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Lettre concernant l’organisation d’une exposition au château de Saint-Germain-en-Laye

« A monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre et cher collègue,
J’ai l’honneur de vous communiquer, ci-joint, avec l’avis de l’architecte, une demande formée par M. Reinach, président de la société des fêtes de Saint-Germain-en-Laye, pour obtenir l’autorisation d’organiser dans la partie du château laissée encore inoccupée par le musée gallo-romain une exposition locale de peinture et de sculpture pendant la durée de l’exposition universelle.
Je vous prie, Monsieur le Ministre et cher collègue, de vouloir bien examiner cette demande et de me faire connaître si vous verriez, en ce qui concerne les intérêts que votre ministère représente plus spécialement, aucun inconvénient à ce que cette autorisation fût accordée.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collègue, les nouvelles assurances de ma haute considération.
Le ministre des Travaux publics
C. de Freycinet »

Lettre concernant les modalités de l’inauguration du musée de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Surintendance des Beaux-Arts
Musées impériaux
Palais du Louvre, le 11 mai 1867
Monsieur le maire de Saint-Germain
Monsieur le Maire,
D’après les ordres de M. le sénateur surintendant des Beaux-Arts, je suis chargé de vous faire savoir que les seuls membres de la commission du musée de Saint-Germain et du conseil municipal, auquel s’adjoindra le colonel du régiment des dragons de l’Impératrice seront admis à suivre et accompagner l’Empereur dans l’intérieur du musée.
Les invités, sauf les quelques personnes spécifiquement désignés d’avance, suivront S. M. à distance et s’arrêteront dans la salle n° 2 pendant que l’Empereur visitera les salles 3 et 4. Ils n’entreront dans les salles que quand S.M. aura franchi le seuil de l’escalier qui conduit au second étage, et ne commenceront à gravir l’escalier que lorsque S.M., après avoir visité la salle n° 5 et la bibliothèque, sera entré dans la salle n° 6.
Les invités étrangers à la commission et au conseil municipal seront admis dans le musée dix minutes après la sortie de l’Empereur. Aucune autre personne que les personnes munies de cartes ne pourront entrer dans le musée.
Je suis prié de vous inviter, Monsieur le Maire, à suivre strictement les instructions, et vous prie de recevoir l’assurance de mes sentiments les plus distingués.
Le conservateur du musée, chevalier de la Légion d’honneur
Alexandre Bertrand »

Annonce de l’inauguration du musée gallo-romain à Saint-Germain-en-Laye

« Inauguration du musée impérial
Le maire aux habitants
Mes chers concitoyens,
Grâce à la haute sollicitude de l’Empereur pour tout ce qui touche aux développements de l’esprit humain, Saint-Germain a vu renaître pour son vieux château les temps de sa splendeur passée.
Les tristes cellules d’un pénitencier ont fait place à un musée consacré aux monuments les plus antiques qui soient sortis de la main des hommes, et un nouveau champ d’étude, jusqu’ici inexploré, a été ouvert à la science.
La création du musée de Saint-Germain est pour le pays tout entier une œuvre nationale ; pour la ville, à laquelle elle a assuré la conservation d’un monument si intimement lié aux souverains de l’histoire, cette création est un bienfait dont elle ne saurait se monter trop reconnaissante.
Le jour fixé par Sa Majesté pour venir apprécier par elle-même le résultat des travaux dont Elle a suivi l’exécution avec une constante sollicitude est le dimanche 12 mai.
L’administration municipale a considéré comme un désir de solenniser un jour dont le souvenir doit vivre à jamais dans les annales de la cité.
Elle espère que les habitants seront heureux de l’occasion qui leur est offerte de témoigner avec elle à l’Empereur leur gratitude pour son bienfait, et pour la gracieuse visite dont il daigner les honorer.
Vive l’Empereur !
Le maire, chevalier de la Légion d’honneur
De Breuvery

Programme de la fête
La fête sera annoncée la veille et le jour par des salves d’artillerie
Le dimanche 12 mai, à sept heures du matin, distribution extraordinaire de secours aux indigents, par les soins de MM. les administrateurs et de MM. les commissaires adjoints du bureau de bienfaisance.
A deux heures, cérémonie officielle de l’inauguration du musée, pendant laquelle la musique municipale exécutera, sur la place du Château, des morceaux d’harmonie. Des salves d’artillerie annonceront le commencement et la fin de cette cérémonie.
A sept heures et demie du soir, au kiosque lumineux établi sur l’esplanade du château, concert par la musique, sous la direction de M. Allard.
A neuf heures et demie, bal gratuit sous la tente Choteau, rue Grande-Fontaine.
Les édifices publics seront illuminés. Les habitants sont invités à pavoiser et à illuminer la façade de leurs maisons.
Chemin de fer (gare Saint-Lazare), trains directs et supplémentaires. Dernier départ à onze heures du soir.
A l’hôtel de ville, le 9 mai 1867.
Le maire, chevalier de la Légion d’honneur
De Breuvery

[…]
Les préparatifs pour la réception de l’Empereur et pour la fête civique dont elle sera l’occasion se poussent avec activité sous la direction intelligente de l’architecte de la ville, M. Fauval. La cérémonie aura encore plus d’éclat qu’on ne l’avait d’abord pensé ; car par suite d’une dépêche reçue jeudi soir de la Préfecture, le cortège sera augmenté de la présence des maires, des compagnies de pompiers et des députations des médaillés de Sainte-Hélène de toutes les communes du canton de Saint-Germain.
Le kiosque lumineux dont il est parlé au programme, et qui sera occupé par la très bonne musique civile sous la direction de M. Carlos Allard, sera établi, pour le concert du soir, sur l’esplanade du château, au pied de l’aile restaurée consacrée au musée et fera face au parterre, et par conséquent au feu d’artifice de Ruggieri placé en avant de la grille de l’avenue des Loges. Après les dernières notes du concert, le public, sans déplacement, sans encombrement, n’aura donc qu’à faire volte face pour assister à ces brillants effets pyrotechniques, si chers à la foule.
Enfin, nous apprenons qu’en dehors du programme officiel, et en outre du bal gratis donné à la salle de la rue Grande-Fontaine, la direction du bal de Tivoli a été autorisée à élever sa belle tente à sa place habituelle sous les quinconces du parterre ; la nuit n’aura donc rien à envier à la splendeur, à l’animation et à l’entrain de la journée. »

Lettre concernant l’inauguration du musée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain
Bureau de l’architecte
A Son Excellence le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
J’ai appris par monsieur le surintendant général des Beaux-Arts que Sa Majesté l’Empereur se rendrait à Saint-Germain-en-Laye le 12 courant pour inaugurer le musée. Monsieur le surintendant a prié M. le maire de la ville de préparer une tente sur la place, à l’entrée du château, pour y recevoir Sa Majesté.
Il me semblerait à propos de dresser des mâts sur le pont et de tendre un velum conduisant de la tente municipale à la porte d’entrée du château. Les mâts seraient ornés de bannières, de chiffres et de drapeaux. Le long du pont, l’on pourrait placer quelques caisses contenant des arbustes.
Pour cette cérémonie, je fais en ce moment ranger tout le chantier. Il serait utile, ce me semble, de déposer la barrière isolant le chantier de la partie de la cour réservée au service du musée, pour faciliter l’entrée de Sa Majesté et de son cortège. Le chantier serait sablé et bordé d’arbustes.
Il faudrait arborer sur le château quelques bannières et quelques drapeaux, et charger le tapissier de disposer des sièges dans les diverses salles.
En ce qui s’applique à l’illumination qu’il faudrait faire dans la soirée, je penser que c’est à l’administration des Musées impériaux qu’incombe cette dépense. S’il en est ainsi, je pense qu’on pourrait porter la dépense de la partie afférente à votre administration à la somme d’environ 2000 f. 00 et j’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de solliciter auprès de vous et l’autorisation d’effectuer les ouvrages et l’ouverture du crédit utile.
Je suis avec un profond respect de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Eugène Millet
Paris, ce 4 mai 1867 »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Récit de l’inauguration du musée de Saint-Germain-en-Laye

« Inauguration du musée de Saint-Germain
Cette intéressante cérémonie, pour employer la formule des lettres d’invitation, a été, hier dimanche, favorisée par une pluie diluvienne ; je dis favorisée car, dans un musée où l’on collectionne les antiquités antédiluviennes, cette averse pouvait donner une idée assez nette de ces grands cataclysmes qui ont détruit les peuples dont nous allons examiner les reliques.
De beaux massifs de rhododendrons et d’azalées avaient été disposés devant le château, dont l’entrée et le pont sur le fossé qui la précède avaient été recouverts d’un velours vert et or. La haie était faite entre la gare et le château par les pompiers de Saint-Germain-en-Laye. Derrière eux, se pressaient, bannière en tête, les corporations, les orphéons, les sociétés de toutes les localités environnantes : Paris, pour sa part, avait député une escouade de sergents de ville. A trois heures, l’arrivée du train impérial fut signalée par la décharge de ces boîtes qui, dans les chefs-lieux de cantons, remplacent l’artillerie avec tant d’avantage pour nos tympans.
L’Empereur fut reçu à l’entrée du pont par M. de Neuwerkerke, M. Bertrand, l’archéologue érudit, tout récemment nommé directeur-conservateur du musée, M. Millet, l’architecte du château, M. Beaune, attaché depuis longtemps au musée et l’auteur d’une excellente brochure sur ces collections, à laquelle on ne peut d’autre reproche que celui d’être trop courte, MM. de Reffie, commandant du Génie, officier d’ordonnance de l’Empereur, et de Mortillet, le savant géologue qui, tous deux, peuvent être rangés parmi les créateurs du musée, et qui ont tant fait pour l’histoire de nos origines, le premier pour l’époque romaine et le second pour les temps anté-historiques.
L’Empereur pénétra sur le champ dans les salles du musée dont il est le fondateur. Au nombre des personnes qui l’accompagnaient, j’ai remarqué, outre celles que je viens de nommer, les membres de la commission d’organisation du musée, M. Viollet-le-Duc, M. Maury, M. Pereire, qui a donné des antiquités d’une grande valeur, M. Lartet, le fondateur, avec M. Boucher de Perthes, auteur de l’Histoire de l’homme avant le déluge. M. Lartet a reçu hier sa nomination d’officier de la Légion d’honneur.
Les collections, admirablement classées, commencent précisément par ces premiers vestiges de la présence de l’homme en Gaule, réunis dans la première salle, à l’entrée de laquelle une pensée délicate a fait placer les bustes de M. Boucher de Perthes et de M. de Christy, qui, de l’un et de l’autre côté de la Manche, ont reculés nos origines primordiales jusqu’à une époque où l’Inde et l’Egypte étaient sauvages et désertes. C’est l’époque des alluvions quaternaires. Les monuments qui nous restent des hommes de ce temps sont des haches et des couteaux de silex non poli, trouvés enfouis à huit mètres de profondeur, auprès d’Abbeville, d’Amiens et même de Paris. Plus tard, à l’époque des cavernes, à l’âge du renne dont les reliques sont déposées dans la seconde moitié de cette salle, l’art s’est développé. Avec les mêmes armes de pierre non polie, on trouve des os sculptés et des poteries, et, chose étrange, l’homme de cet âge perdu dans le passé, ce peuple dont il ne reste point un souvenir, avait un sentiment artistique réel.
M. Bertrand a fait admirer au souverain une sorte de poignard taillé dans un bois de renne, dont le manche représente avec une fidélité remarquable l’animal même qui a fourni la matière de l’arme.
A côté, un autre poignard en ivoire est sculpté en forme de mammouth. Ainsi, à cette époque, les forêts françaises recelaient des hôtes tels que le grand élan, dont une ramure gigantesque domine toute la salle, le mammouth, le grand lion, l’ours et le tigre des cavernes, tous disparus aujourd’hui, l’aurochs à le veille de disparaître et le renne refoulé aujourd’hui dans les régions glaciales ; les chasseurs d’alors devaient déjà se plaindre cependant de la diminution du gibier, car leurs ancêtres de la période des alluvions pouvaient, en outre, exercer leur adresse sur l’hippopotame. Mais enfin il faut se contenter de ce que l’on a, et lorsqu’il reste des ours de trois mètres de hauteur à tuer avec des pierres pointues, cela procure encore quelques émotions.
Cette salle est complétée par une admirable collection d’antiquités à l’âge de la pierre en Danemark, offerte par Frédéric VII.
La seconde et la troisième pièces sont consacrées à ces monuments de granit brut, nommés autrefois druidiques et baptisés aujourd’hui de la qualification peu compromettante de mégalithiques.
La croyance qui les attribuait aux Gaulois était trop ancienne pour pouvoir durer plus longtemps, et maintenant tout le monde s’occupe avec ardeur à la renverser. Seulement, chaque archéologue substitue aux Gaulois un peuple différent, si bien que j’imagine que ces grandes pierres ont simplement été superposées par le diable pour empêcher la bonne harmonie de jamais s’établir entre les historiens.
Mais rien ne pourra mieux faciliter l’étude de cette question pendante que le musée gallo-romain.
Ici on trouve rapprochés les objets trouvés sous les monuments mégalithiques et les modèles de ces monuments, exécutés à l’échelle d’un vingtième, par M. Maître, avec une perfection admirable que l’Empereur a remarquée. Le plus grand de ces modèles est celui du dolmen de Gaur-Iniz, dans le Morbihan. Les sculptures de cette grotte artificielle ont été moulées et tapissent les murs. J’avoue qu’il faut les yeux de la foi pour voir des caractères ou même des hiéroglyphes dans des courbes qui me semblent être tout simplement des ornements et, en pensant à tous les efforts d’imagination dont ces dessins ont été l’objet, je plaignais les archéologues de l’an 6000, qui se casseront la tête pour comprendre le sens symbolique des vermicelles dont les murs du Louvre sont enjolivés.
Non loin de ce dolmen est le gigantesque menhir de Locmariaker, haut de vingt-deux mètres, avant qu’il n’eût été brisé par la foudre en quatre morceaux.
Dans une vitrine sont exposés les plus beaux objets trouvés dans les dolmens qui sont des tombeaux. Là, sont les dépouilles du dolmen découvert tout récemment à Argenteuil, puis les intéressantes antiquités trouvées en Bretagne, haches et anneaux de cuivre poli. Dans une autre vitrine ont été réunis de curieux échantillons d’armes en silex, provenant des ateliers de fabrication de ces armes découverts à Pressigny-le-Grand.
La quatrième salle, dans le donjon, est consacrée au médailler et aux inscriptions gauloises en caractères grecs ou romains, mais en langue inconnue. Vainement, Sa Majesté a fait appel à l’immense érudition de M. Maury ; l’auteur du dictionnaire lui-même dut reconnaître qu’il ne pouvait traduire ces mots étranges.
Au second étage, l’Empereur visita d’abord, dans le donjon, la bibliothèque où ont été provisoirement déposés les bijoux : de lourds cercles d’or, quelques-uns des très rares ornements de métal trouvés dans les dolmens, et enfin l’admirable, que dis-je, l’adorable vase d’argent d’Alise. Pour reprendre l’ordre chronologique, après l’âge de la pierre polie, l’époque mégalithique, nous arrivons à la période lacustre, dont les restes occupent la cinquième salle. Les peuplades de la Suisse et de quelques autres points habitaient alors des cabanes bâties au-dessus des eaux des lacs, et les objets dont ils faisaient usage ont été conservés dans la vase tourbeuse du fond. Ce ne sont plus seulement des pierres, des os, des poteries et des métaux, ce sont des grains de blé, des étoffes, des noisettes et des filets.
Un morceau de tulle d’une finesse extrême date de plusieurs milliers d’années. La sixième salle est consacrée à l’âge du bronze, et la septième à l’âge du fer, à l’époque gauloise proprement dite. La fusion se fait lentement. Après n’avoir trouvé que du bronze on commence à voir du fer se mêler au premier métal dans les tombes, et enfin on arrive aux sépultures gauloises des derniers siècles où les armes en bronze ont entièrement disparu. Cette salle contient, en outre, des imitations d’objets remarquables dont le musée n’a pu se procurer les reproduits [sic] exécutés avec une merveilleuse et pour ainsi dire stupéfiante fidélité par un artiste italien attaché à l’administration du Louvre, M. Pinelli. Au centre de la pièce est un vase restauré par lui, qui a été trouvé brisé en cent soixante et un morceaux.
Deux dernières salles sont consacrées à tous les objets se rapportant à l’histoire de César, elles seront, selon l’heureuse expression de M. Beaune, « le meilleur commentaire des Commentaires ». C’est là que se trouve la seule épée romaine connue, des balles coniques qui se lançaient avec la fronde, des plans-reliefs des sièges et des camps retranchés, et enfin quelques moulages de la colonne Trajane, devant lesquels l’Empereur s’arrêta longuement, étudiant l’incompréhensible figure d’un instrument de guerre inconnu. Cette collection occupe l’immense salle des fêtes et du rez-de-chaussée [sic] et une dernière salle où sont déposés des moulages et des reproductions extrêmement curieuses de machines de guerre romaines : balistes, catapultes, scorpions, etc. Des expériences ont été faites avec ces machines, et l’on a pu envoyer des flèches et des pierres à deux cent cinquante mètres.
Là s’arrêtent pour le moment ces galeries toutes nouvelles, improvisées en quelques années, qui doivent embrasser l’immense espace de temps qui s’est écoulé depuis l’apparition de l’homme en Gaule jusqu’à la dissolution de l’empire de Charlemagne et la formation de la France actuelle.
Vers quatre heures, après avoir félicité l’architecte du château et les organisateurs, Sa Majesté reprit le chemin de Paris.
Charles Boissay »

Rapport concernant l’inauguration du musée du château de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Direction des Bâtiments civils
Château de Saint-Germain
Palais des Tuileries, le 9 mai 1867
Rapport à Son Excellence le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts
Monsieur le Ministre,
L’Empereur doit inaugurer le musée du château de Saint-Germain le 12 mai courant. L’architecte du château demande l’autorisation d’exécuter certains arrangements tels que tente ou velum à l’entrée, drapeaux, mats, bannières et illuminations. Il évalue la dépense à 2000 f.
J’ai l’honneur de proposer à Votre Excellence de vouloir bien approuver cette dépense, qui sera imputée sur le crédit d’entretien des Bâtiments civils.
Le directeur des Bâtiments civils
E. de Cardaillac »

Il est porté en marge : « Approuvé, Paris, le 9 mai 1867, le maréchal de France, ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, Vaillant »

Ministère de la Maison de l'Empereur (Second Empire)

Récit de l’inauguration du musée de Saint-Germain-en-Laye

« Inauguration du musée de Saint-Germain
Visite de Sa Majesté l’Empereur
Le dimanche 12 mai 1867
Ainsi que nous l’avions annoncé, la nouvelle de la présence de S. M. l’Empereur dans notre ville pour le jour de l’inauguration du musée s’était répandue au-dedans et au dehors de Saint-Germain, avec rapidité, mais bien avant l’apposition des affiches du programme qui, à cause des dernières dispositions, s’est fait attendre jusqu’à la fin de la semaine et a suivi de quelques heures seulement la si remarquable et si entraînante proclamation à ses administrés de M. de Breuvery, maire de Saint-Germain ; cette nouvelle causait une telle joie à la population, que jusques aux derniers moments on doutait encore de sa réalisation si désirée.
Le temps, qui depuis dix jours avait été splendide, commençait à donner quelques inquiétudes par suite de l’excessive chaleur, encore anormale dans cette saison, et des symptômes d’orages qui se manifestaient chaque soir, et chaque consultait son baromètre avec anxiété.
Malheureusement, ces craintes se sont réalisées et l’on sait quel a été, pendant l’après-midi, le déplorable état du ciel, dont toutes les cataractes ont semblé s’ouvrir à dater de deux heures ; mais on peut dire que, si la journée a été mauvaise par le temps, elle s’est trouvée magnifique par l’éclat de l’ovation qui a été faite au souverain et par l’affabilité avec laquelle l’Empereur a bien voulu témoigner toute la satisfaction que lui causait l’accueil fait par l’immense population qu’il avait sous les yeux, et qui n’a cessé, depuis le moment de son arrivée, d’acclamer sa présence d’une façon indescriptible.
Nous allons essayer de retracer l’historique de cette heureuse journée, en rétablissant certaines erreurs ou omissions faites par presque tous les journaux de Paris, dont la plupart des articles paraissent avoir été écrits à l’avance et plutôt sur ce qui devait se faire que sur ce qui s’est réellement passé ; quelques-uns de leurs correspondants officieux nous ont semblé aussi fort peu renseignés ou guidés par des intérêts privés et personnels. Nous avons donc pensé qu’il était du devoir de l’organe de la publicité locale de présenter les faits et de donner certaines explications dont nous ne craignons pas d’assumer la responsabilité.
Ainsi que nous l’avons déjà dit, les préparatifs commandés, suspendus, ou du moins modifiés et repris ensuite, à mesure que les instructions émanant de l’autorité administrative supérieure annonçaient, jusqu’à la dernière heure, le développement et le plus d’importance de la cérémonie, avaient été poussés avec toute l’activité possible.
Deux juridictions différentes y prenaient part : la Ville proprement dite, dont les limites s’arrêtent au seuil de la porte du château, située en tête du pont, qui, sur les fossés, conduit à l’entrée du musée ; l’administration du musée et celle du château lui-même, relevant du domaine de la Liste Civile et du ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts.
En avant du portail du château, l’administration municipale avait fait élever une vaste et magnifique tente, dont la façade, portant les armes impériales, était formée de splendides tentures de velours vert constellées d’abeilles et relevées par des torsades d’or. Le vélum qui la recouvrait était supporté par une série de mâts gigantesques au sommet de chacun desquels flottaient de longs oriflammes aux couleurs variées. Le sol était recouvert de tapis, les côtés bordés de caisses d’arbustes, et un riche fauteuil avait été disposé sur une estrade, dans le cas où Sa Majesté eût voulu prendre quelques moments de repos avant d’entrer au château. Une longue ligne de mâts de même dimension s’étendait à droite et à gauche de la tente impériale et marquait la place, où, faute de temps, on n’avait pu élever des estrades destinées aux personnes invitées par la Ville ; mais elles avaient été remplacées par des banquettes recouvertes de velours rouge disposées au raz du sol, entièrement sablé comme tout le reste de la place, depuis le débarcadère jusqu’au château. Les deux petites constructions adossées aux parapets avaient disparu sous des massifs de fleurs et de plantes rares, et leurs sommets portaient des aigles dorés qui les transformaient en très heureux motifs se reliant à l’ensemble de la décoration.
Dès le matin, l’affluence énorme arrivant des campagnes avait trouvé toutes les rues entièrement pavoisées, et il n’était pas une seule des fenêtres des maisons de la place du Château qui n’eût arboré le drapeau aux couleurs nationales. On voyait même flotter, à l’une des croisées de la maison occupée par le café-restaurant du débarcadère, le grand pavillon du Royal-Mall, d’Angleterre.
La foule était immense, sur la place et à ses abords, et rendait assez difficile le placement des compagnies de pompiers et des députations des différentes Sociétés du canton et de l’arrondissement, dont la valeur numérique n’avait pu être donnée à l’avance et dont la présence probable n’a été, en général, signalée à l’administration locale que par lettre reçue seulement le dimanche à neuf heures du matin.
Les grilles du péristyle de l’église avaient été ouvertes au public, qui en a promptement occupé toutes les marches et le vaste palier, et pour placer toute cette foule et contenir son empressement, bien naturel, l’administration n’avait à sa disposition que ses sergents de ville, quelques gendarmes, et un piquet de vingt-cinq hommes de ligne, disséminés çà et là en factionnaires, la volonté expresse de l’Empereur ayant été qu’il n’y eût aucun développement de force militaire ; le régiment des dragons de l’impératrice n’avait fourni qu’un poste de douze hommes à pied, pour le service d’honneur à l’intérieur du château.
A propos du château, il nous faut ajouter que le pont, protégé aussi par un très beau vélum, bordé d’arbustes et couvert de tapis, donnait accès à la grande porte également décorée, à la suite de laquelle les invités du ministère et de la direction du musée pénétraient dans l’intérieur et trouvaient, à droite, la galerie du rez-de-chaussée, dite de François Ier, et ensuite le grand vestibule où des sièges et des banquettes avaient été réservés aux personnes munies de lettres spéciales d’invitation. La cour avait été sablée, garnie de caisses d’orangers jusqu’au pied du grand escalier, et les ateliers de travaux dissimulés et séparés du passage par une suite de riches tentures. Le débarcadère avait reçu aussi une belle décoration par les soins de l’administration des chemins de fer de l’Ouest.
Des dames, aux toilettes les plus élégantes, avaient pris place sur les banquettes extérieures, ou étaient entrées munies de leurs billets dans l’intérieur du château, et à deux heures et demie, sous une pluie battante, personne n’avait songé à quitter sa place. Toutes les fenêtres étaient occupées et des groupes de curieux s’étaient placés sur les toits et jusque dans les chêneaux des gouttières ; on en voyait même ayant pris position au côté nord de l’église, sur le terrasson étroit qui longe son sommet et on distinguait au milieu d’eux la soutane d’un jeune ecclésiastique.
A trois heures précises, le bruit des salves d’artillerie, les musiques de Saint-Germain et des compagnies étrangères à la ville, les clairons, les tambours battant aux champs, et plus encore, les acclamations parties du quai de débarquement, annonçaient l’arrivée de l’Empereur.
A sa descente du train impérial, Sa Majesté a été reçue par M. Boselli, préfet de Seine-et-Oise, accompagné de son secrétaire général, par M. de Breuvery, maire de Saintè-Germain, MM. Le Piez et Courtin, adjoints, et par tout le conseil municipal, qu’accompagnaient aussi plusieurs de MM. les maires des communes de l’arrondissement.
Aux termes des dispositions arrêtés pour le cérémoniel, aucun discours ne devait être prononcé, mais le maire de Saint-Germain, ainsi qu’il y avait été autorisé, a eu l’honneur de remettre à l’Empereur, qui l’a accueilli avec la plus grande bienveillance, une adresse sous pli fermé.
La suite de S. M. se composait des personnages de distinction suivants : M. le général Le Bœuf, aide de camp ; M. le capitaine Chambaud, officier d’ordonnance ; M. le duc de Tarente, chambellan ; M. Davilliers, comte Regnault de Saint-Jean-d’Angély, premier écuyer ; M. le baron de Varaigne, préfet du Palais.
Le personnel des hauts fonctionnaires des chemins de fer de l’Ouest qui avaient accompagné le train impérial et surveillé sa marche comprenait MM. Julien, directeur général ; Coindart, secrétaire général ; Fessard, chef d’exploitation ; Bisson et Protais, administrateurs.
Un quart d’heure après avoir reçu les hommages des personnes présentes sur le quai, l’Empereur paraissait au seuil du débarcadère ; à ce moment et malgré le redoublement de la pluie, l’aspect de la place était prestigieux ; l’Empereur, s’arrêtant un moment, en paraît saisi et profondément touché, tous ces milliers de têtes se découvrent, les musiques entonnent l’air national de la reine Hortense et, pour nous servir de l’heureuse expression de notre confrère du Journal de Seine-et-Oise, « toutes les poitrines crient : Vive l’Empereur ».
Sa Majesté, en habit de ville et recouvert d’un surtout gris, qui naturellement fait rêver à un souvenir historique, s’avance lentement, au bruit des acclamations qui ne cessent pas un instant, au milieu de la haie formée par les pompiers de Saint-Germain, jette à droite et à gauche un coup d’œil de satisfaction sur les deux Sociétés de secours mutuels de la ville, les médaillés de Sainte-Hélène, les orphelinats de garçons et de jeunes filles et les deux écoles primaires ; Elle paraît remarquer avec plaisir les enfants de troupe du premier régiment de grenadiers de la Garde, venus de Rueil, et auquel appartient le prince Impérial ; Elle salue les personnes invitées, aux premiers rangs desquelles se trouvent MM. les légionnaires et officiers en retraite.
On avait appris que l’Empereur avait annoncé son intention de passer en revue les compagnies de pompiers et les députations des communes ; mais le temps était si affreux qu’on pensait que la revue n’aurait pas lieu, ou du moins qu’elle serait différée jusqu’à la sortie du musée.
Il n’en a rien été. Sa Majesté, au contraire de ce qu’ont dit tous les journaux, passe devant la tente et, sans entrer immédiatement au château, commence la revue, qu’Elle continue sous la pluie au milieu d’acclamations et de vivats enthousiastes, en suivant tout le périmètre de la place, passant devant le front des compagnies et députations, et, seulement après l’église, arrivée devant celles qu’Elle avait déjà vues, se dirigeant en ligne droite sur l’entrée du château par un passage qui n’avait pas été prévu et où Elle se trouve mêlée à la foule heureuse et fière de sentir si près d’Elle. L’Empereur était bien là au milieu de son peuple, et semblait enchanté d’avoir, pour ainsi dire, à se frayer sa route lui-même.
Après avoir traversé la tente, dont par parenthèse le vélum avait été quelques instants auparavant emporté par une trombe d’eau, l’Empereur a été reçu à la porte du musée par M. le comte de Nieuwerkerke, sénateur, surintendant des Beaux-Arts, accompagné de M. Gautier, conseiller d’Etat, secrétaire général du ministère de la Maison de l’Empereur, qui ont eu l’honneur de présenter à Sa Majesté la commission spéciale d’organisation du musée : MM. Bertrand et Beaune, directeur et conservateurs ; MM. Millet et Choret, architecte et inspecteur des Bâtiments civils.
L’Empereur est alors entré dans le palais et a visité, rapidement a-t-il dit, pour ne pas faire attendre trop longtemps cette foule de l’extérieur exposée à la pluie, toutes les collections réunies dans les trois étages du musée, et les acclamations redoublant dans la foule agglomérée sur le parterre et la place ont annoncé qu’il venait de paraître un instant au balcon donnant sur les jardins. En se retirant, Sa Majesté a félicité les conservateurs et les architectes qui ont si admirablement suivi ses intentions.
Mais tout n’était pas fini : l’Empereur tenait à accomplir entièrement le programme qu’il s’était tracé, et l’on sut que, toujours malgré la pluie, il voulait voir défiler les compagnies de pompiers ; le préfet et le maire et les personnes de sa suite eurent l’honneur d’être admis à ses côtés, lorsque, sans vouloir consentir à se mettre à l’abri sous le vestibule du débarcadère, il tint à se placer à l’extérieur, sur le perron de la gare.
Le défilé commença par la compagnie de Saint-Germain, qui fit retentir l’air des cris énergiques de : Vive l’Empereur ! Vive l’Impératrice ! Vive le Prince Impérial ! puis vinrent les compagnies de toutes les autres communes, dont plusieurs pelotons étaient si étonnés de se trouver si près de l’Empereur, que quelques-uns des hommes, ne songeant plus aux cris officiels, portaient la main à leur casque ou se découvraient même tout à fait, tout en restant au port d’armes. Il y eut bien là, comme pendant la revue, un peu de désordre ; mais l’Empereur n’était pas venu pour voir ces longues lignes de batailles qui lui sont si familières, et il paraissait ravi d’un ensemble qui ne faisait pas défaut, celui de l’enthousiasme et de la manifestation populaire ; sa figure rayonnait, et il avait attendu que les derniers pelotons fussent éloignés, lorsque le capitaine de la compagnie de Saint-Germain est venu, en le saluant de l’épée, indiquer que le défilé était terminé.
Sa Majesté, après avoir salué de nouveau, s’est retirée en traversant le débarcadère envahi par la foule qui avait cherché un refuge contre la pluie, sûre qu’elle était de pouvoir la voir encore et l’acclamer.
Descendu sur le quai, l’Empereur s’est encore entretenu quelques instants avec le préfet et le maire, dont la femme et la belle-sœur, mesdames de Breuvery et de Beaurepaire, lui ont été présentées sur sa propre demande, et après avoir répondu avec affabilité à quelques paroles improvisées avec chaleur par M. Le Piez, premier adjoint, et témoigné tout son contentement de l’accueil qu’il avait reçu à Saint-Germain, il est remonté dans son wagon où il a dû encore répondre de la tête et de la main aux cris de la foule compacte cherchant, comme à son arrivée, à le voir du haut de la balustrade qui domine le chemin de fer.
Parmi les personnes qui ont accompagné Sa Majesté ou se sont trouvées sur son passage, et qu’il nous serait impossible de chercher à énumérer, nous avons remarqué M. le vicomte de Lastic, directeur de l’asile impérial du Vésinet, et les principaux fonctionnaires de cet établissement ; M. l’abbé Chauvel, curé de Saint-Germain ; M. Napoléon Peyrat, pasteur protestant ; un vénérable ecclésiastique à cheveux blancs, qui avait accompagné une commune, et sur le poitrine duquel brillaient la croix de la Légion d’honneur et une autre décoration ; M. Perin, capitaine au 12e Chasseurs, neveu de M. le docteur Le Piez, et presque un enfant de la ville qui l’a suivi dans toute sa carrière militaire, d’abord engagé volontaires aux Carabiniers, sous-officier décoré de la médaille militaire, officiers aux Cuirassiers de la Garde, puis dans un régiment de Chasseurs d’Afrique, et tout récemment de retour du Mexique d’où il a rapporté la croix de la Légion d’honneur, le grand ordre de Maximilien et son grade de capitaine, le tout gagné sur les champs de batailles et à la pointe de son sabre.
Plusieurs épisodes ont marqué l’instant du défilé : ce fut d’abord un maire de campagne qui, se croyant encore éloigné de l’Empereur, s’avançait en fumant sa pipe et demandait où il était, au moment où il le touchait presque ; lorsqu’on l’en fit apercevoir, le brave homme jetant au loin son brule… bouche, devint tout effrayé, pirouetta sur les talons, et sans qu’il fût possible de le rappeler, se perdit dans les rangs de la compagnie aux côtés de laquelle il se trouvait. Au même moment, une bonne vieille paysanne d’au moins soixante-dix ans voulait, disait-elle, voir l’Empereur avant de mourir. Un de MM. les commissaires civils, qu’on reconnaissait à leurs brassards vert et or, la poussa devant le groupe en lui désignant l’Empereur, à assez haute voix pour que Sa Majesté s’en aperçût et lui fit signe que c’était bien lui-même ; on crut un instant que la pauvre bonne femme allait vraiment mourir de saisissement. Il y eut aussi un vieux brase de la vieille armée, le père Mauger, bien connu à Rueil, dont il accompagne habituellement les pompiers dans leurs excursions ; le bonhomme, qui avait craint la famine, s’était muni d’un pain passé sous la buffleterie de son sabre. Il quitta les rangs, tendant les mains vers l’Empereur, qui voulut bien lui répondre d’un geste affectueux.
Pour répondre maintenant à quelques observations et réclamations au sujet de l’encombrement qui s’est produit sous la tente au moment de l’entrée de l’Empereur au musée, nous devons dire qu’on ne peut l’attribuer qu’à l’empressement de quelques conseillers municipaux que la foule avait séparés de leur compagnie. MM. les maires des communes, arrêtés quelques instants sur le seuil du musée, furent ensuite invités à y pénétrer et purent se placer à l’entrée du vestibule et de la salle d’attente, pour voir l’Empereur et le saluer encore à sa sortie. Nous avons eu, du reste, sous les yeux la lettre adressée le matin même du 11 mai par M. Bertrand, conservateur du musée, à M. le maire de Saint-Germain, lui faisant savoir que, « d’après les ordres de M. le sénateur, surintendant des Beaux-Arts, les seuls membres de la commission du musée de Saint-Germain et du conseil municipal, auquel s’adjoindrait le colonel du régiment des Dragons de l’Impératrice, seraient admis à suivre et à accompagner l’Empereur dans l’intérieur du musée. Les invités, étrangers à la commission et au conseil municipal, seraient admis dans le musée, seulement après la sortie de l’Empereur. Aucune autre personne que celles munies de cartes ne pourraient entrer dans le musée. »
Ces prescriptions strictement recommandées étaient motivées surtout par l’étroitesse des escaliers et les dimensions restreintes des salles occupées jusqu’à ce moment par les vitrines.
L’Empereur parti vers quatre heures trois quarts, le mauvais temps avait continué d’une si fâcheuse façon qu’il n’y avait plus à songer au reste de la fête. Le soir, le concert annoncé, les illuminations et le feu d’artifice n’ont pu avoir lieu ; on a vu cependant encore en ville plusieurs maisons illuminées, le bal populaire gratis a été très animé, et d’intrépides danseurs se sont encore réunis jusqu’à une heure assez avancée de la nuit sous la tente du bal Tivoli, sur le parterre.
L’animation, malgré le départ de tous les gens transpercés qui avaient hâte de regagner leurs demeures, a été encore très grande en ville pendant la soirée et une partie de la nuit. Nous l’avons dit, l’affluence des habitants des communes de l’arrondissement avait été au-delà de toutes proportions présumables, et l’on peut en juger par l’énumération suivante, où, parmi les communes les plus éloignées, on peut citer pour la présence et la belle tenue de leurs députations celles de Houdan, Limay, Meulan et Mantes.
Venaient ensuite, très remarquables aussi, les compagnies de Chatou, de Rueil, puis Maule, Conflans-Sainte-Honorine, Sartrouville, Verneuil, L’Etang-la-Ville, Le Pecq, Louveciennes, Marnes, Noisy-le-Roi, Montesson, Chambourcy, Saint-Leu-Taverny, Versailles, Port-Marly, Houilles, Cormeilles-en-Parisis, Mareil-Marly, Bezons, Poissy, Crespières, Mesnil-le-Roi, Herblay, Croissy, Flins, les Mureaux, Maisons, Aubergenville, Feucherolles, Carrières-sous-Poissy, Andresy, Villepreux, Garches, Argenteuil, représenté, comme plusieurs, par son maire, le conseil municipal, ses deux sociétés de secours mutuels et ses médaillés de Sainte-Hélène ; Médan, Chapet, également représentées par leurs maires, Chavenay, Achères, Carrières-Saint-Denis et Deuil ; peut-être en passons nous encore, mais cette énumération doit suffire pour prouver en même temps l’empressement général et la difficulté de placer à l’improviste et de recevoir particulièrement comme ils le méritaient les différents corps et les honorables magistrats et chefs de Sociétés qui les accompagnaient.
Pour rendre enfin justice à chacun, nous croyons, au point de vue local, devoir faire connaître les noms de MM. les entrepreneurs auxquels on a dû la décoration générale, c’étaient pour la ville de Saint-Germain : MM. Léon Bied, entrepreneur des fêtes publiques, à Paris, et Rousseau, tapissier de la ville ; pour le château et le musée, extérieurement et intérieurement, M. Vidal, tapissier de Saint-Germain, et pour le chemin de fer, débarcadère, gare et quai, la maison Belloir, de Paris.
Les massifs de fleurs de la place du Château étaient dus aux soins et au bon goût de M. Etienne Poisot, fleuriste, rue de Paris ; son frère aîné M. Poisot, de la rue au Pain, avait fourni et disposé les arbustes et les fleurs qui décoraient le pont et l’intérieur de la cour.
[p. 79] Dès le matin, la quantité des voyageurs amenés par le chemin de fer a été énorme, les trains remorqués en double attelage contenaient chacun dix-sept voitures et on évalue à six mille le nombre des voyageurs qui ont été conduits par les trains facultatifs et extraordinaires.
Telle est à peu près l’exquise, incomplète peut-être, mais fidèle, dans les détails que nous avons pu saisir, de cette grande journée qui – pour employer cette fois d’une manière certaine une phrase souvent trop facilement consacrée – restera, malgré l’intempérie qui l’a si funestement contrariée, dans le souvenir éternel des habitants de Saint-Germain, auxquels l’Empereur avait apporté la joie et dont il a remporté tous les cœurs.
Léon de Villette »

Lettre concernant un Te Deum à célébrer à Saint-Germain-en-Laye en l’honneur de la paix

« Paris, ce 3 décembre 1783
Messieurs,
La paix étant conclue entre le Roy et le roi de la Grande Bretagne, Sa Majesté a écrit à MM. les évêques qui sonts dans l’étendue du gouvernement de l’Isle de France de faire chanter le Te Deum en actions de grâce dans toutes les églises de leurs diocèses. Nous vous mandons d’y assister en cérémonie et de donner en même tems les ordres nécessaires aux bourgeois et habitans de votre ville pour faire tirer le canon, s’il y en a, allumer des feux de foye, faire des illuminations et donner toutes les autres marques de réjouissances publiques et accoutumées. Je ne doute nullement que vous ne vous conformiés avec autant de zèlle que de plaisirs aux ordres de Sa Majesté.
Je suis, Messieurs, votre affectionné serviteur.
Le duc de Gevres »

Lettre concernant un Te Deum à célébrer à Saint-Germain-en-Laye en l’honneur des victoires sur les Anglais

« Paris, ce 26 septembre 1779
Les ordres que Sa Majesté a donnés, Messieurs, pour qu’il soit chanté dans votre ville un Te Deum en action de grâces des avantages que ses troupes de marine et de terre ont remportées sur les Anglais vous seront sans doute connus lorsque vous recevrez cette lettre. Je vous préviens que l’intention de Sa Majesté est que les officiers de justice et ceux qui composent le corps municipal assistent à cette cérémonie et qu’elle soit accompagnée de toutes les réjouissances publiques usitées dans pareilles circonstances. Je ne doute ni de votre zèle ni de votre empressement à remplir les vues de Sa Majesté et je mande à mon subdélégué de se concerter avec vous pour donner à cette marque de la satisfaction publique toute la célébrité qu’elle doit avoir.
Je suis très parfaitement, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur.
Bertier
Messieurs les officiers municipaux de Saint Germain »

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