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Description archivistique
Juvenal des Ursins, Jean Actes royaux et impériaux Français
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Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans l’Histoire de Charles VI de Jean Juvenal des Ursins

« [p. 103] [1390] Au dict an, le Roy s’en alla esbatre a Sainct Germain en Laye, et la Royne aussy, et plusieurs des seigneurs, dames et damoiselles, et devisoient ensemble, et s’esbatoient es bois de Poissi. Et une fois survint un terrible tonnerre, si se retrahirent au chasteau. Et disoient aucuns que oncques n’avoient veu si horrible ne terrible tonnerre, et entre Sainct Germain et Poissy y eut quatre hommes morts et foudroyez. Et apres ce toute la nuict feit le plus merveilleux vent que oncques on eust veu, et arracha arbres es forests et jardins, et abbatit cheminées et hauts des maisons, et aucuns clochers, et feit [p. 104] des dommages innumerables. Et disoit on, et aussi estoit il vray, que le Conseil estoit assemblé pour faire une grosse taille sur le peuple, et quand on veid les dictes tempestes, le Conseil se separa, et feut rompu. Et a la requeste de la Royne, feut expressement defendu qu’on n’en levast aucunement.
[…]
[p. 111] [1392] Et manda le Roy a ses oncles de Berry et de Bourgongne la deliberation qu’il avoit faict d’aller en Bretaigne, en les requerant qu’ils veinssent vers luy le mieux accompaignez qu’ils pourroient. Lesquels feurent bien esbahis quand ils sceurent l’entreprise, et comme ceux qui estoient au conseil du Roy avoient osé estre si hardis d’avoir faict la dicte conclusion sans les appeller, eux qui estoient oncles du Roy, veu que l’entreprise estoit grande, et a l’executer pouvoit avoir des difficultez et dangers beaucoup. Et de ce feurent tres mal contents de ceux qui estoient autour du Roy et qu’on disoit le gouverner, c’est a scavoir Clisson, La Riviere et Noujant, et si estoient plusieurs autres. Car ils tenoient le Roy de si pres que nul office n’estoit donné sinon par eulx, ou de leur consentement. Et sembloit par leurs manieres qu’ils cuidoient estre perpetuels en leurs offices, et qu’on ne leur pouvoit nuire. Et haultement, et en grande auctorité, se gouvernoient. Et si estoient les gens d’Eglise et de l’Université tres mal contents d’eux. Car ils grevoient eulx, et les jurisdictions ecclesiastiques, et leurs privileges. Et voloient de si haute aisle qu’a peine on en osoit parler. Et afin qu’on n’eust pas leger acces devers le Roy, le feirent partir de Paris, et aller a Sainct Germain en Laye. Ce nonobstant l’Université delibera d’envoyer une notable ambassade devers le Roy au dict lieu de Sainct Germain. Et y furent deputez le recteur [p. 112] mesme, et plusieurs nobles clercs de toutes les quatre facultez. Et quand ils feurent a Sainct Germain, feirent scavoir a monseigneur le chancellier et au Conseil qu’ils avoient a parler au Roy et qu’il leur pleust de leur faire avoir audience, et par plusieurs fois interpellerent et feirent dilligence de l’avoir. Et apres plusieurs responses et choses dictes par le chancellier, il leur dit que le Roy estoit occupé en tres grandes et haultes besongnes, et que de present n’auroient audience, et qu’ils ne se souciassent de leurs privileges et qu’on les garderoit tres bien, et qu’ils s’en allassent. Et pour ce s’en retournerent a Paris sans estre ouys. Ce qu’on tenoit a chose bien estrange.
[…]
[p. 125] [1393] Le Roy alla en pelerinage a Sainct Denys en France, et aussi au mont Saint Michel. Et avoit de belles et grandes devotions en Dieu, et s’en retourna esbatre a Sainct Germain en Laye. Et luy faisoit on toutes les plaisances qu’on pouvoit. […]
[p. 126] Le Roy estant a Sainct Germain en Laye et son Conseil, l’Université de Paris envoya une notable ambassade par devers luy, le prier et requerir qu’on voulust entendre a l’union de l’Eglise. Et leur octroya leur requeste, et voulut qu’on advisast toutes les manieres par lesquelles l’union se pourroit faire, et il estoit prest d’y entendre. De laquelle chose les ambassadeurs au nom de l’Université rendirent graces et mercis au Roy et aux seigneurs qui estoient avec luy, et en firent leur rapport à l’Université.
[…]
[p. 214] [1405] Il y eut un merveilleux tonnerre et une grande tempeste en l’hostel de monseigneur le Daulphin. Mais un autre au dict an vint à Sainct Germain en Laye, bien grand et horrible, auquel estoient la Royne et le duc d’Orleans, qui avoient esté veoir madame Marie de France à Poissi, et faisoit a une vespree depuis disner beau temps, et net. Par quoy delibererent d’aller chasser au bois, et se meit la Royne en un chariot, et ses damoiselles avec elle, et le duc d’Orleans, et autres femmes, a cheval. Et soubdainement survint une merveilleuse tempeste de vents, grosse gresle et pluie, et tellement que le dict duc d’Orleans feut contrainct de se bouter dedans le dict chariot ou la Royne estoit. A cause de quoy les chevaux du dict chariot, qui estoient forts et puissans, feurent tellement espouventez qu’ils commencerent a courir [p. 215] tant qu’ils peurent jusques a ce qu’ils se trouverent en la vallee, vers le pont du Pec, et s’en alloient tout droict en la riviere. Et disoit on qu’ils se feussent fourrez et bouttez dedans l’eaue, et que tous ceux qui estoient dedans eussent esté noyez, si ce n’eust esté un homme qui s’advisa de coupper les traiz des chevaux. Et de ce feurent grandes nouvelles a Paris, et partout. Et y eut aucunes gens notables, et catholicques, qui advertirent la Royne et le duc d’Orleans que c’estoit exemple divin, et qu’ils estoient taillez que de brief leur mescherroit s’ils ne faisoient cesser les aides et charges qu’on donnoit au peuple, et qu’ils payassent leurs debtes qu’ils devoient aux marchands qui leur avoient livré leurs marchandises.
[…]
[p. 430] [1417] Le duc de Bourgongne avoit intention d’aller devant Sainct Denys. On le sceut, et pour ce on envoia dedans deux vaillants chevaliers, l’un nommé messire Guillaume Bataille, et l’autre messire Hector de Pere, bien accompaignez de gens de guerre. Et quand le duc le sceut, il se porta d’y aller, et s’en alla [p. 431] vers Sainct Germain en Laye. Et le pont de Poissy, Meulant, Mante et Vernon se rendirent et mirent en son obeyssance. Et partout les nobles, et specialement, les riches, estoient pillez, derobez ou rançonnez, et aucuns mis dehors. »

Juvenal des Ursins, Jean