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France
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Quittance pour le bois pour la couverture d’une galerie en terrasse dans le jardin du Château-Neuf

« En la presence des notaires du Roy nostre sire ou Chastelet de Paris soubzsignez, Remond Vedet dict La Fleur, cappitaine du charroy de l’artillerie du Roy, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme me Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy et commis à l’exercice dud. office en ceste presente année, la somme de cinquante escuz sol en [vide] à luy ordonnée pour avoir vendu et livré pour Sa Majesté la quantité de quatre cens grosses perches ou balliveaux pour servir à la couverture de pierre à la grande gallerie en terrasse faite de neuf à la troisiesme descente de son chasteau neuf de Saint Germain en Laye, de laquelle some de L escuz sol il s’est tenu content, en a quicté et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier susd., et tous autres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostelz des notaires le premier jour de decembre avant midy mil six cens ung, et a signé :
Vedet
Chapelain, Le Vasseur »

Quittance pour du fil de laiton pour les volières des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires du Roy nostre sire au Chastelet de Paris soubzsignez, Adrien de Villers, maistre espinglier à Paris, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme me Jehan Jacquelin, tresorier des Bastimens du Roy, la somme de vingt ung escu trente six solz en [vide], à luy ordonnée pour la quantité de sept vingtz quatre piedz de lassis et gros fil de laiton qu’i a faictz et livrez de neuf pour le Roy tant a[ux] fenestres et bees des grotes de Sainct Germain en Laye que aux vollieres de ses oyseaulx aux chasteau et bastimens neufz dud. lieu, de laquelle somme de XXI escus XXXVI solz il s’est tenu contant, en a quicté et quicte led. sieur Jacquelin, tresorier susd., et tous aultres. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé es hostelz des notaires le vingt troisiesme jour de novembre apres midy mil six cens, et a signé :
Adryen de Vyller,
Chapelain, Le Vasseur »

Arrêt du Conseil ordonnant le paiement du transport jusqu’à Saint-Germain-en-Laye des éléments de décor de la chapelle et de la chambre du conseil

« Il est ordonné au tresorier de l’Espargne paier comptant à Monner, garde des meubles du Roy, la somme de cinquante escus pour avoir faict amener de Paris en ce lieu douze voictures de charrettes chargees de tappis et tapisseries, draps de pied, parement et careaux pour servir tant à la chappelle qu’il a convenu faire tendre pour les festes et jour de Noel que pour la chambre de messieurs du conseil, compris le retour, conduicte et tenture d’iceux. »

Ordre de paiement pour les travaux menés au château de Saint-Germain-en-Laye

« Charles, par la grace de Dieu roy de France, a noz amez et feaulx les conseilliers a Paris sur le fait des aides ordonnees pour la guerre, salut et dileccion. Nous voulons et vous mandons que par François Chanteprime, receceur general d’iceulx aides, vous facier baillier et delivrer a Guillaume de Maule, paieur des euvres de nostre chastel de Saint Germain en Laye, la somme de huit cens frans pour ce present mois de novembre pour tourner et convertir es dictes euvres et non ailleurs, et par rapportant ces presentes et lettre de recongnoissance du dit Guillaume, nous voulons les diz VIIIc frans estre aloez sanz contredit es comptes dutit François et rabattus de sa recepte par noz amez et feaulx gens de noz comptes a Paris nonobstans quelconques ordennances, mandemens ou deffenses a ce contraites. Donné en nostre chastel du bois de Vincennes le VIe jour de novembre l’an de grace mil trois cens soixante dix et sept et de nostre regne le quatorziesme.
Par le Roy, Blanchet »

Lettre de Charles IX concernant un accident lui étant arrivé au cours d’une chasse à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 54] Monsieur de Mandelot,
Pour ce que, sur l’occasion d’une petite blesseure que depuis deux jours j’ay receue au bras, l’on pourroit faire courir le bruict que ce fust ce plus grande chose que ce n’est, je vous ay bien voulu escrire la presente pour vous en advertir affin que vous le faictes entendre par tout ou besoing sera. C’est qu’estent ces jours passez a la chasse pres mon chasteau de Sainct Germain en Laye et poursuivant le sanglier qui estoit dans les toilles, je me blessay au bras gaulche sans qu’il y eu aucun nerf ne venne couppee ny blessee, ny que je sois en danger d’aucun inconvenient pour ceste occasion et ne laissay pas departir le lendemain pour retourner coucher en ceste ville, ou je suis a present [f. 54v] en tres bonne santé, grace a Dieu, auquel je prie, monsieur de Mandelot, vous avoir en sa saincte et digne garde. Escript a Paris ce XIXe jour de decembre 1572.
Signé Charles, et contresigné Fizes »

Charles IX

Ordre de procéder à des ventes dans les forêts royales pour financer les réparations à effectuer dans plusieurs châteaux

« Charles, par la grace de Dieu, roy de France, aux maistres particulliers de noz eaues et forestz de Gisors, vicontez de Lyons, Vernon et Andely ou leurs lieutenans, salut et dillection. Aians entreveu le besoing qu’il y a de faire reparer noz maisons de Chambort, Fontainebleau, Sainct Germain en Laye, La Muette, Boullongne et autres et que, a faulte d’y faire promptement besongner pourroient tomber en telle ruine que ce qui se y pourra a present reparer pour peu chose pourroit à l’advenir beaucoup couster, et estans noz deniers et finances destinees a autres effectz, a esté advisé en nostre conseil privé que pour y satisfaire, estoit expedient de faire faire en ceste presente annee ventes extraordinaires de boys jusques a la somme de soixante quatre mil livres en aucunes forestz, boys et buissons de nostre roiaulme, mesmes en noz forestz dud. Gisors, vicontez de Lions, Vernon et Andely jusques a la somme de six mil livres tournois. Pour vacquer et entendre a faire lesd. ventes en temps et saison propre et convenable es lieux qui nous soient plus utilles et moins dommageables, et eviter aux degastz et depopulation desd. forestz, boys et buissons, est besoing en adresser noz lettres de commission a gens a ce congnoissans, pour ce est il que nous, ce consideré, confians de vous et de voz sens et experience, pour ces causes et autres a ce nous mouvans, vous avons commis et deputé, commectons et deputons par ces presentes pour vous transporter en nosd. forestz, boys et buissons de Gisors, vicontez de Lyons, Vernon et Andely, et icellec appellé noz procureurs, vereurs, sergens et greffiers desd. forestz, apres avoir faict departement de ce que aurez arresté que chacune d’icelles en pourra porter, veoir et visiter les lieux et endroictz ou lesd. couppes et ventes de boys pourront plus commodement estre faictes, et ce faict procedez à l’adjudication et delivrance d’icelles et au prealable de ce qui se trouvera en friche et degast, le tout au plus offrant et dernier encherisseur, jusques a la concurrence de lad. somme de VIm livres, et apres avoir faict crier et proclamer par les villes et lieux des environs ou se feront lesd. ventes le jour que vous aurez conclud et arresté d’y proceder, afin que ceulx qui y vouldront entendre et faire encheres se y puissent trouver, leur ferez scavoir que nous leur avons permis et permectons en faire faire eschallatz de fente et quartier de chesne et iceulx vendre et debiter ou bon leur semblera, nonobstant les ordonnances cy devant faictes au contraire, ausquelles nous avons pour ce regard desrogé et desrogeons par cesd. presentes, et lesd. achepteurs faictes respectivement jouir et user desd. ventes et adjudications, leur limitant le temps dedans lequel lesd. couppes et vuidenges se pourront faire, et pareillement les paiemens d’icelles, qu’entendons estre faictz en deux termes par moictié et egalle porcion que prefigerez au plus brief que faire ce pourra, aiant esgard a la necsssité de nosd. bastimens et qu’il est besoing faire faire lesd. reparations en saison propre et convenable. Et prendrez bien garde qu’il ne soit aucune chose couppé hors le temps de saison, et ordonnerez, si vous voiez que besoing soit icelles faire receper et fossoier es lieux et endroictz requis et necessaires, avec inhibitions et deffences aux coustumiers et usagiers d’icelles forestz, si aucuns en y a, de n’y mectre, faire mectre ou souffrir pasturer leur bestial jusques à ce que les tailliez soient declarez defensables par vous et nosd. officiers, ou que autrement en soit ordonné suivant noz ordonnances sur ce faictes, enjoignant à tous qu’il appartiendra icelles entretenir et observer exactement, et garder tant par vous que eulx en ce faisant les autres solempnitez acoustumez pour le proufict, repeuplement et conservation de nosd. forestz. Et ce faict, arrestez le calcul de ce que monteront lesd. ventes, l’un envoirez aux intendans de noz finances, l’autre au tresorier en la charge et tiers delaisserez es mains de noz receveurs ordinaires, ausquelz ordonnons le recevoir et nous tenir le compte des deniers provenans desd. ventes, et aux achapteurs les leur paier, bailler et delivrer esd. deux termes par moictié egallement, comme dict est, a telz jours que seront pour ce par vous convenuz et arrestez, le dernier desquelz termes entendons estre pour le plus tard au-dedans de l’an que aurez accordé ausd. achapteurs, dont led. receveur sera tenu, a ces fins, prendre bonne et suffisante caution, pour apres estre lesd. deniers portez en nostre recepte generalle de Rouen et apres envoiez en nostre espargne, et par le tresorier d’icelle emploiez pour les effectz cy dessus selon qui luy sera par nous commandé. Et quant aux journees et vaccations desd. officiers et autres menuz fraiz pour les arpentages, mesurages et esxploictz de sergens, criees, proclamations et autres requis et necessaires, mandons par cesd. presentes a nostre amé et feal conseiller le tresorier de France estably aud. Rouen iceulx liquider, taxer et arbitrer, c’est assavoir lesd. vaccations des officiers ainsi qu’il verra et congnoistra ce devoir faire au fur et raison qu’il est porté et prescript par certaines ordonnances du feu roy nostre tres honoré seigneur et pere du premier jour de mars mil Vc LIII, et les menuz fraiz au meilleur mesnagement que faire ce pourra, en y rapportant le vidimus deuement collationné de cesd. presentes, signees de nostre main, pour une foys seullement, les ordonnances de nostred. tresorier et les quictances des parties ou elles eschront, nous voullons les sommes qui auront esté pour ce paiees par nostred. receveur a la cause susd. estre passees et allouees en la despence de ses comptes et rabatues de sa recepte par noz amez et feaulx les gens de noz comptes, ausquelz nous mandons ainsi le faire sans difficulté, promettant avoir agreable, tenir ferme et stable, tout ce que par vous sera sur ce faict et ordonné, et n’y contrevenir en aucune maniere, car tel est nostre plaisir, nonostant oppositions ou appellations quelzconques et sans prejudice d’icelles, pour lesquelles ne voullons estre differé et desquelles, si aucunes interviennent, avons retenu et reservé, retenons et reservons a nostre conseil privé la congnoissance, et icelle interdicte et defendue, interdisons et deffendons a tous noz juges quelzconques, nonostant aussi tous edictz, statutz, ordonnances, restrictions, mandemens et deffences a ce contraires, mandons et commandons a tous noz justiciers, officiers et subjectz que a vous en ce faisant obeissent et entendent dilligemment, et pour ce que de cesd. presentes l’on pourra avoir a faire en plusieurs et divers lieux, nous voullons que au vidimus faict soubz nostre seel roial ou collationné par l’un de noz amez et feaulx notaires et secretaires, foy soit adjoustee comme au present original. Donné a Bloys, le dixiesme jour de fevrier, l’an de grace mil Vc soixante deux, et de nostre regne le troisieme.
Signé Charles et, au bas, par le Roy en son conseil Leurogensis et scellees de cire jaulne sur simple queue.
Collationné a l’original par moy, notaire et secretaire du Roy, le sixiesme jour de apvril avant Pasques mil cinq centz soixante deux. »

Paiement pour des réparations au château de Saint-Germain-en-Laye

« A Pierre Gromeau, paieur des œuvres du Roy à Paris, la somme de quatre cens livres tournois a luy ordonnee des deniers du quartier d’octobre, novembre et decembre dernier passé par led. seigneur et ses lettres patentes donnees a Paris le IIIe jour de fevrier M Vc XXXIIII, signez Françoys, Bochetel et scellees du scel dud. seigneur, pour convertir et emploier es reparations qui sont neccessaires estre faictes aux chasteaulx du Louvre a Paris et Sainct Germain en Laye, laquelle somme luy a esté payee comptant par les preudomme des deniers pris et tirez desd. coffres dud. quartier d’octobre, es presences de messieurs les presidens, en monnaie de XIIains et lyards, comme il appert par sa quictance signee de sa main le IIme jour de mars M Vc XXXIIII enregistree par moy le Xme jour desd. moys et an, cy : IIIIc L l. »

Paiement pour le rachat du château de Saint-Germain-en-Laye occupé par les Anglais

« [f. 49] Extrait du compte de Guillaume Ripault, clerc des comptes, receveur general de toutes finances es pays de Champagne, Brie, Beauvoisis, Picardie, Normandie et autres pays estans outre et sus les rivieres de Seine et Yonne, du 18 avril 1436 au dernier decembre 1438
[…]
[f. 50] Deniers payez par ordonnance de mons. le connestable
[…]
Mons. le connestable, XVIIIc IIIIxx VII l. pour employer au rachat et payement de la recouvrance du chastel de Sainct Germain en Laye occupez par les Anglois, et XIIc l. pour le payement des gens d’armes de son hostel »

Ordre de garnir de vivres le château de Saint-Germain-en-Laye

« Henry, par la grace de Dieu roy de France et d’Angleterre, au bailli de Mante ou a son lieutenant et au receveur des aides et tailles a Poissy, salut. Pour ce qu’il est expedient et chose necessaire de pourveoir a la seurté du chastel de Saint Germain en Laye, telement et si convenablement que resistence puisse estre faicte aux emprises de noz ennemis et adversaires se besoing en est, a quoy pour obvier a tous inconveniens et dommaiges voulons estre diligemment entendu, nous vous mandons et expressement enjoingnons que appellé avecques vous le capitaine dudit lieu de Saint Germain en Laye ou son lieutenant illec, vous advisez ensemble quelle quantité de vivres sera necessaire et requise pour la provision et avitaillement dudit chastel de Saint Germain en Laye, et des vivres qui ainsi seront advisez et trouvez estre necessaire faire provision et en recouvrez ou mieulx pourrez a pris competent que voulons par toy receveur estre payé des deniers de ta recepte des aides et tailles a ceulx de qui lesdiz vivres auront esté prins et achetez, et iceulx vivres ainsi recouvrez mettez ou faites mectre oudit chastel de Saint Germain en Laye pour la provision et avitaillement d’icellui, et les bailliez en garde audit capitaine ou a son lieutenant par bon et loyal inventaire, le double duquel voulons par toy receveur estre baillé a nostre proufit comme raison est, et par raportant ces presentes avecques copie dudit inventaire et certiffication de vous bailli ou vostre lieutenant sur la quantité et pris desdiz vivres et quictance souffisante d’iceulx, ensemble certiffication dudit capitaine d’avoir receu lesdiz vivres et aussi dudit Pierre Surreau d’avoir receu ladite copie d’inventaire, tout ce que ainsi et pour lad. cause paié, baillié et delivré aura esté sera alloué et comptés de roy receveur et rabatu de ta recepte sanz aucun contredit par noz amez et feaulx les gens de noz comptes a Paris, ausquelz nous mandons que ainsi le facent pourveu que ces dites presentes soient verifiees et expediees par noz amez et feaulx les tresoriers et generaulx presidens de noz finances. Donné a Paris le XXIIme jour de juing l’an de grace mil CCCC vint neuf et de nostre regne le septiesme.
Par le Roy a la relation de monseigneur le regent, duc de Bedford »

Paiements pour des travaux entrepris au-dessus de la chambre du roi au château de Saint-Germain-en-Laye

« Autres euvres faictes ou chastel de Saint Germain en Laye
A Regnaut des Mares, charpentier, pour certaines euvres de carpenterie qu’il a faittes ou chastel dud. Saint Germain dessus la chambre du Roy, laquelle lui avoit esté pieça ordonnee estre faite si comme plus a plain est contenu ou marchié sur ce fait, rendu a court ou compte de l’Ascension IIIIxx et XV ou chappitre des euvres faites a Saint Germain en Laye, pour ce si comme appert par certification dud. maistre Robert Fouchier, charpentier du Roy, et par quittance dud. Regnaut rendues a court : XIIII l. p.
A Denisot de Marle, maçon, pour argent a lui paié sur la besongne que lui et ses compagnons ont faite et doivent faire oud. chastel de Saint Germain en Laye, pour ce mandement dud. maistre Robert Fouchier et par quittance dud. Denisot rendue a court : IIII l. p.
A Fran. Le Breton, serrurier, pour argent a lui paié sur l’ouvrage fait et a faire de son mestier oud. chastel de Saint Germain en Laye, pour ce par mandement dud. maistre charpentier et par quittance dud. serrurier rendue a court : XX s. p. »

Lettre du connétable de Montmorency concernant l’assainissement du château de Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur de Humyeres,
J’ay receu vostre lettre et ay presenté celle que vous escripviez au Roy par Boistobin, present porteur, qui a esté tres aise d’entendre de la bonne santé de monseigneur et de madame ses enfans, si a esté pareillement la Royne, lesquelz m’ont commandé de vous escripre que incontinant la presente receue, vous menez mond. seigneur et madame a Villiers le Bel, en attendant que le logis de Sainct Germain soit bien purgé et asseuré, et si tost qu’il sera a Fontainebleau, il vous envoyera l’autre petite dame, comme vous dira ced. porteur plus au long. Priant Dieu qu’il vous donne, monsieur de Humyeres, ce que plus desirez. De Villeneuf la Compte, ce XVI jour de mars au soir.
Je l’ay faict parler au Roy et a la Royne, qui luy ont dit ce qu’ilz veullent que vous faciez, qui sera cause que vous n’aurez poinct d’autre lettre d’eulx que la presente, vous priant de nous faire scavoir souvant de voz nouvelles.
Vostre antyeremant bon cousin
Monmorency
[f. 141v] A monsieur de Humyeres, chevalier de l’ordre du Roy et gouverneur de monseigneur le Daulphin »

Lettre de Diane de Poitiers concernant l’arrivée du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur mon allyé,
Je n’ay voullu laisser aller se porteur sans vous escripre la presente pour vous dire que le Roy sera a Sainct Germain le XIIe jour de ce mois affin que donnez ordre de faire mectre monsieur et toute sa compagnye au logis que le Roy a ordonné, par quoy donner ordre que personne ne se mectre aux autres chambres. Led. seigneur s’en va en grand devotion pour veoir messieur ses enffans et se doibt mectre ung jour devant pour en avoir tout seul la bonne chere. Et parce que ced. porteur vous dira le surplus, ne vous feray plus longue lettre, me recommandant à vostre bonne grave, priant Dieu, monsieur mon allyé, vous donner ce que desirez. De Guyen, le II jour de novembre.
Vostre parfete bonne alyé et amye
Dianne de Poytiers
[f. 15v] A monsieur mon allyé, monsieur de Humyeres »

Lettre de Diane de Poitiers concernant le logement des enfants royaux à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur mon allyé,
J’ay faict entendre au Roy tout le logis dont m’avez escript et vostre advis sur le tout. Led. seigneur veult nommement que madame Ysabel et la royne d’Escosse soient logees ensemble, par quoy vous choisirez la meilleure chambre pour elles deux et pour leur suitte, car led. seigneur bault que des le commancement ilz s’acointent toutes deux, par quoy vous y tiendrez la main. Led. seigneur m’a commandé vous l’escripre et que vous seriez le mieulx que vous pourrez, car il menne avec luy grande compaignie pour logier dedans led. chasteau. Il vous a escript aussi pour faire ramener nossseigneurs et mesdames : vous ferez bien de le faire le plus tost que vous pourrez. Je ne vous feray point plus longue lettre, sinon que me trouverez tousjours a vostre commandement, priant Dieu, monsieur mon allyé, vous donner ce que desirez. De Tarare, ce IIIe d’octobre.
Vostre obeyssante et bonne amye
Dianne de Poytiers
[f. 10v] A monsieur mon allyé, monsieur de Humyeres »

Lettre de Diane de Poitiers concernant le logement des enfants royaux à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur mon allyé,
J’a veu tout ce que m’avez escript, et m’avez faict bien grand plaisir de m’avoir faict entendre de toutes choses et mesmes de ce que les escolliers de Paris s’escarmouchent encores, quelle j’ay chose j’ay remonstré au Roy, lequel en escript et a envoyé depesche pour y donner ordre de vostre part. Je vous prye de regarder tousjours pour scavoir de toutes nouvelles pour y remedier le myeulx que vous pourrez et advertir le Roy des choses que verrez estre necessaires pour son service. Et quant a ce que m’avez mandé de l’estat de auditeur des comptes qui a vacqué, le Roy scayt tres bien le don qu’il a faict a vostre filz de la premieres qui viendroit a vacquer, mais voiant les affaires qu’il a, il en a faict son prouffict, si est ce qu’il m’a dit que plus tost il luy baillera autant d’argent que led. office vault, mais il fault avoir ung peu de patience, estant asseuré que tout ce qui vous touchera j’en feray comme pour moy mesmes. Au demourant, je vous envoye ung memoire que le Roy m’a commendé du logis qu’il entend qu’il soit faict pour mons. son filz, pour la royne d’Escosse et pour mesdames. Vous suyverez en cella l’intention du Roy et ferez au reste le myeulx que pourrez. J’ay esperance que nous vous verrons bien tost, qui sera [f. 7v] cause que ne vous feray plus longue lettre, et sur ce me recommanderay bien fort à vostre bonne grace, priant Dieu, monsieur mon allé, vous donner ce que plus desirez. De Mezieu le XVIII jour de septembre.
Faictes faire deffence que personne de Paris ne voise a Sainct Germain, pour l’amour du dangier de mort qu’on dist estre aud. lieu de Paris de peur des guernemans.
Vostre obeyssante et bonne amye
Dianne de Poytiers
[f. 8v] A monsieur mon allyé, monsieur de Humyeres »

Lettre d’Henri II concernant le logement de ses enfants à Saint-Germain-en-Laye

« Mon cousin,
Depuis mes dernieres lettres, j’ay receu les vostres de III et XIIe de ce moys, tres aise d’avoir veu par icelles comme mes enfans continuent de se porter de bien en mieulx, et povez estre seur que ne me scauriez faire plaisir ne service plus agreables que de m’advertir le plus souvant que pourrez de leurs nouvelles. Et pour ce que j’espere aller bientost a Sainct Germain en Laye, j’ay advisé de faire dresser et accommoder pour eulx et pour ma fille la royne d’Escosse les salles et chambres tant de dessus la mienne que de dessus celles de ma femme, de mon oncle le roy de Navarre et de mon cousin le connestable, comme verrez par le memoire que je vous envoye, et mande a Saint Germain qu’il y face incontinant besongner en la meilleure dilligence qu’il sera possible. Au demourant, mon cousin, ma cousine la grand seneschalle m’a faict requeste pour vostre filz de Becquincourt de l’office d’auditeur de mes comptes a Paris puis nagueres vacqué par le trespas d’un nommé Potarde suivant la promesse que je luy avois cy devant faicte du premier desd. offices qui viendroit a vacquer, ce que je ne luy ay peu accorder pour ce que ja j’avois faict estat de l’argent qui proviendroit d’icelluy office pour employer en mes affaire qui maintenant son merveilleusement pressez, actendu mesmement qu’il se retire peu des deniers de Guyenne a cause des troubles et que dvant qu’il soit guieres je feray bailler a vostred. filz autant d’argent que led. office aura esté vandu. Cependant, il aura ung peu de patience, et au reste je prieray Dieu qu’il vous ait en sa saincte garde. Ecript a Mezieu le XVIIIe de septembre 1548.
Henry
Clausse
[f. 68v] A mon cousin le sieur de Humyeres, chevalier de mon ordre et gouverneur de mon filz le Daulphin »

Projet de règlement des coupes dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye et dans la garenne du Vésinet

« [p. 87] Projet de règlement de coupes dans la forest de Saint Germain
Il y a dans la forest de Saint Germain environ 3631 arpens de taillis, dont il s’en trouve environ 2099 en valeur, environ 674 abroutis qu’il faut receper et comprendre dans les ventes, environ 258 qu’on juge à propos de réserver pour des ventes extraordinaires lorsqu’ils seront rétablis, environ 580 dont on ne doit attendre le rétablissement que du temps, et environ 20 arpens qu’on juge à propos de laisser croître en futaye. Ainsi, on ne doit compter que sur environ 2773 arpens de taillis dont on puisse régler les coupes.
Sur ce pied, comme on a remarqué que le bois de cette forest dépérit après 25 à 30 ans de crue, on, croit qu’on ne sçauroit mieux pourvoir à son aménagement qu’en y réglant les coupes de taillis à 27 ans de crue et à depuis 80 jusqu’à 120 arpens par an, suivant la consistance des cantons, desquels il ne seroit pas à propos, pour la décoration, de couper une partye sans l’autre.
[p. 88] En cas que ce projet soit approuvé par le Roy, comme il se trouve dans plusieurs endroits beaucoup d’anciens balliveaux sur le retour et un grand nombre de modernes établés en pommiers, il faudra dans toutes les ventes où il s’en trouvera de tels et où ils offusquent le taillis les couper en observant de réserver les mieux venans des uns et des autres et quelques vieux chênes de côté et d’autre, des moins sur le retour, afin qu’ils jettent du gland dans les ventes.
Et comme, cette forest étant destinée pour le plaisir du Roy et de la maison royalle, on n’est pas moins obligé de s’attacher à la rendre agréable qu’à la rendre utile, il faut indispensablement y réserver des bordures sur toutes les routes, qui y fassent du couvert et qui soyent de quatre toises sur les grandes routes et de trois toises sur les petites. A la vérité, cela diminuera le prix des ventes mais, comme il vient d’estre dit, on ne doit pas avoir moins d’égard au plaisir que le Roy et la maison royalle y doivent prendre qu’au revenu [p. 89] que Sa Majesté en peut retirer.
La dépence qu’il est nécessaire de faire pour le recepage et le retablissement des bois abroutis diminuera aussy le produit des ventes, et parce que cette dépence pourroit paroitre excessive si on la faisoit tout à la fois, on croit qu’il est à propos de ne la faire qu’à mesure que le temps de les couper se présentera, c’est-à-dire dans les années où les bois abroutis feront partye des ventes extraordinaires.
Avec cette conduite, et en enfermant de treillage les bois exploités jusqu’à ce qu’ils soyent deffensables, on rétablira la forest sans que le Roy soit obligé de prendre du fond ailleurs que dans le produit des ventes, ce qui se fera seulement dans les années qu’il y aura du bois à receper, et Sa Majesté en assurera le rétablissement et la conservation du reste de la forest en ordonnant qu’on oste les vieilles biches et qu’on diminue le nombre excessive des dains qui y font en dégâts étrange et celuy des lapins qui ruinent aussy le bois considérablement.
[…]
[p. 131] Projet d’aménagement de la garenne du Vezinet
La garenne du Vezinet n’est proprement qu’un bois de décoration qui, en contribuant à la beauté de la veue du château neuf de Saint Germain, sert en même temps au plaisir de la chasse par les retraites et les demeures que le gibier y trouve. Sa consistance est petite car elle ne contient qu’environ 770 arpens, y compris 17 remises à grains qui s’y trouvent et la faisanderie.
On croit qu’on ne doit pas songer à y établir des coupes réglées, estimant qu’il est plus à propos, pour y conserver le bois en le renouvellant, d’en faire quelques coupes extraordinaires dans les temps qu’il commencera à ne plus profiter, ainsi, après avoir examiné sa nature et la qualité du terrain, on juge :
Que les sept cantons entre les terres de Chatou et la grande place Royalle qui fait face au château neuf, contenant environ 218 arpens, y compris dix remises [p. 132] à grain qui en contiennent environ 45, plantés d’un revenu de taillis de bouleaux pour la plus grande partye, meslées de quelques peu de chênes et de charmes âgés de dix ans, doivent être coupés lorsque le bois aura atteint l’âge de 15 ans avec les balliveaux morts en cime qui s’y trouveront et qu’il doit en estre fait une vente extraordinaire en 1711 pour être coupé en 1712
Procès verbal page 72
Plan, cotte A
Que la vente traversée par la route Royalle entre les terres de Chatou et de Montesson et la grande place Royalle, contenant en sept cantons environ cent onze arpens, y compris trois remises à grain qui en contiennent environ neuf, planté d’un taillis de chêne pour la plus grande partye, mêlés de quelques peu de bouleaux âgé de 8 ans, doit être coupé en une seule exploitation à 22 ans de crue, avec les balliveaux qui s’y trouveront morts en cime lors des coupes, et qu’il en doit estre fait une vente extraordinaire [p. 133] en 1721 pour estre coupée en 1722.
Procès verbal page 74
Plan, cotte B.
Que les restans de la garrenne du Vezinet entre les communes de Montesson et la rivière, contenant en six cantons environ 125 arpens, y compris une remise à grains de la consistance d’environ trois arpens, et la faisanderie de la consistance d’environ dix, planté d’un assé beau revenu de taillis de chêne âgé de sept ans, doivent estre coupé en une seule exploitation à 25 ans de crue avec les balliveaux morts en cime qui s’y trouveront lors des coupes et qu’il en doit estre fais une vente extraordinaire en 1724 pour estre coupé en 1725.
Procès verbal page 75
Plan, cotte C.
Que les sepées fort éparses qui sont depuis la route de Croissy jusqu’à la rivière, contenant environ 317 arpens, y compris les trois remises à grain de la consistance d’environ 17 arpens, doivent être laissées croître jusqu’à ce qu’on [page 134] s’aperçoive qu’elle ne profite plus, afin que le terrain qu’elles occupent, qui paroit fort dégarny de bois, aye le temps de s’en garnir, observant lorsqu’on y coupera de laisser tous les arbres de brins qui s’y trouverons.
Procès verbal page 71
Plan, cotte D.
Que la futaye et le bois de la Trahison doivent être aménagés de la manière qui a esté proposée pour le corps de la futaye de la forest de Saint Germain, qui est d’y faire de temps en temps de menus marchés des arbres qui s’y trouveront morts en come.
Procès verbal page 72
Plan, cotte.
Que l’ormeraye d’un arpent et demy ou environ qui est scituée le long de la rivière neuve et qui aboutit au fossé qui sépare la garenne du Vézinet d’avec la seigneurie de Croissy, estant plantée d’ormes dont la plus grande partye sont morts en come, ne peut être coupée assés tost.
Procès verbal, page 71.
[p. 135] Plan, cotte.
Et qu’enfin, pour conserver les dix remises à bois de la plaine de la Borde et d’Houille, et y rendre le bois fort et espais, on doit l’y couper à dix ans de crue, n’en jamais couper qu’une à la fois et observer quand on en voudra couper de prendre la plus éloignée de la dernière coupée autant qu’il se pourra.
Procès verbal page 75. »

Description et antiquités de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, par Antoine, porte-arquebuse du roi

« [f. 1] Description et antiquitées de la forest de Saint Germain en Laye
[f. 2] Au Roy
Sire,
Le lieu de Saint Germain tirant toute sa gloire de l’heureuse naissance de Vostre Majesté, dans lequel est scituée la forest de Laye, qui est l’une de plus belle et agréable de son royaume, et qui a esté toujours honnorée de la présence des roys ses prédécesseurs, et de celle de Votre Majesté dans les [f. 2v] plaisirs des chasses et promenades depuis le commencement de son règne jusques à présent, j’ay cru par tous ces endroits qu’Elle voudra bien me permettre de luy présenter le plan avec une description de ladite forest que j’ay faite, où Elle pourra la voie en racourcy dans toute son estendue, comme ayant eu l’honneur d’avoir esté commis par un brevet de Votre Majesté en l’année 1688 à l’inspection de lad. forest et capitainerie de ce lieu, qui est une grâce qu’Elle a bien voulu joindre à beaucoup d’autres que j’ay l’avantage de tenir d’Elle comme une marque de la confiance dont Elle m’a toujours honnoré, et pour répondre à laquelle j’ay tasché d’exercer lad. commission avec toute l’asiduitté et fidelité qu’il m’a esté possible, ayant pour cet effet donné tous mes soins pour la conservation de ladite forest, encore qu’elle se trouve maintenant dans une très grande désolation, ainsy que j’ay eu l’honneur de l’en informer plusieurs fois, suivant les ordres précis que j’en ay receus d’Elle, espérant que Votre Majesté voudra bien, par l’attachement qu’Elle a toujours eu pour cette belle forest, d’empescher sa totalle ruyne en y apportant les remèdes qu’il conviendra y apporter pour cet effet. C’est là le but, Sire, que je me suis proposé en prenant la liberté [f. 3] de luy présenter ce petit manuscrit, par une marque de ma reconnoissance et combien je suis sensible aux grâces qu’Elle me fait tous les jours et à ma famille, laquelle offre journellement à Dieu ses vœux et prières pour la conservation de la sacrée personne de Votre Majesté. Ce sont là, Sire, les désirs les plus ardens de celuy qui est de Votre Majesté le très humble et très obéissant serviteur et fidel sujet.
Antoine, écuyer, porte arquebuse de Vostre Majesté

[f. 4] Carte de la forest de Saint Germain

[f. 5] Description de la forest de Saint Germain en Laye
La forest de Saint Germain en Laye est l’une de plus belles du royaume pour ce qu’elle contient, tant par la beauté de sa scituation que par plusieurs autres agrémens dont elle est accompagnée. Elle ne contenoit cy devant que 5198 arpens 45 perches, et à présent 5714 arpens huit perches, suivant le dernier arpentage qui en a esté fait par le sieur Caron, arpenteur de la maistrise de ce lieu en l’année 1686, tant plain que vuide, de plusieurs sortes de bois, tant futaye que taillis, dont elle est entourée. L’on tient qu’elle fût nommé la forest des Layes à cause qu’il y a eu de tout temps beaucoup de gibier, et particulièrement des sangliers et layes. Son terrain est secq, très beau, presque sablonneux, sans montagne, vallée ny marécage, fort uny, faisant très beau se promener et chasser dans toutes les saisons de l’année. C’est ce qui la fait l’une des forests la plus chérie des roys et princes [f. 5v] depuis plus de six cens années, qui est le temps de la fondation du vieux chasteau faite par le roy Louis 6e dit le Gros, vers l’an 1122. Ce que nous marquons avoir esté continué jusques à présent par les roys ses descendans, qui y ont pris aussy leurs divertissemens les plus ordinaires pendant le cours de leurs règnes, ainsy que nous voyons par les anciens registres de la maistrise de cette forest, qui marquent que les roys cy devant n’en possédoient qu’une partie, ayant acquis de temps en temps l’autre, particulièrement du prieuré des Loges et de plusieurs particuliers voisins d’icelle forest, ainsy que le Roy a fait encore en l’année 1673, ayant acquis tout le restant des bois en icelle forest qui se montoient à 391 arpens 20 perches de bois taillis qui appartenoient partie aux dames religieuses de la grande abbaye de Poissy, au prieuré d’Hannemont, aux seigneurs de Maisons et de Fresne, tant par eschange d’autres bois dans la forest des Alluets le Roy qu’en rentes sur l’hostel de ville de Paris. Tellement que par cette dernière acquisition, laditte forest de Saint Germain en Laye appartient à présent en total au domaine royal de la Couronne de France, ainsy que celle de Marly, pour laquelle il a esté fait une pareille eschange. C’est ce qui empeschera à l’avenir beaucoup de malversations qui s’y sont commises cy devant sous prétexte [f. 6] de propriété des bois. Comm’aussy Sa Majesté ayant fait l’eschange desd. bois avec lesd. particuliers desnommez, lesquels avoient aussy droit de pâturages dans cette forest pour leurs bestiaux avec beaucoup d’autres lieux circonvoisins d’icelle, Sa Majesté, voulant aussy les supprimer, et par une justice et bonté toute particulière, a bien voulu pour concourir au soulagement des particuliers, leur remplacer les droits qu’ils avoient de ces pâturages par des prairies et autres terrains que Sa Majesté a acquis pour cet effet, qui ce sont montez à une somme de plus de six vingt mil livres, lesquelles prairies ont esté partagées scavoir aux habitans de Saint Germain en Laye qui avoient une grande commune au bord de cette forest, les villages de Carrière sous le Bois, le Mesnil le Roy, Maisons, Garennes, Achères, Chambourcy et le prieuré d’Hannemont, tous lesquels avoient droit de mettre pâturer dans lad. forest de Saint Germain leurs bestiaux, qui montoient à plus de mil bestes omailles qui paissoient journellement dans toute l’estendue d’icelle forest, ce qui n’a pas peu contribuer à sa ruine, avec plus de 1200 bestes fauves qui y estoient dans ce temps, ce qui obligea aussy d’en faire sortir ou tuer une partie afin de pouvoir soulager et remettre cette forest en meilleur estat, qui estoit très désolée, soit par cette raison que par les grands hyvers, qui ont fait périr [f. 6v] beaucoup de futaye qui estoit à son retour, et par les malversations qui s’y sont commises, par le manque de soin et d’attention des officiers d’icelle, nottamment pendant la minorité du Roy, qui, ayant esté informée de tous ces désordres, a bien voulu chercher les moyens pour trouver quelques remèdes de pouvoir restablir cette forest, soit par en receper une partie et replanter l’autre, ce qui a esté fait en plusieurs endroits vuides où lesd. bois estoient morts, et ce qui a esté exécuté pendant le cours de son règne avec une extrême dépense, sans fruit, pour n’avoir pas pris les précautions nécessaires pour les exécutions des ordres de Sa Majesté. Laquelle, pour une plus grande seureté et tranquilité, l’a voulu faire clore de murs, dans laquelle clôture il y a eu vingt cinq portes aux passages et advenues des grands chemins pour la commodité publique, qui sont gardées par des suisses qui dépendent de M. le capitaine. Tous les soins font espérer, avec toutes les précautions que Sa Majesté veut bien avoir pour cette belle forest, qu’elle reprendra son ancien lustre si les bonnes intentions de Sa Majesté sont secondées cy après par ceux à qui Elle en a confié la garde. Car l’on peut dire qu’elle est l’une des plus belles et délicieuses du royaume par sa scituation, entourée par un costé de la rivière de Seyne, qui luy sert comme d’un canal [f. 7] accompagnée de plusieurs isles et prairies verdoyantes qui la bordent, dont la veue sur plusieurs villages luy est fort agréable. Elle est remplie de toutes sortes de gibier, tant fauves qu’autres, s’y plaisant fort, y estant à son aise par les bons ganiages et quantité de marres d’eau qui sont très nécessaires pendant les chaleurs de l’esté, ce qui est une chose des plus essentielles, particulièrement pour les bestes fauves, dont une forest esloignée de la rivière.
Après avoir fait une ample description de cette forest, il est aussy à propos de faire une petite mention de quelques particularitez qui sont venus à nostre connoissance, ainsy que des lieux et routes remarquables distinguez par des croix et autres choses curieuses, qu’il est quelques fois nécessaires de scavoir pour la commidité publique et des chasseurs. Il y a la croix nommée Pucelle, qui est sur l’ancien chemin de Saint Germain à Poissy, où l’on tient qu’il y a eu une jeune fille viollée et tuée en cet endroit vers l’an 1423. Une autre croix très ancienne, nommée la croix de Laye, qui est sur le chemin de Poissy, au village de Chambourcy, la croix de Berry dans la route de la Muette, où le nommé de Berry de Poissy fut assassiné l’an 1540. Il y a la croix Dauphine, dans l’ancienne routte de Garennes, qui y fut posée l’an 1545 [f. 7v] lorsque le roy Henry second estoit dauphin, la croix de Saint Simon posée l’an 1635 par M. le duc de Saint Simon, lors capitaine de ce lieu, sur le chemin de Conflans, la croix de Poissy, posée de l’ordre du roy Louis 13 an l’année 1640, et en dernier lieu a esté posé une croix dans le milieu de la grande route de Poissy en l’année 1690, nommée la croix de Montchevreuil, qui est capitaine de ce lieu, lequel a beaucoup contribué à l’embellissement de cette route, particulièrement à la faire paver, qui estoit cy devant impraticable. Il se voit encore plusieurs endroits remarquables, mesme pour les chasseurs, comme le pas du Roy, qui est une pierre où est emprint la forme d’un pied, que l’on dit est celuy du roy François premier, posé sur un grand chemin derrière les Loges. Il y a aussy plusieurs chesnes remarquables dans des carrefours et routtes distinguées par des petites figures de saints qui y sont posées, comme le chesne de sainte Barbe proche la Muette, celuy de saint Joseph sur le chemin d’Achères, le chesne de sainte Anne sur le chemin des Loges à Poissy, celuy de saint Fiacre sur le chemin de Conflans, celuy où il y a une Vierge nouvellement remise, qui est dans la routte des Loges, ayant esté autresfois dans le vieux chemin de ce monastère à Saint Germain. Il y avoit aussy la croix de Beaumont, [f. 8] qui estoit sur un chesne coupé dans les ventes de Maisons, qui est l’endroit où le sieur de Beaumont, capitaine et maître particulier des Saint Germain, fut assassiné le premier may 1660 par deux personnes de distinction avec lesquelles il avoit eu quelques différens, leur procez, ayant esté fait, les obligea de sortir du royaume pour se sauver en Angleterre où ils sont décédez.
Nous dirons aussy que pour le gouvernement de cette forest, il y a plusieurs officiers, scavoir un grand maître et un maître particulier, un lieutenant, un procureur du Roy, un inspecteur, un garde manteau, un greffier, un arpenteur, lesquels officiers ont inspection sur tous les bois et les eaux qui dépendent d’icelle maistrise, qui tiennent les audiences tous les jeudis dans l’auditoire de la prévosté du lieu pour ce qui regarde et concerne les affaires de ladite maistrise, d’où dépend, outre lad. forest de Saint Germain qui contient 5714 arpens, celle de Marly 2000 arpens, les bois de Vezins 1009 arpens, Vezinet et autres bosquets qui en dépendent, comm’aussy la maistrise de Pontoise, qui a esté supprimée et réunie à cette maistrise l’an 1669, la petite forest des Alluets le Roy qui contenoit 848 arpens 55 perches de bois taillis qui en dépend et qui ont esté eschangez à d’autres, ainsy qu’il a esté dit cy [f. 8v] devant, pour les réunir aux forests de Saint Germain en Laye et de Marly. Il y [a] aussy six gardes pour lad. forest de Saint Germain, trois pour celle de Marly et un en Vezinet.
Il y avoit anciennement une grurie qui a esté supprimée en l’année 1666, estant très inutile.
Le gouvernement et capitainerie de Saint Germain en Laye est une des premières de ce royaume, et l’une des plus honnorables, estant d’une grande estendue, puisqu’elle a près de dix lieues de long sur cinq ou environ de large. Elle a esté agrandie en différends temps. En premier lieu par le roy François premier, car il se remarque que, devant son règne, que les capitaines ne se qualifoient que de concierge de Saint Germain. Cette charge ne s’estendoit pour lors que sur le chasteau, la ville, la forest et ses environs, ainsy qu’il est justifié par une inscription sur la tumbe de Robert de Meudon dans l’église du prieuré d’Hannemont, qui ne se qualifié que de concierge de Saint Germain sous le règne du roy Philippes 5 dit le Long, l’an 1320. Nous remarquons que cette charge a esté toujours possédée par des personnes de la première qualité, [f. 9] puisqu’en l’année 1472 qu’un Guillaume de Montmorency la possédoit sous le roy Louis unze. Depuis ce temps, et dans les règnes suivans, comme dans celuy cy, nous avons veu messieurs les ducs de Saint Simon, les marquis de Maisons père ety fils, le marquis de Beaumont, le marquis de Richelieu, le duc du Lude, grand maître de l’artillerie, et à présent possédée par M. le marquis de Montchevreuil et M. son fils en survivance, dont les gages sont payez par le trésorier des chasses, ayant sous luy plusieurs officiers de ladite capitainerie, scavoir un lieutenant, un soulieutenant, un procureur du Roy, un greffier, deux rachasseurs, douze gardes à cheval, vingt huit gardes à pied et un inspecteur général pourveu par brevet de Sa Majesté du 19e juin 1688. Le capitaine tient tous les lundis les audiences dans l’hostel de la capitainerie, assisté de tous ses officiers pour le fait des chasses qu’il juge en dernier ressort. Et comme laditte forest se trouve maintenant dans une grande désolation et dépérissement, nonobstant tous les soins et les dépenses que Sa Majesté y a fait faire cy devant et qui ont esté aussy inutilles, faut d’y avoir apporté toute l’attention qui estoit nécessaire. Cependant, [f. 9v] quand il plaira à Sa Majesté, l’on pourra trouver des moyens pour y remédier avec plus de mesnagement que ce qui a esté fait par le passé.
Monastère et couvent des Loges dans la forest de Saint Germain
Comme ce monastère est compris dans ladite forest, nous avons cru qu’il estoit bon d’en faire icy l’explication en la manière suivante :
Au bout de la grande route en face du vieux chasteau, il se découvre le monastère et couvant des Loges, qui estoit anciennement un prieuré en titre de bénéfice, dont l’on ne scait pas bien le temps de sa fondation, estant très ancien, le titre en est demeuré toujours. Il est maintenant en la personne d’un religieux augustin nommé Alexis qui en a esté pourveu par Sa Majesté le [vide] du mois de l’an 16[vide] sous le nom de Saint Fiacre. Ce monastère est dans les limites de la parroisse de Saint Germain en Laye, ainsy [f. 10] qu’il est justifié par une permutation qui fut faite de ce bénéfice le 18 may 1509 incérée dans l’arrest de la réunion de lad. parroisse de Saint Germain en Laye au diocèse de Paris rendu l’an 1670. Ce prieuré ayant esté ruiné, soit par les guerres ou autrement, les titres en ont esté perdus, les bastimens démolis faute d’entretiens, en telle façon qu’il n’y avoit resté que des ruynes pendant un grand temps, dans lesquelles il s’y establit un bon religieux hermite nommé frère René, qui ne vivoit que des charitez des bonnes gens des environs de cet hermitage. Ce religieux estoit mesme considéré du roy Louis 13, d’heureuse mémoire, qui luy faisoit souvent des aumosnes quand il le rencontroit dans la forest et en d’autres lieux, lequel estant devenu caduc et incommodé dans sa vieillesse, ne pouvant plus sortir pour aller à la queste, ce qui l’obligea de demander permission au roy Louis 13 d’associer quelques religieux avec luy pour le soliciter dans ses nécessitez, ce que le roy luy accorda par ses importunitez avec bien de la peine, appréhendant les suittes qu’un monastère feroit dans la forest, où il s’y pouvoit establir un jour une grande communauté de religieux, ce qui ariva peu de temps après. Cet hermite ayant fait choix l’an 1635, suivant la permission qu’il en avoit eue de Sa Majesté, de deux religieux, petits [f. 10v] religieux augustins deschaussez, lors nouveaux venus en France, lesquels demeurèrent avec led. hermite jusqu’à sa mort, qui arriva en l’année 1640, après laquelle il s’y establit une plus grande communauté desd. religieux augustins, qui dans la suitte se multiplia par la protection que leur donna la Reyne, mère du Roy, ayant conceu une bonne volonté pour ce monastère, y allant visiter ce lieu très souvent par dévotion, ainsy que la chapelle de saint Fiacre. C’est ce qui obligea aussy cette reyne, par sa piété, de leur faire de temps en temps des charitez pour ayder à bastir et construire ce monastère, sur quelques vieilles ruines restées de l’ancien monastère, qui estoit proche de cette chapelle de saint Fiacre, en telle façon et en peu de temps y a esté basty une très jolie église avec des cloistres, réfectoires, dortois et autres logemens réguliers accompagnez de jardins et d’un bosquet, fait dans un lieu qui estoit inculte, n’y ayant que des espines et éronces, qui sert d’une petite promenade dans l’enclos de cette maison régulière qui est scituée dans le milieu de la forest, au bout d’une belle route qui fut faite exprès l’an 1675 pour la commodité publique et de la promenade. Ce qui a donné occasion à un grand concours de peuple d’y aller, soit par dévotion entendre le service divin, ou par promenade, mesme au Roy et à lad. Reyne [f. 11-12] sa mère, particulièrement les jours de Pasques et des grandes festes aux stations, mesme aux jubilez et autres dévotions qui arrivent pendant l’année. Lorsque cette princesse estoit à Saint Germain, c’estoit une de ses plus fréquentes promenades. Elle y a fait mesme bastir au coing du jardin un petit pavilon destaché dud. monastère pour s’y reposer et estre en particulier lorsqu’elle est venue séjournée à Saint Germain jusqu’à sa mort. Il sera remarqué que l’ancienne chapelle de saint Fiacre estoit dans l’enclos de cette maison, laquelle dépendoit de la parroisse de Saint Germain en Laye, où le curé et son clergé a droit d’aller tous les ans en procession le jour et feste de Saint Fiacre. Mais comme dans la suitte cette chapelle estoit tombée en ruyne et restablie dans la nouvelle église, ce qui cause quelques contestations avec lesd. religieux pour raison des droits d’icelle, il fut fait un accord par l’entremise et charité de cette princesse Reyne avec lesd. religieux augustins, et les sieurs curé et marguilliers de lad. parroisse de Saint Germain, le 26 aoust 1656, par lequel accord lesd. sieurs curé et marguilliers ont esté maintenus en la possession et droit que la parroisse avoit eu de tout temps dans cette chapelle et d’y aller en procession ainsy que par le passé, et que les religieux augustins partageroient par moitié aux questes et aumosnes qui se [f. 11-12v] recevroient pendant le jour de saint Fiacre, et que les restes des bastimens de cette vieille chapelle seroient démolis et le tire transféré dans l’une des chapelles de leur nouvelle église, pour avoir le mesme droit que la parroisse avoit dans lad. ancienne chapelle, où est proche d’icelle un reste de grand bastiment avec un enclos qui dépend à présent des maistres particuliers de la forest. C’estoit dans ce lieu où ce rendoit cy devant la justice de la maistrise et grurie des Eaux et forests de ce lieu tous les jeudis, et mesme où les titres concernans laditte forest estoient gardez dans des armoires, qui ont esté depuis transférez à l’auditoire de la prevosté de Saint Germain où l’on tient à présent le siège des Eaux et Forest de cette maistrise. C’est ce qui a causé en partie la ruyne de tous les autres bastimens, qui estoient considérables cy devant qui faisoient partie de ceux de l’ancien prieuré de Saint Fiacre des Loges.
Chasteau de la Muette dans la forest de Saint Germain en Laye
Comme ce chasteau est compris dans lad. forest, [f. 13] nous avons cru qu’il est bon d’en faire icy l’explication en la manière suivante :
Dans l’une des extrémitez de lad. forest de Saint Germain se voit à présent les ruynes du chasteau de la Muette. L’on l’a ainsy nommé à cause qu’une partie des équipages des chasses et véneries y logeoient ordinairement. Il a esté basty par le roy François premier vers l’an 1530 pour y loger dans les beaux jours lors des grandes parties de chasses. Il est basty dans le milieu de la forest, en un lieu très solitaire, sans eau ny aucun agrément de jardins que la naturel de la forest. Les bastimens du chasteau estoient assez considérable, en manière d’un gros pavillon quarré fort exaucé avec plusieurs tourelles autour, basty de pierres et briques très proprement, couvert par-dessus en platteforme de grandes pierres entourées d’un balustre de pierre tournées avec des pillastres de distance en distance où estoient gravez en relief des salamandres, les armes de France et des FF couronnées qui faisoient tout le circuit de cette belle terrasse, sur laquelle l’on se promenoit et d’où l’on voyoit quelques fois passer la chasse quand elle s’adonnoit aux environs de ce lieu. Et ce qu’il y avoit de très particulier estoit un fort beau jeu de paume couvert qui estoit sur cette terrasse, d’où l’on voit une très belle veue. [f. 13v] Les appartemens de ce chasteau n’estoient pas magnifiques, mais très commodes, sans aucuns ornemens que de la menuiserie, les uns sur les autres, dégagez par des coridors et escaliers avec des offices et cuisines dessous, tout le pourtour du bastiment voûtées avec des ceintres et arcs de pierre et entouré d’un fossé revestu de pierre et brique, lequel fermoit le dehors. Et sur le devant, il y avoit une grande avant cour qui n’estoit fermée que par un simple mur avec une porte cochère en face, ayant au milieu un grand puys et une chapelle quarrée d’une grandeur convenable pour y contenir les personnes de la suitte que le roy y menoit. L’on remarque que c’est la dernière demeure que le roy François premier aye faite dans ses maisons royalles, s’y estant trouvé très mal d’un abceds qui luy vint au bas du vente pendant huit jours qu’il séjourna dans ce chasteau au commencement du mois de mars, estant venu dans ce lieu pour changer d’air et pour y estre plus en son particulier, aymant les lieux deserts et solitaires, ainsy qu’il se prouve par plusieurs châteaux que ce roy a fait bastir dans divers lieux champestres. Son mal c’estant bien augmenté dans ce lieu, l’obligea de le quitter le 17 dud. mois de mars, d’où il fut coucher à Villepreux, ensuitte à Dampierre, à Limours, chasteau [f. 14] qu’il faisoit bastir, de ce lieu à Rochefort, et enfin à Rambouillet où il mourut le 30 du mesme mois de mars l’an 1547, au grand regret de tous ses sujets, d’où son corps fut porté dans l’église du prieuré de Haute Bruyère près Montfort l’Amaury. Depuis ce temps, les roys ses successeurs ont toujours de temps à autres habité ce chasteau de la Muette, sans y avoir fait aucune réparation, jusques au règne du roy Louis 13, qui y faisoit souvent des retours de chasses. Ce qui l’obligea d’y faire faire les choses nécessaires pour en empescher la ruine, ainsy qu’à la chapelle, qui avoit esté abandonnée, l’ayant fait restablir de neuf et rebéniste par l’official du prieur de Saint Germain en l’année 1630 afin que l’on pust y dire la messe les festes, dimanches et jours que Sa Majesté le souhaitteroit pour la commodité de sa cour. Proche de ce chasteau, il y avoit une espèce d’avant cours où il y avoit des escuries et chenils pour les équipages des chasses. Les avenues et promenades estoient très belles dans plusieurs routes qui traversoient toute la forest de toutes parts, dont la principale venoit de ce lieu au chasteau de Saint Germain et une autre alloit au village nommé Vignolle, qui estoit scitué dans la route de Garennes, que le roy Henry second a fait démolir entièrement, le trouvant mal placé [f. 14v] dans cette partie de forest, et l’église d’iceluy village transférée à Garennes pour ne pas oster aux habitans le service divin. Ce chasteau de la Muette estant demeuré en bon estat jusqu’au règne du roy Louis 14 à présent régnant. Pendant sa minorité, qui estoit bien traversée, les réparations n’ayant pas esté faites dans les temps propres, ont causé en partie la ruyne totalle de cette maison royalle, avec l’absence de Sa Majesté, ne servant plus qu’à loger un concierge et un sous lieutenant des chasses nommé Compiègne qui l’a occupée le dernier jusqu’à son décedz arrivé par un malheur assez particulier, d’un mousqueton qui se lascha seul des mains du sieur de Compiègne, son nepveu, qui le tua sur la place dans la basse court du vieux chasteau de Saint Germain. Depuis ce temps, ce chasteau de la Muette a esté entièrement abandonné, en telle façon qu’un chacun en emportoit des débris, ce qui faisoit tomber de temps en temps quelques partyes du bastiment, jusqu’en l’année 1665 que, le Roy estant à Saint Germain, chassant souvent le lièvre dans son petit parc de Saint Germain, l’ayant trouvé trop petit pour cette chasse, prit le dessein d’agrandir ce parc jusques aux environs de ce chasteau, et pour cet effet Sa Majesté en donna la commission au sieur Rose, lors maistre particulier de cette forest, lequel [f. 15], pour éviter à la dépense qu’il convenait faire pour la closture de cet agrandissement, donna l’avis au Roy d’abattre ce chasteau de la Muette pour en prendre les matereaux, ce qui luy fut accordé. Y ayant mis grande quantité d’ouvriers à la démolition, qui fut faite en trop peu de temps pour n’avoir pas assez réflechy sur le dommage qu’il y avoit de ruyner un chasteau qui auroit encore bien servy aux roys et princes dans les temps advenir, et de ne pouvoir se repentir de l’avoir destruit inutillement. C’est ce qui arriva dans cette occasion car, à peyne ce chasteau estoit il achevé de démolir, que le dessein de Sa Majesté n’ayant point esté exécuté, les matéreaux de pierre demeurèrent sur le lieu, les bois de charpente, menuiserie, ferrure et autres furent donnez en partie aux religieux des Loges pour leur monastère, ce qui a esté un très grand dommage, car ce chasteau auroit esté bien réparé de la dépense qui a esté faite pour sa démolition, ce qui peut servir d’exemple à un chacun de ne pas donner de mauvais advis aux roys lorsqu’il s’agit de ruyner ou abbattre quelque chose de cette conséquence.
Petit parc
[f. 15v] Comme le petit parc du chasteau de Saint Germain en Laye est de la dépendance et tient à la forest, nous dirons qu’il est contigu aux jardins et grande terrasse. Il contient 416 arpens, tant plain que vuide. L’on voit qu’il fut enclors de murs du règne du roy François premier vers l’an 1536. Il est séparé de la forest jusqu’à la porte de la Muette. C’estoit cy devant l’une des plus belles fustayes du royaume, qui venoit jusqu’au pied du chasteau. Il est composé de plusieurs sortes de bois, comme chesnes, érables, fresnes et charmes, qui sont presque tous péris par caducité et les grands hyvers qui sont survenus de temps en temps. Ce qui a obligé d’en faire abbattre une grande partie, qui a esté replantée d’ormes ainsy qu’il se voit, avec plusieurs allées pour donner du couvert. Dans ce parc ancien, il y avoit aussy plusieurs route sans aucune cimétrie, ainsy que la nature les avoit faites. Dans la principalle qui aboutissoit au petit pont du chasteau, laquelle traversoit toute la futaye du parc, mesme de la forest où il y avoit dans le milieu une ancienne chapelle qui estoit en ruyne depuis longtemps, dédiée en l’honneur de l’archange saint Michel, ange titulaire de ce royaume, laquelle fut réparée et rebatye du règne du roy Henry 4e, à cause que [f. 16] messieurs les princes ses enfans y venoient entendre la messe dans les beaux jours, à pied, du chasteau neuf, où ils estoient eslevez, en se promenant par une belle allée de charmille qui aboutissoit à cette chapelle, et après la messe on leur servoir à déjeuner devant lad. chapelle sur une grande table de pierre, sous un grand chesne. Ensuitte, ils jouoient au mail pendant quelques heures pour leur servir de recréation et de promenade. Cette chapelle estant demeurée jusqu’en l’année 1649 sans y avoir aucune réparation, estant tombée encore en ruyne, ce qui obligea le roy Louis 14, à présent régnant, et de l’advis de la Reyne, sa mère, lors régente de ce royaume, par une piété toute singulière, de la faire rebastir de neuf en lad. année 1649 et de la fonder de quatre cens livres de rente, à recevoir par chacune année sur la recepte des bois de la généralité de Paris, par un chappelain qui a esté nommé par Sa Majesté, à la charge de célébrer dans icelle chapelle trois messes basses toutes les semaines de l’année, scavoir le dimanche, le mercredy et le samedy à l’inenteion de Sa Majesté et de ses successeurs roys, ce qui a esté exécuté pendant quelques années, jusqu’au décedz du sieur Levavasseur, dernier titulaire de ce bénéfice, qui [f. 16v] arriva en l’année 1692, lequel estoit obligé de célébrer lesd. messes ailleurs, à cause du meschant estat du bastiment de cette chapelle, qui estant encore tombée depuis en ruyne faute d’entretiens, ce qui auroit obligé Sa Majesté, par sa piété, de transférer le titre de cette fondation à la chapelle des pauvres malades de l’hospital ou charité establie dans ce lieu de Saint Germain en faveur du sieur Chauveau, chappelain, qui leur administre les sacremens sous la direction du sieur curé de la parroisse dud. lieu, pour y acquitter les charges portées par icelle fondation royalle, afin que les payves malades convalescens et autres personnes qui y assisteront prient le Seigneur pour la conservation de Sa Majesté, fondateur et bienfaiteur de laditte chapelle et de cet hospital royal. »

Récit des travaux entrepris à l’église de Saint-Germain-en-Laye par ordre du roi

« [p. 32] Le roy Louis 14 a donné en plusieurs et differends temps plus de cent mil livres, nottamment quand il a fallu agrandir cette eglise royalle, dans laquelle il ne pouvoit contenir la moitié des peuples qui s’etoient venus habiter dans le lieu de Saint Germain à cause dy sejour ordinaire que Sa Majesté y faisoit avec sa cour. Il donna pour l’agrandissement de ladite eglise 46590 l., qui ne se pouvoit faire que du costé du prieuré, et on demanda au sieur de Soleux, lors prieur commendataire dud. lieu, quelque terrain dans la cour de son prieuré, où il donna 23 toises de long sur 4 toises de largeur de son terrain dans la cour dudit prieuré. Mais comme iceluy prieur n’étoit qu’usufruitier de son benefice et ne pouvant allienner aucun fonds, il fit pour cet effet passer un acte devant les notaires du lieu le 18e mars 1681 entre luy et les sieurs Jean Anthoine, escuyer, porte arquebuse du Roy, et François Ferrand, sieur de Fillancourt, lors marguilliers en charge de ladite eglise, par lequel acte la paroisse c’est obligée de faire dire une grande messe tous les premiers jours du mois de may à l’intention dud. sieur Soleux et ses successeurs avec une reconnoissance de [p. 33] dix sols de rente annuelle. Lorsque cet acte fut terminé, lesdits sieurs marguilliers commencerent à faire travailler à la demolition d’un ancien bas costé de l’eglise où les eaux avoient percé et penetré les arcades et les pilliers de pierre jusques dans leurs fondemens, ce qui cause la cheute de la plus grande partie du batiment du costé du cœur et de la grande nefs, qui ariva l 12e septembre 1681. Le Roy estant pour lors à Fontainebleau, ayant apris ce malheur, ordonna à M. de Colbert, ministre d’Estat et surintendant des Bâtimens de Sa Majesté, de s’y transporter pour visitter l’estat auquel estoit le reste des batimens de cette eglise. Les ayant veus et visittez, ayant trouvé une partie de cette eglise abattue et le reste dans un peril tres evident, l’ayant dit à Sa Majesté, Elle luy ordonna de faire faire incessamment le retablissement entier de toutte l’eglise, ce qui a esté executé sur les desseins de monsieur Mansart, premier architecte des Batimens de Sa Majesté, qui y a donné ses soins pendant 6 années où les sieurs Antoine et Ferrand furent continuez en la fonction de marguilliers de ladite paroisse.
La premiere pierre fondamentalle du batiment fut [p. 34] posée avec grande ceremonie au nom du Roy au mois de mars de l’année 1682 par M. le duc de Noailles, pair de France, gouverneur de Perpignan et premier capitaine des gardes de Sa Majesté, estant absente, au jambage de la petitte porte qui conduit de l’eglise dans le prieuré, sous laquelle fut mise 3 medailles dont deux d’argent où sont les effigies du Roy et de la Reyne, et l’autre de plomb où est gravé sur un costé le nom et qualité dudit seigneur duc de Noailles et sur le revers ceux desdits sieurs Anthoine et ferrand avec une pareille inscription que celle qui est mise sur la porte de l’eglise du costé du château, qui est que celle eglise a esté rebatye du reigne et des biens faits du roy Louis 14 dit le Grand, en l’année 1682, ainsy qu’il ft encore mis en plusieurs autres endroits des bastimens.
Apres que tous lesdits batimens furent achevez le 10e avril 1683, veille du dimanche des Rameaux, monseigneur l’archevesque de Paris vint faire la benediction en presence de mondit sieur le duc de [p. 35] Noailles. »

Description des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 78] Description des bâtimens du vieux chateau de Saint Germain en Laye
Apres avoir amplement prouvé l’antiquité du [p. 79] vieux château de Saint Germain en Laye par tout ce qui a esté dit cy devant depuis la fondation et commencement d’iceluy, faite par le roy Louis 6e vers l’an 1122, ce qui confirme qu’il est l’un des plus anciens chateaux de France qui subsiste à present, apres celuy de Compiegne que l’on pretend avoir esté baty par le roy Charles le Chauve vers l’an 876, le chateau de Fontainebleau n’ayant eté baty que par le roy Louis 7 vers l’an [vide], le vieux Louvre de Paris par le roy Philippes Auguste, Vincennes par le roy Charles 5, Chambord, Madrid, Folambray, La Muette dans la forest de Saint Germain par le roy François premier et beaucoup d’augmentation dans les autres chateaux. Le roy Henry 4 a baty aussy Monceaux, Annet et le château neuf de Saint Germain en Laye. Versailles par le roy Louis 13. Touttes lesdites maisons ont esté la pluspart aussy augmentez et ornez du reigne du Roy ainsy qu’ils se voyent dans leurs magnificences extraordinaires, comme celuy de Versailles et ses dependances, Marly, le Val et le vieux chateau de Saint Germain en Laye dont on fera une mention particuliere des augmentations qui y ont eté [p. 80] faites de temps en temps depuis sa derniere destruction qui fut faite par l’incendie du reigne du roy Philippes de Vallois l’an 1346. Ce château n’etoit baty dans ce temps qu’en maniere d’une forteresse, n’y ayant aucune cimetrie, avec quelques tours aux angles d’iceluy, entouré d’un large et profond fossé revetu de pierre de taille. Son rempart estoit tres fort, où il y avoit des crenaux, meurtrieres et abaventes, ce qui luy servoit de deffence dans ce temps que la poudre n’etoit point encore inventée, ne l’ayant esté qu’en l’an 1380 par un nommé Bertol de Skuartz, en uzage en France vers l’an 1425 au siege de la ville du Mans. Tout le circuit etoit bien fermé, n’y ayant que 3 ponts levis pour y entrer, dont l’un etoit baty d’une structure tres particuliere en maniere d’une grande arcade surbaissée sur toutte la largeur du fossé, où l’on passoit meme à couvert dans le parc sans etre veu. Ce pont a eté demoly quand on a construit le pavillon où est l’appartement du Roy. Ce château ou forteresse estant demeuré ruiné jusqu’au regne du roy Charles 5 dit le Sage, vers l’an 1367, ayant veu que la scituation de ce château etoit [p. 81] tres belle et fort avantageuse tant pour une forteresse que pour une maison de plaisance, prit la resolution de la rebatir sur ses anciens fondemens et d’y ajouter meme quelques logemens, pour y pouvoir loger dans des saisons de l’année. C’est ce qui a fait croire à plusieurs historiens que c’etoit Charles 5 qui avoit fait jetter les premiers fondemens de ce chateau, n’ayant pas penetré jusqu’à la source de son antiquité de plus de deux cens ans devant le roy Charles 5.
La cour de ce château est d’une figure fort extraordinaire et dont l’on ne peut pas dire au vray la forme, n’etant ny carrée, ny ronde, ny ovalle, l’on dit qu’elle ressemble assez à un B gotique. Elle est remarquable par sa scituation où il peut y avoir de l’ombre et du soleil dans touttes les saisons de l’année par l’elevation de son batiment, qui a eté relevé de la hauteur des deux tours du reigne du roy François Ier vers l’an 1535, qui aymoit fort ce lieu etant accompagné d’une si belle forest, sy propre aux plaisirs de la chasse et de la promenade. C’est ce qui obligea ce grand roy de faire bien des augmentations aux batimens de ce château pour en faire sa demeure la plus ordinaire, et pour cet effet en donna la commission [p. 82] au seigneur de Villeroy pour veiller et faire batir cet ediffice lors que la charge de surintendant des Bâtimens n’etoit pas encore erigée et ne se faisoit que par la commission qu’en donnoit le Roy au premier de ses favoris. Ce batiment fut elevé en peu de temps dans toute son etendue de pierre et brique de la hauteur qu’il est à present, d’une tour ancienne restée où est presentement posée une guerite couverte de plomb fort elevée dans laquelle il y a une grosse horloge et 3 cloches qui y furent mises en l’année 1683, le tonnerre et le foudre ayant tombé dessus ladite guerite au mois de juillet de ladite année et l’ayant entierement consumée en telle façon qu’il n’y en demeura aucune chose et, sans le prompt secours qui y fut apporté, le chateau en auroit bien eté endommagé.
Tout le batiment est vouté par le haut, couvert en platte forme de grandes pierres dures entourées d’un ballustre de pierre tournées, avec des pillastres de distances egalles où sont gravez en relief les armes de France avec des salamandres et des E F couronnez qui sont les devises et chiffres de ce grand roy François ainsy qu’il y en a en plusieurs autres endroits de ces batiments, particulierement aux cheminées, qui sont de briques, qui exceddent beaucoup par dessus cette grande terrasse qui [p. 83] peut passer pour l’une des plus belles du royaume par son elevation, qui sert meme d’une grande promenade et d’où l’on peut decouvrir de bien loing ainsy qu’il fut eprouvé par le roy Henry 4, etant lors dans ce lieu, ayant fait faire du feu la nuit sur un des costez du haut de ce château qui fut veu de celui de Monceaux, qui en est eloigné d’environ 15 à 16 lieues, où etoit pour lors madame Gabrielle d’Estrée.
Le roy François n’epargna rien pour rendre les logemens de cette maison royalle commodes et en assez grand nombre pour y pouvoir loger toutte sa cour, qui commençoit à etre dans ce temps assez nombreuse. Les appartemens etoient composez sans beaucoup de magnificence, n’estans ornez en dedans que de quelques lambris de bois peint avec quelques filets d’or dessus la menuiserie posée au pourtour des chambres et cabinets, ainsy qu’il y avoit aussi sur les cheminées faites de grosse sculpture de pierre où etoient gravez les armes de France. Tous ces appartemens etoient les uns sur les autres, sansun grand plain pied que de 3 pieces de suitte separées par plusieurs petits corridors et escaliers qui faisoient leur degagement. Du costé du soleil couchant, il y a la grande salle servant aux bals, ballets, comedies et operats qui ce faisoient dans des jours de rejouissance et aussi aux autres ceremonies qui se font dans des jours divers. Cette salle passe [p. 84] pour une des plus spacieuses du royaume. Elle est voutée d’une grande hauteur en arcades de pierre et brique, entourée d’un amphiteatre de menuiserie où il y peut tenir une tres grande quantité de personnes assizes tres commodement.
Du costé du midy, ce voit une tres belle chapelle qui compose toutte la face du chateau. Elle est aussy ancienne que le chateau, batie tres delicatement, voutée en arcades et ceintrées de pierre d’une tres grande hauteur. Elle contient [vide] de long sur [vide] de largeur, et dedidée en l’honneur de saint Jean Baptiste, auquel jour le clergé de la paroisse de ce lieu alloient cy devant en procession touttes les années par devotion. Cette chapelle etant demeurée sans avoir eté bien decorée jusqu’au reigne du roy Louis 13 dit le Juste, qui, par une pieté toutte particuliere, la fit decorer en l’année 1625 ainsy qu’elle se voit de present, tres bien dorée et peinte fort delicatement, accompagnée d’une belle sculpture et architecture, principallement le retable du grand autel qui est d’ordre corinthien soutenu de 4 grosses colonnes de marbre noir accompagnés de leur bases et chapitaux de marbre blanc bien façonnez. Dans le milieu d’iceluy, il se voit, dans une tres riche bordure dorée, un tableau d’une Cenne de Notre Seigneur d’une beauté achevée, fait par l’excellent peintre le Poussin, qui est d’un prix inestimable. Au dessus [p. 85] duquel un autre tableau dans le frontispice representant une sainte Trinité fait par Voit, peintre de l’Academie, accompagné de deux anges au naturel de stuc tenant les armes de France. Le cœur de cette chapelle est separé de la nefs par une belle balustrade de fer ornée et dorée en divers endroits, laquelle renferme aussi deux petittes chapelles aux deux costez, y ayant des retables d’autel de menuiserie dorez. Dans celuy à droit, il y a un tableau de saint Louis donnant l’aumone et dans l’autre, à gauche, il y a un tableau de la sainte Vierge et de sainte Anne faitz par ledit Voit. Touttes les murailles ainsy que la voute sont peintes et dorées avec plusieurs tableaux de l’histoire sainte et une tres belle menuiserie qui en fait tout le cirant. Cette chapelle est aussi des plus commodes pour entendre le divin service, tant de plain pied que par une tribune qui est par le haut des galleries, qui a communication à tous les appartemens du château, à y venir à couvert, ainsy qu’au jubé qui est tres spacieux, où il y a de belles orgues. La sacristie est tres commode, où est gardé tous les ornemens qui servent au divin service, qui sont tres magnifiques. Tous les vases sacrez sont d’or et d’argent vermeil doré et d’une orphevrerie toutte [p. 86] particuliere, principallement la grande croix. Les chandeliers, vases et la lampe sont d’une grande beauté, lesquels ont esé volez deux fois de notre temps, la premiere la veille de la feste des roys en l’année 1648 par 3 volleurs dont l’un etoit du village de Neuilly, lequel y fut pris, y ayant porté une partie desdits vases sacrez, et fut pendu devant la porte du chateau, et encore en l’année 1674 par le sieur de Courcelles, qui avoit emporté la grande croix et les chandelliers sur le chemin de Cambray, qui lors n’etoit pas à la France, ayant esté pris à Liancourt, eut la teste tranchée à la croix du Traoir à Paris.
Il est à remarquer que cette chapelle royalle avoit eté autresfois deservie par les religieux de Sainte Genevieve du prieuré d’Hannemont, lorsque le roy Charles V fit demolir la vieille chapelle du chateau de Poissy vers l’année 1367 et fait restaurer celle du château de Saint Germain en Laye, ces religieux l’ayant aussi desservie jusqu’à la fin du reigne du roy Henry 4e que, la communauté de ce prieuré d’Hannemont etant diminuée jusqu’à n’y avoir qu’un seul religieux par les mauvais temps des guerres civiles, lequel ne pouvant continuer [f. 87] de faire son devoir de religieux et de desservir icelle chapelle, ce qui etoit cause qu’elle estoit ordinairement fermée en l’absence du sejour du Roy, n’y ayant aucun service divin. Ce qui auroit duré jusqu’en l’année 1640 que le roy Louis 13, d’heureuse mémoire, ayant fait decorer et embellir ce saint temple, voulut que les louanges du seigneur y fussent chantés comme par le passé, et pour cet effet la fonda d’un chaplain nommé de Beaumont et deux petits clercs, lequel chaplain seroit obligé dorenavant de celebrer tous les jours à l’intention de Sa Majesté une messe basse avec un petit Salut le soir, ce qui c’est observé tres ponctuellement jusqu’en l’année 16[vide] que le roy Louis 14 à present regnant, voulant aussi concourir à la pieté du Roy son père et pour etre meme participant aux prieres qui se diroient doresnavant dans cette chapelle royalle, a augmenté la fondation d’une messe tous les jours qui se dira à son intention par l’un des deux pretres qui tiendront la place des deux petits clercs cy devant fondez, lesquels seront sous la direction de l’ancien titulaire pour ayder à desservir et faire le divin service avec plus de commodité et de veneration, meme assister dans les ceremonies qui s’y font quelques fois comme baptesmes, mariages des roys, [p. 88] princes et autres personnes de la premiere qualité dont il y en a plusieurs qui s’y sont faits pendant quelques reignes. […]
[p. 90] Il est à remarquer que, comme le roy Louis 14 faisoit son sejour ordinaire dans ce château de Saint Germain depuis plusieurs années ainsy qu’il a esté justiffié cy devant, ayant veu que les appartements et logements ordinaires n’etoient pas assez spacieux ny en assez grand nombre pour y pouvoir loger avec toutte sa cour, aussi grande et magnifique qu’elle est, qui surpasse touttes celles qui ont esté par le passé, Sa Majesté, pour cet effet, prit resolution en l’année 1680 de batir pour agrandir les batimens de ce vieux château cinq gros pavillons aux angles d’iceluy, d’une pareille hauteur, cimetrie et construction que l’ancien, ce qui a esté executé en tres peu de temps sous les ordres du sieur Colbert, lors ministre, secretaire d’Estat et surintendant des Bâtimens de France, sur les desseins du sieur Mansart, premier des architectes de Sa Majesté, dont le genie et la capacité sont tres connue dans tout le royaume, où la despence a monté a plus de seize cens mil livres, y compris une reparation entiere des anciens batimens qui fut aussy faite dans tout ce [p. 91] chateau, n’y en ayant point eu depuis le reigne du roy François premier. Par cet ouvrage, les appartements et logemens ont eté agrandis et augmentez en tres grand nombre, qui sont à present tres commodes et bien degagez les uns des autres par plusieurs corridors, entresolles et escaliers, en telle façon que le Roy et toutte sa cour y peut être tres bien logée et commodement dans touttes les saisons de l’année.
Au devant du chateau, du costé de l’eglise de la paroisse du lieu, il y avoit une avant cour tres ancienne qui servoit pour les offices et corps de gardes, où etoient aussi les logemens de messieurs les secretaires d’Etat et celuy de M. le capitaine de Saint Germain. Les batimens de cette cour estant tombez en ruine par leur caducité, n’etans couverts que de tuille, ayans eté cy devant batis sur les anciens fondemens des cloitres des religieux du prieuré qui pour lors etoient en ce lieu, cette cour fut demolie en l’année 1682 pour la rebatir de neuf sur un autre dessein, convenable aux batimens du château.
[p. 92] Chateau neuf de Saint Germain en Laye
Le chateau neuf de Saint Germain en Laye n’est distance du vieux que d’environ deux cens toises, separé par une espece d’avant cour verte avec une chaussée de pavé qui y conduit. L’on tient que le roy François premier y avoit fait jetter quelques fondements, qui etoient demeurez imparfaits jusqu’au reigne du roy Henry 4 et de la reyne Marie de Medicis, sa femme, lesquels ont fait construire entierement ce chateau vers l’année 1600, ayant trouvé cette scituation tres agreable pour y faire leur sejour dans les beaux jours de l’année. Je diray en faisant la description de ce chateau qu’il etoit l’un des plus jolis qu’il y eut dans le royaume, etant baty sur un dessein tres particulier. La principalle cour est [p. 93] d’une figure exagone. Tous les batiments sont faits de pierre de taille, façonnez avec des briques par compartiments, tres peu elevez, en plusieurs pavillons reguliers couverts d’ardoise et plomb tres proprement, n’y ayant qu’un etage lambrissé. Les premiers appartemens sont au rez de chaussée, fort grands et magnifiques, et tres bien exposez, ayant la veue par devant au soleil levant, où se voit la plus belle qui soit dans l’univers, et de l’autre costé sur des cours où il y a plusieurs beaux logemens pour les personnes de qualité et officiers de la suitte.
La principalle porte est du costé du vieux chateau, qui est ornée d’un tres beau portail soutenu par douze grosses colonnes de pierre rondes, cizelées et taillées en compartimens de broderie, sous lesquelles il y a un vestibul avec une terrasse dessus entourée d’un ballustre de pierre tournées avec pillastres de distance en distance, où sont gravez en relief les armes de France et la devise de ce roy, qui est une epée couronnée avec l’inscription Duo protegit unus. De cette porte, l’on entre dans la princiaplle cour, qui est d’une tres belle figure, au bout de laquelle est l’entrée [p. 94] de la grande salle qui separe deux grands appartements et sert aussi de passage à aller dehors sur les terrasses.
Le premier appartement est à droit en entrant, qui etoit celuy de la reyne Marie de Medicis, qui est composé de plusieurs pieces de plain pied richement dorez, peints et plafonnez tres proprement d’ornemens et de sculpture, au bout desquelles il y a une belle gallerie qui sert de cabinet à cet appartement, de la longueur et largeur de toutte la face du batiment, qui est aussi dorée, peinte et plafonnée d’ornemens tres fins, avec de grands tableaux entre les croisées qui representant plusieurs villes et paysages au naturel. Cet appartement a toujours servy au logement des reynes, en dernier lieu à la reyne Anne d’Autriche où elle fit son dernier testament, etant à l’extremité de maladie, y ayant receu le saint sacrement le 3e aoust de l’année 1665 […]. [p. 97] Et le unzieme dudit mois, elle se fit porter au Louvre à Paris, où elle deceda sur les six heures du matin, le vendredy 20e janvier ensuivant 1666, aagée de 64 ans et 4 mois.
L’autre grand appartement de ce chateau est à gauche de la grande salle. Il sert pour le Roy, composé de meme quantité de pieces que celuy de la Reyne, avec une pareille gallerie ornée et peinte de meme, à l’exception des tableaux qui sont l’histoire de Dianne chasseresse dans de beaux paysages. C’est dans cet appartement qu’est arivé l’heureuse naissance du roy Louis 14 à present regnant, le 5e septembre 1638, laquelle avoit eté tant desirée [p. 98] par plusieurs années, qui donna une tres grande joie dans tout le royaume. C’est aussi dans ce meme lieu où arriva la facheuse mort du roy Louis 13, son père, le 14e may 1643, feste de l’Ascension, qui causa aussi une grande tristesse par tout ce royaume, dont le recit en sera fait cy apres plus amplement. Tous les autres appartemens de ce château sont par haut assez commodes, la pluspart lambrissez, les autres sont par bas dans les 2 basses cours où sont les offices, cuisines et autres logemens du commun, où il y a deux grandes vollieres pour toutes sortes d’oiseaux rares comme poulles huppées, cannes musquées, paons, faisands, autruches, perroquets et autres especes farouches les plus rares qui c’etoient pu trouver, comme aussy des animaux qui etoient en tres grand nombre enfermez dans des lieux particuliers que l’on faisoit veoir comme une chose tres rare par curiosité.
En sortant de la grande salle sur le devant de la [p. 99] belle veue, l’on se trouve sur une grande terrasse qui contient toutte la face du batiment, fort elevée, revetue de pierre cizelée avec des compartimens de briques, aux deux bouts de laquelle il y avoit deux galleries voutées en arcades et ceintrées en portique, soutenues par des pilliers à jour qui soutenoient des terrasses au dessus garnie de ballustres de pierre tournées avec des pillastres ornez de sculpture, qui servoient à se promener à couvert et à passer dans deux gros pavillons pavillons carrez, dont l’un servoit d’une chapelle et l’autre de logement. Ces deux pavillons sont dettachez du corps du château, batis de pierre et briques, tres bien ornez d’architecture, couverts d’ardoise en ecailles et plomb par rayons tres bien façonnez et entourez d’un mesme ballustre et pillastres que sur les autres terrasses, avec les chiffres du roy et de la reyne Marie de Medicis, dont ce chateau est partout orné, ce qui en fait une des beautez, etans tres delicatement travaillez.
En descendant cette premiere terrasse par deux grandes rampes egalles qui tournoient en fer à cheval qui [p. 100] aboutissoient sur deux petits jardins de distance egalle, plantez de bouis en broderie où il y avoit dans le milieu deux bassins entourez d’un cordon de pierre. Dans le milieu d’iceux, il y avoit sur un pied destail, entouré de figures de satires de bronse qui jettoient de l’eau par la bouche, qui soutenoient une belle figure d’un ange d’une grandeur naturelle tenant une couronne royalle sur la teste, d’où il sortoit une tres grande quantité de jets d’eau, lesquels en tombant faisoient 4 nappes d’eau sur une grande pierre taillées en 4 coquilles egalles enrichies d’ornemens de sculpture tres propres. Il y avoit sur le devant un grand bassin au milieu des escaliers ou rampes de fer à cheval, sur un beau pied destail enrichy aussi de plusieurs belles figures de bronse qui jettoient de l’eau differemment des uns des autres, qui soutenoient une figure d’un Mercure de bronse verte de grandeur naturelle, laquelle [p. 101] passoit dans ce temps pour tres belle, qui fut donnée par rareté à la reyne Marie de Medicis, qui avoit eté faite à Florence et qui a esté portée depuis à Versailles avec plusieurs autres figures lorsque cet endroit fut detruit par la cheute de la grande terrasse, sous laquelle il y avoit deux belles grottes, l’une de Neptune et l’autre de la Damoiselle, d’une grandeur naturelle, qui jouoit d’un clavessin. Tous ces lieux etoient enrichis de belles rocailles, nappes et jets d’eau qui par la cheute de la terrasse, touttes ces grottes ont esté ruynées et rebaties depuis, ainsy qu’ils se voyent, d’un autre dessein en l’année 1662. Sous laquelle il n’y a plus qu’une maniere de grande gallerie avec deux sallons aux deux bouts, qui n’ont point eté achevez en dedans, estans ceintrez en portiques sur le devant avec un frontispice soutenu de 4 colonnes de pierre dans le milieu de la porte d’entrée, faisant un assez joly portail.
[p. 102] Au dessous de cette seconde terrasse, d’où l’on decend par deux continuitez de rampes de pavé qui sont tres douces, où l’on pouvoit aller à cheval, l’on se trouvoit encore sur une autre pareille, sous laquelle il y avoit trois des plus belles grottes qui soient dans l’univers, separés par une meme gallerie voutée et ornée de tables, bassins et figures de marbre et jaspe de touttes les couleurs. Dans le milieu, en face de l’entrée, il y avoit un pariel rocher qu’à celle d’au dessus, sur lequel etoit la figure de Bachus.
A main droite, l’on entroit dans un avant sallon, tres proprement enrocaillé, pour passer à la grotte nommée de Persée, qui etoit tres spacieuse. Dans la face d’icelle se voyoit la figure de Persée, d’une grandeur surnaturelle, descendre du haut de la voute, armée de touttes pieces, tenant une epee à la main, qui venoit frapper sur la [p. 103] teste d’un grand dragon qui sortoit d’un grand bassin plein d’eau. Ayant receu ces coups, il disparoissoit au fonds des eaux. A costé du bassin se voyoit une tres agreable figure au naturel d’une Andromede qui etoit attachée et enchainée par le bras à un gros rocher, dont les chesnes de fer se deffaisoient d’elles mesme. A l’opposite, dans cette grotte, se voyoit encore une figure d’un Bachus de bronse assis sur un tonneau au haut d’un gros rocher, tenant une coupe en main d’où sortoit un tres gros bouillon d’eau ainsy que du tonneau qui, en tombant du haut de ce rocher, faisoit remuer plusieurs petittes figures qui etoient placées en plusieurs endroits de ce rocher comme forgerons, tixerands, menuisiers, remouleurs et autres sortes d’ouvriers qui remuoient et travailloient chacun de leur metier, tres au naturel, avec des moulins à vent et à eau qui tournoient et mouvoient par le seul decoulement de l’eau qui tomboit de ce rocher dans une grande [p. 104] cuve de marbre noir, y faisant encore une nappe d’eau, le tout par de petittes conduittes qui etoient imperceptibles. Toutte cette grotte estoit, ainsy que le sallon, fort delicatement enrocaillé de beaux et fins coquillages employez d’un travail qui imittoit bien touttes sortes de figures au naturel comme satires, monstres marins, animaux, oiseaux, plantes et fleurs de plusieurs façons ainsy que l’architecture et sculpture, qui y etoit bien observée, que des grotesques d’où decouloient une tres grande quantité de nappes, bouillons et jets d’eau qui moulloient bien quelques fois les spectateurs s’ils n’en etoient prevenus auparavant.
De l’autre côté de la grande gallerie precedente, il y avoit un pareil sallon enrocaillé et garny de tables de marbre de meme que celuy cy dessus, où il y avoit aux 4 coins d’iceluy quatre grandes figures au naturel qui representoient les 4 vertus tenant à leur main chacun leur simbolle. [p. 105] De ce sallon, l’on entroit dans la grotte d’Orphée, au milieu de laquelle etoit cette figure, de grandeur naturelle, assize sur un rocher, jouant de la lire ou violon plusieurs airs differends les uns apres les autres, que l’on entendoit tres bien et fort distinctement, en remuant la tete et les mains d’une manière tres surprenante, jouant si melodieusement qu’il excitoit plusieurs animaux feroces, reptils, oiseaux et autres qui venoient paroitre et passer devant luy, les uns apres les autres, sortans de leurs cavernes, comme lions, leopards, tigres, ours, loups, renards, cerfs, sangliers et autres sortes de bestes feroces et privées ainsy que des serpens et lezards jusqu’au crocodille, y venoit paroistre charmés et aprivoisez par les chants melodieux d’Orphée. Tout ce desert etoit un agreable boccage orné de plantes et fleurs avec de grands arbres verdoyans qui, par leurs remuements et branles, sembloient vouloir aprocher, ayant sur leurs branches plusieurs sortes d’oiseaux de differends plumages, [p. 106] chacun chantant leur ramage, entr’autres le rossignol et le coucou s’y faisoient entendre fort distinctement par dessus les autres, sy bien qu’ils pouvoient tromper la veue et l’ouie des spectateurs s’ils n’en estoient prevenus. Tout ce beau lieu etoit orné aussy de tres belles et fines rocailles pareilles à la grotte de Persée, où l’on etoit aussy quelques fois bien mouillé par de petits jets d’eau qui sortoient du pavé et par des conduittes qui etoient imperceptibles à veoir.
Apres avoir fait une petitte description de ces grottes humides, il faut faire mention d’une nommée des flambeaux, à cause qu’elle ne se pouvoit veoir qu’à la lueur des lumieres. Elle etoit au bout de la grotte d’Orphée, où il y avoit un grand theatre sur lequel il ce faisoit plusieurs changemens de decorations les uns apres les autres. L’on y voioit paroistre la mer en deux differentes manieres, en temps calme avec [p. 107] des isles verdoyantes eclairées par les rayons d’un soleil levant, des monstres et poissons marins sur le rivage. Apres, la mer y paroissoit en tempeste agitée, des vents, tonnerres et eclairs effroyables, avec des debris de vaisseaux brisez contre des rochers. Apres cette premiere decoration, la terre paroissoit avec toutte la beauté de la plus belle saison, accompagnée de fleurs et les arbres chargez de fruits, et des maisons champetres et beaux chateaux de plaisance, aussy accompagnez de jardins tres delicieux, et par un beau trait de perspective fort eloigné, l’on voyoit celuy de Saint Germain comme au naturel, avec ses jardins dans lesquels l’on y appercevoit le roy et les princes s’y promenant avec monseigneur le dauphin, qui a eté depuis le roy Louis 13, que l’on voyoit descendre du ciel dans un chart de triomphe soutenu par deux anges qui luy toient une couronne royalle sur la teste, toutte brillante de lumiere, accompagné d’un concert d’instrumens [p. 108] de musique qui jouoient plusieurs differends airs tres distinctement et sy melodieusement que l’ouye des plus fameux musiciens en etoient souvent trompez. Apres cette decoration, tout ce changeoit en un instant en un affreux desert où il y avoit plusieurs animaux, tant feroces, reptils qu’autres incestes qui habitent ordinairement dans les deserts et autres lieux champetres, que l’on voyoit sortir dans des cavernes et vieilles ruynes de chateaux au naturel. Dans le milieu de ce desert, l’on y voyoit une belle figure d’Orphée, de grandeur humaine, qui jouoit d’un instrument qui ressembloit assez à un luth ou guitare, sy bien qu’il etoit presque impossible de s’apercevoir que ce ne fut pas un maitre de musique ou autre personne qui touchoit cet instrument.
Touttes les grottes que j’ay decrites cy devant etoient tres bien enrocaillées de [p. 109] rocailles les plus fines qui c’etoient pu trouver dans les pays les plus eloignez. Ils etoient, ainsy que les sallons, ornez de touttes sortes de figures humaines, avec des masques crotesques et autres sortes, faits d’architecture et touttes sortes de pierres precieuses, ornées de tables girandolles et lustres de marbre, jaspe et porphire de touttes couleurs bien travaillés d’une manière propre et magnifique. Touttes les machines et ressorts qui faisoient mouvoir tout ce qui etoit dans ces belles grottes n’etoit que par le seul mouvement de l’eau, qui etoit retenue dans des reservoirs qui decouloit imperceptiblement par de petittes conduittes qui etoient inconnues, lesquels mouilloient bien souvent les spectateurs s’ils n’en estoient prevenus auparavant, qui venoient de tous pays veoir ces belles raretez, où le roy Henry 4 et la reyne sa femme n’avoient rien epargné pour les rendre dans leur perfection, ainsy [p. 110] que ce chateau avec tout ce qui l’accompagne, qui etoit digné de leur grandeur, ayant meme pour cet effet fait venir de Florence le sieur de Franciny, homme le plus experimenté et habille de son temps, qui a inventé et fait construire touttes ces belles grottes, qui etoient sans contredit les plus belles et admirables qu’il y eut dans l’univers, lesquelles ont subcisté dans le bel etsta jusques vers l’année 1649, que la minorité du Roy etoit traversée par de grandes guerres qui ne permettoient pas que l’on put continuer les entretiens et reparations qui etoient necessaires et dans les autres maisons royalles, particullierement à celle de Saint Germain, et ce qui a causé la ruine totalle et destruction de touttes ces belles choses, n’ayant point eté entretenues, et par la cheutte d’une partye des grandes terrasses, sous lesquelles ils [p. 111] etoient, qui ont meme abimé et detruit touttes ces belles machines, ce qui fait bien veoir que touttes les belles choses de ce monde n’ont qu’une durée et seront dans l’oubly dans les temps à venir, dont il n’en sera plus fait mention que dans l’histoire du pays.
En descendant au dessous d’icelle grotte par d’autres rampes voutées sur plusieurs grandes terrasses qui sont les unes sur les autres, revetues de belles pierre cizelées par compartiments, avec de la briqe bien proprement travaillez, voutez par-dessous dans le dessein que l’on avoit d’y faire encore d’autres grottes qui sont demeurez imparfaites, etant comme de grandes galleries voutées.
De plain pied du jardin, il se voit deux autres terrasses voutées et couvertes par dessus de grandes pierres et qui ferment ce jardin par les [p. 112] 2 cotez, au bout duquel il y a deyux pavillons carez en cimetrie du chateau, couverts d’ardoise et plomb, servans de logemens au jardinier et peintre du chateau.
Au bas de la face du chateau, il y a deux jardins. L’un est planté de buis en broderie, avec 4 grands compartimens egaux tres singuliers par leurs dessein où sont representez dans leur milieu les chiffres du roy Louis treize et de la reyne Anne, sa femme, avec 4 dauphins à coté tres bien figurez. Ce jardin est orné autour d’arbrisseaux avec des fleurs de touttes saisons accompagné de deux bosquets aux cotez pour se pouvoir promener à l’ombre dans les chaleurs de l’esté. Au bas de ce premier jardin, il y en a un autre, qui est tres grand et spacieux, qui s’etend jusqu’à la riviere de Seyne qui le borne, qui est un grand verger d’arbres fruitiers entouré de [p. 113] murs où il y a des espaliers d’arbres de touttes les especes de bons fruits. Ce jardin est separé par une tres haute terrasse dans le milieu, sous laquelle il y a une voute qui sert de passage pour aller à couvert dans la prairie et au village de Carriere quand les eaues sont debordées. C’etoit dans le milieu de cette terrasse que devoit estre posé le cheval de bronse qui est à present à la place Royalle de Paris, où la figure du roy Henry 4 devoit etre mise, lequel cheval avoit été fait à Venise, ayant eté sur ce lieu jusqu’en l’année 1630 que le roy Louis treize le fit porter à ladite place Royalle de Paris où il est presentement avec l’effigie du roy Louis treize. C’est encore ce qui faisoit connoitre que le roy Henry 4 et la reyne sa femme n’avoient rien epargné pour embellir et decorer ce beau château où ils faisoient leur demeure dans les beaux jours de l’année.
[p. 114] De plain pied du chateau neuf, il y avoit aux deux cotez d’iceluy deux jardins, qui y avoient communication par les deux bouts des galleries. Celuy à droit est le boullingrin, nom anglois d’un jardin particulier. Il fut ainsy nommé par feue madame Henriette d’Angleterre, premiere femme de M. le duc d’Orleans, estant de ce royaume, qui en donna le dessein au commencement qu’elle fut dans ce lieu. Ce jardin etoit planté sur le devant d’un fort jolly parterre par pieces coupées avec des plattes bandes autour garnies d’arbrisseaux et fleurs de touttes les saisons, et sur le derriere en maniere d’amphiteatre, où il y avoit autour plusieurs portiques de chevrefeuils avec des contr’allées de cipres autour et des berceaux aux 4 coings, qui etoient tres propres pour ce mettre à couvert. Ce jardin est tres beau et particulier meme pour la belle veue scituée sur une haute terrasse qui contient toute [p. 115] la face de ce jardin, où la promenade est fort agreable. C’etoit l’une des plus frequentes que faisoit la feue reyne quand elle etoit à Saint Germain. Depuis quelque temps, ce jardin a été echangé d’un autre dessein, ainsy qu’il se voit à present, planté d’un parterre avec un espece de pré ou gason entouré d’arbrisseaux verds, accompagné d’un bosquet planté de pallissades de charmes et d’ormes où il y a plusieurs belles allées pour se promener à couvert.
L’autre jardin, du coté du parc, etoit planté anciennement comme un fruitier avec des allées de meuriers blancs dont les feuilles servent à norir des verds à soye que le roy Henry 4 avoit fait planter expres, aimant à nourir luy meme ces petits animaux par divertissement. Ce jardin a eté aussy changé et planté en l’année 1679 ainsy qu’il se voit à present, etant planté en compartimens de pieces de gason entouré de quantité [p. 116] d’ifs taillez et figurés en differentes et belles manieres, avec des contr’allées de pixias soutenus sur le devant d’une terrasse revetue de pierre ainsy que celle du boullingrin qui en fait la meme cimetrie. Ce jardin se nomme de madame la Dauphine, à cause qu’il a eté planté lorsqu’elle ariva en France, et elle s’y promenoit fort souvent.
Apres avoir fait une ample description du chateau neuf de Saint Germain et de ses jardins, nous reviendrons au grand jardin qui est en face du vieux château, planté en deux grandes pieces de bouis en broderie egallées, separées par une belle allée dans le milieu, de 10 toises de large, entourées de plattes bandes garnies de fleurs de touttes les saisons, avec des contr’allées de pixias et de maronniers d’Indes autour, y ayant 3 grands bassins d’eau en divers endroits. Ce parterre fut planté ainsy que tout le jardin en l’année 1674. Il se separe de celuy de madame la Dauphine par un bosquet et une allée [p. 117] de 4 ranges d’ormes, et de l’autre coté il y a une orangerie où il y a de tres beaux orangers et autres sortes d’arbrisseaux curieux.
Au milieu de ce grand parterre qui est en face du chateau, il se voit deux grandes routes ou allées. L’une contient 40 toises de large, qui a été percée dans la fores et plantée de deux rangées d’ormes en l’année 1675, laquelle conduit au couvent des Loges, et l’autre sur la demi lune de la grande terrasse, qui est l’un des plus beaux ouvrages que le Roy aye fait de son reigne à Saint Germain. Elle contient 1200 toises de long sur 15 toises de largeur. Elle est revetue sur le devant d’un mur tres haut avec une tablette et cordon de pierre dure sur toutte la longueur, et sur le coté de la futaye du petit parc est planté d’un rang de tres beaux ormes avec de la charmille. Cette terrasse est l’une des plus belles du royaume pour sa belle veue et pour la [p. 118] promenade. Elle fut batie et plantée vers l’année 1676.
Petit parc
Le petit parc de Saint Germain est contigu aux jardins et grande terrasse. Il contient 416 arpens tant plain que vuide. L’on voit qu’il fut clos de murs du reigne du roy François premier, vers l’an 1536. Il est separé de la forest jusqu’à la porte de la Muette. C’etoit cy devant l’une des plus belles futayes du royaume, qui venoit jusques au pied du chateau. Il est composé de plusieurs sortes de bois comme chesnes, erables, fresnes et charmes qui sont presque tous peris par caducité et les grands hyvers qui sont survenus de temps en temps, ce qui a obligé d’en faire abattre une [p. 119] grande partie, qui a eté replantée d’ormes ainsy qu’il se voit, avec plusieurs allées pour donner du couvert. Dans le parc ancien, il y avoit aussi plusieurs routes, sans aucune cimetrie, ainsy que la nature les avoit faites dans la principalle qui aboutissoit au petit pont du chateau, laquelle traversoit toutte la futaye du parc, mesme de la forest où il y avoit dans le milieu une ancienne chapelle qui etoit en ruyne depuis un long temps, dediée en l’honneur de l’archange Saint Michel, ange titulaire de ce royaume, laquelle fut reparée et rebatie du reigne du roy Henry 4 à cause que messieurs les princes ses enffans y venoient entendre la messe dans les beaux jours à pied du chateau neuf, où ils etoient elevez, en se promenant par une belle allée de charmille qui aboutissoit à cette chapelle. Et apres la messe, on leur servoit [p. 120] à dejeuner devant ladite chapelle, sur une grande table de pierre, sous un grand chesne. Ensuitte, ils jouoient au mail pendant quelques heures pour leur servir de recreation et de promenade. Cette chapelle etant demeurée jusqu’en l’année 1649 sans y avoir fait aucune reparation, etant tombée encore en ruine, ce qui obligea le roy Louis 14, à present reignant, et de l’avis de la reyne sa mere, lors regente de ce royaume, par une pieté toutte singuliere, de la faire rebatir de neuf en ladite année 1649 et de la fonder de 400 l. de rente à recevoir par chacune année sur la recepte des bois de la generalité de Paris par cun chaplain qui fut nommé par Sa Majesté, à la charge de celebrer dans icelle chapelle trois messes basses touttes les semaines de l’année, scavoir le dimanche, le mercredy et le samedy, à l’intention de Sa Majesté et de ses successeurs roys, ce qui c’est executé pendant quelques années, jusqu’au deceds du sieur Levavasseur, dernier titulaire de ce benefice, qui arriva en l’année [vide], lequel etoit [p. 121] obligé de celebrer lesdites messes ailleurs à cause du mauvais etat du batiment de cette chapelle qui, etant encore tombée depuis en ruine faute d’entretiens, ce qui auroit obligé Sa Majesté, par sa pieté, de transferer le tiltre de cette fondation à la chapelle des pauves malades de l’hopital ou charité etablie dans le lieu de Saint Germain en faveur du sieur Chauveau, chaplain qui leur administre les sacrements sous la direction du sieur curé de la paroisse dudit lieu, pour y acquitter les charges portées par icelle fondation royalle, affin que les pauves malades, convalescens et autres personnes qui y assisteront prient le Seigneur pour la conservation de Sa Majesté, fondateur et bienfaiteur de ladite chapelle et de cet hopital royal. […]
[p. 130] Chateau du Val
Le petit chateau du Val est à l’un dex extremitez du petit parc, au bout de la grande terrasse, à côté d’une plaine nommée le Val où etoit une belle futaye qui fut abattue du reigne du roy Henry 4, et le bois fut donné au sieur de Frontenac, lors capitaine de Saint Germain en Laye, vers l’année 1609. Ce fut pour decouvrir [p. 131] la maison du Val, qui n’etoit batie dans ce temps qu’en manière d’un gros pavillon caré couvert de tuille accompagné de plusieurs batimens, dans lesquels il y avoit une grande salle haute, peinte en verdure avec des chasses de différentes manieres, et sous icelle des offices, avec une basse court et quelques batimens pour servir de menagerie, et un jardin potager et fruitier. Ce lieu n’etoit sans autre agrement, qui ne servoit seulement que pour y faire collation aux retours des chasses que les roys faisoient dans la forest. Cette maison ayant demeuré ainsy jusqu’en l’année 1676 que le Roy la voulut rebatir d’un autre dessein, meme en deux differentes fois, ainsy qu’elle se voit à present. Sa Majesté y allant fort souvent se promener apres les retours de chasses, ainsy que la feue reyne Marie Therese, qui y faisoit collation dans les beaux jours. C’est aussy ce qui donna occasion à sa majesté de rebatir ce petit chateau ainsy qu’il se voit à present, qui est d’un dessein fort joly, y ayant dans le milieu du batiment un grand sallon caré vouté en dosme tres exaucé qui est en face du [p. 132] jardin et de la cour. Il separe deux petitz appartements bas composez de plusieurs pieces de plain pied tres commodes pour touttes les saisons, y ayant meme un poesle inconnu qui chauffe en hyver.
En la face de devant est une belle cour principalle entourée d’une grande grille de fer peinte en verd. L’autre cour est pour les offices et logement du concierge, dans l’enclos du batiment, qui est couvert de plomb et ardoise avec des ornemens d’architecture et bustes autour de marbre blanc de distance en distance sur ldes consolles tres proprement travaillés. Les jardins sont fort beaux et spacieux, partye en terrasses avec des parterres de buis en broderie et pieces coupées entourées de plattes bandes où il y a quantité d’ifs tres bien figurez et autres arbrisseaux verts avec des fleurs de touttes les saisons, accompagnés d’un grand verger où il y a quantité de beaux espalliers d’arbres où il croist les meilleurs fruits du royaume, qui sont portez au Roy dans les saisons. »

Note sur l’usage de la pyramide disposée devant le Château-Vieux comme fontaine à vin lors des naissances royales

« [p. 60] Le 27e juin 1550 naquit dans le vieux château de Saint Germain en Laye Charles Maximilien de France, second fils dudit roy Henry second, duc d’Alençon et d’Angoulesme, et depuisroy sous le nom de Charles 9. Et fut baptisé audit lieu avec grande ceremonie et rejouissance, et nommé par l’ambassadeur Maximilien 2e d’Autriche, roy de Boeme, gendre de l’empereur Charles 5, avec Louis d’Albret, roy de Navarre, et Anne d’Est, duchesse de Guise.
Et pour conserver la mémoire à la postérité d’une [p. 61] si grande solennité qui fut faite pour cette naissance tant desirée et à la ceremonie de ce baptesme fut posé dans la grande place devant l’eglise de la paroisse dudit lieu de Saint Germain une piramide de pierre ornée des armes et chiffres royalles, au haut de laquelle il y a une couronne royalle soutenue d’un globe entouré d’un rang de grande pierre en forme d’un bassin et de 3 rangs de marches qui en font tout le circuit, d’où sortit une fontaine de vin tout le jour de cette grande cérémonie, ce qui c’est observé dudepuis tres ponctuellement à touttes les [p. 62] naissances des premiers princes, Enffans de France, comme à l’heureuse naissance du roy Louis 14 dit le Grand à present regnant, qui ariva en ce lieu, à celle de monseigneur Louis, dauphin de France, qui ariva au château de Fontainebleau le 1er novembre 1661, comme à la ceremonie de son baptesme qui fut faite dans la cour du vieil château de Saint Germain le 24e mars 1668, et en dernier lieu le jour de la naissance de monseigneur Louis de France, duc de Bourgogne, qui ariva à Versailles le [vide]. »

État du coût des travaux réalisés aux châteaux de Saint-Germain-en-Laye de 1664 à 1690

« [f. 17v] Châteaux de Saint Germain en Laye et le Val
Cette maison, illustrée par la naissance du Roy, est très ancienne. Elle consiste en deux châteaux, l’un vieil et l’autre neuf. Le vieil château est beaucoup plus beau et mieux bâty que le neuf. Ils ne sont séparez l’un de l’autre que d’une grande basse cour qui pouroit servir [f. 18] de manège.
Le vieil château est entièrement isolé, d’une forme assez irrégulière. Cinq gros pavillons en font le principal ornement. Un balcon de fer règne dans toute la circonférence du château à la hauteur des principaux, apartemens, qui sont très vastes. Ce château a pour principal aspect les jardins et la forest, et le château neuf sa principale veue sur la rivière de Seine. Le Roy, qui y a séjourné très longtemps, y a fait faire des augmentations considérables. C’est une demeure toute royale et, quoyque la cour n’y habite pas actuellement, ce ne laisse pas d’estre un des plus beaux lieux des environs de Paris pour sa situation naturelle.
Le Val est un jardin dépendant [f. 18v] de Saint Germain que Sa Majesté fait entretenir avec soin et qui produit une infinité de beaux fruits dans toutes les saisons, surtout des précoces.
Je ne dis rien des autres dépendances de Saint Germain, crainte d’ennuyer.
Dépenses des châteaux de Saint Germain en Laye et dépendances par années
Années :
1664 : 193767 l. 13 s. 6 d.
1665 : 179478 l. 14 s. 9 d.
1666 : 59124 l. 11 s. 6 d.
1667 : 56235 l. 8 s. 4 d.
1668 : 120271 l. 18 s. 3 d.
1669 : 515214 l. 19 s.
1670 : 597429 l. 1 s. 4 d.
[f. 19] 1671 : 361020 l. 11 s. 11 d.
1672 : 208516 l. 13 s.
1673 : 97379 l. 4 s. 3 d.
1674 : 112168 l. 19 s. 11 d.
1675 : 130306 l. 18 s. 2 d.
1676 : 176118 l. 14 s. 10 d.
1677 : 194303 l. 14 s. 2 d.
1678 : 196770 l. 5 s. 9 d.
1679 : 447401 l. 14 s. 4 d.
1680 : 607619 l. 9 s. 2 d.
1681 : 279509 l. 9 s. 2 d.
1682 : 662826 l. 13 s. 4 d.
1683 : 460695 l. 9 s. 8 d.
1684 : 300218 l. 19 s.
1685 : 189598 l. 0 s. 7 d.
1686 : 47618 l. 4 s. 5 d.
1687 : 50450 l. 2 s. 1 d.
[f. 19v] 1688 : 152950 l. 18 s. 10 d.
1689 : 33176 l. 13 s. 6 d.
1690 : 25388 l. 15 s. 3 d.
Somme totale : 6455561 l. 18 s.
Six milions quatre cent cinquante cinq mil cinq cent soixante une livres dix huit solz »

Description du petit parc de Saint-Germain-en-Laye, par Antoine, porte-arquebuse du roi

« [f. 32] Estat present du petit parc de Saint Germain en Laye au commencement de l’année 1686
Led. parc contient la quantité de quatre cent seize arpens quatorze perches tant en bois de futaye, routes, places vuides, la grande terrasse que la maison et jardin du chasteau du Val, lesquels sont figurez sur la carte avec l’explication de la nature, qualité et quantité de bois et terrain qui se trouvent dans chaque endroit, le tout cotté par ciffres conformément au present estat.
Premierement, à l’entrée dud. parc tenant au jardin,

  1. Futaye en retour contenant vingt deux arpens quatre vingt seize perches un quart
    Cette futaye est toute morte en cime et quelques arbres en racine, laquelle deperit tous les jours, estant sur son retour. Il seroit necessaire, pour l’ornement dud. parc, de l’abattre pendant qu’elle a encore un peu de vie pour repeupler ce canton d’un nouveau [f. 32v] bois qu’on laisseroit revenir à la suitte des temps en haut recru, qui seroit plus agréable à voir que ces bois secs.
  2. Futaye sur le retour contenant dix arpens cinquante perches
    Cette futaye est aussy en retour, mais il y a plus d’arbres vifs que dans la partie cy devant. Il se trouve vers le bout du mail, du costé du Val, quelques jeunes chesnes et charmes qui renouvellent ce canton, lesquels font un assez beau couvert.
  3. Jeune futaye de bonne essence contenant cent soixante sept arpens cinquante cinq perches
    Cette futaye est garnie de plus des trois quarts de charmes et d’érables, et le surplus de chesne, laquelle est fort eslevée mais plus dans le fond du costé du mur du parc que vers la terrasse. Elle est de fort bonne essence, faisant un agréable couvert, s’y trouvant très peu d’arbres morts en cime et en racine.
  4. La grande terrasse contenant, [f. 33] y compris deux vuides entre icelle et la futaye de [vide]
  5. Futaye moderne contenant vingt trois arpens soixante dix perches
    Cette futaye est meslée de chesne et de charme par endroits et dans d’autres tous chesnes, dont une partie sont morts en cime, et particulièrement du costé de l’octogone où il y a quantité d’arbres morts en racine.
  6. Ancienne futaye contenant seize arpens cinquante cinq perches
    Cette futaye est plantée de chesne d’une assez belle hauteur, et particulierement vers le fonds, meslée de quelques charmes par endroits, le tout de bonne essence à la reserve de quelques arbres morts en cime.
  7. Grand vuide contenant [vide]
    Ce vuide est une place deserte de bois tenant au chasteau du Val.
  8. Le chasteau et jardin du Val contenant [vide]
    [f. 33v] 9. Haute futaye contenant soixante onze arpens soixante cinq perches
    Cette futaye est passablement peuplée et meslée d’arbres vifs, de morts en cime, et d’autres en racine, tout chesnes, ayant très peu d’autres bois. Les arbres sont d’une belle hauteur, et de moyenne grosseur.
  9. Vieille futaye sur le retour contenant vingt sept arpens
    Cette futaye est une des plus anciennes de la forest, dont la plus grande partie des arbres sont morts en cime, en cœur et en racine, lesquels n’ont pas beaucoup de hauteur, mais ils sont passablement gros et peu garnis, faisant de grandes clairières où il n’y a rien. »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de la réception du dauphin dans l’ordre du Saint-Esprit au Château-Vieux

« [f. 209] Ceremonies observées lorsque le Roy fit monseigneur le Dauphin chevalier du Saint Esprit, 1682
Le premier jour de l’an, le Roy voulut conferer l’ordre du Saint Esprit à monseigneur le Dauphin. Il luy avoit envoyé en naissant le cordon et la croix du Saint Esprit, suivant en cela l’usage qui se pratique pour tous les Enfans de France, mais ces marques exterieures ne l’agregeant point à l’ordre, il le fit chevalier dans toutes les formes.
Ce mesme jour, monseigneur le Dauphin fit ses devotions de grand matin et communia par les mains du cardinal de Bouillon, grand aumosnier de France et grand aumosnier des ordres du Roy. Ensuitte, il vint chez luy se vestir de l’habit de novice, scavoir d’un pourpoint de toile d’argent, de chausses troussées de toile d’argent et de bas de soye de gris de perle, se chaussa d’escarpins de toile d’argent, avec des mules de velour noir, prit un capot [f. 209v] de velours noir doublé d’une toile d’argent, et mit une tocque de velour noir avec le bord retroussé d’un bouquet de plusieurs plumes blanches, au milieu desquelles estoit une egrette d’heron. Et à cet habit, qui est l’habit ordinaire des novices, il avoit fait ajouter des diamans en plusieurs endroits.
Sur les dix heures, monseigneur le Dauphin, precedé du sieur de Mesme, prevost et grand maistre des ceremonies de l’ordre, se rendit dans l’appartement du Roy. Le Roy aussytost fit entrer dans son cabinet les commandeurs et les officiers de l’ordre, où, selon les formes ordinaires, on arresta que monseigneur le Dauphin seroit receu chevalier.
Après une deliberation, monsieur le Duc, nommé pour parrain de Monseigneur, le conduisit dans le cabinet du Roy. Le grand maistre des ceremonies, le herault et l’huissier marchand devant luy.
Monseigneur, s’estant approché du Roy, se mit à genous sur un carreau pour recevoir l’ordre de Saint Michel, qu’il faut recevoir avant que d’entrer en celuy du Saint Esprit. Alors le Roy tira son espée et luy en donna un [f. 210] coup sur chaque epaule en disant : par saint Geroges et par saint Michel, je te fais chevalier. On employe le nom de saint Georges avec celuy de saint Michel parce que saint Georges est l’ancien patron des chevaliers.
Cette ceremonie finie, on marcha à la chapelle du viel chasteau en cet ordre :
L’huissier de l’ordre
Le herault de l’ordre
Le grand maistre des ceremonies, ayant à sa droite le marquis de Seignelay, grand tresorier de l’ordre, et à sa gauche le marquis de Chasteauneuf, secretaire de l’ordre.
Ensuitte marchoit seul le marquis de Louvois, chancelier de l’ordre.
Après quoy venoient les commandeurs, deux à deux, en cet ordre :
A droit estoient :
Le marquis de Gamache
Le marquis de Beringhen
Le duc de Saint Agnan
Le duc de Crequy
Le duc de Luynes
Le duc de Saint Simon
A gauche estoient :
Le marquis de Bethune
[f. 210v] Le duc de Montausier
Le duc du Lude
Le mareschal de Nouaille
Le duc de Chaulnes
Le duc d’Anguien seul
Monsieur seul
Monseigneur le Dauphin seul
Deux huissiers de la chambre du Roy portant leurs masses precedent le Roy.
Le Roy
A sa gauche, un peu devant, le marquis de Tilladet, capitaine des Cent Suisses
A sa droite, un peu derriere, le grand aumosnier en camail et en rochet
Le duc de Noailles, capitaine des gardes, derriere le Rot, ayant à sa droite le duc d’Aumony, premier gentilhomme de la chambre, et le duc de de la Rochefoucault, grand maistre de la garde robe, à sa gauche.
Le Roy passa par la salle des gardes, par le grand escallier, et par la cour du château. Les gardes du corps estoient en haye et sous les armes dans tous ces lieux, et les Cent Suisses aussy, dont les tambours battirent jusques à ce que il fut en sa place dans la chapelle.
Le Roy, apres avoir salué l’autel, se plaça dans son fauteuil posé sur le [f. 211] marchepied de son prie Dieu. Monseigneur le Dauphin se mit à droit sur un siege playant, Monsieur à sa gauche sur un siege playant, et monsieur le Duc hors du marchepied, sur un siege playant, les chevaliers à droit et à gauche sur des bancs.
Les officiers qui estoient demeurez debout à droit, proches leurs places, s’advancerent au milieu de la chapelle, saluerent l’autel et le Roy, puis, se tournant, saluerent la Reine qui estoit dans une tribune pour voir la ceremonie. Ensuitte, ils saluerent les chevaliers à droit et à gauche. Ce qu’estant fait, ils vinrent s’assoir sur des escabaus posés à droit, celuy de l’huissier vers l’hautel, celuy du herault un peu plus esoigné de l’autel, ceux du grand maistre des ceremonies, du grand tresorier et du secretaire de l’ordre sur une mesme ligne en s’aprochant du Roy, et celuy du chancelier plus pres de sa personne.
Ces saluts estoient inutils en ce temps là. Il faloit qu’après les avoir faits, il [f. 211v] s’ensuivit quelque action de ceremonie. Mais d’attendre que tout le monde soit entré pour le saluer, voilà ce qui me parroist à contre temps. Les officiers devoient, en entrant dans l’eglise, saluer le saint sacrement, c’est un respect qu’on luy doit, saluer la chaise du Roy, on salue son lict et celuy de la Reyne en entrant dans leurs chambres, et ils devoient ensuitte saluer la Reyne.
L’archevesque d’Auch, vestu pontificalement, vint s’agenouiller au pied de l’autel, d’où il commença le Veni Creator que la musique de la Chapelle continua.
A la fin de l’hymme, ce prelat salua l’autel, donna de l’eau benite au Roy, et commença ensuitte la messe.
A l’offerte, les officiers firent les mesmes saluts qu’ils avoient desja faits et, s’estant rangés, le grand maistre des ceremonies alla advertir le Roy par un salut particulier de venir à l’offrande. Il en fit un aussy à monseigneur le Dauphin, et un à Monsieur, pour les advertir d’accompagner le Roy.
[f. 212] Le Roy, s’estant aproché des marches de l’autel, baisa la patene et offrit le cierge que monseigneur le Dauphin lui presenta, et les ecus d’or que Monsieur luy donna, Monseigneur et Monsieur ayant receu des mains du grand maistre des ceremonies le cierge et les ecus d’or, dont le nombre est tousjours egal à celuy des années du Roy.
Après l’offrande, le Roy, retournant à son prie Dieu, fit un salut à l’autel, un à la Reine, et un de chaque costé pour les chevaliers.
A l’Agnus Dei, le grand aumosnier presenta au Roy la Paix à baiser, que le soudiacre luy apporta.
Sur la fin de la messe, les officiers firent ensemble les reverences, et le grand maistre des ceremonies fit un salut particulier au Roy pour l’advertir de se rendre au trosne qu’on luy avoit preparé à gauche, proche l’autel du costé de l’evangile.
Le Roy sortit de sa place, fit les [f. 212v] saluts, alla au trosne precedé des officiers de l’ordre et suivy du capitaine de ses gardes, du premier gentilhomme de sa chambre et du grand maistre de la garderobe, s’asit dans son fauteuil sous un dais et mit son chapeau.
Le grand aumosnier se mit derriere le Roy, le chancelier à droit avec le livre des Evangiles, le grand tresorier à costé du chancelier tenant le colier de l’ordre et le cordon bleu, le secretaire de l’ordre à gauche du Roy avec l’acte de serment, le herault et l’huissier au bas des marches du trosne.
Pendant que ces officiers prenoient leurs places sur le trosne, le grand maistre des ceremonies salua monseigneur le Dauphin pour luy marquer qu’il estoit temps de s’aprocher du Roy, Monsieur en particulier et monsieur le Duc pour les advertir tous deux d’accompagner Monseigneur.
Monseigneur le Dauphin, Monsieur et monsieur le Duc firent [f. 213] les reverences, s’approcherent du Roy. Monseigneur se mit à ses pieds sur un carreau de velour violet, Monsieur et monsieur le Duc se tenant debout à droit et à gauche, et le grand maistre des ceremonies prenant sa place à gauche, entre le Roy et le secretaire de l’ordre.
Le Roy, ayant pris du chancelier le livre des Evangiles, monseigneur le Dauphin mit la main dessus le livre, receut en mesme temps le serment, qu’il signa, la plume et l’acte de serment luy ayant esté presentés par le secretaire de l’ordre. Ce qu’estant fait, le sieur Gitonneau, premier valet de garderobe, estant de service aupres de monseigneur le Dauphin, luy osta le capot et le Roy luy mit le cordon bleu en luy disant : Recevés de notre main le colier de notre ordre du benoist Saint Esprit, au nom du père, du fils et du saint Esprit, et il luy mit le manteau et le colier de l’ordre.
Cette ceremonie finie, monseigneur [f. 213v] le Dauphin, se relevant, salua le Roy, demeura proche de luy, et les officiers descendirent de leur place, saluerent l’autel, le Roy, la Reine et les chevaliers. Alors, on commança à marcher dans l’ordre qu’on avoit gardé en venant et l’on alla dans l’appartement du Roy où, monseigneur le Dauphin l’ayant laissé, il retourna dans le sien precedé du grand maistre des ceremonies, du herault de l’ordre et de l’huissier de l’ordre. »

Quittance de Charles Vigarani pour la construction d’une galerie à côté de la salle de bal du Château-Vieux

« En la presence des notaires au Chastelet de Paris soubzsignez, Charles Vigarany, gentilhomme modenois, inventeur des machins de ballets de Sa Majesté, a confessé avoir receu de messire Nicolas Melicque, conseiller du Roy, tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de sa chambre, la somme de mil quatre vingts douze livres à luy ordonnée pour la despence d’une gallerie qui a esté dressée à costé du theatre du vieux chasteau de Saint Germain en Laye. Dont etc. Quittant etc. Faict et passé à Paris es estudes l’an mil six cens soixante dix, le unziesme mars, et a signé.
Vigarani
Lesemelier »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’audience donnée par le roi à Soliman Aga, ambassadeur du sultan, au Château-Neuf

« [f. 124] Le 5e [décembre], le sieur de Berlise, introducteur des ambassadeurs, estant venu prendre Soliman dans les carosses du Roy et de la Reine, ils entrerent dans celuy du Roy avec les sieurs de la Giberti, l’interprete et l’aumonier. Ils dinerent à Chatou, où l’on amena les chevaux de la grande ecuirie qu’ils enharnacherent à leur mode [f. 124v] et qu’ils renvoyerent au Pec. Ils decendirent de carrosse et monterent sur les chevaux qui les attendoient, se mettant en marche deux à deux, ayant le sieur Giraud à leur teste.
Soliman marchoit entre le sieur de Breslise et le sieur de la Giberti, ayant son interprete devant luy. Une des circonstances qui est plus à remarquer est que les Turcs estoient sans armes et que Soliman n’avoit pas meme de sabre. Ils entrerent en cet ordre dans la cour du chateau neuf, où ils trouverent des bataillons formez par les compagnies des regimens des gardes françoises et suisses et des escadrons formez par les mousquetaires. Les chevaux legers, les gendarmes, les gardes du corps, les gardes de la porte, les archers du grand prevost, les Cent Suisses estoient en haye depuis la porte de la petite cour jusqu’au haut du perron. Soliman mit pied à terre dez l’entrée de la petite cour, n’estant pas suffisante pour contenir le nombre de chevaux qui l’accompagnoient, et marcha à pied dans le mesme ordre qu’il estoit venu, passant au travers de la garde ordinaire des gardes du corps qui se trouverent sur le perron dans la salle des gardes. De là, il passa dans plusieurs chambres superbement tendues et se rendit ainsy dans la grande galerie [f. 125] où le Roy l’attendoit.
Cette galerie estoit parée de plusieurs belles tapisseries de la Couronne. Tout le parterre etoit couvert de tapis de pied et les deux costez de la galerie estoient remplis de grands vases d’argent elevez sur des pies destaux aussy d’argent. Au bout de la galerie estoit un trone elevé sur huit marches orné de pareils vases et de caisses d’argent dont le prix estoit de plus de vingt millions. Monsieur, M. le Prince et M. le duc d’Enguien estoient à ses costez, vestus de tres superbes habits, et tous les seigneurs de la cour, qui estoient en si grand nombre qu’ils formoient un triple rang le long de la galerie, estoient aussy tres magnifiquement habillez.
Lorsque Soliman entra dans la galerie, le bruit qui s’y faisoit auparavant cessa d’une manière si surprenante, au seul signal que Sa Majesté fit, qu’il a declaré depuis avoir esté surpris du profond respect que les courtisans rendent au Roy.
Quelque temps quant Soliman entrast dans cette galerie, il tira la lettre du Grand Seigneur d’une toilette qui estoit renfermée dans un sac de brocard de la longueur d’un pied et la tint dans ses mains, elevée de la hauteur de sa barbe, marchant toujours entre les sieurs de Berlise et de la Giberti jusques au pied du trosne, faisant avec tous ses gens le mesme nombre de reverences que le sieur Giraud qui estoit à leur teste.
Soliman, estant arrivé au pied des degrez du trone, fit une profonde reverence et commença son compliment, qui fut expliqué par son interprete en ces termes : Sire, Soliman Aga dit à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale que le tres haut et tres puissant empereur ottoman sultan Mahomet Han, quatrieme du nom, son maitre, l’envoye à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale luy porter cette lettre et luy dire que les deux empires ont toujours esté en tres bonne intelligence, qu’il en souhaite la continuation et que, pour cet effet, il a retenu M. de la Haye Ventelet, ambassadeur de Vostre Majesté imperiale à la Porte et souhaite à vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale toute sorte de bonheur, de felicité et de prolongation de vos jours. A quoy le Roy repondit qu’il avoit toujours eu bien de la joye [f. 126] de voir l’intelligence qui estoit entre les deux empires, que de son coté il contribueroit toujours à l’entretenir et qu’il pouvoit remettre sa lettre entre les mains de M. de Lionne. L’interprete ayant fait attendre à Soliman la reponse du Roy, Soliman dit à Sa Majesté que le Grand Seigneur, son maitre, luy ayant commandé de remettre sa lettre entre les mains propres de Sa Majesté, il la supplioit de luy faire cet honneur. Sa Majesté luy ayant accordé volontiers cette grace, il monta les degrez du trone, tenant toujours sa lettre elevée. Estant au dernier degré, et voyant Sa Majesté ne se lever pas pour recevoir la lettre, il dit que, lorsque le Grand Seigneur, son maitre, la luy avoit donné, il s’estoit levé en signe d’estime et d’amitié pour Sa Majesté, qu’il la supplioit de vouloir la recevoir de la mesme manière qu’il la luy avoit donnée. Le sieur de Lyonne, ayant appris par l’interprete le dessein de Soliman, lui demanda qui pouvoit estre garand de ce qu’il advançoit, ce qui neantmoins ne lui fut point interpreté, le Roy dans le moment s’estant tourné vers le sieur de Guitry, grand maitre de la garde robe, qui s’estoit autrefois trouvé à la Porte à l’audiance de M. de la Haye, luy [f. 126v] demanda si le Grand Seigneur s’estoit levé lorsque son ambassadeur luy avoir rendu sa lettre. Le sieur de Guitry luy ayant repondu que non, dit tout haut que, puisque le Grand Seigneur en recevant ses lettres par les mains de ses ambassadeurs ne se levoit pas, il ne se leveroit pas, aussy qu’il n’avoit qu’à donner sa lettre. La volonté du Roy estant connue à Soliman, il baisa le sac où estoit la lettre et, après l’avoir fait toucher à son front en faisant une profonde reverence, il la presenta au Roy qui la prit et la donna à M. de Lionne, qui appella les interpretes, le sieur Delacroix et le chevalier Dervius.
Dans le temps que les interpretes lisoient la subscription qui estoit sur un parchement et qui fermoit l’entrée du sac et qu’ils expliquoient au Roy les qualitez que le Grand Seigneur lui donnoit, Soliman descendit au bas du trone apres avoir fait une reverence, où estant, et branlant la teste, il dit tout haut que le Grand Seigneur ne seroit pas satisfait de la manière que le Roy recevoit sa lettre. Sa Majesté s’estant apperceu de ce mouvement de colere, demanda ce qu’il avoit dit, et luy ayant esté expliqué, aussitost dist tout haut et d’un ton serieux qu’il verroit la lettre et qu’il feroit reponse. Soliman, ayant sceu par son interprete ce que le Roy [f. 127] venoit de dire, il se retira en faisant trois reverences, apres lesquelles, ayant voulu tourner le dos à Sa Majesté, le sieur de la Giberti, qui estoit à sa droite, luy fit aussitost tourner le visage jusques à ce que le vuide qui estoit entre le Roy et Soliman fut remply et qu’il ne fut point en estat d’estre apperceu de Sa Majesté. Soliman se retira dans le mesme ordre qu’il estoit venu et remonta à cheval avec toute sa suite hors les portes du chateau neuf. »

État des logements au château de Saint-Germain-en-Laye

« Du 25e febvrier 1685
Du 14e mars 1685
Logement du chasteau de Saint Germain, ce qui est fait de neuf y estant compris.

Caves
Un degré
13 caves dont 4 grandes et le reste fort petit.

Offices au rez de chaussée des caves
Premier pavillon à gauche en entrant par la cour des cuisines
Un degré
A. Gobelet de Monseigneur le Dauphin, 2 pieces à cheminée
Une petite porte qui entre dans le fossé.

2e pavillon
Un degré
B. Gobelet du Roy, 3 pieces dont 2 à cheminée et la 3e tres petite sans cheminée
Petit degré

3e pavillon
Un degré
C. Gobelet de la Reine, 3 pieces dont 2 à cheminée

4e pavillon
Un degré
D. Gobelet de Madame la Dauphine, 3 pieces dont 1e à cheminée

5e pavillon
Un degré
E. Bouche de la Reine, 5 pieces dont 3 à cheminée

Au rez de chaussée de la cour commençant à gauche en entrant par la cour des cuisines
Grande porte
Un degré rond qui va jusqu’au haut du chasteau

  1. Le chapelain, 5 pieces scavoir 3 par bas dont 1e à cheminée et 2 entresols dont 1 à cheminée
  2. M. de Chamarande, 5 pieces dont 3 à cheminée compris 1 entresol sans cheminée
    Petite porte avec pont-levis
    Un degré qui descend aux offices
  3. Le concierge, 9 pieces dont 3 à cheminée, compris 4 entresols sans cheminée
  4. M. de Vivonne, 5 pieces dont 3 à cheminée
  5. Madame de Thyange, 5 pièces dont 2 à cheminée
  6. M. de la Feuillade, 5 pièces dont 2 à cheminée compris 1 entresol sans cheminée
    Grand degré
  7. Premier maistre d’hostel du Roy et le chambelan, 6 pièces dont 2 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
  8. Le grand maistre, 3 pièces dont 1e à cheminée, compris 1 entresl sans cheminée
    Un degré rond qui va jusque au haut du chasteau
  9. Premier gentilhomme de la chambre, 5 pièces dont 2 à cheminée
  10. M. le Premier, 7 pièces, scavoir 5 par bas dont 3 à cheminée et 2 entresols dont 1 à cheminée
    Un petit degré qui va jusque en haut derriere l’appartement du Roy
    Petite porte avec pont levis
    Un petit degré qui descend aux offices
  11. Capitaine des gardes du corps en quartier, 6 pieces dont 4 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
  12. Capitaine des gardes de la porte, 8 pièces dont 2 à cheminée, compris 3 entresols sans cheminée
  13. M. le Grand, 6 pièces dont 4 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
  14. Le conseil, 4 pièces dont 1e à cheminée
    Un grand degré
  15. Madame de Crequy, 7 pieces dont 2 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
    Vestibule
    Grande porte du costé du jeu de paulme
  16. Premier aumosnier, 4 pieces dont 2 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
  17. Les ambassadeurs, 6 pièces dont 2 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
    Un petit degré qui va jusque au haut du chasteau, 1e très petite piece sans cheminée
  18. M. le duc du Lude, 6 pieces dont 2 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
    Chapelle a costé de laquelle il y a un degré qui va au premier estage
    A costé de la sacristie de la chapelle, 2 chambres sans cheminée pour le predicateur et qui serviront aux deux prestres qui sont avec le chapelain.
    Lieux communs
    Un degré long qui va de fond en comble
    Petite cour
    F. Bouche du Roy, 4 pieces dont 3 à cheminée
    Un degré rond qui va jusque au haut du chasteau
  19. Apotiquaire du Roy, 4 pieces sans cheminée compris 2 entresols sans cheminée
  20. Apotiquaire du Roy, 2 pieces dont 1e à cheminée compris 1 entresol sans cheminée
    Corps de garde des gardes de la porte, 2 pieces dont 1e à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée

Premier estage, commançant à gauche
Un degré rond

  1. Mademoiselle, 6 pieces dont 4 à cheminée, compris 1 petit entresol sans cheminée
  2. Mademoiselle, 6 pieces dont 3 à cheminée, compris 2 entresol sans cheminée
    Un petit degré qui va du rez de chaussée au premier estage
  3. M. de Louvois, 11 pieces, dont 3 à cheminée, compris 5 entresols sans cheminée
  4. M. de Louvois, 10 pieces dont 3 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
    Grand degré
  5. M. le maréchal de Villeroy, 12 pieces dont 3 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
    Grand degré
  6. M. le Prince, 10 pieces dont 3 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
  7. M. le Duc, 4 pieces à cheminée
    Un petit degré
  8. Madame de Montespan, 20 pieces dont 8 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
    Un degré long
  9. M. le duc du Mayne, 5 pieces dont 2 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
    Un degré
  10. Dame d’honneur de madame la Dauphine, 7 pieces, dont 4 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
    Un degré long
    Chapelle. 2 petites pieces sans cheminée dont 1 entresol
  11. M. l’archevesque de Rheims, 5 pieces dont 2 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
    Un degré long
    Chapelle
  12. Officiers des gardes du corps, 2 pieces sans cheminée
  13. Officiers des gardes du corps, 1 piece sans cheminée
    Soufflets des horgues. 1e tres petite piece sans cheminée.
    Un degré long
  14. Madame la princesse de Conti, 5 pieces dont 3 à cheminée
  15. M. le prince de Conti, 5 pieces dont 2 à cheminée
    Petite cour
    Un degré rond
  16. M. le cardinal de Bouillon, 9 pieces dont 4 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
  17. Filles d’honneur de madame la Dauphine, 6 pieces dont 1e à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
  18. Filles d’honneur de madame la Dauphine, 4 pieces dont 1e à cheminée, compris 1 entresols sans cheminée

Deuxiesme estage, commençant à gauche
Un degré rond

  1. Madame la Dauphine, 5 pieces à cheminée
  2. Monseigneur le Dauphin, 5 pieces dont 4 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
    Grand degré
  3. Le Roy, 11 pieces dont 6 à cheminée, compris 3 entresols dont 2 à cheminée
    Un petit degré qui va de bas en haut
    Un degré moyen rond
  4. La Reine, 11 pieces dont 6 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
    Un grand degré
    Un petit degré long
  5. Enfants de France et leur gouvernante, 7 pieces dont 6 à cheminée, compris 1 entresol à cheminée
  6. Enfants de France et leur gouvernante, 3 pieces à cheminée
    Un degré long
  7. Madame de Guise, 7 pieces dont 6 à cheminée

Entresols sur les n° 43, 44 et 45
Un degré long

  1. Madame la nourice, 10 pieces dont 2 à cheminée
  2. Enfants de France et leur gouvernante, 6 pieces dont 4 à cheminée
    Un degré long
  3. Madame de Soubise, 6 pieces dont 5 à cheminée
  4. 2 pieces dont 1e à cheminée

Continuation du deuxiesme estage
Chapelle
Un degré long

  1. Pour habiller les danceurs, 3 pieces dont 2 à cheminée
    Petite cour
    Un petit degré
    Salle des comedies
    Un moyen degré long
    Entresols au dessus du n° 50
  2. M. de Montauzier, 7 pieces dont 1e à cheminée
  3. Madame d’Uzès, 3 pieces à cheminée
    Cour
    Un petit degré

Troisiesme estage, commençant à gauche
Un degré rond

  1. Madame la marquise de Rochefort, 7 pieces dont 5 à cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
  2. Prère, femme de chambre de madame la Dauphine, 4 pieces dont 3 à cheminée, compris 1 entresols sans cheminée
  3. M. de Seignelay, 13 pieces dont 10 a cheminée, compris 7 entresols dont 5 à cheminée
  4. M. le controlleur general, 16 pieces dont 5 à cheminée, compris 8 entresols dont 2 à cheminée
    Grand degré. 1 petit entresol sans cheminée sur le degré
  5. M. de Bouillon, 10 pieces dont 2 à cheminée, compris 5 entresols sans cheminée
  6. Madame de Maintenon, 11 pieces dont 7 à cheminée, compris 6 entresols dont 3 à cheminée, desquels il y en a 3 à l’estage du plain pied de la terrace
    Un petit degré
  7. Le Roy, 5 pieces dont 3 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée à l’estage du plain pied de la terrace
    Un degré rond
  8. Bontemps, 12 pieces dont 7 à cheminée, compris 7 entresols dont 4 à cheminée
  9. M. de la Rochefoucault, 11 pieces dont 6 à cheminée, compris 7 entresols dont 3 à cheminée, desquels il y en a 3 a l’estage du plain piedde la terrace
  10. Garderobbe du Roy, 9 pieces dont 5 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
    Un grand degré
    Un degré long
  11. Me de la Garderobbe, 7 pieces dont 4 à cheminée, compris 4 entresols dont 2 à cheminée
  12. Madame de la Valiere, 7 pieces dont 2 à cheminée, compris 4 entresols dont 1 à cheminée
  13. Premier medecin de la Reine, 9 pieces dont 4 à chbeminée, compris 5 entresols dont 2 à cheminée
  14. M. le grand prevost, 7 pieces dont 2 à cheminée, compris 4 entresols dont 1 à cheminée
  15. Madame de la Vieuville, 8 pieces dont 5 à cheminée, compris 4 entresols dont 2 à cheminée
    Un degré long
  16. Grand maréchal des logis, 5 pieces dont 3 à cheminée, compris 1 entresol sans cheminée
  17. Capitaine des Cent Suisses, 5 pieces dont 2 à cheminée
  18. Garde meuble au dessus de la chapelle
    Un degré long
  19. M. Mansart, 7 pieces dont 2 à cheminée, compris 3 entresols sans cheminée
  20. M. Roze, 6 pieces dont 1e a cheminée, compris 2 entresols sans cheminée
  21. M. de Joyeux, 4 pieces dont 3 à cheminée, compris 1 entresols sans cheminée
    Petite cour
    Un degré petit
    Salle des comedies

Plain pied des voultes en terrace, commançant à gauche
Premier pavillon
Un moyen degré rond
Un petit degré

  1. M. le Major, 5 pieces dont 3 à cheminées, compris 2 entresols dont 1 à cheminée
  2. 5 pieces dont 2 à cheminée
  3. Gardrobbe de monseigneur le Dauphin, 3 pieces dont 2 à cheminée

2e pavillon
Il y a deux pieces marquées au 59 qui sont de l’appartement du Roy du 3e estage
Sur les voutes
Il y a trois pieces marquées au n° 58 qui sont marquez cy devant à l’appartement de madame de Maintenon au 3e estage
Il y a trois pieces marquées 65 qui sont marquez cy devant à l’appartement de M. de la Rochefoucauld au 3e estage

3e pavillon

  1. Premier medecin du Roy, 7 pieces dont 4 à cheminée

4e pavillon
Un degré

  1. M. de la Vienne, 4 pieces dont 3 à cheminée
  2. Mademoiselle Bessola, 5 pieces dont 2 à cheminée
    Sur les voutes
  3. M. de Nyert, 3 pieces dont 1 à cheminée

5e pavillon
Un degré long

  1. Garde meuble, 2 pieces sans cheminée
  2. Le père de la Chaize, 3 pieces dont 2 à cheminée
    Petite cour
    Petit degré »

Maison du Roi (Ancien Régime)

Exposer les travaux : le Musée gallo-romain

Né par décret impérial du 8 mars 1862 et abrité dans un palais à la haute valeur symbolique, le Musée gallo-romain, aujourd’hui musée d’Archéologie nationale, revêt d’emblée des singularités bien en marge des musées des beaux-arts contemporains. L’investissement de la Commission de topographie des Gaules dans la création de cette institution novatrice et dont plusieurs membres participent à la commission d’organisation, marque vivement la muséographie, ainsi que l’accueil des chercheurs et grand public. Conçu comme un centre de recherche qui vise à rendre accessibles « les archives archéologiques » de la France, ce musée s’impose comme un « musée documentaire » dans lequel photographies, rapports, moulages, estampages, maquettes, relevés archéologiques, dessins, cartes et bibliothèque, rassemblés sur les directives de la CTG, se voient accordés une place de même importance que celle des objets originaux.
Ni les sources sur la Commission de Topographie des Gaules (CTG), ni celles relatives au musée d’Archéologie nationale n’exposent explicitement les liens entre la CTG et le musée gallo-romain, aujourd’hui musée d’Archéologie nationale. Pourtant l’étude attentive de la conception du musée et de son élaboration montre l’empreinte forte et omniprésente de la commission fondée par Napoléon III. Nous retrouvons la CTG parmi les personnalités qui gravitent autour de la toute jeune institution muséale, mais aussi dans la formation des collections et jusqu’aux choix muséographiques.

Commission de Topographie des Gaules

Lettre concernant le logement de l’administrateur de l’école militaire à Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Minute de la lettre écrite par le ministre à M. Menard, administrateur de l’école de Saint-Germain, le 17 septembre 1809
Monsieur,
Je viens d’arrêter la distribution des logemens qui restoient disponibles dans le château de Saint-Germain pour les personnes attachées à l’état-major de l’école militaire de cavalerie. L’appartement que je vous ai destiné est placé à l’entresol, dans la courtine du couchant, ayant vue sur la grande place entre le pavillon de l’infirmerie et l’emplacement qu’occupera la lingerie. Une partie des atteliers se trouvent au-dessous de ce logement. Au-dessus, au second étage, sont les magasins, et au rez-de-chaussée, au bout du corridor, dans le pavillon du nord, la cuisine et les accessoires. J’ai affecté à vos bureaux les quatre pièces au rez-de-chaussée dans le pavillon de la chapelle faisant suite aux bureaux du quartier-maître. On entre dans ces pièces par le corridor en face de la sacristie. J’en préviens l’officier du Génie.
J’ai l’honneur de vous saluer. »

Lettre concernant le logement du trésorier de l’école militaire à Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Minute de la lettre écrite par le ministre à M. Petit, quartier-maître, trésorier de l’école militaire de cavalerie, le 17 septembre 1809
Monsieur,
Je viens d’arrêter la distribution des logemens qui restoient disponibles dans le château de Saint-Germain pour les personnes attachées à l’état-major de l’école militaire de cavalerie. L’appartement que je vous ai destiné est placé au second étage, dans le pavillon de la chapelle, et comprend toutes les pièces auxquelles on communique par les deux portes d’entrée au haut de l’escalier. J’ai affecté à vos bureaux les deux pièces du rez-de-chaussée qui terminent, du côté de la chapelle, la courtine du midi et la pièce faisant suite aux précédentes, qui dépend du pavillon de la chapelle et par laquelle on entre en suivant l’escalier dans les autres pièces de ce pavillon. J’en préviens l’officier du Génie.
J’ai l’honneur de vous saluer. »

Rapport concernant les logements possibles dans le château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Rapport fait au ministre le 31 juillet 1809
J’ai l’honneur de rendre compte à Son Excellence de la visite que j’ai faite, d’après son autorisation, dans le château de Saint-Germain pour la distribution des logements. Je joins à ce rapport les plans du château, étage par étage, et je vais entrer dans quelques détails sur la disposition des bâtiments afin que Son Excellence puisse juger que ce que je lui propose est ce qui convient le mieux.
Le château est composé de cinq courtines indiquées au plan du rez-de-chaussée par les lettres a-b-c-d-e. Elles sont liées entr’elles par autant de pavillons numérotés 1-2-3-4-5.
La courtine d est occupée par la chapelle avec une vaste pièce au-dessus.
La courtine e a un rez-de-chaussée, un entresol et au-dessus une pièce qui servait de salle de comédie. On y établit un plancher de manière que cette pièce formera deux étages.
Dans les autres courtines a-b-c, il y a un rez-de-chaussée, un entresol, un premier et un second. Il y a de plus un troisième étage dans les cinq pavillons. Il y a aussi des entresols dans quelques parties de ces différents étages.
Les rez-de-chaussée des courtines a-b et des pavillons 2 et 3,
les entresols des courtines a-b et des pavillons 1-2-3,
les seconds étages des mêmes courtines et pavillons
et les troisièmes étages des pavillons 1-2-3
sont occupés par la caserne des élèves.
Les salles d’études, les classes et la bibliothèque sont placées dans les premiers étages des courtines e-a-b et des pavillons 2 et 3.
La pièce au-dessus de la chapelle dans la courtine d et celle au-dessus de la salle de dessus dans la courtine e serviront de magasins.
Le pavillon 5 est affecté du haut en bas au service de l’infirmerie, au logement des sœurs, du médecin, du chirurgien, à la pharmacie et à la salle de bains.
En sorte qu’il ne reste pour les logements de l’état-major, les bureaux et les ateliers que
la courtine c et le pavillon 4 en entier,
le rez-de-chaussée et l’entresol de la courtine e,
et le premier étage du pavillon 1.
Voilà comment je propose de distribuer ces locaux :
Rez-de-chaussée
Courtine c
Dans les deux pièces à la suite du logement du portier et jusqu’au couloir qui conduit à l’escalier du commandant
Le parloir (2 croisées) de l’autre côté de la porte d’entrée, dans la première pièce
Le magasin des effets confectionnés pour l’habillement et l’équipement des élèves au moment où ils arrivent à l’école (2 croisées)
A la suite de ce magasin, une partie des bureaux du quartier-maître trésorier (2 croisées)
Pavillon 4
Dans la première pièce, le reste des bureaux du quartier-maître (1 croisée)
Dans le surplus de ce rez-de-chaussée, en entrant par le couloir en face de la sacristie, les bureaux de l’administrateur (4 croisées)
Courtine e
Depuis l’infirmerie jusqu’au logement du portier, des atteliers (5 croisées)
De l’autre côté de la porte d’entrée, sont placées dans le surplus de la courtine e et le pavillon 1 les cuisines et dépendances et les salles de distribution où les élèves viennent prendre leur ordinaire
Entresol
Courtine c
Du côté de la caserne, un chef d’escadron (7 croisées, comptées sur la cour à partir de l’angle du pavillon 3)
A la suite, un capitaine d’infanterie (4 croisées) avec l’entresol au-dessus
Un lieutenant de cavalerie (2 croisées) avec l’entresol au-dessus
Ces trois logements seront donnés de préférence à des garçons parce que les fenêtres donnent toutes sur la cour. Le couloir est sur la rue.
Pavillon 4
Le commissaire des Guerres
Courtine e
Du côté de la chapelle, l’administrateur (4 croisées)
A la suite, la lingerie (2 croisées)
L’attelier de réparation pour le linge (1 croisée)
Une pièce pour la distribution du linge aux élèves, la porte donnant vis-à-vis l’escalier qui conduit à la caserne (2 croisées)
Premier étage
Courtine c
D’un pavillon à l’autre avec les entresols dont les escaliers de communication donnent dans l’appartement, le général commandant, son bureau, la salle de conseil, les archives (13 croisées)
Dans l’entresol au-dessus, de la porte d’entrée du côté de la caserne, dont l’escalier est placé dans le couloir avant d’arriver au logement du général, l’aumônier (4 croisées)
L’escalier qui conduit à ce logement est adossé à la bibliothèque. L’aumônier, qui est en même tems bibliothécaire, y entre par le grand escalier placé au bout de son couloir. Il communique à la chapelle et au logement des sœurs par le corridor des entresols, au-dessous de l’appartement du général.
[dans la marge :] J’ai revu ce logement. Il seroit possible que, d’après la disposition de l’appartement du général, l’entresol destiné à l’aumônier lui fut plus commode pour y établir ses cuisines. Dans ce cas, l’aumônier prendroit, dans le même entresol mais de l’autre côté en entrant par l’escalier adossé à la chapelle, 3 pièces ayant chacune une croisée. Il seroit bien un peu plus loin de la bibliothèque, mais plus près de la chapelle et des sœurs.
Pavillon 4
Le commandant en second avec les entresols de ce premier étage
Second étage
Courtine c
Du côté de la caserne, le second chef d’escadron (7 croisées) avec les entresols
A la suite, le second capitaine d’infanterie (4 croisées) avec l’entresol
Le lieutenant d’artillerie (2 croisées) avec les entresols
Le couloir qui mène à ces trois appartemens donne sur la cour et les fenêtres des logemens ont vue sur la rue. Par cette raison, ils conviennent davantage aux officiers mariés. Ils sont d’ailleurs plus commodes au moyen des entresols.
Pavillon 4
Le quartier-maître trésorier
Le second lieutenant de cavalerie, les deux écuyers et les deux sous-écuyers seront logés près du manège.
Par la distribution que je viens de proposer, tout se trouve placé convenablement.
En arrivant à l’école, les élèves se rendent d’abord chez le directeur des études pour être examinés. Au pied de son escalier, ils trouvent les bureaux du quartier-maître qui les inscrit au contrôle, reçoit leur acquit. De là, ils passent dans la pièce voisine, au bureau de l’administrateur, qui les fait conduire, toujours au rez-de-chaussée, au magasin où on les équipe. Ils n’ont pas besoin de parcourir la maison. Tout se trouve réuni. Ils entrent dans la cour de la caserne par la porte qui est en face de ce magasin.
La courtine c, dont les fenêtres donnent sur les chambrées des élèves et les salles d’étude, est occupée en entier par des officiers qui peuvent voir tout ce qui s’y passe.
Le commandant, en sortant de chez lui, entre par la droite dans les classes et les salles d’étude. Le commandant en second y entre également, mais par le côté opposé.
L’administrateur est placé au centre de ses magasins, des atteliers, de la cuisine, de l’infirmerie. En passant derrière la chapelle, tout ce qui tient à l’économat peut arriver aux bureaux de l’administrateur sans traverser la cour et sans sortir du château. Les croisées de l’administrateur dominent sur la porte d’entrée destinée au service de l’économat, en sorte que rien ne peut entrer ou sortir sans qu’il le voye.
Il reste le premier étage du pavillon 1, qui se trouve pour ainsi dire isolé du reste de l’établissement parce qu’il a un escalier particulier qui donne sous le porche d’entrée du côté de la place. Il a vue sur la carrière projettée. Il tient à la caserne d’un côté, aux salles de dessin de l’autre. Il y a des chambrées dessus et dessous. De ce logement, on peut entrer dans les salles d’étude et même dans la caserne par une porte qui sera ordinairement fermée. Quoique moins vaste, l’appartement est aussi beau que celui du commandant. Il avoit été occupé par le dauphin. Il convient parfaitement à l’inspecteur général des études.
Le 3e étage du pavillon 4, où il y a deux petits logements, restera disponible jusqu’à nouvel ordre.
Ainsi on logera dans le château
L’inspecteur général des écoles
Le général commandant
Le commandant en second
Le commissaire des Guerres
Les deux chefs d’escadron
Les deux capitaines d’infanterie
Un des deux lieutenans de cavalerie
Le lieutenant d’artillerie
Le quartier-maître
L’administrateur
L’aumônier
Le médecin
Le chirurgien
Les sœurs
Et dans les bâtimens accessoires,
Le second lieutenant de cavalerie
Les deux écuyers
Et les deux sous-écuyers.
Les professeurs seuls, dont la présence n’est pas nécessaire pour la surveillance des élèves, seront logés dans la ville. Il eût été impossible de les placer tous dans le château et on ne pouroit y en mettre un seul sans donner lieu à des discussions et à des réclamations sans nombre. Cela d’ailleurs doit leur convenir davantage, puisqu’on leur donne une indemnité raisonnable (300 francs par an).
Blin de Sainmont »

Pétition contre la clôture du grand parterre de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monseigneur le duc de Feltre, ministre et secrétaire d’Etat de la Guerre
Monseigneur,
Les habitants de la ville de Saint-Germain-en-Laye, informés qu’ils sont à la veille de perdre une partie de la belle promenade du parterre, ont l’honneur d’exposer à Votre Excellence que ce jardin est leur unique ressource, et que les en priver, c’est anéantir la valeur de toutes leurs propriétés.
Sa Majesté impériale et royale, touchée de leurs très humbles représentations, a daigné, par l’intercession de la reine Hortense, leur en assurer la conservation.
La ville de Saint-Germain ne peut se flatter de recouvrer son ancienne existence que par l’attrait de sa situation et c’est surtout la belle promenade du parterre conduisant à la terrasse et à la forêt qui détermine beaucoup de personnes à venir se fixer dans cette ville.
La clôture provisoire projettée dans le parterre n’ayant pour objet que d’y former une enceinte pour l’exercice des élèves de l’école, les habitants osent prendre la liberté de vous observer, Monseigneur, que les évolutions peuvent avoir lieu sans clôture comme elles s’y font journellement et que si Votre Excellence le jugeait à propos, rien ne serait plus facile que d’assurer la parfaite tranquillité de ces évolutions en plaçant dans le parterre, toutes les fois qu’elles auraient lieu, un détachement de la garde nationale de Saint-Germain qui veillerait à ce que le public ne traversât point l’espace parcouru par les élèves, ni ne s’approchât d’eux en aucune manière. Cette surveillance de la garde nationale, qui serait rigoureusement observée et à laquelle on ajouterait la précaution de fermer les grilles du parterre, équivaudrait à la clôture et en épargnerait les frais. Et ce moyen, adopté par Votre Excellence, serait un bienfait pour la ville de Saint-Germain d’autant plus précieux qu’il en résulterait pour elle la conservation de ses propriétés et l’accroissement de sa population.
Pleins de confiance en la bonté de Votre Excellence, les habitants conserveront avec la plus vive reconnaissance le souvenir de ce bienfait.
Saint-Germain-en-Laye, le 21 mai 1813
[nombreuses signatures] »

Rapport sur les logements pour l’école militaire à Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Ecole de Saint-Germain
Rapport fait au ministre le 19 juillet 1809
L’officier du Génie m’a paru désirer que la répartition des logements entre les différens fonctionnaires composant l’état-major fût arrêtée avant de faire travailler dans la portion du château réservée pour cet objet. Le meilleur moyen de prévenir toute discussion est de faire approuver cette répartition par Son Excellence. L’ordre ci-joint que je la prie de signer me mettra à portée de lui rendre un compte détaillé et exact pour baser décision.
Blin de Sainmore »

Lettre concernant les travaux à mener au château de Saint-Germain-en-Laye par ordre de l’empereur

« Saint-Germain, le 25 avril 1812
Le général de division, baron de l’Empire, commandant l’école militaire de cavalerie, à Son Excellence monseigneur le duc de Feltre, ministre de la Guerre
Monseigneur,
J’ai l’honneur de prévenir Votre Excellence que M. Fontaine, architecte de la Couronne, est venu aujourd’hui à Saint-Germain et m’a prévenu que Sa Majesté ayant ordonné de travailler de suite aux latrines, à la salle des visites, au réfectoire, à la carrière et à la salle de Mars, il allait s’en occuper.
Les projets sont conçus ainsi :
Les latrines resteront, à ce qu’il parait, dans le même endroit, côté nord du château, mais elles seront diminuées et totalement changées quant à la construction. La salle des visites sera la même que celle qui sert actuellement à l’escrime, rez-de-chaussée, côté est, mais augmentée de la largeur du corridor, et décorée convenablement.
Le réfectoire sera établi au rez-de-chaussée dans le vestibule qui se trouve à l’entrée de la porte Napoléon, côté ouest. Pour ce, l’on démolira plusieurs petits logements qui ont été bâtis dans son enceinte et nous servent actuellement à loger les maîtres-ouvriers.
La carrière comprendra provisoirement le terrain vide appelé parterre qui se trouve du côté nord du château. Elle sera fermée de palissade.
La salle de Mars, qui autrefois était celle de comédie, sera restaurée et continuera à servir de salle d’exercice d’hiver et d’inspection dans les mauvais temps.
Sa Majesté a affecté pour cette année un fonds de 100000 f. pour l’exécution de ces changements et constructions.
Ces travaux terminés, Sa Majesté veut que l’on s’occupe d’un appartement de réception qui portera le nom d’appartement de l’Empereur. Celui du commandant de l’école lui sera contigu. Ils seront faits dans la partie du midi du château, qui se trouve entre le pavillon sud-est et celui du midi, ce dernier compris.
Je tiendrai Votre Excellence au courant de tout ce qui sera exécuté.
Agréez, Monseigneur, l’assurance du respect avec lequel je suis votre très humble serviteur.
Baron Clément de la Roncière »

Rapport concernant le mur du promenoir de l’école militaire de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
7ème division
Bureau du matériel du Génie
Rapport fait au ministre le 17 juin 1811
Sur le compte rendu au ministre le 19 avril dernier 1° d’une demande faite par M. le général Clément, commandant l’école de cavalerie de Saint-Germain, pour la construction autour du château d’un mur de clôture devant fermer l’espace destiné à servir de promenoir aux élèves, construction évaluée à 36200 f., 2° d’une observation de M. le directeur du casernement concernant les inconvéniens qu’il y aurait à suivre dans la construction de ce mur le tracé proposé, le ministre a prescrit de conférer sur cet objet avec M. le général Clément et de prendre ultérieurement les ordres de Son Excellence.
M. le directeur du casernement, après avoir annoncé le 17 mai que les changemens qu’il avait indiqués pour être faits au tracé dont il s’agit, afin de le rendre plus régulier, étaient adoptés par M. le général Clément, a envoyé un nouveau plan ci-joint et un nouvel état estimatif montant à 42500 f., c’est-à-dire à 6300 f. de plus que le 1er, en faisant observer que cette différence provenait de ce que M. le général tenait à ce que le mur de clôture fût flanqué de petites tours aux différens angles déterminés pour le nouveau tracé et à ce qu’il fût établi une porte donnant sur le parterre.
D’après cet exposé et les instances de M. le général Clément pour l’établissement de l’enclos dont il s’agit, on propose à Son Excellence d’y donner son approbation ainsi qu’à la dépense de 42500 f., laquelle sera imputée sur les fonds de l’administration de l’école.
Le colonel chef de la division
Delant
[dans la marge :] Approuvé »

Procès-verbal d’une séance de l’administration de Seine-et-Oise demandant la concession d’un logement au château de Saint-Germain-en-Laye

« Liberté, égalité
Extrait du registre des délibérations de l’administration centrale du département de Seine et Oise
Séance publique du seize brumaire l’an septième de la République française, une et indivisible
Vu par l’administration centrale du département de Seine et Oise une pétition présentée par le citoyen Oflyn, médecin à Saint Germain en Laye, tendante à ce que l’administration le fasse rembourser du montant d’une charge et lui accorde un logement gratuit dans le château national de Saint Germain,
Observant que sa qualité de père de famille, ses infirmités, les traitements continuels qu’il opère gratis pour les vétérans et autres troupes en station dans ladite commune lui font espérer un favorable accueil,
Vu cinq certificats constatant que le pétitionnaire ne cesse de consacrer son tems et ses services au soulagement des militaires malades et qu’il existe au ci devant château bien des logemens inutiles,
Vu la délibération de l’administration municipale de Saint Germain du 23 fructidor an 6e estimant qu’il y a lieu par le département de faire droit à la demande du citoyen Oflyn en ce qu’elle est relative à la jouissance gratuite de son logement et sous la condition qu’il continuera ses soins gratuitement aux vétérans tant qu’il jouira dudit appartement, laquelle jouissance cesseroit aussitôt que l’intérêt public l’exigeroit,
Vu les observations du directeur de la régie, datée du cinq de ce mois, portant que la régie ne peut consentir à la concession gratuite d’aucun logement dans un bâtiment national, que cependant, attendu que le château de Saint Germain a, dans sa presque totalité, une destination militaire, que le citoyen Oflyn se rend très utile aux militaires qui l’occupent, il n’y a aucun inconvénient, et le bien public paroit exiger, que les chefs militaires l’autorisent à prendre un logement qui le mettra plus à même de distribuer des secours aux militaires malades et dont il ne payera aucun loyer, comme faisant partie du casernement,
L’administration, considérant que les certificats produits par le citoyen Oflyn excitent en sa faveur le plus vif intérêt,
Que cependant elle ne peut prendre sur elle de lui accorder le logement gratuit qu’il demanda sans avoir consulté l’autorité supérieure,
Considérant aussi que l’objet de la réclamation du même citoyen relatif au remboursement de sa charge ne concerne nullement le département,
Oui le commissaire du directoire exécutif,
Estime qu’il y a lieu par le ministre de la Guerre d’autoriser l’administration centrale à accorder au pétitionnaire un logement gratuit dans le ci devant château de Saint Germain en Laye, à la charge par lui de continuer ses soins aux militaires vétérans et autres et de cesser sa jouissance aussitôt que l’intérêt public le nécessitera,
Et arrête qu’expédition du présent, ensemble les pièces qui l’on motivé, seront adressées au ministre de la Guerre, invité à vouloir bien faire connaître le plutôt possible sa décision au département.
Arrête aussi que le citoyen Oflyn est renvoyé à se pourvoir vis à vis le liquidateur général de la dette publique de la partie de la Liste civile (le citoyen Denormandie) pour le remboursement de sa charge.
Pour expédition
Lepicier »

Lettre demandant la concession d’un logement au château de Saint-Germain-en-Laye et certificats à l’appui

« Liberté, égalité
Saint Germain, le 6 fructidor, an six de la République française
Aux citoyens administrateurs du département de Seine et Oise
Le citoyen Charles Oflyn soussigné demeurant au château vieux de Saint Germain en Laie et exerçant la médecine depuis plus de 30 ans dans la ditte commune avait été chargé par l’intendant de Paris, pendant l’espace de vingt deux ans, du traitement des épidémies qui survenaient dans les paroisses du ressort de Saint Germain et, pour cet effet, il lui avait été accordé une pension de trois cent francs qui lui fut exactement payé jusqu’à l’année mil sept cent quatre vingt dix.
En outre, il avait fait l’acquisition de la charge de médecin du ci devant roi pour les rapports criminels, laquelle lui avait coûté dix huit cent francs et dont il n’a pas encore été remboursée.
L’âge dudit citoyen Oflyn, ses infirmité, les traitements continuels qu’il opère gratis pour les vétérans et autres troupes en station à Saint Germain lui font espérer, citoyens administrateurs, que vous daignerez lui faire rembourser sa charge de médecin et lui accorder gratis un logement au château comme récompense due à ses soins désintéressés envers les vétérans et soldats de tout corps.
Le citoyen Oflyn observe qu’il est père de famille, que sa fortune est sur le grand livre et qu’il est réduit à n’avoir pas le nécessaire.
Il vous prie, citoyens administrateurs, de prendre ses demandes en considération. Sa gratitude aura pour mesure votre bienveillance, dont il désire d’être honoré.
Oflyn
Il est notoire dans la commune de Saint Germain que le citoyen Oflyn exerce la médecine avec autant de succès que de désintéressement et il est à la connaissance du receveur de la ci devant Liste civile que ce médecin, estimable sous tant de rapports, traite gratis les militaires malades.
Assez générallement, les corps militaires ont un officier de santé et il n’en existe pas à qui cet officier soit plus nécessaire qu’à de vieux gardes, ou usés par l’âge, ou languissant sous le poids des infirmités.
Le château de Saint Germain (asile de ces vieux gardes) est un vaste bâtiment isolé, une espèce de forts entourée de fossés. Il est nécessaire qu’un officier de santé y réside. Autrement, les vétérans seraient exposés ou à manquer de secours dans les cas pressants, ou à n’en obtenir que de tardifs sont l’inutilité suit assez souvent.
Dans ces circonstances, le soussigné estime qu’il y a lieu à accorder au citoyen Oflyn un logement dans le château de Saint Germain.
Au dit Saint Germain, le sept fructidor an 6 de la République française
Crommelin
Nous membres du conseil d’administration de la 256e compagnie de vétérans nationaux en garnison au vieux château, certiffions que le citoyen Oflyn, officier de santé, n’a cessé jusqu’à ce jour d’offrir ses peines et soins à nos braves militaires et que la manière désintéressée avec laquelle il s’est toujours comporté avec eux mérite notre estime particulière, en foi de quoi nous prions les membres du département de Seine et Oise d’accueillir avec leur justice ordinaire la demande du pétitionnaire.
A Saint Germain en Laye, le neuf fructidor an six de la République Française
Maunard, Danney, Roy, sergent major, Lambert
Beault, Picault de la Ferrandiere, capitaine commandant
Piou, secrétaire
Nous membres du conseil d’administration de la 106e compagnie de vétérans nationaux en garnison au ci devant manège certiffions que le citoyen Oflyn, officier de santé, a toujours donné ses conseils et les soins à nos braves camarades avec le désintéressement digne d’un républiquain bien intentionné, en foi de quoi nous nous joignons aux instances des membres du conseil d’administration de la 256e compagnie pour que les autorités départementales fassent droit à la demande du pétitionnaire.
A Saint Germain en Laie, le neuf fructidor an six de la République française
Lamiral, sergent
Journé, Jaillier, cpl., Imbert, capitaine en 2e
Eustache, 1er lieutenant, Daire, capitaine
Moi commandant de place soussigné certiffie l’exposée des membres des conseils d’administrations des 106ème et 256ème compagnie de vétérans nationaux et me joint à eux pour que les citoyens membres du département de Seine et Oise adhérent avec bonté et justice à la demande du citoyen Oflyn, officier de santé.
A Saint Germain en Laie, le neuf fructidor an six de la République française, une et invisible
Picault de la Ferrandiere, commandant de place
Moi commissaire des Guerres soussigné, chargé de la police des troupes stationnées en la place de Saint Germain en Laye et du cazernement militaire, certifie l’énoncé des conseils d’administration et commandant de place et me joint à eux pour que les citoyens membres du département de Seine et Oise accueillent avec bonté la demande du pétitionnaire.
Saint Germain en Laye, le neuf fructidor sixième année républicaine
Sabatier »

Lettre concernant l’installation demandée d’un réservoir au château de Saint-Germain-en-Laye

« 7e division
Bureau du Génie, contentieux
République française
Liberté, égalité
Paris, le 16 fructidor an 5e de la République française, une et indivisible
Le ministre de la Guerre aux administrateurs municipaux du canton à Saint Germain en Laye
D’après les renseignemens, Citoyens, qui viennent de m’être adressés par les administrateurs du département de Seine et Oise sur la demande que vous avés faite à mon prédécesseur le 29 messidor dernier d’être autorisés à établir une bâche au château vieux afin de suppléer à l’insuffisance de l’eau dans les tems de sécheresse, je vous annonce que je ne puis consentir à la formation de cet établissement, parce qu’au lieu d’être utile, on y apperçoit au contraire un sujet de dépense qu’on doit d’autant plus épargner que cette bâche ne peut rien ajouter à la valeur du bâtiment auquel vous projettez de l’appliquer. D’ailleurs, ces sortes de propriété sont trop à la charge de la République par tous les frais d’entretien qu’elles occasionnent pour qu’il ne soit pas très essentiel d’y apporter la plus sévère économie.
Je pense, Citoyens, que ces réflexions vous feront comme à moi considérer l’établissement dont il s’agit comme absolument inutile.
Salut etc. »

Lettre concernant une demande de restitution d’un logement au château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence le comte Ferrand, ministre d’Etat
Monseigneur,
Marie de Berenger, duchesse douairière de Melfort, de retour d’Ecosse, demeurant présentement à Dunkerque, a l’honneur de vous représenter que Louis XIV conférât en l’année 1688 à Jacques second, roi d’Angleterre, la propriété du château de Saint-Germain-en-Laye que ce prince infortuné donnât au lord Melfort, chef de la famille de ce nom et son premier ministre, un logement au premier dans ce château, que depuis ce monarque hospitalier il a toujours été habité par la famille Melfort, de père en fils, qu’en 1806, obligée par des affaires de famille de se rendre en Angleterre, elle laissat ce logement avec une partie de son mobilier, qu’elle en a été privée par le gouvernement précédent qui y avoit établi une école militaire sans accorder aucune indemnité, que couverte de malheurs dans le cours de la Révolution de France, elle est dénuée de tout et qu’âgée de 86 ans, elle n’a d’autres ressources que dans ce logement qu’elle a occupé pendant 52 ans et où son mari et son beau-frère le comte Louis Drumont de Melfort, lieutenant général et grand-croix, sont nés, en 1708 et 1709.
Elle vous supplie, Monseigneur, attendu que le château de Saint-Germain-en-Laye esy demeuré non vendu, attendu que la suspension de cette école militaire par l’ordonnance roiale du 26 juillet dernier, lui accorder la restitution de son logement pour la famille de Melfort dont elle jouira pendant ses derniers jours comme douarière de M. le duc de Melfort, en faisant des vœux pour son auguste monarque Louis XVIII, le consolateur de l’infortune.
Elle est avec un profond respect, Monseigneur, votre très humble servante.
Dunkerque, ce 10 août 1814
Marie Bérenger, duchesse de Melfort »

Procès-verbal de remise des Grandes Écuries de Saint-Germain-en-Laye au ministère de la Guerre

« Génie militaire
Direction de Paris
Département de Seine-et-Oise
Place de Saint-Germain
L’an mil huit cent onze, le vingt-trois septembre, dix heures du matin, nous soussignés d’une part Alexandre Menard, administrateur comptable de l’école spéciale militaire de cavalerie chargé par M. le général de division Clément, baron de la Roncière, commandant en chef la dite école, de remettre au ministère de la Guerre par l’entremise de l’arme du Génie, au nom du conseil d’administration, le bâtiment dit les grandes écuries de Saint-Germain que l’école occupait provisoirement et qu’elle vient d’évacuer comme n’en ayant plus besoin,
Et d’autre part Etienne Louis Blanchard-Berry, garde au corps impérial du Génie, en chef dans la place de Saint-Germain, chargé, en exécution de la lettre écrite le treize de ce mois par monsieur le capitaine au corps impérial, chef du Génie dans le département de Seine-et-Oise, de recevoir le bâtiment dit les grandes écuries, la dite lettre ainsi conçue : Je vous donner avis, Monsieur, qu’ensuite d’une lettre de monsieur le colonel chef de la 7e division au ministère de la Guerre en date du 7 de ce mois et dont je donne connaissance à monsieur le général Clément, l’intention de Son Excellence le ministre de la Guerre est que le bâtiment dit les grandes écuries à Saint-Germain et que l’école a évacué soit provisoirement conservé au département de la Guerre. Vous voudrez bien, en conséquence, concourir à la remise de ce bâtiment que l’école militaire fera entre vos mains d’après la demande que j’en adresser à M. le général Clément, dresser à cet effet un procès-verbal dans la forme ordinaire dont vous m’enverrez trois expéditions et enfin étendre votre surveillance sur le bâtiment dit les grandes écuries qui à l’avenir et jusqu’à nouvel ordre devra être compris sur les états du casernement de Seine-et-Oise.
Nous sommes transportés aux dites grandes écuries à l’effet de visiter les bâtimens et de nous assurer que les localités n’ont pas été endommagées depuis la cession qui en avait été faite à l’école. Après examen fait, avons reconnu que les réparations à faire ne consistent qu’en entretien et qu’aucune chose n’a été dégradée. En conséquence, nous administrateur comptable avons fait la remise des bâtimens et dépendances des dites grandes écuries entre les mains du dit sieur Blanchard-Berry pour le compte du ministère de la Guerre et nous garde du Génie ci-dessus dénommé avons reçu les dits bâtimens conformément aux intentions de Son Excellence le ministre de la Guerre.
En foi de quoi nous avons fait, rédigé et clos le présent procès-verbal.
A Saint-Germain, les jour, mois et an susdits.
Menard, Blanchard-Berry »

Lettre concernant l’affectation des Grandes Écuries à Saint-Germain-en-Laye

« Matériel du Génie
Paris, le 7 septembre 1811
Le colonel etc. à M. le directeur du casernement de l’Intérieur, à Paris
Monsieur,
Le ministre a reçu votre lettre du 2 de ce mois par laquelle vous informez Son Excellence que le bâtiment dit les grandes écuries à Saint-Germain vient d’être évacué par les chevaux de l’école militaire de cavalerie, en observant qu’au moyen d’une dépense d’environ 40000 f. on formerait dans ce bâtiment qui devient disponible un logement propre à contenir 300 hommes. Son Excellence me charge de vous faire connaître que ce bâtiment doit être provisoirement conservé au département de la Guerre, en se bornant à y faire les dépenses d’entretien jugées absolument indispensables et qu’on verra ultérieurement, d’après la situation des fonds, à y former un logement pour 300 hommes, ce qui serait en effet très utile au casernement des environs de Paris. »

Lettre concernant l’affectation des Grandes Écuries à Saint-Germain-en-Laye

« Génie
Direction de Paris
Paris, le 2 septembre 1811
A Son Excellence le ministre de la Guerre
Monseigneur,
J’ai l’honneur de rendre compte à Votre Excellence que les écuries précédemment occuppées par les chevaux de l’école de Saint-Germain viennent d’être évacuées et qu’ainsi le bâtiment dit les grandes écuries devient disponible. Il peut contenir environ deux cent chevaux et quelques hommes seulement, mais au moyen d’une dépense de quarante mille francs par apperçu, on y formerait un logement de 500 hommes. Il devient nécessaire que Votre Excellence veuille bien prononcer si ce bâtiment, dont M. le général commandant l’école a offert lui-même de faire la remise, restera dans les attributions de son ministère ou si on le remettre à la Liste civile. La pénurie où l’on se trouve de bâtimens militaires pourrait peut-être rendre celui-ci fort utile au cazernement.
Je prie Votre Excellence d’agréer l’hommage de mon profond respect.
Pour le directeur des Fortifications
Le major du Génie, sous-directeur
Maler »

Lettre concernant le règlement pour la conservation du château de Saint-Germain-en-Laye

« Bureau du matériel du Génie
Paris, le 24 décembre 1810
Le colonel etc. à M. le directeur du casernement de l’intérieur, à Sare
Monsieur le ministre a reçu, avec votre lettre du 21 de ce mois, le projet d’instruction relatif aux fonctions du conservateur des bâtimens des écoles de cavalerie et des trompettes à Saint-Germain.
Les mesures de police et d’administration établies par cette instruction étant conformes aux dispositions des réglemens et ordonnances, leur application est entièrement du ressort de MM. les directeurs du Génie, et vous êtes autorisé à la prescrire dans toutes les circonstances où le bien du service vous paraîtra l’exiger. »

Lettre concernant le règlement pour la conservation du château de Saint-Germain-en-Laye

« Génie
Direction de Paris
Paris, le 21 décembre 1810
A Son Excellence le ministre de la Guerre
Monseigneur,
M. le chef du Génie dans le département de Seine-et-Oise a pensé qu’il était nécessaire de fixer, par une instruction détaillée, les devoirs et les fonctions du conservateur des bâtimens de l’école de cavalerie et de l’école des trompettes de Saint-Germain, que Votre Excellence a créé par décision du 21 septembre dernier. Il a en conséquence rédigé un projet d’instruction qu’il vient de m’adresser. D’après l’examen que j’en ai fait, il m’a paru renfermer tout ce qui est nécessaire pour assurer la conservation des bâtimens des deux écoles et n’être que le développement et l’application aux localités des mesures prescrites par les divers réglemens sur la police et la conservation des bâtimens militaires.
L’autre objet des fonctions de conservateur, relatif au mobilier des deux écoles, étant plus particulièrement du ressort des commandants des écoles, M. le chef du Génie n’a pas cru devoir le comprendre dans son projet d’instruction.
Je vous prie, Monseigneur, de vouloir bien faire examiner le projet que j’ai l’honneur adresser à Votre Excellence et l’approuver si vous le trouvez convenablement rédigé, ou m’indiquer les changemens que vous jugerez à propos d’y faire faire.
Je suis avec respect, Monseigneur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Le colonel directeur des Fortifications
J. P. de Monfort »

Lettre concernant l’installation demandée d’un réservoir au château de Saint-Germain-en-Laye

« Département de Seine et Oise
Liberté, égalité
Versailles, le 25 thermidor an cinquième de la République française, une et indivisible
Le président du département de Seine et Oise au ministre de la Guerre
Citoyen ministre,
L’administration municipale de Saint Germain en Laie a eu l’honneur de vous informer de la nécessité d’établir une bâche au château vieux, qu’elle regarde comme très nécessaire dans les tems où la rareté de l’eau se fait sentir. Par la lettre que vous avez écrite au département le 28 messidor dernier, vous l’invitez à prendre cette demande en considération.
L’administration, citoyen ministre, ne voit point dans cette proposition une utilité aussi indispensable qu’on vous la représente. Telle a été aussi l’opinion du directeur de la régie de l’Enregistrement, consulté à cet égard. Elle y apperçoit au contraire un sujet de dépense qu’on doit d’autant plus chercher à épargner qu’elle n’ajoute rien à la valeur du bâtiment auquel on l’applique. Ces sortes de possessions sont trop à la charge de la République par tous les frais d’entretien qu’elles occasionnent pour qu’il ne soit pas très essentiel d’y apporter la plus sévère œconomie.
Cependant, citoyen ministre, si vous jugez que le service des troupes stationnées dans cette commune exige absolument ce nouvel établissement, cette nécessité bien reconnue l’emporte sans doute sur toute autre considération. Alors, les objets regardant le service de la Guerre, votre département doit en supporter la dépense. Dans le cas où vous déterminerez en faveur de l’établissement, l’administration vous prie de vouloir bien le lui faire connaître afin qu’elle puisse prévenir la municipalité de faire délivrer au conducteur des travaux militaires qui sera chargé de cette opération les plombs et fers qui lui seront nécessaires. Il en donnera un reçu en forme et il sera fait une estimation tant du poids des matières que de leur prix, afin de pouvoir en répéter le remboursement sur les fonds de votre exercice.
L’administration, citoyen ministre, attend votre décision pour s’y conformer.
Salut et respect
Bessiere, v. p. »

Projet de règlement pour la conservation du château de Saint-Germain-en-Laye

« Génie
Direction de Paris
Ecoles impériale militaire spéciale de cavalerie et des trompettes de Saint-Germain
Projet d’une instruction particulière pour le conservateur des bâtimens des écoles impériale militaire spéciale de cavalerie et des trompettes de Saint-Germain
1° Le but que l’on s’est proposé en nommant un conservateur pour ces deux établissemens étant la conservation et l’entretien de leurs bâtimens et du mobilier qu’ils renferment, le service du conservateur se compose de deux parties distinctes, qu’il est essentiel de définir afin d’établir d’une manière claire et précise les différentes relations avec les officiers du Génie et les commandans respectifs des deux écoles.
2° La première renferme toutes les fonctions confiées aux gardes du Génie et dont le détail se trouve dans les divers réglemens et arrêtés concernant la conservation, garde et entretien des établissemens militaires, qu’elle que soit leur nature. Il correspondra pour cette partie immédiatement et directement avec le chef du Génie et se conformera à toutes les loix, décrets, arrêtés, réglemens, instructions et circulaires ministérielles actuellement en vigueur, dont il trouvera la réunion dans l’ouvrage rédigé par M. Moussier, qu’il aura soin de se procurer pour son usage journalier.
3° La deuxième partie de son service, ou mieux ses relations avec les commandans respectifs des écoles, a pour objet la conservation du mobilier appartenant à ces établissemens et la livraison et reprise des divers logemens ou emplacemens quelconques.
Il recevra pour ces divers objets les ordres de MM. les commandans, qui pourront à cet égard faire les instructions particulières qu’ils jugeront convenables.
N. B. Dans les articles suivants, nous ne donnerons que les articles additionnels que nous croyons que les localités et les circonstances exigent de joindre aux règlements généraux existans pour complétter la 1ère partie du service du conservateur.
4° Il sera donné au conservateur un état général et détaillé de tous les immeubles remis à sa surveillance. Ledit état sera dressé contradictoirement et reconnu par lui, visé par le commissaire des Guerres et le chef du Génie. Les choses ainsi constatées seront mises sous sa responsabilité. Il sera en conséquence tenu de ne délivrer des logemens ou locaux quelconques sans en avoir retiré des reçus pour sa décharger, et il observera pour la reprise des logemens vacans les formalités requises par les réglemens, et fera les poursuites nécessaires et indiquées dans le cas où ces logemens auraient été dégradés. A à l’égard des logemens ou autres emplacemens occupés jusqu’à ce jour sans reçus, il en retirera des parties occupantes à fur et mesure de la rédaction de l’état des lieux général et primitif.
5° Les choses ainsi constatées, il sera responsable des divers changemens qui pourraient par suite être faits dans les divers logemens occupés dont il n’aurait pas donné connaissance, de pareils changemens ne pouvant jamais s’effectuer sans des ordres supérieurs et sans une surveillance éclairée, pour prévenir les abus de toute espèce qui peuvent en résulter et dont le moindre est de diminuer la valeur de l’immeuble.
6° Toutes les fois que, d’après des ordres compétens, un changement quelconque aura été fait à un logement ou emplacement quelconque, il en sera dressé un état des lieux particulier avec les mêmes formalités que cy-dessus (4) et les clegs en seront remises au conservateur pour en faire ensuite l’emploi qui lui sera ordonné. Ces changemens seront rappelés en marge de l’état primitif avec renvoy du nouvel état particulier.
7° Le conservateur sera directement chargé de faire faire par lui-même toutes les réparations d’entretiens connues sous le nom de locatives.
Quant aux autres réparations, elles se feront suivant le mode usité jusqu’à ce jour pour les autres travaux de ce genre.
8° A cet effet, le conservateur aura deux registres d’attachemens. Sur le 1er seront inscrites les dépenses de ce genre, qui devront être à la charge des parties occupantes ou de ceux, quoiqu’étrangers, qui auraient commis des délits. Il s’en fera payer sur le champ, autant que possible, ou bien par les soins du quartier-maître, d’après les arrangemens qu’il prendra avec lui, mais dans tous les cas, conformément aux réglemens, toutes les dépenses de cette nature devront être arrêtées et acquittées au plus tard à la fin de chaque mois.
9° Sur le 2e registre seront inscrites les dépenses pour réparations de même nature mais provenant de cas fortuits, qui, ne pouvant être à la charge des parties occupantes, doivent être en conséquence acquittées sur les fonds que le ministre jugera à propos de désigner pour ce service. Ces dépenses devront être arrêtées au plutard à la fin de chaque mois et même mieux à la fin de chaque quinzaine et adressées au chef du Génie.
10° Les réparations de ce genre, principalement dans la partie occupée par MM. les élèves, seront faites dans le plus bref délai, de manière que ce qui aura été reconnu dans une visite d’inspection ne soit pas redemandé dans l’inspection de la semaine suivante.
11° A cet effet, l’entrepreneur aura toujours des ouvriers, dont la bonne conduite sera reconnue, pour faire ces divers genres d’ouvrages. Néantmoins, le conservateur en cette circonstance se concertera avec MM. les officiers de service pour que ces réparations n’ayent lieu qu’aux heures où les élèves seront occupés dans d’autres endroits, de manière à ne point se trouver avec les dits ouvriers.
S’il arrivait que ces derniers, en contravention aux réglemens de la maison, étaient reconnus avoir livré aux élèves, par fraude, des objets prohibés, sur la demande de l’officier de service, le conservateur en dresserait un procès-verbal, lequel serait envoyé au magistrat pour être statué contre le délinquant suivant l’exigence des cas.
12° Le conservateur aura un registre pour servir à l’inspection de tous les procès-verbaux qu’il sera dans le cas de faire pour constater les divers délits qu’il reconnaîtra dans l’exercice de ses fonctions, conformément aux réglemens.
13° Il aura également un autre registre pour insérer tous les rapports qu’il fera au chef du Génie et dans lequel seront également inscrites les observations journalières qu’il pourra faire soit pour réprimer des abus, améliorations dans le service et généralement toute sa correspondance à cet égard conformément aux réglemens.
14° Chaque fois qu’il se sera manifesté un orage, coup de vent, grêle etc., le conservateur reconnaitra les divers dégâts qui ont pu s’en suivre et il en fera son rapport au chef du Génie et, autant que possible, avec un apperçu de la dépense qui doit en résulter. Il visitera en conséquence en ces occasions avec soin les couvertures et combles des divers bâtimens confiés à ces soins ainsi que les croisées qui auraient été dans le cas de souffrir.
15° La vétusté de plusieurs planchers du château exigeant une surveillance particulière pour prévenir les accidens qui peuvent en résulter, il sera fait tous les quinze jours dans la partie occupée par les élèves une visite de rigueur pour constater l’état des dits planchers et de leurs poutres.
A cette visite, sera présent le chef du Génie s’il se trouve sur les lieux, et l’entrepreneur y sera appellé si on le juge nécessaire. Quel que soit le résultat de cette visite, le rapport en sera toujours fait au chef du Génie.
16° La conservation des chaineaux, balcons et terrasses, et la santé des élèves et habitans du château exigeant impérieusement qu’il n’y soit fait aucuns dépôts de matières corrosives et immondices de quelque nature que ce soit, le conservateur veillera avec le plus grand soin à ce qu’il ne soit jetté aucunes eaux et quoique soit par les fenêtres sur les terrasses et dans les fossés. Il dressera procès-verbal contre tous les habitans qui se permettraient extérieurement de jetter quelle chose que ce soit dans les fossés.
17° Il aura les mêmes soins pour qu’il ne soit rien dépose dans les chaineaux des combles qui doivent être interdits à toutes personnes autres que celles munies de permissions personnelles de M. le général commandant.
18° Au nombre des dépenses locatives d’entretiens, seront compris les ramonages de cheminées que le conservateur fera faire et dont il tiendra attachement.
Il aura lieu au moins deux fois l’an pour celles dans lesquelles on fait un feu habituel et un plus grand nombre de fois pour les cuisines, si cela est jugé convenable.
19° Les loix et réglemens en vigueur donnent assez en détail les autres parties du service du conservateur. Nous renvoyons pour le reste à leur pleine et entière exécution.
Versailles, le 17 décembre 1810
Le capitaine du Génie en chef
Derouet
Vu par le directeur des Fortifications
J. P. chevalier de Monfort »

Lettre concernant l’évacuation et les travaux à faire au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau du matériel du Génie
Minute de la lettre écrite par le ministre à Son Excellence le ministre directeur de l’administration de la Guerre le 7 avril 1809
Monsieur le Comte,
D’après le décret impérial du 8 mars dernier qui affecte le vieux château de Saint-Germain à l’établissement de l’école militaire spéciale de cavalerie, il devient indispensable d’y mettre dès à présent un grand nombre d’ouvriers afin que les réparations et arrangemens nécessaires soient achevés au 1er juin prochain, conformément à l’article 6 de ce décret.
Je prie donc Votre Excellence de vouloir bien donner des ordres pour faire transférer ailleurs les lits et autres effets de casernement qui se trouvent dans ce château aussitôt qu’il aura été évacué par la troupe qui l’occupe actuellement. »

Lettre concernant l’évacuation et les travaux à faire au château de Saint-Germain-en-Laye

« Génie
Matériel
Direction de Paris
Paris, le 5 avril 1809
M. Decaux, chef de la division du Génie au ministère de la Guerre
Monsieur,
M. le sous-directeur Mulas a écrit le 29 du mois dernier (n° 247) au ministre de la Guerre pour prier Son Excellence de donner des ordres pour faire évacuer le château de Saint-Germain par les troupes et par le magasin des lits militaires qui en occuppent une grande partie, cette prompte évacuation étant indispensable pour qu’on puisse développer dans ce bâtiment un grand nombre d’ouvriers aussitôt que le ministre aura prononcé sur les projets qui lui ont été soumis pour l’établissement de l’école spéciale de cavalerie. Je vous prie de mettre le plutôt possible cet objet sous les yeux de Son Excellence. Les troupes qui occupent le château sont les dépôts des 15e et 9é régimens de dragons. Les casernes de Versailles peuvent actuellement les contenir. Quant à l’administration des lits militaires, elle doit avoir des locaux pour placer les effets qu’on lui fera retirer du château de Saint-Germain.
J’ai l’honneur de vous saluer avec considération.
Le directeur des fortifications
J. P. Monfort »

Lettre concernant l’installation demandée d’un réservoir au château de Saint-Germain-en-Laye

« Département de Seine et Oise
Administration municipale de Saint Germain en Laye
Liberté, égalité
Saint Germain en Laye, ce 29 messidor l’an 5 de la République française
Les membres de l’administration municipale de Saint Germain en Laye au citoyen minisrre de la Guerre
Citoyen ministre,
La rareté de l’eau qui, depuis quelques tems se fait sentir à Saint Germain à raison de la sécheresse et du mauvais état des acqueducs publics, met l’administration dans l’impossibilité de procurer aux établissements militaires stationnés dans cette commune toute la quantité d’eau qui leur est nécessaire. Nous éprouvons surtout beaucoup de difficultés pour en faire arriver au vieux château, où le quartier est établi, et nous ne voyons d’autre moyen de suppléer à notre insuffisance que celui d’établir une bâche dans ce même château, à portée de la fontaine. Par ce moyen, on économiserait l’eau qui se perd quand on ne la recueille pas, et le service se ferait beaucoup mieux avec un petit volume susceptible d’être conservé qu’avec une plus grande quantité qui se perd à mesure qu’elle arrive. Mais, nous le répétons, citoyen ministre, il faut pour cet effet établir une bâche provisoire dans le vieux château. Nous demandons au département de nous autoriser à la faire construire, ce qui serait d’autant plus facile qu’il existe pour l’établir suffisamment de plomb dans les magasins nationaux sur cette commune. Il ne s’agit que de nous autoriser à les mettre en œuvre. Nous vous invitons, citoyen ministre, attendu l’urgence, et pour l’intérêt du service militaire, d’appuyer auprès du département la proposition que nous ferons à cet égard.
Salut et respect
Ferant, Guy, v. pdt.
J. Proton, Saintonge, s. »

Rapport sur les travaux à faire au château de Saint-Germain-en-Laye

« Bureau du Matériel du Génie
Direction de Paris
Rapport fait au ministre le 6 fructidor an 10
Saint Germain en Laye
Dépense à faire pour la réparation du vieux château
On propose au ministre d’approuver cette dépense et d’accorder, pour y subvenir, une somme de sept mille francs.
Cette proposition est motivée 1° sur ce que les ouvrages détailles dans l’état ci-joint, consistant en réparations aux couvertures et fermetures du château, ont été reconnues indispensables pour sa conservation, vu que son entretien a été négligé depuis très longtemps et sur ce que, d’ailleurs, Saint Germain est un des cantonnemens ordinaires des troupes autour de Paris, 2° sur l’avis, ci-joint, du comité central du Génie, qui, vu l’extrême urgence des réparations projettées, a voté, pour leur exécution, la somme de 7000 f. ci-dessus énoncée.
Le directeur chargé du matériel du Génie
Senermont
Vu, pour le 1er inspecteur général du Génie,
L’inspecteur général
Dembarrere
Approuvé »

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