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Mentions dans le registre paroissial de Saint-Germain-en-Laye du convoi funéraire de Louis XIII

« Le dix neufiesme jour de may mil six cents quarente trois, le corps du feu Roy, que Dieu absolve, (ayant demeuré en son lict de parade dressé en son chasteau neuf de Saint Germain en Laye pour estre veu et visitté de tous ses sujets, comme il fut faict tant de tous les habitants dud. lieu que de tous les lieux circonvoisins, de tous estats et conditions, sexes et aages, avec pleurs et larmes de regrets d’une telle perte, et avec devotes prieres pour le repos de son ame, la liberté n’en estant interdite à aucune personne depuis le jour du deces de Sa Majesté jusques aud. jour sur les quatre à cinq heures du soir, pendant lequel temps furent faictes continuelles prieres à son intention, tant de jour que de nuict, et journellement celebrées quantité de messes tant par plusieurs prelats et evesques que par messieurs les aumosniers et chantres de la chapelle de Sa Majesté, comme aussi par une grande quantité de religieux de tous les ordres mandiants de Paris qui y avoient esté mandez à cest effect, sans obmettre monsieur le curé de ced. lieu, qui y fut aussi mandé des premiers avec son clergé, qui y rendirent leurs debvoirs non avec moindre devotion que tous les autres) fut enlevé, selon qu’il avoit pleu à Sa Majesté de l’ordonner par son testament et derniere volonté, sans pompe funebre (telle qu’elle eus testé bien requise pour la mémoire d’un si grand prince) dans un char de dueil tiré par six chevaux, enharnachez de mesme pareure, pour estre porté à Saint Denis, lieu de la sepulture des roys de France, et ledict char accompagné de quantité de prelats et aumosniers revestus de leurs surplis et bonnets quarrez, de plusieurs princes, seigneurs et officiers tous revetus de dueil, des compagnies ordinaires de la garde de Sa Majesté comme de gendarmes, gardes du corps, chevaux légers et mousquetaires à cheval, et conduict par led. sieur curé de ce lieu, assisté de son clergé, des peres recollets en corps et de tous les paroissiens avec cierges en main allumez, depuis ledict chasteau neuf jusques à la porte du parcq, lieu qui faict la separation des territoires de Saint Germain et du Pecq, où monsieur le curé dud. lieu du Pecq se trouva pour le recevoir et le conduire jusques aux fins et limittes de sa paroisse, et fut ainsi receu et conduict de paroisse en paroisse jusques aud. lieu de Saint Denis. »

Mentions dans le registre paroissial de la reine d’Angleterre et de sa suite à Saint-Germain-en-Laye

« Le mesme jour [3 juillet 1645], la reyne d’Angleterre arriva à Saint Germain en Laye pour y séjourner quelque temps.
[…]
Le mesme jour [8 juillet], fut convoyé au cymetiere un petit enfant de Brian Martinier, anglois de nation, officier de la reyne d’Angleterre, le luminaire fourny.
[…]
Le dixiesme jour d’aoust 1645 fut baptisé Pierre, fils de Lucian Cornier et d’Anthoinette Boucher, sa femme, le parrein honnorable homme Pierre Bernon, officier de panneterie de la reyne d’Angleterre, la marreine Charlotte de La Flesche, femme d’honorable homme Georges Aubel, de la paroisse de Poissy.
[…]
Le 28e jour d’octobre, fut inhumé au cimetiere un enfant d’Edouard Isle, varlet de chambre de la reyne d’Angleterre, et de Susanne Isle, sa femme, anglois de nation, led. enfant ondoyé à la maison selon l’ordre et intention de l’Eglise romaine par l’adveu et requisition desdicts l’Isle, père et mere, les vespres des morts chantées et le luminaire fourny, le tout gratuitement.
[…]
Le dimanche dic neufviesme jour de novembre mil six cents quarente cinq, fut baptisé en l’eglise parroisialle de Saint Germain en Laye par M. Pierre Cagnyé, prestre et curé dudict lieu, Louys Henry, né du lundy septiesme jour d’aoust audict an sur les sept heures du matin, fils de M. Jacques Delastre, procureur à Saint Germain en Laye et bailly de Chattou, et de Marie Treshault, sa femme, le parrein tres hault, tres puissant et tres chrestien monarque Louys XIIII, surnommé l’auguste, roy de France et de Navarre, par tres illustre seigneur René de Longueil, conseiller de Sa Majesté en ses conseils et president au mortier en sa cour de parlement, seigneur de Maisons, grisolles et plusieurs autres lieux, cappitaine et gouverneur des chasteaux, parcq et forests dud. Saint Germain en Laye, ville et pont de Poissy, Versailles et autres dependances, tenant lieu et place de Sadicte Majesté pour cet effect, la marreine tres haulte, puissante et religieuse princesse Henriette de Bourbon, reyne de la Grande Bretagne, par haulte et puissante dame Elizabeth Fildincq, fille de millord Fildincq, comte d’Amby, et de haulte et puissante dame Suzanne de Villers, son espouse, premiere dame d’honneur de Sa Majesté, tenant aussi le lieu et place pour Sad. Majesté britannique.
[…]
Le quatriesme jour de decembre 1645, furent mariez ensemble en l’eglise de Saint Germain en Laye honorables personnes Jean Bluteau et Anne Bec, tous deux de la suitte de la reyne d’Angleterre, es presences d’honorables hommes Louys Bullé, Thomas Brais, Guillaume Berlet, Anthoine Deschauffours et plusieurs autres. La benediction du mariage faicte par moy soubzsigné vicaire de ladicte eglise par permission de M. le curé dudict lieu, avec dispense de M. de Lesseville, grand vicaire de la seconde et troisiesme proclamation des bans et aussi à cause du temps des Advents.
[…]
Le neufiesme jour de decembre 1645, fut enterré au cimetiere Charles, fils d’honorable homme Gratian Philippeau, officier de la reyne d’Angleterre, les vespres des morts chantées à l’intention es parents et amys trespassez.
[…]
Le trente et uniesme jour de decembre 1645, fut baptisé Jacques, né du 16e jour dudict mois, fils de Guillaume Varillon et d’Anne Thomas, sa femme, le parrein noble homme Jacques Coignet, gentilhomme ordinaire de la reyne d’Angleterre, la mareinne damoiselle Jeanne de Vantelet, femme de chambre du lict de ladicte dame reyne.
[…]
Le 11e jour de juillet 1646, arriva au chasteau de Saint Germain en Laye le prince de Galles, fils aisné d’Angleterre.
[…]
Le 19e jour d’aoust 1646, fut inhumé au cimetiere le cocher d’un seigneur anglois nommé Jean, que l’on disoit estre de Rouen ou des lieux circonvoisins, les vespres des morts chantées pour le repos de son ame.
[…]
Le vingt et uniesme jour de septembre 1646, furent supplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme à noble homme Robert Henise, colonel d’armée escossoise, estant de present resident en ce lieu de Saint Germain en Laye, assisté de me Jean Durets, prestre, clerc de l’eglise dud. lieu, mes Jacques Brunet et Jean Le Bret, prestres habituez aussi de lad. eglise.
Le 21e jour de septembre 1646, fut baptisée Helene, fille d’honorable homme Bernard Mortimer, chyrurgien du commun de la reyne d’Angleterre, et d’Anne France, sa femme, le parrein noble homme Jean Marteil, conseiller et secretaire des commandements de lad. dame reyne, la marreine damoiselle Heleine Dahan, fille d’honneur de lad. reyne d’Angleterre.
[…]
Le vingt et uniesme jour de septembre 1646, fut conferé le sacrement de confirmation par M. l’evesque d’Evreux, cy devant evesque d’Angoulesme, grand aumosnier de la reyne d’Angleterre, dans la chapelle du viel chasteau de Saint Germain en Laye, par le consentement et permission de M. de Lesseville, grand vicaire de messieurs les archevesque de Paris et evesque de Chartres touchant le spirituel dans l’estendue de la parroisse dud. lieu de Saint Germain en Laye, à noble homme Robert Henisse nommé Michel, à damoiselle Elisabeth Hinisse sa femme, à Jacques Macquet, François de Beaumont, Pierre de Beaumont, Anne de Bardou et Henriette Françoise Riviere, Henriette Marie Elisabeth Françoise Plancy, Mary de La Garde, Louyse Le Bailleul et Henriette Anne de Saint Thomas, Marie Chambert et Clere Halleloup.
[…]
Le premier jour d’octobre 1646, fut baptisé François Louys, fils de Louys Descamps, escuyer, gentilhomme de la chambre privée du roy de la Grande Bretagne, cappitaine des deux regiments de gens de pied de la reyne, femme dud. seigneur roy, et de madame Jeanne Mauber, sa femme, le parrein François fils d’Anthoine Descamps, escuyer de la grande escuyrie du Roy, la marreine dame Marie Descamps, femme de Samuel Foucques, seigneur de Beaurepere, pareillement escuyer de lad. grande escuirye.
[…]
Le seiziesme jour d’octobre 1646, fut inhumé au cimetiere Jacques Petit, natif de Longueville en Normandie, de la suitte de la reyne d’Angleterre, les vespres des morts chantées avec les autres suffrages accoustumez pour le repos de son ame.
[…]
Le 30e jour d’octobre 1646, fut baptisée Catherine, fille de Richard Reyne, irlandois de nation, et de Jeanne de Lys, sa femme, de la suitte de la reyne d’Angleterre, le parrein honorable homme Bernard Smith, la marreine Catherine Jour, femme d’honorable homme Sebastien Jareth, officier de lad. dame reyne.
[…]
Le huictiesme jour de novembre 1646, fut baptisé en la chapelle du chasteau viel de Saint Germain en Laye par me Pierre Cagnyé, prestre et curé de la parroisse dudict lieu, Charles Borromée, né du 4e jour dudict mois audict an, fils de noble homme Thomas Harpe, gentilhomme servant et maistre de la garderobe de la reyne de la Grande Bretagne, et de dame Catherine Garnier, sa femme et femme de chambre de Sa Majesté, la marreine ladicte dame reyne qui seule l’a tenu et nommé audict baptesme.
[…]
Le 29e jour dud. mois, fut convoyé au cimetiere Aymé Quens, fils de Jean Quens, de la suitte de la reyne d’Angleterre.
[…]
Le 29e jour d’avril 1647, fut solemnisé en face de Sainte Eglise le mariage du sieur Henry Garnier des Chapelles, lieutenant des gardes du corps de la serenissime reyne d’Angleterre, avec dame Françoise de Fiennes, dame d’atour de lad. dame reyne, es presences de me Charles Bailly, prestre, vicaire, me Jean Durets, prestre, habitué en lad. eglise de Saint Germain en Laye, honorable homme Jean Polié, maistre chirurgien aud. lieu, et plusieurs autres tesmoins, la benediction nuptialle faicte par me Pierre Cagnyé, prestre, curé dud. lieu.
[…]
Le seiziesme jour de juin 1647, fut baptisée Anne, fille d’honorable homme François de La Thoisonniere, armeurier du Roy, et de Marie Poisson, sa femme, le parrein noble homme Thomas Cadman, medecin de la reyne d’Angleterre, la marreine damoiselle Marie Chartier, nourrisse de la petite princesse d’Angleterre.
[…]
Le septiesme jour de juillet 1647, fut baptisé Bernard, fils d’honorable homme Pierre Desplat, bourgeois de Paris, et de Geneviesve Domon, sa femme, le parrein noble homme Bernard Gason, chevallier, colonel pour le service du roy d’Angleterre, la mareinne damoiselle Henriette Civette, fille de noble homme Pierre Civette, escuyer de la reyne d’Angleterre.
[…]
Le vingt quatriesme jour de juillet 1647, fut baptisé Henriette, née du 18e jour dud. mois, fille d’honorable homme Hierosme Gregoire, couvreur de vin du prince de Galles, et de Henriette Monjay, sa femme, le parrein maistre Pierre Dechars, procureur es sieges royaux de Saint Germain en Laye, la marreine Thomasse Monjay, femme d’honorable homme Gilles Denise, laboureur demeurant à Versailles.
[…]
Le vingtiesme jour d’aoust 1647, fut baptisée Marie, fille de Jean Rost et de Louyse Thouin, sa femme, le parrein honorable homme Anthoine des Enclos, garde du corps de la reyne d’Angleterre, la marreine Marie, fille d’honorable homme Nicolas Bertrand, fontenier du Roy à Saint Germain en Laye.
[…]
Le neufviesme jour de septembre 1647, fut solemnisé en face d’Eglise le mariage d’Edouard Bermingean dict la Fontaine, chyrurgien et operateur de la suitte de la reyne d’Angleterre, avec Catherine Jomes, tous deux anglois de nation, es presences d’honorables hommes Henry Alexandre Thomas Gipes, gentilhomme anglois, Richard Gartraict et plusieurs autres. La benediction dud. mariage faicte par me Jean Durelet, prestre, commis pour cet effect.
[…]
Le unziesme jour d’octobre 1647, fut inhumé dans le cimetiere Jacques de Visse, anglois de nation, mort apres avoir abjuré son heresie, faict profession de la foy et religion catholique, apostolique et romaine, receu les saints sacrements de penitence et encharistie. Les vespres des morts chantées à son intention.
[…]
Le cinquiesme jour de novembre 1647, furent mariez ensemble Paul Hassant, turc de nation, natif d’aupres de Constantinople, faisant profession depuis longues années de la foy et religion catholique, apostolique et romaine, et Adriane Le Cocq, tous deux de la suitte de la reyne d’Angleterre, et demeurants à Saint Germain en Laye, es presences d’honorables homme Jean Poisson, peintre ordinaire du Roy, Claude Ballet, archer des gardes du corps du Roy, messire Jean Fortier, prestre, Denis Planson le jeune et plusieurs autres. La benediction du mariage faicte par me Jean Le Bret, prestre habitué en l’eglise de Saint Germain en Laye commis pour cet effect.
[…]
Le douziesme jour de janvier 1648, fut baptisée Germaine, fille naturelle et non legitime de Roger Grinvecher et de Catherine Mergrin, anglois de nation et de la suitte de la reyne d’Angleterre, le parrein Jean du Bernetes le jeune, marchand cordonnier, la marreine Germaine Jubert femme de Jean du Bernetes l’ayné, aussi marchant cordonnier, demeurants à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 24e jour de febvrier 1648, fut baptisée Anne, fille de Jean Lodieux et de Marie Daufresne, sa femme, le parrein Jean Saffrey, postillon chez M. Craffe, cappitaine des gardes du corps de la reyne d’Angleterre, la marreine Anne, fille de feu François Rose.
Le vingt cinquiesme jour de febvrier 1648, fut baptisée Marguerite, fille de Pierre La Ronde et de Magdelaine Guibert, sa femme, le parrein honorable homme Jean Polié, maistre chyrurgien à Saint Germain en Laye, la marraine Marguerite Joane, femme d’honorable homme Pierre Vidal, maistre d’hostel du milor Germain, grand maistre de la Maison de la reyne d’Angleterre.
[…]
L’unziesme jour de mars 1648, fut baptisé Bernard, fils d’honorable homme Ferdinand Stors, catholique et apostolique romain de religion, et de Sara Daine, sa femme, tous deux anglois de nation, les parreins honorables homme Bernard Mortemer, chyrurgien suivant la cour de la reyne d’Angleterre, et Richard Renier, patissier de la maison du roy d’Angleterre, les marreins dame Elizabeth Duel, blanchisseuse de la chapelle de ladicte dame reyne, et Catherine Jaune, femme d’honorable homme Sebastien Jauret, garçon du goblet de Sad. Majesté.
[…]
Le vingt deuxiesme jour de mars 1648, fut baptisée Françoise, fille de Mathurin Pignot et de Charlotte [vide], sa femme, le parrein noble homme Pierre du Tronchet, garde du corps de la reyne d’Angleterre, la marreine dame Jeane Bodran, femme de noble homme François Pilet, garde du corps de la reyne mere regente.
[…]
Le 2e jour d’avril 1648, fut baptisée Catherine, fille de [vide] Gallois et de Catherine Feguet, sa femme, le parrein honorable homme Vincent Dalton, de la suitte de la reyne d’Angleterre, la marreine Marie de La Tour, femme de Simon Masson, vigneron.
[…]
Le vingt quatriesme jour de may 1648, fut baptisée Françoise, née du 14e jour dud. mois, fille d’honorable homme Jean Blusteau, potager de la serenissime reyne d’Angleterre, et de damoiselle Marie Felix, sa femme, le parrein tres illustre personnage messire René de Longueil, conseiller du Roy en ses conseils, president en sa cour de parlement de Paris, seigneur de Maisons sur Seine, de Grisolles et plusieurs autres lieux, cappitaine et gouverneur des chasteaux, parcq et forests de Saint Germain en Laye, ville et pont de Poissy, Versailles et autres dependances, la marreine damoiselle Françoise Garnier, femme de noble homme Pierre Civette, escuyer ordinaire de lad. dame reyne.
Du vingt cinquiesme jour de may 1648, fut solemnisé en face de sainte Eglise le mariage d’honorable homme Jacques de Laune, escuyer, l’un des gardes du corps de la serenissime reyne d’Angleterre, avec Anthoinette Legrand, veufve de feu honorable homme Gabriel Merlet, es presences d’honorables personnes maistre René Legrand, conseiller et procureur du Roy es sieges royaux de Saint Germain en Laye, oncle de ladicte Legrand, maistre Michel Chopart, prestre et chapellain, maistre Jean Le Bret, prestre habitué en lad. eglise, et plusieurs autres parents et amys tant d’une part que de l’autre, la benediction dud. mariage faicte par maistre Pierre Cagnyé, prestre et curé dud. lieu.
[…]
Le 6e jour de juin 1648, fut administré dans la chapelle du viel chasteau de Saint Germain en Laye par M. l’evesque d’Evreux, grand aumosnier de la serenissime reyne d’Angleterre, le saint sacrement de confirmation à plusieurs personnes de ce lieu.
Le huictiesme jour de juin 1648, fut solemnisé en face de sainte Eglise le mariage de noble homme Anthoine des Enclos, l’un des gardes du corps de la serenissime reyne d’Angleterre, avec Marie Bertrand, es presences d’honorables hommes Nicolas Bertrand, père de la mariée, Jean des Enclos, maistre boullanger à Paris, frere du marié, Charles Arle, marchand, Robert Le François et plusieurs autres, tant d’une part que de l’autre, la benediction du mariage faite par maistre Aubin de Noielle, prestre habitué de l’eglise de Saint Germain en Laye commis pour cet effect.
[…]
Le 28e jour de juin 1648, fut baptisé François, né du deuxiesme jour dud. mois, fils de Charles Panezet et de Geneviesve Duchesne, sa femme, le parrein noble homme François Chevallier, sieur de La Berthune, exempt des gardes du corps de la reyne d’Angleterre, la marreine damoiselle Françoise Garnier, fille de noble homme Pierre Civette, escuyer ordinaire de l’escuyrie de la reyne d’Angleterre.
[…]
Le 3e jour de juillet 1648, furent supplées les ceremonies du saint sacrement de baptesme à Henriette, fille de noble homme Richard Carteret, et de dame Marie Hillard, sa femme, nourrice de la petite princesse d’Angleterre, le parrein hault et puissant seigneur Patricq Brangdefort, grand chambellan de M. le prince de Galles, fils aisné d’Angleterre, par M. Percy Cherche, gentilhomme de la reyne d’Angleterre, la marreine tres haulte et puissante princesse Henriette, fille du roy d’Angleterre, par damoiselle Françoise Garnier, femme de chambre de lad. dame reyne.
[…]
Le mesme jour [8 juillet], fut enterré en l’eglise devant le chœur un enfant de M. des Chapelles, lieutenant des gardes du corps de la reyne d’Angleterre, les vespres des morts chantées pour tous les fidelles trespassez.
[…]
Le dix neufviesme jour de juillet 1648, fut solemnisé en face de sainte Eglise le mariage de Richard de Winstamley, l’un des grands varlets de pied de la reyne d’Angleterre, anglois de nation, avec Henriette Frechin, natifve de ce lieu de Saint Germain en Laye, es presences d’honorables hommes Jacques Frechin, père de lad. Frechin, maistre Aubin de Noielle, prestre habitué en lad. eglise, Jean Lalande, aussi varlet de pied de lad. dame reyne, Didier Deville, marchand cabaretier à Paris, et plusieurs autres parents et amys de part et d’autre. La benediction du mariage faicte par M. le curé.
[…]
Le mesme jour [30 juillet 1648], fut inhumé dans le cimetiere un pauvre homme nommé Jean Curol, irlandois de nation, assisté de la charité, les vespres des morts chantées à son intention et le luminaire fourny.
[…]
Le 9e jour d’aoust 1648, fut inhumée dans l’eglise damoiselle Luce Duval, fille de noble homme Nicolas Duval, varlet de chambre de la reyne d’Angleterre, les vespres des morts chantées et le lendemain messe haulte à son intention par moy soubzsigné.
Le dixiesme jour d’aoust 1648, fut baptisé Marie, née du 2e jour dud. mois, fille de noble homme Thomas Peninege, officier du goblet du prince de Galles, et de damoiselle Jeanne Smith, blanchisseuse du corps de la petite princesse d’Angleterre, le parrein illustre seigneur Guillaume Craffet, cappitaine des gardes du corps de la reyne d’Angleterre, la marreine damoiselle Marie Winther, fille d’honneur de lad. dame reyne.
[…]
Le 19e jour d’aoust 1648, fut baptisé Henry, fils de noble homme Pierre de Plansy, apoticquaire et varlet de chambre de la reyne de la Grande Bretagne, et de damoiselle Louyse Garnier, sa femme, le parrein noble homme Winstord Grad au lieu et place du milor Germain, la marreine damoiselle Marie Winter, femme du secrettaire de lad. dame reyne.
[…]
Le 20e jour de septembre 1648, fut baptisé Raphael, fils d’honorable homme Jacques Benard, cocher de la reyne d’Angleterre, et d’Anne Smarth, sa femme, le parrrein noble homme Raphael Tartereau, chevallier, conseiller du Roy et gentilhomme servant de la reyne d’Angleterre, la marreine damoiselle Marie Quertu, nourrice de la petite princesse d’Angleterre.
[…]
Le 20e jour de septembre 1648, fut baptisé Anthoine, fils de Louys de Bully et de Marie gaillard, sa femme, le parrein honorable homme Anthoine Gaillard, officier de la reyne d’Angleterre, la marreine dame Anthoinette Legrand, femme de noble homme Jacques de Laune, garde du corps de lad. dame reyne.
Le 23e jour dud. mois, le depart de la reyne d’Angleterre de Saint Germain en Laye pour aller loger au Louvre à Paris.
[…]
Le 3e jour d’octobre 1648, fut baptisé Henry, fils de noble homme Louys Richard, maistre de la musicque de la reyne d’Angleterre, et damoiselle Marie Pené, sa femme, le parrein tres illustre prince Henry de Lorraine, comte de Harcourt, d’Armagnacq et de Brienne, chevallier des ordres du Roy et grand escuyer de France, la mareine madame Jeane de Brouilly, dame d’Audancourt, de Villers Audon.
[…]
Le treiziesme jour de juillet 1649, la reyne d’Angleterre arriva de Paris à Saint Germain en Laye pour y recevoir le roy son fils qui revenoit de Holande.
[…]
Le 14e jour de juillet 1649, le roy d’Angleterre arriva à Saint Germain en Laye, où il fut receu de la reyne sa mere.
[…]
Led. jour [2 août], fut convoyé au cimetiere un enfant d’un homme de la suitte de la cour d’Angleterre.
[…]
Le mesme jour [21 septembre], le depart du roy de la Grande Bretagne pour aller à l’isle de Gersay. »

Mentions dans le registre paroissial de services donnés dans l’église de Saint-Germain-en-Laye pour le repos de l’âme de Louis XIII

« Le quinziesme jour de may mil six cents quarente trois, fut faict de devotion par moy curé, pour le repos de l’ame du feu Roy, un service complet avec vigiles, recommendasses, trois messes haultes, le libera à la fin avec les autres suffrages accoustumez, les messes chantées par messieurs Bailly, Lucas et moy curé.
[…]
Le 18e jour de may 1642, furent chantées solemnellement les vespres à vigilles des morts, et le lendemain une messe haulte de requiem par monsieur le curé à l’intention du feu Roy, le tout par devotion.
[…]
Le vingtiesme jour de may mil six cents quarente trois, fut faict un service complet de la confrairie dela charité pour le repos de l’ame du Roy deffunct, les messes chantées par messieurs Bailly, Garoche et monsieur le curé. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le vingt neufiesme jour dudict mois [janvier 1599], le Roy arriva a Sainct Germain et y fut jusques au troisiesme de febvrier qu’il en partit.
[…]
Le second jour de febvrier l’an mil six cens et ung, le Roy arriva a Sainct Germain et s’en alla le mesme jour.
[…]
Le neufiesme jour dudict mois [juillet 1602], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut deux jours.
[…]
Ledict jour [21 juillet], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut jusque au dixiesme jour d’aoust, jour et feste Sainct Laurens.
[…]
Le jour precedent [15 septembre], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut cinq ou six jours.
[…]
Ledict jour [9 octobre], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut jusques au treiziesme jour.
[…]
Le vingt et uniesme jour dud. mois [décembre], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut deux jours.
[…]
Le ving troisiesme, le Roy arriva à Sainct Germain et s’en alla la veille de Noel.
[…]
Le Roy arriva à Sainct Germain et y fut ledict premier jour et le second [janvier 1603].
[…]
Led. jour [4 août], le Roy arriva à Sainct Germain apres disner et y fut jusques au dix septiesme qu’il en partit.
[…]
Le neufiesme jour dud. mois, fut faict ung service pour le feu Roy.
[…]
Le vingt cinquiesme jour dud. mois [septembre], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut jusques au vingt neufiesme qu’il en partit.
[…]
Le septiesme jour [janvier 1604], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut 4 jours.
[…]
Le unziesme jour dud. mois, […] le Roy partit de Sainct Germain et y fut quatre jours.
[…]
Le vingt septiesme jour dud. mois, le Roy arriva à Sainct Germain et y coucha trois nuicts.
[…]
Le treiziesme de ce mois [février], le Roy arriva à Sainct Germain et y coucha une nuit.
[…]
Led. jour [18 février], le Roy arriva à Sainct Germain apres disner et y fut jusques au vingt quatriesme qu’il en partit.
[…]
Led. jour [19 mars], le Roy arriva à Sainct Germain apres disner et y fut jusques au vingt uniesme qu’il en partit.
[…]
Le quatriesme jour dud. mois [juin], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut jusques au jour Sainct Jehan qu’il en partit.
[…]
Le sixiesme jour de decembre, le Roy arriva à Sainct Germain et y fut jusques au dixiesme jour dudict mois, qu’il en en partit.
[…]
Led. jour [27 décembre], le Roy arriva à Sainct Germain au soir et y fut jusques au dernier dud. mois qu’il en partit.
[…]
Led. jour [25 janvier 1605], le Roy arriva à Sainct Germain au soir et y fut jusques au vingt huictiesme qu’il en partit.
[…]
L’unziesme jour dud. mois [février], le Roy arriva à Sainct Germain et y coucha une nuict.
[…]
Le vingt huictiesme jour dud. mois [décembre], le Roy arriva à Sainct Germain et en partit le vingt neufiesme.
[…]
Led. jour [18 janvier 1606], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le vingtiesme jour dud. mois.
[…]
Led. jour [15 février], le Roy arriva à Sainct Germain et y fut jusques au vingtiesme, qu’il en partit. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le premier jour de may l’an mil six cens six, le Roy arriva à Sainct Germain et en partit le second jour.
[…]
Le vingt et uniesme jour dud. mois [juin], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le vingt deuxiesme.
[…]
L’unziesme jour dud. mois [décembre], le Roy arriva à Sainct Germain apres disner et en partit le quatorziesme jour dud. mois.
[…]
Le ving troisiesme jour dud. mois [décembre], le Roy arriva à Sainct Germain apres disner et en partit le troisiesme de janvier [1607].
[…]
Le vingt quatriesme jour dud. mois [janvier 1607], le Roy est arrivé à Sainct Germain au soir et en est party le vingt sixiesme jour.
[…]
Le vingtiesme jour dud. mois [février], le Roy est arrivé à Sainct Germain et n’y coucha qu’une nuict.
[…]
Le dixiesme jour dud. mois [juillet], le Roy arriva à Sainct Germain et en partit l’unziesme.
[…]
Le quatorziesme jour dud. mois, le Roy arriva à Sainct Germain et en partit le quinziesme.
[…]
Led. jour [20 février 1608], le Roy est arrivé à Sainct Germain au soir et en est parti le vingt quatriesme.
[…]
Le dix huictiesme jour dud. mois [août], le Roy arriva à Sainct Germain et en partit le vingt quatriesme jour, Sainct Barthelemy.
[…]
Led. jour [24 septembre], le Roy arriva à Sainct Germain et n’y coucha qu’une nuict.
[…]
Led. jour [1er octobre], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le quatriesme jour.
[…]
Le vingt et uniesme jour dud. mois [novembre], le Roy arriva à Sainct Germain et en partit le ving troisiesme apres disner.
[…]
Le troisiesme jour dud. mois [décembre], le Roy arriva à Sainct Germain et en partit le septiesme dud. mois.
[…]
Led. jour [12 janvier 1609], le Roy est arrivé à Sainct Germain et n’i coucha qu’une nuit.
[…]
Le dixiesme jour dud. mois [février], le Roy est arrivé à Sainct Germain et n’y coucha qu’une nuit.
[…]
Le premier jour d’apvril oud. an, le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le quatriesme suivant.
[…]
Led. jour [20 juillet], le Roy est arrivé à Sainct Germain au matin et est parti le vingt et uniesme.
[…]
Le sixiesme jour dud. mois [septembre], le Roy est arrivé à Sainct Germain apres disner et en est parti le neufiesme aussy apres disner.
[…]
Le dernier jour dud. mois [octobre], le Roy est arrivé à Sainct Germain et n’y coucha qu’une nuit.
[…]
Le dix huictiesme jour dud. mois [novembre], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le dix neufiesme.
[…]
Led. jour [28 novembre], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le vingt neufiesme.
[…]
Led. jour [7 décembre], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le huictiesme.
[…]
Le quatorziesme jour dud. mois, le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le quinziesme.
[…]
Ledict jour [15 février 1610], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le dix septiesme dud. mois.
[…]
Led. jour [7 mars 1611], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti l’unziesme jour dud. mois.
[…]
L’unziesme jour dud. mois [août], le Roy est parti de Sainct Germain apres disner, qui y estoit arrivé le vingt sixiesme de juillet.
[…]
Led. jour [14 novembre], le Roy est arrivé à Sainct Germain apres disner et en est parti le dix septiesme jour aussy apres disner.
[…]
Le vingt quatriesme jour dud. mois [août 1613], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le vingt cinquiesme jour dud. mois apres disner. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le lundy XXXe jour de may, le Roy arriva à Saint Germain et y sejourna jusques au mercredy ensuivant, veille de la Feste Dieu.
[…]
Le vendredy dix septiesme juin [1580], le Roy arriva à Saint Germain et y sejourna jusques au jeudy ensuivant, qu’il partit, assavoir la veille Saint Jehan.
[…]
Le lundy huictiesme jour d’aoust, le Roy arriva à Saint Germain en Laye et en partist le mercredy dix septiesme, et partant y a neuf offrandes deues.
[…]
Le mercredy XXIIIIe, le Roy arriva à Sainct Germain et y ouyt la messe le jeudy et vendredy, et ced. jour s’en alla à Sainct Mort.
[…]
[rayé :] Le jeudy XIIIe janvier [1583], le Roy arriva à Saint Germain en Laye. [mention rayée]
[…]
[rayé :] Le vendredy XXIXe [avril], il y arriva et s’en retourna le lendemain, et pour ce : II offrandes.
[…]
[rayé :] Le vendredy XXVIIe may, le Roy y arriva et y feist sa feste de Pentecoste jusques au mardy ensuivant, qu’il partist pour aller à [vide], pour ce : IIII offrandes.
[…]
[rayé :] Le vendredy XXIXe juillet, le Roy arriva à Saint Germain et y demeura jusques au mardy IIe aoust, et pourtant : IIII offrandes.
Le dimenche arriva ycy ung abbé de Fueillent en Gascongne, homme de vie fort austere qui prescha le jour de saint Pierre es lieux et me fut envoyé par le Roy pour le loger et traicter.
[…]
Le mercredy cinquiesme jour de septembre 1583, le Roy arriva à Sainct Germain et y ouyt messe, qui fut celebrée par moy, et s’en alla le jour mesmes. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le 25 jour de febvrier 1637, le Roy arriva à Saint Germain en Laye et y sejourna jusques au 5e jour de mars, qui font en tout 9 jours.
[…]
Le mesme jour [27 avril], le Roy partit de ce lieu de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles, y coucha deux nuicts et revint aud. lieu la veille Saint Jacques Saint Philippe.
[…]
Le 11e jour [de mai], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versaille.
[…]
Le mesme jour [15 mai], le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 19e, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [17 octobre], le Roy arriva sur le soir à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 28e, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versaille.
[…]
Le mesme jour [31 octobre], le Roy est revenu de Versaille à Saint Germain.
[…]
Le 2e jour [de novembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles apres avoir demeuré deux jours audict lieu de Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [9 novembre], le Roy arriva à Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour [20 novembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versaille.
[…]
Le mesme jour [23 novembre], le Roy revint de Versaille à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [30 novembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [7 décembre], le Roy est revenu à Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour [19 décembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 23e jour de decembre, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [18 février 1638], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
Le 19e, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 22e, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versaille.
[…]
Le mesme jour [26 février], le Roy revint de Versaille à Saint Germain.
[…]
Le 3e jour de mars, le Roy partit de Saint Germain pour aller à [vide].
[…]
Le 9e jour de mars, le Roy revint de son voyage d’Escouan à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [22 mars], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versaille.
Le 23e jour, le Roy revint de Versaille à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 5e jour d’avril, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 8e jour d’avril, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [26 avril], le Roy partit de Saint Germain pour aller en Picardie.
[…]
Le 21e jour [de mai], le Roy revint de Compiegne icy.
[…]
Le mesme jour [27 mai], le Roy alla à Versailles.
Le 28e jour, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 14e jour de juin, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Fontainebelleau.
[…]
Le 19e jour de juin, le Roy revint de Fontainebelleau à Saint Germain.
[…]
Le 19e jour de juillet, le Roy partit de Saint Germain pour aller à l’armée.
[…]
Le mesme jour [18 août], le Roy est revenu de l’armée à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [20 août], le Roy s’en alla à son chasteau de Versailles.
[…]
Le mesme jour [22 août], le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour [16 septembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Escouan.
[…]
Le susdicts jour 29e de septembre, le Roy revint à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [6 octobre], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le 10e jour et mois susdicts, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 27e jour dudict mois, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le 30e jour, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [2 novembre], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Du 8e jour dudict mois, le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour [15 novembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Escouan.
[…]
Le 25e jour de novembre, le Roy revint de son voiage d’Escouan.
[…]
Le 30e et dernier jour dudict mois, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Villepreux.
[…]
Le 2e jour [de décembre], le Roy revint de Villepreux à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [18 décembre], le Roy partit de ce lieu pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [20 décembre], le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 3e jour de janvier mil six cents trente huict [1639], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le 21e jour de janvier, le Roy revint de son voiage de Fontainebleau à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [23 février], le Roy partit de ce lieu de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 25e jour, le Roy est revenu de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [4 mars], le Roy partit de Sainct Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 6e jour, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le jour precedent 17e de mars, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Vigny.
[…]
Le mesme jour [19 mars], le Roy revint de son voiage de Vigny à Saint Germain.
[…]
Le 28e jour, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [29 mars], le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour [7 avril], le Roy partit de ce lieu pour aller à Versailles.
Le 8e jour, le Roy revint de son voiage de Versailles.
[…]
Le 9e jour de may 1639, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 14e jour, le Roy revint de son voiage de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 17e jour de may, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
Le 18e jour, le Roy revint de son voyage de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour [25 mai], le Roy partit de Saint Germain pour aller au siege de Hedin.
[…]
Le mesme jour [12 novembre], le Roy revint à Saint Germain en Laye de son voyage de l’armée.
[…]
Le mesme jour [5 décembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
Le 6e jour de decembre, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 20e jour, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [23 décembre], le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 17e jour de janvier [1640], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [21 janvier], le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le premier jour de mars 1640, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Chantilly.
[…]
Le 7e jour dudict mois, le Roy revint à Saint Germain de son voyage de Chantilly.
[…]
Le 12e jour de mars, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [14 mars], le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 15e jour d’avril 1640, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le dix huictiesme avril, le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour 30e avril, le Roy partit de Saint Germain pour aller à l’armée.
[…]
Le 7e jour dud. mois [de septembre], le Roy arriva à Saint Germain en Laye de son voyage d’Arras.
[…]
Le mesme jour dud. mois [15 septembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 18e jour de septembre 1640, le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 25e jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Escouan.
[…]
Le 1er jour dud. mois [d’octobre], le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 10e jour dud. mois, le depart du Roy de Saint Germain pour Monceaux.
[…]
Le 20e jour dud. mois, le retour du Roy à Saint Germain de Monceaux.
[…]
Le 27e jour dud. mois, le depart du Roy pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [31 octobre], le retour du Roy à Saint Germain de Versailles.
[…]
Led. jour [10 novembre], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le 27e jour dud. mois, le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 12e jour dud. mois [de décembre], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 23e jour dud. mois, le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 17e jour dud. mois [de janvier 1641], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [24 janvier], le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 27e jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 8e jour dud. mois [de février], le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour [18 février], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le 4e jour dud. mois [de mars], le retour du Roy à Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour [3 avril], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le mesme jour [9 avril], le retour du Roy à Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour 2e dud. mois [de mai], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [7 mai], le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
Le 8e jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Paris.
[…]
Led. jour [9 mai], le retour du Roy de Paris à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 12e jour de may, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [13 mai], le retour du Roy de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 23e jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Vigny et Abbeville à cause du siege de la ville d’Arras.
[…]
Le 5e jour dud. mois [de novembre], le Roy est revenu de l’armée d’Aras à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 26e jour, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [30 novembre], le retour du Roy à Saint Germain en Laye de Versailles.
[…]
Le 19e jour dud. mois [de décembre], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le 22e jour dud. mois, le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye
[…]
Le 28e jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [31 décembre], le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Du cinquiesme jour de janvier [1642], le retour du Roy de Paris à Saint Germain en Laye, qui estoit allé en ladicte ville du dernier jour de decembre mil six cents quarente et un.
[…]
Le mesme jour 7e dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le 10e jour de janvier 1642, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le mesme jour 27e, le Roy partit de Saint Germain pour aller au voiage.
[…]
Le quatorziesme jour d’aoust 1642, le Roy revint de son voyage de Narbonne à Saint Germain en Laye.
[…]
Le jour precedent dix huictiesme d’aoust, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Chantilly.
[…]
Le vingt troisiesme jour d’octobre 1642, le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Le dixiesme jour, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à la chasse es environs de Triel.
[…]
Le treiziesme jour de novembre 1642, le Roy revint à Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour 17e de novembre 1642, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Le dix huictiesme jour de novembre mil six cents quarente deux, le Roy revint de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le deuxiesme jour de decembre 1642, le Roy partit de Saint Germain en Lay pour aller à Paris.
[…]
Le mesme jour [5 décembre], le Roy revint de Paris à Saint Germain en Laye.
[…]
Le vingt et uniesme jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Le vingt troisiesme jour de decembre 1642, le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le vingt neufiesme jour dud. mois 1642, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
Le trente et uniesme jour de decembre mil six cents quarente deux, le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le cinquiesme jour de janvier mil six cents quarente trois, le depart du Roy pour aller à Versailles.
[…]
Le septiesme jour de janvier mil six cents quarente trois, le retour du Roy à Saint Germain en Laye.
[…]
Le vingt quatriesme jour de janvier 1643, le depart du Roy pour aller à Versailles.
[…]
Le vingt neufiesme jour de janvier 1643, le retour du Roy à Saint Germain en Laye.
[…]
Le huictiesme jour de febvrier 1643, le depart du Roy pour aller à Versailles.
[…]
Le unziesme jour de febvrier mil six cents quarente trois, le retour du Roy de son chasteau de Versailles.
[…]
Le quatorziesme jour de febvrier 1643, depart du Roy pour aller à Versailles.
[…]
Le dix huictiesme jour de febvrier mil six cents quarente trois, le retour du Roy à Saint Germain en Laye.
[…]
Le quinziesme jour de may mil six cents quarente trois, le Roy partit de son chasteau viel de Saint Germain en Laye, dans lequel il avoit faict son continuel sejour depuis sa naissance, assisté de la Reyne regente, sa mere, et de la pluspart de tous les susd. princes, prelats, seigneurs et officiers, conduit en bel ordre par ses gendarmes, chevaux legers, mousquetaires à cheval, les deux regiments de sa garde tant françois que suisses, pour aller faire son entrée premiere en sa ville de Paris, capitalle de son royaume, et se faire recognoistre par icelle, et en icelle par tous les Estats de France pour legitime roy et souverain. Au devant de Sa Majesté sortirent de lad. ville pour la recevoir tous les chefs principaux, eschevins et officiers de ville avec une multitude innombrable de peuple qui la receurent avec grands crys et acclamations de joye et liesse, luys rendants les hommages et submissions par eux deues et presentants les clefs de la ville avec les ceremonies accoustumées en pareilles occasions. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le 24e jour de janvier 1654, le Roy arriva de Paris à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 26e jour dud. mois, le Roy retourna de ce lieu de Saint Germain en Laye à Paris.
[…]
Le 22e jour de mars 1654, le Roy arriva de Paris en son chasteau viel de Saint Germain en Laye.
[…]
Le 24e jour de mars, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour retourner à Paris.
[…]
Le 6e jour d’avril 1654, le Roy arriva en son chasteau viel de Saint Germain en Laye.
[…]
Le 8e jour d’avril 1654, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour retourner à Paris.
[…]
Led. jour 25e [décembre] et feste de Noel, le Roy arriva à Saint Germain en Laye et logea en son chasteau viel dud. lieu.
[…]
Le 29e jour dud. mois, le Roy partit de ce lieu de Saint Germain pour retourner en son Louvre à Paris.
[…]
Led. jour 1er de mars [1655], arriva le Roy de sa ville de Paris en son chasteau viel de Saint Germain en Laye.
[…]
Le 4e jour dud. mois, le Roy retourna de Saint Germain à Paris.
[…]
Led. jour 2e dud. mois [février 1656], le Roy arriva de Paris en son chasteau viel de Saint Germain en Laye.
[…]
Le 6e jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour son retour à Paris.
[…]
Le 17e jour de septembre 1660, la Reyne en la compagnie du Roy et de sa cour feist sa premiere venue à Saint Germain en Laye et logerent Leurs Majestez au chasteau neuf. Les bourgeois se meirent soubz les armes, faisant haye des deux costez depuis la porte de Paris jusques à la porte dud. chasteau. M. le curé, accompagné de son clergé et des RR. PP. recollets dud. lieu, avec la croix et la banniere, fut au devant de Leurs Majestez jusques hors lad. porte de Paris comme aussi messieurs les magistrats et commandants dud. lieu. Le Roy dispansa des harangues que l’on s’estoit preparé de faire à Leurs Majestez parce qu’il estoit soir et desja la brume.
[…]
Le 20e jour dud. mois apres midy, le Roy et la Reyne s’en retournerent à Paris.
[…]
Le 8e jour de mars apres midy [1662], le Roy et la Reyne arriverent à Saint Germain en Laye pour la chasse.
[…]
Le 10e jour, le Roy et la Reyne partirent de Saint Germain en Laye pour leur retour à Paris.
[…]
Le 7e jour dud. mois [de mai], le Roy et la Reyne arriverent à Saint Germain en Laye et logerent au chateau neuf.
[…]
Le 17e jour de may 1662, le Roy et la Reyne s’en retournerent à Paris.
[…]
Le 19e jour dud. mois, le Roy, la Reyne, monseigneur le Dauphin arriverent sur le soir à Saint Germain et prirent logement au chateau neuf.
[…]
Le 29e jour de juin, feste des saints apostres Pierre et Paul, la Reyne, accompagnée de la Reyne mere, feist sa premiere visite à nostre eglise de la parroisse, où elle fut receue à l’entrée par M. le curé qui la harangua et complimenta, assisté de son clergé suivant la croix, et ensuitte, le saint sacrement exposé, fut chanté le Te Deum, le Salut et autres prieres à Dieu en action de graces.
[…]
Le 14e jour de septembre, feste de l’exaltation de la sainte croix, le Roy presenta le pain benit à la messe de parroisse de ce lieu de Saint Germain en Laye.
[…]
Le 19e jour de septembre 1662, le Roy partit de Saint Germain pour son retour à Paris apres avoir sejourné aud. lieu trois mois entiers.
[…]
Le mesme jour 3e de novembre, le Roy arriva à Saint Germain en Laye sur les 9 à 10 heures du matin pour la chasse et s’en retourna le lendemain à Paris par Versailles.
[…]
Le 10e jour de mars 1664, le Roy et les Reynes vindrent de Paris à Saint Germain en Laye pour y sejourner quelques temps.
[…]
Le 24e jour de mars, le Roy et les Reynes s’en retournerent à Paris apres avoir couché et sejourné quatorze jours en ce lieu de Saint Germain en Laye. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le samedy IIIe jour du moys de juin 1559, le Roy arriva a Saint Germain en Laye.
[…]
Ledict jour [25 juillet], le Roy, la Royne, la Royne mere du Roy et la royne d’Espagne vindrent a Saint Germain en Laye.
[…]
Le samedy Ve [août], le Roy partit pour aller a Paris.
[…]
Led. jour [12 août], le Roy revint de Paris a Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour [18 août], arriva le roy de Navarre a Saint Germain en Laye et fut son train logé en mon logis.
[…]
Le lundy [21 août], la Roine fist faire ung service de la XLIIe pour le Roy. Reçu en luminaire : IIII l.
[…]
Led. jour [22 août], le Roy partit de Saint Germain. Reçu pour les offrandes : XLII l.
[…]
Le mardy diziesme jour dud. moys de septembre [1560], le Roy arriva a Saint Germain.
[…]
Ledict jour [10 octobre], partist le Roy pour aller coucher à Madry avec le train.
[…]
Le lundy XIIIIe jour de juillet [1561], le roy Charles, IXe de ce non, arriva a Saint Germain en Laye.
[…]
Ledict jour [30 août], le Roy alla au Bordeau de Vigny.
[…]
Led. jour [1er septembre], le Roy revint du Bordeau de Vigny.
[…]
Ledict jour [5 mars 1562], le Roy s’en alla. Pour la parpaye des offrandes, cent treize livres quinze solz tournois.
[…]
Le premier jour de may 1563, le Roy arriva à Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour [16 mai], le Roy partit de Saint Germain pour aller à Paris. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le lundy XXIIIIe [juin 1567], le roy Charles arriva en ce lieu de Sainct Germain en Laye
Et de ce voyage j’entre en jouissance de presbitere nouvellement basty et de l’exemption d’hostes suivant les lettres du Roy, combien que mons. Bonnault, secretaire de monseigneur le chancelier, y fut marqué et logé, au moien que le Roy et la Roine commanderent qu’il en delogeast et declarerent qu’ilz vouloient que led. presbitere fust et demeurast exempt suivant leurs lettres, et ay retiré certificat des mareschaulx des logis de ce que dessus.
[…]
Le XIIIe jour de juillet 1570, le roy Charles arriva en ce lieu de Sainct Germain en Laye apres disner.
Le vendredy XIIIIe, le Roy apres avoir ouy la messe alla coucher a Paris en poste.
Le samedy XVe, il revint ycy disner.
[…]
Le vendredy XXIe, le Roy apres avoir ouy la messe alla a Paris.
Le lundy XXIIIIe, il revint de Paris.
[…]
Le XIIIIe [août], le Roy partist de Saint Germain en Laye.
[…]
Le mardy XXIe jour de juillet mil cinq cens soixante et treize, le Roy vint en ce lieu et en partist le samedy XXVe dud. moys. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le vingtiesme jour d’avril 1665, le Roy, la Reyne et monsieur le Dauphin arriverent à Saint Germain en Laye pour y passer une partie de l’esté. Dieu les y vueille conserver en santé.
[…]
Le 24e jour de may, feste de Pentecoste 1665, le Roy presenta le pain à benir à l’eglise parroissialle de Saint Germain en Laye avec toutes les solemnitez requises et accoustumées.
[…]
Le 31e et dernier jour de may 1665, feste de la tres sainte Trinité, le pain benist fut presenté à l’eglise parroissialle de ce lieu de Saint Germain en Laye par la Reyne mere.
[…]
Le 7e jour de juin 1665, feste de dimanche de l’octave du saint sacrement, la Reyne presenta le pain benist à la messe de paroisse avec toute la pompe et magnificence royalle ordinaire et accoustumée en telle occasion.
Led. jour, Son Altesse royalle duc d’Orleans, frere unicque du Roy, y assista, particulierement à la procession du saint sacrement, accompagné de quantité de grands seigneurs de la Cour avec touts les officiers de sa Maison tenants cierge ou torche en main.
[…]
Le 21e jour de juin, feste de dimanche, Monsieur, frere unicque du Roy, presenta le pain benist à la parroisse avec la magnificence deue à Son Altesse royale.
[…]
Led. jour 7e de juillet, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller coucher à Versailles.
Le 11e jour dud. mois, le Roy revint de Versailles pour Saint Germain en Laye.
[…]
Le lundy 20e jour de juillet 1665, le Roy partit apres midy de Saint Germain pour aller coucher à Versailles y recevoir la reyne d’Angleterre à son arrivée.
[…]
Le mesme jour 22e de juillet, le Roy revint de Versailles coucher à Saint Germain en Laye.
[…]
Les 27, 28 et 29e jour, le Roy a couché à Versaille et entendu la messe à Saint Germain.
[…]
Le 11e jour d’aoust 1665, le Roy et les Reynes partirent de Saint Germain en Laye à cause de l’indisposition de la Reyne mere pour aller faire leur sejour à Paris.
[…]
Led. jour 22e de janvier [1666] apres midy, le Roy arriva à la sortie de Versailles à son chasteau vieil de Saint Germain en Laye pour y faire quelque sejour pendant son dueil de la Reyne sa mere.
[…]
Le 13e jour dud. mois [de mars], le Roy et la Reyne partirent de Saint Germain en Laye pour un voyage de Compiegne.
[…]
Le 19e jour dud. mois, le retour du Roy et de la Reyne à Saint Germain en Laye de leur voyage de Compiegne.
[…]
Le 28e jour de mars, feste de dimanche, le Roy et la Reyne revinrent de Versailles où Leurs Majestez estoient allées de Saint Germain en Laye le jeudy precedent qui estoit le jour de la feste de l’Annonciation Nostre Dame.
[…]
Le 3e jour d’avril 1666, le Roy partit de Saint Germain en Laye avec la Reyne pour Versailles.
[…]
Led. jour 15e d’avril, le Roy et la Reyne revin de leur chasteau de Versailles pour Saint Germain en Laye.
[…]
Le 9e jour de may, le Roy alla souper à Versailles où il coucha et le lendemain 10e jour, apres avoir entendu la messe, revint disner à Saint Germain, et la Reyne avec luy.
[…]
Le 29e jour de may 1666, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le vendredy 25e jour d’octobre 1666, le Roy et la Reyne arriverent à Saint Germain en Laye et prirent leur logement au chasteau vieil.
[…]
Le 19e jour [de mars 1667], feste de saint Joseph, le Roy et la Reyne avec monseigneur le Dauphin partirent de Saint Germain en Laye pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [1er avril], le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour 11e, le Roy et la Reyne partirent de Saint Germain en Laye apres midy pour Versailles.
[…]
Led. jour 16e d’avril, le Roy et la Reyne revinrent de Versailles en ce lieu de Saint Germain apres y avoir demeuré cinq jours.
[…]
Led. jour 16e de may, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour son voiage d’Amiens et frontieres de Flandres.
[…]
Le 7e jour de septembre 1667, le Roy arriva à Saint Germain en Laye à son retour de la guerre de Flandre, apres la prise de la ville de Lille et la defaicte des troupes du comte de Marcin et du prince de Lignes par celles de Sa Majesté, au devant de laquelle alla M. le curé, assisté de son clergé, avec la croix et la baniere des reverends peres recollets aussi avec leur croix devant eux et un grand nombre de parroissiens à leur suitte jusques au bout du manege à la descente du Pecq où on l’attendit jusques à son arrivée, où il la congratula au nom de toute la parroisse de l’heureux succes de ses armes et de ses advantageuses victoires remportées sur ses ennemis, en action de graces à Dieu de quoy, le saint sacrement exposé en l’eglise, furent solemnellement chantées les prieres convenables à ce sujet et le Te Deum.
[…]
Le [vide, entre le 4 et le 12] jour de novembre 1667, le depart du Roy apres midy pour aller à Versailles avec la Reyne et monseigneur le Dauphin.
[…]
Le 22e jour de janvier [1668], feste de saint Vincent, le Roy, la Reyne et les Enfants de France arriverent sur le soir à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 2e jour de febvrier, feste de la Purification Nostre Dame, apres la messe et procession dud. jour, le Roy partit de ce lieu de Saint Germain en Laye pour son voiage de dela.
[…]
Le 24e jour de febvrier 1668, le Roy arriva à Saint Germain en Laye sur les dix heures du matin au retour de son voyage de la Franche Comté, apres l’avoir subjuguée et reduite à sa domination et obeissance en un mois de temps.
Le 26e jour dud. mois, M. l’abbé Le Camus, predicateur et aumosnier du Roy, vint demander à M. le curé permission pour Sa Majesté de l’usage des viandes deffendues en caresme selon qu’Elle en auroit besoin pour la conservation de sa santé.
[…]
Le susd. jour 22e d’avril, le Roy et la Reyne partirent de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Led. jour 29e d’avril, le retour du Roy et de la Reyne de leur chasteau de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le lundy 24e jour de septembre 1668, le Roy partit de Saint Germain pour son voyage de Chambor avec la Reyne.
[…]
Led. jour de dimanche [21 octobre], le Roy arriva de son voyage de Chambor à Saint Germain en Laye apres avoir demeuré à sond. voyage 26 jours.
[…]
Le 7e jour de novembre, le Roy partit de Saint Germain pour aller passer son hyver à Paris avec toute sa Cour.
[…]
Le 29e jour d’avril [1669], le Roy arriva à Saint Germain en Laye avec toute sa Cour apres midy.
[…]
Led. jour 30e de may, le Roy avec la Reyne partirent de Saint Germain en Laye apres midy apres avoir entendu les vespres et allerent à Versailles où ils coucherent, et le lendemain revindrent en ce lieu apres avoir oy la messe.
[…]
Le 5e jour de juin, le Roy et la Reyne allerent coucher à Versailles et revinrent le lendemain jeudy à Saint Germain sur le soir.
[…]
Led. jour 18 [juin], le Roy et la Reyne allerent à Versailles où ils coucherent et revindrent le lendemain au soir à Saint Germain.
[…]
Le 29e jour de juin apres mid, le Roy partit de Saint Germain pour Versailles, où il coucha deux nuicts et revint le lundy premier de juillet sur le soir.
[…]
Led. jour 16e de septembre, le Roy et la Reyne partirent de Saint Germain en Laye pour le voyage de Chambort.
[…]
Le 20e jour [d’octobre], feste de dimanche, le Roy arriva à Saint Germain en Laye à son retour de Chambor avec la Reyne, train et suitte.
[…]
Le 2e jour [de novembre], feste de la commemoration des trespassez, le Roy partit apres midy avec la Reyne pour Versailles.
[…]
Le 14e jour dud. mois, le Roy revint de son voyage de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 27e jour, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le mesme jour [29 novembre], le retour du Roy de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le dimanche 15e jour de decembre, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le 19e jour dud. mois, le retour du Roy de son chasteau de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 25e de decembre 1669, le Roy partit apres midy pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour 30e, le retour du Roy de son chasteau de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour 1er de l’année [1670], la Reyne presenta le pain benit à la parroisse avec toute la magnificence royalle.
[…]
Le 6e jour de janvier, fete des roys, monseigneur le Dauphin, fils aisné de France, presenta le pain benit à la paroisse de Saint Germain en Laye avec la magnificence convenable à Son Altesse royalle.
[…]
Le 28e d’avril 1670, le Roy, la Reyne et monseigneur le Dauphin partirent de Saint Germain en Laye pour faire voyage en Flandre.
[…]
Led. jour 7e de juin mille 670, le Roy arriva à son chasteau de Saint Germain en Laye sur les 5 à 6 heures du soir, à son retour de son voyage de Flandre.
[…]
Le 20e de juin 1670, le Roy, la Reyne et M. le Dauphin partirent de Saint Germain pour Versailles et y demeurer quelques temps.
[…]
Le 1er de juillet, le retour du Roy de son chasteau de Versailles à Sant Germain en Laye.
[…]
Le 6e juillet 1670, jour de dimanche, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le 9e juillet 1670, le Roy partit de Versailles pour revenir à Saint Germain.
[…]
Le 23e jour, le Roy partit de Saint Germain pour Versailles.
[…]
Le 26e jour dud. mois, le Roy, la Reyne et monseigneur le Dauphin revinrent de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le 3e jour d’aoust, feste de dimanche, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le 6e jour d’aoust, le Roy revint de son chasteau de Versailles pour Saint Germain.
[…]
Le 6e jour dud. mois [de septembre], le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles, et revint le lendemain 7e jour.
[…]
Le 30e de septembre 1670, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le 3e jour d’octobre 1670, le Roy revint de son chasteau de Versailles disner à Saint Germain en Laye apres y avoir demeuré 3 jours.
[…]
Le 6e d’octobre 1670, le Roy et la Reyne partirent de Saint Germain en Laye pour le voyage de Chambort.
[…]
Led. jour [25 octobre], le Roy arriva à Saint Germain en Laye de son voyage de Chambor avec toute la Cour.
[…]
Le 2e de novembre 1670, le Roy partit de Saint Germain pour Versailles.
[…]
Le 8e novembre 1670, le Roy revint de son chasteau de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 24e jour dud. mois, le Roy partit de Saint Germain pour Versailles et de là quelques jours apres pour Paris.
[…]
Led. jour 23e febvrier [1671] apres midy, le Roy, ayant à son depart de Paris estant venu par Versailles et s’y estant arresté quelques jours avec la Reyne et monseigneur le Dauphin, arriva à Saint Germain.
[…]
Le dimanche 8e de mars, le Roy, la Reyne et monseigneur le Dauphin partirent de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le vendredy 13e de mars, le Roy revint de son chasteau de Versailles à celuy de Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour de dimanche [22 mars] apres midy, le Roy partit de Saint Germain pour Versailles.
[…]
Le mercredy 25e de mars 1671, le retour du Roy à Saint Germain en Laye de son chasteau de Versailles pour faire sa communion paschalle et gagner le jubilé.
[…]
Le 1er d’avril 1671, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le 23e jour d’avril 1671, le Roy et la Reyne partirent de ce lieu de Saint Germain pour leur voyage de Flandre et laisserent monseigneur le Dauphin avec les autres enfants de France en ced. lieu pour y demeurer pendant leurd. voyage.
[…]
Le mardy 14e de juillet 1671, le Roy et la Reyne arriverent à Saint Germain en Laye au retour de leur voyage de Flandre.
[…]
Le 29e jour de juillet, le Roy, la Reyne partirent de Saint Germain avec monseigneur le Dauphin pour le voyage de Fontainebleau.
[…]
Led. jour 30e et dernier dud. mois [de septembre], le Roy arriva de son chasteau de Versailles à Saint Germain.
[…]
Le lundy 2e de novembre 1671, le Roy partit de Saint Germain en Laye apres midy avec la Reyne et ses enfants pour Versailles.
[…]
Le 19e de novembre, jour de jeudy, revint de Versailles en son chasteau de Saint Germain en Laye.
[…]
Le 16e jour [de janvier 1672], le depart du Roy pour Versailles.
[…]
Le lundy 1er jour de febvrier 1672, le Roy revint de son chasteau de Versailles à celuy de Saint Germain en Laye.
[…]
Le mesme jour 1er de mars 1672, apres le deces de Madame qui arriva environ sur les onz heures du matin, le Roy, la Reyne et monseigneur le Dauphin partirent apres midy pour Versailles.
[…]
Le 9e d’avril, veille de Pasques fleurie, le Roy revint de Versailles à Saint Germain en Laye.
[…]
Le dimanche 17e jour d’avril 1672, feste de Pasques, le Roy presenta le pain benit à la messe de parroisse avec la magnificence royalle.
[…]
Le dimanche 24e jour d’avril 1672, la Reyne presenta le pain benit à la messe de parroisse avec toute la magnificence royalle.
[…]
Le mercredy 27e d’avril 1672, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour son voyage de Holande apres avoir faict declarer la Reyne regente des affaires et du royaume pendant son absence.
[…]
Le 1er jour d’aoust 1672, le Roy arriva sur les six à sept heures apres midy en son chasteau viel de Saint Germain en Laye apres un heureux succes de ses armes en la guerre par luy declarée aux Holandois et qui s’est faicte Sa Majesté presente et conduisante ses armées.
[…]
Le 1er jour de septembre apres midy, le Roy, la Reyne avec monseigneur le Dauphin partirent de Saint Germain en Laye pour Versailles.
[…]
Le lundy 3e jour d’octobre 1672, le Roy arriva de son chasteau de Versailles à Saint Germain en Laye avec sa Cour et suitte.
[…]
Le samedy 5e de novembre 1672, le Roy partit de Saint Germain pour Versailles.
[…]
Le lundy 19e jour de decembre 1672 apres midy, le Roy arriva de son chasteau de Versailles à celuy de Saint Germain en Laye avec la Reyne et monseigneur le Dauphin.
[…]
Led. jour [21 décembre], le [Roy] partit de son chasteau de Saint Germain en Laye pour son voyage à Charlesroy, fort à luy appartenant sur les frontieres de la Flandre.
[…]
Le lundy 2e jour de janvier 1673, le Roy revint de son voyage faict pour faire lever le siege de devant Charleroy, ce qui a reussi selon son desir. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le vingtiesme jour [de septembre 1614], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le vingt et uniesme.
[…]
Led. jour [17 novembre], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti vingtiesme dud. mois.
[…]
Led. jour [4 juin 1616], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le sixiesme jour dud. mois.
[…]
Led. jour [19 juin], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le vingt et uniesme dud. mois.
[…]
Le huictiesme jour dud. mois [juillet], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le quinziesme dud. mois.
[…]
Le vingt septiesme jour dud. mois [mai 1617], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le vingt neufiesme.
[…]
Le second jour de juillet l’an mil six cens dix sept, le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le dixiesme jour dud. mois.
[…]
Led. jour [2 septembre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le neufiesme dud. mois.
[…]
Le vingt deuxiesme jour dud. mois [septembre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le vingt sixiesme dud. mois.
[…]
Led. jour [5 octobre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est party le quatorziesme.
[…]
Led. jour [25 octobre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le dernier jour dud. mois.
[…]
Led. jour [11 novembre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le quatorziesme jour dud. mois.
[…]
Led. jour [31 décembre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le cinquiesme janvier mil six cens dix huict.
[…]
Le septiesme jour dud. mois [mai], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le quinziesme dud. mois.
[…]
Le vingt et uniesme jour dud. mois, le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le treiziesme de juin.
[…]
Le douziesme jour dud. mois [juillet], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le second jour d’aoust.
[…]
Le trentiesme jour dud. mois [novembre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le dixiesme de decembre.
[…]
Le vingt troisiesme jour dud. mois [avril 1619], le Roy est revenu en ce lieu et en est parti le septiesme may.
[…]
Le vingt troisiesme jour dud. mois [novembre], le Roy est arrivé en ce lieu avec toute sa cour et y a esté jusques au dixiesme de decembre qu’il en est parti.
[…]
Le vingt quatriesme jour dud. mois [février 1621], le Roy arriva à Sainct Germain et en partit le dernier jour dud. mois.
[…]
Led. jour [6 mars], le Roy est arrivé à Sainct Germain apres disner et en est parti le vingt sixiesme dud. mois. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Led. jour [18 novembre 1630], le Roy est arrivé à Sainct Germain apres disner et est parti le douziesme decembre pour aller à Paris.
[…]
Le treiziesme jour dud. mois [décembre], le Roy est revenu de Paris à Sainct Germain sur les six heures du soir, et en est parti le vingt troisiesme jour dud. mois.
[…]
Le quatriesme jour dud. mois [juin 1631], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le vingt quatriesme jour apres disner et est allé coucher à Versailles.
[…]
Led. jour vingt huictiesme dud. mois, le Roy est revenu de Versailles en ce lieu et est parti le dixiesme jour de juillet et est retourné aud. Versailles.
[…]
Le quatorziesme jour dud. mois, le Roy est revenu de Versailles en ce lieu et en est parti le dix neufiesme dud. mois pour retourner aud. Versailles, dont il n’est pas revenu mais il est allé à Paris et toute la court s’en est allée.
[…]
Le dix huictiesme jour dud. mois [février 1632], le Roy est arrivé en ce lieu à dix heures du matin et en est parti le vingt et uniesme jour dud. mois apres disner.
[…]
Led. jour [29 février], le Roy est venu coucher à Sainct Germain en Laye et en est parti le sixiesme mars pour aller à Paris, dont il est revenu le huictiesme jour dud. mois de mars.
[…]
Led. jour [8 mars], le Roy est revenu de Paris en ce lieu et en est parti le dix septiesme apres disner, et est allé à Versaille.
[…]
Le vingt deuxiesme jour dud. mois, le Roy est revenu de Versailles en ce lieu et en est parti le vingt deuxiesme jour d’apvril qu’il est allé à Versailles ; il en est revenu le vingt huictiesme dud. mois.
[…]
Le 22 dudict mois [avril], est parti le Roy de Saint Germain pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [28 avril], le Roy est revenu de Versailles icy coucher et y est demeuré jusques au dixiesme jour de may, qu’il est parti pour aller à Amiens avec toute la court.
[…]
Le vingt sisiesme jour dud. mois [novembre], le Roy est arrivé à Sainct Germain apres disner et en est parti le vingt neufiesme dud. mois, apres disner, pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour septiesme de ce mois [décembre], le Roy est revenu de [vide] à Sainct Germain apres disner et en est parti le treiziesme pour aller à Versailles.
[…]
Le seiziesme jour dud. mois, le Roy est revenu de Versailles icy et est parti le vingt et unieseme qu’il est allé à Versailles.
[…]
Led. jour [21 décembre], le Roy est allé à Versailles, est revenu le ving troisiesme apres disner, est parti le vingt septiesme pour aller à Versailles, dont il est revenu le trentiesme jour dud. mois de decembre coucher.
[…]
Le quinziesme jour dud. mois [janvier 1633], le Roy est venu coucher à Sainct Germain et y a esté jusques au vingtiesme qu’il est parti pour aller à Versailles.
[…]
Le vingt septiesme jour dud. mois, le Roy est revenu de Versailles en ce lieu et y a demeuré jusques au troisiesme febvrier, qu’il est parti pour aller [vide].
[…]
Led. jour, le Roy est arrivé en ce lieu apres disner, et en est parti le quatorziesme pour aller à Escouen et Chantilly.
[…]
Led. jour [19 mars], le Roy est arrivé en ce lieu et est parti le vingt neufiesme dud. mois qu’il est allé [coupé].
[…]
Led. jour [3 avril], le Roy est revenu de Versailles en ce lieu apres disner et est parti l’onziesme jour dud. mois pour aller à Paris.
[…]
Led. jour [12 juin], le Roy est arrivé en ce lieu apres disner et en est parti le quatorziesme jour dud. mois.
[…]
Led. jour [27 octobre], led Roy est arrivé en ce lieu apres vespres, et en est parti le quatriesme jour de novembre.
[…]
Le quatorziesme jour dud. mois [décembre], le Roy est revenu de Versailles apres disner et a esté icy jusques au [vide].
[…]
Le second jour dud. mois [janvier 1637], le Roy est party de Sainct Germain et est allé à Versailles, où il est demeuré jusques au neufiesme dud. mois qu’il est revenu en ce lieu apres disner.
[…]
Le neufiesme jour dud. mois, le Roy est revenu de Versailles en ce lieu et y a esté jusques au dix septiesme jour dud. mois.
[…]
Le dix septiesme jour dud. mois, le Roy est parti de ce lieu pour aller à Paris et est revenu icy le dix neufiesme jour dud. mois apres disner, où il a esté jusques au 24e dud. mois.
[…]
Led. jour [24 janvier], le Roy est parti de ce lieu apres disner pour aller à Vitville et à Versailles, d’où il est revenu le premier jour de febvrier.
[…]
Le premier jour de febvrier l’an mil six cens trente quatre, le Roy vint de Versailles en ce lieu apres vespres et en est parti le quatriesme jour dud. mois.
[…]
Le dix huictiesme jour dud. mois, le Roy est revenu de Chantilly en ce lieu et y a esté jusques au vingt cinquiesme jour dud. mois que est parti pour retourner à Chantilly.
[…]
Led. jour [25 février], le Roy est parti de Sainct Germain pour aller à Chantilly.
[…]
Le huictiesme jour dud. mois [avril], le Roy est arrivé en ce lieu et y a esté jusques au dixiesme dud. mois qu’il est parti pour aller à Vigny.
[…]
Le douziesme jour dud. mois, le Roy est revenu en ce lieu apres disner et en est parti le dix huictiesme jour et est allé à Loigny.
[…]
Led. jour [20 juin], sur le soir, le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le dixiesme de juillet oud. an.
[…]
Le second jour dud. mois [octobre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le cinquiesme jour dud. mois.
[…]
Le dix septiesme jour dud. mois, le Roy est arrivé en ce lieu apres disner et en est parti le vingt sixiesme dud.
[…]
Le dernier jour dud. mois, le Roy est revenu de Versailles en ce lieu apres disney et est parti le septiesme novembre pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [12 novembre], le Roy est revenu de Versailles en ce lieu et en est parti le sixiesme janvier suivant 1635.
[…]
Le dixiesme jour dud. mois [janvier 1635], le Roy est revenu de Versailles et a esté icy jusques au vingt quatriesme jour dud. mois, qu’il est parti pour aller à Paris.
[…]
Led. jour [31 janvier], le Roy est revenu de Paris et y a esté jusques au cinquiesme febvrier qu’il en est parti pour aller à Paris.
[…]
Le dernier jour dud. mois [mars], le Roy est arrivé en ce lieu au soir et y a esté jusques à l’onziesme jour d’apvril, jour qu’il est allé à Versailles.
[…]
Led. jour [13 avril], le Roy est retourné de Versailles en ce lieu et y a esté jusques au seiziesme jour dud. mois, qu’il en est parti pour aller à Paris.
[…]
Le treziesme jour dud. mois [juillet], le Roy est arrivé à Sainct Germain et y a sejourné jusques au vingt sixiesme jour dud. mois et feste Saincte Anne, qu’il est parti pour aller à Chantilly.
[…]
Led. jour [21 octobre], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le vingtiesme jour de novembre pour aller à Versailles.
[…]
Led. jour [26 novembre], le Roy est revenu de Versailles au soir er y a esté jusques au dix neufiesme jour de decembre, qu’il est parti pour aller à Paris, dont il est revenu le vingt et uniesme jour et feste de sainct Thomas.
[…]
Led. jour [17 janvier 1636], le Roy est parti pour aller à Versailles.
[…]
Le vingt cinquiesme jour dud. mois, le Roy est arrivé en ce lieu apres disner et en est parti le vingt septiesme de mars pour aller à Loigny, d’où il est revenu le trentiesme dud. mois.
[…]
Led. jour [5 avril], le Roy est parti de ce lieu pour aller à Versailles.
[…]
Le ving troisiesme jour dud. mois [août], le Roy est arrivé en ce lieu et en est parti le vingt cinquiesme dud. mois. »

Mentions dans le registre paroissial de séjours du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le vingt quatriesme jour de septembre 1648, le Roy et la Reyne regente sa mere arriverent à Saint Germain en Laye pour y sejourner avec leur cour.
[…]
Le 30e d’octobre 1648, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller passer son hiver à Paris.
[…]
Le 6e jour de janvier 1649, la feste des roys, le Roy arriva de Paris à Saint Germain en Laye sur les huict heures du matin et entendit la messe en sa chapelle du viel chasteau.
[…]
Le 30e et dernier jour d’avril 1649, le Roy et la Reyne avec toute la cour partirent de ce lieu de Saint Germain en Laye pour aller à Compiegne.
[…]
Le 27e jour d’avril 1652, le Roy arriva à Saint Germain en Laye au retour de son voiage de Poictiers.
[…]
Le 22e jour de may, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller coucher à Corbeil pour le siege d’Estampes.
[…]
Le 17e jour d’octobre 1652, le Roy arriva à Saint Germain en Laye où les deputez de sa ville de Paris le vinrent trouver pour faire leur paix.
[…]
Le 21e jour d’octobre 1652, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour aller en sa ville de Paris, apres en avoir esté tres humblement supplié par les colonels et capitaines commandants et notables bourgeois de lad. ville, venuz en corps aud. lieu de Saint Germain, bien au nombre de deux cents trente ou quarente, sans compter leur train, où ils eurent l’honneur d’estre traictez magnifiquement et sollennelement par Sa Majesté dans son viel chasteau, et visitez pendant leur disner, apres leur avoir esté donnez audience et la paix par Sad. Majesté.
[…]
Le 2e jour de juin 1653, le Roy arriva de Paris à Saint Germain en Laye.
[…]
Le 4e jour dud. mois [de juin], le Roy s’en retourna de Saint Germain à Paris.
[…]
Le 20e jour de juin 1653, le Roy arriva de sa ville de Paris en son viel chasteau de Saint Germain en Laye.
[…]
Le 30e jour de juin 1653, le Roy partit de Saint Germain en Laye pour retourner en sa ville de Paris.
[…]
Ledict jour 26e dud. mois [de décembre], le Roy arriva après midy en son chasteau viel de Saint Germain en Laye.
[…]
Led. jour 29e dud. mois, le retour du Roy dans sa ville de Paris. »

Mentions dans le registre paroissial d’un séjour du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Le seiziesme jour dud. mois [janvier 1623], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le dix huictiesme.
[…]
Led. jour [9 février], le Roy est arrivé à Sainct Germain et en est parti le treiziesme.
[…]
Le sixiesme jour dud. mois [juillet], le Roy est arrivé à Sainct Germain en Laye et en est parti le second jour d’aoust, et la Court est demeurée.
[…]
Le ving troisiesme jour dud. mois, furent mariez en ce lieu, le Roy y estant, ung fruictier suivant la Court nommé [vide]
[…]
Led. jour [7 septembre], le Roy est revenu à Sainct Germain et en est partit le seiziesme.
[…]
Led. jour [23 septembre], le Roy est revenu à Sainct Germain et en est party le sixiesme octobre.
[…]
Led. jour [13 octobre], le Roy est revenu à Sainct Germain et en est party le vingt deuxiesme dud. mois.
[…]
Led. jour [29 octobre], le Roy est revenu à Sainct Germain et en est party le troisiesme novembre tout à faict avec la Court.
[…]
Le vingt septiesme jour dud. mois [juillet 1624], le Roy est arrivé en ce lieu apres disner, et en est parti le vingt [rayé : sept] iesme aoust.
[…]
Le vingtiesme jour dud. mois [d’août], […] le Roy est parti de ce lieu pour aller à Dourdan, la Court est demeurée en ce lieu, et est revenu le premier jour de septembre.
[…]
Le troisiesme jour dud. mois [d’octobre], le Roy est parti de ce lieu pour aller à Dourdan, et la court est demeurée, et est revenu le septiesme jour dud. mois.
[…]
Le vingt et uniesme jour dud. mois, le Roy est parti de ce lieu et y est revenu le [vide]. »

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans la Chronique de Charles VII de Jean Chartier

« [t. I, p. 229] [mai-juin 1436] Comment Saint Germain en Laye fut françois
En ce mesme temps, fut mis le chasteau de Saint Germain en Laye en l’obbeissance du roy de France, moiennant certain argent que le conte de Richemont, connestable de France, en fist bailler au cappitaine qui le tenoit de par les Angloiz.
[…]
[t. II, p. 135-136] [septembre-octobre 1449] De la reddicion de la ville de Gisor par appoinctement et composicion faictes avecques eulx
Cependant que le siege estoit devant le susdit chastel de Gaillart, avant la reddicion d’icelluy deux ou trois jours seulement, le susdit seneschal de Poictou, avec ung des escuyers d’escuyrie du Roy nommé Pariot, et ung aultre nommé Pierre de Courcelles, parens de la femme de Richard de Marbury, chevalier anglois, et capitaine de la ville de Gisors pour le roy d’Angleterre, traictierent et appoinctierent avec ledit de Marbury pour la reddicion d’icelle ville en l’obeyssance du Roy, et firent composicion telle [p. 136] que le susdit capitaine traictia et promit de rendre la place de Gisors dans le dix huictiesme jour du moys d’octobre ensuivant. Et, de faict, se rendit ce cappitaine anglois en l’obeyssance du Roy, et luy fit serment fort solemnel en tel cas accoustumé, parmy ce qu’on luy delivrast purement, nettement et sans despens deux de ses enfans, nommez Jehan et Hemond, lesquels avoient esté prins au Ponteaudemer.
Et oultre ce, luy fust accordé qu’il joyroit des susdites terres de sa femme, que les Françoys tenoient et occupoient, fust par don du Roy ou aultrement. Outre plus, a la requeste des parens de sadite femme, et pour les agreables services que le Roy esperoit que luy et ses enfans luy feroient au temps a venir, il le fit cappitaine de Sainct Germain en Laye, et luy donna sa vie durant seullement tous les profits et esmolumens qui appartenoient a ladite cappitainerie. »

Grandes chroniques de France

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans la Chronique du règne de Charles VI

« [t. I, p. 685] [juillet 1390] Le roi Charles était allé passer quelques jours avec la reine au château de Saint-Germain-en-Laye ; vers le milieu du mois de juillet, à l’heure où l’on célébrait la messe en présence du roi, et où le conseil était assemblé pour délibérer sur l’établissement de nouveaux subsides, un accident imprévu frappa tout le monde de terreur. Le temps était serein, et l’on n’apercevait pas le moindre nuage. Tout à coup, le ciel s’obscurcit et se couvrit, au-dessus de la maison royale et dans une étendue de plus d’un mille, d’épaisses ténèbres que sillonnait de temps en temps la lueur des éclairs ; les bruyants éclats de tonnerre retentirent de tous côtés, et la foudre tomba avec tant de fracas que la maison royale parut sur le point de s’écrouler. Le vent souffla avec une [p. 686] telle violence qu’il arracha de leurs gonds les fenêtres des chambres, et brisa les vitres de la chapelle de la Reine ; les éclats en rejaillirent jusque sur l’autel. Il fallut achever promptement et à voix basse le reste de la messe, de feu que l’hostie consacrée ne fut enlevée des mains du prêtre.
Tant que dura cet orage effroyable, tous ceux qui se trouvaient là n’osaient, dans leur épouvante, lever les yeux, et restaient prosternés à terre. Le conseil même, qui s’était réuni pour délibérer sur les impôts, se sépara ; et sur les instantes de la Reine, qui était près d’accoucher, le Roi défendit peu après de remettre cette affaire en discussion. La Reine en effet était allée trouver le Roi toute tremblante et lui avait assuré que l’oppression du peuple était la cause de ce bouleversement de la nature.
Pendant cet orage, le vent déracina, dit-on, les plus grands arbres de la forêt voisine. Quatre officiers de la cour furent frappés de la foudre, entre Saint-Germain et Poissy ; tous leurs os furent consumés, leur peau seule resta intacte, mais elle était devenue noire comme du charbon.
[…]
[t. II, p. 15] [15 juillet 1392] Déjà les laïques, et surtout les seigneurs de la cour, refusaient de comparaître en justice devant l’Université, malgré ses privilèges, et l’on forçait ses suppôts à payer les contributions. Les docteurs et les professeurs tinrent, suivant l’usage, une grande assemblée pour délibérer sur ces excès, et résolurent d’un commun accord de porter plainte au Roi le jour de la fête de la Trinité. Ils ne purent d’abord obtenir audience ; ils se décidèrent alors, d’après l’avis des conseillers du Roi, à lui présenter une copie de leurs privilèges ; ce qu’ils firent plusieurs fois. Mais voyant l’inutilité de leurs démarches, ils suspendirent leurs leçons et tous les actes des écoles. Cette suspension fit partir de la capitale plusieurs clercs étrangers. Il y eut alors une seconde assemblée, et sur la nouvelle que le roi allait bientôt quitter Paris, le vénérable recteur et vingt députés d’un savoir éminent se rendirent le 15 juillet à Saint-Germain-en-Laye, où il se trouvait, et demandèrent instamment une audience. Le Roi, cédant à de mauvais conseils, la leur refusa encore ; mais enfin il leur accorda leur demande, à la requête de quelques seigneurs de sa cour, qui l’en supplièrent cinq fois à genoux, en lui représentant que cette affaire intéressait l’honneur de sa Couronne. Messire Bureau de la Rivière, le connétable et le sire de Noviant s’étaient rendus leurs principaux intercesseurs. Ce n’était pas qu’ils eussent changé de sentiments ; mais ils avaient d’autres projets. Ils firent en sorte qu’on n’accordât point la parole aux députés, dans la crainte qu’ils ne portassent quelque atteinte à leur crédit ou à l’autorité du roi. Ils savaient de bonne part que les docteurs de l’Université avaient déjà curieusement recherché l’origine et discuté les droits de l’autorité royale sur le clergé, et songeaient à les empêcher de faire entendre les raisons qu’ils pouvaient alléguer à l’appui de leurs propositions. [p. 47] Aussi, dès qu’ils eurent offert au roi l’hommage de leurs salutations, et avant que le docteur en théologie chargé de porter la parole eut ouvert la bouche, le chancelier s’exprima ainsi : « Notre sire le Roi sait fort bien le sujet qui vous amène ; il vous accorde volontiers ce que vous demandez, et vous l’aurait déjà accordé s’il avait lu plus tôt la teneur de vos privilèges ». Après cela, le Roi leur reprocha avec bonté d’avoir suspendu si longtemps leurs leçons, et leur enjoignit de les reprendre. Ils le lui promirent, et partirent ainsi très satisfaits.
[…]
[p. 97] [1393] Pleins d’espoir et forts de leurs bonnes intentions, ils envoyèrent en députation auprès du Roi, qui était alors à Saint-Germain-en-Laye, le recteur et les principaux professeurs des quatre facultés. Le Roi avait auprès de lui un grand nombre d’illustres barons, entre autres les maréchaux et l’amiral de France, et plusieurs princes du sang, parmi lesquels on distinguait le duc d’Orléans, son frère, et ses oncles les ducs de Bourbon, de Berri et de Bourgogne.
Les députés demandèrent et obtinrent une audience. L’un d’entre eux, qui était docteur en théologie, prit la parole, et commença par remercier Dieu de la guérison du Roi. Il déclara que, si le Seigneur avait enfin daigné exaucer les vœux et les supplications de la France, s’il avait entendu les prières des habitants du royaume, c’était pour que le Roi pût désormais veiller aux intérêts de son peuple et de la sainte Eglise catholique. Il maudit ensuite l’exécrable schisme, et fit un éloquent tableau des malheurs enfantés par ce fléau, dont on ne connaissait que trop bien les suites funestes. Il rappela qu’à l’occasion de ce schisme, le mode depuis longtemps malheureux, marchant sur une pente dangereuse et entraîné vers le mal, avait mis de côté tout respect de Dieu et des hommes, s’attachait à ce qui lui était nuisible, et évitait ce qui lui était salutaire. Après avoir présenté toutes ces considérations avec un talent remarquable, il termina en suppliant le Roi, de la part de l’Université, sa fille bien aimée, de travailler au plus tôt à déraciner le schisme. Il lui prouva jusqu’à la dernière évidence que c’était un devoir pour lui, s’il ne voulait pas perdre le titre de Roi très chrétien.
Le duc de Berri était, en vertu de son droit d’aînesse, celui des princes [p. 99] du sang qui devait porter la parole au nom du Roi. Aussi les députés n’étaient-ils pas sans inquiétude ; car le duc avait toujours été le champion le plus zélé du pape Clément. Mais leurs craintes cessèrent lorsqu’ils entendirent répondre à peu près ces termes : « Nous pensions que la durée si prolongée de cet exécrable schisme est une tache pour le Roi et pour sa royale famille. Puisque tout le monde en est également fatigué, cherchez un moyen d’y mettre un terme pour l’honneur du royaume. Si vous proposez une voie qui reçoive l’approbation du Conseil, soyez sûrs que nous nous empresserons de la mettre à exécution.
La maison royale de France n’avait point paru jusqu’alors très zélée pour le rétablissement de l’union. Les députés de l’Université adressèrent mille remerciements au Roi et à l’assemblée, et après avoir pris congé d’eux, ils retournèrent pleins de joie vers leurs collègues pour leur faire part de ce qu’ils avaient obtenu.
[…]
[t. III, p. 283] [juillet 1405] La Reine et le duc d’Orléans, qui étaient alors à Saint-Germain-en-Laye, apprirent avec un juste étonnement ce qui venait d’arriver. Ils rendirent grâce à Dieu non seulement d’avoir sauvé le Dauphin, mais encore de les avoir la veille délivrés eux-mêmes d’un grand danger. Je crois devoir faire connaître ici les circonstances de cet autre accident. Ils étaient sortis tous deux pour faire une promenade dans la forêt voisine lorsqu’un orage, accompagné de violents coups de vent et de torrents de pluie, força le duc à se réfugier dans la voiture de la Reine. Les chevaux, effrayés par le mauvais temps, s’emportèrent et se dirigèrent rapidement vers la Seine, malgré les efforts de leurs conducteurs. Ils s’y seraient précipité avec la voiture si le cocher n’eût coupé les traits en toute hâte ».
[…]
[t. VI, p. 119] Le duc de Bourgogne, considérant ces dispositions, ou plutôt, si je dois m’en rapporter à ce que ses gens m’ont assuré depuis, craignant d’encourir le courroux de saint Denys, le patron particulier de la France, en faisant quelque tentative contre l’abbaye où étaient déposées les corps des rois de France, dont il se glorifiait de tirer son origine, rebroussa chemin, d’après l’avis de ses principaux chevaliers, et aller occuper, sans rencontrer d’obstacle, la résidence royale de Saint-Germain-en-Laye. Il y mit garnison et s’empara le lendemain, sans coup férir, du pont de Poissy construit sur la Seine. Il alla ensuite visiter dans la royale abbaye de religieuses, qui était près de là, madame Marie, fille du Roi, sa cousine, qui avait pris le voile. Il lui présenta ses compliments respectueux, lui donna le baiser de paix et dîna avec elle. »

Grandes chroniques de France

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans la chronique de Pierre Driart

« [p. 124] Le samedi XIIIe jour dudict moys [avril 1527], par le commandement du Roy, lors estant à Sainct Germain en Laye, et lequel y avoit esté longue espace de temps depuis son retour des Espaignes sans entrer dans Paris, nonobstant qu’il [p. 125] eust approché et passé soubz les pontz, et lequel estoit fort courroucé contre la ville, furent mis prisonniers au Louvre mons. Merlin, penitencier de mons. de Paris, mons. Boucherat, advocat en la Court, mons. de Gris, ung autre nommé Boyleaue, et des marchans de ladicte ville, lesquelz, comme on disoit, n’avoient voulu estre de consentement que on se obligeast aux Angloiz pour quelque deu comme ilz vouloient soubz ung nisy, qui fut chose assez estrange à ouyr.
Et, le dimenche apres disner, jour de Pasques fleuries, ledict s. le Roy nostre sire entra en ceste ville de Paris et logea aux Tournelles, et se tint quelque espace de temps au boys de Vincennes.
[…]
[p. 136] Item, vers la fin de ce present moys [novembre 1528], madame la royne de Navarre, seur du roy de France, acouchea d’une fille au chasteau de Sainct Germain en Laye, comme on disoit pour lors.

Driart, Pierre

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans le Journal des guerres civiles de Dubuisson Aubenay

« [p. 9] [19 février 1648] Le Roi et la Reine vont à Saint-Germain voir la reine d’Angleterre, malade, affligée des mauvaises nouvelles du roi son mari, prisonnier de ses sujets parlementaires en l’ile de Wight.
[…]
[p. 65] [22 septembre 1648] Préparatifs de cour pour s’en aller le lendemain à Saint-Germain-en-Laye.
La nuit d’entre le 22 et le 23, on a enlevé de l’hôtel de Condé ce qu’il y avoit de précieux.
[…]
[p. 66] [23 septembre 1648] Le soir, les prévôt des marchands et échevins sont mandés à Ruel, où la cour demeure.
[…]
La reine d’Angleterre arrive au Louvre, à Paris.
[…]
Ce jour, madame du Plessis s’en va coucher, avec madame la comtesse de Miossens, à Meudon, chez madame de Guénégaud, leur mère. Mais ce soir même, à six heures, madame d’Orléans y arriva avec ses enfants et son train et y coucha, comme aussi le lendemain, et n’en partir que le lendemain, après midi, pour Saint-Germain.
Jeudi 24, que le parlement étant assemblé à Paris, y vinrent au parquet des gens du Roi, les sieurs de Choisy, de Caen, chancelier de M. le duc d’Orléans, et chevalier de Rivière, agent de M. le prince de Condé, chargés d’une lettre chacun, de la part de leurs maîtres […]. Toutes deux prient la compagnie de députer et envoyer le lendemain vendredi 25, dès le matin, pour dîner à Saint-Germain, où cependant Leurs Majestez allèrent de Ruel coucher le jeudi soir, et là conférer sur les affaires présentes. […]
[p. 67] [25 septembre 1648] Le même vendredi, après midi, madame la duchesse d’Orléans partit de Meudon et alla coucher à Saint-Germain.
Les députés du parlement furent à Saint-Germain, où ils furent bien dînés par le contrôleur général de la maison du Roi et y virent seulement les princes, auxquels ils firent trois demandes, et une avant toutes, savoir la continuation du parlement, par la [p. 68] bouche du premier président : la première, que le Roi retournât à Paris pour assurer le peuple, la deuxième que les prisonniers d’Etat soient mis en liberté et les exilés rappelés, la troisième que le Roi, la Reine et les princes donnent et pourvoient de sûreté suffisante aux députés du parlement pour faire la conférence avec lesdits seigneurs princes, après que ces trois demandes auront été vidées. On les remit à envoyer quérir leur réponde dimanche prochain.
[…]
Dimanche 27, le parlement, par ses députés, retourna dîner à Saint-Germain, fut bien traité et vit la Reine ; et s'assemblant avec les princes seuls : sur la continuation du parlement durant les vacances, leur fut accordée pour huit jours, sans préjudice de la première parole de créance jointe à la première continuation de prolonger autant qu'ils en auroient besoin. Sur le retour du
Roi à Paris et la comparution ou venue des princes au Palais, en parlement, fut répondu qu’il n’y avoit pas assez de sûreté de la part du peuple. Pour le troisième point, concernant les prisonniers qui doivent être interrogés au bout de vingt-quatre heures après leur capture, le chancelier, qui s’y trouva, comme aussi le maréchal et surintendant de la Meilleraye, et avec lui M. Tubeuf, parla, disant que l’ordonnance en avoit été faite par les rois pour montrer et prescrire aux juges et officiers du royaume comme ils en devoient user dans les formes ordinaires, mais ce n'est pas dire que le Roi se soit lié les mains par là et astreint d'en user de même pour les prisonniers d’Etat, dont les crimes sont souvent si secrets, que même il n'est pas à propos qu’on leur donne à connoitre à eux-mêmes, que c'est pour cela que l’on les a emprisonnés. Pour le quatrième point, de la sûreté du Parlement, on la lui promit toute entière, jusqu’au bout de la conférence, laquelle on a ce jour même commencée, en faisant voir les rôles ou registres et livres des états des finances ; et la continuation fut remise à jeudi prochain.
[…]
[p. 70] Ce même jour de jeudi, premier octobre, les députés du parlement allèrent à Saint-Germain, où presque tous les présidents, qui se prétendent naturels députés, qui n’y avoient point encore été, y furent. M. le chancelier s'y trouva avec les princes. Sur le point du relâchement des prisonniers et de la sécurité publique, il fut, par les députés, dit et allégué que Louis XI, roi sévère et qui avoit en son règne emprisonné toutes sortes de gens à tort et à travers, comme s'en repentant, avoit fait une ordonnance, qui se trouve en la conférence des ordonnances ou volume de Fontanon, par laquelle il ne vouloit point qu’un officier, quel qu’il fût, pût être destitué ni privé de sa fonction qu’après poursuites contre lui juridiquement faites par devant ses juges naturels. Depuis lors, cela s'est pratiqué, les offices n’étant point vénaux, on n’en a ôté [p. 71] aucun à personne qu’en l’an 1561, le Roi en destitua un de sa fonction pour contenter le roi de Navarre ; mais ce ne fut que pour trois jours, au bout desquels il fut rétabli, comme aussi sous Henri IV cela est arrive. Et n’y a que sous Louis XIII, sous le
Gouvernement du cardinal de Richelieu, après celui de Luynes et du maréchal d'Ancre qui avoient commencé, que la destitution et interdiction des conseillers du parlement et des chambres entières ont eu lieu. Le parlement demande donc qu’à présent la Reine donne sûreté et promette s’abstenir de telles choses, en rappelant les exilés et libérant les prisonniers. M. le duc d’Orléans a été contre cela, disant que c’étoit la sûreté de l’Etat que le Roi et son Conseil puissent destituer les brouillons et se saisir des gens suspects etc. Et sur ce que le parlement a représenté que cette sûreté qu’il demandoit, regardoit lui et les autres princes, il a répondu que les princes devoient vivre près du Roi et de la Reine si bien qu’ils ne donnassent sujet de devenir fâcheux ni suspects, et que, pour lui, il y vivoit de sorte qu’il ne craignoit point de tomber jamais en tel inconvénient.
Enfin le parlement est retourné le soir même à Paris sans rien obtenir, sinon que samedi prochain il eût à retourner par les mêmes députés pour avoir la réponse sur cette demande que
M. d’Orléans se chargeoit de porter à la Reine, mais n’assuroit pas d'obtenir. Cependant M. le Chancelier a rendu auxdits députés tous les articles des assemblées ci devant tenues par les cours unies dans la chambre Saint-Louis, avec la réponse à chacun d’iceux, selon qu’ils sont accordés ou non. Là, le quartier de la remise de la taille au peuple pour 1648 n’est qu’à condition des charges préalablement déduites. Le chancelier a ajouté que si le parlement ne reçoit l’offre de la Reine, ainsi qu’elle l’a fait, elle ne tiendra rien de toutes les autres choses par elle accordées sur les autres points.
[…]
[p. 72] [3 octobre 1648] Samedi 3, les députés du parlement furent à Saint-Germain et y dînèrent par ordre du grand maître de France, M. le Prince, lequel, avec le duc d’Orléans, suivi du chancelier, les vint trouver assez tard et dit le chancelier, d’abord, qu’on ne se savoit assez étonner comme le parlement, durant une conférence qui est comme une surséance et trêve entr’eux, a donné l’arrêt d’ôter les quarante sols pour chaque bœuf que l’on payoit au Roi pour avoir gratifié son peuple de la remise du sol pour livre ; à quoi le Premier Président repartit vertement que le parlement s’étonnoit lui-même comme, puisque le Roi en avoit gratifié son peuple, on lui avoit si longtemps fait payer ces quarante sols, sans que Sa
Majesté en profitât. Et ainsi eurent plusieurs paroles, le Premier Président disant que c’étoit lui qui avoit signé ledit arrêt d’hier et avoit eu raison.
De là il passa sur certains droits et offices que ledit chancelier a établi sur le sceau et qui seront ou doivent être ôtés comme abusifs et à la foule du peuple. Le président de Nesmond interrompit, disant que ce n’étoit l’objet de leur venue, mais pour avoir contentement et réponse précise sur la sûreté de leurs personnes et de tout le monde et pour le relâchement des prisonniers. M. le duc d’Orléans dit que tous engageoient leur parole avec celle de la Reine que dans trois mois les prisonniers auroient liberté, sur quoi le Premier Président dit que ce n’étoit contentement, ains amusement, et se voulut lever pour s’en aller. Le prince de Condé parla et le retint, disant qu’il iroit avec M. d’Orléans supplier la Reine là-dessus et s’y en alla, le chancelier aussi avec eux et furent si longtemps que le parlement s’ennuya et s’en voulut aller. Là-dessus les princes et le chancelier retournèrent et [p. 73] voulurent recommencer ; mais le parlement dit qu’il ne se pouvoit annuiter et que le jeudi précédent, le peuple impatient de ce qu’ils ne retournoient point avant la nuit, fut sur le point de se mutiner et tendre les chaînes, craignant qu’on ne les eût retenus à Saint-Germain pour entreprendre sur Paris et qu’ils vouloient, à ce coup, prévenir tel désordre. Les princes étonnés prièrent qu’ils revinssent mercredi, et, sur refus, lundi, mais le Premier Président dit qu’il falloit finir et qu’ils ne croyoient pas que le peuple les voulût laisser retourner, toutefois que le lendemain dimanche 4, après dîner, ils reviendroient et se rendroient là sur une à deux heures, pour la dernière fois, comme ils ont fait, et ont obtenu par écrit de la Reine (laquelle a désiré un contre écrit des princes, comme tel étoit leur avis, et ils l’ont baillé à Sa Majesté) et [des] princes, qu’aucun officier ne seroit emprisonné, qu’au bout de vingt quatre heures il ne fût livré à ses juges naturels, pour lui être faite interrogation et procès. Que quant aux personnes d’autre qualité, dans trois mois ils seroient rendus au parlement, ou autres, leurs juges naturels, pour leur faire procès.
[…] [13 octobre 1648] Une lettre de cachet est venue avec ordre d’aller à Saint-Germain.
Les députés y sont arrivés à trois heures de relevée. Le Premier Président a dit à la Reine que la raison d’ôter cette entrée étoit parce que c’étoit un impôt jadis mis et établi seulement pour trois ou quatre ans et qui depuis avoit été par abus continué sans lettres du Roi. La Reine a dit que les délais, dont le parlement usoit, minoient les affaires du Roi et qu’ainsi il avoit [devoir] de finir dans demain, moyennant quoi elle offroit de rabais, sur toutes les levées qui se font à Paris, la somme de douze cens mille livres par an. Le Premier Président a répliqué qu’il étoit impossible de finir dans demain, y ayant encore beaucoup à examiner sur le tarif. La Reine s’est retirée en un coin du cabinet avec son Conseil, les députés en un autre coin, puis, eux faits venir, le chancelier a dit de la part de la Reine qu’elle faisoit le rabais de douze cens mille livres à Paris, outre l’impôt tout nouvellement et cette année mis de vingt et un sols par muid, pourvu que le parlement cessât ses assemblées dans jeudi soir, sauf à lui à députer commissaires pour le règlement de ces douze cens mille livres sur toutes les denrées sur lesquelles on lève ; et qu'elle ne pouvoit pas accorder une déclaration du Roi, que le Premier Président avoit demandée, pour autoriser l’arrêté de ce matin là, pour les [p. 77] cinquante huit sols ôtés sur le vin, parce que cela iroit à donner telles déclarations tantôt sur le bois, or sur le charbon, or sur le sel et sur les autres denrées, qui iroient à des longueurs entièrement ruineuses aux affaires du Roi et à des sommes que les affaires du Roi ne sauroient souffrir.
[…]
[p. 78] [15 octobre 1648] Cependant le sieur de Sainctot, parti ce matin avec M. du Plessis de Saint-Germain-en-Laye, est venu de la part de la Reine, vers laquelle les gens du Roi durent, en vertu d'une lettre de cachet, aller après dîner pour la supplier de donner les deux millions de rabais à Paris ; ce qu’ils firent, et trouvèrent la Reine retournant avec le Roi de Pontoise, de la visite de la mère Jeanne. Sa Majesté fit répéter deux ou trois fois la promesse de finir dans dimanche et, à cette condition, elle promit les deux millions, ajoutant qu’à proportion d’iceux, elle fit aussi diminution à toutes les villes du royaume.
[…]
[p. 79] [20 octobre 1648] Les députés, qui ont été de jour à autre à Saint-Germain vers la Reine et les ministres, se sont assemblés, l'après dîner, chez le Premier Président, pour rédiger par articles toutes choses.
[…]
[p. 81] [28 octobre 1648] Ce jour 28, la chambre des Comptes fut à Saint-Germain faire ses plaintes et remontrances contre le parlement, sur les sixième et septième articles de la déclaration du Roi du 22 octobre, vérifiée en parlement le 24, et le président Nicolai harangua à merveille, sans perdre respect à Leurs Majestés.
[…]
[29 octobre 1648] Le prévôt des marchands et les échevins de Paris à Saint-Germain, pour le retour du Roi en sa bonne ville.
Au soir, avis de Saint-Germain que le lendemain, vendredi 30, toute la cour déménage et ramène ses meubles de Saint-Germain à Paris.
[…]
[p. 82] [31 octobre 1648] Samedi au soir, le Roi, la Reine, toute la cour avec, retournent à Paris, à petit bruit, et sans que le peuple ait eu, comme il eût bien voulu, permission d’aller au devant, ni faire réception ; cela pour éviter toute assemblée.
[…]
[p. 102] [6 janvier 1649] Mercredi 6, jour des rois, à sept heures du matin, le comte de Miossens est venu chez M. du Plessis de Guénégaud, auquel, en ce même temps, on apporta à signer la lettre du Roi ci-après mentionnée, écrite au prévot des marchand, l’averti que, sur les trois heures, le Roi étoit parti du Palais-Royal avec la Reine et le cardinal Mazarin, et étoit allé à Saint-Germain. Messieurs les ducs d’Orléans et prince de Condé avoient suivi en même temps. En peu d’heures après, lesdits sieurs du Plessis, secrétaire d’Etat, et comte de Miossens, son beau frère, se sont mis en carrosse du premier, à six chevaux, et ont été en cour. Une heure après eux, sont partis les enfants dudit sieur du Plessis, pour aller à Fresne.
[…]
[p. 103] Cependant est arrivé une lettre de cachet, signée de Guénegaud, au prévôt des marchands et échevins de Paris, par laquelle le Roi dit qu'il s’en étoit allé, non pour déplaisir qu’il eût de sa bonne ville de Paris, mais pour la crainte d’aucuns du parlement qui avoient intelligence avec ses ennemis et dessein sur sa personne.
Il y arriva aussi deux lettres aux mêmes gens de la ville, une du duc d’Orléans, l’autre du prince de Condé, portant que c’étoit par leur avis que leRoi s’en étoit allé. Elles furent, comme l’autre, portées au parlement, où elles sont demeurées.
Aussitôt que la nouvelle du « Regifugium » a été connue dans le quartier Saint-Honoré, la populace s’est amassée vers la Friperie et les Halles ; et comme un chariot passoit, chargé d’argent au sieur Bonneau, il a été pillé, vis à vis des pilliers de ladite Friperie et de la rue Tirechappe. On dit aussi qu’un autre chariot fut pillé à la rue Fromenteau. Item un carrosse du comte de Tillières et celui du maréchal d’Estrées, où il y avoit deux cassettes, l’une d’argent, l’autre de papiers.
Les meubles et bagage du Roi, demeurés au Palais-Royal, sous la conduite du sieur du Mont, sous-gouverneur de Sa Majesté, furent exposés à sortir sur des mulets, mais arrêtés à la porte et renvoyés. Depuis lors, ont resté là ; mais le 10 janvier on a dit que conseillers du parlement étoient députés pour aller visiter ce qui appartenoit à la personne du Roi, et le faire passer ; le reste demeurant ici.
Le Roi coucha au lit du maréchal de Villeroy et la Reine en celui de M. le Prince, à Saint Germain. »

Dubuisson-Aubenay, François-Nicolas

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans le Journal d’un bourgeois de Paris

« [p. 310] [1436] Quant les Françoys ou Arminalx virent qu’ilz ne porent trouver autre accort, ilz se misdrent sus plus fort que devant, et se mirent en Normendie à puissance, et en pou de temps gaignerent des meilleurs pors de mer qui y soient, comme Montyvillier, Dieppe, Harefleu et autres bonnes villes et chastellenies [p. 311] assez, et apres vindrent plus pres de Paris, et gaignerent Corbeil, le Bois de Vincenne, Beauté, Pontoise, Sainct Germain en Laie, et autres villes et chasteaux assis autour de Paris, par quoy nul bien ne povoit venir en la ville de Paris de Normendie ne d’ailleurs, ne pour monter ne pour avaller aucuns biens.
[…]
[p. 343] [1439] Ou moys de janvier fut prins par les Angloys le [p. 344] chastel de Sainct Germain en Laye, et fut par un faulx religieux de Saincte Genevieve, nommé Carbonnet, lequel estoit prieur de Nanterre, et se fist privé du cappitaine dudit chastel, et tant fist qu’il y entroit a quelque heure qu’il voulloit, et savoit touzjours où les clefs estoient, que on ne se deffioit point de lui ; et le mauvais homme alla a Rouen et promist au conte de Varvic que, se il lui voulloit donner IIIc salus d’or, qu’il luy randroit le chastel, et on les lui bailla, et le faulx traistre leur livra le chastel au jour qu’il avoit promis. Et environ XII ou XV jours apres, fut prins et recongnut toute la traison, et fut jugé a prinson perpetuelle, chargé de gros fers, jambes et bras, et ne menger jamais que pain et eaue, et tres pou. »

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans le Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de François premier

« [p. 79] Audict an 1518, jeudy trente unisme et dernier jour de mars, accoucha la royne Claude de son deuxiesme filz, a Sainct Germain en Laye, pres Paris, environ six heures de matin ; lequel fut intitulé duc d’Orleans et baptisé au dict lieu, le dimanche cinquiesme jour de juing ensuivant. Et le leva des sainctz fondz l’ambassadeur du roy d’Angleterre, qui estoit pour lors a Paris, aussy le tint l’ambassadeur d’Escosse, lesquelz ambassaddeurs avoient procuration de ce faire de leurs maistres ; et y fut la commere madame d’Alençon, tante de l’enfant. Peu de temps [p. 80] apres, l’enfant fut porté a Bloys, en lictiere, pour le faire nourrir avec monsieur le Daulphin, son frere, qui aussi y fut nourry.
[…]
[p. 87] Au dict an 1520, le vendredy au soyr, troisieme aoust, environ onse ou douze heures de nuict, accoucha la royne de France, a Sainct Germain en Laye, d’une fille, et le merquedy vingt huictiesme jour du dict moys, elle fut baptisee au dict lieu et nommee Magdalaine, et la leverent sur les sainctz fondz de babtesme l’ambassadeur de Venise, qui pour lors y estoit, madame d’Alençon, sa tante, et l’une des seurs du roy de Navarre.
[…]
[p. 118] L’an 1521, le mercredy vingt deuxiesme janvier, la royne de France accoucha d’un filz a Sainct Germain en Laye, lequel fut intitulé le duc d’Angoulesme, qui fut le troysiesme filz que la dicte Royne a eu et le cinquiesme enfant, comprins deux filles, dont la premiere estoit nommée madame Loyse, laquelle mourut jeune enfant. Et fut baptisé iceluy filz au dict lieu de Saint Germain le samedy premier jour de mars ensuyvant, et le leverent des saincts fondz de baptesme [p. 119] deux des seigneurs [des] cantons de Suisse, lesquelz le Roy manda querir lors en leur pays ; et pour la marreine estoit madame d’Allençon, tante de l’enfant et sœur du dict roy de France. Et fut nommé au dict baptesme Charles, auquel baptesme y eut grand triomphe.
[…]
[p. 122] [1522] Au dit an, le huictiesme mars, furent penduz a Paris deux orfevres qui avoient desrobbé environ pour quatre mil livres de la vaisselle du Roy, estant lors logé au logis de monsieur de Villeroy ; ce larcin fut faict le lendemain de la feste des roys. Et furent condamnez par le prevost de l’hostel du Roy. Et en y eust un ou deux autres qui furent aussi penduz et estranglez pour mesme cas, a Sainct Germain en Laye, condamnez par le prevost de l’hostel aussi, et un orfevre qui fut battu au cul de la charrette.
[…]
[p. 158] L’an 1522, le vingt et troysiesme de septembre, il y eut un nommé maistre Pierre Piefort, qui estoit de devers Tours, lequel fut bruslé tout vif a Sainct Germain en Laye, lorsque le Roy, la Royne et la noblesse y estoient ; et fut parce qu’un peu auparavant il avoit prins et desrobbé la couppe d’argent doré qui estoit en l’eglise du dict lieu, auquel reposoit le precieux corpus Domini, et porta le corpus Domini entre des pierres, où anciennement madame Saincte Geneviefve, en son vivant, gardoit les brebis a Nanterre ; et apporta la coupe a Paris et en fut trouvé sais en une taverne, puis mené prisonnier en Chastelet, et de la fut envoyé querir par le prevost de l’hostel du Roy, auquel il confessa le cas et le lieu auquel estoit le corpus Domini. Tost apres et incontinent, le Roy avec grand nombre de seigneurs y allerent, chacun une torche de cire ardente en la main, et fut porté le ciel par quatre seigneurs et portoit le Roy luy mesme sa torche la teste nue ; et fut apporté par le cardinal de Bourbon, en grande reverence, soubz le ciel, et remis en sa place, en l’eglise de Sainct Germain, le dict corpus Domini. Et fut le malheureux grievement puny.
[…]
[p. 166] L’an 1523, le vendredy, lendemain de la feste [p. 167] Dieu, jour de juing, accoucha la royne de France d’une fille a Sainct Germain en Laye, pres Paris, qui fut baptizee au dict lieu le mardy XXIe jour de juillet ensuivant, et nommee Marguerite ; et la tint sur les sainctz fondz madame d’Alançon.
[…]
[p. 300] Au dict an 1526, le lundy sixiesme de novembre, le Roy vint à l’environ de Paris et s’en alla loger au bois de Vincennes. […] Il estoit revenu de Bloys pour son reetour d’Espaigne et avoit passé par Chartres. […]
Et le lundy ensuivant, il alla à Sainct Denis en France, ou il fist ses offrandes et fist remettre les chasses en leurs lieux, et de la s’en alla a Escouen, appartenant a monsieur de Montmorency, ou il fut quelques jours.
Puis de la s’en alla a Sainct Germain en Laye, ou estoit madame la Regente, sa mere, madame Renee, fille du feu roy Louis douziesme, seur de la dicte feue Royne, et toute la noblesse d’hommes et femmes. Et y estoient le roy de Navarre et monsieur de Lorraine, qui estoit venu devers le Roy environ huict jours devant, monsieur de Vendosme, le comte Saincy Paul, son frere, monsieur de Lautrec et plusieurs grands seigneurs bretons et autres seigneurs de France.
Et depuis se tint le Roy par long temps au dict lieu de Sainct Germain en Laye, sans venir en la ville de Paris, sinon que par nuict.
[…]
[p. 301] Au dict an 1526, en decembre, vindrent nouvelles a Paris, lorsque le Roy estoit a Sainct Germain en Laye, que le quatriesme jour du dict mois de decembre, il y eust un gros combat sur la mer entre l’armee de l’Empereur et l’armee de France.
[…]
[p. 302] Au dict an, le mercredy, lendemain de Noel, le vingt sixiesme jour de decembre, madame la duchesse, veufve de feu monsieur d’Alançon, seur du Roy, fut fiancee au roy de Navarre a Sainct Germain en Laye, ou estoit le Roy et toute la noblesse.
[1527] Et le mercredy penultieme jour de janvier au dict an, ilz furent espousez au dict lieu de Sainct Germain. Apres furent faictes jouxtes et tournois et gros triomphe par l’espace de huict jours ou environ, au dict lieu de Sainct Germain.
[…]
[p. 315] Au dict an 1526, en decembre, lorsque le Roy estoit a Sainct Germain en Laye, fut defendu de par le Roy a quatre conseillers de parlement de ne plus aller a la dicte cour sans l’authorité et vouloir du Roy. C’est asscavoir messieurs Disques, Gennequin, Le Coq et au procureur general du Roy nommé Rogier. On dit que ce fut a cause qu’ilz estoient contre le chancelier, touchant l’abbaie de Sainct Benoist, vaccante par la mort de feu monsieur Poncher, archevesque de Sens, et tenoit la cour pour monsieur de Paris, qui estoit nepveu du dict feu archevesque de Sens, qui avoit esté esleu abbé.
[1527] Au dict an, lundy, dix septiesme de fevrier, apres diner, fut, en la grande eglise Nostre Dame de Paris, chanté Te Deum laudamus. […] Et le mercredy suivant furent [p. 316] faictes processions generalles où estoient les prevost et eschevins de la ville, avec grand peuple où on porta chasses, reliques et alla on a Nostre Dame de Paris, les rues tendues. Ce qui fut faict par ordonnance et commandement de madame la Regente, elle, le Roy et la noblesse estans a Sainct Germain en Laye, et ce a cause qu’elle mandoit que le Roy avoit eu nouvelles de ses cappitaines et gens d’armes qu’il avoit dela les mons, c’est asscavoir le seigneur Rance, Italien, qui estoit la ligue des Ursins, et tenoit le party du Roy, le comte de Vaudemont, frere puiné de monsieur de Lorraine, le marquis de Saluces et autres, qu’ilz avoient deffaict quelque nombre de gens d’armes, arrivez au port de Gayette pour l’Empereur, voulans aller a Rome prendre le pays et apres aller a Naples, et le seigneur d’Arcon, et le prince d’Aurenge, avec grand nombre de gens d’armes tant de cheval que de pied.
[…]
[p. 323] L’an 1527, au moys de may, vindrent nouvelles au Roy, luy estant à Sainct Germain en Laye, avec madame la Regente, sa mere, et toute la noblesse, de la desolation et ruine faicte a Rome, par monsieur de Bourbon, et les Espaignolz qui y estoient de par l’Empereur, et des François.
[…]
[p. 337] L’Empereur et son conseil, estant en Espaigne, scachant ces choses, fist detenir et prendre prisonniers les ambassadeurs de France qui estoient allez vers le dict Empereur de par le Roy, asscavoir l’evesque de Terbe et autres, pour traicter de paix et ravoir messieurs les enfans de France, tenans hostage pour le Roy. Et fut ce faict en fevrier 1527 [1528].
A ceste cause, le Roy, estant a Sainct Germain en Laye, fist aussi arrester tous les marchans et marchandises de Fladre qui estoient par deça en son royaume ; fut aussi semblable arrest de par madame Marguerite, tante de l’Empreur, et regente pour luy en Flandres, [sur] les marchans et marchandises de France estans en ce pays la.
[…]
Au dict mois de mars 1527 [1528], le prevost des marchans et aucuns des eschevins de la ville de Paris allerent à Sainct Germain en Laye vers le Roy et le chancelier leur faire remonstrance du grand dommaige [p. 338] que les marchans de Paris et d’ailleurs avoient eu au moien des dictz arrestz.
[…]
[p. 341] Au commencement d’avril, apres Pasques 1528, messieurs les Enfans de France, c’est asscavoir le petit duc d’Angouleme et une fille, vindrent de Bloys a Sainct Germain en Laye, par mandement du Roy.
[…]
[p. 342] 1528, le quinziesme avril apres Pasques, vindrent nouvelles au Roy, a Sainct Germain en Laye, de l’armee de monsieur de Lautrec, son lieutenant general dela les montz, estant au royaume de Naples, qu’il avoit prins la cité de Melphe.
[…]
[p. 344] Au dict an 1528, en may, vindrent nouvelles a Sainct Germain en Laye, et aussi le pape escrivit au cardinal Salviati, legat, qui estoit pour lors a Paris, que noz ennemys, asscavoir les Espaignolz et autres nations, estoient a Naples en grand nombre.
[…]
[p. 346] Au dict an 1528, en may, vindrent nouvelles au Roy a Sainct Germain en Laye que la ville de Pavie s’estoit revoltee contre luy et avoit esté baillee aux Espaignolz pour l’Empereur.
[…]
[p. 425] Apres l’arrivement de madame Eleonor en France, et de messeigneurs les Enfans, et qu’ilz eussent faict leurs entrees a Bordeaux, Bayonne, Angoulesme, Sainct Jean d’Angely, Loches et non point a Poictiers, ne a Tours, a cause de la mortalité, Amboyse, Blois et autres lieux, la dicte Royne fist son entree en la ville d’Orleans, ou elle y fut honnorablement receue, a rues tendues, et ciel sur elle, en gros triomphe, et fut le jour sainct André, au dict an 1530, ou y passa ce jour le Roy, qui s’en alla en son lieu de Fontainebleau. L’on dict que la Royne s’en alla ce jour d’Orleans pour s’en aller apres le Roy. Elle fut logee en la maison royalle de Sainct Aignan, que le feu roy Loys onziesme fist faire en son vivant.
[p. 426] Puis s’en alla au dict lieu de Fontainebleau ou l’attendoit le Roy. Puis le Roy et elle, avec toute la cour, s’en vindrent au boys de Vincennes, et y arriverent le lundy XIXe jour de decembre, au dict an 1530, puis s’en allerent a Saint Germain en Laye faire la feste de Noel, sans que la Royne passast par la ville de Paris, attendu qu’elle n’y avoit encores faict son entree. »

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V de Christine de Pisan

« [p. 612] Aulcunes foiz avenoit, et assez souvent ou temps d’esté, que le Roy aloit esbatre en ses villes et chasteauls hors de Paris, lesquelz moult richement avoit fait refaire et reparer de solemnelz edifices, si comme a Meleun, a Montargis, a Creel, a Saint Germain en Laye, au Bois de Vincennes, a Beauté et mains autres lieux ; la, chaçoit aucunes foiz et s’esbatoit pour la santé de son corps, desireus d’avoir doulz et attrempé, mais en toute ses alees et venues et demeures estoit tout ordre et mesure gardee, car, ja ne laissast ses cotidiennes besongnes a expedier ainsi comme a Paris.
[…]
[p. 617] Avint une foiz, nostre Roy estant au chastel qu’on dit Saint Germain en Laye, une femme vefve, devers luy, à grant clamour et lermes, requerant justice d’un des officiers de la court, lequel par commandement avoit logié en sa maison, et celluy avoit efforcé une fille qu’elle avoit ; le Roy, moult airé du cas lait et maulvaiz, le fist prendre, et le cas confessé et actaint, le fist pendre, sanz nul respit, à un arbre de la forest.
[…]
[t. II, p. 76] Nostre roy Charles fust sage artiste, se demonstra vray architecteur, deviseur certain et prudent ordeneur, lorsque les belles fondacions fist faire en maintes places, notables edifices beaux et nobles, tant d’esglises comme de chasteaulx et austres bastimens, a Paris et ailleurs. […] [p. 77] Moult fit redifier, notablement de nouvel : le chastel de Saint Germain en Laye, Creel, Montargis ou fist faire moult noble sale, le chastel de Meleun, et mains autres notables edifices. »

Christine de Pisan

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans le journal de Jean Vallier

« [t. I, p. 95] [27 août 1648] Il fut pourtant enfin convenu que, tout presentement, la Reine renverroit querir lesdits sieurs de Broussel et du Blancmesnil, et les mettroit en liberté. […] [p. 96] Aussi fit-on partir à l’instant meme deux carrosses du Roi pour executer au plus tôt les ordres de la Reine, conformement à ce qui venoit d’etre arreté. M. du Blancmesnil retourna des le soir du meme jour 27e aout, parce qu’il n’etoit pas plus loin que le Bois de Vincennes ; mais M. de Broussel, que l’on avoit conduit le jour precedent dans le chateau de Saint Germain en Laye et auquel l’on faisoit prendre la route de Sedan par un chemin de traverse et peu frequenté, n’ayant pu etre rencontré qu’aupres du Mesnil Madame Rance, il ne fut pas possible de le ramener à Paris que sur les neuf heures du lendemain [p. 97] matin 28e, si bien que l’on demeura sous les armes toute la nuit.
[…]
[p. 105] Le mardi suivant 22e septembre que le Parlement recommença de s’assembler touchant le tarif, il y eut plusieurs conseillers (et entr’autres M. Viole, president en la quatrieme chambre des Enquetes) qui, se laissant emporter à leurs affections particulieres, interrompirent M. le president de Mesms, qui vouloit faire enregistrer la commission que le Roi lui avoit fait expedier pour l’etablissement d’une chambre de justice dont il etoit le chef, et lui dirent fierement qu’il y avoit des affaires bien plus pressées, et de bien plus grande importance. […] [p. 106] Et sur cela, et sans entrer plus avant en connoissance de cause, fut ordonné que tres humbles remontrances en seroient faites à la Reine par ecrit, et Sa Majesté suppliée de vouloir ramener le Roi à Paris au plus tot, et cependant que le prevot des marchands et les echevins de la ville tiendroient la main à ce qu’elle ne manquat point de vivres, enjoignant à tous les gouverneurs des autres voisines de les laisser passer librement. […] [p. 108] Quelques particuliers, bons serviteurs du Roi et de l’Etat, firent entendre sous main à M. le duc d’Orleans et à monsieur le Prince, qui etoient à Rueil avec Leurs Majestés, que, s’ils avoient agreable de se rendre mediateurs de ce differend, ils seroient tres volontiers et tres favorablement ecoutés par la compagnie. Et, sur cette ouverture, ils ecrivirent tous deux au Parlement et lui firent rendre leurs lettres, le jeudi 24e septembre, en entrant au Palais, l’une par M. de Choisy, chancelier de S.A.R. et l’autre par le chevalier de Rivière, écuyer du prince. […] [p. 109] Elles contenoient toutes deux la meme chose, à savoir que, pour eviter les inconvenients qui pourroient arriver s’ils continuoient leurs deliberations sans avoir conferé ensemble, ils prioient la compagnie d’en deputer quelques uns pour s’aboucher avec eux à Saint Germain (où pour lors etoit la Cour) afin de trouver des moyens convenables pour l’accomplissement des volontés du Roi et pour le repos du public.
Ces lettres, qui n’avoient pas surpris les principaux du Parlement, parce qu’ils les avoient eux-mêmes sollicitées secretement, furent si bien reçues que, sans aucune remise, il fut arreté que, des le lendemain 25e, l’on iroit à Saint Germain en Laye pour conferer avec messieurs les princes, avec ce retentum toutefois que M. le cardinal Mazarin ne seroit point admis dans la conference. Ainsi M. le premier president, M. le president de Maisons, quatre conseillers de la Grand’Chambre et de deux de chacune des Enquetes et des [p. 110] requetes du Palais se rendirent à la Cour, où, apres avoir salué Leurs Majestés et diné, ils furent trouver S.A.R. et, en presence des princes de Condé et de Conti et du duc de Longueville seulement, ils se renfermerent dans les quatre demandes qui suivent :
La premiere, et sur laquelle ils insisterent le plus, fut le retour du Roi dans Paris, à quoi M. le duc d’Orleans repondit qu’il y avoit peu d’apparence de pouvoir persuader la Reine de ramener le Roi à Paris si promptement, vu qu’il se portoit si bien à la campagne et avoit accoutumé d’y prendre l’air tous les ans en cette saison. […]
[p. 111] Et ainsi finit cette premiere conference, la deuxieme ayant eté remise au dimanche suivant, 27 dudit mois de septembre, au meme lieu.
[p. 112] L’on en tint encore quatre ou cinq autres de temps en temps, dans les intervalles desquelles se continuoient aussi les assemblées du Parlement, avec assez d’alterations.
[…]
[p. 119] Mais lorsque, le dernier jour d’octobre, l’on vit toute la Cour revenir de Saint Germain à Paris, il ne se peut dire combien toute la ville en fut comblée de joie : chacun fit part de cette bonne nouvelle et l’épandit dans toutes les provinces, où les choses furent retablies si promptement en leur premier etat que, huit jours apres, il n’y parut aucune alteration.
[…]
[p. 135] [1645] Le lendemain matin 6e dudit mois, et quatre heures avant qu’il y eut personne dans les rues, la Reine fit sortir le Roi hors de Paris et l’emmena clandestinement dans son carrosse à Saint Germain en Laye, [p. 136] accompagné de M. le duc d’Orleans, de monsieur le Prince, de M. le cardinal Mazarin et de peu de personnes, et cela avec tant de precipitation et avec si peu d’ordre et de prevoyance que tout le bagage de Leurs Majestés meme et presque tous leurs officiers demeurerent enfermés dans Paris sans en pouvoir sortir de tout le jour, ni le suivant.
[…]
[p. 137] Le lendemain 7e, les Chambres s’assmeblerent encore d’assez bonne heure, sur l’avis qu’elles eurent de la marche de quelques troupes vers Paris, et aussi afin de deliberer sur la lettre de cachet que le Roi avoit envoyée aux prevot des marchands et echevins de cette ville, contenant « que, Sa Majesté ayant eté bien informée qu’aucuns du Parlement avoient voulu entreprendre ou attenter sur sa personne et pratiqué des intelligences avec ses ennemis, Elle avoit jugé à propos de se retirer à Saint Germain en Laye, dont Elle avoit bien voulu leur donner avis » : chose horrible et qui meritoit la roue, si elle eut eté aussi bien verifiée qu’elle se trouva destituée de toute sorte d’apparence.
Il fut pourtant arreté que les gens du Roi se transporteroient à Saint Germain pour temoigner à Leurs Majestés le deplaisir extreme qu’avoit tout le Parlement de leur sortie de Paris, dont toutes les circonstances etoient autant de marques de leur courroux et [p. 138] de quelque sinistre opinion qu’on leur avoit donnée de sa fidelité, dont toutefois il ne s’etoit jamais departi. […]
Messieurs du parquet partirent incontinent apres diner et se rendirent à Saint Germain des le soir du meme jour 7e, pour faire entendre à Leurs Majestés les sinceres et respectueuses intentions du Parlement ; mais, parce qu’il avoit refusé adroitement et sous ombre d’un manquement de formalité de recevoir le paquet que le sieur de la Sourdiere lui avoit presenté le matin de la part du Roi (que l’on savoit bien contenir la translation de tout le Parlement à Montargis), l’on ne voulut pas seulement voir ses [p. 139] envoyés, et les laissa t on revenir si mal satisfaits et si outrés de douleur de n’avoir pu etre entendus sur les propositions si raisonnables et si soumises qu’ils avoient à faire à Leurs Majestés de la part du Parlement, que des lors les affaires furent hors d’accommodement.
[…]
[p. 143] Le Conseil, ayant eté aussitôt averti de cet arret, fit expedier, le 9e de janvier, une lettre de cachet du Roi adressante aux prevot des marchands et echevins de Paris, portant entre autres choses que Sa Majesté leur comandoit, et à tous les habitants de ladite ville, d’en chasser et mettre hors le plus promptement possible qu’ils pourroient tout le corps du Parlement, leur promettent, en ce cas, la continuation de ses bonnes graces, et que, en meme temps que ledit Parlement en sortiroit par une porte, Sadite Majesté y rentreroit par une autre pour leur en temoigner les effets. Mais, comme la chose n’etoit pas possible, à moins que de prendre les armes et de remplir la ville de sang et de carnage, joint que le prevot des marchands etoit du corps, l’on y eut fort peu d’egard ; au contraire, elle fut portée au Parlement par M. le duc de Montbazon, gouverneur de la ville, accompagné du sieur Fournier, premier echevin, et d’un autre.
[…]
[p. 145] Il ne fut pas omettre que, ledit sieur Fournier ayant eté envoyé avec un autre echevin vers Leurs Majestés à Saint Germain en Laye, des le lendemain de [p. 146] leur sortie de Paris, afin de les assurer et protester de nouveau de l’affection tres ardente et tres cordiale de tous les habitants de la ville et de leur fidelité inviolable envers Elles, il leur fit une harangue à sa mode, laquelle, quoique peu etudiée, fut trouvée si pressante et si forte, lors memement qu’il s’etendit sur le pitoyable et malheureux etat de cette grande ville et sur la cruelle necessité où tant de bons bourgeois se trouvoient reduits, ou de tremper leurs mains dans le sang de leurs principaux concitoyens (en se mettant en devoir de chasser le Parlement), ou de perir par la faim en leur desobeissant, que Leurs Majestés ne purent s’empecher de temoigner par quelques larmes les secrets sentiments de compassion qu’il avoit excités dans leurs ames contre la resolution de leur Conseil.
[…]
[p. 148] M. le duc d’Elbeuf, toutefois, qui etoit demeuré dans Paris, ayant eté proposé sous main, et de son consentement, par M. Payen, n’eut pas grand peine à se faire agreer pour remplir cette belle charge, tant parce qu’il fut le premier à se declarer, que faute d’autre ; aussi fut-il incontinent accepté par toute la compagnie et declaré general des troupes parisiennes contre les pernicieux desseins du cardinal [p. 149] Mazarin et de ses adherents, le dimanche 10e janvier, sur les neuf heures du matin.
Mais, tandis que l’on lui en faisoit les compliments et que la Cour etoit encore assemblée, elle apprit avoie joie que M. le prince de Conti et M. de Longueville etoient à la porte Saint Honoré et demandoient à entrer dans la ville, afin de venir servir la cause commune. Ils s’etoient derobé la nuit, et sans aucune suite, de Saint Germain en Laye, tres mal satisfaits, disoient ils, du procedé et de la mauvaise conduite du conseil d’en haut.
[…]
[p. 159] Le 13e, le Parlement, ayant appris que la reine d’Angleterre etoit demeurée dans Paris avec fort peu de moyen d’y pouvoir subsister sans quelque secours extraordinaire, arreta que, des deniers des levées et contributions qui se faisoient dans la ville, il en seroit baillé à cette infortunée princesse, tante du Roi, [p. 160] jusques à vingt mille livres par mois, et que cela se feroit le plus secretement qu’il lui seroit possible, afin que la dignité de sa naissance et de sa majesté n’en fut point offensée. […]
La Reine s’etoit retirée avec tant de precipitation et avec tant de crainte d’etre traversée dans son dessein qu’elle n’avoit pas eu le temps de faire partir son bagage, ni meme celui du Roi : de sorte que, la garde bourgeoise ayant eté posée aux portes de la ville aussitôt que la nouvelle en eut eté repandue dans la ville, Leurs Majestés et toute leur Cour passerent plusieurs jours à Saint Germain avec une extreme incommodité, faute de lits et de toute autre sorte de meubles et d’habits, meme pour les personnes sacrées (chose honteuse et qui ne peut etre assez blamée de la posterité). Le capitaine du charroi, qui les avoit fait [p. 161] charger le plus dligemmnt qu’il avoit pu, s’etoit bien mis en etat de les emmener ; mais s’etant presenté à la porte Saint Honoré pour sortir, il en fut empeché et repoussé insolemment par une infinité de coquins qui se trouverent en armes à ladite porte, et cela certes avec un tres sensible deplaisir des honnetes gens, qui blamerent assez haut cet injurieux procedé et ne purent approuver que l’on refusat ainsi de laisser sortir les choses dont Leurs Majestés avoient tant de besoin.
Cette rigueur inouie et criminelle dura cinq ou six jours au moins, et jusques à ce que le Parlement eut commis MM. Doujat et Sevin, conseillers en la Grand’Chambre, pour se transporter au Palais Cardinal afin de donner ordre que l’on fit seulement sortir tout ce qui appartenoit et etoit necessaire pour la personne du Roi et celle de M. le duc d’Anjou, son frere, sans souffrir que le bagage de la Reine ni de qui que ce fut sortit de la ville : marque trop evidente et insupportable de la haine et de l’extreme aversion que l’on avoit pour elle et pour tout son conseil.
En effet, cette garde fut si exacte que tous ceux qui etoient dans la ville le jour que Leurs Majestés en sortirent s’y trouverent enfermés et retenus pour la [p. 162] plupart contre leur volonté, sans qu’il leur fut possible de s’en echapper, sinon en se deguisant, les uns en laquais, les autres en paysans, en sisses, en servantes ou en nourrices, ainsi que firent peu à peu diverses personnes de qualité de l’un et de l’autre sexe dont aucunes, ayant eté reconnues aux portes, furent maltraitées au dedans par la canaille, et celles qui passerent par la soldatesque au dehors.
[…]
[p. 212] [13 février] Le duc d’York, fils puiné du roi d’Angleterre, touché d’une extreme passion de voir la reine sa mere, qui etoit demeurée dans Paris, y arriva heureusement ledit jour.
[…]
[p. 213] Or, comme le parlement de Paris travailloit incessamment pour faire subsister ses troupes aux depens de ceux qui s’etoient retirés à Saint Germain, ceux là, de leur coté, faisoient, pour l’entretenement des leurs, tout ce qui leur etoit possible, afin de la charge en tombat sur les officiers de cette compagnie et des autres et les rendit plus sages une autre fois. A cet effet, messieurs du Conseil firent expedier un grand role contenant toutes les maisons, terres et heritages qui leur appartenoient es environs de la ville, et meme dans quelques provinces du royaume, qu’ils taxerent à une ou deux années du revenu d’icelles, en sorte que le tout se montoit à cinq cent vingt trois mille livres ; auquel role ils attacherent un arret du Conseil du 15e fevrier, signé en commandement De Guenegaud, portant que, « faute de payer par les fermiers ou receveurs desdites terres, maisons et heritages et de mettre, dans trois jours de la signification d’icelui, entre les mains de M. Longuet, tresorier [p. 214] de l’extraordinaire des guerres, les sommes y contenues, que le recouvrement en seroit fait par les gens de guerre, à tenir compte sur leurs montres, et dont ils se feroient payer par la vente de tous les meubles, bestiaux et materiaux qui se trouveroient esdites terres et maisons, et meme par la coupe des bois taillis et de haute futaie en dependant ».
Cette derniere clause fut trouvée si etrange et si dure, que ceux meme qui la mirent en avant n’oserent la faire executer en aucun endroit, et donna lieu de dire aux gens de bien, qui n’avoient autre dessein que de voir l’autorité du Roi retablie et les peuples un peu soulagés par des voies plus douces et convenables, qu’il eut eté à souhaiter que le Conseil de Sa Majesté et le parlement de Paris eussent eté plus moderés et retenus qu’ils n’etoient, l’un et l’autre agissant avec tant d’emportement et de violence que la posterité aura peine de se figurer ce que nous en avons vu et ressenti.
[…]
[p. 216] Le 17e, qui etoit le jour des Cendres, messieurs les gens du Roi partirent de Paris pour aller trouver Leurs Majestés à Saint Germain, afin de leur faire entendre les motifs respectueux et pleins de soumissions qui avoient obligé le Parlement et la ville d’n refuser l’entrée au heraut qui s’etoit presenté de leur part à la porte Saint Honoré : resolution qui excita beaucoup de joie parmi les bons François, dans la pensée qu’ils eurent que ce voyage etoit un acheminement indubitable à la pacification de tant de desordres.
[…]
[p. 220] Le 19e, messieurs les gens du Roi firent leur rapport au Parlement de ce qu’ils avoient fait à Saint Germain et dirent, en presence de M. le prince de Conti et de MM. les ducs d’Elbeuf, de Beaufort, de Luynes et de Brissac, que la Reine leur avoit temoigné par la bouche de M. le chancelier qu’elle avoit pris en bonne part le refus que l’on avoit fait de laisser entrer et d’ouir le heraut, puisqu’il ne procedoit que du respect et de la soumission du Parlement envers le Roi ; qu’elle avoit eu tres agreables les protestations de leur fidelité et de leur obeissance, mais qu’elle en attendoit les preuvres ; que, de sa part, elle leur donneroit toujours des marques de sa bonté, de son affection et de sa bienveillance, pourvu que l’autorité du Roi fut conservée toute entiere : à quoi ils ajouterent que M. le duc d’Orleans et monsieur le Prince les avoient assurés de la meme chose, ce qui donna lieu d’arreter que les memes gens du Roi retourneroient incontinent apres diner ou le lendemain à Saint Germain, afin de rendre tres humbles graces à la Reine de ses bonnes volontés et de savoir d’elle quelles etoient les preuves que Sa Majesté desiroit avoir de l’obeissance et de la fidelité du Parlement.
[…]
[p. 233] Le 20e fevrier, fut arreté au parlement de Paris que l’on deputeroit vers la reine d’Angleterre pour se condouloir avec Sa Majesté de la perte qu’elle avoit faite, et que, à cet effet, chaque chambre nommeroit un conseiller pour accompagner M. le premier president, qui devoit porter la parole, et lui rendre ce triste temoignage de leur douleur.
[…]
[p. 241] Les deputés du parlement de Paris etant cependant retournés de Saint Germain, M. le premier president fit son rapport à la compagnie, le 27e dudit mois de fevrier, de la bonne reception qui leur y avoit eté faite et comme ils avoient trouvé la Reine, accompagnée seulement de M. le duc d’Orleans, de monsieur le Prince et de M. le cardinal Mazarin (à cause de l’indisposition de M. le chancelier), à laquelle ils avoient fait entendre le sujet de leur voyage, et que, apres la reponse de Sa Majesté, ils s’etoient retirés dans la capitainerie du chateau, où, peu de temps apres, ces deux princes s’etant rendus, ils etoient entrés en une [p. 242] conference assez particuliere avec eux, dans laquelle ils avoient un peu adouci les paroles aigres et facheuses dont la Reine avoit usé dans sa reponse, laquelle Sa Majesté leur avoit envoyée incontinent apres par ecrit, en suite de quoi ils s’etoient retirés.
[…]
[p. 252] L’on eut aussi nouvelles que M. le marechal de Rantzau avoit eté arreté prisonnier par M. de Villequier, capitaine des gardes, en mettant pied à terre à Saint Germain en Laye, où il s’etoit rendu enfin et apres plusieurs ordres de Leurs Majestés, qui n’estimoient pas que Dunkerque fut en sureté entre les mains de cet etranger, que l’on disoit (avec peu de certitude) avoir eu quelques secretes intelligences avec les Espagnols pour remettre cette importance place en leur disposition.
[…]
[p. 257] [mars] Toutes ces atroces medisances et toutes ces noires invectives n’avoient pas empeché messieurs les gens du Roi de sortir de Paris le 2e de ce mois et de porter à [p. 258] Leurs Majestés le dernier arret du Parlement, contenant le nom des deputés qui, sous leur bon plaisir, avoient eté nommés de sa part pour assister à la conference proposée par M. le duc d’Orleans. Ils eurent aussi ordre expres de savoir de la Reine le lieu qu’il avoit plu à Sa Majesté d’ordonner pour une action si importance ; elle eut bien desiré que c’eut eté à Saint Germain, mais comme il etoit un peu trop eloigné de Paris, que les esprits etoient encore un peu trop aigris de part et d’autre et le logement trop serré, le chateau de Rueil (pour se rencontrer à moitié chemin) fut jugé plus commode et preparé à cet effet.
[…]
[p. 263] Si l’on avoit un extreme besoin de la paix dans Paris, elle n’etoit pas moins necessaire ni desirée par tous ceux qui etoient à Saint Germain, et, si le pain etoit rare d’un coté, l’argent n’etoit pas fort commun de l’autre, et moins encore toutes les autres commodités de la vie. Messieurs les princes et Leurs Majestés memes manquoient de beaucoup de choses et ne souhaitoient rien plus ardemment que de sortir bientôt et honnetement de l’embarras où leur mauvais et detestable conseil secret les avoit jetés contre toutes les regles d’une bonne politique : de sorte qu’il ne fut pas difficile à messieurs du Parquet d’obtenir ce qu’ils demanderent touchant l’entrée des vivres.
[…]
[p. 297] Le 16e dudit mois de mars, MM. les deputés [p. 298] du Parlement partirent de Paris pour se rendre à Saint Germain, afin d’obtenir de Leurs Majestés la reformation des deux, trois et douzième articles ci devant enoncés, et, s’il etoit possible, quelque satisfaction pour nos generaux.
[…]
[p. 325] [30 mars] L’après dinée du meme jour, MM. les deputés du Parlement retournerent enfin de Saint Germain en cette ville avec une declaration du Roi contenant tout ce qu’ils avoient arreté et si solennellement concerté avec ceux du Roi.
[…]
[p. 331] [avril] Le lendemain 6e, les deputés du Parlement, au nombre de quarante, furent à Saint Germain temoigner à Leurs Majestés avec quel profond respect et avec quels sentiments de joie et d’amour ils avoient reçu la paix qu’il avoit plu à leur bonté de leur accorder, et les supplier tres humblement de vouloir honorer au plus tot de leur presence la capitale du royaume ; lesquels, apres avoir eté magnifiquement traités aux depens du Roi, reçurent enfin cette agreable reponse de la bouche de la Reine qu’elle avoit une tres grande passion d’aller à Paris et d’y mener le Roi, ce qu’elle feroit assurement sitot que le bien de ses affaires le permettroit.
[…]
[p. 337] Le 28e avril, le Roi ecrivit au Parlement et au corps de ville que, ayant resolu de s’approcher de sa frontiere de Picardie pour y donner plus commodement et plus à propos les ordres necessaires contre les entreprises de ses ennemis, Sa Majesté avoit bien voulu leur en donner avis, afin qu’ils eussent à maintenir le peuple de sa bonne ville de Paris dans l’obeissance qu’il lui devoit. Et, de fait, Leurs Majestés partirent de Saint Germain le dernier de ce mois, et allerent [p. 338] coucher à Ecouen, et tout le Conseil en cette ville.
[…]
[t. II, p. 281] Le 7e [février 1651], l’on fut extremement etonné d’apprendre par toute la ville que Son Eminence etoit enfin sortie sur les onze heures du soir du jour precedent, et qu’elle avoit pris la route de Saint Germain en Laye, accompagnée de deux cents chevaux.
[…]
[t. III, p. 215] [1652] Mais enfin, le Roi s’etant rendu à Saint Germain, le samedi 27e avril (où dejà etoient arrivés M. de Rohan, de Chavigny et Goulas, que M. le duc d’Orleans y avoit envoyés pour apprendre les volontés du Roi sur les ouvertures du roi d’Angleterre), Sa Majesté remit à les entendre au lendemain, après diner. Ils furent introduits dans la chambre de la Reine par le milord Montagu et reçus fort favorablement de Leurs Majestés ; apres qu’ils eurent protesté de la fidelité et sincere affection des princes qui les avoient envoyés, ils supplierent tres humblement le Roi de leur vouloir dire avec lequel de messieurs de son Conseil Sa Majesté desiroit qu’ils conferassent de l’affaire qui les avoit amenés vers elle. « Avec M. le cardinal, répondit le Roi, que j’ai ordonné pour cela ». « Nous avons, dirent-ils, un ordre précis de ne point traiter avec M. le cardinal, ni meme de le voir ». Mais le Roi leur ayant reparti [p. 216] brusquement qu’il le vouloit ainsi et le leur commandoit absolument, ils firent une profonde reverence et dirent que, Sa Majesté ayant tout pouvoir sur eux, ils obeiroient aveuglement à son commandement. Alors le Roi et la Reine se leverent et les menerent dans un cabinet où, presque en meme temps, se rendit le sieur cardinal qui, prenant la parole d’abord, se fit des reproches à lui meme (par ironie) de tous les crimes dont il etoit chargé par l’arret de sa condamnation. « Voilà), dit-il, Messieurs, ce criminel de lese majesté, ce perturbateur du repos public, ce pirate, ce proscrit », et enfin tomba serieusement sur l’affaire dont il s’agissoit. Mais, comme elle etoit de longue discussion, Leurs Majestés sortirent et laisserent ledit sieur cardinal tout seul avec ces trois deputés et leur conducteur.
Sitot que cette conference (qui dura quatre heures) fut finie, le Roi fit assembler son Conseil, où M. le cardinal ayant fait rapport devant Leurs Majestés de tout ce qui venoit d’etre proposé et resolu, il parut tant de joie sur le visage de ceux qui avoient eu l’honneur d’y etre appelés, lorsqu’ils en sortirent, que personne ne douta plus que la paix ne fut faite ou, du moins, fort avancée. C’etoient M. le garde des sceaux, [p. 217] M. le duc de Bouillon, MM. les marechaux du Plessis et de Villeroy et MM. les quatre secretaires d’Etat.
Le lendemain 29e, M. le duc d’Orleans, accompagné de monsieur le Prince, se rendit au Palais et dit qu’il etoit venu faire part à la compagnie de ce qui s’etoit passé à Saint Germain.
[…]
[p. 225] [mai] Le 6e dudit mois, les deputés du parlement s’etant rendus à Saint Germain pour faire de secondes remontrances au Roi sur l’eloignement tant souhaité et si necessaire du cardinal Mazarin, Sa Majesté leur dit Elle meme que, encore qu’Elle eut resolu de n’entendre plus aucunes remontrances sur ce sujet, elle vouloit bien toutefois leur donner encore cette satisfaction que d’ecouter les leurs, et meme d’entendre lire en leur presence celles qui lui avoient eté presentées à Gien de la part de leur compagnie ; ce qu’ayant eté fait, ainsi qu’ils le desiroient, le Roi ajouta qu’il leur feroit savoir sa volonté par ecrit à leur retour à Paris.
Mais les deputés de la Ville, qui n’usoient que de tres humbles supplications et n’insistoient pas tant sur l’eloignement dudit cardinal que sur le retour de Sa Majesté dans Paris, ne furent pas peu surpris quand [p. 226] Elle leur repondit, par la bouche de M. le garde des sceaux, qu’il etoit bien etrange que, en meme temps qu’ils supplioient le Roi de vouloir retourner à Paris, ils souffrissent que l’on en fermat toutes les avenues à Sa Majesté par la rupture des ponts et par l’occupation des passages qui lui pouvoient conduire ; qu’Elle ne jugeoit pas à propos de donner autant de combats qu’il y avoit de villages entre Saint Germain et Paris pour en rendre l’acces libre à Sa Majesté, qui meme trouveroit peu de sureté dans son Louvre, tandis que les factieux auroient les armes en main ; qu’il etoit bien juste de les poser avant toutes choses et de faire retirer ceux qui s’etoient declarés si ouvertement ses ennemis ; que, apres cela, Sa Majesté leur promettoit de retourner aussitôt dans sa bonne ville de Paris et de lui donner toutes les marques possibles de sa bonté et de ses affections paternelles envers elle.
[…]
[p. 228] La Cour, cependant, demeuroit à Saint Germain sans pouvoir prendre aucun bon parti sur toutes ces occurrences et donnoit le temps à monsieur le Prince de fortifier sa faction dans Paris, faute de resolution et de vigueur, etant certain que, si le Roi y fut venu tout droit au partir de Corbeil, qu’il y eut eté tres bien reçu, malgré tous les frondeurs, et eut sans doute obligé monsieur le Prince, et peut etre M. le duc d’Orleans, d’en sortir ; et de là dependoit la decision de l’affaire et de la ruine totale des factieux. Mais l’esprit de M. le cardinal n’etoit pas d’une trempe assez forte pour exciter en son ame des resolutions si fermes et si genereuses ; il ne pouvoit se departir ni de ses souplesses naturelles, ni de ses intrigues ordinaires, et, moins encore, de ses secretes et artificieuses negociations, quelque experience qu’il eut faite du mauvais succes de ce lache et honteux procedé.
[…]
[p. 236] Cependant, MM. les gens du Roi avoient été entendus à Saint Germain par Sa Majesté sur le sujet de l’eloignement de ses troupes des environs de Paris [p. 237] et en avoient eu cette favorable reponse que, aussitôt que les Princes auroient fait retirer les leurs, Elle commanderoit aux siennes de faire la meme chose et donneroit toute sureté aux etrangeres pour leur retour.
[…]
[p. 242] L’on ne laissoit pas cependant de faire force voyages de Saint Germain à Paris et d’ici à la Cour, pour trouver quelque bon accommodement aux affaires. M. le duc de Damville et le milord Montagu s’y employoient de tout leur pouvoir et ne craignoient point de representer [p. 243] souvent à la Reine les inconvenients que pourroit enfin produire la ferme resolution que Sa Majesté sembloit avoir prise de retenir le cardinal aupres d’Elle, et lui dirent jusque là que l’exemple d’Angleterre n’etoit pas detesté de tous les Parisiens (chose horrible et incroyable) : mais inutilement, tant son ame etoit fortement attachée à la conservation de ce ministre insuffisant, meprisé et sans vigueur.
[…]
[t. IV, p. 91] [octobre 1652] MM. les colonels de la ville s’etoient cependant assemblés chez M. de Seve, sieur de Chatignonville, leur ancien, afin d’aviser au moyen de la decharger d’une si horrible oppression, et, sans la participation des echevins, ni meme de S.A.R., etoient convenus de faire une celebre deputation vers le Roi, pour assurer Sa Majesté de l’immuable fidelité de leurs concitoyens ; et, à cet effet, avoient ils resolu de la composer de quatre d’entre eux, de quatre de leurs lieutenants, de trente deux capitaines, d’autant de lieutenants et de pareil nombre d’enseignes, et encore d’un notable bourgeois de chacune compagnie, qui faisoient en tout deux cent seize personnes. Mais ce ne fut pas sans grande difficulté que M. le duc d’Orleans leur permit d’executer ce bon dessein et de sortir de Paris pour aller trouver le Roi à Saint Germain en Laye : ce qu’il ne fit encore qu’à toute extremité et que sous [p. 92] cette condition expresse qu’ils obtiendroient une amnistie generale et sans exception de ce qui s’etoit passé le 4e juillet dans l’hôtel de ville, parce que, la grace du Roi ne s’etendant que sur les bourgeois de ladite ville, S.A.R., qui savoit bien en sa conscience qu’elle y avoit au moins preté son consentement, ne vouloit pas en etre exclue, ni laisser M. de Beaufort et les autres principaux officiers de ses troupes (complices de cette detestable action) en etat de pouvoir etre recherchés et punis quelque jour.
[…]
[p. 95] Le 15e, les colonels et les autres officiers militaires de la ville en partirent enfin pour se rendre à Rueil, à dessein d’aller le lendemain à Saint Germain assurer le Roi de l’obeissance et de la fidelité de tout le reste [p. 96] des habitants. Mais Sa Majesté n’y etant arrivée que le 17e, ils ne purent avoir audience que le jour suivant. Ce fut ledit sieur de Chatignonville qui porta la parole et qui n’omit aucune chose pour persuader le Roi de vouloir retourner à Paris. Sa Majesté leur repondit qu’Elle n’oublieroit jamais le service qu’ils lui rendoient en cette occasion et que, inclinant à leurs prieres, Elle se rendroit le lundi suivant dans sa bonne ville de Paris encore que les auteurs de la rebellion lui donnassent tout sujet d’aller ailleurs.
La bonne reception qui leur fut faire temoignoit assez la satisfaction que l’on avoit de leur envoi. Aussi parlerent ils debout, et non pas à genoux, comme quelques uns du Conseil pretendoient qu’ils dussent faire ; mais la consideration que c’etoit un corps militaire, et non de bourgeois, l’emporta sur les vieilles maximes, ainsi que fit le festin dont ils furent regalés sur tous les precedents : en telle sorte [p. 97] qu’ils retournerent tres contents le 19e, et ramenerent avec eux M. le gouverneur (que le Roi avoit fait ministre d’Etat quelques jours auparavant) et lesdits sieurs Le Fevre, prevot des marchands, Guillois et Philippe, echevins.
Il ne faut pas omettre la raillerie que fit la Reine au president Charton, en lui disant qu’elle etoit bien aise de le voir parmi les deputés et que « le feu de l’hotel de ville l’eut enfin eclairé » ; et sur ce qu’il pria Sa Majesté de se souvenir des promesses qu’on leur faisoit de ramener le Roi à Paris, elle lui repartit de bonne grace que l’on reconnoitroit la difference qu’il y avoit entre la parole du Roi et ce qui se disoit sur le pont Neuf. Il n’y eut que le seul Raguenet, marchand de la rue Saint Honoré, qui ne fut point admis à l’honneur de faire la reverence au Roi : aussi, sans mentir, s’etoit ils trop signalé parmi les plus grands frondeurs. Il s’en abstint fort à propos, sur l’avis que M. de Sainctot lui donna de se retirer, de crainte de facher Sa Majesté.
[…]
[p. 265] [1653] Le 10e de juillet, M. de Maisons, president au mortier, eut ordre de sortir de Paris et de s’en aller à Conches. Si la resistance qu’il avoit apportée ou, plutôt, le refus qu’il avoit fait de donner sa demission de la capitainerie du chateau de Saint Germain en Laye, dont le Roi vouloit gratifier le sieur de Beaumont [p. 266] (en le remboursant des quarante trois mille ecus qu’il en avoit baillés à M. le duc de Saint Simon) fut la veritable cause de cette disgrace, je m’en rapporte ; mais il est certain que Sa Majesté eut tant d’impatience qu’il fut parti que, en moins d’une apres dinée, Elle envoya trois fois lui commanda absolument de partir. Ensuite de quoi, Elle manda les autres grands presidents et leur dit que ce n’etoit point comme officier [p. 267] de son parlement qu’Elle avoit eloigné ledit sieur de Maisons, mais comme son domestique, qui n’avoit pas voulu obeir à ses volontés touchant la capitainerie de Saint Germain. Il y avoit pourtant beaucoup d’apparence que la sollicitation qu’il faisoit sous main pour l’assemblée des chambres en faveur des conseillers absents, et particulierement à M. de Longueil, son frere, qui etoit indisposé à Auxonne, n’avoit pas peu contribué à cette defaveur : ce qui parut assez visiblement par les plaintes que fit la Reine contre ledit sieur de Longueil, son chancelier, qu’elle accusa de meconnoissance envers elle, et de cabale perpetuelle contre le service du Roi, son fils. M. de Maisons, maitre des requetes, l’abbé de Conches et mademoiselle de Maisons eurent ordre de suivre leur pere. »

Vallier, Jean

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans le journal de Louise de Savoie

« [p. 395] Le dix huitieme jour de may, a Saint Germain en Laye, l’an 1514, furent les nopces de mon fils.
[…]
[p. 400] Henri, second fils de mon fils, fut le jour de la mi caresme né a Saint Germain en Laye, a sept heures six minutes avant midi, l’an 1519 ; et, selon la coustume de France, l’an 1518, le dernier jour de mars, ayant, a cause dudict jour, quelque similitude avec François, son frere, qui fut né le dernier jour de fevrier.
[…]
[p. 404] En aoust 1520, le jour saint Laurent, a dix heures apres midy, a Saint Germain en Laye, sortit du vente de la Reine ma fille Magdelaine, troisieme fille du Roy mon fils.
[…]
[p. 406] Mercredi 22 janvier 1522, jour de saint Vincent, a Saint Germain en Laye, a neuf heures quarante minutes au matin, fut né Charles, III fils de mon fils.
[…]
[p. 407] Le 26 septembre 1522, a Saint Germain en Laye, Pierre Piefort, fils de Jean Piefort, contreroleur du grenier a sel de Chateaudun, parent de plusieurs gros personnages de la Cour, fut bruslé tout vif apres que, dans le donjon du château de Saint Germain, il eut eu la main coupée, pour ce que impiteusement il avoit pris le Corpus Domini et la custode qui estoit en la chapelle dudit chasteau ; et le dernier jour du mois, mon fils vint a pied, la teste nue, une torche au poing, depuis Nanterre jusques au lieu, pour accompagner la saincte hostie ety la faire remettre en son premier lieu, car ledit Piefort l’avoit laissée en la petite chapelle de Saincte Genevieve, pres dudit lieu de Naterre. Le cardinal de Vendosme la rapporta, et lors faisoit beau voir mon fils porter honneur et reverence au saint sacrement, que chacun, en le regardant, se prenoit a pleurer de pitié et de joye.
Le 15 octobre 1522, a Saint Germain en Laye, je feus fort malade de goutte, et mon fils me veilla toute la nuict. »

Louise de Savoie

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans le journal d’Olivier Le Fèvre d’Ormesson

« [p. 13] [6 mars 1643] Le Roy estoit à Saint Germain, se portant mieux de la maladie qu’il avoit eue pendant sept ou huit jours. Chacun le considere comme un prince usé et qui ne peut encore longtemps subsister. La cour, sur cette pensée, se partage.
[…]
[p. 14] [8 mars 1643] M. de Jouy nous vint voir, qui nous dit qu’il avoit accompagné Monsieur, frere du Roy, à Saint Germain, où le Roy luy avoit fait grand accueil, qu’il s’estoit justifié des bruits que l’on avoit fait courir de [p. 15] luy à Paris, d’avoir voulu briguer la regence et de s’estre ligué avec monsieur le Prince.
[…]
[p. 17] Le jeudi 12 mars, M. de Chaillou de Toisy me vint voir l’après disnée, et me dit que Monsieur, frere du Roy, ayant esté à Saint Germain, chacun l’avoit fuy, que le Roy et la Reyne lui avoient fait un tres mauvais accueil, que M. de Mercoeur, fils aisné de M. de Vendosme, avoit esté tres bien reçu du Roy, que M. de Beaufort et Mme de Vendosme avoient eu permission de le voir du premier jour, et qu’il avoit obtenu le retour de M. de Vendosme d’Angleterre. L’on me dit aussy que Mme de La Vieuville avoit permission de revenir.
[…]
[p. 22] [6 avril 1643] La maladie du Roy divisoit toute la cour : la Royne avoit pour elle la noblesse, MM. de Vendosme et de Beaufort, de Longueville, d’Harcourt, les marechaux de La Force, de Chastillon, etc. Monsieur, frere du Roy, avoit de sa part quelques personnes qui s’estoient declarées pour luy contre la Reyne, scavoir le premier president, les presidens de Maiso,s et de Nesmond, et le procureur general. M. le Prince, de son costé, faisoit sa brigue. Il me dit encore que le jour du vendredy saint, le cardinal Mazarin s’estant levé pour aller à l’adoration de la croix apres la Reyne, le duc de Beaufort se leva aussy, [p. 23] mais il yt arresté par la Reyne, qui le retint et fit que le Mazarin y allest, et M. de Beaufort n’y fut point.
La maladie du Roy arrestoit toutes choses, en ce que les ministres ne vouloient rien resoudre sans luy, et ainsy que l’on ne pouvoit donner tous les ordres necessaires pour faire avancer les troupes ; les ennemis faisoient leurs assemblées au Quesnoy.
Le Roy est reduit au lait de vache, qu’il a bien digeré pour la premiere fois ; il a un flux epatique, et par l’avis de M. Juif, qui assista hier à une grande consultation, il est malaisé qu’il en rechappe.
[…]
[p. 26] [16 avril 1643] L’après disnée, je fus à Amboille et revins le dimanche au soir. A mon retour, j’appris comme le Roy, se sentant desfaillir, avoit fait sceller des lettres patentes par lesquelles il declaroit la Reyne regente, Monsieur lieutenant general du royaume, M. le Prince chef du conseil, et avoit nommé ceux qu’il desiroit composer le conseil.
Le lundy matin, M. Pichotel me vint dire les nouvelles, qui estoient la declaration pour la regence, que messieurs du parlement estoient mandés à Saint Germain, que M. d’Emery seroit secretaire d’Estat au lieu de M. Le Tellier, à qui l’on donneroit la charge de lieutenant civil, qu’on luy venoit de dire que le Roy estoit mort, que M. le grand maistre estoit arresté prisonnier. Je fus disner chez Mme de Fourcy, où j’appris les mesmes nouvelles, et tout le monde dans Paris croyoit le Roy mort, et l’on ne tesmoignoit pas grande douleur. Le bruit de la mort du Roy avoit couru sur ce que, le matin, il avoit eu une grande foiblesse et on l’avoit cru mort. Pour M. le grand maistre, ayant eu peur que MM. de Vendosme n’entreprissent contre luy, il avoit envoyé, en diligence, un valet de chambre à Paris avertir ses amis et serviteurs de le venir trouver, et de fait il revint accompagné [p. 27] de trente ou quarante gentilshommes. M. Pichotel me dit que l’on avoit nommé MM. d’Aligre et Bignon, conseillers d’Estat, pour faire l’inventaire des biens de M. le cardinal, et que le lendemain de la disgrace de M. de Noyers l’on avoit fait porter à l’epargne quatorze cent mille livres qui estoient chez M. de Mauroy, appartenant à la succession de M. le cardinal, et que M. de Mauroy en avoit donné l’avis.
Le soir, apres souper, M. de Breteuil, conseiller de la cour et commissaire en la premiere chambre des requestes du Palais, nous vint voir et nous dit comme ils avoient reçu au parlement, sur les huit heures, une lettre de cachet qui leur ordonnoit d’envoyer des deputés à Saint Germain sur les deux heures, qu’il avoit esté deputé de sa chambre avec M. de Machault, qu’il y avoit eu contestation dans les Enquestes entre les presidens et les conseillers sur ce que la lettre de cachet ne demandoit que deux conseillers de chaque chambre, neantmoins il y avoit eu beaucoup de presidens parmi les deputés, qui tous ensemble s’estoient rendus à Saint Germain sur les deux heures, et estant descendus dans le chasteau neuf avoient esté conduits dans une chambre proche celle du Roy, où M. le chancelier les estoit venu trouver avec un visage fort gai, tenant la declaration du Roy pour la regence en sa main, et leur ayant dit que le Roy les avoit mandés pour leur dire de bouche sa volonté sur la declaration de la regence, il leur fit voir comme le Roy avoit escrit de sa propre main ces mot : comme estant ma tres expresse et derniere volonté, et signé Louis, par la Reyne, Anne, et par Monsieur, Gaston, et par trois secretaires d’Estat, Phelypeaux, Bouthillier, Guenegaud ; qu’incontinent ils avoient esté introduits dans la chambre du Roy, qui estoit tout etendu sur son lit, dont les rideaux estoient levés des trois costés, la Reyne assise au pied du lit, ayant M. le Dauphin devant elle, Monsieur debout aupres, et M. le Prince à la ruelle ; au chevet du lit, le cardinal Mazarin, et aupres de luy M. le chancelier, le reste de la chambre plein de princes et seigneurs ; et s’estant tous avancés autour du lit, et le Roy ayant demandé si tous ces messieurs estaient là, il leur dit avec une voix forte et facile qu’il les avoit mandés [p. 28] pour leur dire que, Dieu l’ayant affligé de plusieurs et grandes maladies, il avoit resolu de donner ordre au gouvernement de son royaume au cas que ce fust le plaisir de Dieu de disposer de sa vie, qu’il avoit fait une declaration que son frere (regardant Monsieur) leur porteroit demain avec M. le chancelier, qu’il leur commandoit de la verifier et de luy rendre en cela et en tout l’obeissance qu’ils luy devoient ; et puis, ayant cessé, il repris que pour les exilés de leur corps, il leur pardonnoit de bon cœur et trouvoit bon qu’ils le vinssent servir dans le parlement. M. le premier president luy ayant fait un petit compliment, ils s’estoient retirés avec M. le chancelier, et, ayant commencé à concerter de l’ordre des seances, M. le chancelier leur avoit tesmoigné que Monsieur desiroit prendre place entre luy et M. le premier president. A quoy ayant esté repliqué que l’ordre estoit que Monsieur prist la place ordinaire sur le banc des conseillers, conforme à la seance observée pour le duc d’Anjou, frere de Charles IX, estant venu au parlement pour la verification des lettres patentes pour sa lieutenance en 1567, M. le chancelier en demeura d’accord.
[…]
[p. 33] Le jeudy 23, […] je scus d’un parente de madame de Fourcy, qui revenoit de Saint Germain, que le Roy avoit reçu l’extresme onction sur le onze heures, et qu’il s’affoiblissoit et de voix diminuoit [p. 34] extresmement, que c’estoit une consternation estrange dans Saint Germain. […]
Le vendredi 24 avril, […] l’on disoit que le Roy se portoit mieux. Apres souper, vint un homme de la part de M. de Chezieres, frere de M. de Collanges, qui revenoit de Saint Germain, nous dire que le Roy se portoit bien mieux, avoit dormi, estoit sans fievre, avoit changé de lit, s’estoit fait nettoyer les dents et peindre la barbe, et qu’on en esperoit bien.
Le lundy 27 avril au matin, je fus voir M. de Nivion, qui me dit que M. de Montbazon luy venoit de mander que le Roy estoit bien mal.
[…]
[p. 35] Le mardy 28 avril, je fus avec mon père chez M. le chancelier, où j’appris que le Roy estoit tres mal, que M. le surintendant venoit d’entrer et conferoit avec M. le chancelier, qui monta incontinent en carrosse pour aller tenir le conseil, et M. le surintendant pour aller à Saint Germain.
Le jeudy 30 avril, M. des Ouches, gentilhomme chez Monsieur, vint voir mon père, et nous dit que le Roy se portoit bien mieux, que les medecins en avoient bonne opinion, et que Monsieur estoit monté à cheval pour s’en aller rejouir, que le Roy montroit une telle resolution à la mort qu’il ne souhaitoit pas de guerir et qu’il estoit admirable de l’en entendre parler ; que dans ses bonnes heures, il railloit et avoit dit à Monsieur que le jour qu’il reçut l’extresme onction, il avoit pensé eclater de rire, entendant un prestre commencer une antienne d’un mauvais ton, que la Reyne et Monsieur estoient en tres bonne intelligence et le seroient toujours, outre leurs interests communs, y ayant de l’inclination.
Apres je fus voir M. Briçonnet, qui me dit qu’il avoit esté le jour precedent à Saint Germain, que le Roy se portoit un peu mieux, mais avec si peu de changement que l’on n’en pouvoit rien dire : la cour estoit telle que l’on ne pouvoit plus s’y tourner, M. de Bassompierre plus poli que jamais, que l’on vouloit tirer la demission de M. de La meilleraye de sa lieutenance de Roy en Bretagne au profit de M. de Gesvres, et ce sous pretexte qu’il en avoit le gouvernement.
[…]
[p. 37] Le samedy 2 mai, […] arriva un courrier de Saint Germain qui dit que le Roy se portoit mieux et avoit assez bien dormi la nuit.
[…]
[p. 38] Le lundy, M. de Saint Poange nous dit comme M. Le Tellier estoit arrivé et aussytost allé à Saint Germain, mais qu’il n’avoit point de nouvelles qu’il eust encore presté le serment ; il ne doit avoir qu’une commission de six mois. […] Pour la santé du Roy, elle diminuoit en ce qu’il n’y avoit aucun mandement ; mais sa resolution estoit telle qu’il ne souhaitoit avoir assez de santé pour pouvoir, de son vivant, donner la paix à la France. […]
Le mardy matin, […] j’allai avec mon père disner chez M. de Leon. M. d’Emery y vint apres, qui nous dit que le Roy se portoit bien mieux, que M. Bouvard, premier medecin, en esperoit beaucoup et avoit fait renvoyer les autres medecins, esperant qu’il pourroit gouverner la maladie du Roy sans assistance. Il nous dit que M. Le Tellier avoit fait le matin le serment, entre les mains du Roy, de la commission de secretaire d’Estat pour six mois, que le Roy y avoit à peine consenti, disant que, pour exercer la commission, [p. 39] M. Le Roy, premier commis, suffisoit, que M. Le tellier vouloit donner cent mille ecus de la demission de M. de Noyers et qu’il n’en voudroit point pour ce prix.
[…]
Le mercredy 6 mai, au conseil des finances, où estoit M. le Prince. Pendant le conseil, il reçut nouvelles de Saint Germain, en dit seulement un mort à M. le chancelier et au surintendant, ce qui faisoit juger qu’elles n’estoient pas bonnes. Neantmoins, tout le monde disoit que le Roy se portoit bien mieux. […]
Le vendredy 8 mai, conseil des parties. M. le chancelier estoit revenu la veille de Saint Germain. La maladie du Roy estoit en mesme estat.
[…]
[p. 40] Le lundy au soir, 11 mai, M. de Collanges nous dit que le Roy estoit tres mal : les oses luis perçoient la peau et il estoit si foible qu’il ne pouvoit lever la teste ; il le savoit de M. Mercier, qui venoit de Saint Germain avec M. d’Angoulesme.
[…]
Le jeudy 14 mai, feste de l’Ascension, j’allais aux Minimes entretenir mon frere. Au sortir, je trouvai un de MM. de Collanges, appelé Saint Aubin, qui me dit que l’abbé de Fiesque luy venoit de dire que [p. 41] le Roy estoit mort ce matin à huit heures et que la Reyne reviendroit l’apres disnee. Au retout des Minimes, M. de Langlé me dit la mesme chose. Pendant le disner, nous envoyasmes un laquais chez M. de Malbranche, dans le faubourg Saint Honoré, pour avoir une chambre sur la rue pour voir entrer la Reyne. Nous y fusmes incontinent apres le disner. Nous rencontrasmes l’autre de Collanges, appelé Chezieres, qui revenoit de Saint Germain ; il nous dit que le Roy n’estt point mort. Nous ne laissasmes pas de nous placer dans nostre chambre. Nous estions mon frere, ma femme, sa demoiselle et moy. Jamais il ne se vit un si grand concours de peuple et de carrosses pour sortir la porte. Nous passasmes là l’apres disnée, où l’on nous fit la collation. Nous vismes Le Nostre des Tuilleries, que nous fismes monter avec nous. Sur le soir, passa Monsieur. Le comte de Bruslon nous dit que le Roy avoit esté le matin trois heures en foiblesse telle qu’on l’avoit cru mort, mais qu’il n’estoit mort qu’à deux heures et que la Reyne ne viendroit que le lendemain. Apres ce nous revinsmes par le quai du Louvre, qui estoit gardé par six ou sept compagnies du regiment des gardes.
Tout le monde publioit la mort pieuse du Roy, ses sentimens, sa connoissance. Vingt quatre heures avant que de mourir, il avoit conjuré la Reyne et Monsieur de vivre en bonne intelligence pour l’honneur de Dieu, leur interest chacun en particulier, l’interest de son fils, l’interest de toute la France ; il fit sur la mort des remarques admirables. Il est mort le jeudy, jour de l’Ascension de Nostre Seigneur, apres avoir regné trente trois ans entiers, à deux heures pres. Il n’a jamais eu de contentement en sa vie, qui a toujours esté traversée ; il a fait de grandes choses, mais sous la conduite de ses favoris, particulierement sous celle du cardinal qui, pendant vingt ans, ne luy a jamais fait faire les choses que par la contrainte, de sorte que, pendant sa maladie, il disoit que les peines et contraintes que le cardinal avoit faites sur son esprit l’avoient reduit en l’estat où il estoit.
Le vendredy 15 mai, nous allasmes, mon frere, ma femme, mademoiselle Anne Tillier et moy, des neuf heures du matin, dans nostre [p. 42] mesme chambre, qui appartenoit à une Mme Grandjuge, femme d’un lieutenant suisse, et dependoit de la maison de M. de Malbranche. Nous y demeurasmes jusques à cinq heures du soir, que passa la Reyne. Jamais tant de carrosses et tant de peuple ne sortirent de Paris. A onze heures, les seigneurs qui revenoient de Saint Germain commencerent à passer, qui à cheval, qui en carrosse. Jamais l’on ne vit tant de carrosses à six chevaux et chariots de bagage. M. le Prince passa sur les onze heures avec une troupe de vingt cinq chevaux, presque toujours teste nue. Sur le soir, M. de Bruslon passa, qui se vint mettre avec nous et nous dit que toute les troupes s’estoient mises en bataille dans la garenne de Saint Germain, en attendant la Reyne, qui y avoit esté accompagnée de tous les princes et seigneurs à cheval, et puis avoient tous pris les devans, que cela avoit esté fort beau à voir. Sur les trois heures et demie passerent M. de Montbazon, le president Boulanger, prevost des marechaux, et ensuite tous les officiers de la ville à cheval pour aller recevoir le Roy à la porte et luy faire harangue.
Sur les quatre heures commencerent à passer les premieres troupes, scavoir la moitié du regiment des gardes françoises, les officiers estoient à la teste de leurs compagnies, apres moitié du regiment des gardes suisses, à la teste estoit M. de La Chastre, leur colonel, et apres leurs officiers ; marchoient ensuite les mousquetaires à cheval, conduits par M. de Treville, leur lieutenant, apres les chevau legers, conduits par le marechal de Schomberg, leur lieutenant. Venoit ensuite le carrosse des ecuyers de la Reyne, puis marchoient à pied les gardes de la porte, les gardes du corps françois et les cent suisses. Apres estoient le carrosse ; la Reyne estoit sur le devant, avoit le Roy à sa droite et Monsieur à sa gauche. M. le duc d’Orleans, leur oncle, estoit seul à la portiere du costé de Monsieur. Mesdames de [p. 43] Lansac et de Brassac estoient à l’autre portiere. Madame la Princesse estoit au fond. Le carrosse estoit entouré de valets de pied du Roy. Derriere estoient à cheval trois capitaines des gardes, et le duc de Saint Simon qui, comme premier ecuyer, portoit la petite epée du Roy suivoient les gens d’armes et puis le carrosse des filles de la Reyne, apres l’autre moitié du regiment françois, et puis l’autre moitié du regiment des suisses. Apres estoit le carrosse de madame la Princesse, le petite carrosse du feu Roy avec les six chevaux isabelles que je luy avois vu mener, et puis le carrosse des femmes de chambre. C’estoit une tres grande acclamation de Vive le Roy ! lorsqu’il passoit. Il tesmoignoit une tres grande joie de voir tou ce peuple, et il n’en estoit point etonné, quoyqu’il n’eust point esté à Paris. Je ne le vis point, mais seulement Monsieur, qui est le plus beau prince qui se puisse voir. Tout le monde estoit amoureux de voir ces deux princes et ils disputoient ensemble à qui estoit le plus beau. Ils allerent descendre au Louvre et la Reyne manda à messieurs du parlement qu’ils eussent à différer jusques au lendemain à la venir saluer, qu’elle vouloit se reposer.
Pour le feu Roy, chacun disoit qu’il estoit mort comme un saint, et le comte de Bruslon m’a dit qu’apres cette grande foiblesse estant revenu, et M. Bouvard s’estant approché pour luy taster le poul, le Roy luy dit : « Bouvard, tu m’as promis de me dire de temps en temps combien j’ai encore à vivre ». Sur quoy Bouvard luy ayant repondu qu’il n’avoit pas encore une heure, il s’ecria : « Ah : la bonne nouvelle ! », demanda de nouveau pardon à tout le monde, et pria Dieu avec une devotion admirable. Il s’estoit confessé à M. de Lisieux trois jours auparavant et en estoit demeuré si satisfait qu’il disoit n’avoir jamais esté plus content. Le lendemain de sa mort, il fut ouvert en presence du duc de Nemours et du marechal de Vitry, deputés à cet effet, estant de l’ordre que l’ouverture se fist en presence d’un prince et d’un officier de la couronne. Il avoit un abces dans le poumon, [p. 44] un dans le mesentere, un dans le foie et un dans le rein ; il avoit les boyaux percés et dans le creux de l’estomac un sac plein de vers. Les uns disant que ce sont les vers qui les ont percés, les autres que c’est du poison. Neantmoins l’on dit que les medecins ont donné certificat comme il n’y avoit pas de poison. Dans le petit ventre, il y avoit une telle corruption que ceux qui l’ouvroient penserent crever.
On laissa aupres du corps un lieutenant avec vingt cinq gardes ; il fut exposé sur un lit de velours rouge, le corps entre deux draps avec une camisole blanche et son bonnet de nuit, sans aucune ceremonie, ainsy qu’il avoit bien desiré ; huit prestres autour de son lit, une croix et deux chandeliers, sans couronne ni sceptre sur son lit. Il doit estre porté lundy à Saint Denys sans ceremonie. Voilà pour humilier les Roys et leur faire connoistre qu’ils meurent comme les autres hommes.
[…]
M. de Beaufort a grande creance aupres de la Reyne, et s’en fait fort valoir, ce qui donne dejà peine. Il eut querelle à Saint Germain apres la mort du Roy avec M. le Prince. La Reyne l’ayant prié de faire retirer tout le monde de sa chambre, estant fort incommodée, il s’adressa à M. le duc d’Orleans, qui, à l’heure mesme, partit, et puis dit tout haut : « Messieurs, retirez vous ». Et M. le Prince luy ayant [p. 45] dit : « De quoy vous meslez vous ? », il repliqua : « D’obeir à la Reyne, estant resolu absolument d’obeir aux commandemens de la Reyne et de Monsieur ». Survint M. de Vendosme, qui pria le Prince d’excuser la promptitude de son fils et trouver bon qu’il lui en fit des excuses. M. le Prince se retira en sa chambre, où M. de Beaufort le fut trouver, puis retourna en sa chambre, où M. le Prince le fut visiter.
[…]
[p. 353] Le mardy 17 juillet [1646], M. l’evesque d’Agoulesme me dit que M. le prince de Galles estoit à Saint Germain.
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[p. 360] Le mardy [21 août], nous partismes de Paris, mon père et moy, pour aller coucher à Sucy, et le lendemain nous arrivasmes à Fontaineblau à deux heures. J’allai au chasteau aussytost avec mon père, où nous vismes le bal que la Reyne donnoit à la reyne d’Angleterre. La reyne d’Angleterre avoit la droite, et parce que le prince de Galles ne s’assit jamais devant sa mere, le Roy se tint debout.
[…]
[p. 362] Le vendredy 7 septembre, M. le duc d’Orleans et M. le cardinal partirent pour venir à Paris. On disoit que c’estoit pour ne pas abandonner Monsieur qu’il ne fust entierement persuadé ; mais, en effet, c’estoit pour aller voir le prince de Galles à Saint Germain.
[…]
[p. 390] Le vendredy 9 aoust [1647], le Roy et la Reyne arriverent à Paris, ayant disné à Saint Germain en Laye, pour visiter la reyne d’Angleterre. Ils revenoient de Dieppe.
[…]
[p. 449] [19 février 1648] Le Roy et la Reyne estoient allés voir cette journée, à Saint Germain, la reyne d’Angleterre. Les uns disoient que le Roy avoit esté mené à Londres, où le parlement lui faisoit son proces, les autres qu’ils luy avoient coupé le col, et declaré sa race indigne de la couronne d’Angleterre.
[…]
[p. 464] Le jeudy 19 mars, au Palais, j’appris que la Reyne avoit tesmoigné grande satisfaction de la soumission du parlement, qu’il y avoit eu un si grand concours de noblesse au Palais Royal, lorsque messieurs du parlement y estoient allés, qu’ils avoient eu toutes les peines du monde d’entrer dans le cabinet. L’apres disnée, je fus voir M. du Bignon, qui me dit la mesme chose et que, lorsqu’ils porterent l’arresté, l’on avoit attendu le retour de Monsieur, de Saint Germain ; qu’ils ne l’avoient presenté qu’à huit heures du soir ; que la Reyne l’avoit reçus sans respondre mot.
[…]
[p. 556] [26 août] Comminges, lieutenant des gardes de la Royne, alla chez M. de Bruxelles, le trouva sortant de table, le pressa de le suivre avec quelques paroles rudes, et l’emmena en pantouffles et en manteau, et ce parce qu’il craignoit la rumeur ; il l’empescha de prendre aucun livre. Le peuple courut apres le carrosse, qui rompit pres du [p. 557] Palais. Là on le menaça du poignard s’il parloit, en disant que l’on en avoit ordre. Comminges fit descendre une damoiselle qui passoit [p. 558] en carrosse, fit monter M. de Buxelles dedans sa voiture et l’emmena vers le Palais Royal. Le peuple qui suivoit fut arresté par les [p. 559] gardes. Au Palais Royal, ils trouverent un autre carrosse avec lequel ils le menerent à Madrid, où ils le firent chasser, et de là à Saint [p. 560] Germain en Laye, d’où il partit le jeudy, et le ramenerent par la France pour le conduire à Sedan.
[…]
[p. 572] Le dimanche 13 septembre, je fus pour aller à la messe du Roy. J’appris de M. Rose que le Roy estoit parti des six heures du matin avec M. le cardinal pour Ruel, que la Reyne iroit l’apres disnée, que M. de La Meilleraye estoit aussy parti. Chacun commençoit à parler comme d’une fuite de Paris.
[…]
[p. 578] [22 septembre] M. le premier president fut obligé d’aller à Saint Germain des l’apres disnée. M. le president de Longueil fut deputé avec deux conseillers pour aller convier les princes. […]
Le mercredy 23 septembre, je fus au parlement, où M. le premier president fit la relation de ce qui s’estoit passé à Saint Germain. Il dit qu’aussytost qu’ils furent arrivés, on les fit entrer dans le cabinet où estoit la Reyne, M. le duc d’Orleans, M. le Prince, M. le prince de Conty, M. le duc de Longueville et M. le chancelier ; qu’ayant tesmoigné à la Reyne les apprehensions qu’avoit données la sortie du Roy si extraordinaire et sans aucune marque de la majesté royale, que les meubles enlevés de toutes les personnes de la cour donnoient sujet de craindre que l’on ne voulust entreprendre quelque chose, que ces inquietudes estoient une marque de la veritable affection que les habitans de Paris avoient pour leur Roy, que le parlement, [p. 579] en ayant connu la consequence, les avoit deputés pour la supplier de vouloir, par sa presence, dissiper toutes ces apprehensions que les ennemis du repos public alloient augmentant et de faire retirer les troupes que l’on disoit s’approcher de Paris.
Sur ce, la Reyne luy avoit dit que les apprehensions de Paris estoient sans aucun fondement, qu’elle avoit donné aux colonels et capitaines toutes les assurances de son affection pour Paris, que la saison avoyt convié le Roy à sorti, que s’il estoit sorti le matin, c’estoit une marque de son impatience quand il alloit aux champs, qu’elle n’estoit sortie que l’apres disnée, avoit esté tout le matin par la ville fort peu accompagnée, pour marquer sa confiance, qu’elle n’avoit aucun ressentiment du passé et qu’elle retourneroit bientost à Paris.
M. le premier president ajouta que M. le duc d’Orleans leur avoit dit ensuite qu’il avoit esté convié par les deputés du parlement de s’y trouver le lendemain, mais qu’il n’iroit pas, ayant appris que les propositions qui s’y faisoient estoient contre le service du Roy et le bien de l’Estat, qu’il n’abandonneroit point la Reyne, que M. le Prince avoit dit la mesme chose et M. le prince de Conty et M. de Longueville.
[…]
[p. 580] L’apres disnée, tout Paris estoit en alarme : l’on avoit enlevé des la veille le petit Monsieur, dans une chaire, et on l’avoit mené à Rueil. Le jour mesme, le Roy et la cour estoient allés à Saint Germain : l’on [p. 581] disoit que c’estoit pour s’enfuir. Chacun voulut faire provision de pain et de blé, dont il y eut grand bruit aux halles. L’on pilla un demy muid de blé aux jesuites. Force gens voulurent enlever leurs meubles, dont il y en eut de pillés, un au marquis de Laigle, l’autre à Mme de Bretonvilliers, où on luy prit huit mille francs. On a dit depuis que celuy dont elle avoit reçu cet argent en avoit esté la cause.
Le jeudy 24 septembre, le parlement s’estant assemblé, l’on dit que M. de Choisy et le chancelier de Rivière demandoient à entrer de la part de M. le duc d’Orleans et de M. le Prince. On les fit entrer et seoir entre les conseillers vis à vis des presidens. Ils presenterent chacun une lettre de la part de leur maistre, avec protestation de service pour la compagnie. Apres lecture faite des deux lettres, par lesquelles les deux princes demandoient des deputés pour entrer en conference à Saint Germain, les envoyés s’estant retirés, la conference fut acceptée par tous, mais quelques uns vouloient qu’elle se fist dans l’hostel de ville. Neantmoins, il passa à aller à Saint Germain.
[…]
[p. 603] Le mercredy 6 janvier [1649], feste des roys, à sept heures, Mme de Sevigny m’envoya dire que le Roy estoit parti la nuit ; jamais nouvelle ne me surprit tant. J’allai chez M. de Lamoignon, où la mesme nouovelle me fut confirmée, que la porte Saint Honoré estoit gardée, et que le peuple avoit forcé le bagage du Roy de rentrer dans le Palais Royal. Je revins donner ordre pour avoir du pain pendant huir jours. La pluspart de la cour se hastoient de partir, mais la pluspart des portes estoient fermées, et personne ne sortoit. L’on pilloit les chariots qui vouloient sortir. Jamais l’estonnement ne fut plus grand : le parlement s’assembla l’apres disnée et donna arrest que les bourgeois se mettroient en armes pour la seureté de la ville, que l’on ne laisseroit sortir personne. Il enjoignit au prevost des marchands de tenir la [p. 604] main pour faire venir des vivres, avec deffense aux gouverneurs des places de recevoir des garnisons. […]
[p. 606] L’Hostel de ville deputa, sans en parler au parlement, les sieurs Fournier et Helyot, eschevins, et les sieurs Barthelemy d’Oinville et [vide], conseillers de ville, pour aller à Saint Germain. Pour nous, maistre des requestes du quartier de janvier, nous envoyasmes Engrand, nostre huissier, pour recevoir les ordres de M. le chancelier et l’assurer que nous les executerions.
Cependant les portes estoient gardès tres exactement, en sorte que le bagage du Roy, ayant voulu sortir fut repoussé dans le Palais Royal. L’estonnement estoit grand, chacun doutant à quoy se resoudre. J’oubliois qu’au parlement l’on avoit arresté d’establir la chambre de police et, à cet effet, mandé aux compagnies d’y deputer pour le lendemain apres disner.
[p. 607] Le vendredy 8 janvier, ayant esté deputé des maistres des requestes, MM. Pinon, Chomel, Tillier et moy, pour assister au parlement, je m’y trouvai de tres bonne heure et remarquai grande consternation. M. le premier president et M. Le Coigneur s’entretenant avec chaleur, le premier president luy disant qu’il avoit esté surpris à la nouvelle de la sortie du Roy, et que sa proposition avoit fait prendre ce party, et qu’il ne scavoit que penser de tout cecy. […]
Apres, ayant esté annoncé que les gens du Roy estoient de retour de Saint Germain, ils furent mandés. M. Talon, suivi de M. le procureur general et de M. Bignon, dit que, suivant les ordres de la compagnie, ils s’estoient mis sur le chemin de Saint Germain, et, passant par la rue Saint Honoré, avoient rencontré une populace assemblée, armée et furieuse, sans ordre ni commandement, et avoient avec peine sorti la porte au peril de leurs personnes ; qu’ayant passé le pont du Pec, estant au haut de la montagne, ils avoient esté arrestés de la part de la Reyne par un gentilhomme qui leur avoit dit qu’elle l’avoit envoyé vers eux pour scavoir s’ils venoient comme particuliers ayant executé les volontés du Roy, que s’ils venoient de la part du [p. 608] parlement parti pour Montargis, ils estoient les bienvenus, mais que s’ils venoient de la part du parlement seant à Paris, ils n’avoient qu’à retourner et que la Reyne leur deffendoit de passer outre.
Sur quoy luy ayant demandé son nom pour scavoir qui leur portoit ce commandement, apres quelques refus, il leur avoit dit enfant qu’il s’appeloit Sanguin, maistre de l’hostel ordinaire du Roy. Apres quoy, luy ayant dit qu’ils ne recevoient de parole de la Reyne que par la bouche de M. le chancelier, qu’ainsy ils ne pouvoient deferer à son commandement ; qu’ils auroient bien souhaité parler à la Reyne, mais qu’au moins ils demandoient à parler à M. le chancelier ; qu’ils avoient enfin obtenu qu’il iroit en faire instance de leur part, mais à condition de ne partir de leur place, où ils avoient attendu un bon quart d’heure ; que ce mesme gentilhomme estoit revenu leur dire que M. le chancelier ne pouvoit parler à eux s’ils ne venoient de la part du parlement obeissant et parti pour Montargis, et qu’ils eussent à s’en retourner sans passer plus avant ; qu’ils luy avoient encore demandé de pouvoir entrer dans le bourg pour y passer la nuit, n’estant pas heure de retourner, estant neuf heures ; qu’il estoit retourné une seconde fois et leur estoit revenu dire qu’ils pouvoient entrer dans le bourg.
Ce qu’ayant fait, ils estoient descendus à la Conciergerie, où M. de Longueil les avoit bien reçus ; que là ils avoient vu M. de Guenegaud, secretaire d’Estat, M. son frere et M. Tubeuf ; qu’ayant fait instance pour parler à M. le chancelier, et la Reyne l’ayant enfin trouvé bon, ils avoient esté introduits dans son cabinet, où luy ayant voulu parler, il avoit d’abord pris la parole, pour leur dire qu’il ne pouvoit les entendre venant de la part du parlement seant à Paris et desobeissant ; que la Reyne estoit fort offensée du mespris qu’ils avoient fait de ses ordres ; qu’ils avoient refusé d’entendre le sieur de Lisle et de recevoir son paquet ; que la reyne vouloit qu’ils y obeissent, et il mit le paquet es mains de M. le procureur general [p. 609] pour le porter à la compagnie (et au mesme temps, M. le procureur general le mit sur le bureau) ; que M. le chancelier leur avoit ensuite tesmoigné que la Reyne n’avoit pu souffrir toutes ces assemblées et qu’au prejudice de sa parole le parlement eust recommencé apres la Saint Martin ; qu’elle vouloit estre obeie. Sur quoy, estant retirés, ils estoient partis la nuit pour estre à l’entrée de l’assemblée de Messieurs ; qu’il pouvoit dire qu’il avoit reconnu une tres grandes consternation sur tous les visages des estranges desseins que l’on avoit pris contre le parlement, s’il n’obeissoit ; que, pour cela, les troupes avançoient de tous costés, commandées par M. le duc d’Orleans et M. le Prince ; qu’il pouvoit assurer qu’à l’heure qu’il parloit Paris estoit bloqué et tous les passages des vivres fermés.
[…]
[p. 614] [9 janvier 1649] M. Fournier dit ensuite qu’ayant esté deputé de l’Hostel de ville, il estoit allé à Saint Germain avec un eschevin et deux conseillers de ville et, ayant esté introduits en suite des deputés de la chambre des Comptes et de la cour des Aydes, ils s’estoient jetés aux pieds du Roy et de la Reyne, et qu’il leur avoit dit que la bonne ville de Paris les avoit deputés pour venir tesmoigner son desplaisir d’avoir perdu la presence de son Roy et de voir tous les preparatifs pour estre assiegée, que cette ville, qui avoit tousjours esté obeissante et fidele, et qui conservoit par son exemple les autres villes du royaume, ne pouvoit s’imaginer pourquoy elle tomboit dans l’indignation de son Roy dans un temps qu’elle ne respiroit que son service, et de voir ses mains armées pour la destruction d’une si belle ville ; qu’ils le supplioient de ne pas vouloir ruiner et perdre une ville que le roy son grand père Henry le Grand avoit ornée et augmentée, qu’ils esperoient que la Reyne, qui, ayant eu l’honneur de donner à la France son Roy et Monsieur son frere, pouvoit estre appelée la mere de l’Estat, ne deschireroit pas ses propres entrailles et ne ruineroit pas le royaume de son fils, qu’elle auroit compassion du miserable estat de la ville, des hospitaux et des communautés de religieuses, qui sont dans une consternation epouvantable, et enfin auroit pitié de son paure peuple, et que ne pouvant mieux exprimer la douleur de Paris que par ses larmes, sa parole luy avoit manqué.
Le sieur Fournier ajouta que la Reyne avoit respondu qu’elle aimoit la bonne ville de Paris, mais qu’elle vouloit estre obeie par le parlement, que c’estoit luy seul qui resistoit à ses volontés, et que, le [p. 616] parlement sortant par une porte, elle rentreroit par l’autre avec toute sorte d’abondance ; qu’ils s’estoient jetés aux pieds de tous les princes pour les prier d’interceder pour eux, mais qu’ils n’avoient pu rien obtenir, et enfin avoient esté obligés de se retirer. […]
[p. 617] L’apres disnée, j’appris que les deputés de la chambre des Comptes et de la cour des Aydes avoient esté bien reçus, à condition qu’ils ne parleroient point du parlement. M. Amelot ayant harangué, et la Reyne luy ayant dit que le parlement estoit dans la desobeissance, il luy repliqua : « C’est luy neantmoins, Madame, qui a conservé la couronne à la maison de Bourbon et qui vous a declaré regente ». La Reyne luy repartit : « Vous dites cela sans ordre de votre compagnie ; elle vous desavouera pour une seconde fois. Vous estes un fat, et, si ce n’estoit la consideration de ceux qui sont avec vous, je vous ferois mettre en prison ». M. le Prince ajouta : « Madame, vous luy faites tort : il faut l’envoyer aux Petites Maisons, c’est un fol ». Pour la chambre des Comptes, la Reyne leur offrit des logemens dans Saint Germain. Ils respondirent qu’ils estoient obligés de retourner à Paris rendre compte à leur compagnie. Je vis M. d’Angoulesme, qui tesmoignoit vouloir estre arbitre et mediateur entre le Roy et le parlement. M. d’Avaux se retira à Saint Germain dans un carrosse des deputés, habillé en maistre des comptes.
[…]
Le mercredy 13 janvier, M. le president Perrot proposa d’assister la reyne d’Angleterre de quelque argent, estant en grande extremité. Chacun l’approuva. Cependant l’affaire mise en deliberation, quelques uns dirent qu’il falloit n’estre pas si facile à donner de l’argent dans la necessité presente. Il fut arresté d’envoyer sans faire eclat le greffier de la cour mettre es mains de son tresorier vingt mille livres [p. 629] pour un mois, et faire excuse sir la compagnie n’avoit pu faire davantage.
[…]
[p. 631] [14 janvier] L’on dit de Saint Germain que la consternation y est tres grande. L’on s’y retranche les vivres, qui sont plus chers qu’à Paris, toute la cour faisant remonstrance à la Reyne de l’estat auquel elle reduit la France par son opiniastreté. L’on dit que M. le duc d’Orleans est observé, et que M. le Prince seul veut soustenir cette affaire et qu’il est furieux, que hors les Allemandes, toutes les troupes promettent de ne se point deffendre contre les Parisiens, que M. de Vitry est arrivé, que l’on a arresté à Saint Germain Bussy Lamet et, en contre [p. 632] echange que M. le prince de Conty a fait arrester l’evesque de Dol, resolu de luy faire pareil traitement que l’on fera à Saint Germain.
[…]
[p. 639] Le vendredy 22 janvier, nous deliberasmes au Palais sur les rapports à nous faits par Herbin que M. le chancelier, le lendemain des Roys, à Saint Germain, luy avoit donné charge de nous avertir d’aller à Saint Germain quand nous pourrions, qu’il en avoit dit autant à M. de Leon, qui avoit dit que, quand M. le chancelier luy escriroit, il demanderoit un passeport. Les uns estoient d’avis de ne rien dire, les autres, dont j’estois, de demander passeport au parlement pour nostre descharge, scachant bien qu’il nous seroit refusé. L’on voulut se lever sans rien conclure ; ceux de mon avis dirent qu’ils vouloient que les avis fussent escrits et les noms, afin de les faire voir [p. 640] un jour à la cour. Cela fit bruit. Enfin chacun revint à nostre avis. Je scus que M. d’Angoulesme, sortant de la ville avec passeport, avoit esté refusé, les gens de M. de Guenegaud, tresorier de l’Espargne, ayant esté reconnus parmy les siens.
[…]
[p. 643] [26 janvier] M. d’Angoulesme partit pour Saint Germain et alla par Corbeil.
[…]
[p. 646] Le dimanche 31 janvier, […] je scus que M. d’Angoulesme avoit esté obligé de passer par Corbeil et n’arrivoit que ce soir à Saint Germain.
[…]
[p. 652] Le samedy 6 fevrier, ayant scu que M. l’archevesque de Toulouse estoit revenu de Saint Germain et avoit attendu cinq heures à la porte pour rentrer, je fus chez luy et vis M. de Montchal, qui me dit comme M. de Toulouse, passant à Saint Cloud, y avoit saluté M. me Prince et M. le cardinal, lequel luy ayant dit : « Eh bien ! Monsieur, nous apportez vous la paix ? » Il luy avoit respondu : « Monsieur, elle est en vos mains, puisque si vous vous vouliez retirer, elle seroit bientost faite ». A quoy M. le cardinal avoit respondu que, s’il ne tenoit qu’à cela pour conserver l’autorité du Roy et donner la paix, il se retireroit tres volontiers ; qu’à Saint Germain il avoit entretenu la Reyne, qui avoit escouté favorablement tout ce qu’il luy avoit dit, avoit beaucoup pleuré et tesmoigné toutes les bonnes dispositions pour un accommodement, et dit que pourvu qu’elle pust conserver l’autorité du Roy son fils, elle aimeroit mieux la douceur que la violence ; qu’il avoit aussy entretenu M. le Prince, qu’il avoit trouvé fort raisonnable, et que, dans tout Saint Germain, la paix estoit souhaitée.
[…]
[p. 670] [18 février] Les gens du Roy entrerent ensuite et M. Talon dit que, suivant les ordres de la compagnie, ils avoient vendredy dernier rendu response au herault, avoient escrit en mesme temps à M. le chancelier pour avoir audience de la Reyne, et à M. Le Tellier pour avoir leur passeport, leur route et l’escorte, et que le sieur Petit, qui accompagnoit le herault, s’estoit chargé de les rendre ; que le dimanche ils avoient escrit une seconde fois par un courrier, ce qui c’estoit trouvé necessaire parce que le sieur Petit n’avoit pas rendu leurs lettres, ainsy qu’ils n’avoient eu leur passeport que le mary au soir ; qu’ils estoient sortis de la ville le mercredy à sept heures du matin, avoient trouvé un trompette du Roy hors la porte, et au couvent des minimes de Nigeon une brigade des gens d’armes de la Reyne commandée par le marechal des logis, et qu’à la dernier porte du bois de Boulogne M. le marechal de Grammont les avoit abordés, s’estoit mis dans leur carrosse, les avoit fait descendre chez luy à Saint Cloud, où s’estant rechauffés un moment, sa compagnie des gardes les avoit conduits à Ruel, où ils avoient trouvé la compagnie des chevaux legers du Roy, qui les avoit escortés jusqu’à Saint Germain. Ils estoient descendus suivant leur ordre chez M. Le Tellier, estoient [p. 671] allés chez M. le chancelier le prier de demander audience pour eux à la Reyne, qui les avoit remis apres disner ; que la Reyne ayant esté à vespres et au sermon, ils n’avoient esté admis à l’audience que sur les sept heures, avoient esté conduits dans le chasteau et avoient passé par la chambre du Roy, qui soupoit, que ses officiers s’estoient mis en haye pour empescher que le Roy ne les vist et qu’ils ne fussent obligés à le saluer ; qu’ils estoient entrés dans la chambre où estoit la Reyne avec son conseil, que l’ayant saluée ils luy avoient dit que vendredy dernier le parlement, estant assemblé à son ordinaire, avoit esté averti qu’il y avoit un herault à la porte Saint Honoré qui demandoit à entrer dans la ville et à parler au parlement, que cette nouveauté l’avoit extresmement surpris, neantmoins que revenu de cet estonnement et ayant fait reflexion sur eux mesmes et consideré que les heraults ne s’envoient qu’aux souverains ou à ceux qui le croient estre (à Dieu en plaise, Madame, qu’ils aient jamais eu cette pensée), et au contraire qu’ils n’avoient autre autorité que celle du Roy et autres sentimens que ceux de ses tres humbles et tres fideles sujets, le parlement avoit cru ne pouvoir entendre ce herault, mais par un sentiment de respect et de soumission et en mesme temps les avoit envoyés devant Sa Majsté pour la supplier de ne les vouloir par traiter autrement que comme ses tres humbles sujets, ainsy qu’ayant refusé le herault ils se presentoient devant elle sans autre armes que leur habit de magistrature et venoient comme ce grand prestre dont il est question dans l’Ecriture qui, pour flechir l’ire de Dieu, ne se servit d’autres armes que de la soumission dessus ses levres et de la confiance dans le cœur ; que de cette manière, ils esperoient flechir la colere de Sa Majesté et reclamer sa bonté pour une compagnie qui n’avoit autres sentimens que de respect et de soumission et n’avoit autre realité qte de ses tres humbles et tres fideles sujets.
[p. 672] Sur quoy, la Reyne ayant dit à M. le chancelier de respondre, il leur avoit dit que la Reyne estoit tres satisfaite des paroles de soumission et de respect du parlement, mais qu’elle souhaitait en voir des effets ; qu’elle avoit tousjours eu bonté pour la compagnie et qu’elle les pouvoit assurer qu’elle ne vouloit de mal à aucun de la compagnie, et qu’elle donnoit seureté entiere toute entiere pour les personnes, pour les biens et pour les charges de qui que ce soit, tant en general qu’en particulier. Ensuite M. le duc d’Orleans et M. le Prince avoient donné les mesmes assurances, et la Reyne leur avoit enjoint de luy faire scavoir la response du parlement.
[…]
[p. 678] [20 février] Les nouvelles estoient publiques qu’à Saint Germain M. le Prince et M. le duc d’Orleans estoient brouillés sur le passeport des gens du Roy, le dernier voulant la paix.
[…]
[p. 680] [22 février] L’on parla d’un rôle de taxes faites à Saint Germain sur presque tous les bourgeois et officiers de Paris à cause de leurs terres à la campagne. L’imprimé estant donné à lire, on lut d’abord un arrest du conseil d’en haut par lequel le Roy, pour la subsistance de son armée, ordonnoit que les maisons de campagne appartenant aux bourgeois de Paris seroient taxées, au payement desquelles taxes les receveurs et fermiers des terres seroient contraints par vente des meubles estant esdites maisons, materiaux d’icelles et coupe des bois de haute futaie. A la suite de cet arrest estoit un role des maisons taxées, dont les deniers seroient reçus par Longuet. le premier article estoit de la terre de Champlastreux et du Plessis appartenant au sieur Molé, cy devant premier president du parlement transferé à Montargis, taxé à 8000 livres ; M. Nicolaï, à cause de Goussainville, taxé de mesme ; M. de Montmort taxé 4000 livres ; les presidens de la cour ensuite taxés à 6000 livres ; les maistres des requestes taxés à 3 et 4000 ; les conseillers à 2000. On les appeloit cy devant conseillers, ils estoient tous nommés sans ordre ; tous les frondeurs y estoient, et beaucoup d’autres. Il y avoit plus de deux cents articles, dont la somme totale se montoit à plus de 500000 livres. Je n’y suis point nommé à cause d’Amboille. Ledit rôle, arresté au conseil d’en haut, estoit signé Guenegaud. […]
[p. 681] Il fut donné arrest de deffences et, en cas que l’on passast outre, l’on useroit de represailles sur les maisons des gens de la cour à Paris. M. le premier president voulant empescher cette deliberation dit que cet imprimé n’avoit esté signifié à personne, et ainsy n’estoit point public. Il demanda qui l’avoit donné ; M. de Blancmesnil dit que c’estoit luy, et que l’on le luy avoit envoyé de Saint Germain. Le premier president repeta : « de Saint Germain, Monsieur ? », le voulant taxer de correspondance. De quoy Blancmesnil s’offensa, et dit qu’il n’avoit point de correspondance à Saint Germain. Le premier president repliqua qu’il ne l’avoit point pensé. […]
L’on arresta encore de deputer vers la reyne d’Angleterre pour se condouloir de la mort du roy d’Angleterre.
[…]
[p. 690] Le samedy 27 février, je fus au Palais pour entendre devant le feu la relation de la deputation du premier president. L’on dit que Brie estoit pris et que Bourgogne, gouverneur, s’estoit retiré dans le chasteau, que nostre convoy avoit bien reussi et que l’on estoit allé querir du blé jusques à sept lieues de Paris dans la France, qu’il en estoit arrivé beaucoup.
Le parlement estant assemblé, où estoient le prince de Conty, MM. d’Elbeuf, de Beaufort, de Luynes, de Brissac, de la Mothe et le coadjuteur, les gens du Roy sont entrés ; M. le premier president dit que, suivant les ordres de la compagnie, estant parti avec MM. les deputés, il avoit trouvé l’escorte dans le Cours de la Reyne, et qu’au [p. 691] dessus de Chaillot ils avoient trouvé M. le marechal de Grammont à la teste de deux escadrons de cavalerie ; il s’estoit mis dans leur carrosse jusques dans Saint Cloud, où ils avoient trouvé une seconde escorte, qui les avoit conduits à Ruel, où ils avoient couché et où M. de Grammont estoit venu les visiter ; que le jeudy, ayant reçu l’ordre pour avoir l’audience à deux heures, ils s’estoient rendus à Saint Germain dans la conciergerie, où M. de Longueil les avoit reçus et traités tres bien, selon son affection et l’honneur qu’il porte à la compagnie. Là ils avoient esté visités des marechaux de Schomberg, de Villeroy et de toutes les personnes de condition, sur le visage desquels ils n’avoient rien remarqué d’ennemis ; que le secretaire d’Estat [de Guenegaud] les estant venus querir pour l’audience, ils avoient passé par plusieurs chambres pleines de monde et avoient esté introduits dans le cabinet, où estoyent la reyne, M. le duc d’Orleans, M. le Prince et autres du conseil (pour ne pas nommer le cardinal, qui y estoit), qu’il avoit dit à la Reyne que le respect qui estoit dû aux roys estoit tellement imprimé dans le cœur du peuple françois, que la marque de l’autorité souveraine estoit imprimée si avant dans l’ame de tous ses officiers qu’ils aimeroient mieux, les uns et les autres, se reconnoistre coupables que de manquer au devoir et à l’obeissance qu’ils luy devoient et luy donner juste sujet de plainte, aussy que ni les uns ni les autres n’avoient pas cru s’en departir lorsqu’ils avoient pris les resolutions auxquelles la necessité de leur propre conservation les avoit obligés, la deffense estant tousjours tres legitime et tres innocente lorsque l’on ne songe qu’à conserver sa vie, et que si dans les resolutions qu’il avoit fallu prendre il avoit esté fait quelque chose au prejudice de l’autorité royale, le prince, par un sage conseil, [p. 692] approuvoit tout ce qui avoit esté fait, connoissant et l’innocence et la sincerité dans les intentions, et ressembloit à ce sage pilote lorsque dans la tempeste il se fait quelque chose ou sans ses ordres ou contre ses ordres mesmes, que l’on a baissé les voiles, pris en main le gouvernail et mesme jeté une partie des marchandises les plus precieuses, tant s’en faut qu’il le trouve mauvais, qu’au contraire il en scait gré et l’approuve, scachant que chascun n’a agi que pour sa propre conservation et tascher de garantir le vaisseau du naufrage, et apres l’orage passé chascun reprend sa fonction et execute les ordres qui luy sont prescrits ; qu’avec cette pensée, il estoit deputé de la part du parlement pour assurer Sa Majesté que si pendant cette tempeste ils avoient fait baisser ou lever les voiles sans ordres, et s’ils avoient mis la main sur le gouvernail, ils estoient prests à retourner à leurs fonctions sytost que Sa Majesté auroit fait cesser cette tempeste, qui estoit capable de faire perir ce grand vaisseau, dans lequel sa fortune estoit enfermée aussy bien que celle de ses sujets, que si cette mesme necessité leur avoit fait recevoir un envoyé de l’archiduc, lire ses lettres et entendre sa creance, ç’avoit esté avec ce respect et cette soumission d’apporter à Sa Majsté la lettre et la creance pour en ordonner ce qu’elle jugeroit utile pour le bien du royaume, pouvant assurer Sa Majesté que le parlement, en cette rencontre, n’a point eu d’autres sentimens que de ses tres humbles et tres obeissans serviteurs et sujets.
A quoy la Reyne avoit respondu de sa bouche, M. le chancelier n’y estant point à cause de son indisposition, qu’elle avoit tousjours eu bonne volonté pour la ville de Paris et leur compagnie, mais [p. 693] qu’elle estoit obligée de conserver l’autorité du Roy son fils et qu’elle feroit tout son possible pour la maintenir, et qu’elle feroit scavoir son intention par escrit.
Eux s’estant retirés et ayant jugé qu’il ne falloit pas se separer en cet estat, ils avoient fait demander à la Reyne si elle trouveroit bon qu’ils eussent l’honneur de parler à M. le duc d’Orleans et à M. le Prince. La Reyne l’ayant permis, ils avoient eu conference avec M. le duc d’Orleans et avec M. le Prince trois heures entieres, où il s’estoit dit tout ce qui se pouvoit de part et d’autre ; que le lendemain ils avoient conferé encore pendant deux heures, et avoient obtenu parole que, pourvu que le parlement voulust deputer pour la conference où les deputés pourroient resoudre ce qu’ils estimeroient à propos, la Reyne accorderoit aussytost un passage pour amener suffisamment de blés pour la subsistance de Paris ; qu’avec cette assurance ils s’estoient separés et que l’on leur avoit donné un papier contenant la responce de la Reyne avec les originaux de deux lettres du comte Pigneranda, du 12 fevrier, par lesquelles il se plaignoit que l’on n’avoit donné au sieur Friquet que des paroles generales, et ce pour monstrer que le dire de l’envoyé de l’archiduc estoit faux par lequel il assuroit que le cardinal Mazarin offroit toutes choses pour avoir la paix. Ayant pris ces deux papiers, ils estoient retournés avec la mesme escorte. M. le premier president ajouta qu’il pouvoit assurer la compagnie qu’il avoit trouvé tous les esprits tres disposés à l’accommodement.
[…]
[p. 700] Le mercredy 3 mars, apres le disner, je scus de M. d’Eaubonne que les gens du Roy estoient venus le matin de Saint Germain et avoient apporté les passeports pour la conference, qui devoit commencer à Ruel le lendemain jeudy à onze heures, que les ordres estoient donnés pour l’ouverture du passage de Corbeil pour cent muids de blé et plus par jour à raison de 12 ivres 10 sous le setier, dont toute la compagnie avoit tesmoigné grande satisfaction.
[…]
[p. 705] Le vendredy 12 mars, Mme de Fourcy nous envoya dire que la paix estoit faite. Cette nouvelle nous fut confirmée de tous costés.
[…]
[p. 711] Le dimanche 14 mars, je scus que le parlement estoit assemblé et que les deputés n’estoient point partis. Je fus le soir chez M. de Petit-Marets qui me dit que M. le premier president, au lieu de recevoir des passeports, avoit reçu une lettre de cachet adressée au parlement sur laquelle il l’avoit assemblée, que par cette lettre le Roy disoit avoir executé le traité de son costé et desiroit que le parlement l’executast du sien, et que les generaux ne pouvoient avoir d’interest particulier sans faire connoistre que le bien public ne leur a servi que de pretexte. […]
A partir de ce soir, du costé de Saint Germain, l’on referma les passages des vivres qui avoient esté ouverts des le vendredy apres disnée.
[…]
[p. 721] Le mardy 16 mars, […] l’apres disnée, les deputés partirent pour aller à Saint Germain.
[…]
[p. 722] Le vendredy 19 mars, la surseance d’armes fut continuée. […] Le matin, je fus chez M. Amelot, qui avoit reçu une lettre de M. le chancelier par laquelle nous etions mandés à Saint Germain.
[…]
[p. 723] Le dimanche 21 mars, je fus à Saint Germain à cheval avec MM. Bernard Rezé et l’abbé du Tremblay. En passant par la porte Saint Honoré, l’officier qui commandoit me dit avoir reçu ordre de M. de Beaufort d’arrester un chariot chargé de hardes accompagné de quatre gardes de M. de Bouillon. Arrivant à Saint Germain, je trouvai les esprits fort estonnés de la declaration des generaux faite le samedy et apportée par le comte de Maure, et de la nouvelle arrivée de l’approche de l’archiduc, qui estoit au Pont à Vere et venoit à La Ferté Million, et, outre ce, de ce que les deputés de Rouen ne venoient point. L’on disoit que le Roy s’en alloit. Je vis M. d’Avaux et M. Le Roy, qui me dirent qu’il se faisoit une negociation secrete avec les generaux. Je vis encore M. le chancelier, M. Haligre, M. de La Meilleraye, et les deputés du parlement, qui retournerent à Ruel et remirent la conference au lendemain, les deputés de Rouen devant arriver, et en effet ils passerent par Saint Germain et allerent coucher à Ruel, ce qui remit les esprits. L’approche de l’archiduc [p. 724] surprenoit de voir qu’il avançast sans estre assuré d’une place et qu’il voulust passer deux rivieres parce que, l’affaire de Paris s’accommodant, son armée estoit ruynée devant que de se pouvoir retirer, d’autant que le colonel d’Erlac s’avançoit avec dix mille hommes de l’armée de M. de Turenne, et en cinq jours de marche devoit estre derriere l’archiduc et luy empescher la retraite, cependant que le mareschal du Plessis l’arrestoit en teste.
Le lundy 22 mars, le bruit augmentoit que le Roy s’en alloit et partiroit la nuit, ce qui m’obligea à revenir pendant que la treve continuoit et qu’il estoit incertain si elle seroit renouvelée. Je vis M. Le Roy, qui me dit que tout iroit bien nonobstant le bruit commun. Je vis aussy les deputés de Paris et de Rouen ensemble, qui s’en alloient à la conference chez M. le chancelier, où estoient pour le Roy MM. le chancelier, les mareschaux de La Meilleraye et de Villeroy, MM. d’Avaux, de La Vrilliere, de Brienne et Le Tellier. Je vis ce matin, devant que partir, M. Le Tellier. Arrivé à Paris, j’appris que l’archiduc avoit offert à M. le prince de Conty de ne pas passer outre, si la Reyne vouloit envoyer des plenipotentiaires pour la paix, de quoy M. le prince de Conty avoit donné avis au parlement, et l’un et l’autre à leurs deputés. La Reyne avoit accepté cette proposition.
[…]
[p. 728] Le jeudy 1er avril, je fus au Palais, qui estoit bien gardé. M. de Lamoignon me dit que tout iroit bien. […] [p. 733] Ainsy finit cette guerre, apres avoir duré douze semaines, contre la pensée de la cour qui ne l’avoit entreprise que dans la pensée qu’elle ne dureroit que huitaine.
[…]
[p. 736] Le mardy 6 avril, les deputés du parlement furent à Saint Germain avec ceux de la chambre des Comptes, qui furent regalés magnifiquement.
Le mercredy 7 avril, la Ville y fut aussy avec les colonels, et puis les corps des marchands, l’université, le grand conseil.
[…]
Le samedy 10 avril, je fus à Saint Germain avec MM. de Lamoignon, Boucherat, Brillac et le marquis de Crenan, lieutenant des chevaux legers de M. le prince de Conty. Là j’appris la disgrace de M. de Roquelaure, renvoyé chez luy pour avoir tesmoigné que, s’il n’eust esté attaché à la cour par sa charge, il eust suivi le parti des princes. L’on me raconta le detail de l’affaire de M. de La Meilleraye, que jeudy, chacun disant qu’il sortoit des finances, Mme d’Aiguillon luy en avoit parlé pour l’y disposer, que le lendemain ses amis l’estant venus voir, et M. de Saint Chamond luy en ayant fait compliment plus ouvert, il avoit dit qu’il n’en avoit point ouy parler, et qu’il attendroit que le Roy luy donnast l’ordre. M. le cardinal le vint voir ensuite, fut deux heures avec luy, et luy protesta qu’il feroittout ce qu’il voudroit, qu’il garderoit sa charge, s’il vouloit, qu’il estoit le maistre ; que M. de La Meilleraye, pour monstrer qu’il vouloit garder sa charge, avoit tenu l’apres disnée direction. Je scus que l’on destinoit pour sa charge ou M. d’Avaux ou M. Servien, ou le president de Maisons. D’autres disoient que l’on n’y mettroit sytost personne, et que les directeurs continueroient. L’on me dit que M. Servien devoit arriver, qu’on luy avoit envoyé trois courriers. La cour paroissoit tres embarrassée. M. le marechal de Grammont demandoit permission d’aller en Bearn ; M. le prince de Conty devoit venir lundy à Saint Germain, et M. le Prince aller mardy voir M. de Longueville [p. 737] à Bouconvilliers, sur le chemin de Rouen. M. le Prince, changeant de methode, caressoit extraordinairement tous les generaux de Paris.
[…]
[t. 2, p. 344] [16 avril 1665] L’entrée du Roy est remise de lundy prochain en huit jours. Il partira [lundy] pour Saint Germain avec toute la cour, et reviendra pour aller au parlement.
[…]
[p. 348] [28 avril] Le mal de la Reyne mere augmente fort. Elle a esté en basteau à Saint Cloud, où elle eut une nuit mauvaise ; le lendemain, en basteau, à Saint Germain, où l’on dit qu’elle est encore plus mal, et l’on craint qu’elle ne dure pas longtemps. Chacun regarde cette perte avec douleur parce que, quoyque la Reyne mere n’ayt pas de credit pour faire plaisir, elle empesche du mal et retient l’union dans la maison royale. J’y perdrai en mon particulier beaucoup par la bonté qu’elle m’a tesmoignée, ayant fait tout ce qu’elle a pu pour m’obliger.
Le mercredy 29 avril, le Roy vint de Saint Germain pour faire verifier au parlement la declaration contre les jansenistes. […] [p. 352] Après, le Roy se leva et parla longtemps à M. le chancelier, et, après, à M. le premier president assez longtemps, et, saluant toute la compagnie civilement en passant, il sortit et alla disner à Versailles, où sa maistresse se devoit rendre de Saint Germain.
[…]
[p. 355] [2 mai] Les divertissemens du Roy continuent, il chasse tous les jours avec sa maistresse. Le mal de la Reyne mere augmente, quoiqu’elle paroisse habillée et fort propre. Toute la suite de la cour s’ennuye fort à Saint Germain, car chacun ne parle que misere. La Reyne est grosse.
[…]
[p. 360] [12 mai] J’appris encore que M. le president de Novion, avec M. le president Tubeuf, s’estant presentés à Saint Germain pour remercier le Roy de l’employ donné à M. Tubeuf le maistre des requestes, ayant trouvé que le Roy venoit d’entrer dans son conseil, un valet de chambre estant entré pour presenter au Roy un mouchoit, il luy dit à l’oreille que M. le president de Novion estoit là. Le Roy, levant la parole, dit : « Voilà qui est plaisant ! M. le president de Novion me fait dire qu’il m’attend. Oh ! qu’il m’attende et ne s’impatiente pas. » Le valet de chambre ayant dit au Roy que c’estoit M. Tubeuf qui luy avoit dit de parler, le Roy reprit encore : « Soit : M. le president Tubeuf ou M. le president de Nivion, cela est esgal, qu’ils m’attendent. » M. Colbert ne parla pas, mais, à la fin du conseil, s’estant approché pour dire au Roy que M. le president de Novion souhaitoit le saluer, il luy dit : « Eh bien ! il me verra chez la Reyne ma mere, ou me parlera en passant ; c’est assez pour luy. »
[…]
[p. 363] Le dimanche 31 mai, M. Boucherat me dit qu’il avoit esté le jour precedent à Saint Germain, où tous Messieurs du conseil avoient esté mandés ; qu’ils trouverent que la Reyne mere estoit fort mal et la cour en larmes ; neantmoins qu’à onze heures ils avoient esté chez le Roy, qui leur avoit dit que, depuis qu’il avoit pris le soin des affaires de son Estat, il avoit commencé par la reformation des finances, et qu’il croyoit y avoit reussi ; qu’il vouloit à present travailler à la reformation [p. 364] de la justice, et comme il connoissoit tous ceux qui estoient dans son conseil pour fort habiles et qui avoient esté dans tous les employs, il les avoit mandés pour leur dire qu’il souhaitoit que chacun d’eux en particulier fist des memoires sur les choses qu’il croiroit estre à reformer, et que, dans trois semaines, ils eussent à tous revenir et d’apporter chacun en particulier ces memoires, afin qu’il examinast et vist ce qui seroit à faire ; qu’aussytost il s’estoit retiré et paroissoit fort touché de l’extremité de la Reyne mere ; que M. le chancelier estoit present et M. Colbert, et qu’ils n’avoient rien dit, et que chacun apres le disner estoit revenu à Paris.
[…]
[p. 367] [6 juin] La Reyne continue à se mieux porter. M. de Mirepoix m’a dit ce matin samedy que, sytost qu’elle pourroit estre transportée, la cour reviendroit. Elle ira au Val de Grace et le Roy au Bois de Vincennes.
[…]
[p. 369] Le dimanche 21 juin, MM. du conseil allerent à Saint Germain porter leurs memoires pour la reformation de la justice. Le Roy les [p. 370] reçut sans leur parler. L’on dit qu’ils doivent estre mis dans huit jours es mains de M. le chancelier.
[…]
[p. 385] Le mardy 11 aoust, toute la cour est revenue de Saint Germain. La Reyne mere a esté transportée au Val de Grace, s’estant trouvée assez forte pour souffrir le transport.
[…]
[p. 441] Le mercredy 27 janvier [1666], je fus avec MM. Boucherat, de Fourcy, de Bermond, de Paris et de Boissy, et avec les autres députés du parlement, à Saint Germain, pour faire les complimens au Roy sur la mort de la Reyne mere. Le carrosse de M. de Montmort le conseiller versa à la montagne. Arrivés à Saint Germain, messieurs du parlement furent dans la chambre qui leur estoit preparée. M. Boucherat et moy montasmes en haut chez le Roy, que nous saluasmes lorsqu’il passoit de sa petite chambre pour entrer dans sa grande chambre et donner ses audiences. Nous estions assez proches de sa chaire, derriere MM. Turenne, de Villeroy, du Lude, Rose, qui s’ouvroient pour nous faire voir. M. le premier président fit fort bien son compliment, le premier president de la chambre des Comptes aussy ; le premier president de la cour des Aydes hesita et se troubla, et apres le president des monnoyes. Les procureurs et avocats generaux font, apres chaque cour, leurs compliments separés. Les complimens finis, M. de Turenne dit au Roy que M. Boucherat estoit là et qu’il estoit des amis de M. le premier president, et le Roy respondit : « Et d’Ormesson, qui est aussy de ses bons amis ».
[p. 442] Je fus apres à la messe du Roy, où estoient la Reyne, M. le Dauphin, Monsieur, et Mlle de La Vallière, que la Reyne a prise aupres d’elle par complaisance pour le Roy. En quoy elle est fort sage. Cette demoiselle ne me parut point belle : elle a les yeux fort beaux et le teint, mais elle est descharnée, les joues cousues, la bouche et les dents laides, le bout du nez gros et le visage fort long. En verité, je fus surpris de la trouver si peu belle. Apres la messe, la Reyne reçut les memes complimens des compagnies

Le Fèvre d’Ormesson, Olivier

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les Mémoires-Journaux de Pierre de L’Estoile

« [t. I, p. 237] Rare exemple. Le samedi 22e mars [1578], le seigneur de La Loue fust, par le commandement du Roy, mené soubs seure garde à Saint Germain, où on lui fist espouser Malherbe, damoiselle de la Roine, qu’il avoit engrossée, et au retour, les envoia tous deux prisonniers au Bois de Vincennes, menassant La Loue de lui faire trancher [p. 238] la teste, à cause de l’outrage et exces par lui fait en la maison de la Roine son espouse, aiant esté si presomptueux que d’y engrosser une de ses filles.
[…]
[p. 310] Le vendredi 20e mars [1579], le Roy accompagne M. le duc son frère, s’en retournant à Alençon, jusqu’à Noisi, où ils vont coucher, et le lendemain à Saint Germain, où ils reçoivent les nouvelles comme, le vendredi passé 13e mars, le jeune Duras, dit Rassan, avec l’aisné de Duras, son frere, s’estoient attaqués de querelle contre le vicomte de Thurene et le baron de Salignac, s’estans combattus deux à deux sur la greve d’Agen. Auquel combat le vicomte de Thurenne estoit demeuré blessé de dix sept coups d’espée, en danger de mort.
[…]
[p. 321] Le mardi 18e aoust, le Roy s’en alla à Saint Germain en Laye, et envoia le grand prevost de France, bien accompagné de gens de pied et de cheval, pour se saisir de la personne du seingneur de la Roche Guion, et autres ses partizans gentilshommes de Normandie, pour ce qu’aux deniers Estats tenus à Rouan par les Normans, ils avoient hautement parlé pour le peuple contre le Roy.
[…]
[p. 354] Le vendredi 25e febvrier [1580], le seigneur d’O, l’un des mignons du Roy, revint de Normandie, dont le Roy lui avoit donné partie du gouvernement en la faveur du seingneur de Villequier, duquel il estoit designé gendre, et vint trouver Sa Majesté à Saint Germain en Laie, à laquelle il fit le recit du bon receuil qu’on lui avoit fait es villes et lieux de son gouvernement ; et pour lui donner nouveau passe temps, amena de Rouan une compagnie de farceurs.
[…]
[t. II, p. 1] Au commencement de janvier 1581, le Roy, de Blois, revinst à Paris et laissa les Roines à Chenonceau, et le Conseil privé et d’Estat à Blois, et, après s’estre donné du bon temps en nopces et festins, le 18e du mois, s’en alla au chasteau de Saint Germain en Laie commencer une diette, qu’il tint et continua jusqu’au commencement du mois de mars ensuivant.
[…]
[p. 2] Le dimanche 5e jour du mois de mars, le Roy, relevé d’une longue diette par lui faite à Saint Germain en Laie, d’où deux jours auparavant il estoit, sain et allegre, revenu à Paris, alla au Bois de Vincennes disner.
[…]
[p. 126] Le mercredi 25e may [1583], le Roy alla aux Augustins, au service de la Pénitence, en la maniere accoutumée, et là prist congé de ses confreres poenitens pour 15 jours ou 3 semaines, et partit de Paris le vendredi 27e may, avec ses deux mignons, alla disner aux Bons Hommes de Nigeon, de là à Saint Germain en Laye, et de là fust trouver la Roine sa mere à Monseaux, et de Monseaux se rendit à Mezieres, où il se fit porter de l’eau pour voire de la fontaine de Spas.
[…]
[p. 141] Le lundi 28e novembre, ce Du Mesnil qui nagueres avoit esté resserré en la Bastille par commandement du Roy, deplaisant de tenir si longue et estroicte prison, brula la nuit, avec la paille de son lit et ce qui peust recouvrer de vois, la porte de son cachot, duquel sorti print la corde du puis estant dans la cour, monta dessus la terrasse de la Bastille, au plus haut, attacha le bout de ceste corde à une roue d’artillerie, et l’alongea d’une autre forme de corde faite de ses draps, de sa coitte, de sa paillasse et de la couverture de son lit, et se dévallant dans le fossé, la corde se treuvant courte, se laissa tumber en bas, et demeura accroché par l’espaule à la pointe d’un barreau du treillis d’une fenestre ; d’où criant, fut secouru et remis en la prison, où il fut depuis plus soingneusement gardé. Il disoit vouloir aller parler au Roy, lors estant à Saint Germain en Laye, et qu’il s’asseuroit que le Roy, l’aiant oui, lui donneroit sa remission ou abolition et le remettroit en sa liberté.
[…]
[p. 146] Le 12e janvier [1584], le Roy, aveq les conseillers de son conseil d’Estat et autres, mandé par lui expres, retourna à Saint Germain en Laye continuer la reformation qu’il disoit vouloir faire de tous les estats, commenceant à ses officiers tant de robbe longue que de robbe courte, dont il retrancha un grand nombre, au mescontentement de plusieurs qui avoient acheté leurs estats et, estans cassés, n’en estoient point remboursés. Il en vouloit singulierement à ses tresoriers et gens de finances, qu’il tenoit pour larrons notoires (en quoy il y a apparance qu’il ne se trompoit pas). De fait, tost apres, il leur fist faire proces, erigeant une chambre expresse à cest effait que l’on appela la chambre royale, en laquelle Chastillon, comme devant, fut procureur du Roy.
[p. 147] Febvrier
Le septiesme febvrier, le Roy, apres avoir veu la foire Saint Germain, s’en retourna à Saint Germain en Laye pour continuer la reformation des etas de son roiaume, et y revinsty le samedi ensuivant pour faire le carneval.
[…]
[p. 160] Le mercredy 27e juing, le Roy alla disner à Madrid et coucher à Saint Germain en Laye, où estant tous les officiers et serviteurs de feu [p. 161] son frere s’estans presentés à Sa Majesté, furent renvoiés par lui à la Roine sa mere, disant le Roy « qu’il n’estoit possible qu’il leur peust voir de bon œil ».
[…]
[p. 173] Le 30e octobre, le Roy s’en alla au Bois de Vincennes passer les festes de Toussaints aveq ses confreres Hieronimites, et la Roine mere, en son logis des Repenties. La Roine regnante demeura à Saint Leger, attendant que le Roy se resolut de Saint Germain, ou autre lieu, pour resider jusqu’à ce que le danger de la peste fust passé. Cependant, les filles de la Roine furent envoiées à Meudon passer quelques jours.
[…]
[p. 176] Le 18e de decembre, le Roy vint de Saint Germain en Laye à Paris et se retira à Vincennes, où il passa les festes de Noel aveq ses confreres Hieronimites.
[…]
[p. 194] Le 7e jour de may [1585], le duc d’Espernon, accompagné de quatre cens harquebusiers, se retira au chasteau de Saint Germain en Laye pour s’y faire penser d’un chancreux mal de gorge qu’il avoit et y faire les diettes et autres traictemens necessaires à sa santé. Où estant, le Roy incontinent le fust voir, et lui mesme le feit soingner et panser, ce qui donna subject au sonnet suivant, fait et divulgué par ceux de la Ligue, qui la hayioient mortellement pour ce qu’ils le congnoissoient pour serviteur tres fidele du Roy, encores qu’ils couvrissent leur haine d’une bonne cause, qui estoit la misere du peuple, duquel ils le disoient sangsue.
[…]
[t. VI, p. 203] Le mercredi saint, 6e avril [1594], le Roy revinst de Saint Germain en Laye sur les onze heures du matin expres (comme il disoit) pour estre à l’absoulte à Nostre Dame, où il alla.
[…]
[p. 224] Le dimanche 28e [août], M. d’O fist un festin magnifique aux dames et damoiselles de Paris.
Ce mesme jour, Madame, sœur du Roy, fist prescher publiquement, dans le chasteau de Saint Germain en [p. 225] Laye, et y fust celebrée la cene, en tres grande compagnie.
[…]
[p. 226] Le mardi 13e [septembre], le Roy vint se proumener à Paris, à la desrobbée, n’estant accompagné que de M. de Longueville ; coucha chez Du Mortier, à la Cousture Sainte Catherine, et le lendemain matin s’en retourna seul, avec madame de Liancour, dans son coche, à Saint Germain en Laye.
[…]
[p. 244] Le mardi 22e [novembre], comme le Roy arrivoit à Saint Germain en Laye, furent pris huict voleurs, qui, par leurs paroles et variations, se rendirent suspects d’estres venus là pour tuer le Roy, car ils s’estoient enquis à quelle heure il passeroit, s’il estoit bien accompagné, quel habit il portoit et autres circonstances qui les envoierent, tout bottés, au gibet, car ils furent perndus, aux torches.
[…]
[t. VII, p. 41] Le Roy, suivant la promesse qu’il en avoit faite au [p. 42] pape, retira pres de lui, sur la fin de ceste année [1595], Henri de Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang, aagé de sept ans, pour le faire nourrir et instruire en la religion catholique, apostolique et romainne ; et, pour ce faire, le fist amener de Poictou au chasteau de Saint Germain en Laye, où il luy bailla pour gouverneur M. le marquis de Pizani, seingneur autant sage et accompli qu’il y en eust en France, grand catholique et homme de bien, et pour precepteur M. Lefevre, homme de rare probité et doctrine, vrai catholique de profession et d’effort.
[…]
[p. 46] Le mercredi 24e [janvier 1596], le petit prince, qui estoit à Saint Germain en Laye de l’expres commandement de Sa Majesté, alla à la messe et fut changée sa religion, et instruit en la catholique par messire Pierre de Gondi, cardinal evesque de Paris, qui le catechiza selon que son aage le pouvoit porter. Et, pour ce que le desastre du plancher fondu à la Cour estoit arrivé le jour de devant, cela donna subject aux curieux de nouvelles allegories.
[…]
[p. 77] Le jeudi 12e decembre, le Roy arriva à Paris, et le lendemain alla à l’Hostel de Ville, où il parla en roy, envoia prisonnier à Saint Germain en Laye un bourgeois de Paris nommé Carrel qui s’estoit meslé de dresser quelque requeste pour les rentes de la Ville, des deniers desquelles il prist huict mil escus, menaçant de la Bastille le premier qui parleroit de sedition pour lesdites rentes.
[…] [p. 94] Le jeudi 8e may [1597], arriva à Saint Germain en Laye, où estoit le Roy, M. le duc des Deux Ponts, fils aisné du duc de Lorraine, pour baiser les mains à Sa Majesté, et aussi pour le mariage de lui avec Madame, dont on parloit fort à la Cour. Sa Majesté l’alla recueillir jusques à la moictié de l’allée du parc, et le mena par la main jusques en la chambre des dames, où estoit Madame, sa sœur, laquelle, avec le Roy et ledit duc, vinst à Paris le samedi 10e de ce mois.
[…] [p. 123] On faisoit, en ce temps [juin 1598], à Paris, un conte plaisant, reputé fabuleux au commencement, mais qui enfin fut averé pour veritable, d’ung pauvre homme que le Roy, en ce mois [juin 1598], trouva dans les bois Saint Germain, qui menoit vendre une vache qu’il avoit pour paier la taille, lequel le Roy aiant pris plaisir d’arraisonner, voiant que ce pauvre homme ne le connoissoit pas, tira de sa bouche la quintessence des plaintes du pauvre peuple sur les tailles et impost que journellement on lui mettoit [p. 124] sus. Et, pour lui en secouer davantage la bride, Sa Majesté lui dit qu’il faloit bien dire qu’on eust un meschant roy de tailler de ceste façon son pauvre peuple. « Si n’est il des pires (ainsi qu’on dit), va respondre ce bonhomme, tout à la bonne foy ; mais il a une belle Gabrielle qui le gratte, qui nous gaste tout ! » Le Roy, se prenant à rire, voiant sa naisveté, lui fist donner douze escus afin qu’il ne vendist point sa vache et en fist le conte, le lendemain, à sa maistresse, lui disant que, pour l’amour d’elle, il lui avoit donné les douze escus.
[…]
[p. 151] Sur la fin de ce mois [novembre], le Roy vinst secrettement à [p. 152] Paris pour voir madame la duchesse, qui s’estoit trouvée un peu malade et avoit eu une foiblesse, et après s’en retourna à Saint Germain avec elle dans sa litiere.
[…]
[p. 153] Le dimanche 13e de ce mois [décembre], jour sainte Luce, fust fait à Saint Germain en Laye le baptesme du fils de madame la duchesse de Beaufort, avec les pompes et cerimonies accoustumées. Le Roy, pour gratifier le comte de Soissons, le fist son compere avec madame d’Angoulesme, [p. 154] sœur bastarde du feu roy Henry II, qui en fust la commere avec ledit comte de Soissons. Messire Pierre de Gondi, cardinal, le baptiza. Au sortir d’icelui, on fist le festin magnifique et joua l’on devant le Roy un balet qu’on appeloit des Cinq Nations, desquels les principaux chefs estoient M. de Rohan, M. de Nemoux, le comte d’Auvergne, M. le Grand et le marquis de Coeuvre. Il y eust aussi un jeune homme, natif des fauxbourgs Saint Germain, fort habile et des plus soupples et adroits qui se soient veus de nostre temps, qui donna plaisir au Roy de danser sur une corde, voltiger, voler et faire autres tours de soupplesse et gaillardise, que Sa Majesté admiroit, et y prit plaisir, comme aussi firent tous ceux de sa Cour.
[…]
[p. 174] Le dimanche dernier de ce mois [janvier 1599], Madame, sœur du Roy, fust mariée dans le cabinet de Sa Majesté, à Saint Germain en Laye, avec le marquis de Pont, qu’on nommoit le duc de Bar, fils ainé du duc de Lorraine, par M. de Rouen, frere bastard du Roy, lequel conduisit le nouveau marié à la messe, comme aussi fust la nouvelle mariée conduitte au presche par M. de Bouillon et autres seigneurs et gentilshommes de la Religion en grand nombre.
[…]
[p. 178] Le lundi premier de ce mois [mars], sur le bruit qui couroit partout que le Roy espouseroit la duchesse de Beaufort, sa maistresse, les mesdisans de la Cour, où on ne bruioit d’autres choses que de ce mariage, semerent les vers suivans, qu’on disoit avoir esté trouvés, ce jour, sur le lit du Roy :
Mariez vous, de par Dieu, Sire !
Vostre lignage est bien certain :
Car un peu de plomb et de cire
Legitime un fils de putain.
Putain, comme les sœurs sont putantes,
Comme fut la mere jadis,
Et les cousines et les tantes,
Horsmis madame de Sourdis !
Il vaudroit mieux que la Lorraine
Vostre roiaume eust envahi,
[p. 179] Qu’un fils bastard de La Varaine
Ou fils bastard de Stavahi.
Le Roy, estant à Saint Germain en Laye, visitant ses orangers, trouva, enté sur le pied d’un, les vers susdits, qu’on y avoit mis expres, sachant que Sa Majesté ne faudroit à les y trouver. Le Roy, les aiant leus, dit : « Ventre saint gris ! si j’en tenois l’auteur, je ne le ferois pas enter sur un oranger, mais sur un chesne ! »
[…]
[p. 281] Le dimanche 25e de ce mois [mars 1601], advinst à Saint Germain en Laye, où estoit le Roy, qu’ung gentilhomme gascon nommé Dantiran, voulant entrer avec ses galoches, contre les defenses qu’en avoit fait le Roy, dans la chambre de Sa Majesté, fut repoussé par un des gardes, en sorte qu’il fust contraint de laisser ses galoches à la porte. De quoi le gentilhomme se sentant offensé, aiant rencontré, deux heures apres, son archer des gardes, lui donna deux soufflets. Lequel, sans autrement s’en revancher, en alla faire sa plainte au Roy, lequel aiant fait venir tout aussitost le gentilhomme, lui dit que, s’il ne l’eust recongneu pour un fol enragé, il lui eust fait tout à l’heure couper la teste. Au reste, qu’il ne se trouvast jamais devant lui, s’il ne vouloit estre incontinent pendu, et le bannist de la Cour à perpetuité. Et quant à celui des gardes, pour ce qu’il n’avoit tué le gentilhomme, comme il pouvoit et devoit le faire, Sa Majesté, apres l’en avoir rudement tansé et baffoué, lui en fist faire amande honnorable, les genouils à terre.
[…]
[t. VIII, p. 46] Le lundi 14e de ce mois [octobre 1602], sur les quatre heures apres midi, arriverent par la porte Saint Antoine les deputés des Cantons des Suisses. […]
[p. 48] Le jeudi 17e de ce mois, ils se transporterent tous à Saint Germain pour y saluer M. le Dauphin, qui les y festoia fort magnifiquement.
[…]
[p. 54] Ce jour [22 novembre], Dubreuil, peintre de Sa Majesté, singulier en son art et qui avoit fait et devizé tous ces beaux tableaux de Saint Germain, en revenant dudit Saint Germain sur un cheval qui estoit restif et alloit fort dur, fust, à son retour, surpris d’un renversement de boyau que les medecins appellent un miserere, qui en moins de vingt quatre heures l’envoia en l’autre monde.
[…]
[p. 75] Le dimanche 20e [avril 1603], le Roy alla au sermon du cordelier portugais qui preschoit à Saint Germain de l’Auxerrois, et au sortir de ce sermon, qui commença à trois heures, monta à cheval avec la Roine pour aller à Saint Germain en Laye voir M. le Dauphin.
[…]
[p. 89] Le mardi 5e [août], Madame la duchesse de Bar, sœur du Roy, arriva de Lorraine à Paris, où, des le lendemain, fit prescher publiquement et à huis ouvers en son hostel, pres les Filles repenties, combien que le bruit fust partout que le Roy ne le vouloit point et qu’il l’avoit expressement defendu. Ce fait, elle partist l’apres dinée poour aller trouver le Roy son frere à Saint Germain en Laye.
[…]
Le dimanche 10e, Madame, à la priere du Roy son frere, assista au sernom du père Cotton, jesuite, qu’il fist ce jour à Saint Germain en Laye, à onze heures du matin, et prescha l’Evangile du Samaritain, où, interpretant ce surplus dont il est fait mention audit passage, « que l’autre lui devoit bailler », dit que c’estoit le tresor des indulgences du pape et les œuvres de supererogation qu’il en tiroit. Ce que Madame fist confuter l’apres disnée mesme par son ministre Du Moulin, auquel elle enchargea de prescher ceste mesme Evangile. Ce qu’il fist.
[…]
[p. 100] Le jeudi 25e [septembre], le Roy arriva à Saint Germain, estant de retour de son voiage de Normandie, où il arresta le restablissement des jesuites, confirma Sigongne en son [p. 101] gouvernement de Dieppe, et osta à Crevecoeur le gouvernement du chasteau de Caen.
[…]
[p. 121] En ce mois [février 1604] mourust en Lorraine madame la duchesse de Bar, sœur unique du Roy, et en arriverent les nouvelles à Paris et à la Cour le dimanche 15e du present mois de febvrier, qui furent celées au Roy jusques au mardi ensuivant, pour ce qu’il avoit ses gouttes.
Sa Majesté s’en montra fort faschée et en pleura (ce [p. 122] qu’on a fort rarement remarqué lui estre avenu), defendist tout à l’heure les balets et masquarades pour un temps, et commanda à messeingneurs de Nemoux et comte d’Auvergne de differer leur balet qu’ils devoient jouter le jeudi, puis, pour passer sa fascherie, s’en alla à Saint Germain, apres avoir donné ordre aux bagues du cabinet de ladite dame.
[…]
[p. 165] Sur la fin de ce mois [septembre], grands remuemens à la Cour : la marquise disgraciée, ses enfans menés à Saint Germain, de l’expres commandement de Sa Majesté.
[…]
[p. 223] Ce jour, le Roy et la Roine, passans au bacq de Nulli, revenans de Saint Germain à Paris, et ayans avec eux monsieur de Vendosme, faillirent à estre nayés tous trois, principalement la Roine, qui beut plus qu’elle ne vouloit ; et sans un sien valet de pied et un gentilhomme, nommé La Chastaingneraie, qui la prist par les cheveux, s’estant jetté à corps perdu dans l’eau pour l’en retirer, couroit fortune inévitable de sa vie. Cest accident guairist le Roy d’un grand mal de dents qu’il avoit, dont le danger estant passé il s‘en gossa, disant que jamais il n’y avoit trouvé meilleur recette : au reste, qu’ils avoient mangé trop de salé à disner, et qu’on les avoit voulu faire boire après. Mais il y avoit plus à remercier Dieu qu’à rire de ceste délivrance, laquelle procédoit d’en haut : Dieu aiant eu encores pitié à ceste fois, comme en beaucoup d’autres, de son Roy et de son peuple.
[…]
[t. IX, p. 142] Le mercredi 15e de ce mois, le Roy, après avoir séjourné [p. 143] à Paris près de trois semaines, avec le duc de Mantoue, auquel il fist voir les beautés et singularités de sa bonne ville (et la plus belle, comme je croy, de celles que le soleil regarde), en partit, avec ledit duc, pour aller à Fontainebleau. Et comme il lui avoit fait monstre de la superbe grandeur et magnificence qui se remarquent aux bastimens somptueux et embelissemens de toutes sortes qu’il y a fait faire, depuis la reduction d’icelle sous l’obeissance de Sa Majesté, aussi le voulust il contenter de ses belles maisons des champs, non moindres en superbe et magnificence que ses villes, et le proumener à Monsseaux, Saint Germain et autres lieux de plaisance, qu’il a fait acommoder des plus exquises raretés et singularités qui se puissent voir.
[…]
[t. XI, p. 131] Le Roy et la Roine allerent, ce jour [26 juillet 1611], à Saint Grmain, et disoit on que la Roine y estoit allée, en partie, pour ne point estre à Paris, quand la Coman seroit executée : qu’on disoit estre le lendemain.
[…]
[p. 135] Ce jour [2 août 1611], M. le chancelier et le premier président allerent à Saint Germain voir les comedies qui s’y jouoient, de messieurs les Enfans de France. Que Dieu veuille que ce ne soit point le prologue d’une tragedie ! »

L’Estoile, Pierre (de)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires apocryphes du maréchal de Vieilleville

« [vol. 1, p. 149] [1547] Henry, dauphin, par cette mort devenu roy, partit de Ramboillet, et, après avoir commandé de porter le corps du feu Roy son pere a Saint Cloud pres Paris, pour y faire la quarantaine avant estre enterré, selon l’ancienne coutume de nos rois, s’achemina droit a Saint Germain en Laye, ou il trouva deja M. le connestable qui attendoit, il y avoit plus de six ans, ce changement en grande devotion, et tous deux commencerent a donner ordre aux affaires, desquelles les plus pregnantes d’alors estoient celles d’Angleterre. Et y ayant vacqué cinq ou six jours sans intermission, ils appellerent au septieme M. de Vieilleville, auquel ils baillerent, se confians de sa prudence, memoires et instructions pour aller en Angleterre devers le petit roy Edouard et son Conseil, pour les assurer qu’il vouloit tenir inviolablement la paix que leurs seigneurs et peres avoient juree, et que Sa Majesté avoit envoyé, par un autre chevalier d’honneur, a l’empereur Charles, curateur honoraire de leur jeune roy, [p. 150] une pareille asseurance, et que, si besoin, le seigneur de Vieilleville, deputé de sa part devers eulx, avoit un pouvoir fort ample pour la jurer de nouveau.
[…]
[p. 198] L’enterrement du feu roy François le Grand parachevé avec la sumptuosité cy dessus declaree, le sieur de La Chastaigneraye poursuivit tres instamment envers le Roy l’assignation du jour et du lieu de son combat contre Jarnac, pour mettre fin a leur querelle : ce que Sa Majesté luy accorda le jour [vide] de juin de la mesme annee 1547, a Saint Germain en Laye, ou la Cour s’achemina au sortir de Paris, car Sadite Majesté en desiroit veoir l’issue avant que se faire sacrer, qui ne fut pas telle que Chastaigneraye esperoit, encores qu’il ne craignist son ennemy non plus que ung lyon le chien ; mais il luy en advint comme a une femme grosse qui, se sentant preste d’accoucher, n’espargne aulcune despence pour decorer et diaprer sa maison et ses couches, cherchant des parains et maraines d’etoffe pour honorer le baptesme de son [p. 199] enfant, mais, le terme venu de verser, elle et son fruit meurent en l’enfantement. Aussi cestuy cy fist une excessive despence en apprests tres magnifiques pour paroistre, attendant le combat ordonné, mesme pour le soupper du jour de son combat, comme se promettant infailliblement la victoire, et invita tous les plus grands seigneurs de la Cour pour en estre ; et d’autant que M. le prince de La Roche sur Yon l’en avoit reffusé, et qu’il n’est demeuré aupres du Roy prince du sang que luy (car M. de Vendosme s’estoit retiré, que les aultres princes avoient suivy) pour luy avoir esté deffendu d’estre parrain de Jarnac, il pria M. de Vieilleville de tant faire envers luy qu’il honorast son festin de sa presence ; ce que ledit sieur prince, en faveur de M. de Vieilleville, luy accorda. Mais Dieu, qui l’attendoit au passaige, le fist, de vainqueur par fantaisie, demeurer vaincu par effet, et fut ce soupper tout cru enlevé par les suisses et laquais de la Cour, car on n’avoit pas voulu touscher au feu que l’on n’en eust veu la fin ; aussi qu’il estoit quasi soleil couché premier qu’ils entrassent en duel : les pots et marmites renversés, les potaiges et entrées de tables respandus, mangez et devorez par une infinité de herpaille, la vaisselle d’argent de cuysine et riches buffets, empruntez de sept ou huit maisons de la Cour, dissipez, ravis et volez avec le plus grand desordre et confusion du monde ; et, pour le desert de tout cela, cent mille coups de halebardes et de bastons departis sans respect a tout ce qui se trouvoit dedans la tente et pavillon de La Chastaigneraye, par les capitaines et archers des gardes et prevost de l’Hostel qui y survindrent pour [p. 200] empescher ce vol et saulver ce que l’on pourroit, car il estoir venu ung infiny peuple de Paris, comme escoliers, artisans et vagabonds, a Saint Germain en Laye, pour en veoir le passe temps, qui s’estoient jectez la dedans a corps perdu, comme au sac d’une ville prise par assault, pour y exercer toutes sortes de ravaiges.
Ainsi passe la gloire du monde, qui trompe toujours son maistre, principalement quand on entreprend quelque chose contre le droit et l’equité, comme l’on disoit qu’avoit fait Chastaigneraye : car, luy ayant dict Jarnac, en amy et proche parent, qu’il entretenoit fort paisiblement madame de Jarnac sa belle mere, et en tiroit ce qu’il vouloit de moien pour paroistre a la Cour, Chastaigneraye fut si desbordé et impudent qu’il luy vouloit maintenir luy avoir dict qu’il paillardoit et couchoit avec elle, se fiant en sa justesse et adresse ; mais il en receut un dementir et, par juste jugement de Dieu, la mort, contre touteffois l’esperance de tout le monde, mesme du Roy et de M. le duc d’Aumalle son parrain, fils aisné de M. Claude, duc de Guyse, estant Chastaigneraye homme fort adroit aux armes, de couraige invincible, et qui avoit fait mille preuves et mille hazards de sa valeur, et l’aultre non, qui faisoit plus grande profession de courtisan et dameret a se curieusement vestir, que des armes et de guerrier.
[p. 201] Telle fut l’issue de ceste tragedie, proprement ainsi nommee a cause de sa miserable fin et de la trop superbe pompe de son commencement ; car Chastaigneraye, ung mois ou cinq semaines avant entrer au combat, estoit ordinairement accompaigné de cent ou six vingt gentilshommes, faisant une piaffe a tous odieuse et intolerable, avec une despence si excessive qu’il n’y avoit prince a la Cour qui la peust egaler : a laquelle il luy eus testé impossible de fournir de ses facultez sur le Roy, qui l’aimoyt, ne luy en eust donné le moyen, car elle montoit a plus de douze cens ecus par jour ; ne m’estant voulu estandre a speciffier par le menu les ceremonies observees en ce duel, qui durerent plus de six heures, tant pour la visitation des armes des combattants par les parrains d’une part et d’autre, que pour la forme des serments, semblablement pour la multitude des confidents qui suivoient les parains, car ung prince estoit parain de l’un, et M. de Boisy, grand escuyer de France, de l’aultre.
Item des coupes que se tirerent les combattants, et de quelles armes ils estoient armez, ny de mille aultres incidents qui seroient longs a reciter, desquels je m’excuse, et les remets pour cette occasion aux heraulx, auxquels particulierement cela touche, comme chose dependante de leur office. Seulement je diray [p. 202] que le Roy, pour en oublier les regrets, car il estoit en partie cause de ce combat, pour avoir luy mesme interpreté en trop maulvaise part ce mot d’entretenir sur lequel fut fondee la querelle, deslogea de Saint Germain en Laye et s’en vint a Paris descendre en la maison de Baptiste Gondy, au fauxbourg de Sainct Germain des Prez, duquel lieu il envoya querir M. le premier president Lizet et trois aultres presidents de la Cour.
[…]
[p. 299] [1549] Arrivé que fut M. de Vieilleville a la Cour, qu’il trouva a Saint Germain en Laye, il fist tous les devoirs accoustumés au Roy, Royne, princes, princesses et aultres seigneurs, dames de la suite, en quoy il fust fort bien veu et receu de tous, et principalement de son maistre, qui luy fist paroistre l’aise qu’il avoit de sa venue.
[…]
[p. 302] Le Roy sejourna a Saint Germain, faisant ses apprests en diligence pour l’entrée de Paris, poussé d’un tres ardent desir de s’en despecher pour effectuer son entreprise de Bouloigne, affin de prevenir l’hyver, d’aultant qu’en ce pays la des le mois de septembre les vents et les pluyes commencent a s’esclorre d’estrange façon. Elle se fist doncque le seiziesme de juin an 1549. »

Vieilleville, François de Scepeaux (seigneur de)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires de Brantôme

« [t. 2, p. 211] Il me souvient que nostre Roy dernier, Henry IIIe, faisant un jour la diete à Sainct Germain, où il s’estoit retiré à part hors de sa Court, qu’il avoit laissée à Paris avec la Reyne sa mere, un jour, moy y estant pour luy demander un petit don duquel on m’avoit donné advertissement, il me fit cet [p. 212] honneur de me laisser entrer en sa chambre à son disner, l’huyssier luy en ayant demandé congé, ainsi qu’il le permettoit à plusieurs, et non à tous. Je le vis disner, où estoit M. d’Arques, ne faisant qu’entrer en faveur, despuis M. de Joyeuse. Durant son disner, il se mit à parler de la grande depense que faisoient les gentilzhommes de son réaume, et principalement de sa Court ; que bien qu’il fist de grandz dons à sa noblesse, et non pas encor tant qu’il voudroit, que pourtant il ne falloit pas qu’ell’en abusast et mist tant en despances si superflues et excessives qu’elle faisoit.
[…]
[p. 405] Du temps du roy Henry II, y avoit en sa Court une tres grande dame et la plus belle de la Court (possible, quand je dirois de la chrestienté ne mentirois je) : ce fus madame de Guise ; et un jour, elle allant de Paris jusques à Sainct Germain, où estoit la Court, montée sur une hacquenée, et n’ayant avec elle qu’une seule damoiselle, un page et deux grands lacquais (car au matin ell’estoit allée à Paris faire un tour et puis s’en retourner aussi tost), et chevauchoit le plus roide qu’elle pouvoit, et à la plus grand chaleur du jour, pour se trouver au soupper de monsieur son mary, elle vint à rencontrer un honneste gentilhomme, capitaine qui estoit au service d’un beau frere de monsieur son mary. Le gentilhomme, qui estoit courtois et ne faisant que venir fraischement du Piedmont, et aiant demeuré un an sans venir à la Cour, et ne cognoissant pas la livrée qu’elle portoit, pour l’avoir changée despuis son partement, vint accoster ceste grande dame et l’arraisonner, pensant que ce fust un’autre dame de la Court, non si grande comme cella là ; et d’abordade [p. 406] luy va dire qu’elle chevauchoit fort roide, et comm’elle alloit par pays à la fraischeur de M. d’Imbercourt, et que la chaleur lui feroit mal. Elle fit de l’ignorante de ce proverbe et lui en demanda l’interpretation. Il la luy dict, et de propos en propos il l’entretint tousjours en cheminant, jusques à lui presenter son service, et quelquefois faisant semblant de lui vouloir toucher la jambe, qu’il ne voyoit que trop belle et trop tentative pour lui. Elle lui laissoit faire à demy ce qu’il vouloit, mais avecques toute modeste, et l’escoutoit parler (car il disoit tres bien) de l’amour, non pourtant sans rire soubs son touret de nez ; car, des ce temps, les masques n’estoient encor en usage pour cheval.
Enfin, estant arrivée à Sainct Germain, la dame, prenant son chemin pour aller au chasteau, le gentilhomme lui dist : « Madame, vous allez descendre au chasteau, et moy en mon logis. Dieu vous doint tres heureuse et longue vie, je suis vostre serviteur ! » Aussitost la dame, baissant son touret de nez, dict au gentilhomme : « Mon gentilhomme, je vous remercie de vostre compaignie ; je suis à vostre commandement : à jamais je me souviendray de la frescheur de M. d’Imbrecourt, pour l’amour de vous. »
Le gentilhomme fut si estonné de voir ceste dame, qu’il ne pensoit estre celle là, que soudain, sans dire mot, il tourne bride en arriere au grand gallop d’où [p. 407] il estoit venu, pensant avoir offensé ceste dame, et qu’elle luy en voudroit mal. Mais la dame despuis cogneut en lui qu’il pensoit avoir grandement failly et peché envers elle ; en fit le conte à son beau frere, à qui le gentilhomme estoit. Elle le pria lui mander de venir, et qu’elle n’estoit nullement faschée contre luy.
[…]
[t. 9, p. 491] Apres le roy Henry vint le roy François second, duquel le regne fut si court que les medisans n’eurent loisir de se mettre en place pour medire des dames : encore que s’il eust regné longtemps, ne faut point croire qu’il les eust permis en sa Cour ; car c’estoit un Roy de tres bon et tres franc naturel, et qui ne se plaisoit point en medisances, outre qu’il estoit fort respectueux à l’endroit des dames et les honnoroit fort : aussi avoit il la Reine sa femme, et la Reine sa mere, et messieurs ses oncles, qui rabrouoient fort ces causeurs et piqueurs de langue. [p. 492] Il me souvient qu’une fois, luy estant à Sainct Germain en Laye, sur le mois d’aoust et de septembre, il luy prit d’envie d’aller le soir voir les cerfs en leurs ruths en cette belle forest de Sainct Germain, et menoit des princes ses plus grands familiers, et aucunes grandes dames et filles que je dirois bien. Il y en eut quelqu’un qui en voulut causer, et dire que cela ne sentoit point sa femme de bien ny chaste, d’aller voir de telles amours et tels ruths de bestes, d’autant que l’appetit de Venus les en eschauffoit davantage à telle imitation et telle veue, si bien que, quand elles s’en voudroyent degouster, l’eau ou la salive leur en viendroit à la bouche du mitan, que peu apres il n’y auroit autre remede de l’en oster, sinon par autre cause ou salive de sperme. Le Roy le sceut, et les princes et dames qui l’y avoyent accompagné. Asseurez vous que si le gentilhomme n’eust sitost escampé, il estoit tres mal, et ne parut à la Cour qu’apres sa mort et son regne.
[…]
[p. 710] Il y faut aller le plus sagement que l’on peut et le plus hardiment aussi, et faire comme ce [p. 711] grand roy Henry, lequel, comme il estoit fort subjet à l’amour et fort aussi respectueux aux dames, et discret, et par consequent bien aymé et receu d’elles, quand quelquesfois il changeoit de lict et s’alloit coucher en celluy d’un’autre dame qui l’attandoit, ainsi que je tiens de bon lieu, jamais n’y alloit, et fust ce en ces galleries cachées de Sainct Germain, Blois et Fontainebleau, et petitz degrez eschapatoires, et recoings, et galletas de ses chasteaux, qu’il n’eust son vallet de chambre favory, dit Griffon, qui portoit son espieu devant luy avecques le flambeau, et luy après, son grand manteau devant les yeux ou sa robe de nuict, et son espée soubz le bras ; et estant couché avec la dame, se faisoit mettre son espieu et son epsée aupres de son chevet, et Griffon à la porte bien fermée, qui quelquesfois faisoit le guet et quelquesfois dormoit. »

Bourdeille de Brantôme, Pierre (de)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires de Saint-Simon

« [t. 2, p. 37] [1697] La premiere nouvelle qu’on eut de sa signature fut par un aide de camp du marechal de Boufflers qui arriva le dimanche 22 septembre à Fontainebleau, depeché par le marechal, sur ce que l’electeur de Baviere lui avoit mandé que la paix avoit eté signée à Ryswick le vendredi precedent à minuit. […] Le roi et la reine d’Angleterre etoient à Fontainebleau, à qui la reconnoissance du prince d’Orange fut bien amere, [p. 38] mais ils en connoissoient bien la necessité pour avoir la paix, et savoient bien aussi que cet article ne l’etoit guere moins au Roi qu’à eux-mêmes, dont j’expliquerai tout presentement la raison. Ils se consolerent comme ils purent, et parurent meme fort obligés au Roi, qui tint egalement ferme à ne vouloir pas souffrir qu’ils sortissent de France, ni qu’ils quittassent le sejour de Saint Germain. Ces deux points avoient eté vivement demandés, le dernier surtout dans l’impossibilité d’obtenir l’autre, tant à Ryswick que dans les conferences par Portland. Le Roi eut l’attention de dire à Torcy, sur le point de la signature, que si le courrier qui en apporteroit la nouvelle arrivoit, un ou plusieurs, l’un apres l’autre, il ne lui vint point dire s’il etoit alors avec le roi et la reine d’Angleterre, et il defendit aux musiciens de chantier rien qui eut rapport à la paix jusqu’au depart de la cour d’Angleterre.
[…]
[p. 93] [1698] Le roi d’Angleterre etoit au comble de satisfaction de se voir enfin reconnu par le Roi, et paisible sur ce trone ; mais un usurpateur n’est jamais tranquille et content. Il etoit blessé du sejour du roi legitime et de sa famille à Saint Germain. C’etoit trop à portée du Roi et trop pres d’Angleterre [p. 94] pour le laisser sans inquietude. Il avoit fait tous ses efforts, tant à Ryswick que dans les conferences de Portland et du marechal de Boufflers, pour obtenir leur sortie du royaume, tout au moins leur eloignement de la Cour. Il avoit trouvé le Roi inflexible ; il voulut essayer tout, et voir si, n’en faisant plus une condition, puisqu’il avoit passé carriere, et comblant le Roi de prevenances et de respects, il ne pourroit pas obtenir ce fruit par ces souplesses. Dans cette vue, il envoya le duc de Saint Albans, chevalier de la Jarretiere, complimenter le Roi sur le mariage de monseigneur le duc de Bourgogne. Il ne pouvoit choisir un homme plus marqué pour une simple commission ; on fut surpris meme qu’il l’eut acceptée. Il etoit batard de Charles II, frere ainé du roi Jacques II, et c’etoit bien encore là une raison pour Saint Albans de s’en excuser. Il voulut meme pretendre quelques distinctions, mais on tint poliment ferme à ne le traiter que comme un simple envoyé d’Angleterre. Les ducs de ce pays là n’ont aucun rang ici, non plus que ceux d’ici en Angleterre. Le Roi avoit fait la duchesse de Portsmouth et le duc de Richemont, son fils, duc et duchesse à brevet, et accordé un tabouret de grace en passant à la duchesse de Cleveland, maitresse de Charles II, son ami. […]
[p. 95] Des la premiere fois qu’il vit Torcy avant d’aller à Versailles, il lui parla du renvoi, à tout le moins de l’eloignement du roi Jacques et de sa famille. Torcy sagement n’en fit point à deux fois, et lui barra tout de suite la veine. Il lui repondit que ce point, tant de fois proposé dans ses conferences avec le marechal de Boufflers, et sous tant de diverses [p. 96] formes debattu à Ryswick, avoit eté constamment et nettement rejeté partout, que c’etoit une chose reglée et entierement finie, qu’il savoit que le Roi, non seulement ne se laisseroit jamais entamer là-dessus le moins du monde, mais qu’il seroit extremement blessé d’en ouir parler davantage, qu’il pouvoit l’assurer de la disposition du Roi à correspondre en tout, avec toutes sortes de soins, à la liaison qui se formoit entre lui et le roi d’Angleterre, et personnellement à le traiter lui avec toutes sortes de distinctions ; qu’un mot dit par lui sur Saint Germain seroit capable de gater de si utiles dispositions, et de rendre son ambassade triste et languissante ; et que, s’il etoit capable de lui donner un conseil, c’etoit celui de ne rien gater, et de ne pas dire un seul mot au Roi, ni davantage à aucun de ses ministres, sur un point convenu, et sur lequel le Roi avoit pris son parti. Portland le crut, et s’en trouva bien ; mais on verra bientôt que ce ne fut pas sans depit, et le Roi approuva extremement que Torcy lui eut des l’abord fermé la bouche sur cet article. On prit un grand soin de faire en sorte qu’aucun Anglois de Saint Germain ne se trouvat à Versailles ni à Paris, à aucune portée de ceux de l’ambassadeur, et cela fut tres exactement executé. […] [p. 98] Mais parmi tant de fleurs, il ne laissa pas d’essuyer quelques epines, et de sentir la presence du legitime roi d’Angleterre en France. Il etoit allé une autre fois à Meudon pour suivre Monseigneur à la chasse. On alloit partir et Portland se bottoit, lorsque Monseigneur fut averti que le roi d’Angleterre se trouveroit au rendez vous. A l’instant il le manda à Portland, et qu’il le prioit de remettre à une autre fois. Il fallut se debotter et revenir tout de suite à Paris. […] [p. 98] Il etoit grand chasseur. Soit envie de voir faire la meute du Roi, soit surprise de ne recevoir aucune civilité du duc de La Rochefoucauld que la simple reverence lorsqu’ils se rencontroient, il dit et repeta souvent qu’il mouroit d’envie de chasser avec les chiens du Roi. Il le dit tant et devant tant de gens qu’il jugea impossible que cela ne fut revenu à M. de La Rochefoucauld, et cependant sans aucune suite. Lassé de cette obscurité, il la voulut percer, et au sortir d’un lever du Roi aborda franchement le grand veneur, et lui dit son desir. L’autre ne s’en embarrassa point. Il lui repondit assez sechement qu’à la verité il avoit l’honneur d’etre grand veneur, mais qu’il ne disposoit point des chasses, que c’etoit le roi d’Angleterre dont il prenoit les ordre, qu’il y venoit tres souvent mais qu’il ne savoit jamais qu’au moment de partir quand il ne venoit pas au rendez vous, et tout de suite la reverence, et laissa là Portland dans un grand depit, et toutefois sans se pouvoir plaindre. M. de La Rochefoucauld fut le seul grand seigneur distingué de la Cour qui n’approcha jamais Portland. Ce qu’il lui repondit etoit pure generosité pour le roi d’Angleterre. Ce prince, à la verité, disposoit quand il vouloit de la meute du Roi, mais il y avoit bien des temps qu’il ne chassoit point, et jamais à toutes les chasses. Il ne tenoit donc qu’à M. de La Rochefoucauld d’en donner à Portland tant qu’il auroit voulu, à [p. 99] coup sur, mais piqué de la prostitution publique à la vue de la Cour de Saint Germain, il ne put se refuser cette mortification au triomphant ambassadeur de l’usurpateur qui avoit attaché à son char jusqu’à M. de Lauzun, malgré ses engagements et son attachement au roi et à la reine d’Angleterre, et sans y pouvoir gagner que de la honte, pour suivre la mode et faire sa cour au Roi.
Enfin, Portland, comblé en toutes les manieres possibles, se resolut au depart. […] Sur son depart de Paris, il avoit affecté de repandre que tant que le roi Jacques seroit à Saint Germain, la reine d’Angleterre ne seroit point payée du douaire qui lui avoit eté accordé à la paix, et il tint parole.
[…]
[p. 416] [1700] L’archevêque de Reims présida l’assemblée du clergé qui se tient de cinq ans en cinq ans. […] [p. 417] Cette assemblée se tint à Saint Germain quoique le roi d’Angleterre occupat le château. M. de Reims y tenoit une grande table et avoit du vin de Champagne qu’on vanta fort. Le roi d’Angleterre, qui n’en buvoit guere d’autre, en entendit parler et en envoya demander à l’archeveque, qui lui envoya six bouteilles. Quelque temps apres, le roi d’Angleterre, qui l’en avoit remercié, et qui avoit trouvé ce vin fort bon, l’envoya prier de lui en envoyer encore. L’archeveque, plus avare encore de son vin que de son argent, lui manda tout net que son vin n’etoit point fou et ne couroit point les rues, et ne lui en envoya point. Quelque accoutumé qu’on fut aux brusqueries de l’archeveque, celle ci parut si etrange qu’il en fut beaucoup parlé, mais il n’en fut autre chose.
[…]
[t. 3, p. 37] [1700] Aussitôt après la déclaration [de l’acceptation du testament du roi d’Espagne], le Roi la manda par le premier ecuyer au roi et à la reine d’Espagne. […] Depuis cette declaration, le roi d’Espagne fut traité comme le roi d’Angleterre. Il avoit à souper un fauteuil et son cadenas à la droite du roi, Monseigneur et le reste de la famille royale des ployants au bout, et au retour de la table à l’ordinaire, pour boire, une soucoupe et un verre couvert, et l’essai comme pour le Roi. Ils ne se voyoient en public qu’à la chapelle, et pour y aller et en revenir, et à souper, au sortir duquel le Roi le conduisoit jusqu’à la porte de la galerie. Il vit le roi et la reine d’Angleterre à Versailles et à Saint Germain, et ils se traiterent comme le roi et le roi d’Angleterre en tout, mais les trois rois ne se trouverent jamais nulle part tous trois ensemble.
[…]
[p. 328] [1701] Le voyage du roi d’Angleterre lui avoit peu reussi, et il ne traina depuis qu’une vie languissante. Depusi la mi aout, elle s’affoiblit de plus en plus, et, vers le 8 septembre, il tomba dans un etat de paralysie et d’autres maux à n’en laisser rien esperer. Le Roi, madame de Maintenon, toutes les personnes royales le visiterent souvent. Il reçut les derniers sacrements avec une pieté qui repondit à l’edification de sa vie, et on n’attendoit plus que sa mort à tous les instants. Dans cette conjoncture, le Roi prit une resolution plus digne de la generosité de Louis XII et de François Ier que de sa sagesse. Il alla de Marly, où il etoit, à Saint Germain, le mardi 13 septembre. Le roi d’Angleterre etoit si mal que, lorsqu’on lui annonça le Roi, à peine ouvrit il les yeux un moment. Le Roi lui dit qu’il etoit venu l’assurer qu’il [p. 329] pouvoit mourir en repos sur le prince de Galles, et qu’il le reconnoitroit roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande. Le peu d’Anglois qui se trouverent presents se jeterent à ses genoux, mais le roi d’Angleterre ne donna pas signe de vie. Aussitôt après, le Roi passez chez la reine d’Angleterre, à qui il donna la meme assurance. Ils envoyerent chercher le prince de Galles, à qui ils le dirent. On peut juger de la reconnoissance et des expressions de la mere et du fils. Revenu à Marly, le Roi declara à toute la Cour ce qu’il venoit de faire. Ce ne fut qu’applaudissement et que louanges. […]
[p. 330] Le roi d’Angleterre, dans le peu d’intervalles qu’il eut, parut fort sensible à ce que le Roi venoit de faire. Il lui avoit fait promettre de ne pas souffrir qu’il lui fut fait la moindre ceremonie apres sa mort, qui arriva sur les trois heures apres midi du 16 septembre de cette année 1701.
M. le prince de Conti s’etoit tenu tous ces derniers jours à Saint Germain sans en partie, parce que la reine d’Angleterre et lui etoient enfants des deux sœurs Martinozzi, desquelles la mere etoit sœur du cardinal Mazarin. Le nonce du pape s’y etoit pareillement tenu, par l’ordre anticipé duquel il reconnut et salua le prince de Galles comme roi d’Angleterre. Le soir du meme jour, la reine d’Angleterre s’en alla aux Filles de Sainte Marie de Chaillot, qu’elle aimait fort, et lendemain samedi, sur les sept heures du soir, le corps du roi d’Angleterre, fort legerement accompagné, et suivi de quelques carrosses remplis des principaux Anglois de Saint Germain, fut conduit aux Benedictins anglois à Paris, rue Saint Jacques, où il fut mis en depot dans une chapelle comme le plus simple particulier, jusqu’aux temps, apparemment du moins, fort éloignés qu’il puisse etre transporté [p. 331] en Angleterre ; et son cœur aux Filles de Sainte Marie de Chaillot.
Ce prince a eté si connu dans le monde duc d’York et roi d’Angleterre, que je me dispenserai d’en parler ici. Il s’etoit fort distingué par sa valeur et par sa bonté, beaucoup plus par la magnanimité constante avec laquelle il a supporté tous ses malheurs, enfin par une sainteté eminente.
Le mardi 20 septembre, le Roi alla à Saint Germain, et fut reçu et conduit par le nouveau roi d’Angleterre comme il l’avoit eté par le roi son pere la premiere fois qu’ils se virent ; il demeura peu chez lui, et passez chez la reine d’Angleterre. Le roi son fils etoit en grand manteau violet ; pour elle, elle n’etoit point en mante, et ne voulut point de ceremonie. toute la maison royale et toutes les princesses du sang vinrent en robe de chambre faire leur visite pendant que le Roi y etoit, qui y resta le dernier, et qui demeura toujours debout. Le lendemain mercredi, le roi d’Angleterre, en grand manteau violet, vint voir le roi à Versailles, qui le reçut et le conduisit comme il avoit fait la premiere fois le roi son pere au haut du degré, comme lui meme en avoit eté reçu et conduit.
[…]
[t. 4, p. 116] [1703] La reine d’Angleterre, fort incommodée d’une glande au sein, dont elle guerit à la longue par un regime tres severe, [p. 117] eut une nouvelle affliction : elle perdit la comtesse Dalmont, Italienne et Montecuculli, qu’elle avoit amenée et mariée en Angleterre, qui ne l’avoit jamais quittée, et pour qui elle avoit eu la plus grande amitié et la plus grande confiance toute sa vie. C’etoit une grande femme, tres bien faite et de beaucoup d’esprit, dont notre cour s’accommodoit extremement. La reine d’aimoit tant, qu’elle lui avoit fait donner un tabouret de grace, comme je crois l’avoir dejà remarqué ailleurs.
[…]
[t. 5, p. 397] [1707] [Le duc d’Orléans] n’ignoroit pas que le premier Fils de France qui ait eu un fauteuil devant une tete couronnée a eté Gaston, qui, etant lieutenant general de l’Etat dans la minorité de Louis XIV, profita de l’indigence, des malheurs et des besoins de la reine d’Angleterre sa sœur pour ses enfants et pour elle meme, refugiés en France apres l’etrange catastrophe du roi Charles Ier, son mari, dont l’exemple et une raison semblable valut le fateuil à Monsieur et à Madame, pere et mere de M. le duc d’Orleans, [de la part] du roi Jacques II et de la reine sa femme, refugiés pareillement en France en 1688 par l’invasion et l’usurpation du prince d’Orange, depuis dit le roi Guillaume III. Mais il savoit aussi que lui meme ne l’avoit pu obtenir. On lui avoit seulement souffert, à madame la duchesse d’Orleans, à Mademoiselle, sa sœur, depuis duchesse de Lorraine, et aux trois filles de Gaston, de ne voir le roi et la reine d’Angleterre qu’avec Monseigneur, Monsieur ou Madame, devant qui ils ne pretendoient qu’un tabouret ; et comme tout s’etend en France sans autre droit que de l’oser, les deux autres filles du Roi, toujours blessées du rang si superieur au leur de leur sœur cadette, se mirent sur le meme pied de ne voir la cour d’Angleterre qu’avec des Fils ou des Filles de France ; puis d’elles, qui etoient princesses du sang par leurs maris, les autres princesses du sang en ont toujours usé de meme. Le Roi le souffroit, et le roi et la reine d’Angleterre n’etoient pas en situation de s’en plaindre.
[…]
[t. 6, p. 191] [1708] On eut grand soin qu’il ne parut aucun mouvement à Saint Germain. On couvrit le peu d’equipages qu’on tint prets au roi d’Angleterre d’un voyage à Anet pour des parties de chasse. Il ne devoit etre suivi, comme en effet il le fut, que du duc de Perth qui avoit eté son gouverneur, de Scheldon qui avoit été son sous gouverneur, des deux Hamilton, de Middleton, et de fort peu d’autres.
Perth etoit Ecossois ; il avoit eté longtemps chancelier d’Ecosse, qui est la premiere dignité et la plus autorisée du pays, et qui est aussi militaire, toujours remplie par les premiers seigneurs. Ses gendres, ses neveux, ses plus proches y occupoient encore les premiers emplois, y avoient le principal credit, et etoient tous dans le secret et les plus ardents promoteurs de l’entreprise. Le sous gouverneur etoit un des plus beaux, des meilleurs et des plus etendus esprits de toute l’Angleterre, brave, pieux, sage, savant, excellent officier, et d’une fidelité à toute epreuve. Les Hamilton etoient freres de la comtesse de Grammont, des premiers seigneurs d’Ecosse, braves et pleins d’esprit, fideles. Ceux là, par leur sœur, etoient fort melés à la meilleure compagnie de notre Cour ; ils etoient pauvres et avoient leur bon coin de singularité. Middleton etoit le seul secretaire d’Etat, parce qu’il avoit coulé à fond le duc de Melford, frere du duc de Perth, qui etoit l’autre, qui n’en avoit plus que le nom depuis les exils où fort injustement, à ce que les Anglois de Saint Germain pretendoient, Middleton l’avoit fait chasse. Il n’habitoit meme plus Saint Germain. La femme de Middleton etoit gouvernante de la princesse d’Angleterre, et avoit toute la confiance de la reine. C’etoit une grande femme, bien faite, maigre, à mine devote [p. 192] et austere. Elle et son mari avoient de l’esprit et de l’intrigue comme deux demons ; et Middleton, par etre de fort bonne compagnie, voyoit familierement la meilleure de Versailles. Sa femme etoit catholique, lui protestant, tous deux de fort peu de chose, et les seuls de tout ce qui etoit à Saint Germain qui touchassent tous leurs revenus d’Angleterre. Le feu roi Jacques, en mourant, l’avoit fort exhorté à se faire catholique. C’etoit un athée de profession et d’effet, s’il peut y en avoir, au moins un franc deiste ; il s’en cachoit meme fort peu. Quelques mois apres la mort de Jacques, il fut un matin trouver la reine, et comme eperdu lui declara avec grande effusion de cœur qu’il devoit son salut à ses prieres, et protesta qu’il etoit catholique. La reine fut assez credule pour s’abandonner au transport de sa joie, Middleton fit une retraite qu’il termina par une abjuration, se mit dans la grande devotion, et à frequenter les sacrements. La confiance de la reine en luit n’eut plus de bornes ; il gouverna tout à Saint Germain. La Jarretiere lui fut offerte qu’il refusa par modestie, mais pour tout cela ses revenus d’Angleterre ne lui etoient pas moins fidelement remis. Plus d’une fois le projet d’Ecosse, proposé d’abord à Saint Germain, avoit eté rejeté par lui, et meprisé par la reine qu’il gouvernoit. Quand il se vit pleinement ancré, il quitta peu à peu la devotion, et peu à peu reprit son premier genre d vie sans que son credit en reçut de diminution. Cette fois, comme les precedentes, il fut de tout le secret ; mais comme notre Cour y entroit avec efficace, il n’osa le contredire, mais il s’y rendit mollement. Tel fut le seul et veritable mentor que la reine donna au roi son fils pour l’expedition d’Ecosse.
[…]
[p. 218] On etoit lors dans la plus grande inquietude de l’entreprise [p. 219] d’Ecosse, et le roi d’Angleterre arriva à Saint Germain le meme soir que Chamillart revint à Marly de Flandres [20 avril].
[…]
[p. 233] [30 avril] Le roi déclara les généraux de ses armées. […] Le roi déclara en meme temps que M. le duc de Berry, mais comme volontaire seulement, accompagneroit monseigneur son frere, et les trois seuls hommes de leur suite que j’ai dits. Il declara aussi que le roi d’Angleterre feroit la campagne en Flandre, mais dans un entier incognito, sous le nom de chevalier de Saint Georges.
[…]
[p. 435] Vienne, piquée d’avoir succombé, en voulut tirer une réparation tout à fait en la disposition du pape, et lui demanda un chapeau pour le prince de Lorraine. Le pape, qui en etoit avare, et qui craignoit d’accoutumer l’empereur à prescrire, differa tant qu’il put, et l’habile abbé de Polignac saisit la conjoncture pour se faire un asile peu honorable, et d’une planche, apres tant de naufrages, une route pour arriver à la pourpre. […] [p. 436] Le pape desiroit fort, sur l’exemple de La Tremoille, faire passer Polignac aux deux couronnes ensemble, pour compensation du prince de Lorraine. Mais la dexterité de l’abbé, ni le credit de ses amis, ne purent faire gouter cet expedient au Roi ; et l’empereur, enflé des prosperités de sa si grande alliance, declara nettement que, si le pape faisoit un sujet pour les deux couronnes avec le prince de Lorraine, il pretendoit avoir en meme temps un autre chapeau au nom de l’archiduc, comme roi d’Espagne. Cette pretention etoit absurde. L’archiduc n’etoit point roi d’Espagne, à Rome moins que partout ailleurs, où Philippe V etoit seul reconnu, avoit un legat à Naples, tenoit actuellement un ambassadeur à Rome, qui etoit le duc d’Uzeda, et avoit un nonce à Madrid. L’empereur d’ailleurs ne pouvoit contester au Roi un droit egal au sien, et il n’avoit pas le moindre pretexte de plainte que l’abbé de Polignac passat pour la France avec le prince de Lorraine pour lui, c’etoit le roi d’Espagne seul qui en auroit eté laissé. A cette difficulté, il s’en joignit une autre dans notre Cour. Madame de Lorraine, qui, pour etre depuis longtemps mourante et alors fort pres de sa fin, n’en etoit pas moins attentive à l’elevation des siens et à l’etablissement de ses enfants, fut bientôt informée de ce qui se passoit la dessus. Elle sentit combien une promotion de traverse eloigneroit celle des couronnes. Elle ecrivit donc au Roi, et lui demanda d’insister à ce que le prince de Lorraine passat comme couronne pour l’empereur. Le Roi n’eut garde de lui refuser cette complaisance, mais elle ne fit qu’augmenter la difficulté. […] [p. 437] Mais cependant l’abbé de Polignac prit un autre four. Il avoit toujours menagé la Cour de Saint Germain, en France et à Rome ; il se tourna vers elle pour avoir sa nomination. Cette marque de royauté etoit comme la seule qui restat au malheureux roi d’Angleterre, et Rome n’en pouvoit pas faire de difficulté à un prince qui perdoit tout pour la religion, qui n’avoit d’asile que Rome, et qui y etoit traité en roi. Avec toutes ces raisons, ce prince crut en avoir de bonnes raisons d’introduire l’exercice de ce droit par un sujet agreable au pape et protegé par la France. Torcy, qui, dans l’affaire de la nomination de Pologne, n’avoit pas voulu decider entre ses deux amis, et avoit remis le choix au Roi, sans porter l’un plus que l’autre, fut ravi d’une occasion de revenir sur l’abbé de Polignac, et le servit de toutes ses forces. Il obtint donc en ce temps ci la nomination du roi d’Angleterre pour la promotion des couronnes, et le pape, qui ne demandoit qu’un pretexte de le faire cardinal, l’agrea avec plaisir.
[…]
[t. 7, p. 16] Ce lendemain mardi 11 [décembre], le roi d’Angleterre arriva à Saint Germain, et vint voir le Roi le mercredi avec la reine sa mere.
[…]
[p. 18] Ce pauvre prince vivoit son incognito avec le meme respect avec les deux princes que s’il n’eut eté qu’un mediocre particulier. Eux aussi en abusoient avec la derniere indecence, sans la moindre des attentions que ce qu’il etoit exigé d’eux, à travers tous les voiles, jusqu’à le laisser tres ordinairement attendre parmi la foule dans les antichambres, et ne lui parloient presque point. Le scandale en fut d’autant plus grand qu’il dura toute la campagne, et que le chevalier de Saint Georges s’y etoit concilié l’estime et l’affection de toute l’armée par ses manieres et par toute sa conduite. Vers les derniers temps de la campagne, Gamaches, poussé à bout d’un procedé si constant, s’adressant aux deux princes devant tout le monde : « Est ce une gageure ? leur demanda t il tout à coup ; parlez franchement ; si c’en est une, vous l’avez gagnée, il n’y a rien à dire ; mais au moins, après cela, parlez un peu à M. le chevalier de Saint Georges, et le traitez un peu plus honnetement. » Toutes ces saillies eussent eté bonnes tete à tete, et fort à propos, mais en public, ce zele et ces verités [p. 19] n’en pouvoient couvrir l’indiscretion. On etoit accoutumé aux siennes, elles ne furent pas mal prises, mais elles ne servirent de rien.
[…]
[t. 9, p. 178] [1711] Le lendemain, mardi 21 avril, M. [le Dauphin] et madame la Dauphine, M. [le duc] et madame la duchesse de Berry, Madame, M. [le duc] et madame la duchesse d’Orleans allerent, l’apres dinée, en meme carrosse, à Saint Germain, tous en mante et en grand manteau. Ils allerent droit chez le roi d’Angleterre, où ils ne s’assirent point, ensuite chez la reine, où ils s’assirent dans six fauteuils, M. [le duc] et madame la duchesse d’Orleans et M. du Maine sur un ployant [p 179] chacun. Il etoit allé les y attendre pour jouir de cet honneur, et s’y egaler à un Petit Fils de France. La reine fit des excuses de n’etre pas en mante pour les recevoir, c’est à dire en petit voile, parce que, au moins en France, les veuves ne portent de mante en nulle occasion ; elle ajouta que le Roi le lui avoit defendu. Cette excuse fut le comble de la politesse. Le Roi, tres attentif à ne faire sentir à la reine d’Angleterre rien de sa triste situation, n’avoit garde de souffrir qu’elle prit une mante, ni le roi d’Angleterre un grand manteau, pour recevoir le grand deuil de ceremonie d’un Dauphin et qui n’etoit pas roi. En se levant, ils voulurent aller chez la princesse d’Angleterre, mais la reine les arreta et l’envoya chercher. Elle se contenta que la visite fut marquée. On ne se rassit point. La princesse, qui à cause de la reine sa mere etoit sans mante, ne pouvoit avoir de fauteuil devant elle, ni les Fils et Filles de France sans fauteuil devant la reine dans le sien, ni garder le leur en presence de la princesse d’Angleterre sur un ployant. La visite finit de la sorte. De toute la Cour de Saint Germain, aucune dame ne parut en mante, ni aucun homme en manteau long que le seul duc de Berwick, à cause de ses dignités françoises.
[…]
[p. 313] Le roi d’Angleterre partit, en ce meme temps, pour aller voyager par le royaume, ennuyé apparemment de ses tristes campagnes incognito, et plus encore de demeurer à Saint Germain pendant la guerre. On soupçonna du mystere en ce voyage, sans qu’il n’y en eut aucun. Il alla avec une petite suite d’abord à Dijon, puis en France Comté, en Alsace, et voir l’armée d’Allemagne ; de là par Lyon en Dauphiné, à l’armée du duc de Berwick, voir les ports de Provence, et revenir par le Languedoc et la Guyenne.
[…]
[t. 10, p. 16] Le roi Jacques revint aussi à Saint Germain, apres avoir employé tout l’eté à voir les principales provinces du royaume, quelques unes de nos armées et plusieurs de nos ports.
[…]
[t. 11, p. 32] [1714] M. de Lauzun fut arreté en decembre 1671, à Saint Germain, dans sa chambre, un soir qu’il revenoit de Paris rapporter des pierreries à madame de Montespan qui l’en avoit chargé. Il etoit capitaine des gardes, et fut arreté par le marquis de Rochefort, depuis marechal de France, qui l’etoit aussi, car un capitaine des gardes ne peut etre arreté [p. 3] que par un autre capitaine des gardes.
[…]
[p. 43] La reine d’Angleterre tomba malade à Saint Germain, et reçut tous les sacrements. Les medecins la condamnoient, et elle en etoit contente ; la vie n’avoit rien qui put l’attacher depuis bien des années, et elle faisoit le plus saint usage de ses malheurs. Le Roi lui rendit de grands soins pendant cette maladie, et madame de Maintenon aussi.
Le duc de Melford mourut à Saint Germain. Il avoit la Jarretiere, avoit eté secretaire d’Etat d’Ecosse, et etoit frere du duc de Perth, aussi chevalier de la Jarretiere. Il avoit essuyé des soupçons et des exils. On a vu que le feu roi Jacques avoit cru en mourant qu’ils avoient eté mal fondés, et qu’en reparation il l’avoit fait duc. Tout le monde à Saint Germain et à Versailles n’en fut pas aussi persuadé que ce prince.
[…]
[p. 174] Le lendemain lundi 28 [août 1714], la reine d’Angleterre vint de Chaillot, où elle etoit presque toujours, avec madame de Maintenon. Le Roi fut l’y trouver. Dès qu’il l’aperçut : « Madame, lui dit il en homme plein et faché, j’ai fait mon testament, on m’a tourmenté pour le faire ».
[…]
[t. 12, p. 57] [1715] Le Roi partit le mardi 12 juin pour Marly : ce fut son dernier voyage ; et la reine d’Angleterre partit le lendemain en litiere pour aller prendre les eaux de Plombieres, plus encore pour voir le roi son fils.
[…]
[p. 66] Nesmond, eveque de Bayeux, mourut aussi doyen de l’episcopat de France, à quatre vingt six ans. […] [p. 67] Tant que le roi Jacques vecut en France, il lui donnoit tous les ans dix mille ecus, et jamais on ne l’a su qu’apres la mort de l’eveque.
[…]
[p. 452] Plusieurs choses contribuerent à tirer pour toujours la Cour hors de Paris, et à la tenir sans interruption à la campagne. Les troubles de la minorité, dont cette ville fut le grand theatre, en avoient imprimé au roi l’aversion, et la persuasion encore que son sejour y etoit dangereux, et que la residence de la Cour ailleurs rendroit à Paris les cabales moins aisées par la distance des lieux, quelque peu eloignés [p. 453] qu’ils fussent, et en meme temps plus difficiles à cacher par les absences si aisées à remarquer. Il ne pouvoit pardonner à Paris sa sortie fugitive de cette ville la veille des Rois (1649), ni de l’avoir rendue, malgré lui, temoin de ses larmes, à la premiere retraite de madame de La Valliere. L’embarras des maitresses, et le danger de pousser de grands scandales au milieu d’une capitale si peuplée, et si remplie de tant de differents esprits, n’eut pas peu de part à l’en eloigner. Il s’y trouvoit importuné de la foule du peuple à chaque fois qu’il sortoit, qu’il rentroit, qu’il paroissoit dans les rues ; il ne l’etoit pas moins d’une autre sorte de foule de gens de la ville, et qui n’etoit pas pour aller assidument plus loin. Des inquietudes aussi, qui ne furent pas plutôt apercues que les plus familiers de ceux qui etoient commis à sa garde, le vieux Noailles, M. de Lauzun et quelques subalternes, firent leur cour de leur vigilance, et furent accusés de multiplier expres de faux avis qu’ils se faisoient donner, pour avoir occasion de se faire valoir et d’avoir plus souvent des particuliers avec le Roi ; le gout de la promenade et de la chasse, bien plus commodes à la campagne qu’à Paris, eloigné des forets et sterile en lieux de promenades ; celui des batiments qui vint apres, et peu à peu toujours croissant, ne lui en permettoit pas l’amusement dans une ville où il n’auroit pu eviter d’y etre continuellement en spectacle ; enfin l’idée de se rendre plus venerable en se derobant aux yeux de la multitude, et à l’habitude d’en etre vu tous les jours, toutes ces considerations fixerent le Roi à Saint Germain bientôt apres la mort de la Reine sa mere.
Ce fut là où il commença à attirer le monde par les fetes et les galanteries, et à faire sentir qu’il vouloit etre vu souvent.
L’amour de madame de La Valliere, qui fut d’abord un mystere, donna lieu à de frequentes promenades à Versailles, petit chateau de cartes alors, bati par Louis XIII ennuyé, et [p. 454] sa suite encore plus, d’y avoir souvent couché dans un mechant cabaret à rouliers et dans un moulin à vent, excedés de ses longues chasses dans la foret de Saint Leger et plus loin encore, loin alors de ces temps reservés à son fils où les routes, la vitesse des chiens et le nombre gagé des piqueurs et des chasseurs à cheval a rendu les chasses si aisées et si courtes. Ce monarque ne couchoit jamais ou bien rarement à Versailles qu’une nuit, et par necessité ; le Roi son fils, pour etre plus en particulier avec sa maitresse, plaisirs inconnus au Juste, au heros, digne fils de saint Louis, qui batit ce petit Versailles.
Ces petites parties de Louis XIV y firent naitre peu à peu ces batiments immenses qu’il y a faits, et leur commodité pour une nombreuse Cour, si differente des logements de Saint Germain, y transporta tout à fait sa demeure peu de temps avant la mort de la Reine. Il y fit des logements infinis, qu’on lui faisoit sa cour de lui demander, au lieu qu’à Saint Germain, presque tout le monde avoit l’incommodité d’etre à la ville, et le peu qui etoit logé au chateau y etoit etrangement à l’etroit.
Les fetes frequentes, les promenades particulieres à Versailles, les voyages furent des moyens que le Roi saisit pour distinguer et pour mortifier en nommant les personnes qui à chaque fois en devoient etre, et pour tenir chacun assidu et attentif à lui plaire. Il sentoit qu’il n’avoit pas à beaucoup pres assez de graces à repandre pour faire un effet continuel. Il en substitua donc aux veritables d’ideales, par la jalousie, les petites preferences qui se trouvoient tous les jours, et pour ainsi dire, à tous moments, par son art. Les esperances que ces petites preferences et ces distinctions faisoient naitre, et la consideration qui s’en tiroit, personne ne fut plus ingenieux que lui à inventer sans cesse ces sortes de choses. Marly, dans la suite, lui fut en cela d’un plus grand usage, et Trianon où tout le monde, à la verité, pouvoit lui aller faire sa cour, mais où les dames avoient l’honneur de manger [p. 455] avec lui, et où à chaque repas elles etoient choisies ; le bougeoir qu’il faisoit tenir tous les soirs à son coucher par un courtisan qu’il vouloit distinguer, et toujours entre les plus qualifiés de ceux qui s’y trouvoient, qu’il nommoit tout haut au sortir de sa priere. Les justaucorps à brevet fut une autre de ces inventions. Il etoit doublé de rouge avec les parements et la veste rouge, brodé d’un dessin magnifique or et un peu d’argent, particulier à ces habits. Il n’y en avoit qu’un nombre, dont le Roi, sa famille et les princes du sang etoient ; mais ceux-ci, comme le reste des [p. 456] courtisans, n’en avoient qu’à mesure qu’il en vaquoit. Les plus distingués de la Cour par eux-mêmes ou par la faveur les demandoient au Roi, et c’etoit une grace que d’en obtenir. Le secretaire d’Etat ayant la Maison du Roi en son departement en expedioit lebrevet, et nul d’eux n’etoit à portée d’en avoir. Ils furent imaginés pour ceux, en tres petit nombre, qui avoient la liberté de suivre le Roi aux promenades de Saint Germain à Versailles sans etre nommés, et depuis que cela cessa, ces habits ont cessé aussi de donner aucun privilege, excepté celui d’etre portés quoiqu’on fut en deuil de Cour ou de famille, pourvu que le deuil ne fut pas grand ou qu’il fut sur ces fins, et dans les temps encore où il etoit defendu de porter de l’or et de l’argent.
[…]
[p. 465] Rien, jusqu’à lui, n’a jamais approché du nombre et de la magnificence de ses equipages de chasse et de toutes ses autres sortes d’equipages. Ses batiments, qui les pourroit denombrer ? En meme temps, qui n’en deplorera pas l’orgeuil, le caprice, le mauvais gout ? Il abandonna Saint Germain [p. 466] et ne fit jamais à Paris ni ornement ni commodité que le pont Royal, par pure necessité, en quoi, avec son incomparable etendue, elle est si inferieure à tant de villes dans toutes les parties de l’Europe. […]
Saint Germain, lieu unique pour rassembler les merveilles de la vue, l’immense plain pied d’une foret toute joignante, unique encore par la beauté de ses arbres, de son terrain, de sa situation, l’avantage et la facilité des eaux de source sur cette elevation, les agrements admirables des jardins, des hauteurs et des terrasses, qui les unes sur les autres se pouvoient si aisement conduire dans toute l’etendue qu’on auroit voulu, les charmes et les commodités de la Seine, enfin, une ville toute faite et que sa position entretenoit par elle meme, il l’abandonna pour Versailles, le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux, sans vue, sans bois, sans eau, sans terre, parce que tout y est sable mouvant ou marecage, sans air par consequent qui n’y peut etre bon.
[…]
[t. 13, p. 37] Reine en particulier, à l’exterieur pour le ton, le siege et la place en presence du roi, de Monseigneur, de Monsieur, de la cour d’Angleterre et de qui que ce fut, [madame de Maintenon] etoit tres simple particuliere au dehors, et toujours aux dernieres places. J’en ai vu les fins aux diners du Roi à Marly, mangeant avec lui et les dames, et à Fontainbleau en grand habit chez la reine d’Angleterre, comme je l’ai remarqué ailleurs, cedant absolument sa place, et se reculant partout pour les femmes titrées, meme pour des femmes de qualité distinguées.
[…]
[p. 50] Reine dans le particulier, madame de Maintenon n’etoit jamais que dans un fauteuil, et dans le lieu le plus commode de sa chambre, devant le Roi, devant toute la famille royale, meme devant la reine d’Angleterre. Elle se levoit tout au plus pour Monseigneur et pour Monsieur, parce qu’ils alloient [p. 51] rarement chez elle ; M. le duc d’Orleans, ni aucun prince du sang, jamais que par audiences, et comme jamais ; mais Monseigneur, messeigneurs ses fils, Monsieur et M. le duc de Chartres, toujours en partant pour l’armée, et le soir meme qu’ils en arrivoient, ou, s’il etoit trop tard, de bonne heure le lendemain. Pour aucun autre Fils de France, leurs epouses, ou les batards du Roi, elle ne se levoit point, ni pour personne, sinon un peu pour les personnes ordinaires avec qui elle n’avoit point de familiarité, et qui en obtenoient des audiences ; car modeste et polie, elle l’a toujours affecté à ces egards là.
[…]
[p. 101] Il ne se passoit guere quinze jours que le Roi n’allat à Saint Germain, meme apres la mort du roi Jacques II. La cour de Saint Germain venoit aussi à Versailles, mais plus souvent à Marly, et souvent y souper, et nulle fete de ceremonie ou de divertissement qu’elle n’y fut invitée, qu’elle vint et dont elle ne reçut tous les honneurs. Ils etoient reciproquement convenus de se recevoir et se conduire dans le [p. 102] milieu de leur appartement. A Marly, le Roi les recevoit et les conduisoit à la porte du petit salon du coté de la Perspective, et les y voyoit descendre et monter dans leur chaise à porteurs ; à Fontainebleau, tous les voyages, au haut de l’escalier à fer à cheval, depuis que le Roi leur eut accordé de ne les aller plus recevoir et conduire au bout de la foret. Rien n’etoit pareil aux soins, aux egards, à la politesse du Roi pour eux, ni à l’air de majesté et de galanterie avec lequel cela se passoit à chaque fois.
[…]
[p. 291] [1715] Le Prétendant partit deguisé de Bar, accompagné de trois ou quatre personnes seulement, vint à Chaillot où M. de Lauzun avoit une ancienne petite maison où il n’alloit jamais, et qu’il avoit gardée par fantaisie, quoiqu’il eut celle de Passy dont il faisoit beaucoup d’usage. Ce fut où le Pretendant coucha, et où il vit la reine sa mere, qui etoit souvent et longtemps aux Filles de Sainte Marie de Chaillot ; et de là partit pour aller s’embarquer en Bretagne par la route d’Alençon, dans une chaise de poste de Torcy.
Stairs decouvrit cette marche, et resolut de ne rien oublier pour delivrer son parti de ce reste unique des Stuarts. […] Nonancourt est une espece de petite villette sur ce chemin, à dix neuf lieues de Paris. […] [p. 293] C’etoit la chaise attendue, à qui, et à trois hommes qui l’accompagnoient à cheval, on fit, sans qu’elle sut pourquoi, prendre le petit pas. C’etoit le roi Jacques. Madame Lospital l’aborde, lui dit qu’il est attendu et perdu s’il n’y prend garde, mais qu’il ait à se fier à elle et à la [p. 294] suivre ; et les voilà allés chez l’amie. Là il apprend tout ce qui s’est passé, et on le cache le mieux qu’il est possible. […]
[p. 295] La reine d’Angleterre fit venir madame Lospital à Saint Germain, la remercia, la caressa comme elle le meritoit, et lui [p. 296] donna son portrait ; ce fut tout : le regent, quoi que ce soit ; et longtemps après, le roi Jacques lui ecrivit et lui envoya aussi son portrait.
[…]
[t. 15, p. 233] [1718] On a vu la brouillerie du duc de Noailles et de Law, le replâtrage qui s’y fit, le gré sensible que M. le duc d’Orleans sut au duc de Noailles de sa complaisance et de ses protestations à cet egard, et l’apreté avec laquelle il en sut profiter pour en tirer le gouvernement et la capitainerie de Saint Germain, qu’il avoit toute sa vie muguetée, et que la fortune lui livra precisement dans ce favorable instant par la prompt mort de Mornay sans enfants.
[…]
[p. 274] M. de Lorraine alla courre le cerf à Saint Germain avec les chiens du prince Charles. Le duc de Noailles n’eut garde de manquer cette occasion de faire sa cour au régent. Il donna à M. de Lorraine un grand retour de chasse au Val.
[…]
[p. 332] La reine d’Angleterre mourut le 7 mai à Saint Germain apres dix ou douze jours de maladie. Sa vie, depuis qu’elle fut en France, à la fin de 1688, n’a eté qu’une suite de malheurs qu’elle a heroiquement portés jusqu’à la fin, dans l’oblation à Dieu, le detachement, la penitence, la priere et les bonnes œuvres continuelles, et toutes les vertus qui consomment les saints. Parmi la plus grande sensibilité naturelle, beaucoup d’esprit et de hauteur naturelle, qu’elle sut captiver etroitement et humilier constamment, avec le plus grand air du monde, le plus majestueux, le plus imposant, avec cela doux et modeste. Sa mort fut aussi sainte qu’avoit eté sa vie. Sur les six cent mille livres que le Roi lui donnoit par an, elle s’epargnoit tout pour faire subsister les pauvres Anglois dont Saint Germain etoit rempli. Son corps fut porté le surlendemain aux Filles de Sainte Marie de [p. 333] Chaillot, où il est demeuré en depot, et où elle se retiroit souvent. La Cour ne prit aucun soin ni part en ses obseques. Le duc de Noailles alla à Saint Germain comme gouverneur du lieu et comme capitaine des gardes, pour ordonner seulement que tout y fut decent. Le deuil ne fut que de trois semaines.
[…]
[t. 17, p. 184] [1719] Le samedi au soir 15 avril, veille de la Quasimodo, mourut à Saint Cyr la celebre et fatale madame de Maintenon. […] [p. 185] Elle se retira à Saint Cyr au moment meme de la mort du roi, et eut le bon sens de s’y reputer morte au monde, et de n’avoir jamais mis le pied hors de la cloture de cette maison. […]
Une fois la semaine, quand la reine d’Angleterre etoit à Saint Germain, [elle] alloit diner avec elle, mais de Chaillot, où elle passoit des temps considerables, elle n’y alloit pas. Elles avoient chacune leur fauteuil égal, vis à vis l’une de l’autre. A l’heure du diner, on mettoit une table entre elles deux, leur couvert, les premiers plats et une cloche. C’etoit les jeunes demoiselles de la chambre qui faisoient tout ce menage, et qui leur servoit à boire, des assiettes et un nouveau service quand la cloche les appeloit ; la reine leur temoignoit toujours quelques bontés. Le repas fini, elles desservoient et otoient tout de la chambre, puis apportoient [p. 186] et rapportoient le café. La reine y passoit deux ou trois heures tete à tete, puis elles s’embrassoient ; madame de Maintenon faisoit trois ou quatre pas en la recevant et en la conduisant ; les demoiselles, qui etoient dans l’antichambre, l’accompagnoient à son carrosse, et l’aimoient fort, parce qu’elle leur etoit fort gracieuse. […]
[p. 187] Madame de Maintenon, comme à la Cour, se levoit matin et se couchoit de bonne heure. […] Son diner etoit simple, mais delicat et recherché dans sa simplicité, et tres abondant en tout. Le duc de Noailles, apres Mornay et Bloin, ne la laissoient pas manquer de gibier de Saint Germain et de Versailles, ni les Batiments de fruits.
[…]
[p. 247] [1719] Peu de jours apres, le duc de Richelieu sortit de la Bastille et alla coucher à Conflans chez le cardinal de Noailles. Il etoit veuf sans enfants de sa niece, mais, par son traité avec l’Espagne, il avoit voulu depouiller le duc de Guiche, autre neveu du cardinal de Noailles, du regiment des gardes, et l’avoir. Il devoit s’en aller à Richelieu ; il obtint d’aller faire une pause à Saint Germain, où il avoit une maison, puis d’y demeurer, apres d’etre à Paris sans voir le Roi ni le regent ; au bout de trois mois il eut permission de les saluer, et tout fut bientôt oublié.
[…]
[p. 451] [1720] Le duc de Perth mourut presque en meme temps dans le château de Saint Germain, où il etoit demeuré. C’etoit un seigneur qui avoit quitté de grands etablissements en Ecosse, par fidelité pour le roi Jacques, qui le fit gouverneur du prince de Galles. Sa femme etoit morte à Saint Germain, dame d’honneur de la reine d’Angleterre, dont il etoit grand ecuyer. C’etoit un homme d’honneur et de beaucoup de pieté, qui valoit bien mieux que le duc de Melford son frere. Le roi Jacques les fit ducs tous les deux, le dernier en mourant, comme on l’a vu en son lieu, et leur donna à tous deux la Jarretière.
[…]
[p. 473] L’abbé Gautier, dont il est si bien et si souvent parlé dans ce qui a été donné ici, d’après M. de Torcy, sur les negociations de la paix avec la reine Anne, et de celle d’Utrecht, mourut dans un appartement que le feu roi lui avoit donné dans le chateau neuf de Saint Germain, avec des pensions et une abbaye. Il s’y etoit retiré aussitôt apres ces negociations où il avoit eté si heureusement employé, apres en avoir ouvert lui-même le premier chemin, et rentra en home de bien modeste et humble, dans son etat naturel, et y vecut comme s’il ne se fut jamais melé de rien, avec une rare simplicité, et qui a peu d’exemples en des gens de sa sorte, qui, dans le maniement des affaires les plus importances et les plus secretes, dont lui-même avoit donné la premiere clef, sans s’intriguer, s’etoit concilié l’estime et l’affection du roi et de ses ministres, de la reine Anne et des siens, et des plenipotentiaires qui travaillerent à ces deux paix.
[…]
[t. 20, p. 39] [1723] Le duc de Lauzun etoit un petit homme, blondasse, bien fait dans sa taille, de physionomie haute, pleine d’esprit, qui imposoit, mais sans agrement dans le visage, à ce que j’ai ouï dire aux gens de son temps. […] Il vint à la Cour sans aucun bien, cadet de Gascogne fort jeune, debarquer de sa province sous le nom de marquis de Puyguilhem. […] [p. 40] Le duc Mazarin, dejà retiré de la Cour, en 1669 voulut se defaire de sa charge de grand maitre de l’artillerie ; Puyguilhem en eut le vent des premiers, il la demanda au Roi qui la lui promit, mais sous le secret pour quelques jours. Le jour venu que le Roi lui avoit dit qu’il le declareroit, Puyguilhem, qui avoit les entrées des premiers gentilshommes de la chambre, qu’on nomme aussi les grandes entrées, alla attendre la sortie du Roi du conseil des finances, dans une piece où personne n’entroit pendant le Conseil, entre celle où toute la Cour attendoit et celle où le Conseil se tenoit. Il y trouva Nyert, premier valet de chambre en quartier, qui lui demanda par quel hasard il y venoit ; Puyguilhem, sur de son affaire, crut se devouer ce premier valet de chambre en lui faisant confidence de ce qui alloit se declarer en sa faveur ; Nyert lui en temoigna sa joie, puis tira sa montre, et vit qu’il avoit encore le temps d’aller executer, disoit il, quelque chose de court et de pressé que le Roi lui avoit ordonné : il monte quatre à quatre un petit degré au haut duquel etoit le bureau où Louvois travailloit toute la journée, car à Saint Germain les logements etoient fort petits et fort rares, et les ministres et presque toute la Cour logeoient chacun chez soi, à la ville. Nyert entre dans le bureau de Louvois, et l’avertit qu’au sortir du conseil des finances, dont Louvois n’etoit point, Puyguilhem alloit etre declaré grand maitre de l’artillerie, et lui conte ce qu’il venoit d’apprendre de lui meme, et où il l’avoit laissé.
Louvois haissoit Puyguilhem, ami de Colbert, son emule, [p. 41] et il craignoit la faveur et les hauteurs dans une charge qui avoit tant de rapports necessaires avec son departement de la guerre, et de laquelle il envahissoit les fonctions et l’autorité tant qu’il pouvoit, ce qu’il sentoit que Puyguilhem ne seroit ni d’humeur ni de faveur à souffrir. Il embrasse Nyert, le remercie, le renvoie au plus vite, prend quelque papier pour lui servir d’introduction, descend, et trouve Puyguilhem et Nyert dans cette piece ci devant dire. Nyert fait le surpris de voir arriver Louvois, et lui dit que le Conseil n’est pas levé. « N’importe, repondit Louvois, je veux entrer, j’ai quelque chose de pressé à dire au Roi », et tout de suite entre ; le Roi, surpris de le voir, lui demande ce qui l’amene, et lui dit qu’il sait qu’il va declarer Puyguilhem grand maitre de l’artillerie, qu’il l’attend à la sortie du Conseil dans la piece voisine, que Sa Majesté est pleinement maitresse de ses graces et de ses choix, mais qu’il a cru de son service de lui representer l’incompatibilité qu’il est entre Puyguilhem et lui, ses caprices, ses hauteurs ; qu’il voudra tout faire et tout changer dans l’artillerie ; que cette charge a une si necessaire connexion avec le departement de la guerre, qu’il est impossible que le service s’y fasse parmi des entreprises et des fantaisies continuelles, et la mesintelligence declarée entre le grand maitre et le secretaire d’Etat, dont le moindre inconvenient sera d’importuner Sa Majesté tous les jours de leurs querelles et de leurs reciproques pretentions, dont il faudra qu’Elle soit juge à tous moments.
Le Roi se sentit extremement piqué de voir son secret su à celui à qui principalement il le vouloit cacher, repond à Louvois d’un air fort serieux que cela n’est pas fait encore, le congedie et va se rasseoir au Conseil. Un moment apres qu’il fut levé, le Roi sort pour aller à la messe, voit Puyguilhem et passe sans lui rien dire. Puyguilhem, fort etonné, attend le reste de la journée, et voyant que la declaration [p. 42] promise ne venoit point, en parle au Roi à son petit coucher. Le Roi lui repond que cela ne se peut encore, et qu’il verra : l’ambiguité de la reponse et son ton sec alarment Puyguilhem ; il avoit le vol des dames et le jargon de la galanterie ; il va trouver madame de Montespan, à qui il conte son inquietude, et qu’il conjure de la faire cesser. Elle lui promet merveilles et l’amuse ainsi plusieurs jours.
Las de tout ce manege et ne pouvant deviner d’où lui vient son mal, il prend une resolution incroyable si elle n’etoit attestée de toute la Cour d’alors. Il couchoit avec une femme de chambre favorite de madame de Montespan, car tout lui etoit bon pour etre averti et protegé, et vient à bout de la plus hasardeuse hardiesse dont on ait jamais ouï parler. Parmi tous ses amours, le Roi ne decoucha jamais d’avec la Reine, souvent tard, sans y manquer, tellement que pour etre plus à son aise, il se mettoit les apres dinées entre deux draps chez ses maitresses. Puyguilhem se fit cacher par cette femme de chambre sous le lit dans lequel le Roi s’alloit mettre avec madame de Montespan, et par leur conversation, y apprit l’obstacle que Louvois avoit mis à sa charge, la colere du Roi de ce que son secret avoit eté eventé, sa resolution de ne lui point donner l’artillerie par ce depit, et pour eviter les querelles et l’importunité continuelle d’avoir à les decider entre Puyguilhem et Louvois. Il y entendit tous les propos qui se tinrent de lui entre le Roi et sa maitresse, et que celle ci, qui lui avoit promis tous ses bons offices, lui en rendit tous les mauvais qu’elle put. Une toux, le moindre mouvement, le plus leger hasard pouvoit deceler ce temeraire, et alors que seroit il devenu ? Ce sont de ces choses dont le recit etouffe et epouvante à la fois.
Il fut plus heureux que sage, et ne fut point decouvert. Le Roi et sa maitresse sortirent enfin de ce lit ; le Roi se rhabilla et s’en alla chez lui, madame de Montespan se mit à sa toilette pour aller à la repetition d’un ballet où le Roi, la Reine et toute la Cour devoit aller. La femme de chambre tira [p. 43] Puyguilhem de dessous ce lit, qui apparemment n’eut pas un moindre besoin d’aller se rajuster chez lui. De là il s’en vint se coller à la porte de la chambre de madame de Montespan.
Lorsqu’elle en sortit pour aller à la repetition du ballet, il lui presenta la main, et lui demanda avec un air plein de douceur et de respect, s’il pouvoit se flatter qu’elle eut daigné se souvenir de lui aupres du Roi. Elle l’assura qu’elle n’y avoit pas manqué, et lui composa comme il lui plut tous les services qu’elle venoit de lui rendre. Par ci, par là, il l’interrompit credulement de questions pour la mieux enferrer, puis s’approchant de son oreille, il lui dit qu’elle etoit une menteuse, une friponne, une coquine, une p… à chien, et lui repeta mot pour mot toute la conversation du Roi et d’elle. Madame de Montespan en fut si troublée qu’elle n’eut pas la force de lui repondre en un seul mot, et à peine de gagner le lieu où elle alloit, avec grande difficulté à surmonter et à cacher le tremblement de ses jambes et de tout son corps, en sorte qu’en arrivant dans le lieu de la repetition du ballet, elle s’evanouit. Toute la Cour y etoit déjà. Le Roi tout effrayé vint à elle, on eut de la peine à la faire revenir. Le soir elle conta au Roi ce qui lui etoit arrivé, et ne doutoit pas que ce ne fut le diable qui eut sitot et si precisement informé Puyguilhem de tout ce qu’ils avoient dit de lui dans ce lit. Le Roi fut extremement irrité de toutes les injures que madame de Montespan en avoit essuyées, et fort en peine comme Puyguilhem avoit [pu] etre si exactement et si subitement instruit.
Puyguilhem, de son coté, etoit furieux de manquer l’artillerie, de sorte que le Roi et lui se trouvoient dans une etrange contrainte ensemble. Cela ne put durer que quelques jours. Puyguilhem, avec ses grandes entrées, epia un tete à tete avec le Roi et le saisit. Il lui parla de l’artillerie et le somma audacieusement de sa parole. Le Roi lui repondit qu’il n’en etoit plus tenu, puisqu’il ne la lui avoit donnée [p. 44] que sous le secret, et qu’il y avoit manquée. La dessus Puyguilhem s’eloigne de quelques pas, tourne le dos au Roi, tire son epée, en casse la lame avec son pied, et s’ecrie en fureur qu’il ne servira plus de sa vie un prince qui manque si vilainement de parole. Le Roi, transporté de colere, fit peut etre dans ce moment la plus belle action de sa vie. Il se tourne à l’instant, ouvre la fenetre, jette sa canne dehors, dit qu’il seroit faché d’avoir frappé un homme de qualité, et sort.
Le lendemain matin, Puyguilhem, qui n’avoit osé se montrer depuis, fut arreté dans sa chambre et conduit à la Bastille. Il etoit ami intime de Guitry, favori du Roi, pour lequel il avoit créé la charge de grand maitre de la garde robe. Il osa parler au Roi en sa faveur, et tacher de rappeler ce gout infini qu’il avoit pris pour lui. Il reussit à toucher le Roi d’avoir fait tourner la tete à Puyguilhem par le refus d’une assi grande charge, sur laquelle il avoit cru devoir compter sur sa parole, tellement que le Roi voulut reparer ce refus. Il donna l’artillerie au comte du Lude, chevalier de l’ordre en 1661, qu’il aimoit fort par habitude et par la conformité du gout de la galanterie et de la chasse. Il etoit capitaine et gouverneur de Saint Germain, et premier gentilhomme de la chambre. Il le fit duc non verifié ou à brevet en 1675. La duchesse du Lude, dame d’honneur de madame la Dauphine-Savoie, etoit sa seconde femme et veuve sans enfants. Il vendit sa charge de premier gentilhomme de la chambre, pour payer l’artillerie, au duc de Gesvres, qui etoit capitaine des gardes du corps, et le Roi fit offrir cette derniere charge en dedommagement à Puyguilhem, dans la Bastille. Puyguilhem, voyant cet incroyable et prompt retour du Roi pour lui, reprit assez d’audace por se flatter d’en tirer un plus grand parti, et refusa. Le Roi ne s’en rebuta point. Guitry alla precher son ami dans la Bastille, et obtint à grand peine qu’il auroit la bonté d’accepter l’offre du Roi. Des qu’il eut accepté, il sortit de la Bastille, alla [p. 45] saluer le Roi, et preter serment de sa nouvelle charge, et vendit les dragons. »

Saint-Simon, Louis de Rouvroy (duc de)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires de la Cour de France de la comtesse de La Fayette

« [p. 226] Quand Lauzun eut vu le Roi, il s’en retourna trouver la reine d’Angleterre, qui venoit se rendre à la Cour, n’ayant point de nouvelles de son epoux. On dit d’abord qu’on la logeroit à Vincennes, mais le Roi jugea plus à propos de lui donner Saint Germain. Pendant qu’elle etoit en chemin, la nouvelle arriva que le prince d’Orange avoit fait arreter le roi d‘Angleterre. L’exemple de la mort tragique de Charles Ier, son pere, fit trembler pour lui. Mais le soir meme, le Roi dit, en s’en allant à son appartement, qu’il avoit des nouvelles que ce prince etoit en sureté. Un valet de garde robe françois, que Sa Majesté britannique avoit depuis longtemps, l’avoit vu s’embarquer proche de Rochester. De là, ce prince etoit venu repasser à Douvres, et ensuite avoit passé à Ambleteuse, petit port auprès de Boulogne. Le valet de chambre etoit venu devant, et avoit rapporté qu’il avoit entendu tirer le canon à Calais. Qu’apparemment c’etoit son maitre qui y arrivoit. Toute la soirée se passa sans que l’on fut etonné de n’avoir point d’autres nouvelles de l’arrivée du roi d’Angleterre. Mais le lendemain, on fut au lever fort consterné quand on vit qu’il n’y en avoit point encore. On trouvoit que la nuit etoit trop longue pour que, si le canon que l’on avoit entendu tirer à Calais eut eté pour lui, le courrier n’en fut pas arrivé. On commença à raconter le matin que milord Feversham, frere de M. de Duras, avoit eté arreté par le prince d’Orange comme il venoit lui parler de la part du roi d’Angleterre, que le prince d’Orange avoit mandé au roi d’Angleterre qu’il falloit qu’il sortit de Windsor parce que tant qu’il y seroit on ne pouvoit pas travailler aux choses necessaires pour le bien de l’Etat. Le Roi en fit quelque difficulté, mais peu de momens apres le prince d’Orange lui renvoya dire qu’il le falloit et qu’il se retirat à Hampton Court, qui est une maison des rois [p. 227] d’Angleterre. Le roi manda qu’il n’y pouvoit pas aller, parce qu’il n’y avoit aucun meuble, mais que s’il le lui permettoit et qu’il le jugeat à propos, il iroit à Rochester. Le prince d’Orange y consentit, et lui manda en meme temps que pour sa sureté il lui donneroit quarante de ses gardes pour l’y conduire. Il fallut en passer par où le prince d’Orange voulut, et le roi sortit ainsi en peu de momens de Windsor. Sa Majesté britannique fut gardée très étroitement. Le premier jour, le prince d’Orange lui avoit donné presque tous gardes catholiques et un officier : ils entendirent la messe avec lui. Quand le roi fut à Rochester, on le garda moins. Il y avoit des portes de derriere à son palais ; un domestique qui etoit au roi lui fit trouver des chevaux, dont il se servit. Il partit à l’entrée de la nuit, et se rendit à un endroit où l’attendoit un petit bateau pour le conduire à un plus grand batiment. En arrivant à la petite barque, il y trouva des paysans ivres, qui l’obligerent de boire à la santé du prince d’Orange. Sa Majesté leur donna de l’argent pour y boire encore. On contoit aussi toutes les particularités qu’avoit dites le valet de garde robe le matin, et chacun raisonnoit selon sa portée. Les uns croyoient que le prince d’Orange lui avoit fourni les moyens de s’embarquer, afin de le faire ensuite jeter dans la mer, les autres, afin de le faire transporter en Zelande, où il le retiendroit prisonnier, enfin chacun donnoit pour bon ce qui lui passoit par la tete. Le Roi etoit triste, les ministres fort embarrassés.
Le Roi etoit à la messe, n’attendant plus que des nouvelles de la mort du roi d’Angleterre, quand M. de Louvois y entra pour dire à Sa Majesté que M. d’Aumont venoit de lui envoyer un courrier qui lui annonçoit l’arrivée du roi d’Angleterre à Ambleteuse. La joie fut extreme à la Cour, et egale entre les gens de qualité et les domestiques. On depecha aussitôt un courrier à la reine d’Angleterre, qui etoit en chemin. M. le Grand etoit parti des le matin pour aller la recevoir à Beaumont. Pour le roi d’Angleterre, à ce que conta le courrier, il etoit dans un tres petit batiment, où il avoit quelques gens armés avec lui et quelques grenadiers. Il aperçu de loin un vaisseau plus gros que le sien ; il donna ses ordres pour se defendre en cas qu’il fut attaqué, mais quand ils s’approcherent il reconnut que c’etoit un vaisseau françois. La joie fut grande de part et d’autre. Il se mit dans ce vaisseau et arriva fort heureusement, mais pourtant très fatigué, car il y avoit bien du temps que ses nuits n’etoient pas bonnes.
Le Roi alla de Versailles à Chatou au devant de la reine d’Angleterre et du prince de Galles. Il y attendit, avec une fort grosse Cour à sa suite, cette reine qui arriva un moment apres. Elle fut reçue parfaitement bien. Sa Majesté britannique parla avec tout l’esprit et toute la politesse que l’on peut avoir, plus meme que les femmes ordinaires n’en peuvent conserver dans des malheurs aussi grands qu’etoient les siens. Le Roi la conduisit à Saint Germain, et fit ce qu’il put pour adoucir ses peines, qui etoient extremement diminuées par la joie d’avoir appris que le roi son epoux etoit en France et en bonne santé. Apres cela, le Roi s’en retourna à Versailles, et envoya le lendemain chez la reine une toilette magnifique, avec tout ce qu’il lui falloit pour l’habiller et tout ce qui etoit necessaire pour le prince de Galles, le tout travaillé sur le modele de ce que l’on avoir fait pour M. de Bourgogne. Avec cela, on mit une bourse de six mille pistoles sur la toilette de la reine ; on lui en avoit donné quatre mille à Boulogne.
Le lendemain, jour que le roi d’Angleterre arrivoit, le Roi l’alla attendre à Saint Germain, dans l’appartement de la reine. Sa Majesté y fut une demi heure ou trois quarts d’heure avant qu’il arrivat. Comme il etoit dans la garenne, on le vint dire à Sa Majesté, et puis on vint avertir quand il arriva dans le chateau. Pour lors, Sa Majesté quitta la reine d’Angleterre et alla à la porte de la salle des gardes au devant de lui. Les deux rois d’embrasserent fort tendrement, avec cette difference que celui d’Angleterre, y conservant l’humilité d’une personne malheureuse, se baissa presque aux genoux du Roi. Apres cette premiere embrassade, au milieu de la salle des gardes, ils se reprirent encore d’amitié. Et puis, en se tenant la main serrée, le Roi le conduisit à la reine, qui etoit dans son lit. Le roi d’Angleterre n’embrassa point sa femme, apparemment par respect.
Quand la conversation eut duré un quart d’heure, le Roi mena le roi d’Angleterre à l’appartement du prince de Galles. La figure du roi d’Angleterre n’avoit pas imposé aux courtisans ; ses discours firent encore moins d’effet que sa figure. Il conta au Roi, dans la chambre du prince de Galles, où il y avoit quelques courtisans, le plus gros des choses qui lui etoient arrivées ; et il les conta si mal que les courtisans ne voulurent point se souvenir qu’il etoit Anglois, que par consequent il parloit fort mal françois, outre qu’il begayoit un peu, qu’il etoit fatigué, et qu’il n’est pas extraordinaire [p. 228] qu’un malheur aussi considerable que celui où il etoit diminuat une eloquence beaucoup plus parfaite que la sienne.
Apres etre sortis de chez le prince de Galles, les deux rois s’en revinrent chez la reine. Sa Majesté y laissa celui d’Angleterre et s’en revint à Versailles. Presque tous les honnetes gens furent attendris à l’entrevue de ces deux grands princes. Le lendemain au matin, le roi d’Angleterre eut à son lever tout ce qui lui etoit necessaire, et dix mille pistoles sur sa toilette. L’après dinée, ce prince vint à Versailles voir le Roi, qui fut le recevoir à l’entrée de la salle des gardes et le mena dans son petit appartement. Ensuite, il fut voir madame la Dauphine, Monseigneur, Monsieur et Madame. Il demeura très longtemps avec le Roi. Monseugneur et Monsieur furent rendre la visite à Saint Germain. Il y eut de grandes contestations pour les ceremonies : le Roi voulut que le roi d’Angleterre traitat Monseigneur d’egal, et le roi d’Angleterre y consentit, pourvu que le Roi traitat le prince de Galles de meme. Enfin il fut decidé que le Dauphin n’auroit qu’un siege pliant devant le roi d’Angleterre, mais qui’l auroit un fauteuil devant la reine. Les princes du sang avoient aussi leurs pretentions, disant que comme ils n’etoient pas sujets du roi d’Angleterre, ils devoient avoir aussi d’autres traitemens. A la fin tout cela se passa fort bien. Mais quand il fut question des femmes, cela ne fut pas si aisé. Les princesses du sang furent trois ou quatre jours sans aller chez Sa Majesté d’Angleterre, et quand elles y furent les duchesses de les y suivirent pas. Celles-ci pretendirent à deux traitemens, celui de France, qui est de s’asseoir devant leur souveraine, et celui d’Angleterre, qui est de la baiser. La reine d’Angleterre, qui, quoique glorieuse, ne laisse pas d’etre fort raisonnable, dit au Roi qu’il n’avoit qu’à ordonner, qu’elle feroit tout ce qu’il voudroit, qu’elle le prioit de choisir lui meme le ceremonial qu’elle observeroit. Enfin il fut decidé que les duchesses s’en tiendroient à celui de France. Quand la reine d’Angleterre vint à Versailles, la magnificence l’en surprit, et surtout la grande galerie, qui sans contredit est la plus belle chose de l’univers dans son genre ; aussi la loua t elle extremement, mais dans les termes qui convenoient et qui pouvoient faire plaisir au Roi. Elle fit les memes visites qu’avoit faites le roi son epoux, et s’en retourna à Saint Germain avec de tres grands applaudissemens.
[…]
Le roi d’Angleterre etoit à Saint Germain, recevant les respects de toute la France : les ministres y furent les premiers ; l’archeveque de Reims, frere de M. de Louvois, le voyant sortir de la messe, dit avec un ton ironique : « Voilà un fort bon homme ; il a quitté trois royaumes pour une messe ». Belle réflexion dans la bouche d’un archevêque ! On régla pour la maison du roi d’Angleterre six cent mille francs, et pendant le premier mois il eut toujours les officiers du Roi pour le servir. Tous les jours il arrivoit beaucoup de cordons bleus anglois. Le Roi voulut lever deux régimens de deux mille hommes chacun, qu’il donna aux deux enfans du roi d’Angleterre.
Malgré les facheuses circonstances de son etat, Sa Majesté britannique ne laissoit pas d’aller courageusement à la chasse avec Monseigneur et piquoit comme eut pu faire un homme de vingt ans, qui n’a d’autre souci que celui de se divertir. Cependant, ses affaires alloient fort mal, car le prince d’Orange avoit eté reçu du peuple de Londres avec de tres grandes acclamations. […]
[p. 229] Plus les François voyoient le roi d’Angleterre, moins on le plaignoit de la perte de son royaume. Ce prince n’etoit obsedé que des jesuites. Il vint faire un voyage à Paris : d’abord il alla descendre aux grands jesuites, causa tres longtemps avec eux, et se les fit tous presenter. La conversation finit par dire qu’il etoit de leur societé : cela parut d’un tres mauvais gout. Ensuite il alla diner chez M. de Lauzun. On faisoit presque tous les quinze jours un voyage à Marly, de quatre ou cinq jours. C’est, comme on sait, une maison entre Saint Germain et Versailles, que le Roi aime fort et où il va faire de petits voyages, afin d’etre moins obsedé de la foule des courtisans. Le roi et la reine d’Angleterre y furent. On representoit à Trianon, qui est une autre maison que le Roi a fait batir à un bout du canal, un petit opera sur le retour du Dauphin. La princesse de Conti, madame la Duchesse et madame de Blois y dansoient et en etoient assurement le principal ornement, car du reste les vers en etoient tres mauvais et la musique des plus mediocres. Sa Majesté pria le roi et la reine d’Angleterre d’y venir et leur donna ce plaisir.
[…]
[p. 232] Pendant ce temps là, le roi d’Angleterre songeoit à son depart pour l’Irlande. M. de Tirconel, qui en etoit le vice roi, lui manda qu’il croyoit que sa presence etoit necessaire. Cela fut fort debattu dans le Conseil ; enfin on jugea à propos que Sa Majesté britannique s’y en allat incessamment. Elle fit partir le duc de Berwick, un de ses enfans naturels, avec ce qu’il y avoit ici d’Anglois, d’Ecossois et d’Irlandois pour se rendre à Brest, où ils devoient s’embarquer. Les officiers generaux que l’on avoit nommés pour servir avec lui s’y rendirent aussi. […] [p. 233] On travailla à l’equipage du roi d’Angleterre. Le Roi lui fit tenir tout ce qui lui etoit necessaire, et avec profusion, meubles, selles, housses, enfin tout ce que l’on peut s’imaginer au monde. Le Roi lui donna meme sa cuirasse.
Le roi d’Angleterre voulut, avant que de partir, laisser quelque marque à M. de Lauzun de sa reconnoissance. Sa Majesté britannique vint à Paris faire ses devotion à Notre Dame, et y donna à M. de Lauzun l’ordre de la Jarretière ; en le lui donna, il mit à son ruban bleu une medaille de Saint Georges enrichie de diamans, qui etoit la meme que le roi d’Angleterre, qui eut le cou coupé, avoit donné à son fils le feu roi en se separant de lui : les diamans en etoient tres considerables. Comme il n’y a que vingt cinq personnes qui aient cet ordre, il n’y en avoit qu’un de vacant, qui etoit celui de l’electeur de Brandebourg. Le Roi le donna ici à M. de Lauzun, et le prince d’Orange le donna en Angleterre à M. de Schomberg. […]
Le roi d’Angleterre alla aussi aux Filles de la Visitation de Chaillot, qui etoient ses amies du temps qu’il avoit demeuré en France, parce que la reine d’Angleterre sa mere y faisoit d’assez longs sejours, et il repassa ensuite par Saint Cloud pour faire compliment à Monsieur sur la mort de la reine sa fille, et pour voir Saint Cloud, qu’il n’avoit jamais vu. De là, il alla à Versailles dire adieu au Roi, et s’en retourna à Saint Germain, où il fesoit son sejour ordinaire. Le lendemain, le Roi lui alla aussi dire adieu à Saint Germain. Leur separation fut fort tendre : le Roi dit au roi d’Angleterre que tout ce qu’il pouvoit lui souhaiter de meilleur etoit de ne le jamais revoir. Il nomma M. d’Avaux pour le suivre comme ambassadeur, et le comte de Mailly, qui avoit epousé une niece de madame de Maintenon, pour l’accompagner jusqu’à Brest, où il s’embarquoit. La reine d’Angleterre demeura avec son fils le prince de Galles à Saint Germain, pria qu’on ne lui allat faire sa cour que les lundis, trouvant qu’il ne lui etoit convenable de se livrer beaucoup au public dans le temps que, selon les apparences, son mari alloit essuyer de grands perils.
[…]
[p. 234] Le depart du roi d’Angleterre pour l’Irlande ne laissa pas une grande esperance au Roi de le voir remonter sur le trone. Il n’avoit pas eté longtemps en France sans qu’on le connut tel qu’il etoit, c’est-à-dire un homme enteté de sa religion, abandonné d’une manière extraordinaire aux jesuites. Ce n’eut pas eté pourtant son plus grand defaut à l’egard de la Cour ; mais il etoit foible, et supportoit plutôt ses malheurs par insensibilité que par courage, quoiqu’il fut né avec une extreme valeur, soutenue du mepris de la mort, si commun aux Anglois. Cependant c’etoit quelque chose qu’il eut pris ce parti là. On en etoit defait en France et, selon les apparences, les troupes que le prince d’Orange s’etoit engagé d’envoyer sur les cotes pour faire une diversion alloient passer en Irlande. On donna donc à Sa Majesté une escadre de dix vaisseaux, et il arriva enfin heureusement en Irlande avec beaucoup d’officiers françois et avec tous les Anglois et Irlandois qui l’etoient venus trouver, ou qui avoient demeuré en France. Le Roi les fit conduire tous à Brest par differentes routes, à ses frais, et ils y firent un desordre epouvantable. Le roi d’Angleterre, qui avoit eté homme de mer etant duc d’York, ne fut pas contant de la marine, et le manda au Roi : cela donna des vapeurs à M. de Seignelay. Il y eut des ordres pour faire conduire à Brest toutes les choses necessaires pour l’Irlande : elles y furent expediées avec promptitude et en grande quantité, parce que M. de Louvois s’en mela.
[…]
[p. 239] Cependant la reine d’Angleterre etoit à Saint Germain, dans une tristesse et un abattement epouvantables. Ses larmes ne tarissoient pas. Le Roi, qui a l’ame bonne et une tendresse extraordinaire, surtout pour les femmes, etoit touché des malheurs de cette princesse et les adoucissoit par tout ce qu’il pouvoit imaginer. Il lui faisoit des presens ; et parce qu’elle etoit aussi devote que malheureuse, c’etoient des presens qui convenoient à la devotion. Il avoit aussi pour elle toutes les complaisances qu’elle meritoit : il la faisoit venir à Trianon et à Marly, aux fetes qu’il y donnoit ; enfin il avoit des manieres pour elle si agreables et si engageantes que le monde jugea qu’il etoit amoureux d’elle. La chose paroissoit assez probable. Les gens qui ne voyoient pas cela de fort pres assuroient que madame de Maintenon, quoiqu’elle ne passat que pour amie, regardoit les manieres du Roi pour la reine d’Angleterre avec une furieuse inquietude. Ce n’etoit pas sans raison, car il n’y a point de maitresse qui ne terrasse bientôt une amie. Cependant le bruit de cet amour ne fut que l’effet d’un discours du public, fondé sur les airs honnetes que le Roi ne pouvoit s’empecher d’avoir pour une personne dont le merite etoit aussi avoué de tout le monde que celui de la reine d’Angleterre, quand meme elle n’eut eté que particuliere. »

Pioche de La Vergne, Marie-Madeleine

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires de madame de Motteville

« [p. 32] Apres toutes les persecutions qui furent faites à plusieurs particuliers, le Roi, suivant son naturel, s’abandonna tout entier au pouvoir de son favori. Il se vit reduit à la vie la plus melancolique et la plus miserable du monde, sans suite, sans Cour, sans pouvoir, et par consequent sans plaisir et sans honneur. Ainsi se sont passées quelques années de sa vie à Saint Germain, où il vivoit comme un particulier, et pendant que ses armées prenoient des villes et gagnoient des batailles, il s’amusoit à prendre des oiseaux. Ce prince etoit malheureux de toutes les manieres, car il n’aimoit point la Reine et avoit pour elle de la froideur, et il etoit le martyr de madame de Hautefort, qu’il aimoit malgré lui et qu’il ne pouvoit se resoudre de chasser de la Cour, l’accusant de se moquer de lui avec la Reine. […] Enfin, lassé de tant souffrir, il chassa, comme je l’ai déjà dit, mademoiselle de Hautefort, et son inclination se tourna vers un objet nouveau dont la beauté brune n’etoit pas si eclatante, mais qui, avec de beaux traits de visage et beaucoup d’agremens, avoit aussi de la douceur et de la fermeté dans l’esprit. La Fayette, fille d’honneur de la Reine, aimable et fiere tout ensemble, fut celle qu’il aima. […] [p. 33] Madame de Hautefort ne fut pas fachée de sa retraite : elle n’avoit pas de honte qu’on la crut sa rivale ; et il n’y avoit point de prude qui n’aspirat à la gloire d’etre aimée du Roi comme l’etoit La Fayette, tout le monde etant persuadé que la passion qu’elle avoit pour lui n’etoit point incompatible avec sa vertu. Quand elle se separa de lui, elle lui parla longtemps devant tout le monde chez la Reine, où elle monta aussitot apres avoir eu son congé. Il ne parut aucune alteration sur son visage : elle eut la force de ne pas donner une de ses larmes à celles que ce prince repandit publiquement. Apres l’avoir quitté, elle prit congé de la Reine, qui ne la pouvoit aimer ; ce qu’elle fit avec cette douceur et cette satisfaction que doit avoir une chretienne qui cherche Dieu, et qui ne veut plus aimer que lui sur la terre, et ne desire que l’eternité. Elle ne fit pas neanmoins toutes ces choses sans beaucoup souffrir. J’ai su depuis de la comtesse de Flex, fille de la marquise de Senecé, et par consequent parente de La Fayette, qu’au sortir de la chambre du Roi, où elle avoit dit adieu à ce prince, elle descendit dans son appartement dont les fenetres donnoient sur la cour du chateau, et que cette aimable et vertueuse fille ayant entendu le carrosse du Roi, qu’il avoit fait venir pour dissiper le chagrin où il etoit, pressée de la tendresse qu’elle avoit pour lui, elle courut le voir au travers des vitres. Quand il fut entré, et qu’elle l’eut vu partir, elle se trouva vers la comtesse de Flex, qui etoit encore fille, et lui dit, touchée de douleur : « Helas ! je ne le verrai plus ».
[…]
[p. 45] [1643] Le lendemain de la mort du roi Louis XIII, le roi Louis XIV, la Reine, Monsieur, duc d’Anjou, le duc d’Orleans et le prince de Condé partirent de Saint Germain pour venir à Paris, et le corps du feu Roi demeura seul à Saint Germain, sans autre presse que celle du peuple, qui courut le voir par curiosité plutot que par tendresse. Le duc de Vendome y resta pour faire les honneurs, et le marquis de Souvré, gentilhomme de la chambre en année, pour y faire sa charge. De tant de gens de qualité qui lui avoient faire la cour la veille, personne ne demeura pour rendre ses devoirs à sa memoire : tous coururent à la regente.
Pendant les derniers jours de la maladie du feu Roi, le duc d’Orleans et le prince de Condé se regarderent avec defiance l’un de l’autre. On vit beaucoup de visages nouveaux, et chacun avoit plus de suite qu’à l’ordinaire. La Reine ne manqua pas de faire doubler ses gardes, et de prendre ses precautions contre les princes du sang, quoique ses soupçons fussent mal fondés.
[…]
[p. 84] [1644] La reine d’Angleterre vint à Paris à peu pres dans ce meme temps. Il y avoit trois ou quatre mois qu’elle etoit à Bourbon. La Reine la fut recevoir avec le Roi et le duc d’Anjou, le veritable Monsieur, jusque hors de la ville. Ces deux grandes princesses s’embrasserent avec tendresse et amitié, et se firent mille compliments qui ne tenoient rien du compliment. On la mena loger au Louvre, qui pour lors etoit abandonné, et pour maison de campagne on lui donna Saint Germain. Comme les affaires du Roi etoient en bon etat, et que la guerre n’avoit point encore ruiné les finances royales, on lui donna ensuite une pension de dix ou douze mille ecus par mois, et en toutes choses elle eut grand sujet de se louer de la Reine.
[…]
[p. 162] [1648] Le 3 juin, la Reine alla visiter la reine d’Angleterre, qui, de Saint Germain, etoit venue à Paris passer quinze jours en intention de gagner le jubilé.
[…]
[p. 200] Le 12 de septembre, […] la Reine dit tout haut qu’elle vouloit aller faire un petit voyage à Ruel, seulement pour faire nettoyer le Palais Royal, qui avoit besoin d’etre purifié. Le peuple avoit montré tant d’aversion à laisser sortir le Roi de Paris qu’on avoit cru cette apparente promenade trop difficile à faire pour oser la publier beaucoup de temps avant l’execution. Le cardinal, contre qui le peuple avoit vomi tant d’imprecations, etoit reduit à cette extremité de ne pouvoir sortir de la maison du Roi. Il craignoit toujours les suites de la rebellion, qui lui pouvoient estre pernicieuses. La Reine ne laissoit pas de sortir, mais la mauvaise disposition des esprits lui donnoit lieu de craindre toutes choses. Ainsi l’air de la campagne, qui semble annoncer la liberté et l’innocence, etoit un preservatif necessaire contre la corruption des ames, comme il le devoit aussi etre des corps. La saleté du Palais Royal fut donc un pretexte plausible pour mettre fin à certains desseins qui etoient enfermés dans le cœur du ministre, et qui etoient assez de consequence pour l’obliger à prendre toutes les precautions necessaires pour les bien executer.
Le lendemain 13 de septembre, sans en faire plus de bruit que le discours que la Reine avoit fait de ce voyage le jour precedent, le Roi, accompagné du cardinal Mazarin, de peu de personnes et de peu de gardes, partit à six heures du matin ; et, par cette promptitude, il ota au [p. 201] parlement et aux bourgeois le moyen de s’opposer à son dessein. La Reine seule demeura comme la plus vaillante pour favoriser cette retraite ; et comme son confesseur etoit malade, elle voulut aller le trouver aux Cordeliers pour se confesser, et dire adieu à ces bonnes filles du Val de Grace, qu’elle honoroit d’une tres particuliere amitié. […]
[p. 207] Les affaires etant en l’etat où elles etoient, la Reine se resolut de tirer Monsieur de Paris, où il etoit resté malade de sa petite verole ; mais pour attraper les Parisiens, qui etoient tous ravis d’avoir ce precieux gage entre leurs mains, elle donna ordre à Beringhen, premier ecuyer, d’aller modestement faire cette conquete sur eux. Il part de Ruel et vient à Paris, comme tous ceux de la Cour y venoient tous les jours. Etant arrivé, il prend un carrosse à deux chevaux, et va au Palais Royal faire visite à ce petit prince. Il le prit entre ses bras, le cacha dans le derriere de son carrosse, et le mena jusqu’à Longchamp. Il le mit ensuite dans un bateau pour le passer à l’autre bord de la riviere, où un carrosse du Roi l’attendoit, qui le mena à Boisenval, proche de Ruel. La Reine alla le voir le lendemain, et le ramena avec elle aupres du Roi, avec intention de changer bientôt de demeure, et d’aller à Saint Germain où la Cour se trouveroit separée de Paris par trois bras de riviere, et dans une assez raisonnable distance pour pouvoir travailler plus commodement qu’à Fontainebleau aux affaires que le parlement lui suscitoit tous les jours. On fit garder le pont de Neuilly jusqu’au depart du Roi, parce que l’on craignoit quelque inondation du peuple de Paris, et quelques mauvais effets de sa rage. […]
[p. 208] Le 29, les deputés allerent à Saint Germain, où la Reine etoit arrivée le 24. Ils y furent remplis de presomption et d’orgueil, et firent leur conference chez le duc d’Orleans, dont le ministre fut exclus à leur priere. […] [p. 209] En cette conference, les deux partis furent à demi satisfaits les uns des autres, et les deputés demeurerent d’accord de revenir à Saint Germain une seconde fois. […]
Un Espagnol nommé Galarette, passant alors de Flandre, où il avoit servi de secretaire d’Etat, pour aller en Espagne, demeura quelques jours à Saint Germain, où il eut de grandes conferences avec le cardinal sur tous les articles de la paix. Le ministre l’auroit peut etre alors desirée tout de bon, afin d’avoir des troupes toutes libres [p. 210] et de l’argent, pour chatier ceux qui le vouloient attaquer. Comme la haine des peuples n’avoit pas de plus legitime pretexte de murmurer contre lui que celui de le soupçonner de n’avoir pas voulu la paix, la Reine fit remarquer avec soin au public cet entretien particulier, disant souvent qu’elle et le cardinal Mazarin ne desiroient rien si fortement que ce bonheur, et que si le Roi son frere y vouloit consentir, elle se feroit assurement.
On fit voir le Roi à cet Espagnol, se promenant dans le parc. Il le trouva bien fait et fort aimable. La Reine ne le vit point, par une gravité qui lui fut inspirée par le ministre, quoiqu’elle l’eut connu autrefois aupres du marquis de Mirabel, dernier ambassadeur d’Espagne en France. […]
Le 1er du mois d’octobre ayant eté pris pour recommencer la conference à Saint Germain, les deputés y arriverent chargés de nouvelles propositions et de vingt cinq articles qui furent proposés par eux ; tous furent octroyés, hormis les deux que j’ai dejà marqués touchant la liberté des prisonniers et le privilege que le parlement demandoit d’en pouvoir prendre connoissance vingt quatre heures apres qu’ils seroient arretés. Il fut meme conclu qu’ils reviendroient dans deux jours pour achever entierement cette negociation. Le cardinal Mazarin n’assistoit à aucune de ces conferences, et le chancelier en avoit eté exclus par ordre de la Reine, pour tenir compagnie au ministre. Il fut neanmoins renvoyé à celle ci, comme necessaire au service du Roi, pour y maintenir ses interets et les faire voir aux princes qui ne pouvoient pas entendre les chicanes du parlement. […]
Le 3 du mois, les deputés retournerent à Saint Germain, selon la resolution qui en avoit eté prise. D’abord, les princes leur firent de grands reproches de leur arret donné contre le service du Roi, à la veille d’un accommodement. Ils leur dirent que ce procedé marquoit visiblement leurs mauvaises intentions, et qu’ils n’avoient pas de veritables desirs pour la paix. Ils repondirent, pour leur justification, que cet impot [p. 211] jusqu’alors n’avoit point eté levé, que les buchers s’etoient toujours defendus vigoureusement, que les partisans qui en avoient traité avec le Roi confessoient eux-mêmes n’en avoir rien reçu, et que, cela etant, ils avoient cru, sans prejudice du service du Roi, le pouvoir defendre et donner ce contentement au peuple. […]
Enfin, la conference ayant duré jusques au soir fort tard, les affaires ne purent se decider, à cause que les deputés vouloient absolument ce que la Reine ne vouloit point du tout leur accorder. Les princes les quitterent et vinrent prendre le cardinal dans son appartement. Ils allerent tous ensemble trouver la Reine dans le parc, où elle etoit allée faire un tour de promenade, attendant le succes de leur longue negociation. Le conseil fut tenu dans le propre carrosse de la Reine, sur ce qu’ils avoient à faire. Le chancelier exposa le fait, et l’obstination des deputés à vouloir la sureté des prisonniers, les retirant de la puissance des rois pour les faire juger juridiquement et hors de la domination des favoris, qu’ils disoient etre quelquefois injustes. La Reine, entendant parler de l’opiniatreté de ceux du parlement, interrompit le chancelier pour dire que son avis etoit de leur refuser constamment ce qu’ils demandoienrt, et de les chatier de leur entreprise sans plus ecouter aucune proposition de paix. […]
[p. 212] La Reine, les princes et le ministre se quitterent tous dans la grande place qui separe les deux chateaux. Les princes retournerent trouver les deputés, qui les attendoient au chateau neuf où logeoit le duc d’Orleans, et le cardinal s’en retourna dans son appartement. Il fut suivi à l’ordinaire d’un grand nombre de courtisans, qui, tout maltraité qu’il etoit des peuples et du parlement, ne l’abandonnoient pas, parce qu’il etoit toujours le maitre de leur fortune.
Les princes dirent aux deputés que, pour ce jour, ils n’avoient rien pu gagner sur l’esprit de la Reine ; mais ils leur promirent de faire encore de nouveaux efforts pour vaincre sa fermeté. […]
La Reine, etant de retour de la promenade, où sans doute elle s’etoit mal divertie, elle vint s’asseoir à son cercle, où je vis dans son visage et dans ses yeux que les affaires n’alloient pas selon son goût. Peu après, les princes arriverent, qui la firent quitter cette place pour aller au Conseil. Avant que d’y entrer, elle tira le marechal de Villeroy contre une fenetre, pour lui faire part de ses peines. Elle ne se plaignoit pas du cardinal, quoiqu’il fut d’avis contraire au sien ; elle comprenoit bien qu’il ne pouvoit pas faire autrement, et qu’il falloit qu’il fit semblant de vouloir la paix, pour ne point attirer la haine du parlement qu’il n’avoit dejà que trop. […] Je ne sais ce que le gouverneur du Roi lui repondit mais, apres cette conversation, elle entra dans son cabinet où se devoit tenir le Conseil. Avant qu’il fut commencé et que nous en fussions sortis, je remarquai que M. le Prince s’approcha de la Reine pour lui parler en faveur du parlement. […]
[p. 213] Enfin, les portes du cabinet s’ouvrirent avant le temps. Le cardinal Mazarin, qui avoit accoutumé de demeurer après la fin du Conseil avec la Reine, sortit le premier, et à l’air de son visage il sembloit qu’il etoit en mauvaise humeur. Le prince de Condé le suivit, et le duc d’Orleans demeura avec la Reine, pour tacher d’adoucir son ressentiment et sa peine. L’abbé de La Riviere alors fut appelé par son maitre pour faire le tiers dans cette conversation où la Reine seule avoit le cœur rempli d’amertume et de douleur. Une demi heure apres, le duc d’Orleans s’en retourna chez lui tout pensif.
M. le Prince vint un moment après trouver la Reine : il fit officieusement deux voyages vers elle, pour lui faire voir l’innocence du cardinal et pour le mettre bien dans son esprit. Nous vimes aussitôt, parmi toutes ces choses, qu’il y avoit quelque inquietude nouvelle dans le cabinet, et que les affaires n’alloient pas bien. En mon particulier, je ne fus pas longtemps dans cette inquietude, car la Reine, peu apres, etant demeuré seule, comme elle voulut entrer dans son oratoire pour prier Dieu, je lui demandai la cause de ce que je voyois ; et, la plaignant de toutes ses souffrances, je la suppliai de m’apprendre ce que M. le cardinal disoit sur tout cela. […]
[p. 214] Le soir de ce jour, avant qu’elle s’endormit, le secretaire du cardinal, nommé de Lyonne, vint la trouver deux fois, et eut d’assez longues conferences avec elle de la part de son maitre ; puis le lendemain, au sortir de la messe, Le Tellier, secretaire d’Etat, y vint aussi, qui acheva de la resoudre d’accorder aux deputés ce qu’ils desiroient, à condition qu’au lieu de trois mois qu’ils demandoient en faveur des prisonniers pour etre renvoyés à leurs juges naturels, elle en demanda six avant que le Roi fut obligé de les rendre. […]
Ensuite de cette resolution, les deputés, arrivant à Saint Germain, trouverent leurs affaires faites, et n’eurent rien de plus difficile à executer qu’à remercier la Reine et les princes.
[…]
[p. 216] Le 15 d’octobre, les gens du Roi arriverent à Saint Germain, qui venoient demander à la Reine les deux millions, et protester de leur innocence et bonnes intentions. Ils trouverent la Reine prete à partir pour aller visiter les carmelites de Pontoise, à cause qu’il etoit le jour de Sainte Therese. Son voyage fut cause qu’ils differerent leur deputation jusques à son retour au soir. La Reine, revenue de son petit voyage, s’enferma au Conseil, où dejà les princes et le cardinal, attendant son retour, avoient commencé à traiter de quelques affaires. Ils avoient resolu d’accorder les deux millions.
[…]
[p. 217] Le 24, le premier president apporta à la Reine la declaration de la part de sa compagnie, qui avoit eté dressée par eux memes, où toutes leurs demandes etoient pleinement expliquées, et où il etoit facile de remarquer qu’ils avoient eté trop insatiables pour de sages senateurs qui sont destinés à moderer les exces des autres. On tint Conseil là dessus, et comme il falloit en ce jour recevoir la paix pour tacher d’eviter la guerre, les differens sentimens causerent beaucooup de disputes et de raisonnemens dans le cabinet.
[…]
[p. 218] Le 28 au matin, le marechal d’Estrées et le marquis de Seneterre vont trouver l’abbé de La Riviere pour lui annoncer de la part de la Reine et du ministre que M. le Prince demande le chapeau de cardinal pour le prince de Conti son frere, et que la nomination dejà faite en faveur de cet abbé soit revoquée, afin qu’elle puisse etre donnée à ce prince. […] [p. 219] Au sortir de la messe de la Reine, le duc d’Orleans la vint trouver. Il lui demanda une audience, où il ne voulut point d’autre temoin qu’elle seule. La Reine aussitôt nous commanda de sortir de son cabinet ; et, faisant fermer les portes, elle livra ses oreilles à toutes les plaintes que ce prince lui voulut faire. […]
La ville de la fete de tous les saints, la Reine partit de Saint Germain pour revenir à Paris jouir du repos qu’il sembloit que cette derniere declaration lui devoit faire esperer. Avant que de quitter ce lieu, elle alla visiter madame la duchesse d’Orleans, qui etoit en couche. Cette princesse haissoit le favori de Monsieur ; mais, pour plusieurs raisons, elle avoit voulu prendre hautement son parti : si bien que la Reine venant la voir, elle lui temoigna prendre beaucoup de part à l’offense que Monsieur croyoit lui avoir eté faite. […] [p. 220] Ainsi la visite de la Reine se passa froidement, et finit sans que le duc d’Orleans, qui vint dans la meme chambre, s’approcha d’elle, ce qui fut desapprouvé des personnes les plus interessées ; car les hommes, en general, ne sauroient jamais trop rendre de civilités aux dames, et ce prince en devoit beaucoup en son particulier à la Reine qui, en grandeur, n’avoit point d’egale en toute la terre. Monsieur, etant dans la chambre de Madame en presence de la Reine, parla toujours à Mademoiselle, sa fille, qui par mille autres raisons etoit, aussi bien que Madame, sa belle mere, dans une joie extreme de la colere de ce prince. […]
Le cardinal Mazarin alla aussi prendre congé de Madame, que sa couche devoit retenir encore quelque temps à Saint Germain ; et de son appartement passant à celui de M. le duc d’Orleans, il fut reçu de ce prince froidement. Il lui dit, parlant de l’affaire presente, qu’il n’etoit pas en volonté de souffrir cet affront. Ce fut le meme terme dont il se servit pour exprimer son ressentiment ; et cela fut cause que le ministre ne put pas retourner à Paris jouir de la paix qu’il avait achetée si cherement, sans craindre de nouvelles inquietudes. Ce même jour, le Roi et la Reine, le prince de Condé et toute la Cour se rendirent dans cette celebre ville, où, selon la legereté ordinaire des peuples, la Reine fut reçue avec des temoignages extremes d’une grande joie.
[…]
[p. 221] Le 4 du mois de novembre, le duc d’Orleans alla voir Madame à Saint Germain ; et ce meme jour, il y eut comedie au Palais Royal, pour montrer à ce prince que son mecontentement et son absence ne donnoient pas de grandes inquietudes à la Reine. Il n’y eut que ceux de la cabale du prince de Condé et les courtisans ordinaires qui prirent leur part de ce plaisir. Les autres, voulant montrer cette partialité au duc d’Orleans, n’y parurent point. Il revint le lendemain, et fut au Conseil avec un visage rempli de chagrin.
[…]
[p. 229] [1649] Le prince de Condé s’etoit attiré la haine du parlement par la reponse ferme et severe qu’il avoit faite depuis peu à Viole dans la grand’chambre : il avoit d’ailleurs pris une liaison assez forte avec le duc d’Orleans par son favori pour esperer, par l’appat du chapeau, d’en disposer à son gré. Il avoit des desirs dereglés, ou du moins ambitieux : de grands princes tels que lui n’en manquent pas. Il crut par cette voie reussir dans ses desseins, sans y trouver l’opposition qu’il devoit toujours craindre du coté de ce prince, qui lui etoit superieur. Il voulut aussi s’acquerir envers la Reine et son ministre du mepris que ses sujets faisoient de son autorité. Pour cet effet, il s’offre à la Reine, il l’assure de sa fidelité pour le dessein qu’elle avoit dans le cœur ; il fait plus : il la persuade de la facilité de l’entreprise, et lui dit qu’avec lui et les bons soldats qui sont dans ses armées, elle ne peut qu’elle ne voie dans peu de temps les Parisiens et le parlement à ses pieds. la Reine goute cette douce harangue avec joie : elle veut tout hasarder pour retablir la puissance royale qui paroissoit mourante, et dont le mauvais etat demandoit les extremes remedes. Avec un protecteur tel que M. le Prince, le ministre ose tout entreprendre, et conseille la Reine de l’ecouter. Cette princesse, se voyant secourue et consolée, bien contente de pouvoir esperer une fin à sa peine, fait un complot entre elle, le prince de Condé et son ministre, de sortir de Paris secretement, pour le chatier par les voies les plus fortes, et se determine de ne plus parler à ses peuples que par la bouche de ses canons. M. le Prince, qui pretendoit etre le maitre dans sa famill, offrant à la Reine sa personne, ses services et son gouvernement de Bourgogne, l’assure aussi de celui de Normandie, dont le duc de Longueville, son beau frere, etoit gouverneur. Selon ces suretés, la Reine fit dessein, sortant de Paris, d’aller etablir le camp de l’armée à Saint Germain, d’où elle pouvoit faire la guerre aux rebelles, et recevoir de Normandie tout le secours dont elle pourroit avoir besoin. Elle crut aussi qu’elle pourroit en faire un lieu de retraite, au cas qu’elle ne put pas, aussi facilement qu’elle l’esperoit, reduire Paris et ce qui etoit dans ses murailles dans une entiere obeissance.
Pour la perfection de ce dessin, il falloit gagner le duc d’Orleans, et l’obliger à se mettre de la partie. Il etoit difficile de l’esperer, car n’etant point l’auteur de cette pensée, il ne pouvoit y donner son approbation. […] La Reine l’allant voir au Luxembourg, comme il avoit encore un peu la goutte, lui temoigna un grand desir de le voir prendre part à sa destinée. Elle l’en prie, l’en presse et l’en conjure, par cette amitié qui avoit toujours tenu quelque place dans le cœur de l’un et de l’autre. Ensuite de ses prieres, elle lui temoigna hardiment que quand meme il seroit capable de l’abandonner en cette occasion, elle ne laissera pas d’achever son entreprise, et lui dit qu’elle etoit resolue de se confier à M. le Prince plutôt que de demeurer plus longtemps [p. 230] en un lieu où l’autorité royale n’etoit plus considerée, où sa personne etoit tous les jours offensée, et où celle de son ministre etoit menacée des derniers outrages. Elle lui dit qu’elle croyoit le devoir soutenir, pour ne pas accoutumer les parlemens et les peuples à vouloir se meler du gouvernement ; et qu’il savoit bien que lui-même lui avoit toujours conseillé de le faire. Elle l’assura de plus que s’il desiroit pour sa satisfaction qu’elle allat à Orleans pour se mettre entre ses mains, elle le feroit volontiers, ne pouvant manquer de confiance pour une personne qui jusques alors ne lui avoit donné aucun veritable sujet de se plaindre de lui. Le duc d’Orleans, qui etoit naturellement bon, et qui avoit un favori qui avoit interet de le voir toujours content et à la Cour, se voyant pressé par la Reine d’une maniere si obligeante, ne la put refuser ; et la resolution fut prise entre la Reine, lui, le prince de Condé et le ministre d’executer cette grande action avec toutes les precautions qui en devoient etre les suites necessaires. Les ordres furent donnés et le jour arreté pour sortir de Paris ; et ceux qui avoient en depot le secret royal furent entierement fideles à le garder. Le duc d’Orleans ne le dit point à Madame ni à Mademoiselle ; et M. le Prince le cacha soigneusement à madame la Princesse sa mere, et à madame de Longueville, cette illustre sœur avec qui il croyoit etre si bien.
Malgré ce secret, un certain bruit se repandt par Paris que la Reine avoit quelque dessein. Le parlement avoit peur ; tout le monde parloit de ce qu’il ne savoit point, chacun se demandoit l’un à l’autre ce que c’etoit : nul ne le pouvoit dire. Mais, par un pressentiment ecrit dans la nature, la verité, quoique cachée, ne laissoit pas d’etre sue. Toute la Cour etoit en alarme ; et tous ceux qui ont accoutumé de raisonner sur les affaires d’Etat, et qui veulent etre ministres malgré les rois, avoient de grandes occupations.
Le 5 janvier, la veille des Rois, ce jour si celebre, et dont on parlera sans doute dans les siecles à venir, j’allai le soir chez la Reine, où j’avois accoutumé de passer la plus grande partie de ma vie. […] La Reine nous avoua depuis, par l’execution de cette grande aventure, qu’elle eut alors de la peine à s’empecher de rire ; et qu’ensuite elle eut quelque bonté pour nous, et quelque compassion de nous laisser dans une ville qu’elle quittoit [p. 231] avec dessein de l’assieger. Mais nous lui avons toujours maintenu qu’elle ne fut point alors susceptible d’aucun sentiment de pitié, et que la vengeance et la joie occuperent entierement son cœur. […]
Aussitôt que nous fumes parties, les portes du Palais Royal se fermerent, avec commandement de ne les plus ouvrir. La Reine se releva pour penser à ses affaires, et ne fit part de son secret qu’à sa premiere femme de chambre, qui couchoit aupres d’elle. On donna les ordres necessaires aux capitaines des gardes que nous avions laissés dans la chambre de la Reine pas plus savans que nous. Le marechal de Villeroy, à qui on donna la connoissance de cette resolution quand il fut necessaire qu’il la sut, laissa dormir le Roi jusqu’à trois heures du matin, puis le fit lever, lui et Monsieur, pour les faire monter dans le carrosse qui les attendoit à la porte du jardin du Palais Royal. La Reine se joignit au Roi et à Monsieur. Ces trois personnes royales furent suivies du marechal de Villeroy, de Villequier et de Guitaut, capitaines des gardes de Leurs Majestés, de Comminges, lieutenant des gardes de la Reine, et de madame de Beauvais, sa premiere femme de chambre. Ils descendirent par un petit escalier derobé qui de l’appartement de la Reine alloit dans le petit jardin, et sortant par une petite porte qui est par dela le rondeau, monterent dans les carrosses qui les attendoient. La Reine etant au Cours, qui etoit le lieu du rendez vous, s’y arreta pour attendre que le duc d’Orleans, M. le Prince et toute la Maison royale fut venue la joindre.
Apres le soupé et le jeu, qui finit chez le maréchal de Gramont plus tot qu’à l’ordinaire, le duc d’Orléans et M. le prince de Condé s’en allerent chacun chez eux pour donner ordre à leurs affaires domestiques, et faire sortir de Paris leurs familles. Le ministre demeura où il etoit, s’amusant à jouer pendant que ses confidens firent emporter ce qu’il avoit de plus precieux, et sortir ses nieces, qui etoient encore aupres de madame de Seneçay. L’heure du rendez vous le pressant de partir, il se mit dans un carrosse avec quelques uns de ses amis, qu’il avertit alors de ce qui se passit, et s’en alla trouver la Reine qui l’attendoit dejà dans le Cours. Là se trouverent les personnes les plus considerables de la Cour, qui ne furent averties qu’à l’instant de sa sortie, dont furent sa dame d’honneur, ses filles et beaucoup d’autres. Chacun allant chercher son ami l’emmenoit avec lui pour se sauver ensemble et quitter cette ville qui alloit etre l’objet de la colere de son Roi ; et tous ceux qui purent prendre la fuite le firent avec empressement. Les domestiques du ministre, qui voyoient que leur maitre avoit une grande part au succes de ce voyage, furent les plus diligens à faire leur retraite ; et jamais nuit sans assaut et sans guerre ne fut remplie de tant d’horreur et de trouble.
[p. 232] Je fus avertie, comme les autres, à l’heure que la Reine partit ; et un de mes amis, domestique du cardinal Mazarin, vint heurter à ma porte avec un carrosse à six chevaux, pour me convier à suivre la Reine ; mais je ne le voulus pas faire pour plusieurs raisons, qui toutes regardoient ma commodité et mon repos. Le duc d’Orleans, etant arrivé au Luxembourg, fit eveiller Madame, qui se leva toute troublée de cette nouvelle : il fit aussi lever mesdemoiselles ses filles, et toutes ensemble s’en allerent où la Reine les attendoit. Mademoiselle, fille ainée du duc d’Orleans, avoit eté avertie par la Reine meme, qui lui avoit envoyé Comminges aussitôt apres que nous l’eumes quittée ; et cette princesse, avec la meme surprise que les autres, alla se joindre, selon l’ordre qu’elle en avoit reçu, avec la famille royal. Le prince de Condé en fit autant dans sa maison. Madame la Princesse sa mere, qui pretendoit que M. le Prince ne devoit point avoir de secret pour elle, fut surprise de voir qu’il lui en avoit cachée un si grand. Elle en fut touchée, mais comme il n’etoit pas temps de gronder, elle prit madame la Princesse sa belle fille, et le petit duc d’Enghien son petit fils encore au maillot, et vint de meme grossir la troupe du Cours.
Madame de Longueville, qui etoit demeurée à coucher à l’hotel de Condé à cause du jour des Rois, fut avertie et sollicitée par madame la Princesse sa mere de sortir avec elle ; mais cette princesse, qui avoit l’esprit rempli de beaucoup de grands desseins, s’excusa sur ce qu’elle etoit grosse. […] Le prince de Conti fut de la partie. Et toute la Maison royale etant assemblée, elle prit le chemin de Saint Germain en Laye. Le Roi, la Reine et toute la Cour se trouverent en ce lieu sans lit, sans officiers, sans meubles, sans linge, et sans rien de tout ce qui etoit necessaire au service des personnes royales et de toutes les autres qui les avoient suivies. La Reine, etant arrivée, coucha dans un petit lit que le cardinal Mazarin avoit fait sortir de Paris quelques jours auparavant, à cette intention. Il avoit de meme pourvu à la necessité du Roi, et il se trouva aussi deux autres lits de camp, dont l’un servit à Monsieur, et l’autre demeura pour lui. Madame la duchesse d’Orleans coucha une nuit sur la paille, et Mademoiselle aussi. Tous ceux qui avoient suivi la Cour eurent la meme destinée ; et en peu d’heures la paille devint si chere à Saint Germain, qu’on ne pouvoit pas en trouver pour de l’argent.
Lorsqu’on sut dans Paris le depart du Roi, de la Reine et de toute la Cour, le desespoir s’empara de tous les esprits, et la confusion commença avec le jour des les cinq à six heures du matin. Les cris furent grands dans les rues, et l’emotion s’y rendit universelle. Les premiers qui apprirent cette nouvelle l’envoyoient dire à leurs amis, et beaucoup de personnes de qualité se sauverent à Saint Germain, pour s’attacher à leur devoir. […]
[p. 236] Ne pouvant plus vivre en repos chez moi, je fus supplier la reine d’Angleterre de me recevoir sous sa protection au Louvre, ce qu’elle fit quelques jours apres avec beaucoup de bonté, me faisant donner deux belles chambres meublées des meubles de la Couronne, dont elle et toute sa Cour se servoit. […]
[p. 237] Madame de Longueville, apres avoir fait son plan, et connu qu’il etoit temps de se declarer contre la Cour, manda au prince de Conti son frere, qui etoit à Saint Gremain, et au duc de Longueville son mari, qu’il falloit quitter la Cour, et que l’ambition les appeloit ailleurs. Ces deux princes, persuadés par differents motifs, suivant aveuglement les avis d’une princesse qui ne marchoit que dans les tenebres, se derobent de Saint Germain la nuit du 10 de janvier, et paroissent à la porte de Paris avant le retour du soleil. […] La Reine m’a depuis fait l’honneur de me conter que le soir precedent de leur fuite à Saint Germain, le prince de Conti avoit fait la meilleure mine du monde, qu’il n’avoit de sa vie paru plus gai, et qu’il etoit de tous qui menaçoit le plus hardiment les Parisiens ; que le duc de Longueville n’avoit pas eté de meme, et qu’elle l’avoit trouvé si sombre et si visiblement interdit, qu’elle et son ministre s’en etoient aperçus, et sans en deviner la cause en avoient eu de l’etonnement. […]
[p. 238] Pendant que nous souffrions dans Paris, l’armée du Roi bloqua la ville, et se saisit de tous les passages des vivres. […] Beaucoup de personnes de qualité, pour se retirer de ce desordre, se voulurent sauver deguisées, et particulierement des femmes ; mais elles eurent quasi toutes de mauvaises aventures à conter à Saint Germain quand elles y arriverent, et il eut mieux valu pour elles qu’elles fussent demeurées exposées à la famine et à la guerre que de se trouver le sujet de la gaieté des honnetes bouffons de la Cour, qui faisoient de facheuses histoires, devant le Roi et la Reine, des accidens survenus aux dames qui sortoient de Paris.
Parmi cette raillerie, la misere des habitans de Saint Germain tenoit sa place. Ils n’avoient point d’argent, ni de meubles que ceux que les soldats leur vendoient à bon marché, quand ils avoient pillé ces beaux villages qui environnent Paris. […] La Reine ne rioit pas toujours : ses affaires alloient mal, et le parti contraire s’augmentoit. […] Quoique l’armée du Roi ne fut pas grande, les troupes de Paris ne lui auroient pas fait peur, sans qu’on jugea à Saint Germain que tant de braves gens en feroient assez pour les faire subsister longtemps, de sorte que cette entreprise parut à la Cour en mauvais etat. M. le Prince etoit au desespoiur de l’outrage qu’il croyoit avoir reçu par le prince de Conti son frere, et par madame de Longueville sa sœur, et ce qui d’abord n’etoit en lui qu’un desir d’obliger la Reine devint un veritable desir de se venger de sa famille, qui s’etoit separée de lui. […]
[p. 241] [21 janvier] Les inutiles, qui s’amusoient à crier, s’opposoient à la sortie de ceux qui vouloient aller à Saint Germain ou dans leurs maisons de campagne, et leur faisoient mille outrages. Les propres meubles du Roi et de la Reine, ses habits et son linge qu’elle avoit voulu ravoir, avoient eté pillés, et le nom du Roi devint si odieux à ses sujets que ses pages et valets de pied etoient courus dans les rues comme des criminels et des ennemis. […]
[p. 243] Pendant que les calamités augmentent à Paris, les conseils redoublent à Saint Germain, où l’inquietude etoit proportionnée au mauvais etat des affaires du Roi. Des deux cotés on souffroit.
[…]
[p. 253] [20 février] Ma sœur et moi, accompagnées de notre petit domestique, partimes de Paris, escortées d’une troupe de cavalerie du regiment du prince de Conti que commandoit Barriere, ce gentilhomme dont j’ai parlé ailleurs, qui etoit attaché à ce prince et qui par consequent avoit le malheur d’etre compté au nombre des ennemis de la Reine, apres avoir eté un de ses plus fideles serviteurs. Nous fumes reçues à Saint Denis par le comte du Plessis, qui commandoit à la place du marechal du Plessis son pere. Il nous donna un bon repas et de bons lits, et le lendemain nous arrivames heureusement à Saint Germain. Il nous fallut prendre un grand detour, et nous passames par plusieurs villages, où nous remarquames une desolation effroyable. Ils etoient abandonnés de leurs habitans : les maisons etoient brulées et abattues, les eglises pillées, et l’image des horreurs de la guerre y etoit depeinte au naturel. Je trouvai la Reine dans son cabinet, accompagné du duc d’Orleans, du prince de Condé, de la princesse de Carignan et d’une grande presse. La Cour etoit alors fort grosse, parce que tous ceux qui n’etoient point de la Fronde s’etoient rendus aupres du Roi. L’appartement de la Reine, outre les personnes de la premiere qualité qui composoient la Cour, etoit rempli d’une grande quantité de gens de guerre, et je ne vis jamais tant de visages inconnus.
La Reine etoit au milieu de ce grand monde, qui paroissoit gaie et tranquille ; elle ne paroissoit point apprehender les malheurs dont elle etoit menacée par les gens de bon sens, et qui jugeoient de l’avenir par les choses passées et presentes. Il ne falloit pas mettre de ce nombre les mauvaises propheties de ceux qui vouloient decrier sa conduite, et qui pretendoient, en l’intimidant, l’obliger de chasser son ministre ; ils ne meritoient pas d’etre ecoutés, et l’apparente gaieté de la Reine avoit pour but de les faire taire. On ne peut pas en douter, car, en l’etat où elle se voyoit, il etoit difficile qu’ayant autant de sagesse et de raison qu’elle en avoit, elle put avoir un gaieté veritable.
Quand je partis de Paris, j’avois le cœur rempli de tout ce que l’on m’avoit dit dans cette ville. Je croyois que la Reine etoit menacée de perdre sa couronne, ou tout au moins la regence ; mais, etant à Saint Germain, je fus surprise quand j’entendis les railleries qui se faisoient contre les Parisiens et les frondeurs, et contre ceux qui lamentoient sur les miseres publiques. Je ne trouvai point qu’on eut peur de ce grand parti qui paroissoit si redoutable à toute l’Europe ; et, pour n’etre pas moquée, il me fallut faire bonne figure avec ceux qui traduisoient en ridicule les choses les plus serieuses, et qui, se moquant des deux partis, n’avoient aucun dessein que de profiter de ces desordres.
Le soir, apres que la Reine fut retirée, elle me commanda de lui dire tout ce que je savois de l’etat de Paris et de celui des esprits. […] [p. 254] Je la trouvai un peu etonnée de cet envoyé de l’archiduc, dont elle ne savoit point encore la fausseté, et, assez touchée de la mort du roi d’Angleterre, elle me dit elle-même que c’etoit un coup qui devoit faire trembler les rois, mais à son égard, etant persuadée qu’elle faisoit ce qu’elle devoit et ce qu’elle n’avoit pu eviter de faire, son esprit demeuroit tranquille au milieu de tant d’orages. En effet, son humeur toujours egale, fortifiée d’une ame qui ne se laissoit pas troubler aisement, la faisoit paroitre à Saint Germain, environnée de ses armées, avec le meme repos que parmi les dames qui formoient son cercle à Paris.
Le 22 ou 23 février, le nonce et l’ambassadeur de Venise vinrent trouver la Reine, l’un de la part du pape, et l’autre de sa république. Dans leur audience, ils l’exhorterent fort à la paix, et toucherent à son avis, un peu trop fortement à ce qui paroissoit etre le sujet de la guerre. Elle s’en facha, et, les interrompant, elle leur dit qu’elle trouvoit bien des gens qui lui disoient qu’il falloit faire la paix et qu’il falloit pardonner, mais que personne ne lui parloit de retablir l’autorité du Roi son fils, qui s’en alloit detruite, si elle ne travailloit à la reveler en chatiant les rebelles, et les forçant à se remettre à leur devoir. […]
Le 25 fevrier, les deputés de Paris arriverent, et le premier president, qui suivit l’exemple du nonce, fut traité de meme maniere.
[…]
[p. 259] Ces memes jours, on arreté à Saint Germain le marechal de Rantzau. Il fut soupçonné de favoriser le parti parisien ; et comme il etoit gouverneur de Gravelines, le ministre crut qu’il ne pouvoit prendre trop de precautions pour se garantir des maux qui pouvoient arriver de la mauvaise volonté de ce marechal.
[…]
Le deuxieme jour du mois de mars, les gens du Roi vinrent à Saint Germain trouver la Reine pour lui dire la deputation ordonnée par le parlement. Ils lui demanderent des passeports, et la supplierent d’ordonner du lieu de leur conference. Ils firent aussi quelques instances de la part des ducs de Beaufort et de Bouillon pour y etre admis, mais ayant eté bien reçus à leur egard, ils furent refusés sur l’article des autres. On choisit pour le lieu de la conference le chateau de Ruel, comme etant à moitié chemin de Paris et de Saint Germain ; et les generaux, qui en particulier redoublerent leurs instances, n’y furent point admis.
[…]
[p. 260] Le 6, le cardinal vint faire un petit voyage à Saint Germain pour instruire la Reine de tout ce qui se passoit. Le soir, apres qu’il l’eut quittée, comme ceux qui l’environnoient etoient curieux d’apprendre des nouvelles, la Reine nous dit, à M. le Premier et à moi, qu’il n’y avoit encore rien d’avancé, ni aucune solide esperance d’obtenir ce qu’on desiroit, qui etoit que le parlement s’humiliat ; puis nous dit qu’à la fin pourtant elle croyoit que tout iroit bien.
[…]
[p. 265] Les deputés des generaux viennent à Saint Germain : ils font leur remontrance à la Reine, qui fut humble et courte, mais les difficultés qu’ils faisoient sur les principaux articles de la paix dejà signée montroient assez qu’elle etoit reculée. Les generaux s’etoient rendus les maires de Paris, et ils se trouverent en etat de pouvoir contraindre les plus sages à ne rien faire de tout ce que leur devoir leur imposait. Comme ils n’avoient pas de confiance à la deputation du parlement, ils firent supplier la Reine et le ministre qu’il leur fut permis d’envoyer des deputés de leur part. Cela leur ayant eté accordé, ils nommerent le duc de Brissac, Barriere et Creci pour venir traiter de leurs demandes et pretentions. Ils arriverent à Saint Germain le 18 mars, et par leurs cahiers ils demandoient toute la France.
[…]
[p. 267] Les conferences qui se faisoient à Saint Germain sur leurs pretentions furent interrompues par l’entrée de l’archiduc en France. […] Les generaux, voyant que l’approche de l’armée des Espagnols etoit plus capable, en l’etat des choses, de leur faire perdre le peu de credit qui leur restoit que de l’augmenter, pour tirer du ministre ce qu’ils pourroient, fire donner un arret par lequel on ordonna que la vente de ses meubles seroit continuée. Cela lui fit beaucoup de peine, car il aimoit ce qui etoit à lui, et particulierement ce qu’il avoit fait venir des pays etrangers avec tant de soin. Sa maison etoit magnifiquement meublée : il y avoit de belles tapisseries, des statues, des tableaux. Cette perte fut cause que ses ennemis gagnerent beaucoup avec lui, qu’il leur accorda la paix avec la plus grande partie de toutes leurs demandes, et que les conferences redoublerent matin et soir chez le chancelier à Saint Germain.
[…]
[p. 269] Le 20 au matin, comme je sortois de la messe de la Reine, un de mes amis vint me dire à l’oreille que tout etoit rompu ; puis le soir, au sortir de la conference, la meme personne me dit que toutes les contestations etoient accomodées. Les deputés du parlement de Normandie, qui etoient venus à Saint Germain au nombre de quinze conseillers et d’un president, obtinrent aussi en ce jour là la revocation du semestre que le feu Roi, ou plutot le cardinal de Richelieu, leur avoit créé malgré eux. […] Les generaux entrerent en de grandes defiances les uns des autres, et à leurs insatiables desirs se joignit la jalousie. Ils avoient chacun dans Saint Germain des deputés à basses notes, qui traitoient pour eux, et qui tyrannisoient celui qui souhaitoit de les tyranniser à son tour.
[…]
[p. 270] Les deputés du parlement arriverent à Paris remplis de joie des honorables conditions qu’ils rapportoient de Saint Germain ; car, comme je l’ai remarqué, ils avoient obtenu de la Reine, par leur habileté et par les differentes causes qui faisoient agir les principaux acteurs, d’etre dechargés des articles qu’on leur avoit imposés au premier traité. On se relacha de l’obligation qu’ils avoient de venir à Saint Germain, où etoit le Roi pour tenir son lit de justice, on leur permit encore de s’assembler quand bon leur sembleroit, et ils reçurent encore quelques autres gratifications touchant les finances, toutes en faveur du peuple. Ils firent assembler le parlement pour rendre compte de leur heureux voyage. Le prince de Conti ne s’y trouva point : il parut malade, expres pour donner ce reste de temps aux negociateurs d’achever leur accommodement à la Cour. Mais enfin le mercredi saint, la Reine etant aux tenebres dans la chapelle du chateau [p. 271] de Saint Germain, il arriva un courrier de Paris, que Le Tellier amena, qui apporta la paix entierement reçue par le parlement, les generaux et le peuple, tous montrant d’en etre fort contens. […]
Les devotions de la semaine sainte se passerent dans la chapelle de Saint Germain, où la veritable pieté de la Reine et d’une petite nombre de bonnes ames fut melée avec la galanterie et l’indevotion de toutes les autres personnes qui composent la Cour, et qui font gloire pour l’ordinaire de n’estimer que la vanité, l’ambition, l’interet et la volupté.
La fete de Pâques estant passée, les deputés du parlement de Paris et de Normandie vinrent remercier la Reine de la paix qu’elle leur avoit donnée. Le clergé y vint, toutes les autres compagnies de la ville, les corps des marchands et des metiers, chacun selon leur ordre, tous avec des visages contens, et tous demandant avec ardeur le retour du Roi dans sa bonne ville de Paris. la Reine n’avoit pas sujet de l’estimer si bonne qu’elle eut un grand desir d’y retourner. Elle savoit que le peuple parloit encore avec insolence, qu’il disoit publiquement qu’il ne falloit rien payer au Roi s’il ne revenoit bientoit, et qu’il y avoit de la canaille assez hardie pour dire tout haut dans les rues qu’ils ne vouloient point de Mazarin. Ces esprits farouches etoient si accoutumés à la rebellion et au desordre qu’il etoit difficile, sans quelque chatiment exemplaire, qu’ils pussent reprendre la coutume de respecter la puissance legitime.
La Reine, pour donner le temps aux Parisiens d’eteindre ce reste de feu qui allumoit encore quelquesfois leurs esprits, et laisser evaporer la chaleur et la fumée qui en restoit, se resolut de n’y pas retourner sitot : elle forma le dessein, apres qu’elle auroit vu tous ses ennemis reconciliés, d’aller passer quelque temps à Compiegne.
[…]
[p. 272] Le prince de Conti fut le premier qui sortit de Paris pour venir saluer la Reine. Il fut presenté par M. le Prince, et reçu en presence de ceux du Conseil. Apres les complimens ordinaires, M. le Prince lui fit embrasser le cardinal Mazarin, et rechauffa leur conversation autant qu’il lui fut possible. Le prince de Conti ne l’alla point voir chez lui pour cette premiere fois, afin de garder quelque mesure entre la guerre et l’accommodement, et M. le Prince le fit trouver bon à la Reine.
Monsieur, oncle du Roi, presenta le duc d’Elbeuf. Et le prince de Conti, apres avoir satisfait pour lui, fut celui qui presenta les autres à son tour, qui furent le duc de Bouillon, le prince de Marsillac, le comte de Maure et beaucoup d’autres. La Reine les reçut assez froidement. Le ministre, tout au contraire, ne manqua pas de jouer son personnage ordinaire de temperance et de douceur, leur disant lui-même qu’il croyoit avoir eu tort envers eux, et qu’ils etoient excusables d’en avoir eu du ressentiment.
Ce meme jour arriva à Paris madame de Chevreuse. […] Cette princesse, etant donc arrivée de Bruxelles à Paris, envoya aussitôt negocier avec le ministre, qui à son ordinaire ne la rebuta point : il voulut seulement par quelque delai la mortifier un peu. La Reine, par son avis, refusa le duc de Chevreuse, qui vint à Saint Germain lui demander pour sa femme la permission de demeurer à Paris.
[…]
[p. 273] Le coadjuteur se tint dans sa forteresse, et ne voulut point venir à Saint Germain comme les autres ; mais trouvant à propos de paroitre de loin, il pria le duc de Liancourt de faire ses complimens à la Reine, l’assurer qu’en son particulier il etoit son tres fidele serviteur, et qu’il la reconnoitroit toujours pour a bienfaitrice et sa maitresse. Mais la Reine les reçut avec mepris, et ordonna à son ambassadeur de lui dire qu’elle ne le considereroit jamais pour tel que premierement il ne fut ami du cardinal Mazarin ; qu’il etoit son ministre, qu’elle vouloit que ceux qui lui avoient de l’obligation comme lui suivissent en cela ses memes sentimens. Cependant le coadjuteur, comme j’ai deja dit, traitoit avec le ministre, dont il avoit reçu beaucoup de graces pour ses amis et des promesses à son egard qui dans le temps eurent leur effet.
Le duc de Longueville arriva de Normandie avec une grande suite. Il vint saluer la Reine, qui le reçut gravement. Je remarquai que ce prince en parut interdit, et qu’il ne put jamais lui dire une parole de bon sens. C’etoit un homme de grande consideration : il voyoit qu’il lui etoit honteux d’avoir fait cette faute contre le service du Roi et de la Reine, dont il n’avoit nul sujet de se plaindre, et qu’il etoit tombé dans ce malheur plutôt par legereté que par raison. Quand il arriva, chacun se pressa autour de cette princesse pour entendre ce qu’il lui diroit, car il est difficile de bien defendre une mauvaise cause ; mais il n’eut jamais la hardiesse de parler : il palit, puis il devint rouge, et ce fut toute sa harangue. Apres cet eloquent repentir, il salua le cardinal Mazarin, et un moment apres ils se retirerent aupres d’une fenetre, se parlent longtemps, et ensuite se visiterent reciproquement et demeurerent amis en apparence.
Le comte d’Harcourt vint à la Cour comme les autres. Il fut reçu differemment selon les apparences et les caresses, mais differemment aussi pour les recompenses : car elles ne furent pas si grandes pour lui que pour ceux qui avoient eté contre le service du Roi. Il avoit manqué de conduite pour se saisir de la ville de Rouen, mais il avoit bien servi, ayant toujours occupé un poste en Normandie qui servoit de barriere contre [p. 274] les attaques des ennemis, et mettoit le Roi en sureté contre ce que le duc de Longueville auroit pu faire avec peu de troupes et moins d’argent. Il avoit enfin donné le moyen au Roi de demeurer en sureté à Saint Germain, ce qui n’etoit pas un petit service. On lui donna ensuite le gouvernement d’Alsace, et une abbaye pour un de ses enfans.
Ce meme jour, le duc d’Yorck vint aussi à la Cour. Il n’avoit point encore vu le Roi ni la Reine, à cause qu’il etoit arrivé à Paris pendant le siege de cette ville, où les visites n’etoient guere de saison. Il etoit demeuré aupres de la Reine sa mere pendant cette mauvaise constellation contre les rois, qui l’avoit privé d’un pere et avoit donné beaucoup d’affaires au notre. La Reine lui fit de grands honneurs, et lui donna une chaire à bras, de meme que le duc d’Orleans en avoit obteni une de la reine d’Angleterre sa sœur. Cette belle foule fut augmentée par la venue de madame de Longueville et de mademoiselle de Longueville sa belle fille, qui aussi bien que les autres avoit eté une grande frondeuse. Elle avoit de la vertu et beaucoup d’esprit, et il lui etoit pardonnable d’avoir suivi les sentimens de son pere. Quand ces princesses arriverent, la Reine etoit au lit pour se reposer de toutes ses fatigues. J’avois l’honneur d’etre seule aupres d’elle, et dans cet instant elle me faisoit l’honneur de me parler de l’embarras qu’avoit eu le duc de Longueville en la saluant. Comme je sus que madame de Longueville alloit venir, je me levai, car j’etois à genoux devant son lit, et me mis aupres de la Reine, resolue de n’en point sortir et d’ecouter de pres si cette princesse si spirituelle seroit plus eloquente que le prince son mari. Comme elle etoit naturellement timide et sujette à rougir, toute sa capacité ne la sauva pas de l’embarras qu’elle avoit eu en abordant la Reine. Je me penchai assez bas entre ces deux illustres personnes pour savoir ce qu’elles diroient, mais je n’entendis rien que : « Madame », et quelques mots qu’elle prononça si bas que la Reine, qui ecoutoit avec application ce qu’elle lui diroit, ne put jamais y rien comprendre. Mademoiselle de Longueville, apres la reverence de sa belle mere, se contenta de baiser le drap de la Reine sans ouvrir la bouche ; puis, se mettant toutes deux sur les sieges qu’on leur apporta, elles furent fort heureuses de ce que je commençai la conversation, en demandant à madame de Longueville à quelle heure elle etoit partie de Paris, parce qu’il n’etoit pas deux heures apres midi ; et, pour les soulager de la confusion qu’elles avoient qui les incommodoient beaucoup, j’exagerai leur diligence.
[…]
[p. 275] Je finirai les aventures de Saint Germain par l’arrivée du marquis de Vitri, du marquis de Noirmoutiers et de Laigues. Le premier avoit du merite et de la qualité. Sur quelques degouts que j’ignore, il etoit entré dans ce parti, etant actuellement attaché au service de la Reine, en quoi sa faute etoit plus grande et moins pardonnable. Pour les deux autres, l’un avoit beaucoup de naissance, tous deux etoient honnetes gens, et tous deux avoient eté grands frondeurs, et avoient, comme je l’ai deja dit, traité publiquement avec le roi d’Espagne. Ils vinrent donc sous la foi publique saluer la Reine avec la meme hardiesse que s’ils eussent travaillé à sauver l’Etat ; et, comme les autres, ils en furent quittes pour un peu de froideur et de mauvais visages. Ils etoient de ma connoissance, et, dans le moment que je fus aperçue d’eux, ils vinrent me temoigner beaucoup de joie de me rencontrer. Je leur dis tout bas que j’etois fort aise de les voir, mais qu’en cette occasion je les priois de ne m’aimer pas tant, vu que l’amitié de telles gens n’etoit nullement de bon augure dans la chambre de la Reine. Comme je raillois avec eux, Monsieur passa, qui leur fit mille caresses. En me retirant, je lui dis que je croyois avoir merité la corde par la bonté que j’avois eue de les souffrir, et que j’en avois du scrupule. Je les laissai, et lui dis encore que pour lui qui etoit le maitre et qui n’avoit rien à craindre, il pouvoit leur faire grace et les bien traiter, mais que, pour moi, je croyois en devoir user autrement. Monsieur me repondit que j’etois bien sage, et que, pour m’empecher d’aller à la Greve, il alloit les emmener. Il les prit en effet, et, les poussant dans une fenetre, il demeura quelque temps à les entretenir.
[…]
En ce meme temps [le 13 mars], la Reine partit pour aller à Compiegne.
[…]
[p. 284] Le roi d’Angleterre alors vint en France, apres avoir eté reconnu roi par elle. Il revenoit de Hollande pour voir la Reine sa mere, qu’il n’avoit point vu depuis leur malheur. Il logea à Saint Germain, que la Reine lui avoit envoyé offrir à Peronne par le duc de Vendome, pour y demeurer tant qu’il lui plairoit d’etre en France. Il l’accepta volontiers, car dans l’etat où il etoit, chargé d’un deuil aussi doublement funeste qu’etoit le sien, il devoit desirer de n’etre pas à Paris.
Quand il arriva, le duc de Vendome lui mena les carrosses du Roi. Il s’arreta à Compiegne, où il vit le Roi qui alla au devant de lui à une [p. 285] demi lieue, et fut reçu de lui et de la Reine avec toutes les marques d’affection que Leurs Majestés devoient à un si grand prince. Le Roi lui donna un diner veritablement royal, mais ce fut plutôt par les personnes royales qui s’y trouverent que par l’appareil et la magnificence. […]
Cette Cour anglaise demeura quelque temps à Saint Germain, où elle fut peu frequentée de nos Français ; quasi personne n’alloit visiter ni la reine d’Angleterre ni le roi son fils. Il y avoit de grands seigneurs anglais qui avoient suivi la destinée de leur prince et qui composoient cette Cour. Il ne faut pas s’etonner de leur solitude : le malheur etoit de la partie ; ils n’avoient pas de grace à faire : ils avoient des couronnes sans puissance, qui ne leur donnoient point les moyens d’elever les hommes et de leur faire du bien. Leur suite avoit eté grande, quand les richesses, la grandeur et les dignités etoient en leur possessions, car ils avoient de la foule autour de leurs personnes. Cette reine malheureuse avoit eu de la joie, et j’ai oui dire à madame de Chevreuse, et à beaucoup d’autres qui l’avoient vue dans sa splendeur, que la Cour de France n’avoit pas alors la beauté de la sienne ; mais sa joie n’etoit plus que le sujet de son desespoir, et ses richesses passées lui faisoient sentir davantage sa pauvreté presente.
[…]
[p. 291] Les fatigues des premiers jours s’etant passés, la Reine alla visiter la reine d’Angleterre à Saint Germain. Elle y trouva le roi d’Angleterre son fils, qui attendoit aupres de la reine sa mere quelque favorable occasion pour retourner en son pays faire la guerre à ses rebelles sujets. Ces deux princesses ne s’etoient point vues depuis la deplorable mort du roi d’Angleterre, que toutes les deux devoient pleurer, l’une comme sa femme bien aimée, l’autre comme son amie ; mais la Reine evita de parler à la reine d’Angleterre de son malheur, pour ne pas renouveler ses larmes ; et, apres les premieres paroles de douleur que l’occasion les força de dire l’une à l’autre, la civilité ordinaire et les discours communs firent leur entretien.
[…]
[p. 292] Le roi d’Angleterre sut alors que quelques troupes, qui tenoient encore pour lui en Angleterre, avoient eté defaites, ce qui l’affligea beaucoup, et, voyant toutes ses esperances presque detruites, il se resolut d’aller aux iles de Jersey et de Guernesey, dont milord Germain, attaché au service de la Reine sa mere, etoit gouverneur. Il voulut aller en Irlande voir si la fortune lui ouvriroit quelque voie pour rentrer dans son royaume. Ce lord lui ayant conseillé de ne se pas hater d’y aller dans le temps de cette deroute, il lui repondit qu’il falloit donc y aller pour mourir, puisqu’il etoit honteux à un prince comme lui de vivre ailleurs.
[…]
[p. 374] [1651] Le cardinal etant donc resolu à partir, il vint chez la Reine le soir de ce jour 6 fevrier ; elle lui parla longtemps devant tout le monde, dans [p. 375] la creance que vraisemblablement ce seroit la derniere fois qu’elle le verroit. […] Quand il fut dans son appartement, il se vetit d’une casaque rouge, prit un chapeau avec des plumes, et sortit à pied du Palais Royaln suivi de deux de ses gentilshommes : il alla par la porte de Richelieu, où il trouva des gens qui l’attendoient avec des chevaux ; de là, il alla passer la nuit à Saint Germain. Son premier dessein fut de sortir par la porte de la Conference, mais il eut avos qu’on avoit voulu tuer de ses domestiques devant le logis de Mademoiselle, qui logeoit aux Tuileries, et cette rumeur l’obligea à fuir par le plus court chemin. […] [p. 376] Quand on sut dans Paris que le ministre etoit parti, qu’il etoit à Saint Germain, et qu’il pouvoit aller au Havre où etoient les princes, l’inquietude fut grande dans tous les partis.
[…]
[p. 432] [1652] On donna avis à Paris à M. le Prince que Miossens et le marquis de Saint Mesgrin, lieutenans generaux, marchoient de Saint Germain à Saint Cloud avec deux canons, à dessein de [p. 433] chasser cent hommes du regiment de Condé qui s’etoient retranchés sur le pont et qui en avoient rompu une arche. […]
M. le Prince consentit à laisser aller à Saint Germain, où etoit la Cour, le duc de Rohan, Chavigny et Goulas, tous trois chargés des interets du duc d’Orleans et des siens.
[…]
[p. 527] [1662] Le cœur du Roi etoit rempli de ces miseres humaines qui font dans la jeunesse le faux bonheur de tous les honnetes gens. Il se laissoit conduire doucement à ses passions, et vouloit les satisfaire. Il etoit alors à Saint Germain, et avoit pris la coutume d’aller à l’appartement des filles de la Reine. Comme l’entrée de leur chambre lui etoit defendue par la severité de la dame d’honneur, il entretenoit souvent mademoiselle de La Motte Houdencourt par un trou qui etoit à une cloison d’ais de sapin, qui pouvoit lui en donner le moyen. Jusque là neanmoins ce grand prince, agissant comme s’il eut eté un particulier, avoit souffert tous ces obstacles sans faire des coups de maitre ; mais sa passion devenant plus forte, elle avoit aussi augmenté les inquietudes de la duchesse de Navailles, qui, avec les seules forces des lois de l’honneur et de la vertu, avoit osé lui resister. Elle suivit un jour la Reine mere, qui, de Saint Germain, vint au Val de Grace faire ses devotions, et fit ce voyage à dessein de consulter un des plus celebres docteurs qui fut alors dans Paris, sur ce qui se passoit à l’appartement des filles de la Reine. Elle comprenoit qu’il falloit deplaire au Roi, et sacrifier entierement sa fortune à sa conscience, ou la trahir pour conserver les biens et les dignités qu’elle et son mari possedoient : et comme elle n’etoit pas insensible aux avantages qu’ils possedoient à la Cour, elle sentoit sur cela tout ce que la nature lui pouvoit faire sentir. J’etois alors à Paris, et j’allais au Val de Grace rendre mes devoirs à la Reine. J’y vis mon amie, et j’y vis son inquietude. Elle me dit l’etat où la mettoit le Roi par les empressemens qu’il avoit pour cette fille, et m’apprit qu’elle venoit de consulter sur ce sujet un homme pieux et savant, dont la reponse avoit eté decisive. Il lui avoit dit qu’elle etoit obligée de perdre tous ses etablissemens, plutot que de manquer à son [p. 528] devoir par aucune complaisance criminelle. Elle me parut resolue de suivre ce conseil, mais ce ne fut pas sans jeter une grande abondance de larmes, et sans ressentir la douleur où la mettoient ces deux grandes extremités, où necessairement il falloit prendre son parti sur les deux volontés de l’homme, toujours si contraires l’une à l’autre, c’est à dire ce qui le porte, selon la qualité de chretien, à desirer les richesses eternelles, ou, selon la nature, à vouloir celles dont on jouit dans le temps. […]
A son retour à Saint Germain, elle sut par ses espions que des hommes de bonne mine avoient eté vus sur les gouttieres, et dans des cheminées qui, du toit, pouvoient conduire les aventuriers dans la chambre des filles de la Reine. Le zele de la duchesse de Navailles fut alors si grand que, sans se retenir ni chercher les moyens d’empecher avec moins de bruit ce qu’elle craignoit, elle fit aussitôt fermer ces passages par de petites grilles de fer qu’elle y fit mettre, et par cette action elle prefera son devoir à sa fortune, et la crainte d’offenser Dieu l’emporta sur le plaisir d’etre agreable au Roi, qui sans doute, à l’egard des gens du grand monde, se doit mettre au rang des plaisirs les plus sensibles que l’on puisse gouter à la Cour, quand on le peut faire innocemment. […]
Pendant que le Roi se laissoit aller où ses désirs [p. 529] le menoient, la Reine souffroit beaucoup. Elle ne savoit rien de ce qui se passoit ; on lui cachoit, par ordre de la Reine mere, toutes les galanteries du Roi. Sa dame d’honneur, qui etoit fidele au Roi et à elle, se contentoit de faire son devoir de tous cotés, et ne lui disoit rien qui la put affliger ; mais le cœur, qui ne se trompe point et que la verité instruit, lui faisoit tellement connoitre, sans le savoir precisement, que mademoiselle de La Valliere, que le Roi aimoit alors uniquement, etoit la cause de sa souffrance, qu’il etoit impossible de lui cacher son malheur.
A mon retour d’un petit voyage que je fis en ce temps là en Normandie, je trouvai la Reine en couche de madame Anne Elisabeth de France. Un soir, comme j’avois l’honneur d’etre aupres d’elle à la ruelle de son lit, elle me fit un signe de l’œil ; et m’ayant montré mademoiselle de La Valliere qui passoit par sa chambre pour aller souper chez la comtesse de Soissons, avec qui elle avoit repris quelque liaiso

Motteville, Françoise (de)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires du cardinal de Retz

« [t. 2, p. 12] Le 26 d’aout de 1648, le Roi alla au te Deum. L’on borda, selon la coutume, depuis le Palais Royal jusques à Notre Dame, toutes les rues de soldats du regiment des gardes. Aussitôt que le Roi fut revenu au Palais Royal, l’on forma de tous ces soldats trois bataillons, qui demeurerent sur le pont Neuf et dans la place Dauphine. Comminges, lieutenant des gardes de la Reine, enleva dans un [p. 13] carrosse fermé le bonhomme Broussel, conseiller de la grande chambre, et il le mena à Saint Germain.
[…]
[p. 87] [septembre 1648] Le president Viole, qui avoit ouvert l’avis au parlement de renouveler l’arret de 617 contre les etrangres, vint à Saint Germain, où le Roi etoit allé de Ruel, sous la parole de monsieur le Prince, et il fut admis sans contestations à la conference qui fut tenue chez M. le duc d’Orleans, accompagné de monsieur le Prince, de M. le prince de Conti et de M. de Longueville. […]
[p. 88] Il y eut cinq conferences à Saint Germain. Il n’entra dans la premiere que messieurs les princes. Le chancelier et le marechal de La Maillerie, qui avoit eté fait surintendant en la place d’Emeri, furent admis dans les quatre autres. Ce premier y eut de grandes prises avec le premier president, qui avoit un mepris pour lui qui alloit jusques à la brutalité. [p. 89] Le lendemain de chaque conference, l’on opinoit, sur le rapport des deputés, au parlement. Il seroit infini et ennuyeux de vous rendre compte de toutes les scenes qui y furent données au public, et je me contenterai de vous dire, en general, que le parlement, ayant obtenu ou plutôt emporté sans exception tout ce qu’il demandoit, c’est à dire le retablissement des anciennes ordonnances par une declaration conçue sous le nom du Roi mais dressée et dictée par la Compagnie, crut encore qu’il se relachoit beaucoup en promettant qu’il ne continueroit pas ses assemblées. Vous verrez cette declaration toute d’une vue, s’il vous plait de vous souvenir des propositions que je vous ai marqué de temps en temps, dans la suite de cette histoire, avoir eté faites dans le parlement et dans la chambre de Saint Louis.
Le lendemain qu’elle fut publiée et enregistrée, qui fut le 24 d’octobre 1648, le parlement prit ses vacations et la Reine revint avec le Roi à Paris bientôt après.
[…]
[p. 99] Le parlement resolut, le 2 de janvier [1649], de s’assembler pour pourvoir à l’execution de la declaration, que l’on [p. 100] pretendoit avoir eté blessée, particulierement dans les huit ou dix derniers jours, en tous ses articles, et la Reine prit le parti de faire sortir le Roi de Paris, à quatre heures du matin, le jour des Rois, avec toute la cour.
[…]
[p. 129] Je l’appris, à cinq heures du matin, par l’argentier de la Reine, qui me fit eveiller et qui me donna une lettre ecrite de sa main par laquelle elle me commandoit, en des termes fort honnetes, de me rendre dans le jour à Saint Germain. L’argentier ajouta de bouche que le Roi venoit de monter en carrosse pour y aller, et que toute l’armée etoit commandée pour s’avancer. Je lui repondis [p. 130] simplement que je ne manquerois pas d’obeir. Vous me faites bien la justice d’etre persuadée que je n’en eus pas la pensée.
Blancmenil entra dans ma chambre, pale comme un mort. Il me dit que le Roi marchoit au Palais avec huit mille chevaux. Je l’assurai qu’il etoit sorti de la ville avec deux cents. Voilà la moindre des impertinences qui me furent dites depuis les cinq heures du matin jusques à dix. J’eus toujours une procession de gens effarés, qui se croyoient perdus. Mais j’en prenois bien plus de divertissement que d’inquietude, parce que j’etois averti, de moment à autre, par les officiers des colonelles, qui etoient à moi, que le premier mouvement du peuple, à la premiere nouvelle, n’avoit eté que de fureur, à laquelle la peur ne succede jamais que par degrés, et je croyois avoir de quoi couper, devant qu’il fut nuit, ces degrés, car quoique monsieur le Prince, qui se defioit de monsieur son frere, l’eut eté prendre dans son lit et l’eut emmené avec lui à Saint Germain, je ne doutois point, madame de Longueville etant demeurée à Paris, [p. 131] que nous le revissions bientôt, et d’autant plus que je savois que monsieur le Prince, qui ne le craignoit ni ne l’estimoit, ne pousseroit pas sa defiance jusqu’à l’arreter.
[…]
[p. 133] La terreur du parlement n’etoit pas encore bien dissipée. Je ne fus pas touché de son irresolution, parce que j’etois persuadé que j’aurois dans peu de quoi le fortifier. Comme je croyois que la bonne conduite vouloit que le premier pas, au moins public, de desobeissance vint de ce corps, qui justifieroit celle des particuliers, je songeai à propos de chercher une couleur au peu de soumission que je temoignois à la Reine en n’allant pas à Saint Germain. Je fis mettre mes chevaux au carrosse, je reçus les adieux de tout le monde, je rejetai avec une fermeté admirable toutes les instances que l’on me fit pour m’obliger à demeurer, et par un malheur signalé, je trouvai au bout de la rue Neuve Notre Dame Dubuisson, marchand de bois, et qui avoit beaucoup de [p. 134] credit sur les portes. Il etoit absolument à moi, mais il se mit ce jour là en mauvaise humeur. Il battit mon postillon, il menaça mon cocher. Le peuple, accourant en foule, renversa mon carrosse, et les femmes du Marché Neuf firent d’un etau une machine sur laquelle elles me rapportent, pleurantes et hurlantes, à mon logement. Vous ne doutez pas de la manière dont cet effort [p. 135] de mon obeissance fut reçu à Saint Germain. J’ecrivis à la Reine et à monsieur le Prince en leur temoignant la douleur que j’avois d’avoir si mal reussi dans ma tentative. La premiere repondit au chevalier de Sevigné, qui [p. 136] lui porta la lettre, avec une hauteur de mepris ; le second ne put s’empecher, en me plaignant, de temoigner de la colere. La Riviere eclata contre moi par des railleries et le chevalier de Sevigné vit clairement que les uns et les autres etoient persuadés qu’ils nous auroient des le lendemain la corde au cou.
Je ne fus pas beaucoup emu de leurs menaces, mais je fus tres touché d’une nouvelle que j’appris le meme jour, qui etoit que M. de Longueville, qui, comme je vous ai dit, revenboit de Rouen, où il avoit fait un voyage de dix ou douze jours, ayant appris la sortie du Roi à six lieues de Paris, avoit tourné tout court à Saint Germain. Madame de Longueville ne douta point que monsieur le Prince ne l’eut gagné, et qu’ainsi M. le prince de Conti ne fut infailliblement arreté. Le marechal de La Mothe lui declara, en ma presence, qu’il feroit sans exception tout ce que M. de Longueville voudroit, et contre et pour la cour. M. de Bouillon se prenoit à moi de ce que des gens dont je l’avois toujours assuré prenoient une conduite aussi contraire à ce que je lui en avois dit mille fois. Jugez, je vous supplie, de mon embarras, qui estoit d’autant plus grand que madame de Longueville me protestoit qu’elle n’avoit eu, de tout le jour, aucune nouvelle de M. de La Rochefoucauld, qui etoit toutefois parti, deux heures apres le Roi, pour fortifier et pour ramener M. le prince de Conti.
Saint Ibar revint encore à la charge pour m’obliger à l’envoyer, sans differer, au comte de Fuensaldagne. Je ne fus pas de cette opinion, et je pris le parti de faire [p. 137] partir pour Saint Germain le marquis de Noirmoutier, qui s’estoit lié avec moi depuis quelque temps, pour savoir, par son moyen, ce que l’on pouvoit attendre de M. le prince de Conti et de M. de Longueville. Madame de Longueville fut de ce sentiment, et Noirmoutier partit sur les six heures du soir.
[…]
[p. 144] [9 janvier] Le marquis de Noirmoutier m’assura, des le lendemain qu’il fut arrivé à Saint Germain, que M. le prince de Conti et M. de Longueville etoient tres bien disposés, et qu’ils eussent eté déjà à Paris si ils n’eussent cru assurer mieux leur sortie de la cour en s’y [p. 145] montrant quelques jours durant. M. de La Rochefoucauld ecrivoit en meme sens à madame de Longueville.
[…]
[p. 196] Monsieur le Prince etablit de sa part ses quartiers. Il posta le marechal du Plessis à Saint Denis, le marechal de Gramont à Saint Cloud, et palluau, qui a eté depuis le marechal de Clerembaut, à Sevres. L’activité naturelle à monsieur le Prince fut encore merveilleusement allumée par la colere qu’il eut de la declaration de M. le prince de Conti et de M. de Longueville, qui avoit jeté la cour dans une defiance si grande de ses intentions, que le cardinal, ne doutant point d’abord qu’il ne fut de concert avec eux, fut sur le point de quitter la cour, et ne se rassura point qu’il ne l’eut vu de retour à Saint Germain des quartiers où il etoit allé [p. 197] donner les ordres. Il eclata, en y arrivant, avec fureur contre madame de Longueville particulierement, à qui madame la Princesse sa mere, qui etoit aussi à Saint Germain, en ecrivit le lendemain tout le detail. Je lus ces mots, qui etoient dans la meme lettre : « L’on est ici si dechainé contre le coadjuteur qu’il faut que j’en parle comme les autres. Je ne puis toutefois m’empecher de le remercier de ce qu’il a fait pour la pauvre reine d’Angleterre ».
Cette circonstance est curieuse par la rareté du fait. Cinq ou six jours devant que le Roi sortit de Paris, j’allai chez la reine d’Angleterre, que je trouvai dans la chambre de madame sa fille, qui a eté depuis madame d’Orleans. Elle me dit d’abord : « Vous voyez, je viens tenir compagnie à Henriette. La pauvre enfant n’a pu se lever aujourd’hui faute de feu ». Le vrai etoit qu’il y avoit six mois que le cardinal n’avoit fait payer la reine de sa pension, que les marchands ne vouloient plus fournir et qu’il n’y avoit pas un morceau de bois dans la maison. Vous me faites bien la justice d’etre persuadée que madame d’Angleterre ne demeura pas, le lendemain, au lit faute d’un fagot, mais vous croyez bien aussi que ce n’etoit pas ce que madame la Princesse vouloit dire dans son billet. Je m’en ressouvins au bout de quelques jours. J’exagerai la honte de cet abandonnement, et le parlement envoya quarante mille livres à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 199] Le parti ayant pris sa forme, il n’y manquoit plus que l’etablissement du cartel, qui se fit sans negociation. Un cornette de mon regiment, ayant eté pris par un parti du regiment de La Villette, fut mené à Saint Germain, [p. 200] et la Reine commanda sur l’heure qu’on lui tranchat la tete. Le grand provot, qui ne douta point de la consequence, et qui etoit assez de mes amis, m’en avertit, et j’envoyai en meme temps une trompette à Palluau, qui commandoit dans le quartier de Sevres, avec une lettre tres ecclesiastique, mais qui faisoit entendre les inconvenients de la suite, d’autant plus proche que nous avions aussi des prisonniers, entre autres M. d’Olonne, qui avoit eté arreté comme il se vouloit [p. 201] sauver habillé en laquais. Palluau alla sur l’heure à Saint Germain, où il representa les consequences de cette execution. L’on obtint de la Reine, à toute peine, qu’elle fut differée jusques au lendemain, l’on lui fit comprendre, apres, l’importance de la chose, l’on échangea mon cornette, et ainsi le quartier s’etablit insensiblement.
[…]
[p. 287] Le 24 de ce mois, qui etoit celui de fevrier, les deputés [p. 288] du parlement, qui avoient reçu leurs passeports la veille, partirent pour aller à Saint Germain rendre compte à la Reine de l’audience accordée à l’envoyé de l’archiduc. La cour ne manqua pas de se servir, comme nous l’avions jugé, de cette occasion pour entrer en traité. Quoiqu’elle ne traitat pas dans ses passeports les deputés de presidents et de conseillers, elle ne les traita pas aussi de gens qui l’eussent eté et qui en fussent dechus : elle se contenta de les nommer simplement par leur nom ordinaire. La Reine dit aux deputés [p. 289] qu’il eut eté plus avantageux pour l’Etat et plus honorable pour leur compagnie de ne point entendre l’envoyé, mais que c’etoit chose faite, qu’il falloit songer à une bonne paix, qu’elle y etoit disposée et que, monsieur le chancelier etant malade depuis quelques jours, elle donneroit, des le lendemain, une reponse plus ample par ecrit. Monsieur d’Orleans et monsieur le Prince s’expliquerent encore plus positivement, et promirent au premier president et au president de Mesme, qui eurent avec eux des conferences tres particulieres et tres longues, de deboucher tous les passages aussitôt que le parlement auroit nommé des deputés pour traiter.
[…]
[p. 364] [5-7 mars] Il est necessaire que je vous rende compte de ce qui se passa ces jours là et au parlement et à la conference de Ruel.
Celle-ci commença aussi mal qu’il se pouvoit. Les deputés pretendirent, et avec raison, que l’on ne tenoit point la parole que l’on leur avoit donnée de deboucher les passages et que l’on ne laissoit pas meme passer librement les cent muids de blé. La cour soutint qu’elle n’avoit point promis l’ouverture des passages et qu’il ne tenoit pas à elle que les cent muids ne passassent. La Reine demanda, pour conditions prealables à la levée du siege, que le parlement s’engageât à aller tenir [p. 365] sa seance à Saint Germain tant qu’il plairoit au Roi, et qu’il promit de ne s’assembler de trois ans. les deputés refuserent tout d’une voix ces deux propositions, sur lesquelles la cour se modera des l’apres midi meme. M. le duc d’Orleans ayant dit aux deputés que la Reine se relachoit de la translation du parlement, qu’elle se contenteroit que, lorsque l’on seroit d’accord de tous les articles, il allât tenir un lit de justice à Saint Germain, pour y verifier la declaration qui contiendroit ces articles, et qu’elle moderoit aussi les trois années de defense de s’assembler, à deux : les deputés n’opiniatrerent pas le premier, ils ne se rendirent pas sur le second, en soutenant que le privilege de s’assembler etoit essentiel au parlement.
[…]
[p. 369] [9 mars] M. le prince de Conti ayant dit, le meme jour, au parlement que M. de Longueville l’avoit prié de l’assurer qu’il partiroit de Rouen, sans remise, le 15 du mois avec sept mille hommes de pied et trois mille [p. 370] chevaux et qu’il marcheroit droit à Saint Germain, la compagnie en temoigna une joie incroyable, et pria M. le prince de Conti d’en presser encore M. de Longueville.
[…]
[p. 379] La paix fut donc signée, avec beaucoup de contestations, trop longues et trop ennuyeuses à rapporter, le 11 de mars, et les deputés consentirent, avec beaucoup de difficulté, que M. le cardinal Mazarin y signât avec M. le duc d’Orleans, monsieur le Prince, monsieur le chancelier, M. de La Meilleraie et M. de Brienne, qui etoient les deputés nommés par le Roi. Les articles furent :
Que le parlement se rendra à Saint Germain, où sera tenu un lit de justice, où la declaration contenant les articles de la paix sera publiée ; apres quoi il retournera faire ses fonctions ordinaires à Paris ;
Ne sera faite aucune assemblée de chambre pour toute l’année 1649, excepté pour la reception des officiers et pour les mercuriales ;
Que tous les arrets rendus par le parlement, depuis [p. 380] le 6 de janvier, seront nuls, à la reserve de ceux qui auront eté rendus entre particuliers, sur faits concernant la justice ordinaire ;
Que toutes les lettres de cachet, declarations et arrets du conseil rendus au sujet des mouvements presents seront nuls et comme non avenus ;
Que les gens de guerre levés pour la defense de Paris seront licenciés aussitôt apres l’accommodement signé, et Sa Majesté fera aussi, en meme temps, retirer ses troupes des environs de ladite ville ;
Que les habitants poseront les armes, et ne les pourront reprendre que par ordre du Roi ;
Que le deputé de l’archiduc sera renvoyé incessamment sans reponse ;
Que tous les papiers et meubles qui ont eté pris aux particuliers et qui se trouveront en nature seront rendus ;
Que M. le prince de Conti, princes, ducs et tous ceux sans exception qui ont pris les armes n’en pourront etre recherchés, sous quelque pretexte que ce puisse etre, en declarant par les dessus dits dans quatre jours à compter de celui auquel les passages seront ouverts, et par M. de Longueville en dix, qu’ils veulent bien etre compris dans le present traité ;
Que le Roi donnera une decharge generale pour tous les deniers royaux qui ont eté pris, pour tous les meubles qui ont eté vendus, pour toutes les armes et munitions qui ont eté enlevés tant à l’Arsenal qu’ailleurs ;
Que le Roi fera expedier des lettres pour la revocation du mestre du parlement d’Aix, conformement aux articles accordés entre les deputés de Sa Majesté et ceux du parlement et pays de Provence du 21 février ;
[p. 381] Que la Bastille sera remise entre les mains du Roi.
[…]
[p. 398] [13 mars] Comme le president Le Cogneux commençoit à proposer que le parlement renvoyât les deputés pour traiter des interets de messieurs les generaux et pour faire reformer les articles qui ne plaisoient pas à la compagnie, ce que M. de Bouillon lui avoit inspiré la veille à onze heures du soir, l’on entendit un fort grand bruit dans la salle du Palais, qui fit peur à maitre Gonin, et qui l’obligea de se taire. Le president de Bellievre, qui etoit de ce qui avoit eté resolu chez M. de Bouillon, fut interrompu par un second grand bruit encore plus grand que le premier. L’huissier, qui etoit à la porte de la grande chambre, entra et dit, avec une voix tremblante, que le peuple demandoit M. de Beaufort. Il sortit, il harangua [p. 399] à sa manière, et il l’apaisa pour un moment.
Le fracas recommença aussitôt qu’il fut rentré, et le president de Novion, qui etoit bien voulu pour s’etre signalé dans les premieres assemblées des chambres contre la personne du Mazarin, etant sorti hors du parquet des huissiers pour voir ce que c’etoit, y trouva un certain du Boisle, mechant avocat et si peu connu que je ne l’avois jamais oui nommer, qui, à la tete d’un nombre infini de peuple, dont la plus grande partie avoit le poignard à la main, lui dit qu’il vouloit que l’on lui donnât les articles de la paix, pour faire bruler par la main d’un bourreau, dans la Greve, la signature du Mazarin, que si les deputés avoient signé cette paix de leur bon gré, il les falloit pendre ; que si on les y avoit forcés à Ruel, il la falloit desavouer. Le president de Novion, fort embarrassé, comme vous pouvez juger, representa à du Boisle que l’on ne pouvoit bruler la signature du cardinal sans bruler celle de M. le duc d’Orleans, mais [p. 400] que l’on etoit sur le point de renvoyer les deputés pour faire reformer les articles à la satisfaction du public. L’on n’entendoit cependant dans la salle, dans les galeries et dans la cour du Palais que des voix confuses et effroyables : « Point de paix ! et point de Mazarin ! Il faut aller à Saint Germain querir notre bon Roi, il faut jeter dans la riviere tous les Mazarins. »
[…]
[p. 454] Je vous ai dit ci-dessus que les deputés retournerent à Ruel le 16 de mars ; ils allerent, des le lendemain à Saint Germain, où la seconde conference se devoit tenir à la chancellerie, et ils ne manquerent pas d’y lire d’abord les propositions que tous ceux du parti avoient faites avec un empressement merveilleux pour leurs interets particuliers et que messieurs les generaux, qui ne s’y etoient pas oubliés, avoient toutefois stipulé ne devoir etre faites qu’apres que les interets du parlement seroient ajustés. Le premier president fit tout le contraire, sous pretexte de leur temoigner que leurs interets etoient plus chers à la compagnie que les siens propres, mais dans la verité pour les decrier dans le public.
[…]
[p. 472] L’on n’eut presque point de difficulté sur les articles dont le parlement de Paris avoit demandé la reformation. La Reine se relacha de faire tenir un lit de justice à Saint Germain ; elle consentit que la defense au parlement de s’assembler le reste de l’année 1649 ne fût pas inserée dans la declaration, à condition que les deputés en donnassent leur parole.
[…]
[p. 481] Cette paix, que le cardinal se vantoit d’avoir achetée à fort bon marché, ne lui valut pas aussi tout ce qu’il en esperoit. Il me laissa un levain de mecontents qu’il m’eut peu oter avec assez de facilité, et je me trouvai tres bien de son reste. M. le prince de Conti et madame de Longueville allerent faire leur cour à Saint Germain, [p. 482] apres avoir vu monsieur le Prince à Chaillot pour la premiere fois, de la manière du monde la plus froide de part et d’autre.
[…]
[t. 4, p. 214] [avril 1652] Le Roi, dont le dessein avoit toujours eté de s’approcher de Paris, comme il me semble que je vous l’ai déjà dit, partit de Gien aussitôt apres le combat de Bleneau, et il prit son chemin par Auxerre, par Sens et [p. 215] par Melun, jusques à Corbeil, cependant que MM. de Turenne et d’Hocquincourt, qui s’avancerent avec l’armée jusques à Moret, couvroient sa marche, et que MM. de Beaufort et de Nemours, qui avoient eté obligés de quitter Montargis faute de fourrage, s’etoient allés camper à Etampes. Leurs Majestés etant passées jusques à Saint Germain, M. de Turenne se posta à Palaiseau, ce qui obligea messieurs les princes à mettre garnison dans Saint Cloud, au pont de Neuilli et à Charenton.
[…]
[p. 233] Je vous y ai parlé de la demangeaison de negociation comme de la maladie qui regnoit dans le parti des princes. M. de Chavigni en avoit une regelée, mais secrete, avec monsieur le cardinal, par le canal de M. de Fabert. Elle ne reussit pas, parce que le cardinal ne vouloit point, dans le fond, d’accommodement, et il n’en recherchoit que les apparences, pour decrier dans le parlement et dans le peuple M. le duc d’Orleans et monsieur le Prince. Il employa pour cela le roi d’Angleterre, qui proposa au Roi, à Corbeil, une conference. Elle fut acceptée à la cour, et elle le fut aussi à Paris par Monsieur et par monsieur le Prince, [p. 234] auxquels la reine d’Angleterre en parla. Monsieur en donna part au parlement le 26 d’avril et fit partir, des le lendemain, MM. de Rohan, de Chavigni et Goulas pour aller à Saint Germain, où le Roi etoit allé de Corbeil.
[…]
[p. 237] Les choses en vinrent au point que madame de [p. 238] Chatillon alla publiquement à Saint Germain. Nogent disoit qu’il ne lui manquoit, en entrant dans le château, que le rameau d’olive à la main. Elle y fut recue et traitée effectivement comme Minerve auroit pu l’y etre. La difference fut que Minerve auroit apparemment prevu le siege d’Etampes, que monsieur le cardinal entreprit dans le meme instant, et dans lequel il ne tint presque à rien qu’il ensevelit tout le parti de monsieur le Prince.
[…]
[p. 240] Le 3 de mai, monsieur le procureur general fit la relation de ce qu’il avoit fait à Saint Germain, en consequence des ordres de la compagnie, et il dit que le Roi entendroit les remontrances lundi 6 du mois.
[…]
[p. 241] Le 6, les remontrances du parlement et de la chambre des comptes furent portées au Roi, avec une grande force, et le 7 celles de la cour des Aides et celles de la Ville se firent. La reponse du Roi aux unes et aux autres fut qu’il feroit retirer ses troupes quand celles des princes seroient eloignées. Monsieur le garde des sceaux, qui parla au nom de Sa Majesté, ne profera pas seulement le nom de monsieur le cardinal.
Le 10, il fut arreté au parlement que l’on envoiroit les gens du Roi à Saint Germain, et pour y demander reponse touchant l’eloignement du cardinal Mazarin, et pour insister encore sur l’eloignement des armées des environs de Paris.
[…]
[p. 391] Le 13 [octobre 1652], les colonels reçurent ordre du Roi d’aller par deputés à Saint Germain. M. de Seve, le plus ancien, y porta la parole. Le Roi leur donner à diner et il leur fit meme l’honneur d’entrer dans la salle cependant le repas. »

Gondi, Jean-François-Paul (de)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires du marquis de Dangeau

« [tome 1, p. 73] Mercredi 22 [novembre 1684]. […] Monseigneur alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 76] Vendredi 1er décembre. Le Roi alla faire la revue de ses gardes du corps ; il y avoit plus d’un an qu’il ne les avoit vus. Il les trouva en fort bon état malgré leur fatigue. En revenant de la plaine d’Ouille, où il avoit fait la revue, il passa au château de Saint Germain, et il revint très content de tous les bâtiments qu’on y avoit faits.
[…]
[p. 79] Lundi 11. […] Monseigneur alla courre le cerf à Saint Germain.
[…]
[p. 114] Lundi 29 [janvier 1685], à Versailles. […] Monseigneur alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 116] Jeudi 1er février, à Versailles. […] Monseigneur alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 117] Lundi 5, à Versailles. […] Monseigneur alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 119] Samedi 10, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 121] Jeudi 15, à Versailles. […] [p. 122] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 123] Lundi 19, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 124] Mercredi 21, à Versailles. […] Monseigneur vouloit aller courir le sanglier dans la forêt de Saint Germain, mais il n’y en avoit point de détourné. […]
[p. 125] Jeudi 22, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 127] Lundi 26, à Versailles. […] Monseigneur courut la bague et les têtes, puis alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 129] Vendredi 2 [mars], à Versailles. [….] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain, avec les chiens de M. de Furstemberg. On donna les relais à l’envers ; c’est une manière de chasser extraordinaire. On ne laissa pas de prendre le cerf et même fort vite.
[…]
[p. 131] Mardi 6 [mars], à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 137] Lundi 19, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain avec l’équipage de M. de Furstemberf et fit une fort belle chasse.
[…]
[p. 143] Vendredi 30, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. de Furstemberg, qui firent une fort belle chasse ; ce [p. 144] sera la dernière. Ils ont pris les sept cerfs qu’ils ont courus, et ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est qu’ils donneur leurs relais à l’envers : leurs vieux chiens sont à la meute, et les chiens les plus vites sont au dernier relais. Madame étoit à la chasse avec Monseigneur.
[…]
[p. 149] Vendredi 6 [avril], à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf avec les chiens du roi, qui étaient revenus de Saint Germain à Versailles.
[…]
[p. 180] Lundi 28 [mai], à Versailles. […] L’assemblée du clergé doit commencer aujourd’hui à Saint Germain, l’archevêque présidant.
[…]
[p. 188] Vendredi 8 [juin], à Versailles. […] Monseigneur courut le loup dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 191] Jeudi 14, à Versailles. […] Monseigneur chassa dans la forêt de Saint Germain. Il y tua un gros sanglier et un loup, et revint encore d’assez bonne humeur pour le salut.
[…]
[p. 193] Lundi 18, à Versailles. […] L’assemblée du clergé, qui se tient à Saint Germain, accorda au Roi 3000000 de don gratuit, que Sa Majesté leur avoit demandés, et ces 3000000 ont été accordés d’un consentement unanime.
[…]
[p. 196] Mardi 26, à Versailles. […] Monseigneur courut le loup dans la forêt de Saint Germain. […]
[p. 197] Mercredi 27, à Versailles. […] Monseigneur alla dans la forêt de Saint Germain pour y prendre des loups qui sont dans le parc, et fouilla toute la forêt sans les trouver.
[…]
[p. 213] Jeudi 30 [août], à Versailles. […] [p. 214] Le duc du Lude, grand maître de l’artillerie, mourut à Paris. Il étoit chevalier de l’Ordre, il avoit le justaucorps bleu et étoit capitaine de Saint Germain. Sa femme aura la plus grande partie de son bien. Le duc de Roquelaure et la duchesse de Foix, enfants de sa sœur, sont ses héritiers. La capitainerie de Saint Germain fut donnée à M. le marquis de Montchevreuil. On lui donna aussi la survivance pour son fils, qui épouse mademoiselle de Coetquen, fille de feu Combourg.
[…]
[p. 274] Mercredi 2 [janvier 1686], à Versailles. […] J’appris que le Roi avoit fort diminué le fonds des dépenses pour ses bâtiments ; il lui en a coûté l’année passée plus de 15000000 et il n’en veut dépenser celle ci que 4 tout au plus, tant pour les bâtiments que pour la conduite de la rivière Eure. […] Il y eut une manière de sédition à Saint Germain sur ce que les habitants se soulevèrent pour demander que le curé ne quittât point ; les habitants tinrent des discours un peut trop forts ; le Roi en fit mettre plusieurs en prison et interdit beaucoup de prêtres, et on a exilé le curé à Rouen.
[…]
[p. 380] Mercredi 4 [septembre], à Marly. Le Roi vouloit aller tirer dans Vézinet, au dessous de Saint Germain ; le vilain temps l’en empêcha.
[…]
[p. 433] Jeudi 19 [décembre]. […] Monseigneur courut le lièvre dans le parc de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine. Madame la princesse de Conty, madame de Mortemart, madame de Bellefonds et mademoiselle d’Humières étoient à cheval avec Monseigneur.
[…]
[tome 2, p. 68] Jeudi 20 [novembre 1687], à Marly. […] Monseigneur et les princesses allèrent courre le daim dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. le duc du Maine. Madame la Dauphine, qui est demeurée à Versailles, envoya trois de ses filles pour monter à cheval avec les princesses, mesdemoiselles de La Force, de Séméac et de Bellefonds.
[…]
[p. 69] Lundi 24, à Versailles. […] M. le duc du Maine a souhaité d’avoir un équipage pour courre le cerf. Le Roi lui donne 10000 écus pour le mettre sur pied et ordonne 10000 écus par an pour l’entretien. Le chevalier d’Aunay commandera l’équipage et on lui donne pour cela 1000 écus d’appointements.
[…]
[p. 71] Vendredi 28 à Versailles. […] Monseigneur et Madame coururent le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine et revint d’assez bonne heure pour être à la répétition.
[…]
[p. 80] Mardi 16 [décembre], à Marly. Le Roi, après son dîner, monta en carrosse avec mesdames les princesses, Monseigneur et Madame ; il alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine.
[…]
[p. 94] Mercredi 14 [janvier 1688], à Marly. Le Roi alla à Saint Germain. Il s’y promena pour voir ce qu’il fait couper dans son parc, les changements qu’il fait dans ses jardins et la cour des cuisines qu’il fait abattre pour en bâtir une magnifique pour loger les secrétaires d’Etat.
[…]
[p. 98] Vendredi 23, à Versailles. […] Monseigneur alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine.
[…]
[p. 104] Jeudi 5 [février] à Versailles. […] Le Roi donna à M. de Montchevreuil la charge de maître des Eaux et forêts de Saint Germain.
[…]
[p. 106] Lundi 9, à Versailles. […] Monseigneur courut trois cerfs dans la forêt de Saint Germain avec l’équipage de M. du Maine, malgré la gelée, qui est fort grande.
[…]
Vendredi 13, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine.
[…]
[p. 109] Jeudi 19, à Marly. Le Roi et Monseigneur allèrent [p. 110] dans la forêt de Saint Germain, d’où ils firent sortir deux cents cerfs qu’on avoit renfermés dans une petite enceinte. Il y en avoit trop dans la forêt. Le Roi prit assez de plaisir à cette manière de chasser.[…]
Vendredi 20 février, à Marly. Le Roi alla dans l’après-dînée courre le cerf avec les chiens de M. du Maine dans la forêt de Saint Germain. Monseigneur vint l’y trouver et avoit couru le loup dès le matin. […]
[p. 111] Samedi 21, à Versailles. Le Roi courut encore le cerf avec les chiens de M. du Maine dans la forêt de Saint Germain. Il avoit manqué celui d’hier, et en a pris deux aujourd’hui.
[…]
[p. 114] Mercredi 3 [mars], à Versailles. […] L’après dînée, le Roi partit de bonne heure et alla à Saint Germain voir sortir du parc quantité de cerfs et de daims qu’on en ôte, et ensuite revint à Marly.
[…]
[p. 289] Jeudi 6 [janvier 1689], à Versailles. Le Roi, après son dîner, partit d’ici avec Monseigneur et Monsieur dans son carrosse et vint jusqu’auprès de Chatou, où il attendit la reine d’Angleterre, qui arriva un quart d’heure après. Dès qu’on vit paraître les carrosses qui la menoient, le Roi, [p. 290] Monseigneur et Monsieur mirent pied à terre. Le Roi fit arrêter le carrosse qui marchoit devant celui de la Reine, où étoit le prince de Galles, et l’embrassa. Pendant ce temps là, la reine d’Angleterre descendit de carrosse et fit au Roi un compliment fort plein de reconnaissance pour elle et pour le roi son mari. Le Roi lui répondit qu’il leur rendoit un triste service en cette occasion, mais qu’il espéroit être en état de leur en rendre de plus utiles dans la suite. Le Roi avoit avec lui ses gardes, ses chevau légers et ses mousquetaires, et tous les courtisans l’avoient accompagné. Le Roi monta en carrosse avec la reine ; Monseigneur et Monsieur s’y mirent aussi. Cela avoit été concerté dès le jour précédent, c’est pourquoi elle n’avoit avec elle que madame de Powits et la signora Anna Victoria Montecuculli, une Italienne qu’elle aimoit fort. Ils descendirent au château de Saint Germain, qui étoit meublé fort magnifiquement et où l’on trouva toutes les commodités imaginables pour le prince de Galles. Tourolle, tapissier du Roi, donna à la reine la clef d’un petit coffre où il y avoit 6000 pistoles. Monsieur et madame de Montchevreuil sont à Saint Germain pour faire à la reine les honneurs du gouvernement. Le roi d’Angleterre couche aujourd’hui à Breteuil. Le duc de Berwick, son fils, est venu devant pour apporter de ses nouvelles à la reine. Madame de Portsmouth avoit voulu venir au devant de la reine, mais M. de Lauzun lui manda qu’elle ne verroit personne qu’après être arrivée à Saint Germain. Les bruits qu’on a fait courre sur ce qu’elle a dit n’ont pas laissé de faire impression sur la reine, mais elle s’en justifie fort bien. […]
[p. 291] Vendredi 7, à Versailles. […] [p. 292] Entre cinq et six heures, le Roi monta en carrosse avec Monseigneur et M. de Chartres et alla descendre au château de Saint Germain. Il trouva la reine d’Angleterre au lit. Il causa une demi heure avec elle et la quitta quand on vint lui dire que le roi d’Angleterre étoit entré dans la cour du château ; le Roi alla au devant de lui jusqu’à la porte de la salle des gardes. Le roi d’Angleterre se baissa jusqu’à ses genoux ; le Roi l’embrassa et ils demeurèrent longtemps à s’entr’embrasser. Et ensuite, le Roi, lui tenant toujours la main, le mena dans la chambre de la reine sa femme, et le lui présenta, lui disant : « Je vous amène un homme que vous serez bien aise de voir ». Le roi d’Angleterre demeura longtemps dans les bras de la reine, et ensuite le Roi lui présenta Monseigneur, M. de Chartres, les princes du sang, le cardinal de Bonzy et quelques uns des courtisans que le roi d’Angleterre connaissoit. Puis le Roi mena le roi d’Angleterre chez le prince de Galles, et après l’avoir ramené chez la reine, en se séparant il lui dit : « Je ne veux point que vous me conduisiez ; vous êtes encore aujourd’hui chez moi. Demain vous me viendrez voir à Versailles comme nous en sommes convenus, je vous en ferai les honneurs, et vous me les ferez de Saint Germain la première fois que j’y viendrai, et ensuite nous vivrons sans façon ». […]
[p. 293] Samedi 8, à Versailles. Le Roi envoya le matin M. de La Trémouille à Saint Germain pour savoir des nouvelles du roi d’Angleterre, de la reine et du prince de Galles. Le roi d’Angleterre vint ici sur les quatre heures. […]
[p. 294] Dimanche 9, à Versailles. […] Monseigneur, en sortant de table, alla à Saint Germain. Le roi d’Angleterre vint le recevoir au bout de sa chambre, mais il ne sortit point. Ils causèrent longtemps debout, et ensuite Monseigneur alla voir la reine, qui lui donna un fauteuil, mais au dessous d’elle. En sortant de chez la reine, Monseigneur alla chez le prince de Galles, puis retourna à Versailles. Les maréchales d’Humières, de Lorges, d’Estrées ont été faire leur cour à la reine d’Angleterre, qui ne les a point baisées. Elle ne baisa point non plus la duchesse de Nevers, qui étoit allée au devant d’elle à Beaumont. Le Roi a réglé ce qu’il donnera au roi d’Angleterre pour sa dépense : il lui donnera 50000 écus pour se remettre en équipage et 50000 [p. 295] francs par mois. Le roi d’Angleterre n’en vouloit que la moitié. La reine d’Angleterre dit qu’elle traitera les dames ou comme les reines les traitent en Angleterre, ou comme les reines les traitent en France ; elle en laisse le choix au Roi, et ne veut rien faire que ce qui lui sera le plus agréable. Les reines en Angleterre baisent les princesses et les duchesses et ne les font point asseoir, et ici les reines font asseoir les princesses et les duchesses et ne les baisent point. La feue reine mère d’Angleterre, quand elle étoit ici, baisoit les duchesses, les maréchales de France, la femme du chevalier d’honneur et les dames d’atour. La reine dit à Monseigneur qu’elle n’attendoit qu’un habit pour aller à Versailles faire sa cour au Roi et voir madame la Dauphine.
Lundi 10, à Versailles. Madame alla sur les quatre heures à Saint Germain. Mademoiselle sa fille, madame de Guise et toutes les princes du sang y allèrent aussi. La reine d’Angleterre les salua toutes et donna un fauteuil à Madame et des sièges pliants aux princesses. Elle fit asseoir la duchesse de Portsmouth et la signora Anna Victoria Montecuculli, ce qu’on trouva extraordinaire car elle n’est point duchesse ; apparemment c’est comme étant sa dame d’honneur et on la priera de s’expliquer là-dessus.
[…]
[p. 297] Mercredi 12, à Versailles. […] Il y avoit encore quelque difficulté à régler sur le cérémonial pour la manière dont les princes du sang doivent être traités de LL. MM. BB. On est convenu, aujourd’hui, que les princes du sang se couvriront quand le roi d’Angleterre se couvrira et que la reine leur donnera des sièges ployants et les baisera. La feue reine, notre maîtresse, ne les faisoit pas asseoir, mais ils s’étoient toujours assis devant la reine mère. Le feu roi d’Angleterre, à Bruxelles, donna un fauteuil à feu M. le Prince. L’Empereur en fit offrir à MM. les princes de Conty quand ils passèrent à Vienne et il y a beaucoup d’exemple que les princes du sang de France ont reçu de plus grands honneurs que ceux qu’ils ont en cette occasion ; mais le Roi veut qu’on rende plus de respect encore au roi d’Angleterre malheureux que s’il étoit dans la prospérité. […] Le roi d’Angleterre a fait milord Powits duc. Il a quitté plus de 50000 écus de rente pour suivre le roi son maître, et est homme de grande qualité. […]
[p. 298] Jeudi 13, à Versailles. La reine d’Angleterre vint ici sur les quatre heures.
[…]
[p. 301] Samedi 15, à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain avec Monseigneur. Le roi d’Angleterre le vint recevoir au bout de la salle des gardes. Après avoir été quelque temps enfermés ensemble, ils allèrent chez la reine, où il y avoit trois fauteuils, mais le roi d’Angleterre ne voulut point s’asseoir et alla auprès de la cheminée causer avec Monseigneur, qui étoit debout, disant au Roi : « Nous sommes convenus que nous ne ferions plus de façons après cette visite ci ; je veux commencer dès ce soir ». Sur les six heures, le Roi en repartit et Monseigneur revint à la comédie.
[…]
[p. 306] Vendredi 21, à Marly. […] Monseigneur alla à Saint Germain ; il vouloit y courre le loup, mais n’en trouva point. Il y courut le cerf avec les chiens de M. du Maine. Le roi d’Angleterre étoit à la chasse et fut toujours à la tête des chiens ; il faisoit un temps terrible, et l’on manqua le cerf. […]
[p. 307] Samedi 22, à Versailles. Le Roi, après son dîner, partit de Marly et alla à Saint Germain voir le roi d’Angleterre. Il demeura assez longtemps enfermé avec lui, puis ils allèrent chez la reine, qui étoit au lit, et ensuite passèrent chez le prince de Galles.
[…]
[p. 309] Lundi 24, à Versailles. […] Le nonce d’Adda est arrivé à Saint Germain depuis quelques jours et s’en retourne à Rome, où il espère qu’on lui donnera le chapeau de cardinal. Nous n’avons pas été trop contents ici de la conduite qu’il a eue en Angleterre, et l’aimons mieux en Italie que dans ces pays ci. Le roi d’Angleterre a permis par un brevet au duc de Berwick, son fils, de porter l’étoile de l’ordre de la Jarretière sur ses habits, quoi qu’il n’ait pas été reçu à la chapelle de Windsor.
[…]
[p. 319] Mardi 1er février, à Versailles. […] [p. 320] Le Roi a dîné à son petit couvert, et après dîner est allé tirer, et de là à Marly, puis à Saint Germain pour voir le roi et la reine d’Angleterre. Monseigneur, après le chapitre, est allé à la forêt de Marly, où il avoit donné rendez vous au roi d’Angleterre. Ils ont couru le cerf et en ont pris deux. […] Il devoit y avoir appartement ce soir, mais le Roi l’a remis à demain, à cause qu’il a bien cru qu’il reviendroit trop tard de Saint Germain.
[…]
[p. 325] Mardi 8 [février], à Marly. […] Monseigneur alla à Saint Germain. Le roi d’Angleterre et lui coururent le cerf avec les chiens de M. du Maine. […]
[p. 326] Mercredi 9, à Marly. […] Monseigneur courut le loup dans la forêt de Saint Germain. M. le prince d’Orange renvoie au roi d’Angleterre ses carrosses, ses chevaux, ses équipages et sa vaisselle. […] Le roi d’Angleterre a fait arrêter à Saint Germain le major du régiment de Péterborough. C’est un homme qui a changé souvent de religion et de parti, et qu’on soupçonne d’avoir été envoyé ici par le prince d’Orange. On croit qu’on découvrira quelque chose par cet homme là.
[…]
[p. 328] Vendredi 11, à Marly. […] [p. 329] Monseigneur a couru le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine ; il a été prendre le roi d’Angleterre. Madame la princesse de Conty étoit à la chasse, et mesdames de Mongon et de Dangeau l’y accompagnoient. La princesse de Conty a monté chez la reine d’Angleterre, qui souhaitoit la voir en habit de chasse.
Samedi 12, à Versailles. […] Hier au soir, deux députés d’Irlande arrivèrent à Saint Germain auprès du roi d’Angleterre. L’un est milord de Montjoye, protestant, et l’autre est catholique et milord chef de justice ; il s’appelle Reys. L’Irlande est toujours fort fidèle au roi. Ils n’ont été que deux jours sur mer et six jours à venir de Brest à Saint Germain.
[…]
[p. 331] Mercredi 16, à Versailles. […] Monseigneur est allé à Saint Germain pour y courre le loup avec le roi d’Angleterre ; mais ils n’en ont pas trouvé et sont revenus sans chasser. Il avoit convié le roi d’Angleterre, de la part du Roi, de venir ici demain voir les jardins, mais le roi d’Angleterre n’y viendra [p. 332] que vendredi parce qu’il s’est engagé d’aller demain dîner à Maubuisson.
[…]
[p. 335] Lundi 21, à Versailles. […] Monseigneur courut le loup à Lauthie et, au retour, à Saint Germain, il vit le roi et la reine d’Angleterre. […] [p. 336] Le roi d’Angleterre a fait arrêter à Saint Germain milord Montjoye, qui étoit député d’Irlande. Milord Tyrconnel a mandé au roi son maître qu’il feroit bien de s’en assurer. M. de Ponty, qui vient d’Irlande, assure que tout va à merveille en ce pays là. Il est arrivé aujourd’hui et dit qu’il y a dans ce royaume là quarante mille hommes sous les armes. Le roi d’Angleterre y fait passer trois cents officiers et quinze cents soldats, dragons ou cavaliers, et à mesure qu’il en arrive à Saint Germain on les envoie.
[…]
[p. 337] Mercredi 23, jour des Cendres, à Versailles. […] Je viens d’apprendre, ce soir au coucher, qu’il y a des chevaux de poste avec des chaises placées sur toute la route d’ici à Brest pour le roi d’Angleterre et les principales personnes qui l’accompagneront. Les milords Powits, Dumbarton, Melfort et Georges Howard suivront S. M. B. La reine et le prince de Galles demeureront à Saint Germain. Le roi donne beaucoup d’argent au roi d’Angleterre pour ce voyage là, et M. d’Avaux y va et demeurera en Irlande ambassadeur du Roi auprès de lui.
[…]
[p. 338] Vendredi 25, à Versailles. […] Le roi d’Angleterre, le matin, à Saint Germain, fit M. de Lauzun chevalier de la Jarretière, en la place du duc d’Albemarle, mort depuis peu de temps. Ensuite S. M. B. alla à Paris, descendit à Notre Dame, où il fit ses dévotions, alla dîner chez M. de Lauzun, puis chez les religieuses angloises, et au Luxembourg voir la grande Mademoiselle, repassa par Chaillot, où est le cœur de la reine sa mère, alla ensuite à Saint Cloud voir Monsieur et Madame, qui y étoient venus le matin [p. 339] s’y promener, et arriva sue les sept heures ici, où le Roi l’attendoit de meilleure heure. Les deux rois furent longtemps enfermés, et puis vinrent chez madame la Dauphine, où le roi d’Angleterre prit congé d’elle. Le Roi lui dit : « Je souhaite, Monsieur, ne vous revoir jamais. Cependant, si la fortune veut que nous nous revoyions, vous me trouverez toujours tel que vous m’avez trouvé. » Le Roi ira encore lui dire adieu à Saint Germain avant qu’il parte. […]
[p. 339] Samedi 26, à Versailles. Monsieur et Madame ont été à Saint Germain dire adieu au roi d’Angleterre ; Madame et toutes les dames étoient en mante. Le roi d’Angleterre les reçut chez la reine sa femme qui, après avoir été quelque temps debout, s’assit, disant qu’elle se trouvoit un peu mal. Le roi d’Angleterre baisa Madame et toutes les princesses du sang. […]
[p. 340] Dimanche 27, à Versailles. Le Roi et Monseigneur sont allés dire adieu au roi d’Angleterre, qui part demain matin sans faute.
[…]
[p. 344] Jeudi 3 [mars], à Marly. […] La reine d’Angleterre, pour être plus en repos, a réglé que tous les lundis elle recevroit tous ceux qui voudroient venir lui faire leur cour. Les autres jours, elle ne verra que la maison royale. On avoit parlé de la faire venir à Clagny, et même à Versailles, à l’aile neuve ; mais on croit qu’elle aime mieux demeurer à Saint Germain, où elle est plus retirée. […]
Vendredi 4, à Marly. […] Monsieur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, qui est toujours fort triste et assez incommodée. […]
[p. 346] Samedi 5, à Versailles. […] Le roi partit de Marly sur les cinq heures. […] En partant de Marly, il alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre et revint tard à Versailles.
[…]
[p. 349] Jeudi 10, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et y mena madame la princesse de Conty. […]
[p. 350] Vendredi 11, à Versailles. […] Le Roi, après le sermon, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 359] Jeudi 24, à Versailles. Le Roi dîna à son petit couvert et alla à Saint Germain l’après dînée voir la reine d’Angleterre. Il devoit aller à la volerie, mais le vilain temps l’en empêcha. […]
Vendredi 25, à Versailles. […] Monseigneur, après le sermon, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, qui a été malade tous ces jours passés.
[…]
[p. 363] Mercredi 30, à Marly. […] Le Roi joua hier en arrivant, et après son souper, aux portiques. Aujourd’hui, il a joué encore après son dîner et puis, à six heures, il est allé voir la reine d’Angleterre à Saint Germain.
[…]
[p. 367] Mardi 5 [avril], à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf à Saint Germain avec les chiens de M. le duc du Maine. […]
[p. 368] Mercredi 6, à Versailles. […] La reine d’Angleterre alla hier aux religieuses de Chaillot, où elle passera toute la semaine. Le Roi lui a fait meubler un appartement.
[…]
[p. 370] Dimanche 10, jour de Pâques, à Versailles. […] [p. 371] La reine d’Angleterre est sortie ce soir du couvent de Chaillot et est retournée à Saint Germain. Le Roi lui a envoyé proposer de venir demain souper à Marly.
[…]
[p. 373] Jeudi 14, à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint-Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 378] Jeudi 21, à Versailles. […] La reine d’Angleterre est allée coucher aux filles Sainte Marie, à Chaillot. […]
Vendredi 22, à Versailles. […] La reine d’Angleterre alla à Paris, et communia [p. 379] à Notre Dame. L’archevêque la reçut à la porte à la tête du chapitre.
[…]
[p. 381] Mardi 26, à Versailles. Le Roi alla dîner à Marly […]. Après son dîner, il alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, qui est revenue de Chaillot, où elle a passé quelques jours, pendant lesquels elle a été deux fois à Paris.
[…]
[p. 383] Vendredi 29, à Versailles. […] Messeigneurs les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Berry allèrent pour la première fois à Saint Germain voir la reine d’Angleterre et le duc d’York. La reine les vint recevoir à la porte de sa chambre, et leur donna des fauteuils. Chez M. le prince de Galles, on mit quatre fauteuils, et les trois princes étoient au dessus de lui.
[…]
[p. 384] Dimanche 1er mai, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 388] Vendredi 6, à Marly. […] Monsieur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 390] Lundi 9, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre et y mena Mademoiselle et madame de Guise ; les petites filles de France n’y vont point si le Roi, Monseigneur, Monsieur ou Madame n’y vont, parce qu’elles n’ont qu’un siège ployant. Il y a quatre dames de la reine d’Angleterre qu’elle fait asseoir quand il y a quelque princesse ou duchesse françoise : madame Powits, comme duchesse angloise, madame de Montecuculli, qu’on a fait comtesse d’Almont, comme sa dame d’honneur, et mesdames de Sussex et de Waldegrave, comme fille de roi. C’est le Roi notre maître qui leur a donné ce [p. 391] rang là, car elles n’en ont aucun en Angleterre. […]
Mardi 10, à Versailles. Le Roi travailla l’après dînée jusqu’à cinq heures avec M. de Seignelay et puis alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 394] Dimanche 15, à Versailles. […] Monseigneur alla l’après dînée à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. […]
Lundi 16, à Versailles. Le Roi dîna à Marly et [p. 395] l’après dînée il alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. Le prince de Galles vint ici voir madame la Dauphine et messeigneurs ses enfants.
[…]
[p. 399] Lundi 23, à Versailles. Le Roi travailla l’après dînée jusqu’à quatre heures avec M. de Seignelay, et puis alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 407] Lundi 6 [juin], à Versailles. […] Monseigneur a été à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 408] Mercredi 8, à Versailles. […] Le Roi alla dîner à Marly […]. L’après dînée, il alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 412] Mercredi 15, à Versailles. […] Monseigneur suivit le Roi à cheval à la portière de son carrosse, à son [p. 413] retour de Saint Germain où il avoit été voir la reine d’Angleterre.
[…]
Vendredi 17, à Marly. […] [p. 414] La reine d’Angleterre est allée à Chaillot, où elle demeurera jusqu’à dimanche au soir. Demain elle ira dans deux ou trois couvents à Paris, comme elle a accoutumé à tous les petits voyages qu’elle y fait.
[…]
[p. 415] Lundi 20, à Versailles. […] La reine d’Angleterre a fait une petite fête à Saint Germain pour le jour de la naissance de M. le duc d’York, qui a aujourd’hui un an.
[…]
[p. 416] Mercredi 22, à Marly. Le Roi alla sur les quatre heures à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et puis revint ici.
[…]
[p. 417] Vendredi 24, à Marly. […] Monseigneur s’alla promener, le soir, avec madame la princesse de Conty, dans les prairies qui sont au dessous de Saint Germain. […]
[p. 418] Samedi 25, à Versailles. […] Monseigneur, après les portiques, alla à Saint Germain avec madame la princesse de Conty. Ils demeurèrent une heure avec la reine d’Angleterre et puis revinrent ici.
[…]
[p. 424] Mercredi 6 [juillet], à Marly. Le Roi après son dîner alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et puis revint ici. […]
Jeudi 7, à Marly. Le Roi, après son dîner, monta [p. 425] en carrosse pour aller courre le cerf dans la forêt de Marly. Il y avoit donné rendez vous à la reine d’Angleterre. Il la trouva dans la grande route. Elle se mit en calèche avec lui. Ils virent souvent la chasse, qui fut fort belle, et puis le Roi revint ici et la reine retourna à Saint Germain. Monseigneur, Madame et les princesses coururent à cheval.
[…]
[p. 427] Lundi 11, à Versailles. […] La reine d’Angleterre alla à Saint Cyr, où madame de Maintenon la reçut. Il n’y eut de femmes de la cour que madame la comtesse de Grammont.
[…]
[p. 428] Mercredi 13, à Versailles. Le Roi alla à quatre heures à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et puis revint à Marly changer d’habit et revint par son grand parc en tirant. Monseigneur alla aussi à Saint Germain et en repartit avant que le Roi y arrivât.
[…]
[p. 430] Samedi 16, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, qui lui avoit mandé qu’elle souhaitoit venir à Versailles pour lui parler. Le Roi fut assez longtemps avec elle, puis il vint à Trianon, où il passa toute la soirée.
[…]
[p. 437] Vendredi 29, à Versailles. Le Roi alla sur les quatre heures à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. Monseigneur y étoit allé en sortant de table et en repartit quand le Roi y arriva.
[…]
[p. 443] Lundi 8 [août], à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et puis revint à Marly.
[p. 446] Samedi 13, à Versailles. […] Milord Douvre est arrivé, et est allé trouver la reine d’Angleterre à Chaillot.
[…]
[p. 449] Mercredi 17, à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et puis revint à Marly où il se promena longtemps.
[…]
[p. 457] Dimanche 28, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, puis revint à Trianon faire collation avec madame la princesse de Conty.
[p. 460] Mardi 30, à Versailles. Le Roi, après dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 465] Mardi 6 [septembre], à Versailles. Le Roi alla après son dîner à Saint Germain, voir la reine d’Angleterre, et puis revint à Trianon.
[…]
[p. 467] Samedi 10, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et puis revint à Marly.
[…]
[p. 468] Lundi 12, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. […]
[p. 469] Mardi 13, à Versailles. Le Roi, après dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 477] Mardi 27, à Versailles. Le Roi, après dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[tome 3, p. 2] Mardi 4 [octobre], à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain [p. 3] dire adieu à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 13] Lundi 24, à Versailles. Le Roi, Monseigneur et Monsieur allèrent tous trois séparément voir la reine d’Angleterre à Saint Germain.
[…]
[p. 15] Dimanche 30, à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, qui est fort aise de voir qu’on envoie un secours considérable en Irlande. On ne dit point encore quels sont les bataillons qu’on envoie en ce pays là, mais les ordres sont partis pour les faire marcher.
[…]
[p. 17] Jeudi 3 [novembre], à Marly. […] Monseigneur alla courre le loup à Saint Germain.
[…]
[p. 19] Lundi 7, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf à Saint Germain avec les chiens de M. du Maine.
[…]
[p. 20] Mercredi 9, à Versailles. […] Le Roi alla, après son dîner, à Marly. Il y demeura quelque temps à voir planter, puis il alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 24] Samedi 12, à Versailles. […] Le Roi, après don dîner, alla à Marly, où il s’amusa à faire planter. Monseigneur l’y vint trouver après avoir couru le cerf avec les chiens de M. du Maine à Saint Germain.
[…]
[p. 26] Samedi 19, à Versailles. Le Roi revint ici après avoir été à Saint Germain vers la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 29] Samedi 26, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. Monsieur y alla aussi, et y mena Mademoiselle, madame de Guise et madame la grande duchesse. Les princesses n’y vont jamais sans Monsieur ou Madame, parce que la reine d’Angleterre ne leur donne qu’un tabouret.
[…]
[p. 33] Samedi 3 [décembre], à Versailles. […] Monseigneur courut le loup dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 34] Lundi 5, à Versailles. […] M. Porter est arrivé à Saint Germain. Le roi d’Angleterre l’avoit fait partir d’Irlande pour aller de sa part à Rome. Mais le Roi, ayant jugé [p. 35] à propos qu’il y eût à Rome un ministre du roi d’Angleterre, y avoit déjà envoyé milord Melford. Ainsi M. Porter demeurera en France et se tiendra auprès de la reine d’Angleterre. […]
Mardi 6, à Versailles. […] Monseigneur alla l’après dînée à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 38] Mercredi 14, à Marly. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre et arriva à Marly de bonne heure.
[…]
[p. 43] Mercredi 28, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, qui a passé les fêtes à Chaillot.
[…]
[p. 54] Mardi 17 [janvier 1690], à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 55] Jeudi 19, à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Cyr voir représenter Esther. La reine d’Angleterre y vint de Saint Germain. Elle versa en carrosse. Son cocher qui le menoit avoit été cocher de Cromwell.
[…]
[p. 58] Mardi 24, à Versailles. […] Milord Waldegrave est mort à Saint Germain. Il avoit épousé une fille du roi d’Angleterre et de mademoiselle Churchill, et c’est lui que le roi d’Angleterre avoit laissé auprès de la reine sa femme, avec toute sa confiance en ses affaires. […]
Mercredi 25, à Marly. Le Roi, après don dîner, partit de Versailles et alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. Il revint sur les six heures à Marly.
[…]
[p. 62] Samedi 4 [février], à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine. […] La reine d’Angleterre, qui étoit à Chaillot, est revenue à Saint Germain ; mais les eaux sont tellement débordées qu’elle a été contrainte d’aller de Chaillot à Montmartre, de Montmartre à Paris, de Paris passer par Versailles pour aller à Saint Germain.
[…]
[p. 66] Lundi 13, à Versailles. […] Monseigneur alla l’après dînée avec madame la princesse de Conty à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 69] Lundi 20, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf à Saint Germain avec les chiens de M. du Maine.
[…]
[p. 70] Samedi 25, à Versailles. Le Roi fut à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. Monseigneur y alla aussi avec Monsieur, la grande Mademoiselle et madame de Guise.
[…]
[p. 74] Jeudi 9 [mars], à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 76] Samedi 11, à Versailles. Le Roi alla tirer, et puis passa à Marly pour se rhabiller, et de là il fut à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 77] Lundi 13, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 85] Mercredi 29, à Versailles. Le Roi dîna à son petit couvert, alla tirer, puis passa à Marly pour changer d’habit. Et de là, il alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 86] Vendredi 31, à Versailles. […] Monseigneur dîna chez lui avec madame la princesse de Conty, et puis alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre. […]
Samedi 1er avril, à Versailles. Le Roi a dîné à son petit couvert et est allé tirer. Monseigneur a courut le loup dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine.
[…]
[p. 97] Mercredi 12 [avril], à Marly. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et puis vint ici où il se promena longtemps.
[…]
[p. 99] Dimanche 16, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 118] Dimanche 7 [mai], à Versailles. […] Le Roi a été voir la reine d’Angleterre. Monseigneur y a été ensuite et y a mené dans son carrosse M. le duc de Bourgogne ; il y fit monter M. de Beauvilliers. La reine d’Angleterre demanda à Monseigneur s’il ne falloit point donner un fauteuil à M. le duc de Bourgogne et lui en fit donner un. Ensuite Monsieur et Madame vinrent et eurent des fauteuils. M. de Chartres n’eut qu’un pliant. Madame la maréchalle de La Mothe y mena aussi M. le duc d’Anjou et M. le duc de Berry après que Monseigneur en fut sorti.
[…]
[p. 123] Lundi 15, à Versailles. […] Monseigneur alla à Chaillot dire adieu à la reine d’Angleterre, qui y passera la semaine pour y faire son jubilé.
[…]
[p. 237] Vendredi 20 [octobre], à Fontainebleau. M. de Lauzun et M. de La Hoguette ont eu chacun séparément une grande audience du Roi, et puis M. de Lauzun est allé à Saint Germain trouver le roi d’Angleterre.
[…]
[p. 239] Vendredi 27, à Versailles. […] Le duc de Tyrconnel est arrivé à Saint Germain ; le roi d’Angleterre le vouloit amener au Roi, mais le Roi l’a prié d’attendre jusqu’à dimanche, parce qu’il le vouloit entretenir à loisir, et que demain il a beaucoup d’affaires. On a déjà envoyé deux barques en Irlande pour assurer les Irlandois qui demeurent fidèles au roi leur maître que le Roi leur enverra les secours qui leur sont nécessaires.
[…]
[p. 242] Jeudi 2 [novembre], à Marly. […] Monseigneur a couru le cerf à Saint Germain avec les chiens de M. du Maine, et arriva ici un peu après le Roi. Monsieur et Madame vinrent ici de Saint Cloud et passèrent par Saint Germain pour voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 247] Samedi 11, à Versailles. […] Monseigneur donna à dîner à [p. 248] madame la princesse de Conty, et puis alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 249] Mardi 14, à Versailles. […] Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. Le duc de Tyrconnel repart incessamment pour l’Irlande, mais on n’a pas déclaré les officiers qui partent avec lui.
[…]
[p. 250] Jeudi 16, à Versailles. […] Le Roi a longtemps entretenu M. de Tyrconnel ; il avoit couché ici. Le Roi lui fait donner une chambre dans le château quand il couche ici. Le roi d’Angleterre lui donne l’ordre de la Jarretière. Il a la place du duc de Grafton, mort en Irlande dans les troupes du prince d’Orange.
[…]
[p. 253] Mercredi 22, à Marly. […] Monseigneur et Madame coururent le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les chiens de M. du Maine et arrivèrent ici avant le Roi.
[…]
[p. 263] Mercredi 20 [décembre], à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 266] Mercredi 27, à Marly. Le Roi alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, et arriva ici sur les six heures.
[…]
[p. 272] Jeudi 11 [janvier 1691], à Versailles. Le Roi alla voir le roi et la reine d’Angleterre à Saint Germain.
[…]
[p. 274] Vendredi 19, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 280] Jeudi 1er février, à Versailles. […] Le roi d’Angleterre s’est trouvé un peu incommodé et s’est fait saigner à Saint Germain.
[…]
[p. 283] Jeudi 8, à Versailles. Le Roi dîna à son petit couvert et puis alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 284] Samedi 10, à Versailles. […] Monseigneur alla avec les princesses à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 292] Mercredi 28, à Marly. […] Ces jours passés, à Saint Germain, des Anglois, frères du comte de Salisbury, se querellèrent, se battirent et se blessèrent très dangereusement. Après leur combat, ils se raccommodèrent, se demandèrent pardon l’un à l’autre, firent venir un prêtre et abjurèrent la religion protestante, dont ils étaient. Depuis ce temps là, l’aîné, qui avoit dix neuf ans, est mort de sa blessure, et le cadet est encore fort malade, et l’on dit qu’il n’attend que sa guérison pour se mettre à la Trappe.
[…]
[p. 293] Samedi 3, à Versailles. Le Roi alla le matin à la chasse, et revint dîner à Marly. L’après dînée, il alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 296] Mercredi 7, à Versailles. Le Roi, après son dîner à Versailles, alla au sermon et puis vint ici en chassant. Monseigneur y étoit déjà arrivé, après avoir couru le cerf à Saint Germain.
[…]
[p. 299] Mercredi 14, à Versailles. Le Roi, à son lever, déclara qu’il marcheroit samedi pour aller à Mons, qui est investi par M. de Boufflers. […] Le Roi a été cette après dînée dire adieu au roi et à la reine d’Angleterre, qui demeureront à Saint Germain.
[…]
[p. 302] Vendredi 16, à Versailles. Le Roi ne sortit point de tout le jour, ni Monseigneur non plus. Le roi et la reine d’Angleterre vinrent prendre congé d’eux. Le roi d’Angleterre souhaitoit fort d’accompagner le Roi au siège de Mons, et l’a fort pressé là dessus, mais le Roi, à cause des embarras que cela auroit pu faire, l’a prié de vouloir bien demeurer à Saint Germain. La Maison du Roi et tous ses équipages sont partis aujourd’hui ; on ne laissa ici pour la garde des princes qu’un lieutenant aux gardes et quatre vingt soldats des moins en état de marcher. Il reste quatre vingt gardes du corps pour demeurer auprès d’eux et auprès du roi d’Angleterre à Saint Germain.
[…]
[p. 326] Jeudi 19 [avril], à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla voir le roi et la reine d’Angleterre. […]
Vendredi 20, à Versailles. […] Monseigneur voulut aller à Saint Germain voir le roi d’Angleterre, mais il étoit allé à Paris pour voir Monsieur.
[…]
[p. 327] Lundi 23, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf le matin, revint dîner ici, et puis alla à Saint Germain voir LL. MM. BB.
[…]
[p. 333] Samedi 5 [mai], à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Marly et à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 334] Mardi 8, à Versailles. […] Monseigneur alla avec madame la princesse de Conty à Saint Germain pour voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 335] Samedi 12, à Versailles. […] La reine d’Angleterre a choisi pour gouvernante du prince de Galles la comtesse d’Errol, arrivée depuis peu d’Ecosse. Elle est veuve, son mari étoit connétable héréditaire du royaume d’Ecosse.
[…]
[p. 353] Jeudi 28 [juin], à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 359] Samedi 14 [juillet], à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 371] Vendredi 27, à Versailles. Le Roi, après son dîner, alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre, puis s’alla promener à Marly.
[…]
[p. 390] Mardi 28 [août], à Marly. Le Roi, après avoir dîné à Versailles, alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. Il régla avec eux qu’ils viendraient de Saint Germain passer dix jours à Fontainebleau.
[…]
[p. 393] Mercredi 5 [septembre], à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 428] Vendredi 9 [novembre,] à Versailles. […] [p. 429] L’après dînée, le Roi s’amusa à Marly à faire planter jusqu’à la nuit, et puis revint ici avec les dames, qui étoient allées à Saint Germain voir la reine d’Angleterre pendant que le Roi faisoit planter.
[…]
[p. 440] Dimanche 9 [décembre], à Versailles. Le roi d’Angleterre s’en va en Bretagne vers Brest pour se faire voir aux Irlandois qui sont arrivés. Il en formera des régiments selon qu’il jugera à propos. Il partira samedi qui vient, et a prié le Roi que partout où il passeroit, on ne lui rendit aucuns honneurs, afin d’éviter les embarras.
[…]
[p. 441] Jeudi 13, à Versailles. Monseigneur alla à Saint Germain dire adieu au roi d’Angleterre, qui part samedi.
[…]
[p. 442] Samedi 15, à Versailles. Le roi d’Angleterre partit de Saint Germain pour son voyage de Brest. Le Roi lui donne deux relais de carrosse jusqu’à Orléans, où il s’embarquera pour descendre la Loire. Il ne mène avec lui que le duc de Berwick, son fils, et a prié le Roi qu’on ne lui fît aucuns honneurs sur la route.
[…]
[p. 444] Samedi 22, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[tome 4, p. 3] Samedi 5 [janvier 1692], à Versailles. […] Le roi d’Angleterre mande au Roi que, des Irlandois qui ont passé en France, il en a déjà composé sept régiments d’infanterie de quatorze cents hommes, qui feront chacun deux bataillons, et un régiment de cavalerie de six cents chevaux. Il n’a point encore nommé les colonels ; il placera la plupart de ceux qui sont venus, qui sont en très grand nombre, dans son régiment des gardes, qui est un des sept qu’il a composés. Outre cela, il attend encore quatre ou cinq mille hommes qui doivent passer avec Sarsfield.
[…]
[p. 6] Lundi 7, à Versailles. […] La grossesse de la reine d’Angleterre continue ; elle ne sort plus de sa chambre ; elle a senti son enfant remuer. Le roi, son mari, lui a mandé qu’il arriveroit vendredi.
[…]
[p. 8] Vendredi 11, à Versailles. Le roi d’Angleterre revint [p. 9] de son voyage de Bretagne. […]
Samedi 12, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. Il souhaitoit que le Roi fit habiller de rouge tous les régiments irlandois et qu’ils eussent une paye plus forte que les françois, mais cela ne se fera point. Il souhaite aussi que le Roi fasse deux régiments de cavalerie des six cents cavaliers qui ont passé, et le Roi y consent. Il y aura outre cela deux compagnies de ses gardes à cheval et un régiment de dragons à pied. Le roi d’Angleterre compte qu’avec les Irlandois que commande milord Montcassel, et ceux qui viennent de passer avec Sarsfiels, il y aura vingt mille Irlandois dans le service de France.
[…]
[p. 21] Dimanche 10 [février], à Versailles. […] Le Roi a été cette après dînée à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 34] Vendredi 22, à Versailles. Le Roi envoie à Metz les Irlandois des deux compagnies des gardes du roi d’Angleterre et de ses deux régiments de cavalerie ; on y a déjà acheté leurs chevaux. Le roi d’Angleterre a choisi le duc de Berwick, son fils, et Sarsfield, qu’il a fait milord Lucan, pour commander ses deux compagnies des gardes ; et il a donné ses deux régiments de cavalerie, qui seront de trois cents chevaux chacun, à milord Galmoy, Irlandois, et l’autre à Shelton. […]
Samedi 23, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. Monsieur y mena madame la duchesse de Chartres.
[…]
[p. 38] Jeudi 28, à Versailles. […] Monseigneur alla avec madame la princesse de Conty dire adieu au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 44] Vendredi 14 [mars], à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 45] Dimanche 16, à Versailles. […] M. le Dauphin alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. M. le Dauphin a dit au roi d’Angleterre que le Roi comptoit avoir cette année en campagne, en Flandre, cent cinquante six mille hommes.
[…]
[p. 47] Mercredi 19, à Versailles. M. le duc du Maine épousa mademoiselle de Charolois à la messe du Roi. Sur les [p. 48] six heures, on entra dans l’appartement dès que le roi d’Angleterre fut arrivé. […] [p. 49] La reine d’Angleterre n’est point venue à toutes ces cérémonies de mariage parce que sa grossesse l’en a empêché. Elle ne sort pas même de sa chambre. […]
Jeudi 20, à Versailles. […] [p. 50] Milord Dumbarton est mort à Saint Germain. Il étoit premier gentilhomme de la chambre du roi d’Angleterre. Il avoit été général de ses troupes. Il avoit été lieutenant général en France, où il avoit servi longtemps sous le nom de milord Douglas. Il étoit frère du duc d’Hamilton et étoit chevalier de Saint André, qui est l’ordre d’Ecosse, et qui porte le cordon bleu comme les chevaliers de la Jarretière.
[…]
[p. 53] Vendredi 28, à Marly. […] Monseigneur courut le loup dans la forêt de Saint Germain. […]
[p. 54] Samedi 29, à Versailles. Le Roi alla tirer l’après dînée, et puis alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre, et revint ici sur les sept heures. Monseigneur courut encore le loup à Saint Germain et revint ici de bonne heure.
[…]
[p. 55] Lundi 31, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre, et madame la Princesse se servit de cette occasion là pour présenter madame la duchesse du Maine à la reine d’Angleterre. Les Petites Filles de France ni les princesses du sang n’y vont jamais que Monseigneur, Monsieur, ou Madame n’y soient, parce que la reine ne leur fait donner que des tabourets, et qu’ils prétendroient des chaises si Monseigneur, Monsieur ou Madame n’y étoient pas.
[…]
[p. 57] Lundi 7 [avril], à Versailles. Le Roi alla tirer, passa à Marly, où il se promena assez longtemps, et alla ensuite à Saint Germain voir la reine d’Angleterre, qui est assez incommodée. On craint qu’elle ne se soit blessée pour avoir trop longtemps été à genoux.
[…]
[p. 60] Lundi 14, à Versailles. […] Monseigneur alla à saint Germain dire adieu au roi d’Angleterre, qui part au plus tard dans huit jours.
[…]
[p. 61] Mercredi 16, à Versailles. […] On ne doute plus présentement que le roi d’Angleterre ne s’embarque et que le dessein ne soit de faire une descente en Angleterre ; cependant le prince d’Orange demeure tranquillement à Loo à chasser. Le roi d’Angleterre aura deux lieutenants généraux et trois maréchaux de camp dans ses troupes ; les lieutenants généraux sont Richard Hamilton, qui doit incessamment revenir d’Angleterre, où il étoit prisonnier, et milord Lucan, celui qui a amené les quatre mille Irlandois en ce pays ici. Les trois maréchaux de camps sont milord Galmoy, Shelton et Wacop.
[…]
[p. 62] Samedi 19, à Versailles. Le Roi a commandé à M. de Montchevreuil de demeurer, durant le voyage qu’on va faire, auprès de la reine d’Angleterre, qui sera bien seule quand le roi son mari sera parti ; la plupart des Anglois le suivent. Madame de Montchevreuil demeurera avec son mari. Le Roi est bien aise, durant son absence, d’avoir des gens de confiance auprès de la reine d’Angleterre. Sa grossesse va toujours bien ; elle n’a point été blessée, comme on l’avoit craint. […]
Dimanche 20, à Versailles. Le roi alla à Saint Germain dire adieu au roi d’Angleterre. […] Le roi d’Angleterre a fait trois chevaliers de la Jarretière : le prince de Galles, le duc de Powis, et milord Melford, qui étoit déjà chevalier de l’ordre de Saint André d’Ecosse. Le prince d’Orange, de son côté, fait des chevaliers, et a donné l’ordre à l’électeur de Bavière. […]
Lundi 21, à Versailles. Le roi d’Angleterre est parti de Saint Germain pour s’en aller en Normandie voir les Irlandois qui sont dans l’armée du maréchal de Bellefonds.
[…]
[p. 63] Jeudi 24, à Marly. […] [p. 64] Les Anglois qui étoient demeurés à Saint Germain après le roi d’Angleterre sont venus ici prendre congé du Roi et se préparent tous à aller s’embarquer avec le roi leur maître.
[…]
[p. 66] Mercredi 30, à Marly. Le Roi alla à Saint Germain avec la reine d’Angleterre, et arriva ici sur les six heures.
[…]
[p. 67] Vendredi 2 [mai], à Marly. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 72] Mercredi 7, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain avec madame la princesse de Conty dire adieu à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 84] Mardi 27, au camp devant Namur. […] La reine douairière d’Angleterre, en allant de Pontoise à Saint Denis, passa par dessus certaines formalités et alla à Saint Germain voir la reine sa belle sœur, avec qui elle fut deux heures. On avoit envoyé le prince de Galles sur son chemin au devant d’elle.
[…]
[p. 116] Mercredi 25 juin, devant le château de Namurs. […] [p. 117] L’armée qui étoit en Normandie est séparée. Le roi d’Angleterre est retourné à Saint Germain.
[…]
[p. 122] Mardi 1er juillet, devant le château de Namurs. […] On a eu nouvelles de Saint Germain que la reine d’Angleterre étoit accouchée d’une fille.
[…]
[p. 130] Vendredi 18, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. […]
Samedi 19, à Versailles. […] Monseigneur alla avec beaucoup de princesses à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 137] Mardi 5 [août], à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 143] Dimanche 10, à Marly. […] [p. 146] Monseigneur le Dauphin [p. 147] alla l’après dînée à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre, qui lui dirent que milord Montjoy a été tué [p. 148] au combat d’Enghien. C’est lui qui étoit à la Bastille et qui fut échangé il y a quelques mois contre Hamilton.
[…]
[p. 157] Samedi 23, à Versailles. Le Roi, Monseigneur, Monsieur, Madame, les princesses et toutes les dames allèrent à Saint Germain, où se fit la cérémonie du baptême de la petite princesse d’Angleterre, que le Roi et Madame tinrent sur les fonts. Elle fut nommée Louise-Marie.
[…]
[p. 168] Samedi 13 [septembre], à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf le matin à Marly et l’après dînée alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 178] Lundi 6 [octobre], à Fontainebleau. […] [p. 179] Les armateurs en Bretagne ont tant fait de prises depuis la déclaration de la guerre qu’on croit que M. de Chaulnes a eu pour sa part huit ou neuf cents mille francs. Il a le dixième, ayant les droits d’amirauté qui sont attachés au gouvernement de sa province. Quelques armateurs de Saint Malo ont pris des commissions du roi d’Angleterre et portent sa bannière. Par là, ce sera le roi d’Angleterre qui profitera de ce qui seroit revenu à M. de Chaulnes des prises qu’ils feront, et le Roi a permis aux armateurs d’en user ainsi.
Mardi 7, à Fontainebleau. Le roi et la reine d’Angleterre partirent de Saint Germain et arrivèrent ici ; ils ont amené plus de dames et une plus grosse Cour que l’année passée. Ils logent dans le grand appartement et on leur fait tous les mêmes traitements que les autres voyages. Le Roi mange toujours en public avec eux et toutes les princesses y mangent aussi. La reine est placée au milieu des deux rois. Le roi d’Angleterre a la droite partout. On jouera au lansquenet le jour d’appartement parce que la reine aime ce jeu là.
[…]
[p. 195] Jeudi 6 [novembre], à Marly. […] Monseigneur est allé courre le loup dans la forêt de Saint Germain, mais il n’en trouva point et il revint dîner ici.
[…]
[p. 197] Mardi 11, à Versailles. Monseigneur alla sur les dix heures du matin voir une course de chevaux qui se faisoit au Pecq ; le roi et la reine d’Angleterre y étoient. La course fut fort belle et le cheval du grand prieur gagna de deux longueurs de cheval. Le Roi alla, l’après dînée, à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 205] Mercredi 3 [décembre], à Marly. […] Monseigneur alla à Saint Germain avec la princesse de Conty voir le roi et la reine d’Angleterre, et puis vint ici.
[…]
[p. 221] Lundi 12 [janvier 1693], à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 228] Vendredi 30, à Versailles. […] Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint Germain avec les [p. 229] chiens du duc du Maine. Daunai, premier écuyer de M. le duc du Maine, fit une chute dont il est en grand danger.
[…]
[p. 235] Vendredi 13 [février], à Marly. Le Roi alla l’après dînée voler dans la plaine de Vésinet. Les princesses étoient à cheval, le roi et la reine d’Angleterre étoient à la volerie, et le prince de Danemark étoit allé à Saint Germain prendre congé de LL. MM. BB. et s’y trouva aussi, et le Roi lui fit donner des chevaux pour avoir le plaisir de la chasse.
[…]
[p. 250] Mercredi 25 [mars], à Versailles. […] La reine d’Angleterre, qui étoit assez malade ces jours ci, se porte considérablement mieux. […]
[p. 251] Jeudi 26, à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. […]
Vendredi 27 mars, à Versailles. […] [p. 252] Le Roi alla l’après dînée à Marly et à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. La reine se porte beaucoup mieux.
[…]
[p. 256] Jeudi 16 [avril], à Versailles. Le Roi donna, le matin, une longue audience dans son cabinet à milord Middleton, qui s’est sauvé d’Angleterre. Il a passé en Hollande déguisé et de là est venu ici sans être reconnu. Il étoit secrétaire d’Etat sous le feu roi d’Angleterre et, sous celui-ci, il étoit relégué chez lui dans la contrée depuis que le prince d’Orange est maître du pays.
[…]
[p. 271] Jeudi 23, à Marly. Le Roi se promena le matin dans ses jardins et alla l’après dînée voir à Saint Germain le roi et la reine d’Angleterre. […] Le roi d’Angleterre a fait milord Middleton son premier ministre et chef de son conseil. Il sera devant milord Melford, qu’il n’a point fait de difficulté de lui céder. Les Anglois ont beaucoup de confiance en milord Middleton ; il a toujours passé pour homme de beaucoup d’esprit et de beaucoup de probité. Il assure que le prince d’Orange a laissé vingt cinq mille hommes de ses meilleures troupes en Angleterre.
[…]
[p. 286] Jeudi 14, à Versailles. Le Roi et Monseigneur se promenèrent dans les jardins ; Monseigneur avoit été à Saint Germain, l’après dînée, dire adieu au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 288] Samedi 16, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain dire adieu au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 315] Mardi 30 [juin], à Versailles. […] Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 344] Jeudi 20 [août], à Versailles. […] Le roi d’Angleterre a donné la charge de capitaine de ses gardes à milord Lancarty, qui fut pris en Irlande et qui est encore prisonnier en Angleterre ; c’est la charge qu’avoit milord Lucan.
[…]
[p. 358] Dimanche 13 [septembre], à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 359] Mardi 15, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 383] Samedi 24 [octobre], à Versailles. […] Le roi d’Angleterre a donné au chevalier Scott le régiment d’infanterie de la reine sa femme, que commandoit Wacop, tué à la Marsaglia. Le chevalier Scott est un vieil officier qui a longtemps servi en France et c’est lui qui, en Irlande, défendit Kinsale contre le prince d’Orange.
[…]
[p. 385] Mercredi 28, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 386] Vendredi 30, à Versailles. […] Monseigneur alla avec madame la princesse de Conty à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 397] Mardi 17 [novembre], à Versailles. […] Le roi d’Angleterre a donné les deux régiments de dragons qui vaquoient dans ses troupes, le sien et celui de la reine, l’un à milord Kilmaluc et l’autre à milord O’Brien. Kilmaluc étoit lieutenant colonel du régiment de ses gardes, et O’Brien étoit lieutenant d’une compagnie des gardes du corps. O’Brien est devenu milord par la mort de son frère aîné, mort de maladie depuis quinze jours, qui étoit colonel d’un des trois régiments irlandois dont le Roi dispose sans que le roi d’Angleterre s’en mêle, et Sa Majesté a donné ce régiment à un ancien lieutenant colonel irlandois nommé Lee.
[…]
[p. 402] Jeudi 26, à Versailles. Le Roi alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 409] Jeudi 10 [décembre], à Versailles. […] Monseigneur alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 412] Vendredi 18, à Marly. […] Monseigneur courut le loup dans la forêt de Saint Germain.
[…]
[p. 439] Samedi 16 [janvier 1694], à Versailles. […] Monseigneur alla de Marly à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 459] Vendredi 5 [mars], à Versailles. […] Monseigneur alla courre le cerf à Saint Germain avec les chiens de M. le duc du Maine, qui lui donna à dîner au retour de la chasse, dans sa maison de Saint Germain.
[…]
[p. 484] Jeudi 29 [avril], à Trianon. On a vu le Roi ce matin à son lever et à sa messe, comme à Versailles. Il a tenu conseil ce matin à son ordinaire, et après dîner il a été à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[tome 5, p. 17] Jeudi 27 [mai], à Versailles. Le roi d’Angleterre a ôté à milord Milford la place de premier ministre qu’il avoit auprès de lui avec son entière confiance. Il y avoit à Saint Germain une cabale fort opposée à lui et, outre cela, tous les serviteurs que le roi d’Angleterre conserve en ce pays là accusoient ce milord de ne pas être assez fidèle à son maître. On croit que le milord Greffin, nouvellement arrivé de Londres, a achevé de déterminer S. M. B. à ce changement dans son conseil.
[…]
[p. 20] Mercredi 2 [juin], à Marly. […] L’après dînée, Sa Majesté alla à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre. On croit que LL. MM. BB. récompenseront milord Milford de quelque nouveau titre. Quoiqu’ils lui ôtent la place de leur premier ministre, ils ne laissent pas de paraître content de lui. On ne doute pas que sa place ne soit donnée à milord Middleton.
[…]
[p. 33] Jeudi 24, à Trianon. […] Hier, le Roi alla à Saint Germain avec les dames voir le roi et la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 44] Mercredi 14 [juillet], voyage de Marly. Le Roi partit l’après dînée de Trianon, alla voir le roi et la reine d’Angleterre à Saint Germain, et arriva ici de bonne heure.
[…]
[p. 45] Vendredi 16, à Marly. Le Roi se promena tout le matin dans ses jardins ; après dîner, il alla tirer à Saint Germain d’où il ne revint qu’à neuf heures.
[…]
[p. 47] Mercredi 21, à Marly. […] [p. 48] Le Roi alla à Saint Germain avec les dames. Il les laissa aller faire leur cour à la reine d’Angleterre et il monta dans sa calèche pour aller tirer au bout de la forêt. En revenant de la chasse, il reprit les dames au château neuf chez madame de Montchevreuil.
[…]
[p. 72] Vendredi 3 [septembre], à Marly. […] Le Roi a ordonné beaucoup de routes nouvelles dans la forêt de Saint Germain, où il veut pouvoir courre le cerf en calèche comme dans la forêt de Marly.
[…]
[p. 102] Vendredi 5 [novembre], à Marly. Le Roi alla courre le cerf dans la forêt de Saint Germain, où il a fait force routes nouvelles. Madame vint de Paris à la chasse.
[…]
[p. 116] Mardi 7 [décembre], à Versailles. […] Il y a eu une batterie à Saint Germain entre des Anglois, gens de condition, et des enfants de quelques [p. 117] officiers du Roi ; deux Anglois ont été blessés à mort ; un de ceux là étoit gouverneur du château de Basse, à l’embouchure du Leith en Ecosse, qui est la dernière place qui ait tenu pour le roi d’Angleterre, et l’autre

Courcillon, Philippe (de)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires du marquis de Sourches

« [tome 1, p. 48] 12 novembre 1681. Voilà dans quel état se trouvoient les affaires de France quand le Roi, songeant à venir se délasser à Saint Germain en Laye des fatigues de son voyage, partit de Soissons et, ayant diné à Verte Feuillée, vint coucher à Villers Cotterets […].
[p. 50] [13-14 novembre 1681] De Villers Cotterets, le Roi vint diner à Nanteuil, gros château qui appartient à la maison d’Estrées, et de là coucher à Dammartin, d’où il partit le lendemain de bonne heure pour venir diner au Bourget et se rendre à Saint Germain sans passer dans Paris, ce qu’il executa heureusement.
La premiere scene qui parut apres son retour à Saint Germain fut la reconnaissance des deux enfants qu’il avoit de madame de Montespan qui n’etoient pas encore connus. Le garçon se nomma M. le comte de Toulouse, la fille porta le nom de mademoiselle de Blois. […]
[p. 55] [novembre-décembre 1681] La cour étant à Saint Germain, où elle devoit passer l’hiver, commençoit à voir des comedies et des divertissements melés de musique. Mais l’inquietude qu’on eut d’une indisposition de madame la Dauphine, qui faisoit appréhender pour sa grossesse, suspendit les plaisirs des courtisans pour quelques jours, au bout desquels, la grosses de madame la Dauphine se confirmant, ils recommencerent à nouveau, et monseigneur le Dauphin, pour complaire à madame la princesse de Conti, qui aimoit la danse [p. 56] passionnément et qui y reussissoit au dessus de toutes les personnes de son siecle, dansa plusieurs entrees avec elle, et d’autres hommes et dames de la cour, dans les entr’actes des comédies de Pourceaugnac et de Jourdain.
[…]
[p. 65] 1er janvier 1682. Le premier jour de l’année 1682, le Roi fit monseigneur le Dauphin chevalier de l’ordre du Saint Esprit, avec les ceremonies accoutumées. Sa Majesté, comme grand maitre de l’ordre, assembla, selon les statuts, le chapitre dans [p. 66] son cabinet, et proposa le nouveau chevalier, qu’on n’eut point de peine à recevoir. Le Roi, ni les chevaliers, n’etoient point dans leur grand habit de ceremonie, mais seulement en habit de ville, c’est à dire en manteau noir, et les prelats en rochet et camail ; pour Monseigneur, comme c’étoit pour lui que la cérémonie se faisoit, il avoit son habit de novice. Son capot de velours noir étoit chamarré de toutes les pierreries de la Couronne, hormis d’un diamant qui se nommoit le grand Sancy ; il en avoit aussi une magnifique enseigne au retroussis de sa toque de velours. La messe fut chantée par M. l’archevêque d’Auch, commandeur de l’ordre, en présence de tous les commandeurs et chevaliers qui se trouvoient à la cour et qui purent marcher, et des grands et petits officiers de l’ordre. Les grands étoient : M. le cardinal de Bouillon, grand aumonier de l’ordre ; M. de Louvois, chancelier ; M. le president de Mesmes, prevot ou maitre des ceremonies de l’ordre ; M. de Seignelay, tresorier ; et M. de Chateauneuf, greffier ou secretaire.
Après que Monseigneur eut eté fait chevalier et qu’il en eut [p. 67] preté le serment entre les mains du Roi à la fin de la messe, il revint avec Sa Majesté, en ceremonie, comme il etoit venu, jusques à la chambre du Roi, hormis que, au lieu de son capot de velours noir chamarré de pierreries, il etoit revetu de son grand manteau de l’ordre, qu’il avoit bien de la peine à porter.
[…]
[p. 67] Janvier 1682. Cependant la cour commençait à voir les representations de [p. 68] l’opera d’Atys, dont les vers etoient de la composition de Quinault et la musique de celle de Lulli. Monseigneur le Dauphin y dansoit deux entrées avec madame la princesse de Conti ; mais cette princesse, qui en faisoit tout l’ornement, tomba malade d’une fievre continue, avec des redoublements, qui lui dura trois semaines, ce qui n’empecha pas qu’on continuat à representer l’opera, quoiqu’avec de moindres acclamations.
Peu de jours apres arriverent les ambassadeurs du roi du Maroc : ils etoient deux ambassadeurs, suivis seulement de six ou sept autres personnes. Le premier ambassadeur, qui etoit gouverneur de la province de Tetonan, etoit un homme de quarante cinq ans ; il avoit une belle physionomie et une grande barbe grise, un peu plus arrondie que n’est celle d’un capuçin. Il etoit de la race de ces Morisques qui furent chassés d’Espagne sous le regne de Philippe II, et se vantoit d’etre de la maison des fameux Abencerages. L’autre etoit gouverneur de Salé : il avoit une mine sombre et desagreable, et passoit pour un saint parmi les siens, qui disoient meme qu’il faisoit des miracles. Leurs habits n’etoient point magnifiques, n’y ayant ni or ni soir, parce que les peuples de Maroc sont les plus reformés de tous les mahometans et qu’il ne leur est permis de porter aucune etoffe de soie ni aucune chose qui soit d’or. Quand ces ambassadeurs vinrent à l’audience, les compagnies des regiments des gardes suisses et françoises n’etoient pas sous les armes, mais les armes etoient arrangées dans la cour, et les soldats se promenoient [p. 69] derriere ; les gardes de la porte etoient en haie, sans armes ; les gardes de la prevoté etoient en haie dans la cour, sans mettre leurs mousquetons à l’epaule ; les Cent Suisses etoient rangés le long du degré, sans hallebardes ; et les gardes du corps etoient sans armes en haie dans leur salle.
Le Roi reçut les ambassadeurs assis et couvert dans sa chambre, où la Reine, madame la Dauphine et Madame, suivies de toutes les dames de la cour, etoient incognito. Le premier des ambassadeurs fit en sa langue une tres courte harangue au Roi, à laquelle Sa Majesté ne repondit que par des demonstrations d’honneteté, ensuite desquelles l’ambassadeur lui presenta une lettre de la part du roi, son maitre. Ensuite les ambassadeurs s’en retournerent de la meme manière qu’ils etoient venus.
Le lendemain, on leur fit voir l’opera, dont le spectacle les surprit agreablement.
Ils proposoient une ligue offensive et defensive avec la France et ne parloient que d’entrer avec deux cent mille hommes en Espagne. On leur fit dire de traiter avec M. de Seignelay à son retour de Dunkerque, où il etoit allé voir en quel etat etoit le port, qu’on avoit extremement accomodé depuis peu. Ils avoient amené avec eux des animaux de leur pays pour en faire present au Roi, qui etoient des lions, des autruches, et entre autres une tigresse privée que tout le monde alloit voir par rareté. […]
[p. 71] Ce fut à peu près dans les mêmes jours que, monseigneur le Dauphin etant allé chasser un loup sur l’Otie, cet animal se fit chasser si longtemps et s’en alla si loin, quoiqu’on eut tiré plusieurs coups sur lui dont il etoit blessé, qu’une heure avant la nuit Monseigneur se trouva à Gisors, qui est à douze lieues de Saint Germain. Il prit donc la resolution de quitter la chasse et de s’en revenir ; mais comme son cheval etoit rendu, il prit un cheval de poste à Magny, sur lequel il arriva à Saint Germain à dix heures du soir, suivi seulement du comte de Brionne, du comte de Marsan, de Chamarande, de deux officiers de ses gardes et d’un de ses ecuyers, lesquels portoient tour à tour un flambeau devant lui ; mais comme il s’eteignit, parce qu’il pleuvoit et qu’il faisoit un vent epouvantable, ils furent obligés de se servir d’une lanterne pendant quatre lieues. M. le prince de La Roche sur Yon et M. le duc de Vendome, qui s’opiniatrerent à suivre la chasse, furent contraints [p. 72] de faire rompre les chiens à la nuit sans avoir pris le loup, se coucherent dans un village, sans avoir un seul valet avec eux, et ne revinrent à Saint Germain que le jour suivant, sur les dix heures du matin.
[…]
[p. 77] [février 1682] Les ambassadeurs du roi du Maroc ayant traité avec M. de Seignelay et ayant signé une paix pour six années, vinrent prendre leur audience de congé au Roi, en la meme manière qu’ils avoient eu leur premiere audience, et ce fut alors qu’ils amenerent leurs presents et qu’on vit leur tigresse privee dans [p. 78] la chambre de la Reine au milieu de toutes les dames de la cour.
Peu de jours apres, les deputés du clergé en corps vinrent remercier le Roi de la bonté qu’il avoit eue d’accorder à l’Eglise de France, au sujet de la regale, plus qu’elle n’avoit osé esperer. Ce fut M. l’archeveque de Paris, president de l’assemblée, qui se tenoit dans cette capitale du royaume, lequel porta la parole et fit au roi une harangue digne de son savoir et de sa reputation.
La grossesse de madame la Dauphine continuoit toujours, au grand contentement de toute la France, et le Roi, qui devoit quitter Saint Germain au deuxieme de mars pour s’aller etablir à son chateau de Versailles, avoit changé de resolution et pris le parti de n’aller à Versailles qu’apres Pâques. On croyoit meme qu’il iroit auparavant passer un mois à Saint Cloud dans la maison de Monsieur, son frere unique, comme il l’avoit fait l’année derniere.
[…]
[p. 99] 20 avril 1682. Le 20e d’avril, le Roi quitta Saint Germain, dont les batiments qu’il y faisoit [1 : Il y faisoit faire cinq pavillons en saillie, au vieux chateau bati par François Ier, pour agrandir les appartements.] commençoient de rendre le sejour incommode, et vint s’etablir à Saint Cloud, dans la belle maison de Monsieur, son frere unique, avec dessein d’y rester jusqu’à ce que tous les appartements de Versailles fussent en etat d’etre habités. Madame la Dauphine se fit apporter en chaise à Saint Cloud, de peur que le mouvement du carrosse ne fit tort à sa grossesse.
[…]
[p. 172] 21 janvier 1685. Le bruit couroit en ce temps là que le Roi iroit passer le careme à Saint Germain, au lieu de faire le voyage de Compiegne, parce qu’il avoit eu dessein d’aller de Compiegne à Luxembourg et que Vauban lui avoit assuré depuis peu que cette place ne pouvoit pas etre de longtemps en etat de lui donner du plaisir à la voir ; mais cette nouvelle paroissoit encore peu certaine.
[…]
[p. 249] 6 juin 1685. M. l’archeveque de Paris vint, à la tete du clergé de France, dont les deputés etoient assemblés depuis trois jours à Saint Germain en Laye, selon la coutume, et il fit au Roi une tres belle harangue, apres laquelle il alla en faire autant chez Monseigneur et chez madame la Dauphine.
[…]
[p. 300] 29 août 1685. Cette mort fut suivie, de bien près, de celle de M. le duc du Lude, grand maître de l’artillerie de France, chevalier des ordres du Roi et capitaine de Saint Germain en Laye. Il laissoit une grosse depouille à la nomination du Roi. Mais elle servit, des le [p. 301] meme jour, à faire voir combien il etoit avantageux d’avoir la protection de madame de Maintenon, car le Roi donna au marquis de Montchevreuil la capitainerie de Saint Germain, et comme il y avoit un brevet de cent mille livres affecté dessus, il le transferra sur la charge de grand maitre. Il lui donna aussi les coches du Pecq, que le feu duc du Lude avoit obtenus pour en jouir pendant sa vie, et qui pouvoient valoir quatre mille livres de rente. Il paya toutes ses dettes, qui pouvoient monter à cinquante mille ecus. Il donna douze mille livres de pension à son fils, avec la survivance de la capitainerie de Saint Germain ; et deux jours apres, il lui fit epouser mademoiselle de La Marseliere, fille du feu marquis de Combourg de Coetquin, laquelle devoit avoir plus de sept cent mille livres de bien.
[…]
[p. 349] 2 janvier 1686. Le deuxième de janvier, il arriva une affaire qui fut pendant quelques jours l’entretien des courtisans.
Il y avoit à Saint Germain en Laye un curé nommé Cagnyé, natif du lieu meme, et frere d’un controleur de la maison du Roi. Cet homme avoit de tres bonnes qualités, et entre autres il faisoit de grandes aumones dans sa paroisse. Cela lui avoit attiré l’amitié de la defunte reine Marie Therese d’Autriche, à la priere de laquelle le Roi lui avoit nommé une petite abbaye nommée Royalpré ; mais comme il n’en put obtenir les bulles du Pape, parce qu’elle devoit etre possedée par un religieux, il la remit entre les mains du Roi, qui tira des mains d’un nommé Sauleus [p. 350] Sibourg (Silbour de Soleux) le prieuré de Saint Germain en Laye, qui valoit quatre à cinq mille livres de rente, moyennant des pensions qu’il lui donna sur d’autres benefices, et le donna au curé.
Quand il fut en possession, comme ce benefice avoit de fort beaux droits, il les soutint peut etre avec un peu trop de vigueur, et meme il plaida contre le Roi pour la seigneurie de la meilleure partie de Saint Germain en Laye, et contre les marguilliers de la paroisse, pretendant etre seigneur spirituel et temporel de l’eglise.
Les plaintes, qui en furent portées au Roi par un d’entre eux, nommé Antoine, qui avoit eté garçon de sa chambre et etoit alors son porte arquebuse, et les autres qui lui furent faites par plusieurs de ses officiers, obligerent Sa Majesté de renvoyer tous ces differends au jugement de M. l’archeveque de Paris. Mais comme il trouva beaucoup de difficultés à les terminer, le Roi trouva un expedient, pour n’en entendre plus parler de sa vie, qui fut de tirer du curé la demission de sa cure et de son prieuré, moyennant deux abbayes qu’il lui donna, lesquelles valoient douze mille livres de rente.
Le Roi, en faisant cela, avoit le dessein de dedommager l’abbé de Coulombs, qui etoit presentateur du prieuré et de la cure de Saint Germain, et s’attribuer la presentation à la cure et du prieuré avec tels droits qu’il jugeroit à propos ; ce qu’il pouvoit aisement faire dans toutes les regles prescrites par les canons.
La chose etant en cet etat, les habitans de Saint Germain apprirent que leur curé les alloit quitter, et comme ils lui etoient fort affectionnés, ils en furent touchés sensiblement.
Le vicaire, qui se nommoit de La Vertu, voyant, le premier jour de l’an, la plupart des habitants assemblés dans l’eglise pour entendre le sermon, monta en chaire un moment avant le predicateur ; et, leur ayant exposé la grandeur de la perte qu’ils alloient faire en perdant leur curé, il leur assura que le Roi n’avoit pris la resolution de le leur oter que par les mauvais offices que des gens malintentionnés lui avoient rendus aupres de Sa Majesté, les conviant d’aller à Versailles les supplier de vouloir leur rendre leur pasteur.
[p. 351] Apres cette harangue, il s’emut un assez grand bruit dans l’assemblée, lequel ayant fait croire à la femme et aux enfants d’Antoine qu’ils n’y etoient pas en securité, ils se retirerent precipitamment de l’eglise.
Cependant, le bruit s’apaisa ; le predicateur monta en chaire, et tout le monde l’ecouta paisiblement. Mais, apres le sermon, le vicaire de La Vertu y remonta et dit au peuple que, quelque chose qui lui en put arriver, il ne l’abandonneroit point ; qu’il iroit, à sa tete, parler au Roi à Versailles et lui redemander son curé, et qu’au reste il protestoit qu’il faistoit tout cela de son propre mouvement et sans que le curé en eut parlé.
Dès le soir meme, M. de Montchevreuil, capitaine de Saint Germain, en fut averti et en rendit compte au Roi, lui assurant meme qu’il avoit des avis certains que ces habitants, mal conseillés, devoient venir en foule le lendemain l’importuner. Mais, comme il etoit tard, le Roi ne lui ordonna que d’y aller le lendemain pour y mettre ordre.
Il le fit effectivement et, y etant arrivé devant le jour, à peine y eut il eté quelques moments qu’il entendit sonner le tocsin pour l’assemblée des paroissiens. Il courut en meme temps à l’eglise et, etant venu au pied du clocher, il y trouva un pretre qui lui nia fortement que l’on sonnat par son ordre ; mais, ayant frappé inutilement à la porte du clocher, qui etoit fermée, il la fit enfoncer et monta en haut, où il arreta deux hommes qui sonnoient. Ces miserables lui dirent qu’ils le faisoient par l’ordre du pretre qu’il avoit trouvé au pied du clocher. C’est pourquoi, etant descendu et l’y ayant encore trouvé, il l’arreta et le fit conduire avec les deux sonneurs à la prison.
Cela n’empecha pas les habitants de s’assembler, et ils vinrent le meme jour à Versailles, au nombre de six à sept cents, ayant à leur tete leur vicaire et huit autres pretres. Le Roi, les ayant vus dans sa cour, envoya querir le grand prevot pour les faire arreter ; mais, s’etant trouvé incommodé et ayant envoyé un de ses lieutenants prendre l’ordre du Roi, Sa Majesté lui commanda d’en faire arreter une trentaine des plus considerables, ce qu’il executa facilement, sur le pretexte que le Roi lui avoit ordonné d’entendre leurs raisons ; et ils se battoient à qui entreroit chez lui, par preference, pour se faire arreter.
Les huit pretres furent arretés comme les autres ; mais le [p. 352] vicaire de La Vertu ne s’y trouva pas. Cependant, étant allé le lendemain à Paris chez M. l’archeveque pour se justifier, il le fit mettre à l’officialité, où le Roi envoya aussi, deux jours apres, les autres neuf pretres qui etoient arretés. En meme temps, le Roi ordonna au prevot de Saint Germain d’informer contre ceux qui avoient formenté cette sedition, resolu de les chatier, et particulierement ceux qui se trouveroient etre officiers de sa maison ; et il decreta contre deux seulement, le Roi ayant bien voulu faire mettre les autres en liberté apres deux jours de prison.
[…]
[tome 3, p. 4] 3 janvier 1689. On sut, en ce temps là, que le Roi avoit trouvé à propos de choisir son chateau de Saint Germain en Laye pour le sejour de la reine d’Angleterre, au lieu de celui de Vincennes, qu’il lui avoit destiné d’abord, quand il sut son arrivée en France.
[…]
[p. 6] 6 janvier 1689. Le 6, la reine d’Angleterre arriva à Saint Germain avec le prince de Galles, son fils ; le Roi alla au devant d’elle jusqu’aupres de Chatou, suivi d’un grand cortege de carrosses pleins de courtisans. Quand les carrosses de la reine commencerent à paraitre, le Roi descendit du sien avec Monseigneur et Monsieur, qui l’accompagnoient, et, ayant fait arrêter le premier carrosse, dans lequel etoit le prince de Galles, il embrassa plusieurs fois ce jeune prince avec beaucoup de temoignages de tendresse. Cependant, la reine d’Angleterre, ayant eté avertie que le Roi avoit mis pied à terre, descendit aussi de son carrosse, et ils marcherent au devant l’un de l’autre avec empressement.
Le Roi la salua, aussi bien que Monseigneur et Monsieur, que le Roi lui presenta, et, apres beaucoup de marques d’amitié de part et d’autre, le Roi remit la reine dans son carrosse, dans lequel il se plaça à sa gauche, malgré toute la resistance qu’elle y fit ; Monseigneur et Monsieur se mirent dans le devant du [p. 7] carrosse, et madame de Montecuculli, dame d’honneur de la reine, avec madame Powits, gouvernante du prince de Galles, dans les deux portieres. Les carrosses arriverent en cet ordre à Saint Germain, où le Roi conduisit la reine dans l’appartement qu’il lui avoit destiné, qui etoit l’appartement de la defunte Reine, sa femme, mais augmenté de beaucoup par les batiments neufs qu’il y avoit faits. Apres quelques moments de conversation, le Roi dit à la reine qu’il vouloit aller voir le prince de Galles, et, cette princesse lui ayant offert de l’y suivre, il lui donna la main et la conduisit à l’appartement du jeune prince, où, entre autres choses, elle lui dit qu’en passant la mer elle se disoit en elle-même qu’il etoit bien heureux d’etre trop jeune pour connoitre son malheur ; mais que presentement elle le trouvoit bien malheureux de n’etre pas en etat de connoitre tutes les bontés qu’il lui temoignoit. Le Roi, n’ayant oublié aucune des honnetetés qu’il pouvoit temoigner à la reine d’Angleterre, et ne doutant pas qu’elle n’eut besoin de se reposer des fatigues du voyage, prit congé d’elle et s’en revint à Versailles, d’où il luy envoya une magnifique toilette, accompagnée de six mille louis d’or qui lui etoient bien necessaires, vu le denument où elle se trouvoit de toutes choses.
Le 7, le Roi, sachant que le roi d’Angleterre devoit arriver ce jour là à Saint Germain, parce qu’il avoit pris la poste en chaise roulante, il partit aussitot apres son diner pour l’aller attendre chez la reine d’Angleterre ; il la trouva dans son lit, qui se reposoit de la fatigue du voyage, et il s’assit à sa ruelle dans un fauteuil unique qu’on y avoit mis ; pour Monseigneur et Monsieur, qu’il avoit menés avec lui, ils se tinrent debout. Ensuite, le Roi ordonna à M. le duc de Beauvilliers d’aller se mettre en quelque endroit où il put voir arriver le roi d’Angleterre, afin de le venir avertir aussitot qu’il paroitroit. Quelques temps apres, M. de Beauvilliers vint l’avertit que le roi d’Angleterre venoit d’entrer dans la cour ; en meme temps, il se leva et, faisant une reverence à la reine d’Angleterre, il marcha au devant [p. 8] du roi, son epoux, jusqu’à la porte de la salle des gardes, qui donne sur le degré, où il l’attendit environné de toute sa cour. Le roi d’Angleterre ayant monté le degré et ayant aperçu le Roi, ils coururent tous deux d’un meme temps s’embrasser, ce qu’ils firent tres longuement et avec de grandes marques de tendresse. Le Roi dit au roi d’Angleterre : « Monsieur mon frere, que j’ai de joie de vous voir ici ! Je ne me sens pas de joie de vous voir en sureté. » Le roi d’Angleterre lui repondit par un discours moins suivi et plus entrecoupé. Apres cela, le Roi lui dit qu’il vouloit le conduire chez la reine, son epouse, et, passant à toutes les portes devant lui, il le mena effectivement chez la reine et voulut absolument qu’il la saluat dans son lit en sa presence. Les deux rois demeurerent quelque temps debout dans la ruelle de son lit ; ensuite de quoi le Roi proposa d’envoyer querir le prince de Galles ; mais comme il étoit longtemps à venir, le Roi prit le roi d’Angleterre par la main et le conduisit à l’appartement du prince, son fils, lui donnant alors la main partout. Apres qu’ils eurent eté quelque temps chez le prince de Galles, le Roi prit congé du roi d’Angleterre, lequel le voulant reconduire, il ne voulut pas le souffrir et se separa de lui en lui disant : « Je suis aujourd’hui chez moi ; demain, vous serez chez vous, et vous ferez ce que vous voudrez ». Quelques heures apres, le Roi envoya aussi une toilette au roi d’Angleterre et dix mille louis d’or pour ses necessités, jusqu’à temps qu’il lui eut fait un fonds reglé, qu’on disoit devoir aller à deux millions quatre cent mille livres par ans.
Le 8 de janvier […] [p. 9] le roi d’Angleterre vint pour la premiere fois voir le Roi à Versailles, où il reçut tous les honneurs qui etoient dus à son rang. Les regiments des gardes battirent au champ ; les gardes de la porte et de la prevoté se tinrent sous les armes dans leurs postes ; les Cent Suisses borderent le degré ; les gardes du corps se posterent sous les armes, comme quand le Roi arrive. Le Roi alla au devant de lui jusqu’au delà de la salle des gardes, où il le reçut avec toute sa cour, et le conduisit jusque dans son cabinet, dans lequel il fut assez longtemps enfermé avec lui. Après cela, il le conduisit chez madame la Dauphine, où il le laissa. Le roi d’Angleterre, y ayant eté quelque temps, alla aussi voir Monseigneur, Monsieur et madame, chez tous lesquels il ne s’assit point, parce qu’on ne savoit encore comment il les voudroit traiter ; cependant, comme la chose avoit dejà eté agitée, le Roi lui en avoit fait entendre quelques mots, et il lui avoit repondu fort honnetement qu’il l’en faisoit absolument le maitre, sur quoi le Roi lui avoit reparti que, puisuq’il en usoit de cette manière avec lui, il se declaroit en sa faveur, meme contre les princes de sa maison ; et, en effet, il regla deux jours apres que le roi et la reine d’Angleterre donneroient des fauteuils à Monseigneur, à madame la Dauphine, à Monsieur et à Madame seulement, et qu’ils ne donneroient aux autres princes et princesses de la maison royale que des sieges pliants ; en quoi il sembloit que M. le duc de Chartres et les trois filles de feu M. le duc d’Orleans se trouvoient un peu lesés car, comme ils avoient partout ailleurs de grandes prerogatives au dessus des princes et princesses du sang, comme etant petit fils et petites filles de roi, on [p. 10] auroit cru qu’ils auroient aussi du avoir en cette occasion quelque marque de distinction au dessus d’eux ; mais on ne put pas trouver moyen de leur en donner, parce que les rois ne donnent en France que des fauteuils ou des sieges pliants, et qu’ils n’admettent point les chaises à dos qui n’ont point de bras, lesquelles on avoit proposées comme un temperament en cette occasion. […]
Le 9, […] les carrosses de Madame et des princesses demeurerent pendant toute l’apres dinée dans la cour du chateau de Versailles, et l’on attendoit à tout moment qu’elles partissent pour aller à Saint Germain voir la reine d’Angleterre ; mais enfin elles ne partirent point, parce qu’on ne savoit pas encore quel traitement elle voudroit leur faire. […]
[p. 11] Le 10, Madame, madame la grande duchesse, madame de Guise et toutes les princesses du sang, tant legitimes que du coté gauche, allerent à Saint Germain voir le roi et la reine d’Angleterre ; elles ne s’assirent point chez le roi, qui les reçut debout ; mais elles s’assirent chez la reine. On mit deux fauteuils aux pieds du lit, comme dans une place indifferente ; celui [p. 12] de la droite fut occupé par Madame, celui de la gauche par la reine, et toutes les princesses s’assirent à droit et à gauche sur des sieges pliants. La visite etant faite, la reine d’Angleterre reconduisit Madame jusqu’à la porte de sa chambre, comme elle etoit venue au devant d’elle jusqu’au meme endroit ; mais il y eut une chose qui scandalisa un peu les princesses, qui fut que la reine d’Angleterre fit asseoir aupres d’elle madame de Montecuculli, sa dame d’honneur. On sut, le meme jour, que le Roi avoit decidé le traitement que la reine d’Angleterre feroit aux duchesses, qui pretendoient qu’elle les baiseroit, parce qu’elle baisoit les duchesses d’Angleterre, et qu’elles seroient assises, comme elles ont le droit de l’etre en France ; mais la reine d’Angleterre leur avoit donné le choix d’etre traitées à l’angloise ou à la françoise, c’est à dire qu’elle les baiseroit et qu’elles se tiendroient debout, comme faisoient les duchesses d’Angleterre devant elle, ou bien qu’elle ne les baiseroit point et qu’elles seroient assises, comme elles l’etoient en France. Elles s’assemblerent pour deliberer sur ce choix, et, comme elles opterent d’etre traitées à la françoise, le Roi regla qu’elles ne baiseroient pas la reine d’Angleterre et qu’elles seroient assises devant elle. […]
[p. 14] [11 janvier] On disoit aussi que le roi d’Angleterre pourroit venir demeurer au chateau de Clagny, proche de Versailles, afin d’etre plus à portée de conferer tous les jours avec le Roi ; mais il n’y avoit guere d’apparence à cette nouvelle, parce que ce chateau etoit trop petit pour loger le roi avec tous ses gens, que Versailles en etoit assez eloigné pour que le roi et la reine d’Angleterre fussent incommodés si on y avoit logé leurs domestiques, outre ce qu’il en auroit couté au Roi pour les loyers, et qu’il auroit fallu deloger tous les domestiques de M. le duc du Maine et de M. le comte de Toulouse, dont le logement auroit encore couté de grandes sommes dans Versailles. […]
[p. 15] Ce fut encore le meme jour que M. l’archeveque de Paris, etant allé à Saint Germain pour faire sa cour au roi d’Angleterre, se trouva extremement mal dans sa chambre, d’où etant sorti il tomba une seconde fois en faiblesse dans la salle des gardes, mais de telle manière qu’il perdit entierement connaissance et meme qu’il eut peur de mourir. Cependant on le transporta dans un appartement, où il revint peu à peu, et le meme jour il s’en retourna à Paris. […]
Le 12, le roi d’Angleterre fit milord Powis duc, afin que sa femme, qui etoit gouvernante du prince de Galles, put etre assise devant madame la Dauphine, car pour devant la reine d’Angleterre, les duchesses angloises ne s’y asseyoient jamais ; et ceci etoit une nouveauté, parce que les duchesses [p. 16] françoises s’asseyant devant la reine d’Angleterre, elle voulut que madame Powis eut aussi le droit de s’y asseoir, seulement quand les princesses et duchesses françoises s’y trouveroient ; et à la verité milord Powis et sa femme meritoient bien ce degré d’honneyr, puisqu’ils avoient quitté, pour la religion catholique et pour suivre le roi, leur maitre, cinquante mille ecus de rente et cinq enfants qu’ils avoient laissés dans un extreme danger. […]
[p. 17] Le 13, […] Monsieur, frère, du Roi, et MM. les princes du sang allerent voir le roi et la reine d’Angleterre ; Monsieur y alla le matin, et ils lui donnerent un fauteuil, comme ils avoient fait à Monseigneur. MM. les princes y allerent l’apres dinée, et ils n’eurent que des sieges pliants.
Le meme jour encore, la reine d’Angleterre vint à Versailles voir le Roi. Il alla au devant d’elle jusqu’au haut de son grand degré, où, l’ayant reçue, il la prit par la main et la conduisit au travers de son appartement jusqu’au salon, dans lequel, s’étant chauffés quelques moments, il s’allerent asseoir dans deux fauteuils preparés à cet effet, le Roi donnant la droite à la reine d’Angleterre. Ensuite, il ordonna qu’on apportat des sieges pliants pour Monseigneur et pour Monsieur, et en fit aussi apporter pour madame de Montecuculli et pour madame la duchesse de Powis. La conversation ayant duré un gros quart d’heure de cette manière, la reine se leva, et le Roi lui donna la main pour la mener chez madame la Dauphine par la grande galerie, et quand elle fut entrée dans la chambre de madame la Dauphine, il prit congé d’elle et se retira à son appartement. La reine fit sa visite, de meme qu’elle l’avoit faite au Roi, c’est à dire qu’elles s’assirent chacune dans un fauteuil et que les princesses et duchesses qui s’y trouverent furent assises sur des sieges pliants. Apres cela, la reine d’Angleterre alla aussi faire sa visite à Monseigneur, à Monsieur et à Madame, chez lesquels les memes ceremonies furent observées. […]
[p. 20] Le 15, […] [p. 21] le Roi alla voir le roi d’Angleterre, qui vint au devant de lui jusqu’à la porte de la salle des gardes, et lui donna de grandes marques d’empressement et même de deference. Apres un moment de conversation publique, les deux rois entrerent dans un cabinet, où ils furent enfermés pres d’une heure et demie, pendant laquelle Monseigneur alla rendre visite à la reine, que les courtisans commencerent à connoitre plus que jamais pour une princesse d’un grand cœur et d’un bon esprit, qualités qui ne lui servoient alors qu’à lui faire sentir plus vivement ses malheurs. Le Roi ayant achevé sa visite, le roi d’Angleterre voulut absolument le reconduire ; mais, sur ce que le Roi ne le vouloit pas souffrir, ils convinrent que ce jour là termineroit pour toujours entre eux toutes les ceremonies.
[…]
[p. 24] Le 21, [le roi d’Angleterre] courut le cerf avec Monseigneur dans la forêt de Saint Germain, avec l’équipage de M. le duc du Maine ; mais il n’y eut pas beaucoup de plaisir, tant à cause d’un vent de nord très froid et très violent, qui dura tout le jour, que parce qu’on ne prit point le cerf.
Le 22, le Roi alla rendre visite au roi d’Angleterre, aussi bien qu’à la reine et au prince de Galles, et puis il revint à Versailles.
[…]
[p. 30] [1er février] La première nouvelle du mois de février fut que les presbytériens d’Angleterre, c’est à dire ceux qui font profession de la religion du royaume, armoient de tous les côtés, et qu’on espéroit voir former assez de partis différents dans cet [p. 31] Etat pour n’appréhender pas qu’ils pussent faire grand tort à la France. […] On apprit aussi que deux cents hommes de troupes réglées avec leurs officiers étoient venus d’Angleterre débarquer à Dunkerque.
Ce fut alors qu’arriva aussi à Saint Germain milord Dumbarton, qu’on avoit connu en France sous le nom de milord Douglas, et qui y avoit même été lieutenant général.
Le même jour, le roi d’Angleterre cessa d’être servi par les officiers de la Bouche et du Gobelet du Roi, et commença d’être servi par les siens ; cependant le Roi lui laissa encore ses gardes du corps, de la prévôté de l’Hôtel et de la Porte, et le détachement des Cent Suisses, parce qu’il n’avoit pas encore de gens pour le garder.
[…]
[p. 32] Le 4, le roi et la reine d’Angleterre allèrent à l’abbaye royale de Saint Cyr voir la représentation de la tragédie d’Esther, composée par Racine ; elle étoit représentée par les petites pensionnaires, qui chantoient même des entractes de musique de la composition d’un nommé Moreau ; c’étoit in spectacle fort agréable, et aussi bien exécuté qu’il le pouvoit être par de jeunes enfants ; mais, le jour que le roi d’Angleterre y alla, madame la comtesse de Caylus joua le rôle d’Esther et s’attira l’admiration de tout le monde.
[…]
[p. 35] Le 10 de février, le roi d’Angleterre fit arrêter à Saint Germain par M. de Saint Viance, lieutenant des gardes du corps qui servoit auprès de lui, un Anglois nommé Barnoel, qui s’étoit venu rendre auprès de lui depuis peu de jours ; cet homme, à ce qu’on disoit, avoit changé trois ou quatre fois de religion suivant les différentes occurrences, et l’on assuroit qu’il s’étoit déchainé en invectives contre le roi, depuis son départ d’Angleterre, en présence de plusieurs personnes, dont quelques unes étoient arrivées devant lui à Saint Germain ; ensuite, n’ayant pas trouvé auprès du prince d’Orange le traitement qu’il en avoit espéré, il avoit passé en France pour se rendre auprès du roi d’Angleterre, et ce prince fit très sagement de faire arrêter un homme d’un caractère si dangereux.
[…]
[p. 37] [11 février] Ce fut en ce temps là que mourut à Saint Germain M. de Treamigny, gentilhomme des environs de Beauvais, chef du vol de la chambre pour pie, mais qui, par son assiduité et son savoir faire, avoit trouvé moyen de se faire donner par le Roi un vol pour les champs pour lièvre, pour corneille et pou milan, tous lesquels le Roi lui payoit par extraordinaire. Il avoit été longtemps forte à la mode ; mais, quoiqu’il fut un peu déchu, le Roi ne laissa pas de traiter sa famille favorablement, donnant à son fils la charge du vol de la chambre pour pie avec deux mille livres de pension, quoiqu’il n’eût que dix ou douze ans ; à l’égard [p. 38] des autres vols par commission, le Roi le révoqua, et c’étoit autant de dépense épargnée, considération fort pressante en ce temps là.
[…]
[p. 40] Le 22, le roi d’Angleterre fit arrêter et conduire [p. 41] à la Bastille milord Miljoy, grand maître de l’artillerie d’Irlande, qui avoit passé en France avec Pointis. Milord Tyrconnel, croyant avoir de grands sujets de se défier de sa fidélité, et même l’accusant d’avoir dégarni tout exprès les arsenaux d’Irlande, lui avoit dit que, comme il étoit parfaitement instruit de l’état de toutes choses, il étoit à propos qu’il vint en France en rendre compte au roi, et lui avoit donné pour cet effet une lettre de créance ; amis il en donna en même temps une toute contraire à Pointis, pour la rendre au roi secrètement, par laquelle il lui mandoit la vérité de la chose, et ce fut sur cet avis que ce prince fit arrêter milord Miljoy. Comme Pointis étoit homme d’esprit et fort intelligent dans ce qui regardoit l’artillerie, ayant même inventé la manière de jeter les bombes de dessus les barques, ce qui avoit si bien réussi à Gênes et à Alger, le Roi le donna au roi d’Angleterre pour commander son artillerie.
[…]
[p. 43] Le 25, le roi d’Angleterre alla communier publiquement dans l’église de Notre Dame de Paris, où il donna l’ordre de la Jarretière à M. de Lauzun, pour récompense des importants services qu’il lui avoit rendus, et l’après dînée il vint à Versailles prendre congé du Roi, car il devoit partir le 27, et le Roi devoit aussi le lendemain lui aller dire adieu à Saint Germain ; mais, comme il différa son départ d’un jour, le Roi différa de même ses adieux.
[…]
[p. 46] [28 février] Ce fut encore le même jour que le roi d’Angleterre partit de Saint Germain en poste pour aller s’embarquer à Brest, n’ayant pas en tout plus de vingt personnes avec lui, car M. d’Avaux avait pris les devants, aussi bien que les officiers anglois qui n’étoient pas nécessaires au roi le long de la route.
[…]
[p. 56] Le 18 [mars], la reine d’Angleterre fut attaquée d’une fièvre continue, qui ne lui dura que trois ou quatre jours, et l’on peut dire qu’elle en fut quitte à bon marché, après toutes les agitations du corps et d’esprit qu’elle supportoit depuis quelque temps.
[…]
[p. 63] [30 mars] On sut que la reine d’Angleterre venoit passer quelques jours de retraite au monastère des religieuses de la Visitation qui est à Chaillot, dans lequel la défunte reine, sa belle mère, avoit aussi accoutumé de se retirer pendant ses malheurs.
[…]
[p. 79] Le 25 [avril], le Roi cassa le comte d’Hautefort et ordonna à M. de Luxembourg de lui proposer des gens pour remplir sa place. La reine d’Angleterre, à laquelle le Roi alla ce jour là rendre visite, lui demanda sa grâce, parce qu’il avoit été le premier exempt qui eût servi auprès d’elle ; mais le Roi s’en excusa et lui fit entendre que c’étoit un homme perdu.
[…]
[p. 81] Le 29, Monseigneur, duc de Bourgogne, fit le premier voyage de sa vie, car il alla entendre la messe et dîner à Nanterre, pour y accomplir quelque vœu qu’on avoit fait pour sa santé, et de là il alla à Saint Germain rendre visite à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 244] Le 4 [juin], M. l’archevêque de Paris, qui présidoit l’assemblée générale du clergé de France, laquelle se tenoit alors à Saint Germain en Laye, vint, selon la coutume, avec tous les députés haranguer le Roi à Versailles, et il lui fit un magnifique discours qui ne lui coûta guère, étant un des plus éloquents et des plus savants hommes de son temps.
[…]
[p. 245] Le 8, M. de Torcy, secrétaire d’Etat en survivance de M. de Croissy, son père, accompagné de M. de Pontchartrain, contrôleur général, de M. de Pussort et de M. d’Argouges, conseillers d’Etat, et du conseil royal des Finances, allèrent, suivant la coutume, à Saint Germain faire de la part du Roi à MM. de l’assemblée du clergé la demande du don gratuit, qu’ils fixèrent à douze millions ; quoique cette somme fût beaucoup au dessus de celles que le clergé avoit accoutumé d’accorder, les nécessités de l’Etat étoient si bien connues, et l’affection du clergé pour le Roi si sincère, que tous les députés voulurent accorder ce que le Roi demandoit sans opiner ; mais M. l’archevêque de Paris, qui présidoit, leur représenta qu’il falloit opiner pour que la [p. 246] chose fût dans les formes, et ainsi chacun opina d’accorder les douze millions, et même davantage, si le Roi le souhaitoit. En même temps, l’assemblée députa au roi M. l’abbé de Phélypeaux, l’un des deux anciens agents qui faisoit la fonction de secrétaire de l’assemblée, pour venir apprendre à Sa Majesté qu’elle avoit fait tout ce qu’elle avoit souhaité de son service, et certainement il fut très bien reçu du Roi, qui étoit alors en son château de Marly.
Le même jour, l’assemblée du clergé envoya douze de ses députés saluer en corps la reine d’Angleterre, et ce fut M. l’archevêque d’Arles qui porta la parole, et qui fit un discours si pathétique sur l’état présent des affaires, qu’il tira les larmes des yeux de tous les Anglois qui étoient présents.
[…]
[p. 271] [22 juillet] La nouvelle qui arriva le 22 au soir déconcertoit bien tous ces beaux projets : ce fut celle de la défaite du roi d’Angleterre, n’ayant pas voulu étendre son armée pour occuper un pont qui étoit sur une rivière, laquelle séparoit son armée de celle des ennemis, et ayant oublié de le faire rompre, le prince d’Orange avoit fait défiler toute la nuit son armée sur ce pont, avoit attaqué l’armée du roi à la pointe du jour et l’avoit battue facilement, parce que tous les Irlandois avoient mis les armes bas ; que M. de Lauzun, voyant la bataille perdue, avoit envoyé M. de Léry dire au roi d’Angleterre qu’il se sauvât au plus tôt, et que pour lui il alloit faire de son mieux avec le reste de ses troupes ; et qu’effectivement le roi s’étoit retiré avec Lery, L’Estrade et quelques autres, et qu’il étoit arrivé à Brest […].
[p. 273] Aussitôt que le Roi sut ces mauvaises nouvelles, il fit partir M. de Bouillon avec trois de ses carrosses pour aller au devant du roi d’Angleterre jusqu’où il pourroit le rencontrer.
[…]
Le 25 au soir, le roi d’Angleterre arriva à Saint Germain en Laye, et le lendemain le Roi alla lui rendre visite.
[…]
[p. 332] Le [26 novembre], le roi d’Angleterre partit de Saint Germain avec M. le maréchal de Bellefonds pour aller à la célèbre abbaye de la Trappe, dont l’abbé et les religieux vivoient avec une si grande austérité qu’elle retraçoit vivement la vie de saint Bernard, leur fondateur.
[…]
[p. 343] Le 6 [janvier 1691], le roi et la reine d’Angleterre arrivèrent avec toute leur cour à Versailles, sur les six heures du roi.
[…]
[p. 359] [25 février] Il arriva ce jour-là une chose bien étrange à Saint Germain, entre deux milords anglois, frères cadres du milord Salisbury ; ils prirent querelle sur un sujet de rien, étant le soir dans leur chambre, tous deux en robe de chambre, et prêts à se mettre au lit, et la colère s’empara si fort de leurs esprits qu’ils se jetèrent à leurs épées, se battirent, et, n’ayant pas voulu ouvrir à leurs gens qui frappoient à la porte pour les séparer, ils se donnèrent l’un à l’autre plusieurs coups d’épée, dont il y en eut un qui mourut peu de jours après ; et quand on eut enfoncé la porte, on les trouva tous deux qui demandoient pardon l’un à l’autre ; et depuis, l’aîné étant mort, le cadet en eut un tel désespoir qu’il arracha tous les bandages et les emplâtres qu’on avoit mis sur ses blessures.
[…]
[p. 420] Le 15 [mai], on sut qu’il étoit arrivé à Saint Germain en Laye un envoyé d’Ecosse qui assuroit qu’il y avoit dans les montagnes quatre mille cinq cents hommes sous les armes, et qui venoit demander pour eux un secours de blé et d’argent.
[…]
[p. 443] Le même jour encore [27 juillet], le Roi ayant appris que, la nuit précédente, [le roi d’Angleterre] avoit été fort mal d’une très grande colique, il alla à Saint Germain lui rendre visite.
[…]
[tome 4, p. 4] Le [17 janvier 1692], le roi d’Angleterre, qui étoit arrivé la veille à Saint Germain, vint rendre visite au Roi à Versailles, et fut pendant quelque temps enfermé avec lui.
[…]
Le 21 [février], on sut que la reine douairière d’Angleterre devoit passer bientôt en Portugal, soit qu’elle fût devenue suspecte au prince d’Orange, soit qu’elle ne pût se résoudre à souffrir plus longtemps la domination d’un usurpateur, soit qu’elle n’eût plus l’exercice de sa religion ; et depuis elle changea de dessein, et l’on sut qu’elle devoit venir débarquer à Calais, passer à Saint Germain et y faire quelque séjour incognito, et ensuite prendre son chemin pour aller à Rome.
[…]
Le 22 [mars], milord Dumbarton, ci devant le marquis de Douglas, lieutenant général des armées du Roi et premier gentilhomme de la chambre du roi d’Angleterre, mourut d’apoplexie à Saint Germain en Laye, universellement regretté de tous les honnêtes gens, qui connoissoient sa valeur et son inviolable fidélité pour son maître.
[…]
Le 14 [avril], on sut de certitude que le roi d’Angleterre s’en alloit au premier jour en Normandie, et tout le monde crut deviner juste en disant qu’il n’y alloit que pour visiter les troupes irlandises.
Le 15, le Roi fut, au bout du pont du Pecq, la revue de ses deux compagnies de gendarmes et des chevau légers de sa garde ; le roi d’Angleterre y vint, et Leurs Majestés trouvèrent ces deux célèbres troupes parfaitement belles.
[…]
[p. 27] Le 19, on sut que le roi d’Angleterre avoit fait trois nouveaux chevaliers de la Jarretière, qui étoient le prince de Galles, son fils, milord Melfort et le duc de Powitz.
Le 20, le Roi alla dire adieu au roi d’Angleterre, et rien ne pouvoit égaler la joie de tous les Anglois qui étoient auprès de lui, car ils croyoient indubitablement qu’avec les troupes que le Roi donnoit au roi, leur maître, il alloit dans peu de jours reconquérir l’Angleterre.
Le lendemain, ce prince partir pour aller à la Trappe et de là passer en Normandie.
[…]
[p. 84] [27 juin] On eut nouvelle, ce jour là, que le roi d’Angleterre etait arrivé le 24 à Saint Germain en Laye.
[…]
[p. 90] Le premier jour de juillet, au matin, le Roi eut nouvelle que la reine d’Angleterre etoit accouchée d’une fille, et qu’elle avoit eté si peu de temps en travail que les princesses ni les ministres n’avoient pu y arriver assez tot.
[…]
[p. 99] Le 18, le Roi alla voir le roi et la reine d’Angleterre à Saint Germain et, le lendemain, il alla à Paris voir Monsieur.
[…]
[p. 114] Le 23 [août], le Roi alla à Saint Germain en Laye, où il tint avec Madame sur les fonds de bapteme la fille du roi d’Angleterre.
[…]
[p. 137] Le 11 [novembre], le grand prieur de France et le comte de Brionne tirent une course de chevaux aupres de Saint Germain ; le roi et la reine d’Angleterre, Monseigneur et tous les princes allerent la voir, et le grand prieur gagna le prix.
[…]
[p. 166] Le 3 [mars 1693], le Roi alla à Saint Germain dire adieu au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 190] Le 23 [avril], […] [p. 191] le Roi, qui etoit à Marly, alla à Saint Germain rendre visite au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 322] Le 11 [avril 1694], on apprit que quelqu’un ayant mis le feu dans la forêt de Saint Germain en Laye, on avoit eu assez de peine à l’eteindre.
[…]
[p. 420] Le 16 [janvier 1695], le Roi alla voir le roi et la reine d’Angleterre au sujet de la mort de la princesse d’Orange, et, à son retour, on sut que le roi d’Angleterre avait demandé qu’on ne lui fit point de compliments sur la mort de sa fille et qu’on n’en prit point le deuil.
[…]
[p. 453] Le 12 [mai], jour de l’Ascension […] [p. 454] on sut ce jour là que le roi d’Angleterre avoit eu deux accès de fievre.
[…]
[p. 460] Le 29, on fit à Saint Germain en Laye l’ouverture de l’assemblée ordinaire du clergé de France.
[…]
[p. 464] Le 12 [juin], l’archeveque de Paris vint de Saint Germain en Laye faire sa cour au Roi, et travailla longtemps avec Sa Majesté.
[…]
[p. 470] Le 23, le roi d’Angleterre ayant couru le cerf sans avoir mangé, parce qu’il etoit jour de jeune, et s’etant trouvé au salut avec la reine dans les eglises de Saint Germain, il y eut deux faiblesses consecutives, dont la derniere alla presque jusqu’à l’evanouissement.
[…]
[p. 472] [28 juin] On sut encore que le marquis de Montchevreuil etoit assez malade à Saint Germain, d’un rhumatisme accompagné de fievre.
[…]
[tome 5, p. 94] Le 4 [janvier 1696], on sut que […] Sa Majesté avoit donné la dignité de chef d’escadre de ses armées navales au milord grand prieur, fils naturel du roi d’Angleterre, sous le nom de duc d’Albermarle, qui lui convenoit mieux que celui de grand prieur dans la conjoncture des affaires.
[…]
[p. 102] Le 27, on sut que la reine d’Angleterre avoit la fièvre assez violente.
[….]
[p. 112] Le 27 [février], le Roi alla à Saint Germain voir le roi d’Angleterre et lui faire ses adieux, et ce fut alors qu’on apprit que le maréchal de Boufflers travailloit en diligence à Dunkerque à faire un embarquement de douze mille hommes pour passer en Angleterre, où on assuroit qu’il y avoit des apparences considérables de révolte contre le prince d’Orange, aussi bien qu’en Ecosse ; que le duc de Berwick étoit à Londres et qu’il mandoit qu’il y avoit un parti considérable formé pour recevoir le roi Jacques ; que ce seroit le marquis d’Harcourt qui commanderoit les troupes de l’embarquement et qu’il étoit parti le même jour à cet effet ; que le duc de Berwick serviroit sous lui en qualité de lieutenant général, le comte de Pracomtal et Albergotti, en qualité de maréchaux de camp, Barzun, en qualité de commandant de la cavalerie, le marquis de Mornay, le duc d’Humières et le marquis de Biron en qualité de brigadiers d’infanterie ; que Lanson, enseigne des gardes du corps, serviroit auprès du roi d’Angleterre et qu’enfin on croyoit avoir trouvé la conjoncture fatale au prince d’Orange, parce qu’il n’avoit point de flotte ni de troupes et que l’affaire du changement des monnoies faisoit beaucoup de mécontents en Angleterre.
[…]
[p. 113] Le 29, on sut que le roi d’Angleterre étoit parti le soir précédent, qu’il s’est arrêté à Saint Denis pour y faire une protestation par devant notaires comme il partoit dans le dessein d’aller rentrera dans son royaume, où il étoit rappelé par les prieres de ses peuples. On ajoutoit qu’on avoit fait partir cent mille louis d’or pour Calais, où ce prince devoit s’embarquer.
On apprit aussi le détail des troupes qui s’embarquoient, qui étoit dix huit bataillons : les deux régiments de Poitou, celui de Crussol, les deux de Languedoc, les deux d’Humières, celui du Vexin, celui de la Marche, celui de Santerre, celui [p. 114] d’Orléanois, les deux d’Artois, les deux de Vermandois, celui d’Agenois, celui de Montferrat et celui de Saint Second ; trois régiments de cavalerie qui étoient le régiment du Roi, celui d’Anjou et celui de Berry ; et deux régiments de dragons, le Colonel général et celui de Frontenay. On disoit encore que Gabaret commanderoit cet embarquement et que sa flotte seroit composée de neuf gros vaisseaux et de vingt frégates. Il y avoit beaucoup de gens qui croyoient que cet armement alloit descendre en Ecosse ; cependant Monsieur, frère du Roi, assura ce jou là qu’il alloit droit en Angleterre ; et la chose auroit été facile, s’il avoit été vrai, comme on le disoit, que la flotte angloise commandée par Spithal, qui portoit à Cadix des matelots et des provisions, fût sortie de la Manche.
[…]
[p. 116] Le 6 [mars], on assuroit que la flotte de Spithal avoit eté repoussé par les vents dans les ports d’Angleterre, ce qui etoit fort contraire aux desseins du roi Jacques. On assuroit cependant que le Roi lui avoit encore envoyé deux cent mille livres, et que la reine, son epouse, engageoit toutes ses pierreries pour lui envoyer de l’argent.
[…]
[p. 120] Le 20, […] on apprit aussi que le roi d’Angleterre etoit encore à Calais et que l’on avoit fait partir sa chambre et sa vaisselle d’argent pour qu’il eut toutes ses commodités au lieu où il sejourneroit.
[…]
[p. 137] Le 5 [mai], le roi d’Angleterre arriva à Saint Germain, et, selon les apparences, ce n’etoit pas pour en partir sitot. […]
Le 6, […] l’après dinée, le Roi alla visite le roi d’Angleterre à Saint Germain.
[…]
[p. 145] Le 2 [juin], le roi et la reine d’Angleterre partirent de Saint Germain en Laye pour aller à Chartres, où ils devoient sejourner un jour pour y faire leurs devotions, et de là passer à la celebre abbaye de la Trappe, où ils devoient faire un pareil sejour, et de là venir coucher à Anet, d’où ils devoient revenir à Saint Germain.
[…]
[p. 146] Le 5, on sut que le prince de Galles avoit la rougeole, ce qui etoit capable de donner de grandes inquietudes au roi et à la reine d’Angleterre pendant leur voyage de devotion à Chartres et à la Trappe, mais cette maladie n’eut pas de suites facheuses.
[…]
[p. 159] Le 27, […] l’on sut que la reine d’Angleterre avoit depuis deux jours une grosse fievre. Mais le lendemain, on apprit qu’elle l’avoit quittée par l’habileté de son premier medecin, qui l’avoit purgée au fort de son mal.
[…]
[p. 163] Le 12 [juillet], l’on sut que le milord duc de Powits, chevalier de l’ordre de la Jarretière et sans contredit un des plus fideles serviteurs du roi d’Angleterre, etoit mort à Saint Germain en Laye, n’ayant point eu de santé depuis un vomissement de sang qui lui avoit pris à Bologne pendant qu’il y etoit avec le roi, son maitre.
[…]
[p. 234] Le 19 [janvier 1697], on sut que le roi et la reine d’Angleterre, le prince de Galles et la princesse, sa sœur, etoient tombés malades tous à la fois.
[…]
[p. 235] Le 21, on sut que toute la maison royale d’Angleterre etoit guerie, et que le roi d’Angleterre avoit dit qu’il n’etoit pas vrai, comme le prince d’Orange l’avoit publié, que le Roi fut convenu de le reconnoitre pour roi d’Angleterre.
[…]
[p. 343] [26 septembre] On sut certainement ce jour là que le Roi avaoit accordé au roi et à la reine d’Angleterre son château de Saint Germain pour [p. 344] demeure fixe et qu’ils n’iroient point demeurer à Blois comme le bruit en avoit couru.
[…]
[tome 6, p. 31] Le 8 [mai 1698], […] on sut que le roi et la reine d’Angleterre se portoient mieux, car ils avoient eu l’un et l’autre dans le même temps quelque attaque de fièvre.
[…]
Le 11, […] [p. 32] le soir, le Roi, qui etoit à Marly pour quelques jours, alla rendre visite au roi et à la reine d’Angleterre.
[…]
[p. 42] Le 26 [juin], on disoit que la reine d’Angleterre avoit eu un violent accès de fievre qui avoit empeché le roi, son epoux, de partir pour aller à la Trappe, comme il l’avoit resolu.
[…]
[p. 147] [Le 18 avril 1699], on sut encore, le meme jour, que le chevalier de Gassion, lieutenant general et lieutenant des gardes du corps de quartier, etoit tombé malade assez considerablement à Saint Germain, où il servoit aupres du roi d’Angleterre, avoit eté obligé de se faire transporter à Paris.
Le 19, on disoit que, la reine d’Angleterre ayant reçu des avis qu’on vouloit attenter à la vie du prince de Galles, on lui avoit donné des gardes du corps pour le suivre en plus grand nombre qu’à l’ordinaire.
[…]
[p. 168] Le 28 [juin], [le Roi] alla dire adieu au roi d’Angleterre, qui alloit faire un voyage à la Trappe, pendant lequel la reine devoit se mettre dans le couvent de Sainte Marie de Chaillot.
[…]
[p. 192] Le 10 [octobre], on apprit que Ruzé, contrôleur des Bâtiments, qui faisoit cette charge à Marly et à Saint Germain depuis dix sept ans, avec l’approbation de la Cour, avoit été renvoyé à Saint Germain, avec les appointements qu’il avoit à Marly, et que le Roi avoit mis à sa place un nommé Dujardin, parent de Mansard.
[…]
[p. 206] Le 26 [novembre], le Roi envoya le marquis de Beringhen, son premier écuyer, à Saint-Germain-en-Laye, complimenter le roi d’Angleterre et s’informer de sa santé, parce qu’il avoit au croupion un anthrax, qui lui dura très longtemps.
[…]
[p. 265] Le 14 [juin 1700], Pomereu, comme l’ancien du conseil royal de finance, alla à Saint Germain, escorté de trois autres conseillers d’Etat, faire le compliment au clergé, et son discours ne fut si bien suivi ni si bien raisonné que la réponse que lui fit l’archevêque de Reims, avec beaucoup d’esprit et beaucoup d’art.
[…]
[p. 302] Le 10 [novembre], […] le Roi dépêcha Saint Olon, gentilhomme ordinaire, pour aller à Saint Germain apprendre au roi et à la reine d’Angleterre la mort du roi d’Espagne et le reste des nouvelles.
[…]
[p. 325] Le 4 [décembre], […] [p. 327] le roi Jacques vint prier le Roi de lui donner une garde plus forte, parce qu’il avoit eu avis que les Anglois vouloient enlever le prince de Galles et le faire élever dans la religion anglicane.
[…]
[p. 337] Le 18 [décembre], on disoit que le roi d’Angleterre étoit plus incommodé que jamais, et cette maladie, si elle avoit été véritable, étoit une nouvelle bien importante.
[…]
[tome 7, p. 29] Le 4 [mars 1701], […] on apprit encore que le roi Jacques d’Angleterre avoit eu une grande foiblesse pendant la messe, qu’on avoit été obligé de le remener dans son appartement, et qu’on attribuoit cet accident à ses jeunes et à ses autres austérités.
[…]
[p. 31] [Le 11 mars], le roi d’Angleterre eut une seconde attaque d’apoplexie, bien plus forte que la première, de laquelle il resta paralytique de tout le côté droit.
[…]
[p. 33] [Le 16 mars], le Roi alla visiter le roi d’Angleterre, qui vint au-devant de lui avec la reine jusqu’à la porte de sa grande chambre, s’appuyant assez bien sur la jambe droite et commençant à porter le bras droit jusqu’à sa tête et à s’aider de ses deux doigts ; mais cela n’empêchoit pas qu’il n’eût pris la résolution de partir la semaine de Pâques pour aller à Bourbon.
[…]
Le 18 [mars], le Roi fit dans la plaine d’Houilles la revue de ses deux régiments des gardes, qu’il trouva plus beaux que jamais. Le prince de Galles y vint, et apprit à Sa Majesté que le roi son père avoit encore pris, le soir précédent, de l’émétique, qui lui avoit fait un très bon effet.
[…]
[p. 36] Le 24 [mars], qui étoit le jour du jeudi saint, […] [p. 37] le Roi dit au marquis d’Urfé qu’il l’avoit choisi pour aller conduire le roi d’Angleterre à Bourbon et lui faire rendre, en allant et en revenant, les honneurs qui lui étoeint dus, et pour les frais de son voyage, il lui fit donc de dix mille francs.
[…]
[p. 39] Le 28 [mars], […] la reine d’Angleterre vint prendre congé du Roi, de Monseigneur et de la duchesse de Bourgogne, devant partie deux jours après pour suivre le roi son époux à Bourbon.
[…]
[p. 49] Le 17 [avril], […] [p. 50] on sut aussi ce jour là que le roi Jacques d’Angleterre avoit été retenu par la goutte à la Charité sur Loire, et que Le Pelletier, ci devant ministre d’Etat, étoit fort malade à Paris d’une fièvre continue, pour laquelle on l’avoit fait saigner quatre fois, quoiqu’il eut soixante et onze ans.
[…]
[p. 73] Le 7 [juin], le roi et la reine d’Angleterre arrivèrent à [p. 74] Saint Germain en Laye, revenant de Bourbon, et l’on vit à Marly le marquis d’Urfé, qui les y avoit escortés.
Le 8 [juin], Monsieur étant venu dîner avec le Roi à Marly, il saigna du nez à table. […] L’après dînée, il alla avec beaucoup de dames faire sa visite à Leurs Majestés de la Grande Bretagne, et il saigna encore du nez chez la reine. Un moment après, le Roi et tous les princes et princesses arrivèrent à Saint Germain, et, après avoir fait sa visite, chacun s’en retourna dans son carrosse à Marly. […]
[…]
[p. 97] Le premier d’août, […] la duchesse de Bourgogne alla se baigner dans la rivière de Seine au dessus de Saint Germain en Laye, le Roi ayant fait tendre exprès en cet endroit les tentes du duc de Bourgogne.
[…]
[p. 111] Le 26 [août], on sut […] qu’il s’étoit fait un dépôt d’humeur sur les jambes et sur le col du pied du roi Jacques d’Angleterre.
[…]
[p. 113] Le 2 [septembre], le roi Jacques d’Angleterre eut une grande foiblesse en sortant de la messe, et il fut longtemps sans connoissance. Cette attaque redoubla, et on commença à appréhender qu’il ne passât pas la journée.
[...]
[p. 114] Le 4 [septembre], […] Fagon, premier médecin du Roi, alla en diligence à Saint Germain en Laye pour essayer de secourir le roi Jacques d’Angleterre, qui étoit à l’extrémité. On apprit, à son retour, que le prince avoit reçu tous les sacrements à deux heures et demie après midi, que les remèdes qu’on lui avoit fait prendre lui avoient fait jeter une grande quantité de sang caillé et puant qui étoit extravasé dans sa poitrine, et qu’une saignée qu’on lui avoit faite l’avoit soulagé.
[…]
[p. 115] Le 6 [septembre], l’envoyé de Hesse Cassel, dans une audience publique, assura le Roi que son maître n’embrassoit point le parti de l’Empereur. […] Cependant, le roi Jacques d’Angleterre avoit de fréquentes foiblesses ; il avoit la fièvre avec des redoublements, mais il ne vomissoit plus le sang avec tant d’abondance.
Le 7 [septembre], on lui donna le quinquina, qui fit son effet : sa fièvre parut moins forte, mais on n’en espéroit rien de bon. […]
Le 8 [septembre], le Roi alla s’établir à Marly pour dix jours. En arrivant, on sut que le roi Jacques d’Angleterre avoit encore eu son redoublement, mais que son sang s’étoit arrêté et qu’il restoit encore quelque légère espérance.
[…]
[p. 116] Le 11 [septembre], le Roi alla à Saint Germain voir le roi d’Angleterre, qui étoit au plus mal. Il le trouva dans un grand assoupissement, et demeura une heure auprès de lui, pendant laquelle la duchesse de Bourgogne y vint aussi et n’y demeura qu’un quart d’heure ; mais on ne croyoit pas que ce pauvre prince pût encore passer la semaine.
[…]
[p. 117] Le 13 [septembre], on apprit que le roi d’Angleterre étoit fort mal, qu’il ne pouvoit pas passer la journée, et qu’il avoit déclaré publiquement qu’il pardonnoit au prince d’Orange et à ses filles et à l’Empereur. En même temps, le Roi envoya Fagon, lequel rapporta qu’il n’y avoit plus d’espérance. L’après dînée, le Roi y alla et le laissa à l’extrémité ; mais, auparavant que de partir de Saint Germain, il fit appeler le prince de Galles et lui déclara, en présence de tous les Anglois, qu’après la mort du roi son père il le reconnoitroit pour roi d’Angleterre, et comme le nonce du Pape étoit présent, n’ayant pas abandonné le roi d’Angleterre depuis son mal, le Roi lui dit qu’il voyoit de quelle manière il en usoit avec le roi d’Angleterre et qu’il le prioit de le mander au Pape.
Le 14 [septembre], on eut nouvelle que le jeune Mathan, colonel de Bugey, étoit mort. […] [p. 118] Le soir, on sut que le roi d’Angleterre avoit entièrement perdu la vue ; le duc de Bourgogne alla le voir et, quand il entra dans sa chambre, on disoit pour la cinquième fois les prières des agonisants, et comme on les suspendit à cause de la présence du duc, le roi le pria de trouver bon qu’on les continuât. Enfin, on pouvoit dire que ce prince mouroit de la mort des justes, et les Anglois se flattoient que sa mort changeroit en bien le sort du prince de Galles.
Le 16 [septembre], le roi d’Angleterre mourut à trois heures et demie du matin, et la reine partie en même temps pour s’aller enfermer au monastère de Chaillot. Pour le jeune roi et la princesse, ils restèrent à Saint Germain.
[…]
[p. 119] Le 18 [septembre], […] les princes et les princesses allèrent donner de l’eau bénite au corps du roi d’Angleterre, et, le soir, on l’emporta à Paris à l’église des Bénédictins anglois du faubourg Saint Jacques, où il devoit rester en dépôt jusqu’à ce qu’on pût le porter au tombeau de ses ancêtres, le roi n’ayant pas jugé à propos qu’on l’enterrât dans l’église paroissiale de Saint Germain en Laye, comme il l’avoit souhaité par humilité et même proposé au Roi peu de jours avant sa mort.
Le 19 au soir, la reine d’Angleterre revint à Saint Germain, et, le lendemain, le Roi et toute la Cour allèrent la voir sans cérémonie, parce qu’elle l’avoit souhaité, et elle les reçut dans son lit.
[…]
[p. 123] Le 2 [octobre], on disoit que la flotte angloise étoit rentrée dans ses ports, et qu’elle y avoit été rappelée sur la nouvelle de la mort du roi Jacques ; mais il n’y avoit guère d’apparence que cela pût être, et que, depuis la mort de ce prince, on eût pu envoyer cet ordre à la flotte, qui étoit trop éloignée. On ajoutoit que la reconnoissance du prince de Galles faisoit grand bruit en Angleterre, qu’on y avoit depuis longtemps son portrait presque dans toutes les maisons, qu’on y avoit publié la relation de la mort du roi Jacques, laquelle s’étoit débitée par merveilles, que les régents en avoient fait saisir les exemplaires et fait mettre en prison les colporteurs, mais qu’ils les avoient ensuite fait relâcher. […]
Le 3 [octobre], le bruit couroit que quelques milords étoient venus à Saint Germain trouver le

Bouchet, Louis-François (du)

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires du maréchal de Berwick

« [p. 347] Au commencement de septembre, le roi d’Angleterre eut encore une attaque, et je retournai au plus tôt à Saint Germain, où je le [p. 348] trouvai dans un état désespéré. Les remèdes le tirèrent de la léthargie, mais sans donner plus d’Esperance : il s’affoiblissoit à vue d’œil ; son bon sens et la connoissance lui restèrent presque jusqu’au dernier soupir. Il employa tout ce temps en prières et en méditations. Jamais on ne vit plus de patience, plus de tranquillité, plus de joie même lorsqu’il songeoit à la mort, ou qu’il en parloit. Il prit congé de la reine avec une fermeté extraordinaire, et les pleurs de cette princesse désolée ne firent sur lui aucune impression, quoiqu’il l’aimât tendrement. Tout ce qu’il lui dit pour retenir ses larmes fut : « Songez, Madame, que je vais être heureux à jamais ». Le Roi Très Chrétien étant venu le voir, l’assura qu’il auroit pour son fils les mêmes égards que pour lui, et qu’il lui rendroit les mêmes honneurs. Le roi d’Angleterre le remercia en peu de mots des marques passées de son amitié, et de ce qu’il venoit de lui promettre. Puis, l’ayant embrassé, le pria de ne pas rester plus longtemps dans un endroit aussi triste. Toute la Cour de France vint aussi à Saint Germain, et fut témoin de la piété et de la sainteté de ce héros chrétien. Le prince de Conti voulut y rester tout le temps et m’avoua que cette mort le suprenoit et le touchoit infiniment. Il sembloit que Dieu vouloit qu’on n’en pût ignorer toutes les circonstances, car pendant tout le temps de sa maladie les portes de sa chambre ne furent plus gardées, de manière que tout le monde y entroit ; et comme ses rideaux furent toujours ouverts, on le voyoit dans son lit, où d’ordinaire il tenoit les yeux fermés, pour être plus recueilli. Enfin le 16 septembre, à trois heures après midi, il expira ; et dans l’instant nous allâmes chez le prince de Galles le saluer roi. Les rois de France et d’Espagne le reconnurent comme tel, et ce fut un des motifs dont le prince d’Orange se servit pour engager le parlement d’Angleterre dans la guerre contre les deux couronnes.
[…]
[p. 442] [1716] Le roi [Jacques III] vint secrètement à Saint Germain, où il demeura quelques jours. De là, il en alla passer huit auprès de Neuilly, et fut ensuite à Chalons en Champagne, pour y attendre la réponse du duc de Lorraine. […] Pendant le séjour que le roi Jacques avoit fait auprès de Paris, il avoit congédié milord Bolingbrocke de la manière du monde la plus offensante. Il lui avoit fait, à son retour d’Ecosse, une réception très gracieuse, et lui avoit témoigné une confiance entière. Enfin, après lui avoir donné ses ordres sur plusieurs choses dont il le chargeoit, et lui avoir surtout recommandé de se dépêcher de le suivre, il fit semblant de partir de la Malmaison pour Chalons ; mais au lieu de cela, il s’en alla chez mademoiselle de La Chausseraye, auprès de Neuilly. Au bout de deux jours, il envoya le duc d’Ormond redemander les sceaux à milord Bolingbrocke, qui fut très surpris d’un pareil message et les rendit sur le champ. Ce prince publia, pour raison de ce qu’il venoit de faire, que milord Bolingbrocke avoit totalement négligé d’envoyer en Ecosse aucun secours d’armes, d’argent, etc., et que cela étoit cause du mauvais succès de ses affaires. Les brouillons de Saint Germain ajoutoient qu’il n’avoit tenu qu’à lui d’avoir du Régent toutes sortes de secours, mais qu’il ne l’avoit pas voulu afin de ruiner le Prétendant, qu’il trahissoit sous main. »

Fitz-James, Jacques

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les mémoires en partie apocryphes de Jacques II

« [t. 1, p. 64] [1649] Le duc demeura environ huit mois en Hollande, à compter de son arrivée, passa les fêtes de Noël à La Haye avec son frère et sa sœur le prince et la princesse d’Orange, et le lendemain de l’Epiphanie partit pour se rendre en France, selon les ordres qu’il avait reçus de la reine sa mère. Il prit sa route par Bruxelles et arriva à Cambrai ; il y reçut une lettre de la reine, qui l’informait des événements survenus à Paris dans la nuit de l’Epiphanie. Elle lui disait en somme que les désordres de cette ville avaient contraint le Roi, pour sa propre sûreté, de la quitter, que lui et sa Cour s’étaient rendus à Saint-Germain, que cela s’était fait avec tant de précipitation qu’il avait été forcé de de partir la nuit, mais qu’après avoir mis sa personne en sûreté, il avait rassemblé ses troupes et assiégeait Paris, avec la résolution de le faire rentrer dans le devoir. Sa Majesté terminait en ordonnant au duc de demeurer, jusqu’à nouvel ordre, au lieu où le trouverait cette lettre.
L’archiduc Léopold, alors gouverneur des Pays-Bas, instruit du séjour de Son Altesse royale en Flandre, lui envoya un de ses principaux officiers chargé d’un message plein de civilité, et de [p. 65] l’offre d’un séjour plus commode que celui de la ville frontière, où elle se trouvait alors. Il lui proposa l’abbaye de Saint-Amand, qui n’était éloignée que d’une journée en arrière. Le duc l’accepta, y fut magnifiquement traitée par les moines, qui étaient de l’ordre de Saint-Benoît, et y demeura jusqu’au 8 février. Alors il reçut des lettres de la Reine qui lui ordonnait de venir à Paris. En conséquence, il retourna à Cambrai, se rendit de là à Péronne, puis à Paris, où il arriva le 13 février ; car, bien que la ville continuât à être bloquée par l’armée du Roi, il avait obtenu la permission d’y entrer et d’y habiter avec la reine sa mère.
Un jour ou deux après l’arrivée du duc à Paris, il apprit l’horrible meurtre du roi son père ; il est plus aisé d’imaginer que d’exprimer l’impression que fit sur la reine et le duc une semblable nouvelle.
Vers ce temps, les Parisiens commençaient à se repentir de leur rébellion, et, sentant qu’ils ne pouvaient avoir de secours de nulle part, entrèrent en accommodement et se soumirent au Roi. La paix faite, le duc se rendit à Saint-Germain pour voir le Roi et la Reine de France. Il y fut reçu avec toute la bienveillance qu’il pouvait espérer, et traité avec la magnificence due à son rang, et de la même manière que si la famille royale eût été encore dans sa première situation.
[p. 66] Ensuite Son Altesse royale revint à Paris, et y demeura avec la reine sa mère, jusqu’à ce que le roi son frère revint de Hollande en France. De là, ils allèrent à Saint-Germain, que la cour de France avait quitté pour revenir à Paris.
On disait que l’intention du roi, en venant en France, n’était que d’y passer pour se rendre en Irlande, qui s’était déclarée pour lui, et était alors presque entièrement sous son obéissance, les rebelles ne possédant plus guère que Dublin et Londonderry ; mais, au lieu de traverser seulement la France, Sa Majesté passa tout l’hiver à Saint-Germain, et se laissa enfin persuader de renoncer à son projet d’aller immédiatement en Irlande ; elle se rendit ensuite à Jersey avec le duc. Ils partirent le 19 septembre.
[…]
[p. 76] Au commencement du printemps de l’année 1652, la situation des affaires de France était telle que le retour du cardinal Mazarin ôtait toute espérance d’accommodement entre le Roi et les princes, et que l’on avait au contraire la probabilité d’une campagne très active. Le duc, qui désirait fort se rendre propre un jour à la guerre, résolut de servir comme volontaire dans l’armée du roi de France. […] Il restait encore une plus grande difficulté à vaincre, celle d’avoir de l’argent pour s’équiper et s’entretenir à l’armée. L’argent était chose rare à la cour anglaise. Le duc s’en procura à la fin. Un Gascon nommé Gautier, qui avait servi en Angleterre, lui prêta trois cents pistoles. […] Sans ce secours, il [p. 77] lui aurait été impossible de partir, car en ce temps l’argent était aussi peu commun à la cour de France qu’en Angleterre. […] On ne jugea pas convenable que Son Altesse allât prendre congé de son oncle le duc d’Orléans, contre le parti duquel il était près de se déclarer.
Pour éviter tous ces inconvénients, le roi accompagna son frère à Saint-Germain, sous prétexte d’une partie de chasse ; et, après y être demeuré trois ou quatre jours, il partit pour l’armée le 21 avril, passa par le faubourg Saint-Antoine, sous les murs de Paris, et ne put aller ce soir-là plus loin que Charenton.
[…]
[t. 3, p. 355] [1688] Le voyage et la séparation résolue, la reine [Marie de Modène], déguisée, traversa la rivière le 9 décembre, n’ayant avec elle, pour éviter tout soupçon, que le prince, sa nourrice et deux ou trois autres personnes. On avait fait préparer une voiture sur [p. 356] l’autre rive ; elle la conduisit sans accident jusqu’à Gravesend où elle s’embarqua sur le yacht. […] [p. 357] Aussitôt que la reine et le prince furent à bord du yacht, le vent se trouvant favorable, ils partirent pour Calais, où ils arrivèrent très promptement et débarquèrent le lendemain. […]
[p. 358] Sa Majesté Très Chrétienne ne fut pas plutôt instruite de l’arrivée de la reine et du prince dans son royaume qu’Elle leur envoya ses officiers, ses voitures, et tout ce qui était nécessaire pour leur voyage. Il se passa avec un ordre, une magnificence et des marques de respect beaucoup plus d‘accord avec la magnificence du roi de France et la dignité de ses hôtes qu’à la triste condition de la reine désolée. Comme les chemins étaient mauvais et couverts de neiges, on traça une route directe à travers champs ; des pionniers, marchant en avant, aplanissaient le terrain et écartaient tout ce qui pouvait faire obstacle au passage. Sa Majesté trouva partout sur la route ses logemens et ses repas préparés de la même manière que si elle eût été dans un palais [p. 359] de rois. Le Roi vint à sa rencontre à une lieue de Saint-Germain, et aussitôt qu’il s’approcha du prince de Galles, il le prit dans ses bras, et lui adressant la parole, lui promit en peu de mots protection et secours, puis s’avança vers la Reine et ne négligea rien de ce qui pouvait adoucir ses souffrances présentes et l’encourager à espérer un terme prochain à ses malheurs. Il les conduisit à Saint-Germain qu’il avait quitté peu de temps auparavant pour établir sa résidence à Versailles. Il y établit Sa Majesté et le prince de Galles, leur y donna des gardes et tous les autres officiers nécessaires pour les servir en attendant l’arrivée du roi.
[…]
[t. 4, p. 1] Aussitôt que le roi fut débarqué, il se rendit à Abbeville, où il se fit connaître publiquement, puis il se rendit promptement à Saint-Germain, où il eut la consolation de retrouver du moins en lieu de sûreté la reine et le prince son fils. Cette satisfaction, et l’accueil généreux et cordial qu’il reçut de Sa Majesté Très Chrétienne, ne furent pas un médiocre soulagement à ses peines. Il eut aussi la joie de voir arriver journellement d’Angleterre un grand nombre de gens de qualité, protestans et catholiques, qui venaient le rejoindre, tant par inclination et par empressement à partager la fortune de leur prince que pour se mettre à l’abri de l’orage qui l’avait renversé du trône et menaçait tous ceux qui l’avaient servi avec fidélité et affection, et ceux même qui, dans des intentions ennemies, avaient poussé aux mesures désagréables à la nation.
[…]
[p. 56] [mars 1689] Aussitôt que le roi eut reçu le message de lord Tirconnel, il se résolut à passer sur le champ en Irlande.
[…]
[p. 179] [juillet 1690] Le roi, avant de s’embarquer, écrivit à lord Tirconnel que, d’après son avis, celui de M. de Lauzun et du reste de ses amis, il partait pour la France, d’où il espérait leur envoyer des secours plus considérables.
[…]
[p. 186] Le lendemain de l’arrivée du roi à Saint-Germain, Sa Majesté Très Chrétienne vint lui rendre visite, et lui promit, en termes généraux, tous les services possibles ; mais lorsque le Roi lui exposa son projet, il le reçut froidement, et lui dit qu’il ne pouvait rien faire jusqu’à ce qu’il eût reçu des nouvelles d’Irlande. Le Roi, peu satisfait de cette réponse, demanda au roi de France un nouvel entretien ; car, au fait, on n’avait nul besoin de savoir ce qui se passait en Irlande pour convaincre le monde que l’Angleterre était en ce moment dégarnie de troupes, et que les Français, qui avaient alors la supériorité sur mer, pouvaient y transporter le Roi, faire de ce pays le siège de la guerre, et détruire ainsi le véritable nerf de l’alliance ; mais, soit par Elle-même ou par les insinuations des ministres, Sa Majesté Très Chrétienne était probablement alors mécontente de la conduite du roi et de sa trop grande précipitation à quitter l’Irlande, et voyant qu’il n’était pas de caractère à s’obstiner longtemps à une même entreprise, répugnait à hasarder une nouvelle expédition qu’elle craignait de voir abandonner aussi promptement que la première. Mais comme la proposition du roi était si raisonnable qu’il n’y avait pas d’objection à y faire, si ce n’est [p. 187] celle qui pouvait permettre la civilité, Sa Majesté Très Chrétienne remit, sous prétexte d’indisposition, de voir le Roi jusqu’à ce qu’effectivement il n’y eut plus rien à faire ; car la promptitude aurait dû être l’âme d’une pareille entreprise, et la surprise eût fait plus de la moitié de l’ouvrage. Le roi démêla le vrai motif de ce délai ; et il est certain que, comme il l’a ensuite avoué à une personne qui était dans le secret, jamais sa patience n’avait été mise à une si rude épreuve.
[…]
[p. 275] Après la malheureuse fin de la guerre, soit en Irlande, soit en Ecosse, le Roi, se soumettant patiemment à son sort, songea à s’établir à Saint-Germain et à régler sa maison et son genre de vie ainsi que le permettait la pension de 600 mille livres par an qu’il recevait de la cour de France. Il ménagea ce revenu avec tant de prudence et d’économie, que non seulement il conserva autour de lui les apparences d’une cour, en entretenant à son service la plus grande partie des officiers qui environnent un roi d’Angleterre, mais secourut aussi un nombre infini de personnes dans la détresse, comme des officiers vieux ou blessés, les veuves et les enfans de ceux qui avaient perdu la vie à son service. Les salaires et les pensions qu’il accordait étaient à la vérité peu considérables ; mais il ne laissait guère le mérite sans récompense, et ses serviteurs avaient de quoi vivre décemment : si bien qu’à l’aide des gardes que Sa Majesté Très Chrétienne lui donnait pour l’accompagner ainsi que la reine et le prince son fils, sa Cour, malgré son exil, conservait un air [p. 276] de dignité convenable à un prince. Outre les gens de sa maison et plusieurs autres de ses loyaux sujets, tant catholiques que protestans, qui avaient voulu suivre sa fortune, il avait ordinairement autour de lui, surtout en hiver, tant d’officiers de l’armée qu’un étranger aurait pu oublier la situation où il se trouvait et se croire toujours à Whitehall. Ce n’était pas la seule chose qui rappelât le passé : sa conduite envers ceux qui l’environnaient était ce qu’elle avait été en Angleterre. On n’y voyait aucune distinction entre les personnes de différentes croyances ; les protestans étaient soutenus, protégés et employés tout aussi bien que les autres. A la vérité, les lois de France ne leur accordaient pas les mêmes privilèges relativement aux prières publiques, enterremens, etc. ; mais le roi trouvait moyen d’obtenir pour eux des adoucissemens à ce qu’il ne pouvait totalement empêcher. Sa conversation était aussi tellement semblable à ce qu’elle avait toujours été, que sous ce rapport on l’aurait cru encore au milieu de ceux qui l’avaient abandonné ou trahi. Jamais une réflexion d’amertume et de blâme sur le peuple ou le pays qui l’avait si indignement traité. On ne pouvait lui faire plus mal sa cour que de déclamer contre l’ingratitude de ceux qui s’étaient montrés les plus criminels en ce point. Si l’on pouvait leur trouver quelque apparence d’excuse, il ne manquait pas de la faire valoir [p. 277] et se rendait la plupart du temps l’avocat déclaré de ses plus grands ennemis. Il raisonnait sur les mesures du gouvernement d’Angleterre, les votes et la marche de son parlement, la valeur et la conduite de ses troupes, avec autant de clame et de modération que s’il eût encore été à leur tête, et ne paraissait pas prendre moins d’intérêt la réputation des soldats et des marins anglais que dans le temps qu’il était témoin de leurs efforts et partageait leur gloire. Il ne pouvait renoncer aussi aisément à sa tendresse pour son peuple que ce peuple à sa loyauté et à ses devoirs envers lui ; et lorsque dans quelque acte ou déclaration publics il se voyait obligé d’exposer les torts de ses sujets, il ne le faisait que par la nécessité où il était de se justifier, et non par l’effet d’aucune aigreur ou amertume que lui eût laissé le souvenir des troubles. Ainsi, quoiqu’il sût, en certaines occasions, convaincre le monde qu’il n’était pas insensible aux injures qu’il en avait reçues, il montrait bien par la conduite de toute sa vie qu’il désirait leur repentir, non leur perte ou sa propre vengeance.
La reine étant devenue grosse, peu après que le roi fut revenu d’Irlande, il saisit cette occasion de convaincre ses sujets de la fausseté de cette calomnie qui avait si fort contribué à les entraîner dans les vues du prince d’Orange. Il pensa qu’une invitation aux membres de son conseil privé, [p. 278] et à plusieurs autres personnes de qualité, de venir assister aux couches de la reine serait le moyen le plus efficace de prouver que, quatre années auparavant, Sa Majesté n’avait pas encore passé l’âge d’avoir des enfans. Il écrivit donc aux lords et autres personnes de son conseil privé la lettre suivante :
« Très fidèles etc. Les rois nos prédécesseurs ayant été dans l’usage d’appeler tous ceux de leur conseil privé qui se trouvaient à leur portée pour être présens aux couches de la reine et à la naissance de leurs enfans, et comme nous avons suivi leur exemple à la naissance de notre très cher fils le prince de Galles, quoique cette précaution n’ait pas suffi pour nous préserver des malicieuses calomnies de ceux qui avaient résolu de nous dépouiller de nos droits de roi, pour ne pas manquer à ce que nous devons à nous-même, dans cette occasion où il a plu au Tout-Puissant, défenseur de la vérité, de nous donner l’espérance d’un autre enfant, la reine notre très chère épouse se trouvant grosse et près de son terme, nous avons cru devoir requérir tous ceux de notre conseil privé qui en auront la possibilité de se rendre auprès de nous à Saint-Germain pour être témoins des couches de la reine, notre très chère épouse.
Nous vous signifions donc par ces présentes [p. 279] notre royale volonté, afin que vous employiez tous les moyens possibles pour venir aussi promptement que vous pourrez, la reine devant accoucher vers le milieu de mai prochain (style anglais). Et afin qu’il ne vous reste aucune crainte de notre part, notre très cher frère, le Roi Très Chrétien, a consenti à ce que nous vous promissions, comme nous le faisons ici, toute sûreté pour venir, ainsi que pour vous en retourner après les couches de la reine, notre très chère épouse. Quoique l’iniquité des temps, la tyrannie des étrangers, et l’égarement d’une partie de nos sujets, nous aient mis dans la nécessité d’employer ces moyens inusités, nous espérons que cette démarche convaincra le monde, à la confusion de nos ennemis, de la sincérité et de la candeur de notre conduite. Ne doutant pas que vous ne vous rendiez à cette invitation, nous vous saluons sincèrement. Donné en notre Cour de Saint-Germain, le 8 avril 1692, la huitième année de notre règne. »
Ces lettres furent adressées aux duchesses de Sommerset et de Beaufort, à ladys Derby, Mulgrave, Rutland, Danby, Nottingham, Brooks, [p. 280] Lumley, Fitzharding et Fretzwell, à sir John Trevor, orateur de la chambre des communes, et à sa femme, à ladys Seymour, Musgrave, Blunt, Guise et Foly, à la femme du maire de Londres, aux femmes des deux shériffs, et au docteur Hugh ; mais le prince d’Orange, qui avait obtenu tout ce qu’il attendait de cette infâme calomnie, s’embarrassait alors assez peu qu’on jugeât la chose vraie ou fausse. Au lieu donc de faire ce qu’il fallait pour éclairer le monde sur un point d’une si haute importance, il prit tous les soins possibles pour empêcher ces lettres d’arriver à leur adresse, et consentit si peu à donner les sauf-conduits qu’on offrait de l’autre côté, que soit qu’on en eût ou non le désir, il est certain que personne n’osa entreprendre ce voyage qui déplaisait si évidemment au prince et à la princesse d’Orange. Cela fournit, à la vérité, aux amis de Sa Majesté, l’occasion de publier les criantes injustices qu’il avait souffertes sur ce point, et sur plusieurs autres ; mais ce n’était point par des argumens et des raisonnemens que le roi pouvait espérer d’arracher son sceptre des mains de l’usurpateur ; la force seule pouvait y réussir, et Sa Majesté n’était pas encore sans espérance de se procurer celles dont il avait besoin.
[…]
[p. 306] [1692] Comme le prince de Galles avait alors près de quatre ans, le roi jugea à propos, avant de partir pour cette expédition, de le revêtir de l’ordre de la Jarretière ; il le donna en même temps au duc de Powis et au comte de Melfort. Il avait fait quelque temps auparavant le même honneur au comte de Lauzun, en récompense des services qu’il lui avait rendus en Irlande, et des secours qu’il avait prêtés à la reine pour s’échapper d’Angleterre. Après cette cérémonie, le roi partit pour Cannes en Normandie, où il arriva le 24 avril (nouveau style), accompagné du maréchal de Bellefond et suivi du duc de Berwick et de plusieurs autres officiers de distinction.
[…]
[p. 312] Après le malheureux succès de cette expédition, les troupes furent renvoyées à leurs différents postes, et le roi retourna à Saint-Germain, où Sa Majesté Très Chrétienne, avec sa générosité habituelle, lui renouvela les assurances de sa protection et de son secours malgré ce malheur et tous les autres. Pour montrer d’ailleurs qu’il n’était ni découragé ni ruiné par cette perte, le roi de France ordonna, malgré les dépenses de la guerre, qu’on reconstruisît autant de vaisseaux qu’il lui en avait été brûlé. En effet, dans le cours d’une année, on les eut reconstruits de la même grandeur et du même chargement : ce qui fit hautement admirer la richesse, la puissance et l’administration financière de son royaume.
Un mois après que le roi fut revenu de La Hogue, la reine mit en monde une princesse : ce qui leur fit éprouver au moins les consolations domestiques. Elle fut baptisée sous le nom de Louise Marie et tenue sur les fonts par le roi Très Chrétien ; la cérémonie fut faite avec beaucoup de magnificence et de solennité. Personne n’était venu d’Angleterre pour se rendre à l’invitation du roi ; mais la reine eut à ses couches, outre les princesses et les principales dames de la cour de France, le chancelier, le premier président [p. 313] du parlement de Paris, l’archevêque, etc. ; on y appela aussi la femme de l’ambassadeur du Danemarck, madame Meereroon, comme une personne dont le témoignage devait avoir du poids auprès de la nation anglaise ; et, bien que contraire au parti du roi, elle ne put refuser, d’après le témoignage de ses propres yeux, d’avouer le ridicule de ces fausses et malveillantes insinuations qui lui avaient causé tant de mal.
Les continuelle contrariétés qu’avait subies le roi l’avaient tellement dépouillé de toute pensée de bonheur en ce monde qu’il ne s’occupait guères plus que d’assurer sa félicité dans l’autre, auquel il voyait bien que la Providence voulait le conduire par la voie de l’affliction et des souffrances, la plus sûre de toutes, surtout pour ceux que pénètrent de douleur et d’aversion le souvenir de leurs fautes passées. Le roi était trop humble pour ne pas reconnaître les siennes, et trop juste pour ne pas penser qu’il dût en être puni. Il accepta donc de bon cœur et avec joie les châtimens qu’il plut à Dieu de lui envoyer, et en ajouta même de son choix, qu’il eût poussés à l’excès si la prudence de son directeur n’eût pris soin de modérer son zèle. Cela ne l’empêcha pourtant pas de profiter, comme il le devait, de toutes les occasions que pouvait lui offrir la Providence de rentrer dans ses droits. Il avait comment appliquer aux peines la patience, aux mauvais [p. 314] succès la persévérance. Le dernier échec qu’il avait éprouvé ne l’empêcha donc pas de continuer sa correspondance avec ses partisans d’Angleterre qui, surtout avant l’affaire de La Hogue, étaient ou se disaient fort nombreux, non seulement parmi les personnes du premier rang, mais même parmi les employés du gouvernement : peut-être étaient-ils moins animés par un pur zèle pour le rétablissement du roi, qu’effrayés de la perspective d’une guerre interminable et d’un gouvernement sans stabilité, tel qu’ils devaient l’attendre jusqu’à ce que les choses eussent repris leur cours naturel. Ils voyaient le roi Très Chrétien épouser sincèrement les intérêts de Sa Majesté, et ses derniers succès contre les forces unies de toute l’Europe, interrompus seulement par sa dernière défaite, montraient ce qu’il était capable de faire, même lorsqu’il avait à lutter contre un si grand nombre d’ennemis ; et à plus forte raison ce qu’on en devait attendre, si quelque accident venait à rompre l’alliance qui, formée de tant de pièces différentes, ne pouvait, selon toute apparence, durer longtemps. Voyant donc quelque apparence qu’ils seraient un jour forcés de retourner à leur devoir, plusieurs d’entre eux pensaient qu’il valait beaucoup mieux y revenir volontairement, et en offrant au roi de certaines conditions, s’assurer des garanties contre ce qu’ils croyaient avoir à craindre pour la religion, les lois et la liberté, mais [p. 315] même obtenir du roi sur ces divers points de nouvelles concessions que l’état fâcheux de ses affaires pouvait le disposer à leur accorder.
[…]
[p. 426] [1697] Aussitôt après la paix, le prince d’Orange ayant envoyé en France son favori Bentinck en qualité d’ambassadeur, celui-ci saisit cette occasion de pousser à de nouvelles rigueurs contre Sa Majesté. Il paraît que, dans la première conférence qui avait eu lieu avant les négociations entre ce ministre et le maréchal de Boufflers, il avait insisté pour que le roi fut éloigné de France, mais Sa Majesté Très Chrétienne avait coupé court à cette demande, en disant que si le prince insistait sur cet article, il renoncerait à toute pensé de négocier avec lui. Il n’en fut donc pas question à Riswick ; mais le prince d’Orange, [p. 427] après le succès de ces négociations, crut ne devoir désespérer de rien et ordonna à Bentinck de renouveler ses sollicitations sur ce point. La mauvaise conscience du prince et de son parti ne pouvait supporter de voir de si près celui dont la présence leur reprochait leur injustice et leur infidélité et demeurait suspendue sur leur tête comme un nuage annonçant la tempête. Mais Sa Majesté Très Chrétienne fut inébranlable sur ce point : Elle regardait son honneur comme trop engagé pour le laisser ainsi fouler aux pieds par l’usurpateur ; elle ne s’était déjà que trop abaissée [p. 428] devant lui, et l’on s’était étonné qu’il lui inspirât tant de crainte. Ce ne pouvait être que par ce motif qu’Elle s’abstint de demander le douaire de la reine ; car, puisque le peuple d’Angleterre avait traité son roi avec si peu d’égards que de la regarder comme mort pour le paix, la conséquence était que la reine avait droit au moins à son douaire, dont, par les lois d’Angleterre, elle avait le privilège de jouir même pendant la vie du roi. Il n’y avait pas de réponse à faire à cela : ainsi par un article secret on convint de le lui payer. La chose fut confirmée dans le suivant parlement, tellement qu’une somme d’argent fut en secret affectée à cet emploi ; mais lorsqu’on en vint à toucher cette somme, le prince d’Orange éleva de nouvelles difficultés et de nouvelles demandes, et particulièrement celle d’éloigner le roi de Saint-Germain. Bentinck prétendait que le maréchal de Boufflers y avait secrètement consenti : le maréchal le niait positivement. Quoi qu’il en soit, Sa Majesté Très Chrétienne était si peu disposée à discuter ce point avec le prince, qu’Elle aima lieux lui laisser cet argent entre les mains comme un prix de sa complaisance que de risquer de l’exaspérer en le pressant trop vivement sur un point qu’il n’avait pas l’intention d’accomplir. Le roi et la reine eurent donc la mortification de vivre entièrement des bienfaits d’un prince étranger, et dans la même [p. 429] dépendance sur tous les points que s’ils eussent fait vœu de pauvreté et d’obéissance.
Le bill de bannissement, qui suivit immédiatement la paix, fut pour le roi un nouveau sujet de chagrin qui augmenta de beaucoup ses charges. Le parlement d’Angleterre passa un acte qui non seulement déclarait crime de haute trahison toute correspondance avec le roi, mais contraignait même tous ceux qui avaient été à son service ou étaient seulement venus en France depuis la révolution, si ce n’est avec un passeport du gouvernement à quitter à jour fixe tous les Etats de la Grande Bretagne, sous peine d’être accusés de haute trahison, ex post facto, et sans aucun moyen d’y échapper. Jamais aucun gouvernement n’avait rien fait d’aussi cruel ni d’aussi injuste. Le roi avoua que ce chagrin passait pour lui tous les autres. Il sentait que les souffrances qui lui étaient personnelles n’approchaient pas du châtiment qu’avaient pu à juste titre lui mériter ses désordres passés ; mais voir ses loyaux sujets traités de la sorte en raison de la fidélité qu’ils lui avaient témoignée, c’était pour lui une peine qu’un secours extraordinaire de la grâce pouvait seul le mettre en état de supporter. Les nouvelles d’Irlande lui étaient également douloureuses : le prince d’Orange, malgré toutes ses belles protestations aux princes confédérés, avait, même durant le cours des conférences [p. 430] de Riswick, fait rendre en Irlande une nouvelle loi pour l’extinction totale du papisme, ordonnant entre autres articles le bannissement de tous les ecclésiastiques réguliers. M. de Ruvigny, qui commandait dans le pays, ne manqua pas de mettre l’ordre à exécution. Ils arrivèrent donc bientôt en France en foule ; il en vint plus de quatre cents dans l’espace de quelques mois. La nécessité de secourir leur détresse et celle de tous les autres catholiques, que les bills de bannissement faisaient sortir du royaume, augmenta, comme on l’a dit, de beaucoup les charges du roi. Il eut le chagrin, après leur avoir distribué jusqu’à son nécessaire, d’en voir un grand nombre prêts à périr de besoin sans qu’il fut en son pouvoir de les secourir.
[…]
[p. 440] Mais quoiqu’il ne craignit pas de publier ses désordres passés, il faisait tout ce qu’il pouvait pour cacher sa pénitence. La reine disait ne l’avoir jamais vu si confus qu’une fois qu’elle avait, par hasard, aperçu sa discipline. Il avait [p. 441] donc soin que sa conduite, aux yeux du monde, parût autant que possible telle qu’elle avait toujours été. Il entretenait ses sujets et les personnes de la cour de France avec la même affabilité et le même enjouement qu’à l’ordinaire, continuait d’aller à la chasse, et, de peur de singularité ou d’affection, n’évitait point les divertissemens de la Cour, tels que bals et autres, lorsqu’il y était invité ; mais il était loin de les chercher, non plus qu’aucun de ceux qu’il pouvait éviter sans inconvénient, car, bien que cela passe par des amusemens nécessaires, il pensait autrement et aurait voulu que l’autorité publique retranchât tous ces dangereux divertissemens, comme le jeu, l’opéra, la comédie et autres semblables, et ceux qui n’auront pas lu ce qu’il a écrit sur ce sujet, ne sauraient s’imaginer à quel point il s’élève judicieusement contre de tels plaisirs.
[…]
[p. 447] Ainsi ce pieux prince sanctifiait-il ses souffrances et en faisait les germes féconds d’une immortalité bienheureuse. Elle commençait à s’approcher de lui ; car, le 4 mars 1701, il se trouva mal [p. 448] dans la chapelle ; cependant, revenant à lui peu de temps après, il parut, au bout de huit jours, parfaitement rétabli ; mais huit jours après il fut frappé d’une attaque de paralysie comme il s’habillait. Il eut un côté tellement frappé qu’il avait de la peine à marcher, et perdit, pour quelques temps, l’usage de la main droite ; mais les ventouses, l’émétique, etc., el lui rendirent, et il put recommencer à marcher assez bien. Les médecins jugeant que les eaux de Bourbon le rétabliraient parfaitement, il y alla environ trois semaines après. A son retour il ne boitait presque plus, mais il se plaignait d’une douleur dans la poitrine et crachait de temps en temps le sang. Cela avait commencé même avant son départ pour Bourbon, et donna lieu de craindre que l’émétique, qui pouvait lui avoir été bon pour sa paralysie, n’eût occasionné une lésion au poumon. [p. 449] Cependant il parut recouvrer des forces ; il prit l’air comme à l’ordinaire, et monta quelquefois à cheval ; mais le vendredi, 2 septembre, il fut pris dans la chapelle d’un évanouissement semblable au premier. Il revint à lui lorsqu’on l’eut transporté dans sa chambre. Ce fut une cruelle vue pour la reine désolée, d’autant qu’il retomba évanoui dans ses bras une seconde fois. Il fut cependant assez bien le lendemain ; mais le dimanche il tomba dans un nouvel évanouissement et fut quelque temps sans mouvement. Enfin on lui ouvrit la bouche de force et il vomit une grande quantité de sang, ce qui jeta dans le dernier effroi la reine et tous ceux qui étaient là, excepté lui. Ses longs désirs de la mort lui en avaient rendu la pensée si familière, qui ni les terreurs, ni les tourmens qui accompagnent son approche, ne lui donnèrent la moindre anxiété ni le moindre trouble. Il n’eut pas besoin de l’exhorter à se résigner ni à se préparer comme il le devait ; ce fut la première et l’unique chose dont il s’occupa. La veille précisément du jour de son attaque, il avait fait une confession générale. Aussitôt que son vomissement eut cessé, il pria son confesseur d’envoyer chercher le Saint-Sacrement, et, pensant qu’il n’avait pas longtemps à vivre, l’engagea à se presser, lui recommandant d’avoir soin de ne manquer à aucun des rites de l’Eglise. En même temps, il envoya chercher le prince son [p. 450] fils, qui, au moment où il entra, voyant le roi pâle et l’air mourant, et le lit couvert de sang, laissa éclater, ainsi que tout ce qui l’entourait, la plus violente douleur. Le roi, lorsqu’il arriva au chevet de son lit, étendit, avec un air de satisfaction, ses bras pour l’embrasser, et lui parlant avec une force et une véhémence proportionnée à son zèle et à l’état de faiblesse où il se trouvait, le conjura d’adhérer fermement à la religion catholique, quoi qu’il pût en arriver, d’être fidèle au service de Dieu, respectueux et obéissant envers la reine, la meilleure des mères, et à jamais reconnaissant envers le roi de France, à qui il avait les plus grandes obligations. Ceux qui se trouvaient là, craignant que la vivacité et la ferveur avec lesquelles il parlait ne lui fissent mal, engagèrent le prince à se retirer. Le roi en fut chagriné, et dit : « Ne m’ôtez pas mon fils jusqu’à ce que je lui aie donné ma dernière bénédiction ». Lorsqu’il la lui eut donnée, le prince retourna à son appartement, et on amena près de son lit la petite princesse, à qui il parla dans le même sens. Elle, en même temps, par l’abondance de ses innocentes larmes, montrait combien elle était sensiblement touchée de l’état de faiblesse où elle voyait le roi son père. Non content d’avoir parlé à ses enfans, il fit, avec la plus grande ferveur et toute la piété imaginable, une sorte de courte exhortation à tous ceux qui [p. 451] l’entouraient, et surtout à lors Middleton et à ses autres serviteurs protestans, qu’il exhorta à embrasser la religion catholique. Il apporta dans cette exhortation tant de force et d’énergie qu’il leur fit beaucoup d’impression ; et il leur dit qu’ils pouvaient croire sur l’assurance d’un mourant, que lorsqu’ils se trouveraient dans le même état que lui, ils éprouveraient une grande consolation d’avoir suivi son exemple et ses avis.
Lorsqu’il vit arriver le Saint-Sacrement, il s’écria : « L’heureux jour est enfin venu ! » puis il se recueillit pour recevoir le saint viatique. Le curé s’approcha de son lit, et, selon la coutume en pareille occasion, lui demanda s’il croyait en la présence réelle et substantielle du corps de Notre Seigneur dans le Saint-Sacrement ? A quoi il répondit : « Oui, j’y crois de tout mon cœur » ; puis, ayant passé quelques momens dans un recueillement spirituel, il désira recevoir le sacrement de l’extrême-onction, et porta dans toutes ces cérémonies une piété exemplaire, et une singulière présence d’esprit.
Il ne pouvait y avoir de meilleures occasions de déclarer publiquement qu’il mourrait en parfaite charité avec tout le monde, et qu’il pardonnait du fond de son cœur à tous ses ennemis ; et, de peur qu’on ne pût douter de sa sincérité à l’égard de ceux dont il avait plus à se plaindre que des autres, il nomma spécialement le prince d’Orange, [p. 452] la princesse Anne de Danemarck sa fille, et, s’adressant à son confesseur d’une manière encore plus particulière, lui dit : « Je pardonne aussi de tout mon cœur à l’Empereur ». Mais, dans la vérité, il n’avait pas attendu ce moment pour accomplir le devoir chrétien du pardon des injures. Son cœur avait été si éloigné de tout ressentiment qu’il regardait ceux qui les lui avaient fait subir comme ses plus grands bienfaiteurs, et déclarait souvent qu’il avait plus d’obligations au prince d’Orange qu’à qui que ce fût au monde. Pendant tout ce temps, la pauvre reine, hors d’état de se soutenir, était tombée à terre auprès du lit, en bien plus grande angoisse que lui, et autant que lui privée de toute apparence de vie. Le roi fut sensiblement touché de l’excès de sa douleur, et parut en souffrir plus que de toute autre chose. Il lui dit tout ce qu’il put pour la consoler et l’engager à se résigner en ceci, comme elle le faisait en toute autre chose, à la volonté de Dieu ; mais elle demeura inconsolable jusqu’à ce que, voyant un mieux sensible, et le roi ayant bien passé la nuit, il lui parut que son état n’était pas désespéré, et qu’on pouvait concevoir quelque espoir de guérison.
Le lendemain, Sa Majesté Très Chrétienne vint voir, et descendit comme tout le monde à la porte du château, pour éviter à Sa Majesté le bruit de la voiture. Le roi la reçut avec autant [p. 453] d’aisance et d’affabilité qu’à l’ordinaire. Il était mieux ce soir-là, et quoique dans la nuit suivante il se trouvât de nouveau assez mal, le mercredi ayant rendu beaucoup de sang par en bas, il fut soulagé, la fièvre tomba et l’on eut de grandes espérances de voir son état s’améliorer. Le dimanche Sa Majesté Très Chrétienne lui fit une seconde visite. Il la reçut, ainsi que les princes et les personnes de distinction qui venaient sans cesse le voir, avec autant de présence d’esprit et de civilité, que s’il n’eût senti aucun mal. Mais le lundi, il tomba dans l’assoupissement, et tout espoir de rétablissement s’évanouit. La reine était près de lui quand la maladie commença à tourner ainsi ; ce fut pour elle une sorte d’agonie. Le roi le vit et en fut touché, et, malgré l’état d’affaiblissement où il se trouvait, il lui dit : « Madame, ne vous affligez pas, je vais, j’espère, à la félicité ». A quoi la reine répondit : « Sire, je n’en doute pas. Aussi n’est-ce pas votre situation que je déplore, c’est la mienne ». Alors, surmontée par la douleur, elle fut au moment de s’évanouir. Le roi, s’en apercevant, la pria de se retire, et ordonna à ceux qui se trouvaient présens de la conduire à sa chambre. Après quoi l’on commença les prières des agonisans. Le roi demeura cependant à peu près dans le même état toute la nuit, durant laquelle il reçut de nouveau le Saint-Sacrement, avec la piété la [p.454] plus exemplaire. Il renouvela sa déclaration de pardon, nommant à haute voix le prince d’Orange, la princesse Anne sa fille, et l’Empereur ; il dit qu’il désirait qu’ils sussent qu’il leur pardonnait. Les médecins lui avaient pendant tout ce temps fait prendre du quinquina, et, quoique ce fût la chose au monde qu’il eût le plus en aversion, il ne refusa jamais de le prendre. Ils jugèrent à propos de lui mettre les ventouses en plusieurs endroits, ce qui le tourmenta beaucoup ; cependant il le souffrit sans jamais se plaindre, et sans en montrer la moindre déplaisance, non plus que de rien de ce qu’ils lui ordonnaient. Ce n’était ni l’espoir de guérir, ni la crainte de la mort qui l’engageaient ainsi à se soumettre. Il désespérait de sa guérison et souhaitait de mourir ; mais il croyait que la perfection était dans l’obéissance, et que sa patience à souffrir ces remèdes inutiles à son corps tournerait au profit de son âme.
Il passa toute la journée du lendemain dans le même assoupissement. Il ne parut prendre garde à rien, excepté lorsqu’on disait les prières ; il y était toujours attentif, et par le mouvement de ses lèvres semblait lui-même prier continuellement. Le mardi 13, vers trois heures, Sa Majesté Très Chrétienne vint une troisième fois, et lui déclara ses résolutions à l’égard du prince : elle ne lui en avait rien dit dans sa première visite, et n’avait même encore rien déterminé à cet égard. [p. 455] Mais, voyant le roi à l’extrémité, elle avait jugé devoir prendre un parti, et avait assemblé son conseil. La plupart de ceux qui le composaient craignaient que si, après la mort de Sa Majesté, le roi de France reconnaissait le prince pour roi d’Angleterre, cela ne plongeât la nation dans une nouvelle guerre, dont elle avait la plus grande terreur. On chercha donc des expédiens pour éloigner au moins la chose ; mais le Dauphin, le duc de Bourgogne et tous les princes trouvèrent si injuste et si contraire à la dignité de la couronne de France d’abandonner un prince de leur sang qui demandait et méritait à si juste titre leur protection, qu’ils furent tous d’avis contraire ; et comme le Roi Très Chrétien en jugeait de même, il était venu pour le déclarer à Sa Majesté. Il alla d’abord trouver la reine, et l’informa de sa résolution, ce qui lui donna quelques consolations dans la profonde affliction où elle était plongée. Il envoya ensuite chercher le prince, et lui promit que s’il plaisait à Dieu d’appeler à lui le roi son père, il lui en servirait. Le prince exprima sa reconnaissance d’une faveur si signalée, et lui dit qu’il le trouverait aussi soumis et aussi respectueux que s’il était son fils. Après quoi il retourna dans [p. 456] son appartement. Sa Majesté Très Chrétienne entra alors chez le roi, et, s’approchant de son lit, lui dit : « Sire, je suis venu savoir comment se trouve aujourd’hui Votre Majesté » ; mais le roi, qui n’entendit pas, ne fit pas de réponse. Un de ceux qui étaient auprès de lui lui dit que le roi de France était là ; alors il se souleva en disant : « Où est-il ? » et commença à le remercier de toutes ses bontés, et particulièrement du soin et de l’attachement qu’il lui avait témoignés durant sa maladie ; à quoi Sa Majesté Très Chrétienne répondit : « Sire, cela ne vaut pas la peine d’en parler, j’ai à vous dire quelque chose de plus important ». Alors ceux qui entouraient le roi, supposant que le roi de France voulait lui parler en secret, parurent vouloir se retirer, car la chambre était pleine de monde. Sa Majesté Très Chrétienne s’en apercevant dit fort haut : « Que personne ne s’en aille », puis continua ainsi : « Je suis venu, Sire, pour vous faire connaître que lorsqu’il plaira à Dieu d’appeler à lui Votre Majesté, je prendrai votre famille sous ma protection, et traiterai votre fils, le prince de Galles, comme je vous ai traité, le reconnaissant pour roi d’Angleterre comme il le sera alors ». A ces paroles, tous ceux qui étaient là, tant Français qu’Anglais, fondirent en larmes, ne pouvant autrement exprimer le mélange de joie et de douleur qui s’était si singulièrement [p. 457] emparé d’eux. Quelques uns cependant se jetèrent aux pieds de Sa Majesté Très Chrétienne ; d’autres par leurs gestes et leur maintien, beaucoup plus expressifs en certains cas que ne pourraient l’être des discours, exprimèrent leur reconnaissance pour une action si généreuse. Sa Majesté Très Chrétienne en fut si touchée qu’Elle ne put elle-même s’empêcher de pleurer. Le roi s’efforçait, pendant ce temps, de dire quelque-chose ; mais le bruit était trop grand dans sa chambre, et il était trop faible pour se faire entendre. Sa Majesté Très Chrétienne prit alors congé et s’en alla. En retournant à sa voiture, elle appela l’officier de garde chez le roi et lui ordonna, aussitôt que le roi serait mort, de faire auprès du prince de Galles le même service, et de lui rendre les mêmes honneurs qu’au roi son père.
Le lendemain, le roi se trouvant un peu mieux, on permit au prince de venir le voir, ce qu’on ne lui permettait pas souvent, parce qu’on avait remarqué que lorsque le roi voyait son fils, cela lui donnait une émotion capable, à ce qu’on [p. 458] craignait, de lui faire mal. Aussitôt que le prince entra dans la chambre, le roi, étendant les bras vers lui pour l’embrasser, lui dit : « Je ne vous ai pas vu depuis la visite de Sa Majesté Très Chrétienne, et la promesse qu’Elle m’a faite de vous reconnaître après ma mort. J’ai envoyé lord Middleton à Marly pour l’en remercier ». C’était ainsi que ce saint roi parlait de l’approche de sa mort, non seulement avec indifférence mais avec satisfaction, depuis qu’il savait que son fils et sa famille n’en souffriraient pas, et se préparait à la recevoir, s’il était possible, avec plus de joie encore qu’auparavant. Cette heure bienheureuse était peu éloignée, car le jour suivant il s’affaiblit beaucoup, fut pris de continuelles convulsions ou tremblement dans les mains, et le lendemain vendredi 16 septembre, vers trois heures de l’après-midi, rendit son âme pieuse entre les mains de son Rédempteur, à l’heure même de la mort de notre Sauveur, à laquelle il avait toujours eu une dévotion particulière pour obtenir une heureuse mort.
Il serait sans fin de rapporter tous les exemples qu’il donna, durant sa maladie, d’une dévotion et d’une piété exemplaire. Il ne cessa pas de prier aussi longtemps qu’il en eut la force, et lorsque tombé dans l’assoupissement il semblait d’ailleurs ne prendre gade à rien, il parut par ses réponses et par la manière dont il suivant les [p. 459] prières, que son assoupissement ne s’étendait pas jusque-là ; et quoiqu’à la fin il eût presque toujours les yeux fermés pendant la messe qu’on disait tous les jours dans sa chambre, il se montra aussi vigilant et aussi attentif que s’il eût été en parfaite santé, et cela jusqu’au jour même de sa mort. Il ne se plaignit jamais d’aucun remède ni d’aucune opération, quoiqu’il eût un extrême dégout pour le quinquina, et que les ventouses le fissent beaucoup souffrir. Il se soumit entièrement aux volontés des médecins ; seulement il disait quelquefois que si ce n’avait pas été pour l’amour de la reine et de son fils, il n’eût pas consenti à tant souffrir pour une chose dont il se souciait si peu.
Il demeura ainsi quinze jours entre la vie et la mort. Le triste maintien de ceux qui entouraient continuellement son lit eût élevé dans l’âme d’un homme de moindre foi de terribles craintes sur le coup fatal qui s’approchait ; mais il parut, durant tout ce temps, indifférent à ce qui se passait, si ce n’est qu’il s’efforçait d’employer avec plus de ferveur que de coutume les précieux momens qui lui demeuraient encore pour travailler à son bonheur éternel. Ainsi, tandis que ses forces déclinaient, la foi et la piété semblaient l’animer au-dessus des forces de la nature. Jusqu’au dernier moment, le nom de Jésus l’avait éveillé de sa mortelle léthargie ; sourd [p. 460] en apparence à tout le reste, il entendait toutes les prières, en même temps qu’il supportait les souffrances qi précèdent la mort comme si son corps avait perdu toute sensation ; car, lorsqu’on lui demandait comment il se trouvait, il répondait toujours qu’il était bien, et à la civilité, à l’aisance avec lesquelles il recevait les princes et gens de qualité qui venaient sans cesse lui rendre visite, on eût cru effectivement qu’il en était ainsi. L’avant-veille de sa mort, la duchesse de Bourgogne étant chez lui, il ne voulut pas qu’elle s’approche de son lit à cause de la mauvaise odeur. Le jour suivant, paraissant déjà à l’agonie, il souleva encore sa tête pour saluer le duc de Bourgogne, et en fit autant à quelques autres personnes. Enfin, tant qu’il eut l’usage de la parole, il l’employa à prier Dieu, à pardonner à ses ennemis et à proférer sa profession de foi, comme il le fit trois jours avant sa mort, avec toute la fermeté et la ferveur imaginables, en présence du nonce du pape, qui l’était venu voir. Il exhorta continuellement ses sujets, ses serviteurs, mais surtout ses enfans, à servir Dieu, et à ne se laisser entraîner par aucune considération terrestre à abandonner la vraie religion et les voies de la vertu. Quand il lui devint pénible de parler, on continua de voir par ses gestes et même son silence, que son esprit était fixé sur Dieu, et qu’il conservait sa connaissance en [p. 461] quelque sorte jusqu’au dernier moment ; il parut, au mouvement de ses lèvres, qu’il pria jusqu’au moment où son âme se sépara de son corps. La reine, qui durant sa maladie avait été elle-même dans une continuelle agonie, lorsqu’elle apprit qu’il venait de rendre le dernier soupir, fut également prête à expirer ; car jamais on n’avait vu un plus parfait exemple d’affection conjugale que dans cette vertueuse princesse : aussi le tourment que lui causa la séparation fut-il inexprimable ; elle ne semblait vivre que lorsqu’il y avait quelque espérance de guérison, et lorsque cette espérance fut perdue, elle s’abandonna à un tel excès de douleur qu’elle méritait réellement plus de compassion que le roi qui, par une vie sainte et sanctifiée, avait heureusement terminé une vie de mortification et de dévotion chrétienne. Elle se rendit sur le champ à Chaillot, couvent de religieuses, où elle avait coutume de faire de fréquentes retraits, pour y pleurer dans l’amertume de son âme la perte qu’elle venait de faire et demander des consolations à celui qui lui avait envoyé l’affliction, et pouvait seul lui donner les moyens de les supporter. Dès que la première angoisse de sa douleur fut apaisée, elle ne manqua pas d’obéir au dernier commandement du feu roi, et écrivit à la princesse de Danemarck la lettre suivante :
« Je regarde comme un devoir indispensable [p. 462] de m’acquitter, sans plus tarder, de la commission que m’a laissée pour vous le meilleur des hommes et le meilleur des pères. Peu de jour avant sa mort, il me chargea de trouver les moyens de vous faire connaître qu’il vous pardonnait du fond du cœur tout ce qui s’était passé, et priait Dieu de vous le pardonner également ; qu’il vous donnait sa dernière ; et priait Dieu de convertir votre cœur et de vous confirmer dans la résolution de réparer envers son fils le tort qui lui a été fait à lui-même. J’ajouterai seulement que je joins de tout mon cœur mes prières aux siennes, et que je mettrai toute mon application à inspirer au jeune homme laissé à mes soins les sentimens de son père, car personne n’en saurait avoir de meilleurs. 27 septembre 1701. »
On ne saurait douter que la princesse de Danemarck ne fut touchée cette lettre ; elle était ou prétendait être depuis longtemps disposée à réparer, jusqu’à un certain point, les torts qu’on avait eus envers son père ; mais le prince d’Orange étant mort peu de temps après, l’ambition étouffa les bonnes semences qu’eussent peut-être pu faire germer en son sein les charitables et pieuses exhortations de son père mourant, et effaça le souvenir de toutes les protestations qu’elle avait faites de réparer des injustices reconnues par elle-même au moment où elle se trouvait dans l’affliction, [p. 463] mais qu’elle oublia lorsque son tour vint de recueillir les fruits de la commune désobéissance.
Le corps du roi demeura exposé vingt-quatre heures dans la chambre où il était mort. On chanta toute la nuit près de lui l’office des morts, et toute la matinée on dit des messes à deux autels élevés des deux côtés de la chambre. Telle avait été pendant sa vie son humilité, qu’il avait résolu qu’elle le suivrait au tombeau, et avait ordonné, par son testament, qu’on enterrât son corps dans la paroisse sur laquelle il mourrait, sans plus de dépenses qu’on n’avait coutume d’en faire pour un simple particulier. Il ne voulait, pour tout monument et pour toute inscription, qu’une simple pierre avec ces paroles : Ci-git le roi Jacques. Il avait informé le curé de ses intentions, et lui avait ordonné d’insister pour qu’elles fussent accomplies ; mais Sa Majesté Très Chrétienne dit que c’était la seule chose qu’il ne pût lui accorder. Il fut donc embaumé dans la soirée : une partie de ses entrailles fut portée à l’église de la paroisse, et le reste au collège anglais à Saint-Omer. La cervelle et la partie charnue de tête furent placées au collège écossais de Paris, où le duc de Perth fit élever, à ses frais, un beau monument, témoignant combien le collège se sentait heureux de posséder ces précieuses
[p. 464] Sitôt que la distribution en eût été faite, et que tout fut prêt pour emporter son corps, on partit vers sept heures du soir pour l’église des Bénédictins anglais de Paris. Le cortège était composé du duc de Berwick, du comte de Middleton, des chapelains de Sa Majesté, et de quelques autres de ses domestiques. Partout sur son passage il était accompagné des pleurs et des lamentations non seulement des sujets du roi, mais des habitans des lieux qu’il traversait. On laissa son cœur à Chaillot, comme il l’avait ordonné, et on s’arrangea pour n’y être que vers minuit, afin que la reine n’entendit pas le bruit et ne sut pas l’heure de l’arrivée, et de lui épargner un surcroît de douleur qui aurait fait saigner de nouveau ses blessures si récentes ; mais ni silence de la nuit, ni la précaution qu’on avait prise de cacher l’heure à la reine ne l’empêchèrent d’éprouver une sorte de pressentiment de ce qui allait se passer, et, quoiqu’elle ne le sût pas certainement, elle demeura tout le temps de la cérémonie dans l’angoisse et la douleur. Le secret qu’on avait gardé n’empêcha pas le peuple de se porter en foule à sa rencontre dans les rues de Paris, montrant, par des expressions à la fois de joie et de douleur, l’affliction que causait sa mort et la satisfaction de conserver ces précieuses reliques. Lorsqu’on fut arrivé au couvent, le docteur Ingleton, aumônier de la reine, remit son corps au [p. 465] prieur, et prononça un discours latin élégamment écrit, ainsi qu’il l’avait fait en déposant son cœur à Chaillot. Le corps fut placé dans une des chapelles latérales de l’église pour y demeurer jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de disposer les Anglais à réparer en quelque sorte leurs torts envers lui durant sa vie par les honneurs qu’ils jugeront à propos de lui rendre après sa mort. »

Jacques II

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans les souvenirs de la comtesse de Caylus

« [p. 479] Nous arrivames ensemble à Paris, où madame de Maintenon vint aussitôt me chercher et m’emmena seule à Saint Germain. Je pleurai d’abord beaucoup, mais je trouvai le lendemain la messe du Roi si belle que je consentis à me faire catholique, à condition que je l’entendrois tous les jours, et qu’on me garantiroit du fouet. C’est là toute la controverse qu’on employa et la seule abjuration que je fis.
M. de Cheteau Regnault eut ordre d’envoyer mon frere à la Cour. Il y arriva presque aussitôt que moi et fit une plus longue resistance. Mais enfin il se rendit, on le mit à l’academie et il quitta la marine.
[…]
[p. 481] J’arriva à Saint Germain au mois de janvier 1681. La Reine vivoit, monseigneur le Dauphin etoit marié depuis un an, et madame de Maintenon, dans une faveur eclatante, paroissoit aussi bien avec la Reine qu’avec le Roi. Cette princesse attribuoit à la nouvelle favorite les bons procedés que le Roi avoit pour elle depuis quelque temps, et elle la regardoit avec raison sur un pied bien different des autres.
Mais, avant de parler des choses que j’ai vues, il est bon de raconter celles que j’ai entendu dire.
J’ai pu voir madame de Fontanges mais, ou je ne l’ai pas vue, ou il ne m’en souvient pas. Je me souviens seulement d’avoir vu pendant quelque temps, à Saint Germain, le Roi passer du chateau vieux au neuf pour l’aller voir tous les soirs : on disoit qu’elle etoit malade, et en effet elle partit quelques mois apres pour aller mourir à Port Royal de Paris. Il courut beaucoup de bruits sur cette mort, au desavantage de madame de Montespan, mais je suis convaincue qu’ils etoient sans fondement. […]
Je me souviens aussi d’avoir souvent entendu parler de madame de La Vallière. On sait qu’elle a precedé madame de Montespan, et ce n’est pas l’histoire de chaque maitresse que je pretends faire, je veux seulement ecrire les faits qui me sont demeurés plus particulierement dans l’esprit, soit que j’aie eté temoin, ou que je les aie entendu raconter par madame de Maintenon.
Le Roi prit donc de l’amour pour madame de Montespan dans le temps qu’il vivoit avec madame de La Valliere en maitresse declarée ; et madame de Montespan, en maitresse peu delicate, vivoit avec elle : meme table et presque meme maison. Elle aima mieux d’abord qu’il en usat ainsi, soit qu’elle esperat par là abuser le public et son mari, soit qu’elle ne s’en souciat pas, ou que son orgueil lui fit plus gouter le plaisir de voir à tous les instans humilier sa rivale, que la delicatesse de sa passion ne la portoit à la crainte de ses charmes. Quoi qu’il en soit, c’est un fait certain. Mais un jour, fâchée contre le Roi pour quelque autre sujet (ce qui lui arrivoit souvent), elle se plaignit de cette communauté avec une amertume qu’elle ne sentoit pas : elle y trouvoit, disoit elle, peu de delicatesse de la part du Roi. Ce prince, pour l’apaiser, repondit avec beaucoup de douceur et de tendresse, et finit par lui dire que cet etablissement s’etoit fait insensiblement. « Insensiblement pour vous, reprit madame de Montespan, mais tres sensiblement pour moi. »
[…]
[p. 489] Un jour que le carrosse de madame de Montespan passa sur le corps d’un pauvre homme sur le pont de Saint Germain, madame de Montausier, madame de Richelieu, madame de Maintenon et quelques autres qui etoient avec elle en furent effrayées et saisies comme on l’est d’ordinaire en pareille occasion : la seule madame de Montespan ne s’en emut pas et elle reprocha meme à ces dames leur foiblesse. « Si c’etoit, leur disoit elle, un effet de la bonté de votre cœur et une veritable compassion, vous auriez le meme sentiment en apprenant que cette aventure est arrivée loin comme pres de vous. »
[…]
[p. 508] La guerre commença en 1688 par le siege de Philisbourg et le roi d’Angleterre fut chassé de son trone l’hiver d’apres. La reine d’Angleterre se sauva la premiere avec le prince de Galles son fils, et la fortune singuliere de Lauzun fit qu’il se trouva precisement en Angleterre dans ce temps là. On lui sut gré ici d’avoir contribué à une fuite à laquelle le prince d’Orange n’auroit eu garde de s’opposer. Le Roi cependant l’en recompensa comme d’un grand service rendu aux deux couronnes. A la priere du roi et de la reine d’Angleterre, il le fit duc et lui permit de revenir à la Cour où il n’avoit paru qu’une fois apres sa prison. M. le Prince, en le voyant revenir, dit que c’etoit une bombe qui tomboit sur tous les courtisans.
Si le prince d’Orange n’avoit pas eté faché de voir partir d’Angleterre la reine et le prince de Galles, il fut encore plus soulagé d’etre defait de son beau pere.
Le Roi les vint recevoir avec toute la politesse d’un seigneur particulier qui sait bien vivre, et il a eu la meme conduite avec eux jusqu’au dernier moment de sa vie.
M. de Montchevreuil etoit gouverneur de Saint Germain, et comme je quittois peu madame de Montchevreuil, je voyois avec elle cette Cour de pres. Il ne faut donc pas s’etonner si, ayant vu croitre le prince de Galles, naitre la princesse sa sœur et reçut beaucoup d’honnetetés du roi et de la reine d’Angleterre, je suis demeurée jacobite, malgré les grands changemens qui sont arrivés en ce pays ci par rapport à cette cause.
La reine d’Angleterre s’etoit fait hair, disoit on, par sa hauteur, autant que par la religion qu’elle professoit en Italienne, c’est à dire qu’elle y ajoutoit une infinité de petites pratiques inutiles partout et beaucoup mal placées en Angleterre. Cette princesse avoir pourtant de l’esprit et de bonnes qualités, qui lui attirerent de la part de madame de Maintenon une estime et un attachement qui n’ont fini qu’avec leurs vies
Il est vrai que madame de Maintenon souffroit impatiemment le peu de secret qu’ils gardoient dans leurs affaires, car on n’a jamais fait de projet pour leur retablissement qu’il n’ait eté aussitôt su en Angleterre qu’imaginé à Versailles. Mais ce n’etoit pas la faute de ces malheureuses Majestés : ils etoient environnés à Saint Germain de gens qui les trahissoient, jusqu’à une femme de la Reine et pour laquelle elle avoit une bonté particuliere, qui prenoit dans ses proches les lettres que le Roi ou madame de Maintenon lui ecrivoient, les copioit pendant que la reine dormoit et les envoyoit en Angleterre. Cette femme s’appeloit madame Strickland, mere d’un petit abbé Strickland qui, dans ces derniers temps, digne heritier de madame sa mere, a pretendu au cardinalat par son manege. »

Le Valois de Villette de Murçay, Marthe-Marguerite

Mentions de Saint-Germain-en-Laye dans l’Histoire de Charles VI de Jean Juvenal des Ursins

« [p. 103] [1390] Au dict an, le Roy s’en alla esbatre a Sainct Germain en Laye, et la Royne aussy, et plusieurs des seigneurs, dames et damoiselles, et devisoient ensemble, et s’esbatoient es bois de Poissi. Et une fois survint un terrible tonnerre, si se retrahirent au chasteau. Et disoient aucuns que oncques n’avoient veu si horrible ne terrible tonnerre, et entre Sainct Germain et Poissy y eut quatre hommes morts et foudroyez. Et apres ce toute la nuict feit le plus merveilleux vent que oncques on eust veu, et arracha arbres es forests et jardins, et abbatit cheminées et hauts des maisons, et aucuns clochers, et feit [p. 104] des dommages innumerables. Et disoit on, et aussi estoit il vray, que le Conseil estoit assemblé pour faire une grosse taille sur le peuple, et quand on veid les dictes tempestes, le Conseil se separa, et feut rompu. Et a la requeste de la Royne, feut expressement defendu qu’on n’en levast aucunement.
[…]
[p. 111] [1392] Et manda le Roy a ses oncles de Berry et de Bourgongne la deliberation qu’il avoit faict d’aller en Bretaigne, en les requerant qu’ils veinssent vers luy le mieux accompaignez qu’ils pourroient. Lesquels feurent bien esbahis quand ils sceurent l’entreprise, et comme ceux qui estoient au conseil du Roy avoient osé estre si hardis d’avoir faict la dicte conclusion sans les appeller, eux qui estoient oncles du Roy, veu que l’entreprise estoit grande, et a l’executer pouvoit avoir des difficultez et dangers beaucoup. Et de ce feurent tres mal contents de ceux qui estoient autour du Roy et qu’on disoit le gouverner, c’est a scavoir Clisson, La Riviere et Noujant, et si estoient plusieurs autres. Car ils tenoient le Roy de si pres que nul office n’estoit donné sinon par eulx, ou de leur consentement. Et sembloit par leurs manieres qu’ils cuidoient estre perpetuels en leurs offices, et qu’on ne leur pouvoit nuire. Et haultement, et en grande auctorité, se gouvernoient. Et si estoient les gens d’Eglise et de l’Université tres mal contents d’eux. Car ils grevoient eulx, et les jurisdictions ecclesiastiques, et leurs privileges. Et voloient de si haute aisle qu’a peine on en osoit parler. Et afin qu’on n’eust pas leger acces devers le Roy, le feirent partir de Paris, et aller a Sainct Germain en Laye. Ce nonobstant l’Université delibera d’envoyer une notable ambassade devers le Roy au dict lieu de Sainct Germain. Et y furent deputez le recteur [p. 112] mesme, et plusieurs nobles clercs de toutes les quatre facultez. Et quand ils feurent a Sainct Germain, feirent scavoir a monseigneur le chancellier et au Conseil qu’ils avoient a parler au Roy et qu’il leur pleust de leur faire avoir audience, et par plusieurs fois interpellerent et feirent dilligence de l’avoir. Et apres plusieurs responses et choses dictes par le chancellier, il leur dit que le Roy estoit occupé en tres grandes et haultes besongnes, et que de present n’auroient audience, et qu’ils ne se souciassent de leurs privileges et qu’on les garderoit tres bien, et qu’ils s’en allassent. Et pour ce s’en retournerent a Paris sans estre ouys. Ce qu’on tenoit a chose bien estrange.
[…]
[p. 125] [1393] Le Roy alla en pelerinage a Sainct Denys en France, et aussi au mont Saint Michel. Et avoit de belles et grandes devotions en Dieu, et s’en retourna esbatre a Sainct Germain en Laye. Et luy faisoit on toutes les plaisances qu’on pouvoit. […]
[p. 126] Le Roy estant a Sainct Germain en Laye et son Conseil, l’Université de Paris envoya une notable ambassade par devers luy, le prier et requerir qu’on voulust entendre a l’union de l’Eglise. Et leur octroya leur requeste, et voulut qu’on advisast toutes les manieres par lesquelles l’union se pourroit faire, et il estoit prest d’y entendre. De laquelle chose les ambassadeurs au nom de l’Université rendirent graces et mercis au Roy et aux seigneurs qui estoient avec luy, et en firent leur rapport à l’Université.
[…]
[p. 214] [1405] Il y eut un merveilleux tonnerre et une grande tempeste en l’hostel de monseigneur le Daulphin. Mais un autre au dict an vint à Sainct Germain en Laye, bien grand et horrible, auquel estoient la Royne et le duc d’Orleans, qui avoient esté veoir madame Marie de France à Poissi, et faisoit a une vespree depuis disner beau temps, et net. Par quoy delibererent d’aller chasser au bois, et se meit la Royne en un chariot, et ses damoiselles avec elle, et le duc d’Orleans, et autres femmes, a cheval. Et soubdainement survint une merveilleuse tempeste de vents, grosse gresle et pluie, et tellement que le dict duc d’Orleans feut contrainct de se bouter dedans le dict chariot ou la Royne estoit. A cause de quoy les chevaux du dict chariot, qui estoient forts et puissans, feurent tellement espouventez qu’ils commencerent a courir [p. 215] tant qu’ils peurent jusques a ce qu’ils se trouverent en la vallee, vers le pont du Pec, et s’en alloient tout droict en la riviere. Et disoit on qu’ils se feussent fourrez et bouttez dedans l’eaue, et que tous ceux qui estoient dedans eussent esté noyez, si ce n’eust esté un homme qui s’advisa de coupper les traiz des chevaux. Et de ce feurent grandes nouvelles a Paris, et partout. Et y eut aucunes gens notables, et catholicques, qui advertirent la Royne et le duc d’Orleans que c’estoit exemple divin, et qu’ils estoient taillez que de brief leur mescherroit s’ils ne faisoient cesser les aides et charges qu’on donnoit au peuple, et qu’ils payassent leurs debtes qu’ils devoient aux marchands qui leur avoient livré leurs marchandises.
[…]
[p. 430] [1417] Le duc de Bourgongne avoit intention d’aller devant Sainct Denys. On le sceut, et pour ce on envoia dedans deux vaillants chevaliers, l’un nommé messire Guillaume Bataille, et l’autre messire Hector de Pere, bien accompaignez de gens de guerre. Et quand le duc le sceut, il se porta d’y aller, et s’en alla [p. 431] vers Sainct Germain en Laye. Et le pont de Poissy, Meulant, Mante et Vernon se rendirent et mirent en son obeyssance. Et partout les nobles, et specialement, les riches, estoient pillez, derobez ou rançonnez, et aucuns mis dehors. »

Juvenal des Ursins, Jean

Mentions du revenu accordé au chapelain de Saint-Germain-en-Laye

« Ordinarium thesauri de termino Candelose CCCXXXVII° et Ascensionis CCCXXXVIII°
[…]
Capellanus Sancti Germani in Laya, pro IIbus terciis, 20 l. p. ; habuit 10 l. p. XXIIIIa marcii.
[…]
Ordinarium thesauri de termino O. [S. CCCXXXVIII]
[…]
Capellania Sancti Germani in Laya, pro tercio, 10 l. p.
[…]
Ordinarium thesauri de termino Candelose CCCXXXVIII° et Ascensionis XXXIX°
[…]
Capellania Sancti Germani in Laya, pro IIobus terciis, 20 l. p. »

Chambre des comptes

Mentions d’une rumeur selon laquelle l’empereur aurait demandé un devis de restauration du château de Saint-Germain-en-Laye

« Le même jour où nous faisions part à nos lecteurs de nos espérances à propos de la nomination d’un conservateur au château de Saint-Germain, le Journal de Seine-et-Oise contenait la note suivante :
« Il y a longtemps qu’il est question de restaurer le château de Saint-Germain-en-Laye, si riche en souvenirs historiques et dont l’état d’abandon est considéré par tous les étrangers comme faisant peu d’honneur à la France. On assure que l’Empereur a invité le comte Walewski à lui soumettre, le plus prochainement possible, un devis pour la restauration de ce monument. »
Mercredi dernier, le Sport, ordinairement bien informé, donnait, sur le même sujet, la nouvelle suivante :
« On dit que l’Empereur a invité Son Excellence le comte Walewski, ministre d’Etat, à lui soumettre, dans le plus bref délai possible, un devis pour la restauration du château de Saint-Germain-en-Laye.
Il est, en effet, difficile d’imaginer un palais dans un tel état de ruine et d’abandon, apanagé du plus beau par cet de la plus belle forêt du monde. Il appartient à l’Empereur Napoléon III de rendre à cette antique demeure l’éclat et le prestige du passé. » »

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