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Description archivistique
Loisirs et promenades
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Souvenirs de sa visite à Saint-Germain-en-Laye par Charles Philip Ainslie

« La terrasse de Saint-Germain
Nous croyons être agréable à nos lecteurs en publiant la traduction d’une notice sur la terrasse de Saint-Germain, extraits d’un ouvrage anglais paru, il y a quelques années, et intitulé Sketches here and there, par C.P.A. (en français, le général Ainslie).
Cette traduction a été faite, sans prétention, par A. et A. D. R.

On ne peut trouver nulle part une plus splendide promenade que la terrasse de Saint-Germain-en-Laye. Ses environs sont aussi charmants et abondent en agréables excursions, avec les attractions de la magnifique vieille forêt à proximité de la Ville. C’est toujours avec regret que l’on s’arrache de la Terrasse, y retournant souvent pour revoir ce vaste et enchanteur panorama, que l’on ne se lasse pas de voir et dont l’on n’est jamais rassasié. Cette terrasse, construite par Le Notre en 1676, a une élévation de 207 pieds au-dessus du niveau de la Seine et a une étendue, en longueur, de plus d’un mille et demi, du pavillon Henri IV à une porte de la forêt nommée « la grille Royale », sa largeur est de 65 pieds et le côté de la forêt est bordé dans son entière longueur par de magnifiques marronniers et des tilleuls.
La balustrade originaire en bois a, par ordre de Napoléon III, été remplacée par la superbe balustrade en fer actuelle et qui sera bientôt complètement achevée, et terminera ainsi avant peu ce magnifique travail.
Enchanteresse en tous temps, c’est, je pense, plus particulièrement aux environs de la chute du jour que l’air y est délicieux. Le parfum des bois et des fleurs (Saint-Germain est renommé pour ses roses), le chant du soir des oiseaux, les voix des laboureurs à travers les vignes, l’éclatant coucher du soleil versant ses magnifiques rayons sur la riche et grandiose perspective de la forêt ; vignobles, hauteurs grandioses avec de riantes plaines venant doucement dans le milieu, tout cela compose un tableau d’une beauté que je crois sans rivale. Différant des puissantes splendeurs de la Suisse, du Tyrol, des Pyrénées et d’autres contrées montagneuses dans lesquelles se confondent les sentiments de crainte et d’admiration, la vallée de la Seine ne présente que des paysages d’une description douce et tranquille, impressionnant l’esprit et les sens de pensées et de rêveries pleines de repos et de tendresse. Et avec tant de beauté naturelle, combien de rapprochements intéressants ne nous rappelons-nous pas ; nous regardons par-dessus les bois du Vésinet, à l’horizon duquel on aperçoit « l’Arc de Triomphe de l’Etoile », désignant le gai, le brillant, le léger Paris qui, en dépit de toutes ses souffrances et désastres, reste la capitale du luxe, du raffinement et du plaisir ; les hauteurs de Montmartre, la tour de Saint-Denis, le Mont-Valérien, dont on a tant parlé pendant la dernière guerre ; Nanterre, Rueil, où sous le pâle marbre dort la pauvre Joséphine et sa fille, la reine Hortense, le parc de la Malmaison, avec tous les souvenirs des premiers temps de Napoléon ; les hauteurs boisées de Louveciennes, et au-delà encore Marly, avec l’ombre de Louis XIV. Derrière les îles de la Seine, avec leurs peupliers se balançant, est situé Bougival, cher aux Parisiens les jours de fête ; et maintenant, tournant à gauche, nous voyons le village de Carrières, et plus loin le joli Maisons-Laffitte, avec son château, ses jolies villas perdues dans les arbres, ses avenues ombragées et son pont. Dans le lointain, les bois de Montmorency, et pour compléter ce splendide panorama, l’historique Seine glisse tout le long, avec ses ponts (celui du chemin de fer, heureusement pas désagréable à la vue), ses îles verdoyantes, et ayant seulement besoin d’un peu plus de vie à sa surface pour animer ses eaux tranquilles.
A propos des ponts sur la Seine, le vieux, en bois, du Pecq (la première station au-dessous de Saint-Germain), qui a été emporté par les glaces dans la soirée du 28 janvier 1830, a été la scène d’un épisode de la guerre de 1815, épisode peu connu, méritant toutefois d’être immortalisé. J’emprunte ce récit à une intéressante petite histoire du château de Saint-Germain par M. de Lacombe, un officier de hussards d’un régiment en garnison ici.
« Le 1er juillet 1815, une colonne prussienne appartenant à l’armée de Blücher, d’environ 1500 hommes, déboucha par le bois du Vésinet et effectua le passage du pont du Pecq. Une redoute, quelques canons posés sur la terrasse, auraient eu facilement raison de ces troupes. Pour protéger ce passage, il fut détaché un officier, dont le nom n’a pas été conservé, et seulement 25 hommes. Il y a des vieillards qui se rappellent l’avoir vu à la tête de cette poignée d’hommes, grave, tranquille, et avoir échangé avec lui quelques paroles avant l’arrivée de l’ennemi. Il sentait lui-même qu’il était sacrifié, car il ne pouvait se faire d’illusion ; il ne répondait aux remarques qui lui étaient faites sur la petite quantité de leur nombre que par quelques paroles de calme résignation ; c’était un de ces hommes qui, une fois qu’ils ont un devoir à remplir, le font sans plus raisonner.
Il barricada le pont le mieux qu’il fût possible. Il reçut les Prussiens à coups de fusil, resta ferme aussi longtemps qu’il eut un souffle de vie, donnant un exemple de sang-froid au milieu des ravages de la mort, et à son tour tomba pour ne plus se relever. Après cette fin glorieuse, les survivants de ces 25 héros, qui avaient largement satisfait aux droits de l’honneur, se retirèrent fièrement, maintenant leur retraite avec les dernières cartouches qui leur restaient, sans laisser un prisonnier, et se rejetèrent sur le corps d’armée du général Vandamme, opérant dans les environs de la Celle-Saint-Cloud. Et il n’y a pas une pierre sur les bords de la Seine pour retracer aux voyageurs ce dévouement, qui semble d’autant plus noble qu’on le savait d’avance inutile. »
Habitant pour quelques semaines le « Pavillon Henri IV », qui est non seulement un fashionable restaurant connu du monde entier, mais aussi un très confortable hôtel, et passant une grande partie de mon temps sur cette magnifique terrasse, je ne pus me tourner qu’avec intérêt du côté du grand et vieux château qui est tout proche. Il est restauré maintenant, autrement, mais sûrement, sous la savante direction de M. Millet, pour avoir l’exacte apparence qu’il avait lorsqu’il fut achevé, par François Ier, et il sera probablement, quand il sera terminé, le plus beau spécimen du style de la Renaissance en Europe. Mais je ne pouvais pas faire autrement de me rappeler en même temps que dans ces murs mourut, en exil et dans l’infortune, le dernier de la royale maison des Stuart, qui porta une couronne, et bien que le caractère de Jacques II ne soit ni élevé ni plaisant, et qu’il n’ait fait qu’une triste figure dans l’histoire, il y a néanmoins beaucoup d’intérêt romanesque attaché à ses dernières années.
J’ai été curieux d’apprendre quelque chose de son séjour ici, et de celui de ces personnes que leur dévouement avait poussées à partager la destinée du souverain tombé ; je me suis aperçu de suite que ce n’était pas un travail facile, car il reste peu ou pas de traces du royal exilé et de sa famille ou de ceux qui formèrent sa cour, que la libéralité princière de Louis XIV et une pension de sa fille la princesse Marie lui permettait de tenir. Pendant un temps considérable, il paraît qu’en effet, après la mort de Jacques, le 16 septembre 1701, de sa fille la princesse Marie-Louise, née ici le 28 juin 1692, morte le 18 avril 1712, et de la reine Marie d’Este, le 17 mai 1718, plusieurs de ceux-ci et de leurs descendants ont continué de résider à Saint-Germain, mais les derniers de tous sont maintenant disparus depuis un grand nombre d’années. Les documents de la mairie ont été, comme cela est arrivé exactement dans toute la France, brûlés par les mains sacrilèges de la Révolution de 1793. Dans la suite, des changements variés et des dégradations supportées par le château, depuis son occupation par Jacques II, tout ce qui restait des anciens appartements royaux ont été détruits ; et c’est ainsi qu’il arrive que, comme d’autres qui sont venus avant moi dans le même but, les détails que j’ai pu recueillir sont très pauvres et surpassent difficilement ce qui a été déjà plus ou moins raconté dans les histoires de cette période. Cependant, M. l’abbé Chauvel, curé de Saint-Germain, ayant eu la bonté de m’introduire auprès d’un gentleman de la ville, très au courant de ces matières, je suis redevable à M. Napoléon Laurent d’une grande quantité des informations suivantes, qui me semblent intéressante et moins universellement connues
C’est le jeudi 6 janvier 1689 que Louis XIV vint en grande pompe de Versailles à Saint-Germain recevoir la reine d’Angleterre, exilée, et le prince de Galles, qui arrivaient le même jour. Il y retourna le jour suivant et conversa quelques temps avec la reine, qui était au lit. En la quittant, Louis XIV apprit que le roi d’Angleterre était dans la cour du château, sur quoi Louis s’avança pour la recevoir jusqu’à la porte de la « salle des gardes ». Jacques s’inclina profondément, comme s’il eût voulu embrasser les genoux du roi, ce que Louis XIV empêcha, et l’embrassant, ils restèrent ainsi quelque temps dans les bras l’un de l’autre. Le prenant ensuite par la main, il le conduisit chez la reine à qui il le présenta en lui disant : « Je vous amène un homme que vous serez bien heureuse de voir ». Jacques resta longtemps dans les bras de la reine, après quoi Louis lui présenta monseigneur le duc de Chartres, les princes du sang et quelques courtisans que le roi d’Angleterre connaissait. Alors le roi de France conduisit Jacques chez le prince de Galles, et l’ayant ramené chez la reine, il lui dit en le quittant : « Je ne veux pas que vous me reconduisiez, vous êtes encore chez moi aujourd’hui, demain vous viendrez me voir à Versailles, comme cela a été convenu ; je vous en ferai les honneurs, et vous me les ferez à Saint-Germain la première fois que j’y reviendrai ; nous vivrons ensuite sans cérémonies ».
L’hospitalité princière, les attentions délicates et l’assistance matérielle rendue par Louis XIV dans son château de Saint-Germain au monarque exilé et détrôné ont été amplement et justement célébrés dans tous les différents mémoires et histoires de ce temps là, et ont aussi formé le sujet de différentes peintures et gravures. L’hospitalité fut en vérité le moindre des services rendus à son hôte par le roi de France qui, malgré ses propres difficultés politiques, trouva moyen de fournir à Jacques treize vaisseaux de guerre de 1ère classe et qui, en le quittant à Saint-Germain au moment de son départ pour l’expédition qu’il lui faisait tenter pour recouvrer sa couronne, lui offrit comme cadeau d’adieu sa propre cuirasse et ajouta, en l’embrassant, ces mots touchants : « Ce que je peux vous souhaiter de mieux, mon frère, c’est de ne jamais vous revoir ». Ce souhait, comme chacun sait, ne fut pas réalisé, et Jacques, battu sur terre à la Boyne et sur mer à La Hogue, revint à Saint-Germain pour y finir ses jours, passés principalement en actes de dévotion et variés par un seul amusement, celui de la chasse. A de rares intervalles, Jacques et la reine semblent avoir accepté les invitations de leur splendide hôte à Fontainebleau, Marly et Versailles. Il y a cependant un épisode qui rompit cette monotonie d’une manière si touchante et lequel fait tant d’honneur au monarque tombé et à ceux de ses partisans qui lui restèrent fidèles jusqu’à la fin que, quoi qu’on le trouve raconté ailleurs, j’ai trouvé la narration suivante, de Léon Gozlan (dans son médecin du Pecq) si exacte et si nette, que je la donne dans son original [Récit romanesque] :
« Cent cinquante gentilshommes, dit-il, avaient suivi le roi dans l’exil. Entretenus aux frais de Louis XIV, ils allèrent vivre, humblement, dans quelques villes du nord de la France. Malheureusement, les trésors de leur bienfaiteur n’étaient pas aussi inépuisables que sa magnanimité. Ses richesses furent taries par mille causes désastreuses, et alors il fallut retirer les pensions aux gentilshommes écossais.
Jacques II, leur roi, le soutint tant qu’il put, mais les ressources étaient si bornées ! Quand on fait l’aumône avec l’aumône qu’on reçoit, on double sa misère sans beaucoup soulager celle d’autrui. L’assistance fut bientôt insuffisante ; les gentilshommes essayèrent alors de prendre des états qui les aidassent à vivre dans l’exil. On vit des Fitzjames, des Dillon, manier le rabot et frapper l’enclume, les yeux tournés vers Saint-Germain où le roi gémissait de leur misère.
Après avoir vécu du pain de leur sueur, l’idée désespérée leur vint de demander du service dans les armées de Louis XIV. Bons officiers, ils seraient bons soldats ; la peine les avait endurcis. Ils offrirent des bras forts, des cœurs éprouvés, des dévouements inflexibles. Humblement, ils demandèrent à leur roi la permission d’être simples soldats sous les drapeaux de la France. Au temps de Charles VIII, et depuis ce roi, leurs compatriotes n’avaient pas rougi de solliciter de semblables enrôlements. Jacques soupira, et obtint de Louis XIV ce que les gentilshommes désiraient.
Tristes et heureux, ils se rendirent tous les cent cinquante à Saint-Germain, sous l’uniforme français, inusité pour eux.
Quand ils eurent nommé eux-mêmes leurs officiers, ils voulurent être passés en revue par leur infortuné roi, qui ignorait jusqu’à quel point ses braves serviteurs avaient mis à exécution leur projet. Un jour qu’il se disposait à aller à la chasse, unique distraction à son vaste ennui, il aperçoit, en traversant la cour du château, un bataillon rangé sur son passage : Quels sont ces hommes ? s’informe le roi. Sire, ce sont vos braves gentilshommes écossais, venus pour vous dire adieu ; ils désirent que vous les passiez en revue et que vous les bénissiez.
Le roi sentit les larmes lui monter dans les yeux et se retira dans ses appartements pour contremander la chasse et pour pleurer. Et alors l’air national d’Ecosse retentit sous les croisées, le vieil air de la guerre, celui qui émeut, qui enflamme, et qu’on n’entend jamais sans se souvenir qu’on a été brase, qu’on a été jeune et qu’on a aimé.
Le roi redescendit dans la cour ; il était pâle, ses jambes tremblaient et des larmes ruisselaient le long de l’habit noir qu’il avait revêtu. Il dit à ces braves jeunes gens : Messieurs, mes propres infortunes me touchent moins que les vôtres. Je ne saurais exprimer combien il m’est pénible de voir tant de braves et dignes gentilshommes descendus au rang de simples soldats. S’il plaît jamais à Dieu de me rétablir sur le trône, il est impossible que je puisse oublier vos services et vos souffrances. D’après vos désirs, vous allez entreprendre une longue route ; j’ai pris soin que vous soyez pourvus d’argent, de souliers, de bas, et de tous ce que peut vous être nécessaire. Craignez Dieu ; aimez vous les uns les autres. Faites-moi connaître directement vos besoins, et soyer assurés que vous trouverez toujours en moi votre roi et votre père.
Ensuite, Jacques II passa dans les rangs de ses Ecossais, s’arrêta devant chacun d’eux, leur renouvela ses promesses, écrivit leurs noms, salua le drapeau, et les mains étendues vers eux, il s’écria : Partez, mes enfants, votre roi vous bénit.
Accablé sous l’émotion, Jacques II se retira en silence. Tout à coup, il s’arrêta de nouveau ; peut-être n’a-t-il pas tout dit à ses vieux serviteurs. Il revient sur ses pas, s’incline jusqu’à terre, et de longs torrents de larmes coulent de ses yeux. Voilà ce qu’il avait à leur dire. Ses gentilshommes, le cœur brisé, se mirent à genoux et se recueillirent. Ils se relevèrent ensuite, fiers et beaux de leur fierté, et défilèrent une dernière fois devant leur souverain. »
La dernière fois que le roi de France visita son hôte fut le 13 septembre 1701, trois jours avant sa mort, lorsque Louis lui assura qu’il reconnaîtrait le prince de Galles comme roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, ce qu’il répéta à la reine dans sa propre chambre et ensuite, après son retour à Marly, en présence de toute sa cour.
Jacques mourut, comme on l’a dit, le 16 septembre 1701, et l’acte de décès suivant est extrait des registres de l’état civil de Saint-Germain-en-Laye :
Du seizième septembre 1701, à trois heures et vingt minutes après midi, est décédé, dans le château vieil de ce lieu, très haut, très puissant et très religieux prince Jacques Stuart, second du nom, roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, âgé de soixante-sept ans onze mois, régalement regretté des peuples de France et d’Angleterre, et surtout des habitants de ce lieu et autres, qui avaient été témoins oculaires de ses excellentes vertus et de ses religion, pour laquelle il avait quitté toutes ses couronnes, les cédant à un usurpateur dénaturé, ayant mieux aimé vivre en bon chrétien, éloigné de ses états, et faire, par ses infortunes et sa patience, triompher la religion catholique, que de régner lui-même au milieu d’un peuple mutin et hérétique. Sa dernière maladie avait duré quinze jours, pendant lesquels il avait reçu deux fois le saint viatique et l’extrême-onction, par les mains de M. Jean-François de Benoist, docteur de la maison de Sorbonne, prieur et curé de ce lieu, son propre pasteur, avec des sentiments d’une humilité si profonde, qu’après avoir pardonné à tous les siens rebelles et ses plus cruels ennemis, il demanda même pardon à ses officiers s’il leur avait donné quelque sujet de chagrin. Il avait aussi donné des marques de sa tendresse et religion au sérénissime prince de Galles, son fils, depuis héritier de ses couronnes, aussi bien que de ses vertus, auquel il recommanda de n’avoir jamais d’autre règle de sa conduite que les maximes de l’Evangile, d’honorer toujours sa très vertueuse mère, aux soins de laquelle il le laissait, de se souvenir des bontés que Sa Majesté très chrétienne lui avait toujours témoigné, et de plutôt renoncer à tous ses Etats que d’abandonner la foi de Jésus-Christ. Tous les peuples, tant de ce lieu que des environs, ont eu la consolation de lui rendre les derniers devoirs et de le visiter pour la dernière fois dans son lit de parade, où il demeura vingt-quatre heures exposé en vue, pendant lesquelles il fut assisté du clergé de cette église, des révérends pères récollets et des Loges, qui ne cessèrent de prier pour le repos de l’âme de cet illustre héros du nom chrétien, que le Seigneur récompense d’une couronne éternelle.
(Registre de l’état-civil de Saint-Germain-en-Laye)
Monseigneur le prince de Conti vint à Saint-Germain et y demeura durant ces derniers jours-là, parce que la reine d’Angleterre et lui étaient enfants des deux sœurs Martinozzi, dont la mère était sœur du cardinal Mazarin. Le nonce du pape y vint aussi, par son ordre, et conséquemment il reconnut et complimenta le prince de Galles comme roi d’Angleterre. Le soir du même jour, la reine alla voir, à Sainte-Marie de Chaillot, sa fille, pour laquelle elle avait une grande affection. »

Récit par Sophie von La Roche de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 546] Wir kamen eben von der beruhmten Terrasse von St. Germain zuruck, die wir nicht nur wegen ihrer Schonheit, sondern auch mit einem gewissen Geist der Wallfahrt, fur das Andenken Heinrich des IV. Der sie auffuhren liess, besuchten, und von welcher man die vortrefliche Ausficht auf Paris, das Thal, die Seine und Marly hat ; ja man sagt : Dieses schone Schloss wurde nie verlassen worden seyn, wenn man Ludwig dem XIV. Die Ausficht auf die Thurme der Abten St. Denis hatte verbergen konnen, weil er nicht Kraft genug in seiner Seele fand, den Begrabnisort seiner Vorfahren mit Ruhe anzusehen. Ludwig der XI. Welcher auch den Tod furchtete, hatte dieses Schloss seinem Leibarzt, vielleicht aus der nemlichen Ursache, geschenkt ; Karl der V. hingegen hatte es, wegen der schonen Lage und [p. 547] gesunden Luft, im Jahr 1370 erbaut, und hatte freylich den Bennahmen des Weisen nicht verdient, wenn er den Gedanken des Todes nicht wie ein Mann getragen hatte. Er mag sich wohl oft bey Erblickung dieser bedeutenden Thurme vorgenommen haben, die Lorbeerkrone eines guten Nachruhms zur Zierde seiner Ruhestatte zu erwerben. KIarl der VI. verlohr St. Germain an die Englander. Sein Sohn kaufte es von einem englischen hauptmann zuruck. Franz der I. dachte darinnen an den Genuss seines Lebens bey der schonen Jagd in dem nahe anstossenden Wald. Man sieht noch an der obersten Fensterreyhe ringsumher im hof den gebrannten Salamander, welcher sein Sinnbild war. Henrich der IV. und Ludwig der XIII. vergrosserten und verschonerten es. Man will jetzo diess Schloss als Beweiss der Verganglichkeit ansehen, weil der Alcove, in welchem Ludwig der XIV. gebohren wurde, nun ein Staubwinkel ist, und die Gallerien, worinnen sich der hofstaat versammelte, Kornboden geworden sind. Ich habe nicht viel gegen diese Abanderung einzuwenden, den Ludwig der XIV. ist jetzo selbst nichts mehr, als eine Hand voll Staub, warum sollte das Zimmer davon befreyt seyn ? und nuzliche Kornmagazine fur das gemeine Wesen entehren, wie ich denke, die Stelle der Hofleute nicht sonderlich. Gerne mochte ich aber, dass der Zufall den lezten grosen Bewohner dieses von seinen Konigen verlassenen Hauses, Jacob den II. Konig von England, welcher seinen Thron verliess, in dem Zimmer hatte sterben lassen, in welchem sein Beschutzer gebohren wurde. Dieser hatte uber Veranderung und Verschiedenheit nachdenken und sprechen konnen. Merkwurdig ists, dass hier in den koniglichen Garten die ersten Springbrunnen im Grosen errichtet wurden, welche der Prasident [p. 548] Moncontis von Lyon erfand. Das Schloss ist ein groses Viereck, dessen angebaute grose Thurme auswarts als breite Vorsprunge, im Hof aber, als runde Thurme erscheinen. Das Ganze ist von dunkelrothen Ziegelsteinen und sehr hoch gebaut. Innen und aussen laufen Gallerien herum, von welchen man die angenehmste Aussicht hat. Der Theil des schonen Waldes, welcher an das Ende der Terrasse fuhrt, ist immer voll Spazierganger von der besten Menschenclasse. Man sahe ihnen an, dass Klugheit, Ruhe und Freundschaft unter ihnen wohnen. Viele angesehene Familien von Paris begeben sich hieher, eine vernunftige Stille und wohlfeilere Lebensmittel zu finden, und dennoch in der Nahe des Hofs von Versailles zu leben, wo sie leicht alles Neue erfahren, und die Gnadenzeit fur sich und die Ihrigen nutzen konnen. Wir gingen auch in die Kapelle, welche von schoner Bauart ist. Die Decke ist voll Gemalde aus der biblischen Geschichte, sehr fein gemalt, und die Einfassungen der Winkel, welche das Gemalde bildet, und die Saulen, welche das Gewolbe tragen, sind alle vortreflich vergoldet. Sie sind aber nicht nur ein Beweiss der alten Pracht, sondern auch der alten Kunst. Denn gewiss, die neuen Vergoldungen werden nicht so lange in ihrer Schonheit dauern. Ich wunschte einen alten Saal des Schlosses zu sehen. Aber er ist ganz verbaut, und wie das Louvre in Paris zu Gnadenwohnungen eingerichtet. Die Vorhöfe sind einsam und mit Gras bewachsen. Von den schonen Grotten, und in Wasserwerken sich bewegenden Gottern und Thieren, sieht man nichts mehr ; aber Leute jedes Alters, mit dem Ausdruck einer stillen Zufriedenheit, finden sich hier unter den Baumen, welches in Paris, dessen Rauchsaulen und Thurmspitzen man erblickt, nicht moglich ist, wo [p. 549] die Menschen vom Ehr und Geldgeitze, von Sorgen und Neugierde umher getrieben warden, und auch der, so in der Kutsche sizt, durch die Gegenstande der Pracht und Kunst, durch den Larmen der Fuhrwerke und Fussgänger aus dem Gleichgewichte gebracht wird. »

La Roche, Sophie (von)

Récit par Sebastiano Locatelli de sa visite au château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 169] Devant aller à Saint-Germain où était la Cour, je priai le Seigneur Abbé Louis Vigarani, chanoine de la cathédrale de Reggio en Lombardie et frère du Seigneur Charles, grand architecte de Sa Majesté, qui logeait à la Cour, d'avoir la bonté de m'accompagner, afin qu'il me fût plus facile de voir toutes les beautés du château et surtout du jardin de Sa Majesté. Il y consentit ; nous arrivâmes à Saint-Germain vers les vingt-deux heures, car nous étions partis tard et à pied, et il fallut bien trotter. Dès les premiers moments, nous sentîmes le parfait accord de nos caractères : aussi causâmes-nous toujours, et fîmes-nous avec plaisir et sans nous en apercevoir cette route de cinq lieues bien longues, tantôt en plaine, tantôt entre de petites collines délicieuses.
Saint-Germain-en-Laye est une fort belle petite ville à cinq [p. 170] lieues de Paris. Charles V et François Ier, attirés par les belles chasses des environs, firent reconstruire le château, et entourer la vaste forêt d’une chaîne de fer pour empêcher les bestiaux d'y pénétrer. Dans un coin de cette forêt se voit encore une grande table de marbre d’un seul morceau, près de laquelle on complota autrefois de trahir le Roi ; c'est là l'origine du nom de cette partie de la forêt. Louis XIII ajouta au château un très bel appartement accompagné de six galeries et de deux grandes ailes avec des portiques, pour servir de quartier aux gardes pendant le séjour de la Cour qui passe à Saint-Germain environ trois mois par an pour jouir du bon air. Ce que
je trouve de plus beau est le jardin. Nous demandâmes au concierge, M. de Queri, à le voir; mais comme le Roi s'y trouvait, il répondit qu'il ne savait comment faire pour nous le montrer, si nous n'avions le courage de revenir chez lui au point du jour, avant que personne de la Cour ne fût éveillé. Il fut entendu avec lui que nous viendrions à cette heure.
Étant logés au château, nous arrivâmes le lendemain plus tôt même qu'il n'aurait voulu, car il dut se lever pour nous introduire. Je parlerai des choses principales, et laisserai à l'imagination du lecteur le soin de se faire, d'après le peu [p. 171] que je dirai, une idée digne de ce jardin, le plus beau et le plus délicieux de tous ceux de ce genre appartenant à Sa Majesté. À un bon demi-mille du palais se trouvent cinq grottes souterraines renfermant diverses figures mises en mouvement par l'eau, et des oiseaux artificiels que le vent fait chanter Dans la première grotte, Orphée, en jouant de la lyre (mais toujours sur la même corde), fait sortir des animaux sauvages de toute espèce qui s'arrêtent autour de lui en poussant chacun son cri particulier. Les arbres, dont les rameaux forment comme un dais au-dessus de ces figures merveilleuses, s'inclinent en passant devant le Dieu ; puis vient le Roi tenant le Dauphin par la main, et tous les personnages s'inclinent devant Sa Majesté. Dans la seconde, une bergère chante par un fort bel artifice, en s'accompagnant de divers instruments, pendant que de nombreux oiseaux font entendre leur ramage accoutumé ; un rossignol de bois s'envole ensuite sur un arbre, et chante en battant des ailes et en ouvrant le bec si gracieusement qu'on le dirait vivant. Dans la troisième, on voit Persée frapper un monstre marin de son épée et délivrer Andromède ; les Tritons soufflent à grand bruit dans leurs conques, placent les amants sur deux chevaux marins et les emmènent. Dans la dernière, un dragon vomit des torrents d'eau en agitant la tête et les ailes ; Vulcain et Vénus se promènent sur cette eau dans une coquille argentée. Derrière cette grotte, il y en a une autre si fraîche en été qu’on y gèlerait, je crois, si on y restait une heure entière ; nous nous y arrêtâmes le temps [p. 172] d'un miséréré sans pouvoir supporter la rigueur du froid. Après nous avoir montré les grottes, et fait marcher devant nous toutes ces merveilles à l'aide de clés et de manœuvres secrètes, le valet du jardinier nous quitta. Le Seigneur Charles, bien qu'étant de la Cour, lui donna un franc.
En revenant par des galeries couvertes de verdure au moment où le soleil se levait, nous trouvâmes sous une tonnelle de laurier Mademoiselle de la Vallière la plus spirituelle de toutes les dames de Paris et devenue, grâce à son esprit, la favorite du Roi. Elle était en compagnie de quelques demoiselles et de cavaliers, occupée à se coiffer. A notre vue, elle resta aussi étonnée que nous, car elle croyait n'être surprise par personne, et attendait son Roi qui n'était pas loin. En nous apercevant, Sa Majesté qui se trouvait avec le Maréchal de [p. 173] Grammont, nous fit de la main signe de venir. Aussitôt l’Abbé, devenu plus pâle encore que moi, alla bien vite se jeter à ses pieds. Après avoir plié devant lui le genou suivant l'usage et baisé le bord de son bas, il se leva sur un signe de Sa Majesté, qui lui demanda comment il se trouvait là et qui était avec lui. Sa réponse entendue, le Roi me fit signe de venir aussi ; je m'approchai aussitôt, et après avoir imité mon compagnon que j’avais observé attentivement, je répondis de mon mieux en français aux questions de Sa Majesté. C'est en cette langue que je devrais rapporter notre dialogue, mais comme je ne pourrais y réussir, je l’écrirai en italien.
Le Roi. – D’où êtes-vous, Monsieur ?
Sébastien Locatelli. – De Bologne, pour servir Votre Majesté.
Le Roi. – Vous êtes d’un méchant pays.
S. L. – Comment ? Bologne n'est donc pas la mère des études, le palais des religieux, la patrie de nombreux saints, parmi lesquels on adore le corps incorruptible de sainte Catherine (à ce nom, Sa Majesté ôta son chapeau), aux pieds de laquelle Catherine de Médicis, Reine de France, déposa la couronne et le sceptre de son royaume ?
Le Roi. – C'est une chose difficile que vous entreprenez en voulant défendre un pays où les hommes sont les bouchers des autres hommes.
[p. 174] A ces mots, je restai muet et le visage couvert de rougeur. Le Roi nous tourna le dos en riant gracieusement. Ainsi congédiés, nous allâmes à la petite porte par laquelle nous étions entrés. Le concierge pensa mourir de chagrin en apprenant notre aventure. Il lui était expressément défendu de laisser entrer personne, afin que la Reine ne se doutât pas de la présence de sa rivale qui logeait chez lui ; aussi craignait-il une punition sévère ; mais le Roi ne dit rien, à notre connaissance du moins. »

Locatelli, Sebastiano

Récit par Maria Edgeworth de sa visite au château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 113] À Saint-Germain, ce vaste palais qui servait il y a peu de temps encore de caserne à l’armée anglaise, notre guide féminin était extrêmement bien informé. Réellement, François Ier, Henri IV, Marie de Médicis, Louis XIV et Mlle de la Vallière semblaient avoir été de ses connaissances intimes. Elle connaissait tous leurs secrets. Elle nous montra la chambre de
Mlle de la Vallière ! Une chambre resplendissante de dorures, – de dorures qui ont contribué à dérober à sa vue les souffrances de l'avenir ! – La pauvre femme ! Ces ors ont, par exception, échappé à la destruction révolutionnaire.
Dans la hauteur de la voûte si dorée de cette pièce, le guide nous montra une trappe par laquelle Louis XIV descendait. Comment on a pu aménager cette trappe, je ne le comprends pas bien ; cela dut être un travail périlleux à [p. 114] cause de l’élévation de la chambre. Mais mon guide féminin, qui certainement l’a vu faire, m’assura que Sa Majesté descendait très tranquillement dans son fauteuil, et, comme elle tenait de grosses clefs dans sa main, et qu'elle était presque aussi grosse que Mrs Liddy, je ne me hasardai ni à la contredire, ni à émettre aucun doute. »

Edgeworth, Maria

Récit par Karl Gottlob Ferdinand von Polenz de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 337] Von geschichtlichen Eindrücken überfüllt, fuhr ich, mit unserm Landsmanne, dem Montmartre und den Maifons blanches (wo Blücher während der Schlacht von Paris gehalten haben soll) vorüber, durch das Dorf und die Barrière Clichy in die Straße gleiches Namens, von wo wir auf der Eisenbahn uns nach St. Germain-en-Laye begaben ; eine 5 Stunden von Paris an der Seine anmuthig gelegene Stadt, in der die reich gewordenen Pariser Gewürzkrämer (épiciers) in schönen Landhäusern, von den Sorgen ihrer Geschäfte wohl eine andere Ruhe suchen, als die, welche der Herr auch ihnen verheißen hat. Die Aussicht von der dasigen Terrasse ist weit reizender, als ich eine solche in der Nähe von Paris erwartet hatte, und die in wiederholten Krümmungen zwischen Weinhügeln, üppigen Wiesen und lachenden Gärten sich hindurchwindende Seine hat das Bild veranlaßt, daß fie, von der Hauptstadt zauberisch angezogen, immer wieder zu ihr sich wenden müsse.
Auch St Germain, in dessen von Franz I. gebautem Schlosse sich jetzt eine Militärstrafanstalt befindet, ist reich an geschichtlichen Erinnerungen. Ludwig XIV. wurde hier in einem Hause an der Terrasse geboren, an dem man eine Wiege angebracht sieht. Er wählte, da ihm das Andenken an die Unruhen der Fronde Paris unbehaglich machte, das dasige Schloß zu seiner Residenz, bis ihn der stete Anblick des Kirchthurmes von St. Denys an den Tod erinnerte und in seinem [p. 338] Lebensgenusse unangenehm störte. Da vertauschte er diesen lieblichen Aufenthalt mit der Einöde von Verfailles, die er erst mit ungeheurem Aufwande von Kosten zu seiner Residenz umschaffen mußte. Er suchte in der Ueberwindung der Natur seine Größe und den fehlenden Fluß durch die bekannten kostbaren Wasserleitungen zu ersetzen. »

Polenz, Karl Gottlob Ferdinand (von)

Récit d’une visite du roi de Bavière à Saint-Germain-en-Laye

« Dimanche matin, vers sept heures, M. Collinet, propriétaire du pavillon Henri IV, revenait d’une promenade matinale lorsqu’il trouva sa cour et ses remises occupées par les postillons à la livrée de l’Empereur et par deux voitures de la Cour. Ces équipages, qui venaient d’arriver, étaient, lui fut-il dit, destinés à une excursion à Versailles du roi de Bavière, qui avait voulu, en passant, visiter un instant Saint-Germain, et devait arriver par un train spécial du chemin de fer. M. Collinet, effrayé d’abord d’être ainsi pris à l’improviste, se rassura pourtant en pensant que le roi ne ferait que prendre quelques rafraichissements pendant son très court séjour au pavillon. Mais, à dix heures et demie, arrivait de Paris un officier de bouche de la Maison de l’Empereur, chargé de commander, pour onze heures et demie précises, un déjeuner digne d’être offert à un souverain et à sa suite assez nombreuse. Tout autre que notre concitoyen se fût peut-être déconcerté, et, dans un moment d’égarement, eût pu songer à décrocher sinon l’épée de Vatel, du moins son ancien sabre de garde national ; mais heureusement il n’en fut pas ainsi. M. Collinet se sentit capable de dominer la circonstance et, pendant que ses premiers ordres parvenaient aux cuisines, il crayonnait, d’accord avec le maitre d’hôtel, le menu d’un déjeuner qui était tout dressé [p. 103] lorsqu’une heure après, le roi de Bavière paraissait sur les marches du perron, suivi de huit ou dix personnes, parmi lesquelles se trouvait M. le comte Tascher de La Pagerie, premier chambellan de l’Impératrice, et M. le général baron de Béville, aide de camp de l’Empereur, et aussi deux officiers bavarois attachés à sa personne. Malgré l’imprévu de cette visite royale, la réussite de M. Collinet a été assez complète pour qu’à son départ son hôte lui témoignât toute sa satisfaction, en l’assurant que le repas qui venait de lui être offert au pavillon avait été un des plus agréables qu’il eût faits depuis son séjour en France.
Avant de partir, vers une heure, pour Versailles, le roi a parcouru en voiture toute la Terrasse, dont il a paru beaucoup apprécier l’admirable vue, a fait une courte promenade en forêt, dont il est ressorti par la grille de la place Pontoise, pour, en traversant la ville par les rues les plus populaires, gagner la route de Versailles. Partout, sur son passage, le roi, qui saluait avec affabilité, a été l’objet d’une respectueuse curiosité. Une foule nombreuse, avertie de sa présence à Saint-Germain avait envahi aussi les jardins du pavillon Henri IV au moment de son départ. »

Récit d’un concert militaire donné sur le parterre de Saint-Germain-en-Laye

« Une température vraiment printanière a signalé la journée de dimanche dernier, aussi la musique des Lanciers de la Garde s’est-elle encore réunie sur le parterre, à l’entrée de l’allée Louis XIV. Le public s’est monté plus nombreux que le dimanche précédent, mais on se demandait pourquoi, en attendant que e temps soit assez doux pour que la musique reprenne possession du kiosque de la terrasse, trop exposé encore à l’âpreté des vents du nord-est, le fermier des chaises n’en avait pas, en prévision d’une belle matinée, apporté sur le terrain provisoire, d’abord le nombre nécessaire pour les artistes, et ensuite une certaine quantité dont n’eussent pas manqué de profiter la plupart des auditeurs et surtout des dames.
Le programme de ce dernier concert, n’ayant été remis à l’imprimerie de l’Industriel que le samedi à trois heures et demie, n’a pu être inséré dans le numéro qui a paru le soir même. Nous devions cette explication à la grande quantité de nos abonnés qui ont réclamé à cet égard, et qui vont trouver plus loin, comme à l’ordinaire, celui de demain, s’il nous parvient en temps utile. »

Rapport concernant une demande d’organiser un concert au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Château de Saint-Germain
Rapport à Son Excellence le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le 7 août prochain, un concours des orphéonistes du département de Seine-et-Oise doit avoir lieu à Saint-Germain et le maire de cette ville prie Votre Excellence de vouloir bien mettre à sa disposition, pour cette circonstance, la grande salle d’armes du château.
Tous les frais de décoration de cette salle seront à la charge de la ville de Saint-Germain.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de vous proposer d’accueillir cette demande.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage respectueux de mon dévouement.
Le secrétaire général
J. Pelletier »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 22 juillet 1859, le ministre d’Etat, Achille Fould »

Ministère d'Etat

Pétition d’habitants de Saint-Germain-en-Laye en faveur de l’installation d’un musée au château

« A Sa Majesté Louis-Philippe premier, roi des Français
Sire,
Au nom des habitants de Saint-Germain-en-Laye, je biens vous demander la translation dans un autre lieu des prisonniers détenus dans le vieux château.
Depuis que cette antique résidence à reçu une destination si peu digne de son origine, la ville souffre considérablement de ce changement.
D’une part, les étrangers que des souvenirs historiques conduisaient à Saint-Germain, voyant le vieux château converti en prison, fuyent à l’aspect des malheureux qu’il renferme.
D’autre part, les Parisiens, qui pendant la belle saison venaient se fixer dans son voisinage se portent naturellement vers des lieux où le spectacle d’une infortune, même méritée, ne puisse affliger leurs regards.
Enfin, les ouvriers de Saint-Germain se trouvent, par la présence de ces prisonniers, exposés à une concurrence d’autant plus fâcheuse que les prisonniers du château, étant nouris et logés par l’Etat, peuvent travailler à meilleur compte qu’eux, en sorte que leur condition matérielle est moins favorable que celles de ces prisonniers.
Sire, je ne crainds pas de le dire, si cet état de chose se prolonge, la ville de Saint-Germain est ruinée, sans ressource, car le vieux château est le seul monument qu’elle puisse opposer à Versailles, et si ce monument lui échappe, il ne lui restera plus rien qui la recommande à la curiosité des étrangers et des nationaux. Et cependant, rien ne serait plus facile à Votre Majesté que de lui rendre son ancienne propriété en établissant dans le vieux château un musée maritime, ou bien encore d’artillerie et d’armes antiques, qui formerait le digne complément de celui que vous avez si noblement établi à Versailles.
Par là Votre Majesté tiendra une balance égale entre les deux villes, et l’une n’aurait plus rien à envier à l’autre.
Permettez-moi, Sire, d’ajouter que la gloire même de Votre Majesté est intéressée dans cette question, car Votre Majesté, qui a restauré en si peu d’années tant de monuments que leur antiquité recommandait au respect des contemporains et de la postérité, ne peut pas sans se démentir Elle-même laisser avilir par un indigne usage l’un des monuments les plus vénérables du temps passé.
Dans cette conviction, je prie Votre Majesté d’agréer l’hommage du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, Sire, de Votre Majesté le très humble et très dévoué sujet.
Gallois
Propriétaire du pavillon Henry IV à Saint-Germain-en-Laye
Du registre des délibérations du conseil municipal de la ville de Saint-Germain-en-Laye a été extrait ce qui suit :
Monsieur le Président donne lecture au conseil d’une demande qui lui a été adressée en communication le 24 janvier par monsieur Gallois, restaurateur au pavillon Henry IV. Cette demande contient l’expression des regrets qu’éprouve M. Gallois de voir l’antique château de Saint-Germain transformé en pénitencier et l’extrême désir qu’il aurait de le voir rendu à une destination plus convenable et plus digne de son origine et des beaux souvenirs qui s’y rattachent. Le conseil déclare qu’il partage à cet égard les sentiments de M. Gallois ainsi que ses vœux, et qu’il appuie à l’avance toutes les démarches qu’il pourrait faire dans ce sens auprès du Roi ou de ses ministres, persuadé qu’il ne pourrait en résulter pour la ville de Saint-Germain que de très grands avantages.
Fait en séance le 8 février 1840
(suivent des signatures)
Pour extrait conforme
Le maire de Saint-Germain-en-Laye
Petit-Hardel
[signatures]
Le maire de la ville de Saint-Germain-en-Laye certifie les signatures apposées ci-dessus et d’autres parts, au nombre de trois cent quatre-vingt-cinq.
A l’hôtel de ville, ce 18 juin 1840.
Petit-Hardel »

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