« Les chasses à courre de la vénerie impériale se succèdent avec régularité, et attirent chaque fois un plus grand nombre d’invités et d’amateurs. Celle qui a eu lieu samedi 22 janvier n’a pas, au dire des connaisseurs, été ce que l’on aurait pu désirer. Quoiqu’il fit beau temps, le vent était encore très fort, et les chiens ont pris plusieurs fois le change et fait plusieurs chasses. Le cerf, lancé aux environs de la Muette, a été pris par les chiens, qui l’on, en quelque sorte, dévoré sur place, dans la direction du village d’Achères, vers l’étoile du Grand-Maître. Un certain nombre de personnes attendaient la chasse près de la marre aux Cannes, mais leur espoir a été déçu. On a vu seulement, vers trois heures, un cerf de haute taille, paraissant sur ses fins, et suivi d’un seul chien, également hors d’haleine, traverser, au très petit galop, le pavé de la route des Loges.
On nous a dit qu’au moment de l’hallali, le pauvre animal était venu, après un long accul, tomber épuisé à peu de distance des veneurs. On lui aurait fait grâce alors, mais au moment où, selon l’usage, un piqueur s’approchait de lui pour le marquer à l’oreille, il aurait, nous dit-on, encore retrouvé assez de force pour prendre de nouveau une fuite dans laquelle on s’est gardé de le poursuivre. La chasse a fini vers quatre heures, et les veneurs et l’équipage sont rentrés complètement, mouillés par une pluie finie et serrée qui n’a cessé de tomber pendant toute l’après-midi. Avec le personnel officiel et habituel de la vénerie, nous pouvons citer, parmi les veneurs et invités, MM. le duc de Vicence, de Castel-Bajac, le baron de Pierre, écuyer de S. M. l’Impératrice, un grand nombre d’amateurs, et plusieurs officiers du 2e cuirassiers de la Garde.
Avant-hier, la journée s’est présentée sous le plus bel aspect. Le bruit s’était répandu que le rendez-vous était fixé à la pelouse des Loges, c’est-à-dire dans un lieu très accessible aux piétons. De plus, la présence vers onze heures, sur la place du Château, d’une voiture de chasse, attelée de quatre chevaux, et conduite par des postillons à la livrée de l’Empereur, avait fait croire à la possibilité de l’arrivée de Sa Majesté par le chemin de fer. Dès ce moment, la foule est venue de tous les quartiers de la ville ; les abords du débarcadère se sont remplis de curieux, tandis qu’une longue file de piétons, de toutes classes, donnaient à la contre-allée de la route des Loges l’animation des jours de notre fameuse fête de septembre. Si l’espérance de voir et d’acclamer l’Empereur, dont la présence est depuis si longtemps désirée dans notre ville, a été déçue, les intrépides amateurs qui ont pu suivre la meute, du rendez-vous jusqu’auprès de Fromainville, c’est-à-dire à l’extrémité de la forêt, ont dû cette fois jouir d’une chasse magnifiquement menée. L’animal, lancé vers midi et demi, était un cerf de deuxième tête ; trois cerfs se sont trouvés sur pied en même temps ; mais les chiens, parfaitement ralliés sur la bonne voie, ont constamment suivi l’animal de meute dans ses nombreux détours jusqu’à l’endroit que nous venons d’indiquer, où ont eu lieu, près des tirés réservés, l’hallali et la curée.
On avait pensé un instant que la chasse se dirigeait par la nouvelle jonction vers la forêt de Marly, où des relais avaient été disposés à cet effet, mais le cerf n’a pas jugé à propos de faire ce débuché, nouveau pour lui. A quatre heures, toute le monde rentrait en ville ; l’affluence de piétons et de cavaliers était immense, et les invités fort nombreux. Parmi les personnes de distinction qui assistaient à cette chasse, on remarquait, avec M. de la Tour Maubourg et M. le baron Lambert qui la dirigeaient, le prince de la Moskowa, le duc de Vicence, le baron Delessert, M. le docteur Aubin, et plusieurs autres invités ou sportmens très connus et dont les noms nous échappent. Avant de monter en voiture pour se rendre au rendez-vous, la plupart de ces messieurs avaient fait à la hâte un déjeuner de chasse, préparé au pavillon Henri IV, par les soins de M. Collinet, leur hôte habituel. La première chasse à courre aura lieu, nous assure-t-on, mardi prochain 1er février. »