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Jacobites
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Lettre de Louvois approuvant les soins pris pour le roi d’Angleterre

« J’ai receu votre lettre du Ve ce de mois, de laquelle ayant rendu compte au Roy, Sa Majesté a fort aprouvé les soins que vous avés pris de faire servir au roy d’Angleterre dans vostre departement et de la bonne chere que vous luy avés faite à Breteuil.
M. Chauvelin »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’installation du roi et de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 481] Arrivée de la reyne d’Angleterre en France avec le prince de Galles le 21 decembre 1688 et celle du roy d’Angleterre le 2 janvier 1689
Aussytost que la reyne d’Angleterre fut arrivée avec le prince de Galles à Callais, M. le duc de Charost, qui en est gouverneur, en donna avis au Roy.
Le Roy fit partir dans l’instant le marquis de Belinghem, son premier escuyer, avec un de ses carrosses du corps pour la reyne et deux autres carrosses de suitte, huit pages et quelques valets de pied.
Le Roy ordonna à monsieur le Prince, grand maistre de sa Maison, d’envoyer les officiers necessaires pour le traittement de la reyne.
Monsieur le Prince fit choix du sieur d’Esrouville, maistre d’hostel, et luy dit de mener avec luy deux gentilshommes servans, un controlleur clerc, un commis du controlleur general, des officiers de la Bouche et du Goblet avec un officier de panneterie et de fouriere.
Sa Majesté ordonna aussy à l’evesque d’Orleans, premier aumosnier, de nommer un chapelain et un clerc de chapelle,
Au duc de la Trimouille, premier gentilhomme de la chambre, deux huissiers de la chambre,
Au marechal de Lorge, capitaine des gardes du corps, de detacher 40 gardes avec le sieur de Saint Viance, lieutenant des gardes, les sieurs Demyanne et Hauteforts, exempts,
Au marquis de Thiladet, capitaine des Cent Suisses de sa garde, de faire partir 20 suisses, un exempt et un fourier,
[f. 481v] Au marquis de Sourches, grand prevosté de l’hostel, quatre gardes de la prevosté,
Au comte de la Chaise, capitaine de la porte, quatre gardes de la porte.
Le sieur de Cavois, grand mareschal des logis, eut ordre aussy d’envoyer deux mareschaux des logis et quelques fourriers.
Il n’y eut point d’officiers de ceremonie : la reyne ne vouloit point qu’on luy fit aucune reception dans les villes. Sa Majesté britanique demeura peu à Calais. Elle en partir le 23 decembre pour se rendre à Boulogne où la maison du Roy la joignit. Elle y sejourna quelques jours, ne pouvant se resoudre à s’esloigner de la mer pour avoir plus promptement des nouvelles du roy d’Angleterre, mais tous les bruits qui couroient que le roy avoit esté pris en se sauvant d’Angleterre firent qu’on pressa son depart pour la tirer d’un lieu où elle se trouvoit livrée toute entiere à sa douleur et sans aucune consolation.
Pendant qu’elle estoit en chemin, le roy receut des nouvelles que [le] roy d’Angletere s’estoit enfin sauvé et qu’il estoit arrivé le 2e de janvier, à quatre heures du matin, à Ambleteuse, à deux lieues de Boulogne.
La reyne d’Angleterre devant arriver à Beaumont le 5 janvier, le Roy y envoya le comte d’Armagnac, son grand escuyer, luy faire des complimens de sa part et de celle de monseigneur le Dauphin. Il eut ordre aussy d’aller ensuite complimenter [f. 482] le roy d’Angleterre. Sa Majesté ordonna en mesme temps au marquis de Belinghen de mener au roy d’Angleterre un carrosse du corps et d’en faire tenir trois sur la route, un à Beaumont, un à Luzarche et le 3e à Saint Denis.
Madame la Dauphine envoya le marquis d’Anjeau, son chevalier d’honneur, complimenter la reyne. Monsieur envoya le comte de Chastillon, son premier gentilhomme, Madame, le marquis de la Rongere, son chevalier d’honneur.
Le baron de Riviere, capitaine des gardes de M. le Prince, y fut de la part de son maistre, et de celle de madame la Princesse, de monsieur et de madame la Duchesse.
Toutes les personnes qui avoient esté complimenter la reyne allerent au devant du roy de la part de leurs maistres et de leurs maistresses luy faire les mesmes complimens.
Le 6, le Roy voulut aller au devant de la reyne d’Angleterre. Il se rendit au deça du vilage de Chatou dans la plaine de Saint Germain. Sa Majesté estoit accompagnée des deux compagnies de ses mousquetaires, des chevaux legers des gardes du corps et de ses gensdarmes, qui tous se placerent hors les gardes du corps, au deça du pont du Pec.
Le Roy, qui avoit eu avis que la reyne approchoit, voyant venir le carrosse où le prince de Galles estoit, descendit du sien, fit [f. 483] arrester le carrosse du prince de Galles, baisa ce prince et l’embrassa sans permettre qu’on le descendit. Le reyne, qui suivoit de pres, mit pied à terre. Le Roy quitta le prince de Galles et vint à la Reyne, la salua, la baisa et, apres beaucoup de civilités, il luy presenta monseigneur le Dauphin et Monsieur qui la saluerent et la baiserent. Le Roy ensuite la prit par la main et la fit monter dans le fond du carrosse d’où elle venoit de descendre, la plaça à droit et se mit à gauche. Monseigneur le Dauphin et Monsieur se mirent dans l’autre fond et la donna Victoria et [vide] qui estoient venues avec la royne d’Angleterre se placerent sur le strapontin.
L’on marcha vers Saint Germain en cet ordre :
Les deux compagnies des mousquetaires
Les chevaux legers
Le carrosse du premier escuyer
Le carrosse du corps du Roy
Quatre chevaux legers à la teste du carrosse, quatre gardes du corps avec l’aide major marchant à la reste des chevaux du carrosse du Roy
Le carrosse où Leurs Majestés estoient
Les gardes du corps derriere le carrosse
Les gensdarmes
La marche fermée par les carrosses des princes
A la descente du carrosse, dans la cour du château de Saint Germain, le Roy donna la main [f. 483] à la reyne pour la mener dans son appartement, qui est celuy que la feue reyne occupoit. Où ayant esté peu de temps, il voulut mener le prince de Galles dans celuy qu’on luy avoit preparé, proche de l’appartement de la reyne, mais la reyne voulut l’en empescher et, ne l’ayant pu faire, le suivit. Ensuitte, ils revinrent ensemble dans la chambre de la reyne et de la passerent dans un cabinet où ils demeurerent seuls un quart d’heure, monseigneur le Dauphin et Monsieur estant restés dans la chambre.
Lorsque Leurs Majestés sortirent du cabinet, le Roy ne voulut jamais souffrir que la reyne le reconduisit, l’obligeant à demeurer dans sa chambre.
Le 7 janvier, sur les six heures du roi, le roy d’Angleterre arriva à Saint Germain dans les carrosses du Roy. Son premier dessein estoit de passer par Versailles pour y voir le Roy, mais le Roy luy manda qu’il l’alloit attendre à Saint Germain, ce qu’il fit. Pendant qu’il l’attendoit, il visita la reyne, qui estoit au lict. Comme on vint à parler dans la conversation du prince de Galles, la reyne dit au Roy : J’advoue, Monsieur, que j’estimois mon fils bien heureux de ne pas sentir ses malheurs, mais presentement je l’estime bien malheureux de n’estre pas en estat de connoistre les bontés que vous avez pour luy.
Le Roy estant averty que le roy d’Angleterre arrivoit dans la cour du château voulut aller au devant de luy jusques au haut de l’escalier. Mais la foule du courtisan l’empescha d’y arriver. Les deux roys se rencontrerent dans la salle des gardes [f. 483v] du corps, où ils s’embrasserent à diverses fois, se traiterent de Monsieur et de Majesté se parlant l’un à l’autre, et après s’estre donné des marques d’estime, le Roy crut qu’il ne faloit pas retarder le plaisir à la reyne de voie le roy d’Angleterre. Sa Majesté le pressa de passer le premier, luy donna le pas et la main, luy disant que pour aujourd’huy il vouloit faire les honneurs de sa maison, mais qu’apres l’avoir mis en possession, il seroit à luy à les faire à son tour.
Les roys et la reyne furent quelque temps en public. Le Roy mena ensuitte Sa Majesté britanique pour voir le prince de Galles. Ce fut là que, dans la conversation, le roy d’Angleterre conta la manière qu’il s’estoit sauvé de Rochester, estant assés persuadé que le prince d’Orange avoit favorisé sa retraite par la negligence des gardes qu’on luy avoit donné. De là, ils passerent chez la reyne où ils demeurerent une demye heure tous ensemble proche du lict. Le Roy sortant, le roy d’Angleterre voulut le reconduire. Le Roy luy dit : Monsieur, nous avons plus d’un jour à vivre ensemble, ne faisons point de ceremonie ; vous ne me reconduirez point. Le roy d’Angleterre ne sortit point de sa chambre et laissa aller le Roy comme il voulut.
Le 8, le roy d’Angleterre vint à Versailles voir le Roy. Lorsque Sa Majesté britannique arriva, la garde françoise et suisse estoit sous les armes, tambours battant, le Roy ayant donné un ordre pour tousjours au mareschal duc de [f. 484] La Feuillade, maistre de camp du regiment des gardes, au duc de Noailles, capitaine des gardes du corps, et au marquis de Thiliadet, capitaine des Cent Suisses, de faire rendre au roy d’Angleterre de pareils honneurs qu’à luy mesme.
Dans le temps que le roy d’Angleterre arrivoit, le Roy, accompagné de monseigneur le Dauphin, de Monsieur, de messieurs les princes du sang, vint au haut du degré de son petit appartement par où le roy d’Angleterre devoit passer. Le Roy le receut avec un acceuil favorable, l’embrassa, luy donna la main aux passages, le conduisit dans son salon, proche de la table, vis à vis de la cheminée, où les roys pendant une demye heure s’entretinrent en public. Ensuitte, ils entrerent dans le cabinet où ils demeurerent ensemble.
Au sortir du cabinet, le Roy mena par la galerie le roy d’Angleterre chez madame la Dauphine qui les receut à la porte de sa chambre, où le roy d’Angleterre la salua et la baise. Les roys demeurerent debout pendant la conversation, ce qui donna lieu à monseigneur le Dauphin de se rendre chez luy pour recevoir le roy d’Angleterre. La visite rendue, madame la Dauphine reconduisit le roy d’Angleterre jusques à la porte de la salle des gardes, et le Roy le reconduisit jusques au haut de l’escalier, ordonnant à ses courtisans d’accompagner Sa Majesté britanique chez monseigneur le Dauphin.
Monseigneur receut le roy d’Angleterre [f. 484v] hors la porte de la salle de ses gardes, le conduisit dans sa chambre où, après avoir esté quelques temps, Monseigneur le mena dans son cabinet où ils demeurerent debout et couverts, et lorsque le roy se retira, Monseigneur le reconduisit jusques au lieu où il l’avoit receu.
Le roy d’Angleterre alla aussy visiter les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Bery, Monsieur et Madame, et de là revint à Saint Germain, aiant trouvé à son passage tous les gardes tambours battant.
Le 9, Monseigneur le Dauphin ala [à] Saint Germain rendre visite au roy et à la reyne d’Angleterre. Il commença par le roy, qui le receut à la porte de sa petite chambre. Ils ne s’assirent et ne se couvrirent point. Monseigneur se retirant, le roy le reconduisit jusques au lieu où il l’avoit pris. De là, Monseigneur passa par un cabinet pour aller à l’appartement de la reyne. La reyne fit quelques pas pour aller au devant de luy, luy fit donner un fauteuil qu’on plaça au dessus du sien. Après la conservation qui dura peu, Monseigneur prenant congé de la reyne, fit les mesmes pas qu’elle avoit fait à sa reception.
Le 10, Madame, Mademoiselle, madame la grande duchesse, madame de Guise se rendirent à Saint Germain sur les trois heures. Elles allerent d’abord voir le roy d’Angleterre qui les baisa. Elles visiterent ensuitte la reyne d’Angleterre, qui les baisa aussy. Sa Majesté britanique, apres avoir pris un fauteuil, en fit donner un à Madame [f. 485] et des sieges playans aux trois princesses.
Le 11, mesdames les princesses du sang rendirent les mesmes devoirs au roy et à la reyne. Elles eurent les mesmes honneurs que Mademoiselle.
Ce mesme jour, madame la princesse de Lisbonne avec mesdemoiselles de Lisbonne et Commercy, ses filles, la princesse d’Arcourt et la princesse de Soubise, mesdames les duchesses de Chevreuse, de Saint Simon, de Beauviliers, vinrent voir la reyne. On donna à ces dames des sieges playans. Elles avoient pretendu d’estre baisées de la reyne, mais la reyne leur fit dire avant leur visite qu’elles pouvoient choisir ou estre traittées selon le ceremonial anglois, qui alloit à les baiser seulement, ou selon le ceremonial françois, qui est d’estre assise sur des sieges playans et d’avoir l’entrée au château pour leurs carrosses. Pendant que ces dames estoient au cercle de la reyne, le roy survint, qui les salua toutes et les baisa, commençant par les princesses que le sieur de Saint Viance luy noma.
Le 13, sur les unze heures, monsieur Boucherat, chancelier, accompagné des sieurs Courtin, du Harlay, du comte d’Avaux, conseillers d’Estat, et de quelques maistres des requestes, alla comme particulier à Saint Germain voir le roy d’Angleterre, à qui il fit un compliment et luy presenta ensuitte les personnes qui l’avoient accompagné.
A midy, Monsieur vint rendre visite au roy d’Angleterre. Le roy, qui estoit dans sa petite chambre, ne fit qu’un pas ou deux pour le [f. 458v] recevoir et conserva la main sur luy. Monsieur s’excusa sur son indisposition d’avoir tant tardé à le venir voir. Pendant tout le temps de la visite, ils demeurerent l’un et l’autre debout et decouverts, et lorsque Monsieur prit congé de luy, le roy ne le reconduisit point. Monsieur alla aussy chez la reyne, Sa Majesté britanique, après avoir pris un fauteuil qu’on plaça vers le milieu du lict, en fit donner un à Monsieur, qu’on mit au dessous du sien. Monsieur s’assit sans se couvrir. La conversation dura peu. Le roy et la reyne n’avoient pas encore esté à la messe, il estoit tard. Monsieur se leva, le roy entra dans l’instant, la reyne et Monsieur se separerent, Monsieur pour aller voir le prince de Galles. Alors le roy donna la main à la reyne pour la conduire à la chapelle dans une tribune où, l’ayant laissée, descendit en bas entendre la messe, estant accompagné des gardes du corps du Roy. Après la messe, il remonta à la tribune reprendre la reyne.
Le roy et la reyne disnerent en public avec les mesmes ceremonies qu’on observe pour le Roy, le maistre d’hostel ayant son baston, l’essay se faisant des viandes, la nef au bout de la table, et à chaque couvert un cadenas. Pendant le disner, la duchesse de Nevers et quelques autres duchesses vinrent, à qui on donna des sieges playans.
Apres le disner, monsieur le Prince, monsieur [f. 486] le Duc, monsieur le prince de Conti, monsieur le duc du Maine, et monsieur le comte de Thoulouze, visiterent le roy. Sa Majesté britanique les receut debout sans faire aucun pas. Monsieur le Prince les presenta tous. Le roy se couvrit et les princes se couvrirent et demeurerent couverts pendant tout le temps qu’ils furent ensemble. La visite finie, les princes se retirerent et le roy demeura en sa place.
Ces princes visiterent la reyne, qui estoit assise dans un fauteuil. Elle se leva, les baisa tous, et leur fit donner des sieges playans. Mais comme la reyne avoit à aller à Versailles, ils demeurernt peu à leur visite. Lorsqu’ils se leverent, la reyne se leva mais ne fit aucun pas pour les conduire. Tous ces princes passerent dans l’appartement du prince de Galles.
La reyne partit sur les trois heures de Saint Germain. Elle monta dans un carrosse du corps du Roy, un exempt et vingt gardes du corps la suivoient. Elle trouva en arrivant à Versailles la garde françoise et suisse sous les armes, tambours battant, à la porte les gardes de la porte, les gardes du grand prevost et les Cent Suisses sous les armes dans la cour. Sa Majesté britanique descendit au bas de l’escalier du petit apartement. Le Roy la receut au haut de l’escalier et la conduisit au salon, luy fit donner un fauteuil et en prit un qu’on mit au dessous du sien. Sa visite faite, le Roy la conduisit par la galerie chez madame la Dauphine, qui la receut à l’entrée de son [f. 486v] appartement. Le Roy, les ayant mis ensemble, les quitta. Madame la Dauphine presenta à la reyne monsieur le duc de Bourgogne, le duc d’Anjou et le duc de Bery. Sa Majesté les baisa tous. L’on prit des fauteuils. La reyne se mit au milieu, à la place d’honneur, ayant à sa droite madame la Dauphine et à sa gauche monsieur le duc de Bourgogne, monsieur le duc d’Anjou au dessous de madame la Dauphine et le duc de Bery au dessous de monsieur le duc de Bourgogne, Madame au dessous de monsieur le duc d’Anjou. Le cercle fut grand et remply de princesses et de duchesses à qui on donna des sieges playans. La visite dura plus d’une demie heure, apres laquelle la reyne alla voir monseigneur le Dauphin, estant reconduite par madame la Dauphine jusqu’à la salle des gardes, où elle n’entra pas. Monseigneur receut la reyne au mesme lieu qu’il avoit receu le roy et la reconduisit apres sa visite au mesme endroit. De chez Monseigneur, elle alla voir messeigneurs les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Bery dans leur appartement, et ensuitte Monsieur et Madame qui l’attendoient chez eux.
Depuis, les roys se sont veus familierement sans aucune ceremonie.
Monsieur de Chartres n’a pas veu en visite le roy. Mademoiselle d’Orleans, qui faisoit difficulté [f. 487] au commencement de visiter le roy et la reyne, les a veu depuis avec madame la grande duchesse et madame de Guise.
Le sieur de Bonneuil, introducteur des ambassadeurs, demanda au roy d’Angleterre audience pour messieurs les ambassadeurs de Venise, de Savoye et de Malte, qui, s’estant rendus à Saint Germain au jour qu’on leur avoit marqué, on leur dit que le roy les recevroit en particulier, dans son cabinet, sans les faire couvrir, à quoy les ambassadeurs ne pouvant consentir, ils ne le virent point.
Le roy ne creut pas devoir leur donner une audience publique. Il n’avoit pas voulu recevoir de complimens d’aucun corps du royaume.
Le roy d’Angleterre partit de Saint Germain le dernier de fevrier 1689 pour aller en Irlande. »

Acte de décès d’un fils de Robert Strickland, vice-chambellan de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’ui vingt quatrieme jour de fevrier mil six cent quatre vingt neuf, a eté inhumé dans cette eglise le corps d’un enfant, ondoyé dans le chasteau vieil de ce lieu par un aumonier de la reine de la Grande Bretagne, de messire Robert Strickland, vice chambellan de la reine d’Angleterre, et de dame Brigite Strickland, sa femme, né et decedé le jour precedent es presences de messire Pierre Bernard, pretre, et Jacques Pigeard, soudiacre, habitués en cette paroisse, lesquels ont signé.
P. Bernard, Pigeard »

Acte de baptême de René MacDonnel, fils d’un gentilhomme de la chambre du roi d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’huy vingt deuxiesme jour de mars mil six cens quatre vingt neuf, a esté baptisé par moy prestre soubsigné René, né le mesme jour, fils de Randell MacDonnel, gentilhomme de la chambre du roy d’Angleterre, et dame Hanna Roche, ses pere et mere, dont il est né en legitime mariage en cette paroisse, le parrein Laurens Dupuis, officier du roy d’Angleterre, la mareine Anne Baguenal, lesquels ont signé.
Dupuys, Anne Bagnalle
Dufour »

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les souvenirs de la comtesse de Caylus

« [p. 479] Nous arrivames ensemble à Paris, où madame de Maintenon vint aussitôt me chercher et m’emmena seule à Saint Germain. Je pleurai d’abord beaucoup, mais je trouvai le lendemain la messe du Roi si belle que je consentis à me faire catholique, à condition que je l’entendrois tous les jours, et qu’on me garantiroit du fouet. C’est là toute la controverse qu’on employa et la seule abjuration que je fis.
M. de Cheteau Regnault eut ordre d’envoyer mon frere à la Cour. Il y arriva presque aussitôt que moi et fit une plus longue resistance. Mais enfin il se rendit, on le mit à l’academie et il quitta la marine.
[…]
[p. 481] J’arriva à Saint Germain au mois de janvier 1681. La Reine vivoit, monseigneur le Dauphin etoit marié depuis un an, et madame de Maintenon, dans une faveur eclatante, paroissoit aussi bien avec la Reine qu’avec le Roi. Cette princesse attribuoit à la nouvelle favorite les bons procedés que le Roi avoit pour elle depuis quelque temps, et elle la regardoit avec raison sur un pied bien different des autres.
Mais, avant de parler des choses que j’ai vues, il est bon de raconter celles que j’ai entendu dire.
J’ai pu voir madame de Fontanges mais, ou je ne l’ai pas vue, ou il ne m’en souvient pas. Je me souviens seulement d’avoir vu pendant quelque temps, à Saint Germain, le Roi passer du chateau vieux au neuf pour l’aller voir tous les soirs : on disoit qu’elle etoit malade, et en effet elle partit quelques mois apres pour aller mourir à Port Royal de Paris. Il courut beaucoup de bruits sur cette mort, au desavantage de madame de Montespan, mais je suis convaincue qu’ils etoient sans fondement. […]
Je me souviens aussi d’avoir souvent entendu parler de madame de La Vallière. On sait qu’elle a precedé madame de Montespan, et ce n’est pas l’histoire de chaque maitresse que je pretends faire, je veux seulement ecrire les faits qui me sont demeurés plus particulierement dans l’esprit, soit que j’aie eté temoin, ou que je les aie entendu raconter par madame de Maintenon.
Le Roi prit donc de l’amour pour madame de Montespan dans le temps qu’il vivoit avec madame de La Valliere en maitresse declarée ; et madame de Montespan, en maitresse peu delicate, vivoit avec elle : meme table et presque meme maison. Elle aima mieux d’abord qu’il en usat ainsi, soit qu’elle esperat par là abuser le public et son mari, soit qu’elle ne s’en souciat pas, ou que son orgueil lui fit plus gouter le plaisir de voir à tous les instans humilier sa rivale, que la delicatesse de sa passion ne la portoit à la crainte de ses charmes. Quoi qu’il en soit, c’est un fait certain. Mais un jour, fâchée contre le Roi pour quelque autre sujet (ce qui lui arrivoit souvent), elle se plaignit de cette communauté avec une amertume qu’elle ne sentoit pas : elle y trouvoit, disoit elle, peu de delicatesse de la part du Roi. Ce prince, pour l’apaiser, repondit avec beaucoup de douceur et de tendresse, et finit par lui dire que cet etablissement s’etoit fait insensiblement. « Insensiblement pour vous, reprit madame de Montespan, mais tres sensiblement pour moi. »
[…]
[p. 489] Un jour que le carrosse de madame de Montespan passa sur le corps d’un pauvre homme sur le pont de Saint Germain, madame de Montausier, madame de Richelieu, madame de Maintenon et quelques autres qui etoient avec elle en furent effrayées et saisies comme on l’est d’ordinaire en pareille occasion : la seule madame de Montespan ne s’en emut pas et elle reprocha meme à ces dames leur foiblesse. « Si c’etoit, leur disoit elle, un effet de la bonté de votre cœur et une veritable compassion, vous auriez le meme sentiment en apprenant que cette aventure est arrivée loin comme pres de vous. »
[…]
[p. 508] La guerre commença en 1688 par le siege de Philisbourg et le roi d’Angleterre fut chassé de son trone l’hiver d’apres. La reine d’Angleterre se sauva la premiere avec le prince de Galles son fils, et la fortune singuliere de Lauzun fit qu’il se trouva precisement en Angleterre dans ce temps là. On lui sut gré ici d’avoir contribué à une fuite à laquelle le prince d’Orange n’auroit eu garde de s’opposer. Le Roi cependant l’en recompensa comme d’un grand service rendu aux deux couronnes. A la priere du roi et de la reine d’Angleterre, il le fit duc et lui permit de revenir à la Cour où il n’avoit paru qu’une fois apres sa prison. M. le Prince, en le voyant revenir, dit que c’etoit une bombe qui tomboit sur tous les courtisans.
Si le prince d’Orange n’avoit pas eté faché de voir partir d’Angleterre la reine et le prince de Galles, il fut encore plus soulagé d’etre defait de son beau pere.
Le Roi les vint recevoir avec toute la politesse d’un seigneur particulier qui sait bien vivre, et il a eu la meme conduite avec eux jusqu’au dernier moment de sa vie.
M. de Montchevreuil etoit gouverneur de Saint Germain, et comme je quittois peu madame de Montchevreuil, je voyois avec elle cette Cour de pres. Il ne faut donc pas s’etonner si, ayant vu croitre le prince de Galles, naitre la princesse sa sœur et reçut beaucoup d’honnetetés du roi et de la reine d’Angleterre, je suis demeurée jacobite, malgré les grands changemens qui sont arrivés en ce pays ci par rapport à cette cause.
La reine d’Angleterre s’etoit fait hair, disoit on, par sa hauteur, autant que par la religion qu’elle professoit en Italienne, c’est à dire qu’elle y ajoutoit une infinité de petites pratiques inutiles partout et beaucoup mal placées en Angleterre. Cette princesse avoir pourtant de l’esprit et de bonnes qualités, qui lui attirerent de la part de madame de Maintenon une estime et un attachement qui n’ont fini qu’avec leurs vies
Il est vrai que madame de Maintenon souffroit impatiemment le peu de secret qu’ils gardoient dans leurs affaires, car on n’a jamais fait de projet pour leur retablissement qu’il n’ait eté aussitôt su en Angleterre qu’imaginé à Versailles. Mais ce n’etoit pas la faute de ces malheureuses Majestés : ils etoient environnés à Saint Germain de gens qui les trahissoient, jusqu’à une femme de la Reine et pour laquelle elle avoit une bonté particuliere, qui prenoit dans ses proches les lettres que le Roi ou madame de Maintenon lui ecrivoient, les copioit pendant que la reine dormoit et les envoyoit en Angleterre. Cette femme s’appeloit madame Strickland, mere d’un petit abbé Strickland qui, dans ces derniers temps, digne heritier de madame sa mere, a pretendu au cardinalat par son manege. »

Le Valois de Villette de Murçay, Marthe-Marguerite

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la reine d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, lundi 3 janvier 1689
[…] Le roi d’Angleterre a été pris, dit on, en faisant le chasseur et voulant se sauver. Il est à Witehal. Il a son capitaine des gardes, ses gardes, ses mylords à son lever, mais tout cela est fort bien gardé. Le prince d’Orange à Saint James, qui est de l’autre coté du jardin. On tiendra le parlement : Dieu conduise cette barque. La reine d’Angleterre sera ici mercredi ; elle vient à Saint Germain pour etre plus pres du Roi et de ses bontés. »

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, lundi 10 janvier 1689
[…] L’abbé Tetu est dans une insomnie qui fait tout craindre. Les medecins ne voudroient pas repondre de son esprit ; il sent son etat et c’est une douleur : il ne subsiste que par l’opium ; il tache de se divertir, de se dissiper, il cherche des spectacles. Nous voulons l’envoyer à Saint Germain pour y voir le roi, la reine d’Angleterre et le prince de Galles : peut on voir un evenement plus grand et plus digne de faire de grandes diversions ? Pour la fuite du roi, il paroit que le prince [d’Orange] l’a bien voulu. Le roi fut envoyé à Excester où il avoit dessein d’aller : il etoit fort bien gardé par le devant de sa maison, et toutes les portes de derriere etoient ouvertes. Le prince n’a point songé à faire perir son beau père ; il est dans Londres à la place du roi, sans en prendre le nom, ne voulant que retablir une religion qu’il croit bonne et maintenir les loix du pays sans qu’il en coute une goutte de sang : voilà l’envers tout juste de ce que nous pensons de lui ; ce sont des points de vue bien differents. Cependant, le Roi fait pour ces Majesté angloises des choses toutes divines ; car n’est ce point etre l’image du Tout Puissant que de soutenir un roi chassé, trahi, abandonné ? La belle ame du Roi se plait à jouer ce grand role. Il fut au devant de la reine avec toute sa maison et cent carrosses à six chevaux. Quand il aperçut le carrosse du prince de Galles, il descendit et l’embrassa tendrement, puis il courut au devant de la reine qui etoit descendue, il la salua, lui parla quelque tems, la mit à sa droite dans son carrosse, lui presenta Monseigneur et Monsieur, qui furent aussi dans le carrosse, et la mena à Saint Germain, où elle se trouva toute servie comme la reine, de toutes sortes de hardes, parmi lesquelles etoit une cassette tres riche avec six mille louis d’or. Le lendemain, il fut question de l’arrivee du roi d’Angleterre à Saint Germain, où le Roi l’attendoit : il arriva tard ; Sa Majesté alla au bout de la salle des gardes au devant de lui ; le roi d’Angleterre se baissa fort, comme s’il eut voulu embrasser ses genoux ; le Roi l’en empecha et l’embrassa à trois ou quatre reprises fort cordialement. Ils se parlerent bas un quart d’heure ; le Roi lui presenta Monseigneur, Monsieur, les princes du sang et le cardinal de Bonzi ; il le conduisit à l’appartement de la Reine, qui eut peine à retenir ses larmes. Apres une conversation de quelques instans, Sa Majesté les mena chez le prince de Galles, où ils furent encore quelque tems à causer, et les y laissa, ne voulant point etre reconduit, et disant au roi : « Voici votre maison, quand j’y viendrai vous m’en ferez les honneurs, et je vous les ferai quand vous viendrez à Versailles ». Le lendemain, qui etoit hier, madame la Dauphine y aller, et toute la Cour. Je ne sais comme on aura reglé les chaises de ces princesses, car elles en eurent à la reine d’Espagne, et la reine mere d’Angleterre etoit traitée comme fille de France : je vous manderai ce detail. Le Roy envoya dix mille louis d’or au roi d’Angleterre. Ce dernier paroit vieilli et fatigué, la reine maigre et des yeux qui ont pleuré, mais beaux et noirs, un beau teint un peu pale, la bouche grande, de belles dents, une belle taille et bien de l’esprit ; tout cela compose une personne qui plait fort. Voilà de quoi subsister longtems dans les conversations publiques. »

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, mercredi 12 janvier 1689
Vous etes retirée à cinq heures du roi ; vous avez donc fait vos rois à dîner : vous etiez en fort bonne compagnie, et aussi bonne qu’à Paris. Il ne tiendra pas à moi que l’archevêque [d’Aix] ne sache que vous etes contente de lui ; je le dis l’autre jour à madame de La Fayette, qui en fut fort aise ; elle a resolu que vous ne preniez point tous deux l’esprit ni les pensées de Provence.
Mais parlons du roi et de la reine d’Angleterre ; c’est quelque chose de si extraordinaire d’avoir là cette Cour, qu’on s’en entretien sans cesse. On tache de regler les rangs et de faire vie qui dure avec gens si loins d’etre retablis. Le Roi disoit l’autre jour, et que ce roi etoit le meilleur homme du monde, qu’il chassoit avec lui, qu’il viendroit à Marly, à Trianon, et que les courtisans devoient s’y accoutumer. Le roi d’Angleterre ne donne pas la main à Monseigneur et ne le reconduit pas. La reine n’a point baisé Monsieur, qui en boude ; elle a dit au Roi : Dites moi comment vous voulez que je fasse ; si vous voulez que ce soit à la mode de France, je saluerai qui vous voudrez : pour la mode d’Angleterre, c’est que je ne baisois personne. Elle a été voir madame la Dauphine, qui est malade et qui l’a reçue dans son lit. On ne s’assied point en Angleterre ; je crois que les duchesses feront avec elle à la mode de France, comme avec sa belle mère. On est fort occupé de cette nouvelle Cour.
Cependant le prince d’Orange est à Londres, où il fait mettre des Mylords en prison ; il est severe et il se fera bientot hair. M. de Schomberg est general ds armées en Hollande, à la place de ce prince, et son fils a la survivance : voilà le masque bien levé. »

Marché pour fourniture à la reine d’Angleterre de foins, pailles et avoines à Saint-Germain-en-Laye

« Par devant Louis Guillon de Fonteny, nottaire et gardenotte du Roy à Saint Germain en Laye soussigné, fut present Louis Paulin, marchand demeurant audit Saint Germain, lequel c’est par ces presentes obligé envers la Reyne Sa Majesté britannique, de present aud. Saint Germain, ce acceptant par Milore Waldegrave, de fournir et livrer pour les chevaux de Sa Majesté britannique tous les foins, pailles et avoynes, à commencer à livrer lesd. foins, pailles et avoynes au premier jour d’octobre prochain jusques au premier avril prochain venant, la botte duquel foin, bon, loyal et marchand sera pesant de dix à unze livres, chacune botte de paille de neuf à dix livres pesant, à l’egard de l’avoyne le septier sera composé de vingt un boisseau mesure de Saint Germain, lesd. pailles et avoynes aussy, le tout bon, loyal et marchand, le tout que led. Paulin fournira aud. Saint Germain, rendu dans les greniers des ecuries, et neanmoins la livraison de l’avoyne sera faite et reception d’icelle dans le magasin dud. Paulin aud. Saint Germain. Quant au foin et à la paille, la livraison et reception en sera faite à la descharge ausd. greniers aud. Saint Germain. Lesd. foins et pailles seront composez chacun de cent quatre pour cent. Ce marché fait moyennant et à raison, scavoir pour chacun cent de foin dix sept livres et quinze sols, pour chacun cent de paille neuf livres, et pour chacun septier d’avoyne de vingt un boisseau sept livres dix sols, le tout fourny et livre comme il est dit cy dessus. Lesquels prix led. Milore Waldragrave promet payer aud. Paulin de mois en mois, et en cas que led. Paulin ne fournisse ponctuellement ce que dessus selon les ordres qui luy en seront donnez, et le tout bon, loyal et marchand comme il est cy dessus expliqué, sera permis aud. Milore Waldegrave d’en faire prendre où bon luy semblera à ces frais et despens, risques, perils et fortunes. Promettant. Obligeant chacun en droit soy. Renonçant. Fait et passé aud. Sainct Germain en Laye, au vieil chasteau dud. Saint Germain, en l’apartement dud. milore, presence de Lauran Antoine et de Thomas Montaudouin, demeurant audit Saint Germain, tesmoins, l’année mil six cens quatre vingts neuf, le vingt neuf septembre avant midy, et ont signé.
Waldegrave, Antoine
Paulin
Montaudouin
Guillon de Fonteny »

Lettre de Louvois concernant les frais de la réception du roi et de la reine d’Angleterre

« Le duc d’Aumont
Monsieur,
Je vous ay mandé par mes precedentes combien le Roy estoit satisfait de la manière dont vous avez receu le roy et la reyne d’Angleterre à Boulogne. Sa Majesté ayant fait reflexion qu’il estoit impossible que cela ne vous eust couté une despense et somme considerable, Elle a eu la bonté de vous acorder une gratification de 12000 l. dont vous trouverez l’ordonnance cy jointe. Je suis etc. »

Acte de baptême de Thérèse-Marguerite de Melfort à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui dixième jour de janvier mil six cent quatre vingt neuf, a été baptisée par moy prêtre curé vicaire de cette paroisse Thérèse Marguerite, née du huitième jour de ce mois, fille de Jean, comte de Melfort, secrétaire d’Etat du roy de la Grande Bretagne, et de dame Euphemia de Vvalace, sa femme, de cette paroisse. Le parrein Jacques, comte de Dromont, fils de Jacques, comte de Perth, grand chancelier d’Ecosse, la mareine damoiselle Marie Cormy, femme de Denis Jossenay, officier du Roy, de cette paroisse, lesquels ont signé.
Marie Cormy, Drummond
Michel »

Acte de décès de Susanne Duplessis, depuis peu venue d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’huy quinsiesme jour de mars 1689, a esté inhumé dans le cymetiere le corps de Susanne Duplessis, agée de deux ans et demy, decedée le mesme jour en cette paroisse, fille de Pierre Duplessis et de Marie Remond, sa femme, venus d’Angleterre depuis peu, où estans ils demeuroient à Londres, paroisse de Saint Michel, presences de maitres Pierre bernard et Antoine Marquet, prestres, lesquels ont signé.
Marquet
P. Bernard »

Acte de baptême d’Henriette Marie Douglas, fille du comte de Dumbarton, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’huy quatorzième jour de juin mil six cent quatre vingt neuf, a eté baptisée par moy pretre, vicaire sousigné, Henriette Marie, née du premier jour de de ce mois, fille de Georges, comte de Dumberton, gentilhomme de la chambre du roy d’Angleterre et lieutenant general de ses armées, et de dame Anne Vvheahy, sa femme, le parrein mylord de Stafford, pair d’Angleterre, la mareine dame Henriette de Gourdon, dame d’atour de feue madame Henriette d’Angleterre, premiere epouse de Monsieur, lesquels ont signé.
Le milord Stafford
Henriette de Gordon
Michel »

Marché pour fourniture au roi d’Angleterre de viandes, poissons et graisses à Saint-Germain-en-Laye

« Par devant Louis Guillon de Fonteny, notaire et gardenottes du Roy demeurant à Saint Germain en Laye soubzsigné, fut present en sa personne Jean Baptiste Carreau, marchand fruitier oranger à Paris, y demeurant au cimetiere Saint Jehan, parroisse Saint Gervais, lequel a promis et s’est obligé par les presentes envers Sa Majesté bretanique, ce acceptant par Milor Waldegrave, estant de present audit Saint Germain, de fournir et livrer, tant que Sadite Majesté sera en France, toutte la viande de boucherie, tant bœuf, veau que mouton, ensemble toutte la volaille et gibier qui sera necessaire et que l’on aura besoing, avecq tout le poisson d’eau douce, frais et sallé, et marée, le tout pour la table de Sa Majesté et de sa maison. Et encore s’oblige ledit Careau de fournir les graisses, boeures, saindoux, lart, jambons, huilles et œufs qu’il conviendra, à commancer ladite fourniture de ce jourd’huy moyennant, savoir pour chacune livre de viande de beuf, veau et mouton quatre sols neuf deniers, pour chacune piece de volaille et gibiés ainsy qu’elles sont servies par le pourveoieur du Roy de France vingt trois sols, le poisson d’eau douce et marée, graisses, boeures, saindoux, jambons et œufs à six deniers [pour] sols meilleur marché que l’on sert pour le Roy de France, lesquelles [sommes] Milor Waldegrave promet [faire payer] audit Careau de quinzaine en quinzaine suivant le [mémoire qui lui] sera fourny. Pour seureté [duquel] marché et fourniture de tout [le contenu] en iceluy est intervenu et fu[t pre]sent Crixtophle Carreau, mai[stre ro]tisseur à Paris, y demeurant rue des […], parroisse Saint Sulpice, estant de present [aud. Saint] Germain, lequel s’est rendu [caution], respondant pour ledit Jean B[aptiste] Carreau, son frere, sollidairement, [un] seul pour le tout, sans division ni discution, à quoy il renonce, […] soubmet ainsy que son dit frere, […] de deffault de fourniture, de payer [tous] despens, dommages et interetz, et [seront] renus sollidairement à payer le […] que l’on pouroit faire à la folle enchere. [Led.] Jean Baptiste Careau eslizant leur d[omicile] en lad. ville de Paris en la maison dud. Jean Baptiste Careau. Promettant. Obligeant sollidairement. Renonçant. Fait et passé aud. Saint Germain au vieil chasteau, presens [Pierre] Aufroy et Charles Vieillard, bourgeois, tesmoings, l’an mil six cens quatre vingtz neuf, le quinziesme jour de febvrier, et ont signés.
Waldegrave
Carreau
Auffroy
Guillon de Fonteny »

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires de la Cour de France de la comtesse de La Fayette

« [p. 226] Quand Lauzun eut vu le Roi, il s’en retourna trouver la reine d’Angleterre, qui venoit se rendre à la Cour, n’ayant point de nouvelles de son epoux. On dit d’abord qu’on la logeroit à Vincennes, mais le Roi jugea plus à propos de lui donner Saint Germain. Pendant qu’elle etoit en chemin, la nouvelle arriva que le prince d’Orange avoit fait arreter le roi d‘Angleterre. L’exemple de la mort tragique de Charles Ier, son pere, fit trembler pour lui. Mais le soir meme, le Roi dit, en s’en allant à son appartement, qu’il avoit des nouvelles que ce prince etoit en sureté. Un valet de garde robe françois, que Sa Majesté britannique avoit depuis longtemps, l’avoit vu s’embarquer proche de Rochester. De là, ce prince etoit venu repasser à Douvres, et ensuite avoit passé à Ambleteuse, petit port auprès de Boulogne. Le valet de chambre etoit venu devant, et avoit rapporté qu’il avoit entendu tirer le canon à Calais. Qu’apparemment c’etoit son maitre qui y arrivoit. Toute la soirée se passa sans que l’on fut etonné de n’avoir point d’autres nouvelles de l’arrivée du roi d’Angleterre. Mais le lendemain, on fut au lever fort consterné quand on vit qu’il n’y en avoit point encore. On trouvoit que la nuit etoit trop longue pour que, si le canon que l’on avoit entendu tirer à Calais eut eté pour lui, le courrier n’en fut pas arrivé. On commença à raconter le matin que milord Feversham, frere de M. de Duras, avoit eté arreté par le prince d’Orange comme il venoit lui parler de la part du roi d’Angleterre, que le prince d’Orange avoit mandé au roi d’Angleterre qu’il falloit qu’il sortit de Windsor parce que tant qu’il y seroit on ne pouvoit pas travailler aux choses necessaires pour le bien de l’Etat. Le Roi en fit quelque difficulté, mais peu de momens apres le prince d’Orange lui renvoya dire qu’il le falloit et qu’il se retirat à Hampton Court, qui est une maison des rois [p. 227] d’Angleterre. Le roi manda qu’il n’y pouvoit pas aller, parce qu’il n’y avoit aucun meuble, mais que s’il le lui permettoit et qu’il le jugeat à propos, il iroit à Rochester. Le prince d’Orange y consentit, et lui manda en meme temps que pour sa sureté il lui donneroit quarante de ses gardes pour l’y conduire. Il fallut en passer par où le prince d’Orange voulut, et le roi sortit ainsi en peu de momens de Windsor. Sa Majesté britannique fut gardée très étroitement. Le premier jour, le prince d’Orange lui avoit donné presque tous gardes catholiques et un officier : ils entendirent la messe avec lui. Quand le roi fut à Rochester, on le garda moins. Il y avoit des portes de derriere à son palais ; un domestique qui etoit au roi lui fit trouver des chevaux, dont il se servit. Il partit à l’entrée de la nuit, et se rendit à un endroit où l’attendoit un petit bateau pour le conduire à un plus grand batiment. En arrivant à la petite barque, il y trouva des paysans ivres, qui l’obligerent de boire à la santé du prince d’Orange. Sa Majesté leur donna de l’argent pour y boire encore. On contoit aussi toutes les particularités qu’avoit dites le valet de garde robe le matin, et chacun raisonnoit selon sa portée. Les uns croyoient que le prince d’Orange lui avoit fourni les moyens de s’embarquer, afin de le faire ensuite jeter dans la mer, les autres, afin de le faire transporter en Zelande, où il le retiendroit prisonnier, enfin chacun donnoit pour bon ce qui lui passoit par la tete. Le Roi etoit triste, les ministres fort embarrassés.
Le Roi etoit à la messe, n’attendant plus que des nouvelles de la mort du roi d’Angleterre, quand M. de Louvois y entra pour dire à Sa Majesté que M. d’Aumont venoit de lui envoyer un courrier qui lui annonçoit l’arrivée du roi d’Angleterre à Ambleteuse. La joie fut extreme à la Cour, et egale entre les gens de qualité et les domestiques. On depecha aussitôt un courrier à la reine d’Angleterre, qui etoit en chemin. M. le Grand etoit parti des le matin pour aller la recevoir à Beaumont. Pour le roi d’Angleterre, à ce que conta le courrier, il etoit dans un tres petit batiment, où il avoit quelques gens armés avec lui et quelques grenadiers. Il aperçu de loin un vaisseau plus gros que le sien ; il donna ses ordres pour se defendre en cas qu’il fut attaqué, mais quand ils s’approcherent il reconnut que c’etoit un vaisseau françois. La joie fut grande de part et d’autre. Il se mit dans ce vaisseau et arriva fort heureusement, mais pourtant très fatigué, car il y avoit bien du temps que ses nuits n’etoient pas bonnes.
Le Roi alla de Versailles à Chatou au devant de la reine d’Angleterre et du prince de Galles. Il y attendit, avec une fort grosse Cour à sa suite, cette reine qui arriva un moment apres. Elle fut reçue parfaitement bien. Sa Majesté britannique parla avec tout l’esprit et toute la politesse que l’on peut avoir, plus meme que les femmes ordinaires n’en peuvent conserver dans des malheurs aussi grands qu’etoient les siens. Le Roi la conduisit à Saint Germain, et fit ce qu’il put pour adoucir ses peines, qui etoient extremement diminuées par la joie d’avoir appris que le roi son epoux etoit en France et en bonne santé. Apres cela, le Roi s’en retourna à Versailles, et envoya le lendemain chez la reine une toilette magnifique, avec tout ce qu’il lui falloit pour l’habiller et tout ce qui etoit necessaire pour le prince de Galles, le tout travaillé sur le modele de ce que l’on avoir fait pour M. de Bourgogne. Avec cela, on mit une bourse de six mille pistoles sur la toilette de la reine ; on lui en avoit donné quatre mille à Boulogne.
Le lendemain, jour que le roi d’Angleterre arrivoit, le Roi l’alla attendre à Saint Germain, dans l’appartement de la reine. Sa Majesté y fut une demi heure ou trois quarts d’heure avant qu’il arrivat. Comme il etoit dans la garenne, on le vint dire à Sa Majesté, et puis on vint avertir quand il arriva dans le chateau. Pour lors, Sa Majesté quitta la reine d’Angleterre et alla à la porte de la salle des gardes au devant de lui. Les deux rois d’embrasserent fort tendrement, avec cette difference que celui d’Angleterre, y conservant l’humilité d’une personne malheureuse, se baissa presque aux genoux du Roi. Apres cette premiere embrassade, au milieu de la salle des gardes, ils se reprirent encore d’amitié. Et puis, en se tenant la main serrée, le Roi le conduisit à la reine, qui etoit dans son lit. Le roi d’Angleterre n’embrassa point sa femme, apparemment par respect.
Quand la conversation eut duré un quart d’heure, le Roi mena le roi d’Angleterre à l’appartement du prince de Galles. La figure du roi d’Angleterre n’avoit pas imposé aux courtisans ; ses discours firent encore moins d’effet que sa figure. Il conta au Roi, dans la chambre du prince de Galles, où il y avoit quelques courtisans, le plus gros des choses qui lui etoient arrivées ; et il les conta si mal que les courtisans ne voulurent point se souvenir qu’il etoit Anglois, que par consequent il parloit fort mal françois, outre qu’il begayoit un peu, qu’il etoit fatigué, et qu’il n’est pas extraordinaire [p. 228] qu’un malheur aussi considerable que celui où il etoit diminuat une eloquence beaucoup plus parfaite que la sienne.
Apres etre sortis de chez le prince de Galles, les deux rois s’en revinrent chez la reine. Sa Majesté y laissa celui d’Angleterre et s’en revint à Versailles. Presque tous les honnetes gens furent attendris à l’entrevue de ces deux grands princes. Le lendemain au matin, le roi d’Angleterre eut à son lever tout ce qui lui etoit necessaire, et dix mille pistoles sur sa toilette. L’après dinée, ce prince vint à Versailles voir le Roi, qui fut le recevoir à l’entrée de la salle des gardes et le mena dans son petit appartement. Ensuite, il fut voir madame la Dauphine, Monseigneur, Monsieur et Madame. Il demeura très longtemps avec le Roi. Monseugneur et Monsieur furent rendre la visite à Saint Germain. Il y eut de grandes contestations pour les ceremonies : le Roi voulut que le roi d’Angleterre traitat Monseigneur d’egal, et le roi d’Angleterre y consentit, pourvu que le Roi traitat le prince de Galles de meme. Enfin il fut decidé que le Dauphin n’auroit qu’un siege pliant devant le roi d’Angleterre, mais qui’l auroit un fauteuil devant la reine. Les princes du sang avoient aussi leurs pretentions, disant que comme ils n’etoient pas sujets du roi d’Angleterre, ils devoient avoir aussi d’autres traitemens. A la fin tout cela se passa fort bien. Mais quand il fut question des femmes, cela ne fut pas si aisé. Les princesses du sang furent trois ou quatre jours sans aller chez Sa Majesté d’Angleterre, et quand elles y furent les duchesses de les y suivirent pas. Celles-ci pretendirent à deux traitemens, celui de France, qui est de s’asseoir devant leur souveraine, et celui d’Angleterre, qui est de la baiser. La reine d’Angleterre, qui, quoique glorieuse, ne laisse pas d’etre fort raisonnable, dit au Roi qu’il n’avoit qu’à ordonner, qu’elle feroit tout ce qu’il voudroit, qu’elle le prioit de choisir lui meme le ceremonial qu’elle observeroit. Enfin il fut decidé que les duchesses s’en tiendroient à celui de France. Quand la reine d’Angleterre vint à Versailles, la magnificence l’en surprit, et surtout la grande galerie, qui sans contredit est la plus belle chose de l’univers dans son genre ; aussi la loua t elle extremement, mais dans les termes qui convenoient et qui pouvoient faire plaisir au Roi. Elle fit les memes visites qu’avoit faites le roi son epoux, et s’en retourna à Saint Germain avec de tres grands applaudissemens.
[…]
Le roi d’Angleterre etoit à Saint Germain, recevant les respects de toute la France : les ministres y furent les premiers ; l’archeveque de Reims, frere de M. de Louvois, le voyant sortir de la messe, dit avec un ton ironique : « Voilà un fort bon homme ; il a quitté trois royaumes pour une messe ». Belle réflexion dans la bouche d’un archevêque ! On régla pour la maison du roi d’Angleterre six cent mille francs, et pendant le premier mois il eut toujours les officiers du Roi pour le servir. Tous les jours il arrivoit beaucoup de cordons bleus anglois. Le Roi voulut lever deux régimens de deux mille hommes chacun, qu’il donna aux deux enfans du roi d’Angleterre.
Malgré les facheuses circonstances de son etat, Sa Majesté britannique ne laissoit pas d’aller courageusement à la chasse avec Monseigneur et piquoit comme eut pu faire un homme de vingt ans, qui n’a d’autre souci que celui de se divertir. Cependant, ses affaires alloient fort mal, car le prince d’Orange avoit eté reçu du peuple de Londres avec de tres grandes acclamations. […]
[p. 229] Plus les François voyoient le roi d’Angleterre, moins on le plaignoit de la perte de son royaume. Ce prince n’etoit obsedé que des jesuites. Il vint faire un voyage à Paris : d’abord il alla descendre aux grands jesuites, causa tres longtemps avec eux, et se les fit tous presenter. La conversation finit par dire qu’il etoit de leur societé : cela parut d’un tres mauvais gout. Ensuite il alla diner chez M. de Lauzun. On faisoit presque tous les quinze jours un voyage à Marly, de quatre ou cinq jours. C’est, comme on sait, une maison entre Saint Germain et Versailles, que le Roi aime fort et où il va faire de petits voyages, afin d’etre moins obsedé de la foule des courtisans. Le roi et la reine d’Angleterre y furent. On representoit à Trianon, qui est une autre maison que le Roi a fait batir à un bout du canal, un petit opera sur le retour du Dauphin. La princesse de Conti, madame la Duchesse et madame de Blois y dansoient et en etoient assurement le principal ornement, car du reste les vers en etoient tres mauvais et la musique des plus mediocres. Sa Majesté pria le roi et la reine d’Angleterre d’y venir et leur donna ce plaisir.
[…]
[p. 232] Pendant ce temps là, le roi d’Angleterre songeoit à son depart pour l’Irlande. M. de Tirconel, qui en etoit le vice roi, lui manda qu’il croyoit que sa presence etoit necessaire. Cela fut fort debattu dans le Conseil ; enfin on jugea à propos que Sa Majesté britannique s’y en allat incessamment. Elle fit partir le duc de Berwick, un de ses enfans naturels, avec ce qu’il y avoit ici d’Anglois, d’Ecossois et d’Irlandois pour se rendre à Brest, où ils devoient s’embarquer. Les officiers generaux que l’on avoit nommés pour servir avec lui s’y rendirent aussi. […] [p. 233] On travailla à l’equipage du roi d’Angleterre. Le Roi lui fit tenir tout ce qui lui etoit necessaire, et avec profusion, meubles, selles, housses, enfin tout ce que l’on peut s’imaginer au monde. Le Roi lui donna meme sa cuirasse.
Le roi d’Angleterre voulut, avant que de partir, laisser quelque marque à M. de Lauzun de sa reconnoissance. Sa Majesté britannique vint à Paris faire ses devotion à Notre Dame, et y donna à M. de Lauzun l’ordre de la Jarretière ; en le lui donna, il mit à son ruban bleu une medaille de Saint Georges enrichie de diamans, qui etoit la meme que le roi d’Angleterre, qui eut le cou coupé, avoit donné à son fils le feu roi en se separant de lui : les diamans en etoient tres considerables. Comme il n’y a que vingt cinq personnes qui aient cet ordre, il n’y en avoit qu’un de vacant, qui etoit celui de l’electeur de Brandebourg. Le Roi le donna ici à M. de Lauzun, et le prince d’Orange le donna en Angleterre à M. de Schomberg. […]
Le roi d’Angleterre alla aussi aux Filles de la Visitation de Chaillot, qui etoient ses amies du temps qu’il avoit demeuré en France, parce que la reine d’Angleterre sa mere y faisoit d’assez longs sejours, et il repassa ensuite par Saint Cloud pour faire compliment à Monsieur sur la mort de la reine sa fille, et pour voir Saint Cloud, qu’il n’avoit jamais vu. De là, il alla à Versailles dire adieu au Roi, et s’en retourna à Saint Germain, où il fesoit son sejour ordinaire. Le lendemain, le Roi lui alla aussi dire adieu à Saint Germain. Leur separation fut fort tendre : le Roi dit au roi d’Angleterre que tout ce qu’il pouvoit lui souhaiter de meilleur etoit de ne le jamais revoir. Il nomma M. d’Avaux pour le suivre comme ambassadeur, et le comte de Mailly, qui avoit epousé une niece de madame de Maintenon, pour l’accompagner jusqu’à Brest, où il s’embarquoit. La reine d’Angleterre demeura avec son fils le prince de Galles à Saint Germain, pria qu’on ne lui allat faire sa cour que les lundis, trouvant qu’il ne lui etoit convenable de se livrer beaucoup au public dans le temps que, selon les apparences, son mari alloit essuyer de grands perils.
[…]
[p. 234] Le depart du roi d’Angleterre pour l’Irlande ne laissa pas une grande esperance au Roi de le voir remonter sur le trone. Il n’avoit pas eté longtemps en France sans qu’on le connut tel qu’il etoit, c’est-à-dire un homme enteté de sa religion, abandonné d’une manière extraordinaire aux jesuites. Ce n’eut pas eté pourtant son plus grand defaut à l’egard de la Cour ; mais il etoit foible, et supportoit plutôt ses malheurs par insensibilité que par courage, quoiqu’il fut né avec une extreme valeur, soutenue du mepris de la mort, si commun aux Anglois. Cependant c’etoit quelque chose qu’il eut pris ce parti là. On en etoit defait en France et, selon les apparences, les troupes que le prince d’Orange s’etoit engagé d’envoyer sur les cotes pour faire une diversion alloient passer en Irlande. On donna donc à Sa Majesté une escadre de dix vaisseaux, et il arriva enfin heureusement en Irlande avec beaucoup d’officiers françois et avec tous les Anglois et Irlandois qui l’etoient venus trouver, ou qui avoient demeuré en France. Le Roi les fit conduire tous à Brest par differentes routes, à ses frais, et ils y firent un desordre epouvantable. Le roi d’Angleterre, qui avoit eté homme de mer etant duc d’York, ne fut pas contant de la marine, et le manda au Roi : cela donna des vapeurs à M. de Seignelay. Il y eut des ordres pour faire conduire à Brest toutes les choses necessaires pour l’Irlande : elles y furent expediées avec promptitude et en grande quantité, parce que M. de Louvois s’en mela.
[…]
[p. 239] Cependant la reine d’Angleterre etoit à Saint Germain, dans une tristesse et un abattement epouvantables. Ses larmes ne tarissoient pas. Le Roi, qui a l’ame bonne et une tendresse extraordinaire, surtout pour les femmes, etoit touché des malheurs de cette princesse et les adoucissoit par tout ce qu’il pouvoit imaginer. Il lui faisoit des presens ; et parce qu’elle etoit aussi devote que malheureuse, c’etoient des presens qui convenoient à la devotion. Il avoit aussi pour elle toutes les complaisances qu’elle meritoit : il la faisoit venir à Trianon et à Marly, aux fetes qu’il y donnoit ; enfin il avoit des manieres pour elle si agreables et si engageantes que le monde jugea qu’il etoit amoureux d’elle. La chose paroissoit assez probable. Les gens qui ne voyoient pas cela de fort pres assuroient que madame de Maintenon, quoiqu’elle ne passat que pour amie, regardoit les manieres du Roi pour la reine d’Angleterre avec une furieuse inquietude. Ce n’etoit pas sans raison, car il n’y a point de maitresse qui ne terrasse bientôt une amie. Cependant le bruit de cet amour ne fut que l’effet d’un discours du public, fondé sur les airs honnetes que le Roi ne pouvoit s’empecher d’avoir pour une personne dont le merite etoit aussi avoué de tout le monde que celui de la reine d’Angleterre, quand meme elle n’eut eté que particuliere. »

Pioche de La Vergne, Marie-Madeleine

Acte de baptême d’Edouard François Delastre à Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Ce jourd’huy quatorzième jour d’avril mil six cent quatre vingt neuf, a eté baptisé par moy pretre, prieur et curé de cette paroisse, François Edouard, né le quatrieme de ce mois, fils de Jacques Delastre, ecuyer, porte arquebuse du roy de la Grande Bretagne, et d’Elizabeth Jacquesson, sa femme. Le parein tres reverend et tres illustre prince de l’Eglise messire Philippes Ellys, eveque d’Aurelioplis, la mareine dame Victoria Montecuculi, comtesse d’Almont, pour tres illustre et tres serenissime princesse Marie d’Este, reine d’Angleterre, lesquels ont signé.
Philippus Mich. Ellis, episcopus
Vittoria Montecuculi C. A.
René de Mornay »

Acte de baptême de Winifred Roche, fille d’un officier de la Bouche de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt neufiesme jour de septembre mil six cens quatre vingt neuf, a eté baptisé par moy pretre vicaire de cette paroisse Wonifrida, née du vingt sixieme jour de ce mois, fille de Jean Roche, officier de la Bouche de la reine d’Angleterre, et de Anne Pesse, sa femme, de cette paroisse, le parein tres illustre prince de l’Eglise Philippe Ellis, eveque d’Aureolople, la mareine dame Wonifrida Stricland, femme du chevalier Strikland, sous gouverneur du prince de Galles, lesquels ont signé.
Philipp Michael Ellis, ev. d’Aureliople, vicaire apostolique d’Angleterre
Michel
Winsfrida Strickland »

Acte d’inhumation du marquis de Cattaneo, envoyé du duc de Modène auprès de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui onzieme jour d’octobre mil six cent quatre vingt neuf, a eté inhumé dans cette eglise le corps de messire Jean François, marquis de Cattaneo, envoyé extraordinaire de Modene à la reine de la Grande Bretagne, agé de soixante et dix ans, decedé le jour precedent en cette paroisse, vepres des morts, prieres et suffrages accoutumées chantées pour le repos de son ame es presences de messires Pierre Bernard, pretre, et Jacques Pigeard, diacre, habitués en cette paroisse, lesquels ont signé.
P. Bernard
P. François, Pigeard »

Acte d’inhumation d’Henriette Marie Douglas, fille du comte de Dumbarton, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui seizieme jour de novembre mil six cent quatre vingt neuf, a eté inhumé dans l’eglise le corps de Henriette Marie Dumbarton, agée de cinq mois et demy, decedée ce meme jour, fille de Georges, comte de Dumbarton, gentilhomme de la chambre du Roy d’Angleterre et lieutenant general de ses armées, et de dame Anne Wheahy, ses pere et mere, es presences de messire Pierre Besnard, pretre, et Jacques Pigeard, diacre, lesquels ont signé.
P. François, P. Bernard, Pigeard »

Acte de baptême de Louise Faval, fille d’un officier de la vénerie du roi d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Le 27esme jour de decembre 1689, a esté baptisée Louise, née le vingt troisiesme de decembre, fille de Antoine Faval, lieutenant de la venerie du roy d’Angleterre, et de Jeanne Cecile Hebert, sa femme, ses pere et mere, le parein Charles Lesbornes, grand ecuyer du roy d’Angleterre, la mareine madame Loucie Herbert, fille de monsieur le duc de Poïs, lesquels ont signé.
Charles Leyburne
Lucy Herbert
Michel »

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, mercredi 5 janvier 1689
[…] Vous allez voir, par la nouvelle d’aujourd’hui, comme le roi d’Angleterre s’est sauvé de Londres, apparemment par la bonne volonté du prince d’Orange. Les politiques raisonnent et demandent s’il est plus avantageux à ce roi d’être en France : l’un dit oui, car il est en sureté et il ne courra pas le risque de rendre sa femme et son fils ou d’avoir la tete coupée, l’autre dit non car il laisse le prince d’Orange protecteur et adoré des qu’il y arrive naturellement et sans crime. Ce qui est vrai, c’est que la guerre nous sera bientot declarée, et que peut etre meme nous la declarerons les premiers. Si nous faisions la paix en Italie et en Allemagne, nous pourrions vaquer à cette guerre angloise et hollandoise avec plus d’attention ; il faut l’esperer, car ce seroit trop d’avoir des ennemis de tous cotés. Voyez en un peu où me porte le libertinage de ma plume, mais vous jugerez bien que les conversations sont pleines de ces grands evenemens.
[…]
Nous allons vaque presentement à la reception de Leurs Majestés angloises, qui seront à Saint Germain. Madame la Dauphine aura un fauteuil devant cette reine, quoiqu’elle ne soit pas reine, parce qu’elle en tient la place. »

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, mercredi 26 janvier 1689
[…] Peut etre que le prince d’Orange n’aura pas le tems cette année de songer à la France ; il a des affaires en Angleterre et en Irlande, où l’on veut armer pour le Roi : nos mers sont toutes emues, il n’y a que notre Mediterranée qui soit tranquille. Je ne sais à qui en ont vos femmes avec leurs vœux extravagans ; je voudrois y ajouter de ne plus manger d’oranges et de bannir l’oranger en arbre et en couleur : ce devroit être sur nos cotes que l’on fit toutes ces folies.
Je crois, en verité, que le roi et la reine d’Angleterre sont bien mieux à Saint Germain que dans leur perfide royaume. Le roi d’Angleterre appelle M. de Lauzun son gouverneur, mais il ne gouverne que ce roi, car d’ailleurs sa faveur n’est pas grande. Ces Majestés n’ont accepté de tout ce que le Roi vouloit leur donner que cinquante mille francs, et ne veulent point vivre comme des rois ; il leur est venu bien des Anglois, sans cela ils se reduiroient encore à moins : enfin, ils veulent faire vie qui dure. »

Récit de l’installation du roi et de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 280] Le 21 au matin, jour de S. Thomas, le bastiment qui portoit la reine d’Angleterre arriva à Calais, après [p. 281] avoir couru risque de faire naufrage au port, puisqu’il s’en fallut peu qu'il ne touchait un banc qui en estoit à dix pas ; mais le maistre du paquetbot qui se trouva là fort à propos luy servit de guide, et empefcha par là ce malheur. Après que la reine fut debarquée, le capitaine du yacht dit qu'il sçavoit bien qu'il menoit cette princesse et le pince de Galles, et qu'il l'avoit toujours reconnu. Elle ne voulut point que M. le duc de Charost luy fist rendre aucuns [p. 282] honneurs à Calais. […] [p. 283] Comme la reine [p. 284] devoit faire quelque sejour à Bouligne jusqu’à ce qu’on eust receu des nouvelles de la Cour, elle demanda d’estre logée au convent des Ursulines mais, M. le duc d‘Aumont ayant fait preparer l’appartement de madame la duchesse sa femme, elle ne put le refuser. […] [p. 284] Cependant, le Roi ayant sceu que cette princesse estoit arrivé en [p. 288] France, ce monarque qui a toujours esté l’appuy des malheureux et l’azil des opprimez en ressentit une joye proportionnée au triste etat ou il scavoit qu’elle se trouvoit. […] [p. 321] La nouvelle de l’arrivée du roy d’Angleterre à Ambleteuse ayant esté receue à Versailles, M. le marquis de Beringhen l’apprit à Beaumont par un courrier que le [p. 322] Roy lui depescha. […] [p. 328] M. le Premier, après s’etre acquité de sa commission auprès de la reyne d’Angleterre, qu’il auroit conduite jusqu’à Saint Germain sans les nouveaux ordres qu’il receut, ne songea plus qu’à partir la nuit mesme pour aller au devant de Sa Majesté britannique. […]
[p. 329] Le 6, cette princesse partit de Beaumont pour se rendre à Saint Germain en Laye, dont le Roy avoit fait meubler le chasteau pour la loger. Il avoit d’abord fait preparer celuy de Vincennes, [p. 330] mais Sa Majesté croyant l’air de Saint Germain meilleur pour la santé du jeune prince, et ce chasteau plus commode pour voir la reyne plus souvent, avoit changé de dessein.
Le Roy partit le mesme jour de Versailles pour aller au devant de cette princesse. Il estoit accompagné de monseigneur le Dauphin, de Monsieur et des princes et principaux seigneurs de la Cour. Il s’avança jusques auprès de Chatou, et les gardes du corps, les gendarmes, [p. 331] les chevaux legers et les deux compagnies de mousquetaires s’etendoient dans la plaine depuis le pont du Pec jusqu’à ce village. Quoyque leurs habits ordinaires soient assez riches et que le tout ensemble produise un effet fort éclatant, chacun s’estoit efforcé ce jour là de se mettre proprement et l’on peut dire que tous les officiers estoient magnifiquement vestus. Le carosse de Sa Majesté et celuy où estoit la reyne d’Angleterre ayant paru, chacun descendit du [p. 332] sien, dans le mesme temps, et le Roy et cette reyne se saluerent. Le Roy luy presenta monseigneur le Dauphin et Monsieur, et la remit ensuite dans le mesme carosse, où estant aussitost monté il se plaça à sa gauche, et monseigneur le Dauphin et Monsieur se mirent sur le devant. Lorsqu’on fut arrivé à Saint Germain, le Roy conduisit la reyne dans l’apartement qui luy avoit esté preparé. Il demeura quelque temps en public avec elle, et luy presenta monsieur le [p. 333] Prince, monsieur le Duc et monsieur le prince de Conty. Le Roy, en prenant congé de cette princesse, luy dit « qu’il alloit voir le prince de Galles pour apprendre s’il n’estoit point fatigué du voyage ». La reyne voulut l’y accompagner et lui dit « qu’elle avoit esté ravie qu’il ne fust pas en age de connoistre ses malheurs, mais qu’à present elle estoit bien fachée qu’il ne fust pas en etat de reconnoistre l’obligation qu’il luy avoit ». Le Roy revint ensuite à Versailles et laissa cette princesse dans [p. 334] l’admiration de ses manieres toutes engageantes et qui, avec le brillant de la majesté, laissent paroistre un air tout affable qu’il seroit difficile d’exprimer. Ce monarque de son costé trouva beaucoup d’esprit et de grandeur d’ame dans cette princesse. Elle a l’air noble ; toute penetrée qu’elle est de sa douleur, elle n’en paroist point embarassée. Elle sent bien ce qu’elle est et quoy qu’elle soit fort honneste, elle scait placer ses honnestez selon les gens et est tout à fait maitresse d’elle mesme.
[…]
[p. 359] Le roy d’Angleterre […] monta à Clermont dans le carosse du Roy que M. le Premier avoit [p. 360] au voyage en allant au devant de la reine et qu’on y avoit fait venir de Beauvais toute la nuit. M. le Premier et M. le duc de Bervick entrerent dans ce carosse avec Sa Majesté, qui alla ainsi jusqu’à Saint Germain en Laye, avec des attelages du Roy qu’on avoit mis en relais. Tout Saint Denis estoit remply du peuple de Paris, qui marqua sa joye par ses acclamations lorsqu’il vit arriver Sa Majesté britannique, ce qui acheva de faire connoiste qu’il n’y a point de peuple au monde si fidelle [p. 361] et si zelé que celuy de France, ny qui se plaise davantage à entrer dans tous les sentimens de son Roy. Tout se trouva remply de peuple, de carosses pleins de personnes de qualité et de cavaliers depuis Paris jusqu’à Saint Denis, et ce prince n’entendit que des acclamations, et ne vit que de la joye sur tous les visages.
Sa Majesté receut ce monarque au milieu de la salle des gardes de Saint Germain. La joye qu’ils eurent de se voir parut dans leurs embrassades, qui furent reiterées [p. 362] plusieurs fois. Leurs complimens estant finis, le Roy mena Sa Majesté britannique dans la chambre de la reine son epouse, qui estoit au lit, et apres y avoir demeuré quelque temps et l’avoir aussi mené chez le prince de Galles, il s’en retourna à Versailles.
Le 8, le roy d’Angleterre vint l’apres dinée à Versailles rendre visite à Sa Majesté, ayant dans son carosse M. le duc de Bervick, M. le Premier et M. de Lausun. Le Roy le receut à la porte de [p. 363] la salle des gardes et le conduisit dans son petit salon, puis dans son cabinet, où ils demeurerent seuls pendant plus d’une heure et demie. Sa Majesté le conduisit ensuite par la grande galerie à l’appartement de madame la Dauphine, qui l’attendoit dans sa chambre avec un fort grand nombre de dames. Cette princesse estant avertie qu’il venoit par la galerie, s’approcha environ à trois pas de la porte. Le roy d’Angleterre entra, accompagné du [p. 364] Roy, de monseigneur le Dauphin et d’une très grande quantité de seigneurs de la Cour. Il baisa madame la Dauphine des deux costez et ensuite Madame qui s’y trouva. Il baisa après monseigneur le duc de Bourgogne, monseigneur le duc d’Anjou et monseigneur le duc de Berry qui accompagnoient tous trois madame la Dauphine. On ne fut point assis. Madame la Dauphine estoit du costé de la balustrade et, le Roy donnant toujours la droite au roy d’Angleterre, [p. 365] estoit avec Monseigneur du costé des fenestres. La conversation dura un quart d’heure. Ce monarque prit congé pour aller chez Monseigneur, qui un moment auparavant estoit sorty de chez madame la Dauphine, pour l’aller attendre dans son appartement. Le Roy accompagna ce monarque en sortant jusqu’au haut du grand degré. Monseigneur le receut à la porte de la salle de ses gardes, et le roy fit tomber la conversation sur la campagne de ce jeune prince, [p. 366] à qui il donna les louanges qui luy sont dues, mais il luy dit ensuite « qu’il s’estoit trop exposé et qu’à l’avenir il devoit se menager davantage ». Monseigneur lui repondit, avec beaucoup de presence d’esprit, « qu’estant duc d’York il ne s’estoit pas moins exposé lorsqu’il combattoit dans les troupes de France ». Le roy repliqua « qu’il n’estoit alors qu’un malheureux aventurier mais que comme il seroit presentement le plus ancien lieutenant general s’il avoit continué, il croyoit que le Roy le [p. 367] feroit marechal de France ». Monseigneur le reconduisit jusqu’au mesme lieu où il avoit esté le recevoir. Il alla ensuite chez Monsieur, qui estant veritablement indisposé, gardoit le lit ce jour là. Comme il estoit assez naturel de parler du prince d’Orange, ce qu’on en dit fit tourner la conversation sur la bataille de Cassel et Monsieur fut loué d’avoir battu un pince si fier et qui ne manquoit ny de hardisse ny de courage. Ce prince repondit là dessus [p. 368] « qu’il voudroit qu’une semblable occasion se presentast encore et qu’il exposeroit volontiers sa vie pour le service du roy d’Angleterre ». Ce monarque alla après cela rendre visite à Madame et s’en retourna à Saint Germain. M. le Premier l’y accompagne et luy dit le soir en prenant congé de luy que la Maison du Roy qu’il avoit menée au devant de la reine avoit ordre de demeurer auprès de Leurs Majestez pour les servir.
Le 9, monseigneur le Dauphin se rendit à Saint [p. 369] Germain et visita Leurs Majestez britanniques.
Le 10, Madame et mademoiselle y allerent aussi, et le 12 les princesses du sang.
Le 13, Monsieur les visita pareillement et sur les deux heures les princes du sang firent les mesmes visites. Le mesme jour, sur les quatre heures du soir, la reine d’Angleterre vint à Versailles. Le Roy, monseigneur le Dauphin et Monsieur la receurent au plus haut du grand escalier. Elle parut se defendre la droite [p. 370] de Sa Majesté. On luy avoit preparé un fauteuil qui estoit à droite de celuy du Roy et elle s’y mit. La conservation dura un quart d’heure et l’esprit de cette princesse se montra aussi brillant qu’il avoit dejà fait. Le Roy luy dit « qu’il estoit surpris de l’entendre si bien parler françois et de de qu’on ne luy remarquoit aucun accent etranger ». Elle repondit « qu’elle s’estoit toujours senti de l’inclination pour la France et que c’estoit de là que venoit la facilité qu’elle avoit eue à apprendre le françois ». [p. 371] Leur conservation étant finie, le Roy la conduisit chez madame la Dauphine, qui l’attendoit dans sa chambre avec un tres grand nombre de dames, qui estoient fort parées. Quand cette princesse fut avertie que la reine venoit par la galerie, elle s’avança jusque dans la porte. La reine la baisa d’un costé et madame la Dauphine, luy donnant la droite, la mena dans son grand cabinet. On y avoit preparé six fauteuils, scavoir pour la reine, madame [p. 372] la Dauphine, les trois jeunes princes et Madame. Celuy de la reine estoit au milieud e la chambre et les autres estoient tournez un peu du costé du fauteuil de cette princesse. Toutes les duchesses furent assises. Madame la duchesse de Powis, gouvernante du prince de Galles, et madame la comtesse de Montecuculi, une des dames d’honneur de la reine, comme estoient icy les dames du Palais, puisqu’elles sont plusieurs et qu’elles servent par semaine, eurent [p. 373] les tabourets. On s’etonnera que je donne icy le nom de duchesse à madame de Powis apres l’avoir apellée plusieurs fois marquise ; la raison de ce changement est que le roy d’Angleterre, depuis son arrivée à Saint Germain, a recompensé le zele de M. de Powis, son marquis, en le faisant duc. La conversation dura une demy heure. On se leva et madame la Dauphine conduisit la reine jusqu’à la porte de son cabinet. Cette princesse alla ensuite chez Monseigneur, qui la receut [p. 375] à la porte de la salle de ses gardes et la reconduisit jusqu’au mesme endroit. Elle alla après chez Monsieur et chez Madame, qui luy firent tous les honneurs dus à une reine. »

Lettre de Louvois concernant la conduite de la reine d’Angleterre à Vincennes

« M. de Lauzun
Du 1er janvier 1689
J’ay receu le billet que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire hier à huit heures du matin. Le Roy ne peut croire que rien soit capable de porter le roy d’Angleterre à escrire à la reyne sa femme de retourner en Angleterre avec le prince de Galles, mais si, contre toute apparence, cela arrivoit, Elle m’a commandé de vous faire scavoir, et à M. le Premier, que son intention est que l’on portast la reyne à venir jusques à Vincennes avec le prince de Galles sous tous les pretextes les plus honnestes que vous pourrez vous imaginer. Je suis tout à vous etc. »

Lettre de Louvois concernant la conduite de la reine d’Angleterre à Vincennes

« Le Premier
A Versailles, le premier decembre 1688 [sic]
L’escuyer de M. le duc d’Aumont m’a rendu en sortant de la messe du Roy vostre billet d’hier à 8 heures du matin par lequel et par la lettre de M. de Lauzin qui l’accompagnoit, S. M. a veu ce que le lieutenant du vice amiral d’Angleterre est venu dire à la Reyne, sur quoy Sa Majesté m’a commandé de vous faire scavoir que quand le roy d’Angleterre manderoit à la reyne de s’en retourner seule ou de ramener le prince de Galles en Angleterre, à quoy S. M. ne voit nulle aparence, son intention seroit toujours que vous amenassiez la reyne d’Angleterre et le prince de Galles à Vincennes, vous laissant entendre à la reyne d’Angleterre que comme vous avez eu ordre du Roy de la conduire aud. Vincennes, il n’est pas en vostre liberté de vous arester en chemin et encore moins en prendre un autre que celuy de Vincennes, où vous ne doutez point qu’elle ne soit bien ayse d’ariver pour voir le Roy et prendre avec luy les mesures necessaires pour secourir le roy son mary dans l’estat où il est.
S. M. s’attend d’estre incessamment inf[ormé] par vous du jour precis que la reyne d’Angleterre arrivera à Beaumont afin que S. M. puisse y envoyer un de m[essieurs] les princes du sang pour luy faire compl[iment] et que, scachant le jour precis qu’elle arrivera aud. Vincennes, Elle puisse au[ssy] y faire trouver quelqu’un pour s’informer de [ses] nouvelles. »

Acte de baptême de Jacques François Molza dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Ce jourd’hui vingt unieme jour de mars mil six cent quatre vingt dix, a eté baptisé par moy pretre vicaire sousigné Anne Wonifride, née du dix neufieme jour de ce mois, fille de messire Thomas Stricland, vice chambellan de la reine d’Angleterre, et de Brigitte Manoch, sa femme, le parein M. Daniel Artur, chevalier anglois, la mareine dame Wonifreda Trintam, femme de monsieur le chevalier Thomas Striclhand, lesquels ont signé.
Le chevalier Arthur
Winifrida Trintham
Michel »

Acte de baptême de Marie Ursule Riva, fille du maître de la garde-robe de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt unieme jour de mars mil six cent quatre vingt dix, a eté baptisé par moy pretre vicaire sousigné Anne Wonifride, née du dix neufieme jour de ce mois, fille de messire Thomas Stricland, vice chambellan de la reine d’Angleterre, et de Brigitte Manoch, sa femme, le parein M. Daniel Artur, chevalier anglois, la mareine dame Wonifreda Trintam, femme de monsieur le chevalier Thomas Striclhand, lesquels ont signé.
Le chevalier Arthur
Winifrida Trintham
Michel »

Acte de baptême de Marie Fitzpatrick à Saint-Germain-en-Laye, un gentilhomme de la reine d’Angleterre étant son parrain

« Ce jourd’hui onzieme jour de may mil six cent quatre vingt dix, a eté baptisée par moy pretre vicaire soussigné Marie, née du huitieme jour de ce mois, fille de Edme Phispatri et de Catherine Bourg, sa femme, irlandois de nation, le parein monsieur Edme Bary, gentilhomme ordinaire de la reine de la Grande Bretagne, la mareine dame Anne Roche, femme de monsieur Magdonell, lesquels ont signé.
Edme Barry
Michel
A. Roche »

Acte de baptême d’Hélène Lecomte, fille d’un valet de l’envoyé de Modène auprès de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui dix septieme jour de juin mil six cent quatre vingt dix, a eté baptisée par moy pretre sousigné Helene, née du jour precedent, fille de Gaspard Lecomte, valet de pied de mons. l’envoyé de Modene vers la reine d’Angleterre, et d’Anne Tompson, sa femme, de cette paroisse, le parein Estienne Moronini, valet de chambre de monsieur l’envoyé de Modene, la mareine dame Helene Cimpson, fille de Richard Cimpson, maitre d’hostel de madame Waldegrave, lesquels ont signé.
Helene Simson
Pigeard »

Acte d’inhumation d’Hélène Nagle, décédée au Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’huy vingtieme jour de decembre mil six cent quatre vingt dix, a eté inhumé dans l’eglise le corps de Helene Nagle, agée d’environ neuf ans, decedée le jour precedent dans le château vieil de ce lieu, fille de monsieur le chevalier Nagle ; vepres des morts, prieres et suffrages accoutumées chantées pour le repos de son ame es presences de messires Pierre Bernard et Jacques Pigeard, pretres, lesquels ont signé.
Pigeard, P. Bernard »

Marché pour fourniture à la reine d’Angleterre de foins, pailles et avoines à Saint-Germain-en-Laye

« Par devant Louis Guillon de Fonteny, [nottaire et] gardenottes du Roy à Saint Germain en Laye [soussigné], fut present Louis Paulin, marchand demeurant aud. Saint Germain en Laye, lequel s’est par ces presentes obligé envers la Reyne Sa Majesté britannique, de present aud. Saint Germain, [ce] acceptant par messire Robert de Stor[], vice chambelan de Sad. Majesté britannique, p[resent et acceptant], de fournir et livrer pour les chevaux [de Sad.] Majesté britannique tous les f[oins, pailles] et avoynes, à commencer à livrer lesd. foins de ce jurd’huy, pailles et avoines aussy, jusques au premier octobre prochain venant, [la botte] duquel foin, bon, loyal et marchand sera pesant de dix à unze livres, chacune botte de paille de neuf à dix livres paisant, et à l’esgard de l’[a]voy[ne le septier] sera composé de vingt un bois[seau mesure] de Saint Germain, lesd. pailles et avoynes aussy, le tout bon, loyal et marchand, le tout que led. Paulin fournira aud. Saint Germain, rendu dans les greniers des ecuries, et neanmoings la livraison de l’avoyne et reception d’icelle dans le magasin dud. Paulin aud. Saint Germain. Quant au foin et à la paille, la livraison et reception en sera fait à la descharge ausd. greniers aud. Saint Germain. Lesd. foins et pailles seront composez chacun de cent quatre pour cent. Ce marché fait moyennant et à raison, scavoir pour chacun cent de foin dix sept livres et quinze sols, pour chacun cent de paille neuf livres, et pour chacun septier d’avoyne de vingt un boisseau sept livres, le tout fourny et livre comme il est dit cy dessus. Lesquels prix led. seigneur de Strucklande promet payer aud. Paulin de mois en mois, et en cas que led. Paulin ne fournisse ponctuellement ce que dessus selon les ordres qui luy en seront donnez, et le tout bon, loyal et marchand comme il est cy dessus expliqué, sera permis aud. seigneur Strucklande d’en faire prendre où bon luy semblera [à ses] frais et deppens, risques, perils et fortune. A esté accordé entre les partyes que, sy les six mois du present marché expirez, les foin, avoyne et paille sont en mesme estat que à present, il sera à la disposition dud. Paulin de continuer le present marché pour autres six mois, à commancer à l’escheance d’iceluy, aux mesmes conditions y portées, et encores au bout des aultres six mois recontinuer led. marché pour mesme temps, et de six mois et ainsy continuer. Promettant. Obligeant chacun en droit soy. Renonçant. Fait et passé [aud. Sainct] Germain en Laye, au vieil chasteau dud. Saint Germain, en l’apartement dud. seigneur Stru[cklande], presence de maitre Pierre Auffroy et de Laurent Antoine, demeurant aud. Saint Germain, tesmoins, l’année mil MVIc quatre vingts dix, le premier jour d’avril, et ont signé.
Paulin, Rob. Strucklande
Auffroy, Antoine
Guillon de Fonteny »

Acte de baptême de Quintilien Jean Joseph Monetoni, dont la marraine est la dame d’honneur de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Le 27esme jour de decembre 1689, a esté baptisée Louise, née le vingt troisiesme de decembre, fille de Antoine Faval, lieutenant de la venerie du roy d’Angleterre, et de Jeanne Cecile Hebert, sa femme, ses pere et mere, le parein Charles Lesbornes, grand ecuyer du roy d’Angleterre, la mareine madame Loucie Herbert, fille de monsieur le duc de Poïs, lesquels ont signé.
Charles Leyburne
Lucy Herbert
Michel »

Acte baptême d’Henriette Marie Douglas, fille du comte de Dumbarton, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui dix septieme jour de novembre mil six cent quatre vingt dix, a eté baptisée sans condition par moy abbé de Notre Dame de Sully, prieur et curé de ce lieu, Henriette Marie, née du treizieme de ce mois dans le chasteau de ce lieu, fille de Georges, milord de Dumbarton, gentilhomme de la chambre du roy de la Grande Bretagne et lieutenant general de ses armées, et de dame Anne Wheatly, son epouse, le parein monsieur Carille, secretaire de la reine de la Grande Bretagne, la mareine dame Henriette Waldegrave, veuve de feu milord Waldegrave, envoyé extraordinaire du roy, lesquels ont signé.
L’abbé Converset, prieur de Saint G.
J. Caryll
Fitz Rot Waldegrave »

Acte de mariage de Michel Lenoble, chef de fruiterie du roi d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt unieme jour de novembre mil six cent quatre vingt [dix], a esté fait et solemnisé en face de la sainte Eglise par moy pretre sousigné le mariage de Michel Lenoble, chef de fruiterie du roy d’Angleterre, agé de cinquante ans, veuf de deffunte Marie Gradine, d’une part, et damoiselle Louise Fricaut, agée de trente deux ans, veuve de deffunt Jean G[…], officier du roy d’Angleterre, d’autre part, tous deux de cette paroisse à present, apres la publication d’un ban faite en cette eglise au prone de la messe de paroisse le vingt huitieme d’octobre dernier et dispense des deux obtenue de monseigneur l’archeveque de Paris dattée du septieme de ce mois avec permission d’etre fiancés et mariés en meme jour, le tout sans opposition, es presences de Dominique Roger, tailleur de Sa Majesté britannique, de Dominique Dufour, valet de chambre de la reine d’Angleterre, de Mathieu Tunot, bourgeois de Paris, d’Antoine Oudan, aussy bourgeois de Paris, lesquels ont signé avec les mariés.
Michel Noble
Louise Fricault
D. Rougé, Houdan
Dufour, Calevan, pr.
Tunot »

Acte d’inhumation de lord Waldegrave, grand maître de la maison du roi et de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’huy vingt sixieme jour de janvier mil six cent quatre vingt dix, a eté inhumé dans cette eglise le corps de milord Waldegrave, grand maitre de la maison du roy et de la reine de la Grande Bretagne, agé de vingt huit ans, decedé le vingt quatrieme de ce mois dans le château vieil de ce lieu ; messe haute, pieres et suffrages accoutumées chantées pour le repos de son ame, es presences de messire Pierre Bernard et Jacques Pigeard, pretres, lesquels ont signé.
Pigeard, P. Bernard
C. Regnault »

Acte d’inhumation de Jean Gros, valet de garde-robe et tailleur de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui septieme jour de mars mil six cent quatre vingt dix, a eté inhumé dans l’eglise le corps de Jean Gros, valet de garde robe et tailleur de la reine d’Angleterre, agé d’environ quarante cinq ans, decedé le jour precedent ; vepres des morts, prieres et suffrages accoutumées chantées pour le repos de son ame, es presences de messire Pierre Bernard, pretre, et Jacques Pigeard, aussy pretre, lesquels ont signé.
P. Bernard, Pigeard
C. Regnault »

Acte de baptême d’Anne Winifred Strickland, fille du vice-chambellan de la reine d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt unieme jour de mars mil six cent quatre vingt dix, a eté baptisé par moy pretre vicaire sousigné Anne Wonifride, née du dix neufieme jour de ce mois, fille de messire Thomas Stricland, vice chambellan de la reine d’Angleterre, et de Brigitte Manoch, sa femme, le parein M. Daniel Artur, chevalier anglois, la mareine dame Wonifreda Trintam, femme de monsieur le chevalier Thomas Striclhand, lesquels ont signé.
Le chevalier Arthur
Winifrida Trintham
Michel »

Acte de baptême de Marie Etiennette Delahaie à Saint-Germain-en-Laye, un écuyer de la Bouche de la reine d’Angleterre étant son parrain

« Ce jourd’hui vingt sixieme jour de decembre mil six cent quatre vingt dix, a eté baptisé par moy pretre sousigné Marie Estiennette, née du cinquieme jour de ce mois, fille de Rollin Delahaie et de Jacqueline Jourdain, sa femme, de cette paroisse, le parein Philippes Leserteur, ecuier de la bouche de la reine d’Angleterre, la mareine damoiselle Marie Estienne Vaugon, femme de Charles Lemaire, maitre de latin, de cette paroisse, lesquels ont signé.
Marie Estiennette Vaugon, P. Lesserteur
Michel »

Acte de baptême de Marie MacDonell dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Ce jourd’hui vingt deuxieme jour de mars mil six cent quatre vingt onze, a eté baptisé dans la chapelle du château vieil de ce lieu par monsieur l’abbé de Ronchi, premier aumonier de la reine d’Angleterre, Marie, née du vingtieme jour de ce mois, fille de messire Rodolphe Magdonell, gentilhomme de la chambre du roy d’Angleterre, et de dame Anne Magdonelle, sa femme, a eté nommée par tres haute, tres puissante et tres excellente princesse Marie d’Este, reine de la Grande Bretagne, en presence et du consentement de monsieur l’abbé Converset, docteur de Sorbonne, prieur et curé de ce lieu, revetu de son surplis et etole.
Maria R
J. Ronchi
L’abbé Converset, pr. de Saint Germain »

Acte d’inhumation de la duchesse de Powis dans l’église de Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt deuxieme jour de mars mil six cent quatre vingt onze, a eté inhumé dans cette eglise le corps de tres haute et tres puissante dame madame Elizabeth de Sommerset, gouvernante de monseigneur le prince de Galles, epouse de milord Guillaume Herbert, duc de Powis, grand chambellan de Sa Majesté britannique, agée de cinquante sept ans, decedée le jour precedent dans le château vieil de ce lieu ; messe haute, prieres et suffrages accoutumées chantées pour le repos de son ame es presences de messires Antoine Marques et Jacques Pigeard, pretres, lesquels ont signé.
Marques, Pigeard »

Acte de baptême de Marie Smith dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine d’Angleterre étant sa marraine

« Ce jourd’hui vingt sixieme jour de mars mil six cent quatre vingt onze, a eté baptisé dans la chapelle du chateau vieil de ce lieu par monsieur l’abbé de Ronchi, premier aumonier de la reine d’Angleterre, Marie, née du jour vingt quatrieme de ce mois, fille de Mathieu Smaith et de dame Françoise Smaith, nourice de monseigneur le prince de Galles, et a eté nommée par tres haute, tres puissante et tres excellente princesse Marie d’Este, reine d’Angleterre, en presence et du consentement de monsieur l’abbé Converset, docteur de Sorbonne, prieur et curé de ce lieu, revetu de son surplis et etole.
J. Ronchi
Maria R
L’abbé Converset, pr. de Saint Germain »

Acte de baptême de Guillaume Solvin à Saint-Germain-en-Laye, lady Strickland, sous-gouvernante du prince de Galles, étant sa marraine

« Ce jourd’hui vingt quatrieme jour d’avril mil six cent quatre vingt onze, a eté baptisé par moy pretre sousigné Guillaume, né du jour precedent, fils de Jean Henry et d’Honoré Solvin, sa femme, irlandois de nation, le parein Corneille Colin, pour le chevalier Waldegrave, la mareine damoiselle Elizabeth Paquinson, pour milledi Strickland, gouvernante de monseigneur le prince de Galles, lesquels ont signé.
Elizabeth Parkisn
Marques, Cornelus Colen »

Acte de baptême de Rodolphe Leclerc à Saint-Germain-en-Laye, lady Strickland, sous-gouvernante du prince de Galles, étant sa marraine

« Ce jourd’hui vingtieme jour de may mil six cent quatre vingt onze, a eté baptisé par moy pretre, abbé de Notre Dame de Sully, prieur et curé de ce lieu, Rodolphe, né du seizieme jour de ce mois, fils de messire François Leclerc, gentilhomme anglois, et de dame Elizabeth Bessé, sa femme, le parein messire Robert Rodolphe de Feilding, la mareine dame Wenifride Trentom Stricland, sous gouvernante de monseigneur le prince de Galles, lesquels ont signé.
Robert Rodolphe de Feilding
L’abbé Converset, prieur de Saint Germain
Winefrida Trentham Strickland »

Acte de baptême de François Berteau, fils d’un valet de chambre du roi d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt quatrieme jour de janvier mil six cent quatre vingt onze, a eté baptisé par moy pretre abbé de Notre Dame de Sully, prieur et curé de ce lieu, François, né de ce meme jour, fils d’Antoine Berteau, valet de chambre du roy d’Angleterre, et de damoiselle Marie Boissy, sa femme, le parein François Gaultier, officier du roy d’Angleterre, la mareine damoiselle Madelaine Saint Paul, fille de Nicolas Saint Paul, lesquels ont signé.
F. Faultier, Mary Magdalen Saint Paull
L’abbé Converset, pr. de Saint Germain »

Acte de baptême de Jean Maynard, fils d’un officier de la Bouche du roi d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui septieme jour de mai mil six cent quatre vingt onze, par moy pretre soussigné, a esté baptisé Jean, né le six de ce mois, fils de François Maynard, officier de la Bouche du roy d’Angleterre, et de Marie de Laurier, sa femme, anglois de nattion, demeurans dans cette parroisse, le parrain le chevailler Jean Sparron, contrerrolleur de la maison du roy d’Angleterre, la marraine Marianne Sguina, femme de chambre du prince de Galles, femme de M. de Labadie, premier valet de chambre du Roy, aussi angloise, demeurans dans cette parroisse, lesquels ont signé.
J. Sparone, Mary Delabadie
Coppin »

Acte de mariage de Bevel Skelton, contrôleur général de la maison du roi d’Angleterre, à Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui dixieme jour du mois de mai mil six cent quatre vingt onze, a esté faict et solemnisé en face de la sainte Eglise par messire Thomas Codrington, aumonier du roy de la Grande Bretagne, le mariage d’entre monsieur Bevel Skelton, contrerolleur general de la maison du roy d’Angleterre, demeurant depuis plusieurs mois dans cette parroisse, d’unne part, et demoiselle Marie O’Brien, fille de melord Daniel O’Brien, comte de Clare, et de Philadelphia Lennar, ses pere et mere, aussy de cette parroisse, appres avoir veu le consentement que lad. dame Philadelphia Lennard a donné par ecrit le sixieme mai de la presente année par lequel elle temoigne consentir à ce que mademoiselle O’Brien sa fille espouse monsieur Bevel Skelton, la dispence que monseigneur l’archeveque de Paris a accordé pour la publication des trois bancs, la permission de fiance et d’epouser au meme jour, du consentement des parents et s’il ne se trouve aucun empechement, ne s’estant presenté aucune opposition, le dit mariage a esté faict et solemnisé du consentement et en presence de M. l’abbé Converset, pretre, docteur de Sorbonne, abbé de Notre Dame de Sully, prieur et curé de ce lieu, revestu de surpellis et d’estolle, presents milord duc de Barvic et M. Robert Strickland, chambellan de la reine, M. Rodolphe Magdanel, chambellan de Sa Majesté britannique, madame la comtesse de Sussecs, tante de l’epouse, madame de Walgrave, fille de Sadite Majesté, qui ont signé.
B. Skelton
Mary O’Brien
Berwick, Ran. M.Donel
Rob. Strickland
Fitz Roy Sussex
Thomas Codrington
Fitz James Waldegrave
L’abbé Converset, prieur de Saint Germain en Laye »

Acte de baptême d’Elisabeth Victoire Branche à Saint-Germain-en-Laye, un officier de la reine d’Angleterre étant son parrain

« Ce jourd’hui vingt cinquieme juin mil six cent quatre vingt onze, a esté baptiée par moy pretre, docteur de Sorbonne, abbé de Notre Dame de Sully, prieur et curé de ce lieu, Elisabeth Victoire, née du vingtieme de ce mois, fille de Nicolas Branche et de Catherine Lanelin, sa femme, de cette parroisse, le parrain Laurent Baouzi, officier de la reyne d’Angleterre, la marraine Elisabeth Scheclax, fille de Jacques Scheclax et de Christine Scheklax, ses pere et mere, tous deux anglois de nation, maitnenant demeurant dans cette paroisse, la marraine a signé, le parrain a declaré ne scavoir signer.
L’abbé Converset, prieur de Saint Germain
Elizabeth Shaklock »

Acte de mariage à Saint-Germain-en-Laye en présence d’un valet de chambre du roi d’Angleterre

« Ce jourd’huy troisieme septembre mil six cent quatre vingt onze, par moy pretre soussigné a esté faict et solemnisé en face de la sainte Eglise le mariage de Jean Thomassin, agé de trente ans ou environ, fils de Quentin Thomassin et d’Anne Vaudonet, ses pere et mere, de la paroisse d’Ancy le France, diocese de Langres, et Onefritte Probé, agée de vingt ans ou environ, fille de Jean Probé et d’Anne Belmont, de la ville de Londres, demeurant depuis longtemps dans cette parroisse, d’autre part, appres avoir publié dans cette eglise les trois bans de ce futur mariage, scavoir le vingt quatrieme et le vingt sixieme aoust et le deux septembre, et veu le certifficat de la publication des trois bans faicte dans la parroisse d’Ancy le France, en datte du trentieme du mois dernier passé, les fiancailles faictes le jour precedent, le tout sans opposition, en presence du sieur Charles Forestier, valet de chambre de Sa Majesté britannique, Germer Bromer, equiuer de cuisine de Sadite Majesté, le sieur François Thureau, secretaire de M. Squelton, contrerolleur general de la maison du roy d’Angleterre, et de Jean Dujardin, valet de chambre de M. Squelton, tous amis des espousés, lesquels ont signé avec les dits espousés.
Jean Thomassin
Probee, Charles Forestier, Geremyah Broomer
Jean Dujardin, F. Hureau, Goubinat
Marques »

Acte de baptême de Georges Botelard à Saint-Germain-en-Laye, le contrôleur de la maison du roi d’Angleterre étant son parrain

« Ce jourd’huy troisieme septembre mil six cent quatre vingt onze, par moy pretre soussigné a esté baptisé George, né le premier jour de ce mois, fils de Jean Botelard, gentilhomme anglois, et de Françoise Dixme, sa femme, demeurants en cette parroisse, le parrain M. le chevallier Jean Sparra, contrerrolleur de la maison du roy d’Angleterre, la marraine madame Françoise Geneins, duchesse de Tirconnel, tous demeurant dans cette parroisse, lesquels ont signé.
J. Sparone, la duch. de Tyrconnel
Coppin »

Acte de baptême de Françoise Botler à Saint-Germain-en-Laye, un officier du roi d’Angleterre étant son parrain

« Ce jourd’huy vingt sixieme octobre mil six cent quatre vingt onze, par moy pretre, docteur de Sorbonne, abbé de Notre Dame de Sully, prieur et curé de ce lieu, a esté baptisée Françoise, née le jour precedent, fille de Richard Botler et de Lucie Cavanagh, sa femme, de cette parroisse, le parrain messire Guillaume Bagnalle, officier du roy d’Angleterre, la marraine dame Susanne Temperly, veufve de deffunct Henry Temperly, tous anglois de nation, et depuis longtemps demeurant dans cette parroisse, qui ont signé.
Duf. Bagenall
Susanna Timperley
L’abbé Converset, prieur de Saint Germain en Laye »

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