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Description archivistique
Château-Vieux (chapelle) Construction et travaux
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Mention de la bénédiction de la croix de la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Un de nos confrères se montre réellement trop irritable quand parfois il a à s’occuper des prêtres ou des cérémonies qui ressortent de leur ministère.
Ainsi dans une note que l’Impartial insère dans son dernier numéro, sous la rubrique « une bénédiction inutile », il farde la vérité d’une façon abominable. Nous ne prétendons pas lui donner des leçons, ni le restreindre dans sa liberté d’action, mais il nous permettra bien de rétablir les choses dans leur intégrité et de les présenter sous leur véritable jour.
La flèche de la chapelle du vieux château de Saint-Germain que l’on est en train de restaurer est achevée ; selon un usage admis depuis des siècles dans le monde chrétien, la croix qui la surmonte doit être bénite – je ne pense pas que cela puisse nuire à personne. Or M. l’abbé Chauvel s’est entendu pour cette petite cérémonie intime avec l’éminent architecte du château et mardi dernier, assisté seulement de deux prêtres et de deux enfants de chœur, il s’est rendu dans la susdite chapelle ; la croix était placée à terre, à l’endroit où sera plus tard l’autel, et là, avant qu’elle soit montée et fixée au haut de la flèche, elle a été bénite en présence d’un petit nombre de personnes qui se trouvaient dans le château, mais qui n’avaient été nullement convoquées à l’avance.
La croix étant à terre, M. l’abbé Chauvel a pu facilement l’asperger d’eau bénite, sans se livrer à des exercices surhumains pour la lancer, comme il est dit dans l’Impartial, à quelques 20 mètres de haut. Toutes les branches de la croix ont donc été atteintes, et si M. l’abbé Chauvel en avait oublié par hasard, M. le premier adjoint, métreur-vérificateur des travaux du château, qui était présent et qui a pris part à l’asperges crucis, y aurait facilement remédié.
M. le curé de Saint-Germain n’a jamais eu la pensée de faire de cette bénédiction une cérémonie officielle, aucune autorisation dans ce sens n’a pu lui être refusée, soit par le ministère, soit par le préfet, soit même par l’administration locale, par la raison toute simple qu’il n’en a sollicité d’aucune sorte.
M. l’abbé Chauvel a suivi le programme qu’il s’était tracé ; obéissant à sa conscience, il a cru devoir bénir la croix de la chapelle du château et il l’a bénie, il l’a fait à pied d’œuvre et non à quelques vingt mètres de haut ; tout l’échafaudage drolatique du rédacteur de l’Impartial s’écroule donc de lui-même ; puisse-t-il n’en être pas de même de celui du vieux domaine de François Ier sur lequel travaillent nos ouvriers, qui coopèrent à sa réédification. »

Cahier des charges pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de l’Instruction publique, des cultes et des Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts
Monuments historiques
Restauration de la chapelle de saint Louis du château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)
Cahier des charges générales et particulières
Article 1er
Les travaux soumissionnés ont pour objet la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye.
Dans son ensemble, en y comprenant les frais de direction et toutes les dépenses accessoires, les ouvrages ne pourront dépasser les crédits alloués sur les divers exercices par l’administration des Monuments historiques.
Les soumissions étant annuelles, les entrepreneurs seront renseignés sur l’importance des ouvrages, et tout excédant resterait à leur charge.
Article 2
Il ne sera point exigé de versement de cautionnement, mais pour garantir l’exécution des marchés, il sera fait aux entrepreneurs soumissionnaires, lors des payements d’acompte, dans le cours des travaux, des retenues s’élevant au cinquième de la valeur des ouvrages. Ces retenues ne seront remboursées que lors de la production du mémoire annuel, et après son règlement, en même temps que le paiement pour solde.
Article 3
Pendant le cours des travaux, il sera pris contradictoirement des attachements par l’entrepreneur et par l’inspecteur des travaux. Ces attachements, qui seront rédigés par l’inspecteur dans la forme prescrite par l’architecte, qui seront figurés et écrits, seront remis avec les mémoires annuels des entrepreneurs au vérificateur qui, après règlement, aura à dresser annuellement les décomptes, dans la forme admise par l’administration des Monuments historiques.
Article 4
Pendant le cours des travaux, les entrepreneurs recevront de l’architecte tous les détails et dessins d’exécution utiles à la restauration de la chapelle. Les ouvrages qui seraient faits contrairement aux ordres de l’architecte, ou qui ne seraient pas conformes aux détails écrits ou figurés, seront refusés.
Article 5
Les entrepreneurs, chacun en ce qui le concerne, seront responsables de tous les accidents résultant de malfaçon d’échafaudages, ou de la mauvaise qualité des cordages, soit des engins de toute sorte employés dans les travaux ou dans les transports ou les montages des matériaux.
Les entrepreneurs seront aussi responsables de toutes les dégradations provenant de leur fait ou de celui de leurs préposés ou ouvriers, et dans ce cas l’architecte pourra faire remplacer l’objet détruit ou détérioré aux frais de l’entrepreneur en défaut, et proposer en outre à l’administration une retenue sur les ouvrages, laquelle retenue pourra s’élever jusqu’à la valeur de l’objet détruit et remplacé.
Article 6
L’entrepreneur de maçonnerie sera tenu de signaler à l’avance toutes les parties de la construction qui auraient besoin d’être étayées, cintrées ou étrésillonnées pour éviter tout accident, faute par lui de le faire en temps utile, il deviendrait responsable de tous frais et dommages qui en résulteraient.
Article 7
L’entrepreneur sera tenu de présenter à toute réquisition, soit de l’architecte, soit de l’inspecteur, les lettres de voiture, factures et autres documents qui seraient jugés utiles pour constater soit la valeur, soit la qualité, soit la provenance des matériaux ou des fournitures.
Article 8
Tout travail sera interdit sans exception les dimanches et les jours fériés, sauf les cas d’extrême urgence et pour lesquels on aura à se munir d’une autorisation spéciale.
Article 9
Les entrepreneurs devront donner au chantier l’activité qui sera prescrite par l’architecte.
Les ouvrages ne pourront être sous-traités sous aucun prétexte. L’emploi des tâcherons est interdit.
Il ne pourra être exécuté de travaux à la journée, et ce mode d’exécution ne serait admis que dans le cas où l’entrepreneur justifierait d’ordres écrits donnés par l’architecte.
Article 10
L’architecte et son inspecteur auront la police et la surveillance de tout l’atelier. En conséquence, les entrepreneurs auront à déférer à tous les ordres et avis qu’ils donneront sur toutes les parties du service.
Article 11
L’administration aura toujours le droit de prononcer la résiliation de l’entreprise, sur la proposition de l’architecte, sans indemnité pour les entrepreneurs, et dans les cas indiqués ci après :
1° si l’entrepreneur néglige de se conformer aux clauses et conditions du présent marché, ou refuse de satisfaire aux ordres de l’architecte ;
2° si l’entrepreneur venait à être convaincu de tentatives réitérées de fraude, soit quant à la quantité, soit quant à la qualité des matériaux, soit même quant à la façon des ouvrages ;
3° si l’entrepreneur était déclaré en faillite ;
4° enfin généralement dans tous les cas où l’entrepreneur, par négligence ou incapacité, ne remplissait pas les engagements ou compromettrait les intérêts qui lui sont confiés.
Article 12
Les payements d’acompte dont il a été parlé plus haut, article 2, pourront être réduits ou même complètement suspendus dans le cas où l’entrepreneur négligerait de se conformer aux instructions de l’architecte.
Il ne sera pas fait de payement d’acompte sur les approvisionnements, et les payements ne pourront se faire que sur des ouvrages achevés et sur les matériaux livrés et posés.
Article 13
L’entrepreneur sera toujours présent sur le chantier pendant les heures de travail, afin de recevoir les ordres que l’architecte pourrait avoir à donner.
Article 14
Les entrepreneurs seront tenus de mettre en œuvre tous les vieux matériaux provenant des démolitions, en se conformant à cet égard à tout ce qui sera prescrit.
Les démolitions seront faites avec le plus grand soin, et les matériaux seront toujours descendus et rangés à la demande.
Article 15
Les entrepreneurs soumissionnaires seront tenus de se procurer à leurs frais tous les engins utiles à la mise en œuvre des matériaux qui seront employés.
Seront aussi à la charge des entrepreneurs tous les frais de timbre et d’enregistrement, et les frais de copies des marchés ou des mémoires.
Article 16
Tous les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye seront exécutés par les vieux procédés de la construction. L’entrepreneur de maçonnerie aura par conséquent à faire exécuter toutes les tailles de parements ou de montures sur le sol avant le montage et la pose des pierres. Ces travaux seront faits avec une excessive précision pour éviter tout ravalement et même des recoupements de balèvres. Toute pierre qui à la pose ne s’ajusterait pas serait descendue et retaillée sur le sol.
La sculpture sera faite aussi sur le sol, et les matériaux sculptés seront montés et posés avec le plus grand soin.
Les tailles seront faites à la bretture de façon à raccorder les parties les plus soignées du vieil édifice. L’emploi de la boucharde et de l’outil dit chemin de fer est formellement interdit.
Article 17
Toutes les maçonneries seront hourdées avec le plus grand soin, à plein bain de mortier, sans cales d’aucune espèce dans les lits et dans les joints. Cette manière de procéder sera employée aussi bien pour les moellons que pour les pierres d’appareil.
Le jointoyement des pierres et des moellons sera fait aussitôt la pose des matériaux, avec le même mortier que celui de l’hourdis, et de façon à éviter tout rejointoyement après coup.
Les lits et les joints des pierres d’appareil auront environ et au moins un centimètre d’épaisseur.
Les pierres d’appareil auront toujours les formes et les dimensions qui seront prescrites par l’architecte et qui seront utiles pour bien raccorder les vieilles parties de la construction.
Les lits et les joints seront bien plans, bien dressés, et ils ne seront démaigris sous aucun prétexte.
Article 18
L’entrepreneur devra se conformer à ses risques et périls à toutes les dispositions qui pourraient être prescrites par les règlements de police. Il sera passible des dommages qui résulteraient des contraventions aux règlements et de tous autres en général qui proviendraient de son fait ou de celui de ses préposés ou ouvriers, sans pouvoir en aucun cas, même celui de travaux à la journée, exercer aucun recours contre l’administration.
Les marchés souscrits ne seront valables qu’après avoir reçu l’approbation de monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts.
Dressé par l’architecte soussigné
Paris, le 17 mars 1874
Eugène Millet.
Après lecture,
Morin-Bigle
Le 21 mars 1874.
Approuvé le 10 avril 1874
Le ministre de l’Instruction publique, des cultes et des Beaux-Arts
Fourtou »

Préfecture du département de Seine-et-Oise

Lettre concernant l’abaissement du sol de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Son Excellence monsieur le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
A diverses reprises, j’ai eu l’occasion de faire des sondages dans le sol de la chapelle de saint Louis au château de Saint-Germain-en-Laye et, chaque fois, j’ai retiré de ces trous des fragments très intéressants et pouvant m’aider dans le travail de restauration que vous m’avez fait l’honneur de me confier.
Il me paraitrait utile de fouiller toute cette chapelle et de façon à retrouver son sol ancien. Je suis certain que ces fouilles fourniraient de nombreux débris taillés et sculptés qui me seraient très utiles pour conduire avec sûreté les ouvrages de restauration de ce vieux et respectable château royal.
J’ai l’honneur, en conséquence, de faire parvenir sous ce pli à Votre Excellence un devis estimatif des travaux dont il s’agit, tout en sollicitant sur les fonds d’entretien le faible crédit nécessaire pour les ouvrages dont il s’agit.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eug. Millet
Paris, ce 10 juillet 1863 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Lettre concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
Château et parterres et terrasses de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
République française
Saint-Germain-en-Laye, le 10 juin 1895
Monsieur le Directeur
Vous m’avez fait connaître récemment que le service des Bâtiments civils et des Palais nationaux disposerait sur les crédits de grosses réparations d’une somme de 30000 francs sur l’exercice 1895 et que pareille somme serait allouée sur le crédit des Monuments historiques par la direction des Beaux-Arts et sur le même exercice afin de continuer la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain et de reconstruire l’escalier attenant à cette chapelle.
Je fais préparer en ce moment les pièces nécessaires pour établir une concurrence restreinte entre des entrepreneurs de maçonnerie capables de conduire à bien une difficile entreprise.
Tout en prenant pour base les cahiers des charges des Bâtiments civils et des Monuments historiques, je vous proposerai, Monsieur le Directeur, comme il s’agit de l’exécution de travaux d’art qui ne permettent pas de recourir à une adjudication publique, de dresser en ce qui concerne la maçonnerie une série de prix spéciale précisant les travaux dont la nature est définie : il s’agit, en effet, de continuer une œuvre interrompue ; un avantage résultera de ce mode d’opérer, en accord d’ailleurs avec ce qui est en usage pour les travaux de la commission des Monuments historiques : la série spéciale coupera court à des interprétations de séries anciennes, établies pour des travaux très variés, et surtout applicables à l’entretien des édifices.
Avant de donner une suite définitive aux propositions que j’ai l’honneur de vous faire, je vous prie, Monsieur le Directeur, de réclamer à la direction des Beaux-Arts, bureau des Monuments historiques, communication du rapport sur le projet de reconstruction de la tour de l’escalier et de remise en service de la porte primitive mise en lumière par M. Millet peu de temps avant sa mort.
Si le projet, comme il y a lieu de le penser, n’a pas été entièrement approuvé par la commission tel qu’il a été présenté, ou je devrais remettre à l’étude la solution à rechercher, ou je serais à même de prendre les avis du rapporteur ou de l’inspecteur général des Monuments historiques chargé d’en surveiller la réalisation.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Directeur, votre dévoué serviteur.
Daumet »

Ministère des Travaux publics

Lettre de l’architecte Lafollye concernant la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 1er mars 1886
Monsieur le Ministre,
Conformément à vos instructions, j’ai l’honneur de vous adresser ci-joint deux nouvelles études de la couverture de la flèche de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye ;
Ces études se rapprochent sensiblement des projets dressés par M. Millet, mon prédécesseur, en 1873 et en 1877.
J’ai joint au dossier le dessin de la charpente de la flèche, qui a été exécutée en 1877 par M. Millet, la photographie du projet dressé en 1873 (voir l’ensemble au portefeuille des Monuments historiques) et le projet dressé en 1877.
Je prie M. le Ministre de vouloir bien présenter les deux nouvelles études au comité des Monuments historiques dans un délai rapproché afin que je puisse dès cette année préparer les dessins des modèles pour les travaux de plomberie.
J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur le Ministre, votre très dévoué serviteur.
A. Lafollye »

Lafollye, Joseph-Auguste

Lettre concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« A Monsieur le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Paris, le 6 juin 1894
Monsieur le Ministre et cher collègue,
Au cours de ces dernières années, l’architecte du château de Saint-Germain, M. Daumet, a signalé à diverses reprises la nécessité de continuer la restauration du château commencée en 1862 et suspendue en 1881, faute de crédits.
Mon prédécesseur avait le projet de reprendre cette opération et de demander à cet effet l’inscription d’une allocation spéciale au budget d’un des prochains exercices.
Mais il résulte des renseignements qui me sont fournis que, s’il est possible d’ajourner encore la réalisation d’une partie du programme arrêté entre nos deux départements, la réfection de la tour située dans la cour du château présente un caractère d’urgence tel qu’il y aurait danger à en différer plus longtemps l’exécution. En effet, malgré les étais qu’on a fait placer autrefois, on constate dans certaines parties de la tour des indices inquiétants : le noyau de l’escalier se déverse et s’écrase de nouveau, les anciennes crevasses qui avaient été soigneusement calfeutrées se sont rouvertes, en s’élargissant de quelques millimètres.
Il est donc de toute nécessité, Monsieur le Ministre et cher collègue, de pourvoir à bref délai à la réfection de la tour dont il s’agit. Or, à cette opération est intimement liée celle qui a pour objet la restauration de la chapelle et toutes deux devant être poursuivies simultanément, M. l’architecte Daumet insiste pour qu’une décision soit prise le plus tôt possible.
En ce qui concerne la restauration de la chapelle, votre administration s’était engagée, par lettre du 11 février 1874, à prendre à sa charge la moitié de la dépense sur le crédit du service des Monuments historiques. D’après les comptes arrêtés en 1881, une somme de 58478 francs resterait aujourd’hui lui incomber de ce chef, le service des Bâtiments civils ayant encore, de son côté, à faire face à une dépense de 16053 francs. Mais le nouveau devis dressé par M. Daumet évalue les travaux d’achèvement à 276172 francs, soit, en dehors des chiffres précités, une nouvelle somme de 200000 francs environ à partager par moitié entre nos deux départements.
Cette augmentation s’explique par les raisons suivantes : au moment où la restauration a été entreprise, la chapelle, abandonnée depuis des siècles, était dans un état de mutilation qui ne permettait pas de formuler des évaluations avec la précision désirable. C’est seulement au cours des travaux qu’on a pu apprécier exactement l’étendue des détériorations. Aujourd’hui, en prenant pour base les travaux effectués, en s’appuyant sur les chiffres des mémoires réglés, on est à même de se rendre compte de ce qui reste à faire. De plus, il a fallu, dans le nouveau devis, tenir compte du renchérissement de la main d’œuvre, dont les prix présentent un écart sérieux avec ceux qui avaient été admis lors de l’établissement des devis primitifs.
Dans cette situation, j’ai l’honneur de vous transmettre le projet étudié par M. Daumet, en vous priant de le soumettre à l’examen de la commission des Monuments historiques.
Je vous serai obligé de vouloir bien, en me donnant connaissance de l’avis émis par cette commission, me faire savoir quelle somme il vous sera possible d’attribuer cette année et l’année prochaine à l’achèvement des travaux dont il s’agit.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collègue, les nouvelles assurances de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
Louis Barthou »

Lettre de Salomon Reinach concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), le 16 février 1897
Monsieur le Ministre,
Permettez-moi d’attirer toute votre attention – celle du savant plus encore que celle de l’homme d’Etat – sur un grave danger qui menace l’avenir du musée de Saint-Germain.
La commission des Monuments historiques, cédant à des idées d’ordre esthétique, et sans la moindre considération sur le contenu présent et futur du musée, est à la veille de faire mettre à exécution une décision funeste pour nos collections.
Il s’agit de l’achèvement du château du côté de la chapelle de saint Louis.
Feu Millet avait conçu un plan qui, bien que sacrifiant une bonne partie de la surface couverte disponible, avait le mérite de laisser intacte la salle de Mars et de ménager, derrière elle, certains locaux qui pourraient être employés utilement.
La commission substitue à ce plan celui d’Androuet du Cerceau, qui mutile abominablement la salle de Mars et place derrière une pièce pentagonale impossible à utiliser.
M. Daumet présente, de son côté, un projet digne du grand artiste qu’il est, qui dégage la rose de la chapelle comme au temps de saint Louis, mais qui mutile la salle de Mar, construite par François Ier, et diminue de plusieurs centaines de mètres carrés la surface disponible pour nos collections.
Voici trois croquis sommaires pour vous éclairer.
1° Plan de Millet
[dessin]
2° Plan de Du Cerceau (commission des Monuments historiques)
[dessin]
La partie ombrée est la surface perdue par comparaison avec le projet de Millet. La salle placée derrière la salle de Mars serait perdue aussi, ne pouvant servir que de magasin, et encore !
3° Projet de M. Daumet
[dessin]
La partie ombrée est la surface perdue par comparaison avec le projet de Millet. Sur trois étages. Vous voyez ce que cette surface sacrifiée peut représenter de vitrines et de collections !
En principe, les architectes s’occupent de l’aspect des bâtiments. Trouver de la place pour des collections futures n’est pas leur affaire. Mais les conservateurs de musées, qui savent combien le Louvre est à l’étroit, qui connaissent le nombre de belles collections privées dont l’Etat est appelé, un jour ou l’autre, à hériter, ont le devoir de pousser un cri d’alarme, de remuer ciel et terre quand on vient diminuer arbitrairement et à tout jamais la surface couverte réservée aux collections.
Je pense que le plan de Millet lui-même est mauvais, parce que la partie ABCD (fig. 1) est trop restreinte. Sur la fig. 1, la partie teintée en bleu marque la surface couverte ajoutée par Mansart que le plan de Millet sacrifie. Je veux bien qu’on en sacrifie une partie pour que l’esthétique soit contente, mais il faut que le sacrifice soit aussi restreint que possible. On peut chercher quelque-chose suivant la donnée que voici :
[dessin]
Je sais bien que ce pavillon A n’existe ni dans le plan de Louis XIV, ni dans celui de François Ier, mais le terrain existe, il est propriété de l’Etat, et l’on demandera compte, vers 1950, à ceux qui, pouvant l’utiliser pour le musée des Antiquités nationales, l’ont sacrifié à des préoccupations d’esthétique, ces mêmes préoccupations qui ont donné naissance à la plus grande folie de l’architecture contemporaine, le charmant et inutilisable musée Galliera.
Je vous en prie, Monsieur le Ministre, voyez comment on peut donner suite à cette lettre. Les commissions ne sont point souveraines, mais consultatives. Il n’y a pas que les architectes, il y a les archéologues. Songez que le mal, une fois fait, sera irréparable !
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.
Salomon Reinach
Conservateur adjoint »

Lettre de l’architecte Daumet concernant les travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Saint-Germain-en-Laye, le 5 décembre 1898
Monsieur le Ministre,
Vous m’avez fait connaître que M. le rapporteur du budget des Beaux-Arts a exprimé le désir de voir hâter l’achèvement des travaux de restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye afin qu’en 1900 les échafaudages aient disparu, et vous me demandez de vous renseigner afin d’être à même de répondre à M. le rapporteur.
J’ai l’honneur de vous informer qu’on peut estimer qu’avec une somme de 150000 francs inscrite au budget de 1899, moitié sur les fonds des Monuments historiques et moitié sur ceux des Bâtiments civils, on pourrait achever le pignon de la chapelle, sa toiture, reproduire la ose dont tous les détails subsistent, clore les fenestrages et la rose par des vitraux en verre blanc enchâssé en plomb, exécuter le dallage et enfin mettre la chapelle en état de recevoir les objets du musée qui lui sont destinés.
Cette question m’amène, Monsieur le Ministre, à vous renouveler la demande que j’ai faite le 17 février 1897 d’un examen nouveau de questions de principe, relativement au maintien de l’état actuel de constructions anciennes remaniées qui masquent la rose, ou au dégagement de cette partie très belle et très décorative de la chapelle, afin de lui rendre l’aspect extérieur qu’elle a eu à son origine.
Une résolution prise à ce sujet au cours d’une visite sur place des inspecteurs généraux des Bâtiments civils et des Monuments historiques, puis soumise à la commission, permettrait de donner au travail d’achèvement de la chapelle l’impulsion que réclame M. le rapporteur du budget des Beaux-Arts.
Cet achèvement comprendrait encore, en plus des travaux dont je viens de faire l’énumération, la décoration de la flèche, qui nécessiterait un supplément de crédit de 30000 francs sur la dépense évaluée plus haut.
J’ai l’honneur etc.
Signé : Daumet »

Daumet, Pierre-Gérôme-Honoré

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