Fonds Supports muséographiques
- 2023001
- Article
- 1862 - 1961
Fondé sous l’impulsion de Napoléon III, le musée Gallo-romain, devenu musée d’Archéologie nationale (MAN) est conçu, non pas comme un musée des beaux-arts mais comme un musée archéologique se construisant comme un centre de recherche, visant à instruire le public en lui donnant « le goût de l’étude ». Le MAN se constitue dans ce contexte, un ensemble impressionnant d’objets et d’archives de formats et supports variés, achetés ou offerts à la suite de nombreux appels aux dons lancés par le musée, ou produits directement par ce dernier.
Les supports muséographiques s’inscrivent entièrement dans ce cadre. On désigne par cette appellation l’ensemble des documents, présentés en salle dans la première muséographie du musée d’Archéologie nationale précédant la réorganisation de 1961, en tant que complément des objets de la collection muséale. Ils avaient avant tout un rôle de re-contextualisation de l’information dans la lignée de la volonté de Jean-Baptiste Auguste Verchère de Reffye, qui souhaitait faire du MAN un lieu rendant « l’étude facile et à la portée du public ».
À la suite de la réorganisation muséographique entamée sous l’impulsion d’André Malraux, ces supports furent abandonnés et dispersés à travers le château, puis retrouvés à la suite de plusieurs campagnes de collectes et découvertes fortuites. Après un premier récolement, une étude scientifique a ensuite été entamée afin de retrouver leur localisation d’origine dans le musée ; elle devra être complétée pour identifier les auteurs et les dates de productions des documents.
On distingue deux grandes catégories de support, correspondant aux deux grands types de formats retrouvés. Premièrement, les supports en deux dimensions : ils se présentent sous la forme de planches cartonnées de dimensions variées sur lesquelles sont collées des pages provenant de diverses revues, albums et ouvrages conservés par la bibliothèque ou offertes par des archéologues, ou sur lesquelles sont produites directement des aquarelles, dessins, cartes et gravures. Elles étaient produites à l’atelier du musée, notamment par Abel Maître — sculpteur et et un des plus grands producteurs du fonds — ou par des archéologues et/ou dessinateurs extérieurs. Les planches étaient exposées individuellement dans des cadres, ou dans des meubles à volets en formant des ensembles cohérents de 40 à 90 planches. Les meubles à volets sont un type de mobilier formé d’un tronc autour duquel s’articulent des panneaux vitrés dans lesquels les planches étaient introduites. Leur utilisation a notamment fait l’objet d’une étude scientifique en 2018 par Angélique Allaire, portant sur leur utilisation, leur capacité en termes de volume, et l’innovation muséographique qu’ils constituaient. Créées exclusivement pour être montrées, ces planches peuvent représenter des objets, exposés dans le musée ou non, des cartes, des plans, des reconstitutions de site ou de mosaïques, et des photos d’objets, de monuments ou de sites archéologiques. La localisation dans la première muséographie du musée n’a pas pu être identifiée pour un certain nombre de ces planches : elles ont été incluses ici à cause de leur aspect physique, présentant des traces d’encadrement et amenant donc à penser qu’elles étaient exposées en salle. La salle d’étude du musée, initialement ouverte au public mais dont l’accès fut progressivement restreint n’entre pas dans le champ de la muséographie, bien qu’il y fût exposé un certain nombre de documents dans des cadres. Conséquence du manque de sources sur la composition de la salle d’étude, il n’existe aujourd’hui pas de moyens de distinguer quelles planches étaient exposées dans cette dernière. Ainsi, il est donc possible que certains documents figurant dans le sous-fonds « localisation non identifiée » aient été présentés en salle d’étude et non dans les salles muséographiques.
Les supports en trois dimensions sont rassemblés dans la seconde partie du fonds. Ces documents explicitent et replacent dans leur contexte les informations sur les cultures, les fouilles, et les monuments, présents en salle sous la forme de maquettes, représentant par exemple des chars, des catapultes, ou des reconstitutions de sites archéologiques, et de tirages en plâtre. L’inclusion des moulages au fonds « Supports muséographiques » est aujourd’hui sujet à discussions. En effet, les pièces exposées en salle au MAN étaient avant tout considérées pour l’information qu’elles apportaient, la distinction entre objet et reproduction sous forme de moulage n’étant alors pas faite. Se pose alors la question de leur réel rôle en tant que « support muséographique », tel que défini plus tôt et au même titre que les autres typologies de documents déjà évoquées.
De plus, les moulages conservés en musée sont en France sujet à un flou autour de leur statut juridique : ils ne sont actuellement considérés ni comme des objets de collection muséale, ni comme des pièces d’archives : l’étude du dossier devant le bureau des affaires juridiques du ministère de la Culture est prévue d’ici la fin de l’année 2023 afin de trancher à ce sujet. Enfin, les nombreuses incohérences et manques dans le registre d’entrée des collections, notamment leur enregistrement rétrospectif, rend difficile la distinction entre les moulages exposés et non exposés, produits pour la vente.
Les supports muséographiques sont, en vertu de l’article L211-2 du Code du patrimoine, des archives publiques. Produites entre le XIXe et le XXe siècle, les archives de ce fonds n’ont pas été toutes retrouvées, par conséquent si le fonds est bien clos, il reste cependant en cours de formation. Certaines pièces d’archives privées, issues des collections données au musée par Joseph de Baye, Frédéric Moreau, et Édouard Piette, exposées dans des salles dédiées à ces dons auraient pu rentrer dans le champ de ce fonds : arrivés au musée par voie extraordinaire et ayant le statut d’archives privées, il a été décidé de les conserver dans les fonds d’archives privées pour éviter toute dispersion et la constitution d’un fonds mixte. Les documents associés à ces personnalités et exposés dans leurs salles respectives, mais commandés par le musée, sont des archives publiques, et ont donc été inclus.
Musée d'Archéologie nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye