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Chasse Français
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Arrêt du Conseil ordonnant la création d’une faisanderie dans la garenne du Vésinet près de Saint-Germain-en-Laye

« Extrait des registres du conseil d’Estat
Sur ce qui a esté représenté au Roy en son conseil que dans la garenne du Vézinet il n’y a plus de gagnage ny de gibier, que les petits taillis, tout abroutis qu’ils soient, donnent occasion aux bestes puantes et par conséquent à la destruction du gibier, que pour y remédier il seroit nécessaire d’enfermer de murs un canton joignant la ferme du Vézinet, de le défricher, y establir des pasturages et une faisanderie de la longueur de soixante toises sur vingt de large et d’y semer du grain pour le gibier, et Sa Majesté voulant y pourvoir,
Vu le procez verbal de visite de ladite garenne par le sieur de la Faluere, grand maistre des Eaux et forests du département de Paris le 19 may dernier, par lequel il paroist que ledit canton est un mauvais taillis de la continence de quarante cinq arpens, mal planté, sans aucuns baliveaux, tant à cause de la mauvaise qualité du fonds que de l’abroutissement des bestiaux, l’avis dudit sieur de la Faluere portant que ce terrain n’estant d’aucun revenu, il y a lieu d’ordonner le défrichement desdits quarante cinq arpens, d’en distraire environ deux arpens poour former la faisanderie, de semer le surplus en grains et sain foin, tant pour le gagnage que pour la ponte du faisan et menu gibier, et de fermer le tout de bons fossez,
Ouy le rapport,
Le Roy en son conseil, conformément à l’avis dudit sieur de la Faluère, grand maistre, ordonne que le canton de quarante cinq arpens de taillis de la garenne de Vézinet joignant la ferme dudit lieu sera défriché pour estre ensuite (distraction préalablement faite de deux arpens ou environ pour former une faisanderie) semé en grains et sain foin, tant pour le gagnage que pour la ponte du faisan et menu gibier, et le tout fermé de bons fossez, desquels défrichement et fossez sera faite adjudication au rabais en la manière ordinaire par ledit sieur de la Faluère au siège et en présence des officiers de la maistrise de Saint Germain en Laye, comme aussi qu’il sera par ledit sieur Grand Maistre et lesdits officiers procédé à la vente et adjudication en la manière ordinaire des arbres et bois qui sont sur lesdits quarante cinq arpens, à la charge par l’adjudicataire desdits bois de remettre le prix de son adjudication es mains du receveur particulier de ladite maistrise, pour sur iceluy estre l’entrepreneur desdits ouvrages payé de la somme à laquelle ils auront esté adjugez incontinent après la réception d’iceux, et pour l’exécution du présent arrest toutes lettres nécessaires seront expédiées ; fait au conseil d’Estat du Roy tenu à Paris le neuvième may mil sept cens dix neuf.
Collationné. Signé Du Jardin. »

Lettre concernant la réservation de la chasse au roi dans la capitainerie de Saint-Germain-en-Laye

« Extrait d’une lettre écrite par M. le comte de Maurepas à M. le maréchal de Noailles, Versailles, le 30 juin 1738
Les derniers orages ont, Monsieur, fait tant de tort au gibier dans les plaines que le Roy m’a ordonné d’avoir l’honneur de vous écrire que Sa Majesté souhaitte que vous ne donniés point de permission de chasses dans la capitainerie de Saint Germain avant le 8 septembre prochain, et même que vous m’en donniez aucune pendant le cours de cette année dans la plaine de Villepreux, y compris les Ebisoirs, dans celle de Saint Nom, de Chavenay, de Feucherolles, d’Orgeval, de Chambourcy, de Montaigu, d’Hennemont ni dans celle depuis Saint Jame jusqu’à la ferme du Poulx, Sa Majesté voulant se réserver à Elle seule ces cantons. »

Seigneurie de Wideville

Lettre concernant la remise au ministère des Finances des rendez-vous de chasse de la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Finances
Secrétariat général
Contrôle des régies et administrations financières
Domaines et forêts
Paris, le 9 décembre 1848
M. le ministre des Travaux publics
Monsieur et cher collègue,
Par une lettre du 19 septembre dernier, M. votre prédécesseur a demandé si le département des Travaux publics devait continuer à s’occuper de l’entretien de ceux des pavillons de chasse de la forêt de Saint-Germain qui ont été compris dans le bail de la chasse de cette forêt.
Il a exprimé, en outre, le désir que le régisseur du château de Saint-Germain qui était chargé de la surveillance de ces pavillons et responsable de leur mobilier fût appelé à concourir à l’inventaire qui doit avoir lieu et qu’on l’informât des dispositions qui seront faites pour qu’il puisse livrer les bâtiments.
En annonçant que, pour faciliter la location de la chasse, le conservateur à Paris a cru devoir y comprendre la jouissance des pavillons de la Muette et de Noailles et de leurs dépendances, ainsi que des bâtiments servant aux élèves de la faisanderie, M. le directeur de l’administration des Forêts émet l’avis qu’à raison de leur affectation spéciale au service de la chasse, ces pavillons ne pouvaient recevoir une autre destination et ont dû être considérés comme faisant partie de la forêt ; que, par une conséquence nécessaire, l’administration des Forêts doit rester seule chargée de leur conservation et de leur entretien.
Je partage l’opinion de M. le directeur de l’administration des Forêts sur cette question.
Quant à la prise de possession des pavillons par le Domaine et à l’inventaire du mobilier qui devra être dressé contradictoirement par un préposé de cette administration avec un agent forestier et l’adjudicataire de la chasse, des instructions viennent d’être transmises au directeur à Versailles pour que le régisseur du château de Saint-Germain soit appelé à y concourir, d’après le désir exprimé par votre département.
Agréez, Monsieur et cher collègue, l’assurance de ma haute considération.
Le ministre des Finances
Trouvé-Chauvel »

Ministère des Travaux publics

Procès-verbal de la remise au ministère des Finances des rendez-vous de chasse de la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« L’an mil huit cent quarante-neuf, le deux janvier, conformément à la lettre de monsieur le ministre des Travaux publics en date du vingt-neuf décembre dernier,
Nous, Alexandre François Adolphe Chalamel, régisseur des Domaines nationaux à Saint-Germain-en-Laye, et monsieur Louis Roche, garde général des forêts de l’Etat en la dite ville, nous avons par le présent fait remise à ce dernier des divers rendez-vous de chasse situés dans la forêt de Saint-Germain ainsi que du mobilier et objets mobilier garnissant les dits pavillons.
Reconnaissance faite des lieux par monsieur Roche, le régisseur des Domaines a mis à la disposition de l’administration forestière les pavillons dont il s’agit, de tout quoi nous avons dressé le présent procès-verbal qui, après lecture faite, a été signé par le garde général des forêts et le régisseur des Domaines.
Fait double à Saint-Germain-en-Laye les jour, mois et an que dessus.
L. Roche, Chalamel »

Ministère des Travaux publics

Lettre concernant la remise au département de la Guerre de la totalité de la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère des Travaux publics
7ème division
Bâtiments civils
République française
Liberté, égalité, fraternité
Paris, le 25 avril 1849
Monsieur,
Je vous annonce que j’ai décidé que le bâtiment de l’ancienne vénerie de Saint-Germain serait remis en totalité à M. le ministre de la Guerre pour le service de son administration. En conséquence, je vous autorise à faire cette remise à M. le commandant du Génie chargé du casernement de Saint-Germain lorsqu’il aura reçu les instructions nécessaires.
Quant au mobilier que renferme encore le bâtiment, je viens de prier M. le liquidateur général de la Liste civile de le faire enlever et transporter dans les magasins du garde meuble. Vous voudrez bien vous entendre à cet effet avec l’agent qui procédera à cet enlèvement.
Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération.
Le ministre des Travaux publics »

Ministère des Travaux publics

Devis pour la réparation de la faisanderie de Saint-Germain-en-Laye

« N° 1
Ministère d’Etat
Faisanderie
Exercice 1852
Monsieur Cailloux, architecte
Saint-Germain-en-Laye
Désignation sommaire des travaux à exécuter aux bâtiments de la faisanderie et dépendances courant de l’année 1852 sous les ordres de monsieur Cailloux, architecte
Savoir
1.
La construction et établissement de 48 parquets à faisants dont
2 grands dits de pierre
12 petits dits de bois
15 petits dits voleants
2.
Le remplacement de la porte sur les tirées
3.
La réparation des 2 grandes portes d’entrée, celle charretière et celle cavalière.
4.
La réparation des murs et de leurs chaperons.
5.
La couverture du plafond de la couverie.
6.
La réparation des murs et des portes croisées et persiennes.
7.
La ferrure à neuf ainsi que les grillages de tous les parquets à faisants et réparations des ferrures de portes.
8.
La peinture à neuf des menuiseries, ferrures et grillages de tous les parquets ainsi que des portes d’entrées et extérieurs du bâtiment du garde et badigeonnage du ravalement.
Lesquels travaux sont évalués
Pour la maçonnerie : 3547 f. 36
Pour la charpente : 13 f. 70
Pour la menuiserie : 5449 f. 35
Pour la serrurerie : 6935 f. 52
Pour la peinture : 3247 f. 92
Pour la couverture : 76 f. 70
Dépense pour la faisanderie : 19270 f. 55
La présente désignation dressée par l’architecte soussigné.
Paris, le dix juin 1852
J. Cailloux
La dite acceptée par les entrepreneurs soussignés pour joindre à leurs soumissions en date de ce jour.
G. Monduit, Tellier
Chison, Laurent
Heurtier, Pinot »

Ministère d'Etat

Lettre demandant l’agrandissement de la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Maison de l’Empereur
Service de la vénerie
Paris, le 14 mars 1855
A Son Excellence monsieur le ministre d’Etat et de la Maison de l’Empereur
Monsieur le Ministre,
L’équipage de la vénerie, ayant passé à Fontainebleau la saison d’hiver, va se rendre très prochainement à Saint-Germain et j’ai l’honneur de vous renouveler la demande que je vous avais adressée précédemment pour l’augmentation du local de cette dernière résidence, qui est complètement insuffisant pour le logement de l’équipage. L’architecte de Saint-Germain pense qu’il ne s’agirait que d’une dépense de 5000 à 6000 f.
L’année dernière, on était parvenu à loger tout le personnel en disposant des chambres qui se trouvaient vacantes à La Muette. Mais depuis lors ce local a été donné à la gendarmerie des chasses et il y aura, je le répète, impossibilité absolue de loger aujourd’hui toute la vénerie à Saint-Germain où elle doit arriver avant la fin du mois.
Je pense donc qu’il est indispensable de faire exécuter d’urgence les travaux d’agrandissement devenus nécessaires.
Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Le Premier Veneur
Comte Ney »

Ministère d'Etat

Lettre demandant l’affectation temporaire de la vénerie de Saint-Germain-en-Laye à la Guerre

« Ministère de la Guerre
3e division, service du Génie
2e section, Matériel
Paris, le 11 décembre 1854
A M. le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre et cher collègue,
M. le général Regnaud de Saint-Jean-d’Angely, commandant la garde impériale, a appelé mon attention sur l’insuffisance du casernement affecté au régiment de cuirassiers de la garde à Saint-Germain. Cette insuffisance n’est que momentanée, car des travaux de construction sont entrepris pour mettre ce casernement en rapport avec l’effectif du corps. Mais elle n’est pas moins réelle et nuit d’une manière fâcheuse à l’organisation du régiment.
Or, les bâtiments dits de la vénerie à Saint-Germain étant en ce moment sans emploi, M. le général Regnaud demande avec instance qu’ils soient annexés au casernement.
Ces bâtiments étant dans les attributions de votre ministère, je vous prie, Monsieur et cher collègue, de vouloir bien me faire connaître s’il vous serait possible d’en faire la remise momentanée au service militaire et, dans le cas de l’affirmative, de vouloir bien donner des ordres pour que cette remise soit opérée dans un bref délai.
Recevez, Monsieur et cher collègue, la nouvelle assurance de ma haute considération.
Le maréchal de France, ministre secrétaire d’Etat de la Guerre
Vaillant »

Ministère d'Etat

Récit par François-René de Chateaubriand d’une chasse royale dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 337] Le duc de Coigny me fit prévenir que je chasserais avec le Roi dans la forêt de Saint-Germain. Je m’acheminai de grand matin vers mon supplice, en uniforme de débutant, habit gris, veste et culotte rouges, manchettes de bottes, [p. 338] bottes à l’écuyère, couteau de chasse au côté, petit chapeau française à galon d’or. Nous nous trouvâmes quatre débutants au château de Versailles, moi, les deux messieurs de Saint-Marsault et le comte d’Hautefeuille. Le duc de Coigny nous donna nos instructions : il nous avisa de ne pas couper la chasse, le Roi s’emportant lorsqu’on passait entre lui et la bête. Le duc de Coigny portait un nom fatal à la Reine. Le rendez-vous était au Val, dans la forêt de Saint-Germain, domaine engagé par la couronne au maréchal de Beauveau. L’usage voulait que les chevaux de la première chasse à laquelle assistaient les hommes présentés fussent fournis des écuries du Roi.
[f. 339] On bat aux champs : mouvement d’armes, voix de commandement. On crie : le Roi ! Le Roi sort, monte dans son carrosse : nous roulons dans les carrosses à la suite. Il y avait loin de cette course et de cette chasse avec le roi de France, à mes courses et à mes chasses dans les landes de la Bretagne ; et plus encore, à mes courses et à mes chasses avec les sauvages de l’Amérique : ma vie devait être remplie de ces contrastes.
Nous arrivâmes au point de ralliement, où de nombreux chevaux de selle, tenus en main sous les arbres, témoignaient leur impatience. Les carrosses arrêtés dans la forêt avec les gardes ; les groupes d’hommes et de femmes ; les meutes à peine contenues par les piqueurs ; les aboiements des chiens, le hennissement des chevaux, le bruit des cors, formaient une scène très animée. Les chasses de nos rois rappelaient à la fois les anciennes et les nouvelles mœurs de la monarchie, les rudes passe-temps de Clodion, de Chilpéric, de Dagobert, [p. 340] la galanterie de François Ier, de Henri IV et de Louis XIV.
J’étais trop plein de mes lectures pour ne pas voir partout des comtesses de Chateaubriand, des duchesses d’Etampes, des Gabrielle d’Estrées, des La Vallière, des Montespan. Mon imagination prit cette chasse historiquement, et je me sentis à l’aise : j’étais d’ailleurs dans une forêt, j’étais chez moi.
Au descendu des carrosses, je présentai mon billet aux piqueurs. On m’avait destiné une jument appelée l’Heureuse, bête légère, mais sans bouche, ombrageuse et pleine de caprices ; assez vive image de ma fortune, qui chauvit sans cesse des oreilles. Le Roi mis en selle partit ; la chasse le suivit, prenant diverses routes. Je restai derrière à me débattre avec l’Heureuse, qui ne voulait pas se laisser enfourcher par son nouveau maître ; je finis cependant par m’élancer sur son dos : la chasse était déjà loin.
Je maitrisai d’abord assez bien l’Heureuse ; [p. 341] forcée de raccourcir son galop, elle baissait le cou, secouait le mors blanchi d’écume, s’avançait de travers à petits bonds ; mais lorsqu’elle approcha du lieu de l’action, il n’y eut plus moyen de la retenir. Elle allonge le chanfrein, m’abat la main sur le garrot, vient au grand galop donner dans une troupe de chasseurs, écartant tout sur son passage, ne s’arrêtant qu’au heurt du cheval d’une femme qu’elle faillit culbuter, au milieu des éclats de rire des uns, des cris de frayeur des autres. Je fais aujourd’hui d’inutiles efforts pour me rappeler le nom de cette femme, qui reçut poliment mes excuses. Il ne fut plus question que de l’aventure du débutant.
Je n’étais pas au bout de mes épreuves. Environ une demi-heure après ma déconvenue, je chevauchais dans une longue percée à travers des parties de bois désertes ; un pavillon s’élevait au bout : voilà que je me mis à songer à ces palais répandus dans les forêts de la couronne, en souvenir de l’origine des rois chevelus [p. 342] et de leurs mystérieux plaisirs : un coup de fusil part ; l’Heureuse tourne court, brosse tête baissée dans le fourré, et me porte jusqu’à l’endroit où le chevreuil venait d’être abattu : le Roi paraît.
Je me souvins alors, mais trop tard, des injonctions du dc de Coigny : la maudite Heureuse avait tout fait. Je saute à terre, d’une main poussant en arrière ma cavale, de l’autre tenant mon chapeau bas. Le Roi regarde, et ne vois d’un débutant arrivé avant lui aux fins de la bête ; il avait besoin de parler ; au lieu de s’emporter, il me dit avec un ton de bonhomie et un gros rire : « Il n’a pas tenu longtemps ». C’est le seul mot que j’aie jamais obtenu de Louis XVI. On vint de toutes partes ; on fut étonné de me trouver causant avec le Roi. Le débutant Chateaubriand fit du bruit par ses deux aventures ; mais, comme il lui est toujours arrivé depuis, il ne sut profiter ni de la bonne ni de la mauvaise fortune.
Le Roi força trois autres chevreuils. Les débutants [p. 343] ne pouvant courre que la première bête, j’allai attendre au Val avec mes compagnons le retour de la chasse.
Le Roi revint au Val ; il était gai et contait les accidents de la chasse. On reprit le chemin de Versailles. Nouveau désappointement pour mon frère : au lieu de m’habiller pour me trouver au débotté, moment de triomphe et de faveur, je me jetai au fond de ma voiture et rentrai dans Paris plein de joie d’être délivré de mes honneurs et de mes maux. Je déclarai à mon frère que j’étais déterminé à retourner en Bretagne. »

Chateaubriand, François-René (de)

Mention d’une chasse faite par le duc de Wellington dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« [p. 40] The following week the Duke hunted at [p. 41] St. Germain-en-Laye ; interesting from its historical recollections, but, although it is a large town, it has a melancholy air of desolation in its grass-grown streets and straggling edifices. The royal château, once the
favourite residence of Marguerite de Valois, Henry II, Henry IV, Francis I, and the birthplace of Charles IX and Louis XIV, is now converted into a military prison, and surrounded by a wall for security. Here the " mind's eye" may dwell on bygone days, and bring before it scenes of past times. How vividly does this venerable pile remind one of the bon roi Henry IV, and the graceful good-humour of that popular monarch. Here our bigoted James II resided for twelve years, holding the semblance of a court. Part of his body was buried in the parish church, where a monument has since been raised by George IV, at his own expense, to the memory of one described upon it
''Magnus in Prosperis, in Adversis Major,
Jacobus 2us, Anglorum Rex."
Acting upon the law of Solon, since universally adopted, [p. 42] of "de mortuis nil nisi
bonum", we will not say what the epitaph ought to have been; but, to call a monarch
great in prosperity "who had shown so thorough a disregard for the religion and constitution of his country", is even too untruthful for a monumental tablet.
The forest occupies a promontory, formed by a sweeping bend of the river Seine, and is one of the largest in France, having a circuit of twenty-one miles. In the centre of it, is the Pavilion de la Meute, begun by Francis I, whose refined taste is proverbial throughout his own country, and whose style is now so much appreciated in England. »

Lennox, William Pitt

Lettre mentionnant une chasse princière à Saint-Germain-en-Laye

« Dépêche
N° 19
Paris, 11/23 novembre 1815
Monsieur le comte,
Les rapports du duc de Wellington avec la cour continuent de s’améliorer journellement. Depuis ma dernière expédition, il s’est donné une chasse à Saint-Germain, à laquelle les princes et madame la duchesse d’Angoulême ont assisté. Le duc de Wellington, plusieurs dames anglaises et un grand nombre de généraux et d’officiers de cette nation y ont été invités.
A l’arrivée de la duchesse de Wellington à Paris, le Roi a offert au duc de s’établir à l’Elysée. Nous avons été si empressés de lever tous les obstacles que le comte Capo d’Istria a immédiatement quitté son appartement et est venu se loger avec les personnes de sa chancellerie à l’hôtel de la mission.
La présence du duc de Wellington à l’Elysée sera regardée comme une preuve matérielle de sa bonne intelligence avec les Tuileries. Le public de Paris, qui juge presque tout par les apparences, n’a pas manqué de saisir celle-ci.
J’ai l’honneur d’être, etc. »

Pozzo di Borgo, Charles-André

Lettre décrivant une chasse des fils de Louis-Philippe à Saint-Germain-en-Laye

« Paris, le lundi 20 juin 1842, à 8 heures et demie
J’espère que tu ne me reprocheras pas, cette fois, ma chère Henriette, d’abandonner le duc d’Aumale. Voici trois jours que je dîne avec lui, hier, avant-hier et mercredi ! Par exemple, il faut que j’y renonce aujourd’hui. Le prince a imaginé d’aller faire le bois ce matin à Saint-Germain. Voilà en quoi consiste cette plaisanterie : on se lève à une heure après minuit, on monte en voiture, on y dort de fatigue jusqu’à Saint-Germain où on arrive à deux heures et demie du matin. On se rend au chenil de l’équipage de chasse du prince royal, où on éveille en sursaut gens et chiens. On s’empare de deux ou trois limiers et on les lâche dans la forêt. La fonction des limiers est de dépister le cerf. On les suit comme on peut pendant plusieurs heures à travers ronces et broussailles, le pied dans la rosée et la tête dans le brouillard, et quand on a fait lever quelque grosse bête, cerf, daim, daim, chevreuil ou sanglier, ce qui ne s’obtient souvent qu’à la fuite d’une longue et pénible recherche, le tout est fait ; on a fait son bois, et on est autorisé à rentrer chez moi. Telle est la partie de plaisir à laquelle se livrent aujourd’hui le duc d’Aumale et son frère le duc de Nemours. Qu’en dis-tu ? Ne faut-il pas avoir le diable au corps pour s’amuser de ce qui est la corvée des autres ? car faire le bois a toujours [p. 253] passé pour la plus rude besogne des piqueurs et des valets de chien. Quand Jamin a reçu les ordres du prince pour cette équipée, il n’en pouvait croire ses oreilles, et il en pestait hautement. Il ressemblait à la poule qui a couvé des œufs de canards et qui les voit se jeter à l’eau sans pouvoir les suivre. Jamin suivra la chasse, mais en maugréant contre Dieu et les saints. Quant à moi, à qui la chasse a été offerte, je me suis prudemment récusé, d’autant que l’offre n’était qu’une ironie très fine à l’adresse de ma matinalité très suspecte.
Hier, à Neuilly, Madame m’a encore demandé de tes nouvelles. On admirait fort au Salon un tableau daguerréotypé dans lequel M. Eynard, le banquier philhellène, a représenté la famille royale, ornée de Jules La Rochefoucauld sur le second plan. C’est étonnant de ressemblance, ou plutôt c’est la nature prise sur le fait. Mais tous les visages sont noirs. Le daguerréotype ne peut pas faire autrement. Il en résulte que toute cette royale assemblée a l’air d’une réunion de nègres échappée au désastre de Saint-Domingue. Plus les attitudes sont vraies et naturelles, plus cette horrible couleur est laide à voir. »

Cuvillier-Fleury, Alfred-Auguste

Lettre d’Henri IV concernant son départ pour Saint-Germain-en-Laye

« Mon Cousin,
J’ay esté bien ayse de scavoir de vos nouvelles par la lettre que vous avés escripte à monsieur de Villeroy et vous diray que je m’en vois courre un cerf demain en la forest de Saint Germain, parce qu’il ne s’en est point trouvé en ces buissons où je pensois courre, de sorte que je ne me rendray à Paris que mercredy, et sera assez que vous vous y trouviés jeudy, vous asseurant que, si mes affaires me le permettoient, avec l’affection que j’ay de vous revoir, je vous donnerois plus de loisir de demeurer en vostre maison et joyr du repos que vous y avés trouvé. Mais il fault faire nos estats, lesquels je ne puis resoudre sans vous. Au reste, j’ay esté adverty que Sanvenssan, seneschal de Rouergue, a esté tué dedans Villefranche par les habitans, les voulant gourmander. J’ay advisé de donner son office au sieur de Roquelaure, pour la fiance que j’ay en lui, et employer en ceste charge une personne qui ne despende que de moy et n’ayt point trempé aux factions et partialitez du pays, pour les raisons que je vous diray quand je vous verray, lesquelles je m’asseure que vous approuverés.
Je prie Dieu, mon Cousin, qu’il vous ayt en sa garde.
De Pontoise, le IXe de fevrier 1597.
Henry »

Henri IV

Lettre d’Henri IV concernant son départ pour Saint-Germain-en-Laye

« Mon Cousin,
Je pars demain pour m’en aller à Saint Germain en Laye, où je vous prie de vous trouver mardy. C’est pour vous communiquer chose qui importe à mon service. Mais ne laissés pas d’amener vos courtaults et vos levriers, car je veulx que nous allions à la chasse ensemble et que nous prenions un peu de bon temps, au lieu du mal que nous avons eu. Je vous ay volontiers accordé l’abbaye que vous m’avés demandée, et seray tousjours tres aise de vous gratifier.
Priant Dieu, mon Cousin, qu’il vous ayt en sa saincte garde.
Escript d’Amiens, le XVIe jour d’octobre 1597.
Henry »

Henri IV

Lettre d’Henri IV au connétable de Montmorency concernant son séjour à Saint-Germain-en-Laye

« Mon compere,
Je suys arryvé ce soyr ycy pour commancer ma dyette samedy ou dymanche. J’ay mandé à M. le chancelyer qu’yl ne vynt que ceux de mon conceyl dont nous ne nous pouvons passer ycy. Je vous prye de dyre à tous les prynces qu’yls n’y vyenent qu’avec chacun un gentylhomme, un valet de chambre et un page ; car yls n’auront que fayre de chevaus d’aultant qu’yls n’yront poynt à la chasse. Pour vous, vous ferés beaucoup pour vous et pour moy d’y venyr avec le moyns de trayn que vous pourrés et ranvoyer le reste à Parys ou le laysser à Chantylly ; ce cera pour vous delyvrer et moy aussy de beaucoup d’ymportuns. Mais amenés y vos levryers et des courtaus, car yl vous sera permys de chasser et non à autre. Vous trouverrés M. de Bouyllon logé avec moy dans le petyt chasteau, auquel je veus aussy fayre fayre dyete. Bonsoyr, mon compere. Ce XXIIme novembre, à Sainct Germain en Laye.
Henry »

Henri IV

Paiements pour des frais liés à une chasse faite par Charles VI aux environs de Saint-Germain-en-Laye

« [f. 12] Autre despense pour XL chiens courans, V[…] limiers et XL que levriers que mastins du Roy nostre sire pour le senglier avec plusieurs aultres chiens empruntés pour servir le dit seigneur en ses deduis fais [en] ses forestz es porchoisons de ceste presente annee avec plusieurs varlés empruntés du commandement dud. seigneur avec la despence des chiens pour le cerf estans au sejour, ceste despence faitte en pain pour les chiens tant pour le porc comme pour le cerf au sejour et aval le pais avec les despences de plusieurs varlés empruntés, corde, sel a saler venoisons, chandelle, thantes, sollis et plusieurs autres choses pour la necessité et gouvernement des dis chiens, comptee ou compte de je Philippe de Courguilleroy dessusdit d terme commençant a la Toussaint premier jour de novembre CCC IIIIxx XIII et finant a la chandeleur enssuivant oud. an
Guillot de Bresmes et Perrin Chappelain demourans a Mareil, Jehan Male, Piere Guillin Le Barbier, Prevot Maillet, Jehan Le Gast, Mo[…] et Jehan Le Mercier, pour pain par eulx baillé pour les dis chiens courans, limiers, leviers et mastins, tant ceulx du Roy comme ceulx empruntés, avec ce pour les despens de plusieurs varlés empruntés, [f. 12v] par eulx baillé et livré, et pour sel par eulx baillé dont on a salé plusieurs venoisons pour la garnison du Roy nostre sire et de la Royne prises es forest de Cruie, de Fresnes, de Laie et en la forest de Lions des chiens dud. seigneur avec les dis emptuntés estans a Mareil et au nuef marché tous ensemble pour chacer les pourceaux par l’espace de XLIIII jours du premier jour de novembre, feste de Toussains CCC IIIIxx XIII, jusques au XIIIIe jour de decembre enssuivant, a eulx paié par VI quittances par la premiere donnee XIIe jour de decembre oud. an LVII l. XII s. p., par la IIe donnee VIIIe de janvier oud. an IIII l. p., par la IIIe donnee Xe jour de janvier oud. an XVI l. XVI s. p., par la IIIIe donnee XXIIIIe jour de janvier CCC IIIIxx XIIII VI l. VII s. p., par la Ve donnee XXe jour de fevrier oud. an XLVIII l. p., par la VIe donnee l’an M CCC IIIIxx XIIII LXXIIII s. p., lesquelles parties dont en somme VIxx XVI l. IX s. p. a eulx paié si comme il appert par les dites quittances : VIxx XVI l. IX s. p.
Pour IIIIxx XVIII toises de corde dont on a fait coupples pour les dits chiens, limiers, leviers et mastins estans a Mareil pour chacer illec pour led. seigneur, a pris le cordier de Saint Germain en Laie pour estre paié, XIIe jour de novembre, pour toise II d. p. : XVI s. IIII d. p.
Pour VIII trais de poil de vache dont on a fait VIII trais pour VIII des limiers du Roy nostre sire le XVIe jour de novembre acheté a Parisledit jour, chascun trait XX d. p. : XIII s. IIII d. p.
Perrin Le Gastinois de Val Cresson pour la prinse de sa voitture a deux chevaux dont on a mené le pain des dis chiens du Val Cresson au dit lieu de Mareil par VI jours ou temps desus dit, pour ce paié XVIIe jour de novembre : XX s. p.
Jehan Lescuier, chaucetier demourant a Paris, pour deux paire de chausses nefeves pour deux des dis varlés empruntés qui ont servis le Roy nostred. seigneur en ses deduis, pour chascune paire X s. p. : XX s. p.
Pour IIII paires de solis nuefs achettés a Paris, XVIIIe jour de novembre, pour IIII des varlés empruntés desus dis qui ont servi le dit seigneur en ses deduis, pour chascune paire IIII s. p. : XVI s. p.
Pour X livres de chandelle achettee a Saint Germain en Laue de Guillin Le Mercier pour servir a atirer les dis chiens estans audit lieu de Mareil, pour chascune livre XII s. p. : X s. p.
A lui pour XXIIII paignes de bois dont on a paigné et nestoié les dis chiens estans en lad. ville pour chacer iller, chascun paigne IIII d. p. : VIII s. p.
[f. 13] Pour les despens de deux chevaux pour avoir mené le hernois pour le senglier par III chaces faites en la forest de Laie par III jours, pour ce paié, XXIIe jour de novembre : XII s. p.
Guillot de Montagu de Mareil pour un porc pris acheté de lui pour donner aux dis chiens en lieu d’un senglier qu’ilz avoient pris, lequel fut ordonné pour le Roy, le XXIe jour de novembre : XX s. p.
Pour IIII paires de solis nuefs pour IIII varlés empruntés, achetez a Paris, XXVIIIe jour de novembre, pour chascune paire IIII s. p. : XVI s. p.
Pour deux paires de chauces nefves achettees a Paris ce jour pour deux povres varlés qui gisent de nuiz avec les dis chiens et qui n’ont nulz gages, pour ce paié de chascune paire X s. p. : XX s. p.
Pour LX toises de cordes achettee a Paris ced. jour dont on a fait couples pour les dis chiens, limiers, levriers et mastins estans es dittes forestz, pour chascune toise II d. p. : X s. p.
Pour X serpes nuefves achettees a Paris pour haier et faire les haies pour le senglier pour les chaces faites es dites forestz par le temps desus dit, pour ce paié XXIXe jour de novembre, chascune serpe II s. p. : XX s. p. »

Lettre du connétable de Montmorency concernant les lièvres réservés pour la chasse du roi à Saint-Germain-en-Laye

« Monsieur de Humyeres,
Le Roy, en recompense des bonnes nouvelles que vous luy avez escriptes de la sancté de monseigneur le Daulphin, de monseigneur le duc d’Orleans et de mesdames leurs seurs, vous advertit de celles qu’il a eu d’Escosse, ou Dieu mercy les choses vont si bien que mieulx ne pourroit, et au contraire tres mal en Angleterre, par le moyen des nouveaulx troubles qui y sont survenuz, qui me donne meilleure esperance que jamais de Boullogne, veu le debvoir que noz gens font de les serrer de pres, et desja le millord Clinton a par deux fois parlamenté avecques mon nepveu de Chastillon, tenant propoz qui demonstrent qu’ilz sont pour venir en quelque bonne composition, chose toutesfois ou nous n’adjousterons pas tant de foy que delaissons a faire tout ce dont nous pourrons adviser pour les reduire a l’extremité s’il est possible. Demain, le Roy va en poste ouytr messe et disner a Lyesse et de la ira coucher a Soissons, ou les dames iront droit d’icy, et moy a Fere ou samedy j’espere avoir la compagnie, qui de la ira a Villiers Costeretz puis a Ennet, faisant le Roy compte d’arriver a Paris a la Toussainctz, qui ne sera sans vous veoir [f. 77v] en passant. Cependant, vous ne scauriez faire plus agreable service aud. seigneur que de l’advertir souvent des nouvelles de nosd. seigneurs et dames ses enfans. Sur ce, faisant fin, je prie Dieu, monsieur de Humyeres, qu’il vous donne ce que plus desirez. De Follambray, le XVIIme jour d’octobre 1549.
Le Roy m’a commandé vous escripre que vous donniez ordre qu’on ne preigne les lievres et levraux qu’il a fait cy devant mectre au boys de la Trahison, affin que quand il les vouldra courre, il y en puisse trouver quantité
Vostre antyeremant bon cousin
Monmorency
[f. 78v] A monsieur de Humyeres, chevalier de l’ordre du Roy et gouverneur de monseigneur le Daulphin »

Lettre de Louis XV à son petit-fils, l’infant Ferdinand de Parme, mentionnant une chasse à Saint-Germain-en-Laye

« A Versailles, ce 22 janvier 1770
Mon cher petit fils,
Je suis charmé que vous ayez fait vos Rois gaiement, mandez m’en un peu de détails, car je sus charmé de voir que vous vous amusez convenablement à votre état. Nos glacières sont pleines et je pars pour la chasse à Saint Germain par un temps qui me paraît assez beau.
Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher petit fils.
Louis »

Lettre de Louis XV à son petit-fils, l’infant Ferdinand de Parme, mentionnant une chasse à Saint-Germain-en-Laye

« A Marly, ce 1er mars 1772
Mon cher petit fils,
Vos courriers ont aussi retardés mais pas autant que les nôtres. Je ne croyais pas Boulogne si curieux que vous me le mandez. Ma santé est présentement bien rétablie et je suis venu ici passer mes jours gras non pour aller au bal, mais pour être plus près de la forêt de Saint Germain en Laie où je chasse dans l’hiver. Je suis bien fâché de la continuité de l’indisposition de votre épouse. Je ne lui écris pas de crainte de la fatiguer. A Dieu, mon cher petit fils, je vous embrasse de tout mon cœur.
Louis »

Récit d’une chasse conduite par Gaston d’Orléans à Saint-Germain-en-Laye

« Le 3 de ce mois, jour de saint Hubert, Son Altesse royale, suivie des princes et seigneurs de cette Cour, en celebra la feste à Saint Germain, et donna l’assemblée, où le duc de Montbazon, Grand Veneur de France, fut au bois et laissa courre le cerf, qui fut pris par les grands chiens du Roy et ceux de Son Altesse royale. »

Note concernant les chasses impériales prévues dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« S’il faut en croire des renseignements qui nous ont été donnés par une personne que nous croyons bien informée, l’Empereur aurait choisi la forêt de Saint-Germain pour son terrain de chasse habituel. On travaille activement à l’installation de la Vénerie, et nous devons nous attendre à voir arriver ici très prochainement les équipages de Sa Majesté.
Il y aura, dit-on, deux meutes à Saint-Germain, la meute de l’Empereur et une seconde, dite meute de Saint-Germain. On chassera deux fois par semaine. L’Empereur n’aura pas de jour fixe, mais il y aura chasse tous les jeudis par le premier veneur et les officiers de la Maison de Sa Majesté. Il sera loisible de suivre la chasse du jeudi à cheval, à pied ou en voiture. Lorsque l’Empereur chassera, les seules personnes qui auront reçu le bouton de la Maison de Sa Majesté seront admises à suivre la chasse.
Il sera toujours facile à l’Empereur, avec un équipage de chiens anglais très vites de pied, de forcer un cerf en trente-cinq ou quarante minutes ; ainsi Sa Majesté, par la proximité de Saint-Germain, pourra une fois par semaine se procureur le plaisir de forcer un cerf en ne s’éloignant de Paris que pendant trois heures au plus, et de se livrer à un exercice qui sera favorable à sa santé, et qui le distraira un moment de ses graves et importantes préoccupations.
Il existe déjà environ trente cerfs dans la forêt de Saint-Germain, en y comprenant les jeunes bêtes ; on croit savoir que des ordres vont être donnés pour que quarante grands animaux soient pris dans diverses forêts et dirigés sur Saint-Germain. »

Récit de chasses impériales dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« Samedi 12 et jeudi 17 du courant, les chasses impériales ont commencé dans la forêt de Saint-Germain. Dirigées toues deux par le grand veneur seulement, la première a duré environ deux heures, après quoi le cerf a été forcé dans l’acul d’Achères, au pont de l’Ambassadeur : l’attaque avait eu lieu à l’Etoile-de-Berry. Jeudi, le bruit circulait que S. M. l’Empereur devait chasser en personne, aussi, malgré le temps froid et la neige qui commençait à tomber, y eut-il foule parmi les promeneurs, désireux de jouir du coup d’œil d’un rendez-vous de chasse princier, plaisir dont Saint-Germain se trouvait privé depuis si longtemps ; mais il n’en fut rien, car une fois arrivée au rendez-vous, la chasse ne put avoir lieu, la fermeté du terrain ayant empêché l’attaque du cerf qui avait été découvert le matin par les valets de limiers. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Chasse à tir dans la forêt de Saint-Germain
Jeudi dernier, pendant tout le cours de l’après-midi, une partie de la forêt de Saint-Germain résonnait au loin du bruit des fanfares, des coups de feu et des aboiements des chiens. Une chasse à tir y avait lieu dans le tiré de Fromainville.
Partie de sa résidence de Saint-Cloud vers 10 heures du matin, Sa Majesté, accompagnée seulement de M. le comte de Bacciocchi, grand maître des cérémonies, traversait une heure après, sans escorte, notre ville, pour se rendre incognito au rendez-vous de chasse, qui eut lieu au rond du Parc, près de Fromainville.
De leur côté, LL. AA. II. le prince Napoléon et le duc d’Albe, MM. les ministres de la Guerre et de la Maison de l’Empereur, MM. les grand et premier veneurs, MM. le marquis de Toulongeon, le comte de Galvé, Edgard Ney et plusieurs autres personnages de la vénerie attendaient à la Muette l’arrivée de S. M. l’Empereur ; car, à cet endroit, d’abord, avait été fixé le rendez-vous, où se trouvaient aussi tous les équipages de chasse.
En apprenant l’arrivée de Sa Majesté au tiré de Fromainville, et le nouveau rendez-vous, tous les invités s’y rendirent et, vers midi, la chasse commençait pour se continuer sans interruption, jusque vers quatre heures. Amplement garni de gibier, ce tiré prêtait, du reste, parfaitement à la chasse, car nous tenons de source certaine que, pendant ce court espace de temps, plus de 600 pièces ont été abattues, parmi lesquelles on compte plus de 400 lapins, 5 chevreuils, des lièvres, des faisans, des perdrix et plusieurs autres pièces diverses.
Quelques promeneurs, attirés par les coups de fusil, se sont trouvés en forêt, près du lieu de la chasse, et sont rentrés à Saint-Germain vers six heures, en même temps que Sa Majesté, qui, comme le matin, traversa de nouveau notre ville dans le plus stricte incognito, sans escorte, comme un simple particulier, n’ayant dans son voiture, pour compagnon de voyage, que M. le comte de Bacciocchi. Tous deux retournaient à Saint-Cloud, où ils arrivèrent vers sept heures.
Quant aux autres personnages, qui, avec Sa Majesté, avaient pris part aux plaisirs de cette chasse, ils sont aussi rentrés en ville à la même heure, et regagnèrent leurs résidences respectives, après avoir, nous a-t-on dit, diné à Saint-Germain.
H. Picault »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Chasse à tir dans la forêt de Saint-Germain
Vendredi, dans l’après-midi, une partie de la forêt de Saint-Germain retentissait au loin du bruit des coups de feu : une chasse à tir, à laquelle assistait Sa Majesté l’Empereur, accompagnée de MM. le comte de Bacciocchi, son grand chambellan, Fould, ministre de sa Maison, le marquis de Toulongeon, le comte Ney, le prince Metternich, lord Cowley et le comte de Galve, avait lieu dans un des tirés.
Partie depuis dix heures du château des Tuileries, Sa Majesté et sa suite traversaient vers onze heures et demie la commune de Maisons et arrivaient à midi au rendez-vous, qui avait été donné à l’accul de Conflans, et où déjà se trouvaient réunis tout le personnel de l’inspection forestière de Saint-Germain et 150 dragons, tant officiers que sous-officiers et soldats.
Pendant cette partie de chasse, qui dura près de cinq heures, 681 pièces, dont 10 chevreuils, 64 lièvres, 51 faisans, des perdrix et des lapins, furent abattus par tous les chasseurs et répartis ainsi qu’il en fut ordonné ultérieurement. Au milieu de la chasse, et durant une halte nécessaire au rabattage du gibier, une simple collation, véritable déjeuner champêtre, puisqu’il eut lieu sur la terre même, recouverte seulement d’une des toiles servant de panneau dans lesquels on enferme le gibier, fut servi à Sa Majesté et aux invités, qui reprirent leur fusil au bout d’un quart d’heure à peine de repos, et après s’être légèrement réconfortés avec les viandes froides déposées sans apprêts sur la terre. Quelques heures plus tard, au moment où le jour commençait à baisser, Sa Majesté fit cesser le tir et les invités, reprenant le même chemin que le matin, rentraient à Paris vers sept heures, tandis que le personnel forestier et les dragons de service revenaient à Saint-Germain, contents et satisfaits de la journée qu’ils venaient de passer. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« On a chassé deux fois, cette semaine, dans la forêt de Saint-Germain : la chasse à courre de mardi dernier, par les équipages de la vénerie, a été encore fort belle. Le rendez-vous était à la Muette, et au premier lancer, qui a eu lieu à midi, un cerf de deuxième tête était sur pied, avec trois biches ; au second, c’était un cerf de quatrième tête, aussi accompagné de trois biches ; le premier animal a été attaqué à Fromainville, et pris dans un treillage près la Croix de Noailles, après trois quarts d’heure de chasse. Le second a été attaqué au lieu-dit le Chaillou, garderie de Maisons, à deux heures et demie, et pris, vers trois heures un quart, auprès de l’étoile des Brulins. Il y a eu hallali aux deux chasses, mais pas de curé. Les chasseurs étaient nombreux et un grand nombre de curieux était réuni auprès des Loges, à la mare aux Cannes et à la Croix de Noailles. La chasse, que dirigeait M. de Latour-Maubourg, rentrait en ville à cinq heures un quart. Un grand nombre d’invités en costume officiel et d’étrangers en élégante tenue de chasse faisaient partie de la réunion, et, en général, on se félicitait de la manière dont les choses s’étaient passées.
Le lendemain mercredi, il y a eu chasse à tir dans les tirés réservés. On comptait, parmi les personnes qui assistaient à cette chasse, M. le prince de la Moskowa, premier veneur ; M. le marquis de Toulongeon, commandant, et M. le baron Delage, lieutenant des chasses ; M. l’inspecteur des forêts de la Couronne ; le prince Murat, et, parmi plusieurs officiers généraux, nous a-t-on dit, M. le général Girardin, commandant le château de Saint-Germain. Il a été tué, dans cette battue, trois cent soixante-dix-neuf pièces, tant en chevreuils que faisans, lapins et perdrix.
La première chasse à courre est, nous assure-t-on, fixée à lundi prochain ; dans tous les cas, elle aurait lieu au plus tard mardi 8 février. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« L’Empereur est venu lundi dernier chasser à tir en forêt de Saint-Germain, dans les réserves de Fromainville. En outre des personnes ordinaires de la suite de Sa Majesté, on a remarqué la présence de Son Excellence M. le maréchal Magnan, parmi celles invitées par l’Empereur à partager avec lui les plaisirs de la chasse qui, dit-on, a eu un magnifique résultat, dont les établissement de bienfaisance d’abord, la table de MM. les officiers des chasseurs de la Garde, sans oublier chacun des sous-officiers et des cavaliers employés comme rabatteurs ont pu se ressentir. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Avant-hier jeudi, pour la première fois depuis son retour de Biarritz et le commencement de la saison, l’Empereur a chassé 5 tir dans les réserves de Fromanville. Parmi les personnes de distinction qui accompagnaient Sa Majesté, se trouvaient le général Fleury, M. le marquis de La Valette, le docteur Conneau, etc. Cette chasse a été favorisée par une belle journée d’automne exceptionnelle depuis quelques jours ; l’Empereur paraissait jouir d’une santé parfaite ; le service des rabatteurs a été fait comme toujours par des cavaliers à pied des Chasseurs de la Garde. Nous manquons jusqu’ici de détails plus circonstanciés. »

Récit de la venue du président de la République à Saint-Germain-en-Laye pour une chasse

« Le président de la République à Saint-Germain
Dimanche dernier, M. Jules Grévy, président de la République française, est venu chasser dans la forêt de Saint-Germain. Il est arrivé par le train régulier de une heure et demie, confondu avec la masse des voyageurs ordinaires. Une centaine de personnes qui avaient été informées du passage du président s’étaient portées vers la gare. M. le maire de la ville et un de ses adjoints sont allés au devant de M. Grévy jusque sur le quai d’arrivée et l’ont reçu à sa sortie du wagon. Ils n’ont échangé que quelques mots excessivement courts. Le président, qui était en tenue de chasse des plus simples, c’est-à-dire vêtu d’un gros paletot et coiffé d’un chapeau de feutre mou, paraissait désireux de se dérober le plus vite possible à la curiosité dont il était l’objet. Il était accompagné de 3 ou 4 personnes seulement. Une voiture de poste les attendait sur la place du Château. Le président y a pris place aussitôt et la voiture s’est dirigée au galop vers la forêt en passant par les rues de la Paroisse, de Pontoise et la grille du même nom.
Au moment où le président s’est installé dans l’équipage et pendant le court espace de temps employé par le postillon à rassembler ses guides, quelques cris isolés de Vive la République se sont fait entendre ; le président a salué alors la foule du fonds de la voiture, mais sans mettre la tête à la portière.
L’attitude du président de la République semblait dire à tous ceux qui l’entouraient : « Mes chers amis, certes, je suis bien content de vous voir, vous avez tous d’assez bonnes figures, cependant je suis très contrarié qu’une indiscrétion vous ait fait savoir mon passage à Saint-Germain ; j’espérais traverser la ville dans le plus complet incognito. Je ne suis pas venu spécialement pour vous rendre visite, vous devez bien vous en apercevoir à ma mise ; lorsque je viendrai dans ce but, ce qui aura probablement lieu un jour ou l’autre, je ferai au moins un petit bout de toilette. Soyez persuadé que pour être un président des plus simples et des plus modestes, on n’en est pas moins homme, et qu’on désire toujours produire un petit effet avantageux ! »

Lettre concernant l’interdiction de la chasse dans la capitainerie de Saint-Germain-en-Laye

« A Paris, le 27 juillet 1733
M. le comte d’Esclimont
Je reçois, Monsieur, une lettre de M. le comte de Maurepas par laquelle il me mande que l’intention du Roy est qu’il ne soit accordé aucune permission de chasse dans l’étendue de la capitainerie de Saint Germain avant le 1er septembre prochain et que Sa Majesté est persuadée que messieurs les officiers des chasses seront les premiers à donner l’exemple en s’abstenant eux-mêmes de chasser. Je vous en donne avis et j’espère que vous voudrés bien tenir la main à ce que les ordres de Sa Majesté soient exécutés dans votre canton. Je vous prie d’être persuadé qu’on ne peut être plus véritablement que je le suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Le duc de Noailles »

Seigneurie de Wideville

Lettre concernant la réservation de la chasse au roi dans la capitainerie de Saint-Germain-en-Laye

« A Versailles, le 8 aoust 1739
M. le comte d’Esclimont
Le Roy vient de m’ordonner, Monsieur, de ne laisser chasser personne dans l’estendue de la capitainerie de Saint Germain jusques au mois de septembre et d’avoir attention que dans le tems des permissions qui que ce soit n’approche de ses parcs de demi lieue au moins. Je vous prie donc, Monsieur, non seulement de vous conformer aux ordres de Sa Majesté à cet égard, mais même de tenir la main à ce qu’ils soient exactement exécutés. Vous me ferés plaisir aussi de m’informer des noms et qualité des personnes qui pourroient y contrevenir afin que je sois en estat d’en rendre compte à Sa Majesté.
Je vous supplie d’estre bien persuadé de la sincérité des sentimens avec lesquels je suis très parfaitement, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur.
Le maréchal de Noailles »

Seigneurie de Wideville

Récit par la Grande Mademoiselle de séjours de la cour à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 11] Vers la fin de l’hiver [décembre 1637], la Reine devint grosse ; elle desira que j’allasse demeurer à Saint Germain. Durant sa grossesse, dont l’on fit beaucoup de mystere, le cardinal de Richelieu, qui n’aimoit point Monsieur, n’etoit pas bien aise que personne qui lui appartient fut auprès de Leurs Majestés ; et quoiqu’il m’eut tenue sur les fonts de bapteme avec la Reine, quoiqu’il me dit, toutes les fois qu’il me voyoit, que cette alliance spirituelle l’obligeoit à prendre soin de moi et qu’il me marieroit, discours qu’il me tenoit ainsi qu’aux enfans, à qui on redit incessamment la meme chose, quoiqu’il temoignat avoir beaucoup d’amitié pour moi, l’on eut néanmoins bien de la peine à lever tous les scrupules que sa mefiance lui faisoit avoir. Quand il eut consenti à mon voyage, j’allai à Saint Germain avec une joie infinie : j’etois si innocente que j’en avois de voir la Reine dans cet etat, et que je ne faisois pas la moindre reflexion sur le prejudice que cela faisoit à Monsieur, qui avoit une amitié si cordiale pour elle et pour le Roi qu’il ne laissa pas d’en etre aise et de le temoigner. L’assiduité que j’avois auprès de la Reine m’en faisoit recevoir beaucoup de marques de bonté et elle me disoit toujours : « Vous serez ma belle fille », mais je n’ecoutois de tout ce que l’on me disoit que ce qui etoit de la portée de mon age.
La cour etoit fort agreable alors : les amours du Roi pour madame de Hautefort, qu’il tachoit de divertir tous les jours, y contribuoient beaucoup. La chasse etoit un des plus grands plaisirs du Roi ; nous y allions souvent avec lui : madame de Beaufort, Chemeraut et Saint Louis, filles de la Reine, d’Escars, sœur de madame de Hautefort, et Beaumont, venoient avec moi. Nous etions toutes vetues de couleur, sur de belles haquenées richement caparaçonnées, et pour se garantir du soleil, chacune avoit un chapeau garni de quantité de plumes. L’on disposoit toujours la chasse du coté de quelques belles maisons, où l’on trouvoit de grandes collations, et au retour le Roi se mettoit dans mon carrosse entre madame de Hautefort et moi. Quand il etoit de belle humeur, il nous entretenoir fort agreablement de toutes choses. Il souffroit dans ce temps là qu’on lui parlat avec assez de liberté du cardinal de Richelieu, et une marque que cela ne lui deplaisoit pas, c’est qu’il en parloit lui meme ainsi. Sitot que l’on etoit revenu, on alloit chez la Reine ; je prenois plaisir à la servir à son souper, et ses filles portoient les plats. L’on avoit, reglement trois fois la semaine, le divertissement de la musique, que celle de la chambre du Roi venoit donner, et la plupart des airs qu’on y chantoit etoient de sa composition ; il en faisoit meme les paroles, et le sujet n’etoit jamais que madame de Hautefort. Le Roi etoit quelquefois dans une si galante humeur qu’aux collations qu’il nous donnoit à la campagne, il ne se mettoit point à table, et nous servoit presque toutes, quoique sa civilité n’eut qu’un seul objet. Il mangeoit après nous et sembloit n’affecter pas plus de complaisances pour madame de Hautefort que pour les autres, tant il avoit peur que quelqu’une s’aperçut de sa galanterie. S’il arrivoit quelque brouillerie entre eux, tous les divertissemens etoient sursis ; et si le Roi venoit dans ce temps là chez la Reine, il ne parloit à personne et personne aussi n’osoit lui parler ; il s’asseyoit dans un coin, où le plus souvent il bailloit et s’endormoit. C’etoit une melancolie qui refroidissoit tout le monde, et pendant ce chagrin il passoit la plus grande partie du jour à écrire ce qu’il avoit dit à madame de Hautefort et ce qu’elle lui avoit répondu : chose si veritable qu’après sa mort l’on a trouvé dans sa cassette de grands procès verbaux de tous les demelés qu’il avoit eus avec ses maitresses, à la louange desquelles l’on peut dire, aussi bien qu’à la sienne, qu’il n’en a jamais aimé que de très vertueuses.
[1638] Sur la fin de la grossesse de la Reine, madame la Princesse et madame de Vendôme vinrent à Saint Germain et y amenerent mesdemoiselles leurs filles. Ce me fut une compagnie nouvelle : elles venoient se promener avec moi, et le Roi s’en trouva fort embarrassé ; il perdoit contenance quand il voyoit quelqu’un à qui il n’etoit pas accoutumé, comme un simple gentilhomme qui seroit venu de la campagne à la cour. C’est une assez mauvaise qualité pour un grand roi, et particulièrement en France, où il se doit souvent faire voir à ses sujets, dont l’affection se concilie plutot par le bon accueil et la familiarité, que par l’austere gravité dont ceux de la maison d’Autriche ne sortent jamais. Monsieur vint aussi à la cour, et peu après la Reine accoucha d’un fils. La naissance de monseigneur le Dauphin me donna une occupation nouvelle : je l’allois voir tous les jours [p. 12] et je l’appelois mon petit mari ; le Roi s’en divertissoit et trouvoit bon tout ce que je faisois. Le cardinal de Richelieu, qui ne vouloit pas que je m’y accoutumasse ni qu’on s’accoutumat à moi, me fit ordonner de retourner à Paris. La Reine et madame de Hautefort firent tout leur possible pour me faire demeurer ; elles ne purent l’obtenir, dont j’eus beaucoup de regret. Ce ne furent que pleurs et que cris quand je quittai le Roi et la Reine ; Leurs Majestés me temoignerent beaucoup de sentimens d’amitié, et surtout la Reine, qui me fit connoitre une tendresse particuliere en cette occasion. Après ce deplaisir, il m’en fallut essuyer encore un autre. L’on me fit passer par Ruel pour voir le cardinal, qui y faisoit sa demeure ordinaire quand le Roi etoit à Saint Germain.
[…]
[p. 14] Le Roi partit de Paris pour le voyage de Roussillon au mois de fevrier de l’année 1642 ; il laissa la Reine et ses deux enfans à Saint Germain en Laye, après avoir donné tous les ordres et pris toutes les precautions possibles pour leur sureté. Ces deux princes etoient sous la charge de madame de Lansac, en qualité de leur gouvernante ; et pour leur garde ils n’eurent qu’une compagnie du regiment des gardes françoises, dont le bonhomme Montigny etoit capitaine, le plus ancien de tout le regiment. Ces deux personnes là eurent chacun un ordre particulier : celui qu’eut madame de Lansac etoit qu’en cas que Monsieur, qui demeuroit à Paris le premier après le Roi, vint voir la Reine, de dire aux officiers de la compagnie de demeurer auprès de monseigneur le Dauphin et de ne pas laisser entrer Monsieur, s’il venoit, accompagner de plus de trois personnes. Quant à Montigny, le Roi lui donna une moitié d’ecu d’or, dont il garda l’autre, avec commandement exprès de ne point abandonner la personne des deux princes qu’il gardoit ; et s’il arrivoit qu’il reçut ordre de les transferer ou de les remettre en les mains de quelque autre, il lui défendit d’y obeir, quand meme il le verroit ecrit de la main de Sa Majesté, si ce n’etoit que celui qui le lui rendroit lui presentat en meme temps l’autre moitié de l’ecu d’or qu’il retenoit.
[…]
[p. 19] Peu après que l’on eut mis madame la comtesse de Fiesque auprès de moi, le Roi tomba malade de la maladie qu’il avoit eue devant le voyage de Perpignon. Cela m’obligeoit à lui rendre mes devoirs, et j’allois souvent [à] Saint Germain. Le Roi prenoit plaisir à mes visites, et me faisoit toujours fort bonne mine ; aussi n’en revenois je jamais que vivement touché de son mal, dont chacun auguroit que la suite seroit funeste. En effet, au commencement du mois d’avril suivant, peu après la disgrâce du sieur des Noyers dont j’ay parlé, il commença à empirer, et ne fit que languir et souffrir jusqu’au [p. 20] quatorzième jour de mai, qui fut celui de son décès. Si le pitoyable état où la maladie avoit réduit son corps donnoit de la compassion, les pieux et généreux sentimens de son ame donnoient de l’edification : il s’entretenoit de la mort avec une résolution toute chretienne ; il s’y etoit si bien preparé, qu’à la vue de Saint Denis par les fenetres de la chambre du chateau neuf de Saint Germain, où il s’etoit mis pour etre en plus bel air qu’au vieux, il montroit le chemin de Saint Denis, par lequel on meneroit son corps ; il faisoit remarquer un endroit où il y avoit un mauvais pas, qu’il recommandoit qu’on evitat, de peur que le chariot ne s’embourbat. J’ai meme ouï dire que durant sa maladie il avoit mis en musique le De profundis qui fut chanté dans sa chambre incontinent après sa mort, comme c’est la coutume de faire aussitot que les rois sont decedés. Il ordonna avec la meme tranquilité d’esprit ce qui seroit à faire pour le bien de l’administration de son royaume quand il seroit mort.
[…]
[p. 47] Peu après, Leurs Majestés sortirent de Paris sous pretexte de faire nettoyer le Palais Royal, et allerent à Ruel. Le chateau de Saint Germain etoit occupé par la reine d’Angleterre, dont le fils, M. le prince de Galles, etoit allé en Hollande. […]
Pendant que la cour etoit à Ruel, le parlement s’assembloit tous les jours pour le meme sujet qu’il avoit commencé : c’etoit pour la révocation de la paulette, et il continuoit à fronder M. le cardinal ; ce qui avoit plus contribué à faire aller la cour à Ruel que le nettoiement du Palais Royal. L’absence du Roi augmenta beaucoup la licence et la liberté avec laquelle l’on parloit dans Paris et le parlement. Ce corps fit meme quelques demarches qui deplurent à la cour ; de sorte qu’elle fut obligée d’aller à Saint Germain, d’où la reine d’Angleterre delogea et vint à Paris. Monsieur, qui couchoit quelquefois à Ruel, y etoit pendant ce temps là et manda à Madame de quitter Paris et d’emmener avec elle ses deux filles, qui etoient très petites, ma sœur d’Orleans et ma sœur d’Alençon. Madame la Princesse manda M. le duc d’Enghien, son petit fils ; et je me trouvai assez embarrassée d’etre la seule de la maison royale à Paris à laquelle on ne mandoit rien. Comme l’on ne doit jamais balancer à faire son devoir, quoique notre inclination ne nous y porte pas, je m’en allai à Ruel, et j’arrivai comme la Reine alloit partir pour Saint Germain. Elle me demanda d’où je venois : je lui dis que je venois de Paris et que, sur le bruit de son départ, je m’etois rendue auprès d’elle pour avoir l’honneur de l’accompagner, et que, quoiqu’elle ne m’eut pas fait l’honneur de me le commander, il m’avoir semblé que je ne pouvois manquer à faire ce à quoi j’etois obligée, et que j’esperois qu’elle auroit assez de bonté pour l’avoir agreable. Elle me repondit par un sourire que ce que j’avois fait ne lui deplaisoit pas, et que c’etoit beaucoup pour moi, après la maniere dont on m’avoit traitée, de voir que l’on me souffroit. Quoique mon procedé meritat bien qu’ils en eussent un obligeant pour moi pour reparer le passé, je temoignai à Monsieur et à l’abbé de La Rivière que je n’etois pas contente que l’on eut envoyé querir jusques aux petits enfans, et qu’à moi l’on ne m’eut dit mot. La reponse ne fut que de gens fort embarrassés. Quand l’on manque envers des personnes qui ne manquent jamais, leur conduite nous coute beaucoup de confusion, et pour l’ordinaire, dans cet etat, l’on tient des discours meilleurs à etre oubliés qu’à etre retenus. Pendant ce voyage, je ne fis ma cour que par la nécessité qui m’y obligeoit. J’etois logée dans la meme maison que la Reine : je ne pouvois manquer de la voir tous les jours ; ce n’etoit pas avec le meme soin et la meme assiduité que j’avois fait depuis la regence : aussi n’y avois-je pas les memes agremens. […]
[p. 48] Pendant que la cour etoit à Saint Germain, on fit force allées et venues pour s’accommoder avec le parlement. Ils envoyerent des deputés qui confererent avec M. le cardinal, en vertu d’une declaration que le Roi donna. Elle est si celebre que, quand il n’y auroit que les registres du parlement qui en feroient mention, ce seroit assez pour m’en dispenser d’en dire davantage. L’on disoit alors (et je l’ai encore oui dire depuis) qu’elle auroit eté fort utile pour le bien de l’Etat et le repos public, si elle fut demeurée en son entier. Il est à croire qu’elle n’est pas tout à fait conforme à l’autorité du Roi, puisqu’il [p. 49] sembloit qu’elle avoit eté obtenue quasi par force, et donnée à dessein d’apaiser les troubles dont l’on etoit menacé si on l’eut refusée. Les connoisseurs et les politiques jugeront mieux que je ne pourrois faire si on a eu raison de l’enfreindre.
Madame accoucha, pendant le séjour de Saint Germain, d’une fille que l’on appela mademoiselle de Valois ; comme elle est délicate, elle ne put venir à Paris avec la Cour, qui partit la veille de la Toussaint pour s’y rendre.
[…]
[p. 49] Pendant que la Cour fut à Paris, elle n’y eut pas tout le contentement qu’elle pouvoit desirer ; cela obligea M. le cardinal de conseiller d’en sortir : ce qui etoit un dessein un peu hardi lorsqu’on consideroit l’incertitude de l’evenement. Comme Monsieur et M. le Prince etoient les gens les plus interessés au bien de l’Etat, il voyoit que selon toute vraisemblance ils en devoient etre les maîtres, et que ce qui pourroit arriver de ce conseil tomberoit plutôt sur eux que sur lui. La suite a fait voir que l’on eut pu se passer de ce voyage, qui a eté cause de tous les facheux troubles qui ont suivi, et de l’absence de M. le Prince, qui est à compter pour beaucoup. Monsieur et M. le Prince disoient que le cardinal eut beaucoup de peine à les faire consentir à ce dessein ; ils y consentirent enfin, et ils disent aussi s’en etre bien repentis depuis : ils l’ont dû faire, ils en ont bien pati tous deux. Monsieur avoir la goutte depuis quelque temps, et deux jours avant le départ la Reine alla tenir conseil chez lui ; ce fut là que la dernière résolution de ce voyage se prit. L’on trouva que la nuit du jour des Rois etoit propre pour ce dessein, pendant que tout le monde seroit en débauche, afin d’etre à Saint Germain avant que personne s’en aperçût. J’avois soupé ce jour là chez Madame, et toute la soirée j’avois eté dans la chambre de Monsieur, où quelqu’un de [p. 50] ses gens me vint dire en grand secret que l’on partoit le lendemain, ce que je ne pouvois croire à cause de l’etat où Monsieur etoit. Je lui allai debiter cette nouvelle par raillerie ; le silence qu’il garda là dessus me donna lieu de soupçonner la verité du voyage. Il me donna le bonsoir un moment après, sans avoir rien répondu. Je m’en allai dans la chambre de Madame ; nous parlames longtemps là dessus : elle etoit de la meme opinion que moi, que le silence de Monsieur marquoit la verité de ce voyage. Je m’en allai à mon logis assez tard.
Entre trois et quatre heures du matin, j’entendis heurter fortement à la porte de ma chambre ; je me doutai bien de ce que c’etoit : j’éveillai mes femmes et envoyai ouvrir ma porte. Je vis entrer M. de Comminges ; je lui demandai : « Ne faut il pas s’en aller ? » Il me repondit : « Oui, Mademoiselle ; le Roi, la Reine et Monsieur vous attendent dans le Cours, et voilà une lettre de Monsieur ». Je la pris, la mis sous mon chevet et lui dis : « Aux ordres du Roi et de la Reine, il n’est pas necessaire d’en joindre de Monsieur pour me faire obeir ». Il me pressa de la lire ; elle contenoit seulement que j’obeisse avec diligence. La Reine avoit désiré que Monsieur me donnat cet ordre, dans l’opinion que je n’obeirois pas au sien et que j’aurois été ravie de demeurer à Paris pour me mettre d’un parti contre elle ; car contre le Roi, je ne vis jamais personne qui avouat d’en avoit eté, c’est toujours contre quelque autre personnage que le Roi. Si elle ne s’etoit pas plus trompée en tout ce qu’elle auroit pu prevoir qu’en cette crainte, elle auroit eté plus heureuse et auroit eu moins de chagrin. Jamais rien ne fut si vrai que ce que j’ai pensé cent fois depuis.
Au moment que M. de Comminges me parla, j’etois toute troublée de joie de voir qu’ils alloient faire une faute, et d’etre spectatrice des miseres qu’elle leur causeroit : cela me vengeoit un peu des persécutions que j’avois souffertes. Je ne prevoyois pas alors que je me trouverois dans un parti considerable, où je pourrois faire mon devoir et me venger en meme temps : cependant, en exerçant ces sortes de vengeances, l’on se venge bien contre soi-meme. Je me levai avec toute la diligence possible, et je m’en allai dans le carrosse de Comminges ; le mien n’etoit pas pret, ni celui de la comtesse de Fiesque. La lune finissoit, et le jour ne paroissoit pas encore ; je recommandai à la comtesse de Fiesque de m’amener au plus tot mon équipage. Lorsque je montai dans le carrosse de la Reine, je dis : « Je veux etre au devant ou au derriere du carrosse, je n’aime pas le froid et je veux etre à mon aise ». C’etoit en intention d’en faire ôter madame la Princesse, qui avoit accoutumé d’etre en l’une des deux places. La Reine me répondit : « Le Roi mon fils et moi nous y sommes, et madame la Princesse la mere ». Je repondis : « Il l’y faut laisser, les jeunes gens doivent les bonnes places aux vieux ». Je demeurai à la portiere avec M. le prince de Conti ; à l’autre etoit madame la Princesse la fille et madame de Seneçay. La Reine me demanda si je n’avois pas eté bien surprise ; je lui dis que non, et que Monsieur me l’avoit dit, quoiqu’il n’en fut rien. Elle me pensa surprendre en cette menterie, parce qu’elle me demanda : « Comment vous etes vous couchée ? » Je lui repondis : « J’ai eté bien aise de faire provision de sommeil, dans l’incertitude si j’aurois mon lit cette nuit ». Jamais je n’ai vu une creature si gaie qu’elle etoit ; quand elle auroit gagné une bataille, pris Paris, et fait pendre tous ceux qui lui auroient deplu, elle ne l’auroit pas plus eté, et cependant elle etoit bien eloignée de tout cela.
Comme l’on fut arrivé à Saint Germain (c’etoit le jour des Rois), l’on descendit droit à la chapelle pour entendre la messe, et tout le reste de la journée se passa à questionner tous ceux qui arrivoient, sur ce que l’on disoit et faisoit à Paris. Chacun en parloit à sa mode, et tout le monde etoit d’accord que personne ne temoignoit de deplaisir du depart du Roi. L’on battoit le tambour par toute la ville, et chacun prit les armes. J’etois en grande inquiétude de mon equipage ; je connoissois madame la comtesse de Fiesque d’une humeur timide mal à propos, et dont je craignois de patir, comme je fis : elle ne voulut point sortir de Paris dans la rumeur, ni faire passer mon équipage : ce qui m’etoit le plus necessaire ; quant à elle, je m’en serois bien passée. Elle m’envoya un carrosse, qui passa parmi les plus mutins sans qu’on lui dit rien ; le reste auroit passé de meme. Ceux qui etoient dedans reçurent toutes sortes de civilités, quoique ce fut de la part de gens qui n’en font guère ; et cela me fut rapporté. Elle m’envoya dans ce carrosse un matelas et un peu de linge. Comme je me vis en si mauvais équipage, je m’en allai chercher secours au chateau neuf, où logeoient Monsieur et Madame, qui me preta deux de ses femmes de chambre : comme elle n’avoit pas toutes ses hardes non plus que moi, le tout alla plaisamment. Je me couchai dans une fort belle chambre en galetas, bien peinte, bien dorée et grande, avec peu de feu, et point de [p. 51] vitres ni de fenetres, ce qui n’est pas agreable au mois de janvier. Mes matelas etoient par terre, et ma sœur, qui n’avoit point de lit, coucha avec moi. Il falloit chanter pour l’endormir, et son somme ne duroit pas longtemps ; elle troubla fort le mien ; elle se tournoit, me sentoit auprès d’elle, se reveilloit et crioit qu’elle voyoit la bete ; de sorte que l’on chantoit de nouveau pour l’endormir, et la nuit se passa ainsi. Jugez si j’etois agréablement pour un personne qui avoit peu dormi l’autre nuit, et qui avoit eté malade tout l’hiver de maux de gorge et d’un rhume violent ! Cependant toute cette fatigue me guerit. Heureusement pour moi les lits de Monsieur et de Madame vinrent : Monsieur eut la bonté de me donner sa chambre, il avoit couché dans un lit que M. le Prince lui avoit prêté. Comme j’etois dans la chambre de Monsieur, où l’on ne savoit point que je logeasse, je me reveillai par le bruit que j’entendis ; j’ouvris mon rideau : je fus fort étonnée de voir ma chambre toute pleine de gens à grands collets de buffle, qui furent fort étonné de me voir, et que je connoissois aussi peu qu’ils me connoissoient. Je n’avois point de linge à changer, et l’on blanchissoit ma chemise de nuit pendant le jour, et ma chemise de jour pendant la nuit ; je n’avois point mes femmes pour me coiffer et habiller, ce qui est très incommode ; je mangeois avec Monsieur, qui fait très mauvaise chère. Je ne laissois pas pour cela d’etre gaie, et Monsieur admiroit que je ne me plaignois de rien. Pour Madame, elle n’etoit pas de meme : aussi suis je une créature qui ne m’incommode de rien, et fort au dessus des bagatelles. Je demeurai ainsi dix jours chez Madame, au bout desquels mon equipage arriva, et je fus fort aise d’avoir toute mes commodités. Je m’en allai loger au chateau vieux, où etoit la Reine ; j’etois resolue, si mon equipage ne fut venu, d’envoyer à Rouen me faire faire des hardes et un lit : et pour cela je demandai de l’argent au tresorier de Monsieur, et l’on m’en pouvoit bien donner, puisque l’on jouissoit de mon bien ; si l’on m’en eut refusé, je n’aurois pas laissé de trouver qui m’en eut preté. […]
Les occasions de combat ne furent pas frequentes pendant cette guerre : elle dura peu, et l’on fut longtemps à Saint Germain sans que les troupes qui devoient assiéger Paris fussent venues. L’on n’eut jamais dessein de l’assieger dans les formes ; la circonvallation eut été un peu trop grande, et l’armée trop petite. L’on se contenta de la separer en deux quartiers, l’un à Saint Cloud et l’autre à Saint Denis : c’etoit celui de Monsieur, et l’autre de M. le Prince. L’on prenoit quelquefois des charrettes de pain de Gonesse et quelques bœufs, et l’on venoit le dire en grande hate à Saint Germain : l’on faisoit des prisonniers, et c’etoient gens peu considerables. La grande occasion fut à Charenton, que l’on prit en deux heures ; Monsieur et M. le Prince y etoient en personne : ils y assistèrent tous deux à leur ordinaire, et celui qui le defendoit s’appeloit Clanleu. Il avoit eté à Monsieur, et l’avoit quitté : il ne vouloit point de quartier. M. de Châtillon y fut blessé, et mourut le lendemain au bois de Vincennes, [p. 52] et M. de Saligny, tous deux de la maison de Coligny. Il arriva une aventure assez remarquable, et qui paroît plutôt un roman qu’une vérité. Le marquis de Cugniac, petit fils du vieux marechal de La Force, qui etoit dedans, voulut se sauver et se jeter sur un bateau ; la riviere etoit gelée et un glaçon le porta de l’autre côté de l’eau, et meme plusieurs ont dit qu’il le porta jusqu’à Paris.
Après cet exploit, les deux armées furent assez longtemps en bataille entre le bois de Vincennes et Piquepus, et personne ne se battit. L’on eut une grande joie à Saint Germain de cette expedition : il n’y eut que madame de Châtillon qui fut affligée. Son affliction fut moderée par l’amitié que son mari avoit pour mademoiselle de Guerchy, et meme dans le combat il y avoit une de ses jarretieres nouée à son bras : comme elle etoit bleue, cela la fait remarquer, et en ce temps là l’on n’avoit pas encore vu d’écharpe de cette couleur. La magnificence n’etoit pas grande à Saint Germain : personne n’avoit tout son équipage ; ceux qui avoient des lits n’avoient point de tapisseries, et ceux qui avoient des tapisseries n’avoient point d’habits, et l’on y etoit très pauvrement. Le Roi et la Reine furent longtemps à n’avoir que des meubles de M. le cardinal. Dans la crainte que l’on avoit à Paris de laisser sortir les effets du cardinal sous pretexte que ce fussent ceux du Roi et de la Reine, ils ne vouloient rien laisser sortir, tant l’aversion etoit grande. Cela n’est pas sans exemple que les peuples soient capables de haïr et d’aimer les memes gens en peu de temps, et surtout les François. Le Roi et la Reine manquoient de tout, et moi j’avois tout ce qu’il me plaisoit, et ne manquois de rien. Pour tout ce que j’envoyois quérir à Paris, l’on donnoit des passeports, on l’escortoit ; rien n’etoit égal aux civilités que l’on me faisoit.
La Reine me pria d’envoyer un chariot pour emmener de ses hardes ; je l’envoyai avec joie, et l’on en a assez d’etre en état de rendre service à de telles gens, et de voir que l’on est en quelque consideration. Parmi les hardes que la Reine fit venir, il y avoit un coffre de gants d’Espagne ; comme on les visitoit, les bourgeois commis pour cette visite, qui n’etoient pas accoutumés à de si fortes senteurs, eternuerent beaucoup, à ce que rapporta le page que j’avois envoyé, et qui etoit mon ambassadeur ordinaire. La Reine, Monsieur et M. le cardinal rirent fort à l’endroit de cette relation, qui etoit sur les honneurs qu’il avoit reçus à Paris. Il etoit entré au parlement à la grand’chambre, où il avoit dit que je l’envoyois pour apporter des hardes que j’avois laissées à Paris ; on lui dit que je n’avois qu’à témoigner tout ce que je desirerois, que je trouverois la compagnie toujours pleine de tout le respect qu’elle me devoit, et enfin ils lui firent mille honnetetés pour moi. Mon page disoit aussi qu’en son particulier on lui en avoit beaucoup fait. Il ne fut point etonné de parler devant la Reine et M. le cardinal ; pour Monsieur, il l’avoit vu souvent, et lui alloit parler de ma part. Il eut une longue audience, il fut fort questionné : il avoit vu tout ce qui se passoit à Paris, où je ne doute pas qu’on ne l’eût aussi beaucoup questionné ; et pour un garçon de quatorze ou quinze ans, il se demela fort bien de cette commission. Depuis, Monsieur et toute la cour ne l’appeloient plus que l’ambassadeur ; et quand je fus à Paris, il alloit voir tous ces messieurs, et etoit si connu dans le parlement qu’il y recommandoit avec succès les affaires de ses amis. […]
[p. 53] La Reine alloit tous les jours aux litanies à la chapelle, et elle se mettoit dans un petit oratoire au bout de la tribune où les autres demeuroient ; et comme la Reine demeuroit longtemps après qu’elles etoient dites, celles qui n’avoient pas tant de dévotion s’amusoient à causer, et l’on observa que M. de Saint Mesgrin parloit à madame la Princesse. Pour moi, je n’en voyois rien : j’etois dans l’oratoire avec la Reine, où le plus souvent je m’endormois, parce que je n’etois pas une demoiselle à si longues prières ni à méditations. […]
Quand l’on parla de paix, je m’en souciois peu : je ne songeois en ce temps là qu’à mes divertissemens. Je me plaisois fort à Saint Germain, et j’aurois souhaité y pouvoir passer toute ma vie. Le bien public n’etoit pas alors trop connu de moi non plus que celui de l’Etat, quoique par ma naissance on y ait assez d’intérêt ; mais quand on est fort jeune et fort inapliquée, on a pour but que le plaisir de son âge. Il y eut plusieurs conferences à Ruel avec M. le Prince et le cardinal Mazarin : comme le detail en est su de tout le monde, je ne m’embarquerai ici en aucune affaire, parce que je n’en ai pas une parfaite connoissance ; et pour ne m’en pas donner la peine, je dirai seulement que je ne crois pas qu’elle fut fort avantageuse au Roi. Je fus des premieres qui allai à Paris dès que la paix fut faite ; je demandai congé à la Reine et à Monsieur d’y aller ; madame de Carignan y vint avec moi. Comme je n’y avois aucune affaire, je n’aurois pas demandé congé si je n’avois eu un beau prétexte, savoir de visiter la reine d’Angleterre sur la mort du roi, son mari, auquel le parlement d’Angleterre avoit fait couper la cour il n’y avoit que deux mois. L’on n’en porta point le deuil à la Cour, c’est à dire comme on l’auroit dû ; il n’y eut que les personnes et point les équipages, faute d’argent : la raison est bien [p. 54] pauvre. Quand j’ai parlé ci devant de la miserable situation où l’on etoit, j’avois oublié de dire que nous etions à Saint Germain en l’etat où nous voulions mettre Paris : l’intention etoit de l’affamer, et néanmoins les habitans y avoient tout en abondance, et à Saint Germain l’on manquoit souvent de vivres ; les troupes qui etoient aux environs prenoient tout ce qu’on y apportoit. Ainsi l’on etoit quasi affamé : ce qui faisoit souvent dire que M. le cardinal ne prenoit pas bien ses mesures, et que c’etoit ce qui empêchoit les affaires de bien réussir.
[…]
[p. 60] Le roi d’Angleterre, qui ne devoit etre que quinze jours en France, y fut trois mois. Comme la cour etoit à Paris, et lui avec la reine, sa mere, à Saint Germain, on les voyoit peu. Lorsque je suis qu’il etoit sur son départ, j’allai rendre mes devoirs à la reine, sa mere, et prendre congé de lui. La reine d’Angleterre me dit : « Il faut se réjouir avec vous de la mort de l’imperatrice : il y a apparence que si cette affaire a manqué autrefois, elle ne manquera pas celle ci ». Je lui répondis que c’etoit à quoi je ne songeois pas. Elle poursuivit ce discours, et me dit : « Voici un homme qui est persuadé qu’un roi de dix huit ans vaut mieux qu’un empereur qui en a cinquante, et quatre enfans ». Cela dura longtemps en manière de picoterie, et elle disoit : « Mon fils est trop gueux et trop miserable pour vous ». Puis elle se radoucit et me montra une dame angloise dont son fils etoit amoureux, et me dit : « Il apprehende tout à fait que vous ne le sachiez, voyez la honte qu’il a de la voir où vous etes, dans la crainte que je ne vous le dise ». Il s’en alla. Ensuite, la reine me dit : « Venez dans mon cabinet ». Comme nous y fumes, elle ferma la porte et me dit : « Le roi, mon fils m’a priée de vous demander pardon si la proposition que l’on vous a faite à Compiègne vous a deplu : il en est au desespoir, c’est une pensée qu’il a toujours et de laquelle il ne peut se defaire ; pour moi, je ne voulois pas me charger de cette commission ; il m’en a priée si instamment que je n’ai jamais pu m’en défendre. Je suis de votre avis : vous auriez été miserable avec lui, et je vous aime trop pour l’avoir pu souhaiter, quoique ce fut son bien que vous aussiez été compagne de sa mauvaise fortune. Tout ce que je puis souhaiter, est que son voyage soit heureux, et qu’après vous veuillez bien de lui ». Je lui fis là dessus mes complimens le miex qu’il me fut possible. »
[…]
[p. 375] [1662] Le Roi se promenoit souvent pendant l’hiver avec la Reine : il avoit eté avec elle deux ou trois fois à Saint Germain, et l’on disoit qu’il avoit regardé La Motte Houdancourt, une des filles de la Reine, et que La Valliere en etoit jalouse.
[…]
[p. 392] [1665] La Cour alla à Saint Germain et faisoit souvent des voyages à Versailles. Madame s’y blessa et y accoucha d’une fille qui etoit morte il y avoit dejà dix ou douze jours ; elle etoit quasi pourrie ; ce fut une femme de Saint Cloud qui la servir : l’on n’eut pas le temps d’aller à Paris en chercher une. On eveilla le Roi et l’on fit chercher le curé de Versailles, pour voir si cette fille etoit en état d’etre baptisée. Madame de Thianges lui dit de prendre garde à ce qu’il feroit : qu’on ne refusoit jamais le bapteme aux enfans de cette qualité. Monsieur, à la persuasion de l’eveque de Valence, vouloit qu’on l’enterrat à Saint Denis. J’etois à Paris ; j’allai droit à Versailles pour rendre ma visite à Madame. Dès le meme soir, Monsieur alla coucher à Saint Germain, où je trouvai la Reine affligée de ce que cette fille n’avoit pas eté baptisée, et blamoit Madame d’en etre cause par toutes les courses qu’elle avoit faites sans songer qu’elle etoit grosse. Madame disoit qu’elle ne s’etoit blessée que de l’inquietude qu’elle avoit eue que le duc d’York n’eut été tué, parce qu’on lui avoit parlé d’une bataille qu’il venoit de donner sur mer, sans lui dire s’il en etoit revenu.
On laissa Madame dès le meme jour de ses couches, parce que la reine mère d’Angleterre arrivoit et qu’on vouloit lui laisser le logement de Versailles : elle venoit de voir son fils. Le Roi alla au devant d’elle jusqu’à Pontoise dans l’abbaye de Saint Martin, dont Edme de Montaigu etoit abbé. La reine mère d’Angleterre, arrivée comme je le viens de dire, ne paroissoit pas satisfaite de la beauté de sa belle fille ; elle etoit charmée de sa pieté et disoit qu’elle n’avoit jamais tant vu prier Dieu ni de si bonne foi qu’elle le faisoit.
Je ne fus pas longtemps à la cour, parce que la saison de prendre les eaux de Forges venoit. Je m’y en allai ; j’avois dejà commencé à boire qu’il vint un courrier m’avertir que la Reine mere se mouroit. Je partis en relais de carrosse, j’arrivais à dix heures du roi à Pontoise, où l’assemblée du clergé se tenoit. J’y trouvai M. l’archeveque de Paris, qui l’etoit en ce temps là de Rouen, qui me dit que la Reine mère se portoit mieux. Je m’en allai coucher aux Carmelites : le lendemain, j’allais diner à Saint Germain, où le Roi, la Reine et la Reine mere me temoignèrent mille amitiés sur l’empressement avec lequel j’etois venue. Je vis que la maladie n’etoit plus dangeureuse : je m’en retournai continuer de prendre les eaux.
[…]
[p. 394] [20 janvier 1666] J’entendis sonner la grosse clocher de Notre-Dame : comme on ne le fait jamais que dans de grandes occasions, je dis : « L’on croit la Reine morte ». Un moment après Monsieur fit un grand cri ; le medecin entra, le Roi lui dit : « Elle est donc [p. 395] morte ! » Il lui dit : « Oui, Sire ». Il me dit à pleurer comme un homme penetré de douleur. Madame de Fleix porta ses clefs au Roi ; l’on alla dans son cabinet chercher son testament, qui fut lu devant toute la parenté, à la reserve de Monsieur, qui ne voulut pas y demeurer. Après que M. Le Tellier eut achevé la lecture, le Roi monta en carrosse pour s’en aller, et je m’en allai chez moi me coucher.
Le lendemain et les deux jours suivans, je fus extremement visité de toutes les dames qui alloient à Saint Germain avec leurs mantes : elles vinrent chez moi avec le meme habit. J’allai conduire le chœur au Val de Grâce. […] Le lendemain, j’allai diner à Saint Germain, pour recevoir les ordres du Roi pour conduire le corps à Saint-Denis. Il etoit au conseil, où j’allai lui parler devant les ministres.
[…]
[p. 398] [1666] Le Roi fit tendre ses tentes dans la garenne de Saint Germain ; elles etoient très belles : il y avoit des appartemens complets comme dans une maison. Le Roi y donna une grande fete ; madame de Montausier y tint une petite table, où j’envoyai Châtillon et Créqui, et je n’en gardai qu’une pour etre à celle de la Reine. Madame de Montausier avoit la sienne dans le meme lieu ; toutes les personnes qu’elle y fit mettre etoient ou devoient etre de celles qui peuvent manger avec la Reine.
[…]
[p. 402] [1668] Le Roi s’en alla au mois de janvier à Saint Germain pour y mener la Reine et M. le Dauphin, d’où il partit pour s’en aller en Franche Comté. M. le Prince y etoit, avec des troupes qu’il avoit feint de tenir auprès de lui pour y tenir les Etats.
[…]
[p. 407] [1669] Après avoir appris toutes ces nouvelles, je m’en allai à Saint Germain, où je passai l’hiver sans faire de voyages à Paris comme j’avois acccoutumé de faire ; c’est à dire qu’avant cela j’y demeurois quinze jours et cinq ou six jours à la Cour. Cet hiver, sans savoir quasi pourquoi, je ne pouvois souffrir Paris ni sortir de Saint Germain. Lorsque j’y etois, une de mes filles eut la petite verole ; cet accident m’empecha d’aller à la Cour pendant quatre ou cinq jours ; je les passai à Paris avec beaucoup de langueur ; je me souviens que je fus très aise lorsqu’on me fit savoir que je pouvois retourner à la Cour. Je voyois M. de Lauzun chez la Reine, avec qui je prenois un très grand plaisir de causer ; je lui trouvois sous les jours plus d’esprit et plus d’agrement à ce qu’il disoit qu’à toute autre personne du monde. Il se tenoit toujours réservé dans les termes de soumission et de respect que les autres gens ne peuvent imiter.
[…]
[p. 408] M. le chevalier de Lorraine fut arreté au chateau neuf, lorsqu’il etoit dans une chambre renfermé avec Monsieur. Le comte d’Ayen le fit demander pour lui parler ; il vint et M. d’Ayen l’arreta. Le chevalier de La Hillière, qui etoit avec lui, dit à M. le comte d’Ayen de lui faire rendre son épée : ce qu’il fit ; et après ils le menerent dans la chambre du capitaine des gardes du corps dans le Louvre et ensuite coucher dans une maison dans le bourg. Il fut conduit à Lyon.
[…]
[p. 409] Monsieur et Madame revinrent de Villers Cotterets ; elle avoit un grand appartement de plain pied à celui du Roi ; et quoiqu’elle logeat avec Monsieur au chateau neuf, lorsqu’elle en etoit sortie le matin, elle passoit les après dinées au vieux chateau, où le Roi lui parloit plus aisement des affaires qu’elle negocioit avec le roi d’Angleterre, son frere. Depuis la disgrâce du chevalier de Lorraine, elle s’etoit accoutumée à me parler.
[…]
[p. 411] [1670] Il vint un bruit que le Roi rendoit la Lorraine, et qu’on me devoit marier au prince Charles ; je crus que c’etoit une heureuse occasion pour mettre M. de Lauzun en etat et aux termes de pressentir la situation où je me trouvois, et de me parler du sien. Je l’envoyai prier de me venir trouver à ma chambre, qui n’etoit pas bien loin de la sienne ; il me falloit meme passer devant sa porte lorsque j’allois chez la Reine. L’on me vint dire qu’il n’etoit pas dans sa chambre. Il etoit grand ami de Guitry, et il etoit souvent avec lui dans un appartement extraordinaire qu’il s’etoit fait accommoder : je me servis du prétexte de ma curiosité à le vouloir voir ; je ne doutai pas que je n’y trouvasse M. de Lauzun avec lui ; je m’etois trompée. Lorsque je descendis chez la Reine, je le vis qui parloit à la comtesse de Guiche.
[…]
[p. 422] [1670] Lorsque j’arrivai à Saint-Germain, je trouvai qu’on avoit mis les maçons dans ma chambre, qui ne pouvoient avoir fini leur travail de huit jours. Malgré ma repugnance et mon degout d’etre à Paris, il me fallut de necessité y aller. Je m’y serois ennuyée à la mort, sans que le Roi alla passer quelques jours à Versailles ; j’y courus avec beaucoup de diligence. »

Anne-Marie-Louise d’Orléans

Lettre concernant la suppression des lapins à Achères et à Poissy

« Monsieur,
Je n’ay pas encor receu l’ordre que monsieur du Plessis me doit envoier, mais il suffit de vostre lettre pour que j’ordonne au lieutenant de Saint Germain de ruisner ce qui ce trouvera de lapins sur les pandants d’Acheres et de Poissy. Je vous asseure, Monsieur, qu’il n’y sera point perdu de temps et que je suis fort veritablement, Monsieur, votre tres humble et tres obeissant serviteur.
Le Lude
De Paris, le 17 septembre 1664 »
Au revers : « A Monsieur, Monsieur Colber »

Paiements pour des frais liés à une chasse faite par Charles VI aux environs de Saint-Germain-en-Laye

« [f. 6] Pour pain pour les chiens courans, limiers, levriers et mastins estans a Poissi le XVIIe jour de novembre, a Guillaume Le Boullenger de ladite ville : XX s. p.
Pour les despens des varlés emprunttés desus dit estans en la dite ville le XVIIe jour de novembre, pour ce : XIIII s. p.
Pour les despens des varlés, charrettes et chevaux qui ont admené le harnois pour le senglier audit Poissi le XVIIe jour de novembre, pour ce : VIII s. p.
Jehan Le Gastinois, boulanger et hostellier de la Corne de Cerf a Val Cresson, pour pain pour les chiens courans, limiers, levriers et mastins desus dis estans a Val Cresson le XVIIIe jour de novembre, pour ce : XX s. p.
Clement Bernard, de Val Martin, pour pain pour XXXIIII chiens courans avec autres chiens et matins estans en la dite ville pour chacer les pors pour le Roy nostre sire en la forest de Cruie et ou pais d’environ, avec ce a baillé et livré les despens de pain, vin et viande pour VII varlés empruntés pour servir ledit seigneur en ses porchoisons en la dite forest par V jours du XIXe jour de novembre jusques au XXIIIIIe jour dudit mois, a lui paié par sa quittance dnnee XXVIe jour de decembre CCC IIIIxx et X : X l. XII s. p.
Pour XLVIIII toises de corde dont on a fait coupples pour les dis chiens estans en la dite ville de Val Martin par le temps desus dit, achetté a Saint Germain en Laye le XXe jour de novembre, chascune toise II d. p. : VIIII s. p.
Pour sel achetté a Saint Germain en Laye dont on a salé III bestes noires pour le Roy le XXIe jour de novembre, a Jehan Le Mercier de ladite ville, pour ce : XX s. p.
Pour autre sel achetté au dit Saint Germain dont on a salé deux bestes noires pour la garnison du Roy et de la Royne aud. lieu du Val Martin, XXIXe de novembre : XVI s. p.
Pour les despens des charrettes et chevaux qui ont charié le harnois pour le senglier pour les chasses faittes pour le dit seigneur en la dite forest par le temps desus dit, pour ce paié XXIIe jour de novembre : XX s. p.
[f. 6v] Pour deux paire de solers nuefs pour deux varlés empruntés pour servir le Roy en ses deduis fais en la dite forest par le temps, pour ce paié le XXIIIe jour de novembre chascune paiee IIII s. p. : VIII s. p.
Pour VI paires de moufles de cheval achettees à Poissy dont on a fait les haies pour le senglier pour doubte des espines pour ce paié a Guillaume Le Gantier de la dite ville pour chacune paire : II s. p. : XVIII s. p.
Pour deux boiteaux dont on a salé un senglier pour le Roy aud. Val Martin le XXIIIe jour de novembre a Guillin Le Mercier de Saint Germain : XII s. p. »

Lettre de Charles IX concernant un accident lui étant arrivé au cours d’une chasse à Saint-Germain-en-Laye

« [f. 54] Monsieur de Mandelot,
Pour ce que, sur l’occasion d’une petite blesseure que depuis deux jours j’ay receue au bras, l’on pourroit faire courir le bruict que ce fust ce plus grande chose que ce n’est, je vous ay bien voulu escrire la presente pour vous en advertir affin que vous le faictes entendre par tout ou besoing sera. C’est qu’estent ces jours passez a la chasse pres mon chasteau de Sainct Germain en Laye et poursuivant le sanglier qui estoit dans les toilles, je me blessay au bras gaulche sans qu’il y eu aucun nerf ne venne couppee ny blessee, ny que je sois en danger d’aucun inconvenient pour ceste occasion et ne laissay pas departir le lendemain pour retourner coucher en ceste ville, ou je suis a present [f. 54v] en tres bonne santé, grace a Dieu, auquel je prie, monsieur de Mandelot, vous avoir en sa saincte et digne garde. Escript a Paris ce XIXe jour de decembre 1572.
Signé Charles, et contresigné Fizes »

Charles IX

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Lundi dernier, l’Empereur est venu chasser à tir à Saint-Germain. Sa Majesté est passée à Maisons à dix heures et demie ; la chasse a commencé à Fromainville à onze heures ; le déjeuner a eu lieu à midi à la chaumière rustique. A trois heures et demie, la chasse était terminée, le retour s’est effectué à quatre heures par Maisons, dont toutes les fenêtres étaient pavoisées sur le passage de l’Empereur.
Les personnages de distinction qui, avec ceux de la Maison et du service de l’Empereur, accompagnaient Sa Majesté étaient, autant qu’il nous a été possible de nous renseigner : MM. le prince Joachim Murat, de Corberon, Pietri, secrétaire ; le prince de la Moskowa, Costa de Beauregard, Raimbaud, écuyer ; Cruzman, officier d’ordonnance, et le docteur baron Corvisart. »

Récit d’une chasse présidentielle à Saint-Germain-en-Laye

« Dimanche dernier, M. Félix Faure, président de la République, est venu chasser à Saint-Germain, sur les limites extrêmes de la forêt de Marly, dans les terres de la Jonction, en compagnie de M. Cavaignac, ministre de la Guerre, Krantz, député, du général Tournier, du colonel Menetrez, des commandants de La Garenne et Moreau et de M. René Berge.
M. Félix Faure et ses invités sont arrivés à midi par le chemin de fer de grande ceinture et ont été salués à la gare par M. Gilbert, maire de Saint-Germain, et M. Fortin, son premier adjoint, auxquels il a adressé quelques mots empreints de la plus grande bienveillance.
Après une chasse qu’on nous a dit avoir été assez fructueuse, M. Félix Faure est reparti pour Paris, par le train de 4 h. 50, de la gare de la place du Château. Partout sur son passage en ville, M. Félix Faure a recueilli les marques de la plus vive sympathie et du plus profond respect. »

Description dans le Traité de vénerie de Jacques Le Fournier d'Yauville des conditions des chasses royales à Saint-Germain-en-Laye

« [p. 289] Etablissemens des meutes de la Vénerie dans les différentes saisons de l’année ; les rendez vous et les quêtes dans les forêts et buissons dans lesquels elles chassent, et les endroits où l’on place les relais.
Forêt de Saint Germain
Etablissement des équipages
Quoique les meutes de la Vénerie ayent leur principal établissement à Versailles, on verra cependant par le détail suivant qu’elles n’y passent pas plus de quatre à cinq mois de l’année et que rarement elles y restent plus de six semaines de suite. Lorsqu’à la fin de décembre les mauvais temps ne permettent plus de chasser dans les environs de Versailles, les équipages vont s’établir à Saint Germain pour y chasser la plus grande partie de l’hiver. La grande meute habitoit autrefois le chenil de Marly mais, en 1756, on l’établit à Saint-Germain, pour être plus à portée de la forêt et on la mit dans le chenil de l’hôtel de Toulouse, où la [p. 290] petite meute étoit alors : celle ci fut mise dans un ancien chenil appartenant au Roi et y est restée jusqu’à sa réforme en 1774. Ce chenil avoit servi anciennement pour les équipages de nos rois mais depuis longtemps il n’étoit plus habité. Le roi Louis XV, en 1772, voit fait acheter l’hôtel du Maine tenant à l’ancien chenil, à dessein d’y établir une de ses meutes du cerf, mais la petite ayant été réformée, les chenils de cet hôtel ont été destinés pour la meute du chevreuil et les logemens pour les veneurs qui n’en avoient pas au chenil. La position de la meute du cerf est très belle et est d’autant plus commode pour les chiens qu’en ouvrant la porte de chaque chenil ces animaux entrent dans une cour fermée qui leur sert d’ébat et dans laquelle par conséquent ils ne courent aucun risque.
La forêt de Saint Germain est entourée de murs depuis Saint Germain jusqu’à Poissy, d’un côté, et de l’autre côté depuis Saint Germain jusqu’à La Frette ; depuis ce dernier endroit jusqu’à Poissy elle est fermée par des escarpements très hauts par delà la rivière de Seine ; par ce moyen, les animaux ne pouvoient pas en sortir, mais à présent les escarpemens sont dégradés en plusieurs endroits. Cette forêt est fort agréable et commode pour les chasses d’hiver ; non seulement il n’y a aucune montagne, mais le terrain est de sable dans la plus grande partie, ce qui fait qu’on peut y chasser au commencement et à la fin des gelées, et par d’autres temps qui ne permettroient pas de chasser ailleurs.
[p. 291] Comme cette forêt ne pouvoit pas elle-même fournir assez de cerfs, surtout lorsque le roi Louis XV y chassoit avec ses deux meutes, on a pris le parti d’y élever chaque année une trentaine de faons mâles qu’on y fait transporter des forêts de Compiègne et de Fontainebleau, où on les prend lorsqu’ils ne font que de naître. On les met dans des enclos faits exprès, ils y restent renfermés pendant un an et ensuite on leur donne la liberté dans la forêt : ils y sont très familiers dans les premiers temps, et s’écartent peu de l’endroit où ils ont été nourris, mais quand ils ont entendu les chiens et qu’ils les ont vus de près, ils fuient et deviennent farouches comme tous leurs semblables ; quelques uns sont méchans et ont même blessé plusieurs personnes, mais ce n’est que par excès d’une familiarité dans laquelle on a souvent l’imprudence de les entretenir ; quand on les rencontre, ils se laissent approcher, on leur donne du pain, au moyen de quoi ils s’accoutument aux hommes et ne les craignent plus ; quoi qu’il en soit, ces cerfs élevés réussissent très bien et quand ils ont seulement leur seconde tête, ils courent et se défendent mieux que ceux qui sont nés dans la forêt. On faisoit autrefois passer des cerfs dans la forêt de Marly dans celle de Saint Germain, par le moyen des toiles, et ensuite par celui de deux rangées de claies, qui communiquoient d’une forêt à l’autre, mais ces cerfs tourmentés et fatigués, dans les raccourcis et dans le passage, reprenoient rarement assez de vigueur pour se défendre [p. 292] devant les chiens ; plusieurs même mouroient étiques ; et c’est aussi après ce peu de succès qu’on a pris le parti d’élever des faons. Comme il y a beaucoup d’animaux et peu de gagnages dans cette forêt, on y a construit en différens endroits des rateliers, dans lesquels on met du foin pendant l’hiver, de l’avoine en paille et une autre espèce de fourrage qu’on nomme cossat ; cette nourriture, que les cerfs aiment, les soutient et les rend plus vigoureux qu’ils ne le sont ordinairement en cette saison. La rivière de Seine passant, comme je l’ai dit, au bout de la forêt depuis La Frette jusqu’à Poissi en deçà des escarpemens, les cerfs alloient presque tous s’y faire prendre et par conséquent le Roi ainsi que ceux qui avoient l’honneur de le suivre étoient souvent et longtemps exposés au froid et à la pluie. Mais en 1750 ou 1751, on a posé des claies le long et en deçà de la rivière, au moyen de quoi les cerfs ne pouvant plus y aller, se fond prendre dans la forêt, ou le long de ces mêmes claies. Il est bon de dire qu’avant cette précaution, on perdoit souvent des chiens, surtout lorsque la rivière étoit débordée ; ces malheureux animaux, saisis de froid en battant l’eau, manquoient de force pour regagner le bord et se noyoient. Ces claies enfin sont très commodes et très utiles à beaucoup d’égards. A la fin de 1778, le Roi a fait faire un treillage depuis la porte de Maisons jusqu’à Achères, avec des portes à chaque route ; on les ferme lorsqu’il juge [p. 293] à propos de ne chasser que dans le bout du pays : il arrive souvent qu’il n’a pas gelé assez pour gâter le bout du pays, qui est presque tout sable, et par conséquent bon à courir, tandis que les environs de Saint Germain en valent rien. Ce même treillage a servi aussi pour empêcher les cerfs d’aller aux plantations, lorsque la rivière y entre quand elle déborde considérablement et qu’il y auroit du risque pour les chiens. Il sert aussi lorsque de grands ventes abattent une partie des claies.
Rendez-vous
On a choisi les principaux rendez-vous dans tous les pays dont il sera parlé ci après de manière que, par la distribution des quêtes, tout le pays puisse être fait. On a mis les premières celles qui se font le plus habituellement ; il faut les préférer s’il n’y a pas assez de valets de limiers pour faire toutes celles désignées. Si on fait d’autres rendez vous que ceux indiqués, on choisira dans les différentes quêtes celles qui seront plus à portée desdits rendez vous.
Les principaux rendez vous de la forêt de Saint Germain sont : les Loges, le carrefour de Noailles, la Muette et rarement la croix de Saint-Simon.
Les Loges
Il est dit dans un traité de chasse fait du temps de Charles IX que la maison et le parc des Loges ont été faits pour élever les chiens blancs greffiers, qui [p. 294] jadis composoient une des meutes de nos rois. Aujourd’hui, le parc ne subsiste plus, il est confondu dans le reste de la forêt sous le nom de petit parc. La maison existe, une partie fait depuis longtemps un couvent de petits pères augustins et l’autre partie est habitée par un garde de la forêt. Il y a outre cela quelques chambres où s’assemblent les officiers de la Maitrise pour l’adjudication des bois. Le roi Louis XV avoit fait arranger une de ces chambres pour un de ses rendez-vous de chasse et pour s’y chauffer en descendant de carrosse.
Carrefour de Noailles
En 1747 ou en 1748, le roi Louis XV a fait bâtir à ce carrefour un pavillon, non seulement pour sa commodité, mais encore pour celle de ses veneurs qui s’y chauffent et qui y déjeunent au retour du bois. On verra ci après que Sa Majesté a fait faire d’autres pavillons à plusieurs rendez vous aux environs de Versailles ; celui du carrefour de Noailles n’est composé que d’une seule pièce avec une très grande cheminée : le Roi y descend, s’y botte, mais il ne s’y arrête pas, ni aux Loges, au retour de la chasse. Sa Majesté revient à Saint Germain à l’hôtel de Noailles, où Elle mange quelque fois un morceau, et remonte ensuite en voiture pour retourner à Versailles. Le carrefour de Noailles est grand et beau ; feu M. le maréchal de Noailles y a fait placer en 1749 une croix fort élevée qui existe [p. 295] encore. Avant qu’on eût bâti le pavillon, les rendez vous se faisoient à la croix de Berny.
Carrefour de la Muette
Les rendez-vous autrefois ne se faisoient point à ce carrefour, parce qu’il n’y avoit que très peu de bois par delà ; mais depuis qu’on a planté les Petrons et la plaine de Maisons jusqu’au chemin de Conflans, ces nouveaux repeuplemens qui ont très bien réussi étant trop éloignés des rendez-vous dont il vient d’être parlé, on s’est décidé pour celui-ci, qui est à portée de tout ce bout de pays. Le roi Louis XV y a fait bâtir en 1772 un pavillon sur les fondemens d’un château qui jadis avoit servi de maison de chasse à plusieurs de nos rois. Ce pavillon en général est plus beau et beaucoup plus grand que celui du carrefour de Noailles. »

Le Fournier d'Yauville, Jacques

Lettre de Louis XV à son petit-fils, l’infant Ferdinand de Parme, mentionnant une chasse à Saint-Germain-en-Laye

« A Versailles, ce 19 février 1770
Mon cher petit fils,
Je vous remercie du détail que vous me faites de vos Rois. Je vais tout à l’heure à la chasse à Saint Germain, par un assez grand vent, mais pas comparable à celui qu’il faisait hier.
Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher petit fils.
Louis »

Récit d’une chasse impériale dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye

« Mardi dernier, une nouvelle chasse à courre, sans incident particulier, et dirigée par le prince Edgard Ney, accompagné de MM. le baron Lambert, de Mouchy, de Noailles et autres notabilités, a eu lieu dans la forêt de Saint-Germain. Partis de la Vénerie à onze heures et demie, les équipages de Sa Majesté se sont rendus au pavillon de la Muette, lieu désigné pour le rendez-vous, et, vers midi et demi, l’attaque commençait dans les petites routes du côté de l’accul de Fromainville. Poursuivi par vingt-huit chiens, le cerf, après avoir passé au pont de l’Ambassadeur, est venu à plusieurs reprises du côté de la Faisanderie, derrière les Loges, à la croix de Noailles, au chêne de Bon-Secours, à la mare aux Cannes, dont il fit deux fois le tour sans y entrer, car elle était entourée d’une affluence considérable de curieux, et de là à l’accul de Carrières. Faisant aussitôt un contre-pied, l’animal, dont une partie des chiens avait alors perdu la trace, traversa de nouveau la route des Loges, se rendit à l’accul de Poissy, revint sur ses pages, passa encore une fois au chêne de Bon-Secours, à la mare aux Cannes, à la Place Verte, puis enfin à la vente du Buisson Richard, au-dessus du Val, près de la porte donnant sur la plaine, où il fut forcé et tué vers 5 heures, après une course qui n’avait pas duré moins de quatre, sans discontinuer. Favorisée par un assez beau temps, pas trop froid, cette chasse, qui a été suivie par beaucoup de promeneurs à pied, à cheval et en voiture, a pu être vue facilement aux différents points que nous venons de désigner. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Le même jour, il y a eu chasse dans notre belle forêt. LL. MM. l’Empereur et l’Impératrice y assistaient avec leur suite. Aussitôt leur arrivée au pavillon de La Muette, lieu du rendez-vous, l’attaque a commencé dans une partie de bois non loin de là ; il pouvait être trois heures et demie, et, à sept heures et demie du soir, la chasse finissait sans aucun résultat. Parmi les personnes de la suite de Leurs Majestés, on remarquait la présence de madame de Pierre, qui était à cheval en amazone, et a suivi la chasse pendant assez longtemps. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Les chasses de la vénerie de l’Empereur se continuent régulièrement tous les cinq jours. Elles sont seulement reculées d’un jour quand elles tombent un dimanche. Celle d’avant-hier jeudi a été des plus remarquables. Deux cerfs ont été lancés. Après la prise du premier, qui a eu lieu promptement, les chiens ont mis debout un vénérable dix-corps, qui, effrayé par la foule qui l’attendait à la croix de Noailles, a fait un crochet pour rabattre vers les Loges. Arrivé au pied des murs de la Maison impériale, l’animal a franchi le fossé, puis, acculé contre le mur d’enceinte, il a opposé à ses ennemis une telle résistance que deux coups de carabine ont dû mettre fin à son agonie et aux dangers imminents que courait la brave meute. La curée a eu lieu sur place, et tous les assistants ont pu jouir de ce spectacle et admirer la taille et la force de ce noble vétéran de notre forêt. Les veneurs se sont séparés au bruit des fanfares du triomphe, en se donnant rendez-vous pour mardi prochain. »

Mention de la prochaine arrivée des équipages de la vénerie impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Nous tenons de source certaine que les équipages de la vénerie impériale arriveront à Saint-Germain dès les premiers jours de janvier, et que, selon l’usage, les chasses à courre se succéderont, en forêt, de cinq jours en cinq jours, pendant une durée de six semaines ou deux mois. C’est une bonne fortune pour notre ville, qui n’a pas joui de cette faveur depuis plus de deux ans. Le journal le Sport dit, dans un de ses derniers numéros, que bon nombre d’amateurs distingués se prépare à assister à ces chasses, où, de temps à autre, on espère la prince de S. M. l’Empereur. »

Récit d’une chasse de l’empereur à Saint-Germain-en-Laye

« L’Empereur est venu, hier vendredi, chasser à tir dans la forêt de Saint-Germain. La chasse a commencé vers onze heures, après le déjeuner qui a eu lieu en plein air, sur l’emplacement de l’ancien fort Saint-Sébastien, et s’est prolongée jusqu’à près de quatre heures du soir. Parmi les personnes qui accompagnaient Sa Majesté et qui ont eu l’honneur de chasser avec elle, on remarquait Son Excellence M. Fould, ministre d’Etat, et M. le général Ney de la Moskowa.
La première des chasses à courre, par les équipages de la vénerie impériale, est, à ce qu’il paraît, définitivement fixée à après-demain, lundi 17 janvier. A ce propos, nous croyons rendre service aux amateurs de la ville et des environs, et surtout à ceux de Paris qui ne voudraient pas amener leurs chevaux, en leur annonçant que M. Saulon a établi pour la saison des chasses, dans ses écuries de la rue de la Verrerie, n° 8, près le théâtre, un relai de jolis chevaux de chasse, aussi élégants que commodes et bien dressés, et dont le harnachement ne laisse rien à désirer aux sportmens les plus difficiles. On peut se faire inscrire à l’avance ou retenir son cheval dans l’intervalle d’une des chasses qui, comme on le sait, auront lieu tous les cinq jours. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« La première chasse de la vénerie, qu’on supposait et que nous avions annoncée devoir se faire lundi, a eu lieu mardi, dans des conditions atmosphériques des plus défavorables. Le vent d’ouragan qui régnait ne permettait pas d’entendre, à quelques mètres de distance, la voix des chiens et la troupe. Un gros de chasseurs et un relai de chiens sont restés longtemps à la Croix de Berry, n’ayant aucune nouvelle de la chasse, dont l’épisode le plus important se passait pourtant à peu de distance, et devant un petit nombre d’élus par le sort.
Le cerf, fort beau dix cors, nous a-t-on dit, qui avait été lancé aux environs de la Muette, lieu du rendez-vous, après avoir passé le chemin de fer de Rouen, est revenu, après quelques crochets, brisant le treillage, se précipiter dans la voie même, où, suivi par les chiens, il a été mis à mort après une heure de chasse tout au plus. Lorsque son corps eut été retiré d’entre les rails, on a fait la curée à quelque distance de l’endroit où avait eu lieu ce singulier hallali, au lieu dit le Belvéder.
Vers trois heures, on voyait rentrer en ville les veneurs, parmi lesquels nous avons remarqué, avec quelques intrépides amazones, M. le baron Lambert, lieutenant de vénerie, M. le marquis de la Tour Maubourg, qui dirigeaient la chasse ; M. Fouquier de Mazières, inspecteur des forêts de la Couronne et plusieurs autres personnes de distinction, dont les noms nous échappent. Si l’on s’en rapporte aux usages consacrés dans la vénerie, la seconde chasse aura lieu aujourd’hui même, ou après-demain lundi, le dimanche ne comptant jamais dans les cinq jours d’intervalle. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« Le lendemain samedi 12, l’équipage de la vénerie impériale chassait, comme nous l’avons déjà dit, dans la forêt de Saint-Germain. Le rendez-vous était aux Loges ; vers midi un quart, on lançait un premier cerf deuxième tête. L’animal, attaqué aux Brûlins, s’est fait prendre aux Petites-Routes, après quarante-cinq minutes de chasses ; puis on a lancé un autre cerf dix cors jeunement ; attaqué aux Petites-Routes, ce second cerf, qui, comme le premier, s’était trouvé seul au moment du lancer, a pris toute de suite une grande avance, et, pour la première fois passant par la nouvelle jonction des deux forêts, a fait un magnifique débuché dans celle de Marly, où il a été pris près de l’Etang-la-Ville, après trois heures quarante-cinq minutes de chasse. Il n’y a pas eu de curée à la suite de ces deux hallalis. Les veneurs et les amateurs étaient en très grand nombre ; on comptait au moins vingt personnes en costume officiel de vénerie, parmi lesquels nous citerons M. le comte de Nieuwerkerke, directeur des musées impériaux ; M. le général Fleury, premier écuyer de l’Empereur ; M. le marquis de Toulongeon, qui dirigeait la chasse ; M. le baron Lambert, et beaucoup d’autres personnes de distinction.
Un épisode assez curieux a marqué cette journée. En dehors des deux animaux de meute, un troisième cerf, suivi de quelques chiens et de deux ou trois veneurs, s’est fait chasser pendant trois heures et demie, et est venu se réfugier et se faire prendre par les chiens dans la chapelle actuellement en construction, à la maison impériale des Loges. Madame la supérieure, touchée de douleur de l’animal aux abois, a sollicité sa grâce, qui lui a été immédiatement accordée, et le pauvre cerf a pu regagner, du moins pour quelque temps encore, sa retraite sous les grands arbres de la foret. Il était cinq heures et demie lorsque les chasseurs, les amateurs et l’équipage rentraient en ville.
Avant-hier jeudi, le rendez-vous était à la Muette ; trois cerfs se sont trouvés sur pied ensemble. L’animal de meute, dont nous ne pourrons préciser l’âge exact, était un vieux et grand cerf, qui s’est fait battre dans toute la forêt et principalement aux environs des Loges. Sa dernière résistance, quand il a fait tête aux chiens, a été magnifique, et c’est n’est qu’en revenant plusieurs fois à la charge que la meute, au grand complet, a pu triompher de ses efforts suprêmes et énergiques. Après cet émouvant hallali, une fort belle curée s’est faite auprès de la mare aux Loges.
Les veneurs et les invités n’étaient peut-être pas en aussi grand nombre qu’à la chasse de samedi dernier, mais l’affluence des piétons était considérable à la marre aux Cannes, à la croix de Noailles et devant la maison des Loges. Le prince de la Moskowa, le marquis de Toulongeon, le baron Lambert, M. Fouquier de Mazières, inspecteur des forêts de la Couronne, assistaient à cette chasse qui, au dire de tous les vieux amateurs, a été admirablement menée, sous la direction de M. le général prince de la Moskowa, et était entièrement terminée vers trois heures et demie. »

Récit d’une chasse impériale à Saint-Germain-en-Laye

« L’Empereur est venu, hier vendredi, chasser à tir dans la forêt de Saint-Germain. Sa Majesté était accompagnée de S.A.R. le prince d’Orange, héritier présomptif de la couronne de Holland, de LL. EExc. MM. les maréchaux Magnan et Saint-Jean-d’Angély, du général Ney, prince de la Moscowa, du marquis de Toulongeon et du baron de Lange. La chasse a commencé dans les tirers de Garenne, à onze heure ; elle a été interrompue, vers midi, par un déjeuner dressé dans la forêt, sous une tente et sur l’emplacement de l’ancien fort Saint-Sébastien. La chasse a recommencé à une heure et a fini à quatre heures moins un quart.
L’Empereur était venu par Maisons, en calèche découverte conduite par des chevaux de sa poste particulière, et les voitures l’attendaient à la ferme de Garenne, dont Sa Majesté n’est partie qu’après avoir assisté à la reconnaissance du gibier. Enfin cette journée a été des plus brillants, et l’on parlait de près de sept cents faisans, de quinze chevreuils et d’une foule de lièvres et perdreaux. »

Lettres patentes ordonnant la création d’une faisanderie dans la garenne du Vésinet près de Saint-Germain-en-Laye

« Lettes patentes sur arrest qui ordonnent le défrichement du canton de quarante cinq arpens de taillis de la garenne de Vézinet, maistrise de Saint Germain en Laye
Données à Paris le 21 juin 1719
Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à nos amez et féaux conseillers les gens tenans nostre cour de parlement à Paris, salut. Par arrest de nostre conseil du 9 juin 1719, nous avons ordonné que le canton de quarante cinq arpens de taillis de nostre garenne de Vézinet joignant la ferme de ce lieu seroit défriché pour estre ensuite (distraction préalablement faite de deux arpens ou environ pour former une faisanderie) semé en grains et sain foin, tant pour le gagnage que pour la ponte du faisan et menu gibier, et qu’à cet effet toutes lettres nécessaires seroient expédiées. A ces causes, de l’avis de nostre très cher et très amé oncle le duc d’Orléans, Petit Fils de France, régent, de nostre très cher et très amé oncle le duc de Chartres, premier prince de nostre sang, de nostre très cher et très amé cousin le duc de Bourbon, de nostre très cher et très amé cousin le prince de Conty, princes de nostre sang, de nostre très cher et très amé oncle le comte de Toulouse, prince légitimé, et autres pairs de France, grands et notables personnages de nostre royaume, qui ont vu ledit arrest cy attaché sous le contre scel de nostre chancellerie, nous avons par ces présentes signées de nostre main ordonné et ordonnons que le canton de quarante cinq arpens de taillis de la garenne de Vézinet joignant la ferme dudit lieu sera défriché pour estre ensuite (distraction préalablement faite de deux arpens ou environ pour former une faisanderie) semé en grains et sain foin, tant pour le gagnage que pour la ponte du faisan et menu gibier, et le tout fermé de bons fossez, desquels défrichement et fossez sera fait adjudication au rabais en la manière ordinaire par le sieur de la Faluere, grand maistre des Eaux et forests du département de Paris, et en présence des officiers de la maistrise de Saint Germain en Laye. Voulons en outre que par ledit sieur grand maistre et lesdits officiers il soit procédé à la vente et adjudication en la manière ordinaire des arbres et bois qui sont sur lesdits quarante cinq arpens, à la charge par l’adjudication desdits bois de remettre le prix de son adjudication es mains du receveur particulier de ladite maistrise, pour sur iceluy estre l’entrepreneur desdits ouvrages payé de la somme à laquelle ils auront esté adjugez incontinent après la réception d’iceux. Si vous mandons que ces présents vous ayez à registrer et le contenu en icelles garder et observer selon leur forme et teneur. Car tel est nostre plaisir. Donné à Paris le vingt unième jour de juin l’an de grâce mil sept cens dix neuf, et de nostre règne le quatrième.
Signé Louis, et plus bas Par le Roy, le duc d’Orléans, régent, présent, Phélypeaux, et scellées du grand sceau de cire jaune. »

Rapport concernant les travaux à entreprendre à la vénerie de Saint-Germain-en-Laye

« Ministère d’Etat
Direction des Palais et manufactures
1er bureau
Palais des Tuileries, le 1er juillet 1852
Rapport à monsieur le ministre d’Etat
Monsieur le Ministre,
Le sénatus-consulte du 1er avril 1852 a donné au prince-président le droit de chasse exclusif dans les bois de Versailles et dans les forêts de Fontainebleau, Compiègne, Marly et Saint-Germain. Les architectes des palais dont dépendent ces forêts ont été invités à dresser des devis pour la mise en état des anciens bâtiments des chasses.
M. Cailloux vous a adressé un premier devis des travaux à exécuter pour la restauration des bâtiments de la vénerie de Saint-Germain. Ce devis s’élevait à 17276 f. 55, mais de nouvelles dispositions ayant été demandées, M. Cailloux vous a fait connaître que la dépense s’élèverait à 24358 f. 48 c., savoir :
Maçonnerie : 6088 f. 04 c.
Charpente : 1011 f. 73 c.
Couverture : 2925 f. 03 c.
Menuiserie : 6327 f. 22 c.
Serrurerie : 2661 f. 52 c.
Pavage : 1345 f. 80 c.
Fumisterie : 1574 f. 04 c.
Peinture : 2425 f. 10 c.
Total : 24358 f. 48 c.
Les travaux qu’il s’agit d’entreprendre ne pourraient être terminés en temps utile s’ils étaient mis en adjudication à cause des délais qu’entraine ce mode de procéder. M. Cailloux a donc dû demander, pour leur exécution, des soumissions aux entrepreneurs placés sous ses ordres.
J’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de mettre ces soumissions sous vos yeux. Elles sont présentées :
1° par le sieur Monduit (Gustave) pour l’entreprise des travaux de maçonnerie, évalués à 6088 f. 04 c., moyennant l’application des prix de la série sur lesquels il a été souscrit un rabais de 5 francs pour 100 f. et aux conditions du cahier des charges générales arrêté le 7 mai 1852 pour les travaux à exécuter dans les palais nationaux
2° par le sieur Tellier (Louis-François) pour l’entreprise des travaux de charpente, évalués à 1011 f. 73 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions et rabais
3° par le sieur Chéron (Jean-Baptiste) pour l’entreprise des travaux de couverture, évalués à 2925 f. 03 c., moyennant l’application des mêmes prix de la série et aux mêmes conditions, mais avec un rabais de 10 f. pour 100 f.
4° par le sieur Laurent pour l’entreprise des travaux de menuiserie, évalués à 6327 f. 22 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions et rabais
5° par le sieur Le Renard (Pierre) pour l’entreprise des travaux de serrurerie évalués à 2661 f. 52 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. pour %
6° par le sieur Beunne (François-Gabriel) pour l’entreprise des travaux de pavage, évalués à 1345 f. 80 c., moyennant l’application du prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. 25 c. pour %
7° par le sieur Fradelise (Jean-Baptiste) pour l’entreprise des travaux de fumisterie, évalués à 1574 f. 04 c., moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 5 f. pour %
8° par le sieur Heurtier (Thomas) pour l’entreprise des travaux de peinture, évalués à 2425 f. 10 c. moyennant l’application des prix de la série et aux mêmes conditions mais avec un rabais de 10 f. 37 pour %
Ces soumissions étant régulières, je vous prie, Monsieur le Ministre, de vouloir bien les approuver ainsi que les séries de prix qui les accompagnent et de décider que la somme de 24358 f. 48 c. formant le montant des travaux sera prise sur la partie restant disponible du crédit de 1120000 f. ouvert au chapitre XII de la 1ère section du budget pour l’entretien des palais nationaux.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon respect.
Le directeur des Palais et manufactures
Chevalier »

Ce rapport est annoté : « Approuvé, Palais des Tuileries, le 2 juillet 1852, le ministre d’Etat, X. de Casabianca ».

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