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Description archivistique
Centre des Archives diplomatiques Vie de Cour
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Lettre donnant des nouvelles de la Cour à Saint-Germain-en-Laye

« [dans la marge :] Madamoiselle Andrieu à madame de Senecé, 9e avril 1639
Je croy que vous aurez pu cognoistre par ma derniere que je n’ay pas manqué de soin de me donner l’honneur de vous faire scavoir des nouvelles de cette Cour, et particulierement de celles de la Reyne et de monseigneur le Daufin, dont la santé continue tousjours au point que l’on leur peut souhaiter. Ce petit prince est si gras et si fort que si ce n’estoit ses galles, on ne le pourroit tenir emmailloté. L’on ne parle de l’habiller que sur la fin du mois qui vient mais je ne croy pas qu’il puisse attendre ce temps là. La Reyne ne l’abandonne gueres, elle prend grand plaisir à le faire jouer et à le mener promender dans son carrosse quand il fait beau. C’est tout son divertissement, aussy n’y en a t il point d’autre dans la Cour, et je vous puis asseurer, Madame, qu’ils ne sont point augmentez depuis vostre départ
Sa Majesté a veu vostre lettre et m’a tesmoigné en estre extremement satisfaite. […]
[f. 95v]. Le pauvre [f. 96] François Coquet est party d’icy il y a trois jours, fort mal content de la Cour, La Chesnaye luy ayant fait esperer qu’il pourroit avoir une pension du Roy, et mesmes que le Roy luy avoit tesmoigné qu’il seroit bien ayse que ce fust madame de Hautefort qui luy demandast, ce qui ne se trouva pas difficile à cause de l’amitié qu’elle a pour luy, à quoy elle ne manqua pas dès le soir, mais elle trouva le Roy tout contraire à ce qu’on luy avoit fait croire, disant qu’il n’avoit jamais eu dessein de donner de pension à Coquet, que c’estoit un homme qui ne luy servoit de rien et d’autres choses assez desobligeantes, nyant absolument qu’il en eust jamais parlé à La Chesnaye, ny ouy parler. Il le fist venir exprez de Paris, lequel a desadvoué qu’il eust dit à Coquet que le Roy luy en eust parlé, mais bien qu’il luy avoit conseillé d’en parler luy mesme au Roy. Il se trouve que le Roy le croid, et madame de Hautefort croid Coquet. Cela a mis un peu de trouble ans leur conversation ordinaire et a fait faire un voyage au Roy de deux jours à Versailles, d’où il est de retour d’hier. Je pense qu’ils se sont remis. Il n’y a que le pauvre Coquet qui est demeuré bien mal satisfait de son voyage et for mal avec La Chesnaye. [f. 96v] Tout le monde le plaint fort, et cela n’a pas esté faict sans dessain, à ce que tout le monde croit. L’on a donné esperance à madame de Lorraine, aprez un mois qu’il y a qu’elle est icy, qu’elle pourra toucher de l’argent dans quelque temps. Elle s’en retourne dans deux ou trois jours. Mesdames de La Flote et de Hautefort sont vos servantes très humbles et vous remercyent de l’honneur de vostre souvenir. Mes compagnes et madamoiselle de Jussy vous asseurent de leur très humble service et sont ravies que vous leur faciez l’honneur de vous souvenir d’elles, et moy particulièrement, Madame, de la bonté que vous avés pour moy par le soin qu’il vous plaist de prendre de ma santé, qui ne se peut dire ny bonne ny mauvaise. Je veux me persuader que vous me ferés l’honneur, si vous demeurez quelque temps à Milly, de me permettre de vous y aller trouver. Je croy qu’il n’y a point de medecine pour mon mal capable de le guerir comme ce voyage là. Je vous demande cette grace, Madame, par tout ce que vous aymés le plus, et que vous me faciez l’honneur de me croire tousjours vostre très humble et très obeissante et fidèle servante.
Andrieu
La Reyne s’estonne boen que vous ayez donné si tost une robe à mons. vostre petit fils. Elle voudroit bien scavoir combien il a de dens. Monsieur le Daufin n’en a tousjours que deux. »

Lettre concernant la naissance du dauphin à Saint-Germain-en-Laye

« A Saint Germain, le VIe septembre 1638, à trois heures du matin
Le Roy avoit si peur hier matin que Monseigneur aprins la nouvelle de l’acouchement de la Royne et de la naissance de monseigneur le Dauphin avant que le frere de La Chesnaye arrivast aupres de Son Eminence que je n’ay eu que le temps de luy escrire trois mots à la haste dans le cabinet de Sa Majesté.
Le travail de la Royne a esté le plus heureux du monde. Elle n’a esté malade que six heures, apres lesquelles elle est accouchée d’un des plus beaux princes que l’on scauroit veoir. Le Roy y a tousjours esté present et ses deux accez de fiebvre ne luy ont en rien diminué ses forces. Monseigneur verra par la lettre que Sa Majesté luy escrit la joie qu’Elle a d’estre pere. Elle est en effect extraordinaire. Elle fut hier quatre ou cinq fois dans la chambre de monseigneur le Dauphin pour le veoir teter et remuer.
Monsieur est demeuré tout estourdi quand madame Peronne luy a fait veoir par raison phisique que la Royne estoit accouchée d’un filz. Il luy faut pardonner s’il est un peu melancolique. Les six mil escus que le Roy luy a accordez à la priere de Monseigneur le consoleront un peu. Et plus que toutes les choses du monde, l’assurance que je luy ay donnée de la part de Son Eminence que rien ne l’empescheroit de le servir tousjours. Il souhaitte passionnement son amitié et je responds sur mon honneur qu’il [f. 195v] n’oubliera rien de ce qu’il faudra faire pour la conserver.
Le Roy a esté extremement aise de veoir le soin qu’a eu de luy Monseigneur en sa maladie. Je luy ay dit la peyne où il estoit et combien il avoit d’inquietudes de n’estre pas aupres de Sa Majesté. Elle a esté tout je jour d’hier comme si Elle n’avoit jamais eu de fiebvre. M. Bouvard dit pourtant qu’il creint qu’Elle en aye encore deux ou trois accez. Tant y a que l’esprit de Son Eminence doit estre extremement soulagé de ce qu’elle est intermintante. Sa Majesté fait estat, si elle le quitte, d’aller deux jours apres la Nostre Dame à Chantilly pour prendre l’air et estre plus pres de Monseigneur. Elle tesmoigne aussi une grande envie de retourner en Picardie. Mais je ne voudrois pas assurer que sa santé le luy peut permettre.
Le Roy scait un extreme gré à Monseigneur de ce qu’il a voulu demeurer en Picardie et connoist clairement que sa presence estoit absolument necessaire en ces quartiers là pour le bien de ses affaires. Il m’a fait encorre hier mil protestations d’amitié pour Son Eminence et assuré qu’il mourroit plustost que de luy manquer à la moindre chose et qu’il esleveroit monseigneur son fils dans ce sentiment.
On chanta le Te Deum à Saint Germain dans la chapelle du chateau vieux. On fera aujourd’huy la mesme chose à Paris.
[f. 196] Le Roy a trouvé bon l’expedient que monsieur le chancelier a proposé pour le parlement et la chambre des comptes.
Lorsque le siege du Castelet sera achevé, si le Roy ne va point à l’armée, Monseigneur luy fera un extreme plaisir de luy renvoyer des gardes françoises et suisses, parce qu’hier, dans la resjouissance publique, les laquais prirent querelle contre les soldatz de la compagnie de Saint Marc et en ont tué deux ou trois, estans beaucoup plus fortz en nombre. Cela n’a point pleu à Sa Majesté. Elle envoya hier au soir par tous les logis des personnes de condition qui sont à Saint Germain affin qu’ilz eussent à respondre de leurs gens.
J’oubliois à dire à Son Excellence que monseigneur le Dauphin a esté ondoyé par M. l’evesque de Meaux.
Le Roy estime que le vieux M. de Bellefonds doibt estre preferé à tous ceux qui demandent le gouvernement du Castelet.
Messieurs les surintendants venans aujourd’huy icy, je leur parleray des affaires d’Italie affin qu’ils executent ce qui a esté promis au sieur Fabert.
J’escriray à M. de Bellievre ce que Son Eminence m’a commandé.
Le Roy avoit desjà donné la compagnie que demande le lieutenant de Bellerane, sans [f. 196] cela il eust consideré la recommandation de Monseigneur.
Je suplie tres humblement Son Eminence de croire que je contribueray tout ce qui dependra de mon soin et de ma petite industrie pour empescher qu’il ne se passe rien icy contre son service. Et puisque la maladie du Roy n’est pas de consequence, il me semble qu’il n’y a rien icy qui luy doibve donner de l’inquietude.
Outre la lettre que la Royne a escritte à Monseigneur, elle m’a commandé encore de luy faire mil complimentz de sa part. Sa Majesté a eu la fiebvre un peu forte hier l’apres disnée, mais hier au soir elle se portoit assez bien pour le mal qu’elle a enduré.
Encore que le Roy n’aille pas en Picardie, Monsieur est en resolution d’aller trouver Monseigneur. Son Eminance me fera l’honneur, s’il luy plaist, de me mander si elle aprouvera ce voyage. Pour moy, je ne croy pas qu’il fut trop agreable au Roy en l’estat des choses presentes.
Chavigny »

Lettre donnant des nouvelles de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« A Saint Germain, le 25 aoust 1638
Le Roy ayant esté depuis trois jours dans l’incertitude s’il se racommoderoit avec madame de Hautefort ou s’il romproit avec elle, Sa Majesté m’a empesché d’escrire à Monseigneur parce qu’Elle luy vouloit faire scavoir lequel des deux partis Elle prendroit. Elle avoit fait hier au matin une lettre à Son Eminence par laquelle Elle luy mandoit que le peu de satisfaction qu’elle avoit de madame de Hautefort l’obligeroit enfin à se separer d’elle. L’apres disnée, Sad. Majesté me commanda de renvoyer apres le courrier pour l’empescher de partir, parce qu’Elle vouloit encore veoir le soi si Elle pourroit se remettre en bonne inteligence avec la creature.
Enfin, l’inclination a esté la plus forte, le racommodement a esté fait le mieux du monde, et le Roy, qui avoit une inquietude extraordinaire et un fort mauvais visage, est revenu gay au dernier poinct et son ventre s’est abaissé sans user des remedes qu’il pratique d’ordinaire.
Une heure auparavant que ce racommodement se feit, je trouvay moyen de veoir madame de Hautefort. Elle estoit dans la pensée que Monseigneur n’estoit pas satisfait d’elle et, cela estant, dans le dessein de ne plus entretenir de [f. 89v] commerce avec le Roy. Elle me tesmoigna aussi le deplaisir qu’elle avoit de ce qu’on luy avoit raporté que Son Eminence avoit creu qu’elle n’avoit pas eu tous les sentimens qu’elle debvoit pour son service.
Elle me protesta ensuitte qu’elle estoit dans les mesmes sentimens où je l’avois laissée lorsque je luy parlay de l’affaire de madame de Lanssac et qu’elle ne s’en departiroit jamais.
Je l’assuray que Monseigneur estoit tres satisfait d’elle, qu’il n’avoit jamais eu les pensées de sa conduicte qu’on luy avoit voulu persuader, que Son Eminence l’aymoit veritablement, qu’elle souhaittoit qu’elle demeurast tousjours bien aupres du Roy, et qu’elle avoit contribué tout ce qui avoit esté en son pouvoir aupres de Sa Majesté pour empescher ses mauvaises humeurs lorsqu’Elle les luy avoit communiquées.
Ces assurances luy remirent l’esprit et luy feirent prendre resolution de se racommoder avec le Roy, ce qu’elle n’eust jamais fait autrement, et je puis assurer à Monseigneur qu’elle est dans la resolution de se mieux conduire à l’advenir avec Sa Majesté qu’elle n’a fait par le passé, et d’estre plus dependante que jamais de ses volontez. Son intention est aussi de vuivre en amitié avec madame de Lanssac.
[f. 90] Ce recit est un peu long, mais j’ay creu que Son Eminence ne seroit pas marrie de scavoir le particulier de cette affaire qui sembleroit une bagatelle a tous ceux qui ne connoistroient pas l’humeur du Roy.
Il n’y a point encore apparence que la Royne doive accoucher, à ce que disent les medecins, plus tost que de huit jours. Sa Majesté est extremement grosse et incommodée. Je ne dis point à Monseigneur les protestations qu’elle me fait tous les jours de vouloir bien vivre avec luy parce qu’il n’y a pas aparence d’en rien croire que « fructibus ».
La nourrice d’Orleans est enfin retenue, apres qu’on a veriffié, par personnes qu’on a envouyé faire des informations secrettes en cette ville là, que tout ce que M. d’Orleans a dit contre elle et son mary estoient les plus insignes et les plus artificeuses faucetez du monde. Le Roy avec toute sa cour a recogneu la meschanceté de ce bon prelat, que la confusion où il s’est trouvé a fait quitter Saint Germain.
[…]
[f. 91v] Je m’en vais ce soir à Paris affin que nous conferions demain, M. de Bullion et moy, avec les ambassadeurs d’Angleterre, qui nous ont demandé audiance pour faire des propositions nouvelles de la part de leur maitre, dont nous donnerons aussitost avis à Monseigneur.
Je m’en retourneray demain au soir à Saint Germain affin d’estre tousjours aupres de Sa Majesté, preferant le service de Monseigneur à toutes choses et n’ayant point de plus forte passion au monde que d’employer ma vie pour luy faire paroistre que je suis, avec la reconnoissance, le respect et la fidelité que je doibs, sa tres humble, tres obeissante et tres obligée creature.
Chavigny »

Lettre du roi au cardinal de Richelieu l’informant d’un voyage à Versailles avant de revenir à Saint-Germain-en-Laye

« Mon cousin,
Je fais estat d’aler à Versaille demain si il fait beau et apres m’en revenir à Saint Germain quand il le faudra pour mes affaires. Voilà tout ce que je vous puis mander. Asurés vous toujours de mon affection. Je finiray en priant le bon Dieu de tout mon cœur qu’il vous tienne en sa sainte garde.
Louis
A Saint Germain en Laye, ce 3me fevrier 1633 »

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