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Description archivistique
Guerre de Cent Ans
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Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans la Chronique de Charles VII de Jean Chartier

« [t. I, p. 229] [mai-juin 1436] Comment Saint Germain en Laye fut françois
En ce mesme temps, fut mis le chasteau de Saint Germain en Laye en l’obbeissance du roy de France, moiennant certain argent que le conte de Richemont, connestable de France, en fist bailler au cappitaine qui le tenoit de par les Angloiz.
[…]
[t. II, p. 135-136] [septembre-octobre 1449] De la reddicion de la ville de Gisor par appoinctement et composicion faictes avecques eulx
Cependant que le siege estoit devant le susdit chastel de Gaillart, avant la reddicion d’icelluy deux ou trois jours seulement, le susdit seneschal de Poictou, avec ung des escuyers d’escuyrie du Roy nommé Pariot, et ung aultre nommé Pierre de Courcelles, parens de la femme de Richard de Marbury, chevalier anglois, et capitaine de la ville de Gisors pour le roy d’Angleterre, traictierent et appoinctierent avec ledit de Marbury pour la reddicion d’icelle ville en l’obeyssance du Roy, et firent composicion telle [p. 136] que le susdit capitaine traictia et promit de rendre la place de Gisors dans le dix huictiesme jour du moys d’octobre ensuivant. Et, de faict, se rendit ce cappitaine anglois en l’obeyssance du Roy, et luy fit serment fort solemnel en tel cas accoustumé, parmy ce qu’on luy delivrast purement, nettement et sans despens deux de ses enfans, nommez Jehan et Hemond, lesquels avoient esté prins au Ponteaudemer.
Et oultre ce, luy fust accordé qu’il joyroit des susdites terres de sa femme, que les Françoys tenoient et occupoient, fust par don du Roy ou aultrement. Outre plus, a la requeste des parens de sadite femme, et pour les agreables services que le Roy esperoit que luy et ses enfans luy feroient au temps a venir, il le fit cappitaine de Sainct Germain en Laye, et luy donna sa vie durant seullement tous les profits et esmolumens qui appartenoient a ladite cappitainerie. »

Grandes chroniques de France

Récit du passage du Prince noir à Saint-Germain-en-Laye puis de l’incendie du château par le roi d’Angleterre

« [p. 275] Après ce, [Édouard III d’Angleterre] vint à Poissi le samedi XII jour d’aoust, et touz jours le roy de France le poursuioit continuement de l’autre partie du fleuve de Saine, tellement que en plusseurs lieux et par plusseurs foiz, l'ost de l’un pooit veoir l'autre. Et par l’espace de VI jours que le roy d'Angleterre fu à Poissi et que son filz aussi estoit à Saint Germain en Laye, les coureurs qui aloient devant bouterent les feux en toutes les villes d’environ, meismement jusques à Saint Clost près de Paris, tellement que ceulz de Paris pooient veoir clerement de Paris meisme les feux et les fumées ; de quoy il estoient moult effroiez et non mie sanz cause. Et combien que en nostre maison de Rueil, laquelle Charles le Chauve roy et emperere donna à nostre eglise, il boutassent le feu par plusseurs foiz, toutes
voies par les merites de monseigneur saint Denis, si [p. 276] comme nous croions en bonne foy, elle demoura sanz estre point dommagiée. Et afin que je escrive verité à nos successeurs, les lieux où le roy d’Angleterre et son filz estoient, si estoient lors tenuz et reputez les principaulz domiciles et singuliers soulaz du roy de France ; par quoy c’estoit plus grant deshonneur au royaume de France et aussi comme traïson evident, comme nulz des nobles de France ne bouta hors le roy d'Angleterre estant et resident par l'espace de VI jours es propres maisons du roy, et aussi comme ou milieu de France, si comme est Poissi, Saint Germain et Raye et Montjoie où il dissipoit, gastoit et despendoit les vins du roy et ses autres biens. Et autre chose encore plus merveilleuse, car les nobles faisoient affonder les batiaux et rompre les pons par touz les lieux où le roy d'Angleterre passoit, comme il deussent tout au contraire passer à lui par dessus les pons et parmi les batiaux pour la deffense du pays. Entretant, comme le roy d’Angleterre estoit à Poyssi, le roy de France chevaucha par Paris le dimenche et se vint logier atout son ost en l’abbaïe de Saint Germain des Prez, pour estre à l’encontre du roy d’Angleterre qui le devoit guerroier devant Paris, si comme dit est. Et comme le roy eust grant desir et eust ordené d’aler l’endemain contre li jusques à Poissi, il lui fu donné à entendre que le roy d’Angleterre s’estoit parti de Poissi et que il avoit fait refaire le pont qui [p. 277] avoit esté rompu, laquelle roupture avoit esté faite, si comme Dieu scet, afin que le roy d’Angleterre ne peust eschaper sanz soy combatre contre le roy de France. Et quant le roy oy les nouvelles du pont de Poyssi qui estoit reparé et de son anemi qui s’en estoit fui, si en fu moult dolent et s’en parti de Paris et vint à Saint Denis atout son ost, la vigile de l’Assompcion Nostre Dame. Et n’estoit mémoire d’omme qui vit, que depuis le temps Charles le Chauve qui fu roy et emperere, le roy de France venist à Saint Denis en France en armes et tout prest pour bataillier. Quant le roy fu à Saint Denis, si celebra ylec la feste de l’Assompcion moult humblement et très devotement, et manda au roy d'Angleterre par l’arcevesque de Besenson, pourquoy il n’avoit acompli ce qu’il avoit promis. Lequel
respondi frauduleusement, si comme il apparut par après, car quant il se vouldroit partir il adresceroit son chemin par devers Monfort. Oye la response frauduleuse du roy d'Angleterre, si ot le roy conseil qui n’estoit mie bien sain ; car en verité il n’est nulle pestilence plus puissant de grever et de nuire qu’est celui qui est anemi et se fait ami familier. Si s’en parti le roy de Saint Denis et passa derechief par Paris dolent et angoisseux, et s’en vint à Antoigny oultre le Bourc la Royne, et ylec se loga le mercredi. Et tandis le roy d’Angleterre faisoit refaire le pont de Poyssi [p. 278] qui estoit rompu, et cil qui l’avoit oy et veu, si le tesmoigna, car nous veismes à l’eglise de Saint Denis et en la sale où le roy estoit, I homme qui se disoit avoir esté pris des anemis et puis rançonné, lequel disoit en appert et publiquement, pour l’onneur du roy et du royaume, que le roy d’Angleterre faisoit faire moult diligeaument le pont de Poyssi, et vouloit celui homme recevoir mort s’il ne disoit vérité. Mais les nobles et les chevaliers et les plus prochains du roy li disoient qu’il mentoit apertement, et se moquierent de lui comme d’un povre homme. Hélas ! adonc fu bien verifiée celle parole qui dit ainsi : « Le povre a parlé et l’en li a dit : qui est cestui ? par moquerie. Le riche a parlé et chascun se teust pour reverence de lui. » Finablement, quant il fu sceu véritablement que l’en
refaisoit le pont, l’en y envoia la commune d’Amiens pour empeeschier la besoigne ; laquelle ne pot résister à la grant multitude des saiettes que les Anglois traioient, et fu toute mise à mort. Et tandis que le roy estoit à Antoigny, en ycelle nuit li vindrent nouvelles que les Anglois, pour certain avoient refait le pont de Poyssi et que le roy d'Angleterre s’en devoit aler et passer par ylec. […]
[p. 279] Adonques, le vendredi après l’Assompcion Nostre Dame, environ tierce, le roy d’Angleterre atout son ost à armes descouvertes et banieres desploiées, s’en ala sanz ce que nul la poursuist, dont grant doleur fu à France. Et à sa departie mist le feu à Poyssi en l'ostel du roy, sanz faire mal à l’eglise des nonnains, laquelle Phelippe le Bel, pere à la mere dudit rov d’Angleterre, avoit fait edifier. Si fu aussi mis le feu à Saint Germain en Laye, à Raye, à Montjoie, et briefment furent destruiz et ars touz les lieux où le roy de France avoit acoustumé à soy soulacier. Et quant il vint à la cognoissance du roy de France que son anemi le roy d’Angleterre s’estoit de Poyssi si soudainement parti, si fu touchié de grant doleur jusques dedenz le cuer, et moult yrié se parti d’Antoygni et s’en retourna à Paris. Et en alant par la grant rue, n’avoit pas honte de dire à touz ceulz qui le vouloient oyr qu’il estoit tray ; et se doubtoit le roy que autrement que bien il n’eust esté ainsi mené et ramené. Aussi murmuroit le peuple et disoit que telle maniere d’aler et de retourner n’estoit mie sanz trayson, pourquoy plusseurs plouroient et non mie sanz cause. Ainsi le roy se [p. 280] parti de Paris et se vint derechief logier à Saint Denis aveques tout son ost. »

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