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Quittance du lieutenant en la capitainerie de Saint-Germain-en-Laye pour un don qui lui a fait le roi

« Je Geoffroy du Buade, sieur de Grissac, gentilhomme de la vennerie du Roy et lieutenant du sieur de Frontenac en la cappitainerie de Saint Germain en Laye, confesse avoir receu comptant de me Raymon Phelypeaux, sieur d’Herbault, conseiller dud. seigneur en son conseil d’Estat et tresorier de son Espargne, la somme de cinq cens quarante livres dont Sa Majesté m’a faict don en consideration de mes services et pour me donner moien de supporter la despence qu’il me convient faire à ceste occasion, de laquelle somme de Vc XL l. je me tiens content et bien payé et en quicte led. sieur Phelypeaux, tresorier de l’Espargne susd., et tous autres. Tesmoing mon seing manuel cy mis le VIIe jour de juillet MVIc dix huict.
Grissac »

Rapport concernant les travaux à entreprendre à la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Direction des Palais et manufactures
1er bureau
Palais des Tuileries, le 1er juillet 1852
Rapport à monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le sénatus-consulte du 1er avril 1852 a donné au prince-président le droit de chasse exclusif dans les bois de Versailles et dans les forêts de Fontainebleau, Compiègne, Marly et Saint-Germain. Les architectes des palais dont dépendent ces forêts ont été invités à dresser des devis pour la mise en état des anciens bâtiments des chasses.
M. Cailloux vous a adressé un premier devis des travaux à exécuter pour la restauration des bâtiments de la vénerie de Saint-Germain. Ce devis s’élevait à 17276 f. 55, mais de nouvelles dispositions ayant été demandées, M. Cailloux vous a fait connaître que la dépense s’élèverait à 24358 f. 48 c., savoir :
Maçonnerie : 6088 f. 04 c.
Charpente : 1011 f. 73 c.
Couverture : 2925 f. 03 c.
Menuiserie : 6327 f. 22 c.
Serrurerie : 2661 f. 52 c.
Pavage : 1345 f. 80 c.
Fumisterie : 1574 f. 04 c.
Peinture : 2425 f. 10 c.
Total : 24358 f. 48 c.
Les travaux qu’il s’agit d’entreprendre ne pourraient être terminés en temps utile s’ils étaient mis en adjudication à cause des délais qu’entraine ce mode de procéder. M. Cailloux a donc dû demander, pour leur exécution, des soumissions aux entrepreneurs placés sous ses ordres.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de mettre ces soumissions sous vos yeux. Elles sont présentées :
1° par le sieur Monduit (Gustave) pour l’entreprise des travaux de maçonnerie, évalués à 6088 f. 04 c., moyennant l’application des prix de la série sur lesquels il a été souscrit un rabais de 5 francs pour 100 f. et aux conditions du cahier des charges générales arrêté le 7 mai 1852 pour les travaux à exécuter dans les palais nationaux
2° par le sieur Tellier (Louis-François) pour l’entreprise des travaux de charpente, évalués à 1011 f. 73 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions et rabais
3° par le sieur Chéron (Jean-Baptiste) pour l’entreprise des travaux de couverture, évalués à 2925 f. 03 c., moyennant l’application des mêmes prix de la série et aux mêmes conditions, mais avec un rabais de 10 f. pour 100 f.
4° par le sieur Laurent pour l’entreprise des travaux de menuiserie, évalués à 6327 f. 22 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions et rabais
5° par le sieur Le Renard (Pierre) pour l’entreprise des travaux de serrurerie évalués à 2661 f. 52 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. pour %
6° par le sieur Beunne (François-Gabriel) pour l’entreprise des travaux de pavage, évalués à 1345 f. 80 c., moyennant l’application du prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. 25 c. pour %
7° par le sieur Fradelise (Jean-Baptiste) pour l’entreprise des travaux de fumisterie, évalués à 1574 f. 04 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. pour %
8° par le sieur Heurtier (Thomas) pour l’entreprise des travaux de peinture, évalués à 2425 f. 10 c. moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 10 f. 37 pour %
Ces soumissions étant régulières, je vous prie, Monsieur le Ministre, de vouloir bien les approuver ainsi que les séries de prix qui les accompagnent et de décider que la somme de 24358 f. 48 c. formant le montant des travaux sera prise sur la partie restant disponible du crédit de 1120000 f. ouvert au chapitre XII de la 1ère section du budget pour l’entretien des palais nationaux.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le directeur des Palais et manufactures
Chevalier »

Ce rapport est annoté : « Approuvé, Palais des Tuileries, le 2 juillet 1852, le ministre d’Etat, X. de Casabianca ».

Ministère d'Etat

Rapport demandant l’agrandissement de la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Division des Bâtiments et de la Dotation mobilière
Bureau des Bâtiments
Paris, le 7 avril 1854
Rapport à monsieur le ministre d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Monsieur le Ministre,
M. le Premier Veneur a signalé à Votre Excellence l’insuffisance des localités affectées, à Saint-Germain, au service de la vénerie et la nécessité de disposer, pour ce service, huit nouveaux logements.
M. Dufrayer, architecte, a fait connaître qu’il était possible d’établir dans les greniers du bâtiment neuf de la vénerie les huit chambres demandées par M. le comte Ney et que la dépense qui résulterait de ce travail s’élèverait à la somme de 6000 f.
J’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Ministre, de vouloir bien autoriser cette dépense et approuver les soumissions que M. Dufrayer a fait souscrire d’après vos ordres aux entrepreneurs ordinaires de l’administration, et à cet effet je demanderai à Votre Excellence de revêtir de sa signature l’arrêt ci-joint.
Le chef de la division des Bâtiments et de la Dotation mobilière
Vuhren »

Ministère d'Etat

Récit d’une chasse conduite par Gaston d’Orléans à Saint-Germain-en-Laye

« Le 3 de ce mois, jour de saint Hubert, Son Altesse royale, suivie des princes et seigneurs de cette Cour, en celebra la feste à Saint Germain, et donna l’assemblée, où le duc de Montbazon, Grand Veneur de France, fut au bois et laissa courre le cerf, qui fut pris par les grands chiens du Roy et ceux de Son Altesse royale. »

Récit d’une chasse de Charles X à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 351] Souvent encore je me prends à rêver ces matinées passées gaiement naguère à suivre le cerf au bruit éclatant de la trompe ; je dis bien rêver, car ma tête s’incline et tombe entre mes mains, et je m’abandonne à mes illusions. Alors je crois entendre le fracas de la chasse, les cris et les taïauts retentissant à mon oreille ; le son de la trompe vient s’éteindre et mourir dans mon âme comme un lointain soupir de bonheur. Oui, la chasse, la chasse avec ses piqueurs et ses fanfares, avec ses meutes, leurs voix confuses et glapissantes, avec ses chevaux, leurs galops et leurs hennissements, tout cela vient me pénétrer de souvenirs qui s’attachent aux débris de ma mémoire, comme l’essence de roses de Tunis s’identifie avec le vase qui la renferme.
Pendant les mois de janvier, février et mars, je me le rappelle, la vénerie du roi était établie à Saint-Germain-en-Laye.
En avril, c’était à Versailles, pour chasser dans les bois de Meudon.
En mai et juin, à Compiègne.
En juillet et août, à Rambouillet.
En septembre, le Roi faisait quelques chasses aux environs de Versailles, souvent à Satory.
A Fontainebleau, c’était en novembre et décembre, d’où l’on se rendait à Sénart pour la chasse de Saint-Hubert, qui avait lieu le 5 novembre, comme chacun sait.
Cet ordre de choses existait avant la révolution de 89.
Le roi Louis XVIII, qui tenait religieusement aux anciennes habitudes, décida, dès les premiers jours de la restauration, que les mêmes usages seraient suivis, et que les chasses à courre auraient lieu tous les cinq jours. Ainsi le roi Charles X avait trouvé à son avènement un règlement tout organisé en matière de chasse, auquel il n’avait eu qu’à se conformer.
[p. 352] Quand la vénerie était à Saint-Germain, une partie du personnel et des chevaux était logée à Versailles, où résidaient le commandant de la vénerie, les gentilshommes et les pages. L’ordre du roi était adressé à l’hôtel du grand veneur par des palefreniers des écuries ou des gendarmes d’élite, au commandant de la vénerie à Versailles, et au conservateur des forêts et chasses à Saint-Germain. Le commandant expédiait ses instructions au premier piqueur, et le conservateur transmettait aussi les siennes à ses subordonnés, de manière à ce que toutes les dispositions locales fussent faites.
Par un des premiers jours de janvier, dès cinq heures du matin, l’on voyait, par les principales et longues routes de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, passer avec leurs chiens, la botte au cou, les valets de limiers qui allaient faire le bois. Le travail de ces gens consiste à détourner le cerf, pour connaître, au moyen des chiens, dans quel lieu l’animal s’est rembuche, et indiquer l’enceinte où il est sur le ventre.
Vers neuf heures, sur les routes qui conduisent à Saint-Germain, convergeaient tous les inévitables auxiliaires de la chasse, partis de plusieurs points d’un vaste cercle.
Des détachements de la gendarmerie d’élite s’échelonnoient pour l’escorte.
Des palefreniers, avec leurs costumes traditionnels du règne de Louis XV, conduisaient en main les chevaux que devaient monter le Roi et sa suite.
Des bouquets de grooms à la livrée capricieuse menaient aussi au rendez-vous d’élégants chevaux de pur sang, au poil ras et tondu, aux jarrets musculeux, aux sabots noirs et brillants, admirables et ravissants, produits des comtés de Kent et de Devonshire. Ils étaient destinés aux fashionables qui allaient s’élancer sur les traces du roi.
De loin en loin passaient rapidement des messagers. Ils venaient de Versailles, et ils avaient descendu la montagne du Cœur-Volant, de toute la vitesse de leurs montures, [p. 353] pour apporter des ordres du premier veneur. Le baron d’Harmencourt dans sa calèche, les officiers de vénerie dans leurs chaises à deux chevaux parcouraient la même route.
Venaient ensuite les pages à cheval, le porte-arquebuse dans sa voiture, où l’on voyait à ses côtés la longue carabine destinée à servir la bête ; puis, le caisson qui devait transporter le cerf. Parmi tous ces équipages, il était facile de distinguer ceux qui appartenaient au Dauphin; ils se faisaient remarquer par une rare élégance, dont le nom du duc de Guiche donnait aisément l’explication.
Deux cents chiens environ, réunis en un groupe docile, obéissant aux piqueurs qui les conduisaient, allaient se distribuer en différents relais. On voyait s’animer ces longues et tristes avenues, bordées d’arbres dépouillés par l’hiver, et dont les branches se détachaient en gris, comme les côtes d’un squelette gigantesque. Cet aspect de tristesse et de mort, que le ciel sale des matinées de janvier imprime à la nature, s’effaçait graduellement à mesure que le bois se peuplait. Dans les perspectives retirées des allées, et à travers les futaies, s’avançaient et passaient, tantôt un élégant équipage avec une corbeille de jeunes femmes ; on voyait bien aussi de temps en temps un maigre locatis porter péniblement son fardeau, quelques bourgeois de Saint-Germain avec leurs vieilles selles à la hongroise : c’étaient les épisodes grotesques de la fête.
Equipages, fourgons, chevaux, chiens, bourgeois, paysans, gentilshommes, merveilleux, palefreniers, postillons, tout ce monde, spectacle ou spectateurs, se dirigeait vers le rendez-vous de la chasse, et se croisait avec des valets de limiers qui n’avaient rien détourné, et s’en revenaient au chenil tout confus, avec leurs chiens, dans une contenance triste et honteuse.
Dans la partie la plus reculée, la plus solennelle, la plus égarée de la forêt, se trouve un petit pavillon d’une architecture moderne. Il fut édifié sur une partie de l’emplacement [p. 354] qu’occupait jadis le château de la Muette, ruineuse construction flanquée de tourelles que Louis XV fit démolir, et où François Ier, après une chasse à courre, éprouva un redoublement décisif de la maladie dont il est mort.
C’est là le point de ralliement, le lieu de réunion générale, le centre d’où partira et s’élancera la chasse avec son cortège et les abois.
A quelques pas du pavillon, et un peu avant dans le bois, l’ensemble des personnes qui se trouvaient réunies formait un coup d’œil propre à éveiller le génie d’un peintre de genre. C’était gai comme une scène de Swebach ; il ne manquait à l’harmonie du tableau que le mouvement des feuilles vertes bruissant au souffle du vent, et se jouant avec les rayons d’un soleil d’été.
Les valets de chiens et la vieille meute étaient groupés sur le sol dans des attitudes variées. Des curieux s’approchaient et tournaient autour d’eux, pour admirer la beauté des bêtes et l’attirail somptueux des hommes. Près d’une petite table, les pages, tout en s’ajustant, faisaient à la hâte un déjeuner champêtre, que leur offraient de sémillantes cantinières. Des dames à pied essayaient furtivement, malgré la consigne, d’approcher du pavillon ; d’autres, debout sur des chars-à-bancs, prenaient d’avance une position favorable pour ne rien perdre des détails de l’arrivée du roi.
A voir tout ce monde brillant de toilette et d’uniformes blancs et rouges ; à voir ces chevaux qui battaient et écrasaient le sol de leurs pieds, ce mélange de voitures bigarrées, ces valets qui buvaient et mangeaient en riant; à voir cette agitation et cette joie qui resplendissait sur les visages, on eût dit une halte capricieusement composée, telle qu’un artiste pouvait la concevoir en son imagination et l’exprimer sur la toile.
Le pavillon de la Muette est ouvert, deux gendarmes d’élite sont en faction à la porte, et le gros du détachement est négligemment assemblé en face. On entend dire : [p. 355] Monseigneur ! et l’on voit arriver à l’étoile irrégulière monseigneur le Dauphin.
Les gendarmes éloignaient les curieux, et se formaient en peloton.
Le prince aborde au perron, où étaient réunis les officiers de la vénerie et les gens de cour qui devaient assister à la chasse.
Le groupe s’ouvrit, et Monseigneur rentra au salon pour recevoir le rapport; puis s’introduisirent près de lui tous ceux que les règles de l’étiquette y appelaient, et à qui, par une faveur spéciale, avait été conféré le droit de revêtir l’habit de chasse.
Le Roi ne tardera pas à arriver ; car il est d’étiquette que le Dauphin précède son père d’un quart d’heure seulement, afin de le recevoir au pavillon.
En effet, ce laps de temps était à peine écoulé, qu’un gendarme, à bride abattue, paraissait à l’extrémité de la voûte du pavillon. Tout s’animait et s’ébranlait au sein du camp ; voici le terme de la halte. La voiture du roi passe avec sa parure de huit chevaux, son lourd cocher, son postillon dans ses bottes à chaudron. Puis vient à la suite la voiture qui renferme les seigneurs invités. Au même instant on annonçait le Roi.
Monseigneur le Dauphin, avec son cortège, attendait Sa Majesté au perron.
Elle reçut et lut le rapport du commandant; puis elle décida d’attaquer un cerf dix cors jeunement, détourné à la Salle Verte.
Le cheval du roi fut amené devant le perron. Le comte O’Egherti présenta au roi son couteau de chasse, et le premier écuyer porta la main à l’étrier pour le présenter à Sa Majesté, tandis qu’un piqueur maintenait la selle de l’autre côté.
Le Roi dit gaiement : « Messieurs, vous allez voir deux vieillards l’un sur l’autre ». Ce mot a fait fortune, car tout [p. 356] le monde sait que Stranger, la monture favorite du roi, était depuis longtemps à son service.
On se met en marche.
Sa Majesté est précédée de ses officiers de vénerie ; le Dauphin est à côté d’elle, le premier veneur à portée de recevoir ses ordres.
Le capitaine des gardes et le lieutenant de service sont auprès du Dauphin, et font partie du premier groupe.
La foule des spectateurs conviés s’est confondue et mêlée.
Ceux-ci cheminaient tous au pas, et s’en allaient lentement par la route de la Muette, vers l’étoile de la Salle Verte.
Ils ne tardèrent pas à arriver à l’enceinte où le cerf, tranquille, prenait son repos.
Trente chiens d’attaque, tenus par trois valets de chiens à pied, sont au carrefour.
Quatre des plus sages et des plus matois ont été découplés, et trois piqueurs foulent en les appuyant de la voix et de la trompe. Pendant ce temps, le commandant, les officiers et les pages sont en observation dans les routes.
Les hardes, qui restent pleines d’ardeur, ne gardent le silence que par l’effet du tout coi qu’on leur répète incessamment ; leurs regards tournés vers l’enceinte décèlent l’impatience qui les possède. C’est à grand’peine qu’on les retient.
Les voix se répètent de plus en plus ; les trompes accompagnent. Qu’elle est douce cette harmonie pour l’oreille des chasseurs! elle prépare aux taïauts joyeux qui se feront bientôt entendre. Sans doute, lorsque ce premier soupir de la trompe sera venu retentir à l’oreille du cerf pensif et ruminant sous les futaies solitaires, surpris d’abord et attentif, il aura dressé sa tête pour écouter cette sonore mélodie de mort. Au son répété de l’instrument qui le fait tressaillir, il s’est relevé et il s’est mis à écouter de nouveau. Un troisième son se fait entendre, ses oreilles [p. 357] se roidissent, son œil roule dans son orbite, il a bondi sur lui-même, comme pour essayer ses membres et sa vigueur élastiques. La trompe approche toujours et sonne aigu et fort. Alors un moment il hésite, car il veut se rendre compte de quel côté le péril vient plus menaçant pour lui.
Enfin il part.
On l’a vu!
Taïaut! taïaut ! a-t-on dit.
Ce cri est répété au loin.
Le Roi l’a entendu.
On sonne la royale.
Les chiens mordent leurs liens, on les découple avec peine. Ils ne comprennent plus la voix de l’homme, ils ne craignent plus le fouet : l’instinct est revenu tout entier.
Le Roi, guidé par le comte de Girardin, s’est élancé, suivi de ses officiers de service.
Le Dauphin, auprès de qui l’on voyait un piqueur portant la trompe, paraît à son tour, et semblait voler sur le léger cheval qu’il montait.
Tous les cavaliers se répandent en différentes directions dans la forêt.
Les équipages tiennent les larges avenues.
Des valets suivaient les chiens et les appuyaient ; d’autres se portaient en avant ; d’autres restaient sur les derrières pour observer.
Allons, sonnez, sonnez, piqueurs, sonnez ; trompes éclatantes, retentissez au loin, que la forêt répète ces bruyants éclats du cuivre en spirale qui déchirent l’air.
Meutes, aboyez, glapissez, poussez vos voix. Allons, allons, chevaux, hennissez, que votre galop rapide et régulier emporte ces cavaliers sur la trace du cerf, vous qui avez valu des prix à vos maîtres. Sly, la mignonne, Dash Coronats, laissez, laissez jaillir le feu de vos prunelles; que la mousse écume sur vos bossettes. Comme les arbres passent et courent! la forêt se meut, s’anime et danse aux accords des fanfares. Et toi, bondis à ton tour, pauvre cerf ; saute [p. 358] des fossés et des chemins; courbe ta tête gracieuse sur les épaules ; que tes jambes effilées et agiles effleurent à peine le sable ; va, va, tâche d’échapper à la poursuite de tes ennemis.
Ceux à qui le labyrinthe de la forêt est familier s’engagent dans des sentiers et des lignes diagonales qui abrègent ; les autres s’égarent et vont, bride abattue, dans de fausses directions.
Le cerf les a déjà entraînés près de Saint-Germain ; il a battu les environs de Poissy ; il est revenu à travers les sables de la croix de Noailles. Là, il a fait un détour, et ceux qui se trouvaient derrière sont maintenant les premiers. Le bien-alter qu’ils sonnent appelle les chasseurs qui s’emportaient dans une fausse route. Une grande confusion règne parmi les équipages et les cavaliers. On tourne bride ; on cherche à s’orienter, on va à droite, on va à gauche.
A chaque carrefour, où plusieurs issues se présentent, l’embarras redouble.
Allons, sonnez, piqueurs, sonnez; trompes éclatantes, retentissez au loin.
C’est affaire à toi, mon beau cerf; ta vigueur met tes poursuivants en défaut. Le nombre des chiens qui te harcèlent est bien réduit ; ils ne forment plus une masse compacte comme à l’attaque ; ils se suivent sur une longue file ; leur allure est lente, traîneuse et molle ; leurs langues sont pantelantes ; leurs queues basses frôlent et balaient la terre.
A eux donc les relais, ou le beau cerf va leur échapper.
Enfin, celui de la croix de Bercy a été donné de nouveau ; l’ensemble règne dans la meute, et la bête, essoufflée, n’a plus une avance aussi marquée.
Le roi n’a pas perdu la trace un seul instant ; il a suivi les anfractuosités, les lignes courbes, droites, brisées, du chemin qu’a parcouru le cerf ; il a été témoin de tous les incidents de la chasse, qui s’approche graduellement du château de la Muette.
[p. 359] Le cerf s’y fit voir plusieurs fois en traversant l’étoile de Saint-Sébastien, puis l’étoile de la Garenne ; bien approché par deux chiens de la première vitesse, il se forlonge ; poussé à vue, il a fait tête un moment de son front baissé, il a maîtrisé la rage de ses ennemis. Alors, rusant avec eux, il les a franchis d’un bond léger; mais dans cette voie qu’il veut prendre, il rencontre de nouveaux assaillants, et il se replie vers le château dont il fait au moins dix fois le tour.
Les curieux et les cavaliers se pressent sur ce point.
Pendant un quart d’heure, on jouit d’un hallali sur pied.
Le son des trompes réunies en bloc appela au loin tous ceux qui n’avaient pu suivre, ou qui avaient donné dans un défaut.
C’est là le morceau d’ensemble de cette symphonie, c’est le tutti bruyant.
La pauvre bête renonce enfin à fuir, le pressentiment de la mort a donné à son œil je ne sais quelle mélancolique expression de résignation ; elle a sauté la barrière qui environne le pavillon, elle s’accule au mur, et, noble jusqu’au dernier moment, elle attend son sort au milieu des chiens qui hurlent et la harcèlent.
Cependant le roi était descendu de cheval ; il prit la carabine des mains de M. de Vinfrais, et il mit fin, d’un coup, aux anxiétés de la pauvre bête. Tandis que les fanfares éclatent et célèbrent le succès de la chasse, un piqueur lève le pied du cerf, le natte et le donne au commandant ; celui-ci le remet au premier veneur, qui, le chapeau à la main, le présente au roi. Le roi lui-même se découvre pour le recevoir.
C’est l’acte final, c’est la clôture consacrée par l’usage et les règles immémoriales de l’étiquette qui préside aux chasses.
Le roi rentre au pavillon et demande sa voiture. Toute sa suite se dispose à partir. Bientôt on entendit le bruit mat du marchepied qui se déployait. On referma la [p. 360] portière, le lourd véhicule se mit en mouvement avec son escorte et ses écuyers cavalcadants.
On n’entendit plus que les rares fanfares que sonnaient, en se retirant, les piqueurs fatigués.
Les curieux se dispersaient de tous côtés, le silence, le sommeil des bois succédèrent au bruit et au spectacle, au mouvement et à l’agitation dont les yeux et les oreilles venaient de se rassasier. »

Récit d’une chasse de l’empereur à Saint-Germain-en-Laye

« L’Empereur est venu, hier vendredi, chasser à tir dans la forêt de Saint-Germain. La chasse a commencé vers onze heures, après le déjeuner qui a eu lieu en plein air, sur l’emplacement de l’ancien fort Saint-Sébastien, et s’est prolongée jusqu’à près de quatre heures du soir. Parmi les personnes qui accompagnaient Sa Majesté et qui ont eu l’honneur de chasser avec elle, on remarquait Son Excellence M. Fould, ministre d’Etat, et M. le général Ney de la Moskowa.
La première des chasses à courre, par les équipages de la vénerie impériale, est, à ce qu’il paraît, définitivement fixée à après-demain, lundi 17 janvier. A ce propos, nous croyons rendre service aux amateurs de la ville et des environs, et surtout à ceux de Paris qui ne voudraient pas amener leurs chevaux, en leur annonçant que M. Saulon a établi pour la saison des chasses, dans ses écuries de la rue de la Verrerie, n° 8, près le théâtre, un relai de jolis chevaux de chasse, aussi élégants que commodes et bien dressés, et dont le harnachement ne laisse rien à désirer aux sportmens les plus difficiles. On peut se faire inscrire à l’avance ou retenir son cheval dans l’intervalle d’une des chasses qui, comme on le sait, auront lieu tous les cinq jours. »

Récit d’une chasse de l’empereur à Saint-Germain-en-Laye

« Avant-hier jeudi, S. M. l’Empereur est venue, vers onze heures, chasser à tir dans la forêt. Sa Majesté est arrivée en voiture découverte par Maisons. Elle était accompagnée de M. le général Ney de la Moskowa, de MM. de Toulongeon et Delage, officiers de sa vénerie, et d’autres personnes de distinction. La chasse, qui a été fort belle, a duré jusqu’à près de cinq heures. L’Empereur a déjeuné en plein air, sur une table placée au sommet du terrain des anciennes fortifications du fort Saint-Sébastien, au triage de Fromainville.
Le service des rabatteurs était fait par un fort détachement de cuirassiers de la Garde et par des jeunes gens de la commune d’Achères.
Au moment de son départ et à son passage sur le territoire de la commune de Maisons, l’Empereur a rencontré une grande quantité d’habitants et de personnes qui avaient pu assister à la chasse et l’ont accueilli par de vivres acclamations, auxquelles Sa Majesté répondait avec cette bienveillance et cette affabilité qui lui sont particulières. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Le même jour, il y a eu chasse dans notre belle forêt. LL. MM. l’Empereur et l’Impératrice y assistaient avec leur suite. Aussitôt leur arrivée au pavillon de La Muette, lieu du rendez-vous, l’attaque a commencé dans une partie de bois non loin de là ; il pouvait être trois heures et demie, et, à sept heures et demie du soir, la chasse finissait sans aucun résultat. Parmi les personnes de la suite de Leurs Majestés, on remarquait la présence de madame de Pierre, qui était à cheval en amazone, et a suivi la chasse pendant assez longtemps. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Les chasses de la vénerie de l’Empereur se continuent régulièrement tous les cinq jours. Elles sont seulement reculées d’un jour quand elles tombent un dimanche. Celle d’avant-hier jeudi a été des plus remarquables. Deux cerfs ont été lancés. Après la prise du premier, qui a eu lieu promptement, les chiens ont mis debout un vénérable dix-corps, qui, effrayé par la foule qui l’attendait à la croix de Noailles, a fait un crochet pour rabattre vers les Loges. Arrivé au pied des murs de la Maison impériale, l’animal a franchi le fossé, puis, acculé contre le mur d’enceinte, il a opposé à ses ennemis une telle résistance que deux coups de carabine ont dû mettre fin à son agonie et aux dangers imminents que courait la brave meute. La curée a eu lieu sur place, et tous les assistants ont pu jouir de ce spectacle et admirer la taille et la force de ce noble vétéran de notre forêt. Les veneurs se sont séparés au bruit des fanfares du triomphe, en se donnant rendez-vous pour mardi prochain. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« La première chasse de la vénerie, qu’on supposait et que nous avions annoncée devoir se faire lundi, a eu lieu mardi, dans des conditions atmosphériques des plus défavorables. Le vent d’ouragan qui régnait ne permettait pas d’entendre, à quelques mètres de distance, la voix des chiens et la troupe. Un gros de chasseurs et un relai de chiens sont restés longtemps à la Croix de Berry, n’ayant aucune nouvelle de la chasse, dont l’épisode le plus important se passait pourtant à peu de distance, et devant un petit nombre d’élus par le sort.
Le cerf, fort beau dix cors, nous a-t-on dit, qui avait été lancé aux environs de la Muette, lieu du rendez-vous, après avoir passé le chemin de fer de Rouen, est revenu, après quelques crochets, brisant le treillage, se précipiter dans la voie même, où, suivi par les chiens, il a été mis à mort après une heure de chasse tout au plus. Lorsque son corps eut été retiré d’entre les rails, on a fait la curée à quelque distance de l’endroit où avait eu lieu ce singulier hallali, au lieu dit le Belvéder.
Vers trois heures, on voyait rentrer en ville les veneurs, parmi lesquels nous avons remarqué, avec quelques intrépides amazones, M. le baron Lambert, lieutenant de vénerie, M. le marquis de la Tour Maubourg, qui dirigeaient la chasse ; M. Fouquier de Mazières, inspecteur des forêts de la Couronne et plusieurs autres personnes de distinction, dont les noms nous échappent. Si l’on s’en rapporte aux usages consacrés dans la vénerie, la seconde chasse aura lieu aujourd’hui même, ou après-demain lundi, le dimanche ne comptant jamais dans les cinq jours d’intervalle. »

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