Pièce 18 - Lettre de Guy Patin concernant le siège de Paris par le roi établi à Saint-Germain-en-Laye

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Cote

18

Titre

Lettre de Guy Patin concernant le siège de Paris par le roi établi à Saint-Germain-en-Laye

Date(s)

  • 20 février 1649 (Production)

Niveau de description

Pièce

Étendue matérielle et support

1 document

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Nom du producteur

(1601-1672)

Histoire archivistique

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Portée et contenu

« Plusieurs donnent ici avis au parlement de divers endroits où il y a de l’argent caché, lequel servira à faire la guerre, et la grosse recompense qu’on leur [p. 411] donne pour leur droit d’avis invitera beaucoup d’autres à en faire de meme par ci apres. On a pris chez M. Galland, secretaire du Conseil, 25000 livres ; chez M. Pavillon, aux Marais du Temple, 100000 ecus, qui venoient de Bordeaux. On a pris aux Gabelles 250000 livres. On en a cherché dans la maison de madame de Combalet, où l’on a trouvé de fort belles caches, mais pas d’argent. On a grande esperance d’en trouver ailleurs, tant celui du cardinal Mazarin que du defunt Richelieu. L’avis avoit eté donné qu’en on avoit caché en la pompe qui est la maison où est la Samaritaine sur le pont Neuf ; on y a bien cherché, mais on n’y a rien trouvé. On croit qu’il en a eté enlevé depuis un mois seulement et qu’il a eté emmené par eau à Saint Germain, où de present sont tous ceux à qui il peut appartenir. On se rejouit ici des bonnes nouvelles qui nous viennent de province et de Bretagne, où les parlements tiennent le parti du notre. On en croit autant de Toulouse et de Bordeaux, combien qu’on n’en ait eu aucune nouvelle, à cause que les courriers en ont eté divertis et emmenés à Saint Germain. Tout le monde est ici en une merveilleuse resolution contre le Mazarin, et combien que le pain y soit cher, neanmoins personne n’y gronde. […]
[p. 414] La nouvelle de la mort de M. de Chatillon a fort troublé toute la Cour, qui est à Saint Germain. Tous les seigneurs le regrettent, et toutes les dames crient si haut que c’est pitié ; depuis ce temps là, le Mazarin ne s’est plus montré, latet abditus ; il demeure caché dans le cabinet de la Reine, de peur d’etre tué ou massacré par quelqu’un de ceux qui detestent la guerre, dont le nombre n’est pas petit en ce pays là. […]
[p. 415] Il se presanta hier à la porte de Saint Honoré un heraut d’armes de la part de la Reine. Le parlement ne voulut pas qu’il fut admis dans la ville, la coutume n’etant d’envoyer des herauts qu’aux souverains, aux ennemis et aux rebelles, le parlement ne voulant passer pour aucun des trois, non plus que les princes qui tiennent ici notre parti, qui avoient eté appelés en parlement. Le heraut fut averti qu’il n’entreroit point ; et en meme temps, il fut ordonné par la Cour que MM. les gens du Roi se transporteroient à Saint Germain pur faire entendre à la Reine les raisons pour lesquelles le heraut qu’elle a envoyé n’a pas eté admis, avec defense à eux de faire aucune autre proposition à la Reine, de paix ni de guerre. MM. les gens du Roi sont allés parler audit heraut, mais ils n’ont pas voulu partir sans passeport, sauf conduit et assurance, pourquoi obtenir ils ont sur le champ ecrit à M. le chancelier, à M. Le Tellier, secretaire d’Etat, qu’un nommé Petit, compagnon dudit heraut, s’est offert de porter en leur nom à Saint Germain, et de leur en rapporter reponse s’il en etoit chargé. […]
[p. 416] On a surpris un homme pres d’ici, sur le chemin de Saint Germain, chargé d’environ quarante lettres, où, entre autres, il y en avoit quatre qui ecrivoient tout ce qui se fait et se passe à Paris fort exactement, et entre autres une, laquelle est d’un conseiller de la Cour, qui ne se peut deviner, mais qui neanmoins est fort soupçonné, et en grand danger d’etre decouvert, qui donnoit divers avis fort importants à M. le prince de Condé. […]
[p. 417] Le mardi gras, 16 de fevrier, MM. les gens du Roi, Talon, Bignon et Meliaud, ont reçu le passeport, l’assurance et le sauf conduit qu’ils avoient demandé pour aller à Saint Germain y voir la Reine, comme je vous ai dit ci dessus, et sont partis à cet effet et à cette intention le lendemain mercredi des Cendres, de grand matin, et en sont revenus le lendemain jeudi à quatre heures au soir. […]
[p. 419] MM. les gens du Roi ont rapporté à la Cour qu’en vertu du passeport qui leur avoit eté envoyé, ils s’etoient acheminés à Saint Germain avec l’escorte de la part de la Reine, que partout ils avoient eté tres bien reçus, et sur les chemins et là, et meme par la Reine, laquelle leur temoigna qu’elle ne vouloit aucun mal au parlement de Paris, ni en general ni en particulier, qu’elle etoit prete de leur en donner telles assurances qu’il seroit possible, et eut agreables les raisons qu’ils lui alleguerent de ce qu’on n’avoit pas reçu le heraut. M. le chancelier ayant parlé pour la Reine, le duc d’Orleans et le prince de Condé firent ce qu’ils purent pour rencherir par dessus, et temoignerent grande disposition à un accord. MM. les gens du Roi, ayant pris congé de la Reine, furent menés au lieu où ils devoient souper, auquel ils furent aussitôt visités par tous les plus grands seigneurs de la Cour. Sur ce rapport, le parlement a deliberé d’envoyer à Saint Germain quatorze deputés du corps du parlement, deux de chaque chambre, et fit, pour donner avis à la Reine que l’archiduc Leopold leur a envoyé un gentilhomme avec lettres de creance, par lequel il leur mande qu’il ne veut plus traiter de la paix [p. 420] avec le Mazarin, sachant l’arret qui a eté donné contre lui ; que c’est un fourbe et un mechant homme, qui a eludé tous les traités de paix que le roi d’Espagne a consenti etre faits par ses deputés depuis trois ans avec MM. de Longueville et d’Avaux, qu’il a loué avec eloge et tres honorablement, qu’il ne veut traiter de ladite paix qu’avec MM. du parlement, qu’il s’offre de traiter de la paix de France et d’Espagne, et meme de les en faire arbitres, qu’il est pret à recevoir leurs deputés, s’ils veulent lui en envoyer, ou qu’il est pret de leur en envoyer s’ils veulent les recevoir, qu’il veut faire la meme chose qu’ont faite autrefois quelques princes etrangers qui ont remis leurs interets et se sont soumis au jugement de ce parlement, qu’il a une armée de 18000 hommes toute prete, avec laquelle il pourroit prendre de nos villes frontieres, qu’il sait fort bien etre tres mal fournies, ou reprendre celles que nous tenons d’eux, mais qu’au lieu de tout cela il offre de nous l’envoyer pour nous en servir contre le Mazarin, et pour etre commandée par tel general que nous voudrons. Que si le parlement veut, il enverra ses deputés à Paris, si mieux il n’aime que ce soit à Bruxelles, ou en tout autre lieu qu’il voudra, que son armée ne bougera de la frontiere pour venir de deça à notre secours quand nous la demanderons, sinon qu’elle ne bougera de là et qu’elle ne servira point à d’autres, etc.
La Cour a ordonné que tout cela seroit enregistré, et que copie seroit tirée du registre et envoyée par les quatorze deputés à la Reine, afin qu’elle voie et connoisse quel credit nous avons dedans et dehors le royaume.
Le prince d’Orange a aussi ecrit à M. de Longueville, lui offrent 10000 Hollandois soldés pour trois mois. Le parlement d’Angleterre avoit aussi envoyé un deputé au parlement, comme a fait l’archiduc Leopold, mais il a eté arreté et mené à Saint Germain. »

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Note de publication

Guy Patin, Lettres de Gui Patin, éd. Joseph-Henri Reveillé-Parisse, Paris, Baillière, 1846, t. I, p. 410-420.

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Note

Lettre de Guy Patin à Charles Spon.

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