, le château recevait le pénitencier militaire qui fut conservé jusqu’en 1855, époque où le vieux et respectable château rentrait dans les attributions de Son Excellence le ministre d’Etat.
Le château de Saint-Germain-en-Laye a eu beaucoup à souffrir des divers services successivement installés dans ses murs et l’on ne peut, nous croyons, se montrer surpris du fâcheux état dans lequel nous retrouvons l’édifice dont il s’agit.
Nous avons passé en revue, d’après les divers historiens de la ville et du château, les diverses époques de la construction. Bien des bâtiments ont été détruits ou modifiés et nous devons peut-être rappeler ici l’âge des diverses parties du château actuel.
La chapelle sise au midi bordant le fossé de la rue du Château-Neuf remonte assurément au 13ème siècle, a appartenu certainement au château de saint Louis et nous paraît avoir été érigée de 1230 à 1240.
Le donjon, qui formait jadis l’angle nord-ouest, engagé actuellement dans le bâtiment de Louis XIV, nous paraît remonter à l’époque de Charles V, appartenir à l’art de la fin du 14ème siècle, et avoir fait partie alors du château construit par ce roi à Saint-Germain.
Les 4 grands corps de logis bordant la cour appartiennent assurément au château reconstruit par François 1er et remontent alors au 16ème siècle.
Enfin, les cinq gros pavillons flanquant le château ont été commencés, comme il a été dit plus haut, en l’année 1682, à l’époque où le roi Louis XIV quittait définitivement Saint-Germain pour se fixer à Versailles.
Toutes les constructions érigées par François 1er auraient été confiées à la direction de l’architecte Sébastien Serlio si nous en croyons Félibien. Nous ne savons si cette assertion est fondée car, dans notre pays, bien souvent, l’on fait honneur à des Italiens de magnifiques ouvrages qui sont bien l’œuvre d’artistes française. Au 16ème siècle, nous abritions nos bâtiments par de grands combles et à Saint-Germain on couronnait tout l’édifice par des balustrades et par des terrasses en pierre. A cette époque, nous savions à merveille construire de grandes voûtes, à une grande hauteur, sans le secours de ferrailles, et à Saint-Germain l’on se crut obligé, pour maintenir les murailles, de placer des entraits en fer à la naissance des voûtes supportant les terrasses. La construction dans son ensemble nous paraît accuser une certaine ignorance de notre art national, de notre climat destructeur et aussi de l’emploi de nos matériaux de petite dimension. Les arrangements et motifs de décoration du château de Saint-Germain-en-Laye sont originaux, exceptionnels peut-être, et il serait alors difficile de nier peut-être aussi l’influence des artistes étrangers, soit Primatice, soit de Serlio, en ce qui concerne l’importance des constructions qui nous occupe.
Les artistes du 16ème siècle, en érigeant le château de Saint-Germain, avaient en vue certainement de disposer la cour de façon à laisser jouir de toutes les croisées du splendide panorama qui se développe tout autour de la demeure et les pavillons des angles A, B, C établis par eux ne formaient aucune saillie alors sur les corps de logis principaux. Tous les bâtiments avaient été couverts par une énorme terrasse formant une très agréable promenade au sommet de l’édifice. Ils avaient su fort adroitement, nous croyons, relier l’élégante chapelle à leurs constructions, et sans fermer la croisée centrale sise derrière l’autel. Ces artistes avaient su enfin, ce nous semble, créer à Saint-Germain une demeure vraiment royale tout en conservant la chapelle de saint Louis et le donjon de Charles V et aussi tout en satisfaisant de la façon la plus complète au programme tracé par François 1er.
Les 5 gros pavillons ajoutés par Louis XIV sont venus déranger toute l’harmonie de cette vieille demeure. Ces bâtiments ne présentent par le caractère monumental et grandiose des constructions de cette époque. L’architecte Mansard, chargé de la direction des ouvrages, s’est borné à donner l’ordre de reproduire tant bien que mal l’architecture du 16ème siècle. Les immenses saillies des pavillons privent des vues latérales qu’on avait jadis des croisées du monument et projettent de grandes ombres qui attristent les diverses faces du château. Les constructions de Mansart ont été à peine achevées et il est des étages entiers qui manquent d’escaliers et dans lesquels on ne parvient que par des degrés droits ou espèces d’échelles en bois. Les anciens pavillons (marqués A, B, C dans le croquis ci-dessus), qui ont été en partie conservés, ont été mutilé de la plus triste façon. L’architecture du 17ème siècle n’est souvent à Saint-Germain qu’un mensonger placage présentant de fausses baies simulées devant l’ancienne architecture de François 1er. Il est des croisées du 17ème siècle qui se trouvent dans la hauteur des reins des voûtes et qui ne permettraient pas l’établissement des carrelages des pièces éclairées par ces croisées. Le pavillon sis au milieu de la façade méridionale a l’un de ses murs (ayant 30 mètres de hauteur) construits sur la légère muraille à claire-voie de la chapelle de saint Louis, qu’il écrase assurément. La charmante chapelle de Louis IX a été aussi, pendant le 17ème siècle, enveloppée dans des bâtiments vers la rue du Château-Neuf et cette élégante construction, visible jadis de l’extérieur du château, est masquée alors aujourd’hui par des bâtisses qui ne nous paraissent présenter aucun intérêt.
La restauration du château pourrait être entreprise de deux façons distinctes. L’on pourrait réparer tous les bâtiments existants, mais dans ce cas bien des parties très intéressantes du vieux château seraient sacrifiées.
Il serait très facile de rétablir le château dans les conditions anciennes et tel qu’il était à l’époque où Louis XIV quittait Saint-Germain pour se fixer à Versailles. L’on serait aidé dans ce travail par les nombreux et anciens fragments conservés et aussi par les nombreuses gravures de Du Cerceau, d’Israël Silvestre, de Pérelle etc. etc. La chapelle pourrait être restaurée et l’on pourrait alors remettre en honneur ce magnifique fragment de notre art national du 13ème siècle. Les pavillons du 16ème siècle pourraient reprendre leurs anciennes formes et le donjon de Charles V serait dans ce cas dégagé de toutes les bâtisses qui l’emprisonnent actuellement. Envisagée de la sorte, la restauration serait certainement plus économique, plus agréable peut-être, et pour l’avenir l’on aurait simplifie la question de l’entretien.
Il ne nous appartient en aucune façon de décider ce qu’il serait convenable d’effectuer à Saint-Germain. En 1855, nous avions l’honneur de vous adresser des dessins indiquant l’état actuel du château. En avril 1856, nous rédigions diverses études sur la chapelle de saint Louis et, le 5 février dernier, pour satisfaire aux ordres que vous aviez bien voulu nous donner, nous adressions à Votre Excellence des plans et un dessin retraçant toutes les faces de cette demeure de nos rois et habitée par Louis XIV lui-même pendant les 39 premières années de son règne.
Nous croyons qu’on obtiendrait un résultat bien plus satisfaisant et moins dispendieux en rétablissant les vieilles dispositions du château qu’en voulant restaurer tous les bâtiments, assez mal coordonnés, que nous trouvons actuellement à Saint-Germain. Nous serions heureux toutefois de voir cette grave question soumise à l’examen des savants et aussi des éminents architectes qui composent les commissions instituées par votre administration et nous ne saurions en conséquence que solliciter des ordres auprès de Votre Excellence.
Nous avons l’honneur de joindre à ce rapport un devis estimatif des ouvrages.
Nous croyons, pour ne pas déranger le personnel logé, aussi bien que pour ne pas gêner le musée provisoire, qu’il serait convenable de commencer la restauration par l’angle nord-ouest. La restauration pourrait se poursuivre vers l’est, de façon à faire le tour du château et de façon aussi à terminer le travail par le bâtiment contenant la grande salle des fêtes.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 22 février 1862 »
Ministère d'Etat
Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 24 février 1862
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Vous avez bien voulu, lors de votre dernière visite à Saint-Germain, témoigner le désir de voir disparaître les murailles de clôture qui ont été élevées en 1836 sur les murs extérieurs des fossés et pour protéger le pénitencier établi à cette époque dans le château.
Je ne sais si vous avez entendu étendre l’opération à toutes les faces du château ou si vous avez entendu réduire la destruction à la muraille sise vers le parterre. Je m’empresse en conséquence de solliciter des instructions à cet égard. Il est de mon devoir, je crois, de soumettre en même temps à Votre Excellence un devis aproximatif des ouvrages.
Démolition des murs de ensemble 490,00 2,00 0,60 = 588,00 cubes à raison de 3 f. 00 en y comprenant le rangement et l’emmétrage des matériaux : 1764,00
Plus-value pour descente avec soin de la tablette supérieure en pierre : 490,00
Arrasement du mur et rétablissement de la tablette avec parties fournies de 490,00 à raison de 3 f. 00 : 1470,00
Transport à la brouette des gravois et des matériaux de la partie au-devant du pavillon sud-ouest, les ouvrages évalués ensemble à : 500,00
Démolition des cabinets d’aisances près la porte d’entrée, arrangements des murs en soubassement : 600,00
[Total :] 4824,00
Imprévus 1/10 : 482,40
[Total :] 5306,40
Honoraires, frais d’agences et voyages : [vide]
Total : [vide]
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »
Ministère d'Etat
Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 28 février 1862
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
J’ai fait commencer les travaux d’installation du musée gallo-romain sur tous les points qui m’ont été prescrits par Votre Excellence. Dans la grande salle des fêtes, j’ai trouvé 3 carrelages les uns sur les autres et j’ai constaté que le sol avait été exhaussé de environ 0 19 centimètres. Les gravois amoncelés par les remblais successifs présentent un cube de environ 100 mètres et surchargent ce plancher de plus de 80 000 kilogrammes. Dans l’intérêt de la conservation du château, il m’a paru utile de rétablir le sol à son ancien niveau et de faire jetter dans les fossés tous les gravois rapportés.
Par une étude attentive du plancher de cette même salle, j’ai constaté que toutes les poutres avaient fléchi d’une notable façon et que plusieurs de ces maitresses pièces étaient ou fendues ou pourries dans leurs scellements dans les murailles. Il me parait indispensable, pour donner toute sécurité dans le classement des objets qui formeront la collection du 1er étage, de faire placer des étais sous toutes les poutres et j’ai l’honneur d’informer Votre Excellence des faits dont il s’agit.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »
Ministère d'Etat
Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 12 mars 1862
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le 15 février 1862, vous vouliez bien me faire l’honneur de m’ordonner de faire exécuter les ouvrages nécessaires pour installer le plutôt possible le musée gallo-romain dans le bâtiment ouest du château de Saint-Germain-en-Laye. J’ai aussitôt donné les ordres utiles et nous n’attendons plus aujourd’hui que le moment où les plâtres seront assez secs pour faire exécuter les ouvrages de peinture et de décoration. L’on s’occupe en attendant du nettoyage des voûtes de la grande salle des fêtes.
Monsieur le directeur général des Musées impériaux a bien voulu me faire connaître qu’il serait urgent de disposer une habitation pour le conservateur du musée et aussi un bureau pour ce fonctionnaire. En ce qui s’applique à l’habitation, nous devons attendre des ordres de Votre Excellence. En ce qui concerne le bureau ou cabinet du conservateur, nous devions faire les recherches utiles et solliciter aussi des ordres auprès de vous, Monsieur le Ministre.
Le bureau du conservateur doit être placé, nous croyons, auprès des salles d’exposition et de façon aussi à pouvoir être facilement indiqué aux visiteurs par le gardien concierge du château. Il doit être précédé peut-être d’un vestibule et accompagné d’un débarras et d’un cabinet d’aisances. Il faut songer aussi assurément au chauffage de ce local et, dans le bâtiment ouest, comprenant la salle de Mars, les cheminées sont vraiment bien rares.
Dans l’étage de l’entresol, près l’escalier A de notre plan, il serait bien difficile, sinon impossible, de trouver un logement convenable pour l’usage dont il s’agit. Cet étage est sombre et fort mal disposé et nous avons dû abandonner nos recherches sur ce point.
Dans l’escalier D, l’on pourrait bien trouver dans la surélévation au-dessus de la chapelle un local suffisant, mais il serait placé à 16 m. 00 au-dessus du sol, à la hauteur d’un cinquième étage de nos habitations ordinaires, et dans ces conditions le bureau du conservateur serait peut-être fort incommode.
Après de sérieuses études à cet égard, nous avons l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer d’établir le cabinet de M. le conservateur au rez-de-chaussée, dans la pièce à la suite de la galerie de François 1er, et de distribuer cet annexe du musée suivant ce qui est tracé en C, C’, C’’ et C’’’ dans le plan ci-joint. Nous avons l’honneur aussi de vous proposer de parqueter la pièce C et d’affecter au magasin du musée la pièce à la suite marquée E dans notre plan.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »
Ministère d'Etat
Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 19 mars 1862
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
J’ai visité hier les travaux du château de Saint-Germain-en-Laye et j’ai fait commencer les ouvrages de peinture et de tenture du nouveau logement du concierge. Sous peu de jours, je pense, il me sera possible d’installer le concierge dans l’habitation sise à gauche de la porte d’entrée.
Il y a peu de jours, j’ai donné l’ordre de déraser les murs de clôture érigés en 1836, lors de l’établissement du pénitencier, et pour satisfaire aux ordres de Votre Excellence, la démolition se poursuit activement et les matériaux sont enlevés au fur et à mesure par l’entrepreneur, suivant ce que vous avez bien voulu me prescrire. La reprise en compte des matériaux viendra réduire la dépense d’une façon notable et, dans ces conditions, l’opération dont il s’agit n’excédera pas, je pense, le prix de 3600 francs.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »
Ministère d'Etat
Lettre concernant la situation administrative du jardin fleuriste de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 3 avril 1862
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Aussitôt l’ordre reçu de faire démolir les murs de clôture du château et de remettre en compte les matériaux de démolition à l’entrepreneur de maçonnerie, j’ai demandé à M. Dufrayer, l’architecte du parterre, l’autorisation de faire passer les matériaux de la façade nord au moyen de brouettes dans ce parterre et pour effectuer les sorties par la grille sise près la gare du chemin de fer. Mon collègue a eu l’obligeance de se rendre à Saint-Germain et de m’accorder le passage que je sollicitais.
J’avais toujours entendu dire à Saint-Germain que le jardin sis à l’est du château, qui était jadis à la disposition du commandant du pénitencier militaire, appartenait au château et que le jardin avait seulement été prêté en 1855 à l’administration de la Liste civile et pour y élever les fleurs du parterre. Votre ordre de détruire les murailles de clôture du château ne contenant pas de restrictions, je dus réclamer de M. Dufrayer aussi l’entrée du jardin et pour satisfaire aux instructions que vous m’aviez fait l’honneur de me donner.
A cet égard, il nous fut impossible de nous mettre d’accord et M. Dufrayer me fit connaitre qu’il ne pouvait laisser démolir le mur est sans en référer à Son Excellence le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur.
Je reçois aujourd’hui de monsieur l’architecte de la Liste civile la lettre dont le détail suit :
Bougival, ce 3 avril 1862
Dans l’intérêt de nos services respectifs, et pour éviter des demandes et pertes de temps, je crois devoir vous donner copie de la lettre que je viens de recevoir de Son Excellence le ministre de la Maison de l’Empereur :
Palais des Tuileries, le 31 mars 1862
Monsieur,
Par votre lettre du 23 mars courant, vous m’informez que l’architecte du château de Saint-Germain a fait commencer, conformément aux ordres qui lui ont été donnés, la démolition des murs qui entourent ce château afin d’en dégager la vue et que, pour compléter son travail, il demande à faire démolir également la partie du mur formant clôture du jardin fleuriste du côté du fossé du château.
Ce jardin étant compris dans la dotation immobilière de la Liste civile impériale, c’est avec raison que vous vous êtes opposé à toute modification qu’on voudrait y apporter sans mon consentement, quelque justifiée qu’elle pourrait être.
En outre, si l’on considère que les murs de clôture du même jardin perpendiculaires à celui dont la démolition est demandée n’en continueraient pas moins à intercepter complètement la vue du palais pour les personnes qui se trouveraient soit dans le parterre, soit dans la rue du Château, que d’un autre côté on mettre en évidence les approvisionnements de fumier et de terre marqués aujourd’hui par le mur en question, on reconnaîtra qu’au point de vue de l’amélioration du château, la suppression du mur est inutile. Son maintien importe au contraire aux cultures du fleuriste qu’il met à l’abri du vent du nord-ouest.
Je suis donc d’avis que ce mur soit conservé et je vous autoriser à donner communication de cette lettre, si vous le jugez utile, à monsieur l’architecte du château.
Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.
Le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur
Signé Vaillant
Comme je le disais plus haut, j’avais toujours entendu dire que le jardin, qui en 1855 appartenait au pénitencier, appartenait encore au château de Saint-Germain. Je le croyais d’autant mieux qu’en janvier 1861 Votre Excellence voulait bien m’ordonner d’examiner le mur séparant ce jardin d’une maison dépendant de la cité Médicis et appartenant au sieur Feray. A cette époque, je visitais la muraille à plusieurs reprises et j’avais l’honneur de vous faire parvenir plusieurs rapports et de recevoir de Votre Excellence plusieurs lettres concernant la mitoyenneté de la muraille sise à l’est du jardin dont il s’agit.
Il était de mon devoir de satisfaire au désir de monsieur l’architecte de la Liste civile et d’attendre des ordres de vous, Monsieur le Ministre, pour le mur oriental du château, qui est alors aujourd’hui dans la situation où vous l’avez trouvé lors de votre dernière visite du château. Toutes les autres murailles sont actuellement démolies et le dallage recouvrant le mur d’appui est reposé sur presque tous les points. J’ai satisfait alors, je pense, dans les limites de ce qui m’était possible, aux instructions que vous m’avez fait l’honneur de me donner.
Il serait fâcheux peut-être de voir le château de Saint-Germain-en-Laye, déjà emprisonné de toutes parts par des constructions particulières, encore enfermé à l’est par un jardin fermé de murailles et servant à élever des fleurs dont la culture pourrait si facilement se faire, nous croyons, dans la partie du parterre près le chemin de fer et près la porte des Loges. Le château ne possède pas d’autres terrains que ses fossés, très profonds et d’un accès assez difficile, et il aurait été avantageux assurément de disposer du jardin sis à l’est, autant pour y établir une rampe à voitures donnant accès aux fossés pour le transport et l’approche des matériaux que pour y former un dépôt et pour le moment où Votre Excellence voudra ordonner la restauration du monument qui nous occupe.
Nous ajouterons qu’à notre avis, autant pour faciliter la surveillance du service installé dans le château que pour permettre aux visiteurs l’étude du monument sur la face orientale, il nous paraîtrait utile, aussitôt le château restauré, d’établir une voie d’isolement ou un jardin public sur l’emplacement occupé actuellement par l’enclos servant à élever les fleurs du parterre.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 3 avril 1862 »
Ministère d'Etat
Rapport concernant le logement du personnel du musée au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Conformément aux instructions de Votre Excellence, M. Millet, architecte du château de Saint-Germain, a recherché les moyens de loger dans les bâtimens du palais le conservateur adjoint du musée gallo-romain et les deux gardiens des galeries.
M. Millet propose d’affecter à l’habitation du conservateur adjoint une partie du 3ème étage du pavillon sud-ouest, dans lequel habitent déjà le général commandant le château et le régisseur. Cet étage comprend un appartement dans lequel il n’y aurait que de légères réparations à exécuter pour le rendre habitable. Les dispositions en sont indiquées au plan compris dans le rapport ci-joint de M. Millet. Les deux gardiens seraient logés au 4ème étage du même pavillon.
La dépense qu’entraineraient les réparations indispensables et consistant en réfection de cheminées, de peinture et tenture et établissement de deux cabinets d’aisances est évaluée à la somme de 3000 f. environ.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer d’approuver l’exécution de ces travaux et de vouloir bien signer, à cet effet, cette soumission et de signer à cet effet le présent rapport.
La somme de 3000 francs sera imputée sur le crédit de 150000 francs affecté, en 1862, aux travaux de restauration du château de Saint-Germain.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respectueux dévouement.
Le secrétaire général
Eug. Marchand »
Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 8 mai 1862, le ministre d’Etat, A. Walewski »
Ministère d'Etat
Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain
Bureau de l’architecte
Paris, le 16 juin 1862
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour satisfaire aux ordres que vous avez bien voulu me donner le 13 courant, j’ai l’honneur de vous proposer de suivre, dans les ouvrages de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye, l’ordre qui est à peu près indiqué dans le détail estimatif. J’ai l’honneur en conséquence de vous proposer de commencer par l’angle nord-ouest du donjon près la grille d’entrée du parterre.
Je m’empresse, suivant ce que vous avez bien voulu me demander, de vous faire parvenir les soumissions suivantes :
Terrasse et maçonnerie : Planté frères, rabais de 4 pour %
Charpente : Tellier, rabais de 5 pour %
Couverture et plomberie : Monduit et Bichet, rabais de 5 pour %
Serrurerie : Moutier, rabais de 5 pour %
Menuiserie : Blanchard et Larchevêque, rabais de 5 pour %
Peinture et vitrerie : Louis dit Larible, rabais de 6 pour %
Il m’a paru nécessaire de faire signer et parapher une expédition que j’ai l’honneur de vous adresser du cahier des charges générales de votre administration.
Votre Excellence veut bien me faire l’honneur de m’informer de l’approbation du projet présenté et je pense qu’il s’agit du château de François 1er à Saint-Germain. Dans ces conditions, il était de mon devoir, je crois, de faire souscrire une soumission spéciale pour la démolition du pavillon nord-ouest et j’ai l’honneur, sous ce pli, de vous faire parvenir 3 expéditions de ce document. Ce corps de logis contient quelques menuiseries présentant un certain intérêt, qui pourraient être remises en œuvre dans le château de François 1er et il m’a paru utile de distraire du marché la démolition de toutes les menuiseries qui devraient peut-être se déposer à la journée.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
J’ai l’honneur aussi d’adresser à Votre Excellence un cahier des charges particulières qui me semble utile pour assurer la bonne exécution des travaux de restauration de l’édifice dont il s’agit. »
Ministère d'Etat
Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain
Bureau de l’architecte
Paris, le 19 juillet 1868
ASon Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour satisfaire aux ordres que vous avez bien voulu me donner le 4 courant, j’ai prescrit les mesures utiles pour faire démolir le pavillon nord-ouest du château de Saint-Germain-en-Laye et près la gare du chemin de fer.
L’on s’est mis aussitôt à déposer toutes les boiseries de ce pavillon et, lundi dernier, 14 courant, l’on se mettait à détruire les planchers et les murs. A la date de ce jour, l’on a déjà déposé 2 planchers et détruit 2 étages de murailles. J’ai pu constater par ces démolitions que la plupart des bois des planchers étaient complètement pourris et sur plusieurs points j’ai dû réclamer l’étaiement et pour assurer la sécurité des ouvriers employés dans ces démolitions. J’ai pu vérifier alors le pitoyable état de ces constructions récentes et constater alors l’exactitude des renseignements que j’avais eu l’honneur de fournir à Votre Excellence.
Les quantités de matériaux qui sortent de ce bâtiment sont énormes et les déblais ne pouvant s’effectuer qu’au moyen de chevaux et de voitures, il est urgent alors de faire établir aussitôt la rampe à voitures et le pont de service de la rue du Château-Neuf afin de faire arriver les tombereaux et dans les fossés et dans la cour du château. J’ai en conséquence l’honneur de vous informer des ordres que j’ai été contraint de donner à cet égard.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Il m’a paru utile de faire constater par des photographies l’état actuel de l’angle nord-ouest du château et hors M. Marville a fait 2 vues que j’aurai l’honneur sous peu de jours de vous adresser. »
Ministère d'Etat
Rapport concernant les travaux réalisés en 1862 au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils
Restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
Travaux effectués en 1862 et propositions 1863
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le crédit de 100000 francs alloué sur l’exercice 1862 pour les travaux du château de Saint-Germain-en-Laye est aujourd’hui entièrement épuisé et j’ai l’honneur, pour satisfaire à vos ordres, de vous rendre compte des opérations. Il résulte d’une lettre que vous avez bien voulu m’adresser le 4 juillet dernier qu’une somme de 21064 francs a été employée à l’installation provisoire du musée gallo-romain. Il ne restait alors qu’une somme de 78936 francs pour démolir et pour faire face aux premiers ouvrages de restauration.
J’ai tout d’abord ordonné la construction d’une rampe à voitures et d’un pont provisoire sur la rue du Château-Neuf pour donner entrée aux matériaux et aux ouvriers dans les fossés et dans la cour du château. Je devais aussitôt aussi procéder à l’arrangement d’une habitation pour le gardien concierge. Aujourd’hui donc l’entrée sur la place du Château est exclusivement réservée au personnel logé et aussi au service du musée gallo-romain.
Le pavillon nord-ouest, de la fin du 17ème siècle, sis près la garde du chemin de fer, a été entièrement démoli à l’exception toutefois d’une de ses piles du rez-de-chaussée, qui nous sera nécessaire pour appuyer des étais destinés à faciliter des reprises en sous-œuvre.
La démolition a dégagé l’ancienne tour rectangulaire d’encoignure du château de Charles V suivant ce qui été prévu au projet. Cette vieille tour était, au 14ème siècle, en saillie sur les courtines et dans les démolitions l’on a retrouvé d’assez nombreux détail de cette intéressante partie de l’édifice. L’on a retrouvé tous les bandeaux indiquant les anciens planchers, les corniches et aussi la disposition et le profil des créneaux supérieurs. En faisant disparaitre la cabane de l’horloge qui surmontait la terrasse de couronnement, l’on a constaté l’existence d’une très curieuse souche de cheminée du 14e siècle qui pourra être restaurée et utilisée. J’ai l’honneur de joindre à ce rapport un croquis indiquant d’une façon à peu près certaine l’ancien aspect du fragment d’architecture militaire dont il s’agit.
Les constructions du 16ème siècle engagent à l’est et au midi la tour rectangulaire et les bâtiments de François Ier atteignent la hauteur indiquée par la ligne AB dans mon croquis. L’on ne peut songer en conséquence, nous croyons, à rendre à la tour formant bastion ses formes primitives.
La tour du 14ème siècle a eu beaucoup à souffrir des diverses constructions et des diverses installations des 17ème, 18ème et 19ème siècles. L’on avait entaillé ses gros murs, ayant 2 m. 50 d’épaisseur, sur presque tous les points et l’on avait de la sorte trouvé dans ses murailles des cabinets et des armoires. Le mur est avait été entaillé de plus d’un mètre dans la hauteur des trois étages inférieurs. Des portes de communication avaient été percées à tort et à travers dans tous les murs et d’inquiétantes lézardes sillonnaient alors toutes les parois de la tour dont il s’agit.
Nous avons prescrit et nous avons exécuté aujourd’hui à peu près toutes les reprises dans trois des murs de cette tour. Toutes les baies modernes ont été bouchées et en effectuant ces ouvrages l’on a eu le soin de rétablir toutes les portes de communication à plomb les unes des autres. Les maçonneries exécutées à l’intérieur de cette tour pour remplir toutes les murailles présentent un cube de plus de 450 mètres et ce chiffre, mieux que toutes les descriptions, pourra faire connaître à Votre Excellence le triste état dans lequel nous avons trouvé cette construction du Moyen Âge.
A la tour d’angle était accolée jadis une tourelle carrée contenant des cabinets d’aisances. Cette tourelle a été détruite par Hardouin-Mansart mais nous avons retrouvé et les fondations et la fosse du 16ème siècle, qui va se trouver alors utilisée à nouveau. La tourelle dont il s’agit a été remontée dans une hauteur de 16 mètres environ pendant le cours de cet exercice.
Nous avons pu entièrement ériger aussi la tour ronde sise sur la façade ouest contenant un escalier de service et qui était indiquée dans le projet qui a été approuvé par Votre Excellence.
Les travaux de 1862 ont été commencés seulement au mois d’août, fort tard alors, et l’on n’a pu, pour arriver en temps utile, limiter le chantier dans l’angle nord-ouest. L’on s’est trouvé dans l’obligation de prescrire la construction de divers éperons le long de la façade nord et près l’encoignure toutefois. Ces éperons en pierre sont au nombre de douze et sont seulement commencés.
J’ai l’honneur de proposer d’effectuer pendant le cours de l’exercice 1863 les ouvrages dont le détail suit :
1° l’achèvement des travaux de la tour d’angle nord-ouest évalués au devis à : 140655,00
Il convient d’ajouter les frais de démolition s’élevant d’après le devis à : 12381,00
[Total :] 153036,00
A déduire le crédit déjà alloué : 78936,00
[Total :] 74100,00
2° le commencement des travaux de restauration du bâtiment nord, sis vers le parterre, évalués dans leur ensemble à 325510 francs. Je sollicite pour ces ouvrages l’ouverture d’un crédit de : 125900,00
Proposition de dépense pour 1863 : 200000,00
A ce chiffre, il convient d’ajouter peut-être les 4500 francs promis par Votre Excellence pour le déplacement du jardin fleuriste.
Monsieur le directeur général des musées impériaux a bien voulu me faire connaître qu’il serait à propos de construire le plus tôt possible des armoires ou vitrines pour la collection de Saint-Germain-en-Laye. Je ne sais au juste quelle sera l’importance des meubles dont il est question, mais l’on ne pourrait compter peut-être sur une somme inférieure à 5 ou 6 mille francs, si toutefois ces objets doivent avoir un caractère définitif.
Les désordres du château de Saint-Germain sont graves et nombreux. Sur la façade nord, près le pavillon nord-est, pour éviter l’écroulement de la balustrade supérieure et des portions de murs au-dessous, j’ai été contraint il y a peu de jours de faire échafauder et d’ordonner quelques reprises et aussi la descente du couronnement.
Il y a quelques jours aussi, je constatai sur la façade est, vers Paris, des déchirements et l’écroulement de quelques briques et de quelques parties des enduits. Cet accident sans gravité en lui-même indique toutefois un travail très inquiétant dans les voûtes et dans les murailles.
Depuis l’année 1855 que Votre Administration a bien voulu me charger des soins à donner à l’important édifice qui nous occupe, nous avons été à même de constater combien les désordres de la construction vont en augmentant. Nous commencions à désespérer de sa conservation lorsque vous nous avez fait l’honneur, Monsieur le Ministre, de nous ordonner de procéder à sa restauration. Aujourd’hui, nous devons alors solliciter l’ouverture de crédits suffisants pour sauver de la ruine l’important monument historique de Saint-Germain-en-Laye. Il serait facile assurément de donner plus d’importance aux ouvrages que nous l’avons indiqué plus haut, car l’édifice a de telles proportions qu’on pourrait attaquer la restauration en plusieurs endroits à la fois.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 20 décembre 1864 »
Ministère d'Etat
Lettre concernant les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Division des Bâtiments civils et monuments publics
Minute de lettre
Du 7 février 1863
Le secrétaire général à M. Millet, architecte
Monsieur,
J’ai reçu le rapport que vous m’avez adressé le 20 décembre dernier de la situation des travaux entrepris en 1862 pour la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye à l’aide d’une première allocation de 100000.
Sur ce crédit, une somme de 21064 a été employée à l’installation provisoire du musée gallo-romain. Il n’a donc été dépensé pour les travaux de restauration proprement dit qu’une somme de 78936 f. L’ancien pavillon nord-ouest a été démoli et vous avez commencé la restauration et terminé la construction de la tour d’escalier de la façade ouest.
Vous projetez de terminer, en 1863, la restauration du donjon de Charles V : 74100 f.
Et d’entreprendre celle de la façade nord, sur le parterre : 125900 f.
Total : 200000 f.
L’insuffisance du crédit affecté aux grands travaux du service des Bâtiments civils ne permet pas d’autoriser, en 1863, une dépense aussi considérable et je ne puis mettre à votre disposition qu’une somme de 150000 imputable sur le crédit inscrit au chapitre 31 de la 3e section du budget du ministère d’Etat.
Je vous invite, M., à m’adresser le plus tôt possible une répartition de ce crédit, par nature d’ouvrages, en indiquant la somme afférente à l’exécution de chaque catégorie.
Ces renseignements sont nécessaires au bureau de contrôle des Bâtiments civils pour préparer les soumissions qui seront souscrites par les entrepreneurs. Dès que je les aurai approuvées, vous pourrez prescrire les mesures nécessaires pour la reprise des travaux.
Etc. »
Ministère d'Etat
Devis pour l’aménagement d’un logement pour le commandant du château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Bâtiments
Exercice 1858
Appartement du 1er étage du pavillon de l’angle sud-ouest
Détail estimatif avec glaces
Dépose de 140,00 superficiels de portes, croisées, châssis, tablettes etc. et à raison de 0,13 c. le mètre : 18,20
Dépose de 210,00 linéaires de bandeaux, plinthes, cimaises, tringles etc. à raison de 0,06 c. : 12,60
Démolition de cloisons de toutes sortes de 110,00 superficiels en y comprenant jet des gravois dans les fossés du château : 66,00
Démolition des carrelages et des aires des planchers, évalués à : 45,00
Percements de baies nouvelles dans les pans de bois et raccords en vieux bois des démolitions, évalués ensemble à : 110,00
Percements de 4 baies dans les murs, raccords en moellons vieux, pose de linteaux en chêne à 30,00 l’un : 120,00
Construction des cloisons légères neuves d’une surface de 142,00 à raison de 5,00 le mètre, en y comprenant poteaux, coulisses, entretoises etc. : 710,00
Les enduits en plâtre sur murs, pans de bois, plafonds, en raccords, évalués ensemble à la somme de : 220,00
Construction des parquets en bois de chêne de 0,027 mil. d’épaisseur
La salle à manger de 4,00 sur 6,00 de longueur, 24,00
La chambre à coucher et le cabinet de ensemble 10,00 sur 4,00 de largeur, 40,00
Le vestibule de 3,10 sur 10,50 de longueur, 32,55
Le couloir du salon de 4,00 sur 1,60 de largeur, 6,40
Les ébrasements des croisées d’une surface totale de, 12,00
Surface totale, 114,95
Lesquels, en y comprenant lambourdes en bois de chêne neuf à raison de 10,50 le mètre superficiel : 1206,98
Plus-value pour le parquet en point de Hongrie de la salle à manger : 50,00
La réparation des parquets vieux conservés évaluée à : 60,00
Scellement des lambourdes et réparation des aires en plâtre évalués ensemble à la somme de : 250,00
40,00 superficiels de carrelage en carreaux neufs et vieux à raison de 2,20 le mètre, prix moyen : 101,20
Fourniture et pose de 3 chambranles de cheminées de marbre assortis : 200,00
1 foyer neuf en marbre pour la cheminée du salon, à compartiments, et réparations des 2 cheminées conservées : 60,00
Arrangement des intérieurs de 5 cheminées, avec rideaux, encadrements, fayences et tuyaux, à raison de 80,00 l’une : 400,00
Construction de la cheminée de la cuisine, fourniture de gros fers, des réchauds et des fayences, pose de la pierre d’évier et réparation de ladite, ensemble : 180,00
Fourniture et pose de 8 portes à 2 ventaux à grands cadres d’une surface totale de 5,10 à raison de 15,00 : 76,50
Réparation de 2 vieilles portes semblables à raison de 10,00 l’une : 20,00
6 portes neuves à 1 ventail à raison de 24,00 l’une : 144,00
La réparation de 4 vieilles portes en y comprenant la pose de moulures en sapin à raison de 10,00 l’une : 40,00
Les faces d’armoires et d’alcôves d’une surface totale de 42,00 à raison de 7,00 le mètre superficiel : 336,00
149,00 linéaires de plinthes et cimaises à raison et ensemble de 1,50 le mètre : 223,50
Les corniches rasantes en sapin neuf et les fausses poutres rapportées le long des murs, de ensemble 62,00 à 2,00 : 124,00
Les moulures formant cadres, chambranles et panneaux évaluées ensemble à la somme totale de : 60,00
Les marches dans les ébrasements, la réparation des croisées et des volets, ces ouvrages évalués pour les 11 ouvertures à la somme de : 250,00
Etablissement du siège d’aisance, fourniture de l’appareil, modification de la conduite de chute, pose du siège d’aisances en chêne etc. : 100,00
Les ferrures de 4 portes à 2 ventaux à raison de 30,00 l’une : 120,00
Les ferrures de 10 portes à 1 ventail à raison de 12,00 l’une : 120,00
Ferrures des armoires, pose des sonnettes, fourniture et pose des pitons de suspensions, ces ouvrages évalués à : 150,00
Ramonage et réparation des tuyaux de cheminées qui sont utilisées pour cet appartement : 100,00
Fourniture au papier de tenture, évalué à la somme de : 400,00
Peintures et tenture dudit appartement, évaluées à : 1350,00
Fourniture et pose de 4 glaces évaluées ensemble à la somme de : 1200,00
Restauration du balcon extérieur, pose de dalles neuves en pierre, façon des solins et des joints : 500,00
Reconstruction du cabinet d’aisances de l’entresol à la suite des ouvrages du 1er étage, ce travail évalué à la somme de : 200,00
[Total :] 9323,98
Imprévus : 676,02
Total, la cour conservé, projet du 12 mai : 10000,00
[barré :] Détail des plus-value réclamées pour la démolition de la cour actuelle, façon de la cour projetée le long de la chapelle, et enfin pour l’exécution du projet du 9 avril 1858
[barré :] Démolition des planchers et pans de bois de 369,00 à 1,00 : 369,00
[barré :] Etablissement de 3 planchers d’une surface totale de 101,00 à 10,00 : 1010,00
[barré :] 15,00 de parquets de chêne à 10,00 le mètre : 157,50
[barré :] 18,00 superficiels de carrelage, aires en plâtre, scellement des lambourdes, évalué à : 120,00
[barré :] Plus-value pour les portes et croisés : 150,00
[barré :] Construction de la petite cour le long de la chapelle avec aire en pavés neufs et, dans le cas où l’on ne pourrait prendre les matériaux de l’aire du vestibule du rez-de-chaussée : 1000,00
[barré :] Construction d’un tuyau de cheminée pour la cuisine et bouchement de baies donnant sur l’ancienne cour : 250,00
[barré :] [Total :] 3056, 50
[barré :] Imprévu : 443,50
[barré :] [Total :] 3500,00
[barré :] ci : 3500,00
[barré :] Nouveau total : 13500,00
Dressé par l’architecte soussigné
Eug. Millet
Vu et arrêté à dix mille francs
L’inspecteur général des Travaux,
Guillaumot
Approuvé, le 20 mai 1858
Le ministre d’Etat
Achille Fould »
Ministère d'Etat
Rapport sur la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
A la fin du mois de septembre dernier, j’avais l’honneur de faire parvenir à Votre Excellence 10 feuilles de dessins concernant le château de Saint-Germain-en-Laye. Dans ces croquis, j’avais essayé de retracer les constructions successives de la demeure impériale dont il s’agit. Pour rentrer dans les délais présentes, je devais seulement alors m’occuper de l’enveloppe de la construction et j’ai l’honneur aujourd’hui de vous adresser 10 nouvelles feuilles de dessins s’appliquant à la chapelle du château et complétant mes études préparatoires.
La curieuse et très belle chapelle dont il s’agit remonte au 13ème siècle et a été élevée par saint Louis, qui, né à Poissy, aura voulu aussitôt sa majorité ériger cette dépendance de l’ancien château. Tous les historiens de la ville de Saint-Germain assurent que la chapelle était arrivée jusqu’au règne de Louis XIII sans avoir subi de modifications. Ce monarque voulut entreprendre sa décoration et il chargea de ce soin (si l’on en croit Félibien) le sieur Aubin Vouet. De grosses réparations furent effectuées avant de procéder aux ouvrages de peinture et à partir de cette époque remontent alors les premières mutilations de la chapelle de Saint-Germain.
Louis XIV voulut aussi à son tour modifier cette demeure et il fit construire les 5 gros pavillons qui flanquent le château de la Renaissance et aussi toutes les bâtisses qui surmontent et emprisonnent la chapelle du saint roi Louis XI [sic].
Le constructeur qui élevait le château du 16e siècle avait réussi à engager le moins possible la chapelle et deux des petites faces de l’abside étaient seulement comprises dans ses constructions.
La disposition adoptée par cet artiste, dans son plan, paraît prouver qu’il appréciait à sa juste valeur le curieux édifice que l’on doit assurément à l’un des plus habiles architectes du règne de saint Louis et il est bien regrettable de n’avoir pas trouvé le même respect chez les constructeurs du 17e siècle, qui n’ont pas craint d’engager et de mutiler le monument formant la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. La construction que nous avons essayée de retracer dans nos dessins est d’une excessive délicatesse. L’architecte qui l’érigeait ne s’est pas contenté de ménager de larges croisées dans ses travées et il a voulu ouvrir entièrement tous les espaces compris entre les contreforts par de grandes et belles vitrines de forme carrée et à meneaux. Cette disposition est toute exceptionnelle, est unique, nous croyons, et nous paraît mériter toute l’attention des personnes qui s’occupent de l’étude de notre art national. Sur ces claires-voies ou croisées à meneaux, les architectes du 17e siècle ont élevé un grand étage d’habitation et de gros murs viennent alors surcharger d’une façon vraiment inquiétante les délicates et savantes constructions du Moyen Âge.
Divers ouvrages de restauration et d’ameublement ont encore été exécutés en 1827 dans la chapelle de Saint-Germain-en-Laye. A cette époque, l’on plaçait à l’intérieur de l’édifice quelques galeries à balustres, l’on érigeait une tribune vers le mur occidental et l’on construisait un autel flanqué de grandes et grosses colonnes en bois, et de l’ordre corinthien.
L’on a surélevé le sol de la chapelle de environ un mètre quinze centimètres, l’on a arraché toute l’arcature inférieure et, malgré toutes les mutilations dont il vient d’être parlé, rien n’est si facile aujourd’hui que de restituer à cette curieuse construction ses dispositions anciennes. Pendant que nous étions occupés à Saint-Germain à dessiner et à mesurer le château pour obéir aux ordres que Votre Excellence avait bien voulu nous donner, nous avons fait faire une fouille au pied de l’un des piliers de la chapelle afin de trouver le sol primitif. Nous avons trouvé dans ce déblai quelques parties de l’ancien dallage aussi bien que les bases des piles et le banc pourtournant toute la construction au-dessous de l’arcature. Le sol a été surélevé au moyen de maçonneries et dans les moellons qu’on arrachait, nous avons été assez heureux pour reconnaître et recueillir d’anciens et précieux fragments de la balustrade du couronnement extérieur. Si l’on continuait les recherches et si l’on rétablissait enfin le sol de cette chapelle à sa hauteur primitive, l’on trouverait très probablement de nombreux débris qui permettraient de rétablir avec la plus grande précision tous les détails du monument. Des piles ont été enduites en plâtre, l’on a appliqué des boiseries sur les soubassements des murailles et il serait utile, nous croyons, de dépouiller l’édifice des revêtements afin d’apprécier la situation. Les recherches dont il s’agit seraient indispensables si l’on voulait rédiger un devis sérieux des ouvrages à entreprendre et il était peut-être de notre devoir de solliciter de votre bienveillance, Monsieur le Ministre, et l’autorisation et le faible crédit de environ 1000 francs nous permettant d’entreprendre les quelques recherches dont il s’agit.
Les premiers dessins du dossier joint à cette lettre retracent l’état actuel de la chapelle, tandis que les dernières feuilles forment un essai de restauration et après la construction du château de François 1er. La chapelle étant un monument historique, nous ne pouvions omettre de rédiger une étude à son égard. Le travail que nous avons l’honneur de soumettre à l’appréciation de Votre Excellence résulte de l’examen des documents laissés soit par l’architecte Ducerceau, soit par le dessinateur graveur Israël Silvestre.
En ce qui concerne l’ensemble de cette chapelle, il serait difficile je crois de commettre des erreurs, car en réalité cette chapelle, quoique mutilée, existe entièrement. Il n’en est pas de même en ce qui s’applique aux détails et nous devions alors, suivant ce qui a été dit plus haut, solliciter la faveur de faire les recherches fort intéressantes pouvant nous aider à reproduire avec précision la belle chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Je suis avec respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
E. Millet
Paris, le 24 avril 1856 »
Ministère d'Etat
Rapport sur la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
J’ai eu l’honneur de remettre à Votre Excellence il y a peu de jours la feuille d’études concernant la Sainte Chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. Avant d’opérer la remise des dessins, j’avais donné communication du travail dont il s’agit à monsieur l’inspecteur général des bâtiments, qui semblait désirer quelques développements sur la section transversale de l’édifice. J’ai l’honneur aujourd’hui, Monsieur le Ministre, de vous faire parvenir 2 nouveaux croquis complétant le travail sur la chapelle du roi saint Louis.
Le premier dessin, qui trace l’état actuel, indique l’exhaussement regrettable du sol inférieur qui enlève à cette chapelle ses élégantes proportions primitives. Cette coupe indique aussi l’étage ajouté au-dessus des voûtes et qui, avec ses gros murs, écrase les légères croisées à meneaux de l’ancienne construction. Les murs de l’étage ajouté sont placés en porte à faux (suivant ce qui est marqué dans notre coupe) et doivent certainement, dans un court délai, amener l’écrasement de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Pour suivre l’ordre adopté dans nos précédentes études, nous devions rédiger encore un croquis de la chapelle avant les mutilations qu’on lui a fait subir pendant les 17e et 18e siècles et la planche n° 2 forme l’essai dont il s’agit.
Le roi saint Louis étant à Saint-Germain-en-Laye en 1239 entra en négociation avec Baudouin, empereur de Constantinople, pour le rachat de la couronne d’épines et autres reliques qui donnèrent lieu à la construction de la Sainte Chapelle du Palais de Paris. En 1248, avant de partir pour la première croisade, saint Louis fit à Saint-Germain son testament et cette chapelle dut recevoir les prières qui précédèrent son départ. Bien d’autres faits se passèrent à Saint-Germain-en-Laye et en 1643 eut encore lieu dans la chapelle du vieux château le baptême du grand roi Louis XIV.
La construction qui nous occupe nous semble intéressante à bien des titres et tout se liant à l’histoire de notre pays, elle est encore certainement un des spécimens les plus précieux des constructions du Moyen Âge de notre art national. Ayant eu l’honneur d’être chargé par Votre Excellence de l’étude du château de Saint-Germain, il était assurément de notre devoir de faire toutes les recherches utiles pour retracer les dispositions successives de cette demeure impériale et, dans ce but, nous devions encore rédiger les nouveaux croquis réclamés par monsieur l’inspecteur général des Bâtiments.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence, Monsieur le Ministre, le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, le 18 mai 1856 »
Ministère d'Etat
Lettre concernant la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Du 18 janvier 1887
M. le directeur à M. Lafollye, architecte
M., La commission des Monuments historiques, à l’examen de laquelle j’ai soumis les deux nouvelles études que vous m’avez adressées en vue de la couverture de la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain, a exprimé l’avis que, tout en adoptant le style de la décoration du XIIIe siècle, vous n’étiez pas entré suffisamment dans le caractère de la composition de votre prédécesseur, M. Millet. Elle a pensé en conséquence que le mieux étoit de développer votre idée personnelle, en continuant, bien entendu, à donner le caractère du XIIIe siècle à votre composition.
Je vous invite à vous conformer à cette opinion. »
Lettre concernant la pose d’éclairages au château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 23 mars 1859
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pour me conformer à vos ordres du 15 février dernier, j’ai fait poser les appareils à gaz du château de Saint-Germain-en-Laye. Les ouvrages étaient achevés le 25 du même mois et le soir même l’on éclairait le vestibule principal et l’escalier du pavillon de l’angle sud-ouest.
Par une étude attentive des lieux, il m’a semblé utile de placer 6 appareils pour l’éclairage dont il s’agit, mais en même temps aussi j’ordonnais la pose de ½ becs, formant papillons et ne nécessitant pas de cheminées en verre d’un si dispendieux entretien.
La pose des appareils rentrera exactement dans les prévisions du devis et le crédit ouvert pour ces ouvrages suffira alors pour faire face aux dépenses effectuées. J’ai l’honneur de faire suivre ces détails de quelques renseignements sur la consommation du gaz et pour les 6 lanternes appliquées.
Le 8 mars dernier, après 43 heures et ½ d’éclairage, le compteur accusait une consommation de 28 mètres 100 litres.
Hier, 22 courant, ces 6 appareils, après être restés allumés de nouveau 43 heures et ½, avaient consommés seulement 20 mètres 210 litres.
La pression du gaz à Saint-Germain est fort irrégulière si j’en crois les renseignements qui me sont fournis. Au début de tout éclairage, l’on perd toujours du gaz pour les essais mais la différence de 8 mètres cubes constatée dans les 2 expériences doit être attribuée en grande partie assurément à l’irrégularité signalée.
Dans la 1ère expérience, les becs, ensemble, seraient restés allumés pendant 261 heures. La consommation aurait atteint 28100 litres et chaque bec et par heure aurait absorbé environ alors 107 litres.
Dans la 2ème expérience, les becs seraient restés allumés aussi 261 heures. La consommation aurait atteint 20210 et chaque bec et par heure aurait absorbé seulement et environ 77 litres.
Dans l’ensemble, les becs seraient restés allumés 522 heures, la consommation aurait atteint 48 mètres 310 litres et chaque bec et par heure aurait absorbé en moyenne et environ 92 litres de gaz.
En résumé, pour les 6 becs, après 25 jours d’éclairage (eu égard toutefois au petit nombre d’heures d’éclairage), la consommation a atteint 48 m. 310 litres qui, à raison de 0,40 c. le mètre cube, donne une dépense totale de 19 m. 32 centimètres ou de environ 77 centimes par jour.
J’ai chargé le sieur Bague d’inscrire jour par jour les aspirations de l’éclairage dont il s’agit et de continuer l’expérience sur les appareils posés dans le château de Saint-Germain-en-Laye. J’aurai l’honneur en conséquence dans peu de jours de renseigner à nouveau Votre Excellence sur le service qu’elle a bien voulu confier à mes soins.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »
Ministère d'Etat
Lettre concernant la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye
Fait partie de Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye
« Ministère d’Etat
Secrétariat général
Bâtiments
Minute de lettre du 25 juillet 1855
L’inspecteur général des travaux à M. Millet, architecte, rue Saint-Dominique-Saint-Germain, n° 100
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous transmettre une lettre par laquelle Son Excellence le ministre d’Etat vous charge de la rédaction d’un projet de restauration et d’appropriation intérieure du château de Saint-Germain.
J’y joins les onze feuilles de dessin qui ont été remises au ministère d’Etat par le service du Génie.
Tout en commençant les études qui vous sont demandées, je vous prie de faire procéder à un nettoyer provisoire qui débarrasse le château des débris laissés par les anciens occupants et de me faire connaître la dépense que nécessiterait ce nettoyage.
Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération très distinguée.
Signé : Guillaumot »
Ministère d'Etat