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France
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Lettre demandant pour l’église paroissiale des objets provenant de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Paroisse de Saint-Germain-en-Laye
Saint-Germain-en-Laye, le 18 septembre 1864
A Son Excellence le maréchal, ministre de la Maison de l’Empereur
Monsieur le Maréchal,
J’ai eu l’honneur d’adresser l’année dernière à Sa Majesté l’Empereur une demande tendant à obtenir pour l’église de Saint-Germain-en-Laye quelques objets provenant de la chapelle du château.
Cette chapelle, qui a subi dans la suite des siècles des transformations peu en rapport avec son origine, doit être restaurée dans le style en usage au 13e siècle et les différents objets que je demande à la munificence de l’Empereur de vouloir bien nous accorder ne pourront entrer dans le plan de la restauration projetée. C’est après avoir acquis cette conviction et après en avoir causé avec monsieur l’architecte du château que j’ai adressé ma demande.
Les objets que j’ai eu l’honneur de demander consistent en une balustrade de fer pouvant servir d’appui de communion, quelques boiseries de chœur, un dallage en pierres taillées noir et blanc et en une garniture d’autel composée de six chandeliers en cuivre et d’un crucifix, le tout de style moderne. Avec ces différents matériaux qui ont été placés de côté par les soins de monsieur l’architecte jusqu’au jour où ils pourront être accordés définitivement à la fabrique de l’église, il sera possible à cette fabrique de restaurer à peu de frais la chapelle basse de notre église qui est en très mauvais état et qui néanmoins nous est indispensable pour les besoins du culte.
Je viens donc, Monsieur le Ministre, renouveler ma demande, la recommander à votre bienveillante sollicitude et vous prier de donner des ordres pour que ces différents objets soient mis à la disposition de la fabrique de l’église.
Veuillez agréer l’assurance des sentimens respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Chauvel
v. g., curé de Saint-Germain »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre demandant un budget supplémentaire pour les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Château et parterres et terrasses de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
République française
Saint-Germain-en-Laye, le 8 avril 1897
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous informer que M. le conservateur du musée de Saint-Germain demande instamment qu’on exécute à la « Villa Saint-Germain » divers travaux pour permettre l’installation de ses ateliers dans cette propriété de l’Etat. L’exécution de ces travaux serait en même temps un acheminement vers la démolition du dernier des cinq pavillons du château bâtis sous Louis XIV, pavillons dont la suppression est prévue dans le projet d’ensemble de la restauration du château dressé par feu Millet.
A propos de cette demande de M. le conservateur du musée, je suis amené à vous rappeler que, dans une lettre en date du 28 avril 1890, je vous ai donné le détail de la totalité des travaux qui restent à faire à la « Villa Saint-Germain » ainsi que l’évaluation de la dépense qu’ils occasionneront. Elle s’élève suivant devis établis à cette époque à la somme de 18336 francs.
Les travaux, dont l’exécution immédiate est réclamée par le service du Musée, sont : les canalisations souterrains pour conduire aux égouts de la ville, les eaux pluviales et ménagères, l’installation de l’eau pour les besoins des ateliers, la construction d’une fosse avec installation de cabinets d’aisances, les règlements de terrain, macadamisages et pavages du sol. L’évaluation de la dépense qu’occasionnerait l’exécution de ces derniers travaux, extraite du devis dressé en 1890, s’établit ainsi qu’il suit :
Terrasse, canalisations, pavage : 4580 f. 35
Maçonnerie : 645 f. 44
Plomberie : 1142 f. 15
Menuiserie : 60 f. 00
Serrurerie : 202 f. 90
Peinture : 81 f. 13
Ensemble : 6711 f. 97
Imprévu : 671 f. 20
Ensemble à reporter : 7383 f. 17
Honoraires de l’architecte et du vérificateur calculés à raison de 5 % : 469 f. 16
Total : 7852 f. 33
Soit une somme nette de 8000 francs.
Je vous demande de vouloir bien mettre cette somme cette année à ma disposition et m’allouer l’année prochaine un crédit complémentaire de 10336 f. On aurai ainsi terminé une opération entreprise il y a déjà fort longtemps, interrompue depuis environ quinze ans, et dont on pourrait enfin retirer un avantage.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre dévoué serviteur.
Daumet »

Ministère de l'Instruction publique

Lettre demandant un budget supplémentaire pour les travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Château et parterres et terrasses de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
République française
Saint-Germain-en-Laye, le 21 mai 1898
Monsieur le Ministre,
A la date du 8 avril 1897, j’ai eu l’honneur d’appeler votre attention sur l’urgence qu’il y avait de terminer à la Villa Saint-Germain les travaux nécessaires au logement du personnel du musée et à l’installation de ses ateliers, la restauration du château de Saint-Germain ne pouvant être continuée qu’à cette condition ; j’ai établi un devis de la dépense à effectuer s’élevant à 18336 francs et vous avez bien voulu m’allouer sur le précédent exercice un premier crédit de 8000 francs.
Grâce à diverses simplifications qu’il m’a été possible de réaliser en cours d’exécution, j’ai pu effectuer des économies sur les prévisions de mon devis puisqu’une somme de huit mille francs serait aujourd’hui suffisante pour le complet achèvement de la mise en état du terrain et des bâtiments de la Villa destinés aux ateliers et au logement du personnel, l’habitation du conservateur du musée excepté.
Or l’état d’avancement des travaux de restauration du château est parvenu à un point tel qu’il est de la plus indispensable nécessité que le service des Travaux prenne possession sans délai de la totalité du bâtiment ouest dont le rez-de-chaussée est occupé par les bureaux et ce qui reste des ateliers du musée, et dont le premier étage contient des collections, et qu’il prenne possession aussi du pavillon sud-ouest où est logé le personnel du musée.
Au moyen de l’allocation du crédit de 8000 francs que je vous demande de mettre à ma disposition, on pourvoirait au transfert complet des ateliers et bureaux du musée à la Villa Saint-Germain, ainsi qu’au logement du personnel de ce service, à l’exception de celui du conservateur du musée.
En ce qui concerne le déplacement des collections qui se trouvent au premier étage du bâtiment ouest, il serait très facile et peu couteux de les installer provisoirement dans des pièces non encore occupées par le musée, dans les bâtiments est et sud.
Quant à la question du logement du conservateur du musée à la Villa Saint-Germain, dont le principe est, je le crois, admis par votre administration, on la résoudrait en exécutant l’avant-projet que j’ai établi à cet effet, après la production d’un projet et d’un devis à présenter à l’examen du conseil des Bâtiments civils, si vous le jugiez utile. La réalisation de ce projet occasionnerait une dépense d’environ 70000 francs, qui pourrait être répartie sur deux exercices.
Je vous demande donc, pour pouvoir poursuivre les travaux de restauration du château, de vouloir bien mettre à ma disposition :
1° pour l’achèvement des travaux à faire à la villa Saint-Germain, un crédit de : 8000 f.
2° de décider qu’une première allocation de : 20000 f.
serait mise à ma disposition sur l’exercice 1898 pour la construction d’un bâtiment destiné au logement du conservateur.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre dévoué serviteur.
Daumet »

Ministère de l'Instruction publique

Lettre donnant l’autorisation à la municipalité de Saint-Germain-en-Laye de faire éclairer les parterres du château

« Ministère des Travaux publics
Direction des Bâtiments civils et des Palais nationaux
Paris, le 10 juin 1880
Monsieur le Maire de Saint-Germain-en-Laye
Monsieur le Maire,
Par une lettre du 11 mai dernier, en m’informant que le conseil municipal de Saint-Germain-en-Laye a émis le vœu que la terrasse et l’entrée du parterre fussent éclairées au gaz et qu’il a voté les fonds nécessaires à l’établissement de cet éclairage, vous m’avez demandé d’autoriser la Ville à faire poser à ses frais la conduite et les appareils dont l’entretien serait d’ailleurs entièrement à sa charge.
J’ai l’honneur de vous annoncer que, après avoir fait examiner cette affaire par l’architecte du château de Saint-Germain, qui s’est concerté à ce sujet avec l’architecte de la Ville, je consens, en ce qui concerne mon département, à ce que votre demande reçoive une suite favorable, mais sous les conditions suivantes :
1° les becs de gaz seront placés conformément aux indications du plan qui a été approuvé par l’architecte de la Ville, savoir : deux en avant des jardins, trois devant les fossés du château, quatre le long de l’avenue Henri II et cinq devant la petite terrasse ;
2° la conduite maîtresse sera établie sous le sol de la route à cinq mètres au moins de la ligne des arbres et les tuyaux d’alimentation des candélabres seront enveloppés depuis la conduite jusqu’aux pieds des candélabres dans des tuyaux en poterie bien luttés ;
3° le modèle des candélabres sera autant que possible choisi parmi ceux qui appartiennent à la ville de Paris et soumis à l’architecte du château ;
4° la Ville pourvoira à l’allumage des candélabres et les heures auxquels ils seront allumés seront fixés par ses agents de concert avec l’architecte du château, de façon à ce qu’elles coïncident avec celles de la fermeture des portes des parterres ;
5° l’entretien des candélabres et des conduites sera à la charge de la Ville, qui devra en outre supporter toutes les dépenses qu’occasionneront les travaux de déblai, d’installation des conduites et des candélabres, remettre en état les avenues ainsi que les trottoirs après les travaux et remplacer le sable qui aura été enlevé avec les terres qui proviendraient des déblais ;
6° les agents de la Ville devront se conformer, pendant l’exécution des travaux d’installation, aux observations qui leur seront faites par l’architecte du château, notamment en ce qui concerne les mesures à prendre pour protéger les arbres ;
7° enfin, l’autorisation concédée à la Ville sera révocable au gré de l’administration et sans indemnité.
Mais cette affaire intéressant également le service des Domaines, j’ai transmis votre demande à M. le ministre des Finances en le priant, pour le cas où il sera aussi d’avis qu’elle peut être accueillie, de donner des instructions afin qu’une convention soit passée avec la Ville pour réglementer la concession dont il s’agit.
Au surplus, le fonctionnaire des Domaines que mon collègue déléguera à cet effet se concertera tant avec vous qu’avec M. l’architecte du château.
Recevez, Monsieur le Maire, l’assurance de ma considération très distinguée.
P. le ministre des Travaux publics
Le sous-secrétaire d’Etat
Sadi Carnot »

Lettre donnant l’autorisation à la municipalité de Saint-Germain-en-Laye de faire éclairer les parterres du château

« Préfecture de Seine-et-Oise
3e division
2e bureau
République française
Versailles, le 8 juin 1887
Monsieur le maire de Saint-Germain
Monsieur le Maire,
J’ai l’honneur de vous informer que, sur ma proposition, M. le ministre des Beaux-Arts, par décision du 6 juin courant, a bien voulu autoriser la municipalité de Saint-Germain-en-Laye à faire exécuter les travaux nécessaires à l’éclairage par le gaz des emplacements du parterre où s’installent les marchands forains à l’occasion des fêtes de cette ville.
Cette autorisation est accordée aux conditions suivantes :
1° Les tranchées seront faites de manière à ne pas gêner la circulation et à cet effet des repos seront laissés, de distance en distance, pour le passage des promeneurs.
Pendant la durée des travaux, les chantiers seront éclairés la nuit.
2° Les précautions nécessaires devront être prises pour ne pas endommager les conduites d’eau ; les entrepreneurs trouveront d’ailleurs tous les renseignements dont ils pourraient avoir besoin au bureau de l’agence du Palais.
3° Il est entendu que les lieux seront remis après ces travaux dans leur état primitif par la ville et à ses frais.
Agréez, Monsieur le Maire, l’assurance de ma considération très distinguée.
Pour le préfet,
Le secrétaire général
Hermery »

Lettre du connétable de Montmorency concernant l’assainissement du château de Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur de Humyeres,
J’ay receu vostre lettre et ay presenté celle que vous escripviez au Roy par Boistobin, present porteur, qui a esté tres aise d’entendre de la bonne santé de monseigneur et de madame ses enfans, si a esté pareillement la Royne, lesquelz m’ont commandé de vous escripre que incontinant la presente receue, vous menez mond. seigneur et madame a Villiers le Bel, en attendant que le logis de Sainct Germain soit bien purgé et asseuré, et si tost qu’il sera a Fontainebleau, il vous envoyera l’autre petite dame, comme vous dira ced. porteur plus au long. Priant Dieu qu’il vous donne, monsieur de Humyeres, ce que plus desirez. De Villeneuf la Compte, ce XVI jour de mars au soir.
Je l’ay faict parler au Roy et a la Royne, qui luy ont dit ce qu’ilz veullent que vous faciez, qui sera cause que vous n’aurez poinct d’autre lettre d’eulx que la presente, vous priant de nous faire scavoir souvant de voz nouvelles.
Vostre antyeremant bon cousin
Monmorency
[f. 141v] A monsieur de Humyeres, chevalier de l’ordre du Roy et gouverneur de monseigneur le Daulphin »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant des travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 29 mars 1669
[…]
[p. 300] La Cour n’ira pas si tôt à Saint Germain : on attend l’accouchement de quelques dames. Cependant, on y a fait bâtir et fait faire des degrés dérobés pour que les communications soient plus faciles et moins gênées. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant le départ du roi de Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 27 avril 1672
Je viens d’arriver de Saint Germain. Comme le Roi avait résolu de partir seulement demain, j’y avais conduit M. le comte Cagnol pour faire un peu de cour et nous attentions dans la cour du vieux château l’heure que Sa Majesté dut aller à la messe pour nous faire voir à Elle. Tout d’un coup, on a dit qu’Elle allait partir, sans que personne l’eût pénétré, car Elle n’en avait rien dit à son lever. Elle est soudain descendue à la chapelle pour entendre la messe, puis est montée seule dans une calèche à six chevaux, M. de Duras une autre, accompagnée de dix à douze gardes, et est partie à onze heures pour aller coucher [p. 279] à Nanteuil chez M. le duc d’Estrées et ira demain à Villers Cotterets, où Monsieur et tout ce qui ira joindre le Roi se rendra. Il n’a dit adieu qu’à la Reine et à monsieur le Dauphin ; ceux qui étaient les plus proches de lui lui ont fait la révérence, mais fort à la hâte. Jamais il n’y a eu de pareille surprise à la Cour ; personne n’en a jamais pu pénétrer la véritable cause. On disait bien que ç’a été pour éviter les tendresses qu’il aurait pu avoir en l’adieu des dames. Je ne le crois pas ; en tout cas, si Votre Altesse royale se le persuade, il sera bien de n’en pas parler. Madame de Montespan était sortie de bon matin de Saint Germain, je l’ai rencontrée dans la garenne dans une calèche à six chevaux. Je ne l’ai pas vue, car les rideaux étaient tirés, mais je me suis figuré que c’était elle, à voir derrière son carrosse les gardes qui ont accoutumé de la suivre, et quand j’ai été à Saint Germain, j’ai su que c’était bien elle, et qu’assurément elle était venue en cette ville, bien que je me figurasse qu’elle allait attendre le Roi à Nanteuil. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant le fort Saint-Sébastien près de Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 5 juillet 1669
Mercredi, j’allai au lever du Roi. Messieurs de Turenne, le maréchal du Plessis et le Grand Prieur [p. 319] me dirent que le lendemain il y avait revue générale des troupes de la Maison du Roi, que je ferais plaisir à Sa Majesté d’y aller et d’y mener avec moi M. le marquis de Saint Damien. Comme nous nous préparions hier matin pour y aller, je reçus un billet du maréchal de Bellefonds, qui m’écrivait la même chose, que le Roi dînerait au fort et que si nous nous y trouvions à bonne heure, que nous mangerions avec Sa Majesté. Nous passâmes à Saint Germain, fûmes au lever du Roi et puis nous acheminâmes au camp.
Le Roi, qui va avec sa diligence ordinaire, nous passa en chemin. Il était seul dans sa calèche et, nous rencontrant, nous salua fort civilement. Mettant pied à terre devant ses tentes, nous y trouvâmes le maréchal de Bellefonds. Je lui témoignai que Votre Altesse royale aurait reconnaissance de l’honneur qu’il procurait au marquis de Saint Damien. Il me fit connaître que c’était lui qui l’avait proposé à Sa Majesté, sur ce qu’Elle avait [p. 320] souhaité que l’ambassadeur d’Angleterre et mois dinassions là avec Elle. Quand j’entrai dans la tente où était le Roi, il m’aborda et me dit que nous y aurions chaud ; je lui répondis que l’on le considérait peu quand on avait l’honneur d’être auprès de lui, que je savais combien ses tentes étaient commodes et pompeuses depuis l’avantage que j’avais eu de le suivre en Flandre où, par ses fatigues et ses travaux, il nous avait fait voir qu’il ne fallait pas avoir égard au temps et à ses incommodités quand il s’agissait de la gloire. Il se mit à tire et me dit tout haut que, comme j’étais de ses amis, je le faisais plus brave qu’il n’était. Il me fit l’honneur de m’entretenir le long de tout son appartement de choses indifférentes du fort et que je savais comme il était fait, que j’y avais déjà été dîner avec M. de Chaulnes.
Monsieur arriva, et avec lui l’ambassadeur d’Angleterre. Il demanda d’abord sa viande. Quand on eut servi, je considérai que M. le duc de Guise [p. 321] se tenait fort proche de la personne du Roi. Je voulus observer le parti que prendrait l’ambassadeur d’Angleterre pour se placer, afin que j’en pusse faire de même. Le bon ambassadeur, qui veut disputer le pas à monsieur le Prince, laissa prendre la seconde place audit duc de Guise, qui était à la gauche du Roi, Monsieur à la droite, auprès duquel ledit ambassadeur se mit. Je jugeai qu’il ne me fallait pas mettre auprès de lui. Je me plaçai entre les ducs de Bouillon et de Luxembourg. Ils se retirèrent pour me faire place et M. de Bellefonds me dit de me mettre auprès de M. de Montaigu. Je n’y voulus pas aller et dis tout haut qu’il n’y avait pas de rang à la table de Sa Majesté et que l’on dînerait bien dans tous les endroits. Nous avions tous le chapeau sur la tête, sauf le Roi et Monsieur. Il but la santé du roi de la Grande Bretagne qu’il porta à M. de Montaigu, puis celle de Votre Altesse royale, qu’il me porta ; nous étions vingt à table, tous la burent chapeau bas.
Il monta à cheval une heure après midi et nous allâmes voir ses troupes, qui étaient en bataille sur une ligne. Il y avait plus de deux mille cinq [p. 322] cents chevaux et près de neuf mille hommes de pied en seize escadrons et quatorze bataillons ; l’artillerie était en tête de l’infanterie ; nous vîmes et revîmes les troupes par une chaleur et poussière des plus incommodes. Le Roi parla souvent à M. le marquis de Saint Damien, comme aussi Monsieur, messieurs de Turenne et de Louvois et tous les grands de la Cour.
Comme nous étions dans une halte en attendant la Reine, nous vîmes venir à nous un carrosse en diligence qui s’arrêta à trois cents pas, d’om sortit M. le marquis de Berny. Le Roi ne le reconnaissant pas et demandant qui c’était, je le lui dis. Il alla à lui tout seul au galop. Je m’entretenais pour lors avec l’ambassadeur d’Angleterre. Je lui dis à l’oreille : « Voilà des nouvelles de l’élection d’un roi en Pologne ». Monsieur m’ayant demandé ce que je disais, je lui en fis la répétition. Sa Majesté revint à nous avec un visage assez froid et qui marquait peu de satisfaction, et nous dit que les Polonais avaient élu un de leur pays pour roi, nommé Wisniowiecki et qu’ils l’avaient [p. 323] déjà couronnés. Chacun en raisonne à sa fantaisie avec assez de liberté. On m’en demanda mon sentiment ; je dis que j’aurais fort souhaité que les Polonais eussent choisi monsieur le Prince et que Sa Majesté l’eût nommé en tête de ses troupes ; que ces peuples là, quoiqu’ils eussent agi en cette rencontre contre leurs constitutions, que néanmoins ils avaient considéré de ne désobliger pas les prétendants étrangers et leurs partisans et qu’en cela ils avaient témoigné d’avoir de l’esprit aussi bien qu’à retarder l’élection, puisqu’ils avaient eu le temps de recevoir tout l’argent qu’on leur avait porté de tant d’endroits. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant le fort Saint-Sébastien près de Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 1er août 1670
[…]
[p. 471] Le Roi agit toujours à son ordinaire tant à l’égard des dames que de son camp ; il va tous les jours voir ses troupes, il les fait mettre en bataille, il les fait combattre, il les divise en deux corps d’armée dont il en commanda un et M. le maréchal de Créquy l’autre. Hier, le Roi fut attiré dans une embuscade et fait prisonnier par le marquis de Villeroy, puis regagné par son armée qui mit [p. 472] l’autre en déroute. Ce sont des jeux et des divertissements qui fatiguent à l’heure de midi et au gros de la chaleur, mais qui stylent à miracle les officiers et les soldats. Jamais il n’y a eu tant de régularité ni de discipline ni jamais armée n’a été si bien réglée que dans ce camp. Entr’autres, les soldats y observent le silence quatre heures tous les jours, les officiers de cavalerie n’y sont jamais sans bottes et toujours en collet de buffle et ceux d’infanterie continuellement en soliers. Votre Altesse royale fera plaisir au Roi et à M. de Louvois si Elle lui en parle avec admiration. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant le retour du roi à Saint-Germain-en-Laye

« De Suresnes, le 26 octobre 1668
Je reçus dimanche la lettre que Votre Altesse royale m’a fait l’honneur de m’écrire le douzième de ce mois, dans laquelle j’ai vu avec joie qu’elle goûtait les délices de la Vénerie royale en parfaite santé pendant ces beaux commencements d’automne. Le Roi arriva le même jour à Saint Germain de son voyage de Chambord, fort satisfait des beautés de ce lieu là, des chasses qu’il y a faites et encore plus, à son arrivée, de voir le Dauphin, qui a fait un notable changement pendant leur séparation. Il fut à la rencontre de Leurs Majestés à la dînée la plus proche de Saint Germain, il leur fit si bien sa cour et les entretint si galammant qu’elles en furent émerveillées, et lui demeura aussi très content des caresses que lui firent et le Roi et la reine. En sortant de carrosses, il appela M. de Montausier, [p. 238] lui dit avec sa gentillesse ordinaire qu’il était fort satisfait du Roi et qu’il l’avait traité fort honnêtement.
Le Roi, le soir avant son arrivée, coucha à Linas, où il fut surpris avec joie lorsque M. de Turenne lui déclara qu’il voulait faire abjuration de sa créance et se réduire dans le giron de l’Eglise romaine, ce qu’il exécuta mardi matin entre les mains de M. l’archevêque de Paris dans la chapelle de l’archevêché, puis alla se confesser, entendre messe et se communier à Notre Dame, et de là à Saint Germain, où le Roi l’embrassa et lui fit toutes les caresses possibles et où toute la Cour le complimenta. […]
[p. 240] Je fus mercredi à Saint Germain pour y faire ma cour au Roi, à son lever. Il y avait si grand monde que l’on ne pouvait se tourner dans sa chambre. J’eus grande peine à m’en approcher, tellement tout le monde s’empresse de se faire voir à lui. Ses courtisans, en pareille rencontre, ont peu de déférence pour les étrangers. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant sa réception à Saint-Germain-en-Laye

« De Paris, le 6 mai 1667
Monseigneur,
Hier, M. Giraud me vint avertir qu’il me viendrait prendre aujourd’hui dans les carrosses du Roi et de la Reine pour me mener à Saint Germain. Nous sommes partis ce matin à six heures ; tout ce qu’il y avait ici de personnes de qualité de Piémont et de Savoie ont pris la peine d’y venir et tous en habits neufs et très lestes.
Nous sommes arrivés à Saint Germain à neuf heures ; nous avons trouvé à la descente du carrosse M. de Bonneuil, introducteur, qui nous a conduits à la chambre où l’on attend l’heure du Roi ; à dix heures et demie, j’ai été conduit à l’audience et j’ai su par M. de Bonneuil que je pouvais parler d’affaires au Roi, parce qu’il veut se décharger d’embarras, croyant de partir bientôt.
[p. 19] J’ai été conduit dans la chambre du Roi dans la manière accoutumée. Je l’ai trouvé assis dans sa ruelle, le chapeau sur la tête, vêtu d’un justaucorps de velours noir, une demi veste de dorure, et une canne à la main. Il y avait dans le balustre le duc de Bouillon et le comte du Lude, et dehors, à l’entrée, M. de Lionne et M. de Charost, capitaine des gardes, et la chambre était si pleine que j’ai eu peine à passer. J’ai fait une profonde révérence au Roi, il a levé son chapeau, puis l’a remis ; je lui ai fait les compliments de Votre Altesse royale et lui ai remis sa lettre. Il me semble qu’il n’avait point sa fierté accoutumée, mais un visage fort doux ; il m’a dit : « Il y a longtemps que je suis persuadé de l’amitié de M. le duc de Savoie, je voudrais bien pouvoir lui témoigner celle que j’ai pour lui et la passion que j’ai pour son service », puis qu’il avait bien été fâché de la [p. 20] mort de feu M. le comte de La Trinité, mais qu’il avait bien de la joie de me voir. Je lui ai après fait les compliments de Madame Royale ; il y a répondu avec de grandes marques d’estime. Il m’a demandé l’état de santé de Votre Altesse royale et de monseigneur le prince. Après lui avoir répondu qu’elles étaient parfaites, je lui ai expliqué fort au long le sujet pour lequel Votre Altesse royale m’a envoyé à lui et lui ai fait une grande déduction des affaires de Genève ; je n’y ai pas oublié une circonstance et je lui ai dit à peu près les mêmes choses que je dis à M. de Lionne quand je le vis. Le Roi ne m’a [p. 21] jamais interrompu et m’a écouté attentivement plus d’un quart d’heure, puis m’a dit qu’il ferait sur ce sujet tout ce que vous désireriez de lui, mais qu’il lui semblait que vous souhaitiez un aimable. Je lui ai dit que Votre Altesse royale ferait tout ce qu’il vous conseillerait pourvu que votre réputation fût à couvert ; il m’a expliqué qu’il songerait aux moyens pour vous faire donner les satisfactions qui sont dues à Votre Altesse royale et que pour tout ce que j’aurais à lui expliquer de la part de Votre Altesse royale, que je n’avais qu’à parler à M. de Bonneuil pour l’avertir et qu’il m’écouterait toujours volontiers. Je me suis congédié de lui et, en quittant, il m’a chargé de bien assurer Madam Royale de son amitié et de son estime. Je lui ai présenté les gentilshommes qui étaient avec moi, puis je me suis retiré à la chambre où j’avais mis pied à terre. M. le marquis de Cœuvres m’y est [p. 22] venu entretenir, et après lui M. le marquis de Bellefonds. Ce sont deux des hommes les plus accrédités à la cour pour leur sagesse et pour la guerre et tous deux bons et véritables serviteurs de Votre Altesse royale.
Nous avons dîné à la table de M. de Bellefonds, puis j’ai été conduit à l’audience chez la Reine. Je lui ai fait les compliments de Votre Altesse royale, remis sa lettre et celle de Madame Royale. elle les a reçus avec joie, elle m’a témoigné grande estime pour Vos Altesses royales et passion de les servir, et, si je ne me trompe, elle a amitié pour vous deux ; c’est une princesse accueillante et qui est belle.
A cause du prompt voyage de la cour, M. Giraud m’a conseillé de présenter aujourd’hui le tambour, si bien qu’allant à l’audience chez monsieur le Dauphin, où j’y ai trouvé les gardes sous les armes et l’officier des gardes qui les commande à la porte, et lui assis et couvert, il a levé son chapeau. Je lui ai fait la révérence et compliment de la part de Votre Altesse royale ; il s’est puis levé, le chapeau à la main, et madame [p. 23] la maréchale de La Mothe a répondu comme en l’instruisant de ce qu’il devait dire. Je lui ai après présenté le tambour, il en a été ravi, il a fallu le lui pendre au col, lui expliquer tout ; il en est empressé tout à fait et le présent a été trouvé le plus beau, le plus galant, le mieux inventé et le plus riche qui se puisse voir ; chacun court chez monsieur le Dauphin pour le voir ; l’on admire aussi les vers. Monsieur le Dauphin est un beau prince, [p. 24] un esprit vif, parle bien, mais il est opiniâtre et ne craint que le Roi ; il porte les chausses et la perruque.
De là, j’ai été conduit chez la petite Madame ; elle est tout à fait belle et bien nourrie. J’ai adressé ma parole à madame la maréchale de La Mothe et, après les compliments, parlant de sa santé et de sa beauté, je lui ai dit que nous serions bienheureux en Savoie et en Piémont si la petite Madame prenait l’inclination pour ces pays là qu’avaient mesdames Marguerite et Chrétienne, toutes deux Filles de France. Elle m’a répondu [p. 25] qu’elle souhaiterait fort des choses pareilles comme avantageuses à Madame.
Au sortir de là, nous sommes montés en carrosse et arrivés ici à sept heures. Je solliciterai à avoir mes audiences de Monsieur et de Madame d’Orléans, puis de Madame, la douairière.
[…]
[p. 28] Je viens de savoir d’un de mes amis qui vient de Saint Germain qu’après mon départ monsieur le Dauphin, conduit par madame la maréchale de La Mothe, a porté le tambour dans le Conseil, que le Roi et les ministres ont été plus de demi heure à le considérer et qu’ils l’ont admiré. Chacun demeure d’accord que l’on ne peut rien faire de plus mignon à Paris. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une audience du roi à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 7 octobre 1667
Je reçus dimanche l’honneur de la lettre de Votre Altesse royale du 24 septembre dernier et le lundi j’allai à Saint Germain ; j’avais été averti par les introducteurs que Sa Majesté me donnerait une audience. J’y arrivai à neuf heures du matin, quoique l’on ne m’eût averti que pour dix. Le Roi [p. 145] était déjà au Conseil ; il me fit appeler, je lui parlai seul à seul dans son cabinet et lui dis mot à mot le compliment que Votre Altesse royale m’avait chargé de lui faire. Le Roi avait le visage assez riant, il me répondit qu’il était déjà très persuadé de l’amitié qu’Elle a pour lui, que je pouvais assurer Votre Altesse royale de la sienne et que dans les occasions de son service elle en recevrait des véritables marques.
Je lui présentai ensuite le placet et l’arrêt pour les gentilshommes et magistrats, secrétaires d’Etat et contrôleurs des guerres de Savoie qui ont du bien en Bresse et en Dauphiné.
A même temps, je lui présentai aussi la lettre que Votre Altesse royale lui a écrite en faveur de M. Marquisio, avec le placet et le mémoire des services de celui ci et qu’il m’avait remis ; je l’accompagnai de tous les bons offices possibles. Le Roi me répondit qu’il verrait le tout, puis je me congédiai et, comme j’étais déjà à quatre pas de lui, il m’appela en venant à moi et me dit fort obligeamment : « Monsieur, je vous prie de vous ressouvenir d’écrire à monsieur de Savoie ce que je vous ai dit touchant notre amitié, et que ce sont [p. 146] des mouvements du cœur ». Je l’en remerciai et l’assurai des partialités que Votre Altesse royale a pour sa personne et un zèle passionné pour son service.
Il est certain que l’on ne s’est pressé de déclarer monsieur le Prince que pour faire connaître à M. de Turenne que l’on avait d’autres capitaines en France ; il veut tout faire à sa mode et indépendamment de tout le monde ; il est à Enghien, où il ne fait que ruiner le pays.
J’ai reçu la lettre pour madame de Villequier et les ordres pour faire les compliments à messieurs Le Tellier et de Louvois : je croyais, lundi que je fus à Saint Germain, de les exécuter ; comme je vis le Roi et après dîner M. de Lionne qui m’avait donné heure, je croyais après cela de voir ces messieurs, père et fils, mais ils sortirent d’abord qu’ils eurent dîné dans un carrosse à six chevaux ; mais à Saint Germain, la nouvelle était publique des honneurs et des caresses que Votre Altesse royale a faits M. l’abbé Le Tellier ; M. son [p. 147] père, ses frères et ses parents, s’en sont loués hautement et M. le marquis de Villequier, qui est présentement de quartier, m’en parla à la messe du Roi avec des termes d’une reconnaissance très respectueuse. Je lui dis que j’étais en partie là pour visiter messieurs Le Tellier et de Louvois et pour les remercier des témoignages et assurances que cet abbé avait donnés à Votre Altesse royale de leur amitié.
Quand j’arrivai ici, quoiqu’il fût fort tard, j’envoyai chez M. Le Tellier pour savoir s’il était en cette ville ; il se trouva qu’au partir de Saint Germain, il était allé à une maison qu’il a à trois lieues de là. Le lendemain au matin j’eus un page de madame de Villequier, qui vint savoir à quelle heure elle me pourrait trouver et soudain après le [p. 148] dîner elle fut céans ; elle déploya toute sa rhétorique et, l’accompagnant de tous ses charmes, elle me témoigna les obligations qu’elle avait à Vos Altesses royales pour les honneurs que vous avez faits à son frère. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une audience du roi à l’ambassadeur de Hollande à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le jour des Rois de l’année 1672
Samedi, quand le Roi se déclara qu’il n’irait plus en Champagne, il dit au sieur de Bonneuil, l’introducteur, de faire savoir à l’ambassadeur de Hollande qu’il lui donnerait audience le lundi [p. 218] matin, qui y fut. Comme il fut arrivé à la chambre de descente, M. Le Tellier s’y rendit, parce que le Hollandais n’a pas encore les jambes bonnes et ne pouvait pas monter à la chambre du ministre, qui est fort haute. Ils demeurèrent une demi heure enfermée, mais on ne sait pas encore ce qui se passa dans cette conférence. Après quoi l’ambassadeur alla chez le Roi. Il était dans son cabinet, seul, mais il y avait dans un jour au devant, entre lesquels il n’y a pas de porte qui ferme, monsieur le Prince, M. de Turenne, les ducs de Créquy, d’Aumont, de Gesvres et de La Feuillade, M. Le Tellier, et le roi y fit appeler le comte de Castelmeilhor et le marquis d’Estrades, qui étaient dans sa chambre ; après quoi l’ambassadeur entra. Il dit au Roi (à ce qu’une personne m’a dit, qui m’a assuré l’avoir appris de Sa Majesté même) que messieurs les Etats généraux, ses maîtres, ayant été assurés de bien des endroits que le grand armement que faisait Sa Majesté en terre et en mer était pour les attaque, qu’ils ne le pouvaient [p. 219] pas croire, puisqu’ils avaient toujours maintenu bonne amitié et correspondance avec sa Couronne et eu toujours grande estime et déférence pour sa personne, que dans toutes les occasions ils lui avaient rendu des fidèles et importants services, qu’ils les lui continueraient tant qu’Elle les agréerait, que s’ils avaient fait quelque chose qui lui eût déplu, qu’ils l’ignoraient, que si Elle avait la bonté de leur faire savoir, qu’ils se mettraient en toute la posture qu’il souhaiterait pour y réparer et qu’ils étaient prêts de lui donner toutes les satisfactions convenables qu’Elle voudrait exiger d’eux. On dit que le Roi lui répondit succinctement que s’il avait armé, que ce n’était qu’à l’exemple de ses voisins qui avaient eu envie de lui nuire et de l’attaquer, qu’il était en état de ne pas les craindre, qu’il ferait encore bien plus de troupes qu’il n’en avait et qu’alors il ferait tout c que ses intérêts et sa réputation lui dicteraient.
[p. 220] L’ambassadeur de Hollande lui présenta après la lettre de ses souverains ; le Roi lui dit qu’elle était imprimée, qu’elle courait toutes les provinces de l’Europe et qu’il savait ce qu’elle contenait puisqu’il l’avait il y a quinze jours, que néanmoins il ne laisserait pas de la prendre et qu’il aviserait à la réponse qu’il devra leur faire. L’ambassadeur lui répliqua que s’il lui avait donné audience la première fois qu’il la lui avait fait demander et qu’il lui avait plu de la lui faire assigner, qu’assurément il aurait eu ladite lettre auparavant que personne autre que ses souverains en eussent connaissance, mais que, comme il avait cru qu’il aurait eu ladite audience alors qu’on la lui avait fait espérer, qu’il l’avait écrit aux Etats, qu’eux, s’étant figurés que c’était une chose faite, avaient donné des copies de ladite lettre aux ministres étrangers qui étaient auprès d’eux à La Haye, afin que chacun sût la disposition où ils sont de l’honorer et de lui donner toute satisfaction. Après quoi, il se retira, voyant qu’il ne pouvait pas [p. 221] faire déclarer le Roi sur quoi que ce fût ; il ne fut pas avec lui un demi quart d’heure. Il paraît satisfait de cette réponse. Il ne s’en ira pas, comme il souhaitait, les Etats le lui ayant défendu.
Dès qu’il fut sorti d’auprès de Sa Majesté, elle approcha ses messieurs qui étaient en son avant cabinet, leur dit ce qui s’était passé entre elle et cet ambassadeur, puis remit la lettre des Etats à monsieur le Prince, qui la lut tout haut et qui ne contient que ce que leur ministre avait proféré verbalement à Sadite Majesté. Tout cela fait croire qu’Elle ne changea pas de dessein et qu’elle suivra toujours sa pointe et sa résolution, où tout s’achemine également et sans aucune interruption. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une visite à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 4 décembre 1671
Quand je sortis hier matin de cette ville pour aller à la Cour, il n’était pas encore bien jour. Je rencontrai néanmoins M. de Louvois dans le faubourg de Saint Honoré, qui y entrait. Je ne croyais pas qu’il retournât à Saint Germain qu’à la nuit. J’allai, y étant arrivé, droit à la chambre du Roi. Il y parut demi heures après. Je l’abordai et le priai qu’à sa commodité je le pusse entretenir un quart d’heure chez lui. Il me dit : « Tout à cette heure », et me convia d’entrer dans le cabinet de Sa Majesté, lieu où personne n’entre que par grande faveur, où Elle devait bientôt aller négocier. Toute la Cour fut surprise de cette action et moi, qui sais les choses, encore plus que les autres. Jamais favori ni premier ministre ne peut [p. 200] rien entreprendre de plus haut ni de plus hardi. Il est vrai aussi qu’on le considère maintenant comme l’un et l’autre, et l’on ne doute plus que, si les choses continuent de la sorte, il ne soit bientôt seul et le tout puissant.
Quand nous fûmes dans ce cabinet, je le remerciai du rang qu’il a procuré au régiment de cavalerie que Votre Altesse a donné au Roi. Il me répondit que Sa Majesté avait avec plaisir pris cette résolution pour satisfaire Votre Altesse royale en ce qu’Elle souhaitait. Il me dit ensuite que monseigneur le prince en serait mestre de camp et M. le baron de Lucinge colonel lieutenant, avec commandement de mestre de camp. Je lui parlai ensuite des commandements que pourraient avoir MM. Cagnol et Grimaldi ; il me répliqué par leur commission de capitaines. Je lui représentai qu’il faudrait aussi leur donner des commissions de mestre de camp, particulièrement au dernier qui a servi durant si longtemps de lieutenant colonel des régiments des feus comte de [p. 201] Broglie et prince Almeric. Il me dit nettement que cela ne se pouvait pas, qu’il y en avait cent dans la cavalerie aussi anciens au service que lui, qui l’avaient demandé et auxquels on l’avait refusé et que, si on ouvrait cette porte, ce serait un embarras et une confusion qui apporteraient de grands désordres au service du Roi, qu’il n’y pouvait pas avoir de mestres de camp que ceux qui avaient des régiments, mais il m’assura que, contre la coutume observée dans ce service jusques à présent, tous les capitaines de ce régiment commanderaient aux Français à leur tour et par l’ancienneté de leur commission. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une visite à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 19 octobre 1672
[…]
[p. 425] Toutes ces dépêches m’obligèrent de résoudre un voyage à Saint Germain. Je n’y voulus pas néanmoins aller le lundi, à cause du conseil du matin, qui m’aurait empêché de voir les ministres, et comme il n’y en a le mardi que l’après dîner, je m’y acheminai dès le point du jour, et, lorsque j’y arrivai, je sus que M. de Pomponne était en cette ville, mais qu’il [p. 426] arriverait là pour dîner. Je dis demander à voir M. de Louvois, qui me remit à midi. J’allai chez le Roi, il n’était pas réveillé ; je m’entretins quelque temps dans son antichambre avec monsieur le Prince et M. le maréchal de Villeroy sur les nouvelles qui venaient d’arriver.
Après que le Roi fut habillé et que je me fus entretenu avec bien des différentes personnes, le temps de voir M. de Louvois arriva. Je m’acheminai chez lui. Je lui dis d’abord combien Votre Altesse royale lui savait bon gré de l’amitié qu’elle lui témoignait en toutes sortes de rencontre. Je lui en fis le compliment qu’elle m’a ordonné, qu’il reçut de très bonne grâce ; après quoi je lui dis tout ce que Votre Altesse royale m’a prescrit sur cette envie de surprendre Savone. Il me laissa parler autant que je voulus, et après il me dit que, puisque je ne voulais pas avouer la vérité, il me conseillait de n’en plus parler à personne, même au Roi ni à M. de Pomponne, que c’était une affaire passée dont on ne parlait ni on n’y songeait plus, que ce que j’en pourrais dire ne justifierait pas bien Votre Altesse royale de la pensée que l’on avait de faire remarquer au Roi [p. 427] qu’elle n’avait pas de la confiance en lui en ce rencontre et que cela pourrait porter quelque préjudice à Votre Altesse royale auprès du Roi, qui l’aimait, et qu’ainsi il était mieux que la chose fût tout à fait ensevelie dans l’oubli. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une visite à la duchesse de La Vallière à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 12 novembre 1669
Je viens de Saint Germain, où j’étais allé exprès pour voir madame la duchesse de La Vallière, M. de Bonneuil m’ayant dit samedi dernier qu’elle recevrait à grand honneur la visite que je lui voulais faire. M. de Bonneuil m’y a introduit d’abord après dîner et, en montant à son appartement, il m’a dit que je n’y demeurasse pas longtemps parce que le Roi l’attendait pour aller au promenoir. Elle m’a reçu avec sa bonne grâce et civilité ordinaires ; je lui ai fait mot pour mort le compliment que Votre Altesse royale m’avait commandé ; elle m’a répondu qu’elle était bien obligée à Votre Altesse royale de l’honneur qu’Elle lui faisait ; [p. 354] qu’elle le recevait avec respect et qu’elle la remerciait des bontés qu’elle avait pour M. le duc de Vermandois, en attendant qu’il fût en âge de l’en aller remercier lui même. Nous avons fait encore quelques compliments réciproques et très obligeants, puis je me suis retiré. Il y avait dans sa chambre mesdames les marquises de La Vallière et d’Heudicourt ; madame de Montespan n’a pas tardé de les joindre, car, comme j’étais au bas de leurs degrés, elles sont descendues, montées en carrosse et allées attendre le Roi à Versailles, qui les a suivies de bien près.
J’ai été fâché de ce voyage, qui est cause que j’ai pu si peu demeurer auprès de cette dam, où je m’aimerais fort. Je l’ai trouvée toujours mieux faite que l’autre ; elle a ce je ne sais quoi qui sait charmer et, si elle avait de l’embonpoint, elle passerait pour très belle. Son appartement est merveilleux autant pour la propreté que pour la richesse. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 31 janvier 1670
Bien que j’aie su dès le point du jour et même avant que de commencer cette lettre que M. le chevalier de Lorraine avait été hier soir arrêté prisonnier à Saint Germain et que Monsieur en était parti à l’heure, très mal satisfait, néanmoins je n’ai pas cru le devoir faire savoir à Votre Altesse royale que je n’en susse au vrai toutes les circonstances et les causes, ce que j’ai eu de la peine à débrouiller parce qu’on en parle bien différemment à Paris, mais à la fin j’ai su ce [p. 384] qu’Elle verra dans le mémoire ci-joint de ma main, que je n’ai pas le temps de faire copier parce qu’il est fort tard.
Relation de ce qui s’est passé à Saint Germain la nuit du 30 janvier 1670
Le Roi fit donner une petite revue à ses gardes du corps pour avoir prétexte de les assembler et donner ordre à M. le comte d’Ayen, fils de M. le duc de Noailles, capitaine de quartier, et à M. le comte de Lauzun, marquis de Péguilin, d’en prendre quatre cents à l’entrée de la nuit et de se rendre maîtres de toutes les avenues du château neuf, ce qui ne se put faire sans que Monsieur, qui y avait son logement, n’en fût averti, dont il fut fort surpris et en peine. M. Le Tellier entra d’abord dans sa chambre et lui dit que le Roi était fâché d’être forcé, pour le bien de ses affaires, de s’assurer de M. le chevalier de Lorraine, qu’il croyait qu’il y donnerait les mains de bonne grâce puisque Sa Majesté lui avait donné l’ordre de l’assurer de la continuation de son amitié et de son estime. Monsieur lui répartit que, quels traitements que le Roi fît à ce chevalier, [p. 385] qu’il l’aimerait toujours parfaitement et qu’il lui donnerait toute sa confiance mais que, puisque le Roi le traitait de la sorte, qu’il allait partir à l’heure même pour se retirer à Villers Cotterets. M. Le Tellier lui voulut représenter qu’il ne fallait pas aller si loin, que ce serait assez de se retirer à Saint Cloud ; Monsieur lui répliqua qu’il voudrait avoir une maison à trois cents lieues de La Cour pour s’y aller consoler.
M. Le Tellier, voyant entrer le comte d’Ayen dans la chambre, passa en l’appartement de madame la duchesse d’Orléans ; ce comte dit à Monsieur qu’il avait un extrême regret d’être obligé d’exécuter les ordres qu’il avait en sa présence ; il lui répliqua qu’il entendait assez ce qu’il lui voulait dire, il se tourna au chevalier de Lorraine, l’embrassa et se retira dans son cabinet, la larme aux yeux. Le comte d’Ayen fit prisonnier le chevalier de Lorraine avec toute la civilité possible, sans lui ôter son épée, le conduisit dehors de l’appartement de Monsieur, le remit au comte de Lauzun, qui l’amena sur l’heure à la Bastille, dont il est parti aujourd’hui pour être enfermé dans le château de Pierre Encise à Lyon.
[p. 386] M. Le Tellier, qui était passé chez Madame, lui fit le récit de toute la chose et lui demanda ce qu’elle ferait ; elle lui répartit hardiment : ce que Monsieur lui ordonnerait. Ils partirent sur le champ et arrivèrent à Paris environ minuit. Monsieur fit appelée l’ambassadeur d’Angleterre et l’abbé Montaigu, il demeura enfermé avec eux jusques à quatre heures ; on dit qu’il pressa fort ledit ambassadeur d’aller à Saint Germain, qui s’en excusa, et à son refus l’abbé de Montaigu a fait ce voyage là ce matin.
On parle diversement par Paris du sujet de cette détention. On dit que l’évêque de Langres étant mort, qui était cet abbé de La Rivière qui avait tant eu de crédit auprès de feu M. le duc d’Orléans, a laissé vacantes deux abbayes valant de revenu 40000 livres, qu’elles sont dans l’apanage de Monsieur et par conséquent de sa nomination ; que, les ayant données au chevalier de Lorraine et en ayant demandé l’agrément au Roi, il lui répondit [p. 387] que, n’étant pas prêtre, il en avait du scrupule et qu’alors il se passa entre eux quelques paroles d’aigreur. Mais ceux qui savent l’état des choses et qui en jugent sainement croient que le roi d’Angleterre a voulu la prison de ce chevalier, lui imputant les mauvais traitements que reçoit Madame, ceux que l’on a faits à madame de Saint Chaumont et à M. l’évêque de Valence, ses créateurs. En effet, bien que Madame suive Monsieur, elle a de la joie du malheur du chevalier de Lorraine et d’avoir l’avantage de s’être vengée du crédit du roi, son frère, que l’on ne veut pas maintenant fâcher ici.
On dit que Monsieur persiste dans la résolution de partir de Rueil pour Villers Cotterets, quoique MM. Le Tellier et de Lauzun soient venus aujourd’hui de Saint Germain pour lui parler. Il pourrait bien avoir le loisir de s’en repentir : s’il est bien conseillé, il se soumettra aux volontés du Roi ; il ne sera suivi que par ceux de sa maison et s’y divertira mal. Il n’est plus le temps d’autrefois que, quand un Fils de France se retirait de la Cour mal satisfait et était une fois à trois lieues de Paris, l’on croyait le royaume bouleversé et [p. 388] en péril ; chacun armait pour son parti et les mécontents levaient le masque ; présentement personne ne bougera, tout le monde est soumis dans le devoir et dans la crainte, le Roi dans la souveraine puissance, fort en argent et en troupes, maître des parlements, des places et de tout ce qui es dans son royaume. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 15 janvier 1672
La pensée de Votre Altesse royale sur le malheur du comte de Lauzun est très judicieuse et ce ne peut être autre chose. Il en voulait à madame de Montespan, parce qu’elle ne lui était pas favorable. Outre qu’il en a dit du mal, on croit toujours qu’il voulait donner moyen à son mari de l’enlever. Elle a encore peur de l’être et de quelque insulte, car elle ne marche jamais sans gardes, pas même pour aller de sa chambre à la chapelle [à] Saint Germain, bien qu’elle en soit tout contre.
[p. 223] Elle est toujours mieux que jamais. On avait dit que le Roi regardait avec un œil passionné la duchesse de Ventadour et que madame de Richelieu travaillait à la lui rendre facile, mais je n’en crois rien, car outre que le Roi aime toujours beaucoup madame de Montespan, c’est qu’elle est amie de la duchesse de Richelieu et lui a fait avoir la charge de dame d’honneur de la Reine. Il y a bien des gens qui croient que le Roi ne marchera qu’après les couches de la Reine pour ne pas s’éloigner des dames qu’il mènera puis à la suite de la Reine. Si cela était, on ne bougerait d’ici qu’au mois de juillet. C’est à quoi je veille, afin de tenir Votre Altesse royale instruite de ce qu’il fera. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« De Paris, le 2 mars 1668
[…]
[p. 184] La comtesse de Saint Maurice fut lundi à Saint Germain ; il y eut quantité de princesses et de duchesses qui attendaient la Reine dans sa chambre pendant qu’elle dînait ; le Roi y entra le premier et, saluant les dames, commença par madame la princesse de Carignan, puis il alla droit à la comtesse de Saint Maurice ; la Reine lui fit aussi l’honneur de la mener promener dans son carrosses. Elle nous témoigne mille bontés et je sais qu’elle a de l’estime pour Votre Altesse royale et qu’elle aime Madame Royale. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 22 novembre 1669
[…]
[p. 362] Je n’ai pas pu aller cette semaine à Saint Germain à cause des affaires de Madame ; mais j’y irai dimanche ou mardi et porterai le dessin de la Vénerie royale pour le faire voir au Roi. Vendredi dernier que j’y fus, je vis madame la duchesse de La Vallière à la messe, elle était dans les tribunes d’en haut ; dès que j’y jetai les yeux, j’en reçus un grand salut auquel je répondis par des révérences très soumises. J’ai su que le Roi et elles ont été très satisfaits de ma visite. Je ne saurais les lui continuer parce que personne ne va chez elle, mais chez la Reine et partout où je la trouverai je la visiterai et tâcherai de la bien persuader de l’estime qu’a pour elle Votre Altesse royale et des ordres qu’Elle m’a donnés de lui faire ma cour et de lui rendre dans toutes sortes de rencontres mes fidèles et respectueux services.
Le Roi, sans que personne le sache, a fait préparer [p. 363] de beaux appartements à ces dames dans les Tuileries et s’est enfin résolu de venir faire quelque séjour en cette ville car les fermiers des entrées demandent de grands rabais à cause qu’il demeure si longtemps à Saint Germain. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 3 février 1670
Quand on est obligé à écrire des nouvelles sur le récit d’autrui, c’est souvent contre la vérité ; il en a été de même de la relation que je fis vendredi au soir à Votre Altesse royale de la retraite de Monsieur de la Cour et de la prison de M. le chevalier de Lorraine pour beaucoup de circonstances, quoique j’eusse su ce que je lui en mandai sur le récit qu’en avait fait M. le comte de Charost et madame la comtesse du Plessis dans le propre logis de Monsieur, au Palais Royal. Voici, Monseigneur, la pure vérité écrite par [p. 389] madame de Montespan à M. le duc de Mortemart, son père, que j’ai sue de madame de Tambonneau, son intime et bien aimée amie. Mais je supplie Votre Altesse royale que personne ne sache que je lui ai nommé toutes ces personnes.
L’abbé de La Rivière, évêque de Langres, avait deux abbayes, de l’apanage de Monsieur. Comme il était vieux et valétudinaire, il y a longtemps qu’il attendait sa mort pour les donner au chevalier de Lorraine ; il le dit au Roi à Chambord, qui lui répondit que ledit chevalier n’étant pas ecclésiastique, sa conscience ne lui permettait pas d’y consentir, qu’outre cela il faisait une vie trop libertine pour posséder des bénéfices. Monsieur l’ayant prié instamment de l’agréer, Sa Majesté lui repartit encore qu’il était impossible, mais qu’à la considération de ce qu’il aimait, quoiqu’il eut peu d’estime pour ledit chevalier, qu’il lui donnerait 40000 livres de pension quand lesdites abbayes viendraient à vaquer. Monsieur ayant rapport tout ceci au chevalier de Lorraine, [p. 390] ils firent cent railleries sur la conscience du Roi à cause des dames, et qu’il a sues. Le Roi accuse aussi le chevalier de Lorraine de l’infâme crime de sodomie avec le comte de Guiche et même des hommes qui ont été brûlés pour cela en Grève.
L’évêque de Langres étant mort jeudi matin, Monsieur dit au Roi qu’il avait donné les abbayes au chevalier de Lorraine ; il lui répliqua qu’il ne le voulait pas. Monsieur lui répondit que c’était une affaire faite ; Sa Majesté lui dit encore qu’il l’empêcherait. Ils s’échauffèrent tous les deux, les assistants s’en aperçurent et qu’il y avait de la mésintelligence, sans en savoir la cause. Le Roi, au sortir de la chapelle, monta en carrosse et alla à Versailles. Monsieur se retira chez lui, fort atterré, s’enferma dans un cabinet avec le chevalier de Lorraine, lui dit ce qui s’était passé et que, puisque le Roi le traitait de la sorte, qu’il voulait à l’heure se retirer de la Cour. Il le pria de n’en rien faire, que cette action nuirait à tous les deux. Monsieur fit appeler M. Le Tellier, lui parla fort atterré, se plaignit du Roi, lui dit que l’on lui avait inspiré les mauvais traitements qu’il lui faisait [p. 391] et s’emporta beaucoup. M. Le Tellier tâcha de le ramener et, voyant qu’il continuait toujours du même ton, il lui demanda qu’il voulait qu’il écrivit au Roi tout ce qu’il venait de lui dire ; Monsieur lui ayant dit qu’il lui ferait plaisir, le ministre alla l’écrire au Roi qui, recevant sa lettre, n’en témoigna rien. M. Colbert étant arrivé à Saint Germain, Monsieur le fit aussi appeler et lui parla avec le même feu qu’il l’avait fait à M. Le Tellier.
A l’entrée de la nuit, le Roi arriva de Versailles et alla à droiture chez madame de La Vallière. Madame la duchesse d’Orléans lui envoya un gentilhomme lui dire qu’elle ne pouvait sortir du château neuf, qu’elle le suppliait de vouloir aller pour chose qui lui importait beaucoup. Sa Majesté s’y rendit à l’abord. Madame le pria de vouloir que le chevalier de Lorraine eût les abbayes ; il lui dit qu’il ne se pouvait ; elle le lui demanda en grâce, il persista dans son refus, lui représentant qu’elle avait oublié tous les mauvais traitements qu’on lui avait faits. Elle lui témoigna qu’elle préférait la satisfaction de Monsieur à ses intérêts, que le chevalier de Lorraine était un [p. 392] jeune homme, qu’il changerait de conduite, le supplia de lui pardonner et, voyant qu’elle ne pouvait rien gagner, elle se jeta aux genoux du Roi, la larme à l’œil, lui témoignant que le plus grand déplaisir qu’elle avait était de se séparer de sa personne mais qu’elle était obligée de suivre Monsieur qui s’en voulait aller.
Le Roi se retira en disant que, puisque son frère se séparer de lui pour cela, qu’il saurait châtier ceux qui en étaient cause et fomentaient leur désunion. Il donna d’abord les ordres pour fortifier la garde de monsieur le Dauphin, qui loge dans le château neuf, et de prendre toutes les avenues. M. le comte de Vaillac s’en étant aperçu, qui est capitaine des gardes de Monsieur, lui en donna avis ; il lui en répliqua qu’il en savait la cause, néanmoins il témoigna quelques peines. M. Le Tellier entra ensuite dans sa chambre et lui dit de la part du Roi que, la nécessité de son service l’obligeant de s’assurer de la personne du chevalier de Lorraine, qu’il serait fâché d’être forcé de le faire arrêter dans son appartement et en sa présence ; il lui répliqua [p. 393] que, puisque le Roi en usait de la sorte, qu’il allait partir pour Villers Cotterets ; ce ministre lui représenta qu’il ne le devrait pas faire mais seulement aller à Saint Cloud, qu’il était aisé de sortir de la Cour de cette sorte mais qu’on ne savait pas quand on y pourrait revenir. Monsieur lui dit fortement qu’il voudrait avoir une maison à trois cents lieues du Roi, qu’il y irait et qu’il ne reviendrait jamais auprès de lui qu’avec le chevalier de Lorraine ; puis, se tournant au chevalier, il l’embrassa, l’assura de la continuation de son amitié et lui dit de suivre M. Le Tellier. Ils sortirent ensemble ; le chevalier lui demanda ce qu’il avait à faire, qu’il était prêt à obéir aux ordres du Roi. M. Le Tellier lui répondit qu’il n’avait rien à lui commander de sa part.
Comme ils furent dans la cour du château vieux, le comte d’Ayen l’arrêta et le chevalier de La Ilhière ; ils lui demandèrent son épée, puis le sortirent de là. Il demanda au comte d’Ayen où il le menait ; il lui répondit : « Dans ma chambre », où, étant arrivé, [p. 394] il souhaita de voir M. le Grand et le comte de Marsan, ses frères ; on lui dit qu’il ne pouvait mais qu’il pouvait écrire à qui il voudrait. Il fit quatre lettres : une à Monsieur, au comte de Marsan, à mademoiselle de Fiennes et à l’intendant de sa maison ; il voulut les montrer au comte d’Ayen, il dit qu’il n’avait pas ordre de les voir ; on croit néanmoins que le Roi les a lues. Il priait Monsieur de lui continuer l’honneur de sa bienveillance et que, s’il avait encore quelque amitié pour lui, il le suppliait de protéger et d’assister mademoiselle de Fiennes. Monsieur lui a fait réponse qu’à sa considération il aurait soin de la demoiselle, qu’il se consolât, parce qu’il courrait toujours la même fortune que lui. Ledit chevalier coucha à Saint Germain, il n’a pas été à la Bastille, on lui demanda combien il voulait de domestiques, qu’il pouvait prendre ceux qu’il voudrait : il choisit deux de ses gentilshommes et deux valets de chambre. Il partit le vendredi dans son carrosse, où il y a un lieutenant des gardes du corps avec une [p. 395] forte escorte ; il doit aller à Pierre Encise, des autres disent à la citadelle de Montpellier et peut être à Collioure sur les frontières de Catalogne.
Monsieur partit samedi d’ici pour Villers Cotterets avec Madame, suivi de douze carrosses à six chevaux ; ils ont laissé ici Mademoiselle et la maréchale du Plessis auprès d’elle ; la maréchale de Clérembault, qui a été nommé par le Roi pour la gouvernante, se trouvant en Poitou, Monsieur lui a dépêché un courrier pour qu’elle ne vienne pas ; il dépêcha un courrier en Angleterre, et, à ce que l’on dit par Paris, un autre en Piémont, ce que je ne crois pas. Le maréchal du Plessis, comme officier de la Couronne et peut être pour voir s’il trouverait jour à quelque accommodement, demanda au Roi congé de suivre son maître, qui lui répliqua : « Eh quoi ! Monsieur partir ? » Le maréchal répliqua que oui. Sa Majesté lui répondit : « Qu’il aille, et vous le pouvez suivre ».
Quoiqu’en apparence l’affaire des abbayes soit la cause de cette querelle ci aussi bien que la fermeté et résolution de Monsieur, on dit que le roi d’Angleterre avait prié Sa Majesté Très Chrétienne [p. 396] d’ôter d’auprès de Monsieur le chevalier de Lorraine, qu’il était cause des mauvais traitements que recevait sa sœur, à moins de quoi il serait obligé de la retirer à Londres.
Le Roi a paru fort chagrin et triste depuis cette affaire, quoiqu’il affecte le contraire, puisqu’il continue à faire des loteries et que demain on dansera le ballet ; néanmoins, il appréhende des brouilleries et qu’il ne se forme quelque parti en faveur de Monsieur, car, dans le fond, si la chose ne s’accommode bientôt, Monsieur s’ennuiera à Villers Cotterets, son dépit et sa rage augmenteront, et il se trouvera forcé à accepter des partis qu’on ne manquera pas de lui offrir du dehors. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 26 février 1670
Je fis savoir par le dernier courrier à Votre Altesse royale que l’on conjecturait le retour de Monsieur à la Cour sur les négociations que la princesse palatine était allée faire à Villers Cotterets. On ne s’était pas trompé car soudain qu’elle fut revenue vendredi au soir, elle fit une dépêche à Saint Germain qui obligea le Roi d’envoyer samedi M. Colbert à Monsieur lui dire qu’il souhaitait le voir, à quoi il se soumit d’abord. Lui et Madame vinrent ici lundi et, le même jour, ils allèrent voir le Roi, qui les reçut très bien et qui les a fait loger dans son grand appartement, parce qu’ils avaient fait démeubler le [p. 402] leur au château neuf. On assure qu’on a envoyé les ordres pour la liberté du chevalier de Lorraine, moyennant qu’il aille faire séjour pour quelque temps à Rome ou à Malte. Le Roi lui donnera dix mille écus de pension, et les abbayes qui avaient fait la cause de son malheur à l’abbé d’Harcourt, son frère. Ainsi voilà une affaire accommodée selon la volonté de Sa Majesté, comme il est très juste.
Le Roi et Madame se sont écrit durant qu’elle a été éloignée de lui. Sa Majesté la raillant sur les ennuis qu’elle devait avoir à la campagne, elle lui fit réponse qu’elle étudiait l’italien, mais qu’elle le priait de ne pas la laisser aller jusqu’au latin, et lui demandait des nouvelles des loteries de Saint Germain, ce qui donna lieu au Roi de lui envoyer quatre cassettes fort riches, feignant que c’étaient des lots qui lui étaient échus par hasard, dans lesquelles il y avait quatre billets de cinq cents louis chacun, quantité de bijoux enrichis de pierreries et entre autres une paire de souliers de campagne propres à se promener par le parc de Villers Cotterets, dont les boucles valent mille louis. On fait monter ce présent à [p. 403] 200000 livres ; on m’a dit néanmoins qu’il en faut rabattre une partie.
Le Roi se trouva hier matin mal des vapeurs, il fut nécessité de se mettre au lit et à prendre des pilules. C’est un effet du dégel. J’y ai envoyé un de mes fils pour en savoir des nouvelles, n’ayant pu y aller pour avoir un peu de fluxion sur un œil. Je ne sais si les fréquentes attaques d’un mal si fâcheux ne feront point changer sa Majesté la résolution qu’Elle avait formée de partir le quatorzième du mois d’avril pour la Flandre, les ordres ayant été donnés pour cela, et les magasins qui faits pour les fourrages nécessaires aux troupes doivent l’escorter, que l’on fait monter à 10000 chevaux. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 12 février 1672
[…]
[p. 210] Je vis à Saint Germain M. le marquis de Louvois. Je le remerciai, de la part de Votre Altesse royale, de la manière obligeante dont il en avait agi pour ses intérêts et envers moi durant qu’il a eu la direction des affaires étrangères. […]
[p. 245] Un homme qui peut savoir des nouvelles m’assura hier que le Roi a commandé de nouveau au marquis de Villars de faire expliquer la reine d’Espagne, que néanmoins il veut passer le Rhin, [p. 246] qu’il fait faire son équipage, qu’il partira au mois d’avril et que les ministres suivront.
Il n’a pas encore nommé de chancelier ni de garde des sceaux. On croit qu’il n’en fera pas. Il tint lui-même les sceaux samedi et lundi dernier, ce qui dura plus de huit heures en ces deux jours. Il y a dans la chambre, préparée exprès, une longue table ; il est assis au dessus dans un fauteuil, six conseillers d’Etat aux deux côtés, assis sur des pliants et couverts, et qui ôtent leurs chapeaux quand ils rapportent des grâces ou des lettres. Il y a les audienciers et officiers des sceaux. Le Roi opine plus juste qu’aucun des officiers de justice qui sont présents. Il fait apporter de son cabinet par son premier valet de chambre le coffre où sont les sceaux et tire la clef de sa poche pour l’ouvrir. Il a résolu de tenir lesdits sceaux toutes les semaines, il veut connaître les abus qui s’y peuvent commettre pour y remédier, avant que de les remettre à un homme particulier. Bien des gens de qualité y assistèrent ; la Reine même y alla, la grâce du sieur de La Rochecourbon [p. 247] en main ; le Roi dit que la suppliante était d’assez bonne maison pour la lui accorder.
Il retirera auprès de M. le Dauphin les jeunes princes de Conti. Ils mangeront avec lui et n’auront pour gouverneur et précepteurs que ceux de M. le Dauphin. Il a pris le deuil de la princesse de Conti et toute la Cour. Nous avons suivi cet exemple pour nos personnes, mais ce sera pour peu de temps.
L’ambassadeur de Hollande continue ici son séjour. Il voudrait donner des jalousies aux alliés et leur faire croire qu’il traite ici d’accommodement, mais on s’en moque. »

Lettre d’Henri II concernant le logement de ses enfants à Saint-Germain-en-Laye

« Mon cousin,
Depuis mes dernieres lettres, j’ay receu les vostres de III et XIIe de ce moys, tres aise d’avoir veu par icelles comme mes enfans continuent de se porter de bien en mieulx, et povez estre seur que ne me scauriez faire plaisir ne service plus agreables que de m’advertir le plus souvant que pourrez de leurs nouvelles. Et pour ce que j’espere aller bientost a Sainct Germain en Laye, j’ay advisé de faire dresser et accommoder pour eulx et pour ma fille la royne d’Escosse les salles et chambres tant de dessus la mienne que de dessus celles de ma femme, de mon oncle le roy de Navarre et de mon cousin le connestable, comme verrez par le memoire que je vous envoye, et mande a Saint Germain qu’il y face incontinant besongner en la meilleure dilligence qu’il sera possible. Au demourant, mon cousin, ma cousine la grand seneschalle m’a faict requeste pour vostre filz de Becquincourt de l’office d’auditeur de mes comptes a Paris puis nagueres vacqué par le trespas d’un nommé Potarde suivant la promesse que je luy avois cy devant faicte du premier desd. offices qui viendroit a vacquer, ce que je ne luy ay peu accorder pour ce que ja j’avois faict estat de l’argent qui proviendroit d’icelluy office pour employer en mes affaire qui maintenant son merveilleusement pressez, actendu mesmement qu’il se retire peu des deniers de Guyenne a cause des troubles et que dvant qu’il soit guieres je feray bailler a vostred. filz autant d’argent que led. office aura esté vandu. Cependant, il aura ung peu de patience, et au reste je prieray Dieu qu’il vous ait en sa saincte garde. Ecript a Mezieu le XVIIIe de septembre 1548.
Henry
Clausse
[f. 68v] A mon cousin le sieur de Humyeres, chevalier de mon ordre et gouverneur de mon filz le Daulphin »

Lettre d’Henri IV concernant des arbres fruitiers en partie destinés à Saint-Germain-en-Laye

« A nos amez et feaulx les gens tenans nostre chambre des comptes à Pau
Nos amez et feaulx,
Desirans peupler nos jardins et vergers de Fontainebleau, Saint Germain et les Tuilleries de plusieurs bon arbres fruictiers, notamment de millicotons et pavyes, desquels ils en sont despourveus, et saichant qu’il y en a grand nombre dans les jardins de nostre ville et chasteau de Pau, à cette cause, vous ne ferés faulte, incontinent la presente receue, de faire arracher des dicts arbres de milicotons et pavyes qui sont dans les susdicts jardins et lieux circumvoisins, la plus grande quantité que faire se pourra, à l’aage de deux ou trois ans seulement, et iceux faire delivrer à Arnaud de Bayle, present porteur, l’un de nos fouriers ordinaires, que nous envoyons expres pour cest effect, pour nous les faire amener et conduire jusques aux lieux que nous luy avons ordonné. Sy n’y faictes faulte, car tel est nostre plaisir.
A Rouen, le XIIIe jour de janvier 1597.
Henry »

Henri IV

Lettre d’Henri IV concernant une visite de la marquise de Verneuil à Saint-Germain-en-Laye

« Madame de Montglat,
Pour responce à celle que vous m’avés escripte touchant ce que vous a mandé madame de Verneuil du desir qu’elle a que vous faciés baptiser ma fille, je luy ay escript mon intention. De quoy je vous ay bien voulu advertir, affin que vous le faciés faire comme elle vouldra. Et pour ce que vous mandés à Lomenie touchant mon fils de Verneuil, je desire que vous le faciés mener au chasteau neuf avec mes aultres enfans, et si madame de Verneuil va à Saint Germain et desire le voir, que vous le luy envoyés au vieil chasteau, où j’entends qu’elle loge pour assister ma fille.
Et ceste cy n’estant à autre fin, Dieu vous ayt, madame de Montglat, en sa saincte garde. Ce VIe novembre, à Fontainebleau.
Henry »

Henri IV

Lettre d’Henri IV demandant le transfert de ses enfants au Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, pour permettre aux ouvriers de travailler au Château-Neuf

« Madame de Monglat,
Je vous fay ce mot pour vous dyre qu’estant resolu d’aller l’un de ces jours à Saynt Germayn an Laye et loger dans le petyt chateau, vous remenyès yncontynant mon fyls et mes autres enfans dans le vyel chateau, et que vous permetyès aus ouvryers que l’on ranvoye pour y travayller, quoyqu’yls vyennent de cete vylle, d’y travayller comme je leur ay commandé, afyn que je trouve l’ouvrage qu’ylz font parachevée. Bonyour, madame de Monglat. Ce IIme aut, à Parys.
Henry »

Henri IV

Lettre et copie de devis concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Beaux-Arts
Château et parterres et terrasses de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
République française
Saint-Germain-en-Laye, le 30 novembre 1907
L’architecte du château de Saint-Germain à monsieur le Sous-Secrétaire d’Etat des Beaux-Arts
Monuments historiques
Comme suite à votre lettre du 28 novembre courant, j’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli la nouvelle expédition du devis de 55140 f. 47 c. que vous demandez.
Je profite de ma lettre pour vous informer que la somme de 11000 francs que j’ai demandée et que vous voulez bien mettre à ma disposition pour travaux à exécuter en 1908 à la chapelle du château de Saint-Germain sera employée uniquement en travaux de plomberie, que je me propose de confier, comme par le passé, sous réserve de votre approbation, à M. Ph. Monduit, entrepreneur de cette spécialité, rue Poncelet 31 à Paris.
L’architecte du château de Saint-Germain

Château de Saint-Germain
Monuments historiques
Devis des travaux de diverses natures à exécuter pour l’achèvement de la restauration
Maçonnerie, Prévost et Chalignaux
Restauration des soubassement des façades du château en banc royal de Saint-Maximin
4,003,00 : 12,00
5,00
2,10 : 10,50
7,602,25 : 17,10
[Total :] 39,50
0,40 réduit : 15 m. 840
A 90 f. le m. cube : 1425 f. 60
Refouillements, parements, ravalements, même cube : 15,840
A 11 m. 00 de taille p. m. : 174,24
A 4 f. 20 le m. : 731,81
Pose en reprise par incrustements, idem cube : 15 m. 840
A 9 f. 60 le m. : 152,06
Carrelage des salles du rez-de-chaussée en carreaux céramiques fournis et posés sur ciment sur forme en béton de gravillon et ciment de Poilland avec repiquage, dressement et nivellement du sol, surface : 514 m. 77
A 19 f. 00 le m. : 9780,63
Clôture à droite de l’entrée du vestibule du rez-de-chaussée
Socle : 5,450,55 : 2,98 0,55 : 1,606
Au-dessus : 5,451,65 :8,99 0,35 : 3,146
Entablement : 5,450,60 : 3,27 0,50 : 1,635
[Total :] 6 m. 387
A 115 f. 80 le m. cube : 739,61
Moulage, cube : 6,387
A 3 f. 15 le m. cube : 20,13
Taille des parements, ravalements et moulures, cube : 6,387
A 20 m. 00 p. mètre : 127,74
A 10 f. 25 le m. : 1309,33
Baies du rez-de-chaussée en façade sur la place du Château
6 semblables
Voûtes en briques de Feucherolles de 0,22 et chaux :
6 fois 3,302,10 : 41,58
A 15 f. 00 le m. : 623,70
Enduit en plâtre à l’intrados
Cube : 41 m. 58 à 0 m. 57 courant : 23,91
Enduits de piédroits, trous, scellements, calfeutrements : 30,00
Ensemble : 53,91
A 3 f. 85 le m. : 207,55
Démontage du cadran du donjon et pose en son nouvel emplacement, évalué, compris échafaudages pour la dépose et pour la repose et reprise des murs à l’emplacement de l’ancien cadran : 778,46
Ensemble : 15768,88
Moins rabais de 22,15 % : 3492,81
Total maçonnerie : 12276 f. 07 c.
Charpente Laubeuf
Démontage de la flèche de la chapelle en utilisant les bois à l’Etat pour les échafauds et raccords de la charpente à la suite de la suppression de la flèche : 5500,00
Moins rabais de 12 % : 660,00
Total charpente : 4840,00
Couverture Ch. Monduit
Raccords de couverture après la suppression de la flèche de la chapelle : 1500,00
Crête de la chapelle : 9500,00
Ensemble : 11000,00
Rabais de 10 % : 1100,00
Total couverture : 9900,00
Horlogerie
Changement de l’emplacement de l’horloge du château avec toutes modifications et fournitures nécessaires : 4000,00
Serrurerie
Achèvement des ferrages restant à exécuter sur fossé
4 croisées à 2 vantaux à 60 f. 00 : 240,00
3 portes à 142 f. 00 : 426,00
Rez-de-chaussée
1 porte à 4 vantaux : 250,00
3 portes croisées à 138 f. 00 : 414,00
3 portes intérieures à 2 vantaux à 138 f ; 00 : 414,00
4 portes intérieures à 1 vantail à 120 f. 00 : 480,00
1 grande croisée à 4 vantaux : 250,00
Tourelle
6 portes à 1 vantail à 120 f. : 720,00
Entresol
2 portes à 1 vantail à 120 f. : 240,00
1er étage
3 portes à 1 vantail à 120 f. : 360,00
2e étage
3 portes à 1 vantail à 120 f. : 360,00
Terrasse
2 portes à 1 vantail à 120 f. : 240,00
Porte à 2 vantaux de la salle des gardiens : 138,00
Porte d’entrée du château avec un guichet ouvrant : 3,15
4,43 : 13,95
A 220 f. le m. : 3069,00
Modification à la croix de la flèche de la chapelle : 200,00
Œil-de-bœuf au-dessus de l’entrée principale du château
Grille en fer forgé et feuillard en tôle : 1000,00
Garde-corps au-devant du fossé de la chapelle sur la cour : 500,00
Ensemble : 9301,00
Moins rabais de 15 % : 1395,15
Total serrurerie : 7905,85
Menuiserie Hoffmann
Achèvement des menuiseries
4 croisées à 2 vantaux à 60 f. : 240,00
3 portes à 1 vantail à 50 f. : 150,00
Rez-de-chaussée
Porte du vestibule à 4 vantaux : 450,00
3 portes intérieures à 2 vantaux avec impostes : 650,00
2 portes intérieures à 2 vantaux : 250,00
4 portes intérieures et extérieures à 1 vantail, à 50 f. 00 l’une : 200,00
Pour la grande baie sur courette : 500,00
Stylobates, calfeutrements, moulures : 900,00
Tourelle
Sicles des marches : 350,00
6 portes sur paliers de repos fermant les réduits : 250,00
Entresol
Poteaux, stylobates, portes, moulures : 950,00
1er étage, même travail : 950,00
Lambris, chambranle de la tourelle : 1500,00
2e étage, stylobates et portes : 350,00
Terrasse, 2 portes à 37,50 l’une : 75,00
Ensemble : 8565,00
Rabais de 10 % : 856,50
Total menuiserie : 7708,50
Ensemble : 46630,42
Imprévu : 4663,04
Ensemble : 51293,46
Honoraires de l’architecte, de l’inspecteur et du vérificateur, calculés à 7 f. 50 % : 3847,0
Montant du devis : 55140 f. 47 c.
Le présent devis dressé par le soussigné architecte du château
Saint-Germain-en-Laye, le 13 février 1907
Daumet »

Daumet, Pierre-Gérôme-Honoré

Lettre mettant à la disposition de la ville de Saint-Germain-en-Laye des salles du château pour y loger les chasseurs en garnison

« Administration de l’ancienne dotation de la Couronne
Paris, le 2 avril 1831
M. Guy, maire de Saint-Germain-en-Laye
Monsieur le Maire,
D’après la demande que vous m’en avez faite par votre lettre du 30 mars, je viens d’autoriser M. le lieutenant-colonel du Génie comte du Moncel à faire mettre provisoirement à votre disposition dans l’ancien château de Saint-Germain la salle de Mars ou telle autres pièces qui pourraient convenir davantage pour y loger les chasseurs en garnison dans cette ville jusqu’au moment où ils pourront être installés dans les casernes qui leur sont destinées.
Sous la condition à laquelle vous souscrirez sans doute que les dégradations qui pourraient être le résultat de cette occupation seront à la charge de l’administration municipale, sauf son recours contre le corps.
Le garde du Génie en résidence à Saint-Germain va recevoir des instructions dans ce sens.
Recevez, Monsieur le Maire, l’assurance de ma considération distinguée.
L’administrateur provisoire de l’ancienne dotation de la Couronne
Baron de Laitre »

Lettre proposant la cession du parterre de Saint-Germain-en-Laye à la ville

« Ministère des Finances
Secrétariat général
Contrôle des administrations financières
Paris, le 31 janvier 1851
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur et cher collègue,
Il résulte de renseignements que j’ai sous les yeux qu’une parcelle de la forêt de Saint-Germain contenant 8 hectares et dans laquelle sont compris les bâtiments et les jardins qui composaient la porte Dauphine a été détachée du massif par suite de la construction du chemin de fer atmosphérique, qu’elle en est aujourd’hui entièrement séparée par un saut-de-loup et par une grille, que des travaux pour l’embellissement du parterre du château y avaient été entrepris par l’ancienne Liste civile et que, depuis la révolution de Février, le département des Travaux publics poursuit l’exécution de ces travaux.
D’après les mêmes renseignements, le parterre de Saint-Germain, désigné sous les nos 7, 11 et 12 de la 108e feuille du plan dressé en exécution de la loi du 2 mars 1832, comprend :
Le n° 7 : 9 h. 73 a. 50 c.
Le n° 11 : 64 a. 85 c.
Et le n° 12 : 66 a. 30 c.
[Total :] 11 h. 04 a. 65 cent.
La Liste civile y a réuni :
1° une pièce de terre dite le Courtillier, n° 8 du même plan, contenant : 68 a. 05 c.
2° les terrains dits le Clos du Parterre, nos 9 et 10 du même plan, comprenant deux glacières et contenant : le n° 9 : 11 a. 60 c.
Le n° 10 : 20 a. 80 c.
Si l’on y ajoute les 8 hectares de terrain séparés de la forêt par la voie de fer : 8 h.
La contenance totale du parterre se trouverait portée à : 20 h. 05 a. 10 c.
Le parterre de Saint-Germain, Monsieur et cher collègue, est d’un entretien dispendieux, sans aucune utilité réelle pour l’Etat ; son agrandissement ne ferait donc qu’entraîner, sans compensation, un surcroît de charges.
Comme il sert uniquement à l’agrément de la ville, vous penserez sans doute avec moi qu’il y aurait lieu de lui en proposer la cession gratuite, sauf rectification par une loi, à la charge, par elle, de conserver à perpétuité aux terrains dont il se compose la destination qu’ils n’ont eue jusqu’ici que par tolérance. C’est, au surplus, ce qui s’est déjà fait pour les Champs-Elysées et pour plusieurs avenues de l’hôtel des Invalides, qui ont été cédés à la ville de Paris par deux lois du 20 août 1828 et du 19 mars 1838.
L’Etat se trouverait par ce moyen exonéré d’une charge qui n’est, du reste, que volontaire de sa part, et la ville, qui aurait alors à la supporter, devrait d’autant moins hésiter à le faire qu’elle recueille seule les avantages attachés à l’existence du parterre et que l’Etat, si elle refusait, pourrait faire cesser la tolérance et disposer de l’emplacement dont il s’agit par voie d’adjudication aux enchères.
Du reste, la cession à proposer à la ville de Saint-Germain ne devrait comprendre que ce qui constituait anciennement le parterre, c’est-à-dire les terrains nos 7 et 12 du plan de 1832, de la contenance de 11 hectares 04 ares 65 centiares.
Quant aux terrains nos 8, 9 et 10 du même plan et aux 8 hectares laissés en dehors de la forêt de Saint-Germain, leur situation permettrait d’en tirer un prix de vente avantageux et ils devraient à cet effet être réunis au Domaine.
Permettez-moi, Monsieur et cher collègue, en appelant votre attention sur ce point, de vous entretenir d’une affaire qui s’y rattache naturellement.
Lors de la démolition de la porte Dauphine comprise dans la parcelle de 8 h. distraite de la forêt, le pavillon de la place Pontoise a été assigné provisoirement pour demeure au garde portier chargé de la surveillance de la nouvelle grille d’entrée. Mais ce pavillon se trouve à plus de 600 mètres du poste où doit s’exercer la surveillance du garde, ce qui accroit nécessairement les difficultés de cette surveillance.
J’ajoute qu’il n’a point encore été déféré au vœu émis par le département des Finances de voir établi une barraque pour servir d’abri au garde contre le mauvais temps.
Je ne puis à cet égard, Monsieur et cher collègue, qu’insister, dans l’intérêt du service forestier, sur la nécessité de prendre en considération les observations contenues dans les lettres écrites par mes prédécesseurs au département des Travaux publics les 26 avril 1849 et 20 février 1850.
Je vous serai donc obligé, Monsieur et cher collègue, de vouloir bien donner les ordres nécessaires pour la prompte construction de la maison de garde destinée à remplacer la maison de la porte Dauphine, conformément aux conventions arrêtées entre les agents de votre département et ceux de l’administration des forêts.
Agréez, Monsieur et cher collègue, l’assurance de ma haute considération.
Le ministre des Finances
Ch. de Germingy »

Ministère des Travaux publics

Lettre proposant la cession du parterre et de la grande terrasse de Saint-Germain-en-Laye à la ville

« Ministère des Travaux publics
6e division, 1er bureau
Paris, le 13 février 1851
Le ministre à M. le ministre des Finances
Monsieur et cher collègue,
J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 31 janvier dernier pour me proposer de céder à la ville de Saint-Germain-en-Laye le parterre qui dépendait autrefois du château et qui se trouve aujourd’hui placé dans les attributions de mon département.
A l’appui de cette proposition, vous m’exposez que ce parterre est d’un entretien dispendieux, qu’il est sans utilité réelle pour l’Etat et que les travaux qu’il y aurait à faire pour terminer les embellissements entrepris par l’administration de l’ancienne Liste civile entraineraient des dépenses assez considérables.
Vous ajoutez que, toutefois, cette cession ne comprendraient que les terrains d’une superficie totale de 11 h. 04 a. 65 c. qui constituaient anciennement le parterre, c’est-à-dire ceux qui sont indiqués sous les nos 7, 11 et 12 du plan dressé en exécution de la loi du 2 mars 1832 et qu’elle n’aurait lieu qu’à la conditions que ces terrains conserveraient à perpétuité la destination à laquelle ils sont aujourd’hui affectés, qu’en outre les terrains désignés au même plan sous les nos 8, 9 et 10 ainsi que les 8 hectares de terre séparés de la forêt par le chemin de fer atmosphérique seraient remis à l’administration des Domaines, qui en tirerait au profit de l’Etat le meilleur parti possible.
Le parterre dont il s’agit, Monsieur et cher collègue, étant uniquement consacré à l’agrément des habitants de la ville de Saint-Germain, je ne puis que donner mon assentiment à la mesure que vous proposez.
J’ajouterai, Monsieur et cher collègue, que cette mesure pourrait être étendue à la terrasse qui longe le parterre et la forêt. Cette terrasse, qui est le rendez-vous habituel de tous les promeneurs, procure également de grands avantages à la ville et il me paraitrait inutile, si le parterre est abandonné, que mon administration continuât de payer des agents pour la surveillance seule de la terrasse.
Dans le cas où vous ne croiriez pas devoir céder cette terrasse aux conditions que vous mentionnez pour le parterre, je vous proposerais de considérer ce terrain comme une annexe de la forêt, et de le placer dans les attributions de l’administration qui le ferait surveiller par ses agens.
Je vous serais obligé, Monsieur et cher collègue, de vouloir bien donner des ordres pour que cette affaire reçoive une prompt solution, afin que je prenne de mon côté les mesures nécessaires pour la régularisation de mon service.
Agréez etc. »

Ministère des Travaux publics

Lettre proposant la réalisation d’une grille pour l’entrée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
Paris, le 3 janvier 1859
A Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Pendant le cours de l’année 1855, vous vouliez bien me donner l’ordre de faire démolir toutes les cellules du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye et, à cette époque, je prescrivais toutefois aux divers ouvriers la conservation de toutes les grilles de défenses établies pour la sûreté de la maison d’arrêt. Ces grilles donnent à cette résidence un aspect fâcheux et je citerai notamment comme produisant le plus triste effet la grande clôture en fer sise dans le vestibule d’entrée et près le logement du concierge. Sur ce point, cependant, l’on ne saurait nier l’utilité d’une clôture, et pour que l’on ne puisse pénétrer dans le château et sans s’être à l’avance adressé au concierge.
J’ai l’honneur, en conséquence, Monsieur le Ministre, de vous adresser avec ce rapport un avant-projet de grille avec patries fixes munies de 2 hauteurs, qui pourraient être utilisées pour l’éclairage du vestibule ou de l’ancienne salle des gardes du château. Cette grille, qui n’aurait en moyenne que 1 m. 60 c. de hauteur, qui donnerait lieu à une dépense de 1000 à 1200 francs, pourrait être construite peut-être au moyen de vieux fers rendus en compte à l’entrepreneur de serrurerie et dans le cas où Votre Excellence voudrait bien autoriser pareille opération.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet »

Ministère d'Etat

Lettre proposant un mastic pour l’entretien des terrasses de Saint-Germain-en-Laye

« Monseigneur
L’homme que monsieur Perrault vous a parlé pour les terraces de Saint Germain prend la liberté de vous escrire pour ce donner à connoistre. Les ouvrages qu’il veult entreprendre, les fera bien. Le secret qu’il sayt pour enpescher de pourir les toilles, il le sayt bien. Qu’il vous plaise qu’il face veoir son ouvrage contre l’ouvrage des autres. Vous pouvés vous faire informer à monsieur le mareschal de la Ferté, comme j’ay couver son orangerie de masticq, mesmes monsieur Perrault luy mesme avec monsieur Le Veau on pris la peyne de la venir veoir et l’on visitée desus et desoubs. Il ne s’y est pas trouvé une gouste d’eau. Les personnes qui font les terrases n’on apris à faire le masticq que de luy qui est, Monseigneur, vostres tres humble et tres obeissant serviteur.
François Laguaist, faiseur de masticq demeurant rue Neufve Saint Martin, à l’image Sainte Anne
De Paris, ce 6e aoust 1664
Monseigneur, il vous plera me mander sy vous avés agreable que je me donne l’honneur de vous allé trouver à Fontainebleau vous faire connoistre mon travail. »

Lettres confirmant les droits d’usage des habitants de Saint-Germain-en-Laye dans la forêt de Laye

« Françoys, par la grace de Dieu roy de France, au grand maistre enquesteur et general refformateur des Eaues et forestz de nostre roiaulme ou son lieutenant a la table de marbre de nostre Palais a Paris, salut. Nos bien amez les manans et habitans de Sainct Germain en Laye nous ont faict exposer que nos predecesseurs roys de France, que Dieu absolve, leur ont pour plusieurs bons et louables respect donné et octroié plusieurs beaulx droictz, previleiges, concessions et octroiz en lad. forest de Laye, et entre autres droict de pouvoir prendre en lad. forest pour leur chauffage les souches mortes qui se trouveroient en lad. forest et autre bois mort et secq et de pouvoir prendre au crochet de boys toutes les branches mortes et seiches pour convertir en leurdict chauffaige et non ailleurs, ensemble de pouvoir envoier et mectre pasturer leurs bestes aumailles par toute lad. forest, et de tenir et garder en lad. forest tant en temps de pesson que autrement, le nombre de pourceaulx que chacun d’eulx compecte et appartient, sans fraulde, et ce es lieux designez es mainz levees et delivrances qui leur ont esté faictes desd. droictz et aux charges et conditions y declairees, dont ilz ont bien et deuement jouy et usé, et sur l’empeschement qui leur a esté faict en la jouissance desd. droictz, ils ont de vous ou voz predecesseurs obtenu diverses main levees, mesmement par arrest du Conseil privé de feu nostre tres honoré seigneur et aieul du vingt huictiesme jour de fevrier mil cinq cens cinquante six, et doubtant que soubz coulleur du decedz advenu a nostre feu seigneur et pere, que Dieu absolve, on les voulsist troubler en la jouissance desd. droictz, nous ont faict humblement supplier et requerir leur voulloir sur ce pourveoir. Nous a ces causes, voulans conserver lesd. exposans en leurs droictz, vous mandons que, nostre procureur [appellé à ce], s’il vous appert de ce que dict est, mesmement que lesd. exposans tiennent les droictz susd. en lad. forest et soient en iceulx fondez tant par le moien dudict arrest obtenu aud. conseil privé de nostred. feu seigneur et aieul que autres lettres, vallables possession et jouissance d’iceulx, sans y avoir abusé, vous oud. caz faictes lesd. exposans jouir desd. droictz esquelz les trouverez bien fondez selon la possibilité de la forest, noz ordonnances et comme verrez estre a faire par raison. De ce faire vous donnons plain pouvoir et puissance. Car tel est nostre plaisir. Donné a Bloys le XVme jour de novembre l’an de grace mil cinq cens cinquante neuf et de nostre regne le premier.
Par le Roy, me Nicole du Pré,
me des requestes ordinaires de l’hostel, present
De Laumosnier »

Lettres confirmant les droits d’usage des habitants de Saint-Germain-en-Laye dans la forêt de Laye

« Henry, par la grace de Dieu roy de France, à nostre amé et feal conseiller le sieur de Vvarty, grant maistre enquesteur et general refformateur des Eaues et forestz de nostre royaume ou son lieutenant, salut. Noz chers et bien amez les manans et habitans de Sainct Germain en Laye nous ont faict dire et remonstrer qu’ilz ont droit du usaige a chauffer en nostre forest dud. lieu, pour raison duquel le XXVIIIme jour de fevrier mil cinq cens vingt six, veuz leurs tiltres, ilz ont obtenus arrest ou conseil privé de feu nostre tres honnoré seigneur et pere le Roy, que Dieu absoille, suyvant lequel ilz nous ont faict supplier leur bailler main levée de leurd. droit d’usaige saisy par ordonnance de feu nostred. seigneur et pere, et à ceste fin nous ont faict presenter certaine requeste que nous avons ordonné estre communicquée à nostre procureur general en nostre conseil privé, qui ne l’a voulu empescher, à ceste cause lesd. supplians nous ont derechef faict supplier qu’il nous pleist sur ce leur pourveoir et octroyer noz lettres en cas requises et necessaires, pour ce est il que nous, ces choses considerées, desirans subvenir à nos subgectz selon l’exigence des cas et les arrestz dud. conseil privé ne demourer inexecutées, vous mandons, et pour ce qu’il se agist du faict de noz forestz dont la congnoissance se doit à vous adresser, commectons et enjoignons par ces presentes que, appellé nostre procureur en vostred. court et jurisdiction pour nostre interest, led. arrest cy ataché soubz le contrescel de nostre chancellerie vous mectez à deue et entiere execution selon sa forme et teneur, nonobstant qu’il soit suranné et qu’il ne soit que par extraict et aussi que lesd. exposans joyssans dud. droict d’usaige peu au precedant le deces de nostred. seigneur et père, on leur ait saisy leurd. droict d’usaige, que ne voullons empescher l’execution dud. arrest en aucune maniere ains de ce partant que besoing et mestier est ou seroit mis les en avons relevez et relevons de grace especial par ces presentes, et aussi nonobstant quelzconques ordinnances, restruictions, mandemens, deffences ou autres noz lettres impetrées ou a impetrer à ce contraires. De ce faire vous donnons plain pouvoir, auctorité et mandement especial par cesd. presentes, mandons et commandons a tous noz justiciers, officiers et subgectz que a vous en ce faisant soit obey. Donné a Villers Costeretz le neufiesme jour de aoust l’an de grace mil cinq cens quarante sept et de nostre regne le premier.
Par le Roy en son Conseil
Burault »

Lettres de nomination du gouverneur du château de Saint-Germain-en-Laye

« Louis, par la grace de Dieu roy de France et de Navarre, à tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Scavoir faisons que nous, aiant esgart aux assiduz, signallez, agreables et recommandables services qui ont esté faictz au feu Roy nostre tres honoré seigneur et père prez sa personne depuis trente six années par nostre amé et feal conseiller en nostre conseil d’Estat et privé et premier maistre d’hostel Anthoine de Buade, seigneur de Frontenac, baron de Pallueau, nagueres cappitaine et gouverneur de noz chasteaux, parcz et forestz de Saint Germain en Laye, Sainte Jame et La Muette, maistre particulier des Eaux et Forestz dud. lieux, ceulx qu’il nous a continuez depuis nostre avenement à la couronne, et les voullant recongnoistre envers Henry de Buade, son fils, pour l’esperance que nous avons qu’il imitera son père en ses vertus et merittes, pour ces causes, affin de donner ung assuré repos aud. sieur de Frontenac, sur son viel aage, de ses longs labeurs, et la bonne et entiere confience que nous avons des sens, suffisance, loiaulté, preudhomie et bonne diligence dud. Henry de Buade, son filz, luy avons donné et octroyé, donnons et octroions par ces presentes ledict estat et office de capittaine et gouverneur de nosd. chasteaux, parcz et forestz de Saint Germain en Laye, Sainte Jame et La Muette que nagueres soulloit tenir et exercer led. de Frontenac, son pere, vaccant à present par sa pure et simple resignation qu’il en a ce jourd’huy faicte en noz mains par son procureure suffisament fondé de lettres, lad. procuration cy atachée soubz le contrescel de nostre chancellerie, au profict dud. filz, pour led. estat et office avoir, tenir et doresnavant exercer, et en jouir et user aux honneurs, auctorités, prerogatives, preeminances, previlleges, franchises, libertés, gages, droitz, profictz, revenuz et esmolumens qui y apartiennent et telz et semblables que les avoit et prenoit led. sieur de Frontenac, pourveu que led. resignant vuve quarante jours appres la datte des presentes. Si donnons en mandement à nostre tres cher et feal le sieur de Sillery, chancellier de France, que pris et receu dud. Henry de Buade le serment en tel cas requis et accoustumé, le mette et institue ou face metre et instituer de par nous en possesion et saisine dud. estat et office, et d’icellui ensemble des honneurs, auctorités, prerogatives, preeminances, previlleges, franchises, libertés, droitz, profictz, revenuz et esmolumens dessusd. le fasse, souffre et laisse jouir et user plainement et paisiblement, et à luy obéir et entendre de tous ceulx et ainsy qu’il apartiendra es choses touchant et conservant lad. charge. Mandons en outre à noz amez et feaulx conseillers les tresoriers generaulx de France establis à Paris que par celluy de noz receveurs et comptables à qui ce poura toucher, ilz facent paier, bailler et delivrer aud. de Buade lesd. gaiges et droitz aud. office apartenant doresnavant par chacun an, à commancer du jour et datte de cesd. lettres, rapportant coppye desquelles pour une fois et chacun an les quictances d’icellui de Buade filz sur ce suffisantes seullement, lesd. gages et droitz et tout ce qui pour ce baillé et delivré luy aura esté à l’occasion susd. sera passé et alloué en leurs comptes par noz amez et feaulx les gens de nosd. comptes, lesquelz mandons ainsy le faire sans dificulté. Car tel est nostre plaisir. En tesmoing de quoy nous avons faict mectre nostre scel à cesd. presentes. Donné à Paris le XIIII jour de septembre l’an de grace mil six cens dix et de nostre regne le premier.
Ainsy signé : Louis, et sur le reply Par le Roy, la Royne regante, sa mere, presente, de Lomenie, et scellé du grand scel de cire jaulne »

Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan de Beaumont, escuier, seigneur d’Armenille, maistre et enquesteur des Eaues et forests du Roy nostre sire es pays de France, Champaigne et Brye et chambellan mons. le duc de Berry, au gruyer de Saint Germain en Laye ou a son lieutenant, salut. Comme naguaires par nostre commandement et ordonnance eust esté crié et deffendu par le Roy nostre dit seigneur et nous en et sur grosses paines d’amende que nul qui se deist avoir droit d’usaige, liberté ou franchise es dites forestz ny entrast jusques a ce que de ce nous eussent monstré et enseingnié de leurs dits droiz, titres et previlleges, et comme de ce avoient jouy et user, et ce il soit ainsi que de la partie du commun et habitans de Saint Germain en Laye nous ayent esté monstrees et exhibees unes lettres de vidimus soubz scel royal ausquelles ces presentes sont atachees soubz nostre scel, esquelles lettres sont encorporees les lettres de noble homme messire Ettor de Chartres, chevalier, naguaires reformateur sur le dit fait, avecques unes lettres de mons. le conte de Tancarville, souverain maistre et general reformateur desdites Eaues et forests faisant mention de leurs diz droiz, franchises et previleges, obeissant nous enseigner que de ce avoient jouy et usé sans aucuns excés, en nous requerant que le dit empeschement voulsissons lever et oster, et pour ce veu et consideré le contenu en leurs dites lettres de delivrance, eu sur ce deliberation et advis a plusieurs sages et conseillers du Roy nostre dit seigneur, nous le dit empeschement mis de nostre commandement et ordonnance avons levé et osté, levons et ostons par ces presentes, si vous mandons que les diz commun et habitans vous laissiez et souffrez jouir et user de leus diz droiz et usages selon le contenu en leurs dites lettres cy atachiees comme dit est, en tout ce les ordonnances royaulx gardees. Donné soubz nostre scel le XXIIIe jour d’ottobre l’an mil CCCC et huit.
Petit »

Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan Randon, secretaire du Roy nostre sire et de monseigneur le duc de Bourgongne, procureur en particulier et general lieutenant de noble et puissant monseigneur Elyon de Jacleville, chevalier, chambellan du Roy nostre sire et de mon dit seigneur le duc de Bourgogne, maistre et enquesteur des Eaues et forests es pais deFrance, Champagne et Brie, au gruyer de la forest de Laye ou a son lieutenant, salut. Il nous est apparu des lettres et tiltres, delivrance ou vidimus d’icelles par mess. Ettot de Chartres, chevalier, pour lors maistre des Eaues et forests d’icelluy seigneur et aussy commissaire dudit mesmes procureur en ceste partie de par monseigneur le conte de Tancarville, souverain maistre et general reformateur des Eaues et forestz et garennes par tout le royaume, et aussy de Jehan de Beaumont, escuyer, sieur d’Armenille, alors maistre et enqueteur desdites Eaues et forestz, par lesquelles les dessus nommés monseigneur le conte et de Beaumont ont delivré aux habitans de Saint Germain en Laye les usaiges qu’ilz se dient avoir en la dite forest contenus et declarés plus a plain es lettres ausquelles ces presentes sont attachees, si vous mandons et se mestier est commendons que les diz habitans de Saint Germain en Laye vous laissiez et souffrés jouir et user plainement et paisiblement de leurs diz drois, usaiges, droictures et franchises que ilz ont en la dite forest selon ce que contenu est plus a plain esdictes lettres, sans leur donner aucun empeschement ou descombriez, et que de ce ilz usent sans exces ou abus, en tout ce les ordonnances royaulx sur ledit fait gardees, et enregistrees ou fait enregistrer par devers vous es registres de la dite forest des dites lettres de delivrance avecques ces presentes. Donné pour tesmoing de ce audit lieu de Saint Germain soubz le scel aux causes le dimenche vint septiesme jour du moys de decembre l’an mil quatre cens et onze. »

Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan de Meleun, chevalier, seigneur de la Borde le Viconte, chambellan, maistre et enquesteur des Eaues et forestz du Roy nostre sire es pais de France, Champaingne et Brie, au gruier ou garde de la forest de Laye ou a son lieutenant, salut. Comme nagueres par nostre commandement et ordonnance eus testé crié et deffendu de par le Roy nostre sire et nous que nul qui se deist avoir droit, usage, liberté ou franchise esdites forests ny entrast jusques a ce que de ce nous eussent monstré et ensengné de leurs diz droys, tiltres et previleges et comme de ce avoient joy et usé, et il soit ainsy que de la partie du commun et habitans de Saint Germain en Laye nous aient esté monstrees et exibees unes lettres de vidimus soubz scel royal, esquelles sont incorporees les lettres de noble homme messire Ector de Chartres, naguaires reformateur sur le dit fait, avecques unes lettres de mons. le conte de Tanquerville, lors souverain maistre et general reformateur des dites Eaues et forestz, faisans mention de leurs diz droys, franchises et libertés, obeissens de nous enseigner que de ce avoient joy et usé sens aucuns exceps ou abuz, en nous requerant que ledit empeschement voulsissons lever et oster, et pour et veu et consideré le contenu en leurs dites lettres de delivrance, eu sur ce adviz et deliberations a plusieurs sages et conseillers du Roy nostre dit seigneur, nous ledit empeschement mis de nostre commandement et ordonnance avons levé et osté, levons et ostons par ces presentes. Si vous mandons que lesdiz habitans vous laissez et souffrez joir et user de leurs diz droys et usages selon le contenu en leurs dites lettres, en tout ce les ordonnances royaux gardees. Donné a Saint Germain en Laye le lundi VIe jour d’avril l’an mil IIIIc et quinze. »

Lettres patentes confirmant les droits d’usage des habitants de Saint-Germain-en-Laye dans la forêt de Laye

« Louis, par la grace de Dieu roy de France et de Navarre, à tous presens et à venir, salut. Nos chers et bien aimés les habitans de Saint Germain en Laye nous ont fait remonstrer que de tout temps et antiennetté ils ont droit et privillege de prendre en la forest de Laye les souches mortes et aultres bois mort et sec qu’ils pourront tirer au crochet pour leur usage et chauffage pour chacun feu et maison, comme aussy d’envoyer et mettre pasturer en lad. forest hors taillis et lieux deffendus leur bestes omailles et leur suitte d’un an soubs la garde d’un seul pastre, duquel ils sont responsables, et encores d’envoyer et faire garder en lad. forest de Laye en temps de paisson ou autrement le nombre de porcz qui leur appartiennent et ce pour leur nourriture seullement, sans pour ce paier aucune chose, lesquels droits et privilleges leur ont esté confirmés par Charles six en l’année mil trois cens quatre vingts trois et arrest de nostre Conseil du XXVIIIe febvrier MVc vingt six, et encores par lettres pattentes de Henry second du neufiesme aoust mil cinq cens quarente sept, de François second du quinziesme novembre MVc cinquante neuf, et de Louis treize, nostre tres honnoré seigneur et pere, du mois de novembre mil six cens douze, et ont lesd. lettres esté bien et deuement veriffiées et enregistrées où besoing a esté, en consequence desquelles les exposans ont plainement et entierement jouy desdits droits d’usage et de pasturage, et toutes les fois qu’on les y a voulu troubler, les grands maistres des Eaux et forests, les maistres particuliers et gruyers de lad. forest et autres officiers desd. Eaux et forests, apres avoir veu leurs tiltres, ont fait cesser led. trouble et rendu leurs sentences et jugemens, dont lesd. exposans en rapportent nombre rendus à leur proffit depuis l’année mil quatre cens jusques en l’année mil six cens treize, neantmoins le sieur marquis de Chastre, seigneur de Candé, l’un desd. grands maistres, n’a pas laissé par son ordonnance du quinze septembre mil VIc cinquante neuf de faire deffences à toutes personnes, de quelque quallité et condition qu’elles soient, d’envoyer ni faire mener, conduire et pasturer leurs bestiaux ni coupper aucunes herbes et bruieres dans la forest de Laye et bois en deppendans soubs quelque pretexte que ce soit jusques a ce qu’ils lui eussent fait apparoir et justiffier des tiltres et confirmations necessaires pour jouir desd. droits d’usage et pasturage, pris son attache et icelle fait registrer au greffe de la maistrise particuliere dud. Saint Germain sur les peines portées par lad. ordonnance, de laquelle les exposans s’estans pleins aux grands maistres enquesteurs et generaux reformateurs des Eaux et forests de France au siege general de la table de marbre du palais à Paris et demandé que, sans avoir esgard à ladite ordonnance, il leur fut permis de jouir, comme ils avoient tousjours fait, de leurs droits d’usage et pasturage suivant et conformement à leurs tiltres, concessions et confirmations, led. siege, apres les avoir veus et examinés, a rendu son jugement le huitiesme octobre aud. an mil six cens cinquante neuf par lequel il a ordonné que lesd. exposans se retireroient par devers nous pour obtenir nos lettres de confirmation desd. droits d’usage et pasturage, et cependant leur a fait mainlevée des deffences portées par la susd. ordonnance pour raison du pasturage des bestes aumailles de leur nourriture seulement et ce à l’esgard des maisons usageres dud. Saint Germain, à la charge de n’avoir leurs bestiaux qu’es lieux et endroictz deffensables de lad. forest et de faire veriffier et registrer aud. siege lesd. lettres de confirmation, lesquelles lettres lesd. exposans nous ont tres humblement requises. A ces causes, inclinans à la supplication desd. exposans et les voulans bien favorablement traiter en consideration de nostre naissance aud. lieu de Saint Germain et de l’affection qu’ilz ont à nostre service, apres avoir fait revoir en nostre Conseil les susd. tiltres, concessions et confirmations desd. droitz d’usage et pasturage en ladite forest de Laye et authorité royalle, agreons, approuvons et confirmons par ces presents signées de nostre main tous et chacun lesd. privilleges et franchises, droitz d’usage et pasturage, voulons et nous plaist que lesd. exposans et leurs successeurs habitans dud. Saint Germain en jouissent et usent plainement, paisiblement et perpetuellement tout ainsi et aux mesmes charges et conditions qu’ils en ont joui par le passé et jouissent encores de present sans que pour raison de ce il leur soit donné aucun trouble ni empeschement. Si donnons en mandement au grand maistre enquesteur et general reformateur des Eaux et forests de France et pais reconquis ou son lieutenant au siege de la table de marbre de nostre Pallais à Paris, maistre particulier desdites Eaux et forests en la gruerie dud. Saint Germain, son lieutenant et autres nos officiers qu’il appartiendra que ces presentes lettres de confirmation ils aient à registrer et du contenu en icelles faire jouir et user plainement et entierement lesd. exposans et leurs successeurs habitans dud. Saint Germain sans permettre qu’il y soit contrevenu, nonobstant tous editz, declarations, arrestz, restrictions et autres choses à ce contraires ausquelles nous avons derogé et derogeons par cesd. presentes. Car tel est nostre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à tousjours nous avons à icelles presentes fait apposer nostre sel saus en autre chose nostre droit et l’autruy en toutes. Données à Paris au mois de novembre l’an de grace mil six cens soixante deux et de nostre regne le vingtiesme.
Louis
Par le Roy
Phelypeaux »

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