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Description archivistique
Pièce Vie de Cour
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Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 1er avril 1672
[…]
[p. 271] La Cour est toujours dans la même posture, les choses y vont leur train ordinaire. Le Roi va à son accoutumée chez les dames, on ne parle plus qu’elles se retireront dans des couvents durant la campagne. On ne sait ce qu’elles deviendront. Bien des gens croient qu’elles feront leur séjour à Versailles. Quand elles viennent quelquefois en cette ville, elles ont toujours une escorte des gardes du corps que commande le major. Bien des gens croient aussi que le Roi viendra faire une course à Saint Germain aux couches de la Reine. Monsieur le Prince est beaucoup mortifié de ce que le Roi n’a pas voulu donner un commandement dans son armée à monsieur le Duc, son fils, mais il ne laissera pas de faire son devoir. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« De Paris, le 30 septembre 1667
J’avais commencé cette lettre avant que d’aller à Saint Germain, où je fus mercredi pour y faire un peu de cour, tâcher de voir M. de Lionne et me rendre certain de toutes les nouvelles ci dessus écrites que l’on m’y a confirmées. Mais j’en appris d’abord une grande qui est que monsieur le Prince, y ayant été appelé et y étant arrivé le mardi, le Roi le déclara d’abord général de l’armée qu’il veut mander en Allemagne, forte de 30000 hommes. Ce prince parut d’abord si transporté de joie que chacun connut qu’il rajeunit. Son fils y commandera la cavalerie sous lui. Il ira bientôt en Bourgogne, son gouvernement, et de là en Alsace. Cette nouvelle étonnera l’Empereur et l’empire, et à mon avis je crois que l’on s’est pressé de faire cette déclaration pour intimider les diètes de Ratisbonne et de Cologne afin qu’elles ne résolvent rien au préjudice du Roi. […]
[p. 143] Monsieur arriva mardi à Saint Germain, un peu [p. 144] incommodé ; le mercredi son mal était augmenté et s’étant déclaré en fièvre double tierce, il en partit jeudi avant le jour pour venir ici. Madame y a été aussi et en bonne union avec Leurs Majestés ; elle dîna mercredi avec la Reine et vint aussi le jeudi ici.
M. de Louvois doit partir de jour en jour pour aller en Flandres établir le quartier d’hiver, les contributions, visiter les places, leurs magasins et y mettre tous les ordres nécessaires ; au moins c’est le prétexte, mais l’on croit que c’est pour quelque négociation pour attirer Marsin. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 19 février 1672
Je fus hier à Saint Germain. J’y vis Leurs Majestés et M. le Dauphin, tous en santé. Ils me firent des saluts très civils et ce fut là tout. Ils sont tous dans la joie, on n’y parle que de guerre. Le Roi cependant ne bouge de chez les dames quand il n’a pas d’affaires, et on me dit qu’il préméditait de les mener avec lui et de les tenir dans les places frontières, mais que, comme la Reine ne peut pas y aller à cause de sa grossesse où elle avance heureusement, que le Roi préméditait d’y mener la femme de Monsieur, son frère, avec lui, pour que les dames y allassent avec quelque prétexte et comme à sa suite. Cela néanmoins n’était pas encore bien assuré. On disait il y a quelques jours à Paris que madame la comtesse de Soissons n’était pas bien, qu’elle était mêlée dans l’affaire du marquis de Villeroy et qu’on la devait éloigner de la Cour. Je la vis hier, elle était gaie et je n’entendis rien dire de pareil [p. 249] à Saint Germain. Il y a près de deux mois que je n’avais pas vu ni parlé à M. le comte de Soissons parce que je ne le visite jamais. Je l’entretins longuement dans la chambre de sa femme ; il me parut content, nous parlâmes longuement de la guerre. […]
[p. 250]
Comme [le comte de Jacob] est au lit, il ne peut pas écrire les nouvelles à Votre Altesse royal. Il y en a peu de curieuses. Il y a à Saint Germain, deux fois la semaine, le ballet ; hier, il y eut un opéra en musique et machines, des autres fois le bal et la comédie. Leurs Majestés ont quitté le deuil. Mademoiselle y a toujours quelque petite affaire, elle [p. 251] querella l’autre jour mademoiselle de Toucy, la troisième fille de madame la maréchale de La Mothe, devant la Reine, lui reprochant qu’elle se moquait d’elle. Cette demoiselle voulut aller chez elle pour se justifier, elle la prit par les deux mains et la secoua beaucoup, lui disant qu’elle se moquait d’elle, à la persuasion que cette friponne d’Elbeuf, entendant parler de mademoiselle d’Elbeuf, sœur du duc de ce nom.
On dit que le Roi se divertit quelquefois avec mademoiselle de Théobon, quoiqu’il soit toujours fort empressé des dames. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 15 janvier 1672
La pensée de Votre Altesse royale sur le malheur du comte de Lauzun est très judicieuse et ce ne peut être autre chose. Il en voulait à madame de Montespan, parce qu’elle ne lui était pas favorable. Outre qu’il en a dit du mal, on croit toujours qu’il voulait donner moyen à son mari de l’enlever. Elle a encore peur de l’être et de quelque insulte, car elle ne marche jamais sans gardes, pas même pour aller de sa chambre à la chapelle [à] Saint Germain, bien qu’elle en soit tout contre.
[p. 223] Elle est toujours mieux que jamais. On avait dit que le Roi regardait avec un œil passionné la duchesse de Ventadour et que madame de Richelieu travaillait à la lui rendre facile, mais je n’en crois rien, car outre que le Roi aime toujours beaucoup madame de Montespan, c’est qu’elle est amie de la duchesse de Richelieu et lui a fait avoir la charge de dame d’honneur de la Reine. Il y a bien des gens qui croient que le Roi ne marchera qu’après les couches de la Reine pour ne pas s’éloigner des dames qu’il mènera puis à la suite de la Reine. Si cela était, on ne bougerait d’ici qu’au mois de juillet. C’est à quoi je veille, afin de tenir Votre Altesse royale instruite de ce qu’il fera. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, concernant une visite à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 4 décembre 1671
Quand je sortis hier matin de cette ville pour aller à la Cour, il n’était pas encore bien jour. Je rencontrai néanmoins M. de Louvois dans le faubourg de Saint Honoré, qui y entrait. Je ne croyais pas qu’il retournât à Saint Germain qu’à la nuit. J’allai, y étant arrivé, droit à la chambre du Roi. Il y parut demi heures après. Je l’abordai et le priai qu’à sa commodité je le pusse entretenir un quart d’heure chez lui. Il me dit : « Tout à cette heure », et me convia d’entrer dans le cabinet de Sa Majesté, lieu où personne n’entre que par grande faveur, où Elle devait bientôt aller négocier. Toute la Cour fut surprise de cette action et moi, qui sais les choses, encore plus que les autres. Jamais favori ni premier ministre ne peut [p. 200] rien entreprendre de plus haut ni de plus hardi. Il est vrai aussi qu’on le considère maintenant comme l’un et l’autre, et l’on ne doute plus que, si les choses continuent de la sorte, il ne soit bientôt seul et le tout puissant.
Quand nous fûmes dans ce cabinet, je le remerciai du rang qu’il a procuré au régiment de cavalerie que Votre Altesse a donné au Roi. Il me répondit que Sa Majesté avait avec plaisir pris cette résolution pour satisfaire Votre Altesse royale en ce qu’Elle souhaitait. Il me dit ensuite que monseigneur le prince en serait mestre de camp et M. le baron de Lucinge colonel lieutenant, avec commandement de mestre de camp. Je lui parlai ensuite des commandements que pourraient avoir MM. Cagnol et Grimaldi ; il me répliqué par leur commission de capitaines. Je lui représentai qu’il faudrait aussi leur donner des commissions de mestre de camp, particulièrement au dernier qui a servi durant si longtemps de lieutenant colonel des régiments des feus comte de [p. 201] Broglie et prince Almeric. Il me dit nettement que cela ne se pouvait pas, qu’il y en avait cent dans la cavalerie aussi anciens au service que lui, qui l’avaient demandé et auxquels on l’avait refusé et que, si on ouvrait cette porte, ce serait un embarras et une confusion qui apporteraient de grands désordres au service du Roi, qu’il n’y pouvait pas avoir de mestres de camp que ceux qui avaient des régiments, mais il m’assura que, contre la coutume observée dans ce service jusques à présent, tous les capitaines de ce régiment commanderaient aux Français à leur tour et par l’ancienneté de leur commission. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Rueil, le 30 octobre 1671
Il n’y a pas des nouvelles considérables à la Cour. Le Roi s’occupe dans des perpétuels [p. 178] conseils, à la chasse, va chez les dames. Il y a comédie deux fois la semaine à Saint Germain et régal tous les après minuits des jours maigres. Mercredi que j’y fus, le Roi alla courir le lièvre avec la meute de monsieur le Dauphin. Madame de Montespan sortit un peu avant lui, seule dans une calèche à six chevaux, toutes les glaces tirées, à travers desquelles on l’admirait avec son ajustement et ses charmes ordinaires. Elle était suivie du major des gardes du corps, le chevalier de Forbin, et de trois gardes avec le mousqueton, tous à cheval. Votre Altesse royale peut bien deviner de qui le Roi a pris l’exemple de se servir du major de ses gardes pour ces sortes d’emplois. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« De Paris, le 29 septembre 1667
[…]
La cour est assez mélancolique à Saint Germain ; le Roi y négocie, joue souvent à la paume, et des cinq à six heures de suite il va à la chasse pour le vol et fait l’amour ; l’on en parle si diversement que l’on à peine à croire ce que chacun en dit. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le 27 février 1671
Il n’y a rien ici de nouveau ; la Cour se divertit à son ordinaire à Saint Germain et les dames de la faveur sont toujours dans la même posture. Madame de La Vallière est de tous les écots ; je la vis hier en habit de chasse, pompeuse, dans le carrosse du Roi, où était madame de Montespan et quelques autres dames ; ils allèrent voit voler la pie et la Reine y alla demie heure avec Mademoiselle. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Rueil, le 20 juin 1670
Nous étions mardi à la Cour pour faire compliment à Leurs Majestés sur leur voyage et heureux retour, monsieur le nonce et moi d’ambassadeurs, les envoyés et résidents de Portugal, Suède, palatin et de Mantoue. Nous ne pûmes voir le Roi contre la coutume que l’après dîner, car, encore qu’il se porte bien, néanmoins il se baigne le matin dans la chambre par précaution. Je lui fis le compliment sur la bonne santé qui l’a accompagné dans son voyage, où je l’assurai que Votre Altesse royale l’avait suivi de ses vœux et de ses souhaits, ce que j’accompagnai d’expressions de vénération et de partialité. Il me répondit qu’il avait trouvé les choses en bon état en Flandres et mieux que quand nous y avions été ensemble, qu’il était très satisfait de son voyage. […]
[p. 444] Il me demanda ensuite avec amitié des nouvelles de la santé de Vos Altesses royales et de celle de monseigneur le prince et me témoigna de la joie quand je l’assurai qu’elles étaient parfaites, et je sortis d’auprès de lui très satisfait comme toutes les autres fois que j’ai eu l’honneur d’en [p. 445] approcher. Je vis ensuite la Reine et puis le Dauphin, dont je reçus aussi des grandes marques de bonté pour Vos Altesses royales et de ce prince, qui est toujours plus spirituel, pour monseigneur le prince de Piémont.
Madame arriva avant hier au soir à Saint Germain, fort satisfaite des honneurs, des caresses et des présents que le roi et la reine d’Angleterre lui ont faits, entre autres d’un poinçon et d‘une paire de boucles d’oreilles de grand prix. Leurs Majestés la reçurent avec des grands témoignages de bienveillance. Hier matin, avant le dîner, elle alla chez le Roi et l’après dîner le Roi alla chez elle. Ils s’entretinrent longtemps seuls et ont paru très satisfaits de leurs conférences. On dit qu’elle a fait tout ce qu’elle a voulu à l’avantage de la France, que messieurs de Colbert et de Ruvigny ont fort négocié avec Sa Majesté britannique et signé des traités de commerce pour l’Amérique, ce qui portera du préjudice [p. 446] aux Espagnols et Hollandais. M. le maréchal du Plessis y a aussi beaucoup agi et on a assuré que Madame a parole du roi, son frère, qu’il abandonnera la ligue du Nord quand Sa Majesté Très Chrétienne le voudra. On publie par Paris qu’il veut répudier la reine, sa femme, et épouser mademoiselle de Montpensier, que le Roi Très Chrétien achète tous les biens de cette princesse pour le prix de quinze millions. Je ne croirais pas néanmoins à ces deux dernières nouvelles que je n’en aie des assurances solides, car je vois bien des difficultés pour les exécuter.
Madame hait toujours mortellement madame la comtesse de Soissons, ce qui fait qu’on appréhende qu’elle ne lui fasse pièce. Elle est néanmoins à Saint Germain et jusques à présent elle espère d’aller avec la Cour à Versailles, qui part aujourd’hui de Saint Germain pour y aller faire quelque séjour. Les dames de la faveur sont aussi bien et aussi belles que jamais et toutes choses marchent de leur train ordinaire. »

Lettre du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie, donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 14 mars 1670
La pauvre madame d’Heudicourt a enfin été forcée de quitter la Cour. […]
[p. 406] Je viens de savoir d’un de mes amis qui est venu exprès de Saint Germain pour me le dire que le Roi veut que madame la duchesse d’Orléans aille en Angleterre pour gagner le roi de la Grande Bretagne en sa faveur, que Monsieur n’a été [p. 407] rappelé qu’à ce sujet, mais qu’il s’oppose tout à fait à ce voyage et qu’il couche tous les jours avec Madame depuis qu’il a su cette affaire afin qu’elle puisse devenir grosse, ce qui l’empêcherait de s’exposer, étant enceinte, à un voyage si long et si périlleux.
La duchesse de La Vallière est assurément grosse ; toute son adresse et du Roi est de le cacher à madame de Montespan jusqu’à ce qu’elle ait accouché, de crainte que cette nouvelle, la fâchant, ne lui cause quelques maux. Le confesseur du Roi, se lassant de cette vie, a voulu entièrement se retirer ; Sa Majesté y a consenti en prenant de sa main un autre confesseur jésuite nommé le père Ferrier, de crainte que l’on ne s’aperçût du sujet de la retraite du premier, qui cause beaucoup de scandale. »

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