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Corpus numérique sur l'histoire du château et des jardins de Saint-Germain-en-Laye Pièce
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Lettre concernant un Te Deum à célébrer à Saint-Germain-en-Laye en l’honneur de la paix

« Paris, ce 3 décembre 1783
Messieurs,
La paix étant conclue entre le Roy et le roi de la Grande Bretagne, Sa Majesté a écrit à MM. les évêques qui sonts dans l’étendue du gouvernement de l’Isle de France de faire chanter le Te Deum en actions de grâce dans toutes les églises de leurs diocèses. Nous vous mandons d’y assister en cérémonie et de donner en même tems les ordres nécessaires aux bourgeois et habitans de votre ville pour faire tirer le canon, s’il y en a, allumer des feux de foye, faire des illuminations et donner toutes les autres marques de réjouissances publiques et accoutumées. Je ne doute nullement que vous ne vous conformiés avec autant de zèlle que de plaisirs aux ordres de Sa Majesté.
Je suis, Messieurs, votre affectionné serviteur.
Le duc de Gevres »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le lundy XXXe jour de may, le Roy arriva à Saint Germain et y sejourna jusques au mercredy ensuivant, veille de la Feste Dieu.
[…]
Le vendredy dix septiesme juin [1580], le Roy arriva à Saint Germain et y sejourna jusques au jeudy ensuivant, qu’il partit, assavoir la veille Saint Jehan.
[…]
Le lundy huictiesme jour d’aoust, le Roy arriva à Saint Germain en Laye et en partist le mercredy dix septiesme, et partant y a neuf offrandes deues.
[…]
Le mercredy XXIIIIe, le Roy arriva à Sainct Germain et y ouyt la messe le jeudy et vendredy, et ced. jour s’en alla à Sainct Mort.
[…]
[rayé :] Le jeudy XIIIe janvier [1583], le Roy arriva à Saint Germain en Laye. [mention rayée]
[…]
[rayé :] Le vendredy XXIXe [avril], il y arriva et s’en retourna le lendemain, et pour ce : II offrandes.
[…]
[rayé :] Le vendredy XXVIIe may, le Roy y arriva et y feist sa feste de Pentecoste jusques au mardy ensuivant, qu’il partist pour aller à [vide], pour ce : IIII offrandes.
[…]
[rayé :] Le vendredy XXIXe juillet, le Roy arriva à Saint Germain et y demeura jusques au mardy IIe aoust, et pourtant : IIII offrandes.
Le dimenche arriva ycy ung abbé de Fueillent en Gascongne, homme de vie fort austere qui prescha le jour de saint Pierre es lieux et me fut envoyé par le Roy pour le loger et traicter.
[…]
Le mercredy cinquiesme jour de septembre 1583, le Roy arriva à Sainct Germain et y ouyt messe, qui fut celebrée par moy, et s’en alla le jour mesmes. »

Quittance d’un garde des plaisirs du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Anthoine Audrin, garde des plaisirs du Roy à Saint Germain en Laye, confesse avoir receu de noble homme me [vide], conseiller du Roy, tresorier general des venneries, fauconneries et toilles de chasses de Sa Majesté, la somme de soixante livres à luy ordonnée pour une année de ses gages à cause de sad. charge, qui eschera au dernier decembre prochain, dont etc. Quictant etc. Promettant. Obligeant. Renonçant. Fait et passé es estudes l’an MVIc soixante six, le vingt troisieme juin, et a declaré ne scavoir escrire ni signer.
Devin, Moufle »

Lettre concernant le monument à Jacques II dans l’église de Saint-Germain-en-Laye

« Préfecture de Seine-et-Oise
Bureau d’administration communale
Versailles, le 3 juillet 1827
Monsieur le maire de Saint-Germain-en-Laye
Monsieur le Maire,
Avant de soumettre au ministre de l’Intérieur le projet du monument à ériger à la mémoire du roi Jacques 2 dans la nouvelle église royale de votre ville, il est indispensable que votre conseil municipal se prononce sur son adoption et sur les moyens de pourvoir aux dépenses qu’il occasionnera. J’ai, en conséquence, l’honneur de vous faire le renvoi des plans et devis qui accompagnaient votre lettre du 27 juin et je vous autorise à convoquer extraordinairement votre conseil municipal.
Le devis annonce que ce monument sera placé dans une des chapelles principales, mais il me parait convenable de la désigner. Il me parait également convenable de soumettre au ministre, avec le projet de monument, les inscriptions latines que le même devis propose de graver en lettres d’or.
Agréez, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.
Le préfet
De Tocqueville »

Rapport sur la manutention des vivres installée dans le château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Direction du personnel et des opérations militaires
Bureau de la justice militaire
Rapport fait au ministre le 18 août 1836
Analyse : sur la nécessité de faire cesser le prêt que le pénitencier de Saint-Germain a fait d’un four à la manutention des vivres
Dans un rapport en date du 3 de ce mois, M. le lieutenant général commandant la première division militaire a fait connaître au ministre qu’un incendie ayant détruit le four de louage qui servait à cuire le pain de la garnison de Saint-Germain-en-Laye, d’après la demande de M. le sous-intendant militaire et vu l’urgence, il a autorisé M. l’inspecteur du pénitencier militaire établi dans le château de cette ville à prêter provisoirement le four de cet établissement. Dans un rapport du 5, cet officier général ajoute que, sur les instances de M. l’intendant de la division, il a donné des ordres pour que cette concession durât aussi longtemps qu’il serait nécessaire pour assurer la subsistance de la garnison de Saint-Germain.
En faisant droit aux réclamations qui lui ont été adressées afin de ne point interrompre un service importance, M. le général Pajol voit les plus graves inconvéniens à laisser prolonger le prêt du four du pénitencier militaire. Il regarde comme contraire à l’ordre de cet établissement, comme dangereux pour sa sûreté et celle de sa population que des personnes étrangères y soient admises à toute heure de jour et de nuit.
Il insiste donc fortement pour que les mesures les plus promptes mettent un terme à l’état de choses dont il signale les inconvéniens. Il indique comme moyens simples d’ariver à ce but de louer un autre four en ville, ou mieux encore d’envoyer de Versailles à Saint-Germain le pain nécessaire, comme cela a lieu pour la garnison de Rueil.
L’importance du pénitencier militaire, l’avenir qu’annonce la prospérité naissante de cet établissement, auquel monsieur le maréchal porte un intérêt tout particulier, doivent faire prendre en considération les inquiétudes dont témoigne M. le général Pajol. On ne peut donc qu’appuyer la demande qu’il a formée à l’effet d’obtenir qu’il soit pourvu dans le plus bref délai au service interrompu par suite de l’incendie du four que le service des vivres avait loué en ville.
Le bureau de la justice militaire ne peut être juge compétent des deux moyens que le général Pajol regarde comme les plus prompts et les plus convenables dans la circonstance actuelle. Seulement, il croit pouvoir, en rappelant divers antécédents qui sont à sa connaissance, fournir quelques données pour la solution de la question.
En 1831, on avait installé dans le château de Saint-Germain la manutention des vivres de la garnison. Cette opération et deux fours qui y furent alors construits occasionnèrent une dépense de 12000 f. Depuis, le château ayant été assigné à la destination du pénitencier militaire, lorsqu’on y transféra celui de Montaigu, la manutention fut obligée de vider les locaux qui lui avaient été affectés et, par suite, de louer provisoirement un four en ville. Déjà, avant l’incendie de ce four, M. l’intendant militaire de la 1ère division, trouvant des inconvénients à laisser le service des vivres réduit à une position provisoire et précaire, demandait qu’on établit la manutention dans les bâtimens du quartier Luxembourg. Cette mesure, d’après les devis qui ont été établis, devait occasionner une dépense qui n’irait pas à moins de 15000 f.
Le Génie, qui observe que la manutention à Saint-Germain a déjà coûté en 1831 la somme de 12000 f. s’est arrêté devant l’adoption d’un projet qui doit donner lieu à une nouvelle dépense encore plus grande, et, en vue de l’éviter, il proposerait d’arrêter que les fours construits au château de Saint-Germain servissent concurremment au pénitencier et à la manutention. Les craintes que l’administration conçoit du prêt momentané des fours du château s’attacheraient avec plus de raison et de force encore à l’existence permanente d’un établissement de cette nature dans l’intérieur d’un pénitencier destiné à renfermer près de 600 hommes, à raison de la nécessité d’y admettre des agens étrangers, à toute heure du jour et de la nuit, ainsi que des chances d’incendie qui menacent incessamment les usines de boulangerie. Aussi, lorsque les vivres-pain ne seront plus alloués au pénitencier militaire au compte de la Guerre, que les ressources financières de cette maison lui permettront de pourvoir à leur achat, y aura-t-il à examiner la question de savoir si le pain sera fabriqué dans l’intérieur du château ; or de ce qui précède on peut déduire que cette question se décidera par la négative, à plus forte raison parait-il y avoir lieu de repousser le projet de faire servir les fours du château à la manutention des vivres de la garnison, tout en reconnaissance cependant qu’il est d’une économie bien entendue d’éviter le renouvellement d’une dépense considérable.
Deux services importans sont intérressés à ce que les difficultés qui se présentent soient tranchées. Il semble que le général Pajol en a indiqué le moyen.
Puisque c’est la manutention de Versailles qui pourvoit aux besoins de la garnison de Rueil, que Saint-Germain est aussi à proximité de ladite ville et par des routes superbes, il paraitrait, sous ce double rapport, également praticable de tirer de ce point les vivres-pain nécessaires à la garnison de Saint-Germain. Cette proposition se recommande par l’avantage qu’elle présente dans l’économie qui résulterait de la suppression de la manutention de Saint-Germain et des dépenses qu’elle entraine, chaque année, en matériel et personnel, en même temps qu’on échapperait à la nécessité que redoute aujourd’huy le génie de faire une dépense de 15000 f. pour établir les fours de la manutention dans le quartier Luxembourg.
Quel que soit le mérite des observations qui précèdent, on les croit de nature à entrer comme éléments dans l’appréciation d’une question qui, devant de reste être envisagée encore sous d’autres points de vue, ne peut être traitée à fond que par la direction de l’administration et le bureau du Génie. Si monsieur le maréchal l’approuve, on a l’honneur de lui proposer de décider qu’ampliation du présent rapport sera envoyée aux deux services, avec invitation de se concerter pour présenter au ministre les moyens de résoudre les difficultés du moment.
Dromont »

Certificat de don de la jouissance à vie du jardin des terrasses du Château-Neuf à Saint-Germain-en-Laye à la comtesse de La Marck

« Nous Charles Claude de Flahault de la Billardrie d’Angiviller, conseiller du Roi en ses conseils, mestre de camp de cavalerie, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, commandeur de l’ordre de Saint Lazare, de l’Académie royale des Sciences, intendant du jardin du Roi, directeur et ordonnateur général des Bâtimens de Sa Majesté, jardins, arts, académies et manufactures royales,
Certifions que le Roi, désirant donner à madame la comtesse de La Marck une nouvelle preuve de sa bienveillance, Sa Majesté lui a accordé la jouissance des trois terrasses de son château neuf de Saint Germain en Laye, vacante par la démission qu’en ont donné monsieur le prince et madame la princesse de Beauvau, auxquels pareille jouissance avoit été concédée par brevet du 28 juin 1773, pour par mad. dame comtesse de La Marck jouir desd. trois terrasses sa vie durant, telles qu’elles se poursuivent et comportent et ainsi qu’il est figuré et teint en jaune sur le plan déposé au bureau de la direction générale des bâtiments du Roi, à conditions toutefois d’en jouir par elle-même et de ne pas les céder à personne, sous quelque prétexte que ce soit. En foi de quoi nous avons fait expédier le présent certificat que nous avons signé, fait contresigner par le secrétaire ordinaire des Bâtiments du Roi et sceller du cachet de nos armes. Fait à Versailles le huit avril mil sept cent soixante et seize.
D’Angiviller »

Noailles, Marie-Anne-Françoise (de), comtesse de La Marck

Rapport sur l’installation de l’école militaire de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye

« Corps impérial du Génie
Place de Saint Germain
Département de Seine et Oise
Ecole impériale militaire spéciale de cavalerie
Rapport demandé par la lettre de S.E. le ministre de la Guerre (bureau des écoles militaires) en date du 11 juillet 1809 sur les divers projets présentés jusqu’à ce jour concernant les terreins qu’il est indispensables d’annexer au château de Saint Germain en laie pour complétter l’établissement de l’école impériale militaire spéciale de cavalerie
Le décrit du 8 mars dernier affectant le château de Saint Germain en Laie pour le service de l’école impériale de cavalerie, dans le projet très succinct que nous avons envoyé le 16 dudit mois, ayant considéré le parterre comme faisant partie intégrante dudit château, nous avons en conséquence établi nos dispositions de manière à trouver tous les emplacemens nécessaires à un établissement de ce genre dans ledit parterre et le château sans être obligé d’y joindre différens terreins et bâtimens avoisinant, autrefois dépendans du château et maintenant aliénés, ni même aucun des autres bâtimens affectés jusqu’à ce jour au service de la Guerre.
Le parterre faisant une des promenades les plus fréquentées de la ville, ou plutôt servant habituellement de passage pour se rendre sur la terrasse et dans la forêt, plusieurs habitans ont cru devoir, en adressant au ministre quelques observation sur ce 1er projet qui devoit nécessairement les priver de cet emplacement, en présenter un second tendant à faire renter au domaine différens terreins ou maisons joignant le château dont ils faisoient partie autrefois. Ce 2e projet, ne pouvant remplir que très imparfaitement le but que l’on se propose, a donné lieu à un 3e projet mixte qui semble réunir toutes les conditions nécessaires pour compléter cet établissement.
Avant de comparer les trois projets entr’eux, nous commencerons par présenter l’état des divers emplacemens qui manquent au château pour completter les différens services nécessaires à cette école.
Ce qui se présente d’abord est un manège couvert et une carrière assez spacieuse pour faire manœuvrer au moins deux escadrons de 150 chevaux chacun.
Passons aux bâtimens dont l’usage est indispensable :
1° des écuries doubles, sellerie etc. pour les deux escadrons, ce qui demande une longueur de 230 m. 00
2° pour les écuries id., sellerie etc. de 100 chevaux de manège : 100.00
3° un amphithéâtre pour les démonstrations et cours d’arts vétérinaires : 15.00
4° pour les infirmeries, pharmacies, etc. : 80.00
5° pour les chevaux, hangards etc. nécessaires à l’artillerie : 30.00
6° pour les salles d’armes : 50.00
7° enfin pour les forges, latrines et autres bâtimens accessoires : 20.00
Longueur totale : 525 m. 00
Voyons actuellement lequel des trois projets nous procurera le plus convenablement une carrière, un manège couvert et 525 mètres courans de bâtimens (263 toises environ).
Il ne s’agit dans le 1er projet (feuille 1ère) que d’enclore le parterre et de construire la totalité des bâtimens ci-dessus détaillés. Nous les avons placés à l’extrémité de la carrière, le long de la forêt, pour conserver les belles vues du parterre et l’intégrité de la carrière. On est libre de donner une toute autre direction à ces bâtimens à construire mais, quelque soit la combinaison que l’on adopte, ce projet aura toujours le très grand défaut d’offrir à MM. les élèves un trop long trajet à parcourir depuis leur quartier jusqu’au manège et écuries, ce qui nuiroit beaucoup à la surveillance et feroit perdre beaucoup de temps.
Dans le 2e projet (feuille 2e), où les écuries du Maine, du manège et les grandes écuries offrent autant et même plus de locaux qu’il n’est besoin pour le service, on éprouve les mêmes difficultés pour la surveillance et les distances. Le manège couvert à construire étant placé dans la cour des écuries dites du manège, on trouvera dans les jardins environnans un fort beau manège découvert.
Les terreins à acquérir étant divisés en deux parties par la route impériale, cette vaste étendue ainsi partagée devient insuffisante pour former une carrière convenable, car pour lui donner l’espace nécessaire il faudroit réunir ces deux parties en un seul enclos, détruire la plantation de la route impériale et par conséquent toute la beauté de l’entrée de Saint Germain et faire passer l’empereur et toute sa cour au travers de l’enceinte de l’école, chose inconvenante sous tous les rapports.
Un autre désavantage de ce projet seroit d’acquérir à grands frais des maisons et jardins agréables pour les détruire ensuite. Les conserver seroit manquer tout à fait le but que l’on se propose.
Dans le 3e projet (feuille 3e), on fait l’acquisition des terreins et bâtiments restants de l’ancien château neuf, compris entre le château, le chemin au midi dudit château, la terrasse et le parterre. Pour ne point séparer l’ensemble des dépendances de l’établissement, on change la direction d’une très petite portion de la route impériale ainsi qu’on peut le voir au plan. Cette disposition entraîne nécessairement après elle le déplacement d’une des grilles et logement de portier de F’ en P’.
Nous pensons que ce projet mixte, résultat de la discussion et d’un sévère examen des lieux, renferme tous les avantages que l’on peut désirer. Les écuries, manège etc. se trouvent très rapprochés et dans la direction du château. La surveillance la plus sévère peut être exercée et M. le commandant, des croisées du château, voit dans les endroits les plus reculés, tant des écuries que de la carrière. De plus, le plan, en offrant un ensemble très simple et très régulier, se lie parfaitement avec le château et le parterre, lesquels, par cette disposition, ne forment plus qu’un même tout. Nous croyons donc que ce dernier projet, d’après ces motifs, doit obtenir la préférence sur les deux autres.
Avant de comparer entr’elles les dépenses qu’entraineroit l’entière exécution de chacun d’eux, nous allons présenter celle que nécessite le parfait rétablissement du château, qui est le même dans tout les cas et dont la plus grande partie est achevée, et le tableau de la valeur des différentes propriétés dont on se proposer l’acquisition dans les 2e et troisième projets.
Etat sommaire des dépenses nécessaires pour le parfait rétablissement du château
1° Pour la réparation des couvertures du pan de bois de la chapelle : 14300 f. 00
2° Pour les dispositions intérieurs nécessaires au casernement de MM. les élèves : 130000.00
3° Pour le ravalement extérieur de trois pavillons et de deux courtines : 45000.00
4° Pour le ravalement de la cour : 40000.00
5° Pour la construction des latrines : 7200.00
6° Pour rétablir les couvertures du pavillon de la Reine : 3440.00
7° Pour mettre en bon état la courtine du couchant pour recevoir tout ce qui concerne l’économat, l’établissement d’un plancher pour une 2e salle d’étude etc. : 36000.00
8° Pour établir dans le pavillon du midi tout ce qui peut avoir rapport à un hôpital de 60 lits, salles de bains, pharmacie et logemens de sieurs, médecins, chirurgiens etc. : 15000.00
9° Pour rétablir les divers logemens du pavillon de la chapelle pour logemens d’officiers : 10000.00
10° Pour rétablir tous les logemens de la courtine du midi dans lequel est compris celui de M. le gouverneur : 30000.00
11° Pour le rétablissement de la chapelle et de la grande pièce au dessus des tribunes et petites pièces de la galerie : 10000.00
12° Pour le pavage de la cour : 10000.00
13° Pour l’établissement d’un grand réservoir d’eau pour l’usage journalier de la maison et conduite de distribution dans les diverses parties de la maison : 10000.00
14° Pour rétablir ou réparer les couvertures en plomb des pavillons du midi, de la chapelle et celle de la chapelle : 8000.00
15° Pour rétablir en ciment tous les solins des chaineaux : 2000.00
16° Pour achever le ravalement extérieur des façades : 65000.00
17° Pour frais imprévus : 12040.00
18° Pour les ouvrages ordonnés aux grandes écuries, écuries du Maine et du manège pour le service provisoire : 22020.00
Total : 450000 f. 00
Tableau des terreins et propriétés dont l’acquisition est proposée pour l’école impériale militaire de cavalerie
Suivant le projet raisonné, c’est-à-dire entre le parterre et le chemin au midi du château
1° Une maison, jardin etc., propriété Bazire : montans de la valeur d’après le reveneu net au rôle des contributions : 5000 f. 00 ; montans de la valeur approximative d’après les convenances et les localités : 12000 f. 00
2° Propriété du sieur Legrand, graveur : 4000.00 ; 8000.00
3° Tannerie en activité du sieur Houette : 4000.00 ; 14000.00
4° Propriété du sieur Boucher, couvreur : 1200.00 ; 3000.00
5° Jardin du sieur Hardel : 3000.00 ; 3000.00
[Total :] 17200.00 ; 40000.00
Au midi dudit chemin, à droite et à gauche de la route impériale
6° Propriété Bardel : 32000.00 ; 60000.00
7° Idem Guy : 16000.00 ; 50000.00
8° Idem Bachelery : 14000.00 ; 30000.00
9° Maison Hardel : 15000.00 ; 17000.00
10° Maison Douard : 24000.00 ; 34000.00
11° Idem Curie : 5000.00 ; 10000.00
12° Jardin Haquenier : 500.00 ; 3000.00
13° Idem Guyon : 1000.00 ; 6000.00
Total : 124400.00 ; 250000.00
Ainsi, on peut estimer la valeur totale de ces terreins pour acquisitions à la somme de 250000 f. 00
Et pour la partie seulement entre le parterre et le chemin à celle de 40000.00
Passons maintenant aux estimations
1er projet du 15 mars sans aucune acquisition
1° Murs de clôture, 1000 mètres courans à 60 f. 00 l’un : 60000 f. 00
2° Constructions neuves en rez de chaussée, 525 m. courans à 800 f. 00 l’un : 420000.00
3° Idem en 1er étage pour logements d’écuyers, piqueurs, etc., 125 m. à 300 f. l’un : 50000.00
4° Construction du manège, par estimation : 80000.00
5° Pour établir des eaux aux écuries, le régulage des terrains et pour les frais imprévus, par estimation : 10000.00
[Total :] 620000.00
Pour le château : 450000.00
[Total :] 1070000.00
Nota. Il existe entre cette estimation et celle de notre premier rapport du 16 mars une différence en plus d’environ 162000 f. Elle provient des établissements d’artillerie et d’escrime dont nous n’avons eu connaissance que par le décret du 17 juin, lesquels ne sont point portés dans ledit rapport, et de la rapidité avec laquelle le 1er apperçu a été rédigé.
2e projet proposé par quelques propriétaires de Saint Germain
1° Murs de clôture, 1500 m. courans à 60 f. l’un : 90000 f. 00
2° Rétablissement de bâtimens tant au 1er étage qu’au 2e pour les approprier à leur nouveau service, 660 m. courans à 120 f. 00 l’un : 79200.00
3° Construction du manège, par estimation : 80000.00
4° Achats de terreins, par estimation : 250000.00
5° Pour établir des eaux aux écuries, recyclage des terreins et frais imprévus, par estimation : 4800.00
[Total :] 504000.00
Pour le château : 450000.00
[Total :] 954000.00
Nota. Il y a plusieurs portions de murs existantes, lesquelles dans ce cas ci pourront servir en y faisant les exhaussemens convenables, mais comme ce terrein, subdivisé en diverses propriétés, présente une très grande différence dans les niveaux des sols, il y auroit à faire des mouvemens de terres très considérables dont nous estimons que la dépense seroit couverte par la valeur des matériaux provenant de la démolition des différentes maisons et clôture de jardins.
3° Projet mixte arrêté le 10 juillet par M. le directeur des fortifications, M. le chef de bureau des écoles et nous
1° Murs de clôture, 1160 m. courans à 60 f. 00 l’un : 69600 f. 00
2° Constructions neuves en rez de chaussée, 420 m. courant à 800 f. l’un : 336000.00
3° Idem en 1er étage pour logements d’écuyers, piqueurs, etc., 125.00 m. courans à 400 f. 00 l’un : 50000.00
4° Changement pour rétablir la clôture de la terrasse en transportant la grille de Q en P et changement de la route impériale, par estimation : 6000.00
5° Construction du manège, par estimation : 80000.00
6° Achats de terreins, par estimation : 40000.00
7° Pour établir des eaux aux écuries, le réglage des terreins et pour les frais imprévus, par estimation : 4400.00
[Total :] 586000.00
Pour le château : 450000.00
[Total :] 1036000 f. 00
Si l’on ne considéroit que les dépenses, le 2e projet devroit avoir nécessairement la préférence sur les deux autres et le troisième sur le premier.
Il ne reste donc plus qu’à décider si la somme de 82000 f., différence entre l’estimation du 2e au 3e projet, doit faire rejetter ce dernier. Nous pensons au contraire que, la somme fût-elle double de celle-ci, il devroit encore obtenir la préférence.
Nous terminons le présent rapport en présentant le tableau des sommes nécessaires de manière à pouvoir établir l’instruction et le service de cette maison sur le même pied qu’à l’école impériale de Saint Cyr, conformément à l’art. 5 du décret du 17 juin dernier.
Nous supposons cependant qu’en attendant la construction des écuries et autres bâtimens, les chevaux, écuyers, piqueurs, etc., seront provisoirement placés aux écuries du Maine, du manège, etc., servant actuellement de casernement, et que les élèves se rendront militairement du château auxdites écuries chaque fois que l’instruction ou le service l’exigeront.
Tableau des fonds nécessaires pour faire la réparation du château de Saint Germain, la construction d’un manège et la fourniture et clôture d’une carrière.
Détails des ouvrages :
Arrangement du château : pour le 1er projet : 450000 f. 00 ; pour le 2e projet : 450000 f. 00 ; pour le 3e projet : 450000 f. 00
Construction du manège : pour le 1er projet : 80000.00 ; pour le 2e projet : 80000.00 ; pour le 3e projet : 80000.00
Murs de clôture : pour le 1er projet : 60000.00 ; pour le 2e projet : 90000.00 ; pour le 3e projet : 70000.00
Changement de la route impériale etc. : pour le 3e projet : 6000.00
Achats de terreins : pour le 2e projet : 250000.00 ; pour le 3e projet : 40000.00
[Totaux :] pour le 1er projet : 590000.00 ; pour le 2e projet : 870000.00 ; pour le 3e projet : 646000.00
Sur quoi il y a en fonds pour l’exercice courant : 300000.00
Partant il faut un nouveau fonds de : pour le 1er projet : 290000.00 ; pour le 2e projet : 570000.00 ; pour le 3e projet : 346000.00
A Versailles, le 22 juillet 1809
Le capitaine au corps impérial du génie, chef du casernement dans le département de Seine et Oise
Derouet »

Lettre de l’architecte Millet concernant la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

« Paris, ce 25 août 1878
A monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
Le 3 mars 1874, nous avions l’honneur de vous présenter un devis s’élevant à la somme de 118274 f. 00 pour la restauration de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye et, le 9 mars suivant, vous vouliez bien m’informer que votre département concourrait à cette restauration pour la dite somme de 118274 f. 00.
Lorsque nous avons fait ce devis, nous espérions pouvoir conserver presque tous les meneaux des trois grandes croisées sur la cour. Mais nous avons constaté de telles ruptures lors du démontage de ces meneaux que nous nous sommes vu dans la nécessité de reconstruire en presque totalité. Les dites ruptures étaient causées par les scellements des fers à vitraux et nous avons dû remédier, pour l’avenir, à ces inconvénients en substituant le cuivre rouge au fer pour les parties qui s’engagent dans la pierre.
Par suite du mauvais état des fondations et des difficultés que nous avons rencontrées dans la démolition des anciens bâtiments enclavant la chapelle, nous avons été entraînés à faire de nombreux travaux de consolidation qui sont venus augmenter considérablement la dépense.
De plus, nous n’avions pas prévu dans le devis sus-mentionné le dallage, la construction du comble et de la flèche, les vitraux etc., tous travaux qui sont indispensables aujourd’hui pour parfaire la complète restauration de ce charmant monument historique.
Nos ressources sont épuisées et nous sommes forcé de recourir à nouveau à la sollicitude de votre administration des Monuments historiques et nous joignons à ce rapport un devis complémentaire des travaux à exécuter dans la belle chapelle de saint Louis, appartenant au XIIIe siècle, et dans lequel nous faisons entrer l’administration des Monuments historiques pour 131226 francs 89 centimes, moitié de la dépense totale.
J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet »

Millet, Eugène

Lettre de Marie de Médicis concernant la punition au fouet du dauphin à Saint-Germain-en-Laye

« Madame de Monglat,
J’ay esté bien aise d’entendre les nouvelles de mon fils que ce porteur m’a dictes en me rendant les lettres dont l’avez chargé, et ce soir j’ay celles que mon laquay m’a raportées de vostre part. Je vous prie de continuer à m’en faire scavoir le plus souvent que vous pourrez, et usez de toutes sortes de moiens dont vous vous pourrez adviser pour faire passer à mond. fils ses fantaisies et humeurs opiniastres auparavant que d’en venir au fouet, qui est le dernier remede qu’il y faudra apporter, et principallement en cette saison qui est chaude et en laquelle il se pourroit esmouvoir de colere, comme il fit estant icy l’année derniere. Au surplus, je suis d’advis [f. 277] que vous le faciez desloger du chasteau neuf pour le remectre au viel avec toute la suite, afin que quand le Roy mon seigneur et moy iron par delà, nous trouvions la place vuide aud. chasteau neuf et y puissions loger. C’est ce que j’ay à vous escrire pour cette heure. Priant Dieu etc. »

Marie de Médicis

Payements concernant Saint-Germain-en-Laye dans le rôle du trésor royal

« [f. 26] Aud. [Pierre Turlin, tresorier general de l’Argenterie], la somme de quatre mil livres que Sa Majesté lui a ordonnée pour emploier au fait de sadicte charge, mesmes icelle delivrer à la dame Verbek pour son paiement de deux grands miroirs qu’elle a fournis pour le service du Roy et qui ont esté portez au chasteau de Saint Germain en Laye par l’ordre de Sadicte Majesté, cy : IIIIm l.
[f. 26v] Aud. Turlin, la somme de cinq mil cinq cens livres que Sa Majesté lui a ordonnée pour emploier au fait de sad. charge, mesmes icelle delivrer à Louis Metels, tapissier, pour son paiement de deux tentures de tapisseries de verdures de Bruxelles tres fines, l’une à bordure fond d’or de deux aunes de hault et XVII aunes trois quarts de tour en huit pieces, et l’autre de deux aunes un quart de hault et de quatorze aunes et demie de tours ou environ en six pieces, qu’il a livrées pour le service de Sad. Majesté et qui ont esté portées au chasteau de Saint Germain en Laye, cy : Vm Vc l.
Aud. Turlin, la somme de trois mil cens trois livres neuf sols que Sa Majesté luy a ordonnée pour emploier au faict de sad. charge, mesmes icelle delivrer aux desnommez ci apres pour leur paiement des fournitures et façons d’un meuble de brocart d’argent et incarnadin que Sa [f. 27] Majesté a ordonné estre fait pour servir dans son cabinet de Saint Germin en Laye, scavoir à Leduc et Carpentier, marchands de soie, IIm IIIIc IIIIxx XVIII l. I s. pour XLIIII aunes quartier et demy de brocart d’argent et incarnadin matte à L l. l’aune, XX aunes et demy de taffetas d’Angleterre incarnadin et blanc à VII l. l’aune, VII aunes de brocart de soie fond incarnadin brodé de plusieurs couleurs à XIIII l. l’aune, dix aunes de taffetas vert de Lyon à III l. VIII s. et six aunes de taffetas d’Angleterre incarnadin et blanc à VI l. VI s., à Coquino, marchand passementier, IIIIc XX l. pour XVII aunes de frange, XXIIII aunes de molet, quatr’aunes et un quart de galon et deux glands, le tout d’argent fin, pesant ensemble IIIIxx XIIII onces sept gros à IIII l. l’once, compris huit aunes de frangeron double et sept aunes de petit frangeon simple or et argent, et pesant IX onces à IIII l. X s. l’once, pour [f. 27v] quatre petits carreaux pour servir à l’escarpolette, et à Du Lu, tapissier, IXxx VI l. VIII s. pour ses fournitures et façons du susd. meuble, cy IIIm CIII l. IX s.
[…]
[f. 262] Aux nommez Cholet et Hervé, archers de lad. prevosté de l’Hostel et grande prevosté de France, la somme de huict vingt dix livres que Sa Majesté leur a ordonnée pour le service par eux rendu pendant dix sept jours qu’ils ont vacqué à aller querir les habitans des communautez qui ont travaillé à combler la garenne du Vizinée à Saint Germain en Laye à raison de V l. à chacun par jour, cy : VIIIxx X l.
[…]
[f. 265v] A trois mareschaux des logis, un fourier du corps et dix fouriers ordinaires, la somme de dix sept cens vingt livres que Sa Majesté leur a ordonnée pour leurs extraordinaires pendant XX jours emploiez au dernier voiage de Sa Majesté à Saint Germain en Laye, à compter depuis le quatriesme jusques au XXIIIIe mars, qui est à raison de IIIc l. à chaque mareschal des logis, C IIIIxx l. au fourier du corps, et CL l. à chaque fourier ordinaire par mois ainsi qu’il est acoustumé, cy : XVIIc XX l.
[…]
[f. 536] A [Antoine Le Menestrel, tresorier general des Bastimens du Roy], la somme de trzei cent vingt sept livres seize sols dix deniers que Sa Majesté luy a ordonnée pour emploier au fait de sa charge, mesmes celle de XIIIc XI l. IX s. au paiement des despences necessaires pour faire la haye et fossez de la vente aux Prestres et de la garenne du Visinet à Saint Germain [f. 536v] en Laye, et XVI l. VII s. X d. pour les taxations dudit Le Menestre, cy : XIIIc XXVII l. XVI s. X d.
Audit Le Menestrel, la somme de quatre mil cent trente quatre livres trois deniers que Sa Majesté luy a ordonnée pour employer au fait de sad. charge, mesmes celle de IIIIm IIIIxx XIX l. XIX s. VI d. aux despences necessaires à faire pour le recepage de la garenne de Vizinet et de la haye aux Prestres à Saint Germain en Laye, et LI l. IX d. pour les frais et taxations dud. Le Menestrel à VI d. pour livre, cy : IIIIm CXXXIIII l. III d.
[…]
[f. 539v] Audit Le Menestrel, la somme d’unze mil deux cens soixante dix neuf livres cinq sols que Sa Majesté luy a ordonnée pour emploier au faict de sa charge, mesmes celle de XIm CXL l. à l’achapt des arbres que l’on plante dans le lieu appellé ci devant la garenne du Visinet pour la decoration du château de Saint Germain en Laye, et CXXXIX l. pour les taxations dudit Le Menestrel à VI d. pour livre, cy : XIm IIc LXXIX l. V s.
[…]
[f. 569] A frere Fermin de Sainte Marine, religieux augustin deschaussé et procureur du couvent des Loges de Saint Germain en Laye, pareille somme de trois cens livres que Sa Majesté a ordonnée estre mise en ses mains pour lesd. religieux dudit couvent des Loges, de laquelle Sa Majesté leur a fait don par aumosne, cy : IIIc l. »

Lettre concernant l’éventuel une défaillance de l’entrepreneur de maçonnerie du château de Saint-Germain-en-Laye

« M. Lafollye,
J’ai l’honneur de vous informer que, à la demande du personnel du musée, qui a hâte de commencer son travail de la colonne Trajane, j’avais donné hier sur place l’ordre à M. Morin de faire ce matin un complément de carrelage dans la salle du rez-de-chaussée du château que doivent occuper les ouvriers du musée.
Malgré la promesse que m’avait faite l’entrepreneur, il n’y avait pas d’ouvriers ce matin. Je lui ai renouvellé mon ordre le jour même avant midi, de sorte qu’il lui fût possible d’envoyer à midi, à la reprise du travail, les ouvriers nécessaires. M. Morin a signé l’ordre de rappel lui-même et, à 4 heures, n’avait encore envoyé personne.
Comme ce travail ne peut subir de retards, en présence du mauvais vouloir de M. Morin, je m’adresse, ainsi que j’ai déjà dû le faire, à M. G. Monduit, entrepreneur de maçonnerie des parterres et terrasses.
J’ai le devoir d’appeler votre attention sur ce nouveau procédé de l’entrepreneur pour lequel l’impunité dont il a joui jusqu’ici semble être un encouragement.
Veuillez agréer etc.
Signé : Choret »

Compte rendu d’une séance de l’Assemblée nationale concernant la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« M. Berteaux. Messieurs, j’ai une très brève question à adresser à M. le ministre des Beaux-Arts relativement aux travaux de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye.
Ces travaux furent commencés en 1862 sous la direction du regretté M. Millet. A partir de cette époque, chaque année, l’administration des Bâtiments civils consacra aux travaux une somme variant de 60000 à 150000 fr. Dès que les travaux furent suffisamment avancés pour que l’on pût commencer la restauration de la chapelle, l’administration des Monuments historiques, de son côté, accorda chaque année une somme qui vint s’ajouter au crédit consenti par l’administration des Bâtiments civils. Les choses continuèrent ainsi jusqu’en 1879, où, malheureusement, M. Millet, l’éminent architecte, vint à mourir.
Je n’ai pas à rechercher ici si le successeur de M. Millet sut conserver la sympathie et la confiance de l’administration, mais je suis bien obligé de constater qu’il ne sut pas tout au moins conserver les crédits alloués pour les travaux de restauration du château.
Très rapidement après sa nomination, les fonds faisant défaut, les travaux de restauration s’arrêtèrent. A la fin de 1889, le successeur de M. Millet cessa ses fonctions et il fut très heureusement remplacé, dès les premiers jours de 1890, par M. Daumet, membre de l’Institut, dont je n’ai pas besoin de faire l’éloge.
Dès lors, on pouvait espérer que les bonnes habitudes du gouvernement allaient être reprises ; nul, en effet, plus que M. Daumet n’est en état de mener à bonne fin l’œuvre si bien commencée, il y a trente-trois ans, par M. Millet. Malheureusement, notre espérance ne s’est pas encore réalisée. Depuis cinq ans, nous attendons en vain la reprise des travaux.
Et cependant, Messieurs, si cette reprise n’a pas lieu, les dépenses déjà engagées seront-elles-mêmes au moins en partie compromises. Il faudra bientôt restaurer les travaux de restauration.
Je ne vous donnerai qu’un exemple. Avant sa mort, M. Millet avait fait édifier la charpente en bois de la flèche de la chapelle. Depuis quinze ans, cette charpente en bois attend vainement les travaux de couverture et, si cet état de choses continue, il faudra très certainement, quand on reprendra les travaux, reconstruire la flèche complètement.
Ainsi l’intérêt financier se trouve d’accord avec l’intérêt artistique pour réclamer la reprise et la continuation des travaux. Il y a là deux considérations bien faites, je l’espère, pour toucher M. le ministre des Beaux-Arts d’aujourd’hui, hier encore ministre des Finances.
Il y en a encore une autre que je me permettrai d’indiquer et qui me touche davantage encore. Les ouvriers en bâtiments de la région, très cruellement éprouvés par le chômage, conséquence forcée des froids si rigoureux de ce long hiver, attendent avec une vive impatience la reprise des travaux. En effet, sur les sommes allouées, 45 p. 100 environ vont à la main-d’œuvre. Ce serait pour les ouvriers de l’ouvrage et par suite du pain.
Je suis certain que M. le ministre des Beaux-Arts appréciera cette raison, et j’ai le ferme espoir qu’il voudra bien nous annoncer la reprise prochaine des travaux.
(Applaudissements sur divers bancs.)
M. Dupuytrem. Jamais !
M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. J’ai le regret de contester l’interruption de M. Dupuytrem ; j’ai le désir de satisfaire M. Berteaux, aux considérations duquel je suis, en effet, très sensible.
J’estime que les travaux du château de Saint-Germain doivent reprendre, et ils vont reprendre. (Très bien ! très bien !) Ils seront exécutés jusqu’à concurrence de 30000 fr. dans le cours de l’exercice. (Très bien ! très bien !)
M. Dupuytrem. Tant mieux ! J’espère que la ville de Saint-Germain me sera reconnaissante, car c’est moi qui ai amené M. le ministre à faire cette déclaration.
M. Berteaux. Je remercie M. le ministre de sa déclaration. »

Chambre des députés

Lettre concernant le logement des professeurs de l’école militaire à Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Guerre
Bureau des écoles militaires
Minute de la lettre écrite par le ministre à M. le général Clément de la Roncière le 31 décembre 1809
Général,
Quand j’ai pris ma décision relative à l’indemnité de logement du professeur de l’école militaire de cavalerie, je n’avois point encore nommé M. l’abbé Langlet à la place d’aumônier, quoique l’avis que je vous ai donné pour cette indemnité soit postérieur à sa lettre de nomination. Il n’y a point de doute qu’il doit être traité de même que le professeur et jouir comme eux de l’indemnité de trois cens francs par an jusqu’à ce qu’il puisse être logé dans l’un des bâtimens dépendans de l’école.
Recevez, Général, l’assurance de ma parfaite considération. »

Quittance donnée par le concierge de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages

« Sachent tuit que je Pierre de Guyry dit le Galois, escuier, consierge du chastel de Saint Germain en Lay, confesse avoir eu et receu de honnorable homme et saige Jehan Bourteau, receveur de Paris, la somme de six livres dix sept solz parisis qui deubz m’estoient a cause des gaiges desserviz ou dit office pour le terme de Toussains dernier passé, de la quelle somme de VI l. XVII s. p. je me tiens pour comptant et en quicte ledit receveur et tous autres. Donné soubz mon scel le XXIe jour de decembre l’an mil CCCC et deux. »

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans la chronique de Pierre Driart

« [p. 124] Le samedi XIIIe jour dudict moys [avril 1527], par le commandement du Roy, lors estant à Sainct Germain en Laye, et lequel y avoit esté longue espace de temps depuis son retour des Espaignes sans entrer dans Paris, nonobstant qu’il [p. 125] eust approché et passé soubz les pontz, et lequel estoit fort courroucé contre la ville, furent mis prisonniers au Louvre mons. Merlin, penitencier de mons. de Paris, mons. Boucherat, advocat en la Court, mons. de Gris, ung autre nommé Boyleaue, et des marchans de ladicte ville, lesquelz, comme on disoit, n’avoient voulu estre de consentement que on se obligeast aux Angloiz pour quelque deu comme ilz vouloient soubz ung nisy, qui fut chose assez estrange à ouyr.
Et, le dimenche apres disner, jour de Pasques fleuries, ledict s. le Roy nostre sire entra en ceste ville de Paris et logea aux Tournelles, et se tint quelque espace de temps au boys de Vincennes.
[…]
[p. 136] Item, vers la fin de ce present moys [novembre 1528], madame la royne de Navarre, seur du roy de France, acouchea d’une fille au chasteau de Sainct Germain en Laye, comme on disoit pour lors.

Driart, Pierre

Lettre de Louvois au sieur de Lestelle concernant le portier d’une des portes du parc de Saint-Germain-en-Laye

« L’on a donné avis au Roy qu’il y a une des portes du parcq de Saint Germain où il n’y a point de portier depuis plusieurs mois. Je vous prie de prendre l’ordre de M. le grand maitre pour y pourvoir au plus tost et de me mettre en estat de rendre compte à S. M. de ce qui aura esté fait sur cela. »

Mémoire sur l’installation du pénitencier militaire dans le château de Saint-Germain-en-Laye

« Génie
Place de Saint-Germain
1837
Direction de Paris
Mémoire sur le pénitencier militaire de Saint-Germain
Le pénitencier militaire de Saint-Germain est installé dans l’ancien château de cette ville, bâtiment dont les murs sont très épais et sont entourés d’une ancienne contrescarpe de 6 m. 50 de hauteur, laquelle est surmontée d’un mur de clôture construit en 1835 et ayant moyennement 2 m. 50 de hauteur, ce qui porte à 9 mètres la profondeur des fossés servant de préaux.
Le rez-de-chaussée de la détention n’a de communication avec le dehors que par le pont qui traverse le fossé servant de jardin à l’administration, et cette communication depuis la cour de la détention jusqu’au mur d’enceinte se trouve interceptée quatre fois, 1° par la grande porte de la dite cour, 2° par la grille en fer fermant le passage voûté entre la geôle et le corps de garde, 3° enfin par deux portes charretières aux deux extrémités du pont. Quant aux 80 fenêtres extérieures du dit rez-de-chaussée, qui contient les bureaux de l’administration etc., et dont le sol se trouve à 6 m. 50 au-dessus de celui des préaux, toutes ces fenêtres sont garnies de grilles en fer dont les barreaux ont 0 m. 03 d’épaisseur.
Entre ce rez-de-chaussée et ce qu’on est convenu d’appeler le premier étage, se trouve un entresol qui est cependant un étage intermédiaire assez élevé, organisé entièrement en cellules, à l’exception d’une partie affectée à l’administration et de deux pièces servant d’infirmerie. Les fenêtres extérieures de cet entresol ne sont pas grillées, mais elles ne se trouvent pas dans les cellules. Elles éclairent les corridors sur lesquels celles-ci prennent jour. D’ailleurs, les appuis des dites fenêtres sont élevés de 12 mètres au-dessus du sol des préaux, lequel se trouve, ainsi qu’on l’a dit plus haut, à 9 mètres en contrebas du couronnement du mur d’enceinte, et ces deux hauteurs à franchir pour descendre et pour remonter sont certainement bien suffisantes pour empêcher les évasions. C’est ce que la commission du pénitencier a reconnu elle-même, car c’est d’après son avis que le chef du Génie de Versailles, dont le projet de 1834 approuvé par le ministre, a supprimé cette dépense qui était comprise dans le premier projet rédigé en 1833 et qui serait d’environ 15000 f.
Le 1er étage est entouré sur tout son pourtour extérieur d’un chemin de rond formé par la saillie des terrasses des courtines et des balcons des pavillons et dont la hauteur au-dessus du sol des préaux est d’environ 16 mètres. La moitié de cet étage est organisée en cellules et l’autre moitié contient des ateliers et le logement du commandant du pénitencier. Quant aux fenêtres qui pourraient donner accès sur ce chemin de rond, elles sont fermées avec des cadenas dans la partie occupée par les ateliers, et dans celles où il y a des cellules, les dites fenêtres, qui servent uniquement à éclairer les corridors sur lesquels les cellules prennent jour, sont garnies de forts châssis dormans à très petits carreaux. Du reste, le dit chemin de ronde est intercepté dans son circuit autour du premier étage du bâtiment par sept barrages armés de hérissons en fer et dans lesquels des portes sont pratiquées par le passage des rondes. Enfin, les deux côtés par lesquels le chemin de ronde vient rejoindre le logement du commandant du pénitencier sont fermés par deux murs couronnés en cape de batardeau et armés également de hérissons en fer, disposition qui, jointe à celles par lesquelles le bâtiment de l’administration est isolé de la détention, tant au rez-de-chaussée qu’à l’entresol, met ce bâtiment à l’abri des tentatives d’invasion de la part des détenus.
Cette description sommaire du bâtiment du pénitencier, depuis les préaux qui sont établis dans les fossés jusqu’au premier étage dont il n’y a jusqu’à présent d’occupé que la partie des ateliers, attendu que les cellules de l’entresol suffisent pour l’effectif actuel des détenus, n’a pas besoin d’être poussée plus loin pour l’objet qu’on a en vue dans ce mémoire, et sans mentionner ici les dispositions qui se rapportent au 2e étage dont les travaux sont en cours d’exécution. On peut déjà conclure de l’exposé qui précède que, pour ce qui regarde la sûreté de la détention, il n’y a pas lieu à avoir la moindre crainte.
Mais ce lieu de détention est en même temps une maison pénitenciaire. Il reste donc à examiner sous ce dernier point de vue les dispositions qui ont été faites et qui consistent en cellules construites à l’effet d’isoler les détenus pendant la nuit.
Ces cellules, dont les dimensions et le mode de construction ont été déterminées par la commission du pénitencier et approuvés par le ministre, ont 2 m. 30 de longueur, 1 m. 80 de largeur, sur 3 m. de hauteur, et elles sont formées par des pans de bois de 0 m. 11 d’épaisseur qui sont été élevés sur les anciens planchers du bâtiment. On doit rappeler à ce sujet que c’est à la suite d’une longue discussion que ce mode de construction a été adopté, que cette discussion a commencé sur le projet présenté par le chef du génie de Versailles sur la date du 17 juillet 1833 (voir les délibérations du comité des Fortifications du 26 novembre 1833 et du 20 janvier 1834), que le 2e projet présenté sous la date du 23 décembre 1834 a donné lieu à la délibération du 25 mars 1835 dans laquelle le comité persistait dans l’opinion qu’il avait émise dans ses délibérations précédentes au sujet des cellules proposées par la commission du pénitencier, mais que ce mode de construction, inhérente au système de la commission approuvé par messieurs les maréchaux Soult et Girard, à l’exclusion du système dont les bases étaient posées dans la délibération précitée du 26 novembre 1833, a été définitivement adopté par une décision du ministre du 8 avril 1835 allouant sur les fonds de réserve la somme nécessaire pour la construction des dites cellules.
Si l’on rappelle ces circonstances, qui prouvent que les travaux du pénitencier de Saint-Germain n’ont été entrepris qu’à la suite d’un long examen, ce n’est pas pour invoquer en faveur du système qui a prévalu et qui a été mis à l’exécution l’autorité de la chose jugée comme réponse à la critique incessante du commandant du pénitencier. On fera cependant remarquer que les dispositions qui ont prévalu sont précisément celles qui ont été produites par la commission instituée pour étudier et appliquer le système pénitentiaire et qu’il n’est pas probable que cette commission ait pu se tromper au point de justifier les attaques qui sont depuis quelque temps dirigées contre le modèle adopté dans l’application de ce système au château de Saint-Germain. Mais si le chef du Génie est disposé à justifier ce qu’il a fait exécuter, s’il consent à rouvrir la discussion, on comprend que ce n’est point pour émettre une opinion sur le mérite respectif des deux systèmes qui ont été en présence, mais uniquement pour réduire à leur juste valeur des rapports exagérés.
Cela posé, examinions donc si les cellules qui ont été construites sont aussi défectueuses que l’autorité du pénitencier parait le prétendre en représentant la surveillance comme difficile par suite du peu de solidité et du vice des constructions.
L’ordonnance du 3 décembre 1832 sur les pénitenciers militaires borne à la nuit l’isolement des détenus. Ainsi, les hommes qui couchent séparément dans des cellules se trouvent réunis pendant le jour soit dans les ateliers, soit dans les réfectoires, soit dans les préaux. N’est-il pas visible que cet isolement incomplet est fondé sur ce motif que l’isolement continuel de jour comme de nuit aurait été une peinte trop forte pour la cathégorie des condamnés dont il s’agit et que, par l’adoption de l’isolement nocturne, on a eu en vue seulement de les soustraire à la faculté qu’ils auraient pendant la nuit, s’ils couchaient en commun dans des dortoirs, soit à se livrer à de honteux penchants, soit à tramer des complots d’évasion ou d’excitation au désordre ? Or, on le demande : les cellules qui ont été construites ne suffisent-elles pas pour remplir ce but ? Il est bien certain que des cloisons de 0 m. 11 d’épaisseur n’isolent pas les hommes aussi complément que le feraient des murs et qu’à la rigueur quelques communications verbales peuvent s’établir entre deux cellules voisines. Mais des communications aussi restreintes ne sont-elles pas insignifiantes pour des hommes qui sont tout le jour ensemble et trouvent, soit dans les préaux, soit dans les réfectoires, bien plus de facilité à s’entretenir qu’ils ne peuvent en avoir dans leurs cellules de construction légère ? En un mot, dans le système d’isolement complet qui a été adopté, est-il bien nécessaire d’avoir, pour la nuit, une fermeture plus hermétique que celle qui existe ? Il est vrai que des cloisons de 0 m. 11 d’épaisseur n’offrent pas un bien grand obstacle aux effractions par lesquelles les hommes tenteraient de sortir de leurs cellules. Mais à quoi cela les conduirait-il ? A rien. En effet, ce ne sont pas les cellules qui constituent la détention, ce sont les locaux ou grands dortoirs où sont élevées ces cellules, lesquelles ne sont autre chose que de fortes alcôves. Un homme qui sortirait de son alcôve se trouverait donc dans un grand dortoir, fermé, exactement dans la même position que celle où se trouveraient tous les détenus si l’on n’avait pas adopté le système cellulaire. Ce n’est pas la sortie de sa cellule qui lui donnerait des facilités pour aller plus loin, et elle n’aurait d’autre résultat pour lui que de se faire mettre dans une des cellules ténébreuses de l’étage souterrain pour lui ôter l’envie de recommencer. De ce qui précède, on peut donc tirer une 2e conclusion, savoir que si le mode de construction des cellules, tel qu’il a été adopté par le ministre, par suite de la préférence donnée au système de la commission du pénitencier, n’offre pas une solidité telle qu’on aurait pu l’obtenir par un système de distribution autre que celui de la commission, il n’en est pas moins vrai que ce mode de construction ne présente, tant pour la sûreté que pour le régime du pénitencier, aucun inconvénient grave et qui soit de nature à éveiller la sollicitude de l’autorité sous laquelle le pénitencier se trouve placé.
En se livrant à l’examen qui précède, le chef du Génie a eu pour but d’en finir avec des allégations sans cesse renaissantes et qui tendent à tout remettre en question. Mais, s’il croit avoir justifié suffisamment ce qui a été fait, s’il pense que la discussion doit être fermée sur des choses accomplies et qui ne sont pas de nature à motiver les plaintes dont elles sont l’objet depuis quelque temps, il n’a pas la pensée de chercher à repousser ce qui pourrait être utile pour améliorer ou pour compléter ce qui a été fait. C’est dans une pensée contraire qu’il se proposer d’examiner ici succinctement les principaux objets que sa mémoire lui rappelle, parmi ceux sur lesquels, en sa présence, M. le commandant du pénitencier a appelé l’attention de M. le lieutenant général Delore, qui a été chargé de l’inspection de cet établissement. En recueillant ses souvenirs, le chef du Génie y trouve trois demandes principales que M. l’inspecteur général aura vraisemblablement consignées dans son rapport d’inspection et qui sont relatives : 1° à l’insuffisance des dispositions faites pour le régime de correction, 2° au besoin de lieux de réunion pendant les heures de repos, lorsque le temps ne permet pas d‘envoyer les détenues dans les préaux, 3° enfin à la nécessité de fermer par des grilles en fer toutes les fenêtres du 1er étage.
Le chef du génie partage cette opinion que les dispositions faites pour le régime de correction sont insuffisantes. Dans le système d’après lequel les travaux ont été exécutés, le régime commun et le régime de correction ne différaient que comme cathégories : dans l’un comme dans l’autre, isolement complet, c’est-à-dire réunion des détenus pendant le jour et leur séparation pendant la nuit. En conséquence, le régime de correction avait été organisé, à l’instar du régime commun, avec atelier, réfectoire, préau, cellules à peu près semblables aux autres, et l’on s’était borné à choisir un pavillon séparé du reste du bâtiment, pour que les hommes de ce régime n’eussent aucune communication avec les autres. Mais il parait que cette similitude ne doit pas être conservée et qu’on a l’intention s’assujettir les hommes transférés au régime de correction à rester dans leurs cellules, le jour comme la nuit. On conçoit alors que des celles telles que celles du régime commun, suffisantes pour remplir le but moral de l’isolement nocturne, ne suffisent plus dans le cas d’un isolement complet qui devient un moyen de répression disciplinaire. Il faut alors que les cellules soient plus hermétiques, plus solides, et qu’elles soient aussi plus grandes pour que les hommes y puissent travailler. Ce sera le sujet d’un projet à soumettre au ministre.
Pour ce qui regarde les lieux de réunion des détenus pendant les heures de repos, lorsque le temps ne permet pas de les envoyer dans les préaux, on peut se procurer des emplacemens pour cet usage en diminuant le nombre des cellules du 2e étage. Les travaux d’appropriation de cet étage sont en cours d’exécution mais, dans la prévision que la demande dont il s’agit pourrait être prise en considération, le chef du Génie n’a fait entreprendre que la construction des cellules qui doivent être faites dans toute hypothèse.
Quant à la fermeture des fenêtres du premier étage par des grilles en fer, elle donnerait lieu à une dépense d’environ 25000 f., et le chef du génie ne reconnait pas dans cette mesure une nécessité de nature à justifier une pareille dépense. En effet, dans quel but fait-on cette demande ? C’est pour rendre impossible une invasion des détenus sur le chemin de ronde qui contourne tout le premier étage du bâtiment. Mais à quoi cette invasion les conduirait-elle ? A rien. En effet, on ne craint pas que ce chemin de ronde les conduise au logement du commandant puisqu’ainsi qu’on l’a dit plus haut, deux murs couronnés en cape de batardeau et armés de hérissons en fer ferment les deux côtés par lesquels il aboutit à ce logement. Est-ce qu’on craindrait que, du chemin de ronde, ils descendissent la nuit dans les préaux pour escalader ensuite le mur d’enceinte ? Une pareille crainte n’est pas admissible, car, ainsi qu’on l’a également dit plus haut, le chemin de ronde est à 16 mètres au-dessus du sol des préaux, lequel est à 9 mètres en contrebas du couronnement du mur d’enceinte. D’ailleurs, si l’on pouvait craindre une descente de la part des détenus, du chemin de ronde dans les préaux, à plus forte raison on devrait craindre qu’ils descendissent de l’entresol dont la hauteur est seulement de 12 mètres, en sorte qu’il faudrait également griller les fenêtres de cet entresol, ce qui porterait la dépense à 40000 f. au lieu de 25000 f. Cependant, on n’a pas jugé nécessaire de griller les fenêtres de l’entresol, et l’on a vu au commencement de ce mémoire que c’est la commission elle-même qui a exprimé cette opinion en engageant le chef du Génie de Versailles à retrancher de son second projet cette dépense qui figurait dans le premier. Terminons ce que nous venons de dire au sujet des craintes d’une invasion sur le chemin de ronde du premier étage en ajoutant que cette invasion, qui serait sans but pour les détenus, est improbable. En effet, est-ce des ateliers, qui occupent la moitié de cet étage, que les détenus se porteront sur le chemin de ronde ? Là, ils ont l’avantage d’être réunis. Mais ils n’y sont que le jour et sous la surveillance des gardiens. Or, peut-on supposer qu’en plein jour et sous les yeux des surveillants, ils brisent leurs fenêtres fermées par des cadenas, lorsque ce bris ne peut les conduire qu’à une répression vigoureuse. C’est un jeu qu’ils peuvent à la rigueur faire une fois, mais que vraisemblablement ils ne recommenceront pas. Si des ateliers on passe aux cellules qui occupent l’autre moitié du premier étage, c’est à peu près la même chose. Là, ils ont l’avantage d’être moins surveillés, puisqu’ils n’y sont que la nuit. Mais ils sont isolés dans leurs cellules : il faut qu’ils fassent effraction pour en sortir et qu’ils brisent ensuite les châssis dormans des corridors. Or tout cela demande du temps et ne peut se faire sans éveiller l’attention des gardiens de service.
Concluons de ce qui précède que la fermeture des fenêtres du premier étage par des grilles en fer n’a pas une utilité proportionnée à la dépense qu’elle occasionnerait. Au reste, cette dépense n’est pas demandée par la commission actuelle du pénitencier : cette commission s’est bornée, pour ce qui regarde le chemin de ronde, à demander la construction des deux murs dont on a parlé et qui isolent le logement du commandant, construction qui a été approuvée par le ministre et dont la dépense deviendrait inutile si l’on grillait les fenêtres.
Le chef du Génie termine ce mémoire par une observation sur l’économie avec laquelle il convient d’assujettir les dépenses dans l’intérêt du développement du système pénitenciaire. Le pénitencier de Saint-Germain, qui est la première application de ce système aux prisons militaires, ne pourra contenir que 470 détenus : c’est le nombre des cellules du régime commun dont l’administration pourra disposer après l’achèvement des travaux d’appropriation, les modifications à faire au dernier projet, ensuite des nouvelles demandes, ne permettant plus d’en avoir 500. Quant à la dépense qui aura été faite pour arriver à ce résultat, on estime qu’elle pourra s’élever à 330000 f. après l’exécution des travaux qu’il restera à faire en 1838 pour compléter la mise en état du bâtiment. Il résulte de ce rapprochement que l’établissement du pénitencier de Saint-Germain aura donné lieu à une dépense de 700 f. par homme, et ce calcul suppose encore que l’occupation sera réglée sur la contenance du bâtiment, en sorte que c’est un minimum de dépense. Mais en adoptant même le chiffre de 700 f. par homme, n’est-on pas fondé à trouver cette dépense considérable lorsqu’on considère qu’on a pas eu à construire le bâtiment, que celui qui existait était disposé à se prêter facilement aux nouvelles combinaisons, qu’il était entouré d’une contrescarpe qu’on n’a eu qu’à exhausser un peu pour former le mur d’enceinte, et qu’enfin pour les deux tiers de cette somme, environ 470 f. par homme, on construirait entièrement une caserne d’infanterie ? Qu’on juge donc de ce qu’aurait été la dépense si l’on n’avait pas trouvé un bâtiment tout fait et qu’on a eu seulement à approprier à sa nouvelle destination, et de ce qu’elle sera conséquemment dans les localités qu’on choisira pour l’établissement des autres pénitenciers militaires, car on doit supposer qu’on ne s’en tiendra pas à celui de Saint-Germain. Concluons que l’intérêt du développement à donner au système pénitenciaire destiné à remplacer le régime actuel des prisons militaires, vu les nombreuses exigences de ce système, impose l’obligation de se renfermer dans l’application aux dépenses rigoureusement nécessaires.
A Saint-Germain, le 10 septembre 1837
Le capitaine du Génie en chef
Mermier »

Acte du serment prêté par le duc de Lorraine au roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le mardy 2 jour d’avril 1641, en la presence de tres haut, tres excellent et tres puissant prince Louys, par la grace de Dieu roy de France et de Navarre, estant en la chapelle de son chasteau et maison royale de Saint Germain en Laye, apres les vespres de Sa Majesté solennellement dites, nous, Charles, par la grace de Dieu duc de Lorraine, marchis, duc de calabre, Bar, Gueldres etc., jurons et promettons en foy et parole de prince, sur les sainctes evangiles de Dieu et canon de la messe, pour ce par nous touchez, que nous observerons et accomplirons, ferons observer et accomplir pleinement, reellement et de bonne foy tous et chacuns les poincts et articles accordez et portez par le traité conclu et arresté à Paris le 29 mars dernier, ensemble les articles secrets, aussi conclus et arrestez le mesme jour entre le cardinal duc de Richelieu, pair de France, au nom de tres haut, tres excellent et tres puissant prince Louys, par la grace de Dieu roy de France et de Navarre, et nous, sans jamais y contrevenir directement ou indirectement, ny permettre qu’il y soit contrevenu de nostre part en aucune maniere que ce soit ; ainsi Dieu nous soit en ayde. En temoin de quoy nous avons signé ces presentes de nostre propre main, et y fait apposer nostre seel en la chapelle du chasteau et maison royale de Saint Germain en Laye le 2 jour d’avril 1641. A laquelle prestation de serment estoit presente tres haute, tres excellente et tres puissante princesse Anne, par la grace de Dieu reyne de France et de Navarre, epouse de Sa Majesté, comme aussi estoient presens le cardinal duc de Richelieu, les ducs de Longueville et de Chevreuse, nostre cousin, le sieur Seguier, chancelier de France, les ducs d’Usez, de Ventadour, de Montbazon et de La Force, de Chastillon, mareschal de France, de Cinq Mars, Grand Escuyer, Bouthillier, surintendant des Finances, Phelipeaux de La Vrilliere, Bouthillier de Chavigny et Sublet de Noyers, secretaires d’Estat, l’evesque de Meaux, premier aumosnier de Sa Majesté, tenant le livre des saincts Evangiles et canon de la messe sur lequel nous avions les mains posées ; presens les sieurs de Saint Belmont, Sivry, le comte de Ligneville et Berup, colonels de nos troupes. Pour temoignage de quoy nous avons signé ces presentes de nostre main, et à icelles fait apposer nostre scel les an et jour que dessus.
Ainsi signé : Charles, et plus bas I. Le Moleur, et seellé en placard des armes dudit duc. »

Acte concernant la transmission de la verrerie de Saint-Germain-en-Laye

« Du XXXe jour de juing M Vc IIIIxx V avantz midy
Fut present messire Lois Dalberetin, maitre verrier de la verrerye du Roy nostre sire à Sainct Germain en Laye, lequel pour luy et en son nom a faict et constitué son procureur general et special de [vide], auquel il a donné pouvoir de remettre entre les mains du Roy nostre sire ou monseigneur le chancelier de France led. estat et office de maistre verrier de la verrerye du Roy aud. Saint Germain pour et au nom et proffict de Claude Nepveu, son beau frere, et non d’autre, qu’il plaira à Sa Majesté pouvoir led. Nepveu, et generallement etc. Promettant. Obligeant. Ce fut fait et passé aud. lieu de la verrerye, presence de messire François Boullard, prestre habitué et demeurant au. Saint Germain, et maistre Gilles Duballet, procureur aud. lieu, tesmoins. Led. Delbertin constituant a signé la presente.
Boullard
Dumas
Dumallet
Luis de Betin »

Brevet du roi accordant de l’eau pour l’hôtel de la Chancellerie à Saint-Germain-en-Laye

« Aujourd’huy dernier du mois de janvier mil six cens soixante et quinze, le Roy estant à Saint Germain en Laye, voulant gratifier et favorablement traicter monsieur d’Aligre, chancelier de France, en considération de ses services, luy a accordé et fait don de la quantité de douze lignes d’eau en superficie pour l’hostel de la Chancelerie de Saint Germain en Laye à prendre au lieu le plus proche et le plus comode dudit lieu, et pour ce ordonner Sad. Majesté au sieur de Francine de Grandmaison, intendant general de ses Eaues et fontaines, d’en faire faire la distribution sans difficulté, m’ayant Sadite Majesté commandé d’en expedier le present brevet pour asseurance de sa volonté, lequel Elle a signé de sa main et fait contresigner par moy, son conseiller en tous ses conseils, secretaire d’Estat et de ses commandemens et finances.
Signé Louis, et plus bas Colbert »

Quittance pour fourniture de pierres à Saint-Germain-en-Laye

« Furent presens en leurs personnes Robert Papiot, maitre carrier demeurant à Saint Maur des Fossez, Louis Chauvin, voicturier demeurant en la basse court du bois de Vincenne, Pierre Bonnierre, voicturier demeurant à la Pissolle soubz led. bois de Vincennes, tant en leurs noms que comme faisant fort de Guillaume Hanguetil, carrier demeurant aud. lieu de la Pissolle, tous ce jourd’huy en ce lieu, lesquels ont recognu et confessé avoir eu et receu à plusieurs et diverses fois des sieurs Anthoine Bricart et François Villedo, conseillers du Roy, generaux des Bastimens de Sa Majesté, pontz et chaussée de France, par les mains dud. sieur Villedo, ce acceptant par ledit sieur Villedo, la somme de neuf mil cent soixante huict livres tournois pour tous et chacunes les voictures et moislon faictz et fournis par lesd. comparans pour lesd. sieurs Bricart et Villedo du passé jusques à ce jourd’huy, et ce suivant et au desir du marché qu’ilz ont fait avec iceux sieurs Bricart et Villedo par devant le notaire soubzsigné le dix neufiesme jour d’apvril dernier passé, en laquelle somme de neuf mil cent soixante huit livres tournois est compris la somme de deux cent livres payez ausd. comparans ainsy qu’il est porté aud. marché, recongnoissant en outre iceux comparans avoir esté entierement et particullierement payez de touttes la pierre de taille par eux charriée et voicturée suivant led. marché aussy du passé jusques à ce jourd’huy, dont et de tout lesd. comparans se contentent et quictent lesd. sieurs Bricart et Villedo et tout aultre. Promettant. Obligeant. Renonçant. Faict et passé aud. Saint Germain en Laye, en la presence de Allexandre Cagnyé et de Jacques Regnaud, clercs demeurant aud. Saint Germain, tesmoins, l’an mil six cens soixante trois, le vingt deuxieme jour de juin avant midy, et ont sgné, fors led. Papiot qui a declaré ne scavoir escripre ne signer de ce interpeller.
Louis Chauvin
Pierre Bonnier
Villedo, Regnault
Lamy »

Lettre demandant la reprise des travaux dans les jardins du château de Saint-Germain-en-Laye

« Département de Seine-et-Oise
Arrondissement de Versailles
Mairie de Saint-Germain-en-Laye
République française
Liberté, égalité, fraternité
A monsieur le ministre des Travaux publics
Monsieur le Ministre,
Par ma lettre du 17 de ce mois, je réclamais de votre sollicitude une prompte réponse aux deux demandes que j’avais adressées à M. Vavin, tendant à obtenir la confirmation d’un crédit de 45000 francs accordé dès le mois de mars 1847 pour l’achèvement de travaux entrepris sur le parterre de Saint-Germain. Ces demandes vous ont été renvoyées, la solution en étant aujourd’hui attribuée à votre département.
Je vous transmets ci-joint, Monsieur le Ministre, l’original d’une pétition que m’adressent aujourd’hui les ouvriers jardiniers de la ville, dénues d’ouvrage, à l’effet d’être employés concurremment avec les autres journaliers à la confection desdits travaux du parterre.
La ville déclare ne pouvoir occuper les pétitionnaires à ses frais, épuisée qu’elle est par les immenses sacrifices faits depuis deux mois pour alimenter près de deux cents ouvriers.
La requête incluse justifiera donc à vos yeux, Monsieur le Ministre, mon insistance à solliciter de vos soins l’obtention très prochaine du crédit susmentionné.
Il s’agit de quinze malheureux de plus à faire vivre au moyen d’un travail évidemment utile et à soustraire aux mauvais conseils du besoin et de l’oisiveté.
J’ose en conséquence vous conjurer, Monsieur le Ministre, de ne pas différer d’avantage la décision favorable que j’attends si impatiemment de votre justice et de votre humanité.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de mes sentiments de de fraternité respectueuse.
Le maire
Quentin de Villiers »

Cette lettre porte plusieurs annotations : « 27 avril 1848 », « on demande 45000 f. pour la terrasse de Saint-Germain », « dépense impossible », « M. Huet, je voudrais la première lettre de M. le maire de Saint-Germain ».

Ministère des Travaux publics

Location au plus offrant de jardins entre les châteaux et dans le parterre à Saint-Germain-en-Laye

« Charges, clauses et conditions pour la location de différents terreins incultes dépendants de la cy devant liste civile, lesdits terrein à louer pour trois années consécutives
Désignation
1er lot
Dans le parterre du château, le jardin de la ci devant comtesse Lamarke, de la même longueur et largeur qu’il existoit autrefois.
2e lot
Une autre partie de terrein située dans ledit parterre où étoit le jardin du citoyen Antoine.
3e lot
Une autre partie de jardin tenant le long des bâtiments du château neuf dans ledit parterre, sans anticiper le passage qui conduit au pavillon et sur la terrasse.
4e lot
Une autre partie de terre sur la terrasse, depuis la grille qui donne sur les vignes jusqu’à la demie lune de la porte à Gaucher, contenant environ soixante perches, sans y comprendre un chemin de quinze pieds le long de la petite terrasse.
5e lot
Une autre partie de terre sur la terrasse ditte la demie lune de la porte Gaucher, contenant environ cinquante perches, sans y comprendre un chemin de vingt cinq pieds de largeur.
[…]
Fait et arrêté au conseil général du district de la Montagne du Bon Air, ce jourd’hui vingt cinq germinal, l’an second de la République française, une et indivisible. […]
Ce jourd’hui vingt six germinal, l’an second de la République, une et indivisible, par devant nous administrateur du district de la Montagne du Bon Air, réunis avec l’agent national en une des salles du district, il a été procédé à la réception des enchères et de suite à la vente et adjudication du bail à loyer pour trois années des terreins ci-dessus désignés […]
1° Les enchères ont été reçues sur le 1er lot […]. L’adjudication a été prononcée au profit dudit citoyen Antoine moyennant quarante huit livres de loyer par année, outre les charges qu’il a promis exécuter, et a signé : Antoine.
2° Le second lot […]. L’adjudication a été prononcée au profit dudit citoyen Antoine moyennant seize livres de loyer par année, outre les charges qu’il a promis exécuter, et a signé : Antoine.
3° Le troisième lot […]. L’adjudication a été prononcée au profit dud. citoyen Luppette moyennant quarante livres de loyer par chaque année, laquelle adjudication il a accepté, a promis exécuté les charges et a signé : Luppette.
4° Le quatrième lot n’a été surenchéri par personne au dessus de la somme de vingt livres, montant de l’estimation.
5° Le cinquième lot […]. L’adjudication a été prononcée au profit du citoyen Gaspard Baumier moyennant la somme de vingt une livres de loyer par année, outre les charges qu’il a promis exécuter, et a signé : Baumier.
[…]
Et à l’instant le citoyen Derbec, présent aux adjudication ci-dessus, a fait sa soumission pour une partie de terrein entre les deux châteaux contenant environ onze toises de long sur six de large, led. terrein tenant d’un côté la grille du Boulingrin, d’autre côté le chemin de la distance de six pieds de large, d’un bout le pavé et d’autre bout le bâtiment, moyennant six livres de loyer par année, lequel terrein avait été estimé par l’expert cinq livres. Et après l’extinction d’un feu, personne n’ayant voulu surenchérir, sur l’avis du citoyen receveur de la liste civile, et oui l’agent national provisoire, nous administrateurs susdits avons prononcé l’adjudication de lad. location au profit du citoyen Pierre Simon Derbecque, demeurant au ci devant château neuf de Montagne Bon Air, moyennant la somme de six livres de loyer par année, outre les charges qu’il a promis exécuter en tout leur contenu, et a signé : Derbecque.
[…]
Et le sept prairial, l’an second de la République, une et indivisible, dix heures du matin, nous administrateur du district de la Montagne du Bon Air, avons annoncé, sur la soumission faite par le citoyen Alleaume, marchand limonadier, rue de Paris, de prendre en location le terrein formant le quatrième article de l’affiche qui n’avait pas été enchéri au dessus de l’estimation, qu’il allait être procédé à l’adjudication de cette location au plus offrant et dernier enchérisseur[…]. L’adjudication a été prononcée au profit du citoyen Louis Alleaume susdit, moyennant vingt cinq livres, outre les charges. »

Récit d’événements survenus au château de Saint-Germain-en-Laye

« De Saint Germain en Laye, le 5 janvier 1680
Le premier de ce mois
Feste de la Circoncision. Le Roy, accompagné des chevaliers de l’ordre du Saint Esprit, entendit dans la chapelle du vieux chateau la messe celebrée par l’archevesque d’Ambrun, evesque de Metz, commandeur des Ordres.
Le deuxiesme
Le baron Bielke, ambassadeur extraordinaire de Suede, eut audiance du Roy et le remercia de ce qu’il a obligé l’Electeur de Brandebourg à rendre au roy de Suede toutes les places qu’il avoit prises en Pomeranie.
De Paris, le 13 janvier 1680
Le duc de Crequi, premier gentilhomme de la chambre et gouverneur de cette ville, a eté choisy par le Roy pour aller en Baviere porter les presens de noces à madame la Dauphine et pour la conduire jusqu’à ce que elle soit arrivée en France.
Il partira aujourd’huy.
De Saint Germain en Laye, le 19 janvier 1680
Le quinziesme de ce mois
Le contrat de mariage du prince de Conty avec mademoiselle de Blois fut signé dans la chambre du Roy. Le Roy alla à 7 heures du soir dans la chambre de la Reine et passa ensuite dans la sienne avec toute la maison royale, qui s’etoit rendue chez la Reine. Le prince de Conty donna la main à mademoiselle de Blois. Elle avoit une mante dont la queue de cinq aunes de long etoit portée par mademoiselle de Nantes. Le Roy s’approcha d’une table qui etoit contre la muraille. A sa gauche etoit la Reine, et ensuite monseigneur le Dauphin, Monsieur, Madame, Mademoiselle, mademoiselle d’Orléans, madame la grande duchesse de Toscane, madame de Guise, le prince de Condé, le duc d’Anguyen, la duchesse d’Anguyen, le prince de la Roche sur Yon, mademoiselle de Bourbon, la princesse de Carignan, le comte de Vermandois, le duc du Maine, mademoiselle de Nantes et mademoiselle de Tours, tous rangés en demy cercle autour de la table. Le prince de Conty et mademoiselle de Blois se mirent l’un aupres de l’autre en dedans du demy cercle, vis à vis de la table. Le marquis de Seignelay, secretaire d’Etat, s’approcha du bout de la table vis à vis du Roy fit lut tout haut le commancement du contrat. Mais, à peine eut il lu une partie des qualités que le Roy lui dit que cela suffisoit et signa le contrat. Le prince de Conty se mit à sa place, entre la duchesse d’Anguyen et le prince de la Roche sur Yon, et mademoiselle de Blois à la sienne, entre le duc du Maine et mademoiselle de Nantes. La Reine, monseigneur le Dauphin, Monsieur, Madame et les princes et princesses de la maison royale signerent apres le Roy. Lorsque le contrat fut signé, le cardinal de Buillon, grand aumonier de France, entra en grand rochet et camail, suivy de l’abbé de Saint Luc, aumonier du Roi, et de quelques ecclesiastiques de la chapelle du Roy, et s’avança jusqu’au milieu de la chambre. Le prince de Conty et mademoiselle de Blois s’approcherent de luy et il fit ensuite les ceremonies ordinaires des fiançailles. Quand il demanda au prince de Conty s’il consentoit à prendre Anne Marie de Bourbon, là presente, pour sa femme, le prince de Conty, avant que de repondre, fit une reverence au Roy, une à la Reine, et une au prince de Condé comme à son tuteur, pour leur demander la permission. Et lorsqu’il demanda à mademoiselle de Blois s elle promettoit de prendre Louis Armand de Bourbon, prince de Conty, là present, pour son maris, avant que de repondre, elle se tourna vers le Roy et vers la Reine pour leur en demander la permission. Les fiançailles achevées, le cardinal de Buillon se retira et le Roy et toute la cour allerent à l’opera. Le lendemain, le cardinal de Buillon fit la ceremonie du mariage dans la chapelle du vieux chateau, en presence du Roy, de la Reine et de toute la maison royale, et, apres la messe, il baptisa le duc de Bourbon. Le Roy fut son parrain et Madame fut sa maraine. Le Roi le nomma Louis. Ensuite, le Roi alla disner avec la Reine, monseigneur le Dauphin, Monsieur, Madame, monsieur le duc de Chartres, Mademoiselle, mademoiselle d’Orleans, madame la grande duchesse, madame de Guise, et la princesse de Conty.
Le soir, il y eut comedie, et, apres la comedie, un grand souper, où le Roy, la Reine, monseigneur le Dauphin, Monsieur, Madame, monsieur le duc de Chartres, toutes les princesses de la maison royale et cinquante femme de qualité mangerent à une table qui fut servie à trois services de pres de 200 plats chacun. Le cardinal de Builon fit la benediction du lit. Le Roy donna la chemise au prince de Conty. Le lendemain, le Roy et la Reine allerent la voir dans son appartement au chateau neuf. Le Roy a donné à la princesse de Conty le duché de Vaujours, un million d’argent comptant, 100000 l. de pension et beaucoup de pierreries, au prince de Conty cinquante mil écus d’argent comptant et une pension de 25000 ecus, et une de 20000 au prince de la Roche sur Yon.
Le Roy a donné au sieur Fagon, medecin de la Reine, la charge de premier medecin de madame la Dauphine.
Le huit de ce mois
Les deputés des Etats de Bourgogne, conduis par le marquis de Rhodes, grand maistre des ceremonies, et presenté par le duc d’Anguyen, gouverneur de la province, et par le marquis de Chateauneuf, secretaire d’Etat, eurent audiance du Roy. L’evesque d’Auxerre etoit deputé du clergé et porta la parole, et le comte de Briord etoit deputé de la noblesse.
Le douziesme, ils eurent aussi audiance de Monsieur et de Madame, et y furent conduis par le sieur de Saintot, maistre des ceremonies.
Le Roy a donné l’eveché de Carcassone a Louis de Bourlemont, eveque de Frejus, celui de Frejus à Jacques Potier de Novion, eveque de Cisteron, et l’abbaye de Ligues, dans le Boulonnois, au frere du sieur de Megrigny, gouverneur de la citadelle de Tournay.
Le quinziesme
Les sieurs Boreel et Dyckfeld, ambassadeurs extraordinaires de Hollande, eurent audiance particuliere du Roy, et y furent conduis par le sieur de Bonneuil, introducteur des ambassadeurs.
De paris, le 20 janvier 1680
Le treiziesme de ce mois, Marie Françoise de Lorraine, fille de Charles de Lorraine, duc d’Elbeuf, chef de la maison de Lorraine en France, fit profession dans le couvent des flles de Sainte Marie du fauxbourg Saint Germain. La Reine lui donna le voile noir. Le cardinal de Buillon, son oncle, fit la ceremonie et l’abbé des Alleurs prescha.
On a fait aujourd’huy dans l’eglise du Val de Grace l’anniversaire de la reine mere. Monsieur et Madame y ont assisté. »

Lettre décrivant une chasse des fils de Louis-Philippe à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le lundi 20 juin 1842, à 8 heures et demie
J’espère que tu ne me reprocheras pas, cette fois, ma chère Henriette, d’abandonner le duc d’Aumale. Voici trois jours que je dîne avec lui, hier, avant-hier et mercredi ! Par exemple, il faut que j’y renonce aujourd’hui. Le prince a imaginé d’aller faire le bois ce matin à Saint-Germain. Voilà en quoi consiste cette plaisanterie : on se lève à une heure après minuit, on monte en voiture, on y dort de fatigue jusqu’à Saint-Germain où on arrive à deux heures et demie du matin. On se rend au chenil de l’équipage de chasse du prince royal, où on éveille en sursaut gens et chiens. On s’empare de deux ou trois limiers et on les lâche dans la forêt. La fonction des limiers est de dépister le cerf. On les suit comme on peut pendant plusieurs heures à travers ronces et broussailles, le pied dans la rosée et la tête dans le brouillard, et quand on a fait lever quelque grosse bête, cerf, daim, daim, chevreuil ou sanglier, ce qui ne s’obtient souvent qu’à la fuite d’une longue et pénible recherche, le tout est fait ; on a fait son bois, et on est autorisé à rentrer chez moi. Telle est la partie de plaisir à laquelle se livrent aujourd’hui le duc d’Aumale et son frère le duc de Nemours. Qu’en dis-tu ? Ne faut-il pas avoir le diable au corps pour s’amuser de ce qui est la corvée des autres ? car faire le bois a toujours [p. 253] passé pour la plus rude besogne des piqueurs et des valets de chien. Quand Jamin a reçu les ordres du prince pour cette équipée, il n’en pouvait croire ses oreilles, et il en pestait hautement. Il ressemblait à la poule qui a couvé des œufs de canards et qui les voit se jeter à l’eau sans pouvoir les suivre. Jamin suivra la chasse, mais en maugréant contre Dieu et les saints. Quant à moi, à qui la chasse a été offerte, je me suis prudemment récusé, d’autant que l’offre n’était qu’une ironie très fine à l’adresse de ma matinalité très suspecte.
Hier, à Neuilly, Madame m’a encore demandé de tes nouvelles. On admirait fort au Salon un tableau daguerréotypé dans lequel M. Eynard, le banquier philhellène, a représenté la famille royale, ornée de Jules La Rochefoucauld sur le second plan. C’est étonnant de ressemblance, ou plutôt c’est la nature prise sur le fait. Mais tous les visages sont noirs. Le daguerréotype ne peut pas faire autrement. Il en résulte que toute cette royale assemblée a l’air d’une réunion de nègres échappée au désastre de Saint-Domingue. Plus les attitudes sont vraies et naturelles, plus cette horrible couleur est laide à voir. »

Cuvillier-Fleury, Alfred-Auguste

Inventaire des joyaux et du linge du roi à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 187v] Saint Germain en Laye
C’est l’inventoire des joyaulx et autres choses estans en l’estude du Roy en son chastel de Saint Germain en Laye
Et premierement
[2016] Ungs grans tableaulx de troys pieces couvers d’argent dehors et dedens, cloans, esquelz sont dedens plusieurs relicques et sont garniz de pierres de voirre, a quatre piez de griffon de cuivre, non pesez.
[2017] Item ungs tableaulx de bresil par dehors et dedens a six ymages d'yvire enlevez, c'est assavoir Nostre Seigneur, saint Jacques, saint Jehan, Nostre Dame, saincte Katherine et la Magdalene.
[2018] Item ungs petiz tableaulx d’yvire de deux pieces, ou dedens sont l’Ascencion et la Penthecoste.
[f. 188] [2019] Item ungs autres tableaux de fust de deux pieces, ou sont paints Nostre Seigneur, Nostre Dame, saint Jehan, saincte Katherine, saint Jehan Baptiste et la Magdalene.
[2020] Item ungs autres tableaux de fust de deux pieces, ou sont paints une Pitié et Nostre Dame.
[2021] Item ungs autres tableaux de deux pieces carrees, ou sont plusieurs relicques, couvertes de gif.
[2022] Item ungs autres tableaux de deux pieces a pignons, ou sont plusieurs relicques couvertes de gif.
[2023] Item deux tabliers en quatre pieces de jaspre et de cristal.
[2024] Item ung autre tablier de deux pieces, ouvre de coquilles de perles.
[2025] Item ung jeu d’eschetz figuré de seize pieces d’ambre jaune et seize pieces de gest.
[2026] Item ung ymage de Nostre Dame d’yvire, seant en une chayere d’ybenus.
[2027] Item ung ymage de Nostre Dame d’yvire a une pierre de voirre vert en la poictrine, assise en une chayere sur ung pyé de cuyvre.
[f. 188v] [2028] Item ung petit ymage de Nostre Dame d’yvire seant sur ung entablement d’argent, et a une couronne d'argent.
[2029] Item ung petit ymage d’yvire de saincte Anne.
[2030] Item ung couronnement de Nostre Seigneur a Nostre Dame, d’yvire, et troys angelotz de mesmes assiz en ung siège de cedre.
[2031] Item ung ymage de boys de Nostre Dame.
[2032] Item ung ymage de Nostre Dame de boys, environ quatre piez de long.
[2033] Item ung ymage de saint Jehan d’yvire.
[2034] Item ung ymage de Nostre Dame de fust, seant en une chayere, ung carreau soubz ses piez, tout doré.
[2035] Item une croix noire, ou dessus est ung crucifix d’argent doré.
[2036] Item une croix d'argent, a ung pommeau de cristal, le crucifix, Nostre Dame et saint Jehan et deux angelotz de courail, pesant quatre marcs quatre onces.
[2037] Item deux chandeliers de cristal, de la façon de ladicte croix, pesans huit marcs.
[2038] Item une grant escouse d'argent blanche percee à fleurs de lys, pesant six marcs quatre onces.
[f. 189] [2039] Item une lanterne d’argent ronde, veree, a porter a main, pesant quatre marcs.
[2040] Item une aiguiere d'argent torsse pesant ung marc sept onces.
[2041] Item ung petit chauderon d’argent à ance pesant sept onces.
[2042] Item ung hanap de madre a oreille.
[2043] Item ung gobelet et une aiguiere de voirre blanc de Flandres garny d’argent doré.
[2044] Item ung hanap de madre a couvescle qui a le pié d'or, sur le couvescle ung lys esmaillé de blanc.
[2045] Item ung hanap d'argent blanc cizellé et une vignette autour et compas dorez pesant ung marc troys onces.
[2046] Item une petite nef de cristal goderonnée garnye d’argent, les ansces de deux serpens volans, pesans troys marcs cinq onces.
[2047] Item une aiguière et ung gobelet de cristal garniz d’argent dorez pesans cinq marcs troys onces.
[2048] Item ung hanap a pié d’argent goderonné et doré a ung esmail de France ou fons, pesant ung marc troys onces.
[2049] Item une couppe d'argent doré goderonnee a six pommeaulx neellez en la poignee, pesant deux marcs six onces et demye.
[f. 189v] [2050] Item une couppe petite d'argent doree, basse, la couppe et le pié goderonnez en tordant, pesant ung marc cinq onces et demye.
[2051] Item ung hanap d’argent doré a pié, cizellé a fleurs de lys et a rozectes enlevees, pesant ung marc sept onces et demie.
[2052] Item ung grant hanap a pié et a couvescle, et sur les pommeaulx a troys esmaulx et troys tours, et a le hanap troys haulx piez, pesant six marcs quatre onces.
[2053] Item deux petites escouses d’argent a deux manches de boys, l’une pesant ung marc une once et demye.
[2054] Item ung angelot d’argent tenant cristal a mectre relicques pesant ung marc quatre onces.
[2055] Item ung coffre couvert de cuivre ouvré a hommes sauvages enlevez.
[2056] Item une pomme d’argent a chauffer mains en yver, blanche a esmaulx d’Arragon, celle qui est demourée à Saint Germain, pesant deux marcs deux onces dix estellins.
[2057] Item une pallette d’yvire.
[2058] Item deux haulx myroers a deux piez d’yvire, l'un plus grant que l’autre.
[f. 190] [2059] Item ung petit coffre d’ybenus garny d’argent a mectre les plumes et l'ancre.
[2060] Item ung autre petit coffret tout d’argent pour ce faire, et ung canyvet a manche d'argent.
[2061] Item six pommes d’ambre sans nulle garnyson.
[2062] Item six petites fiolles de voirre plaines de fleurs de violettes.
[2063] Item une petite boiste d’yvire ronde, paincte par dessus et par dessoubz, ou sont les jeuz des tables et des eschetz.
[2064] Item ung tres petit tablier cloant en ung estuy de boys.
[2065] Item deux petiz barilz d'argent a mectre eaue roze, les fons esmaillez de France, pesant ung marc quatre onces et demye.
[2066] Item une cagecte a fauconnier d'argent doree pesant deux onces et demye.
[2067] Item une tres petite estamoye de cristal a ansce garnye d’argent doré pesant troys onces et demye.
[2068] Item troys petites pieces de courail garny d'argent.
[2069] Item une tres grant piece de courail sans garnyson.
[2070] Item unes tres petites patenostres de corail a signaiz de perles et petites coquilles d'or.
[f. 190v] [2071] Item ung petit encencier d’argent a cinq carres pesant VI onces.
[2072] Item ung grant astralabe de cuyvre et ung cadran ront.
[2073] Item deux patenostres, les unes d’ambre blanc a roses et les autres de geaist noir.
[2074] Item deux cueilliers de sarrazins, l’une blanche et l'autre noire.
[2075] Item deux cousteaulx en une gayne, les virolles et les bouterolles d'argent esmaillé de France, a deux manches d’yvire.
[2076] Item ung coustel a manche d'ambre, la virolle d’or esmaillé des armes monseigneur le Daulphin, a ung saphir au bout et les forcettes d’argent.
[2077] Item ung long baston a costes semé de fleurs de lys d'argent, a ung lyon dessus.
[2078] Item ung autre baston dont la pongnée est de tor noir dessus.
[2079] Item ung petit baston d‘yvire blanc ouvré a petiz arbreceaulx.
[2080] Item ung letrin d’ybenus.
[f. 190v] [2081] Item troys grans platz de voirre ouvrez et paintz, a quatre escuelles de mesmes.
[2082] Item ung cierge blanc benoist.
[2083] Item ungs petiz cizellez dorez et ung myroer.
[2084] Item ung grant pot de terre bien ouvré, et ung autre mendre.
[2085] Item ung grant plat de terre, douze grans escuelles et quatre petites, toutes d’une façon.
[2086] Item troys grans escuelles de guenne rouges avec une mendre, et deux petites qui s’entretiennent.
[2087] Item troys fibles de voirre plaines d’eaue roze.
[2088] Item tres belle Bible en françoys a deux fermoers d’argent esmaillez de France, a une chemise de soye à queue.
[2089] Item le Gouvernement des princes, en françoys, couvert de cuir blanc à queue.
[2090] Item ung Psaultier aux armes de France et de Castelle a deux fermoers d’argent, et une chemise blanche.
[2091] Item ung grant eschicquier garny d’argent doré, et sont les eschetz de jaspre et de cristail.
[f. 191v] [2092] Item deux hanapz d’argent cizellez, sans esmail, dorez ou fons a fueilles de chesne dorees, entrelassees a rondeaulx, pesans deux marcs deux onces et demye.
[2093] Item ungs petiz tableaulx d’or ou sont saint Jehan et saincte Katherine dedens, et dehors sont esmaillez et sont garniz de pierrerie pesans une once et demye.
[2094] Item ung Psaultier, de lettre ancienne, avec les Heures de Nostre Dame et de mors, couvert de veluiau violet a deux ferrnoers d’argent esmaillez, et sur chascun aiz a cinq clouz d'argent en façon de boillons dorez.
[2095] Item ung coffre d’ybenus fermant a clef ferré de laton doré.
[2096] Item ung petit tablier de cypraes bordé de corne, et sont les eschetz d’yvire.
[2097] Item une saliere de cristal que soustient ung serpent vollant d’argent doré, assise sur ung pié d’argent doré garny de perles et d'autre pierrerie, pesant deux marcs cinq onces et demye.
[2098] Item ung cor de boys et pendant de mesmes.
[2099] Item unes Cronicques de France a deux fermoers d'argent dorez, et ont une chemise de soye a queue.
[f. 192] [2100] Item ung livre appelle Cy nous dit, couvert de veluiau my party a deux fermoers de fer.
[2101] Item une Bible en latin de lettre boulonnoise que donna au Roy l’evesque de Beauvaiz, couverte de drap d’oultremer de couleur cendree a deux fermoers d'argent, aux armes dudit evesque.
[2102] Item ung ymage de Nostre Dame d’argent doré qui tient son enffant a une main et en l’autre ung reliquiaire de cristal, lequel ymage est assiz sur ung entablement d'argent a six carres de cristaulx par devant, et est garnye la couronne dudit ymage, le reliquiaire et la
chayere de menues perles, pesant sept marcs deux onces.
[2103] Item ungs tableaulx d’argent dorez par dehors a la Trinité et de l’Annonciacion, et est esmaillié par dedens, et saint Jehan qui escript devant luy, et es elles dudit tableau sont saincte Katherine et saincte Agnes, et sont lesd. tableaulx assiz sur ung hault pié cizellé pesant cinq marcs quatre onces et demye.
[2104] Item ung petit ymage d’argent doré de saint Jehan Baptiste assiz sur ung entablement d'argent doré pesant troys onces.
[2105] Item ung petit ymage d’yvire de Nostre Dame assiz en une chayere, et a une couronne ou il a troys perles, et est ledit ymage assiz sur une terrasse esmaillee, pesant une once quinze estellins.
[f. 192v] [2106] Item ung petit boutonnet de muglias, et y a une perle au bout.
[2107] Item ung calice d’argent véré, cizellé par dehors à demyz ymages et fueillages.
[2108] Item ung autre petit bouton pendant qui est d’un saphir, et sont les armes de Bourbon d’un costé et de l'autre une M.
[2109] Item unes pincettes d'argent blanc, toutes plaines, pesant ung marc once et demy.
[2110] Item uug chandelier a broche d’argent veré pesant sept onces et demye.
[2111] Item ung autre plus petit chandelier d’argent a broche et a deux oreilles pesant troys onces et demye.
[2112] Item une coquille de perles, qui a le pié d’un lys d’argent doré, avec le couvescle pesant deux marcs.
[2113] Item ung pot d’un grant camahieu tres noblement ouvré a bestes, a visaiges et a feuillages, et est le pié et le bort d’argent veré.
[2114] Item deux petits escrivetz de cuyvre, ouvré a ouvraige de Damas, plains de lin alenez et d’ambre.
[f. 193] [2115] Item ungs tableaulx paints de l’Annonciation et de la Gesine Nostre Dame, environnez des armes de Harecourt.
[2116] Item deux myroers d'assier, l’un grant qui est environné de cuivre et de brodeure par derriere, et l’autre assiz sur boys.
[2117] Item ung cor noir garny d’argent doré cizellé a lettres, et est la courroye garnie de perles a lys sur ung tissu de soye d’azur.
[2118] Item une brochette de porc espy garnie d’un peu d’or.
[2119] Item ung grant flacon de madre garny d’argent doré a une ansce torsse, et sont les bordeures de feuillages, et ou mylieu de la pansse ung esmail ront, pesant unze marcs et demy.
[2120] Item ung grant orloge de mer, de deux grans fiolles plains de sablon en ung grant estuy de boys garny d’archal.
[2121] Item une tres petite couppele d'argent doree dedens et dehors, esmaillee a marguerites.
[2122] Item ung petit chandelier d'argent véré a troys piez.
[2123] Item deux grans platz de voirre et six escuelles paintes.
[2124] Item neuf gobeletz de fust blanc en ung estuy de mesmes que donna l'Empereur.
[f. 193v] Item en la chappelle empres l’estude du Roy, fut trouvé en une husche ce qui s’ensuit
Et premierement
[2125] Ung calice d’argent doré tout plain ou il a en la patene ung Dieu qui monstre ses playes, esmaillé, et ou pié dudit calice a ung crucifix, pesant deux marcs troys onces et demye.
[2126] Item une paire de bacins d’argent verez tailliez sur les bors et, ou fons, une roze, et, ou mylieu, ung esmail de France, pesant six marcs deux onces et demye.
[2127] Item une portepaix d’argent doré, esmaillié a ung crncifix, pesant cinq onces et demy.
[2128] Item deux chandeliers d’argent véré, et ou pommeau six esmaulx rons de France, pesans quatre marcs dix estellins.
[2129] Item deux petites burettes d’argent verees, et ung esmail ront des armes de France sur le couvescle, pesans cinq onces et demye.
[2130] Item une boiste d’yvire a mectre pain a chanter garnve d’argent.
[f. 194] [2131] Item une chappelle cothidyane garnye de frontier, dossier, chasuble, aube paree, amit, estolle et fanon, et est de camocas sur champ bleu a euvres torses de plusieurs soyeries.
[2132] Item ung corporalier couvert de camocas.
En la grant chappelle basse
[2133] Premierement, ung calice d’argent doré ou il a en la patene ung Dieu qui monstre ses playes, esmaillé, et, ou pié dudit calice, a ung crucifix pesant deux marcs once et demye.
[2134] Item une paire de bacins d'argent verez, tailliez sur les bors, et ou fons a une roze, et ou mylieu ung esmail de France, pesant cinq marcs cinq onces.
[f. 194v] [2135] Item une portepaix d’argent doré esmaillé a ung crucifix, pesant six onces et demye.
[2136] Item deux chandeliers d’argent verez, et ou pommeau a six esmaulx de France, tous pesans cinq marcs deux onces.
[2137] Item deux petites burettes d'argent veré, a ung esmail ront des armes de France sur le couvescle, pesant six onces.
[2138] Item une boiste d’yvire a mectre pain a chanter garnye d’argent blanc.
[2139] Item une chappelle cothidiane telle comme celle de dessus et d’autant de pieces et de tel camocas.
[2140] Item ungs tableaux paints a demiz ymages, et a ou mylieu une Pitié.
[2141] Item ungs grans orgues et ungs petiz pour jouer.
[2142] Item deux paire de corporalier de drap d'or.
[…]
[f. 290] C’est le linge du Roy estant a Saint Germain en Laye en deux huches qui sont empres les chambres du Roy, l’une dessus, l’autre dessoubz, l’an mil CCC IIIIxx, le XIXe jour d’avril.
Et premierement
En la huche dessoubz, empres la chambre painte a roses
[3394] C’est assavoir quatre paire de draps de cinq lez.
[3395] Item quatre paire de draps de troys lez.
[3396] Item deux douzaines de coeuvrechefz.
[3397] Item d’autre part une paire de drap de cinq lez.
[3398] Item deux paire de draps de quatre lez.
[3399] Item une paire de trois lez.
[f. 290v] [3400] Item en icelle une douzaine de coeuvrechefz.
[3401] Item deux petites gorgieres a dormir brodees par dehors.
En l’autre huche de dessus empres la chambre painte à lyons estoient les choses qui s’ensuivent
[3402] Premierement, deux douzaines de petites touailles.
[3403] Item deux nappes d’un ouvrage.
[3404] Item deux autres douzaines de petites touailles.
[3405] Item deux autres douzaines de petites touailles.
[3406] Item troys nappes de lyees chacune de quatre aulnes.
[3407] Item quatre douzaines de petites touailles.
[f. 291] [3408] Item deux douzaines de petites touailles.
[3409] Item quatre nappes de lyees chacune de sept aulnes.
[3410] Item quatre nappes de lyees chacune de six aulnes de long.
[3411] Item dix nappes chacune de cinq aulnes de long.
[3412] Item une douzaine de coeuvrechefz de lyez.
[3413] Item une douzaine de coeuvrechefz de lyez. »

Mention d’un compte comprenant des travaux au château de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 849] Compotus magistri Petri de Burgo Dolensi de operibus regalibus factis Parisius, Pissiaci, apud Sanctum Germanum in Laya, apud Vicennas, et alibi circa Parisius, a nona Septembris M° CCC° XX° usque ad decimam quartam [p. 850] Septembris M° CCC° XXI°, redditus sexta Maii M° CCC° XXII°. Debentur ei LIX l., etc. Tamen habuit cedulam testimonialem a pluribus personis pro ipso, XIIc LXXIII l. XII s. V d. par. Signantur ibi plura recuperanda super magistrum Nicolaum Le Loquetier, plures denario tradi pro sepultura regis Philippi Magni, et super magistrum Petrum de Valenciennes, X l. par., et super Guerran Le Chaufourier, X l. V s. de calce ad valorem dicte summe. Et plura aliqua alia signantur ibi corrigenda et recuperanda. »

Quittance donnée par le capitaine de Saint-Germain-en-Laye pour ses gages et ceux de ses hommes

« Sachent tout que nous Phelippe Branche, chevalier, capitaine de Montjoie et de Saint Germain, confessons avoir eu et receu de Pierre Surreau, receveur general des finances de Normandie, la somme de deux cens livres tournois en prest et paiement sur ce qui nous peut estre du des gaiges et regars de nous et des gens d’armes et de trait de nostre compagnie ordonnez pour la garde desdiz lieux de Saint Germain et Monjoie, ce prest et paiement fait par vertu des lettres de garand de mons. le regent le royaume de France, duc de Bedfort, donnees le XIIIe jour d’avril dernier passé, expediees par le tresorier et gouverneur general desd. finances, de laquelle somme de IIc l. t. nous nous tenons pour content et en quictons le Roy nostre seigneur, mond. s. le regent, led. Pierre Surreau et tous. En tesmoing de ce, j’ay scellees ces de nostre scel le premier jour de may l’an mil CCCC vint et trois. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Chasse à tir dans la forêt de Saint-Germain
Jeudi dernier, pendant tout le cours de l’après-midi, une partie de la forêt de Saint-Germain résonnait au loin du bruit des fanfares, des coups de feu et des aboiements des chiens. Une chasse à tir y avait lieu dans le tiré de Fromainville.
Partie de sa résidence de Saint-Cloud vers 10 heures du matin, Sa Majesté, accompagnée seulement de M. le comte de Bacciocchi, grand maître des cérémonies, traversait une heure après, sans escorte, notre ville, pour se rendre incognito au rendez-vous de chasse, qui eut lieu au rond du Parc, près de Fromainville.
De leur côté, LL. AA. II. le prince Napoléon et le duc d’Albe, MM. les ministres de la Guerre et de la Maison de l’Empereur, MM. les grand et premier veneurs, MM. le marquis de Toulongeon, le comte de Galvé, Edgard Ney et plusieurs autres personnages de la vénerie attendaient à la Muette l’arrivée de S. M. l’Empereur ; car, à cet endroit, d’abord, avait été fixé le rendez-vous, où se trouvaient aussi tous les équipages de chasse.
En apprenant l’arrivée de Sa Majesté au tiré de Fromainville, et le nouveau rendez-vous, tous les invités s’y rendirent et, vers midi, la chasse commençait pour se continuer sans interruption, jusque vers quatre heures. Amplement garni de gibier, ce tiré prêtait, du reste, parfaitement à la chasse, car nous tenons de source certaine que, pendant ce court espace de temps, plus de 600 pièces ont été abattues, parmi lesquelles on compte plus de 400 lapins, 5 chevreuils, des lièvres, des faisans, des perdrix et plusieurs autres pièces diverses.
Quelques promeneurs, attirés par les coups de fusil, se sont trouvés en forêt, près du lieu de la chasse, et sont rentrés à Saint-Germain vers six heures, en même temps que Sa Majesté, qui, comme le matin, traversa de nouveau notre ville dans le plus stricte incognito, sans escorte, comme un simple particulier, n’ayant dans son voiture, pour compagnon de voyage, que M. le comte de Bacciocchi. Tous deux retournaient à Saint-Cloud, où ils arrivèrent vers sept heures.
Quant aux autres personnages, qui, avec Sa Majesté, avaient pris part aux plaisirs de cette chasse, ils sont aussi rentrés en ville à la même heure, et regagnèrent leurs résidences respectives, après avoir, nous a-t-on dit, diné à Saint-Germain.
H. Picault »

Description du château de Saint-Germain-en-Laye par Jacques Androuet du Cerceau

« Le chasteau de Saint Germain en Laye
Ce bastiment est assis sur un lieu assez hault eslevé, prochain de la riviere de Seine, à cinq lieues de Paris. Ceste place a esté tenue par les Anglois durant leur sejour en France. Depuis eux estans deschassez, elle demeura quelque temps sans entretien. Or est il advenu que le roy François premier, trouvant ce lieu plaisant, feit abbatre le vieil bastiment, sans toucher neantmoins au fondement, sur lequel il feit redresser le tout comme on le voit pour le jourd’huy, et sans rien changer dudit fondement, ainsi que l’on peult cognoiste par la court, d’une assez sauvage quadrature. Les paremens, tant dedans que dehors, et encongnures, sont de brique assez bien accoustree. Et y estoit ledit sieur Roy en le bastissant si entetif, que l’on ne peult presque dire qu’autre que luy en fust l’architecte. En aucuns corps de ce logis y a quatre estages. En celuy de l’entrée y en a deux, dont le deuxiesme est une grande salle. Les derniers estages sont voultez, chose grandement à considerer, à cause de la largeur des membres. Vray est qu’à chaque montant y a une grosse barre de fer, traversant de l’un à l’autre, avec gros crampons par dehors, tenans lesdites voultes et murailles liees ensemble, et fermes. Sur ces voultes, et par tout le dessus du circuit du bastiment, est une terrace de pierre de liais qui fait la couverture, lesquelles portans les unes sur les autres, et descendans de degré en degré, commencent du milieu du hault de la voulte un peu en pente, jusques à couvrir les murailles. Et est cette terrace, à ce que je croy, la premiere de l’Europe, pour sa façon, et chose digne d’être veue et consideree. Ce lieu est accompagné d’un bois, qu’on appelle la forest de Haye, en laquelle les mesme roy François feit bastir un logis, nommé la Muette, duquel nous parlerons en son endroit. Outre plus il y a un jardin de bonne grandeur. Davantage, la veue d’iceluy du costé du midi est autant belle que l’on scauroit desirer : comme ainsi soit que de ce chasteau, on voit l’assiette de Paris, Montmartre, le Mont Talverien, Saint Denys et plusieurs autres lieux assez lointains. Ledit bastiment est accompli de ses fossez regnans entour, de huictv toises de large, dans lesquels est un jeu de paulme. A l’entrée est la basse court, fermée partie de clostures, et corps de logis bien simples, et en icelle une fontaine.
Apres la mort dudit roy François, vint à regner Henry deuxiesme, son fils, lequel pareillement aima le lieu. Ainsy ce Roy, pour l’amplifier de beauté et commoditez, feit commencer un edifice joignant la riviere de Seine, avec une terrace qui a son regard sur ladite riviere, ensemble les fondemens d’un bastiment en manière de theatre, entre la riviere et le chasteau, comme verrez par le plan que je vous en ay dessigné.
En la routte principale du bois, et assez prochain du lieu, est une chapelle neufve, couverte en dome.
Pour venir de Paris en ceste maison royale, il fault passer trois ou quatre bacs, si ce n’est que, sortant du droict chemin, vous evitiez la subjection de ces passages d’eaux. Au reste, par les plans et elevations, vousverrez et entendrez le contenu du lieu. »

Androuet du Cerceau, Jacques

Lettre du roi au cardinal de Richelieu l’informant d’un voyage à Versailles avant de revenir à Saint-Germain-en-Laye

« Mon cousin,
Je fais estat d’aler à Versaille demain si il fait beau et apres m’en revenir à Saint Germain quand il le faudra pour mes affaires. Voilà tout ce que je vous puis mander. Asurés vous toujours de mon affection. Je finiray en priant le bon Dieu de tout mon cœur qu’il vous tienne en sa sainte garde.
Louis
A Saint Germain en Laye, ce 3me fevrier 1633 »

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot du baptême du Dauphin à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 63] La ceremonie de la nomination de monseigneur le Dauphin
1668
Monseigneur le Dauphin ayant atteint l’aage de cinq ans et demy, le Roy voulut luy faire donner un nom. Le Pape souhaita d’estre le parrain, et la reine d’Angleterre la maraine.
Le Pape fit le choix du cardinal de Vandosme pour estre son legat dans cette occasion et la reine d’Angleterre pria la princesse de Conty de vouloir estre la maraine en son nom.
Le 23e de mars, veille de la cérémonie, le cardinal se rendit à Saint Germain.
Le Roy ne luy envoya point ses carrosses ny aucune personne de qualité le complimenter chez luy, parce que le Pape ne l’avoit pas envoyé expres, et qu’il estoit né sujet du Roy. [f. 63v] Monsieur n’alla point au devant de luy comme il avoit esté à la rencontre du cardinal Chigy, legat a latere d’Alexandre VIIe.
Ce mesme jour, sur les cinq heures du soir, le cardinal eut sa premiere audiance du Roy. Il y fut conduit par le comte d’Armagnac, prince de la maison de Lorraine, grand escuyer de France, par le sieur de Bonneuil, introducteur des ambassadeurs, et par le sieur Sainctot, maitre des ceremonies.
Le comte d’Armagnac l’alla prendre dans la salle de descente. Il luy donna dans la marche la main. Le sieur de Bonneuil marchoit immediatement devant le comte d’Armagnac. Le sieur Sainctot, apres avoir receu le cardinal au bas de l’escalier du château vieux, où les Cent Suisses estoient en haye et sous les armes sur les degrés, se plaça à droite vis à vis du sieur de Bonneuil. Le duc de Nouailles, capitaine des gardes du corps, le receut à la porte de la salle des gardes, où toute la compagnie estoit sous les armes et en haye, et se mit à main droite, un peu au dessus du cardinal, pour n’avoir point la droite sur le prince, et aussy pour rendre plus d’honneur au cardinal, la place luy estant plus [f. 64] honorable d’avoir la main sur un prince que s’il se fust trouvé entre deux personnes dont l’une estoit inferieure à l’autre.
Le cortege qui accompagnoit le cardinal estoit composé de son dataire, de son protonotaire, de son porte croix et d’autres officiers de la legation vetus de leurs mantelets.
Le porte croix s’arresta avec sa croix à la porte de l’antichambre du Roy.
Le Roy, voyant arriver le cardinal, sortit de son balustre et vint quatre ou cinq pas au devant de luy, rentra dans le balustre, s’assit sur un fauteuil, et en fit donner un au cardinal legat, qui se couvrit. Apres un quart d’heure de conversation, il se leva et le Roy le reconduisit au mesme endroit où il l’avoit esté recevoir.
On alla de là chez la Reine, qui le receut avec les mesmes honneurs que le Roy luy venoit de faire, avec cette difference neantmoins que la Reine luy donna audience hors du balustre, parce que les reines n’y recoivent jamais personne.
Ensuite, le cardinal legat, accompagné du comte d’Armagnac, de l’introducteur et du maitre des ceremonies, alla voir monseigneur le Dauphin.
Monseigneur vint au devant de luy dans son antichambre avec la marechalle duchesse de la Mothe, sa gouvernante. Il le conduisit dans sa chambre, affectant de le devancer d’un pas et le tenant par la main. L’un et l’autre ne s’assirent point, la visite dura peu. Apres quoy, monseigneur le Dauphin le reconduisit jusques au lieu où il l’avoit receu.
Le cardinal ne fut point visiter Monsieur, parce que Monsieur n’estoit pas venu au devant de luy arrivant à Saint Germain.
Le 24e, la ceremonie se fit dans la cour du château vieux. La cour a 37 toises de longueur sur sept de largeur. On prit ce lieu parce que la chapelle de Saint Germain est trop petite et que le chœur mesme de Nostre Dame n’eust pas esté assez spatieux pour contenir toutes les personnes qui [f. 65] avoient fonction en cette ceremonie.
A l’entrée de la cour, on avoit dressé à main droite, en un espace de 15 toises en longueur sur 18 en largeur, des eschafaux en amphiteatres qui s’elevoient jusques au premier estage.
Dans cette espace, il y avoit deux barrieres eloignées l’une de l’autre de quatre toises pour empescher qu’on approcha du pale ou plateforme où se devoit faire la ceremonie.
Le pale avoit 20 toises de long et seize de large. Il estoit dressé de trois pieds et demy. On y montoit par une espece d’eperon qui avoit dix toises de large, composé de sept marches. Il estoit fermé par deux costez de deux balustres, chacun de trois toises et demy.
A l’entrée du pale, on avoit dressé des deux costez deux magnifiques buffets où les honneurs du parain, de la maraine et de monseigneur le Dauphin devoient estre posez.
Ces buffets estoient couverts de brocard [f. 65v] d’argent. Les tables elevées sur quatre marches à pans coupez formoient trois paliers de chacun une toise de giron. Aux deux costez de ces tables, deux pieds destaux et, sur ces pieds destaux, il y avoit deux grands vases d’argent.
Derriere ces pieds destaux, on avoit mis de grandes consoles pour renfermer les buffets. Les buffetz estoient composez de quatre gradins où estoient un grand nombre d’argenterie de vermeil doré.
Au milieu du pale, environ à sept toises de l’entrée, il y avoit une elevation de quatre marches ottogones dont la premiere avoit trois pieds de giron et les deux autres formoient des paliers, chacun d’une toise et demy de giron.
Sur le dernier palier, on avoit posé une cuvette d’argent qui devoit servir de fonds pour la ceremonie. La cuvette avoit cinq pieds de long sur trois pieds et demy de large et quatre de haut. Elle estoit enrichie de plusieurs figures et estoit couverte d’un grand tapis de brocard d’argent avec une grande frange d’argent. [f. 66] Au dessus de la cuvette, on suspenit un dais ottogone de huit pieds de long sur 14 de large, elevé environ de trente pieds.
Ce dais de brocard d’argent, dont la pente estoit environ de quatre pieds de haut, y comprenant la campane, avoit deux pieds et demy, toute en broderie d’argent ornée de dauphins entrelassez de palmes et de fleurs de lys, et au bas de la campane pendoient plusieurs harpes ou glands d’environ un pied de haut en broderie d’argent.
La campane estoit attachée à une corniche dorée qui portoir quatre grands dauphins d’argent. Ces dauphins soutenoient une couronne d’or fermée de la grandeur de cinq pieds de long sur quatre de large, et de la queue des dauphins sortoient des lis. On avoit mis aux quatre coins du dais de grands bouquets de plumes blanches avec des aigrettes au milieu.
Ce dais sembloit estre soutenu par la figure d’un ange qui estoit en l’air, tenant d’une main les cordons où pendoit le dais, [f. 66v] et de l’autre une epée flamboyante comme pour defendre la couronne et les dauphins qui estoient sur ce dais.
A quatre roises des marches où la cuvette des fonds estoit posée, on avoit elevé un grand autel de 13 toises de face sur 8 toises de haut, enrichy d’or et d’azur.
Aux deux costez de cet autel, on avoit dressé deux tribunes d’environ trois toises de large et elevées d’une toise, pour la musique de la chambre et de la chapelle.
Ces tribunes estoient environnées d’un balustre doré avec des pieds destaux dans les angles.
Ces pieds destaux portoient de grands vases d’argent environ de cinq pieds d’où sortoient plusieurs chandeliers de mesme metail.
Ces tribunes estoient attachées à quatre pieds destaux avec des pilastres corinthiens d’environ 18 pieds de haut et ces pilastres soutenoient une corniche et une balustrade fort enrichie d’ornemens corinthiens.
[f. 67] On montoit à l’autel par sept marches à sept toises de face. Ces marches conduisoient à un palier d’une toise et demye de giron joignant le marchepied de l’autel.
L’autel estoit enfermé de quatre colomnes de la mesme hauteur que les pilastres et du mesme ordre.
Ces colomnes avoient leurs contrepilastres et le tout estoit porté par des pieds destaux elevez au dessus de la table de l’autel.
Entre ces colomnes estoit une ouverture dont l’extremité formoit un portique, sous lequel estoient des gradins où l’on posa l’argenterie.
Il y avoit aussy six autres ouvertures environnées de pilastres aux costez de l’autel, et ces ouvertures estoient fermées de tapisseries en broderie d’or et d’argent sur lesquelles estoient attachées des plaques d’argent d’environ cinq pieds de haut.
Toutes ces ouvertures estoient garnies [f. 67v] de gradins tous couvers de bassins et de vases d’argent, d’un grand nombre de chandeliers, de plaques et de quatre gueridons d’environ six pieds et demy de haut, le tout eclairé d’une infinité de cierges et de bougies.
Tout le lieu où se fit la ceremonie etoit environné de bancs des deux costez, derriere lesquels il y avoit une manière d’amphiteatre qui montoit jusques aux fenestres du premier estage, auxquelles on avoit fait des balcons couverts de tapis de Perse à fonds d’or et de diverses etoffes fort riches.
Les appuis de toutes les croisées jusques au dernier estage du château estoient ornées de riches tapis de Perse, les tremeaux et les murs estoient tapissez et l’espace de la cour estoit couverte par en haut d’une grande toile en manière de baldaquin semée de fleurs de luys à fond bleu et bordée d’une grande campane ornée de fleurs de lys et de dauphins d’or.
Le chancelier, revetu de son habit de drap d’or, ayant sa soutanne de drap d’or, son chapeau de velours noir bordé d’un galon d’or, le cordon d’or, se rendit à une heure au palc [f. 68] accompagné des conseillers d’Estat et des maitres des requestes vetus de robes de velours noir plein et de soutanes de satin noir avec des ceintures dorées, le cordon de leur chapeau d’or. Il prit sa seance du costé de l’epitre, comme aux jours des Te Deum à Nostre Dame, et s’assit dans son fauteuil à bras sans dossier.
Par ordre du Roy, tous les conseillers d’Estat se placerent les premiers proche de luy dans les places les plus honorables. Quelques maitres des requestes receus avant quelques uns des conseillers d’Estat avoient pretendu estre placez selon leur rang de reception mais le dernier reglement du Roy fit qu’ils se mirent apres eux. Ce reglement portoit que tous ceux qui avoient entrée dans le Conseil ne prendroient leur seance que du jour qu’ils y entroient en qualité de conseillers d’Estat.
Le Roy avoit raison d’honorer d’une preeminence les conseillers d’Estat puisqu’en sa presence ils sont assis en son Conseil, dans le temps que les maitres des requestes parlent debout et deouverts devant la chaise du Roy. [f. 68v] Les evesques vinrent en camail et en rochet. Le sieur Dupin les plaça à main droite proche l’autel du costé de l’epistre.
Il plaça aussy les ambassadeurs vis à vis des evesques.
Monsieur de la Vrilliere, secretaire d’Estat, et le comte de Berny, receu en survivance de la charge de secretaire d’Estat du sieur de Lyonne, son père, prirent leurs seances au dessous des ambassadeurs, vis à vis des conseillers d’Estat.
Les sieurs Le Tellier, de Lyonne, du Plessis de Guenegaud, secretaires d’Estat, ne s’y trouverent pas, parce qu’ayant conservé le cordon bleu apres en avoir vendu les charges, ils croyoient ne pouvoir paroitre avec bienseance devant un corps dont ils avoient esté les officiers. Neantmoins, bien que cette raison fut commune avec le sieur de la Vrilliere, il ne laissa pas d’assister à la ceremonie en rang de seance.
Pendant que l’ayde des ceremonies donnoit les seances à chacun, le sieur Sainctot estoit au château neuf, en la chambre de parade, où [f. 69] monseigneur le Dauphin n’estoit venu se coucher que pour donner lieu à faire la ceremonie, ayant passé la nuit au vieux château.
On fut obligé, ne voulant pas deloger Monsieur et Madame, de prendre une partue de la galerie qui va au boulingrin, dont on prit une juste proportion pour la longueur d’une chambre.
Une cloison d’ais separoit cette galerie. On dressa au fond de cette chambre une estrade de deux degrez de hauteur sur laquelle on posa le lit de monseigneur le Dauphin.
Ce lit estoit sans piliers et avoit pour ciel un dais de brocard d’argent à queue venant joindre le chevet du lit.
On coucha monseigneur le Dauphin à droit, du costé des fenestres de la belle veue. Il estoit tout vestu, de crainte qu’il n’eut froid dans un lieu où il n’y avoit point de cheminée. La couverture du lit estoit de toile d’argent bordée d’un pied et demy d’hermine, les draps [f. 69v] estoient de toile d’Hollande avec des grands points de France, et sur le bord du lit, on avoit estendy le manteau qui devoit servir à Monseigneur dans cette chambre. On y dressa deux tables, sur l’une desquelles, à droite, on mit les pieces d’honneur du parain et de la maraine, le bassin, l’aiguiere et la serviete, et sur l’autre on y mit les pieces d’honneur de l’enfant, le cierge, le cremeau, la saliere.
Au dessus de ces tables, on suspendit deux dais de velours cramoisy. Un de ses dais devoit estre de brocard d’argent aux armes de monseigneur le Dauphin, mais le peu de temps qu’on eut depuis la resolution du Roy pour le baptesme fit qu’on se servit de ces deux dais de mesme parure.
Il est bon de remarquer que, lorsque le parain et la maraine sont plus grands en dignité que l’enfant, leurs pieces d’honneur sont posées sur la table la plus parée et sont portées les premieres par de plus grands princes, et qu’au contraire si l’enfant est plus elevé en dignité que le parain et la maraine, ses pieces d’honneur sont portées les premieres.
[f. 70] Tout estant prest, le sieur Sainctot alla avertir les cinq princesses du sang destinées à servir monseigneur le Dauphin de se rendre dans son appartement.
Elles estoient dans une salle de descente en attendant l’heure de la ceremonie.
Elles vinrent en la chambre de Monseigneur, où le Roy et la Reyne s’estoient rendus pour voir la ceremonie du lit. Mademoiselle, fille de Monsieur, s’approcha du lit et se plaça à main droite. Mademoiselle d’Orleans, à main droite aussy, proche le chevet du lit, à cause de la fonction qu’elle devoit faire avant que Mademoiselle pust faire la sienne.
Madame de Guise se plaça à gauche. Madame la princesse de Condé et madame la duchesse d’Enguien se placerent aux pieds du lit.
Ces princesses ayant pris leurs places, mademoiselle d’Orleans et madame de Guise leverent la couverture du lit et [f. 70v] decouvrirent Monseigneur, qui estoit couché tout habillé entre deux draps. Alors Mademoiselle s’avança et leva Monseigneur de son lit.
Pendant que la gouvernante habilloit Monseigneur et luy mettoit son manteau, le sieur Sainctot alla avertir les princes du sang de venir en la chambre de Monseigneur.
Ils estoient dans la salle de descente où les princesses avoient esté se reposer.
Les princes estans arrivez dans la chambre de Monseigneur, madame la Duchesse s’approcha de la table pour recevoir du sieur de Launay, intendant et controlleur general de l’Argenterie, les pieces d’honneur du parain et de la mareine. La serviete luy fut donnée envelopée d’une tavayole de toile d’argent qu’elle remit aussitost entre les mains de monsieur le Prince. Elle donna ensuite à monsieur le Duc le bassin et l’aiguiere avec une tavayole pour les tenir.
Apres cette fonction, madame la Duchesse alla à la table où estoient posées [f. 71] les pieces d’honneur de monseigneur le Dauphin. Elle les receut de la mesme main du sieur de Launay. Elle donna le cremeau et la saliere au prince de Conty avec une tavayole, et le cierge au comte de Clermont, frere du prince de Conty.
Six princes devoient porter ces six pieces d’honneur, mais on fut obligé de les doubler affin d’eviter de se servir des princes etrangers, que les princes du sang auroient fait difficulté d’admettre avec eux, outre qu’il s’estoit mu entre eux une contestation à qui serviroit.
Le comte de Soissons, de la maison de Savoye, se plaignoit de ce qu’estant seul de sa maison, on se servoit toujours des princes de la maison de Lorraine, et qu’à la fin la longue possession de servir aux jours de ceremonie seroit un titre à cette maison pour se persuader d’avoir le pas sur la sienne.
Cette ceremonie finie de la distribution des pieces d’honneur, le sieur Sainctot alla prendre Monsieur dans son appartement et le conduisit dans la chambre de Monseigneur.
[f. 71v] De là, il alla avertir madame la Princesse de Conty, deleguée par la reine mere d’Angleterre, maraine, de se rendre à la ceremonie.
Elle estoit dans un appartement de celuy du cardinal legat. Quoiqu’elle eut pu estre dans la mesme chambre avec luy, il n’y avoit point de contestation entre eux pour le pas et pour la main, ce qui n’avoit pas paru sans difficulté entre la reine mere d’Angleterre et le cardinal legat, car la chose ne fut changée que la surveille de la ceremonie. La reine d’Angleterre allegua qu’elle venoit elle mesme en personne à la ceremonie et que le pape n’estoit là present que par son legat, qu’on devoit faire une grande difference entre la chose mesme ou une chose representée, et que si la representation avoit lieu, il falloit de necessité que les rois donnassent toujours le pas et la main chez eux, et aux legats et aux ambassadeurs de testes couronnées.
Ces raisons firent croire que l’honneur d’imposer le nom à monseigneur le [f. 72] Dauphin luy devoit appartenir, mais la consideration que le Roy eut pour le pape fit que la reine d’Angleterre se dispensa de s’y trouver.
La princesse de Conty arrivant dans l’appartement de Monseigneur, Monseigneur fit quelques pas pour aller au devant d’elle.
Le Roy avoit nommé quelques evesques par lettres de chachet pour aller visiter en mantelet le cardinal legat. Ces evesques estans assemblez chez le comte du Lude avec leurs confreres qui estoient venus simplement pour se trouver à la ceremonie du palc, leurs demanderent advis de ce qu’ils avoient à faire, pretendant que les droits les plus essentiels de l’episcopat estoient violez en cette occasion.
La chose examinée, les evesques resolurent, apres avoir fait lire les lettres de cachet escrites aux evesques nommez, que les archevesques de Sens et de Bourges iroient sur l’heure mesme trouver le Roy pour le supplier tres humblement de trouver bon [f. 72v] qu’aucun evesque ne visitast le cardinal legat en cet habit.
Le Roy leur avoit marqué par sa lettre qu’il ne souhaitoit pas qu’ils en usassent autrement que leurs predecesseurs en avoient usé au baptesme du feu roy. Les registres conservez dans la biblioteque royalle faisoient foy que le cardinal de Joyeuse, nommé du Pape pour parain, n’avoit point esté visité par aucun evesque ny mesme accompagné d’aucun, mais que les evesques l’avoient attendu dans la chapelle avec les cardinaux.
Les archevesques furent priez encore de luy representer que les exemples de ce qui s’estoit fait aux entrées des cardinaux Barberins et Chisy, legats, ne pouvoient tirer à consequence, parce que les evesques qui avoient paru avec le mantelet et le chapeau l’avoient pris comme un habit de cheval qu’ils avoient quitté mettant pied à terre, et s’ils portoient le mantelet dans cette visite, c’estoit approuver la pretention de la [f. 73] cour de Rome sur les evesques que toute jurisdiction doit cesser en presence des legats du Pape, ce qui estoit entierement opposé aux libertez de l’eglise gallicane.
Ces deux archevesques allerent trouver le Roy au chateau neuf, dans la chambre de monseigneur le Dauphin, où l’archevesque de Sens, portant la parole, luy representa les raisons qu’on vient de dire. Le Roy leur dit qu’il ne souffriroit pas qu’ils receussent aucune diminution durant son regne, et qu’il n’avoit point dessein d’obliger les evesques à faire des choses qui marquassent que leur jurisdiction cessast en presence des legats du Pape, mais il leur temoigna que, la ceremonie devant commencer sur l’heure mesme, il estoit difficile de changer ses ordres, que les prelats nommez pourroient rendre une visite particuliere au cardinal legat en mantelet sans paroitre en public en cet habit et que cette visite estant un compliment de particuliers seulement ne pourroit estre prise pour une chose faite au nom et par le clergé de France.
[f. 73v] L’archevesque de Sens supplia le Roy de trouver bon qu’il parust sur le registre du sieur Sainctot que la visite ne s’estoit faite qu’à cause de l’embarras present, sans qu’elle pust tirer à consequence à l’advenir, ce que le Roy luy accorda.
Ces evesques nommez vinrent en mantelet faire leur visite au cardinal, logé au château vieux, d’où il partit incontinent apres l’avoir receu pour se rendre au château neuf où, estant adverty par le sieur Sainctot qu’il estoit temps de venir chez monseigneur le Dauphin, il y vint accompagné de son cortege.
Monseigneur le receut comme il venoit de recevoir la princesse de Conty. Tout estant en estat,
La marche se fit en cet ordre :
Les archers du grand prevost, tous tenans un flambeau de cire blanche à la main, leurs officiers à la teste sans flambeau
La compagnie des Cent Suisses de la garde du Roy ayans tous un flambeau de [f. 74] cire blanche à la main, leurs officiers à la teste
Les tambours et les trompettes de la chambre
Les gentilshommes servans, tous vetus de noir et en manteau, ayant un cierge à la main
Les gentilshommes ordinaires, tous vetus de noir et en mateaux, ayans un cierge à la main
Six heros ayans leurs caducées à la main, vetus de leurs cottes d’armes
Le roy d’armes
L’huissier de l’Ordre, vetu de son habit de l’Ordre
Les heros d’armes de l’Ordre, vetu de mesme
Le tresorier, seul, vetu de son habit de l’Ordre, le prevost, le greffier et le chancelier ne s’estans point trouvez à la ceremonie
Les chevaliers du Saint Esprit, vetus de leurs habits à chausses retroussées à bas d’attache avec leurs manteaux de l’Ordre, où leur collier de l’Ordre estoit attaché, tenans tous un cierge à la main
Aux dernieres ceremonies des baptesmes des dauphins de France, les chevaliers n’avoient [f. 74v] point paru en cet habit de ceremonie, mais dans des occasions comme celle cy, on doit toujours chercher ce qui est plus convenable et ce qui va plus à la grandeur et à la pompe d’une ceremonie.
Le roy voulut bien souffrir, parce qu’on n’avoit point plancheyé le chemin d’une toise et demy ou environ de largeur comme on le devoit faire pour la commodité de la marche depuis le château neuf jusques au château vieux, que le tresorier de l’Ordre et les chevaliers du Saint Esprit eussent des gens de livrées pour porter la queue de leurs manteaux, les princes de sang et Monsieur eussent des gentilshommes, car dans les ceremonies des chevaliers du Saint Esprit, les Enfans de France ne sont pas mesme en cette possession d’avoir des porte queues.
Dans cette marche, les chevaliers ducs et pairs allerent les premiers, selon le rang de la creation de leur duché, c’est-à-dire plus prez de la personne de monseigneur le Dauphin, quoiqu’inferieurs en reception de chevaliers.
[f. 75] Apres les chevaliers, le comte de Clermont marchoit avec sa gouvernante. Il portoit le cierge et estoit vetu d’une robe de couleur, à cause de son bas aage.
Le prince de Conty suivoit, vetu de noir et en manteau, portant le cremeau et la saliere.
Le duc d’Enguien, vetu de son habit de l’Ordre, ayant le collier dessus son grand manteau, portoit le bassin et l’aiguiere. La queue de son manteau estoit portée par le sieur Briole.
Le prince de Condé portoit la serviette. Il estoit vetu de son habit de l’Ordre, ayant le collier dessus son grand manteau dont la queue estoit portée par le sieur de Saint Marc.
Les sieurs de Coaslin, de Noailles, de la Ferté, de Roquelaure, de la Vieville, de Grancey, de Clerambault, de Crequy, de Gesvres, de Belfond, d’Humieres, de Gordes, de Richelieu, de Tonnerre, de Matignon, d’Estrees, de Polignac, les trois enfans d’honneur de Monseigneur, Vitry, l’abbé d’Estrées et Bellemarre marchoient sans rang entre eux immediatement devant Monseigneur.
[f. 75v] Ces jeunes enfans, aagez de huit à dix ans, au nombre de vingt, estoient vetus tous d’une mesme parure. Ils avoient des habits de toile d’argent à chausses retroussées coupéespar des bandes garnies de dentelles d’or et d’argent avec un agreement au milieu des bandes d’or et d’argent et incarnat. Le pourpoint estoit de toile d’argent tout couvert de dentelles, les manches coupés par bandes, le capot, de toile d’argent chamarré d’une dentelle d’or et d’argent et melé d’incarnat, estoit doublé de toile d’argent et incarnat. Ils avoient une toque de velours noir avec des plumes incarnates et blanches.
Ensuite venoit monseigneur le Dauphin, vetu d’un habit de brocard d’argent à chausses retroussées, coupées par bandes garnies de dentelles d’argent.
Son manteau estoit de brocard d’argent couvert de dentelle d’argent doublé d’hermine. La queue du manteau de huit aunes de long estoit portée par le duc de Mercoeur, vetu de noir et en manteau. Monseigneur avoir aussy une toque de brocard d’argent [f. 76] avec des plumes blanches.
Monsieur, vetu de son habit de l’Ordre, ayant un collier dessus son grand manteau, dont la queue estoit portée par le comte du Plessis, son premier gentilhomme de la chambre, conduisoit Monseigneur, luy tenant la main gauche.
A droit et à gauche de Monseigneur marchoient le chevalier de la Hilliere, lieutenant des gardes du corps, et le sieur de la Serre, enseigne des gardes, tous deux commis à sa garde.
Monsieur n’avoir derriere luy que le sieur de Rocheplate, son lieutenant des gardes, parce que le comte de Clerc, capitaine de ses gardes, marchoit en rang de chevalier.
A costé droit de Monseigneur, un pas en arriere, estoit le duc de Crequy, premier gentilhomme de la chambre du Roy, choisy pour porter Monseigneur en cas de besoin pendant la marche. [f. 76v] Il estoit vetu de noir et en manteaux à cause de sa fonction, quoiqu’il fust chevalier de l’Ordre.
La marechalle duchesse de la Motte, gouvernante des Enfans de France, estoit derriere Monseigneur, le plus prez que faire se pouvoit. Elle avoit pour escuyer le sieur de Servac, son neveu. La queue de la robbe de la marechale estoit portée par un valet de livrée par la raison que l’on vient de dire de l’incommodité de la marche.
Le comte d’Agein, fils ainé du duc de Noailles, receu en survivance de capitaine des gardes du corps, faisant la charge de capitaine, marchoit derriere la marechale.
Venoit ensuite le cardinal legat et parain, en bonnet quarré. Il estoit vetu de sa casaque, dont la queue estoit portée par le comte de Saint Aignan, à la priere du cardinal et non par ordre du Roy. L’usage des princes cardinaux est de se faire toujours porter la queue par leur capitaine des gardes et non par un maitre de chambre comme les autres cardinaux font ordinairement. Cependant, [f. 77] le cardinal legat sceut employer une personne de la premiere qualité, qui apparemment voulut bien faire cette fonction pour faire honneur à son parent.
Le legat avoit à main droite son cortege, composé des officiers employez à la legation et de son porte croix.
A main gauche du legat, estoit la princesse de Conty, marreine, ayant pour escuyer le comte d’Arsy.
Elle estoit vetue de noir, comme veuve, ayant une mante dont la queue trainante de quatre aunes estoit portée par la marquise de Gamache, sa dame d’honneur. Si la reine fust venue en personne, le cardinal legat auroit marché immediatement devant Monseigneur et la reine apres Monseigneur : c’estoit un accomodement qu’on avoit trouvé.
La princesse de Conty pouvoit avoir l’bhonneur d’avoir la queue de sa mante portée par sa dame d’honneur, quoique les autres princesses du sang n’eussent que des gentilshommes, parce qu’elle representoit la [f. 77v] reine d’Angleterre, à l’exemple des princesses du sang que la Reine envoye jetter de l’eau benite sur le corps d’une princesse du sang morte : c’est toujours la dame d’honneur de la Reine qui porte la queue de la robe de la princesse.
Derriere le parain et la marreine marchoit Mademoiselle, menée par le chevalier de La Rochefoucault.
Elle estoit, à cause de son bas aage, vetue de couleur, sa robe couverte de dentelle d’or et d’argent dont la queue trainante de quatre aunes etoit portée par le chevalier du Plessis Praslin.
On mit en question quelle place estoit la plus honorable, de porter la queue ou de donner la main. Si on y eust bien songé, il n’y auroit pas eu de differends advis sur cela : la charge de porte queue chez la Reine est une des moindres charges de sa maison. Il est vray que les princesses du sang porterent la queue du manteau royal au mariage de la Reine, mais c’estoit un manteau royal et Monsieur donnoit la main à la Reine. Cet exemple, que le sieur [f. 78] Sainctot allegua, fit naitre aux princesses la pensée de demander des dames pour porter la queue de leurs robes. Elles disoient que, pusqu’elles portoient la queue du manteau de la Reine, elles devoient donc avoir des femmes de qualité plutost que des hommes. Mais il leur dit que la Reine avoit sa dame d’honneur qui luy portoit la queue de sa robe aux ceremonies ordinaires, et qu’il falloit de necessité une distinction entre la Reine et elles.
Derriere Mademoiselle estoit madame de Saint Chaumont, sa gouvernante, qui n’avoit ny escuyer ny porte queue.
Mademoiselle d’Orleans, menée par son premier escuyer. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le chevalier d’Humieres.
Madame de Guise avoit pour escuyer le comte de Sainte Mesme, chevalier d’honneur et premier escuyer de madame douairiere d’Orleans, sa mere. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le sieur de Saint Remy, premier escuyer de la mesme princesse [f. 78v] douairiere.
La princesse de Condé, menée par le comte de Lussan, premier escuyer du prince de Condé. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le sieur Desroches, capitaine des gardes de ce prince.
La duchesse d’Enguien, que le comte de Moreuil Comeny, premier escuyer du duc d’Enguien menoit. La queue de sa robe, trainante de quatre aunes, estoit portée par le baron de Rivieres.
Les evesques commandeurs, vestus de violet, se mirent dans la marche derriere les princesses du sang. Ils avoient voulu suivre immediatement apres les chevaliers du Saint Esprit, mais les chevaliers s’y opposerent, ne voulant point estre separez des princes du sang. Comme les evesques commandeurs virent qu’ils ne pouvoient reussir pour estre apres eux, ils demanderent au moins qu’ils pussent estre immediatement derriere Monseigneur, puisqu’aux processions et aux marches que l’Ordre fait, ils marchent apres la personne du Roy. [f. 79] Les princesses du sang s’opposerent à cette nouvelle pretention, par la raison que le sang n’est jamais separé.
Le Roy, apres avoir separement ouy les uns et les autres, il ordonna que les evesques commandeurs marcheroient apres les princesses du sang.
Enfin, les dames d’honneur des princesses, accompagnées des filles d’honneur, suivirent.
La marche fut fermée par soixante gardes du corps qui tous tenoient des flambeaux de cire blanche à la main.
Les archers du grand prevost, arrivant à la porte du vieux château, s’y arresterent parce qu’ils n’entrent jamais dans l’eglise et la cour du vieux chasteau en servoit.
Les Cent Suisses entrerent dans la cour et se placerent en haye jusques au bas des degrez du palc.
Les tambours et trompettes à gauche [f. 79v] en entrant au palc, dans un espace vuide pour eux.
Les gentilshommes servans et les gentilshommes ordinaires se mirent à main droite sur un banc.
Les heros et roy d’armes demeurerent debout sur le palc, proche des tables, dans un espace vuide preparé à droit pour eux.
L’huissier et ce heros d’armes de l’Ordre, en entrant sur le palc, firent ensemble leurs reverences, une à l’autel, une au Roy, une à la Reine, et s’allerent mettre debout pres de leur forme en attendant que les chevaliers eussent pris leurs places.
Le tresorier de l’Ordre fit sa reverence à l’autel, au Roy et à la Reine, quoiqu’ils n’eussent point pris de seance, estant en un balcon pour voir la ceremonie.
Les chevaliers du Saint Esprits firent, entrant sur le palc, deux à deux, leurs reverences puis, se separant, les uns se mirent à droit à leur seance sur un banc posé au dessous du Conseil, et les autre se mirent à gauche au dessous du banc des secretaires d’Estat. [f. 80] Si la ceremonie se fut passée en une eglise, les chevaliers eussent esté aux hautes chaires du chœur et le Conseil sa seance ordinaire.
Le comte de Clermont, portant le cierge, salua l’autel, le Roy et la Reine.
Le prince de Conty, arrivant au palc, alla poser le cremeau et la saliere sur la table des pieces d’honneur de monseigneur le Dauphin qui estoit placée à gauche, vint ensuite faire ses reverences et sa plaça à gauche.
Monsieur le Duc alla poser le bassin et l’aiguiere sur la table placée à main droite pour servir aux honneurs du parain et de la maraine, vint faire ensuite ses reverences et sa plaça à gauche. Le prince de Condé, apres avoir posé la serviete sur la mesme table, vint faire les reverences et se plaça à gauche, laissant la main droite aux princesses.
Les enfans d’honneur se mirent autour des fonds, sur la premiere marche. Monseigneur le Dauphin accompagné de Monsieur firent conjointement la reverence à l’autel, une au Roy, une à la Reine, sans que Monsieur [f. 80v] quittast la main de Monseigneur.
Ensuite, le cardinal legat et la princesse de Conty firent ensemble les reverences que Monsieur venoit de faire.
Les princesses du sang firent les reverences les unes apres les autres.
Les evesques commandeurs firent leurs reverences deux à deux et s’allerent placer avec les evesques qui avoient leurs seances proche l’autel.
Ce qu’estant fait, on apporta un carreau de brocard d’argent à monseigneur le Dauphin pour s’agenouiller, qu’on posa au pied de la premiere marche où les fonds estoient.
Monsieur se mit à main gauche, un peu à costé de Monseigneur. On luy donna un carreau qui fut placé vis-à-vis le milieu du carreau de Monseigneur.
Ensite, le cardinal legat et la princesse de Conty se mirent immediatement derriere Monseigneur, ayant des carreaux devant eux.
[f. 81] Derriere le legat, vers l’entrée du palc, les princesses selon leur rang, ayant toutes des carreaux à leurs pieds.
Derriere la princesse de Conty, mareine, les princes du sang selon leur rang, ayant des carreaux.
Le duc de Mercoeur fut placé à cosé des princesses et, vis-à-vis de luy, le duc de crequy et la marechalle de la Motte, un peu eloignée de Monseigneur. On leur donna aussy des carreaux à cause du titre de duc et de duchesse.
Les dames d’honneur s’arresterent à l’entrée du palc, à droit avec les filles d’honneur.
Mais affin de faire mieux entendre toutes les seances, on a trouvé plus à propos d’en dresser le plan.
[f. 81v : vide]
[f. 82] Dans le temps que la musique de la Chapelle commença le Veni Creator, monseigneur le Dauphin, Monsieur, tous les princes et toutes les princesses se mirent à genoux. Estant à moitié dit, le sieur Sainctot alla à l’autel avertir le cardinal Antoine, grand aumonier de France, qui s’estoit rendu avant l’arrivée de Monseigneur, d’approcher des fonds. Il estoit assis sur un siege qu’on nomme en Italie talsistorio, à quatre piliers elevés et sans aucun dossier.
L’evesque d’Orleans, premier aumonier, en chape et en mitre, tous les aumoniers du Roy, en camail, et six evesques, en chapes et en mitres, l’accompagnerent.
L’evesque d’Orleans et les aumoniers eurent la main droite sur les evesques en allant au palc, mais estants tous arrivé à l’autel, les aumoniers ne purent conserver leur advantage car, le cardinal s’estant assis le dos tourné à l’autel, les evesques se trouverent à le droite du cardinal et s’y trouverent aussy lorsqu’ils l’accompagnerent allant aux fonds.
[f. 82v] Les evesques, comme assistans, n’eurent point de sieges parce qu’ils ne faisoient aucune fonction.
Le cardinal, estant adverty, vint par delà les fonds comme s’il eust receu un catecumene. Son siege y fut placé, quoiqu’il ne deust faire aucune fonction assis.
Alors Monsieur, les princesses et les princes couronnerent Monseigneur et s’en approcherent.
Le cardinal demanda à monseigneur le Dauphin ce qu’il vouloit, Monseigneur luy dit : le baptesme. Apres quoy ce cardinal demanda au cardinal legat, parain, et à la mareine le nom, et le parain donna celuy de Louis.
Pendant ce temps là, la duchesse d’Enguien alla à la table des honneurs de Monseigneur et donna au prince de Conty, qui la suivoit, le sel et le cremeau pour les porter aux fonds. Elle avoit receu ces pieces d’honneur du sieur Duché, intendant et controlleur général de l’Argenterie.
[f. 83] La musique de la Chambre chanta un cantique mis en musique par le sieur Leully, intendant de la musique de la Chambre, dont voicy les paroles :
Canticum
In baptismo Delphini
Plaude Laetare Gallia
Rore coelesti rigantur Lilia
Plaude Laetare Gallia


Sacro Delphinus
Fonte Lavatur
Et Christianus
Christo dicatur


O Jesu vita credentium
Exaudi vota precantium
Vivat, Regnet Princeps fidelis
Semper justus


[f. 83v] Semper victor Semper Augustus
Vivat regnet triumphet in coelis
Et AEterna
Luceat corona
Version des paroles du cantique pour le baptesme :
France, redoublés vos plaisirs
Le ciel répond à vos desirs
Et de vos jeunes lis la fleur est arrosée
D’une sainte rosée
France, redoublés vos plaisirs


Le Dauphin est lavé dans une onde sacrée
La race tres chrestienne à Christ est consacrée


O grand Dieu, l’espoir des croyans
Que votre pieté nous entende
Et de ces peuples supplians
Exaucez la juste demande
Qu’il vive, qu’il regne à son tour
Toujours vainqueur, toujours auguste
Toujurs fidele et juste


[f. 84] Qu’il vive, qu’il regne à son tour
Qu’il triomphe au ciel quelque jour
Et qu’à jamais sa teste s’environne
D’une immortelle et brillante couronne
La ceremonie du baptesme finie, le cardinal grand aumonier retourna à l’autel assisté de tout le clergé, des evesques et des aumoniers du Roy.
Les heros d’armes crierent à haute voix par trois fois : Vive monseigneur le Dauphin nommé Louis.
Les tambours et les trompettes se mirent à jouer cent fanfares.
Les heros jetterent des medailles où, d’un costé, le portrait de monseigneur le Dauphin estoit, et, de l’autre, une devise au sujet du baptesme.
La duchesse d’Enguien vint à la table des honneurs du parain et de la maraine, suivie du prince de Condé et du duc d’Enguien, [f. 84v] à qui elle donna l’aiguiere et le bassin, et au prince de Condé la serviete.
Le duc d’Enguien donna à laver au parain et à la maraine, qui estoient demeurez aux fonds, et le prince de Condé leur donna la serviete. Apres quoy les princes retournerent poser sur la mesme table ces pieces d’honneur, les remettans entre les mains de la duchesse d’Enguien.
La ceremonie finie, on s’en retourna au château neuf, dans l’appartement de monseigneur le Dauphin, dans le mesme ordre qu’on estoit venu.
Les chevaliers du Saint Esprit ne firent aucune reverence, parce que tout le monde avoit occupé le lieu où d’abord en arrivant ils l’avoient faite, mais depuis les fonds tirant vers l’autel, il y eut un espace vuide qui donna lieu aux princes et princesses de faire leurs salutations.
Le comte de Clermont salua l’autel, le Roy et la Reine, ensuite le prince de Conty, le duc d’Enguien et le prince de Condé firent les memes saluts.
[f. 85] Monseigneur le Dauphin et Monsieur firent ensemble leurs reverences, et les princesses selon leur rang.
Les evesques commandeurs suivirent la marche et reconduisirent Monseigneur.
Ce mesme soir, le Roy donna à souper au cardinal legat et à la princesse de Conty. La table estoit en equaire, le Roy estant assis au milieu de la table, la Reine à sa gauche, sous un dais spatieux.
Le cardinal legat à main droite à deux places de distance du Roy, et la princesse de Conty à main gauche à deux places de distance de la Reine. Le cardinal eut un fauteuil comme legat et la princesse de Conty un siege ployant.
Sur le retour de la mesme table, qui faisoit l’equaire, les princesses qui avoient servy à la ceremonie y mangerent, au nombre de quatre seulement parce que Mademoiselle estoit trop jeune pour souper si tard.
Le Roy et la Reine furent servis par [f. 85v] leurs grands officiers.
Le comte de Cossé servit de grand pannetier.
Le marquis de Crenan de grand eschanson.
Et le marquis de Charost, en l’absence du marquis de Vandeuvre, servit de grand escuyer tranchant, ayans tous la serviette sur l’epaule.
Le cardinal legat eut pour le service à table le comte de Saint Aignan et le comte de Nanteuil, petit fils du duc d’Estrees, parce que le cardinal legat de Joyeuse, en pareille occasion, eut deux fils de ducs.
La princesse de Conty et toutes les princesses eurent des gentilshommes servans pour les servir à table.
La seance estoit en cet ordre :
[vide]
[f. 86] Si la reine d’Angleterre fut venue en personne tenir sur les fonds monseigneur le Dauphin, un des grands officiers cy dessus nommé l’auroit servy. La place de la reine eust esté entre le Roy et la Reyne, parce que le Roy luy a toujours donné la main partout où il s’est trouvé avec elle, que si elle se fut mise à main droite du Roy, elle eut la main sur le cardinal, et pour l’honneur qu’on vouloit rendre au Pape, on trouva plus expedient qu’elle envoyast la princesse de Conty avec laquelle le cardinal n’avoit rien à demeler.
Le duc d’Enguien, comme grand maitre de la maison du Roy, donna au Roy et à la Reine la serviete à l’entrée de table et à la sortie.
Le marquis de Bellefonds, premier maitre d’hostel, la donna au cardinal à l’entrée, parce qu’il l’avoit donnée au cardinal Chisy au souper que le Roy luy fit, neantmoins il y avoit cette difference à faire qu’au cardinal Chisy, c’avoit esté le controlleur general qui l’avoit servy et qu’à celuy cy c’estoient des fils de ducs qui le devoient servir, mais parce que le marquis de Bellefonds avoit fait cette fonction, il [f. 86v] crut ne pas devoir ceder à des personnes qui ne pouvoient, ny par leur rang ny par leur qualité, luy enlever le service. Cependant, sur la fin du repas, il se retira et laissa au comte de Saint Aignan de donner la serviete.
Le comte de Saint Aignan et le comte de Nanteuil servirent le legat sans chapeau, la serviete sur le bras
Monsieur ne fut point du souper, parce qu’il n’a jamais de fauteuil en presence du Roy et que le cardinal en avoit un.
La princesse de Conty ne fut point distinguée des autres princesses.
Les maitres d’hotel de quartier furent à la viande que les valets de pied et les Cent Suisses porterent.
Le lendemain, le cardinal legat eut son audience de congé. Il fut receu par le Roy et la Reine et par monseigneur le Dauphin de la mesme manière qu’il avoit esté la veille de la ceremonie du baptesme.
[f. 87] Le Roy le traita trois jours durant et toute sa maison qu’on logea aussy par fourriers. »

Arrêté nommant un régisseur au château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Secrétariat général
Bâtiments
Service extraordinaire
Arrêté
Au nom de l’Empereur
Le ministre d’Etat,
Sur le rapport du secrétaire général,
Arrête :
Article premier
M. O’Connell (Richard Théodore), lieutenant de cavalerie en retraite, est nommé régisseur du château impérial de Saint-Germain-en-Laye.
Il recevra à ce titre un traitement annuel de dix-huit cents francs (1800 f.).
Art. 2
La dépense qui résultera de cette nomination sera imputée sur les fonds affectés à l’entretien des bâtiments et édifices publics, article XII (1ère section) du budget de l’exercice 1857.
Art. 3
Le secrétaire général est chargé de l’exécution et de la notification du présent arrêté qui aura son, effet à partir du 1er octobre 1857.
Fait à Paris, le 23 septembre 1857
Achille Fould »

Ministère d'Etat

Acte de baptême de Louis-Philippe Donneau de Visé dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, la reine étant sa marraine

« Le 7e jour de may 1666, furent en la chapelle royalle du viel chasteau de Saint Germain en Laye supplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme par messire Pierre du Cambaut de Coislin, conseiller du Roy en ses conseils d’estat et privé, premier aumosnier de Sa Majesté, abbé de Saint Victor à Paris, evesque designé d’Orleans et grand vicaire de cedict lieu, avec la permission et du consentement de M. le curé, present et assistant ausd. ceremonies avec le surplist, l’estolle au col et les saintes huilles en main à Louys Philippes, né du [12e jour] du mois de [febvrier] dernier passé et ondoyé en l’eglise sur les saints fonts de baptesme de la parroisse de Louy Philippes, fils de [Jean Jacques Donneau de Vizé, porte manteau de la Reyne, et de dame Philippes Therese, sa femme, femme de chambre de ladicte dame Reyne], la marreine tres grande vertueuse et religieuse princesse Marie Therese d’Austriche, reyne de France et de Navarre, le parrein tres haut et puissant prince Philippes de Bourbon, frere unicque du Roy, duc d’Orleans, et led. nom de Louys Philippes donné par lad. dame Reyne. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« L’Empereur est venu chasser à tir dans la forêt de Saint-Germain avant-hier jeudi. Prévenus par les dispositions ordinaires, les habitants de Maisons avaient pavoisé leurs fenêtres sur tout le parcours de Sa Majesté qui, traversant cette commune vers dix heures et demie pour se rendre à Fromainville, a été saluée par les plus vives acclamations de la foule qui l’attendait au passage.
L’Empereur, ainsi que les personnes de sa suite, étaient en voitures fermées attelées en poste, précédées et suivies de piqueurs à cheval. Commencée à onze heures, la chasse était terminée avant trois heures ; d’énormes feux de bivouacs avaient été allumés sur l’emplacement des tirés et près du pavillon rustique où l’Empereur et sa suite prennent un instant de repos. Le parfait état de santé de Sa Majesté a été remarqué avec plaisir par tous les assistants. »

Acte de baptême de Louis Milet dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le roi étant son parrain

« Le 5e jour de novembre 1666, furent suplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme en la chapelle du chasteau vieil de Saint Germain en Laye par maistre Nicolas Cagnyé, prestre, bachelier en theologie curé dud. lieu, à Louys, natif de la parroisse de Vernouillet, né du mardy 20e de juillet dernier passé et ondoyé par le sieur vicaire de lad. parroisse de Vernouillet le deuxiesme jour d’aoust aussi dernier passé comme il appert par son certificat en datte du mesme jour, signé au bas Godron et paraphé, avec la permission de monsieur l’evesque de Chartres en datte du premier jour dud. mois d’aoust, fils d’honorable homme Claude Milet, cocher du corps du Roy et de Barbe Mesnil, sa femme, le parrein tres grand, puissant et invincible monarque Louys Dieudonné, fils aisné de l’Eglise, 14e du nom, roy de France et de Navarre, present en personne, qui a donné et nommé de son nom de Louys led. baptisé, la marreine haute et puissante dame madame Louyse de Prie, veufve de haut et puissant seigneur messire Philippes de La Motte Houdancourt, vivant duc de Cardonne, pair et mareschal de France, gouvernante de monseigneur le Dauphin et des autres Enfants de France. »

Lettre autorisant le prélèvement d’eau à la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Forêts de Saint-Germain et de Marly
Service des Bâtiments
Ministère de la Maison de l’Empereur
Bougival, le 13 février 1858
A Son Excellence le ministre d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous faire connaître que les équipages de la vénerie de Sa Majesté n’étant pas à Saint-Germain en ce moment, je ne vois pas d’inconvénients à laisser prendre aux robinets de l’abreuvoir de cet établissement par la maison impériale des Loges l’eau nécessaire à l’alimentation des pensionnaires.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Ministre, avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
L’architecte du parterre et terrasses de Saint-Germain
X. Dufrayer »

Ministère d'Etat

Récit par le maître des cérémonies Nicolas Sainctot de l’audience donnée par le roi à Soliman Aga, ambassadeur du sultan, au Château-Neuf

« [f. 124] Le 5e [décembre], le sieur de Berlise, introducteur des ambassadeurs, estant venu prendre Soliman dans les carosses du Roy et de la Reine, ils entrerent dans celuy du Roy avec les sieurs de la Giberti, l’interprete et l’aumonier. Ils dinerent à Chatou, où l’on amena les chevaux de la grande ecuirie qu’ils enharnacherent à leur mode [f. 124v] et qu’ils renvoyerent au Pec. Ils decendirent de carrosse et monterent sur les chevaux qui les attendoient, se mettant en marche deux à deux, ayant le sieur Giraud à leur teste.
Soliman marchoit entre le sieur de Breslise et le sieur de la Giberti, ayant son interprete devant luy. Une des circonstances qui est plus à remarquer est que les Turcs estoient sans armes et que Soliman n’avoit pas meme de sabre. Ils entrerent en cet ordre dans la cour du chateau neuf, où ils trouverent des bataillons formez par les compagnies des regimens des gardes françoises et suisses et des escadrons formez par les mousquetaires. Les chevaux legers, les gendarmes, les gardes du corps, les gardes de la porte, les archers du grand prevost, les Cent Suisses estoient en haye depuis la porte de la petite cour jusqu’au haut du perron. Soliman mit pied à terre dez l’entrée de la petite cour, n’estant pas suffisante pour contenir le nombre de chevaux qui l’accompagnoient, et marcha à pied dans le mesme ordre qu’il estoit venu, passant au travers de la garde ordinaire des gardes du corps qui se trouverent sur le perron dans la salle des gardes. De là, il passa dans plusieurs chambres superbement tendues et se rendit ainsy dans la grande galerie [f. 125] où le Roy l’attendoit.
Cette galerie estoit parée de plusieurs belles tapisseries de la Couronne. Tout le parterre etoit couvert de tapis de pied et les deux costez de la galerie estoient remplis de grands vases d’argent elevez sur des pies destaux aussy d’argent. Au bout de la galerie estoit un trone elevé sur huit marches orné de pareils vases et de caisses d’argent dont le prix estoit de plus de vingt millions. Monsieur, M. le Prince et M. le duc d’Enguien estoient à ses costez, vestus de tres superbes habits, et tous les seigneurs de la cour, qui estoient en si grand nombre qu’ils formoient un triple rang le long de la galerie, estoient aussy tres magnifiquement habillez.
Lorsque Soliman entra dans la galerie, le bruit qui s’y faisoit auparavant cessa d’une manière si surprenante, au seul signal que Sa Majesté fit, qu’il a declaré depuis avoir esté surpris du profond respect que les courtisans rendent au Roy.
Quelque temps quant Soliman entrast dans cette galerie, il tira la lettre du Grand Seigneur d’une toilette qui estoit renfermée dans un sac de brocard de la longueur d’un pied et la tint dans ses mains, elevée de la hauteur de sa barbe, marchant toujours entre les sieurs de Berlise et de la Giberti jusques au pied du trosne, faisant avec tous ses gens le mesme nombre de reverences que le sieur Giraud qui estoit à leur teste.
Soliman, estant arrivé au pied des degrez du trone, fit une profonde reverence et commença son compliment, qui fut expliqué par son interprete en ces termes : Sire, Soliman Aga dit à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale que le tres haut et tres puissant empereur ottoman sultan Mahomet Han, quatrieme du nom, son maitre, l’envoye à Vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale luy porter cette lettre et luy dire que les deux empires ont toujours esté en tres bonne intelligence, qu’il en souhaite la continuation et que, pour cet effet, il a retenu M. de la Haye Ventelet, ambassadeur de Vostre Majesté imperiale à la Porte et souhaite à vostre tres haute et tres puissante Majesté imperiale toute sorte de bonheur, de felicité et de prolongation de vos jours. A quoy le Roy repondit qu’il avoit toujours eu bien de la joye [f. 126] de voir l’intelligence qui estoit entre les deux empires, que de son coté il contribueroit toujours à l’entretenir et qu’il pouvoit remettre sa lettre entre les mains de M. de Lionne. L’interprete ayant fait attendre à Soliman la reponse du Roy, Soliman dit à Sa Majesté que le Grand Seigneur, son maitre, luy ayant commandé de remettre sa lettre entre les mains propres de Sa Majesté, il la supplioit de luy faire cet honneur. Sa Majesté luy ayant accordé volontiers cette grace, il monta les degrez du trone, tenant toujours sa lettre elevée. Estant au dernier degré, et voyant Sa Majesté ne se lever pas pour recevoir la lettre, il dit que, lorsque le Grand Seigneur, son maitre, la luy avoit donné, il s’estoit levé en signe d’estime et d’amitié pour Sa Majesté, qu’il la supplioit de vouloir la recevoir de la mesme manière qu’il la luy avoit donnée. Le sieur de Lyonne, ayant appris par l’interprete le dessein de Soliman, lui demanda qui pouvoit estre garand de ce qu’il advançoit, ce qui neantmoins ne lui fut point interpreté, le Roy dans le moment s’estant tourné vers le sieur de Guitry, grand maitre de la garde robe, qui s’estoit autrefois trouvé à la Porte à l’audiance de M. de la Haye, luy [f. 126v] demanda si le Grand Seigneur s’estoit levé lorsque son ambassadeur luy avoir rendu sa lettre. Le sieur de Guitry luy ayant repondu que non, dit tout haut que, puisque le Grand Seigneur en recevant ses lettres par les mains de ses ambassadeurs ne se levoit pas, il ne se leveroit pas, aussy qu’il n’avoit qu’à donner sa lettre. La volonté du Roy estant connue à Soliman, il baisa le sac où estoit la lettre et, après l’avoir fait toucher à son front en faisant une profonde reverence, il la presenta au Roy qui la prit et la donna à M. de Lionne, qui appella les interpretes, le sieur Delacroix et le chevalier Dervius.
Dans le temps que les interpretes lisoient la subscription qui estoit sur un parchement et qui fermoit l’entrée du sac et qu’ils expliquoient au Roy les qualitez que le Grand Seigneur lui donnoit, Soliman descendit au bas du trone apres avoir fait une reverence, où estant, et branlant la teste, il dit tout haut que le Grand Seigneur ne seroit pas satisfait de la manière que le Roy recevoit sa lettre. Sa Majesté s’estant apperceu de ce mouvement de colere, demanda ce qu’il avoit dit, et luy ayant esté expliqué, aussitost dist tout haut et d’un ton serieux qu’il verroit la lettre et qu’il feroit reponse. Soliman, ayant sceu par son interprete ce que le Roy [f. 127] venoit de dire, il se retira en faisant trois reverences, apres lesquelles, ayant voulu tourner le dos à Sa Majesté, le sieur de la Giberti, qui estoit à sa droite, luy fit aussitost tourner le visage jusques à ce que le vuide qui estoit entre le Roy et Soliman fut remply et qu’il ne fut point en estat d’estre apperceu de Sa Majesté. Soliman se retira dans le mesme ordre qu’il estoit venu et remonta à cheval avec toute sa suite hors les portes du chateau neuf. »

Note sur des travaux à l’entrée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Château de Saint-Germain. Les promeneurs ont pu remarquer ces jours-ci que des ouvriers étaient occupés à démolir les deux lourds piliers en pierre de taille sur lesquels s’appuyait la porte avancée construite sur la place du Château à l’époque du pénitencier militaire.
C’est à la continuelle obligeance de l’éminent architecte, M. Millet, que nous devons les renseignements suivants :
Les travaux qu’il fait faire à l’entrée du château, nous a-t-il dit, n’ont aucune importance et n’avancent en rien la restauration générale du vieux et respectable édifice ; il avait jadis conservé, par mesure d’économie, la porte cochère en bois avec ses deux gros piliers en pierre ; les battants tombaient en pourriture et devenaient hors de service, et au lieu de les remplacer, l’architecte a dû commander une plus que modeste grille en fer, ayant tout à faire le caractère d’un objet provisoire. Elle permettra le passage de l’air, facilitera l’entrée au château, mais cette installation essentiellement provisoire, répétons-le, d’après M. Millet lui-même, n’a aucune valeur ni aucun caractère artistique.
En ce qui s’applique aux travaux de restauration, le crédit alloué sur 1868 étant le même que celui des dernières années, M. Millet pense pouvoir achever le gros œuvre de toute la façade nord, donnant sur le parterre, et continuer les ouvrages sur la façade est.
Dans la dernière campagne, il n’a pu être presque rien fait à l’intérieur ; on va reprendre ou restaurer tous les éperons et l’escalier d’angle sur la cour, refaire les voûtes et les planchers de tout l’angle nord-est, et il est probable que vers le milieu de l’année 1869 tout l’angle pourra être livré à la direction des musées impériaux.
Le regrettable et regretté M. Beaune est remplacé dans ses fonctions de deuxième conservateur du musée par M. de Mortillet, archéologue savant et distingué, qui, depuis deux ou trois ans, était occupé au musée à classer et à ranger tous les objets de sa collection. »

Récit de la remise à Napoléon III par le conseil municipal de Saint-Germain-en-Laye d’une médaille commémorant la restauration du château

« Mardi dernier, le conseil municipal de Saint-Germain-en-Laye a eu l’honneur d’être admis à faire hommage à S. M. l’Empereur, aux Tuileries, de la médaille votée en commémoration de la restauration du château de Saint-Germain et de l’inauguration du musée.
L’administration et le conseil, en demandant à l’Empereur d’être admis près de lui, avaient témoigné le vœu que cette réception coïncidât avec la date du 12 mai, premier anniversaire de la visite de Sa Majesté à Saint-Germain.
La presque totalité des membres du conseil, ayant à leur tête MM. de Breuvery, maire, et Courtin, 2e adjoint, ont été présentés à l’Empereur par M. Boselli, préfet de Seine-et-Oise, intermédiaire naturel et hiérarchique de la manifestation du conseil, et par M. de Breuvery, maire de Saint-Germain.
C’est avec la bienveillance la plus marquée et toute l’affabilité possible que l’Empereur a reçu les représentants de notre ville ; après avoir serré la main du préfet et du maire, témoigné sa satisfaction de l’hommage qui lui était fait, et de l’exécution matérielle de la médaille, Sa Majesté s’est entretenue, avec les marques d’un vif intérêt, des besoins de la ville de Saint-Germain ; il a été aussi, entre l’Empereur et M. Boselli, question de certains intérêts touchant Poissy et Argenteuil, puis les membres de notre édilité se sont retirés, emportant un souvenir ineffaçable de l’accueil qui venait de leur être fait.
L’écrin, déposé entre les mains de Sa Majesté, contenait trois exemplaires en vermeil, en argent et en bronze de la médaille, frappée à la Monnaie et admirablement réussie ; elle porte à sa face le dessin exact en relief de l’angle et de la partie du château qui donne sur la place et qui offre la vue de la tour d’angle restaurée de Charles V et du beffroi. L’écusson des armes de la ville, placé à la base et engagé dans le cordon circulaire, dissimile très heureusement la partie encore non restaurée de l’entrée ; l’exergue porte cette inscription : Restauration du château de Saint-Germain-en-Laye, commencée en 1862.
Au revers on lit : A Napoléon III, la ville de Saint-Germain-en-Laye ; et en exergue : Inauguration du musée, 12 mai 1867. Décret du 8 mars 1862. »

Acte de baptême de Louis Portail dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain-en-Laye, le roi étant son parrain

« Le 14e jour de novembre 1666, furent suplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme dans la chapelle du chasteau vieil de Saint Germain en Laye par maistre Nicolas Cagnyé, prestre, bachelier en theologie curé dud. lieu, à Louys, natif de la ville de Paris, né du mardy 13e jour d’avril dernier passé à midy et ondoyé, fils de messire Paul Portail, comte de Lusignan, seigneur des chastelnies de Chatou et de Montesson, conseiller en la cour de parlement, et de dame Charlotte de Barbesieres Chemerreau, sa femme, fille d’honneur de tres haute, tres excellente princesse et tres puissante Anne, par la grace de Dieu reyne mere du Roy, le parrein present en personne tres haut, tres excellent, tres puissant et tres magnanime prince Louys, par la mesme grace de Dieu roy de France et de Navarre, la marreine tres haute et tres puissante princesse madame Henriette Anne, duchesse d’Orleans, espouse de tres haut et tres puissant prince monseigneur Philippes, fils de France, frere unicque du Roy, duc d’Orleans. »

Quittance pour la nourriture des comédiens de la troupe royale durant leur séjour à Saint-Germain-en-Laye

« En la presence des notaires soubzsignez, Josias Soulas, escuier, sieur de Floridot, l’un des comediens de la trouppe royalle entretenue par le Roy, tant pour luy que pour les autres comediens composans lad. trouppe, a confessé avoir receu comptant de Nicolas Melique, escuier, conseiller du Roy en ses conseils et tresorier general des Menus Plaisirs et affaires de la chambre de Sa Majesté, la somme de cent unze livres à eux ordonnées pour leur nourriture durant leur sejour à Saint Germain en Laye pendant l’année derniere MVIc soixante neuf. Dont etc. Quittant etc. Promettant etc. Obligeant etc. Renonçant etc. Fait et passé es estudes l’an MVIc soixante dix, le vingtiesme janvier, et a signé.
Soulas de Floridor
Ogier »

Lettre concernant la pose de becs de gaz dans le parterre de Saint-Germain-en-Laye

« Mairie de Saint-Germain-en-Laye
Ce 7 avril 1858
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Monsieur le Ministre,
Depuis longtemps, les nombreux promeneurs qu’attirent à Saint-Germain la beauté du site et la pureté de l’air faisaient entendre d’unanimes réclamations sur trois choses qui leur paraissaient ne pas répondre à l’ensemble grandiose que leur présentent le parterre et la terrasse de Saint-Germain, savoir : le peu d’élégance du pavillon des concerts, le défaut d’éclairage pendant les belles soirées de l’été de la petite terrasse du parterre sur laquelle les promeneurs se réunissent presque exclusivement, et la largeur insuffisante de cette petite terrasse.
Préoccupée de satisfaire à des vœux émis par la généralité de ces visiteurs, riches pour la plupart, dont le séjour est pour la ville une source de prospérités, l’administration municipale étudia et présenté au conseil un projet réalisant autant qu’il était en son pouvoir les améliorations réclamées. Ce projet consiste dans la pose de douze candélabres à becs de gaz sur la petite terrasse même et de quatre autres en retour en venant vers le chemin de fer. Le conseil s’empressa de voter les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet et à la restauration complète du pavillon des concerts. Il ne manque plus pour voir ces premières améliorations s’effectuer que l’autorisation de Votre Excellence pour la pose des appareils et conduites, et c’est cette autorisation que je viens solliciter de votre bienveillance.
Mais le sacrifice que s’impose la Ville serait de peu de résultat si l’ensemble des améliorations n’était complété par l’élargissement de la petite terrasse jusqu’au niveau de la naissance du talus actuel qui la borde, ce qui donnerait à la circulation un espace presque double de celui existant.
Permettez-moi d’espérer que Votre Excellence, qui a toujours daigné témoigner tant de sollicitude pour tout ce qui se rattache à la prospérité de notre cité, consentira à accueillir favorablement cette demande et à rendre par cette nouvelle amélioration cette promenade digne des parcs du Domaine de la Couronne et du bienveillant intérêt avec lequel le gouvernement de l’Empereur favorise et encourage tous les projets qui ont pour but le bien être de la population et l’embellissement des promenades publiques.
J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect, Monsieur le Ministre, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Le maire de Saint-Germain-en-Laye
Dutaillis »

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