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Jardins
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Récit par Louis Huygens de sa visite aux châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« Ou on entre le premier c’est le vieux chasteau qui est bastij par François I de brique mais fort singulierement. C’est icij où loge le le Roij d’à present car le defunct estoit dans le chasteau neuf qui est en bas et bastij par Henri 4.
Il ij a dans ce vieux bastiment une chapelle assez belle où il ij a des orgues. Au reste, les appartemens du Roij et de la Reijne et la salle des comediens ij sont assez mediocres et mal entretenus, encor que le Roij ij vienne assez souvent. Elle est du reste fort grande, et on dit mesme qu’il ij [a] plus de 500 chambres logeables et encor n’ij a t il qu’une court. A costé gauche de la maison il ij a des parterres qui sont bien jolis et au delà d’autres grand jardins. Derriere il ij a premierement une grande court et au delà le chasteau neuf, qui est assez estendu en largeur mais aussij bien bas. L’architecture n’en est pas tout à fait à la moderne mode. Le corps de logis consiste principalement aux appartemens du Roij et de la Reijne. Cestuij cij est peint mais pas trop bien. Celuij du Roij est beaucoup meilleur et le plancher tout doré et lambrissé. On nous monstra icij la chambre où il est mort. A chaque appartement il ij a une longue galerie voutée toute peinte. Dans l’une des deux il ij a plusieurs villes assez mal representée, entre autres Maestricht et Nimwegen et Werrdenbirgh en Westphalie où ils ont mis dessous Werdenbroch, ville de Wespallon. Derriere cette maison, il ij a une grande terrasse, de laquelle on descend par des grands degrez dans les jardins qui viennent jusques à la riviere, mais sont tres mal entretenus, tous les degez abattus et toutes ces fameuses grottes, qui ont tant cousté autrefois, en desordre. Le chasteau vieux est toute couvert de grosses pierres de tailles au lieu d’ardoises. Quand on ij est monté dessus, on descouvre une fort belle campagne et Paris fort distinctement. »

Huygens, Louis

Description dans Les délices de la France des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 356] S. Germain
Je ne prétends pas mettre icy, ny qui est le fondateur de ce lieu de plaisance, ny le motif qui a obligé Charles V, dit le Sage, qui a esté le I qui y a bâti, de faire icy une si superbe maison ; mon dessein n’est autre que de faire en peu de mots la description d’un si beau palais. Je dis donc en I lieu, qu’on conte jusques à 63 chambres dans ses corps de logis, dont les ornemens et les meubles surpassent tout ce que Rome pourroit avoir de plus superbe et de plus riche dans ses maisons. Il y a un jeu de mail, le long duquel sont des pavillons quarrés faits exprès pour la commodité des joueurs et des assistans, et on voit au dessus les grôtes et l’endroit où l’on tient les bêtes rares et curieuses. Il y a un quartier de ce beau bâtiment, fait par Henry IV, dans lequel il y a une gallerie avec cet emblème : Duo protegit unus ; c’est à dire, qu’un seul roy gouverne deux royaumes ; sçavoir celuy de France et de Navarre. On voit sur la porte le château de Fontaine Belle-eau, et à côté les villes qui suivent Hux, Veniez, Prague, Namur, Mantoue, Adem en Arabie, Compiègne, Sion en Suisse, Moly, Tingis, Stafin en Afrique, Terracine, Ormus en Perse, Bellitri, Werderberg en Westphalie, Nimegue avec cette inscription, ville du fondateur de l’Empire : parce que Charlemagne la fit impériale, Passauv, Mastricht, Thessala ou Tempe et Florence. Deux beaux degrés de pierre de taille d’une structure admirable, servent à cette [p. 357] illustre maison pour voir ses riches appartemens, et pour descendre dans les plus beaux jardins qui soient en Europe. La I chose qui se présente à la veue, à côté de la maison, est un bois taillis, au milieu duquel il y a une grande table, laquelle est cause qu’on appelle ce même bois, le bois de trahison : parce qu’on convint de l’exécuter en ce lieu. La 2 chose qui mérite d’être veue, ce sont les grôtes, que j’estime les plus belles qu’on puisse jamais voir ; quoy qu’en disent les Italiens, et Messieurs du Bruxelles, et qui sans contredit passent pour telles dans le sentiment des étrangers. Vous devés sçavoir qu’il y en a de deux sortes, les unes qui sont sèches, et les autres qui sont humides ; pour ce qui regarde les premières, je n’en diray rien, parce qu’elles ne servent qu’à donner du frais en esté : mais je m’attacheray aux dernières comme étant admirables. Voicy ce qu’il y a de plus rare et de plus merveilleux. La I de ces grôtes a un dragon qui hause la queue et remue ses ailes, vomissant de l’eau en abondance, tandis que les rossignols et les cocus artificiels, qui sont à l’entour, font entendre leurs fredons et leurs ramages avec une mélodie admirable. On voit aussi à costé deux statues de marbre noir, qui sont très agréables, lesquelles jettent aussi une grande quantité d’eau.
La 2 fait voir un serpent sur la porte qui jette de l’eau, et beaucoup de rossignols aux environs qui gazouillent à ravir : mais surtout une belle fille qui joue admirablement bien des orgues, et qui cependant tourne les yeux d’un côté et d’autre avec tant d’agréement que les assistans [p. 358] ont de la peine de discerner, si c’est un effet de la nature ou de l’art. Il y a une belle table de marbre noir, du milieu de laquelle sort un tuyau qui jette de l’eau de plusieurs façons et en diverses figures. C’est icy où l’on voit beaucoup d’autres curiosités merveilleuses dont je ne fais pas de mention, pour faire remarquer une table de beau marbre de diverses couleurs, qui est près de la fenêtre, les miriors, les coquillages, &c mais surtout un dauphin très bien représenté, lesquelles choses sont toutes admirables. Je prie le curieux de prendre garde à soy quand il entrera icy ; parce qu’autrement il pourroit y être attrapé.
La 3 expose un Neptune avec un globe couronné, lequel est porté par les eaux, dont les goûtes représentent les Perles et les Diamants. Il y a aussi la fournaise de Vulcain, des moulins à papier, des rossignols qui fredonnent, deux anges à côté qui jouent de la trompette, et qui ouvrent la porte du côté où leur trompette résonne, et un Neptune armé de son trident, assis sur un char de trionfe, tiré par deux chevaux blancs, qui sort d’une caverne, lequel après s’être un peu arrêté, rebrousse chemin, et r’entre dans le même endroit d’où il est sorty, faisant entendre un bruit extraordinaire de trompettes et de cors. Il y a encore un banc qui semble être mis expressément en ce lieu pour ceux qui veulent se reposer : mais ce n’est que pour attraper les personnes, et afin de les faire bien mouiller quand ils ne sçavent pas conduire le clou qui est au dessous : que si on a cette adresse, on se préserve : [p. 359] mais aussi on verra à même temps que le pavé donnera mille petits jets d’eau qui sont imperceptibles, et lesquels mouillent les assistans dans un moment.
La 4 (qui est sans contredit la plus belle de toutes) a une entrée tout à fait difficile ; parce qu’un regorgement d’eau en interdit le passage quand on n’y met pas ordre. On n’y est pas si-tost entré, qu’on y voit paroître un Orphée jouant de sa lire et remuant sa tête et son corps, selon la cadence de son instrument, lequel ravit en admiration tous les assistans : mais ce qui est encore plus surprenant c’est de voir un assemblage de toute sorte de bêtes qui le suivent, enchantées des doux accords de sa lire, et une infinité d’oyseaux, qui chantent ; des rochers, des arbres et des plantes qui s’inclinent devant luy pour luy marquer son respect. On y voit encore les 12 figures du Zodiaque qui roulent et font leur cours avec une armonie merveilleuse. Il y a en outre un Bachus, qui est assis sur son throne, tenant un verre en main, et on y a enfin si bien représenté le Paradis, l’Enfer, la mer, des navires de guerre, les IV éléments, le château de St. Germain, le roy, les princes et sa cour qui voguent d’un autre côté sur l’eau, qu’il est impossible de le croire. Mr. le Dauphin paroît aussi avec des Anges qui decendent du Ciel. Cet ouvrage est si bien fait, qu’on l’estime un miracle de l’art. On y remarque encore un Neptune, un Mercure, un Jupiter, et beaucoup d’autres belles choses qui surpassent infiniment l’attente et la croiance des hommes : on y voit surtout la [p. 360] représentation des 4 vertus cardinales, de marbre blanc, qui ont appartenu autrefois aux PP. jesuistes. Enfin il y a une chose remarquable dans ce lieu, c’est que tout y est miraculeux et capable de ravir toute la nature : de quoy il ne faut pas s’estonner ; puisque c’est une maison destinée pour les délices du plus grand roy de l’Europe, sans en excepter pas un. Je me souviens qu’il y a près de cette belle maison un bois dont j’ai desjà parlé, qui s’appelle le bois de la trahison, au milieu duquel il y a un chemin, dont les arbres d’un côté s’enfoncent dans l’eau comme une pièce de fer quand on la jette dans la Seine, tandis que les autres qu’on a pris de l’autre côté du chemin nagent comme du liège sur l’eau, ce qui est un prodige étonnant. On dit bien davantage, que les arbres ne reviennent jamais plus quand on les a une fois coupés, par une espère de malédiction, à cause que Ganellon sieur de Hauteville, dont le nom est odieux à toute la France, convint icy avec ses détestables associés, de faire mourir les Messieurs d’Ardennes, et les ducs et pairs du royaume : ce qu’ils exécutèrent cruellement du temps de Charles-magne lequel les fit brûler dans ce même lieu. »

Description par Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 156] Le château de Saint Germain, situé à quatre lieues de Paris, est élevé sur une montagne, au pied de laquelle coule la rivière de Seine. Cette situation [p. 157] et la salubrité de l’air le rendent un des plus agréables séjours de la France. Il se distingue en Château vieux, et en Château neuf.
Le Château vieux, bâti par Louis VI comme une forteresse, ayant été ruiné par les Anglois, demeura en cet état jusqu’au règne de Charles V, qui le fit rétablir sur ses anciens fondemens : il a été ensuite augmenté d’un étage par François I. Le haut est entièrement couvert de dalles de pierre, et forme une terrasse d’où l’on jouit d’une très belle vue. Louis XIII fit plusieurs embellissemens à ce château, et sous le règne de Louis XIV, J. H. Mansard éleva les cinq gros pavillons qui en flanquent les encoignures.
La face sur les jardins est la plus grande des cinq faces de ce château. Elle renferme l’appartement du Roi, dégagé en dehors par un balcon de fer qui règne à l’entour. Cet appartement est démeublé, et n’offre rien de remarquable depuis que Sa Majesté ne fait plus de séjour à Saint Germain. Du côté du couchant est la grande salle servant aux bals, comédies et opéra ; elle passe pour une des plus spacieuses du royaume.
[p. 158] Du côté du midi est une belle chapelle dédiée à S. Jean-Baptiste. Le tableau d’autel représenté la Cène ; c’est un excellent ouvrage du Poussin. On voit au-dessus la Sainte-Trinité peinte par Vouet et accompagnée de deux anges de stuc, grands comme nature, placés à la hauteur du premier ordre, et tenant les armes de France. Ils sont dus à Sarazin. La croix, les chandeliers, les vases pour les fleurs, et la lampe sont de vermeil et d’un poids considérable : on les a volés deux fois. Le jubé est spacieux, et renferme un beau buffet d’orgues.
On conserve dans la sacristie deux moyens tableaux, l’un d’une Mère de pitié qui tient le corps de N. S., l’autre d’une Vierge donnant à manger à l’Enfant Jésus.
Le Château neuf commencé sous Henri IV par Guillaume Marchand, n’est éloigné du vieux que de deux cens toises. Son portail est décoré de colonnes toscanes, dont le fût est revêtu de bossages alternatifs ; elles forment un péristile, dont le dessus est une terrasse entourée de balustrades qui portent la devise de Henri IV.
Le plan de la cour est très ingénieux : [p. 159] des pilastres toscans en règlent l’architecture. Aux deux côtés de la salle des Gardes sont les grands appartemens : à droite est celui de la reine Marie de Médicis terminé par une galerie, et à gauche est celui du Roi. Au plafond de la chambre à coucher sont quatre tableaux de Vouet ; savoir, une Victoire assise sur un faisceau d’armes, une autre armée d’une palme, la Renommée tenant une couronne de laurier, et Vénus essayant un dard. Sur les côtés de ces appartemens sont les basse-cours pour les offices et logement des officiers. On y voyoit des volières remplies de toutes sortes d’oiseaux rares ; il n’y a plus que de paons.
En sortant de la grande salle à l’orient, on se trouve sur une terrasse de la même étendue que le palais, et terminée par deux galeries qui conduisent à deux pavillons. On descend de cette terrasse par deux rampes, dont le milieu est occupé par un morceau d’architecture d’ordre ionique et d’un très bon goût.
Deux autres rampes vous conduisent à la seconde terrasse. Le mur qui la soutient est percé d’arcades, dont le [p. 160] dessous fait une galerie couverte. Le milieu est d’ordre dorique et d’une belle proportion. Tous les murs des rampes sont ornés de chaînes de refend, avec des panneaux de brique en compartimens. Sous cette terrasse étoient les grottes de Neptune et de la Nymphe jouant des orgues, par le moyen des eaux qui faisoient mille effets surprenans.
On descend de cette deuxième terrasse sur une troisième. On y voyoit les grottes d’Orphée, de Persée, et celle dite des Flambeaux, parce qu’elle ne pouvoit être vue qu’aux lumières. Dans cette dernière étoit un grand théâtre avec différentes décorations plus agréables les unes que les autres. Toutes ces grottes étoient incrustées de coquillages et de pierres précieuses, et ornées de figures de marbre, de lustres et de girandoles. L’eau seule faisoit mouvoir des ressorts secrets qui donnoient du mouvement aux figures, et leur faisoient rendre des sons enchanteurs. Henri IV et Marie de Médicis n’avoient rien épargné pour la perfection de ces ouvrages. Ils avoient fait venir de Florence le célèbre Francine, habile dans les méchaniques [p. 161] et dans l’hydraulique. Ces magnifiques grottes ont subsisté jusque vers l’an 1643, tems de la minorité de Louis XIV. Les différens troubles qui l’agitèrent, firent négliger l’entretien des terrasses, sous la chute desquelles les machines ont été abimées.
Le mur qui soutient cette troisième terrasse, est percé d’arcades qui forment une galerie, dont le milieu est décoré d’un ordre toscan. Ainsi cet ordre sert de base aux deux autres, qui forment ensemble le plus bel amphithéâtre qui soit dans l’univers. Joignez à cela que la Seine roule ses eaux à ses pieds, comme pour rendre hommage à tant de beautés. Il y a de plus deux terrasses de plein pied, voûtées et terminées par deux pavillons carrés. Jules Hardouin-Mansart a élevé la plus grande partie de cette façade sous Louis XIV.
Sur les côtés du Château neuf il y avoit deux jardins auxquels les galeries communiquoient. A droite est le Boulingrin, ainsi nommé par Henriette d’Angleterre, première femme de Monsieur, frère de Louis XIV. On l’a ouvert plus qu’il n’étoit alors, pour découvrir la vue de Marly qui n’existoit [p. 162] point encore. La terrasse régnant dans toute la longueur, est une de ses principales beautés, et la vue qu’on y découvre en rend la promenade des plus agréables. L’autre jardin du côté du parc, nommé de madame la Dauphine, parce qu’elle s’y promenoit fort souvent, est soutenu d’une terrasse pareille à celle du boulingrin. A côté de ce jardin, à la gauche du château, il y a une orangerie.
Il ne reste plus à voir que la grande terrasse, qui est en même tems un monument et de la magnificence de Louis XIV, et du mérite de Le Nostre. Elle a 1200 toises de long sur 15 de large ; son mur est solidement bâti, avec un beau bastion qui la termine au Parc aux lièvres. Il y a vers son milieu une demi-lune, plantée d’ormes et de charmilles.
Le petit Parc, contigu aux jardins et à la grande terrasse, contient 416 arpens, et est percé de routes.
La forêt de Saint Germain, une des plus belles du royaume, a 5714 arpens, suivant l’arpentage fait en 1686. On l’a nommée la forêt de Laye à cause de la quantité de sangliers qui l’habitoient. Comme son terrein est sablonneux, [p. 163] on peut y chasser en tous tems ; ce qui fait que le roi y prend le divertissement de la chasse dans les plus mauvaises saisons. Il y a vingt-cinq portes aux passages des grands chemins.
Le château du Val est un petit bâtiment situé à une des extrémités du petit Parc, au bout de la grande terrasse. Ce n’étoit autrefois qu’un simple pavillon où les rois faisoient quelquefois des retours de chasse ; mais Louis XIV l’a fait rebâtir d’un autre goût par J. H. Mansard. Il y a au milieu du bâtiment un grand salon carré et voûté en dôme : ce salon sépare deux appartemens bas, fort commodes pour toutes les saisons, y ayant des poêles placés dans l’épaisseur des murs qui échauffent plusieurs chambres à la fois.
Le monastère des Loges est aussi enclavé dans la forêt. Il est au bout de la grande route en face du Château vieux, dont il termine le point de vue. La reine Anne d’Autriche y fit faire un petit pavillon où elle alloit fort souvent, étant à S. Germain.
L’hôtel de Noailles, appartenant à M. le duc d’Ayen, mérite la visite [p. 164] du voyageur. Le bâtiment élevé par J. H. Mansard se présente à gauche en entrant, avec un vestibule formé de colonnes doriques. On voit au raiz de chaussée une galerie ornée de seize tableaux de moyenne grandeur, peints par Parrocel d’Avignon, et représentant l’histoire de Tobie.
Les jardins sont grands et plantés avec goût. Il y en a un pour les plantes médicinales, avec une serre chaude, et une fleuriste orné de deux théâtres et terminé par la serre des orangers. »

Dezallier d’Argenville, Antoine-Nicolas

Description par Jean-Aymar Piganiol de La Force des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 444] Saint-Germain-en-Laye. Il y a un château qui est un des plus beaux séjours qui soit en France, tant pour la beauté de ses appartemens et de ses jardins, que par la forêt qui les joint. L’air y est fort sain, et on a remarqué que l’on y vit longtemps. Cette maison royale a été occupée dans ces derniers temps par le roi de la Grande-Bretagne et par la cour d’Angleterre. Le roi y logea le feu roi Jacques en 1689, lorsqu’après la dernière révolution d’Angleterre, il se vit obligé de se retirer en France, et ce prince y est mort saintement le 16 de septembre de l’an 1701. Son corps fut transporté à Paris, et mis en dépôt chez les bénédictins anglois, près le Val-de-Grâce. Marie Stuart, sa fille, et Joseph-Marie d’Est, sa femme, y sont mortes aussi, la première le 18 d’avril 1712, et la dernière le 7 de mai de l’an 1718.
[p. 445] Le roi Charles V fit jetter les premiers fondemens de ce château, l’an 1370. Il fut pris par les Anglois pendant les troules que causa dans le royaume la maladie du roi Charles VI. Le roi Charles VII le retira des mains d’un capitaine anglois, moyennant une somme d’argent, et Louis XI fit don à Coictier, son médecin, non seulement du château de Saint-Germain, mais encore de Trielle et de tout ce qu’on appelloit alors la châtellenie de Poissi, et les Patentes de cette donation furent expédiées au Plessis-lès-Tours au mois de septembre de l’an 1482.
Le gout que François premier avoit pour la chasse, lui en donna beaucoup pour le séjour de Saint-Germain. Il fit relever l’ancien bâtiment, et en fit construire de nouveaux. Henri IV fit bâtir le Château neuf sur la croupe de la montagne la plus proche de la rivière. Il étendit les jardins jusqu’aux bords de la Seine, et les fit soutenir par des terrasses élevées avec une dépense somptueuse. Le roi Louis XIII l’embellit de plusieurs ornemens, et enfin Louis XIV, qui y étoit né le 5 septembre de l’an 1638, fit ajouter au vieux château cinq gros pavillons qui en flanquent les encoignures. Il fit encore embellir les [p. 446] dehors. Le grand parterre, la grande terrasse, la maison et le jardin du Val, et quantité de routes qu’il fit percer dans la forêt, dont des ouvrages dont il a donné le dessein, et des magnificences de son règne.
La ville de Saint-Germain-en-Laye, Sanctus Germanus in Ledia silva, est à quatre lieues de Paris, et dans la même situation que le château. On croit qu’elle a pris son nom d’un monastère que le roi Robert y fit bâtir, il y a environ sept cens ans. Cette petite ville est fort peuplée, les maisons y sont hautes et bien bâties, les rues grandes et bien percées. Elle est encore ornée de plusieurs beaux hôtels, que différens seigneurs ont fait bâtir dans le temps que le roi y faisoit son séjour ordinaire. Il n’y a qu’une paroisse, et les couvens des Récollets et des Ursulines. Il y a une prévôté et une maîtrise des Eaux et Forêts, qui s’étend non seulement sur les forêts et bois de la châtellenie de Saint-Germain, mais encore sur les villes, ponts, terres et châtellenies de Poissi et Sainte-James, sur les bois de la châtellenie de Pontoise et des bailliages de Mantes et de Meulan.
L’aspect du château est admirable, [p. 447] principalement du côté de la rivière et des plaines. Son point de vue s’étend sur Paris, Saint-Denis, Marly, etc.
Le parc qui joint le château, est agréable, et son étendue est de trois cens cinquante arpens.
La forêt en contient cinq mille cinq cens cinquante, trente et une perche et trois quarts. Elle est percée de plusieurs belles et larges routes, pleines de toutes sortes de bêtes fauves, qui en font un lieu charmant pour la chasse. »

Piganiol de La Force, Jean-Aymar

Description par Hébert des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 59] Germain en Laye (Château royal de), à quatre lieues de Paris, et à deux par-delà Versailles, sur une montagne bordée par la rivière de Seine, [p. 60] se divise en Château vieux, et en Château neuf.
Architecture.
Les Anglois ayant démoli le Château vieux bâti en forteresse par Louis VI, dans le douzième siècle, il a été rétabli dans le quatorzième par Charles V, et augmenté par François I, qui y a aussi fait faire une terrasse d'où l'on découvre un très vaste pays. Louis XIII y fit faire des embellissemens, et Louis XIV des augmentations fur les desseins de J. H. Mansart. La grande salle qui sert aux divertissemens, est une des plus grandes du Royaume. Henri IV commença à faire bâtir le Château neuf sur les desseins de Marchand, que Louis XIV fit continuer, en faisant faire une grande partie de la façade qui règne le long de la rivière, par J. H. Mansart, ainsi que les deux terrasses, et surtout la troisième qui, soutenue par une galerie percée d'arcades, forme par leur belle distribution le plus riche amphithéâtre qui soit au monde, tant par la situation du terrein, que par tout ce que l'art a pu tirer d'avantages du voisinage de la
Seine. André le Nôtre a aussi montré son habileté par la belle terrasse de 1200 toises de long sur 15 de large, terminée [p. 61] par le parc aux lièvres. Les deux jardins fur les côtés de ce Château, nommés, l'un, le Jardin de Madame la Dauphine, et l'autre le Boulingrin, ont chacun une terrasse, dont les vues en rendent la promenade très agréable. Le petit Parc percé de routes, et la Forêt de S. Germain, qui a vingt-cinq portes, contiennent ensemble plus de six mille arpens.
Peinture et sculpture.
La Cène, chef-d’œuvre du Poussin, sur l’autel de la Chapelle : au dessus, une sainte Trinité, par Simon Vouet, accompagnée de deux Anges de stuc, grands comme nature, tenant les Armes de France, par Sarazin. Dans la Sacristie, une Mère de pitié, et une Vierge et l'enfant Jésus.
Le plat-fond de la chambre à coucher du Roi est décoré de quatre tableaux allégoriques, peints par Simon Vouet, représentans le premier, la Victoire assise sur un faisceau d'armes ; le deuxième, une autre tenant une palme ; le troisième, la Renommée tenant une couronne de laurier ; et le quatrième, Venus essayant un dard. »

Hébert, ?

Description par Jacques-Antoine Dulaure des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 228] Jolie ville, située à quatre lieues de Paris, sur une montagne, dont le pied est arrosé par la rivière de Seine ; fameuse dans l’histoire par son ancien château, et dans tous les tems par la beauté de sa situation, et la pureté de l’air qu’on y respire.
L’ancien château fut d’abord bâti comme une forteresse, par Louis VI. Les Anglois le ruinèrent, et il ne fut rétabli que sous le règne de Charles V. François Ier le fit embellir et augmenter d’un étage. Louis XIV y fit construire, par Jules Hardouin-Mansard, les cinq gros pavillons dont le château est flanqué.
Outre ce château, il en est un autre appellée le Château-Neuf, éloigné du vieux d’environ deux cents toises ; il fut bâti pour Henri IV, par l’architecte Marchand.
Le roi d’Angleterre Jacques II, forcé de quitter son royaume, tint longtemps sa cour dans ce château de Saint-Germain. Un poète fait l’éloge de ce prince, de la manière suivante :
C’est ici que Jacques second,
Sans ministres et sans maitresses,
Le matin alloit à la messe,
Et le soir alloit au sermon.
Ce roi détrôné vivoit des bienfaits de Louis XIV, et d’une pension de 70000 livres que lui faisoit sa fille Marie, reine d’Angleterre, qui lui avoit enlevé sa couronne. Il [p. 229] s’occupoit à converser avec des moines, et à toucher des écrouelles qu’il ne guérissoit pas.
Ce roi mourut à Saint-Germain, le 16 septembre 1718.
Le nouveau château est aujourd’hui persqu’entièrement démoli. M. le comte d’Artois, à qui il appartient, en fait construire un autre à la même place, dont on voit déjà deux belles et grandes terrasses achevées.
Ce qui reste encore de ce château prouve qu’il étoit orné de médaillons et de bustes. Un de ces bustes ressembloit parfaitement au président Fauchet, auteur des Antiquités françoises et gauloises. Cet historien sollicioit depuis longtemps la récompense de ses travaux littéraires auprès d’Henri IV, qui, pour s’en débarrasser, lui dit un jour à Saint-Germain, en lui montrant le buste qui lui ressembloit, M. le président, j’ai fait mettre là votre effigie, pour perpétuelle mémoire. Fauchet, peu content de ce succès, composa les vers suivans :
J’ai trouvé dedans Saint-Germain
De mes longs travaux le salaire :
Le Roi, de pierre m’a fait faire,
Tant il est courtois et humain.
S’il pouvoit aussi bien de faim
Me garantir que mon image,
Ah ! Que j’aurois fait bon voyage !
Je retournerois dès demain.
Viens, Tacite, Salluste, et toi
Qui a tant honoré Padoue ;
Venez ici faire la moue
En quelque coin ainsi que moi.
Henri IV lut ces vers, et donna à Fauchet [p. 230] le titre d’Historiographe de France, avec une pension de six cens écus.
Nous sommes dispensés de faire une plus longue description de ce château. Ce qu’il en reste étant peu de choses, ainsi que les travaux recommencés.
L’ancien château, dont nous avons déjà parlé, est très solidement bâti ; on voit que, pour sa construction et sa décoration, on a employé beaucoup de briques. Sa forme est à peu près celle du vieux château de Chantilli ; ce que l’on n’apperçoit bien exactement que lorsqu’on est dans la cour. Il est entouré de fossés ; on a depuis peu détruit les pont-levis pour en construire en pierre de taile. Le comble de ce château est une voûte en dalles de pierre, qui forme une terrasse, d’où l’on jouit de la vue la plus magnifique.
La partie du château qui est face à l’occident, contient une salle très spacieuse qui sert de salle de bal et de spectacle.
La chapelle est située dans la partie du château qui est en face du midi ; elle renferme ce que la ville de Saint-Germain a de plus rare, et ce qui doit le plus piquer la curiosité des amateurs des beaux-arts.
La voûte de cette chapelle est ornée de peintures à fresque, à la vérité, un peu dégradées, mais qui ne doivent pas moins fixer les regards des curieux, à cause des hommes célèbres qui en sont les auteurs. Le Brun a fourni les dessins de la plus grande partie de cette voûte, Vouet en a fait plusieurs autres et les a peints presque tous, excepté quelques [p. 231] cartouches et médaillons qui sont de la main du célèbre Le Sueur.
Dans la nef, on voit deux grands tableaux de Roselli ; celui qui est sous l’orgue représente Judith rentrant à Béthulie, après avoir coupé la tête à Holopherne ; l’autre, en face de la porte d’entrée, offre le roi David qui vient de couper la tête à Goliath.
Le buffet d’orgue commencé, dit-on, sous Henri II, et fini sous Charles IX, est décoré de colonnes composites cannelées ; l’ensemble est plein d’harmonie ; le dessin en est pur, agréable, et ne ressemble guère à la manière détaillée de ce tems-là.
Dans la chapelle qui est à gauche, en entrant dans le cœur, est un tableau de Stella ; il représente l’éducation de la Vierge.
Le tableau qui est en face, offre Saint Louis, faisant l’aumône. Ce tableau est d’un bon maître, mais il est inconnu.
Le maître-autel est décoré de colonnes composites, dont les futs sont d’un très beau marbre noir, les bases et les chapiteaux de marbre blanc. Ces colonnes, d’une très grande proportion, ressemblent à celles dont le cardinal Mazarin fit présent aux Jacobins de la rue Saint-Jacques.
Le tableau du maître-autel représente la Cène. Il est peint par le Poussin ; nommer ce grand maître, c’est faire l’éloge de l’ouvrage. Ce beau tableau doit être transporté dans le Museum du Louvre.
Au-dessus de ce tableau, dans un attique, est un Sainte Trinité, peinte par Vouet ; aux [p. 232] deux côtés sont deux anges en stuc, grands comme nature, tenant les armes de France ; leurs attitudes est très gracieuse. On les regarde comme un des plus beaux ouvrages de Sarazin.
Dans la sacristie, on voit deux tableaux de moyenne grandeur, au milieu desquels est placé un crucifix d’ivoire. Celui qui est à gauche représente une Vierge donnant à tetter à son enfant ; un autre enfant souffle le feu d’un réchaud, sur lequel est placé un vase de bouillie. Les figures de la Vierge et de l’Enfant Jésus sont pleines de noblesse et de grâce ; tout est peint avec la plus grande vérité. C’est un ouvrage du Corrège.
Le tableau qui fait pendant est une mère de pitié. Cet ouvrage, plein d’expression, est d’Annibal Carrache.
Le Christ d’Ivoire est, dit-on, de Michel-Ange, quoique très-beau, on peut douter qu’il soit de ce grand maître.
Ces trois précieux morceaux ont été donnés par le cardinal Mazarin.
En sortant du château, on arrive au Boulingrin, pièce de gazon, ainsi nommée pour la première fois en France, par Henriette d’Angleterre, femme de Monsieur, frère de Louis XIV ; la terrasse qui l’avoisine est de la plus grande beauté ; la vue dont on y jouit est étonnante par son étendue et sa variété ; l’imagination ne peut rien enfanter de plus merveilleux.
De-là, on arrive à une autre terrasse, qui est peut-être la plus magnifique et la plus longue qu’il y ait au monde ; elle est l’ouvrage [p. 233] de Le Nostre, et a douze cents toises de longueur sur quinze de large ; d’un côté, la forêt de Saint-Germain l’ombrage dans toute son étendue ; de l’autre, une forêt qu’on voit presqu’en plan, la rivière de Seine, des campagnes, des châteaux, un lointain immense, offrent le tableau le plus agréable et le plus sublime.
Près de là est le jardin nommé de Madame la Dauphine, parce qu’elle s’y promenoit souvent.
Plusieurs rois et reines de France ont fait de longs séjours à Saint-Germain ; il fut même question d’y construire un palais propre à la résidence ordinaire des Rois ; mais on préféra, à la magnifique situation de Saint-Germain, le local sauvage de Versailles, et cette préférence est attribuée à la volonté particulière de Louis XIV.
On prétend que la vue du clocher de Saint-Denis épouvantoit l’âme de ce grand roi. Saint-Germain, en présentant sans cesse le terme de sa gloire et lieu de son tombeau, l’auroit maintenue dans des idées lugubres et affligeantes ; c’est pourquoi Saint-Germain ne fut point préféré.
Une autre foiblesse avoit été cause autrefois que Catherine de Médicis n’habitoit point ce beau séjour. Un devin lui avoit prédit qu’elle mourroit proche Saint-Germain, c’est pourquoi elle fuyoit cette ville avec le plus grand soin ; elle voulut habiter le Louvre, mais, se rappellant qu’il étoit de la paroisse [p. 234] de Saint-Germain-l’Auxerrois, elle abandonna les constructions qu’elle y avoit fait commencer.
Le terrein de la forêt de Saint-Germain est très sablonneux ; c’est ce qui fait que l’on peut y chasser en tout tems, et que le roi y vient ordinairement prendre ce plaisir pendant la mauvaise saison ; elle est une des plus belles du Royaume, et contient cinq mille sept cens quatorze arpens. »

Dulaure, Jacques-Antoine

Commentaires par un Anglais sur le château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 113] The castle of St. Germain en Laye is curious in the eye of an Englishman, because it was the residence of James the Seconde, and his Court, after his abdication. The situation is very fine, and puts you in mind of Windsor ; the Mall and the Bowling-green, which you find here, were both, I imagine, designed to amuse the last unhappy royal visitor ; the great terrace is considerably more than a mile long, and about eighty of ninety feet wide : you have a distant view of Paris on the side of the river from the castle which the King gave to the Comte d’Artois, who had sold it.
[p. 114] Is it a pleasant excursion to this place by the post ; you must set out early in the morning, and return late, to have the whole day at your disposabl, which is not too much for the object in view. As the Thuilleries are at this moment shut ut, even to the passage of the Deputiers, when you return to town, the coolest place to drive to in an evening, is the Palais Roial, where you are sure to find a seat. »

Récit par Ludwig Rellstab de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 372] Auf die blendenden Herrlichkeiten von gestern ließ ich heut einen ganz entgegengesetzten Genuß folgen. Bei dem schönsten Frühlingswetter fuhr ich auf der [p. 373] Versailler Eisenbahn rechten Ufers nach St. Germain. Es ist berühmt wegen seiner schönen Lage, aber doch nicht berühmt genug, denn ich wüßte kaum eine reizenderen, eigenthümlicheren Punkt, wo Natur und Anbau so Hand in Hand gingen, um das Schöne herzustellen. Schon der Weg bis dahin is reizend. Man fährt zwischen Weinbergen, Landhäusern, Gärten dahin, mit immer wechselnden Ausftchten auf die viel gekrümmte Seine. Man benutzt ihren Strom mehrfältig, und hält endlich an demselben, am sogenannten Pecq (den die Franzosen beiläusig Pé aussprechen) einem Oertchen am diesseitigen Ufer, von dem aus wir das Städtchen St. Germain gegenüber an und auf der Anhöhe liegen sehn. Hier nehmen uns Omnibus in Empfang, führen und über die Seinebrücke und das jenseitige, steile, wohl gegen zweihundert Fuß hohe Ufer auf einem zwischen Weinbergen und Gärten hindurch gewundenen Wege hinan. Bei dieser Fahrt bis vor das Thor zu sehn, die uns indeß durch Nichte, als durch einige, recht stattliche öffentliche Gebäude, eine Kirche, ein Stadthaus, ja sogar ein Theater, auffällt. Die Theater siud jetzt wie Brennnesseln, sie wuchern überall. Der Wagen hält vor dem Eingang des Schlosses. Dasselbe ist durchaus alterthümlich, es hat kleine Festungsmauern, ist mit eine und ausspringenden Winkeln [p. 374] angelegt, und von einem röthlich graven Stein erbaut, der das Auffallende und Seltsame des Ganzen noch vermehrt. Mir haben diese Gebäude einen ungleich größeren Reiz, als die neuen, oder frisch erhaltenen Schlösser mit ihrer koketten Pracht, und zur Staffage einer Landschaft vollends siud sie bei weitem günstiger. Dennoch sollte das Schloß von St. Germain nicht grade so verfallen, daß man jetzt ein Militair Gesängniß daraus gemacht hat. Dazu wahrlich bauten sich die Ahnen unsrer Könige nicht an den schönsten Punkten an, dazu schufen sie nicht mit ungeheuren Rosten diese herrlichen Terrassen, daß man, wo die Götter der Erde zu ihrer Lust weilten, die ärmsten Sclaven derselben zu ihrer Strase einwohne. Ist einmal Blut und Schweiß der Menschheit zur Herstellung des Schönen geflossen, so erneuert und verdoppelt sich der Frevel, wenn man es ihr nicht zu Gute kommen läßt. Aber das geschieht auch noch, denn der Garten von St. Germain, offenbar immer das Schönste, und nicht wieder herzustellen, wird der Stadt erhalten. Und wahrlich er ist der reizendste von allen in der Umgegend von Paris, durch seine unbeschreiblich schöne Lage. Ich will der hohen alten Bäumen, der schattendunkeln Laubgänge, der sanften Rasenteppiche gar icht gedenken, denn diese sinden sich auch in den andern Gärten, wiewohl kaum so schön. Aber der Blick von der Terrasse ! [p. 375] Er ist wahrhast italienisch zu nennen ! Weithin überschaut man die freie Krümmung des schönen Stromes, zwischen Weinhügeln und Gärten, eine Menge schimmernder Flecken und Landhäuser blinken aus dem Grün der Umbüschungen. Zur rechten steht man die Wasserleitung von Marly, mit ihren hohen Bogen ; gegenüber die prächtige Höhe der Mont Valerien, in der Ferne den graven Montmartre. Eben so anmuthig und romantisch ist der Bordergrund auf dem steilen Ufer der Seine, der sich in Terrassen abdacht, die mit Gärten und Billen bedeckt stud. Der Schloßgarten selbst zieht sich diese steile Höhe hinunter, und auf vielfach gewundenen und gebrochenen Steintreppen können wir von hier aus die Seinebrücke wieder erreichen, ohne die Stadt zu berühren.
Ich machte heut noch viele Abschiedsbesuche, doch der von St. Germain wurde mir fast am schwersten. Bon allen Landschaften um Paris ist diese unbedingt die schönste die ich bisher gesehn, und sollte ich ein Bewohner von Paris werden, so müßte ich wenigstens den Sommer Hindurch in St. Germain sein ! »

Rellstab, Ludwig

Récit par Sophie von La Roche de sa visite à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 546] Wir kamen eben von der beruhmten Terrasse von St. Germain zuruck, die wir nicht nur wegen ihrer Schonheit, sondern auch mit einem gewissen Geist der Wallfahrt, fur das Andenken Heinrich des IV. Der sie auffuhren liess, besuchten, und von welcher man die vortrefliche Ausficht auf Paris, das Thal, die Seine und Marly hat ; ja man sagt : Dieses schone Schloss wurde nie verlassen worden seyn, wenn man Ludwig dem XIV. Die Ausficht auf die Thurme der Abten St. Denis hatte verbergen konnen, weil er nicht Kraft genug in seiner Seele fand, den Begrabnisort seiner Vorfahren mit Ruhe anzusehen. Ludwig der XI. Welcher auch den Tod furchtete, hatte dieses Schloss seinem Leibarzt, vielleicht aus der nemlichen Ursache, geschenkt ; Karl der V. hingegen hatte es, wegen der schonen Lage und [p. 547] gesunden Luft, im Jahr 1370 erbaut, und hatte freylich den Bennahmen des Weisen nicht verdient, wenn er den Gedanken des Todes nicht wie ein Mann getragen hatte. Er mag sich wohl oft bey Erblickung dieser bedeutenden Thurme vorgenommen haben, die Lorbeerkrone eines guten Nachruhms zur Zierde seiner Ruhestatte zu erwerben. KIarl der VI. verlohr St. Germain an die Englander. Sein Sohn kaufte es von einem englischen hauptmann zuruck. Franz der I. dachte darinnen an den Genuss seines Lebens bey der schonen Jagd in dem nahe anstossenden Wald. Man sieht noch an der obersten Fensterreyhe ringsumher im hof den gebrannten Salamander, welcher sein Sinnbild war. Henrich der IV. und Ludwig der XIII. vergrosserten und verschonerten es. Man will jetzo diess Schloss als Beweiss der Verganglichkeit ansehen, weil der Alcove, in welchem Ludwig der XIV. gebohren wurde, nun ein Staubwinkel ist, und die Gallerien, worinnen sich der hofstaat versammelte, Kornboden geworden sind. Ich habe nicht viel gegen diese Abanderung einzuwenden, den Ludwig der XIV. ist jetzo selbst nichts mehr, als eine Hand voll Staub, warum sollte das Zimmer davon befreyt seyn ? und nuzliche Kornmagazine fur das gemeine Wesen entehren, wie ich denke, die Stelle der Hofleute nicht sonderlich. Gerne mochte ich aber, dass der Zufall den lezten grosen Bewohner dieses von seinen Konigen verlassenen Hauses, Jacob den II. Konig von England, welcher seinen Thron verliess, in dem Zimmer hatte sterben lassen, in welchem sein Beschutzer gebohren wurde. Dieser hatte uber Veranderung und Verschiedenheit nachdenken und sprechen konnen. Merkwurdig ists, dass hier in den koniglichen Garten die ersten Springbrunnen im Grosen errichtet wurden, welche der Prasident [p. 548] Moncontis von Lyon erfand. Das Schloss ist ein groses Viereck, dessen angebaute grose Thurme auswarts als breite Vorsprunge, im Hof aber, als runde Thurme erscheinen. Das Ganze ist von dunkelrothen Ziegelsteinen und sehr hoch gebaut. Innen und aussen laufen Gallerien herum, von welchen man die angenehmste Aussicht hat. Der Theil des schonen Waldes, welcher an das Ende der Terrasse fuhrt, ist immer voll Spazierganger von der besten Menschenclasse. Man sahe ihnen an, dass Klugheit, Ruhe und Freundschaft unter ihnen wohnen. Viele angesehene Familien von Paris begeben sich hieher, eine vernunftige Stille und wohlfeilere Lebensmittel zu finden, und dennoch in der Nahe des Hofs von Versailles zu leben, wo sie leicht alles Neue erfahren, und die Gnadenzeit fur sich und die Ihrigen nutzen konnen. Wir gingen auch in die Kapelle, welche von schoner Bauart ist. Die Decke ist voll Gemalde aus der biblischen Geschichte, sehr fein gemalt, und die Einfassungen der Winkel, welche das Gemalde bildet, und die Saulen, welche das Gewolbe tragen, sind alle vortreflich vergoldet. Sie sind aber nicht nur ein Beweiss der alten Pracht, sondern auch der alten Kunst. Denn gewiss, die neuen Vergoldungen werden nicht so lange in ihrer Schonheit dauern. Ich wunschte einen alten Saal des Schlosses zu sehen. Aber er ist ganz verbaut, und wie das Louvre in Paris zu Gnadenwohnungen eingerichtet. Die Vorhöfe sind einsam und mit Gras bewachsen. Von den schonen Grotten, und in Wasserwerken sich bewegenden Gottern und Thieren, sieht man nichts mehr ; aber Leute jedes Alters, mit dem Ausdruck einer stillen Zufriedenheit, finden sich hier unter den Baumen, welches in Paris, dessen Rauchsaulen und Thurmspitzen man erblickt, nicht moglich ist, wo [p. 549] die Menschen vom Ehr und Geldgeitze, von Sorgen und Neugierde umher getrieben warden, und auch der, so in der Kutsche sizt, durch die Gegenstande der Pracht und Kunst, durch den Larmen der Fuhrwerke und Fussgänger aus dem Gleichgewichte gebracht wird. »

La Roche, Sophie (von)

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