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Château-Neuf
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Lettre concernant l’avancée des travaux à Saint-Germain-en-Laye

« De Saint Garmin, ce dimanche 15e avril 1663
Monsieur,
Madamme Villedot la mer est morte, ce quy est causse que les sieurs Villedot ne peuvent estre ycy demin, et comme il n’y aura personne, je ne partiray pas aujourd’huy de Saint Garmin, afin de donner ordre partour.
Tous les logement que nous avons commencé sc’avance beaucoup, mais il n’y a encor rien d’achevez entieremnt. Il y a bien à chacun logement quelque chosse de finy, mais se seroit vous air un destail quy vous pouroit estre ennuyeux. Quant il y aura un apartement entierrement finy, je vous en donneray avis.
Le fer à cheval qui descendoit du château dans la premiere terrasse est quassy tout desmoly et les voultes aussy quy portoient led. perron.
La fondation du gros mur pour revestire le jardin en parterre que faict monsieur Le Noste à la place du plans des preniers n’est pas encor tout à faict fouillée, et je ne scay quand on trouvera la bonne terres pour la bonne fontation. C’est à quoy je prendrai garde que elle soit bien fondé.
Et aussy que l’on la remplisse de bons mattereaux car ceux de ce pays cy ne sont pas tous bons et je vois desja que l’on ne prend pas grande precaution à les bien choissire, ins au contrere. J’auray l’honneur de vous en n’entretenire.
Comme aussy pour de la pierre que l’on prend dans l’isle de Neully et aux environs.
Monsieur Le Noste a fort advancé son parterre en terrasse. Il y en a les deux tierre d’esplany, pres à planté, et un tierre planté de buis et gason.
Je suis, Monsieur, vostre tres heuble et tres obeissant serviteur.
Levau le jeune »

Lettre concernant des incendies survenus au château de Saint-Germain-en-Laye

« Versailles, le 2 décembre 1815
Le sous-préfet de l’arrondissement de Versailles
A monsieur le maire de la ville de Saint-Germain, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis
Monsieur le Maire,
J’attendrai le procès-verbal pour présenter à monsieur le préfet la demande de l’indemnité que vous réclamez en faveur des pompiers qui ont rivalisé de zèle et d’intelligence dans les derniers incendies qui se sont manifestés au château de Saint-Germain depuis l’occupation par les troupes alliées et notamment dans celui du château neuf, maison appartenante aux héritiers Bazire, de laquelle maison les Anglais s’étaient emparés. Je serai plus à même de faire valoir leurs droits lorsque j’aurai à les appuyer des détails de leur conduite.
En attendant, je l’instruis immédiatement du malheur nouveau qui vient d’arriver dans votre ville et de la juste réclamation que vous vous proposez de faire. Je vous prie de me mettre à même de désigner le nombre des pompiers et les noms de ceux qui se seroient fait remarquer au-dessus des autres, de pouvoir rendre compte de leurs familles et de leurs facultés, de spécifier l’indemnité à laquelle vous pensez qu’ils ont droit de prétendre et sur quels fonds elle serait prise (je pense que ce sera sur ceux du département). En général, il est avantageux que les affaires soient indiquées d’abord dans tous les détails. Les demandes vagues donnent lieu à de nouvelles demandes de renseignements et amènent des lenteurs que je voudrais éviter toutes les fois que cela est possible.
Agréez, Monsieur le Maire, la nouvelle assurance de mes sentimens distingués.
Le c. de La Villegontier »

Récit de la naissance de Louis XIV et des relevailles à Saint-Germain-en-Laye

« Ordre des ceremonies faites à la naissance de mondit seigneur le Dauphin, tant à Saint Germain que à Paris, en septembre 1638
Ce discours est de monsieur Saintot, maistre des ceremonies
La Reyne commença à se sentir du travail de son accouchement le samedy quatriesme de septembre mil six cens trente huit à unze heures du soir.
Le dimanche cinquiesme ensuivant, sur les cinq heures du matin, les douleurs s’augmenterent, dont le Roy fut adverty par la damoiselle Filandre. Sa Majesté en mesme temps alla chez la Reyne et envoya advertir monseigneur son frere unique, et aussi pareillement madame la Princesse et madame la Comtesse, lesquels se rendirent tous chez la Reyne à six heures du matin. Il n’y avoit en ladite chambre que le Roy, monseigneur son frere, ces deux princesses, madame de Vendosme par une grace particuliere que le Roy octroya à sa personne, sans qu’aucune princesse ny duchesse en peust prendre consequence, la dame de Lansac, comme destinée gouvernante du fruict qu’il plairoit à Dieu de donner, la future nourrisse de monseigneur le Dauphin, les dames de Senecey et de La Flotte, dames d’honneur et d’atour, les femmes de chambre et la dame Peronne, sage femme, laquelle seule accoucha la Reyne. Derriere et dehors le pavillon de l’accouchement, et à un coin de la chambre, estoit dressé un petit autel où les sieurs evesques de Lisieux, de Meaux et de Beauvais dirent les uns apres les autres leurs messes, et apres, devant ledit autel, firent continuellement des prieres jusques à ce que la Reyne fut accouchée, ce qui arriva sur les unze heures du matin. Dans le grand cabinet de la Reyne, proche la chambre, où le Roy alloit et venoit de l’une à l’autre, estoient la princesse de Guymené, les duchesse de La Trimouille et de Bouillon, les dames de La Ville aux Clercs, de Liancourt, de Mortemar, et quantité d’autres dames de condition de la cour et les filles de la Reyne, Monsieur l’evesque de Meaux, les ducs de Vendosme, de Chevreuse et de Montbason, les sieurs de Souvré, de Liancourt, de Mortemar, de La Ville aux Clercs, de Brion et de Chavigny, les archevesques de Bourges, evesques de Chaalons, de Dardanie, du Mans et quantité de personnes de condition de la cour, de prelats et principaux officiers de la maison du Roy. Donc sur les unze heures, la Reyne [p. 219] accoucha d’un filz, où dans le mesme instant le Roy le fit ondoyer dans la chambre par l’evesque de Meaux, son premier aumosnier, y assistant en outre tous les princes, princesses, seigneurs et dames de la cour, et monsieur le chancelier. Et après le Roy fut en la chapelle du vieux chasteau, suivy et accompagné de toute la cour, où le Te Deum fut chanté avec grande ceremonie. Puis Sa Majesté expedia le sieur du Perré Bailleul à Paris vers le corps de ville, seulement en donner advis.
[…]
[p. 228] Le dimanche vingt sixieme du susdit mois de septembre, la Reyne voulut estre relevée de sa couche et joindre publiquement ses actions de graces à celles de ses peuples, pour redonner à Dieu par voye de sacrifice et re connoissance ce precieux enfant qu’elle avoit receu de luy à titre de bienfait. Le defunt evesque de Lisieux, assez conneu entre ceux de son ordre par les avantages de sa doctrine et de son zele, eut à cet effet ordre expres de Sa Majesté de se rendre à Sainct Germain en Laye pour y celebrer la messe dans sa chambre, à laquelle assisterent plusieurs autres prelats, avec toute sa cour. Apres l’offertoire, le celebrant s’estant tourné pour attendre la Reyne, elle se leva de son drap de pied, qui par dessein avoit esté tenu dans la ruelle de son lict, et fort loin de l’autel, d’où Sa Majesté partit tenant son fils entre ses bras, comme les premices de son sainct mariage, qu’elle porta jusqu’à l’autel, où elle en fit à deux genoux une oblation au roy des roys, le destinant à son service avec sa personne sacrée, et luy donnant l’arbre et le fruict par une mesme offrande, qu’ensuite Sa Majesté scella par une communion qu’elle fit. La messe achevée, et l’evesque de Lisieux estant en pluvial et en mitre, Sadite Majesté prit monseigneur le Dauphin une seconde fois et l’alla presenter à la ceremonie. En cette solennité, outre les dames et les principaux officiers de sa Maison, employez à divers ministeres selon leur qualité, l’evesque de Saint Brieux et l’abbé de Sainct Denys, premier aumosnier de Sa Majesté, tenoient l’estole [p. 229] sur la teste de monseigneur le Dauphin, et l’evesque de Lisieux commençant la lecture de l’Evangile, ce fut merville que cet enfant royal arresta fixement sa veue sur ce grand prelat sans poussez un seul cry, comme si des l’entrée de sa vie Dieu l’eust rendu capable d’honorer les mysteres de l’Eglise par cette attention et ce silence respectueux. Mais c’est chose plus remarquable que l’evesque de Lisieux, prononçant certaines paroles qui l’obligerent de prendre ce petit prince par la main, à mesme temps il luy serra la sienne d’une vigueur et d’une force toute extraordinaire, donnant par là des augures qu’un jour son bras et sa puissance sera liée à celle des pasteurs pour la gloire de Dieu, pour le soustien de la Religion et la defense de l’Eglise. Cette ceremonie dura bien pres de trois quarts d’heure, pendant lesquels Sa Majesté portoit tousjours sans secours de personne ce cher enfant, de qui la contenance ravissoit tout le monde. Apres cela, on laisse à juger si ce n’estoit pas la raison que tous les soins des François et leurs affections fussent lors attachées à son berceau, s’il n’estoit pas juste d’esperer que ce soleil levant dissipera un jour tous les nuages qui couvrent ce royaume et si cette esperance n’oblige pas de benir à jamais Dieu qui l’a donné, le Roy qui l’a produit, et la Reyne qui l’a conceu pour la prosperité de cette monarchie.
Le lundy vingt septiesme septembre, le feu Roy partit de Chantilly et vint coucher à Luzarche, le lendemain à Escouan et arriva le mercredy vingt neufieme à Sainct Germain, où le defunt cardinal duc de Richelieu se rendit aussi des armées de Picardie le mesme jour et quasi à mesme heure que Sa Majesté, laquelle il trouva dans la chambre de monseigneur le Dauphin, où la Reyne estoit aussi. Il seroit mal aisé d’exprimer de quels transports de joye Son Eminence fut alors touchée, voyant entre le père et la mere cet admirable enfant, l’objet de ses souhaits et le dernier terme de son contentement. Puis Sadite Eminence s’en alla coucher à Ruel. »

Lettre concernant l’ameublement du musée de Saint-Germain-en-Laye et le pavillon Henri IV

« Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
Château et parterres et terrasses de Saint-Germain-en-Laye
Bureau de l’architecte
République française
Paris, le 20 décembre 1908
L’architecte du château de Saint-Germain à monsieur le sous-secrétaire d’Etat des Beaux-Arts
Le soussigné a signalé à l’administration que les travaux de grosses réparations au château de Saint-Germain étaient achevés mais qu’il était indispensable de pourvoir, par un crédit spécial, à l’ameublement de la salle dite de Mars et de locaux adjacents, afin que les collections emmagasinées d’objets du musée puissent être classées définitivement par les soins de M. le conservateur de ce musée. Un devis spécial à ces derniers travaux a été adressé au bureau compétent, dont la dépense sera imputable sur les crédits dont disposera le bureau des Bâtiments civils pour l’exercice 1909.
En ce qui concerne la participation de la commission des Monuments historiques, il n’y a plus lieu de faire de proposition en ce qui concerne le château. Mais il convient d’appeler l’attention de Monsieur le Sous-Secrétaire d’Etat sur la situation fâcheuse au point de vue de sa conservation de la grotte du pavillon dit de Henri IV, que son classement et l’intérêt de son architecture recommandent à la sollicitation de la commission compétente.
La célèbre grotte et deux de ses façades sont en mauvais état. Le possesseur laisse ce précieux reste du château neuf, édifié par ordre de Henri II et ses successeurs, dans un complet abandon. C’est à peine si la grotte peut être visitée, encombrée qu’elle est par du matériel de restauration. Des dégradations qui pouvaient compromettre un point près son entrée ont donné lieu à quelques travaux de consolidation et la faible dépense imputée régulièrement sur un crédit disponible.
Après l’achèvement des travaux du château, le soussigné peut proposer comme étant de première urgence la restauration des parties les plus dégradées de la grotte et d’y consacrer vingt mille francs, tant pour l’intérieur que pour l’extérieur, en appelant à participer le propriétaire de l’immeuble suivant les usages établis et dans la proportion que proposera M. l’inspecteur général après un examen de l’état de la partie classée des bâtiments du château neuf. Le soussigné a demandé à l’inspecteur, M. Choret, de connaître l’adresse du possesseur de la grotte. C’est M. Guérin Catelain, ancien exploitant du restaurant du pavillon Henri IV. Il demeure à Bilhem-le-Neuf, par Hairincourt, Pas-de-Calais.
Si le soussigné y était invité par le bureau compétent, il se mettrait en mesure de réunir quelques documents graphiques de la grotte afin que la commission des Monuments historiques ait sous les yeux des photographies ou des dessins, et il pourrait aussi se mettre en rapport avec M. Guérin Catelain s’il y était autorisé.
Daumet »

Ministère de l'Instruction publique

Marché pour la restauration de l’entrée du Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye

« Devis des ouvrages de massonnerie à faire pour le restablissement de la principalle porte du chasteau neuf de Sainct Germain en Laye qu’il doibt faire comme il ensuit pendant la presente année 1688
Premierement
Sera fait des balustrades a[utour de la] terrasse du dessus de laditte p[orte …] d’apuis des formes et façons de [celles qui y sont], dont les balustres seront de pierre [de Saint] Leu et les appuys de pierre du bas li[ais de] Montesson, et sera fait les socles aux […] du dessous des balustrades ou […] et ceux qui pouront resservir se[ront] blanchis, moyennant le prix et so[mme de …] huit livres par chacune thoise courante.
Il sera fait des corniches en la place de [ceux] qui ont manqué au pourtour du dedans et dehors de lad. porte de pareil proffil de ceux qui y sont presentement, lesquelles aur[ont neu]f à douze pouces de portée dans le corps du mur [avec] la saillye qui sera pareille et se raco[rdera] aux anciennes, qui seront de pierre de Saint Leu, moyennant le prix et somme de douze livres dix sols pour chacune thoise courante.
Il sera fait les cimezes necessaires pour poser aud. dessus desd. corniches en la place de celles qui ont manqué, de pareil proffil des anciennes et de neuf à douze pouces de portée dans le corps du mur, lesquelles seront de pierre dure du bon banc de Montesson, moyennant le prix et somme de huit livres pour chacune thoise courante.
Il sera desmolly le pavé dans toute la superficie de la terrasse au dessus de lad. porte pour y faire une aire avec bonne chaux et cimant, et ensuite les reposer par dessus bien coullé et fiché avec pareil mortier comme dit est à chaux et cimant, en fournissant par l’entrepreneur toutes les pierres qui ne se trouveront pas bonnes, qui seront du meilleur banc dure de la pierre de Montesson qui ne seront pas au dessous de trois pouces d’epaisseur, moyennant le prix et somme de six livres pour chacune thoise carrée.
Il sera restably tous les murs de face et dedans de lad. porte, à prendre par le dehors de la court au coing des deux pavillons qui joignent lesd. deux murs de closture, et par le dedans de lad. court depuis l’encoigneure desd. deux pavillons jusques et compris lad. porte, où il sera fait tous les inscrusta[m]ents necessaires de pierre dure et de pierre tendre, qui auront neuf à douze pouces d’equiere au moins, où il sera fait pareillement en tous led. dedans et dehors de lad. porte, mesme aux murs de face desd. pavillons tous les restablissements de briques necessaires pour l’entiere perfection de tous les façades [et] dessous de voutes à faire aud. […] voutes, en ostant par l’entrepreneur toutes les pierres où il sera necessaire […] incrustrements pour y poser […] voudra y remplacer […] bon mortier bien coullé et […] fait par led. entrepreneur […] necessaires pour que toute la p[ierre …], mesme les colonnes, soient toute [de la] mesme coulleur, sans qu’il y parr[aisse…], moyennant le prix et somme de […] livres de marché en blocq pour […] les restablissements qui seront n[ecessaires] au pourtour du dedans et dehors [de lad.] porte ainsy qu’il est cy dessus enployé.
Il sera restably le ceintre de la voute qui est au droit du passage du costé [vers] la court, de Saint Leu de l’espaisseur q[ui y est] presentement, moyennant le prix et somme de cent dix livres de marché en blocq pour la rendre faite et parfaitte.
Il sera restably les six ceintres [des] deux costez de la porte, de pareille pierre de Saint Leu, où il sera observé l’espaisseur qui y est presentement, lesquelles seront posées en bonne liaison et bien coullée et fichée avec bon mortier, moyennant le prix et somme de cent vingt huit livres pour faire tout ledit restablissement. Le tout bien et deuement fait au dire d’experts et gens à ce connoissans et qui seront nommez par monseigneur le surintendant, et rendra led. entrepeneur place nette de tous les gravois.
Par devant Louis Guillon de Fonteny, nottaires gardenottes du Roy à Saint Germain en Laye, soubzsigné, fut present Jean Delarue, maistre masson à Saint Germain en Laye, y demeurant, lequel apres avoir pris communiquation à son loisir et que lecture luy a esté faitte par le nottaire soubzsigné et tesmoins cy apres nommez, du devis cy dessus et des autres parts escrit, qu’il a dit bien scavoir et entendre, vollontairement s’est par ces presentes obligé envers Sa Majesté, ce acceptant pour elle par haut et puissant seigneur messire François Michel Le Tellier, mar[quis] de Louvoys et de Cour[tanvault, ministre] et secretaire d’Estat, [surintendant] et ordonnateur general des [Bastiments] de Sa Majesté, arts et [manufactures] de France, de bien et deu[ment faire] et parfaire tous et chacuns [les ouvrages] de massonnerie mentionnez [dans le] devis suivant et conformement [à] icelluy et moyennant les p[rix], charges, clauses et conditions [y] contenues, le tout que mond. seigneur le surintendant p[romet] de faire bailler et payer [aud.] Delarue au fur et à mesure qu’il avancera lesdits ouvrages par le sieur tresorier general des Bastiments de Sa Majesté. Et [a esleu] led. Delarue son domicille [en] sa demeure audit Saint Germain, auquel lieu nonobstant &c. Promettant. Obligeant. Renonçant. Fait et passé à Versailles presence maitre Charles Vieillard, procureur à Saint Germain, et Joseph Realier, clerc, tesmoins, l’an mil six cents quatre vingt huit, le treize mars, et ont signé.
Jean Delarue
Le Tellier
Bealier, Guillon de Fonteny »

Récit par Jodocus Sincerus de sa visite des châteaux de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 293] Lorsque tu es à Paris, il ne faut pas négliger de visiter les lieux voisins les plus remarquables. Outre Fontainebleau, que j’ai décrit tout à l’heure, il y a la ville de Saint-Germain-en-Laye, située à cinq lieues. Elle ne manque pas d’une certaine antiquité. Ce fut le roi Charles V qui en commença le château, ou du moins qui le restaura ; mais François Ier, passionné pour la chasse, le fit reconstruire avec plus d’éclat. Cette ville ne fait partie d’aucun diocèse. Elle est contiguë à une forêt de chênes, appelée le Bois de trahison. Dans l’angle qui regarde la ville, on m’a montré une grande table de pierre auprès de laquelle on dit que la trahison fut conçue ; je laisse à d’autres le soin d’expliquer en quoi cette dernière consistait, et qui l’exécuta, ne voulant pas m’égarer dans les choses incertaines. On prétend aussi que les branches des arbres de cette forêt jouissent de cette propriété singulière, de couleur à fond comme les pierres, au lieu de surnager, si on les jette dans la Seine ; mais je n’ai pas expérimenté le fait.
J’ai encore emprunté à Mérula ce passage. Je dirai en outre que le nouveau château est une construction admirable. J’y ai remarqué six galeries et des grottes dans lesquelles l’eau, amenée par des conduits divers, produit des effets mécaniques étonnants : 1° la grotte d’Orphée, [p. 294] où on voit une statue du poète, tenant une lyre sur laquelle il joue, lorsqu’on fait marcher les eaux. Au son de la lyre, différents animaux s’avancent autour d’Orphée, les arbres s’inclinent, et le roi passe avec le dauphin et toute sa suite ; 2° la grotte d’une jeune musicienne que les eaux mettent en mouvement, et qui lève la tête de temps en temps comme si elle regardait réellement ses auditeurs. À ses côtés, des oiseaux exécutent une mélodie suave. Remarque contre la fenêtre une table de marbre bigarré représentant un gracieux paysage. Au milieu est un tuyau d’où l’eau s’échappe, en courant autour d’obstacles qui la forcent à représenter différentes figures. Contre la muraille intérieure on a placé la statue d’un satyre ; 3° grotte de Neptune : lorsqu’on fait marcher les eaux, deux anges sonnent de la trompette, et, à ce bruit, Neptune paraît, armé d’un trident, et traîné dans un char à deux chevaux ; après être resté un instant, il s’en retourne, et les trompettes sonnent encore. Tu remarqueras sur la muraille les forges de Vulcain ; 4° la grotte de Persée : on voit celui-ci délivrer Andromède et frapper le monstre main de son glaive.
Entre les deux premières grottes tu en verras une cinquième, celle où un dragon lève la tête en battant des ailes, et vomit tout-à-coup de larges torrents d’eau, pendant que des rossignols [p. 295] factices font entendre des chantes harmonieux. Outre ces grottes où les eaux jouent de toute part, il faut voir aussi la grotte sèche, qui offre en été une fraicheur délicieuse ; une fontaine avec une statue de Mercure dans l’une des galeries ; et enfin, dans une des chambres du palais, l’image de la France éplorée qui se laisse choir, et que le roi soulève pour la remettre dans son premier état. »

Sincerus, Jodocus

Lettre concernant le logement de la reine et de sa suite au Château-Neuf

« Monseigneur,
Vous verrés par les compliments que le Roy rend à la Reine que le ceur est en bonne assiette. Il me l’a si particulierement tesmoigné que je vous puis supplier d’assurer la Reine qu’elle recevra icy touttes sortes de contentement. Son logement dans le chasteau neuf est bien ordonné, hormis que madame Eubernet demeure logée prez son antichambre. Elle fait prier un chacun pour la conservation de ce logement. Madame de Guercheville aura la chambre où est maintenant madame la conestable de Monmorancy. Il y a une bonne chambre pour la garderobe de la Reine, une autre aussy belle pour secours, un cabinet pour les robes au bout de la gallerie, et les offices de la Bouche, [f. 234v] chambre pour l’apotiquaire, mais il n’y en peult avoir pour le medecin que au vieux chasteau. Pour le reste du logement, on y travaille et à desloger beaucoup de gens pour accommoder les officiers de la suite de Sa Majesté. Le Roy a commandé à Displan que tout fust bien et espere que la Reine sera ici dimanche ou lundy au plus tard. Quand à moy, j’en prie Dieu de bonheur et que ce soit en parfaitte santé, laquelle aussy je vous souhaite pareille comme estant, Monseigneur, vostre tres humble et tres affectionné serviteur.
Marillac
J’ay eu tous les jours la fievre depuis que je suis party de Monceaux, si elle me continue je seray contrant d’aller hors d’icy donner ordre à ma garison. »

Lettre concernant l’avancée des travaux à Saint-Germain-en-Laye

« De Saint Garmin, ce 11e avril 1663
Monsieur,
Je fut dimanche dernier pour avoir l’honneur de vous rendre compte de mon voyage de Versailles et de Saint Garmin, et recepvoir vos commandement, mais estant pressé de retourner le mesme jour, je ne put avoire ce bonheur : ce sera, s’il vous plais, pour dimanche prochin. Cependant, mon frere vous aura dict comme le Roy fut assé satisfait des advances des ouvrages de Versailles et le temoigna en disant deux ou trois fois que l’orangerie s’avançoit.
A vous dire le vray, le caot de tout ce melanges d’ouvrages se desbroulle et de jour en jour on vera croisre quellques choses de nouveau. Reste à y faire un tour de temp en temp pour y donner les ordres necessaire.
Cependant, j’ay planté mon piquet à Saint Garmin pour desbrouiller encor un aultre caot des logements et apartements du château vieux et neuf, bien plus mellangé et confus que les ouvrages de Versaille, comme vous pourés cognoiste par le memoire que mon frerre vous aura montré, mais bien esloigné de la despence de ceux de Versaille, n’estant que des racommodements, lesquelles je faicts acomoder avec tout le plus grand menage que je puis faire et avec la plus grande dilligence possible, car nous n’avons point de temp à perdre.
Et s’il vous plais, Monsieur, je m’intruiray un peu plus que je ne suis de touttes les aultres ouvrages, tant pour la descente du grand escallier que des terrasse et jardinages, pour vous informer particullierement de tout ce quy ce passera. Et pour ce faire, il faudroit, scauve vostre meilleur advis, qu’il ne fissions rien que de consert ensemble.
Monsieur Le Noste est ycy avec plusieur ouvriers pour faire le parterre en face du bout de la grande gallerie de l’apartement du Roy, où estoit un plan de preniers, lesquels on a abatus. La terres est esplanie et on commencera demin jeudy à planter le buis.
Le sieur Villedot cadet est aussy ycy avec cinq cens ouvriers environ. Il faict faire la fondation du gros mur pour soutenire led. parterre que faict faire le sieur Le Noste. Elle n’est que à demy fouillé dans la fondation.
Il faict demolire en delligence le grand escallier du fer à cheval de la descente du chasteau neuf.
Nous fessons travailler à tous les acomodements des logements des deux chateaux où il y a plussieurs massons. Je ne puis vous en dire davantage, car il n’y a encor rien d’achevez mais je pense que la semainne ne ce passera pas sans achever quelque chosse et dimanche j’oray l’honneur de vous l’aller dire.
Cependant, il vous plaira, sy vous le trouvé bon, de me faire scavoire vostre volonté que j’executeray autant vien que il me sera possible et avec autant de zel et d’efection que je suis, Monsieur, vostre tres heumble et tres obeisant serviteur serviteur et obligé.
Levau le jeune »

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