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Description archivistique
Marie de Modène
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Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, mercredi 12 janvier 1689
Vous etes retirée à cinq heures du roi ; vous avez donc fait vos rois à dîner : vous etiez en fort bonne compagnie, et aussi bonne qu’à Paris. Il ne tiendra pas à moi que l’archevêque [d’Aix] ne sache que vous etes contente de lui ; je le dis l’autre jour à madame de La Fayette, qui en fut fort aise ; elle a resolu que vous ne preniez point tous deux l’esprit ni les pensées de Provence.
Mais parlons du roi et de la reine d’Angleterre ; c’est quelque chose de si extraordinaire d’avoir là cette Cour, qu’on s’en entretien sans cesse. On tache de regler les rangs et de faire vie qui dure avec gens si loins d’etre retablis. Le Roi disoit l’autre jour, et que ce roi etoit le meilleur homme du monde, qu’il chassoit avec lui, qu’il viendroit à Marly, à Trianon, et que les courtisans devoient s’y accoutumer. Le roi d’Angleterre ne donne pas la main à Monseigneur et ne le reconduit pas. La reine n’a point baisé Monsieur, qui en boude ; elle a dit au Roi : Dites moi comment vous voulez que je fasse ; si vous voulez que ce soit à la mode de France, je saluerai qui vous voudrez : pour la mode d’Angleterre, c’est que je ne baisois personne. Elle a été voir madame la Dauphine, qui est malade et qui l’a reçue dans son lit. On ne s’assied point en Angleterre ; je crois que les duchesses feront avec elle à la mode de France, comme avec sa belle mère. On est fort occupé de cette nouvelle Cour.
Cependant le prince d’Orange est à Londres, où il fait mettre des Mylords en prison ; il est severe et il se fera bientot hair. M. de Schomberg est general ds armées en Hollande, à la place de ce prince, et son fils a la survivance : voilà le masque bien levé. »

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, mercredi 5 janvier 1689
[…] Vous allez voir, par la nouvelle d’aujourd’hui, comme le roi d’Angleterre s’est sauvé de Londres, apparemment par la bonne volonté du prince d’Orange. Les politiques raisonnent et demandent s’il est plus avantageux à ce roi d’être en France : l’un dit oui, car il est en sureté et il ne courra pas le risque de rendre sa femme et son fils ou d’avoir la tete coupée, l’autre dit non car il laisse le prince d’Orange protecteur et adoré des qu’il y arrive naturellement et sans crime. Ce qui est vrai, c’est que la guerre nous sera bientot declarée, et que peut etre meme nous la declarerons les premiers. Si nous faisions la paix en Italie et en Allemagne, nous pourrions vaquer à cette guerre angloise et hollandoise avec plus d’attention ; il faut l’esperer, car ce seroit trop d’avoir des ennemis de tous cotés. Voyez en un peu où me porte le libertinage de ma plume, mais vous jugerez bien que les conversations sont pleines de ces grands evenemens.
[…]
Nous allons vaque presentement à la reception de Leurs Majestés angloises, qui seront à Saint Germain. Madame la Dauphine aura un fauteuil devant cette reine, quoiqu’elle ne soit pas reine, parce qu’elle en tient la place. »

Lettre de madame de Sévigné à sa fille concernant l’installation de la Cour d'Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, mercredi 26 janvier 1689
[…] Peut etre que le prince d’Orange n’aura pas le tems cette année de songer à la France ; il a des affaires en Angleterre et en Irlande, où l’on veut armer pour le Roi : nos mers sont toutes emues, il n’y a que notre Mediterranée qui soit tranquille. Je ne sais à qui en ont vos femmes avec leurs vœux extravagans ; je voudrois y ajouter de ne plus manger d’oranges et de bannir l’oranger en arbre et en couleur : ce devroit être sur nos cotes que l’on fit toutes ces folies.
Je crois, en verité, que le roi et la reine d’Angleterre sont bien mieux à Saint Germain que dans leur perfide royaume. Le roi d’Angleterre appelle M. de Lauzun son gouverneur, mais il ne gouverne que ce roi, car d’ailleurs sa faveur n’est pas grande. Ces Majestés n’ont accepté de tout ce que le Roi vouloit leur donner que cinquante mille francs, et ne veulent point vivre comme des rois ; il leur est venu bien des Anglois, sans cela ils se reduiroient encore à moins : enfin, ils veulent faire vie qui dure. »

Lettre de Madame palatine, duchesse douairière d’Orléans, concernant les Anglais de Saint-Germain-en-Laye

« La nation anglaise est une nation méchante, fausse et ingrate. La plupart des gens de qualité qui étaient à Saint Germain et que la feue reine soutenait, en s’imposant personnellement les plus grandes privations, se déchaînent contre elle et disent mille mensonges de cette reine, qui était si vertueuse et si pieuse. Cela me remplit de courroux. »

Lettre de Madame palatine, duchesse douairière d’Orléans, concernant la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Il est de toute fausseté que la reine d’Angleterre ait laissé de grosses sommes. Elle a entretenu son fils ainsi que tous ses gens, elle a donné des pensions à la plupart de ses dames, elle a soutenu des familles entières d’Anglais, elle se privait du nécessaire afin de secourir les pauvres dans les hôpitaux. Sous le rapport de la cupidité elle n’était nullement italienne, car elle n’a jamais mis un liard de côté. On peut dire qu’elle avait toutes les vertus royales. Son unique défaut (personne n’est parfait) est d’avoir poussé la dévotion à l’extrême ; mais elle l’a payé cher, car c’est la cause de tous ses malheurs. Elle ne pouvait ici faire des économies, car elle n’était pas régulièrement payée ; elle a été forcée d’emprunter de l’argent et de contracter des dettes ; il n’est pas vrai que ses domestiques aient pillé ses meubles, car elle était logée à Saint Germain dans les meubles du Roi.
On a vu peu de reines d’Angleterre être heureuses, et, en ce pays là, les rois non plus n’ont pas beaucoup de bonheur. »

Lettre de Madame palatine, duchesse douairière d’Orléans, concernant la mort de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye

« Je vous écris le cœur bien troublé, et j’ai pleuré hier toute la matinée. La bonne et pieuse reine d’Angleterre est morte hier matin à Saint Germain, à sept heures. Assurément elle doit être au ciel. Elle ne gardait pas un liard pour elle, et donnait tout aux pauvres ; elle faisait vivre des familles entières ; elle n’a jamais tenu un propos méchant sur qui que ce soit, et si l’on se mettait à l’entretenir sur le chapitre du prochain, elle disait : « Si c’est du mal de quelqu’un, je vous prie, ne le dites pas ». Elle a soutenu ses malheurs avec une résignation parfaite ; elle était polie et agréable, quoique bien loin d’être belle ; elle était toujours gaie et faisait constamment l’éloge de notre princesse de Galles. Je l’aimais beaucoup ; sa mort me serre le cœur. »

Lettre de Louvois concernant les frais de la réception du roi et de la reine d’Angleterre

« Le duc d’Aumont
Monsieur,
Je vous ay mandé par mes precedentes combien le Roy estoit satisfait de la manière dont vous avez receu le roy et la reyne d’Angleterre à Boulogne. Sa Majesté ayant fait reflexion qu’il estoit impossible que cela ne vous eust couté une despense et somme considerable, Elle a eu la bonté de vous acorder une gratification de 12000 l. dont vous trouverez l’ordonnance cy jointe. Je suis etc. »

Lettre de Louvois concernant la conduite de la reine d’Angleterre à Vincennes

« M. de Lauzun
Du 1er janvier 1689
J’ay receu le billet que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire hier à huit heures du matin. Le Roy ne peut croire que rien soit capable de porter le roy d’Angleterre à escrire à la reyne sa femme de retourner en Angleterre avec le prince de Galles, mais si, contre toute apparence, cela arrivoit, Elle m’a commandé de vous faire scavoir, et à M. le Premier, que son intention est que l’on portast la reyne à venir jusques à Vincennes avec le prince de Galles sous tous les pretextes les plus honnestes que vous pourrez vous imaginer. Je suis tout à vous etc. »

Lettre de Louvois concernant la conduite de la reine d’Angleterre à Vincennes

« Le Premier
A Versailles, le premier decembre 1688 [sic]
L’escuyer de M. le duc d’Aumont m’a rendu en sortant de la messe du Roy vostre billet d’hier à 8 heures du matin par lequel et par la lettre de M. de Lauzin qui l’accompagnoit, S. M. a veu ce que le lieutenant du vice amiral d’Angleterre est venu dire à la Reyne, sur quoy Sa Majesté m’a commandé de vous faire scavoir que quand le roy d’Angleterre manderoit à la reyne de s’en retourner seule ou de ramener le prince de Galles en Angleterre, à quoy S. M. ne voit nulle aparence, son intention seroit toujours que vous amenassiez la reyne d’Angleterre et le prince de Galles à Vincennes, vous laissant entendre à la reyne d’Angleterre que comme vous avez eu ordre du Roy de la conduire aud. Vincennes, il n’est pas en vostre liberté de vous arester en chemin et encore moins en prendre un autre que celuy de Vincennes, où vous ne doutez point qu’elle ne soit bien ayse d’ariver pour voir le Roy et prendre avec luy les mesures necessaires pour secourir le roy son mary dans l’estat où il est.
S. M. s’attend d’estre incessamment inf[ormé] par vous du jour precis que la reyne d’Angleterre arrivera à Beaumont afin que S. M. puisse y envoyer un de m[essieurs] les princes du sang pour luy faire compl[iment] et que, scachant le jour precis qu’elle arrivera aud. Vincennes, Elle puisse au[ssy] y faire trouver quelqu’un pour s’informer de [ses] nouvelles. »

Acte de naissance de la princesse d’Angleterre dans le Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye

« Ce jourd’hui vingt huitieme juin mil six cent quatre vingt douze, la reyne d’Angleterre est accouchée d’unne fille vers les neuf heures du soir et cette princesse, appres unne naissance fort heureuse, fut ondoyée par monsieur l’abbé de Ronchy, premier aumonier de la reyne de la Grande Bretagne, dans le chateau vieux de ce lieu où elle estoit née. Messire François Converset, abbé de Notre Dame de Sully, prieur et curé de ce lieu, estoit present à cet endoyement, revetu de surpellis et d’estolle, lequel a signé avec M. l’abbé de Ronchy.
Ce jourd’huy vingt huitieme juin mil six cent quatre vingt deux, fut ondoyée dans le château vieux de Saint Germain en Laye par monsieur l’abbé de Ronchy, premier aumonier du roy et de la reyne de la Grande Bretagne, unne princesse dont la reyne d’Angleterre etoit accouchée le meme jour dans le meme chateau vieux de ce lieu vers les neuf heures du roi, en presence de tres haut et tres puissant monarque Jacques Estuard, second de ce nom, roy d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse, son epoux. »

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