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Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye Forêt
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Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan de Beaumont, escuier, seigneur d’Armenille, maistre et enquesteur des Eaues et forests du Roy nostre sire es pays de France, Champaigne et Brye et chambellan mons. le duc de Berry, au gruyer de Saint Germain en Laye ou a son lieutenant, salut. Comme naguaires par nostre commandement et ordonnance eust esté crié et deffendu par le Roy nostre dit seigneur et nous en et sur grosses paines d’amende que nul qui se deist avoir droit d’usaige, liberté ou franchise es dites forestz ny entrast jusques a ce que de ce nous eussent monstré et enseingnié de leurs dits droiz, titres et previlleges, et comme de ce avoient jouy et user, et ce il soit ainsi que de la partie du commun et habitans de Saint Germain en Laye nous ayent esté monstrees et exhibees unes lettres de vidimus soubz scel royal ausquelles ces presentes sont atachees soubz nostre scel, esquelles lettres sont encorporees les lettres de noble homme messire Ettor de Chartres, chevalier, naguaires reformateur sur le dit fait, avecques unes lettres de mons. le conte de Tancarville, souverain maistre et general reformateur desdites Eaues et forests faisant mention de leurs diz droiz, franchises et previleges, obeissant nous enseigner que de ce avoient jouy et usé sans aucuns excés, en nous requerant que le dit empeschement voulsissons lever et oster, et pour ce veu et consideré le contenu en leurs dites lettres de delivrance, eu sur ce deliberation et advis a plusieurs sages et conseillers du Roy nostre dit seigneur, nous le dit empeschement mis de nostre commandement et ordonnance avons levé et osté, levons et ostons par ces presentes, si vous mandons que les diz commun et habitans vous laissiez et souffrez jouir et user de leus diz droiz et usages selon le contenu en leurs dites lettres cy atachiees comme dit est, en tout ce les ordonnances royaulx gardees. Donné soubz nostre scel le XXIIIe jour d’ottobre l’an mil CCCC et huit.
Petit »

Lettres maintenant les habitants de Saint-Germain-en-Laye dans leurs droits d’usage dans la forêt de Laye

« Jehan Randon, secretaire du Roy nostre sire et de monseigneur le duc de Bourgongne, procureur en particulier et general lieutenant de noble et puissant monseigneur Elyon de Jacleville, chevalier, chambellan du Roy nostre sire et de mon dit seigneur le duc de Bourgogne, maistre et enquesteur des Eaues et forests es pais deFrance, Champagne et Brie, au gruyer de la forest de Laye ou a son lieutenant, salut. Il nous est apparu des lettres et tiltres, delivrance ou vidimus d’icelles par mess. Ettot de Chartres, chevalier, pour lors maistre des Eaues et forests d’icelluy seigneur et aussy commissaire dudit mesmes procureur en ceste partie de par monseigneur le conte de Tancarville, souverain maistre et general reformateur des Eaues et forestz et garennes par tout le royaume, et aussy de Jehan de Beaumont, escuyer, sieur d’Armenille, alors maistre et enqueteur desdites Eaues et forestz, par lesquelles les dessus nommés monseigneur le conte et de Beaumont ont delivré aux habitans de Saint Germain en Laye les usaiges qu’ilz se dient avoir en la dite forest contenus et declarés plus a plain es lettres ausquelles ces presentes sont attachees, si vous mandons et se mestier est commendons que les diz habitans de Saint Germain en Laye vous laissiez et souffrés jouir et user plainement et paisiblement de leurs diz drois, usaiges, droictures et franchises que ilz ont en la dite forest selon ce que contenu est plus a plain esdictes lettres, sans leur donner aucun empeschement ou descombriez, et que de ce ilz usent sans exces ou abus, en tout ce les ordonnances royaulx sur ledit fait gardees, et enregistrees ou fait enregistrer par devers vous es registres de la dite forest des dites lettres de delivrance avecques ces presentes. Donné pour tesmoing de ce audit lieu de Saint Germain soubz le scel aux causes le dimenche vint septiesme jour du moys de decembre l’an mil quatre cens et onze. »

Lettres confirmant les droits d’usage des habitants de Saint-Germain-en-Laye dans la forêt de Laye

« Henry, par la grace de Dieu roy de France, à nostre amé et feal conseiller le sieur de Vvarty, grant maistre enquesteur et general refformateur des Eaues et forestz de nostre royaume ou son lieutenant, salut. Noz chers et bien amez les manans et habitans de Sainct Germain en Laye nous ont faict dire et remonstrer qu’ilz ont droit du usaige a chauffer en nostre forest dud. lieu, pour raison duquel le XXVIIIme jour de fevrier mil cinq cens vingt six, veuz leurs tiltres, ilz ont obtenus arrest ou conseil privé de feu nostre tres honnoré seigneur et pere le Roy, que Dieu absoille, suyvant lequel ilz nous ont faict supplier leur bailler main levée de leurd. droit d’usaige saisy par ordonnance de feu nostred. seigneur et pere, et à ceste fin nous ont faict presenter certaine requeste que nous avons ordonné estre communicquée à nostre procureur general en nostre conseil privé, qui ne l’a voulu empescher, à ceste cause lesd. supplians nous ont derechef faict supplier qu’il nous pleist sur ce leur pourveoir et octroyer noz lettres en cas requises et necessaires, pour ce est il que nous, ces choses considerées, desirans subvenir à nos subgectz selon l’exigence des cas et les arrestz dud. conseil privé ne demourer inexecutées, vous mandons, et pour ce qu’il se agist du faict de noz forestz dont la congnoissance se doit à vous adresser, commectons et enjoignons par ces presentes que, appellé nostre procureur en vostred. court et jurisdiction pour nostre interest, led. arrest cy ataché soubz le contrescel de nostre chancellerie vous mectez à deue et entiere execution selon sa forme et teneur, nonobstant qu’il soit suranné et qu’il ne soit que par extraict et aussi que lesd. exposans joyssans dud. droict d’usaige peu au precedant le deces de nostred. seigneur et père, on leur ait saisy leurd. droict d’usaige, que ne voullons empescher l’execution dud. arrest en aucune maniere ains de ce partant que besoing et mestier est ou seroit mis les en avons relevez et relevons de grace especial par ces presentes, et aussi nonobstant quelzconques ordinnances, restruictions, mandemens, deffences ou autres noz lettres impetrées ou a impetrer à ce contraires. De ce faire vous donnons plain pouvoir, auctorité et mandement especial par cesd. presentes, mandons et commandons a tous noz justiciers, officiers et subgectz que a vous en ce faisant soit obey. Donné a Villers Costeretz le neufiesme jour de aoust l’an de grace mil cinq cens quarante sept et de nostre regne le premier.
Par le Roy en son Conseil
Burault »

Lettres patentes ordonnant la réunion de terrains à la forêt de Saint-Germain-en-Laye et des essartements

« Lettes patentes qui ordonnent des essartemens dans la forest de Saint Germain en Laye et la vente des bois provenans desdits essartemens pour tenir lieu de vente de l’ordinaire mil sept cens vingt cinq en ladite forest
Données à Chantilly le 27 juillet 1724
Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à nos amez et féaux conseillers les gens tenans nostre cour de parlement et Chambre des comptes à Paris, salut. Par arrest de nostre conseil du 27 juin de la présente année 1724 nous avons, pour les causes y contenues, réuni au corps de nostre forest de Saint Germain en Laye dix neuf arpens cinquante perches de friches, pâtures, terres et vignes enclavées dans ladite forest au triage de la Croix de Laye, Porte de la Tournelle, ordonné que les propriétaires dudit terrain en seroient payez suivant l’estimation qui en seroit faite en la manière y énoncée et que pour cet effet il sera fait employ du montant de ladite estimation dans l’estat des bois de la généralité de Paris ; et par le mesme arrest, nous avons aussi ordonné les essartemens de tous les arbres, bois et broussailles qui se trouveront dans la largeur des routes percées, tant dans la futaye que dans les taillis de nostre dite forest de Saint Germain en Laye, y compris trois vieux chênes sur le bord de la marre de Poissy, la vente des bois provenans desdits égalemens ainsi que de ceux des bordages desdites routes, essartemens des arbres panchez qui se trouveront sur icelles et des bordures qui se trouveront dans lesdites bordures, le tout ainsi qu’il est porté par ledit arrest, et pour tenir lieu de vente ordinaire en la maistrise particulière de Saint Germain en Laye pendant l’année prochaine 1725 et aux charges y contenues, pour l’exécution duquel arrest nous avons aussi ordonné que toutes lettres nécessaires seroient expédiées. A ces causes, de l’avis de nostre Conseil, qui a vu ledit arrest du 27 juin dernier ci attaché sous le contre scel de nostre chancellerie, nous avons, conformément à icelui, ordonné et par ces présentes signées de nostre main ordonnons que lesdits dix neuf arpens cinquante perches de friches, pâtures, terres et vignes enclavées dans ladite forest de Saint Germain, triage de la Croix de Laye, porte de la Tournelle, demeureront réunis au corps de ladite forest pour estre incessamment semez en gland ou plantez en bois suivant l’adjudication au rabais qui en sera faite en la manière accoutumée par le sieur de la Faluère, grand maistre, ou les officiers de ladite maistrise de Saint Germain en Laye qu’il commettra en son absence, et l’adjudicataire payé par le receveur général des Domaines et bois de la généralité de Paris sur les ordonnances dudit sieur de la Faluère dans les termes qui seront réglez par le cahier des charges de ladite adjudication. Ordonnons que les propriétaires desdits dix neuf arpens cinquante perches seront rembousez du prix suivant l’estimation qui en sera faite par experts dont les parties et nostre procureur en la maistrise conviendront devant le sieur grand maistre, sinon qu’ils seront nommez d’office par ledit sieur grand maistre, et que du montant de ladite estimation ainsi que du prix de ladite adjudication au rabais il sera fait employ sous les noms desdits propriétaires et adjudicataires dans l’estat des bois de ladite généralité au chapitre des charges de la maistrise de Saint Germain, comme aussi que par ledit sieur grand maistre il sera, au siège et en la présence des officiers de ladite maistrise, incessamment procédé à la vente et adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur des essartemens de tous les arbres, bois et broussailles qui se trouveront dans la largeur de l’alignement des routes percées, tant dans la futaye que dans les taillis, y compris trois vieux chênes sur le bord de la marre de Poissy ainsi que de l’élaguement des bordages desdits routes, à la hauteur de quarante pieds pour celles des futayes et de trente pour celles des taillis, et à l’essartement des arbres panchez qui se trouveront sur lesdites routes et des abres secs qui se trouveront dans lesdites bordures sur la profondeur de quinze à vingt pieds, le tout pour tenir lieu de vente ordinaire en ladite maistrise pendant l’année prochaine 1725, à la charge par l’adjudicataire de remettre le prix de son adjudication es mains du receveur particulier de ladite maistrise, pour en compter à nostre profit ainsi que des autres deniers de sa recette et estre employez, jusqu’à concurrence, au peyement des repeuplemens ordonnez estre faits en ladite forest de Saint Germain en Laye et desdites terres réunies. Si vous mandons que ces présentes vous ayez à faire lire et registrer, garder et observer selon leur forme et teneur, sans y contrevenir ni souffrir qu’il y soit contrevenu en quelque sorte et manière que ce soit. Car tel est nostre plaisir. Données à Chantilly le vingt septième jour de juillet, l’an de grâce mil sept cens vingt quatre et de nostre règne le neuvième.
Signé Louis, et plus bas Par le Roy, Phélypeaux, et scellées du grand sceau de cire jaune. »

Mention de la première chasse de la duchesse de Berry dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

Compte de la ville de Saint-Germain-en-Laye pour les années 1714 et 1715 :
« Item dit le rendant que le déceds du roy Louis quatorze estant arrivé le premier septembre mil sept cent quinze, et monseigneur le duc d’Orléans ayant esté recognu régent du royaume, il fut convenu qu’il estoit à propos d’aller à Paris luy présenter les respects de la communauté, et à ce sujet le rendant et plusieurs antiens sindics et habitans s’estans transportez à Paris, vous eûtes la bonté, accomagné de monsieur le procureur du Roy, de les présenter à monsieur le Régent, qui parut satisfait de cette démarche et promit l’honneur de sa protection à cette ville, à l’occasion duquel voyage et séjour le rendant a debourcé la somme de quatre vingt dix neuf livres dix sols, compris le présent qui fut fait à madame la duchesse de Berry à sa première chasse dans la forest de ce lieu, cy : IIIIxx XIX l. X s. »

Mention des chasses hivernales du roi à Saint-Germain-en-Laye

Compte de la ville de Saint-Germain-en-Laye pour les années 1728 et 1729 :
« Item dit le rendant que pendant les deux années de son sindicat, il y eut nécessité de faire quelques dépences imprévues pour débarrasser des terres et immondice qui avoient esté mises le long du pavé de la montagne de Versailles et près le grand pavillon du chasteau qui incommodoient le passage du Roy, comm’aussy faire casser les glaces le long de la rue de la Verrerie au mois de janvier 1729, attendu que Sa Majesté venoit alors presque tous les jours à la chasse en la forêts de ce lieu, et faire tendre le jour de la feste du Saint Sacrement en l’année 1729 des tapisseries autour de la boucherie que l’on reconstruisoit alors, pour lesquelles dépences imprévues dont l’état sera représenté, il a débourcé la somme de cent vingt six livres quinze sols dont il fait dépence par le présent article, cy : 126 l. 15 s. »

Description et antiquités de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, par Antoine, porte-arquebuse du roi

« [f. 1] Description et antiquitées de la forest de Saint Germain en Laye
[f. 2] Au Roy
Sire,
Le lieu de Saint Germain tirant toute sa gloire de l’heureuse naissance de Vostre Majesté, dans lequel est scituée la forest de Laye, qui est l’une de plus belle et agréable de son royaume, et qui a esté toujours honnorée de la présence des roys ses prédécesseurs, et de celle de Votre Majesté dans les [f. 2v] plaisirs des chasses et promenades depuis le commencement de son règne jusques à présent, j’ay cru par tous ces endroits qu’Elle voudra bien me permettre de luy présenter le plan avec une description de ladite forest que j’ay faite, où Elle pourra la voie en racourcy dans toute son estendue, comme ayant eu l’honneur d’avoir esté commis par un brevet de Votre Majesté en l’année 1688 à l’inspection de lad. forest et capitainerie de ce lieu, qui est une grâce qu’Elle a bien voulu joindre à beaucoup d’autres que j’ay l’avantage de tenir d’Elle comme une marque de la confiance dont Elle m’a toujours honnoré, et pour répondre à laquelle j’ay tasché d’exercer lad. commission avec toute l’asiduitté et fidelité qu’il m’a esté possible, ayant pour cet effet donné tous mes soins pour la conservation de ladite forest, encore qu’elle se trouve maintenant dans une très grande désolation, ainsy que j’ay eu l’honneur de l’en informer plusieurs fois, suivant les ordres précis que j’en ay receus d’Elle, espérant que Votre Majesté voudra bien, par l’attachement qu’Elle a toujours eu pour cette belle forest, d’empescher sa totalle ruyne en y apportant les remèdes qu’il conviendra y apporter pour cet effet. C’est là le but, Sire, que je me suis proposé en prenant la liberté [f. 3] de luy présenter ce petit manuscrit, par une marque de ma reconnoissance et combien je suis sensible aux grâces qu’Elle me fait tous les jours et à ma famille, laquelle offre journellement à Dieu ses vœux et prières pour la conservation de la sacrée personne de Votre Majesté. Ce sont là, Sire, les désirs les plus ardens de celuy qui est de Votre Majesté le très humble et très obéissant serviteur et fidel sujet.
Antoine, écuyer, porte arquebuse de Vostre Majesté

[f. 4] Carte de la forest de Saint Germain

[f. 5] Description de la forest de Saint Germain en Laye
La forest de Saint Germain en Laye est l’une de plus belles du royaume pour ce qu’elle contient, tant par la beauté de sa scituation que par plusieurs autres agrémens dont elle est accompagnée. Elle ne contenoit cy devant que 5198 arpens 45 perches, et à présent 5714 arpens huit perches, suivant le dernier arpentage qui en a esté fait par le sieur Caron, arpenteur de la maistrise de ce lieu en l’année 1686, tant plain que vuide, de plusieurs sortes de bois, tant futaye que taillis, dont elle est entourée. L’on tient qu’elle fût nommé la forest des Layes à cause qu’il y a eu de tout temps beaucoup de gibier, et particulièrement des sangliers et layes. Son terrain est secq, très beau, presque sablonneux, sans montagne, vallée ny marécage, fort uny, faisant très beau se promener et chasser dans toutes les saisons de l’année. C’est ce qui la fait l’une des forests la plus chérie des roys et princes [f. 5v] depuis plus de six cens années, qui est le temps de la fondation du vieux chasteau faite par le roy Louis 6e dit le Gros, vers l’an 1122. Ce que nous marquons avoir esté continué jusques à présent par les roys ses descendans, qui y ont pris aussy leurs divertissemens les plus ordinaires pendant le cours de leurs règnes, ainsy que nous voyons par les anciens registres de la maistrise de cette forest, qui marquent que les roys cy devant n’en possédoient qu’une partie, ayant acquis de temps en temps l’autre, particulièrement du prieuré des Loges et de plusieurs particuliers voisins d’icelle forest, ainsy que le Roy a fait encore en l’année 1673, ayant acquis tout le restant des bois en icelle forest qui se montoient à 391 arpens 20 perches de bois taillis qui appartenoient partie aux dames religieuses de la grande abbaye de Poissy, au prieuré d’Hannemont, aux seigneurs de Maisons et de Fresne, tant par eschange d’autres bois dans la forest des Alluets le Roy qu’en rentes sur l’hostel de ville de Paris. Tellement que par cette dernière acquisition, laditte forest de Saint Germain en Laye appartient à présent en total au domaine royal de la Couronne de France, ainsy que celle de Marly, pour laquelle il a esté fait une pareille eschange. C’est ce qui empeschera à l’avenir beaucoup de malversations qui s’y sont commises cy devant sous prétexte [f. 6] de propriété des bois. Comm’aussy Sa Majesté ayant fait l’eschange desd. bois avec lesd. particuliers desnommez, lesquels avoient aussy droit de pâturages dans cette forest pour leurs bestiaux avec beaucoup d’autres lieux circonvoisins d’icelle, Sa Majesté, voulant aussy les supprimer, et par une justice et bonté toute particulière, a bien voulu pour concourir au soulagement des particuliers, leur remplacer les droits qu’ils avoient de ces pâturages par des prairies et autres terrains que Sa Majesté a acquis pour cet effet, qui ce sont montez à une somme de plus de six vingt mil livres, lesquelles prairies ont esté partagées scavoir aux habitans de Saint Germain en Laye qui avoient une grande commune au bord de cette forest, les villages de Carrière sous le Bois, le Mesnil le Roy, Maisons, Garennes, Achères, Chambourcy et le prieuré d’Hannemont, tous lesquels avoient droit de mettre pâturer dans lad. forest de Saint Germain leurs bestiaux, qui montoient à plus de mil bestes omailles qui paissoient journellement dans toute l’estendue d’icelle forest, ce qui n’a pas peu contribuer à sa ruine, avec plus de 1200 bestes fauves qui y estoient dans ce temps, ce qui obligea aussy d’en faire sortir ou tuer une partie afin de pouvoir soulager et remettre cette forest en meilleur estat, qui estoit très désolée, soit par cette raison que par les grands hyvers, qui ont fait périr [f. 6v] beaucoup de futaye qui estoit à son retour, et par les malversations qui s’y sont commises, par le manque de soin et d’attention des officiers d’icelle, nottamment pendant la minorité du Roy, qui, ayant esté informée de tous ces désordres, a bien voulu chercher les moyens pour trouver quelques remèdes de pouvoir restablir cette forest, soit par en receper une partie et replanter l’autre, ce qui a esté fait en plusieurs endroits vuides où lesd. bois estoient morts, et ce qui a esté exécuté pendant le cours de son règne avec une extrême dépense, sans fruit, pour n’avoir pas pris les précautions nécessaires pour les exécutions des ordres de Sa Majesté. Laquelle, pour une plus grande seureté et tranquilité, l’a voulu faire clore de murs, dans laquelle clôture il y a eu vingt cinq portes aux passages et advenues des grands chemins pour la commodité publique, qui sont gardées par des suisses qui dépendent de M. le capitaine. Tous les soins font espérer, avec toutes les précautions que Sa Majesté veut bien avoir pour cette belle forest, qu’elle reprendra son ancien lustre si les bonnes intentions de Sa Majesté sont secondées cy après par ceux à qui Elle en a confié la garde. Car l’on peut dire qu’elle est l’une des plus belles et délicieuses du royaume par sa scituation, entourée par un costé de la rivière de Seyne, qui luy sert comme d’un canal [f. 7] accompagnée de plusieurs isles et prairies verdoyantes qui la bordent, dont la veue sur plusieurs villages luy est fort agréable. Elle est remplie de toutes sortes de gibier, tant fauves qu’autres, s’y plaisant fort, y estant à son aise par les bons ganiages et quantité de marres d’eau qui sont très nécessaires pendant les chaleurs de l’esté, ce qui est une chose des plus essentielles, particulièrement pour les bestes fauves, dont une forest esloignée de la rivière.
Après avoir fait une ample description de cette forest, il est aussy à propos de faire une petite mention de quelques particularitez qui sont venus à nostre connoissance, ainsy que des lieux et routes remarquables distinguez par des croix et autres choses curieuses, qu’il est quelques fois nécessaires de scavoir pour la commidité publique et des chasseurs. Il y a la croix nommée Pucelle, qui est sur l’ancien chemin de Saint Germain à Poissy, où l’on tient qu’il y a eu une jeune fille viollée et tuée en cet endroit vers l’an 1423. Une autre croix très ancienne, nommée la croix de Laye, qui est sur le chemin de Poissy, au village de Chambourcy, la croix de Berry dans la route de la Muette, où le nommé de Berry de Poissy fut assassiné l’an 1540. Il y a la croix Dauphine, dans l’ancienne routte de Garennes, qui y fut posée l’an 1545 [f. 7v] lorsque le roy Henry second estoit dauphin, la croix de Saint Simon posée l’an 1635 par M. le duc de Saint Simon, lors capitaine de ce lieu, sur le chemin de Conflans, la croix de Poissy, posée de l’ordre du roy Louis 13 an l’année 1640, et en dernier lieu a esté posé une croix dans le milieu de la grande route de Poissy en l’année 1690, nommée la croix de Montchevreuil, qui est capitaine de ce lieu, lequel a beaucoup contribué à l’embellissement de cette route, particulièrement à la faire paver, qui estoit cy devant impraticable. Il se voit encore plusieurs endroits remarquables, mesme pour les chasseurs, comme le pas du Roy, qui est une pierre où est emprint la forme d’un pied, que l’on dit est celuy du roy François premier, posé sur un grand chemin derrière les Loges. Il y a aussy plusieurs chesnes remarquables dans des carrefours et routtes distinguées par des petites figures de saints qui y sont posées, comme le chesne de sainte Barbe proche la Muette, celuy de saint Joseph sur le chemin d’Achères, le chesne de sainte Anne sur le chemin des Loges à Poissy, celuy de saint Fiacre sur le chemin de Conflans, celuy où il y a une Vierge nouvellement remise, qui est dans la routte des Loges, ayant esté autresfois dans le vieux chemin de ce monastère à Saint Germain. Il y avoit aussy la croix de Beaumont, [f. 8] qui estoit sur un chesne coupé dans les ventes de Maisons, qui est l’endroit où le sieur de Beaumont, capitaine et maître particulier des Saint Germain, fut assassiné le premier may 1660 par deux personnes de distinction avec lesquelles il avoit eu quelques différens, leur procez, ayant esté fait, les obligea de sortir du royaume pour se sauver en Angleterre où ils sont décédez.
Nous dirons aussy que pour le gouvernement de cette forest, il y a plusieurs officiers, scavoir un grand maître et un maître particulier, un lieutenant, un procureur du Roy, un inspecteur, un garde manteau, un greffier, un arpenteur, lesquels officiers ont inspection sur tous les bois et les eaux qui dépendent d’icelle maistrise, qui tiennent les audiences tous les jeudis dans l’auditoire de la prévosté du lieu pour ce qui regarde et concerne les affaires de ladite maistrise, d’où dépend, outre lad. forest de Saint Germain qui contient 5714 arpens, celle de Marly 2000 arpens, les bois de Vezins 1009 arpens, Vezinet et autres bosquets qui en dépendent, comm’aussy la maistrise de Pontoise, qui a esté supprimée et réunie à cette maistrise l’an 1669, la petite forest des Alluets le Roy qui contenoit 848 arpens 55 perches de bois taillis qui en dépend et qui ont esté eschangez à d’autres, ainsy qu’il a esté dit cy [f. 8v] devant, pour les réunir aux forests de Saint Germain en Laye et de Marly. Il y [a] aussy six gardes pour lad. forest de Saint Germain, trois pour celle de Marly et un en Vezinet.
Il y avoit anciennement une grurie qui a esté supprimée en l’année 1666, estant très inutile.
Le gouvernement et capitainerie de Saint Germain en Laye est une des premières de ce royaume, et l’une des plus honnorables, estant d’une grande estendue, puisqu’elle a près de dix lieues de long sur cinq ou environ de large. Elle a esté agrandie en différends temps. En premier lieu par le roy François premier, car il se remarque que, devant son règne, que les capitaines ne se qualifoient que de concierge de Saint Germain. Cette charge ne s’estendoit pour lors que sur le chasteau, la ville, la forest et ses environs, ainsy qu’il est justifié par une inscription sur la tumbe de Robert de Meudon dans l’église du prieuré d’Hannemont, qui ne se qualifié que de concierge de Saint Germain sous le règne du roy Philippes 5 dit le Long, l’an 1320. Nous remarquons que cette charge a esté toujours possédée par des personnes de la première qualité, [f. 9] puisqu’en l’année 1472 qu’un Guillaume de Montmorency la possédoit sous le roy Louis unze. Depuis ce temps, et dans les règnes suivans, comme dans celuy cy, nous avons veu messieurs les ducs de Saint Simon, les marquis de Maisons père ety fils, le marquis de Beaumont, le marquis de Richelieu, le duc du Lude, grand maître de l’artillerie, et à présent possédée par M. le marquis de Montchevreuil et M. son fils en survivance, dont les gages sont payez par le trésorier des chasses, ayant sous luy plusieurs officiers de ladite capitainerie, scavoir un lieutenant, un soulieutenant, un procureur du Roy, un greffier, deux rachasseurs, douze gardes à cheval, vingt huit gardes à pied et un inspecteur général pourveu par brevet de Sa Majesté du 19e juin 1688. Le capitaine tient tous les lundis les audiences dans l’hostel de la capitainerie, assisté de tous ses officiers pour le fait des chasses qu’il juge en dernier ressort. Et comme laditte forest se trouve maintenant dans une grande désolation et dépérissement, nonobstant tous les soins et les dépenses que Sa Majesté y a fait faire cy devant et qui ont esté aussy inutilles, faut d’y avoir apporté toute l’attention qui estoit nécessaire. Cependant, [f. 9v] quand il plaira à Sa Majesté, l’on pourra trouver des moyens pour y remédier avec plus de mesnagement que ce qui a esté fait par le passé.
Monastère et couvent des Loges dans la forest de Saint Germain
Comme ce monastère est compris dans ladite forest, nous avons cru qu’il estoit bon d’en faire icy l’explication en la manière suivante :
Au bout de la grande route en face du vieux chasteau, il se découvre le monastère et couvant des Loges, qui estoit anciennement un prieuré en titre de bénéfice, dont l’on ne scait pas bien le temps de sa fondation, estant très ancien, le titre en est demeuré toujours. Il est maintenant en la personne d’un religieux augustin nommé Alexis qui en a esté pourveu par Sa Majesté le [vide] du mois de l’an 16[vide] sous le nom de Saint Fiacre. Ce monastère est dans les limites de la parroisse de Saint Germain en Laye, ainsy [f. 10] qu’il est justifié par une permutation qui fut faite de ce bénéfice le 18 may 1509 incérée dans l’arrest de la réunion de lad. parroisse de Saint Germain en Laye au diocèse de Paris rendu l’an 1670. Ce prieuré ayant esté ruiné, soit par les guerres ou autrement, les titres en ont esté perdus, les bastimens démolis faute d’entretiens, en telle façon qu’il n’y avoit resté que des ruynes pendant un grand temps, dans lesquelles il s’y establit un bon religieux hermite nommé frère René, qui ne vivoit que des charitez des bonnes gens des environs de cet hermitage. Ce religieux estoit mesme considéré du roy Louis 13, d’heureuse mémoire, qui luy faisoit souvent des aumosnes quand il le rencontroit dans la forest et en d’autres lieux, lequel estant devenu caduc et incommodé dans sa vieillesse, ne pouvant plus sortir pour aller à la queste, ce qui l’obligea de demander permission au roy Louis 13 d’associer quelques religieux avec luy pour le soliciter dans ses nécessitez, ce que le roy luy accorda par ses importunitez avec bien de la peine, appréhendant les suittes qu’un monastère feroit dans la forest, où il s’y pouvoit establir un jour une grande communauté de religieux, ce qui ariva peu de temps après. Cet hermite ayant fait choix l’an 1635, suivant la permission qu’il en avoit eue de Sa Majesté, de deux religieux, petits [f. 10v] religieux augustins deschaussez, lors nouveaux venus en France, lesquels demeurèrent avec led. hermite jusqu’à sa mort, qui arriva en l’année 1640, après laquelle il s’y establit une plus grande communauté desd. religieux augustins, qui dans la suitte se multiplia par la protection que leur donna la Reyne, mère du Roy, ayant conceu une bonne volonté pour ce monastère, y allant visiter ce lieu très souvent par dévotion, ainsy que la chapelle de saint Fiacre. C’est ce qui obligea aussy cette reyne, par sa piété, de leur faire de temps en temps des charitez pour ayder à bastir et construire ce monastère, sur quelques vieilles ruines restées de l’ancien monastère, qui estoit proche de cette chapelle de saint Fiacre, en telle façon et en peu de temps y a esté basty une très jolie église avec des cloistres, réfectoires, dortois et autres logemens réguliers accompagnez de jardins et d’un bosquet, fait dans un lieu qui estoit inculte, n’y ayant que des espines et éronces, qui sert d’une petite promenade dans l’enclos de cette maison régulière qui est scituée dans le milieu de la forest, au bout d’une belle route qui fut faite exprès l’an 1675 pour la commodité publique et de la promenade. Ce qui a donné occasion à un grand concours de peuple d’y aller, soit par dévotion entendre le service divin, ou par promenade, mesme au Roy et à lad. Reyne [f. 11-12] sa mère, particulièrement les jours de Pasques et des grandes festes aux stations, mesme aux jubilez et autres dévotions qui arrivent pendant l’année. Lorsque cette princesse estoit à Saint Germain, c’estoit une de ses plus fréquentes promenades. Elle y a fait mesme bastir au coing du jardin un petit pavilon destaché dud. monastère pour s’y reposer et estre en particulier lorsqu’elle est venue séjournée à Saint Germain jusqu’à sa mort. Il sera remarqué que l’ancienne chapelle de saint Fiacre estoit dans l’enclos de cette maison, laquelle dépendoit de la parroisse de Saint Germain en Laye, où le curé et son clergé a droit d’aller tous les ans en procession le jour et feste de Saint Fiacre. Mais comme dans la suitte cette chapelle estoit tombée en ruyne et restablie dans la nouvelle église, ce qui cause quelques contestations avec lesd. religieux pour raison des droits d’icelle, il fut fait un accord par l’entremise et charité de cette princesse Reyne avec lesd. religieux augustins, et les sieurs curé et marguilliers de lad. parroisse de Saint Germain, le 26 aoust 1656, par lequel accord lesd. sieurs curé et marguilliers ont esté maintenus en la possession et droit que la parroisse avoit eu de tout temps dans cette chapelle et d’y aller en procession ainsy que par le passé, et que les religieux augustins partageroient par moitié aux questes et aumosnes qui se [f. 11-12v] recevroient pendant le jour de saint Fiacre, et que les restes des bastimens de cette vieille chapelle seroient démolis et le tire transféré dans l’une des chapelles de leur nouvelle église, pour avoir le mesme droit que la parroisse avoit dans lad. ancienne chapelle, où est proche d’icelle un reste de grand bastiment avec un enclos qui dépend à présent des maistres particuliers de la forest. C’estoit dans ce lieu où ce rendoit cy devant la justice de la maistrise et grurie des Eaux et forests de ce lieu tous les jeudis, et mesme où les titres concernans laditte forest estoient gardez dans des armoires, qui ont esté depuis transférez à l’auditoire de la prevosté de Saint Germain où l’on tient à présent le siège des Eaux et Forest de cette maistrise. C’est ce qui a causé en partie la ruyne de tous les autres bastimens, qui estoient considérables cy devant qui faisoient partie de ceux de l’ancien prieuré de Saint Fiacre des Loges.
Chasteau de la Muette dans la forest de Saint Germain en Laye
Comme ce chasteau est compris dans lad. forest, [f. 13] nous avons cru qu’il est bon d’en faire icy l’explication en la manière suivante :
Dans l’une des extrémitez de lad. forest de Saint Germain se voit à présent les ruynes du chasteau de la Muette. L’on l’a ainsy nommé à cause qu’une partie des équipages des chasses et véneries y logeoient ordinairement. Il a esté basty par le roy François premier vers l’an 1530 pour y loger dans les beaux jours lors des grandes parties de chasses. Il est basty dans le milieu de la forest, en un lieu très solitaire, sans eau ny aucun agrément de jardins que la naturel de la forest. Les bastimens du chasteau estoient assez considérable, en manière d’un gros pavillon quarré fort exaucé avec plusieurs tourelles autour, basty de pierres et briques très proprement, couvert par-dessus en platteforme de grandes pierres entourées d’un balustre de pierre tournées avec des pillastres de distance en distance où estoient gravez en relief des salamandres, les armes de France et des FF couronnées qui faisoient tout le circuit de cette belle terrasse, sur laquelle l’on se promenoit et d’où l’on voyoit quelques fois passer la chasse quand elle s’adonnoit aux environs de ce lieu. Et ce qu’il y avoit de très particulier estoit un fort beau jeu de paume couvert qui estoit sur cette terrasse, d’où l’on voit une très belle veue. [f. 13v] Les appartemens de ce chasteau n’estoient pas magnifiques, mais très commodes, sans aucuns ornemens que de la menuiserie, les uns sur les autres, dégagez par des coridors et escaliers avec des offices et cuisines dessous, tout le pourtour du bastiment voûtées avec des ceintres et arcs de pierre et entouré d’un fossé revestu de pierre et brique, lequel fermoit le dehors. Et sur le devant, il y avoit une grande avant cour qui n’estoit fermée que par un simple mur avec une porte cochère en face, ayant au milieu un grand puys et une chapelle quarrée d’une grandeur convenable pour y contenir les personnes de la suitte que le roy y menoit. L’on remarque que c’est la dernière demeure que le roy François premier aye faite dans ses maisons royalles, s’y estant trouvé très mal d’un abceds qui luy vint au bas du vente pendant huit jours qu’il séjourna dans ce chasteau au commencement du mois de mars, estant venu dans ce lieu pour changer d’air et pour y estre plus en son particulier, aymant les lieux deserts et solitaires, ainsy qu’il se prouve par plusieurs châteaux que ce roy a fait bastir dans divers lieux champestres. Son mal c’estant bien augmenté dans ce lieu, l’obligea de le quitter le 17 dud. mois de mars, d’où il fut coucher à Villepreux, ensuitte à Dampierre, à Limours, chasteau [f. 14] qu’il faisoit bastir, de ce lieu à Rochefort, et enfin à Rambouillet où il mourut le 30 du mesme mois de mars l’an 1547, au grand regret de tous ses sujets, d’où son corps fut porté dans l’église du prieuré de Haute Bruyère près Montfort l’Amaury. Depuis ce temps, les roys ses successeurs ont toujours de temps à autres habité ce chasteau de la Muette, sans y avoir fait aucune réparation, jusques au règne du roy Louis 13, qui y faisoit souvent des retours de chasses. Ce qui l’obligea d’y faire faire les choses nécessaires pour en empescher la ruine, ainsy qu’à la chapelle, qui avoit esté abandonnée, l’ayant fait restablir de neuf et rebéniste par l’official du prieur de Saint Germain en l’année 1630 afin que l’on pust y dire la messe les festes, dimanches et jours que Sa Majesté le souhaitteroit pour la commodité de sa cour. Proche de ce chasteau, il y avoit une espèce d’avant cours où il y avoit des escuries et chenils pour les équipages des chasses. Les avenues et promenades estoient très belles dans plusieurs routes qui traversoient toute la forest de toutes parts, dont la principale venoit de ce lieu au chasteau de Saint Germain et une autre alloit au village nommé Vignolle, qui estoit scitué dans la route de Garennes, que le roy Henry second a fait démolir entièrement, le trouvant mal placé [f. 14v] dans cette partie de forest, et l’église d’iceluy village transférée à Garennes pour ne pas oster aux habitans le service divin. Ce chasteau de la Muette estant demeuré en bon estat jusqu’au règne du roy Louis 14 à présent régnant. Pendant sa minorité, qui estoit bien traversée, les réparations n’ayant pas esté faites dans les temps propres, ont causé en partie la ruyne totalle de cette maison royalle, avec l’absence de Sa Majesté, ne servant plus qu’à loger un concierge et un sous lieutenant des chasses nommé Compiègne qui l’a occupée le dernier jusqu’à son décedz arrivé par un malheur assez particulier, d’un mousqueton qui se lascha seul des mains du sieur de Compiègne, son nepveu, qui le tua sur la place dans la basse court du vieux chasteau de Saint Germain. Depuis ce temps, ce chasteau de la Muette a esté entièrement abandonné, en telle façon qu’un chacun en emportoit des débris, ce qui faisoit tomber de temps en temps quelques partyes du bastiment, jusqu’en l’année 1665 que, le Roy estant à Saint Germain, chassant souvent le lièvre dans son petit parc de Saint Germain, l’ayant trouvé trop petit pour cette chasse, prit le dessein d’agrandir ce parc jusques aux environs de ce chasteau, et pour cet effet Sa Majesté en donna la commission au sieur Rose, lors maistre particulier de cette forest, lequel [f. 15], pour éviter à la dépense qu’il convenait faire pour la closture de cet agrandissement, donna l’avis au Roy d’abattre ce chasteau de la Muette pour en prendre les matereaux, ce qui luy fut accordé. Y ayant mis grande quantité d’ouvriers à la démolition, qui fut faite en trop peu de temps pour n’avoir pas assez réflechy sur le dommage qu’il y avoit de ruyner un chasteau qui auroit encore bien servy aux roys et princes dans les temps advenir, et de ne pouvoir se repentir de l’avoir destruit inutillement. C’est ce qui arriva dans cette occasion car, à peyne ce chasteau estoit il achevé de démolir, que le dessein de Sa Majesté n’ayant point esté exécuté, les matéreaux de pierre demeurèrent sur le lieu, les bois de charpente, menuiserie, ferrure et autres furent donnez en partie aux religieux des Loges pour leur monastère, ce qui a esté un très grand dommage, car ce chasteau auroit esté bien réparé de la dépense qui a esté faite pour sa démolition, ce qui peut servir d’exemple à un chacun de ne pas donner de mauvais advis aux roys lorsqu’il s’agit de ruyner ou abbattre quelque chose de cette conséquence.
Petit parc
[f. 15v] Comme le petit parc du chasteau de Saint Germain en Laye est de la dépendance et tient à la forest, nous dirons qu’il est contigu aux jardins et grande terrasse. Il contient 416 arpens, tant plain que vuide. L’on voit qu’il fut enclors de murs du règne du roy François premier vers l’an 1536. Il est séparé de la forest jusqu’à la porte de la Muette. C’estoit cy devant l’une des plus belles fustayes du royaume, qui venoit jusqu’au pied du chasteau. Il est composé de plusieurs sortes de bois, comme chesnes, érables, fresnes et charmes, qui sont presque tous péris par caducité et les grands hyvers qui sont survenus de temps en temps. Ce qui a obligé d’en faire abbattre une grande partie, qui a esté replantée d’ormes ainsy qu’il se voit, avec plusieurs allées pour donner du couvert. Dans ce parc ancien, il y avoit aussy plusieurs route sans aucune cimétrie, ainsy que la nature les avoit faites. Dans la principalle qui aboutissoit au petit pont du chasteau, laquelle traversoit toute la futaye du parc, mesme de la forest où il y avoit dans le milieu une ancienne chapelle qui estoit en ruyne depuis longtemps, dédiée en l’honneur de l’archange saint Michel, ange titulaire de ce royaume, laquelle fut réparée et rebatye du règne du roy Henry 4e, à cause que [f. 16] messieurs les princes ses enfans y venoient entendre la messe dans les beaux jours, à pied, du chasteau neuf, où ils estoient eslevez, en se promenant par une belle allée de charmille qui aboutissoit à cette chapelle, et après la messe on leur servoir à déjeuner devant lad. chapelle sur une grande table de pierre, sous un grand chesne. Ensuitte, ils jouoient au mail pendant quelques heures pour leur servir de recréation et de promenade. Cette chapelle estant demeurée jusqu’en l’année 1649 sans y avoir aucune réparation, estant tombée encore en ruyne, ce qui obligea le roy Louis 14, à présent régnant, et de l’advis de la Reyne, sa mère, lors régente de ce royaume, par une piété toute singulière, de la faire rebastir de neuf en lad. année 1649 et de la fonder de quatre cens livres de rente, à recevoir par chacune année sur la recepte des bois de la généralité de Paris, par un chappelain qui a esté nommé par Sa Majesté, à la charge de célébrer dans icelle chapelle trois messes basses toutes les semaines de l’année, scavoir le dimanche, le mercredy et le samedy à l’inenteion de Sa Majesté et de ses successeurs roys, ce qui a esté exécuté pendant quelques années, jusqu’au décedz du sieur Levavasseur, dernier titulaire de ce bénéfice, qui [f. 16v] arriva en l’année 1692, lequel estoit obligé de célébrer lesd. messes ailleurs, à cause du meschant estat du bastiment de cette chapelle, qui estant encore tombée depuis en ruyne faute d’entretiens, ce qui auroit obligé Sa Majesté, par sa piété, de transférer le titre de cette fondation à la chapelle des pauvres malades de l’hospital ou charité establie dans ce lieu de Saint Germain en faveur du sieur Chauveau, chappelain, qui leur administre les sacremens sous la direction du sieur curé de la parroisse dud. lieu, pour y acquitter les charges portées par icelle fondation royalle, afin que les payves malades convalescens et autres personnes qui y assisteront prient le Seigneur pour la conservation de Sa Majesté, fondateur et bienfaiteur de laditte chapelle et de cet hospital royal. »

Lettre concernant les travaux à la garenne de Saint-Germain-en-Laye

« A Saint Germain en Laye, ce 25 mars 1664
L’on commença hier à travailler au recepage de la garenne du Vezinet avec 130 boscherons ou vignerons, y compris les cinquante de Brie. La chose n’ira pas si viste que l’on s’estoit imaginé, attendu que le bois ayant esté brouté depuis plusieurs années, il a fallu decouvrir les cepées et couper le rejet jusques sur la racine. Comme il ne se trouve point de souches à receper et qu’ainsy ce recepage est aussy aisé que la coupe de la vigne, l’on doit y mettre demain deux cens vignerons, lesquels monsieur Hodeau assure faire aussy bien en cet endroit que les gens qu’il a fait venir de Brie. C’est pourquoy on les doit faire travailler dans la vente aux Prestres, où il n’y a que des souches à receper. L’on ne perdra point de temps pour achever l’un et l’autre recepage. Mais comme celuy de la vente aux Prestres seroit sans effect si les cantons recepez ne sont bien fermez, l’on n’en recepera qu’autant que l’on estimera en pouvoir fermer entre cy et ce que le bourgeon paroisse.
Je fis travailler hier cinquante paysans de Ruel à combler et ruiner à fonds entierement les terriers qui sont où il y a du bois dans la garenne du Vezinet, estant absolument necessaire que ces terriers soient ruinez entierement et qu’on n’y touche plus avant que le bourgeon paroisse.
Je vous suplie tres humblement, Monsieur, d’avoir la bonté de me faire scavoir si vous avez pour agreable que je me serve toujours des hommes de corvée pour achever de ruiner ce canton de garenne.
On auroit besoin de cent serpettes plus fortes et plus grandes que celles qui ont esté envoyées par monsieur Perrault. Il faudroit, s’il vous plaist, ordonner qu’on les commandast à plusieurs couteliers afin qu’on les eust demain au soir, la chose estant pressée et estant impossible de bien faire travailler sans cela.
Mascranni de Montangle »

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