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Description archivistique
Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye Musée Français
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Lettre concernant l’ouverture de nouvelles salles au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Direction des Musées nationaux
Musée de Saint-Germain
Château de Saint-Germain (Seine-et-Oise), le 8 octobre 1879
Monsieur l’Administrateur,
J’ai l’honneur de vous donner avis, ce dont vous avez du reste pu vous rendre compte à votre dernière visite, que l’installation des nouvelles salles du musée est achevée et que les salles peuvent être livrées au public.
Les salles nouvelles sont au nombre de neuf. Ce sont les premières salles ouvertes depuis l’établissement de la République. Ces salles sont du plus haut intérêt historique. Je serais heureux que cette ouverture se fit avec un caractère officiel. Je m’en remets à vous pour solliciter cette faveur de monsieur le sous-secrétaire d’Etat.
Quelques détails concernant ces salles nouvelles mettront facilement en évidence le succès dont elles sont appelées à jouir auprès non seulement des érudits, mais des artistes et du grand public. J’en ai fait l’expérience en les montrant à plusieurs de nos meilleurs connaisseurs individuellement. Tous leur ont donné leur entière approbation. Je puis vous citer entre autres notre grand historien Henri Martin qui, à deux reprises, les a examinées avec le plus grand soin. MM. de Saulcy, Charles Robert et Ernest Desjardins, membres de l’Académie des Inscriptions et belles lettres, monsieur Massenet, membre de l’Académie des Beaux-Arts, plusieurs sénateurs et députés et la plupart des membres de la Société des Antiquaires de France et du comité des Sociétés savantes. L’impression faite sur les savants étrangers auxquels j’en ai donné l’accès n’a pas été moins favorable.
Le musée de Saint-Germain, vous le savez, Monsieur l’Administrateur, a pour but « de centraliser tous les documents relatifs à l’histoire des races diverses ayant successivement occupé le territoire de la Gaule (de l’océan au Rhin) depuis les temps les plus reculés jusqu’à Charlemagne » (programme de la commission d’organisation arrêté en 1866).
Ce large programme a été suivi à la lettre et le musée mérite réellement aujourd’hui le titre qu’il porte : Musée des Antiquités nationales.
Le musée achevé contiendra quarante-quatre salles, neuf au rez-de-chaussée, trente-cinq aux trois étages supérieurs. Chacune de ces salles a déjà reçu, dans un plan logiquement conçu, sa destination définitive. Le plan photographié annexé au présent rapport indique avec un numéro d’ordre le gendre d’antiquités que chaque salle doit contenir.
Sur ces quarante-quatre salles, onze ont été ouvertes en 1867. Il s’agit, ainsi que je l’ai dit plus haut, d’en inaugurer neuf nouvelles et de porter par conséquent à vingt les salles publiques.
Les antiquités déposées dans les anciennes salles représentaient la période de notre histoire antérieure à l’introduction du fer en Gaule, antérieure par conséquent à l’arrivée des Gaulois sur la rive gauche du Rhin.
Les neuf salles à inaugurer mettent sous nos yeux ce que l’archéologie peut nous apprendre touchant les Celtes et les Gaulois de l’histoire, depuis le septième siècle environ avant notre ère, jusqu’au troisième siècle environ après Jésus-Christ, c’est-à-dire pendant une période de dix siècles (une salle provisoire contient ce que nous possédons d’antiquités franques ou mérovingiennes, je ne parle que des salles définitivement classées).
Permettez-moi de caractériser en quelques mots l’originalité de ces nouvelles salles. Je suivrai l’ordre chronologique conformément au plan annexé.
Deuxième étage, salle VI (salle ancienne entièrement remaniée)
Cette salle contient les armes, bijoux, ustensiles retirés des tumulus funéraires gaulois de la plus ancienne époque. Un certain nombre de ces tombes contenaient des vases et bijoux étrusques, datés par leur style. Ces objets d’aspect étranger sont les authentiques témoins des grandes expéditions de nos pères en Italie et jusqu’à Rome. Les armes, et en particulier l’épée de fer, en fer mou, de grande dimension et à pointe mousse, répond parfaitement à la description que nous a laissée Polybe de la primitive épée gauloise, l’épée des compagnons de Brennus.
Deuxième étage (suite), salle VII
La salle VII renferme le résultat de fouilles faites par le gouvernement et par des particuliers dans près de cinquante cimetières gaulois des départements des Ardennes, de l’Aube et surtout de la Marne. Ces antiquités représentent les populations de la Belgique de César, un siècle ou deux avant la conquête. Les Gaulois ont à cette époque abandonné la grande épée pour adopter la petite épée ibérique à pointe aigue. Ils portent le sagum ou plaid écossais, sont armés du grand bouclier à umbo très proéminent. Le fameux torque, décoration militaire, se trouve dans presque toutes les tombes. La céramique funéraire est à cette époque très développée.
Les vitrines de la salle VII contiennent :
Une centaine d’épées et poignards en fer
Une centaine de torques
Deux cents fibules en bronze ou en fer (agrafes destinées au sagum)
Une centaine de lances en fer
Une vingtaine d’umbo de boucliers
Des chaînes en bronze et en fer pour suspendre les épées
Plus de quatre cents vases en terre d’un type très original
A cette époque, les Gaulois combattent encore sur des chars. Une grande vitrine contient les débris de ces chars de combat.
(Les salles VIII, IX, X, XI, XII en organisation et dont deux (salles VII et IX) pourront être ouvertes cet hiver contiendront des représentations complètes de quelques-unes de ces tombes et entr’autres la tombe d’un guerrier couché en terre sur son char et entouré de tous les débris du cher et des harnois.)
Descendons au premier étage, salle XIII (siège d’Alise)
Avec la salle XIII, nous touchons à la période gallo-romaine. Cette salle pourrait s’appeler la salle de la Conquête. Elle contient d’un côté :
1° Un grand plan en relief d’Alesia sur lequel sont marqués les travaux exécutés par César autour de cet oppidum.
2° Une reproduction à petite échelle de ces divers travaux.
3° Un plan d’Avaricum (Bourges) avec représentation des travaux d’approche exécutés par César.
4° Un fac-similé en petit du pont du Rhin d’après les Commentaires.
5° Une série d’antiquités, épées, pilum romain, lances romaines et gaulois, casque gaulois, umbo de boucliers gaulois et romains provenant des fouilles exécutées sur l’emplacement du camp de César sous Alésia.
6° Six cents monnaies consulaires et gauloises trouvées dans les fossés d’Alésia. La plus récente est de deux ans avant le siège. Plusieurs portent le nom de chefs gaulois. L’une en or est une monnaie de Vercingétorix.
7° Le fameux vase d’argent de travail grec trouvé sur l’emplacement du camp de César.
8° Un fac-similé du mur gaulois de Murcens (Lot) entièrement conforme à la description faite par César du mur gaulois d’Avaricum (Bourges).
9° Série de vitrines contenant les armes et objets découverts dans divers oppidum de l’époque de la conquête, entre autres le mont Beuvray (Bibracte des Commentaires), le Puy d’Ussolu (Lot), Borioles (Meuse) etc.
Ces vitrines nous donnent une idée exacte de ce qu’était la civilisation gauloise au temps de César.
10° Vitrine très intéressante renfermant une série de creusets, outils etc. concernant l’émaillerie gauloise. Ces objets ont été recueillis par M. Balliot dans divers ateliers du faubourg antique de Bibracte. Des monnaies datent les vestiges de notre plus ancienne industrie, qui était contemporaine de la conquête de César.
A l’entrée de la salle se trouve un soldat romain, tout armé, de grandeur naturelle, restauré d’après des documents historiques et archéologiques certains.
(Les salles suivantes XIV, XV et XVI renfermeront tout ce qui a trait à l’art en Gaule à l’époque romaine. Les salles XIV et XV contiendront la céramique, la verrerie et des statuettes gallo-romaines. Elles pourront être ouvertes à la fin de l’hiver.]
Il convient maintenant de descentes au rez-de-chaussée, salles A et B.
Les salles A et B (rez-de-chaussée) sont consacrées aux moulages de l’arc d’Orange et à la mosaïque d’Autun.
Ces salles sont de celles qui sont appelées à avoir le plus de succès. Les artistes y trouveront, en effet, reproduits avec un réalisme complet, tous les détails du costume militaire gaulois, au commencement de l’ère chrétienne. L’arc est daté de l’an 21 de Tibère. Tous les détails ont été surmoulés afin qu’ils frappent plus facilement les yeux. Le peintre ou le sculpteur y trouveront :
1° Le casque à cornes.
2° Le long bouclier avec ornements en métal.
3° Le sanglier-enseigne.
4° Le casque ou trompette gauloise à gueule d’animal.
5° Les braies gauloises.
6° Le sagum gaulois.
7° La selle gauloise avec toutes ses lanières.
8° Des lances flamboyantes dont parle Diodore de Sicile.
Et mille autres détails.
Le médaillon du Bellérophon nouvellement restauré et du plus bel effet au milieu de la salle.
En remontant à l’entresol, nous reprenons la série des salles gallo-romaines, salles XVII, XVIII, XIX, XX, XXI et XXII
Nous voyons dans ces salles se développer toute la civilisation importée en Gaule par la conquête.
Salle XVII, bornes milliaires
Celle salle contient une carte des voies romaines à grande échelle et des représentations grandeur nature des diverses formes de bornes milliaires usitées d’Auguste à Valentinien III, de l’an 3 av. J.-C. à l’an 417 après l’ère chrétienne.
Un meuble à volet contiendra une copie (demi-grandeur) de toutes les inscriptions concernant les bornes milliaires de la Gaule.
Salle XVIII
Les Romains ont laissé en Gaule un grand nombre d’inscriptions portant le nom des civitates (cités), pagi (bourg), viri (villages) ainsi que des colonies et municipes de la Gaule.
La salle XVIII contient en originaux, moulages et facsimilé peints tous les monuments de ce genre qui ont pu être recueillis.
La salle XIX est consacrée à la mythologie gauloise. Cette salle (une de nos plus grandes salles) ne suffit déjà plus à contenir les monuments de ce genre réunis au musée. Les documents contenus dans cette salle sont pour la plupart nouveaux et du plus grand prix, je veux dire de la plus grande valeur historique.
Après l’écrasement du druidisme sous Tibère et Claude, surgissent sur toute la surface du pays une foule de divinités locales, chantées seulement jusque-là (puisque les druides n’admettaient pas les représentations figurées de la divinité) et qui tout à coup prennent corps avec les attributs les plus divers. Des inscriptions nous indiquent le nom topique de la plupart de ces divinités.
Les auteurs anciens ne nous ont rien dit de la majorité de ces divinités. Les renseignements que nous recueillons dans cette salle sont donc des plus précieux. On le comprendra facilement quand je dirai qu’il y rencontre :
10 divinités tricéphales inconnues jusqu’ici,
4 divinités aux jambes croisées à la manière du Bouddha indien, dont une portant de grandes cornes comme le Cernunnos des autels de Notre-Dame-du-Gars,
Une quinzaine de divinités des sources thermales, au nombre desquelles les Borvo des eaux de Bourbon-l’Archambault, Bourbon-Lancy etc., le Lixovius des eaux de Luchon,
Six Epona, déesse des chevaux,
Trois Serona, déesse gauloise associée à Apollon comme Diane lui est associée dans la mythologie romaine,
Dix Rosmerta, déesse associée à Mercure, inconnue aux mythologies gréco-romaines,
Une déesse Bœserte, déesse topique de la vallée de Baserte dans les Pyrénées.
Apollon et Mars nous apparaissent dans cette salle avec divers surnoms locaux très significatifs Mars Caturix, Mars Leheren, Mars Harixir, Mars Virituis etc., Apollo-Grannus, Apollo-Belenus, Apollo-Toutiorix, Apollo-Verotulus, Apollo-Coblectivanus etc.
C’est toute la mythologie gauloise qui sort de terre.
Salle XX
La politique romaine ne laissait pas seulement aux Gaulois soumis la plus grande liberté dans le développement de leurs cultes locaux, elle ne craignait pas d’enrôler les Gaulois dans les légions, où ils formaient en particulier plusieurs escadrons de cavalerie. Les Gaulois, dont beaucoup servaient dans les légions établies à demeure en Gaule, se faisaient volontiers enterrer dans leur ville natale. Nous possédons une série de tombes de légionnaires où, au-dessus de l’épitaphe, figure un bas-relief représentant le guerrier tout armé.
Ces tombes d’un si grand intérêt pour nous ont été toutes montées et figurent dans la salle XX.
Un meuble à volet et des cadres suspendus tout autour de la salle donnent les inscriptions funéraires des légionnaires dont les tombes ne méritaient pas d’être reproduites en entier.
Une annexe de la salle XX (le couloir) donne des spécimens des divers modes d’ensevelissement par incinération.
La salle XXII (la salle XXI est sombre et servira de dépôt), la salle XXII, dis-je, qui sera ouverte cet hiver, offrira un plus grand aliment encore à la curiosité. Elle contiendra le moulage de toutes les stèles et figurines des costumes gaulois et des représentations de métiers. Cette série est prête et déjà déposée dans la salle, dont l’architecte va s’occuper immédiatement (l’architecte du château est chargé de la décoration et du mobilier des salles).
Je suis obligé de m’arrêter. Je crains même d’avoir été déjà trop long. Je n’ai fait cependant qu’effleurer le sujet. Une seule dalle de [la] salle de l’arc d’Orange vient de fournir à M. de Saulcy la matière de deux articles destinés au Journal des savants et actuellement à l’impression. L’étude particulière de chaque dalle pourrait être l’objet d’articles aussi étendus.
Il est temps, je crois, que notre magnifique musée soit mis un peu plus en évidence. Son éloignement de Paris doit nous faire désirer un patronage plus actif de l’autorité et de la presse. Je remets, Monsieur l’Administrateur, entre vos mains dévouées nos intérêts qui sont ceux de la science.
Veuillez agréer, Monsieur l’Administrateur, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.
Alexandre Bertrand »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant une vitrine destinée au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Surintendance des Beaux-Arts
Musées impériaux
Palais du Louvre, le 6 mai 1868
A Son Excellence le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
La nécessité où nous avons été de placer à l’entresol du palais de Saint-Germain la grande vitrine d’Alise entraîne quelques modifications du meuble primitif qui, de plus, doit être vitré le plus promptement possible afin de préserver de la poussière le plan aujourd’hui achevé et que M. Maître va peindre prochainement.
J’ai donc l’honneur de prier Votre Excellence de demander à l’administration des Bâtiments civils les diverses modifications pour lesquelles je me suis entendu avec M. Millet.
Quelques-uns des meubles antérieurement demandés pourront être ajournés si le budget disponible ne permet pas de faire le tout à la fois.
Je crois devoir vous dire, Monsieur le Ministre, que la vitrine telle qu’elle est a été construite dans les ateliers de l’Empereur à Meudon et n’a rien coûté au musée. Les modifications demandées sont faites d’accord avec M. de Reffye.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute considération.
Le sénateur, surintendant des Beaux-Arts
Comte de Nieuwerkerke »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre concernant une vitrine destinée au musée de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils et monuments publics
Minute de lettre
Du 8 juin 1868
Le secrétaire général à M. Millet, architecte
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous faire connaître en réponse à votre lettre du 28 du mois dernier que j’autorise l’exécution des travaux de vitrage et d’installation de la grande vitrine du plan d’Alise qui doit être placée à l’entresol du château de Saint-Germain-en-Laye dans le musée gallo-romain.
La dépense évaluée à 1000 environ sera imputée sur la somme affectée au mobilier dans le crédit de 200000 f. qui vous est alloué en 1868 pour continuer les travaux de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye.
Je vous prie, Monsieur, de prendre les mesures nécessaires pour l’installation de cette vitrine.
Etc. »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre de l’architecte Lafollye concernant l’aménagement du logement du conservateur au château de Saint-Germain-en-Laye

« Saint-Germain-en-Laye, le 20 mai 1880
Monsieur le Ministre
Conformément aux instructions contenues dans la lettre que vous avez bien voulu m’adresser le 24 avril dernier, je me suis empressé d’étudier un projet pour aménager le 2e étage du bâtiment sud du château pour y installer le logement du conservateur du musée.
J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint le projet comprenant deux dispositions.
Dans la première, le salon comprend deux des travées voûtées et les chambres à coucher sont placées près de l’escalier de droite, particulièrement affecté au logement du conservateur.
Dans la 2e, au contraire, les salles voûtées sont aménagées en chambre à coucher et le salon est placé près de l’escalier.
Dans les deux projets, le cabinet du conservateur est au premier étage, à proximité de l’escalier qui dessert le logement. Un petit salon destiné à recevoir les boiseries du temps de Louis XIV emmagasinées à la vénerie vient à la suite. Enfin, une pièce qui pourrait servir pour des commissions est annexée à la bibliothèque qui occupe le reste de l’étage.
Le dossier que j’adresse à M. le Ministre comprend :
1° deux plans du 2e étage (logement du conservateur)
2° un plan du 1er étage avec le cabinet du conservateur
3° le plan du 1er étage dressé par M. Millet
4° le plan du 1er étage et de l’entresol proposé en dernier lieu par l’architecte (18 janvier)
J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur le Ministre, votre très dévoué serviteur.
A. Lafollye »

Lafollye, Joseph-Auguste

Lettre de l’architecte Lafollye concernant l’aménagement du logement du conservateur au château de Saint-Germain-en-Laye

« Saint-Germain, le 6 juillet 1880
Monsieur l’Inspecteur général,
En faisant contrecoller les dessins de M. Millet pour les conserver, j’ai retrouvé il y a quelques jours un plan contenant le relevé d’un escalier dont les accès étaient pratiqués dans le mur occidental du pavillon sud-est et qui deservait tous les étages du bâtiment sud. Cet escalier fut bouché par Hardouin-Mansard quand il construisit le gros pavillon de l’angle sud-est aujourd’hui démoli, et remplacé par un escalier beaucoup plus grand qui remplissait le même but.
Je dois dire d’abord que tout le 1er étage du bâtiment sud était entresolé depuis l’angle sud-est jusqu’à la chapelle au moment où commencèrent les travaux de restauration du château, c’est-à-dire en 1862.
A cette époque, des traces de baies bouchées à chaque étage de l’angle sud-est engagèrent M. Millet à faire des sondages qui mirent à découvert l’escalier dont je parle. Cet escalier montait de l’entresol au 1er étage, du 1er étage à un second entresol pris aux dépens du 1er étage, de ce second entresol au 2e étage, et enfin il y avait encore les premières marches d’une dernière révolution conduisant sur la terrasse en pierre qui couronnait le château du temps de François 1er.
Si vous rapprochez ce renseignement d’un autre non moins positif qui est fourni par l’existence des parties de poutres encore visibles, sciées à quelques centimètres de la face intérieure du mur du bâtiment sud et vers la chapelle, il est facile d’établir d’une manière péremptoire que tout le 1er étage du bâtiment sud était entresolé et cela du temps de François 1er. Ce qui le prouve, ce sont les moulures des poutres dont les portées sont encore visibles et surtout les portes de l’escalier que je signale, dont la construction est antérieure aux travaux exécutés par Hardouin-Mansart. Louis XIV fit remplacer l’escalier de François 1er par un autre situé à sept mètres plus loin dans son gros pavillon, et il conserva l’entresol du bâtiment sud, tel qu’il avait été établi sous François 1er.
De ce qui précède, il résulte donc :
1° que tout le 1er étage du bâtiment sud était entresolé du temps de son fondateur, c’est-à-dire François 1er.
2° qu’Hardouin-Mansart, au temps de Louis XIV, respecta cette disposition tout en murant l’escalier de François 1er pour en construire un autre remplissant les mêmes conditions dans son gros pavillon de l’angle sud-est.
3° que M. Millet, après la démolition du pavillon de Louis XIV, avait reconnu aussi comme indispensable l’existence d’un escalier vers l’angle F, qu’il a construit pour cela l’escalier C et qu’il n’a supprimé l’entresol du 1er étage que dans la partie M occupée par la bibliothèque du musée, le conservant, ainsi que son projet l’indique, dans la partie occupée par le logement du conservateur.
Il faut remarquer en outre que, pour gagner de la hauteur dans les étages de ce bâtiment ainsi entresolé, M. Millet, abandonnant le principe des planchers en bois, avait adopté les planchers en fer et avait aussi augmenté la hauteur des croisées pour avoir plus de jour et plus d’air dans les pièces d’entresol. Les fenêtres des autres façades n’ont que 4 m. 43 au lieu de 4 m. 75 qu’il a données aux fenêtres de ce corps de bâtiment.
Il faut remarquer d’ailleurs, M. l’Inspecteur général, qu’il serait toujours possible de supprimer le plancher intermédiaire si plus tard on supprimait le logement du conservateur, sans rien changer à l’ordonnance de l’étage. Tandis que supprimer les voûtes du 2e étage pour faciliter l’établissement d’un appartement moderne serait une chose très regrettable, puisqu’elle aurait pour conséquence d’interrompre la magnifique ordonnance des voûtes du 2e étage, de modifier le système de construction du temps, et de retirer à ce monument un des principaux caractères de son originalité, caractère que nous avons surtout mission de respecter et de conserver.
Lorsque j’ai eu l’honneur d’entendre vos observations à ce sujet, j’étais nouvellement chargé du service et j’ignorais encore les différentes circonstances qu’une étude plus approfondie du château m’a fait connaître.
Je tiens à votre disposition les différents relevés et les carnets de l’inspecteur de M. Millet qui est encore le mien. Ces relevés et ces carnets servaient à M. Millet pour l’étude de ses projets de restauration et j’ai pensé qu’il vous serait agréable de prendre connaissance de tous ces faits qui ne pouvaient être connus que de ceux qui ont suivi dès l’origine les travaux de restauration du château de Saint-Germain.
Je suis avec respect, Monsieur l’Inspecteur général, votre tout dévoué serviteur.
A. Lafollye »

Lafollye, Joseph-Auguste

Lettre sur la situation du musée de Saint-Germain-en-Laye

« Bordeaux, 14 janvier 1871
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la situation du musée national de Saint-Germain-en-Laye, ville occupée par l’ennemi, ainsi que la situation des employés de cet établissement.
Le musée, où j’ai fait installer une ambulance internationale, n’a jusqu’ici souffert aucun dégât. Toutes les collections ont été scrupuleusement respectées par les Prussiens. L’entrée des salles, sur ma demande, a été interdite aux soldats : les officiers seuls y pénètrent. Il y a donc lieu de croire que le musée n’a plus aucun danger à courir tant que subsistera l’organisation actuelle. Mais les employés n’ont touché aucun traitement depuis le 1er septembre. On leur doit par conséquent les mois de septembre, octobre, novembre, décembre et la moitié de janvier. Leurs réserves personnelles ainsi que leur crédit sont à peu près épuisés. La vue dans les conditions où ils se trouvent devient excessivement chère. Il est donc temps d’aviser. Le conseil municipal leur a déjà fait des avances de 50 francs par personne. Mais qu’est-ce que cela ? Il est temps, évidemment, de trouver un moyen de leur procurer d’autres ressources. Les moyens de faire parvenir l’argent à Saint-Germain ne manquent pas. Avec un ordre de paiement sur le receveur général de Rennes, Evreux ou Rouen, suivant les circonstances, je pourrai facilement arriver au but désiré.
Voici l’état du personnel du musée avec indication des traitements de chaque fonctionnaire :
MM. Alexandre Bertrand, conservateur : 5500 f.
de Mortillet, attaché au musée : 2300
Abel Maître, chef des ateliers : 4800
Louvan, ouvrier en fer : 1800
Sicault, ouvrier en fer : 1800
Villacy, brigadier-gardien : 1200
Feraud, gardien de 2e classe : 1100
Poirot (Joseph), gardien de 3e classe : 1000
Bilco, gardien de 3e classe : 1000
Pigail, gardien de 3e classe : 1000
Tranchefeux, gardien de 3e classe : 1000
J’ai cru devoir quitter Saint-Germain, en remettant le musée entre les mains de M. de Mortillet, afin d’exposer à M. le ministre les difficultés de la situation. En passant à Nantes, j’ai vu le colonel de Reffye, chargé de la direction de l’usine des canons à balle. Le colonel de Reffye s’est beaucoup occupé du musée, il en connait le personnel et consent à employer dans ses usines le chef des ateliers et les ouvriers Louvan et Sicault, anciens ouvriers du dépôt de l’artillerie à Saint-Thomas-d’Aquin, qui peuvent lui être très utiles. Je me mets moi-même à la disposition de M. le Ministre. Resterait donc à Saint-Germain seulement un personnel de sept fonctionnaires, les autres pouvant être utilisés ailleurs. Ce personnel est indispensable pour que le musée continue à avoir sa vie régulière, sans laquelle, paraissant abandonné, il pourrait être, suivant les habitudes prussiennes, considéré par eux comme tombé légitimement entre leurs mains et dévalisé. Il y a donc là un grand intérêt à sauvegarder que je crois de mon devoir de recommander chaudement à M. le Ministre.
Si l’on objectait que nos traitements sont régulièrement ordonnés à Paris et payés au comptable de l’administration du Louvre, qui ne peut plus nous les transmettre, je répondrai que, dans le cas de force majeure où nous nous trouvons, il y a lieu de trouver des moyens détournés d’obvier à l’inconvénient apparent d’un double ordonnancement et je me ferai volontiers garant pour tout mon personnel du remboursement des sommes induement reçues, si, ce qui n’est guère présumable, ce désordre pouvait se produire. En tout cas, cette objection ne porterait que sur 1870 et aucune mesure n’ayant été prise à Paris pour 1871, aucune signature donnée à cet effet, M. le ministre reste parfaitement livre d tout faire ordonnancer directement en province.
J’attendrai provisoirement à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) où ma femme, refugiée avec mes enfants, est prête d’accoucher, la réponse de M. le Ministre. J’ai la plus grande confiance qu’elle sera favorable.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de mon profond respect.
Le conservateur du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain
Alexandre Bertrand
Provisoirement à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Mention de la commande par l’empereur à Emmanuel Frémiet de deux sculptures pour le musée de Saint-Germain-en-Laye

« Nous apprenons à l’instant que l’Empereur vient de commander à M. Frémier, sculpteur, petit-fils et héritier du beau talent de l’illustre statuaire Rude, deux statues de grandeur plus que nature, en marbre blanc, ayant pour sujet deux soldats, l’un Gaulois et l’autre Romain. Ces deux statues sont destinées à être placées au pied de l’escalier d’honneur par lequel le public pénétrera dans le musée et qui est situé aux deux tiers à peu près de l’aile gauche du château donnant sur la cour, en avant de la tourelle intérieure d’angle qui relie les ailes nord et est. »

Mention de la future inauguration du musée gallo-romain à Saint-Germain-en-Laye

« Il est toujours, et plus que jamais, question de l’inauguration du musée gallo-romaine du château dans le courant du mois d’avril prochain, et nous apprenons qu’on parle en ville d’un projet de pétition qui serait adressée à l’Empereur par les habitants de Saint-Germain, pour demander à Sa Majesté qu’Elle veuille bien consentir à procéder en personne à cette inauguration, et à leur procurer en même temps le bonheur de la voir, dans cette circonstance, accompagnée de l’Impératrice et du Prince Impérial. Ce serait un bien beau jour pour notre ville, jouissant ainsi de la faveur accordée à tant d’autres dans le cours des voyages de l’Empereur en France, et nous sommes certains à l’avance que si ce projet de pétition venait à se réaliser, cette respectueuse demande serait couverte à l’instant d’un nombre de signatures qui attesterait au souverain tout le bonheur que la ville de Saint-Germain éprouverait à recevoir officiellement l'Empereur et la famille impériale. »

Mention de la possible installation des doubles de la Bibliothèque impériale au château de Saint-Germain-en-Laye

« Au moment où on se préoccupe de la destination qui sera donnée à notre château de Saint-Germain, nous croyons devoir faire part à nos lecteurs d’un bruit qui se répand depuis quelques jours dans le monde savant et littéraire de Paris. On sait que, dans ce moment, on s’occupe activement de la réorganisation et du classement de la Bibliothèque impériale. On sait aussi qu’une grande quantité de doubles et de triples exemplaires de chaque édition est, faute de place, enfouie dans les armoires. On pose que ce serait à la fois un moyen de remédier à l’inconvénient d’inutilité pour le public de ces documents précieux, et de soustraire ces doubles à un danger commun de destruction quelconque, celui d’incendie par exemple, en les transportant dans un vaste local qui offrirait, par son isolement, toutes chances de sécurité possible. C’est donc à ce sujet qu’on a parlé du château de Saint-Germain, qui, pris en tout ou du moins en partie, offrirait dans ses murs épais et ses vastes salles cet avantage matériel, tandis que la localité conviendrait parfaitement pour assurer aux savants classificateurs de ces immenses collections tout le calme et la tranquillité nécessaires pour des travaux de ce genre. Cette pensée, dont la réalisation n’exclurait pas au besoin l’établissement d’un autre musée quelconque, nous semble assez rationnelle. Nous ne la donnons toutefois que comme un on-dit, et pour ne pas laisser échapper une seule occasion d’appeler l’attention sur les éventualités et les possibilités qui pourraient, le plus promptement possible, rendre quelque animation à notre vieux manoir, en l’employant utilement dans l’intérêt de la science et de la conservation de collections précieuses de tous genres, qui, vu le peu de distance de la capitale, n’en seraient pas moins à la disposition des savants et des curieux.
Nous devons dire qu’à propos de l’arrivée prochaine au château de Saint-Germain de M. le général de Girardin, on nous a fait observer que nous avions commis une erreur en disant que cet officier général y venait avec le titre de gouverneur. M. le général de Girardin, nous dit-on, aurait été nommé commandant du château. »

Mention de la possible installation des musées de l’Artillerie et de la Marine au château de Saint-Germain-en-Laye

« Plusieurs des grands journaux de Paris ont publié ou reproduit, ces jours derniers, un article concernant notre château de Saint-Germain. Ayant de fortes raisons de craindre que la décision dont il y était question fût au moins prématurée, nous nous sommes d’abord interdit de lui donner accès à nos colonnes. Cependant, la persistance avec laquelle plusieurs journaux le répètent, et entr’autres le Globe, journal des faits, ordinairement bien renseigné, nous fait une loi de la transcrire textuellement, ne fût-ce que pour mémoire, et en raison de son intérêt pour la localité.
« On va restaurer, au printemps, le château de Saint-Germain-en-Laye pour y installer le musée de Marine, actuellement logé au Louvre, et le musée d’Artillerie, de la place Saint-Thomas-d’Aquin.
Il est peu de châteaux impériaux en France qui aient eu des destinées plus diverses.
Le roi Jean le commença et Charles V le finit.
En 13690, l’historien y trouve logé Charles VI, Isabeau de Bavière et toute la cour.
Louis XI donne son château à son médecin, Jacques Coictier, à la mort duquel il revient à Louis XII.
François Ier y fait faire de grandes constructions et d’importants embellissements.
Marguerite de France, Henri II et Charles IX naquirent à Saint-Germain.
Les Etats-Généraux s’y tinrent sous Henri III.
Henri IV fit bâtir le Château-Neuf, dont il ne subsiste qu’un pavillon occupé par le restauration Collinet, un des trente mille amis d’Alexandre Dumas père et seul.
Christine de Suède y demeura.
Louis XIV, quand il fixa sa résidence à Versailles, donna le triste Saint-Germain à la triste La Vallière.
Jacques II, roi d’Angleterre, et sa fille y moururent.
Napoléon y organisa une école de cavalerie et Louis-Philippe, enfin, un pénitencier militaire évacué seulement il y a quelques années. »
Du reste, nous devons dire, et sans en prendre une plus grande responsabilité, à propos de l’article qu’on vient de lire, qu’une personne digne de foi et convenablement posée assurait, ces jours derniers, que des ordres avaient été positivement donnés pour que le personnel et le matériel du musée d’Artillerie fussent, dans un prochain délai, mis à même de se trouver en mesure pour la réalisation du projet que nous venons d’indiquer. »

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